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N o 125- décembre 2007 - ISSN 1246-077X

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S’il eest uune lleçon àà ttirer ddes cconflits dde cces ddernières ssemaines cc’estque lle ggouvernement eest ccapable dde pprendre een ccompte lles rrapportsde fforce ddès llors qqu’ils eexistent : iil ffait ddes cconcessions pparfois

notables ttout een ss’efforçant dde mmaintenir sses oorientations CC’est aainsi qquela ggrève ddu novembre aa ccontraint lle mministre dde lla ffonction ppubliqueà eengager ddes nnégociations ssalariales eet àà yy iintégrer lla qquestion dde lla vvaleurdu ppoint dd’indice eet ccelle dde lla ggrille ; een rrevanche iil ffait ttout ppouresquiver lla qquestion ddu rrattrapage ddes ppertes dde àà eet iilmaintient iintégralement ssa ppolitique dde ssuppression dd’emploisQu’en ddéduire ? cconsolider eet aamplifier cce rrapport dde fforces mmaintenir

l’unité lla pplus llarge mmener ccampagne aauprès dde ll’opinion eet pplacer uune nnouvelle éétape dd’actionC’est cce qque ppropose lla FFSU ppour jjanvierC’est dd’autant pplus iindispensable qque sse pprofile uune «« réforme dde ll’État » qqui vva ttailler ddans lle vvifdes sservices ppublics eet qque sse ddessine uune ppolitique ééducative rremettant een ccause uune éécole aassurantla rréussite dde ttousLa FFSU ssera aau rrendez vous dde lla mmobilisation dd’ici llà bbonnes ffêtes !!

Revue de la Fédération SyndicaleUnitaire3.5, rue de Metz75010 ParisTél. : 01 44 79 90 30Fax : 01 48 01 02 52Internet :http://www.fsu.fr Mél :[email protected]@fsu.frN°CP : 0710-S07429N° ISSN : 1246-077 XDirecteurde la publication :Gérard AschieriRédaction :Marianne BabyJean-Michel Drevon,Émmanuel GuichardazÉlizabeth Labaye,Claudie Martens,Jacques Mucchielli,Conception :agence Naja

Publicité :Com d’habitudepublicitéClotilde Poitevin25, rue Fernand-Delmas19100 BriveTél. : 05 55 24 14 03

Handicap international p. 2Institut p. 16Aides p. 31GMF p. 32

Compogravure : CAGImpression : SIEP

Prix au numéro :0,40 €Abonnement : 4 €Si vous changezd’adresse, veuillezcommuniquervos nouvellescoordonnéesà votre syndicat.

Gérard AAschieri

socialesAprès le 20 novembre

Réforme de la carte judiciaire

publiquesPour un réseau européende services publics

éducativesUniversités

Premier degré

cultureGratuité des musées

rencontrePatrick Viverer

Déterminésédito

sommaire

Dialogue ssocial

Pour lla FFSU llareprésentativité ddoit êêtrefondée eessentiellementsur ll ’audience ppourredonner fforce eetlégitimité aau ssyndicalisme

DDOOSSSSIIEERR

Qualifications :: les vvoix dde lla fformationLe ddéveloppement ddesvoies ttechnologique eetprofessionelle eest vvisé pparles cchoix iinquiétantsÉtat ddes llieux pprojets eetenjeux ppour ccomprendrela rréforme àà vvenir

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MÉT

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Après avoir travaillé en tant qu’agent communalpendant 26 ans, Pascal Astier est maintenant chargéde l’entretien général (chauffage, électricité,espaces verts...) au collège d’Ambazac (87). Il estadjoint technique au Conseil Général de la HauteVienne.Dans son établissement, il côtoie les TOS de l’édu-cation nationale, qu’ils aient ou non opté pour laterritoriale. « Il n’y a pas de problème de cohabi-tation. Les collègues m’ont beaucoup interrogésur mon statut, sur les avantages et inconvénientsavant de prendre leur décision. De fait, beaucoupont opté pour le passage à la territoriale ».Mais Pascal est aussi, dans l’âme, un militant syn-dical et associatif. Son syndicat, le SNUCLIAS, ayantrejoint la FSU, il pense « qu’on a fait le bon choix ».Cependant, militer dans un syndicat de la territo-

riale n’est pas toujours facile : « les problèmes derelations avec l’employeur sont comparables àceux que l’on rencontre dans le privé. Et ce n’estpas forcément en fonction de la couleur politiquede la collectivité ».De son passé d’agent communal, il retient, outre sonactivité syndicale, un engagement associatif ausein de l’amicale des personnels, pendant près de7 ans. Ce qui lui aura valu d’exercer – à titre gra-cieux, bien sûr – la fonction de Père Noël pour lesenfants de ses collègues, lors des festivités orga-nisées par l’amicale. Et, bien sûr, le Père Noël étatd’une générosité sans limite, il a également acceptéde le faire pour l’école maternelle de son quartier.Il tire de cette expérience au moins un enseigne-ment : « les enfants ne sont pas dupes, mais ils nele montrent pas et se prêtent volontiers au jeu ».

EUROPE

À l’issue du sommet de Lisbonne des 18 et19 octobre, les 27 chefs d’État et de gou-vernement ont approuvé les orientationsdu Traité modificatif qui a été signé le13 décembre pour être soumis ensuite àratification par les différents pays avantle 1er janvier 2009.Le traité soumis à adoption connaît desmodifications par rapport au traité consti-tutionnel de 2005. La FSU prend acte del’abandon de la valeur constitutionnelle du« Traité » ainsi que du retrait de consti-tutionalisation des objectifs comme « laconcurrence libre et non faussée ». Celaest à mettre à l’actif du NON au referen-dum de 2005. Cependant les grandes orien-tations originelles du traité constitutionnelque la FSU avait désapprouvées sont in-changées ce qui conduit la FSU à s’oppo-ser à ce nouveau projet. Ainsi la clause de« non atteinte à la libre concurrence »reste la règle générale applicable aux ser-vices publics, la dimension sociale de l’Eu-rope n’y est pas renforcée. Concernantla laïcité, la référence au dialogue néces-saire entre l’UE et les religions a disparu,mais est maintenue la référence au rôle es-sentiel de l’héritage religieux.Le FSU porte un autre projet pour l’Euro-pe, une Europe lui permettant de faire fa-ce aux enjeux économiques, environne-mentaux, sociaux, fondée sur la justice

sociale, la solidarité et la coopération,le développement durable, Cela passe parplus d’implication des citoyens, plus dedémocratie, le développement de grandsprojets solidaires autour des questions del’éducation, de la recherche, de la santé,de l’énergie, des grands équipements col-lectifs. Cette ambition nécessite en par-ticulier des services publics affranchis duprincipe de la libre concurrence et l’adop-tion d’une directive cadre.Après le non des Français au TCE en 2005,le débat démocratique et la consultationdes citoyen-nes, par voie de référendums’imposent sur le traité de Lisbonne dansle cadre du processus de ratification. Ence sens, la FSU s’adressera aux parle-mentaires afin qu’ils n’entérinent pas parleur vote en congrès le refus de la consul-tation référendaire.

CLAUDIE MARTENS

Victoire desinfirmièresfinlandaisesÀ l’initiative du principalsyndicat des personnelsde santé, Tehy, 12800infirmières avaient décidéde démissionner en blocle 19 novembre, fauted’accord avec leuremployeur(les municipalités).Elles réclamaient uneaugmentation de 24 % sur2 ans alors que l’employeurn’en acceptait que 12 %.Une semaine avant les« démissions en masse »,une loi avait été votée par leparlement pour permettre auxautorités hospitalières deréquisitionner les infirmières,ce qui a provoqué un tollédes organisations syndicales.Les menaces de démissionstouchaient surtout les servicestrès sensibles: urgences,accouchements, chirurgie.Des opérations avaient déjàété reportées. Dans certainsde ces services, 70 à 100 %du personnel infirmier s’étaitdéclaré officiellementdémissionnaire.Finalement leur déterminationl’a emporté et l’employeura accepté l’augmentationde 24 % sur 4 ans, ce quinécessitera sans douteune augmentation des impôtslocaux.

PascalAstierAdjointtechnique dansun collège deHaute Vienne

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Le Père Noël est agent territorial!

Le traité modificatifratifié le 1er janvier?

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MOUVEMENT SOCIAL RGPP

Les annonces faites par leprésident de la république à

l’issue du conseil demodernisation des politiquespubliques n’ont donné lieu à

aucun débat démocratiquepréalable. Les propositionsformulées s’inscrivent dans

une logique comptable où lavolonté de réduction des

dépenses l’emporte sur cellede la réponse aux besoins,elles visent à accentuer les

redéploiements au détrimentdes missions de services

publics et de leurs agents.Le risque est fort de voir

disparaître l’apportspécifique de certains

services publics au profitd’un appel au privé. La

démarche de RGPP néglige laqualification et la formation

des personnels pour seplacer dans une logique deconcurrence, d’alourdisse-

ment de la charge de travailvoire de remise en cause de

garanties statutaires.L’organisation pyramidale

mise en avant pour lesadministrations territorialeset le rôle accru des préfets

de région, menacent lesservices déconcentrés de

l’État au niveaudépartemental et vont à

l’encontre d’unfonctionnement et d’un

contrôle démocratique desservices publics permettantl’intervention des usagers,

des citoyens et despersonnels.

Dans la fonction publiqueDans la fonction publique, la grève et les manifestationstrès réussies du 20 novembre ont contraintle gouvernement à l’ouverture de négociationsen décembre 2007 sur les rémunérations et il a dûconcéder le principe de discussions sur la grilleindiciaire, reconnaissant son écrasement, ainsi quele principe d’une négociation annuelle sur les salaires.Mais il n’envisage pas de mesure pour 2007 et resteambigu sur le contenu du mécanisme de maintien du

pouvoir d’achat qu’il propose. Il ne répond pas surles suppressions de postes, le développementde la précarité, la casse des statuts et la réductiondu champ des services publics. Comme le présidentvient de le confirmer la Révision générale des politiquespubliques se poursuit avec le seul souci de justifierdes coupes claires d’une ampleur inégalée.La conséquence en sera une remise en cause des missionsdu Service public.

Dans la dynamiquedu 20 novembre

La période récente a été marquée par unedéfiance accrue de l’opinion vis-à-vis de lapolitique économique et sociale menéepar Nicolas Sarkozy et son gouvernement,notamment sur la question du pouvoird’achat, et par une mobilisation socialemarquante. Avec le fort mouvement desrégimes spéciaux, la réussite de la grèvedes fonctionnaires du 20 novembre, éga-lement celle de l’ANPE, le 27 novembre, lajournée d’action de la justice le 29, lesmouvements étudiants et lycéens contre laLRU et le budget 2008 et des personnels,ont marqué le paysage social ces dernièressemaines. Les derniers évènements en ban-lieue montrent que rien n’a été réglé sur lefond après les crises de 2005.Face à ces mouvements le gouvernementa cherché à diviser et fait certainesconcessions, parfois notables, sans toucherau cœur de sa politique. Ne répondant pasaux besoins de la société, notamment ence qui concerne le pouvoir d’achat, ilpoursuit dans sa volonté de mettre enœuvre des « réformes » qui sont autant deremises en cause des acquis et des pro-tections des salariés : démantèlement de

la protection sociale, attaques contre lecode du travail, abaissement du niveaudes pensions et limitation de leur revalo-risation, restriction du périmètre de l’É-tat, attaque du statut de la fonction pu-blique et mise en cause du service publicd’éducation et de recherche…Dans cette situation le mouvement syn-dical doit débattre avec les salariés, lesconvaincre et les rassembler à partir desrevendications pour construire un rapportde force associant public et privé, tra-vailleurs stables et précaires, jeunes etanciens. Il faut pour cela, tout en mobili-sant à partir des revendications spéci-fiques à chaque catégorie, mettre en évi-dence la cohérence des enjeux et menersans relâche une campagne en directionde l’opinion.La FSU appelle les personnels à pesersur les négociations salariales du 17 dé-cembre. Si ces négociations ne répon-dent pas aux exigences portées par lespersonnels le 20 novembre, elle propo-se aux autres organisations syndicalesqui se réuniront à l’issue du 17 décembrede décider une nouvelle journée de grè-ve unitaire dans la fonction publiquedès janvier. Il s’agit de constituer unenouvelle étape dans la construction d’unmouvement d’envergure pour les salaireset le pouvoir d’achat, l’emploi public,pour la défense de nos statuts et desretraites.La FSU prendra dès le printemps prochainl’initiative d’organiser une journée d’ac-tion nationale contre la précarité en ré-unissant le maximum de personnels pré-caires et fera des propositions pour larésorption de la précarité dans la FP.

