Intervalle ouvré

Une proposition de Romain Cattenoz pour la Galerie Immanence

Décembre 2012

Plan de l’intervention dans l’espace d’Immanence pour Intervalle Ouvré

Axonométire de l’intervention dans l’espace d’Immanence pour Intervalle Ouvré

Intervalle : Espace, distance ou temps séparant deux objets, deux faits, deux sons.

Ouvré : travaillé

Les périodes de montage et démontage d’une exposition sont un moment important dans le cycle d’une exposition. Ils constituent des intervalles de temps et d’espace dans lesquels artistes, commissaires, monteurs, éclairagistes s’activent à construire une exposition dans son ensemble. Cette période est invisible au public. Durant cet intervalle, il se passe quelque chose qui ressemble à un fourmillement, une énergie qui est dirigée dans une direction précise. Où l’ambiance est très éloignée de celle que lors d’une visite d’un exposition dans une institution (espaces déga-gés, neutres, où le silence règne).C’est de cette univers qu’il sera question dans « Intervalle ouvré ».

Les montages d’exposition, la mise en place de la scénographie, le matériel et les éléments entourant le montage (boites, installations en cours, va et viens … ) composent et participent à la construction d’une exposition et appartiennent au processus en cours (à l’opposé de la forme fi nie, du produit fi gé qu’est une exposition visible par le public).Il m’est apparu intéressant de pouvoir signifi er cet intervalle en tant qu’espace contenant aussi la création artistique. Pour cela il s’agirait de reconstruire, ou du moins symboliser cet entre deux à l’intérieur de la Galerie Immanence. Tel un avant/après, il s’agirait de penser cette exposition comme un vecteur (temps) qui traverserait l’espace d’exposition. L’espace serait scinder en 3 et le public passerait d’une fi n d’exposition (démontage) à un espace en chantier, l’intervalle, pour arriver sur une nouvelle exposition (montage).L’intervalle centrale, c’est-à-dire l’espace au travail, serait construit à partir d’éléments architectu-raux basiques. Il ne s’agit pas de monter des cloisons et saturer l’espace, mais de signifi er ces 3 espaces et de permettre des passages, physiquement ou par le regard, entre les différents temps d’une exposition (avant, pendant, après).

De part mes différentes expériences professionnelles, j’ai eu l’opportunité d’avoir accès à cet entre-deux, à ces espaces intermédiaires et d’y participer activement en tant que monteur d’exposition. Ces expériences sont devenues un matériau prenant place dans ma démarche monstration, à différents stades d’évolution dans leur processus, afi n de questionner le public sur la manière de voir et regarder une œuvre. Où d’autres formes existent que celles qui consis-tent à accrocher les œuvres sur un mur blanc. Voir des œuvres dans un autre contexte permet d’établir d’autres liens avec celle-ci et de créer un nouveau dialogue avec l’espace.

Plan de mouvements entre les 3 espaces de l’exposition

L’exposition est conçue pour signifi er cet intervalle entre 2 expositions. Les images de constructions de structure de maison en bois (aux Etats Unis surtout) sont une source d’idée pour la création de cet espace. Ces ensembles de bois simplement assemblés permettent de matérialiser un volume tout en permettant au regard de se promener dans la galerie. Le visiteur peut également se faufiler. Il pourrait dès lors traverser 3 espaces : 2 «expositions» et une zone tampon au travail.J’ai proposé à 4 artistes, Pierre Tectin, Michel Delacroix, Kiril Ukulov, Bruno Persat à participer à cette exposition parce que nous partageons des expériences communes : la création d’espace d’exposition, le montage d’exposition, le question-nement de l’espace, et parce que je manifeste un grand intéret à leur démarche artistique.

Romain Cattenoz, est artiste plasticien, membre du collectif Curry Vavart, gérant avec Pierre Tectin de l’espace d’exposition CP5 et monteur d’exposition après avoir été éducateur spécialisé. Il fait de la sculpture et du dessin.

