UNICEF Cameroun Magazine, janvier 2014

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    Malnutrition des enfants

    MagazineUne publication de: UNICEF-Cameroun N°001 de Janvier 2014

    •La malnutrition y est chronique•Cameroonians Count Cost of poor feeding•Les efforts du gouvernement avec l’appui des partenaires•Le rôle des acteurs sur le terrain

    Focus on nutrition

    Parole à ...

    • Philippe Douste-Blazy P.C.A de

    UNITAID en visite au Cameroun

    Radio communautaire

    • Instrument de lutte contre

    la malnutrition

    Counselling

    • Les 10 bonnes raisons d’allai-

    ter son bébé au sein

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    Directeur de Publication: Félicité TchibindatDirecteurs de Publication Délégués: ZakariAdam,Dr. Béchir AounenConseillers à la rédaction: Brigitte Helali,Inès LezamaRédacteur en chef: Laure Bassek AtanganaEditorialiste: Paul EboaSecrétaire de rédaction: Christophe Mvondo

    Rédaction: Christophe Mvondo, Elodie N. Bodolo,Christelle Nadège Bowa, Patricia Ngo Ngouem, Pris-

    cille C. Moadougou, Prince Nguimbous, GeorgeMbella, Arnaud Kevin Ngano, Valérie Ntida, CécileItoni, Elias Ntungue Ngalame, Grace Mbakong, Syl-vain Andzongo, Arthur Fidelis Metsampito, JeanineFankam, Carole Yemelong, Rosine AzanmeneNkonla..Relecture: Moise Nkoumou, Jeanne Ejigui, LudvineMballa, John Nkuo

    Infographie: ManabougolImpression: Sopecam

    CLICHESLE TERRAIN

    PAROLE A ...

    Philippe Douste-Blazy 

    •Le problème de la malnutritionest insidieux

    •Que l’Unicef étende ses actions

    Malnutrition infantile

    •Lamoudam adopte l’hôpital

    •Northern Regions Most Affected•ameroonians Count Cost of

    poor feeding

    4-6

    22-23

    LES ACTEURS DE LA LUTTE

    Prestation des ARC

    •Un véritable sacerdoce

    La radio communautaire

    •Un moyen efficace de la luttecontre la malnutrition

    18-21

    COUNSELLING

     Allaitement maternelexclusif,vaccination,utilisationdes moutiquaires

    • Les gestes qui sauvent• Malnutrition chronique : Que

    faire ?

    23-28

    STRATEGIES

    Les actions du gouvernement

    •Des efforts certes, mais

    il en faut encore. Agents relais communautaires

    •Qui doit payer la facture ?

    12-17

    Le panier de la ménagère

    • Un problème de santé majeur

    • Le Septentrion en zone orange• Entre bonnes et mauvaises

    habitudes alimentaires

    7-11

    SOMMAIRE

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    Lamoudam adopte l’hôpital

    Malnutrition infantile

     La vie des enfants dans le village de Lamoudam, au nord du Cameroun est encadrée depuis 2011 par le Programme de survie et développement du jeune enfant de l’UNICEF. Voyage au cœur ducôté sud de Lamoudam, à la découverte des enfants dont les parents, cultivateurs apprennent às’accommoder de l’hôpital pour la survie de leur progéniture.

     Janvier Njikam, journaliste,

    Frontières d’Afrique Magazine

    Juillet 2013 à Dabaré, l’un des quatrequartiers du village Lamoudam, à 45 kmde Garoua, région du nord, District desanté de Lagdo. Il va bientôt être midi, la

    pluie tombée il y a quelques jours est venueadoucir le climat, et permettre aux villageoisd’aller au champ. Les adultes se font rares. A

    150 m du domicile du chef de la localité, desenfants pieds nus jouent. Mouss, fillette de 2ans fait équipe avec le groupe. Elle présente unétat de santé meilleur. « Il y a deux ans, en2011, Mouss a bénéficié d’une prise en chargegratuite, dans le cadre du Programme de Survieet Développement du Jeune Enfant de l’UNI-CEF », souligne André Wanzoumbé, un des dixrelais communautaires, volontaires, formés aucentre de santé intégré (CSI) de Lamoudam,pour ledit Programme. Pourtant, « à sa nais-sance, Mouss faisait la diarrhée et vomissaitconstamment, suite à la consommation d’eaunon potable », poursuit André Wanzoumbé.Diagnostiqué, l’enfant a immédiatement été ac-compagné pour une prise en charge effective

    au C.S.I de Lamoudam. Le relais communau-taire a ensuite enseigné à la mère de Mouss lesméthodes de potabilisation de l’eau. L’enfant a

    également été mise sous-alimentation enrichie: une bouillie faite à base de farine de mil, deharicot/soja/arachide, d’un peu de sucre etd’huile enrichie. Dès lors, Mouss a retrouvé sasanté et grandi. Aujourd’hui, son périmètre bra-chial signale « vert », signe qu’elle est en bonnesanté et peut recevoir une nutrition adaptée àson âge Lamoudam compte 15 forages, mais,seuls 5 sont opérationnels. Les villageoisn’ayant pas toujours les moyens financiers né-cessaires pour acheter les pièces de recharge,

    afin d’assurer le fonctionnement continu desdifférents forages. Ils sont obligés de consom-mer l’eau de source. André Wanzoumbé,avoue que depuis que les populations prati-quent les techniques de potabilisation de l’eau,les enfants sont de moins en moins malades.Mais, « je reste vigilent », précise-t-il.

    Pas de réticenceDjara, 27 ans, est une femme enceinte de 8mois. Elle est dans la même concession queMouss. Elle a déjà fait 4 grossesses. Seule ladernière a une chance d’aboutir à la naissanced’un enfant. Les trois autres n’ont pas eu cetteopportunité suite à des fausses couches. AuCentre de Santé Intégré de Lamoudam, il lui aété demandé d’arrêter tous travaux. Pourl’heure, elle reste à la maison pendant que

    d’autres femmes en compagnie de leurs époux,vont au champ. Djara espère que tout ira pourle mieux jusqu’à l’accouchement qu’ellecompte faire à l’hôpital. A 150 m, dans la courdu Chef de Dabaré, Nadège, 1 an 5 mois,prend sa tétée entre les mains de sa mère, Eli-sabeth, épouse du Chef, assise avec d’autresenfants sous un arbre. La petite Nadège a descheveux jaunâtres, signe qu’il lui faut de la vi-tamine A. Son périmètre brachial est de 13 en-viron. Elle vient, elle aussi, de sortir du seuil

    critique de 12,5. Sa mère dit avoir déjà accou-ché de 9 enfants, tous nés dans la nuit et à lamaison. « C’est au petit matin que j’amène sys-tématiquement mes nouveaux-nés à l’hôpital», déclare-t-elle.A Dabaré, André Wanzoumbé, l’agent relaiscommunautaire, est une véritable star. Tout lemonde le connait et l’interpelle par son nom. Ildit n’avoir presque jamais connu des cas de ré-ticence. Des parents l’appellent parfois tarddans la nuit pour une intervention et il n’hésite jamais. A plus de 40 ans, André est lui-mêmemarié à trois femmes et compte déjà 17 en-fants. Sa première fille est âgée de 21 ans. Sim-ple volontaire, André Wanzoumbé joue sonrôle avec passion et dit être déterminé à tou-

     jours aider au bien être des enfants de son vil-lage, contre vents et marrées.

    Le chef du CSI de Lamoudam, heureuse d’intégrer les nouveaux locaux.

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    Northern regions most affected

    Child Malnutrition

     Emergency efforts to fight malnutrition are now focused on the Adamawa, North and Far North Regions where children are most vulnerable for manifold reasons.

    George MBELLA , journalist, Cameroon Tribune

    Children with Kwashiorkor, marasmus,stunted growth, yellowish hair and bul-ging tummies usually seen on TV inother countries are also a reality in Ca-

    meroon. Statistics say child malnutrition hasbecome a public health problem. In effect, mal-

    nutrition has become a silent killer, accountingfor 35 % of deaths in children less than fiveyears old.If national figures say 32.5 % of children belowfive suffer from malnutrition, the latter affectsbetween 1% and 3 % of children in every re-gion, with 2 % considered an emergency. In thefold, the three northern regions – Adamawa,North and Far North – are the most affected,with the North and Far North recording 3.4%and 4.1 % respectively. According to 2011 De-mographic and Health Survey (DHS) , over57,000 children in the North and Far North Re-gions were affected by severe malnutritionwhile 93,000 had moderate forms of the condi-tion. Furthermore, both regions account for

    most of the one million children suffering fromstunted growth in Cameroon.In several health centres and hospitals in nor-

    thern regions, children suffering from mode-rate, severe malnutrition such as marasmus andkwashiorkor often arrive the hospital late. Theyare often emaciated and present infections suchas pneumonia, diarrhoea and measles, promp-ting intervention using drugs and therapeuticmilk served in therapeutic feeding centres aswell as enriched millet porridge prepared laterby mothers under the supervision of commu-

    nity health workers.Causes of the higher prevalence of malnutritionin the three northern regions are manifold.While immediate causes include inadequatedietary intake and disease, underlying causesare found in household food insecurity, inade-quate care and feeding practices, unhealthyhousehold environments and households’ limi-ted access to resources such as land and edu-cation. Conflicts, poverty, floods and epidemicsamong others, could be aggravating factors.Little wonder that the northern part of the coun-try has attracted a host of national, internatio-nal, civil society and intergovernmentalorganisations alongside the United NationsChildren’s Fund (UNICEF) which lays empha-

    sis on the age bracket between 6 and 24months. This is where malnutrition is most ex-perienced and urgent action required. There

    exists a cooperation programme with govern-ment with emphasis on five major areas amongwhich are the monitoring of children to reducemorbidity and mortality rates in those belowfive years. In effect, UNICEF supports its part-ners in activities linked to the fight against mal-nutrition and anaemia while promotingbreastfeeding, food fortification and supple-mentation in iron, zinc and vitamin A, as well

    as deworming.Furthermore, UNICEF has been upgrading thecapacities of health institutions and ensuredtraining of community health workers to im-plement the Community-based Management of Severe Acute Malnutrition (CMAM) as well asthe Programme of Essential Nutrition Actions(ENA) in 33 health districts of the northern re-gions that are most affected by malnutrition. In2011, over 15,000 severely malnourished chil-dren in the northern regions were treated in in-tegrated Centres for Therapeutic Nutrition andMobile Nutrition Centres. Furthermore, thelaunching of enrichment of vegetable oil in Vi-tamin A as well as wheat flour in iron, zinc,folic acid and Vitamin B12 is on course for one

    major problem faced by children is deficiencyin vitamins and minerals with obvious healthand physical hazards.

