Unique volume 8, numéro 3; septembre 2006 · 2020. 10. 14. · bles sous un autre format, le...

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À l’automne, le gouvernement fédéral doit déposer un projet de loi qui amendera la Loi sur le droit d’auteur. En gros, il veut introduire de nouvelles exceptions favorisant le secteur de l’éducation, et cela dans le but de rendre les œuvres des créateurs accessi- bles sous un autre format, le numérique, aux utilisateurs des établissements d’enseignement et des bibliothèques. Les écrivains sont directement concernés par les amen- dements prévus parce qu’ils risquent de perdre non seule- ment le contrôle sur la circulation de leurs œuvres, mais aussi une partie des revenus que leur procurent les droits de reproduction. En effet, les exceptions pédagogiques pourraient donner aux écoles et aux bibliothèques un accès gratuit ou presque à l’ensemble du répertoire littéraire. La nouvelle loi autoriserait la communication à dis- tance d’une « leçon » donnée par un professeur (à condi- tion que cette transmission soit « protégée »), donnerait aux écoles le droit de numériser et de distribuer les œuvres qui peuvent être reprographiées pour les commu- niquer par voie électronique aux élèves (au même tarif que s’il s’agissait d’une seule reprographie) et permet- trait la numérisation et la télécommunication des œuvres Ç a faisait déjà un moment qu’on le clamait : il fallait mettre les bibliothèques du réseau municipal à niveau. Bien que certaines lacunes aient pu être constatées à l’œil nu, de nombreux rapports furent néces- saires. Puis vint le projet de Politique culturelle de la Ville de Montréal dans lequel l’engagement numéro 7 se lit comme suit : « La Ville se donnera un plan de rattrapage et de mise à niveau de ses bibliothèques, qui comprendra l’ajout d’employés spécialisés et non spécialisés, la mise à jour des collections, l’augmentation des heures d’ouver- ture, la mise en réseau informatique, de même que la mise aux normes, l’agrandissement ou la construction de certains locaux. » Un engagement plus qu’intéressant, certes, dans la mesure où les budgets pour mettre en œuvre ces initiatives suivraient. De l’aveu de Jean-Robert Choquet, directeur de la Direc- tion du développement culturel et des bibliothèques de la Ville de Montréal et de Louise Guillemette-Labory, directrice associée, que des membres de l’UNEQ ont rencontrés cet été pour discuter plus avant des changements à venir dans les bibliothèques, si le diagnostic fut relativement rapide, la négociation, elle, s’est avérée plus ardue, par la suite. Ainsi, pour cette année, on n’allongera qu’un maigre 1,9 million de dollars en supplément, mais on en espère trois pour l’an prochain. Et si, à compter de septembre, les heures d’ouver- tures seront prolongées, il n’en reste pas moins que nos bibliothèques comportent des lacunes structurelles par rap- port aux autres bibliothèques canadiennes, et qu’on évalue Des droits qui s’émiettent Suite à la page 5 » L’UNEQ rend hommage au Conseil des arts de Montréal à l'occasion de son 50 e anniversaire et tient à saluer le rôle essentiel qu'il joue dans le développement de la vie artistique montréalaise. Bon anniversaire au Conseil des arts de Montréal ! Du nouveau dans les bibliothèques ? Suite à la page 5 »

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  • À l’automne, le gouvernement fédéral doit déposerun projet de loi qui amendera la Loi sur le droitd’auteur. En gros, il veut introduire de nouvellesexceptions favorisant le secteur de l’éducation, et celadans le but de rendre les œuvres des créateurs accessi-bles sous un autre format, le numérique, aux utilisateursdes établissements d’enseignement et des bibliothèques.

    Les écrivains sont directement concernés par les amen-dements prévus parce qu’ils risquent de perdre non seule-ment le contrôle sur la circulation de leurs œuvres, maisaussi une partie des revenus que leur procurent les droitsde reproduction. En effet, les exceptions pédagogiques

    pourraient donner aux écoles et aux bibliothèques un accèsgratuit ou presque à l’ensemble du répertoire littéraire.

    La nouvelle loi autoriserait la communication à dis-tance d’une « leçon » donnée par un professeur (à condi-tion que cette transmission soit « protégée »), donneraitaux écoles le droit de numériser et de distribuer lesœuvres qui peuvent être reprographiées pour les commu-niquer par voie électronique aux élèves (au même tarifque s’il s’agissait d’une seule reprographie) et permet-trait la numérisation et la télécommunication des œuvres

    Ç a faisait déjà un moment qu’on le clamait : il fallaitmettre les bibliothèques du réseau municipal àniveau. Bien que certaines lacunes aient pu être

    constatées à l’œil nu, de nombreux rapports furent néces-saires. Puis vint le projet de Politique culturelle de la Villede Montréal dans lequel l’engagement numéro 7 se litcomme suit : « La Ville se donnera un plan de rattrapageet de mise à niveau de ses bibliothèques, qui comprendral’ajout d’employés spécialisés et non spécialisés, la miseà jour des collections, l’augmentation des heures d’ouver-ture, la mise en réseau informatique, de même que lamise aux normes, l’agrandissement ou la construction decertains locaux. » Un engagement plus qu’intéressant,certes, dans la mesure où les budgets pour mettre enœuvre ces initiatives suivraient.

    De l’aveu de Jean-Robert Choquet, directeur de la Direc-tion du développement culturel et des bibliothèques de laVille de Montréal et de Louise Guillemette-Labory, directriceassociée, que des membres de l’UNEQ ont rencontrés cetété pour discuter plus avant des changements à venir dansles bibliothèques, si le diagnostic fut relativement rapide, lanégociation, elle, s’est avérée plus ardue, par la suite. Ainsi,pour cette année, on n’allongera qu’un maigre 1,9 million dedollars en supplément, mais on en espère trois pour l’anprochain. Et si, à compter de septembre, les heures d’ouver-tures seront prolongées, il n’en reste pas moins que nosbibliothèques comportent des lacunes structurelles par rap-port aux autres bibliothèques canadiennes, et qu’on évalue

    Des droits qui s’émiettent

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    L’UNEQ rend hommage

    au Conseil des arts de Montréal

    à l'occasion de son 50e anniversaire

    et tient à saluer le rôle essentiel

    qu'il joue dans le développement

    de la vie artistique montréalaise.

    Bon anniversaire au Conseil

    des arts de Montréal !

    Du nouveau dans les

    bibliothèques?

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  • L a rentrée, c’est la saison des cocktailsde circonstance, où le tout-Bouquinvillese retrouve pour présenter aux éven-tuels lecteurs et lectrices les collections d’au-tomne, dirai-je en empruntant un vocable aumonde de la mode. Ces cocktails, que je nedédaigne pas, je vous le confesse, c’est l’occa-sion de trinquer avec les collègues, de vanterles mérites d’une découverte littéraire, des’enthousiasmer à l’idée de lire bientôt le nou-vel opus d’Untel ou d’Unetelle… et de médiresur ceux et celles qui nous semblent le méri-ter. Dans mon cas, c’est aussi l’occasion derépondre à la question usuelle des membressur l’état et la santé de notre Union. Mais querépondre ? Parlons peu, mais parlons bien,comme dirait ma mère. Il y a maintenant pres-que deux ans que j’ai accédé à la présidencede l’UNEQ, et déjà ce premier mandat tire à safin. À l’approche de notre prochaine séanceannuelle, les préoccupations du conseil d’ad-ministration demeurent sensiblement lesmêmes qu’il y a deux ans. D’abord, il y a lespectre de cette éventuelle réforme de la Loisur le droit d’auteur, qu’on croyait morte au

    bataillon avec la défaite des libéraux fédéraux,qui revient nous hanter sous le règne de plusen plus inquiétant du gouvernement Harper.Dans l’optique de contrer toute législation quimettrait à mal nos acquis de créateur, l’actuelconseil d’administration a décidé d’unir sesforces à celles de la Writers’ Union of Canadaen créant un comité conjoint chargé de coor-donner nos interventions communes sur lesquestions qui concernent également les écri-vains des deux solitudes. Sur la scène provin-ciale, avec la possibilité de la tenue d’élec-tions au printemps, le Mouvement pour lesarts et les lettres (MAL) (dont l’Uneq et sonprésident sont partie prenante) entreprend unrepositionnement stratégique, délaissantmomentanément ses revendications habituel-les (l’augmentation du budget alloué auConseil des arts et des lettres du Québec),pour plutôt mettre en chantier une agora dediscussion sur la place de la culture dans nosvies, dans notre société. Il m’est arrivé dedéplorer notre relative absence, à nous lesécrivains et écrivaines, dans les débats et acti-vités orchestrées par le MAL. Je me plais à

    penser que nombreux seront les membres del’Union à prendre part à cette démarcheessentielle pour la suite du monde. Toujoursau Québec, et dans notre propre terrain dejeu, nos partenaires naturels de l’ANEL (hébien oui, nous ne passons pas notre temps ànous chamailler avec les éditeurs, tout demême !) et nous méditons sur la nécessité defaire conjointement l’état des lieux de notreinstitution littéraire. La forme que prendrontces réflexions reste à définir et leurs répercus-sions sur les politiques étatiques, les prati-ques commerciales et le public lecteurdemeurent pour le moment dans le domainede l’hypothèse. Mais alors, comment val’Union ? persiste-t-on à me demander. Et maréponse va comme suit : hier commeaujourd’hui, aujourd’hui comme demain,notre Union ira aussi bien que nous le décide-rons. Car il revient à chacun et à chacune d’en-tre nous de mettre la main à la pâte pour lebien commun. Oh, tandis que j’y pense, bonnerentrée littéraire à vous tous et à vous toutes.