MARC BRUYÈRE

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Grenellede l’insertion

Piloté par Martin Hirsch,il se déroulerasur plusieurs mois etélaborera des propositionsconcernant notamment uneréforme des contrats aidés(aujourd’hui il en existede différents types), quipourraient être fusionnésen un « contrat uniqued’insertion ». Une réformedes minimas sociaux est surles rails, car là aussi ilen existe plusieurs, créésen fonction des publics,auxquels s’ajoute le RSA(revenu de solidarité active),expérimenté dans quelquesdépartements et qui avocation à être généralisé.La France compte environ7 millions de travailleurspauvres, chômeurs, et leursfamilles vivant avec moinsde 817 euros par mois. Il y aurgence à s’emparer de cettequestion : une batailled’envergure contrela pauvreté suppose d’êtremenée en lien avecles politiques d’emploi etde salaire, et des politiquesfiscales redistributives.

RETRAITES

Régimes spéciaux

Après les salariés d’EDF, ceux de la RATPet de la SNCF ont déposé des préavis degrève. Ainsi à la SNCF, la CGT et la CFE-CGC avaient décidé d’appeler à la grèvele 13, dans un contexte de désunion syn-dicale, les modalités d’action ne faisantpas l’accord: la CFTC-cheminots souhaitaitune grève reconductible à compter dulundi 17 décembre, veille de la réunionconclusive des négociations. Sud rail et FOétaient favorables à une nouvelle grèvereconductible, l’UNSA qui souhaitait unegrève carrée mais unitaire, ne se joignaitpas à l’appel tandis que la CFDT ne sou-haitait pas de grève avant la fin des né-gociations.La CGT estimait que « le compte n’y étaitpas » sur le maintien et l’améliorationdu régime spécial, sur l’emploi et sur lefret ; et des désaccords profonds subsis-taient sur le cadrage de la réforme; touten reconnaissant qu’au cours des négo-ciations (tripartites entreprises, état, syn-dicats) « des avancées non négligeablesont été obtenues », résultat du rapport deforces, notamment sur les rémunérations :création d’un 10e échelon, mesures dedéblocage de fin de grille, intégration dela gratification d’exploitation et de va-cances dans le salaire liquidable, inté-gration de la prime de travail dans la pri-me de fin d’année et relèvement du

minimum de la pension de réversion de 50à 54 %. Les difficultés de l’unité et laprolongation des négociations ont finale-ment amené la CGT à retirer son préavistout en restant mobilisée.À la RATP, après avoir déposé un préavis,la CGT/RATP qui réclamait notammentdes avancées concrètes sur l’élaborationd’un mécanisme de péréquation entrel’évolution des pensions et celle des mé-tiers, la réévaluation annuelle des bassespensions, la prise en compte des annéesd’études, et la réouverture des négocia-tions salariales, a décidé de n’appeler fi-nalement qu’à des débrayages en raisondes réponses qu’elle avait obtenu de la di-rection.

ELIZABETH LABAYE

Engagés dans des négociations difficiles les syndicats des régimesspéciaux s’interrogent : comment peser sur l’issue des négociationspour obtenir davantage en évitant les accusations de surenchèreet l’isolement dans l’opinion ?

Retraités mobilisésLes retraités n’acceptent pas la dévalorisation de leur pouvoir d’achat, et en particulier le retrait sur les pensions de2008 d’un prétendu trop perçu au titre de leur pension en 2007: l’écart entre l’inflation prévue (1,8 %) et l’inflationestimée (1,3 %). En réalité, celle-ci, supérieure à 1,5 % en octobre s’approcherait de 2 % en fin d’année.Cette provocation gouvernementale – qui conduit à réduire l’ajustement des pensions – se trouve confirméepar le silence présidentiel sur le pouvoir d’achat des retraités : 13 millions d’ignorés dont 600000 ont des pensionsinférieures à 800 euros par mois.La FSU sera reçue dans les prochains jours avec la SFR par Xavier Bertrand avant que ne se réunisse la conférence surla revalorisation des pensions du régime général. Au-delà de la seule restitution des 0,5 % (l’application restrictivede la loi Fillon), la FSU y fera valoir d’autres propositions pour les retraités.Dans les départements comme au plan national les SFR/FSU sont progressivement mises en place : elles interviennentdans le débat public aux côtés des UCR et ave la FGR-FP; le CDFN des 8 et 9 décembre les invite à poursuivredans l’unité la plus large la mobilisation sur le pouvoir d’achat et la revalorisation des pensions.Réunie le 10 décembre la SFR nationale s’est fixé un plan de travail et de contacts avec les SFR départementales :sections départementales et syndicats nationaux en seront informés.

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Une « entente syndicale » composée duSyndicat de la Magistrature (SM) et detrois syndicats de fonctionnaires de justi-ce avait appelé à un mouvement nationalde grève le jeudi 29 novembre pour pro-tester contre la réforme de la carte judi-ciaire. Dans les grandes villes, commeBordeaux, Lyon, Marseille, Rennes, Stras-bourg ou Toulouse, des manifestants sesont réunis par centaines devant les palaisde justice et une manifestation des 181bâtonniers, en robe, a eu lieu devant l’As-semblée nationale.En mai 2007, quelques jours après sa no-mination comme Garde des sceaux, Ra-chida Dati avait lancé cette réforme visantà réorganiser les 1120 juridictions existantactuellement sur le territoire, et dont ladernière révision datait de 1958.Très vite cependant, la méthode utilisée,le manque de transparence et la volontéévidente de réaliser cette réforme à l’éco-nomie ont amené la ministre de la Justiceà mettre sur pied un comité de pilotage,chargé d’organiser la consultation. La gar-de des sceaux se rendra elle-même dans les35 cours d’appel de France pour expliquersa réforme. Un « tour de France » qui,loin d’apaiser les esprits, engendrera pra-tiquement à chaque fois des manifesta-tions, parfois spectaculaires (grève de lafaim, tribunaux enchaînés...), mobilisant,au-delà des magistrats et fonctionnaires dejustice concernés, les avocats, les élus lo-caux...Il est vrai que dans un certainnombre de cas, ils apprennent la disparitionde tel ou tel tribunal... avant que la mi-nistre n’arrive sur place pour l’annoncer of-ficiellement! Même des élus UMP dénon-cent, devant la presse, le « fait du prince ».

Si les magistrats n’ont jamais contesté lanécessité d’une réforme de la carte judi-ciaire, « celle-ci aurait dû se faire dans laconcertation, avec comme objectif d’amé-liorer la qualité du service de la Justi-ce » souligne le Syndicat de la Magistra-ture qui souhaite notamment uneréflexion sur les différents types decontentieux et la prise en compte desbesoins de justice des populations et desterritoires, ce qui n’a pas été le cas.Il est vrai qu’il est pour le moins paradoxalde proposer un démantèlement de la jus-tice de proximité en le présentant commeune œuvre de modernisation !Au final, après certaines concessions, maisaussi des intimidations, des mutations ar-bitraires, la réforme est imposée, à labaisse cependant puisque 23 tribunauxde grande instance sont amenés à dispa-raître d’ici 2011, contre 90 à l’origine...

EMMANUEL GUICHARDAZ

JUSTICE

Réforme de la carte judiciaire

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La nouvelle carte judiciaire se met en place mais la ministre a dû revoir ses ambitions à la baisse

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SuppressionsLa réforme prévoit la

suppression d’ici à 2011 deplus de 300 juridictions

jugées trop petites,178 tribunaux d’instance sur476, 23 tribunaux de grande

instance sur 181,55 tribunaux de commerce

sur 160, 63 conseils deprud’hommes sur 271.

Des mesures d’accompagne-ment individualisées sont

prévues pour les magistratset fonctionnaires concernés,

et des compensationsfinancières pour les avocats

ont été annoncées.Sur le coût total de cette

opération, la Garde dessceaux est restée évasive.

questions à

Quelles sont les consé-quences de la réforme de lacarte judiciaire imposée parle Garde des Sceaux, et quevous dénoncez ?C'est un projet préparé etannoncé autoritairementpar le Garde des sceaux, serésumant à un catalogue desuppressions de 300 juri-dictions, parmi lesquelles176 tribunaux d'instance et63 Conseils de pru-d'hommes. Or, ce sont jus-tement ces juridictions quiassurent la justice de proxi-mité, aujourd'hui la plusaccessible et qui donne leplus de satisfaction aux jus-ticiables.

Où en est la mobilisation àce sujet ?Après le mouvement natio-nal d'action et de grèveorganisé par l'entente syn-

dicale, couronné par unemanifestation à Paris où sesont retrouvés des magis-trats, des fonctionnaires etdes avocats, la mobilisationreste forte au sein des per-sonnels de justice, au-delàmême des seules juridic-tions menacées de suppres-sion. Par ailleurs nous avonslancé le 5 décembre unappel à différer les tâchesadministratives qui submer-gent de plus en plus les per-sonnels (par exemple, lesrecensements statistiques).

Quelle autre réforme de laJustice préconisez-vous ?Nos exigences tournentautour de trois axes prin-cipaux: faire respecter plei-nement la mission consti-tutionnelle des magistratsqui est de garantir la libertéindividuelle, renforcer l'in-

Hélène Franco :« Un projet autoritaire »

Hélène Franco, secrétaire générale du Syndicat

de la magistrature.

dépendance de l'autoritéjudiciaire, et améliorer leservice rendu aux justi-ciables. Au regard de cestrois priorités, l'action deMadame Dati, tant par sesméthodes que par saréforme, est très négative.

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Grève à l’ANPELe 18 décembre, les agents de l’ANPE seront en grève à l’appel de leurs syndicats etnotamment du SNU-TEFI pour exiger le retrait du « projet Lagarde », qui prévoit lafusion entre l’UNEDIC et l’ANPE.Ils réclament également un statut d’agent public, une revalorisation immédiate dela grille indiciaire et bien sûr le maintien de l’ANPE, pour améliorer la missiond’aide et de conseils aux usagers, alors que le projet a essentiellement pour objetun contrôle accru des chômeurs, et moins d’indemnisations.

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s oc ia lesGrenelle del’environne-ment : remisesen causeinacceptables

Jeudi 6 décembre, sont parusles décrets sur les OGMcensés mettre en œuvre ladécision issue du grenelle del’environnement de « geler »leur culture. Les textesprévoient de suspendre lacommercialisation du maïsMON 810, le seul autoriséen France, jusqu’enfévrier 2008, date prévuepour l’adoption de la loi quidéfinira les conditions deculture de ces plantes. On estdonc bien loin de l’annoncede Jean-Louis Borloo, quiparlait d’activer la clause desauvegarde prévue au niveaueuropéen. Après l’annoncefaite par François Fillon del’ouverture pour 2015 d’unbarreau autoroutier entreSaint-Etienne et Lyon (A45),la publication des décretsrenforce le sentiment que lesmesures décidées au Grenellesont une à une remises encause dans le processus demise en œuvre. Ce n’est pasacceptable. La FSU demandeque le gouvernementrespecte ses engagementset que le suivi des mesuresassocie les cinq collègesconstitutifs du Grenellereprésentants de l’État,des collectivités locales,du patronat, des salariéset des associationsde protection de l’environnement.

CONFÉRENCE SOCIALE

Nicolas Sarkozy a invité les partenairessociaux à une conférence sociale le 19 dé-cembre dans le domaine du travail et desrelations sociales.« Je veux rendre hommage aux parte-naires sociaux, Je ne peux réformer sanseux! a-t-il proclamé ».Le but est d’établir l’agenda social pour2008. Certes le dialogue est à l’ordredu jour, mais a averti le président, si ce-la n’aboutit pas, « je prendrai mes res-ponsabilités et déciderai de ce qu’il fautfaire » !Les sujets prévus sont vastes : le pouvoird’achat, le marché du travail, la formationprofessionnelle, la représentativité syn-dicale et l’hôpital notamment. Dans ledétail, la conférence sociale pourra trai-ter de « l’assouplissement des 35 heures »de « la conditionnalité des allégements decharges » et du « travail du dimanche »,des sujets extrêmement sensibles donc.On pourrait y discuter de la « sécurisationdes parcours professionnels », mais ce se-ra pour « donner davantage de flexibilitéaux entreprises » et « en même tempsdavantage de garanties aux salariés »,sans doute en remplaçant le contrat par

une séparation à l’amiable comme le sou-haite le patronat ? La conférence ne s’an-nonce donc pas sous les meilleurs aus-pices. Certains syndicats ont réagi à cetteannonce perçue comme une forme depression sur les partenaires sociaux quisont en train de négocier notamment surla réforme du marché du travail. La CFDTestimant notamment que le gouverne-ment « ne respectait pas les règles dudialogue social » en annonçant une loi surle pouvoir d’achat sans en discuter préa-lablement avec les syndicats ; elle a rap-pelé qu’« il n’est pas question que les en-treprises puissent s’exonérer des35 heures, qui doivent rester la durée lé-gale hebdomadaire de travail et le seuil dedéclenchement de la majoration de sa-laire ».Le lendemain se tiendra la conférence surla revalorisation des pensions de retraites,prévue par la loi. Pour R. Hadas-Lebel, Ilserait à cette occasion préférable de tra-vailler à des mesures ciblées sur les bas sa-laires plutôt que « d’envisager des haussesgénéralisées de pensions » ! Les retraitéssont prévenus.