    Breastfeeding is a key action to fight malnutrition.

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    Impact

    Cameroonians count cost

    of poor feeding

    By Elias Ntungwe Ngalame,

     Journalist, Eden Media ( REJAE)

    Garoua-Cameroon: Marianna Abdoul 46and a mother of five tramp on a weeklybasis through narrow footpaths fromNwanko village some 5-6 km with her

    last two children of two and four years to theLamudam health facility, the lone health centrein the community for medical attention. Thetwo children, suffering from acute malnutritionhave been receiving medical attention at thathealth centre since the last three months,thanks to the support of some internationalNGOs or UNICEF and the government after analarm of rising child malnutrition in the com-

    munity was blown recently.“My two children took ill some five monthsago. I did not understand what was happeningto them as they kept on loosing weight andgrowing slim. I was only told that they weresuffering from malnutrition by some two com-munity health workers who came to our villageto examine the health of children. Since westarted receiving treatment at the Lamudamhealth centre, their health conditions haveslightly improved, Marianna abdoul in a huskyvoice indicative stress and tiredness after a longwalk, told UNICEF Magazine.Like Mariana and her children many house-holds and families in the Northern part of thecountry, below the age of five, according to the

    chief of the Lamudam health centre, IssaHoure, suffer from acute child malnutritionand the situation, she says, is alarming, neces-

    sitating rapid intervention from the government

    and partner organisations. She says ignoranceand poverty are the main reasons among othersfor the poor feeding that has triggered risingcases of malnutrition.“We receive cases of child malnutrition in thishealth centre regularly. In January this year forexample, we had 33 cases and in May 49 andthis is quite high in a small community of about 1500 inhabitants,” she admits.Ignorance, poverty and food scarcity espe-

    cially during prolonged dry period of the yearshe says were identified as the main causes of child malnutrition in the region.“We realized that among others, themaincauses of child malnutrition are scarcity of foodand ignorance of the parents who, for the most

    part are illiterate and don’t know what foodtype to give to their children and poverty of themostly unemployed population” she disclosed.The problem of food scarcity and the sight of women trekking long distances in search of food in Northern Cameroon and the entireSahel region of Africa has become familiar, asituation environmental experts have blamedpartly on increasingly prolonged dry seasonthat has affected food production and triggeredrising food cost.This disturbing rising child malnutrition crisisin the Northern part of Cameroon was corro-borated by UNICEF in a recent child nutritionmedia workshop in Garoua.“UNICEF estimates more than a million chil-

    dren under the age of five will need to be trea-ted in feeding centres for severe malnutritionin the entire Sahel region of Africa. It is a stag-

    geringly high number and there’s little time to

    prepare. We need to assist these communitiesbefore the situation goes off hand,” warned Dr.Bechir Aounen, head of the young child sur-vival unit at UNICEF Cameroon.

    Poverty aggravates mattersOver 70% of the about 20 million populationin Cameroon are into agriculture producingmostly for family consumption according tothe ministry of agriculture. Average annual in-come per head in Cameroon stands at just over$1,200 according to U.N 2012 figures. Formalemployment remains scarce and economicgrowth is lagging at around 4-5 % since 2010,a situation that has made the population rela-tively poor and many unable to afford ade-

    quate feeding.Consumer organizations say market prices of foodstuffs like rice, corn, sugar, and palm oilhave soared up to 30 percent in recent monthsand with heavy cuts in the salaries of civil ser-vants since 2004, many are unable to afford re-gular balanced diet."We think the government should take moresevere measures to clamp down on businesspeople who hoard food to increase prices andmaking feeding difficult especially for the peo-ple of Northern Cameroon who are alreadysuffering from desertification. They should aswell reinstate salaries of civil servants that werecut down by over 60% in 1993 at the heart of the economic crisis," enthused Delore Magel-lan Kamgaing of the Cameroon Consumers'League.

    Cameroonian children do not really benefit from the diversity to food production.

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    Mort de malnutrition

    Il souffrait d’une maladie curable. Ses parents ont pris tardivement le chemin de l’hôpital. Le personnel traitant a tenté son mieux. Peine perdue, il est mort.

    Grâce Mbakong, journaliste à L’Action ( REJAE)

    Le petit enfant malade qui occupait le

    lit n°1 au Centre de nutrition théra-

    peutique interne (Cnti) est finalement

    décédé. Le petit Amadou Ahidjo ne

    fêtera pas son deuxième anniversaire. Il aété arraché à la vie à 15 mois, suite à des

    complications liées à la malnutrition sé-

    vère. Le personnel traitant a pourtant af-

    firmé que le bébé, qui souffrait d’un

    sevrage précoce, répondait très bien au

    traitement. Mais son aspect physique in-

    quiétait. Il avait des cheveux presqu’inexis-

    tants, le corps présentant des tâches de

    brûlures, le bébé présentait des signes de

    fatigue.

    Le scénario du drame qui a conduit au

    décès du bébé Amadou s’est noué en fa-

    mille. Alors qu’elle allaitait son enfant au

    sein, la maman tombe enceinte. Le papa

    instruit le sevrage de l’enfant. Dans cette

    société traditionnelle, phallocratique à

    souhait, les réserves de la maman, âgée de

    22 ans n’y feront rien : « mon mari a dit que je dois maintenant donner de labouillie avec du sel gemme à l’enfant. J’ai insisté pour qu’il accepte que je continued’allaiter l’enfant au sein. Il m’a battue ».

    Les conséquences de cet entêtement dumari ne vont pas tarder. Le bébé a com-

    mencé à faire la diarrhée, il s’est affaibli et

    est devenu très maigre. « J’ai pris peur et ai

    appelé ma mère. Elle est allée voir un gué-

    risseur traditionnel, mais l’état de l’enfant

    s’aggravait… J’ai encore fait appel à mamère. Elle m’a demandé d’aller à l’hôpi-tal, mais mon mari a refusé. J’ai insisté et il m’a encore battue, car il disait que sonenfant n’a pas de problème. Je suis alléedans un hôpital qui m’a orientée ici (Cnti)».C’est le 1er juillet 2013 qu’Ahidjo fait son

    entrée au Cnti. Ce centre, situé au sein del’hôpital régional de Garoua prend en

    charge des enfants envoyés par les centres

    de santé des villages environnants qui

    souffrent de malnutrition sévère avec des

    complications, comme des infections, la

    diarrhée ou le paludisme. Là, Amadou a

    reçu des aliments thérapeutiques et a bé-

    néficié du suivi du personnel de santé

    formé par l’UNICEF. La prise en charge acommencé dès son arrivée avec la prise du

    lait thérapeutique F. 75 à l’aide d’une

    sonde. Il est directement allé à la

    deuxième phase du traitement. Mais il n’a

    pas survécu à la malnutrition aigüe sévère

    de type kwashiorkoriste qui l’a cloué au lit

    puis renvoyé dans l’au-delà. Toutefois, l’in-

    firmier traitant avait détecté une autre

    complication due à une pneumonie qui

    s’y est ajoutée.

    L’histoire d’Amadou Ahidjo n’est que la ré-

    vélation des milliers de drames qui ont

    cours dans les concessions orchestrées

    dans les tenants de « traditions » qui nerespectent pas la vie.

    Amadou Ahidjo

    La victoire sur la mortalité infantile passe par un combat acharné contre la malnutrition.

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    n problème de santé majeur

    Malnutrition

    Investir dans la nutrition permettra de réduire le nombre de décès des enfants de 0 à 59 mois. Le plaidoyer pour une mobilisation des ressources trouve sa justification.

     Arnaud Kevin Ngano, journaliste à Radio TBC

    Evrald Loïc Tsimi 3 ans, interné à l'hô-pital Gynéco-obstétrique et pédia-

    trique de Yaoundé subira une

    intervention chirurgicale. Pour pou-

    voir supporter l'opération, il doit d'abord

    récupérer son poids normal. Sa mère Ma-

    rina Abomo Atangana confuse, vient

    d'Akonolinga. C'est après avoir passé deux

    semaines à la fondation Chantal Biya,

    qu'elle se retrouve à l'hôpital Gynéco-obs-

    tétrique et pédiatrique de Yaoundé.

    Comme elle, beaucoup de mamans pas-

    sent des nuits longues aux cotés de leurs

    enfants à l'hôpital Gynéco- obstétrique etpédiatrique de Yaoundé. La cause: la mal-

    nutrition. Le centre de nutrition de l'hôpi-

    tal gynéco-obstétrique et pédiatrique de

    Yaoundé a déjà enregistré pas moins de

    562 cas d'enfants souffrant de malnutrition

    aiguë, sévère et modérée avec complica-tions depuis 2007.

    Ce centre n'étant qu'un échantillon, le

    problème se veut plus grave sur l'ensem-

    ble du territoire national. 38 % de la mor-

    talité infanto-juvénile est due à la

    malnutrition au Cameroun. La forme la

    plus invisible de cette pathologie à savoir,

    la malnutrition chronique, touche près de

    33 % d'enfants de moins de 5 ans, soit

    1enfant sur 3. Aucune région n'est épar-

    gnée.

    Pour venir à bout de ce mal, les mères de-

    vraient absolument commencer par nour-rir leur bébé exclusivement avec le lait

    maternel avant lâge de 6 mois. Ensuite, les

    décideurs politiques doivent s'investir dans

    la nutrition, pour favoriser l'augmentation

    des ressources financières. Ce combat de-

    viendra assez efficace et ne produira lesfruits escomptés que si tous les secteurs

    d'activités sont véritablement impliqués.

    On comprend alors le plaidoyer qu’est

    venu porté le président du Conseil d’ad-

    ministration de UNITAID, aux côtés de

    l’UNICEF. Philippe Douste-Blazy, en visite

    de travail au Cameroun du 5 au 7 novem-

    bre 2013, a rencontré les hautes autorités

    du pays les acteurs du secteur public pour

    les convaincre de mobiliser des ressources

    additionnelles en vue du financement de

    la nutrition à intégrer dans le package du

    financement du Sida, la tuberculose et lepaludisme.

    La vitamine A , un des micronutriments clé dans la lutte contre la malnutrition.

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    Selon le Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF), les deux régions les plus affectées par la malnutrition aigüe sévère au Cameroun sont l’Extrême Nord (4,1%) et le Nord (3,4%).