    Stanley Péan

    L ’UNEQ s’est associée aux activités célé-brant le cinquantième anniversaire duConseil des arts de Montréal, avec unenouvelle série « DES MOTS POUR VOYAGER ».

    Cette lecture-spectacle est présentée du26 septembre au 1er novembre 2006 dans cinqbibliothèques et centres culturels de l’Île deMontréal. Elle sera animée par un duo d’écri-vains reconnus pour leur talent, Abla Farhoudet Larry Tremblay. En écho aux mots des écri-vains, l’interprète Richard Fortier assure lapartie musicale.

    L’UNEQ s’est inspirée des six dernièresannées de la série Des mots et des sons pourcomposer cette nouvelle série. La série Desmots et des sons s’est construite autour d’unpays avec lequel un écrivain entretient desliens particuliers. Pays d’origine, pays d’ac-cueil, pays visité, pays rêvé qui imprègnentl’écriture de ces auteurs. L’écrivain lit desextraits de ses œuvres inspirées par un pays.Il est accompagné d’un musicien interprétant

    de la musique du pays. À la finde la soirée, si possible, lepublic est invité à dégusterune boisson et des bouchéesdu pays. Des mots et des sonsprésente un voyage à traverstrois dimensions culturelles :l’écriture, la musique et unpeu de gastronomie.

    Un comité s’est penché surl’ensemble des extraits lus aucours des ans et a fait une sélection destextes. Ainsi, pendant cette soirée, nousferons le tour du monde. Nous entendrons ladescription des rues de Johannesburg sous lejoug de l’apartheid, avec un détour au paysdes Maoris où la présence des nombreux vol-cans crée une atmosphère spirituelle, en pas-sant par le Zaïre pour y entendre le chant despiroguiers et le battement des tam-tams.Nous retrouverons, toujours à travers lesmots, la magie du voyage et l’enrichissement

    qu’il procure. Pour cer-tains, il s’agira d’une ré-vélation, pour d’autres,d’une nouvelle lecture.C’est avec bonheur qu’ons’ébahira à l’écoute destextes de José Acquelin,Marie-Danielle Croteau,Jean Désy, Pierre Gobeil,Naïm Kattan et ceux deLucie Pagé.

    À tous ceux qui vivent à Montréal - ville cos-mopolite, cette série permettra de mieuxconnaître leurs voisins, originaires d’un autrepays. Elle leur permettra aussi de découvrirdes auteurs d’ici, natifs d’ailleurs. Enfin, his-toire de donner libre cours au côté aventureuxde chacun, le public sera également convié àparticiper à une improvisation écrite qui seracommentée, avec esprit, par les deux écrivains.

    Denise Pelletier

    Motdu président

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    Quand le voyageur entredans les bibliothèques

    Déjà deux ans (ou presque) !

  • bonà tirer une chronique deBernard Pozier

    Rencontre cet été avec le nouveau président dela Société des Gens de Lettres de France(SGDL), François Taillandier, qui s’est dit trèsintéressé à établir des liens avec les écrivains de lafrancophonie, dont l’UNEQ, évidemment. En atten-dant que se forment des projets concrets, nous som-mes invités à nous exprimer sur le Forum de la SGDLauquel on peut s’inscrire en se rendant sur le site del’association : www.sgdl.org (info importante pour nepas y passer une demi-heure… : à la question « iden-tifiant » répéter le nom qu’on a indiqué à « nom » et« prénom »).

    Découverte d’une manifestation culturelle intéres-sante : Les Nuits des écrivains, dans les Alpes-Mariti-mes. L’idée est originale et facile à exporter, d’autantplus que l’organisateur des Nuits des Écrivains, Chris-tian Castelais, un libraire de Saint-Laurent-du-Var,s’est dit prêt à faire part de son expérience à quicon-que au Québec souhaiterait organiser une activitésemblable. Pendant dix soirées et dans dix villes diffé-rentes, de 15 à 20 écrivains (de toutes tendances et detous genres : historique, romanesque, policier, sciencefiction, document, biographie, essai, bande dessinée)rencontrent un public particulier, les vacanciers, etleur présentent leur dernier livre.

    Les rencontres, qui ont lieu sur des places publi-ques facilement accessibles, sont précédées d’unspectacle déambulatoire, avec mimes, chorégraphes,échassiers, danse et musique qui crée d’entrée de jeuune atmosphère ludique et attire les passants. Puis,c’est au tour d’un conteur de lire des textes destinésaux enfants. Ensuite, un animateur interviewe chacundes auteurs et donne la parole au public. Les livres desauteurs interviewés sont disponibles et le plaisir, biensûr, c’est de continuer, pendant la séance de dédicace,la conversation avec l’auteur de son choix. Vers la finde la soirée, qui dure environ cinq heures, on proposeune table ronde sur des sujets qui varient chaque soir

    et auquel le public est encore une fois invité à partici-per. Puis, une lecture tous publics clôture le pro-gramme des animations.

    Ces Nuits des écrivains sont très populaires. Proba-blement à cause de la nature festive et décontractéede l’événement et parce qu’il y en a pour tous lesgoûts. On vient d’abord pour un auteur qui nous plaîtparticulièrement et finalement on en découvre plu-sieurs autres, de genres auxquels on ne se seraitpeut-être pas intéressé autrement. La formule estsympathique, pas du tout coincée, et elle a le mérite àla fois de faire circuler des livres de qualité et de met-tre en lien auteur et lecteur. Selon Christian Castelais,Les Nuits des écrivains permettent aussi à la relève dese faire connaître parce qu’elle est soutenue par destêtes d’affiche qui attirent les gens, et même si l’en-treprise n’est pas rentable à court terme, elle l’est àlong terme, estime-t-il, autant pour le libraire quiprend en charge l’activité que pour les écrivains qui yparticipent à titre bénévole (hé oui ! même enFrance…). Si vous voulez entrer en contact avec Chris-tian Castelais, son adresse électronique est la sui-vante : [email protected]

    Danièle Simpson

    RENTRER À L’ÉCOLE…

    A vec l’arrivée de l’automne survient larentrée scolaire. Pour les écrivaines,écrivains, éditeurs et éditrices du Qué-bec, ce devrait être une saison joyeuse où s’ac-cumulent les commandes. Pourtant, la mannene passe pas toujours pour tous et la moissonn’est pas toujours si abondante qu’elle ledevrait avec une cinquantaine de collèges etune douzaine d’institutions universitaires pourassurer l’enseignement supérieur.

    Comme nous le savons tous cependant, la lit-térature québécoise occupe une place secon-daire dans les programmes. Nous devons doncd’abord la situation anormale de la littératurequébécoise en milieu scolaire au ministère del’Éducation qui ressemble plutôt à un ministèrede la Colonisation, puisqu’il considère la littéra-ture française au moins deux fois plus impor-tante que la littérature québécoise pour les étu-diantes et étudiants québécois.

    Assez souvent, malheureusement, le relaisest fort bien repris par les enseignantes etenseignants dont la majorité, faut-il le préciser,affirmeraient sans honte que la littérature fran-çaise n’est pas une littérature étrangère, ajou-tant parfois que c’est notre littérature avant

    qu’on en ait une. Que fairealors avec la littératureactuelle ; peut-on avoirdeux littératures natio-nales à la fois, dont l’uneà un océan et à quelquessiècles d’histoires diffé-rentes d’écart ?

    Dans les classes et dansles cours, comme dans leslibrairies et dans les médias, la véri-table littérature étrangère, c’est la littéra-ture québécoise que l’on étudie après les autreset moins que les autres, en tout cas, après etmoins que la littérature de France. Ne devrait-onpas comme dans tout pays normal étudier pre-mièrement ce qui est près de nous, avant deregarder ailleurs dans le monde ce que lesautres font de différent ?

    Si nos auteurs et nos livres entrent à l’écolebien moins qu’ils ne le devraient, ce n’est pas leseul fléau qui entache l’enseignement. Depuisquelques années en effet, il faut y combattre lesfaussetés enseignées, souvent au secondaire etquelquefois au cégep.

    Il faut sans cesse réfuter des acquis commeceux-ci : il y a trois paragraphes dans un essai ;tout paragraphe doit commencer par un mot-

    lien ; tout paragraphe setermine par une conclu-sion reprenant l’affirma-tion initiale ; la conclu-sion finale reprend tou-tes les conclusions des

    paragraphes ; parfoismême, la première des trois

    pages de votre texte estconsacrée à l’introduction… Le

    travail d’un élève ne devrait-il pasressembler à un article normal comme il

    peut en lire dans n’importe quel journal ou dansn’importe quelle revue ?

    On se prend souvent à souhaiter que le coursprimaire ne soit consacré qu’à trois matières :lire, écrire et compter. (Faire lire un étudiant àvoix haute relève souvent du masochismecomme lui faire écrire un texte de trois pages !La majorité des étudiantes et des étudiants doi-vent utiliser leur calculatrice pour évaluer leurpourcentage s’ils ont quatorze sur vingt ou poursavoir combien ils ont accumulé de points aprèsavoir obtenu un treize et un douze.) En faisantapprendre simplement à lire, à écrire et à comp-ter, peut-être formerait-on des élèves et des pro-fesseurs qui maîtriseraient ces trois outils fon-damentaux et seraient aptes à les transmettre !