Il appréhende la sculpture comme un moyen de construire des volumes; à partir de bois, métal et miroir, qu’il découpe, assemble et colle. Et dans lesquels la notion d’objet se confond avec celle de sculpture. Ces volumes-objets prennent l’apparence de machine, périscopes complexes, masques ou casques à l’intérieur desquels les miroirs interagissent entre eux. L’enveloppe extérieur des sculptures se rapproche d’une esthétique du bricolage, brut pour mieux accompagner la fonction de l’objet.Le spectateur est invité à utiliser ces volumes-objets et glisser son regard à l’intérieur afi n d’expérimenter une vue transformée de l’espace dans lequel il se situe ; les périscopes ont le secret espoir d’introduire la question : que voyons-nous vraiment ?Grâce au principe de spécularité du miroir, les sculptures de Romain Cattenoz jouent avec le réel en refl étant des angles particuliers de notre corps ou de l’espace. Elles permettent une nouvelle vue afi n d’interroger notre perception.

Le dessin repose également sur la construction en s’attachant au parcours « off » d’un jeune artiste; essayant de démarrer sa carrière. Par parcours off, Romain Cattenoz entend tous les petits boulots, les refus mais aussi les premières petites victoires. Il dessine les enveloppes dans lesquelles on glisse un peu de liquide pour des travaux de peinture, de menuiserie, de maçonnerie ou autres ; des gants blancs utilisés lors des montages d’exposition ou encore le chèque d’une première vente. Ces séries se sont construites sur un engagement politique et une volonté satirique. Son désir est de laisser une trace de ce début de parcours et de rendre visible ces étapes qui, néanmoins, participent au travail artistique. Il s’agit pour lui de dépas-ser cette réalité matérielle pour en extraire, au travers du dessin, un regard critique et poétique.

Collection été pour mer du sud, masque de plongé, miroir et métal, 2008

Casque pour paranoiaque aigue, bois, miroir, métal et sangle, 2008

Casque pour surveiller son ouie (j’ai eu, enfant, de nombreuses otites et ...), masque, bois et miroir, 2009

Jumelles quadri-directionnelles de voyage, jumelles, bois, miroir, métal, pied de guitare, 70x20x20cm, 2008

Périscope 1 demi, 1 quart et 2 huitièmes, bois, miroir, poids, 170x50x50cm, 2008

Eolienne à pédale, bois, miroir, poids, pédale de batterie, noyeu et cassette de vélo, 180x80x80cm, 2009

Télé-réalité, bois, miroir, métal, télé, moteur, tabouret et bois, 230x80x120cm, 2009

Télé réalitée, mine de plomb, 70x50cm, 2010

ensemble d’Enveloppes de la série «en attendant la gloire quelques enveloppes au noir», mine de plomb, 35x50cm, 2010

Oeuvre dangereuse, mine de plomb sur papier de soie, 50x60, 2012

Vues de l’exposition A l’ouvrage, avec Cyrille Maillot, Vincent Prieur, Cannelle Tanc, Pierre Tectin et Nayel Zeaiter, au CP5, Paris, 2012

Vues de l’exposition Gris, avec Isabelle Jobard et Philippe Guinchard dans le cadre de l’ARCO, Chilly Le Vignoble, 2012

Vues de l’expossition Ca va pas aller où, avec Thomas Lanfranchi, Stéphane Lecomte et Côme Mosta-Heirt, Voiteur, 2010

Artistes Invités

Michel DelacroixBruno PersatPierre TectinKiril Ukulov

À propos du travail de mdlx/michel delacroix

L’art s’affi rme dans sa capacité à questionner les arrières mondes de la création. De fait, il s’af-fi rme aussi dans sa capacité à élaborer des plans B.C’est sur cette attitude que s’articule le travail de mdlx.Avec une légèreté et une acuité critique aiguë.De ces qualités résulte un corpus d’œuvres et de dispositifs qui interrogent d’abord le contexte de l’art. Qu’il s’agisse de questionner la pérennité de l’œuvre , les conditions de son émergence, son mode de réception, la légitimité du système qui l’entoure... mdlx opère par éclatement des procé-dures et des codes établis pour ouvrir à des interprétations inédites .Ainsi, il réactive des processus, croise des pratiques, ressuscite des artistes ...Avec cette fascination pour ce qui va advenir, mdlx nous suggère un endroit des possibles. Il élabore et réunit dans “un creuset du complot “ (en référence au titre éponyme de son installation “Melting Plot” - 1998 - Getty Center - Los Angeles) un réseau de connivence. En restaurant une liberté de questionnement, mdlx nous propose une œuvre ouverte, à déployer, à partager.