    Le Septentrion en zone orange

    Rosine Azanmene Nkonla,

     journaliste- MINCOM ( JAFEC)

    Les chiffres indiquent que la situation

    nécessite une intervention énergique

    pour éviter l’aggravation. Selon la

    classification de l'Organisation Mon-

    diale de la Santé (OMS), la zone orange où

    se trouvent ces deux régions en matière de

    malnutrition signifie que le niveau de pré-valence est élevé par rapport au seuil cri-

    tique. Au mois de Juin 2013, au moins six

    enfants sur 31 reçus au Centre de nutrition

    thérapeutique interne (Cnti) de Garoua,

    sont décédés des suites de malnutrition.

    Selon Amadou Alouki, le responsable de

    ce centre, malnutris, un seul des autres 25

    a recouvré la guérison. Les autres ont été

    réferés dans d’autres centres hospitaliers.

    En 2013, l’UNICEF estime que 57.616 en-

    fants de moins de cinq ans présentent un

    risque de souffrir de malnutrition aigüe sé-

    vère dans les régions du Nord et de l’ex-trême-Nord du pays, et que 145.000

    enfants de moins de cinq ans auront un re-

    tard de croissance. La situation est donc

    inquiétante, d’autant plus que l’accès aux

    soins n’est pas toujours aisé. Selon l’Insti-

    tut Nationale de la Statistique, les régions

    de l’Extrême-Nord et du Nord comptent

    92 médecins pour une population globale

    de 5.5 millions d’habitants. En outre, 23

    des 43 districts de santé de ces deux ré-

    gions du pays manquent de personnel

    qualifié. A cause des maigres récoltesinhérentes au climat fait de longues sai-

    sons sèches, auquel s’ajoutent l’indigence

    des ménages, le manque d’accès aux ser-

    vices essentiels, les mauvaises pratiques

    de sevrage et d’alimentation des nourris-

    sons, etc. L’insécurité alimentaire ne cesse

    de progresser, compromettant la vie des

    enfants. Selon l’UNICEF, seulement 12%

    des ménages ont accès aux installations

    sanitaires de base dans la région de l’Ex-

    trême-Nord, contre 54% dans le Sud-

    ouest. Pour faciliter la prise en charge et

    l’accès aux soins dans cette partie du pays,le gouvernement a développé une ap-

    proche communautaire en impliquant les

    agents relais Communautaires (ARC).

    L’UNICEF quant à lui soutient les parte-

    naires pour les activités liées à la lutte

    contre la malnutrition, l’allaitement, l’en-

    richissement des aliments, la supplémen-

    tation en fer et vitamine A, ainsi que le

    déparasitage. Dans le septentrion précisé-

    ment, plusieurs séminaires de renforce-

    ment des capacités ont été organisés, à

    l’intention de tous les fournisseurs de ser-vice de santé et les travailleurs commu-

    nautaires engagés dans la mise en œuvre

    de programmes de prise en charge com-

    munautaire de la malnutrition aiguë sé-

    vère (CMAM) et du Programme des

    Actions Essentielles en Nutrition (AEN)

    dans 33 districts de santé des 3 régions

    septentrionales les plus touchées par la

    malnutrition. La promotion des bonnes

    pratiques nutritionnelles, l'augmentation

    de la consommation des micronutriments

    et la prise en charge des enfants malnutris

    s’avèrent donc impératives, pour sortir leseptentrion de la zone orange.

    Malnutrition

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     La disponibilité des produits vivriers sur le marché ne suffit pas pour satisfaire la ménagère.Pas évident de le remplir

    Nadège Christelle BOWA, journaliste à Le Messager (REJAE)

    Marché central de Garoua I dans

    le chef-lieu de la région du

    Nord Cameroun. Il est environ

    9h du matin en ce mois plu-

    vieux de juillet. Au milieu de l’agitation ty-

    pique des marchés en zone tropicale,

    Gaïtima, la quarantaine entamée, va et

    vient dans les artères du marché. Son sou-

    rire cache mal son inquiétude. Debout de-

    vant un étal, elle marchande des tomates.Pour sa famille, la ménagère a prévu du

    couscous de maïs à la sauce de « foléré »

    au poisson fumé (mets traditionnel du sep-

    tentrion). Pour sa sauce, la ménagère a

    aussi besoin des arachides. Des ingré-

    dients présents sur le marché. Les prix af-

    fichés lui font ronger les doigts.

    En termes de disponibilité des produits vi-

    vriers, le marché central de Garoua I n’a

    rien à envier aux marchés de la partie mé-

    ridionale du Cameroun. Sur leurs étals, des

    commerçants proposent une gamme va-

    riée de denrées alimentaires : des légumesverts (foléré, zom, lalo ou kelenkelen,

    folon, et même du Ndole, sorte de légume

    aux feuilles amères qui a donné son nom

    à un plat traditionnel prisé dans le Littoral

    au Sud du pays) ; des céréales à l’instar du

    riz, maïs, sorgho, mil ; des légumineuses ;

    des tubercules (ignames, macabo, patates

    douces et même du manioc). On y trouve

    également des carottes, des aubergines,

    des choux, des condiments verts; des fruits

    de toutes sortes (pamplemousse, ananas,

    oranges, pastèque, etc.)

    Maigre péculeSi certains de ces aliments sont produits lo-calement, il n’en est pas de même pour

    d’autres tels le chou ou la pomme de

    terre. « C’est à Ngaoundéré (Adamaoua) et

    Bafoussam (Ouest Cameroun), que nous

    nous ravitaillons en vivres », affirme Mo-

    hamadou Sani, commerçant. Disponible

    en fonction des saisons, les choux trouvés

    sur le marché viennent de Ngaoundéré,

    où, le sac de 35 têtes coûte 15000 Fcfa.

    Son prix au détail par tête varie entre 500

    et 800Fcfa selon la grosseur. Aussi conclut

    Mohamadou Sani, « ce n’est pas une den-

    rée accessible à tous. Seulement une cer-taine catégorie sociale de personnes dont

    les grands commerçants et les fonction-

    naires s’y approche ». Pour ce qui est des

    pommes de terre, Garoua se ravitaille à

    Bafoussam où le sac est cédé à 40 000

    Fcfa. Sur place, la denrée est revendue à

    500Fcfa le kilogramme pour une quantité

    ne dépassant pas parfois 6 pommes de

    terre. Les ménagères doivent consentir

    assez d’argent pour avoir la quantité suffi-

    sante pour leurs familles. Parfois 5 000F

    pour la quantité d’un repas. Ce qui n’est

    pas à la portée de tout le monde. A cela, il

    faut ajouter du poisson ou de la viande et

    d’autres ingrédients. Le coût du transportlui-même lié à l’état de la route et aux frais

    divers explique la cherté de ces produits.

    Un véritable casse-tête pour de nombreux

    ménages. Lesquels ne disposent que d’un

    maigre pécule pour des familles nom-

    breuses. On comprend dès lors la préoc-

    cupation de Madame Gaïtama quand elle

    avoue n’avoir dans sa bourse que 2000

    Fcfa pour nourrir une famille de 12 per-

    sonnes. Mubarak, mototaximan, devra se

    contenter du Lalo (feuille gluante) de 300

    Fcfa pour 10 personnes. « Ça va suffire

     pour midi … le soir, on verra bien », laisse-t-il tomber fatidique.

    Panier de la ménagère

    Les vivres sont de plus en plus chers ; pas facile de bien nourrir les enfants.

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    Campagnes de sensibilisation, adhésion au mouvement SUN, intégrationde la nutrition dans les politiques publiques sont autant d’actions de l’Etat.

    Carole Yemelong, journaliste àCanal 2 International (JAFEC)

    Le gouvernement a commencé par unecollecte des données. L’enquêtemenée pour le compte du ministèrede la santé a permis de savoir qu’un

    enfant sur 3 souffre de la malnutrition auCameroun en 2012. « Ces enquêtes mon-trent également que les taux de mortalitédes enfants ont augmenté significative-ment sur la même période», avait déclaréle ministre de la santé André Mama Foudal’année dernière. Les incidences sont sansappel : en l’absence d’action, le pays per-dra en 10 ans 583 milliards de francs Cfa.D’où l’urgence de passer à la phase 2 :l’élaboration des stratégies.Il y a eu donc l’intensification de la priseen compte de la nutrition dans la stratégiesectorielle de la santé, la promotion del’allaitement exclusif au sein pendant 6

    mois. Le ministère de la santé a mêmelancé un programme de prise en chargemédicale et nutritionnelle des enfants mal-

    nutris, couvrant une grande partie du norddu pays. Il y a aussi la semaine d’actionsde santé et de nutrition infantile et mater-nelle (SASNIM) qui se tient deux fois paran.Mais surtout une nouvelle approche : in-tégrer la communauté dans la gestion dela malnutrition. Dr Souleymanou Yaya, dé-

    légué régional de la santé pour le Nord,explique qu’elle se décline en «laconstruction des centres de santé dans lesrégions les plus reculées du pays, il y a en-suite leur équipement, et le recrutementdu personnel. Mais il y a aussi un autretype de personnes, des bénévoles, établisdans les communautés qui servent de relaiavec le centre : ce sont les relais commu-nautaires ». L’approche communautaire degestion de la santé est donc une réponseaux multiples problèmes de la commu-nauté comme la malnutrition. Mais l’Etatmanque de moyens pour soutenir toutes

    ces actions, d’où l’appel aux partenaires.En avril 2013, des chefs les agences del’OMS, de l’UNICEF, de la FAO et du PAM

    ont rencontré plusieurs ministres et le Se-crétaire Général des Services du PremierMinistre. C’était plus un plaidoyer pour lerepositionnement institutionnel et straté-gique de la nutrition dans les politiques etprogrammes sectoriels au Cameroun. Maissurtout de dresser l’état des lieux des ac-quis et des gaps, et proposer des recom-

    mandations pour la mise en œuvre de laFeuille de route du Mouvement «SUN:Scaling Up Nutrition», auquel le Came-roun a adhéré un mois avant. « Les parte-naires ne peuvent pas tout faire, c’est legouvernement qui définit ses priorités, etchaque partenaire choisit de concert avecl’Etat de son domaine d’action. C’est bienordonné, sinon ça ira dans tous les sens »explique Dr Souleymanou Yaya. La finalitéde toutes ces actions est déjà projetée dansla vision 2035. Il faut réduire à cet horizonla malnutrition au Cameroun la ramenantà moins de 10%, et surtout résoudre la

    crise alimentaire et faire du Cameroun legrenier de l’Afrique Centrale.