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    Petites nouvelles de France

  • L ’ U N I Q U E » s e p t e m b r e 2 0 0 64

    METTEZ VOS COURRIELS AU RÉGIMEVous êtes abonné à Internet rapide et vouspouvez envoyer des fichiers énormes enquelques secondes seulement ? Vous avezde la chance, mais tout le monde n’est pascomme vous. J’habite un coin de campagneoù Internet rapide n’est pas offert, et ilm’arrive aussi parfois, en voyage, de devoirme contenter d’une connexion lente. Dansun cas comme dans l’autre, je peste contreles fichiers volumineux qui prennent dix ouvingt minutes à télécharger.

    Mais il y a pire encore. Chez la plupartdes serveurs, la taille de la boîte aux let-tres est limitée à 20 mégaoctets (Mo). S’ilarrive un très gros message ou quelquesmessages de plusieurs Mo avant que ledestinataire ait pu les relever, cela peutcorrompre sa boîte aux lettres. J’ai subicette mésaventure à quelques reprises et ila fallu que je téléphone à mon serveurpour lui demander de me remettre maboîte aux lettres en état. Si je suis à l’autrebout du monde, communiquer par télé-phone avec mon serveur n’est ni gratuit nisimple, à cause du décalage horaire. Deplus, certains des courriels non lus sontalors irrémédiablement perdus — je ne

    saurai même pas qu’on me les a envoyés.Et je ne pourrai pas plus savoir qui m’ajoué ce mauvais tour, puisque son courrielà lui aussi aura été détruit.

    Voici donc un conseil, je dirais mêmeune supplication : n’envoyez jamais decourriel dépassant 1 Mo (c’est l’équivalentd’un roman d’au moins 500 pages et il n’ya pratiquement que les fichiers graphiques— les photos, par exemple —, pour dépas-ser cette taille). Vous éviterez de gravesennuis à votre correspondant et vous luiépargnerez des pertes de temps considé-rables s’il n’a pas une connexion rapide. Etmême s’il en a une, il sera moins tentéd’envoyer à la corbeille une photo de votrepetit dernier ou une invitation à votre lan-cement si elle n’encombre pas abusive-ment son disque dur. Il suffit de réduire ladéfinition et la taille des éléments graphi-ques. Mais si jamais vous devez absolu-ment envoyer un fichier dépassant 1 Mo,demandez d’abord la permission au desti-nataire. Vous risquerez moins de passerpour un âne ou un philistin.

    Et ce sera votre modeste contribution àla réduction des émissions de jurons parles internautes québé[email protected]

    le voyageurbranché une chronique de François Barcelo

    Êtes-vousau courant ?

    L a Maison du livre et des Écrivains de Montpellier a publiéen 2003 un Guide des résidences d’écrivains en Europefort intéressant pour nous puisqu’il recense un grandnombre de lieux accueillant des écrivains de toutes les nationa-lités. En tout figurent 178 résidences pour écrivains répartiesentre 88 régions de 27 pays d’Europe. Les séjours sont de duréevariable, d’un jour à un an, certains renouvelables et d’autrespas. Souvent on attribue une allocation au résident, parfoisle séjour est simplement gratuit et, dans d’autres cas, ondemande à l’écrivain de participer financièrement aux fraisd’hébergement.

    Chaque résidence a ses particularités, la capacité d’accueil etle type d’hébergement variant beaucoup. Il arrive que, dans lechoix des candidats, des disciplines littéraires soient privilé-giées ou même que la résidence ne soit ouverte qu’aux femmes.La plupart du temps, on exige des résidents qu’ils s’associent àl’activité permanente des lieux et, bien sûr, qu’ils produisentune œuvre. Ce sont habituellement des jurys qui sélectionnentles candidats selon des critères qui diffèrent d’une résidence àune autre et le choix s’effectue à des moments de l’année spé-cifiques. On retrouve, pour chaque lieu d’accueil, le nom du res-ponsable, les numéros de téléphone et de télécopie ainsi quel’adresse électronique et l’adresse du site Internet, le caséchéant.

    Voici la liste des pays qui disposent de résidences, et, entreparenthèses, le nombre de celles qui sont susceptibles d’ac-cueillir des écrivains québécois, parmi lesquelles certainesdemandent une maîtrise de la langue du pays : Allemagne (26)Autriche (6) Belgique (4) Croatie (1) Danemark (1) Espagne (3)Estonie (3) Finlande (7) France (62) Grèce (1) Hongrie (2) Irlande(4) Islande (3) Italie (6) Lituanie (1) Norvège (2) Pays-Bas (3)Pologne (1) Portugal (2) République tchèque (1) Roumanie (1)Royaume-Uni (4) Serbie (1, pour des traducteurs) Slovaquie (2)Slovénie (1) Suède (5) Suisse (8).

    On peut consulter sur place à la Maison des Écrivains l’exem-plaire de l’UNEQ ou le commander aux Presses du Languedoc.

    Titre : Guide des résidences d’écrivains en EuropeCollection : Guides432 pagesISBN : 2.85998.280.9Prix : 20 eurosSite de la maison d’édition :www.pressesdulanguedoc.com

    Danièle Simpson

    Écrire ailleurs Lorraine Tardif, qui occupait le poste de responsable des programmes de diffusion et deformation à l’UNEQ depuis 16 ans, a été nommée agente de programme au Conseil desarts et des lettres du Québec à la suite du départ de Monique Ouellet qui, elle, prend saretraite. Katia Stockman, jusqu’à maintenant responsable de l’Infocentre littéraire desécrivains (l’Île), la remplacera. Quant au poste de cette dernière, c’est André Racette quil’occupera, à raison de trois jours semaine.

    Réjane Bougé, secrétaire-trésorière au conseil d’administration depuis trois ans a, elle,été nommée conseillère culturelle en cinéma et en littérature au Conseil des arts deMontréal en remplacement de Germain Lefebvre. Pour des raisons évidentes, elle adémissionné de son poste qui sera rempli aux prochaines élections, soit en décembreprochain.

    Libraires, théâtres, musées, et bien d’autres institutions et organismes, offrent auxmembres de l’UNEQ des aubaines intéressantes. Le fascicule énumérant la liste desrabais que vous pouvez ainsi obtenir, à travers tout le Québec, vous est envoyé cemois-ci. Pourquoi ne pas le garder à portée de la main, histoire de ne rien oublier et debien en profiter ?

  • d’ailleurs toujours qu’il manque 130 bibliothécairesdans le réseau. Quant à l’arrimage avec la GrandeBibliothèque, il a été passablement difficile au débuttout en faisant baisser la fréquentation des bibliothè-ques de quartier, qui est cependant revenue à ce qu’elleétait avant cette ouverture. Mais, malgré tout le rattra-page qu’il y a à faire, on croit qu’on peut quand mêmeinnover.

    UNE AGENTE DE LIAISON À PARC-EXTENSIONLa preuve en est, souligne Louise Guillemette-Labory,la présence d’une agente de liaison ou agente demilieu dans le réseau. Ce nouveau joueur semblait toutindiqué pour une nouvelle bibliothèque, celle de Parc-Extension, qui a vu le jour en 2003 dans un quartierpluriethnique par excellence. Cette agente se veutdonc une sorte d’entremetteur entre le milieu et lesbibliothèques dont on veut favoriser l’accessibilité parla médiation. En fait, cette nouvelle intervenante vientnourrir le concept de bibliothèques hors-les-murs. « Onprésumait ce milieu difficile — parce que multiculturelet défavorisé — et, de fait, cela s’est avéré », de préci-ser Louise Robichaud, chef de division culture et biblio-thèque pour Saint-Michel, Villeray, Parc-Extension. « Ils’agit d’un lieu de passage, un quartier d’accueil où lesrésidants circulent beaucoup. Marie Delaval, notreagente de liaison, a fort à faire pour prendre contact

    avec les organismes communautaires, les garderies,les écoles. À elle seule, elle constitue une sorte debibliothèque ambulante ! » À l’heure actuelle, ondresse un bilan pour tenter de systématiser cette fonc-tion qui comporte de nombreuses tâches accompliesauparavant, ne nous le cachons pas, de manière infor-melle par des bibliothécaires. N’empêche que, del’aveu d’Anne Marie Collins, chef de division, elle, pourle Plateau-Mont-Royal, les autresbibliothèques envient ce joueur.« Nous avons plein de collections àmieux faire connaître, une collectiond’alphabétisation, une autre pour lesgens qui retournent aux études, uneautre encore pour ceux qui sont enapprentissage du français. Mêmenotre importante collection de bandesdessinées pourrait être davantagemise en valeur grâce à un tel joueur.Sans compter tous les projets qu’onpourrait développer de manière à ceque la bibliothèque soit encore plusvivante ! Les bibliothécaires ne suffi-sent pas à cette tâche. »

    UN RÉPERTOIRE POUR LES AUTEURSDU PLATEAUCela dit, et ce dans la perspective chère à la Ville demettre en valeur les écrivains des quartiers, un pre-mier répertoire des auteurs du Plateau-Mont-Royal avu le jour en juin dernier. La mairesse de l’arrondisse-ment, Helen Fotopoulos, lors de l’annonce de Mont-réal, capitale mondiale du livre, a voulu rencontrer lesauteurs habitant son territoire. Une réunion a donc été

    organisée, à l’automne 2004, avec eux, et cet outil afait l’unanimité comme moyen pour mieux faire connaî-tre les auteurs aux usagers des bibliothèques et à lapopulation en général. Alors qu’à Outremont on secontente d’organiser une soirée de reconnaissanceavec les auteurs aux deux ans, pour l’instant, cette ini-tiative est unique. Selon madame Collins, on recense250 auteurs habitant le Plateau-Mont-Royal. On pourra

    donc trouver étonnant que seulement105 figurent dans ce répertoire…« Tous ont été rejoints. Certains ne sesont pas inscrits, par négligence oupar scepticisme. Et plusieurs le regret-tent aujourd’hui et nous rappellent. »Précisons que des ajouts sont prévus,pour une version électronique en2007, à cet annuaire aujourd’hui tiréà 5 000 exemplaires. Vous pouvezle consulter en allant sur le siteville.montreal.qc.ca/plateau et vision-ner les courtes vidéos qui accompa-gnent une trentaine d’auteurs. Quant àla création d’un répertoire moins anec-dotique qui tiendrait compte cette fois

    du contenu des œuvres et non de l’adresse civique desauteurs, il pourrait éventuellement être dressé demanière à ce qu’un Michel Tremblay y trouve sa place…« voilà de la matière pour des projets futurs », de pré-ciser une Anne Marie Collins déjà fort heureuse que lesusagers se servent de ce bottin pour faire des recher-ches dans les bibliothèques du Plateau qui toutesrecensent les titres de cet annuaire, bien évidemment !