Michel Delacroix

www.chez-robert.comwww.mdlx.com

Le trou, carton, lecteur audio, HP, câble, contrepoids et ventilateur, 8 x 70cm, 2007

Faire un plan, techniques mixtes, Hopital de Lons le Saunier, 2011

Chez-robert, dispositif léger de montage de projets ambitieux depuis 2007

Bruno Persat

Né en 1975 à Cagnes sur Mer. Vit et travaille à Paris.

Le travail de Bruno Persat s’inscrit dans une pratique immodérée du projet, ce dernier recouvrant souvent bien plus que sa fi nalité et sa résolution. « Et à quoi bon exécuter des projets, puisque le projet est en lui-même une jouissance suffi sante » a pu déclarer Charles Baudelaire préfi gurant en cela les déclarations ultérieures d’un Sol Lewitt ou d’un Lawrence Weiner.Bruno Persat peut ou peut ne pas s’inscrire dans cette fi liation. La clé de son travail se situe davantage dans les formes de transmission qu’il ménage. Et qu’importe dès lors le contenu de l’information transmise…

Pierre Tectin

Pierre TECTIN, dans son travail plastique, aborde son environnement comme un espace où les signes vont et viennent dans un ordre alé atoire. La plupart des œuvres produites, le sont avec des é lé ments, des « rebuts » qui proviennent de cet environnement immé diat. Ce sont souvent des « signifi ants » qui abordent, dans leur cré ation, la notion de tension entre des corps é trangers et inté gré s. Avec cette pratique, il tente de donner une ré ponse formelle et spontané e à la question du rapport entre l’objet et l’espace auquel il est confronté . L’objet s’impose gé né ralement par son sens et son orientation fonctionnelle. En se re-trouvant dans des lieux diffé rents, il renvoie des intentions symboliques diffé rentes. Il se construit ou se dé construit à mesure qu’il fait son chemin. Les productions de Pierre TECTIN nous parlent d’une constante redé fi nition de ces é tats pos-sibles et des objectifs qui leur sont assigné s à partir d’une é laboration, d’une intervention qui peut ê tre faible, expé ditive ou parfois né gative.

moving board, tréteau, bois peinture, 60x50x30cm, 2009

top unit, papier, bande plâtrée, plastique, aquarelle, tabouret, 17x17x25cm, 2010

Kiril Ukulov

La pratique de Kiril Ukulov peut être défi nie comme celle de la sculpture, s’agit-il d’une pièce produite à l’atelier pour être exposée ailleurs ou d’une intervention in situ qui détourne le contexte existant. Ce terme selon lui semble juste car la résistance du matériau est très importante dans ses expé-riences. Le matériau, c’est la matière pour produire la pièce, mais aussi toutes les contraintes, de temps, de budget, la logistique de transport, qui sculptent le projet, en précisant l’idée initiale.Il emploie dans son travail la méthode de l’accident contrôlé. La pièce est produite selon un protocole basé sur le concept général du projet. Son rendu est défi ni par plusieurs facteurs dont sa volonté subjective n’est pas le plus important. En même temps, le protocole est au service de la forme recherchée. Ainsi l’élaboration du projet consiste à trouver le protocole de la production de la pièce.Le sens est important, mais il est dégagé par la forme, parfois avec une extension du titre, qui peut élargir la lecture de la pièce.

www.kirillukolov.com

Sans titre (Niveau), bois, cornières métalliques, peinture glycéro, Toulouse, 2010

Sans titre, bois et clous, 2011