ELIZABETH LABAYE

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Agenda chargé

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pub l iques

Douche froide à Bruxelles:alors que la CES venait deremettre à la Commissionune pétition de 510 000signatures revendiquant uncadre juridique pour lesservices publics dansl’Union européenne, laCommission a refusé toutnet de s’engager danscette voie, confirmant ainsiune position qu’elle sou-tient de longue date. Pour-tant, ce cadre juridiqueétait demandé par une multitude d’acteurs(Comité européen des régions, Celsig, CEEP,collectifs pour la reconnaissance des ser-vices sociaux d’intérêt général,…), et laveille du refus de la Commission, les mairesde dix capitales européennes avaient signéavec la CES une déclaration en faveur desservices publics.En effet, le droit communautaire ne recon-naît les services d’intérêt économique géné-ral que comme une dérogation exception-nelle au droit de la concurrence, et toutelégislation protégeant les services publics,toute aide publique sont susceptibles d’êtreattaquées devant la Cour de justice euro-péenne qui, de ce fait, dispose du pouvoirde limiter la souveraineté des États et descollectivités locales à définir leurs servicespublics et place les opérateurs des servicespublics dans une insécurité juridique per-manente.La douche est d’autant plus froide que lenouveau Traité pouvait laisser espérer des

avancées vers une sauvegardejuridique des services publics.Le nouvel article 14 donne lapossibilité au Parlement et auConseil de légiférer en codé-cision et un protocole annexéaux Traités reconnaît auxÉtats la compétence d’orga-niser les services publics nonmarchands et précise lesvaleurs qui gouvernent les ser-vices publics marchands.Alors que les observateurss’accordaient pour dire qu’au-

delà des promesses contenues dans cestextes, tout restait à faire, la Commission,avec un cynisme dont elle a le secret, adéclaré que le débat engagé depuis unedizaine d’années était clos et qu’il n’étaitnul besoin de légiférer davantage puisque lenouveau Traité était une réponse suffisante.C’est dans ce contexte que le réseau sur lesservices publics en Europe s’est réuni àBruxelles les 5 et 6 décembre. Ce réseau,constitué dans le cadre du FSE, tente demettre en place, avec des forces encorelimitées, un lieu commun d’échanges, deréflexions et de mobilisations. Parexemple, la bataille réussie en Allemagneet conduite par des syndicats, des asso-ciations dont Attac et des partis, pourstopper la privatisation du rail, est unexemple intéressant.Une nouvelle journée est organisée àBruxelles sur la privatisation de l’eau débutjanvier.

DANIEL RALLET

SERVICES PUBLICS

Pour un réseaueuropéen

pouvoir d’achatLe discours de Sarkozy sur le pouvoir d’achat, centré autour du « travailler plus pour gagner plus » avec quelques

jours plus tard un appel à ouvrir les magasins le dimanche, se traduit par la multiplication des HS qui remettent encause la durée du travail légal. Dans la Fonction Publique, la grève du 20 novembre a contraint le gouvernement à

l’ouverture de négociations en décembre 2007 sur les rémunérations. Le ministre Woerth a dû concéder l’acceptationdu principe de discussions sur la grille indiciaire, reconnaissant son écrasement, ainsi que du principe d’une

négociation annuelle sur les salaires. Un rendez-vous est d’ores et déjà annoncé pour le printemps afin de discuterde 2009. S’il s’est dit prêt dans le cadre de mesures générales, à augmenter la valeur du point d’indice, il reste

ambigu sur le contenu du mécanisme de maintien du pouvoir d’achat qu’il propose. Il n’envisage pas de revenir sur2007 et les pertes de pouvoir d’achat accumulées.

En ce qui concerne les heures supplémentaires et des mesures éventuelles sur le compte épargne temps, lesorganisations syndicales de la FP ont rappelé leur volonté de les traiter en dehors du sujet « pouvoir d’achat ».

La FSU, a proposé de mettre en débat une grève en janvier si la réunion du 17 n’apportait pas de réponsessatisfaisantes. Les organisations syndicales ont convenu de se retrouver après la première séance de négociation du

17 décembre, afin de faire le point et décider des suites.

Exonérationcontestable !

Pour la troisième annéeconsécutive, l’Éducation

Nationale pourrait se voirexonérée de sa contribution

au FIPHFP, l’organismechargé de récolter les

pénalités versées par lesemployeurs publics qui ne

respectent pas le tauxd’emploi de 6 % de personneshandicapées. Un amendementproposé par le gouvernementvise en effet à lui permettre

de déduire de sa contributionles salaires versés aux

auxiliaires de vie scolaire(AVS). L’ensemble des

organisations syndicales etdes associations du

handicap*, membres duFIPHFP, ont condamné dans

un communiqué communcette disposition.

Il faut bien sûr augmenter lenombre d’AVS qui

interviennent auprès desélèves, mais ceux-ci relèvent

des obligations de servicepublic de l’éducation

nationale. Il faut aussitrouver des solutions pour

permettre à plus depersonnels en situation dehandicap d’intégrer et de

travailler dans l’éducationnationale. Mais sans

contourner la loi !(*) CGT, CFDT, FO, FSU,

UNSA, CFTC, CGC, FNATH,APF, UNISDA, UNAPEI,

UNAFAM,CNPSAA.

publ iques

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pub l iques Le ppo int ssur…

De tous les chantiers ouverts par legouvernement, celui sur le « dialoguesocial » est l’un de ceux qui pourraitdurablement faire bouger et évoluerune situation bloquée depuis plusieursdécennies.

Le contexte social marqué à la foispar une offensive patronale contre lesconquêtes syndicales et par la conjonc-tion d’un émiettement syndical et

d’une faiblesse d’implantation dansles PME-TPME comme auprès des sala-riés les plus précarisés, ou des chô-meurs, posait crûment la question dela « représentation » des salariés,déconnectée de règles instituées à lafois pour permettre des accords« minoritaires » contournant les prin-cipales organisations du secteur (CGTdans le privé ; FEN, puis FSU dans lepublic) mais aussi pour écarter de nou-velles organisations (FSU, SUD, UNSA)apparues récemment dans le champsyndical.Ouverte début octobre 2007 dans lesecteur privé par le Ministre XavierBertrand, la conférence sur le « dia-logue social » a été suivie peu detemps après par l’ouverture d’uneconférence identique pour le secteurpublic, pilotée par la DGAFP et ouverteaux huit fédérations de fonctionnaires(FSU, CGT, FO, CFDT, UNSA, CFTC,CGC et Solidaires)Cette conférence, qui en novembreet décembre a enchaîné plusieursséances de travail, fut organiséeautour d’une série de six thèmes, fai-sant chacun l’objet d’une fiche:- Moderniser les critères de représen-

tativité.

- Renforcer la place de la négociation.- Renforcer le dialogue social intermi-

nistériel et inter-fonctions publiques.- Réformer les Commissions Adminis-

tratives Paritaires.- Renforcer la légitimité des Comités

Techniques Paritaires.- Moderniser les droits et moyens des

organisations syndicales.Pour la FSU, comme pour les autressyndicats victimes de la loi Perben, laquestion essentielle était bien sûr cellerelative à la représentativité. Pourelle, la représentativité doit être fon-dée sur des critères transparents etincontestables, et essentiellementassise sur l’audience. Comme le rap-pelait la résolution adoptée lors ducongrès fédéral de Marseille: « Rendrela parole aux salariés, leur permettred’exprimer réellement leur choix entredivers syndicats, sans tri préalable del’administration ou de l’employeur,c’est redonner force et légitimité ausyndicalisme. »La FSU proposa donc qu’une rénovationdes règles de la représentativité, sebase sur trois principes : - garantir àtout syndicat légalement constitué dese présenter à une élection profes-sionnelle – rétablir un scrutin à un seultour ouvert à tout syndicat légalementconstitué – procéder régulièrement ense basant sur les votes émis par lespersonnels, à une appréciation de lareprésentativité des différentes orga-nisations syndicales, dont découleraitpour une période donnée, un certainnombre de droits.Sur ces points clés, une très nettemajorité des fédérations de fonction-naires s’est exprimée en accord avecces propositions. Les mêmes cinq orga-nisations (CGT, CFDT, FSU, UNSA etSolidaires) ont voté ou soutenu l’avisrendu majoritairement par le CES ennovembre 2006, visant à rénover lesrègles de la représentativité en lesbasant sur le seul vote des personnels.Ni FO, ni la CFTC, ni la CGC, ne sou-haitent voir modifier les règles res-trictives : trois organisations, repré-sentant respectivement 17,1 %, 3,3 %et 2,3 % des agents de la Fonctionpublique; soit, à elles trois 22,7 % del’ensemble des agents des trois fonc-tions publiques !Reste ensuite en suspens le choix de

Le chantier de la représentativité syndicale ouvert en octobreconcerne aussi le secteur public

Le dialogue social

« Un peu d’histoire »

« Rendre la parole aux salariés, leurpermettre d’exprimer réellement leur

choix entre divers syndicats, sans tripréalable de l’administration ou de

l’employeur, c’est redonner force etlégitimité au syndicalisme. »

Circulaire Parodie de mai 1945 définissantles 5 critères de représentativité (effectifs,indépendance, cotisations, expérience etattitude patriotique durant la guerre.11 février 1950: loi sur les Conventions Col-lectives; ne peuvent les signer que les syn-dicats représentatifs.1966 : deux ans après la décision majori-taire de transformer la CFTC en CFDT,celle-ci obtient la représentativité (que laCFTC « maintenue » n’avait jamais per-due...) La représentativité de la CGC estcantonnée au secteur de l’encadrement.1982 : Lois Auroux qui renforcent les pré-rogatives du « club des cinq » (CGT-CFTC-CFDT-FO-CGC).

Décret Le Pors sur les nouvelles règles dereprésentativité au Conseil Supérieur de laFP, les sièges sont attribués en fonction dunombre de voix obtenues.Années 80-90 : apparition de nouveauxsyndicats Sud, FSU, UNSA1996 : Loi Perben qui limite les sièges auxConseils Sup aux seules organisations syn-dicales représentées dans les trois fonctionspubliques.2004 : Loi Fillon : refus de la représenta-tivité élargie de l’UNSAmai 2006: Rapport Hadas-Lebel29 novembre 2006: Avis du Conseil Éco-nomique et Social « Consolider le dialoguesocial ».

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l’élection qui devrait permettre demesurer cette représentativité. Entrela position des uns (le CTP pour laCFDT, la CFTC et la CGC; les électionsprud’hommales pour l’UNSA; les CAP +les Commissions consultatives de non-titulaires pour FO et la FSU) et l’ab-sence de position des autres (CGT,Solidaires) l’Administration devra choi-sir, en se basant également sur l’avistrès majoritairement exprimé par lesorganisations syndicales (seule la CGCy étant opposée), en faveur d’un scru-tin de liste.Sur les autres points abordés, desconvergences et des croisements pour-raient permettre là aussi de dégagerune position faisant l’objet d’un accordmajoritaire avec les principales orga-nisations syndicales.Il est temps que les choses changent.Première fédération dans la fonctionpublique d’État, et à l’ÉducationNationale, la FSU s’est ainsi vue refu-ser le droit de déposer une liste pourl’élection de la CAP... des chefs d’éta-blissements! Dans d’autres ministères,la « représentativité » de certaineslistes déposées par nos syndicats pourle renouvellement d’instances pari-taires a été systématiquement déniéepar l’administration (aux AffairesÉtrangères, à l’Intérieur, au Trésor...)et même au sein du Ministère du Tra-vail.

Le gouvernement doit laisser les sala-riés décider librement eux-mêmes duchoix de leurs représentants par unscrutin à un seul tour, où chaque syn-dicat légalement constitué doit avoir ledroit de se présenter.C’est autour de ces principes que la

FSU continuera d’intervenir et d’agirau sein de ce chantier du « dialoguesocial », pour obtenir l’abrogation detoutes les dispositions qui ont introduitces restrictions aux libertés de candi-dature et de choix.

MICHEL ANGOT

Les élections professionnelles chez lesinfirmières, les assistants sociaux etles personnels administratifs de l’édu-cation nationale sont marquées parde nouveaux succès des syndicats de laFSU.•Les infirmières accentuent leur

confiance au SNICS.Avec ce vote massif (61,65 % des voix,70 % de participation), les personnelsont réaffirmé leur volonté d’obtenirune revalorisation de leur diplôme etcarrière, le refus de toute tentative dedécentralisation et la création despostes pour assurer leurs missions etaméliorer les réponses à apporter auxélèves et aux étudiants.•Le SNUAS-FP reste le syndicat majo-ritaire de la profession, avec 51,52 %chez les assistants sociaux où il obtienttrois sièges sur cinq à la CAPN. Il passeen première position au niveau natio-

nal chez les conseillers techniques deservice social avec 42 % des voix.Cette victoire significative est obtenuedans le contexte de remise en questionet d’instrumentalisation des profes-sions sociales, au profit d’une concep-tion « sécuritaire » des métiers.•Le SNASUB conforte sa position de

deuxième organisation chez les per-sonnes administratifs.