    Réjane Bougé

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    dans le cadre du prêt entre bibliothèques. Cesdeux dernières dispositions font fi d’unaspect du droit d’auteur canadien qui prévoitque le titulaire de droits est libre d’octroyerou non une licence pour la reproduction deses œuvres.

    Il est aussi question d’introduire le conceptdu PAM (publicly available material : matérielaccessible gratuitement) de manière à ce queseules les œuvres protégées par une mesurede protection technologique soient excluesdu matériel public. Cette introduction du PAMréduirait, bien sûr, la rémunération des créa-teurs pour l’accès à leurs œuvres, mais plusgrave encore, elle renverserait la présomptionexistante dans le droit d’auteur canadienqu’une œuvre EST PROTÉGÉE à moins d’aviscontraire. Désormais, une œuvre NE SERAITPAS PROTÉGÉE à moins que le titulaire dedroits ait pris les moyens de le faire.

    On le sait, la différence est grande entre laphotocopie d’une œuvre et sa reproduction

    numérique, puisqu’une œuvre numériséedevient facilement accessible à un grandnombre d’utilisateurs, qu’ils fassent partie dumonde de l’éducation ou non. On n’a qu’àregarder ce qui se passe dans le monde de lamusique pour se rendre compte de ce quel’informatique permet aux usagers. Le gou-vernement inclurait, bien sûr, des mesuresd’encadrement, mais pour que celles-cisoient efficaces, il faudrait qu’elles soientmieux définies qu’elles ne l’étaient dans ledéfunt projet de loi C-60 déposé en juin 2005par le gouvernement libéral. Il y était écritqu’il s’agirait de « mesures dont il est raison-nable de croire qu’elles auront pour effetd’empêcher la communication par télécom-munication de la reproduction numérique àdes personnes autres » que les « élèves ins-crits au cours auquel la leçon se rapporte ».Cette formulation ressemblait dangereuse-ment à un vœu pieux qui n’engageait sérieu-sement personne. Par ailleurs, la technologiede l’informatique se développant rapidement,il faudrait également que les mesures de

    protection comportent une obligation de miseà jour ainsi que des sanctions claires pourdéfaut d’adoption ou de maintien de leurefficacité.

    L’UNEQ s’oppose fermement à ces nouvel-les exceptions, car elles vont à l’encontre dudroit des auteurs de décider de l’utilisation deleurs œuvres et de protéger leur intégrité etlui paraissent peu susceptibles de procureraux titulaires de droits une juste rémunéra-tion pour l’utilisation de leur travail. Il estimportant que les écrivains se manifestentauprès de leurs élus et qu’ils appuient l’effortdes associations artistiques pour protéger ledroit d’auteur. Il semblerait que ce droit soitde plus en plus perçu comme un obstacle à ladémocratisation du savoir et sa rémunération,comme un fardeau pour le monde de l’éduca-tion (que ne lui imposeraient ni le salaire desenseignants, ni celui des cadres ou desemployés de soutien, ni l’achat de matériel,etc). Aux créateurs de réagir.

    Danièle Simpson

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    Du nouveaudans les bibliothèques?

  • L ’ U N I Q U E » s e p t e m b r e 2 0 0 66

    Le Conseil de la cultureNé dans la misère et le brettage il y a vingt-cinq ans, le Conseil de la culture aura misplusieurs années à constituer sa raison, etquelques autres encore à éprouver sa force.

    Touchant la majorité — c’était sous la pré-sidence allumée d’une Agnès Maltais qui sejoignait à une équipe de permanents désor-mais rodée et avertie —, le Conseil prenaitenfin sa place, unique corps représentant lesacteurs de l’ensemble des disciplines artisti-ques et patrimoniales à qui il offrait à la foisune voix et des services. La formation émer-geait alors comme cet interlocuteur aveclequel les décideurs avaient intérêt à débattre.

    Arts médiatiques, arts visuels, danse, dif-fusion, lettres, métiers d’art, musique, patri-moine-histoire et théâtre, il ne se voit guèrede domaines de l’activité artistique profes-sionnelle où le Conseil de la culturedemeure inactif. Qu’il s’agisse pour les artis-tes d’acquisition d’ateliers, du programmed’action de la Ville en matière de culture, dela Journée mondiale du théâtre à marquer,des Journées internationales de la musiqueou de la danse à célébrer, de l’institution desPrix d’excellence, de l’offre aux artistes etgestionnaires d’un programme de formationcontinue, d’un rappel aux députés fédérauxdes enjeux culturels de la région…, le

    Conseil de la culture, fort de ses membresregroupés au sein de neuf tables disciplinai-res représentées au comité de direction, estun carrefour d’échanges bien structuré quiœuvre à favoriser le développement des artset de la culture sur l’ensemble de son terri-toire, aussi bien qu’à sensibiliser le citoyenet à favoriser son engagement.

    Philippe Sauvageau, président depuisquelques années, prolonge avec une autremaîtrise l’impulsion venue de la consciencede soi comme groupe constitué capabled’une réflexion collégiale de mieux en mieuxassise. Le Conseil de la culture des régionsde Québec et de Chaudière-Appalaches

    Québec – Chaudière-Appalaches » André Ricard

    Vox pop pour un réconfortSelon la romancière brésilienne Clarice Lis-pector, la littérature est « la façon dont lesautres appellent ce que nous faisons ». Lemot littérature ne dérange-t-il que celles etceux qui la font ? Nous avons eu le goût d’in-terroger à brûle-pourpoint quelques person-nalités, mises sur notre chemin profession-nel, qui œuvrent en territoire lavallois.Qu’est-ce que le mot littérature évoque àvos yeux ? ou qu’est-ce qu’un bon livre ?Confondant allègrement le mot et la chosereprésentée, on ne leur a pas laissé le tempsde formuler de belles phrases ni demandéde récrire le Qu’est-ce que la littérature ? deSartre…

    Pour l’artiste polyvalent des arts de lascène, Sylvain Lamy, créateur du théâtreécologique en rivière, la littérature « c’esttout l’univers des mots, de l’écriture et del’édition. C’est la poésie, le théâtre, leroman, tout le champ de l’écrit, l’art du lan-gage, de la mise en mots de façon imagéepour raconter une histoire avec du style,des valeurs et du contenu. C’est très large. »En effet.

    Pour Aimée Dandois-Paradis, poète mem-bre de la Commission consultative des artset vice-présidente de la Société littérairede Laval : « La communication intime entrel’auteur et les lecteurs, la transmissionde connaissances et de sentiments, lesconstats situationnels, voire la philosophie.

    Un bon livre atteint l’universel et crée unintérêt tel qu’on le dévore. » Alors, à table.

    La nouvelle directrice littéraire des Édi-tions TROIS, Carole Leroy, donnerait la défi-nition générique suivante : « La meilleurefaçon d’exprimer la vie pour que chacun lacomprenne. Un bon livre présente une parti-cularité stylistique, reflète une maîtrise de lalangue et propose un contenu qui se tient. Ilfaut une voix originale qui porte l’émotionou la suscite, et qu’une fois terminée la lec-ture, on reste k.-o. ou sur sa faim. » Pas dedeuxième pointe de tarte.

    Nicolas Henry, concepteur et animateurdes « 24 heures du conte » dont la 1re éditionavait lieu à Laval les 18 et 19 août dernier, etoù nos oreilles ont accueilli entre autres « LaVache morte du canyon », de Jacques Fer-ron : « Mise en mots des pensées pour ren-dre compte de la réalité, la faire bouger, outransformer le monde. » Rien de moins.

    M. Raymond Talbot, trésorier du Festivaldu livre jeunesse (tenu en automne), aussiprésident de la Chambre de commerce et

    d’industrie de Laval, et ancien propriétairede l’ex-librairie montréalaise Champigny,qui, heureuse époque ! offrait tout le fondquébécois : « La littérature est manifestationde l’imaginaire, développement des idées,manière de décliner les langues, de les fairedurer à travers les années. Mémoire des cul-tures. » Comme quoi on peut s’intéresser àla fois aux chiffres et aux lettres.

    Le directeur général du collège Montmo-rency, M. François Allard : « La passion dedécouvrir des univers inconnus, de prendreconscience d’autres visions du monde,moments de détente fabuleux, belle excusepour le rapprochement des lecteurs entreeux, pour le partage. Le mystère un peudévoilé. » Oui !

    Pour Mme Monique Hascoat, administra-trice de la Fondation lavalloise des lettres, etconsultante pour la Conférence régionaledes élus, un bon livre doit être « très bienécrit, posséder une richesse stylistique,avoir de la vie, du mouvement, et vivent lesclassiques ! » D’ailleurs ou d’ici.