    Des efforts certes, mais

    il en faut encore

    Les actions du gouvernement

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    STRATEGIE

     Dans les centres de traitement mis en place, les résultats sont probants

    Les bienfaits de la prise

    en charge

     Jeanine Fankam, journaliste à Cameroon Tribune (JAFEC)

    «Les indicateurs ne sont pas encoretrès bons, mais Bossiram est sortide la situation critique. Sa mal-nutrition est passée du stade dit

    sévère au stade modéré. Il doit continuer sontraitement », conclut Emmanuel Eyonfané, re-lais communautaire attacheé au centre desanté intégré de Dolla.Le petit Bossiram continuera de prendre labouillie enrichie à base de céréales fournie

    par le Programme Alimentaire Mondial (PAM) pour pallier ces carences en vitamines chezles enfants. C’est une farine enrichie, distri-

    buée aux mamans pour traiter la malnutritionmodérée chez leurs gosses. Avant Bossiram,Célestin Adama, chef du centre de santé, ve-nait de présenter le cas de Brigitte Asta,douze mois, qui réagit aussi positivement à laprise en charge. Elle est arrivée au Centre desanté le 19 juin pesant 5,3kg. Avec ses 5,9 kgd’aujourd’hui, elle va aussi beaucoup mieux.Le centre de santé intégré de Dolla reçoit 30à 40 enfants souffrant de malnutrition parmois. Ils sont dépistés dans les villages par lesrelais communautaires formés par l’UNICEFqui vont de famille en famille pour dénicherles enfants malnutris, apporter les premiers se-cours ou les référer en cas de besoin, au cen-tre de santé pour leur prise en charge gratuite.

    Ce programme de prise en charge soutenu parl’UNICEF et le PAM a diminué le taux de mor-talité liée à la malnutrition, confie le chef deCentre. Depuis plus de six mois, aucun décèsdû à la malnutrition n’a plus été enregistré àDolla et ses villages environnants. L’efficacitédu traitement convainc la population,(géné-ralement illettrée et méfiante), à adhérer auprogramme. Les débuts n’ont pourtant pas étéfaciles, à cause des résistances relatives àl’ignorance. Et si de bons résultats sont enre-gistrés à Dolla et même dans d’autres locali-tés du pays, la malnutrition continue de sévirau Cameroun. Le combat contre ce fléau estune partie à jouer.

    Dolla

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    Agents relais communautaires

    Carole Yemelong, journaliste à

    Canal 2 International ( JAFEC)

    T

    ous sont unanimes. Les agents relais

    communautaires sont les artisans du

    succès de cette approche de prise en

    charge des personnes cibles dans lesvillages. Le paludisme, la malnutrition, les

    infections respiratoires sont traquées. Ils ai-

    dent la communauté à atteindre l’objectif 

    FEDAL (fin de la défécation à l’air libre),

    améliore le taux de natalité et font baisser

    les taux de mortalité maternelle. Mais ils

    n’ont pas de salaire ! Ils ne sont pas eux,

    pris en charge pour le travail qu’ils abat-

    tent et dont les résultats sont palpables. Dr

    Souleymanou Yaya, délégué régional de la

    santé pour le Nord, pense que la solution

    viendrait des communautés territoriales

    décentralisées. « Les mairies ont reçu man-dat d’appuyer fortement les actions du mi-

    nistère de la Santé publique. Il faut qu’on

    arrive à ce que les mairies participent

    dans la prise en charge des relais commu-

    nautaires. C’est de leur ressort normale-

    ment, puisqu’ils travaillent pour les

    populations de leurs communauté».

    Sur le terrain la réalité est toute autre. Les

    mairies se disent à bout de souffle et ap-pellent les organisations non gouverne-

    mentales et agences internationales à

    penser à la rémunération des agents relais

    communautaires. Le secrétaire général de

    la commune de Garoua 2 soutient que le

    district de santé dont dépend sa commune

    s’implique financièrement dans les actions

    en faveur des agents relais communau-

    taires. Mais pas de salaire pour ces agents.

    Ceci relève selon lui des promoteurs des

    projets. Illustration : « Ils ne travaillent pas

    directement avec les mairies, mais avec les

    projets. Comme maintenant, nous sommes

    en train de mettre sur pied avec l’Union

    européenne et CARE-Cameroun un projet

    "Eau et Assainissement". Les relais com-

    munautaires seront mis à contribution. Ils

    sont recrutés par ces projets et s’il y a un fi-

    nancement conséquent, ils doivent aussi

    en bénéficier ».

    La survie des relais communautaires dé-

    pendrait donc des projets dans lesquels ilssont impliqués. Plusieurs projets ne pren-

    nent pas en compte leur rémunération.

    L’UNICEF par exemple les dote de maté-

    riel de travail : kit de prise en charge, vélo,

    motos, médicaments, formation et recy-

    clage. Cela fait partie des engagements

    pris avec le gouvernement dont ils sont

    partenaires. Pendant que les uns et les au-

    tres se rejettent les responsabilités, les re-

    lais communautaires mettent tout leur

    cœur pour aider leurs communautés, entre

    travaux champêtres et activités pastorales,

    ils trouvent toujours du temps pour faire ce

    pourquoi ils se sont engagés sur l’honneur

    : sauver des vies humaines.

    Qui doit payer la facture ?

     Les communes, les Ong et les institutions internationales se rejettent les responsabilités.

    Les relais communautaires de Lamoudam engagés pour barrer la route à la malnutrition.

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    Georges Okala, Sous-Directeur de l’Alimentation et de la Nutrition au ministère de la Santé Publique.

    Propos recueillis par Jeanine FANKAM,

     journaliste, Cameroon Tribune (JAFEC)

    Comment appréciez-vous l'engagement du Cameroun à

    combattre la malnutrition?

    L’engagement du Cameroun à réduire ce lourd fardeau se tra-

    duit par un ensemble de mesures concrètes, notamment la

    prise en compte de la nutrition et de l’alimentation dans lesdifférentes stratégies sectorielles (santé, agriculture, élevage,

    promotion de la femme, éducation, affaires sociales, etc.), as-

    sorti d’objectifs concrets dont l’atteinte constitue un véritable

    défi. En avril dernier, notre pays a adhéré au mouvement SUN

    (Scaling Up Nutrition) qui rassemble les autorités des pays af-

    fectés par la sous-nutrition et une coalition mondiale de par-

    tenaires autour d'un seul objectif : la réduction significative et

    durable de la sous-nutrition et l'amélioration de la santé des

    populations. Il s'agit d'un mouvement rendant plus efficaces

    les initiatives et les programmes existants en appuyant les ac-

    tions de renforcement de la nutrition. Il faut par ailleurs si-

    gnaler que le Cameroun a adopté les résolutions du Sommet

    mondial de l’alimentation tenu à Rome en 1996, ainsi que

    les Objectifs du millénaire pour le développement (oms).

    Les stratégies actuelles de lutte sont-elles efficaces?

    Dans le domaine de la santé publique et de la sécurité ali-

    mentaire, les stratégies adoptées portent des fruits. Il s’agit

    notamment de l’iodation du sel de cuisine qui a permis de

    réduire la prévalence de l’endémie du goitre de 29,5% à

    5,4% entre 1991 et 2010 et la mise en place de microprojets

    dans le domaine de la sécurité alimentaire. Cependant, il faut

    reconnaître que les approches ont parfois manqué un cadre

    commun de résultats où les priorités de chacun des acteurs

    concernés sont définies et prises en compte en termes de pla-

    nification et d’intervention sur le terrain.

    Et les actions des agences du Système des Nations Unies

    (UNICEF, PAM, FAO, OMS) contre la malnutrition, sont-elles

    mieux coordonnées ?

    L’appui des Organismes du Système des Nations Unies, des

    ONG internationales et nationales est salutaire. Il se mani-

    feste en termes de distribution de denrées alimentaires, des in-

    trants agricoles et thérapeutiques, des médicaments, de la

    fourniture de réactifs et des consommables pour le diagnos-

    tic des maladies associées à la malnutrition chez les enfants.

    A cela on ajoute le renforcement des capacités des interve-

    nants, des aménagements divers. Il a permis de sauver des

    milliers de vies humaines. Dans le domaine de la santé par

    exemple, la création des Centres de nutrition thérapeutique

    en interne et des Centres de nutrition ambulatoires dans les

    régions du Nord, Extrême-Nord, Est et Adamaoua a permis

    de réduire la mortalité due à la malnutrition de manière si-

    gnificative.

    Depuis quand le Cameroun est-il entré dans la zone critique

    des pays reconnus par les Nations Unies comme pays où

    sévit la malnutrition ?

    Les interventions de grande envergure telles que l’iodation du

    sel de cuisine et la supplémentation en vitamine A des en-

    fants de moins de 5 ans remontent aux années 90. S’agissant

    de la malnutrition aiguë ou chronique, le Cameroun est entré

    dans la zone critique en 2008-2009 avec la crise alimentaire

    mondiale suivie de la longue et sévère sécheresse qui a frappé

    la partie septentrionale au même titre que les autres pays dusahel en 2010. Dès cet instant, on a noté une forte mobilisa-

    tion des partenaires pour juguler la crise.

    Comment en est-on arrivé là ? Le Cameroun a pourtant la

    réputation de pays de l’auto suffisance alimentaire…

    Il faut reconnaître que la survenue de la malnutrition dépend

    de plusieurs facteurs. La sécurité alimentaire n’est pas le seul

    élément qui intervient dans la lutte contre la malnutrition. La

    pauvreté (les couches des populations les plus pauvres sont

    les plus affectées), l’accès à l’eau potable, les maladies pour

    ne citer que ces quelques facteurs contribuent fortement à la

    survenue de la malnutrition. Comme j’ai eu l’occasion de le

    souligner, la crise économique et les aléas climatiques ont

    fortement contribué à la dégradation de l’état nutritionnel

    des couches vulnérables.