Il progresse globalement d’environ0,60 %* avec 23,48 % des suffragesexprimés et gagne un siège en CASUpour la première fois. Pour les CAPA,la progression est plus importanteavec 26,18 % des suffrages exprimés.Le SNASUB continuera à se battre contrele démantèlement du statut et les sup-pressions d’emplois, pour un rattrapagedu pouvoir d’achat de tous et l’amélio-ration de la situation individuelle etdes conditions de travail de chacun.

Succès pour les syndicats de la FSU

© NETANGE/NAJA

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Pour no – décembre

éducat ivesUNIVERSITÉ

À l’issue de la journée nationale de mobi-lisation du 6 décembre qui a vu les ensei-gnants chercheurs rejoindre plus massi-vement les étudiants et lycéens, lepassage en force gouvernemental seconfirme. Force de la loi puisque laministre refuse même le moratoire que luiréclamait Georges Debregeas au nom del’intersyndicale (Snesup-FSU, Unsa-Educa-tion, CGT, Sud et les deux collectifsSauvons la Recherche et Sauvons l’uni-versité) après une manifestation qui aréuni près de 5000 manifestants à Paris.« On a rappelé qu’il n’y avait aucunecréation de postes dans le budget 2008, ona déposé un mémorandum en dix points,on a demandé un moratoire : sur cespoints, il n’y a eu aucune réponse de lapart du ministère », a-t-il regretté,jugeant que cette rencontre se résumaità « du théâtre sans intérêt ». Jean Fabbri,

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Travaillerplus pour

gagner plus !

Dans une conférence depresse le 11 décembre, le

ministre a multiplié lesannonces : carte scolaire,

service minimum,accompagnement scolaire,

rénovation de la voieprofessionnelle, organisation

et calendrier du bac.... Sur cedernier point dans l’objectifde la « reconquête du mois

de juin », il annonce le reculd’environ deux semaines du

calendrier des conseils declasse de seconde, le recul

d’une semaine des épreuvesécrites (sans attendre les

résultats de l’expérimenta-tion prévue dans 13

départements pour juin 2008)la surveillance du bac assurée

par des « non-enseignants »et des « vacataires » la

correction des copies de bacou les interrogations orales

par les professeurs avecmaintien de leurs cours dans

les autres niveaux avecrevalorisation de la

rémunération des copies…

La loi… de force !

OrientationRarement aura-t-on vu autant d’acharnement à détruire le service public d’orientation que dans le rapport de laCommission des affaires culturelles et sociales de l’Assemblée rendu public en novembre. Revenant à la conceptionde l’orientation développée après guerre, les rédacteurs qu’elles considèrent doivent permettre au tissu économiquede trouver la main-d’œuvre dont il a besoin.Ses principales conclusions :• « diversification du recrutement des COP » La licence de psychologie ne serait plus exigée et n’importe quelcandidat d’une autre fonction publique ou ayant 10 ans d’expérience dans son emploi pourrait passer le concours.recentrage sur « la mission de faire connaître le monde économique, les entreprises, les formations et leurspossibilités d’insertion professionnelle ».• rattachement des CIO aux régions, réduction du nombre de CIO. Le personnel des CIO devrait comprendredes agents publics locaux, des agents permanents de l’ANPE, des agents mis à disposition par l’État y comprisdes enseignants et des fonctionnaires du Ministère du Travail ainsi que des contractuels.Les CIO deviennent des pôles information-orientation dans un guichet unique dirigé par les services de l’emploiou de l’insertion, centrés sur un autre public avec d’autres missions. Pendant ce temps, les enseignants seraientpratiquement seuls dans l’établissement pour tout ce qui concerne l’information,l’aide à l’élaboration des projetsd’avenir, le suivi des vœux et des dossiers des élèves.

le responsable du Snesup-FSU (majori-taire) a appelé à « faire encore plus pourêtre entendus ». Il a évoqué une « mani-festation nationale avant les vacances oupeut-être en janvier ».Tout en assurant que « la lutte contre laLRU continue dans les universités et leslycées », La coordination nationaleétudiante réunie à Nice dimanche9 décembre reconnaît dans un commu-niqué que la mobilisation entre « dansune nouvelle phase du mouvement : unelutte sur la durée » et appelle chaqueuniversité à « trouver les modalités delutte les plus en phase avec la réalitélocale ».L’UNEF, quant à elle, formule 50 reven-dications pour « améliorer la réussite desétudiants » et appelle l’ensemble de lacommunauté universitaire à signer sonappel.La FSU qui exige un « Grenelle du supé-rieur et de la recherche », appelle lespersonnels à rendre possible en concer-tation avec les étudiants engagés dans lalutte contre la LRU la validation dusemestre universitaire, et à s’opposer àtoute répression du mouvement et toutemesure de rétorsion, qu’il s’agisse desétudiants ou des lycéens.

JEAN-MICHEL DREVON

Les organisations du supérieur (notamment leSNESup et le SNCS appellent à signer la pétitionlancée par le collectif Sauvons la recherche.http://www.sauvonslarecherche.fr

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ÉDUCATION

Avec les milliers de suppressions d’em-plois programmées, la réduction des postesaux concours de recrutement, ce sont bienévidemment le cœur des métiers, le noyaudur des enseignements, l’orientation etl’offre d’éducation qui sont en ligne demire, tandis que se poursuivent les régres-sions concernant administratifs, Tos,personnels sociaux, de santé, etc. et quese développe une politique dont lespremières mesures (carte scolaire, ensei-gnements professionnels), sont particu-lièrement négatives pour une école de laréussite pour tous. D’ores et déjà, lesannonces sur le bac pro en 3 ans ontsuscité l’opposition unanime des organi-sations syndicales obligeant le ministère àrevenir en arrière au moins dans ses décla-rations. Après la mise en cause du collègeunique, les menaces se font de plus en plusvives sur les voies et l’offre de formationdes lycées. À l’école primaire les proposi-tions du ministre se déclinent principale-ment en un traitement de la difficultéhors du temps scolaire, en l’annonce d’unenouvelle refonte des programmes, et d’unnouveau dispositif d’évaluation des élèveset des enseignants. Les travaux du comitéPochard sur le métier enseignant se pour-suivent , la publication du livre vert estprévue à la fin janvier. La conférenced’étape du 10 décembre fait craindrequ’en fait de revalorisation les propositionsse centrent sur plus d’autonomie pour lesétablissements, une remise en cause des

règles nationales en terme de gestion despersonnels, la mise en œuvre du travaillerplus pour gagner plus.La FSU considère comme indispensable unpuissant mouvement unitaire dans l’édu-cation. Dans cette perspective une nouvellejournée d’action nationale avec grève etmanifestations en janvier est nécessaire. LaFSU la propose aux personnels et recherchel’unité la plus large sur cette proposition.Si une décision unitaire n’est pas possiblela FSU prendra ses responsabilités lors d’unBDFN le 20 décembre en tenant compte deséventuelles décisions des fédérations defonctionnaires.

CLAUDIE MARTENS

éducat ivesCoup de colère

au CSE

Les organisations despersonnels et des usagers*

ont décidé de quitter laséance du Conseil Supérieur

de l’Éducation du13 décembre 2007.

Elles entendaient dénoncerl’absence totale de

consultation de cetteinstance sur l’ensemble des

réformes annoncéespubliquement par le ministre

de l’Éducation Nationale.Elles exigent que le CSE soit

le lieu d’un véritable dialogueavec l’ensemble des

partenaires et qu’il puissejouer tout son rôle de

réflexion, de discussions, etde propositions avant tout

engagement de réforme surl’avenir du système éducatif.

(*) FCPE, Liguede l’Enseignement, UNL, UNEF,

Sgen-Cfdt, FEP-Cfdt, CFDT, Unsa-Education, Se-Unsa, SIEN,

AI, SNPDEN, FSU, SNES, SNUipp, SNUEP, SNEP, SNESUP,

SGPN-Cgt, CGT.

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Action en janvier

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Service minimumLors de sa conférence de presse du 11 décembre, Xavier Darcos a annoncé

sa volonté d’instaurer un service minimum dans les écoles, qui pourraitêtre organisé par les municipalités.

Actuellement, il est déjà possible pour les municipalités d’assurer unservice d’accueil lorsque les enseignants d’une école sont en grève. Le

ministre a évoqué la possibilité de financer ces dispositifs municipaux parles retenues de salaire des enseignants grévistes !

Pour le SNUipp, cela constituerait un véritable détournement de fonds,visant à restreindre le droit de grève des enseignants.

Plutôt que d’un service d’accueil minimum les jours de grève, le ministreserait bien inspiré d’assurer un service public d’éducation maximum

toute l’année. Cela nécessite une toute autre logique budgétaire que lasuppression de milliers de postes dans l’éducation.

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éducat ives Le ppo int ssur…

Alors que sont engagées les discussionssur les conséquences de la suppressiondu samedi matin, Xavier Darcos a défini,dans un texte soumis « pour discus-sion » aux organisations syndicales, « unnouvel horizon pour l’école ». Il dresse,en 6 thèmes et 23 propositions, les

lignes de transformation du premierdegré. L’affichage de lutte contrel’échec scolaire ne saurait masquer leschoix politiques, que le ministre aconfirmé lors de sa conférence depresse du 11 décembre.

Depuis la loi Fillon de 2005 et sa mesurephare, le socle commun, vivementcombattu pour son manque d’ambition,rien n’avait énormément bougé pourles écoles. Le passage de de Robien auministère s’est soldé par quelques modi-fications des programmes. Beaucoup debruit pour peu de choses. Et aujour-d’hui? Les 23 propositions risquent biend’avoir des incidences sur l’avenir del’école primaire. L’objectif annoncé estde « donner à chaque enfant les clés dusavoir et les repères de la société »,l’école primaire étant « la clé dusuccès » de la scolarité. L’acquisition dusocle commun de connaissances et decompétences doit s’organiser « au plusprès des besoins des enfants et desfamilles ». Si le ministre se veut convain-cant, le contexte budgétaire contreditses propos. Parmi les propositions, cellede « diviser par 3 l’échec scolairelourd », puisque « 15 % d’élèves quittentl’enseignement primaire en situationd’échec lourd ». Ambitieux! Certes maiscette notion d’échec lourd nécessited’abord d’être définie, et des solutionsprévues pour les 5 % restants. Autre

volonté: « diminuer significativement letaux de redoublement », partant duconstat que le « redoublement précocen’a aucun impact positif sur la pour-suite de la scolarité », et qu’il estprofondément inégalitaire car lié auniveau socioprofessionnel des parents.Mais s’attaque-t-on aux causes del’échec ou à ses effets? Les proposi-tions ministérielles pèchent par lesabsences. Il n’est en particulier faitréférence ni aux inégalités territorialeset à la politique des ZEP, ni aux dispo-sitifs d’aide existants (les RASED)!Pour lutter contre l’échec scolaire,lorsqu’il n’aura pas pu être réglé par letravail en classe, le ministre mise surles 2 heures dégagées par l’abandon dusamedi matin. « Peu crédible »,affirme le SNUipp qui réclame uneprise en compte des solutions sur letemps de classe, et la reconnaissancedes heures de travail en équipe indis-pensable en particulier pour répondreà l’échec scolaire et rappelle que sonprojet de transformation de l’écoleimplique le maintien de l’horaireglobal de l’élève.

Le pilotage par l’évaluation

D’autres passages du texte sont pour lemoins inquiétants. Il préconise de« distinguer plus clairement les deuxtemps de l’école: temps de la trans-mission des savoirs […] et temps del’accompagnement éducatif ». Est-ceune référence confuse au hors tempsscolaire ou s’agit-il de reléguer certainsenseignements à l’accompagnementéducatif?Concernant les programmes, le recen-trage sur la maîtrise de la langue s’ac-compagnerait d’une réécriture desprogrammes pour qu’ils soient « lus etcompris de tous ». On peut s’inquiéterde l’absence de toute contribution desenseignants, des chercheurs et desformateurs, le ministre ayant déclaré le11 décembre que les textes étaient encours de réécriture.Le texte fait aussi des propositions surle système à travers la question del’évaluation régulière des élèves et desenseignants. Ces derniers seraient entreautres évalués sur les progrès desélèves, ce qui pose de nombreusesquestions. Au-delà de l’évidente néces-

En thèmes et propositions Xavier Darcos annonce « unnouvel horizon pour l’école » alors que sont engagées les discussionssur les conséquences de la suppression du samedi matin

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Les propositions

L’école maternelle reste sur la sellette.