    Mme Jocelyne Guertin, qui, en octobre dechaque année, remet les prix du Conseil dela culture de Laval, dont elle assume la pré-sidence, y va d’une énumération passion-née : « L’évasion, l’intimité avec soi, unmoment privilégié, le voyage, le fantastique,un baume sur notre âme. La littérature nousinstruit, enrichit notre vocabulaire, nosconnaissances. Elle nous fait grandir. » Gran-dir sans jamais prendre une ride car, auregard de la littérature, nous sommes desenfants qui n’ont jamais achevé leur crois-sance. Me voilà rassurée. Et tout le resteest littérature…

    Laval » Claire Varin

    Un des 24 conteurs du 1er festival de contes à Laval.

  • L ’ U N I Q U E » s e p t e m b r e 2 0 0 6 7

    LES LAURENTIDES,TOUJOURS DYNAMIQUES !Cinq ans, ça se fête ! En août dernier, jour pourjour, l’Association des auteurs des Lauren-tides fêtait en grande pompe ses cinq annéesd’existence dans le décor champêtre d’unsous-bois de Piedmont. Près de 150 per-sonnes ont accepté l’invitation du conseild’administration. Parmi celles-ci, mention-nons les députées de Prévost, Lucie Papineau,et Monique Guay, de Rivière-du-Nord, quifurent les premières à soutenir les efforts depromotion des écrivains de la région dès lafondation, en 2001.

    Sous un soleil magnifique, les invités ontdégusté les spécialités culinaires des écri-vains, parcouru des sentiers d’exposition depeintures et de poésie, assisté à un spectacleoù se sont succédé musique, chanson, poésieet humour de nos membres. De plus, unencan silencieux a permis d’amasser desfonds pour la future Maison des écrivains desLaurentides qui devrait avoir pignon sur rue àSainte-Adèle, si dieu le veut ! Enfin, l’AAL aaussi inauguré son site Internet : www.a-a-l.ca. En souvenir, chaque invité a reçu unebonbonnière du 5e anniversaire spécialementconçue pour l’occasion.

    LA MAISON DES ÉCRIVAINS DES LAURENTIDESDepuis plus d’un an, l’AAL multiplie lesefforts de sensibilisation des différentspaliers gouvernementaux et du milieu cultu-rel régional à l’importance de l’ouverture

    d’une Maison des écrivains des Laurentidesdont l’objectif principal est de stimuler et depromouvoir la littérature et les écrivains de larégion. Ainsi, l’automne dernier, l’AAL partici-pait activement à l’élaboration de la politiqueculturelle de la MRC des Pays-d’en-Haut etprésentait un mémoire proposant la créationde ce lieu tourné vers le grand public etayant une vocation patrimoniale et touris-tique qui favoriserait la démocratisation de lalittérature par des rencontres, des échanges,par un centre de références sur les écrivainslaurentiens et l’histoire de la littérature dechez nous.

    Un an plus tard, soit à la mi-septembre,sortira une étude de faisabilité dirigée par lafirme de marketing l’Indice qui aura réaliséune série d’entrevues de consultation pourrecueillir les points de vue et perceptionsd’une diversité de répondants, qu’il s’agissed’acteurs du secteur public et d’élus suscep-tibles de soutenir financièrement et de favori-ser la réalisation du projet, de partenaires etinvestisseurs privés potentiels et d’utilisa-teurs potentiels des services de la Maisontout en étudiant les expériences de réalisa-tion apparentées. Ainsi, l’AAL sera en mesured’évaluer la viabilité d’un tel projet. Une ini-tiative qui pourrait être éventuellement imitéedans d’autres régions du Québec.

    LES 5 À 7 DE LA RENTRÉELITTÉRAIREÀ défaut d’un salon du livre dans les Laurenti-des, l’AAL organise Le 5 à 7 de la rentrée litté-

    raire, événement annuel qui s’inscrit mainte-nant dans une nouvelle tradition régionale.Cette troisième édition se veut le point dedépart de la saison littéraire laurentienne,offrant au public la chance de rencontrer desécrivains qui ont publié au cours de l’annéeou qui publieront au cours de la prochainesaison.

    Encouragée par les succès remportés àSaint-Jérôme dans les années précédentes,et dans le but de couvrir un plus large ter-ritoire, l’AAL planifie deux événements, à24 heures d’intervalle.

    Ainsi, les écrivains présenteront leurslivres, le mercredi 27 septembre, au Centred’art de la petite église, à Saint-Eustache, etle jeudi 28 septembre 2006, à la Maison de laculture des Laurentides du Vieux-Palais deSaint-Jérôme.

    Dans une ambiance conviviale, l’AAL pré-sentera une vidéo de chacun des auteurs, unquiz présenté au public, un tirage de livres,des signatures de livres et une rencontre depresse qui se terminera par un buffet gratuit.

    Les membres du c.a. pour l’année 2006-2007étaient très fiers des cinq ans de l’Associationdes auteurs des Laurentides. De gauche à droite, Robert Gauthier, Francine Gendron,Pauline Vincent, Marie-Andrée Clermont,Mireille Villenevue et Jacky Pachès.

    regroupe à présent plus de 200 organismesculturels et représente quelque 2 500 artistesprofessionnels, travailleurs culturels et patri-moniaux. Au début de ce siècle, le Conseilcommandait à l’Institut québécois de la sta-tistique une étude sur l’impact économiquede la pratique artistique dans les deuxrégions concernées. Le poids, largementsous-estimé du bouillonnement culturel ainsique de ses retombées sur tout le territoire,(plus d’emplois que dans n’importe quelleactivité de fabrication et que dans les sec-teurs de la nouvelle économie) permet depuisau Conseil de convoquer annuellement (etavec grand succès de participation) les éluset autres décideurs du territoire à un déjeu-ner causerie au Parlementaire pour les

    convaincre de leur intérêt à intégrer la cultureet l’art dans leurs prospectives. Ainsi, la com-munauté des deux régions est-elle amenée àse rendre mieux compte de l’intérêt de la cul-ture pour sa propre affirmation.

    Le Conseil a fortement contribué à laréflexion présidant à la constitution d’unepolitique culturelle de la nouvelle Ville ; deplus, porte-parole autorisé, il agit commeinterlocuteur privilégié du CALQ, reconnais-sant les acquis et favorisant, par l’établisse-ment collégial de priorités, un développe-ment conséquent et durable.

    La table des lettres jouit des mêmes avan-tages au Conseil que les autres instancesconstituantes. Ses membres, individus etgroupes, représentent les intérêts que

    polarise la promotion du livre et de la lecture.Leur action, jointe à celle quelquefois plusciblée des écrivains participants, a concrétisédes réussites dont il a été précédemmentquestion dans ces pages. Beaucoup d’at-tentes restent cependant à combler. Et il estvrai de dire que les écrivains paraissentmoins motivés à définir leurs espérances ensorte de les faire porter par le Conseil. Latable des lettres, par rapport à toutes lesautres, demeure en retrait quant à l’avance-ment de ses intérêts. Les écrivains semblentmanquer de disponibilité pour la mise entrain de propositions imaginatives aux-quelles le Conseil offrirait un levier dont lesautres disciplines savent faire usage. Unesituation qui résiste aux efforts d’y remédier.

    Laurentides » Pauline Vincent

  • L ’ U N I Q U E » s e p t e m b r e 2 0 0 68

    La vie littéraire en EstrieDans le mouvement rassembleur qui animel’Association des auteures et des auteursdes Cantons de l’Est (AAACE), les activitéssuivantes ont été largement fréquentées.Que ce soit lors de La Journée mondiale dulivre et du droit d’auteur par une « soiréeintergénérationnelle » qui a réuni des lec-teurs de tous âges, que ce soit lors duFestival du texte court qui s’est tenu dansdes endroits publics de la ville de Sher-brooke ou pour commencer l’été de labonne page, en participant à un pique-nique littéraire.

    D’autres rencontres d’envergure ont eulieu : Le Grand-Prix de la ville de Sherbrookea honoré ses gagnants : Patrick Nicol -voletcréation littéraire, Jacques Michon -voletessai et Winfried Siemerling -volet anglo-phone. De son côté, le Centre Anne-Hébertde l’Université de Sherbrooke offrait auMusée des beaux-arts de Sherbrooke l’ex-position « Filiations : Anne Hébert et Saint-Denys Garneau. » Nathalie Watteyne en asigné la réalisation.

    Deux autres activités estivales se sontajoutées : les « spectacles-ateliers » animés

    par Lynda Dion et Les bouquinistes, une ini-tiative du Salon du livre de l’Estrie.

    Les correspondancesd’EastmanDans l’église, dans le village, dans les jardins,sur les trottoirs, il y avait une atmosphère derespect, de calme, comme si tous les habitantset les visiteurs étaient habités par un désird’intériorité. Qu’on écrive une lettre, unpoème, une carte de souhaits, une petite his-toire, on devait se mettre à l’écoute du dedans.

    Pour la première fois, je voyais écrire nonseulement des initiés, mais monsieur etmadame Tout-le-monde. Le thème de cette édi-tion, le bonheur, favorisait cette prisede conscience de petits bonheurs tantphysiques que spirituels. Bref, se promener àEastman, la fin de semaine des Correspon-dances, donnait de l’espérance. Le recueille-ment, les réflexions tantôt scientifiques, tantôtphilosophiques, tantôt légères et savoureusesont contribué à contrebalancer le matérialismehélas si présent dans nos vies modernes. Nousavons eu droit à la fête et aux échanges stimu-lés par les discours attendus. Autour d’unetable, dans un petit bistrot sympathique, lesmoments de partage fusaient de toutes parts.