    « L’appui des agences du Système des Nations

      nies a permis de sauver de milliers de vies »

    Georges Okala

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    Rosine AZANMENE NKONLA

    Le théâtre du drame semble bien loin du pé-rimètre urbain. Tellement " loin " que c’està travers le petit écran qu’un député de laNation s’étonne de voir des enfants rabou-

    gris et affaiblis par la malnutrition Cet élu n’encroit pas ses yeux en regardant à la télévisiondes images d’un reportage sur la malnutrition auNord-Cameroun. « Comment les journalistespeuvent-ils habiller leurs reportages avec desimages de la Somalie ? », s’indigne Monsieur le

    député qui ne veut pas croire que ce sont bel etbien les images du Cameroun.Comme ce député, plusieurs autres Camerou-nais pensent que la malnutrition,avec les en-fants squelettiques, ventrus, présentant les os àfleur de peau, les membres grêles ou rongés parle kwashiorkor ou dans un état de marasme, estbien une réalité d’ailleurs.Pourtant, les cris de détresse de ces enfants vien-nent de Lamoudam, dans la région du Nord, deZidim dans l’Extrême Nord de Lomié à l’Est, etmême d’autres coins du pays. Ces cris de dé-tresse doivent pourtant résonner comme unecloche qui appelle à la compassion ou au de-voir en tant qu’humain, parent, ou décideur.Non, il ne s’agit pas d’enfants des autres ! Ber-

    nard Djonga, le président de l’Association Ci-toyenne de Défense des Intérêts Collectifs(ACDIC), pense qu’il y a une réelle situation en

    amont. Un problème de volonté politique.Ce n’est assurément pas le problème de dispo-nibilité financière qui engendre la disparité ob-servée aujourd’hui dans le secteur agricole. «C’est un problème de priorité » ! Argue BernardDjonga, qui se souvient que le budget cumulédes ministères de l’Agriculture et du Dévelop-pement rural et celui de l’Elevage, des Pêches etIndustries animales en 2012, s’élevait à 104 mil-liards Fcfa. Sur ce montant global, 54 milliardsFcfa ont été affectés au fonctionnement (orga-nisation des séminaires, frais de mission, bon decarburant, téléphone, primes et gratifications).

    Ce membre bouillant de la société civile au Ca-meroun explique aussi que le ministère del’Agriculture et du Développement rural a géréen 2011, des projets avoisinant 210 milliardsFcfa.En 2013, plus de 50 000 enfants de moins de 5ans sont exposés aux risques de malnutritionaigüe dans les régions du Nord et de l’ExtrêmeNord, et 1.145 000 enfants de moins de cinqans, ont un retard de croissance, selon un rap-port récent de la FAO, sur la sécurité alimentaire.Lors d’une de ses communications au Groupe-ment interpatronal du Cameroun (Gicam) en juillet 2012, André Fotso, son président, fait re-marquer que « le secteur agricole reste caracté-risé par des rendements faibles, d’importantes

    pertes après récoltes, l’absence de financementsadaptés à ses spécificités et surtout d’impor-tantes contraintes foncières». Bernard Djonga et

    d’autres acteurs de la société civile à travers lePacte pour le développement rural, démontrentque 80% de la production des exploitations fa-miliales sont destinées à l’autoconsommation.Pourtant, près de 80% de ces petits producteurssont à cours de semences tant sur les plans qua-litatif, quantitatif que sur le plan de la diversité.Du coup, il paraît capital de booster la produc-tion locale, et donc permettre aux populationsde manger équilibré et à leur faim.Cela permettrait de résoudre trois problèmescruciaux : la disponibilité des denrées diversi-fiées sur les plans qualitatifs et quantitatifs ; l’ac-

    cessibilité des aliments à toutes les bourses ;ainsi que la consommation de ces denrées. Lasensibilisation des populations sur la notion del’équilibre alimentaire s’avère impérative. Dansune perspective de souveraineté alimentaire,une réelle politique devrait également faire dela réduction de la dépendance alimentaire na-tionale une priorité. Selon Bernard Djonga, laréduction de 5% des importations annuelles deriz, de poisson et de blé, fait économiser 18 mil-liards de Fcfa par an à l’Etat. De quoi accompa-gner les petits producteurs en zone rurale. Unaccompagnement qui leur permettra non seule-ment d’accéder à des revenus décents, mais sur-tout de pratiquer une agriculture capable deproduire une nourriture de qualité. Il est donc

    temps d’ôter ce voile pernicieux qui empêchede voir mourir l’avenir de demain…

    Agir ou laisser mourir…

    Un bon suivi garantit une meilleure santé.

    Intervention

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     Jeanine FANKAM, journaliste,

    Cameroon Tribune ( JAFEC)

    Pourquoi la malnutrition devrait-elleêtre une des priorités de la Santé pu-blique au Cameroun ? La question,nous l’avons posée à un spécialiste.

    Voici la réponse de Georges Okala, Sous-directeur de l’Alimentation et de la Nutri-tion au ministère de la Santé publique: «La lutte contre la malnutrition aura des ef-

    fets bénéfiques considérables sur la santédes enfants et des femmes, sur l’éducationdes nouvelles générations et sur la crois-sance économique du pays, trois condi-tions clés pour réussir le défi de laréduction de la pauvreté ». Les statistiquesdonnent à réfléchir. Les chiffres fournis parle Fonds des Nations Unies pour l’enfance(UNICEF), indiquent que le Camerounperd par an, 570 millions de dollars (en-viron 285 milliards de Fcfa), en termes deproductivité, simplement parce que lamalnutrition n’est pas une priorité dans lapolitique sanitaire. Le pays abrite 44%d’enfants malnutris de la zone Cemac

    (Communauté économique et monétairede l’Afrique centrale). 1/8 d’enfants n’at-teint pas cinq ans au Cameroun et 35% deces décès sont liés à la malnutrition. Entrezéro et cinq ans, 60% d’enfants souffrentd’anémie, 36% de carence en vitamine A,signes de la malnutrition aiguë. 32,5%d’enfants accusent des retards de crois-sance, manifestation de la malnutritionchronique.Ce taux est resté stable de 2006 à 2011.Sur les 10 régions que compte le Came-roun, six ont une prévalence du retard decroissance supérieur à 30%, rappelle

    Georges Okala. Il s’agit de l’Adamaoua,l’Est, l’Extrême-Nord, le Nord, le Nord-Ouest et le Sud. Mais les régions septen-trionales sont les plus touchées. A peu près1,3 millions d’enfants sont touchés par lamalnutrition chronique au Cameroun en2011. S’agissant de la malnutrition aiguëcaractérisée par une insuffisance pondé-rale, le Cameroun a dépassé le seuil cri-tique de 10% défini par l’OMS(Organisation mondiale de la santé) pla-çant le pays en situation d’urgence aumême titre que les pays du Sahel.Pourtant l’économie du Cameroun est àforte dominance agricole. La diversité cli-

    matique et géographique qui permet de di-versifier les cultures, la disponibilité desterres et l’évidence de la main d’œuvre ne

    sont pas les moindres atouts de cette éco-nomie basée sur l’agriculture. Les terresarables sont estimées à 7,2 millions d’hec-tares, mais seulement 1,8 million d’hectareest cultivé. Une des pistes de solutionpourrait être explorée à partir de cette réa-lité. En produisant mieux et en approvi-sionnant adéquatement les différentesrégions.Cela ne suffirait certainement pas à frei-ner le mal à défaut de l’éradiquer si on n’yajoutait pas un renforcement de la promo-tion de l’allaitement maternel exclusive-ment 6 mois et la pratique de l’hygiène etla salubrité. Le lait maternel donné exclu-sivement jusqu’à six mois a montré ses ver-tus pour la protection de l’enfant. A partirdu seul lait maternel, des vies d’enfants de0 à 6 mois peuvent être préservées. Demême, l’absence d’hygiène, le manqued’eau potable sont des facteurs de la mal-

    nutrition qui déciment la population in-fantile. On ne devrait plus mourir demaladies causée par une mauvaise hy-

    giène au Cameroun. Il faut agir. D’abordpar l’éducation comme cela se fait depuisquelques années, puis par davantage d’in-vestissements. Investir pour que les den-rées alimentaires arrivent où lespopulations en ont besoin, investir pourqu’elles aient accès à l’eau potable, inves-tir pour que le nourrisson soit mis au sein,investir aussi pour la santé de la femme en-ceinte, etc. Dans les zones touchées, onconstate que des actions conjuguées del’Etat, des institutions de l’ONU, de la so-ciété civile et des volontaires locaux pro-duisent des résultats. Il est question de lesrendre pérennes, voire définitives. Aucunecontribution ne sera de trop : ni celle descommunes, ni celles des entreprises ci-toyennes, des associations ou des indivi-dus. La malnutrition est un frein pour ledéveloppement. Elle compromet les effortsde lutte contre la pauvreté. Elle décime les

    enfants, et afflige des familles. Ce n’estpourtant pas une fatalité, mais une affairede cœur et d’action !

      n combat à mener au Cameroun

    Malnutrition

    Parents et personnels de santé doivent conjuguer les efforts pour faire reculer la malnutrition.

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    LES ACTEURS DE LA LUTTE

    18 UNICEF Magazine • Janvier 2014

    Prestation des ARC

      n véritable sacerdoceIls se nourrissent des « mercis » de leurs communautés sans rechigner à sauver des vies auquotidien. Au nom de l’engagement pris.

    Carole Yemelong, journaliste

    Canal 2 International ( JAFEC)

    «Je vais dire un grand merci aux10 agents relais communau-taires avec qui je travaille de-puis septembre 2011. Merci à

    l’UNICEF qui nous a soutenu avec des kits,ce qui a permis d’avoir zéro décès mater-nel depuis 2011». Applaudissements. Ma-dame Issa est fière d’elle. Elle est chef decentre de l’aire de santé de Lamoudam,

    dans le district de santé de Ladgo, régiondu Nord . Son bilan, tient en ces quelqueslignes. Mais la satisfaction est grande. Ma-dame Issa parle sous les yeux brillantsd’émotion de la dizaine d’agent relaiscommunautaires. Ils sont venus fièrementprésenter aux journalistes leur travail.Parmi eux, Job Kalwe, la quarantaine,agent relais communautaire du village Ba-lane, communauté Toupouri située à unevingtaine de kilomètre du centre de santé.Fièrement, il affirme que sa seule motiva-tion c’est sauver des vies humaines. « Jene reçois pas de salaire. Je suis un volon-taire. Le soutien moral vient de la popula-tion, elles me disent merci ». Au début deson activité, en septembre 2011, la com-munauté lui avait donné 11 000 FCFA

    pour saluer son travail. Et puis, plus rien. Job vit essentiellement des revenus de sestravaux champêtres.

    BénévolatDès le début du projet « chaque chef de

    village a présenté le volontaire choisi dans

    sa communauté » explique madame Issa.