Elles sont réparties en 6 thèmes:• Redéfinir les objectifs de l’école primaireRéduire le nombre de redoublement de 10 %,diviser par 3 le nombre d’élèves en écheclourd, et distinguer les 2 temps de l’école:celui de la transmission des savoirs, et letemps de l’accompagnement éducatif.• Clarifier les programmes et les horairesFixer les contenus par année, redéfinir lesvolumes horaires, avec priorité absolue à lamaîtrise de la langue.• Évaluer les élèves tout au long de l’annéeCréer 2 évaluations nationales en milieu deCE1 et de CM2 (sans examen d’entrée enSixième), en communiquant les résultats auxfamilles, et en les informant sur les réponsesapportées aux difficultés.• Évaluer autrement les enseignantsLa liberté pédagogique est assortie de la priseen compte des progrès des élèves dans l’éva-

luation des profes-seurs des écoles.• Consacrer un temps

de travail adapté àchaque élève endifficulté

Utilisation des2 heures hebdomadaires dégagées par la sup-pression du samedi matin pour améliorer laprise en charge par l’école, mais hors tempsde classe, les difficultés qui n’auraient puêtre traitées lors du travail en classe. Stagessur les vacances scolaires, après le CM1 etavant la 6e, (par des enseignants volontaires).« Plus de maîtres que de classes » là où la dif-ficulté est la plus récurrente.• Redéfinir les missions de l’école maternelleMieux respecter la spécificité de l’écolematernelle, renforcer la formation des ensei-gnants.

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sité de l’évaluation des uns et desautres, l’expérience anglaise devraitêtre examinée, car elle montre que lespolitiques éducatives pilotées par l’éva-luation n’induisent pas forcément laréussite des élèves.Quant à l’école maternelle, mise encause par le Haut conseil de l’éducationen début d’année, elle reste sur lasellette. Les inquiétudes existent; lavolonté de mieux affirmer sa spécificitéserait un point positif si par ailleurs lacaractérisation de « fonction de garde »concernant les très jeunes enfants nevenait jeter le discrédit sur la scolari-sation précoce, alors que nombred’études en montrent les effets positifssur la réussite des élèves.Le ministre a annoncé que ces proposi-tions seraient soumises à discussion.Certaines propositions font certes réfé-rence à des demandes du SNUipp (« plusde maîtres que de classes », questionsde formation à propos de l’école mater-nelle) ont déjà été retenues mais elless’articulent avec la mise en place dusocle commun Fillon et arrivent à unmoment où se discutent des projets etdes annonces remettant profondémenten cause les structures du systèmeéducatif. Reste que le calendrier àmarche forcée, et la méthode choisie(annoncer d’abord, discuter ensuite)et le contexte budgétaire ne sont pasles plus favorables à un véritabledialogue avec les partenaires sociaux.

MARIANNE BABY

l horizon?

questions à

Quelle évolution a connul’école maternelle?Dès 1881, elle s’estconstruite comme le premiermaillon de l’école du peuple.L’essor important des années1950 s’est traduit par la sco-larisation de tous les enfantsde 3 ans. Dès lors que lesobjectifs quantitatifs étaientatteints, l’objectif qualita-tif (« l’efficacité ») estapparu dans le débat.Depuis, sont nés divers mal-entendus sur la nature desexigences, le ryhtme desacquisitions. Les élèves lesmoins avancés sont souventregardés sous le prisme dela difficulté, là où il n’y asouvent que de la différenceavec leurs camarades plusavancés. La maternelle tendà devenir une premièreétape de la compétition sco-laire, une école qui doitmontrer sa productivité avecfichiers, traces du travail.

Cette primarisation est unedes choses qu’on luireproche...L’OCDE critique ouvertementl’orientation trop primarisée

et les évaluations trop sco-laires de la maternelle fran-çaise, critique d’ailleursreprise par le Haut conseilde l’éducation. Il luireproche de ne pas accorderassez d’attention aux besoinsdes petits enfants, de ne pasassez associer les parents. Acontrario, les spécialistes dela chose scolaire regardentdu côté de l’efficacité de lamaternelle, ce que réper-cute aussi le rapport du Hautconseil. À t-elle bien com-pensé les écarts initiaux? Dece point de vue, la réponseest non. Pourtant, elle n’ajamais poussé aussi loinautant d’enfants de 5 à 6 ansquel que soit leur milieud’origine.

Suite aux débats sur l’écolematernelle, quel avenir peut-on lui souhaiter?Parmi tous les scénarios pos-sibles, celui d’une écolematernelle consolidée atoutes ses vertus. Elle doitrester une école passerelleentre le monde de la famille,de la toute petite enfanceet celui de la société, des

Pour lutter contre l’échec scolaire,le ministre mise sur les 2 heures dégagéespar l’abandon du samedi matin. « Peu crédible », affirme le SNUipp

l horizon?

© NETANGE/NAJA

Viviane Bouysse « Maternelle : première étape de la compétition scolaire ? »

Viviane Bouysse, InspectriceGénérale de l’Éducation Nationale.

grands de l’école primaire.Elle doit aussi assurer le pas-sage entre deux modes d’ap-prentissage, des apprentis-sages implicites et incidentsvers des apprentissages gui-dés et structurés. Le pro-blème est de retrouver,grâce à la formation initialeet continue, une pédagogieadaptée pour ceux qui enont le plus besoin, nourris-sante sur les plans culturel etcognitifs mais respectueusede tous leurs besoins.

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La riche histoire des pauvresLes pauvres ont-ils existé, existent-ils encore aujourd’hui ? Cette question peut se poser à la lecture des programmes

d’histoire du collège et du lycée ou en feuilletant quelques manuels. La pauvreté se dessine en creux, mais quasiment

jamais dans la figure du pauvre. Les pauvres n’apparaissent finalement que dans le cadre d’une intégration relative

renvoyant l’idée d’une « bonne pauvreté ». Pourquoi un si grand vide de l’enseignement alors que de nombreuses

études existent?

La FSU déménage !Au 2 janvier 2008, la FSU déménage pour s'installer dans ses

propres locaux, aux Lilas (93)

Un loyer se révélant, au regard des prix de l'immobilier

et du coût du crédit, plus onéreux que l'achat, la fédération

a donc fait l'acquisition de 700 m2 de bureaux aux portes

de Paris. Une surface qui permettra de réunir sous son toit,

outre les bureaux actuels, l'Institut de Recherche et le Centre

de Formation. Le bâtiment accueillera également plusieurs

syndicats : le SNASub, le SNUASFP, le SNPI et EPA.

Tout ce petit monde appréciera de travailler dans un

environnement plus calme, tout de bois et d'aluminium, et facilement accessible : la FSU est à deux pas de la Mairie

des Lilas, de la station du métro du même nom (ligne 11), et, pour les adeptes des déplacements doux, prochainement

équipé d'une station Vélib' !

Attention : les numéros de téléphone et de fax changent également au 2 janvier.

FSU nouvelle adresse :FSU - Fédération Syndicale Unitaire - 104 rue Romain Rolland - 93260 Les Lilas

Métro : mairie des lilas - ligne 11 - Tél. : 01 41 63 27 30 - Fax : 01 41 63 15 48

Commande à l’Institut de recherches de la FSU, 01 44 79 90 41 ou [email protected] euros par livre, 4 euros à partir de 10 exemplaires.

Et si le problème était ailleurs, si l’histoire qu’on enseigne

aujourd’hui ne voulait pas aborder un problème qui dérange,

qui montre la face négative de nos sociétés? Pour aborder

cette question, il faut mener une réflexion sur l’enseignement

de l’histoire sociale. Cet ouvrage propose quelques pistes.

Enseigner les pauvres et la pauvreté : un devoir de (re)connais-

sance pour les oubliés de l’histoire et un devoir civique pour en

finir avec le mépris.

Les textes de ce livre ont été préparés pour les Rendez-vous

de l’Histoire de Blois, en octobre 2006. Laurent Albaret,

Hélène Latger et Jean-François Wagniart ont assuré

la coordination de l’ouvrage.

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Pour no – décembre

DOSSIER

LLaa ssoocciiééttéé eesstt eenn mmaall ddee qquuaalliifificcaattiioonnss ::ll’’ééccoollee ddooiitt yy rrééppoonnddrree eenn ddéévveellooppppaannttlleess ffoorrmmaattiioonnss vveerrss lleess BBEEPP BBTTSS bbaaccsspprrooffeessssiioonneellss DDUUTT NNoouuss oouuvvrroonnss lleeddoossssiieerr

Dossier réalisé parMarianne Baby, Jean-Michel Drevon, Émmanuel Guichardaz, Élizabeth Labaye, Claudie Martens.

Dans les années 80-90, le développement de la voietechnologique, la création des bacs professionnels,ont contribué à l’élévation des qualifications. On estainsi passé de 11,4 % de bacheliers en 1960 (bacgénéral uniquement) à 62,5 % en 2005 avec les troisbacs. L’enseignement supérieur court profession-nalisant s’est développé à partir des années 60,avec les Instituts Universitaires de Technologie et lessections de techniciens supérieurs (STS) débouchéprivilégié de la plupart des bacheliers technolo-giques. Aujourd’hui, pour se mettre en conformitéavec le système européen de diplômes (LMD), leslicences professionnelles se développent, aveccomme objectif le développement de parcours deformation technologique du baccalauréat au master.L’élévation des qualifications est une nécessitéposant la question de l’accès des lycéens à cesfilières universitaires avec encore plus d’acuité.S’il est indispensable de garantir au minimum uneformation de niveau V pour tous, ce dernier serévèle déjà insuffisant pour la plupart des métierset le niveau Bac + 2 et au-delà est celui qu’il fautviser pour la grande masse des jeunes en formation

les voix de la formationQualifications :les voix de la formation

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Pour no – décembre

État des lieux

Premier cycle du secondaireL’ensemble d’une génération est théo-riquement scolarisé au collège jus-qu’en classe de troisième. En réalité,une partie des jeunes 1100 en 2006 surun total de 3090100 élèves quittentavant le collège avant la 3e pour suivredes formations préprofessionnellessous statut scolaire : CLIPA(1) ou CPA(2). À la rentrée 2006 il y avait parailleurs 32600 élèves (4,3 % des élèvesde 3e) qui suivaient une option deDécouverte Professionnelle de 6 heures(DP6) en troisième, essentiellementen Lycée Professionnel.

Second cycle du second degré ladiversification schéma 13 voies de formation sont proposéesdans les lycées : générale, technolo-gique, professionnelle. La voie tech-nologique offre après une secondecommune avec la voie générale, desformations diversifiées Au total 6grandes séries et 28 spécialités entout: ST2L (sciences et technologies dela santé et du social) STI (sciences ettechnologies industrielles), STL(sciences et technologies de labora-toire), STG (sciences et technologies

de la gestion), hôtellerie, techniquesde la musique et de la danse. L’ensei-gnement technique agricole a aussi sapropre filière technologique. Une nou-velle série technologique dans ledomaine du sport est à l’étude. Lesministères successifs depuis plus de10 ans ont eu pour principal souci,sous couvert d’une amélioration de lalisibilité, de réduire le nombre de spé-cialités voire de transformer les sériestechnologiques en séries générales àcoloration technologique.

Les formations au lycée professionnelsont bien plus diversifiées encore sur-tout au niveau des CAP, mais aussi desBEP et bacs professionnels. Un pre-mier parcours mène au CAP (niveau Vde qualification) l’apprentissage y estlargement majoritaire. Le second par-cours mène au baccalauréat profes-sionnel en passant par un BEP. L’élèveentre en seconde professionnelle puisen terminale BEP. Seulement un titu-laire sur deux de BEP accède ensuiteen Première professionnelle pour pré-parer le baccalauréat professionnel enTerminale. Dans le but de réduire letemps de formation, le ministère a

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leur permettant de s’insérer profes-sionnellement mais aussi de vivre etd’agir dans un monde de plus en pluscomplexe. Les familles, les élèvesne s’y trompent pas : la demandesociale est forte de poursuited’études y compris après un bac pro-fessionnel qui n’avait pas été conçupour cela à sa création. La loi surl’éducation votée en 2005 affichel’objectif de 100 % de qualifiés, 80 %des élèves au niveau du bac et 50 %de l’ensemble d’une classe d’âge àun diplôme de l’enseignement supé-rieur.Tout plaide pour une nouvelle étapedans l’investissement éducatif, uneréflexion ambitieuse sur l’avenir desdifférentes voies pensées en syner-gie, avec le développement de pas-serelles et dans la perspective depoursuite d’études pour les 3 voies,des dispositifs facilitant des parcoursde réussite dans le supérieur pourtous les élèves.Pourtant les choix opérés depuis plu-sieurs années vont dans un tout autresens :- réductions budgétaires massivesdans le Service public avec suppres-sions de postes, de sections notam-ment en Lycées Professionnels depuisplusieurs années,- plan de « cohésion sociale » Borloo,qui prévoit de passer de 365 000 en2004 à 500 000 en 2009 le nombretotal d’apprentis ;- implication des Conseils Régionauxdans les formations professionnellestant au niveau des financements quede politiques de plus en plus terri-torialisées accentuant la concurrenceentre formations initiales publiquessous statut scolaire et formation sousstatut d’apprentis ;- suppression programmée de 20 000postes par an dans l’éducation pourles 4 années à venir ;- resserrement des voies de forma-tion au lycée sans doute annoncéavant le printemps ;- généralisation des bac profession-nels en trois ans au détriment desparcours en 4 ans (BEP 2 ans Bacprofessionnel 2 ans).Nous vous proposons dans ce dossierun tour d’horizon de la situation :état des lieux dans le second degré etle supérieur, apprentissage, projetsgouvernementaux, pour mieux com-prendre les enjeux des réformes àvenir.