    Voilà à mon avis, pourquoi plus de 2 000 bil-lets ont trouvé preneurs pour les lectures, lescafés littéraires et les ateliers d’écriture lorsdes Correspondances d’Eastman 2006.

    Parmi les festivaliers, on a pu remarquerla présence de nombreux auteurs québécoiset français. Des auteurs estriens ont pris unepart active au festival soit en étant membrede l’équipe organisatrice, soit en coordon-nant les concours d’écriture, soit en animantdes ateliers d’écriture. Saluons, entreautres, la collaboration des Denise Neveu,Camille Deslauriers, Jacques Allard, NathalieWatteyne, Suzanne Pouliot, Louise De Broin,Antoine Sirois, Louise Portal, JacquesDufresne, Pierrette Denault et moi-même.Ajoutons finalement que Francine Ruel —porte-bonheur de l’événement — et MichelGarneau, tous deux auteurs de notre région,ont fait salle comble lors d’une lecture publi-que de leurs textes. Soulignons finalementla table ronde du Comité Trans-Québec pen-dant laquelle les représentants de chaquerégion ont fait la lumière sur leur situationd’écrivains en région. Bref, les Corres-pondances d’Eastman ont été un lieu de ren-contres exceptionnelles pour les écrivainsde l’Estrie. Pour ma part, je suis revenue àma table de travail confiante des retombéespositives. Bravo à Nicole Fontaine et à LineRicher ainsi qu’à tous ceux et celles qui por-tent et soutiennent cet événement littéraire.

    Estrie » Ginette Bureau

    La Table de concertationdu livre et des lettresde l’OutaouaisLa mise sur pied de la Table de concertationdu livre et des lettres de l’Outaouais estune initiative de la Corporation du Salondes régions du livre. La Corporationregroupe les maisons d’édition Écrits desHautes-Terres et Vents d’Ouest, le Salon dulivre de l’Outaouais, le Centre régional deservices aux bibliothèques publiques del’Outaouais, l’Association des auteurs etauteures de l’Outaouais et le nouveauregroupement de BD, Éditions Studio Pre-mières Lignes. Elle vise à faire connaître àl’étranger les auteurs de l’Outaouais etleurs œuvres et, à cette fin, depuis près devingt ans, elle a conclu des échanges avec

    la Franche-Comté, la Suisse, la Belgique etla Vallée d’Aoste.

    Le principal objectif de la Table de concer-tation du livre et des lettres de l’Outaouaisest d’assurer une meilleure diffusion desœuvres des auteurs et des éditeurs de l’Ou-taouais dans cette région même. Tous lesservices de coordination et de secrétariatsont assurés par le Conseil régional de laculture de l’Outaouais.

    À cette table, on retrouve les six interve-nants de la Corporation du Salon des régionsdu livre, auxquels s’ajoutent des représen-tants d’un CLD (Papineau), de deux librairies(Michabou et Réflexion), des médias (Revuede Gatineau, Le Droit, radio de Radio-Canada), de l’éducation (Commissions sco-laires des Draveurs et Cœur-des-Vallées),du Centre de recherche en civilisation

    canadienne-française de l’Université d’Ottawa,de la Bibliothèque de Gatineau, de l’Univer-sité du Québec en Outaouais et de l’Impri-merie Gauvin. D’autres organismes sontaussi intéressés à s’y joindre.

    Ce que la Table de concertation permet,pour l’instant, c’est de faire prendreconscience à tous de l’importance du milieudu livre et des possibilités de collaborationset de partenariats entre les membres. Quel-ques projets de collaboration en ont émergé,sur une base bilatérale.

    De leur côté, les intervenants de la Corpo-ration du Salon des régions du livre songentà se transformer en un centre de coordina-tion et de services pour toutes les activitésentourant le livre et les lettres et d’accroîtrele volume et la notoriété de la lecture enOutaouais.

    Outaouais » Guy Jean, en collaboration avec Pierre Bernier

  • L ’ U N I Q U E » s e p t e m b r e 2 0 0 6 9

    Camp de lecture pour professeursC’était un soir de première ou presque. Ledébut d’un camp de lecture pour profes-seurs de quatre commissions scolaires. Ledeuxième après celui de l’Estrie de l’été der-nier, une suite du Plan d’action sur la lectureà l’école du ministère de l’Éducation. Nousétions sept auteurs invités : un conteur, undramaturge, des romanciers. Durant la jour-née, plus de quatre-vingts personnes, ensei-gnantes pour la plupart, avaient participé àdes ateliers d’exploration et d’appréciationdes œuvres littéraires guidées par des « lec-trices » du ministère.

    Une participation étonnante en plein moisd’août, juste à la veille de la rentrée, selonPauline Tremblay, l’âme organisatrice de cetévénement. Trois journées dans un site agréa-ble, une hôtellerie champêtre. Avec de gran-des tables de livres, du matériel et un livre-cadeau dans chaque sac à dos. Une activitéPasse-livres et un souper près du bar-terrasseavec Bertrand Bergeron, Marjolaine Bouchardou Marie Bletton, Daniel Danis, André Girardou Élisabeth Vonarburg.

    On nous a présentés, on a mentionné nosexploits, lu des extraits de nos œuvres et descritiques bienfaisantes. Entre l’entrée et ledessert, on nous a tirés au sort, à la pige ouautrement. C’est ainsi que nous avons navi-gué entre les tables, échangé avec les unes etles autres dans une atmosphère conviviale.

    Les questions fusaient : « Écrivez-vous ence moment ?.. Et vous, que lisez-vous ? » Et lesréponses tout autant. « Difficile de lire avec letravail et la maison. J’adore pourtant. On vou-drait bien mais… Des camps comme celui-là,ça aide. Ça nous arrête. » Un roman, c’est,comme dit Jacques Poulin, une maison, unrefuge pour alpinistes. Ce peut être aussi,comme dit Suzanne Jacob, une maison quel’on veut fuir, qu’il faut fuir pour se sauver. Ouce peut être les deux…

    La littérature québécoise est si riche, singu-lière et prolifique, reconnaît-on, surtoutdepuis les années 80, précise-t-on. Il y a un telengouement au primaire que certains auministère croient même qu’on devrait parfoisregarder ailleurs. Notre « littérature pour adul-tes » ne reçoit pas un accueil comparable.Laxisme ou méconnaissance ? Il y a aussi cettetendance à infantiliser les jeunes, la crainte desujets tabous, ainsi la violence comme dans

    certains comités de parents. Pourtant la lec-ture sert aussi à affronter ses monstres, àprendre conscience de soi-même et desautres. Des bonheurs, de la tragédie égale-ment. Au-delà des nécessaires apprentissa-ges grammaticaux, elle est un espace deliberté, une initiation à la vie, une occasiond’échange extraordinaire entre élèves, étu-diants, professeurs et parents. Je rappelle messéminaires de lectures au cégep, véritablescarpe diem. Pourquoi pas au primaire ou ausecondaire ? Inventer des cercles de lecture.

    Le constat est dur. Les sommes devant ser-vir à l’achat de livres par les commissions sco-laires n’ont pas toujours servi à cette fin. Lesbibliothécaires manquent, tant dans lesbibliothèques scolaires que municipales. Lesattentes sont grandes. Il faut d’autres biblio-thèques modernes, comme à Montréal, Qué-bec, Chicoutimi et Alma. Là où il y a gratuité,la popularité du livre augmente. Il faut desclubs de lecture pour les enfants aussi, et desanimatrices rares, comme l’été à la bibliothè-que de La Baie. Et surtout, réclament enchœur les gens de ma table au représentantdu ministère de l’Éducation : « Il faut conti-nuer cette expérience de camp de lecture !Sinon… ce sera comme avant. »

    RAPPEL : L’Atelier de lecture du Camp Félixà Péribonka, Auberge de l’Île du Repos.

    Nord-Est » Danielle Dubé

    Mauricie » Gérald GaudetMémoires de guerre

    « L’époque est violente de nous laisser sansrepères », me dit Éric Roberge qui avouereconnaître en lui une part monstrueusequ’il porte et transmet comme un « poidsontologique ». Il se donne le droit commehomme, comme enseignant, comme père,comme poète d’avancer « sans mentir, sansfalsifier les données du réel. »

    Éric Roberge est né en 1969. Dans lesannées ’80, alors qu’il était cet adolescentnourri par la musique heavy metal – « musi-que extrême, violente, radicale » –, et qu’ilétait fortement impressionné par les pochet-tes de disque qui montraient souvent descorps mutilés, comme ceux de son âge il adéveloppé ce désir très particulier de se fairepeur en allant voir ce qu’il y a sous la peau.

    Enfant, Éric Roberge a pourtant vécu àl’ombre de son père colonel qu’il accompa-gnait au mess des officiers. Les anciens com-battants qui s’y trouvaient revenaient avecdes souvenirs de guerre qu’ils aimaient serappeler surtout quand la bière avait fait soneffet et qu’ils devenaient très émotifs. Alors,

    souvent, ils se mettaient à pleurer à causedu trop plein de souffrance. Il y avait de l’in-soutenable dans ces récits de violence et demort. Mais il y avait une solidarité, une « fra-ternité mâle », dira Éric Roberge, semblableà celle que les hommes se donnaient autre-fois à la taverne. À seize ans, le fils rejoindrale colonel son père, y découvrira lui aussi lacamaraderie masculine, mais surtout lesvraies choses, confiera-t-il. « C’était sérieux,mais on s’amusait. On jouait avec de vraischars d’assaut, on lançait de vraies grena-des. Les copains, eux, n’avaient pas cettechance. » Quand, à vingt-deux ans, il a laisséce monde pour entrer à l’université, il s’estsenti coupable de « ne pas participer à ça :humaniser le monde par une action réelle ».Il se sentait le « fils déchu d’une race de vio-lents, de forts, de hasardeux ». Il s’étaitreconnu dans l’idéal militaire, celui où l’oncherche à aider l’autre pour contrer le mal.