    Ernest Taiwé, chef de village de Balane, af-

    firme que Job avait été choisi pour sa

    connaissance du terrain, il était agent mo-

    bilisateur. Job ne regrette rien. «Je partagemon quotidien entre les malades, qui par-

    fois viennent me chercher très tôt le matin,

    et les travaux champêtres. Les réunions

    avec la communauté se font les di-

    manches, après le culte de 9h. » A Ga-

    rouawo, non loi de Lagdo, François

    Yangoua, donne également tout de son

    temps pour la communauté. « Nous

    conseillons les mamans, pour la promo-

    tion de la santé, comment il faut garder

    l’environnement, prendre soin des enfants,

    des femmes enceintes. Nous faisons des

    causeries éducatives, sur la consultationprénatale. Par exemple, beaucoup de

    mères n’allaient pas dans les centres de

    santé, surtout pour des accouchements,

    beaucoup de femmes mourraient parce

    qu’elles perdaient beaucoup de sang.

    Maintenant, elles ont changé de compor-

    tement ». Job sensibilise les habitants de

    Balané sur l’utilisation des latrines, le la-

    vage des mains, pour éviter la diarrhée, la

    malnutrition. Des kits wash : seau, gobelet,

    eau de javel, remis aux meilleurs en signe

    d’encouragement. Il ne se sépare presque

     jamais de ce ruban qui lui permet de dé-

    tecter des cas de malnutrition. « Quand jerepère un enfant malnutri, je le prends en

    charge avec le kit reçu de l’UNICEF. Si le

    cas est sévère, je le réfère dans un centre

    de santé.».

     Job ne tarit pas de détails sur le bilan de

    ses deux ans d’exercice : « depuis sep-

    tembre 2011, j’ai traité 204 cas de palu-

    disme, et j’en ai référé 17. 36 cas de

    diarrhée traités, un référé, un cas d’infec-

    tion respiratoire aigu traité, 23 malnutris

    modérés dépistés». Il lui arrive même de

    transporter le malade à une vingtaine de

    kilomètres au centre de santé, ou de faire

    des dépenses financières personnellespour sauver des vies.

    L’agent relais communautaire parcourt les villages.

    Nutrition_Miseenpage105/02/1410:36Page18

  • 8/18/2019 UNICEF Cameroun Magazine, janvier 2014

    19/28

    LES ACTEURS DE LA LUTTE

    19UNICEF Magazine • January 2014

    Prise en charge

    Agent communautaire, l’interface

    entre le malade et le centre de santé

    Il est chargé de diagnostiquer, de traiter les cas légers de maladies et de référer les cas gravesau centre de santé.

    Sylvain Andzongo,

     journaliste Repères (REJAE)

    94

    %. C’est le taux de consultation des

    agents relais communautaires dans les

    campagnes d’après les statistiques del’année 2013 du projet « Community

    case management». Un projet financé par l’Agence

    canadienne de développement international (Acdi).

    Pour ce qui concerne le relais communautaire lui-

    même, Jean Christian Youmba, chef de la division

    santé familiale à l’ACMS (Association Camerounaise

    pour le Marketing Social) et expert en « Community

    case management » indique que, « c’est quelqu’un

    qui sait qu’il ne peut pas tout traiter. Certaines pa-

    thologies ne relèvent pas de sa compétence. Il

    connaît les signes de danger. Il sait que lorsqu’un en-

    fant présente un seul signe de danger, il doit donner

    la première prescription et référer immédiatementl’enfant dans un centre de santé ».

     Job Kalwé, agent communautaire dépendant du cen-

    tre de santé intégré de Lamoudan, dans la Région du

    Nord, explique le circuit de prise en charge par les

    relais. « Sur la base de la formation que j’ai eue au

    bout de dix jours, j’ai appris à diagnostiquer les ma-

    ladies simples. Avec le kit que j’ai reçu, je peux trai-

    ter des cas simples. Lorsque c’est grave, je dois

    référer au centre de santé », explique l’agent âgé

    d’une quarantaine d’années. Il ajoute qu’il travaille

    bénévolement. Cultivateur à la base, il dit avoir reçu

    une fois de sa communauté, en 2011, une somme

    de 8000 FCFA pour ses frais de communication et le

    transport.

    « Les études récentes montrent que la prise en charge

    intégrée des maladies de l’enfant au niveau commu-

    nautaire mise en œuvre par les agents de santé com-

    munautaire formés, approvisionnés en médicaments

    de qualité et supervisés, permet de réduire de ma-

    nière significative les décès dus à ces pathologies »,

    soutient Auguste Kpognon. Directeur exécutif de

    l’Association camerounaise pour le marketing social

    (Acms).

    Les agents de santé communautaires administrent les

    médicaments et tiennent un registre de distribution.

    Les recettes mensuelles issues du recouvrement des

    coûts sont versées au responsable du centre de santéqui aura la charge de réapprovisionner les stocks

    mensuellement.

    Nutrition_Miseenpage105/02/1410:36Page19

  • 8/18/2019 UNICEF Cameroun Magazine, janvier 2014

    20/28

    LES ACTEURS DE LA LUTTE20 UNICEF Magazine • Janvier 2014

    Centre de nutrition thérapeutique interne

      n réduit au secours des malnutris

    Créée en mai 2009, cette structure remplit sa mission, malgré une capacité d’accueil limitée.

    Patricia Ngo Ngouem, journaliste à Mutations (REJAE)

    C’est au sein de l’Hôpital régio-nal de Garoua (Hrg) que leCentre de nutrition thérapeu-tique interne (CNTI) est logé. Il

    ne dispose que d’une salle d’hospitalisa-

    tion d’une capacité d’accueil de 10 lits.Les sollicitations sont pourtant nom-breuses. La moyenne mensuelle de casreçus est de 20 à 25 enfants. «Il nous estpar exemple arrivé de mettre deux enfantsdans le même lit», confie Amadou Alouki,responsable du Centre. C’est pourtant dansce réduit que Christine, 9 mois, souffrantde malnutrition aiguë, a pu être sauvée.Avec sa maman, elle retournera bientôt àNgong (60 km de Garoua) d’où elles sontvenues.Si le personnel - composé de deux infir-

    miers et de deux nutritionnistes – maîtrise

    parfaitement son travail, l’absence de mé-dicaments, notamment des antibiotiques,rend la tâche particulièrement ardue.

    «Nous n’avons pas tous les médicamentsqui devraient être mis à la disposition desmalades», se plaint Amadou Alouki. Ilcontinue : « Actuellement, nous n’avonsque des antibiotiques de premier palier.Des patients viennent avec des complica-tions telles que la pneumonie qu’on nepeut traiter qu’avec avec des antibiotiques

    de deuxième palier qui sont de type injec-table, mais que nous n’avons pas surplace», précise-t-il. Malgré cela, le petitpersonnel du Centre ne baisse pas les bras.La preuve, les décès liés à la malnutritionont considérablement baissé depuis lamise en place du programme. «Avant, onavait 5 ou 6 décès d’enfants malnutris parmois. Depuis la Création du Cnti, on enenregistrait de moins en moins. Il arrivequ’on n’en pas du tout pendant plusieursmois d’affilé.», renseigne le chef de Cen-tre. Le mois de juin dernier a malheureu-sement été douloureux, car le centre a

    enregistré 6 décès sur les 31 cas reçus.«Ces décès, apprend-on, sont dus au faitque ces enfants nous arrivent générale-

    ment à la phase tertiaire, quand il est déjàtrop tard». Raison pour laquelle le person-nel met également l’accent sur les cause-ries éducatives, afin d’inculquer auxparents, non seulement les bonnes pra-tiques nutritionnelles, mais aussi, les bonsreflexes qui consistent à aller dans les cen-tres de santé, dès que l’enfant présentent

    des signes inquiétants. «Nous faisons leCounselling chaque jour pendant que lemalade est hospitalisé ».Au Centre de nutrition thérapeutique in-terne, la prise en charge est gratuite. Cequi est un élément important de motiva-tion pour les familles essentiellement pau-vres. Cette prise en charge gratuite de lamalnutrition infantile est possible grâce àl’appui du Fonds des nations Unis pourl’enfance (Unicef). Les cas référés sont gé-néralement détectés lors des consultationsdans les centres de santés du village. Lesenfants âgés de moins de cinq ans sont les

    groupes cibles auxquels s’ajoutent des casspéciaux.

     Au CNTI, les enfants bénéficient des soins et d’un bon accueil.

    Nutrition_Miseenpage105/02/1410:36Page20

  • 8/18/2019 UNICEF Cameroun Magazine, janvier 2014

    21/28

    LES ACTEURS DE LA LUTTE

    21UNICEF Magazine • January 2014

    La radio communautaire

     Arthur Fidelis Metsampito Bamlatol,

     journaliste, Radio Boumba FM

    S

    olange Ligomori, est une mère d’un

    enfants. Elle a toujours l’oreille col-

    lée au transistor à chaque émissionde « santé et vie », les mercredis soir

    à la radio Boumba fm de Yokadouma. C’est

    en y écoutant une de ces émissions dont

    le thème portait sur la malnutrition, qu’elle

    a pu sauver la vie de sa fillette de quatre

    ans. Elle avait déjà pourtantfait le tour des

    marabouts de sa contrée, sans résultat po-

    sitif. « Ces marabouts me disaient que mon

    enfant avait été mangée par les sorciers et

    qu’il me fallait faire des rites traditionnels

    pour arracher son âme entre les mains de

    ses bourreaux. Un gros mensonge qui a

    failli me faire perdre cette enfant», confie-t-elle.

    Pourtant comme sa fillette, plusieurs en-

    fants et quelques personnes âgées de Mo-

    messeng, son village et des localités

    environnantes, ont pu se tirer des effets

    pervers de la malnutrition grâce à une

    écoute attentive des interventions des per-

    sonnels de santé invités à des émissions

    appropriées à la radio communautaire lo-

    cale ; une écoute qu’elles ne peuvent plus

    laisser aujourd’hui au regard des effets bé-

    néfiques engrangés. « Ces émissions nous

    permettent non seulement d’apprendre

    beaucoup de choses qu’on ignorait ausujet de la malnutrition et des autres mala-

    dies mais aussi et surtout de courir à l’hô-

    pital le plus proche en cas de maladie »,

    renchérit-elle. Bien plus, une émission

    produite sur l’importance de l’allaitement

    maternel exclusif jusqu’à six mois alors

    qu’elle était enceinte, nous avoue-t-elle, «

    m’a permis avec le consentement de mon

    mari, d’adopter ce type d’allaitement pour

    le petit garçon que je tiens entre mes

    mains ». Et d’ajouter, le sourire aux lèvres,

    «le résultat est là. Vous voyez comment il

    est bien portant». Cette histoire narrée parcette auditrice paysanne, prouve combien

    la radio communautaire constitue un élé-

    ment fondamental dans la promotion de la

    lutte contre la malnutrition en général et

    les pratiques familiales essentielles en par-

    ticulier. De Kousséri à Moloundou, de Ga-

    roua-Boulai à Batcham en passant par

    Edéa, Garoua, Douala, Baré Bakem, Mbal-

    mayo ou Mvomeka’a, la radio commu-

    nautaire joue un rôle déterminant dans la

    sensibilisation des communautés sur les

    questions de santé maternelle et infantile.