Schéma : En : des jeunes de ans étaient scolarisés dont en apprentissage Les sorties prématurées du système éducatif se situent

principalement au niveau de la première année de CAP ou de BEP des élèves qui sortent de Première professionnelle quittent le système

scolaire et des élèves qui sortentde Première GT vont en Terminale GT des élèves qui sortent d’une

terminale professionnelle des élèves qui sortent de terminalesgénérales et de ceux qui sortent de terminales technologiques

poursuivent des études supérieures

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Pour no – décembre

du diplôme: cela concerne deux diplô-més sur trois. Là encore, les parcoursne sont pas égalitaires : parmi ceuxqui poursuivent deux ans après la sor-tie de l’IUT, plus de la moitié est titu-laire d’un bac S, et un tiers sont desenfants de cadre, ingénieur, professionlibérale ou professeur.À l’heure où les IUT, pour se mettre enconformité avec le système européende diplômes (LMD), développent leslicences professionnelles, avec commeobjectif le développement de parcoursde formation technologique du bac-calauréat au master, la question del’accès des lycéens à ces filières uni-versitaire se pose avec encore plusd’acuité.

DOSSIERcréé un nouveau parcours en 3 ans, àpartir de la classe de Troisième, pouraccéder au baccalauréat profession-nel. Aujourd’hui, environ 2000 élèvesy sont engagés. Les « bacs pro 3 ans »se sont souvent substitués à des for-mations en BEP et cela a plutôt conduità mettre les élèves en difficultés.

Des passerelles ont été construitesentre ces voies mais bien trop peu.Les 1re d’adaptation, qui permettent àun titulaire du BEP de poursuivre en 1re

technologique ont progressivement étéfermées au gré des réductions budgé-taires . D’autres restent à dévelop-per : de la 2nde générale et technolo-gique à la terminale BEP, du bacprofessionnel aux BTS et DUT…

La diversification du second cycle apermis l’augmentation du nombre dejeunes atteignant le niveau baccalau-réat. Schéma 2 Mais des inégalitéssociales et de genre persistent dans lacomposition des différentes voies. Lapopulation des séries technologiquescorrespond globalement à la moyennenationale en terme de répartition socio-professionnelle, les séries généralesétant tirées vers les « professions libé-rales et cadres », les « professions inter-médiaires » et les enseignants et lesséries professionnelles restant encoreancrées sur les catégories « employés »et « ouvriers ». Une réforme des lycéesqui consisterait à réduire les parcoursen fusionnant en partie les voies neferait que renforcer les discriminations.

1. classe d’initiation professionnelle en alter-nance pour les jeunes de 14 à 15 ans issus deSixième ou de Cinquième.2. classe préparatoire à l’apprentissage pour lesjeunes de 15 ans issus de Cinquième ou de Qua-trième.

Dans les années 80/90, le développe-ment de la voie technologique a contri-bué à l’élévation du niveau de qualifi-cation des jeunes et les BTS sontdevenus aujourd’hui le débouché pri-vilégié de la plupart des bachelierstechnologiques.Ils y réussissent d’ailleurs bien (78 % desbacheliers technologiques inscrits enSTS obtiennent un diplôme). Ces for-mations attirent aussi près de la moitiédes bacheliers professionnels désireuxde poursuivre des études supérieures.Par contre , nombre d’entre eux yéchouent (plus de 60 %).Dans les BTS (comme ailleurs), l’ori-gine scolaire influe fortement sur letaux de réussite: deux candidats surtrois obtiennent leur diplôme, mais letaux de succès des bacheliers générauxdépasse de 11 points celui des bache-liers technologiques et de 32 points

celui des bacheliers professionnels. Laréussite varie également selon le statutdu candidat: le taux de réussite desapprentis ou des candidats issus de laformation continue demeure inférieurà celui des candidats scolaires (66,5 et54,4 % contre 74,3 %). Source DEPP2007.Les STS constituent la principale voied’accès à l’enseignement supérieur desbacheliers technologiques et uneenquête de la DEP (2004) révélait queles élèves sont satisfaits de leur for-mation, avec un point fort sur lecontenu des études, la disponibilité desenseignants, les modalités de contrôledes connaissances. Le diplôme de tech-nicien supérieur permet l’insertionimmédiate sur le marché du travail etdes poursuites d’étude en licence pro-fessionnelle ou vers des grandes écoles.DEPP/ État de l’école 2007.

Les Instituts Universitaires de Techno-logie (IUT) ont été créés au milieu desannées 60, pour répondre aux besoinsen techniciens diplômés de l’époque.Ils accueillent près de 130 000 étu-diants, dans 25 spécialités.Avec les sections de techniciens supé-rieurs (STS, près de 240000 étudiants),ils représentent 75 % de l’enseigne-ment supérieur court professionnali-sant, le reste étant constitué desécoles préparant aux métiers du para-médical et du social.Les lycéens se dirigeant vers les IUT sedistinguent de ceux des STS par le faitqu’ils sont près de la moitié à être issusdu baccalauréat général, et cette pro-portion a tendance à augmenter d’an-née en année. Les élèves titulaires d’unbac professionnel ne sont que 0,6 % àêtre sélectionné pour cette filière !Dans le détail, les étudiants des IUT,toujours par rapport à ceux des STS,ont en général moins de retard scolaire(obtention du bac avant 18 ans), sontmajoritairement des hommes (60 %), ycompris dans le domaine des services.Les IUT ont donc un public spécifique,moins spécialisé que celui des STS, etavec une plus grande propension àpoursuivre ses études après l’obtention

BTS : le débouché desbacs technologiques

IUT : un public bien ciblé

Schéma : Graphique taux d’accès au bac au cours du temps

pour les voies

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Xavier Darcospersiste et signeAlors que la mobilisation monte chezles personnels, Xavier Darcosa confirmé ses orientations dansune conférence de presse mardi 11.Il affiche une volonté de rénovation dela voie professionnelle « pour clarifierl’offre de formation et pour multiplierles chances de réussite des élèves »,en offrant la « possibilité d’un parcoursde formation en deux, trois, ou quatreannées, soit un système plus souple quele palier actuel qui intervient au termedes deux années de formation ».S’il confirme le maintien d’une voiede formation en deux ans, menantau CAP,il confirme la généralisation dela filière de bac pro en 3 ans. Il prétendque cette réforme n’entraînera pasla suppression des BEP,mais l’ambiguïtédemeure lorsqu’il précise que le BEP« continuera d’être délivré aux lycéenstitulaires de deux annéesde formation ». En effet, 2 années deformation ne veulent pas dire maintiend’un cursus de formation préparantau BEP ! Il peut s’agir d’une simplevalidation de deux années sansspécificité particulière,c’est à doreà terme une disparition de faitde cette voie.Des passerelles seraient créées« pour permettre aux titulaires d’unCAP de rejoindre la deuxième annéede formation au Bac pro (la premièreprofessionnelle) et d’obtenir, ainsi,un bac pro en quatre ans ». La FSU a toujours été favorable audéveloppement de passerelles biensouvent les premières sacrifiées. On ne peut donc qu’être sceptiquessur cette annonce,et sa faisabilité.Il confirme par ailleurs que 2008 seraconsacrée à l’extensionde l’expérimentation ! Les recteursdétermineront, en étroite collaborationavec les régions et les branchesprofessionnelles les lieuxet les secteurs où cette extensionest souhaitable.

Les projets gouverne

Sans aucune concertation, Xavier Dar-cos, ministre de l’Éducation natio-nale, a annoncé la généralisation desbacs pros d’ici 2010. « Une premièreétape à la rentrée 2008 consisterait àremplacer 25 % des secondes profes-sionnelles BEP par une 1re année debac pro. » Début octobre une noteaux Recteurs avait précisé le « plan devalorisation et de rénovation de l’En-seignement Professionnel ». Prioritésaffichées : développement du Lycéedes Métiers, refondation de l’offredes diplômes et renforcement du pilo-tage par objectifs de la carte des for-mations. Les orientations prônent ledéveloppement du Baccalauréat Pro-fessionnel en 3 ans et le resserre-ment de l’offre des diplômes, avecsuppressions de divisions à effectif« insuffisant » (moins de 18 élèves).Dans les académies, des informationssur la préparation de la rentréeconfirment que sont envisagées desfermetures de nombreux BEP. XavierDarcos face à la mobilisation a dû

cependant mettre un bémol à ses pré-tentions en ce domaine sans revenirsur le fondL’amélioration des qualifications d’unnombre plus important de jeunes et lavalorisation de l’Enseignement Pro-fessionnel sont une bonne chose, et lapression sociale tend aujourd’hui àfaire déboucher le Bac Pro vers desétudes supérieures, comme entémoigne la mesure ministérielle quiassure aux bacheliers « avec mention »une place en STS. Mais la généralisa-tion à marche forcée y répond-elle ?D’une part, on pourrait voir les « BacPro 3 ans » jouer un rôle de nouveau« baccalauréat technologique » (oubac techno bis), une part importantedes jeunes ayant pour objectif princi-pal une poursuite d’études dans l’en-seignement supérieur et non une inser-tion professionnelle directe. Laformation serait alors modifiée pourpermettre cet accès (augmentationde la « conceptualisation » au détri-ment de la partie professionnelle),©

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DOSSIERUne préoccupationde l’internationale

de l’Éducation L’enseignement professionnel a fait

l’objet d’une résolution particulière aucongrès de l’Internationnale de

l’éducation(1) réuni en juillet dernier àBerlin rappelant un certain nombre defondamentaux partagés par l’ensemble

des organisations adhérentes. Ainsi « Unenseignement professionnel moderne se

doit de prendre en compte le droit desjeunes de choisir librement leur

formation professionnelle. Enconséquence, il doit proposer assez deplaces dans le système de formation dupays, dans le monde du travail et assezd’enseignants dans le système scolaire.

La responsabilité publique pour les offresde formation ne peut pas être déléguée

complètement aux entreprises. Le droit àune formation de qualité et transférable

doit être assuré et garanti par l’État. »La place de l’enseignement professionnel

doit être clairement définie et sonimportance stratégique réaffirmée. Il

doit comprendre l’acquisition decompétences professionnelles ayant uncaractère suffisamment générique pourassurer un minimum d’autonomie dans

un monde du travail en constantchangement, de même que l’acquisition

et le perfectionnement d’une solideculture générale.

Il faut également que les qualifications etles diplômes puissent offrir des

passerelles et rendre possible despoursuites d’études supérieures et

universitaires, qu’elles soient reconnuessur le plan national et international

La formation initiale des enseignants del’éducation générale et professionnelle

doivent être de même qualité etrépondre aux exigences professionnelles

actualisées

1. L’Internationale de l’Éducation représenteplus de 30000000 d’enseignants et les

travailleurs de l’éducation. 348 organisationsmembres sont actives dans 169 pays et

territoires. Le SNES le SNUIPP, le SNEP, le SNCSsont adhérents, le SNESUP est en cours

d’adhésion.

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nementaux

mais cette transformation devrait êtrenégative pour les jeunes qui réussis-saient grâce aux enseignements pro-fessionnels et souhaitaient une inser-tion dans la vie active à ce niveau.D’autre part, le cycle BEP-BAC en 2 + 2développé depuis 1986 a permis derépondre à un véritable besoin desjeunes et d’augmenter significative-ment le nombre global de bacheliers.Ces projets risquent à terme en fait defaire éclater les 2 voies, technologiqueet professionnelle, qui ont chacuneleur spécificité avec selon les profilsd’élèves, des possibilités de réussitepour tous, sans réel profit pour l’en-semble des élèves.D’autre part, la suppression des for-mations au BEP alors qu’une partie dupublic scolaire y trouve une remotiva-tion, permettant d’enclencher un par-cours de réussite, risque non seule-ment d’exclure ces élèves depoursuites d’études, mais posera leproblème de recrutement de main-d’œuvre qualifiée à ce niveau. Il y a

besoin de mettre à plat les forma-tions, en développant celles où lesbesoins en qualifications s’accroissent. Les syndicats enseignants du seconddegré de la FSU (Snuep, Snetap, Sneset Snep) estiment que ces mesures« correspondent pour l’essentiel à desobjectifs d’économie budgétaire quine font que peu de cas de l’élève et desa formation ». En effet, la suppressiondes sections de BEP ne peut qu’en-traîner un accroissement des sortiessans qualification du système éducatifcar, faute de moyens accordés au col-lège pour accroître la réussite desélèves, nombre d’entre eux ne pour-ront en fin de 3e accéder à un bacca-lauréat professionnel en trois ans aulieu de quatre actuellement. Même sipasser un BEP à la fin de la 2e annéerestait possible, ce serait bien difficileaux élèves de s’y préparer faute d’en-seignement spécifique à ce diplôme.Le risque est grand d’une éjection desélèves en fin de 3e vers l’apprentis-sage.