    De toute cette expérience, Éric Robergeaura pris conscience de sa propre violence,mais aussi de celle de l’autre. Son discours,me le rappelle-t-il, comme s’il le fallait, n’estpas celui de « l’homme rose ». Il tient d’une

    affirmation de la masculinité. « On peut degrandes choses avec la violence », soutien-dra-t-il de façon étonnante. Il l’a appris chezles surréalistes, le divin marquis – qui l’aamené à la littérature – et chez Octavio Paz.Pour lui, l’écriture est une « arme » quidétruit tout en dénonçant ; la poésie, unearme qui contrôle les pulsions guerrières ; lepoème, « un cadre de destruction » et « unlieu d’élévation ». Car le poète, qui assumecette violence de notre époque qui le laissesans repères, cherche tout de même à sedonner des repères qu’il dira « convention-nels » : l’amour unique, l’amitié, les enfants,l’éducation, la transmission des valeurs.

    Cet automne, Éric Roberge fera paraîtreChevaux sans arme aux Écrits des Forges. Ily évoque la pratique du vélo auquel ils’adonne comme à un sport extrême. « Onmet en jeu son corps, et on s’enivre en s’ap-prochant de Thanatos. C’est suicidaire. Maisil faut trouver un équilibre et aller plus loinque son niveau d’incompétence. Ce quiimporte, c’est d’aller le plus loin qu’on peutaller et savoir revenir. Savoir aussi qu’onpeut repartir. »

  • 10

    MURS, SABLE, LUMIÈREConvié par l’Association Québec-Israël àme rendre en Israël, j’ai été tout de suiteplacé face à l’évidence, la triste évi-dence : je ne connais rien de la littéra-ture israélienne. Une semaine passée là-bas ne change pas grand-chose à l’af-faire, mais du moins ai-je compris qu’unpays n’existe pas que dans l’actualité(les tragiques événements que nousdéplorons tous n’étaient pas alors surve-nus — nous étions à Jérusalem et à TelAviv en juin), mais aussi dans les tracesde mémoire que les arts et les lettres tis-sent patiemment. J’en veux pour exem-ple un déjeuner avec Chaïm Gouri, poètede la génération de Jean-Guy Pilon etGaston Miron, qu’il a connus et admire :les aperçus politiques des uns et desautres (nous avons aussi rencontré jour-nalistes et politologues) dessinent lescontours d’une réalité ; la poésie, spon-tanément lue à table en cette circons-tance par Pierre Curzi, Alexis Martin etSébastien Richard, s’est placée dans l’in-terstice dont autrement je n’aurais peut-être pas soupçonné l’existence. La voixdu doute s’élevait, alors que les imagesdu poète (les murs de Jérusalem, lalumière) avaient laissé croire à la certi-tude et à l’immuabilité.

    Aller au Proche-Orient amène le voya-geur, même le plus distrait (merci, GillesArchambault, pour l’expression), à inter-préter les situations, les décors, voire lespersonnes rencontrées, sur la foi deschémas hérités de la religion, de la foi(il y a un gouffre entre ces deux mots),de la politique (parfois domaine de la foiappliquée, comme on le dit des sciences

    et des arts), de l’histoire et de ce qu’au-trefois on appelait les humanités. Lasurface est lisse, l’esprit est rassuré,même devant la chronique d’un malheurannoncé.

    La lecture, la rencontre de l’étrangerapportent autre chose, ils sont des toni-ques dont parfois on subit l’astringence,car il n’est pas nécessairement facile,sauf aux bons apôtres, d’accepter l’autredans ses certitudes apparentes oudéclarées, surtout si soi-même l’onappartient à une société désireuse detout et incertaine d’elle-même.

    La voix de Chaïm Gouri tenait dusable, dense et atomisé, face à lamuraille, sous la muraille, dans lamuraille, prêt pour l’assaut contre lasécurité, la promesse. Voilà bien l’œuvredu doute : on croit atteindre la fin alorsqu’elle se défile, remettant tout encause, à commencer par les images dontpourtant la beauté sonnait si juste. Lalangue des poètes se méfie d’elle-même.

    J’aurais aimé que M. Gouri en disedavantage, vieux réflexe de qui a fait dela radio, qu’il nous raconte ce qui venaitavant le vers — le motif, une positionéthique, un credo esthétique. Il adétourné le propos, avec une pudeurque je me suis interdit de tracasser, yvoyant son rempart.

    Je retournais à moi-même avec le sou-venir de quelques vers. À présent, lesable l’a érodé, j’ai si faible mémoire.Quand on me demande : « Et Israël,c’était comment ? », je parle volontiersde murs, de sable et de lumière.

    Gilles Pellerin

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    PRIX LITTÉRAIRE RADIO-CANADAGenre : poésie, nouvelle, conte, récitDate limite : 1er novembreOrganisme responsable : Société Radio-Canada(514) 597-4335

    PRIX LITTÉRAIRE DU SALON INTERNATIONAL DULIVRE DE QUÉBECGenre : poésie, roman, nouvelle, conte, récit, littératurepour la jeunesse, écriture dramatique, essaiDate limite : 15 novembre(418) 692-0010 ou [email protected]

    PRIX LITTÉRAIRE HENRIETTE-MAJORGenre : poésie, roman, nouvelle, conte, récit, littératurepour la jeunesse, bande dessinée, essaiDate limite : 30 novembreOrganisme responsable : Éditions Dominiqueet compagnie(514) 875-0327 [email protected]

    PRIX JACQUELINE-DÉRY-MOCHONGenre : poésie, roman, nouvelle, conte, récitDate limite : 1er décembre des années paires pourla poésie et des années impaires pour la proseOrganisme responsable : Société littéraire de Laval(450) 978-7669 ou [email protected]

    En visite en Israël

  • L ’étau se resserre sur les écrivains… Plusqu’inquiétante est l’attitude du gouverne-ment fédéral du Canada envers les écri-vains et la liberté de presse.

    Plusieurs exemples de bâillonnement vien-nent à l’esprit dont celui commis par RonaAmbrose. Cette ministre de l’Environnement dugouvernement fédéral a défendu au fonction-naire et docteur en sciences Paul Tushingham,auteur du roman environnemental Hotter ThanHell, d’assister à son propre lancement au Cer-cle national des journalistes le 13 avril 2006, d’yprendre la parole et de parler aux médias… Laraison ? Hotter Than Hell est un roman descience-fiction dans lequel le réchauffement duglobe cause une pénurie d’eau résultant en l’in-vasion du Canada, le plus grand pourvoyeurd’eau potable, par les États-Unis.

    Pendant une semaine, le site du Cercle nationaldes journalistes avait annoncé le lancement dulivre et la causerie du climatologiste Mark Tus-hingham. Selon Bruce Cheadle de la Presse cana-dienne, dans le National Post du jeudi

    13 avril 2006, l’éditrice du livre, Elizabeth Margarisde la maison d’édition néo-brunswickoiseDreamCatcher qui avait fait le voyage en voituredepuis le Nouveau-Brunswick, a confié : « Je croisque l’on nous bâillonne. C’est incroyable, jen’ai jamais entendu parler d’une telle chose… »

    Cette atteinte virulente à la liberté de pressea eu une conséquence imprévisible. Les2 000 exemplaires du livre lancé en novem-bre 2005, qui était loin d’être un best-seller, sesont vendus grâce à cette tentative de muselle-ment. La publicité qu’elle a générée a survoltéles ventes. Et même si Mark Tushingham nepeut prendre la parole pour promouvoir sonlivre, car il a peur de perdre son emploi et a dûse réfugier chez un ami, la controverse a étéune bénédiction pour la modeste maison d’édi-tion de Saint-Jean. Elizabeth Margaris donnedes entrevues sans arrêt. Ce livre connaît un telsuccès qu’il en est à sa deuxième édition…cette fois-ci de 10 000 exemplaires. N’ayantjamais osé espérer un tel engouement, elle enconclut avec humour que le livre est « plus

    chaud que l’enfer… » Une compagnie cana-dienne a démontré un vif intérêt pour les droitstélévisuels et cinématographiques… Ce livreque l’on dit plus scientifique que fictif sembledonc promis à un avenir des plus lucratifs. Etce, en dépit du musellement abasourdissant deson auteur…

    Musellement d’autant plus surprenant que,dès 1948, les Nations Unies ont stipulé, dansl’Article 19 de la Déclaration universelle desdroits de l’homme, que : « tout individu a droità la liberté d’opinion et d’expression, ce quiimplique le droit de ne pas être inquiété pourses opinions et celui de chercher, de recevoir etde répandre, sans considération de frontières,les informations et les idées par quelque moyend’expression que ce soit. »

    Quarante-cinq ans plus tard, l’Assembléegénérale des Nations Unies a décrété que laJournée mondiale de la liberté de presse seraitcélébrée le 3 mai de chaque année afin de ren-seigner le public sur les violations du droit à laliberté d’expression.