    « Les émissions réalisées avec les per-

    sonnes ressources sur la santé en général et

    la malnutrition en particulier, permettent

    aux communautés locales, en sus des cau-

    series éducatives réalisées lors des consul-

    tations prénatales, de comprendre que la

    malnutrition qui sévit avec force dans nos

    villages n’est pas un phénomène mystique,

    mais une maladie évitable qui peut se soi-

    gner facilement par une amélioration

    quantitative et qualitative de l’alimentation

    pour chaque tranche d’âge Je crois que ces

    émissions qui sont liées à la vie, méritent

    d’être pérennisées parce qu’elles touchentune grande population grâce à l’usage,

    entre autre, des langues locales », recon-

    naît le Dr Donfack Mbasso Léopold Cy-

    riaque, le médecin chef du service de

    santé de district de Yokadouma. Grâce à la

    radio communautaire, ajoute-t-il, « la pro-

    motion de l’allaitement maternel exclusif,

    de l’utilisation de la moustiquaire impré-

    gnée, du lavage des mains au savon, pour

    ne citer que ces quelques gestes qui sau-

    vent, connaît un essor dans les commu-

    nautés et contribue à faire éviter de

    nombreuses maladies malgré le poids des

    us et coutumes encore bien perceptible».

    Cette dynamique des radios de proximité

    dans la communication pour le dévelop-

    pement au service des enfants et des

    couches sociales défavorisées, relève Ro-

    bert Hamboa Toko, chef de station de la

    radio Tikiri fm de Meiganga, est « la résul-

    tante des efforts que fournit l’UNICEF dans

    le renforcement des capacités des médias

    de proximité dans la maîtrise des théma-

    tiques liées à la survie et au développe-

    ment du jeune enfant où la lutte contre la

    malnutrition et la promotion des pratiquesfamiliales essentielles, constituent de véri-

    tables chevaux de bataille.»

      n moyen efficace de la

    lutte contre la malnutrition

    Un programme radio peut sauver la vie d’un enfant. « Santé et Vie » sur la chaîne Boumba Fma sauvé celle d’une fillette de 4 ans à Yokadouma. Sa mère raconte l’histoire.

    Les journalistes des radios communautaires: un vecteur importantde sensibilisation.

    Nutrition_Miseenpage105/02/1410:36Page21

  • 8/18/2019 UNICEF Cameroun Magazine, janvier 2014

    22/28

    PAROLE A.. .

    22 UNICEF Magazine • Janvier 2014

    Propos recueillis parCarole Yemelong et Cécile Itoni (JAFEC)

    Monsieur le Délégué régional de la Santé Publique

    pour le Nord, quelle est l’approche de gestion

    communautaire de la santé, mise en place par le

    ministère de la Santé publique ?

    C’est un processus qui est en cours. Vous savez

    qu’on est en pleine décentralisation, et sur ce plan,les collectivités territoriales décentralisées, ont reçu

    mandat d’appuyer fortement les actions du minis-

    tère de la Santé. On a commencé par des choses

    plus évidentes, comme des constructions des cen-

    tres de santé, leur équipement, et même le recrute-

    ment du personnel avant d’aboutir au volet

    communautaire. Il faut qu’on implique les mairies

    dans la prise en charge des relais communautaires.

    C’est de leur ressort normalement, la communauté

    fait partie de la commune. D’autres partenaires don-

    nent leurs coups de main. C’est le cas des comités de

    gestion et des comités de santé. Il y a aussi l’UNICEF

    qui nous appuie fortement dans les 15 districts de

    santé de notre région.

    Comment les régions septentrionales participent-

    elles à l’effort de réduction du taux de malnutrition

    qui les frappe si durement?

    Dans le Nord et l’Extrême-nord, des programmes

    spécifiques sont développés dans des centres de santé

    intégrés. Il est envisagé l’utilisation des aliments lo-

    caux dans le traitement des enfants malnutris. C’est

    de là que viendra le salut. On est en train de voir

    comment renforcer les aliments locaux. Il y a une ex-

    trême pauvreté dans la région avec des familles qui

    n’ont pas de quoi s’acheter la nourriture. Certaines

    de ces familles ne peuvent pas tenir 6 mois de l’an-née avec ce qu’elles produisent. Dans ces conditions,

    les enfants ne peuvent que souffrir de malnutrition.

    Quels sont les résultats des actions comme la se-

    maine de l’allaitement maternel exclusif ?

    On n’a pas couvert toute la région qui est vaste et

    compte près de 2,5 millions d’habitants, mais dans

    les endroits où l’on a implémenté le programme, il y

    a un impact visible.

    Et le personnel manque !

     Je ne préfère même pas en parler (rires). Je dirais

    même que le personnel manque criardement. Raison

    pour laquelle l’implication des relais communau-

    taires nous semble une des approches qui peuvent

    nous aider. Le personnel manque beaucoup, et même

    quand il y en a, il n’est pas souvent qualifié. Tous les

    3 à 4 mois, nous sommes obligés de faire des

    séances de formation, de recyclage. Avec un person-nel insuffisant, on ne peut pas relever le défi, heu-

    reusement qu’il y a la présence de ces volontaires.

    Comment travaillez vous avec des partenaires

    comme l’UNICEF ?

    Ce sont des partenaires traditionnels, parce qu’en fait

    c’est l’Etat qui définit les besoins. L’Etat dit : voilà nos

    problèmes, voilà nos esquisses de solutions, qu’est-ce

    que vous pouvez nous apporter. UNICEF a choisi la

    survie de l’enfant particulièremen. Avec eux, on a ré-

    fléchi pour que cette approche communautaire

    prenne forme. Au niveau central, il y a une plate-

    forme où tous se réunissent ou chacun amène sonappui pour que ça n’aille pas dans tous les sens.

    Quelles sont vos attentes vis-à-vis de l’UNICEF?

    La principale attente c’est de renforcer ce qu’ils font

    et de l’étendre. Pour l’instant ils sont dans deux dis-

    tricts de la région du Nord, à Lagdo, et à Pitoa. Nous

    en avons 15. Lagdo et Pitoa ne sont pas déjà entière-

    ment couverts. Puisqu’apparemment l’approche est

    probante, avec l’UNICEF particulièrement, nous at-

    tendons que ce soit étendu, si nous couvrons toute la

    région, avec cette approche-là, pour une efficacité

    même de 60%, je pense qu’on pourra baisser consi-

    dérablement le taux de morbidité.

     Le délégué régional du ministère de la santé publique pour le Nord appelle aussi les mairiesà prendre en charge les agents relais communautaires.

    « Que l’ NICEF étende ses actions »

    Dr. Souleymanou Yaya

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  • 8/18/2019 UNICEF Cameroun Magazine, janvier 2014

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    PAROLE A...

    23UNICEF Magazine • January 2014

    Philippe Douste-Blazy

    Propos recueillis par Patricia Ngo Ngouem, journaliste Mutations (REJAE)

    Vous avez effectué une visite de travail au Cameroun

    du 05 au 07 novembre derniers, au cours de laquelle

    vous avez plaidé, auprès du président de la Répu-

    blique, des autorités publiques et du secteur privé,

    pour la mise sur pied d’un processus pour la recherche

    de financements innovants pour la lutte contre la mal-

    nutrition qui tue beaucoup d’enfants de moins de 5ans en Afrique centrale et de l’ouest. Qu’est-ce qui

    motive ce plaidoyer ?

    Nous travaillons beaucoup au Cameroun. UNITAID a

    initié tous les programmes de lutte contre le sida à la

    fois chez les enfants en finançant des programmes de la

    Fondation Clinton, mais également chez la femme en-

    ceinte en finançant les programmes du Fonds des Na-

    tions Unies pour l’Enfance (UNICEF). Durant mon

    séjour, j’ai été particulièrement sensibilisé par les

    équipes de l’UNICEF sur un autre sujet de santé pu-

    blique majeur qui est celui de la malnutrition chro-

    nique. Majeur parce que le problème de la malnutritionest insidieux. On ne le voit pas, il fait des dégâts, il tue

    45% des enfants de moins de 5 ans. Je suis aujourd’hui

    persuadé que l’on peut diminuer efficacement la

    mortalité des enfants de moins de 5 ans si on est actif.

     J’en ai parlé au président de la République Paul Biya

    qui m’a paru non seulement intéressé, mais qui m’a

    demandé ce qu’il faut faire pour inverser la courbe.

    Car c’est quelque chose qui n’est pas véritablement

    connue des autorités en Afrique en général, et au Ca-

    meroun en particulier. Moi-même qui suis médecin,

     je ne le connais pas très bien.

    Inverser la courbe suppose plus de financements

    pour la lutte contre ce fléau. Or les bailleurs de

    fonds investissement de moins en moins et les dons

    privés sont de plus en plus réduits...

    Aujourd’hui, on voit bien qu’avec les fiscalités clas-

    siques, c’est-à-dire les budgets payés par les impôts

    classiques, on n’arrivera pas, en particulier les pays

    occidentaux, à augmenter indéfiniment l’aide pu-

    blique au développement. C’est un problème grave

    parce que les problèmes explosent, la pauvreté aug-mente dans le monde, les riches sont de plus en plus

    riches, mais les pauvres restent toujours pauvres. Or

    la démographie fait que les gens les plus pauvres font

    plus d’enfants. Donc, globalement, le nombre de pau-

    vres augmente. Il est absolument évident que les pays

    occidentaux qui donnent jusqu’à maintenant l’aide pu-

    blique au développement, sont eux-mêmes des pays

    qui connaissent des déficits abyssaux. Donc, il faut in-

    venter des financements nouveaux : ce qu’on appelle

    les financements innovants ou encore nouvelles

    sources de financements.