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C’est ce qu’annonçait en 2005 le plande « cohésion sociale » Borloo, enprévoyant de passer de 365 000 en2004 à 500 000 en 2009 le nombretotal d’apprentis. On n’y est pasencore malgré les nombreuses incita-tions destinées aux employeurs et auxjeunes (crédit d’impôt d’un montantde 1600 euros par apprenti, exonéra-tion de fait de l’impôt de la rémuné-ration de quasiment tous les appren-tis…).Les Régions, qui ont depuis les pre-mières lois de décentralisation com-pétence sur l’apprentissage ont pu(dû ?) conclure avec l’État et leschambres consulaires des contratsd’objectifs et de moyens (COM),accentuant souvent la concurrenceentre formations initiales publiqueset formation sous statut d’apprentis.Si l’apprentissage s’est développé(403000 jeunes fin 2006), il l’a fait demanière inégale sur le territoire et saplus grande progression est enregistréedans les formations niveau IV et dansle supérieur. La grande majorité desapprentis du niveau III viennent d’uncursus scolaire au lycée et non d’unniveau IV obtenu par apprentissage.(voir tableau)Les ruptures de contrats restentimportantes (25 %) dans les forma-tions de niveau V et les entrepriseshésitent à proposer des contrats d’ap-

500000 apprentis en 2009?©

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Métropole + DOM

Sources : CEREQ enquête 51, DEPP État de l’école n° 17- 2007 - Page 24.

Évolution ddes eeffectifs dd’apprentisselon le niveau dde fformation

prentissage à des jeunes en difficultéscolaire.C’est l’une des explications de l’échecdu dispositif apprentissage-junior : larégion Alsace s’était ainsi inquiétée dumanque d’empressement des entre-prises et du peu d’appétence desjeunes eux-mêmes pour un dispositifvécu à juste titre comme une reléga-tion, loin du système scolaire et de« vraies » formations.Car il reste une constante du point

de vue des familles et des jeunes :quand il y a choix réel entre formationen alternance et formation en lycéeprofessionnel, c’est cette dernière quiest choisie, à raison puisque les pos-sibilités d’acquérir un diplôme, des’insérer professionnellement ou depoursuivre une formation ultérieuresont plus importantes dans ce cadre.D’où l’importance de la carte desformations, des Plans Régionaux deFormation Professionnelle, de l’enga-gement de l’État. Or l’offre d’ensei-gnement professionnel public est déjàsérieusement entamée et les prévi-sions du budget 2008 entérinent denouvelles aggravations. Si le gouver-nement arrivait à atteindre l’objectifannoncé des 500000 apprentis met-tant l’apprentissage quasiment auniveau de l’enseignement profession-nel public, le risque de basculementvers un système unique de formationprofessionnelle, plus proche dumodèle européen libéral, serait àcraindre.C’est dans ce contexte que l’annoncedu ministre X. Darcos sur l’extensionpuis la généralisation du bac pro entrois ans au détriment des formationsBEP et CAP prend sens, au-delà desréductions budgétaires : où seraientorientés les jeunes qui ne pourraientpas accéder à un bac pro trois ans ?vers un apprentissage généralisé luiaussi au niveau V ?

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Le ministre souhaite généraliser lebac pro en trois ans. Comment appré-ciez-vous cette mesure ?Nous avons toujours pointé l’intérêtque peut revêtir cette formule pourles jeunes en capacité de faire « plusvite », comme pour certaines spécia-lités de bac pro qui ne nécessitentque peu de prérequis issus du BEP. Acontrario nous en avons aussi pointéles limites. Les jeunes qui parcourentactuellement les cursus de la voieprofessionnelle ne sont pas tous encapacité de réussir un parcours rac-courci. Il y a l’effet psychologique dupalier du BEP qui donne une premièrequalification, qui rassure et permetde se remotiver. Ensuite, il y a toutsimplement des vitesses d’acquisitiondes apprentissages qui sont différents.C’est le double effet 2+2.

La disparition des BEP induite parcette réforme pose-t-elle des pro-blèmes en terme de relation qualifi-cation/emploi ?Il n’y a pas de disparition des BEP, leministre l’a clairement indiqué finnovembre.Il n’en reste pas moins qu’il faudrasubstituer un nouveau parcours « deuxen un » en parallèle et sur trois ans,à un parcours linéaire et séquentiel endeux ans plus deux ans.La relation qualification/ emploi estun autre sujet. Il y a des secteursprofessionnels où il n’y a pas de pos-sibilité d’insertion, ni avec un CAP, niavec un BEP. Là, il faudra que la cer-tification intermédiaire permette, parla certification de compétences géné-rales et transversales, de s’insérerdans un parcours professionnel dereconversion ou d’emploi généraliste.

Et en terme de parcours de réussitepour les jeunes ?L’élévation du niveau des qualifica-tions rend nécessaire de tout mettreen œuvre pour amener le maximum dejeunes au niveau du bac. Il doit y avoirmobilisation de tous les moyens per-mettant d’atteindre cet objectif.L’enjeu est un enjeu social autantqu’économique, le coût global dessorties sans qualification est bien plus

Jacques Perrin : « Pas de concurrence entre les voies »

Il faut rechercher les moyens de luidonner une visibilité réelle, qu’ellesoit accessible partout. Cela passepar des cursus moins lourds, desmoyens matériels implantables par-tout, des taux de réussite au bac

identiques à toutes les autres séries,des possibilités de poursuites d’étudesmoins étroites, etc. Il ne doit pas yavoir de concurrence entre les deuxvoies. Pour atteindre l'objectif de50 % d’une classe d’âge diplômée del’enseignement supérieur, on ne peutpas se passer de la voie technolo-gique qui représente environ 30 % desbacheliers de ce pays. On ne peutpas non plus se passer de la voie pro-fessionnelle, notamment en amélio-rant l’accueil des bacheliers profes-sionnels en STS et IUT. Donc, il n’y aqu’une seule solution : la mise ensynergie de ces deux voies. Cela passepar des passerelles organisées et effi-caces, par des actions communes.Bref, il est temps que ces deuxmondes se parlent.

EXTRAIT DE L’INTERVIEW DONT L’INTÉGRALITÉ

SE TROUVE SUR LE SITE DU SNES.

pénalisant pour le budget général dela nation que la part qu’elle écono-mise dans le budget de l’Éducation.

Y voyez-vous un moyen de relancer leCAP ?Les préparations auxCAP ont quasimentdisparues des forma-tions scolaires. Sansdoute faudra-t-il enreconstruire, maiss’il n’y a pas d’em-ploi à ce niveau danscertains secteurséconomiques, il neserait pas judicieuxde les maintenir.Dans le cadre desparcours de bac protrois ans il n’estpeut-être pasabsurde de prévoir lapossibilité de consti-tuer des groupes debesoins pour ceux quiéprouveront des dif-ficultés avérées pourles préparer plus spé-cifiquement à lapréparation au BEP.

Comment améliorerla réussite desbacheliers professionnels notammenten BTS ?Il ne faut pas laisser les bacheliers pro-fessionnels s’inscrire dans n’importequelle spécialité de STS. L’informa-tion, voire la préparation en amont, estindispensable. La seconde conditionest de les accompagner pédagogique-ment. Il faut à leur entrée en STSconstruire des parcours d’accompa-gnement quasi individuels qui ont pourobjet de les amener en quelques mois,voire quelques semaines, à rejoindre leparcours commun.

Selon vous, quelles seront les consé-quences de la généralisation des bacspro 3 ans sur la voie technologique.Concurrence ou synergie ?Sans rénovation draconienne de lavoie technologique les conséquencessont imprévisibles.

DOSSIER

Jacques PERRIN inspecteur Général de l’Éducationnationale Doyen du groupe « Sciences et Technologies

Industrielles »

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Le ppo int ssur…c’est ddemain

L’Institut anime des chantiers derecherche sur divers sujets relevantde l’enseignement, de la rechercheet de la culture ou de l’actualité éco-nomique et sociale. Il organise desdébats sur ces sujets, participe à desstages de formation, à des colloques.Il publie une revue trimestrielle, Nou-veaux Regards1. Le dernier numéro(n° 37-38) offre deux dossiers fonda-mentaux: l’un sur le travail, l’autre surla carte scolaire. Le numéro 39 quiparaîtra début décembre en propo-sera deux nouveaux: l’un sur la sécu-rité, l’autre sur le développementdurable.

toire des instituteurs de la seine deRobert Hirsch. Dans la collection Com-prendre et Agir vient de paraître Lariche histoire des pauvres, sous ladirection d’Hélène Latger, Jean-Fran-çois Wagniart et Laurent Albaret. Dansla nouvelle collection « Du Temps/Ins-titut de recherches de la FSU » vientde paraître Reconstruire l’éduca-tion de Gilbert Dalgalian et va sortir un« contre-Brighelli », La fabrique dugénie, écrit par Frank Rimbert.

Le visible et l’invisible

Tout cela c’est la face visible de l’ac-tivité. Mais la face invisible, ce sont leschantiers qui visent à produire des tra-vaux originaux, réalisés par des cher-cheurs de l’institut en collaborationavec des chercheurs extérieurs, tra-vaux destinés à éclairer l’action syn-dicale. L’institut s’est doté d’unconseil scientifique de 20 personnesdont quatorze personnalités reconnuesdans leur domaine comme (Agnès VanZanten, Dominique Lhuilier, FlorenceLefresne, Claudine Kahane, GérardMauger, Bertrand Geay, Pierre Moe-glin, José Rose…). Dans un monde com-plexe, comprendre est aussi décisifqu’agir. L’institut poursuit cet objec-tif avec détermination et malgré lesdifficultés et contradictions quoti-diennes. La confrontation entre desmilitants qui pourraient avoir tendanceà privilégier le court terme, l’efficacitédu slogan et de l’action et des cher-cheurs qui ont parfois tendance àoublier de confronter leur objetd’étude avec la pratique et la poli-tique au sens noble du terme estféconde si tout le monde veut bien enaccepter les contraintes.S’il représente pour de nombreux mili-tants de la FSU à la fois un outil deréflexion et de recherche mais aussi unlieu de prolongement de leur travail,de mise en perspective, l’institut esttotalement autonome des instances

Les recherches et débats sont publiéssous forme de Cahiers de l’Institut oude Dossiers de l’Institut auxquels leséquipes militantes font souvent appel.Ils sont téléchargeables sur le kiosquede l’institut (http://institut.fsu.fr/kiosque/telechargement/telecharge-ment.htm).Il y a enfin les livres qui ont beaucoupfait pour la renommée de l’institut enFrance et à l’étranger. Huit livres sontprogrammés. Dans la collection « Par-cours engagés »; trois récits de vie demilitants: Eugène Péaud, Frnacis Arza-lier et l’autobiographie intellectuellede Georges Snyders, ainsi que L’his-

L’institut de recherche d

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L’Institut de Recherche Historiques Économiques Sociales et Culturelles (IRHESC) a été crééen à l’initiative de la Fédération syndicale unitaire de l’enseignement de la rechercheet de la culture (FSU) C’est une association loi qui réunit outre des militants de la FSUde nombreux partenaires du monde associatif et syndical dans son conseil d’administration

L’institut de recherche d

L’institut a sa revue

L’institut publie sa revueintitulée Nouveaux regards. Ausommaire du numéro de rentrée,un grand dossier intitulé«Changer le travail, changer lavie», qui montre à quel point ilest urgent de prendre à bras-le-corps la question du travail. Le Forum est consacré à la cartescolaire, et démonte piècepar pièce les fausses évidencesqui alimentent la volontéde la supprimer, tout en ouvrantdes pistes pour la rendre plus juste et plus efficace. La revueest composée de rubriques : Arts, Grand entretien, Univers des sciences, Regards surl’Institut, Livres...

Commande à l’Institut de recherches de la FSU

[email protected] ou 0144799041Le numéro : 12 euros

(10 euros à partir de 10 exemplaires).

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de celle-ci. C’est une des richesses dela fédération d’ailleurs, lors de grandescampagnes, comme par exemple lorsdu foisonnant débat sur l’Europe et lamarchandisation de l’école, que depouvoir alors s’appuyer sur la contri-bution stimulante de l’institut.