    L ’ U N I Q U E » s e p t e m b r e 2 0 0 6 11

    O riginaire d’un village forestier d’Alsace,où mon université fut la forêt et monpère pêcheur-cueilleur, mon premierprofesseur, j’étais loin de me douter que, vingtans plus tard au Québec, je ferais un métier dema passion pour la nature sauvage.

    Arrivée au Québec il y a vingt-cinq ans, aprèsdix années d’études approfondies en herboris-terie, j’ai effectué, pour moi-même avant tout,la recension par écrit de mes connaissances etde mon expérience avec les plantes qui soi-gnent et connu l’heureuse surprise d’êtrepubliée assez rapidement sans trop de difficul-tés. Le deuxième ouvrage plus ardu et illustréde photos fut mon premier vrai fleuron,puisqu’il me valut un prix littéraire et troisréimpressions. Mon plus récent bouquin, unebrique de quatre cents pages consacrée auxtrésors que sont les arbres, outre l’éducationde deux ados, m’a pris deux ans de travail àtemps plein suivi d’un long repos forcé poursurmenage, mais il demeure mon œuvre maî-tresse, même si le tribut en fut lourd et lesgains, sauf d’estime, très minimes.

    La rédaction d’un livrepratique est avant toutaffaire de recherche et desynthèse de données déjàexistantes, mais sa raisond’être est, évidemment, lafascination pour un domaineprécis, approfondie et teintée parles fruits de l’expérience. Souvent,outre le mouvement intérieur qui anime tousles « écrivants », le choix de compiler sesconnaissances sous la forme d’un livre originele plus souvent des demandes répétées denos semblables qui insistent pour que nouslaissions des traces tangibles de nos connais-sances et, si le travail est valable, l’éditeurdevient ensuite facile à convaincre.

    Toutefois, dans le domaine du livre pratiqueaussi, les ouvrages québécois publiés ne repré-sentent qu’une minime proportion des livresofferts en librairie, la plupart étant des traduc-tions américaines ou des importations françai-ses. Et pourtant, pour avoir été distribuée enFrance et même traduite en anglais à Toronto,

    pour les « vrais » écrivainscomme pour ceux de notrecatégorie (membres asso-ciés), je peux affirmer qu’on

    est loin de nous rendre lapareille. Ici comme ailleurs,

    sans publicité ni présence del’auteur sur le terrain pour vendre

    lui-même sa « salade » dans les médias, iln’y a que peu de chances de s’imposer dans des marchés déjà saturés, voire hostiles aux« étrangers »…

    En tant que toute nouvelle recrue du grandempire (Q., pour ne pas le nommer), j’oseaffirmer que j’ai choisi celui-ci pour bénéficierd’un promontoire plus valable, ce à des condi-tions très acceptables, quoi qu’on en dise.Aujourd’hui, comme 90 % de mes pairs, je suisloin de pouvoir vivre de ma monomanie d’herbo-riste « décrivante », tout de même utile à lasociété, mais je persiste dans ma voie etj’achève, cette fois-ci en douceur et avec uneexcellente alliée, un autre ouvrage du mêmeordre, meilleur, bien sûr !

    RENCONTRE AVEC UNE AUTEURE DE LIVRES PRATIQUES

    Anny Schneider

    l’autresolitude

    Le bâillonnement des écrivains par le gouvernement fédéral

    une chronique deJocelyne Delage

  • Comment recevez-vous la critique?MÉLANIE VINCELETTEJe pourrais être polie et dire que j’accepte bien la critique. Maisen réalité, au fond de soi, quand on se fait lyncher (que ce soitdans le journal prolétaire, le journal bourgeois ou le journalplus intellectuel), on se demande toujours pourquoi le critiquene partage pas notre vision de l’univers. C’est encore pire devoir une mauvaise critique archivée sur Internet en premièreposition dans Google, accessible à tous pendant des années.Mais il faut se répéter des mantras et accepter de ne pas fairel’unanimité. Je ne me délecte pas à lire et relire les articlesécrits à propos de mes livres. Je les lis un peu de biais, toujoursavec une pointe de honte (même si l’article est positif ) et jem’empresse de tout oublier aussitôt. Les critiques pratiquentun métier courageux. Si on pense à notre univers littéraire, oùdans les lancements chacun montre ses crocs et chuchote soncommentaire assassin entre deux verres de rosé, on sait bienque les journalistes sont les seuls à émettre clairement leuropinion et à la signer noir sur blanc au vu et au su de tous.

    ROXANNE BOUCHARDLouis m’avait avertie : « Ton livre, il est trop long ! Si tu veuxque je te lise, fais-en une bonne nouvelle de 10 pages ! En plus,ça va économiser des arbres ! » Dans une soirée de lecture,Dominique a renchéri : « Tu vas pas nous lire un bout de tonmaudit roman plate ? ! Fais ça vite, ok ? Parce que nous autres,on aimerait ça avoir du fun, à soir… »

    La critique officielle m’avait choyée, ça fait que je me trou-vais chanceuse. Et avec des amis comme ça, je me pensaisblindée contre tout ce qui pouvait arriver.

    Mais ce matin-là, La Presse a quand même réussi à me fairepleurer. Assise par terre devant la porte patio, les larmesbrouillaient l’image rebondissante des mésanges qui sontpourtant toute ma joie. Chez nous, on dit que j’ai eu droità une varlope. Une criss de varlope. Louis, Dominique etJean-François ont téléphoné, Baptiste est arrivé avec le petit-déjeuner, Marie-Claude a annulé son abonnement au journalet Fred a laissé un message : « Ton livre, je l’aimais avant.Pis je l’aime encore. Ça fait que. Tsé. »

    Je passe ma vie à courir après des stylos vides, à coller despost-it à grandeur des murs, à envahir mes correspondants, àramasser des histoires. J’écris parce que c’est plus fort quemoi. Je ne sais pas faire autrement.

    Ça fait que. Tsé.

    JACQUES BOULERICEDepuis des années, il y a un petit salaud qui ne rate jamais uneoccasion de critiquer ce que je fais. Il m’atteint moinsaujourd’hui, mais je reste sensible à son regard et à ses remar-ques. Bien que rarement développée, son opinion repose surune lecture familière qui arrive à me toucher. Il y a longtemps,aux éditions du Jour de Jacques Hébert, Jean Basile m’avait féli-cité pour mon dernier recueil avant d’ajouter que les gens néssous le signe du Lion survivaient plus facilement que les autresaux critiques. Je l’ai cru. Le lendemain, j’en lisais une plutôtsévère de Jean-Guy Pilon sur mes textes. Je l’ai cru aussi. C’estcomme ça depuis toujours, et cela n’a rien à voir avec le milieulittéraire. C’est plutôt à cause de ce regard qui revient chaquematin dans le miroir de ma salle de bain. Sur un clin d’œil, il merassure parfois, signifiant que je suis un enfant aimé, un pèreet un grand-père aimant, un amoureux tendre et comblé, unprofesseur et un écrivain plutôt appréciés. Je veux bien lecroire. Mais il arrive que ce salaud me souffle que je ne fais pasce qu’il faut, que je pourrais sauver ma mère de sa détresse,que je devrais encore bercer mes enfants et Marianne etRaphaël et le petit Adrien, que je pourrais mieux aimer Made-leine, bref que je n’accorde pas aux mots le temps nécessairepour que le bonheur soit contagieux et la passion inaltérable.Je veux tout croire. J’en rêve et j’en rage. Je suis peut-êtreGémeaux. Et vous, quel est votre signe ?

    FRANCE THÉORETJe ne fais pas partie des privilégié-e-s des médias, de cesauteur-e-s à qui l’on accorde la première page et les entrevuesen remplacement de la critique. La publication est l’occasionde mettre en évidence la renommée et la reconnaissancesociale des écrivain-e-s. J’ai cofondé le magazine culturelSpirale et fait de la critique. Même si je connais bien les arca-nes des médias, il m’arrive d’être trop sensible aux louangeset aux blâmes, pour reprendre les mots de Virginia Woolf. Mafaçon de recevoir la critique n’a guère changé à travers lesannées. Ma sensibilité n’est pas endurcie. Les hommes de magénération, en particulier ceux qui sont inféodés aux idéolo-gies, ont été virulents à l’égard de mes livres. J’en prends acte.Il y a très longtemps que la critique fait preuve d’emballementen accordant une importance démesurée aux nouvelles voix.La continuité d’une œuvre n’intéresse pas. Je lis l’ensembledes critiques journalistiques depuis des décennies.

    CONSEIL D’ADMINISTRATIONStanley Péan, présidentDanièle Simpson, vice-présidenteGuy Marchamps, administrateurreprésentant des régionsSylvain Campeau, administrateurFrançois Jobin, administrateurDiane Lambin, administratrice

    COMITÉ DE RÉDACTIONRéjane Bougé, rédactrice en chefBernard Pozier, Danièle Simpson, Denise Pelletier

    RÉALISATION GRAPHIQUE ET IMPRESSION : Mardigrafe

    PAGE COUVERTURE : Lithographie Jean-Marc Gaudreault

    La parution d’une annonce dans notre bulletin ou l’insertion d’une publicité dans un envoide L’UNIQUE ne signifie pas que l’Union endosse ces produits ou services. Dépôt légal : 3e trimestre 2006

    Maison des écrivains3492, avenue LavalMontréal (Québec) H2X 3C8

    Téléphone : 514 849-8540

    Télécopieur : 514 [email protected]

    Vous voulez réagir à cette question ou à ces opinions et donner votre point de vue :exprimez-vous sur le FORUM de l’UNEQ au www.uneq.qc.ca