    Quelles sont ces nouvelles sources de financements?La première que nous avons trouvée, c’est la taxe sur

    les billets d’avions des vols internationaux. C’est un prix

    dérisoire. D’ailleurs, les gens qui prennent l’avion ne

    se rendent pas compte qu’ils donnent un euro à UNI-

    TAID. Maintenant, il faut en trouver d’autres. Il faut en

    trouver dans des activités qui bénéficient le plus de la

    mondialisation : l’avion, le mobile, Internet, etc. Il y a

    aussi toutes les ressources naturelles que l’on extrait du

    sol. Donc, il me parât normal que ces ressources ex-

    tractives puissent être microscopiquement taxées pour

    permettre de trouver des financements pour permettre

    aux enfants de manger correctement, de boire de l’eau

    potable, d’avoir des toilettes, de pouvoir se soigner, et

    bien évidemment, de pouvoir s’éduquer.

    « Le problème de la malnutrition

    est insidieux »

    Pour le président d’UNITAID, il est urgent de trouver de nouvelles sources de financementsdans la lutte contre cette maladie.

    Nutrition_Miseenpage105/02/1410:36Page23

  • 8/18/2019 UNICEF Cameroun Magazine, janvier 2014

    24/28

    POST-SCRIPTUM

    24 UNICEF Magazine • Janvier 2014

    Paul Eboa,éditorialiste à Cameroon Tribune

    Selon le plan stratégique santé communau-taire du Cameroun pour la période 2013-2017, en 2004, 32% des enfants de 3 anssouffraient de malnutrition chronique dansle pays. Cette réalité est confirmée par lesstatistiques du Fonds des Nations unies pourl’enfance (UNICEF). Ces statistiques mon-trent, en effet, que 32,5% des enfants demoins de 5 ans sont touchés par la malnu-trition. Les régions les plus touchées sontl’Extrême-Nord (4,1%), le Nord(3,4%), leSud (2,9%) et l’Est (2,2%) . Les consé-quences de ce phénomène sont catastro-phiques car les enfants malnutris sont plusexposés aux maladies et enregistrent 2 à 3années de scolarisation en moins. Demême, une fille ayant souffert de malnutri-tion présente plus de risques de donnernaissance à un enfant de faible poids(moins de 2,5 kgs)A l’analyse, il apparaît que la malnutritionrelève plus de l’ignorance que de la pau-vreté. Elle cause, en tout cas, d‘énormesdégâts. Ces dégâts sont tels que ni le gou-vernement, ni les bailleurs de fonds ne

    sauraient les ignorer puisqu’ils retardent leprogrès de la nation. Selon les statistiquesfournies par l’UNICEF, le Cameroun perd

    chaque année environ 288 milliards defrancs Cfa du fait que le fléau de la malnu-trition n’est pas une priorité, alors qu’il nefaudrait investir que 15.650 francs Cfa parenfant et par an pour réduire la malnutritionde façon significative. L’action multisecto-rielle d’envergure, initiée par le gouverne-ment, et soutenue par les bailleurs de fondscontre la malnutrition coule donc desource. Cette action a été rendue possible àl’issue du plaidoyer pour le repositionne-ment institutionnel et stratégique de la nu-trition dans les politiques et programmessectoriels au Cameroun. Il y a lieu de sou-

    ligner qu’une mission s’est déroulée, dansce sens, du 8 au 12 avril dernier dans notrepays. Elle était conduite par les représen-tants de l’UNICEF , de l’OMS ,de la FAO etdu PAM. Cette mission était composée desix conseillers en nutrition venus des bu-reaux régionaux africains de ces représen-tations des organismes spécialisés del’ONU. La mission avait pour objectif d’in-tégrer une compréhension mutuelle de lamalnutrition au Cameroun, d’analyser lesmécanismes de coordination et de mise enœuvre des interventions multisectorielles,de dresser l’état des lieux des acquis etproposer des recommandations pour l’ap-

    plication de la feuille de route du Mouve-ment SUN (Scaling up nutrition). Ellevisait aussi à conduire un plaidoyer pour le

    renforcement de la multisectorialié dans lalutte contre la malnutrition .Il y a certainement lieu de saluer la perti-

    nence de cette démarche. Il faut encoresouhaiter que la multisectorialité de la luttecontre la malnutrition se renforce et se tra-duise par des résultats palpables, concretset irréfutables. C’est dans ce sens qu’il faut,par exemple, saluer l’action menée par laFederation of Cameroon BreadstfeedingPromotion Associations (FECAPBA) sous lahoulette de James Achanyi Fontem. Au fildes années, de nombreuses mères d’en-fants ont adopté l’allaitement maternel ex-

    clusif pour nourrir leurs enfants grâce auxefforts de sensibilisation menés par cette fé-dération, épargnant ainsi leur progénituredes dangers de la malnutrition. La mise enœuvre de la multisectorialité passe aussi parl’adoption des mesures fortes, notammentla prise de conscience des pertes écono-miques de la malnutrition et la décision deplacer ce phénomène en priorité dansl’agenda politique, mais également la miseà disposition des ressources financières suf-fisantes. Une telle option suppose que legouvernement redynamise sa coopérationavec les bailleurs de fonds impliqués dansla lutte contre la malnutrition au Cameroun

    à savoir l’UNICEF, l’OMS , le PAM , laFAO et le FIDA ( Fonds international dedéveloppement agricole)

      ne action multisectorielle

    POST-SCRIPTUM

    Le bien être est visible chez des enfants qui n’ont pas souffert de malnutrition.

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  • 8/18/2019 UNICEF Cameroun Magazine, janvier 2014

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    COUNSELLINGUNICEF Magazine • January 2014

    Allaitement maternel exclusif, vaccination, utilisation des moustiquaires…

    Elodie N. Bodolo, journaliste Mboa. Info

    ( REJAE)

    «L’allaitement ma-ternel exclusif contribue à la for-mation des dé-

    fenses naturelles chez l’enfant.Vacciner normalement les en-fants les protègent contre les ma-ladies, de même que les fairedormir sous la moustiquaire im-prégnée les épargnent des pi-qûres de l’anophèle, agentvecteur du paludisme. Les cam-pagnes sanitaires et leurs spotspublicitaires renseignent réguliè-rement sur ces gestes qui sau-vent. Et pourtant, la portée deces pratiques salvatrices n’a tou- jours pas encore été bien cernéepar les destinataires de ces mes-

    sages. Conséquence : au Came-roun 1 enfant sur 8 n’atteint pasles 5 ans; 122/1000 naissancesvivantes décèdent chaque annéedes causes qui auraient pu êtreévitées dont la malnutrition, lepaludisme…L’allaitement maternel exclusif ne coûte rien à la maman, maisapporte énormément à l’enfant.Au Cameroun seulement 21%d’enfants de moins de 6 moissont allaités exclusivement ausein. Pourtant, tous les bébés de-vraient l’être durant les six pre-

    miers mois de leur vie. Allaiterexclusivement l’enfant au seindès l’heure qui suit sa naissanceen lui donnant le colostrum. Cepremier lait de couleur jaunâtrecontient des anticorps indispen-sables à l’enfant. Puis poursuivreavec l’alimentation au sein jusqu’à six mois, sans eau,ni au-tres boissons ou aliments.Le lait maternel, toujours sain etprêt à la consommation, est lameilleure source d’énergie et denutrition de l’enfant. Il réduit lesdécès dus aux maladies diar-

    rhéiques et aux infections respi-ratoires aiguës (IRA). C’est àpartir de six mois, et jusqu’à 24

    mois que l’enfant doit être sou-mis à une alimentation complé-mentaire, riche en vitamines , ensels minéraux et en zinc, fer,iode, en vitamine A…

    La vitamine A

    Elle est essentielle pour la crois-

    sance de l’enfant. Présente dansla viande, le foie, les produits lai-tiers et les œufs, certains fruits,les légumes à feuilles vertes etl’huile de palme rouge, ce mi-cronutriment est aussi détermi-nant pour le systèmeimmunitaire de l’enfant. Il est es-sentiel pour la synthèse des pig-ments visuels nécessaires pour lavision nocturne, la croissancedes organes (os, bronches, intes-tins, peau), la production de mé-lanine et le maintien de la santéde la peau ; la défense immuni-

    taire.Une carence en vitamine A(CVA) peut entraîner une Xé-rophtalmie (Non cécitante 90% / cécitante 10%) ; des troublescutanés (sécheresse de la peau) ;une héméralopie (vision noc-turne difficile) ; la fragilité vis-à-vis des infections ; les troublesde la croissance osseuse. Pourêtre plus précis, Archana Dwi-vedi explique que « Si les enfantsmanquent de vitamine A, leurscapacités à résister à des mala-dies comme les diarrhées, la rou-geole et les infectionsrespiratoires sont très limitées ».Selon cet Administrateur du pro- jet de nutrition maternelle « Aug-menter les rations en vitamine Ades populations souffrant deCVA peut diminuer la mortalitéinfantile pour ces maladies de 23% et les décès d’enfants de prèsd’un quart.»

    La moustiquaire

    La moustiquaire joue un grandrôle dans la lutte contre le palu-disme. Cette maladie cause 2000 morts au Cameroun chaque

    année dont 41% d’enfants demoins de 5 ans. A l’occasion dela Journée mondiale du palu-

    disme, le 25 avril 2013, l’UNI-CEF rappelait que l’utilisationdes moustiquaires imprégnéesd’insecticide est essentielle pourcombattre ce fléau qui restel’une des principales causes demortalité des enfants dans lemonde.D’où le projet de l’UNICEF et sespartenaires de distribuer gratui-tement des moustiquaires impré-

    gnées d’insecticide de longuedurée. Selon l’organisation deprotection et de promotion desdroits des enfants, cette méthodepermettra de réduire jusqu’à20% le taux de mortalité infan-tile, une fois que le taux de cou-verture universelle – unemoustiquaire pour deux per-sonnes – sera atteint.

    Si elles réussissent à être intégrées par les populations ces habitudes sociales apparemment banalescontribueraient à réduire considérablement le taux de mortalité, notamment chez les enfants plusexposés à des morts dont les causes pourraient être évitées.

    Les gestes qui sauvent

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  • 8/18/2019 UNICEF Cameroun Magazine, janvier 2014

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    Valerie Ntida, journaliste,

    Satellite FM (REJAE)

    1-Avant sa naissance, la futuremaman doit :

    • Etre supplémentée en acide folique,en calcium et en micronutriments(vitamine A)

    • Prévenir le paludisme en dormantsous la moustiquaire imprégnéed’insecticide

    • Se déparasiter• Promouvoir les pratiques d’hygiène

    (boire l’eau potable, lavage desmains avec de l’eau et dusavon

    2- De la na