JEAN-MICHEL DREVON

questions à

Qu’est-ce qui fait la spécifi-cité de l’institut de re-cherches de la FSU?Le but premier de l’institutc’est d’éclairer l’action desprofessionnels de l’éduca-tion, de la recherche et dela culture grâce à desrecherches sur les pro-blèmes qu’ils rencontrentdans leur vie professionnel-le et sociale.En ce sens, l’institut a undouble lien avec la rechercheet avec l’action. Cette réfé-rence dédoublée n’est passimple: l’objectif n’est passeulement de faire avancerles connaissances mais c’estaussi de tenter d’intégrer dessavoirs aux pratiques. C’estpourquoi les participants auxchantiers de recherche del’institut sont tout autant deschercheurs et des ensei-gnants-chercheurs que desmilitants appartenant auxsyndicats de la FSU.Ce double ancrage de l’ins-

titut génère une tension dy-namique entre la nécessaireautonomie et la longue duréede la recherche et les ur-gences temporelles de l’ac-tion. L’originalité de l’insti-tut c’est de parier sur lafécondité de cette tension.

Quel est le rôle du conseilscientifique?Composé paritairement dechercheuses et de cher-cheurs reconnus par leurspairs et reflétant une diver-sité de champs scientifiques,le nouveau conseil scienti-fique de l’institut a une triplemission: donner son avis surle programme de recherchesde l’institut, proposer denouveaux thèmes de re-cherches et procéder au re-crutement de jeunes cher-cheurs.L’institut a besoin de ce re-gard « externe » pour mieuxasseoir sa mission de re-cherche.

François Bouillon :« L’institut a un double lienavec la recherche et avec l’action »

La lettrede l’institutÁ la revue et aux livres s’ajoute laLettre de l’institut qui paraît réguliè-rement depuis avril 2007. Son objec-tif est de faire le lien entre deuxnuméros de la revue Nouveaux regardset de proposer des pistes pour « ensavoir plus » sur un événement ou unproblème que nous rencontrons dansnos pratiques professionnelles ou mili-tantes. Lettre électronique mensuelle,téléchargeable sur le site, dont troisnuméros sont parus: l’Europe, la cartescolaire et les statistiques ethniques.Sont en chantier une lettre sur la sécu-risation des parcours professionnelset une autre sur l’histoire de la poli-tique salariale dans la fonctionpublique.Toutes les publications sontaccessibles sur le site de l’institut :http ://institut.fsu.fr

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Qu’attendez-vous de la FSUet de ses militants?L’institut a avant tout be-soin de l’investissement de laFSU et des militants dans sonactivité. Nous attendons leurimplication dans nos chan-tiers. Ainsi, nous démarronsun chantier sur la question« Qui sont et que font lesenseignants? »; nous souhai-tons que les syndicats ensei-gnants de la FSU en soientpartie prenante. D’autrepart, nous tenons les 22 et23 janvier un Forum sur« Travail et syndicalisme »qui concerne tous les syndi-cats de la FSU, leur présenceest indispensable.

François Bouillon estprésident de l’Institut.

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Phéniciens etMéditerranée

On sait peu de chosessur les Phéniciens quioccupaient le Libanactuel avec quelqueskilomètres en plus aunord et au sud.Ce peuple inventeurde l’alphabet a laissépeu d’écrits derrièrelui. Depuis quelquesdécennies, la recherchesur les Phéniciensd’Orient, tant sur leterritoire proprementphénicien qu’à Chypre,a révélé l’originalité dece peuple et de l’artphénicien, qui a inspirél’art punique.Les Phéniciens ont étéde remarquablesartisans, sculpteurs,architectes, urbanistes.SI l’architecture est malconnue, peu demonuments ayantsubsisté, la statuaireest, en revanche,fascinante et les objetsmobiliers sont d’ungrand raffinement.Institut du monde arabeJusqu’au 20 avril 2008

Paris encouleurs… desfrères Lumièreà Martin Parr

À l’occasion ducentenaire de lacommercialisation del’autochrome, premierprocédé industriel dephotographie couleurinventé par les frèresLumière, l’expositionParis en couleursdévoile au public 300photographies inéditesde la capitale. Prisesentre 1907 etaujourd’hui, ces imagescouleurs témoignentdes transformations dela ville et de l’histoirede la photo couleur:images des Archives dela planète, films courts(1907-1930), tirages

originaux de GisèleFreund, vuesde l’Expositioninternationale de 1937,de la vie des parisiens(1930-1960), enfinphotos d’artisteset de mode (des années60 à nos jours).Hôtel de Ville5, rue Lobau Paris 4°

Le goût auxXVIIIe

et XIXe siècle

La vie artistique dansl'Europe du XVIII

e siècle aété animéepar la constitutionde collections d'œuvresd'art, qui ont à leurtour contribué audéveloppement desmusées dans le courantdu XIX

e siècle. La familleEsterházy et surtoutle Prince Nicolas II, unEuropéen convaincu,se sont passionnés pourl’art.jusqu’au 7 janvierChâteau de Compiègne

Photique

En novembays.Du 6 au 11 novembrewww.asiexpo.com

Antarctica

Les clichés duphotographe SebastianCopeland témoignentdu réchauffementclimatique enAntarctique.Partenaire de l’ONGGreencrossInternational, SebastianCopeland lui reversera5% des ventesde ses œuvres. Son livre Antarctica,Alerte sur la planètevient de sortir au moisde novembre.www.antarcticabook.com

Contre-lettrede mission

Réutilisant la lettrede missiondu président, desartistes ont rédigéun long texte pourservir de baseà une politiqueculturelle. Ilsmettentnotamment enévidence le manque

de démocratie lié au déséquilibrepersistant entre Paris et les régions,« politique d’addition de guichets et deprojets au détriment de la cohérenced’ensemble », prise en compteinsuffisante de la diversité culturelledes populations et de la sensibilisationdes publics, faible renouvellementsociologique des personnes fréquentantles lieux culturels.Les industries culturelles sont de leurcôté à l’origine d’une part croissantede la richesse et de l’emploi en mêmetemps qu’elles pèsent, de manière tropsouvent hégémonique, sur la notionmême de culture, confondantles « œuvres » et les « produits »,le projet artistique et l’impératifde rentabilité financière.Les artistes signataires demandententre autres choses à la ministre,d’élargir les conditionsde fréquentation des lieux culturels,de prendre en compte l’ensembledes expressions artistiques, de mettreen œuvre la « diversité culturelle »définie dans les textes de l’UNESCO.Ils proposent également d’organiserun « Grenelle de l’éducation artistiqueet culturelle ».Ils réclament de France Télévisions uneplus forte identité de service public,avec un cahier des charges qui évitela référence unique à l’audimat.Les signataires proposent d’expertiserla proposition d’un « chèque culture »remis aux familles les plus défavoriséespour leur permettre d’accéder auxéquipements culturels de leur choix.Ils souhaitent que les aides publiques àla création permettent un soutienaffirmé aux formes de création lesmoins inféodées aux canonsacadémiques ou aux productionsstrictement commerciales.

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C’est à Lyon

Jusqu’au 16 janvier2008, c’est la

Biennale d’artcontemporain à

Lyon. Rendez-vousdepuis dix ans avecles univers de la création actuelle, elle essaimedans la ville et sa région expositions, débats et

conférences autour de l’avenir de l’art.À la question posée par la Biennale 2007 :

« Quel(le) est selon vous l’artiste qui a ou a euun rôle essentiel dans les années 2000? », le

musée Paul-Dini offre une réponse avec leparcours 50 artistes de Rhône-Alpes, œuvresrécentes d’artistes ayant un lien de vie ou de

travail avec la Région. Jusqu’au 10 février.

Luxe et tradition, le musée des tissus de Lyonfête les 70 ans du carré Hermès avec un

parcours de spécimens que lui a offert la MaisonHermès. Ces célèbres foulards sont fabriqués

tout près de Lyon, en Isère. La haute technicitéexigée par l'impression au cadre est utilisée pour

la fabrication de ces foulards, traditionremontant aux indienneurs du début du XIXe

siècle. Jusqu’au 6 avril.

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Opéras: les régions sous restriction

Rien ne va plus sur les scènes lyriques.Touché par les mouvements sociaux enraison des attaques contre le régime spé-cial de ses salariés (voir ci-dessous),l’opéra de Paris a dû annuler plusieursreprésentations depuis le 18 octobre. Aumême moment, les opéras en région vien-nent de recevoir le montant de leur allo-cation budgétaire pour 2008. Les petitsopéras de province sont plus qu’inquiets.Raymond Duffaut, l’homme qui a relevéles Chorégies d’Orange moribondes, etdirige par ailleurs l’opéra d’Avignon s’estoffusqué de la rumeur d’une suppres-sion totale de l’aide d’État que perçoitson théâtre: « Ce serait l’arrêt de mortde nos maisons car nous devrions sup-primer plusieurs productions chaque sai-son ». Et le chef d’orchestre Jean-YvesOssonce qui dirige le Grand-Théâtre deTours, d’expliquer: « D’après nos infor-mations, le ministère de la Culture s’ap-prêterait à sucrer les subventions desopéras d’Avignon et Metz, tandis quecelle de Tours serait divisée par deux en2008, puis supprimée en 2009 ».Au ministère, on ne sait rien. Enfinpresque : Jean de Saint-Guilhem quidirige la danse, le théâtre, la musique etdes spectacles renvoie la balle à sesdirections régionales: « les Drac sontrelativement autonomes dans la défini-tion de leurs budgets » et assure qu’il« n’a jamais été question de diminuer lasubvention de Tours ». Avouant une cer-taine « tension budgétaire », le directeura cependant lâché: « que la politiquelyrique en région sera certainementréorientée ».

6 + 1,6 = 7,6 % de « légère baisse »?

Faut-il comprendre qu’une sélection seraréalisée parmi les opéras? La réponse setrouve sans doute dans la mise au pointde la ministre, Christine Aubanel, quiassure que les aides d’État resteront auniveau de 2007 « 25,1 millions d’eurossont destinés aux opéras en région, soitune légère baisse à hauteur de 0,4 mil-lion ». Mais il faut ajouter à cette« légère baisse », les fameux crédits deprécaution imposés par Bercy aux minis-tères, soit une réserve de 6 %.

Mauvaise ssurprise àà ll’annonce ddu bbudget dde lla cculture : lles ppetits oopéras rrégionaux(Tours AAvignon MMetz…) vverraient lleurs aaides cconsidérablement rréduites aalors qque ttrois sscènesparisiennes nnouvelles ssont aannoncées «« La mmort dde ll’opéra een rrégion » pprédisent llesdirecteurs ddes oopéras cconcernés

Dès lors, rien d’étonnant à ce que lesdirecteurs des opéras concernés main-tiennent leurs réserves: « Je prends lepari que le gel de 6 % sera confirmé ets’ajoutera à la baisse de 1,6 % annon-cée ». Les décisions seront prises le15 décembre.Raymond Duffaut ne cache pas son pes-simisme après sa rencontre avec laministre début décembre: « elle m’a ditque les budgets seraient difficiles, maisqu’elle essaierait d’être vigilante surles décisions ». Pour le directeur artis-tique d’Avignon, « diminuer les subven-tions, c’est, à terme, condamner à mortles petits opéras régionaux ».L’opéra d’Avignon, par exemple, pro-duit cinq opéras, quatre opérettes et unou deux ballets. Les aides nationales

servent non pas au fonctionnement, maisjustement à ces productions. Quatreopéras seraient ainsi supprimés. Le publicdu Vaucluse et des départements limi-trophes se retrouverait ainsi sans possi-bilité d’assister à des œuvres lyriques. Enrevanche, la Philharmonie de La Villette,l’Opéra-comique et Chaillot, trois scènesparisiennes bénéficieraient de nouvellesaides. « Je ne suis pas opposé auxmesures nouvelles, mais pas au détri-ment de l’acquis ni des régions » conclutRaymond Duffaut.

VÉRONIQUE GIRAUD

Quatre statutsLes vingt-sept opéras françaisrelèvent de quatre statutsdifférents en plus du label Opéranational octroyé à Bordeaux, Lyon,Montpellier, Nancy, Pariset Strasbourg.Les régies municipales sont les plusnombreuses (dont Avignon, Metz etTours touchés par les restrictions).Les EPCC (établissement public decoopération culturelle) permettentde réunir plusieurs établissements.Les EPIC (établissement public àcaractère industriel et commercial)sont plus rares (Vichy ou l’Opéra-comique).Enfin quelques associations(Compiègne ou le Châtelet à Paris).

Grève à l’opéra de Paris

Le 26 octobre, les syndicats CGT, FO, FSU etSu ont appelé à une grève de 5 jours qui a blo-qué les représentations des opéras de Paris.Les 1680 salariés permanents cotisent à leurpropre caisse de retraite qui est à l’équilibregrâce à une subvention d’État d’environ 10 mil-lions par an. Il s’agit du plus ancien régime spé-cial (avec celui de la Comédie Française) quia été créé par Louis XIV en 1698. Ce régimepermet notamment aux musiciens ou aux choristes d’envisager une retraite à un âgedécent sans attendre les 40 ans de cotisations. Par ailleurs, dans tous les grands opérasdu monde, les danseurs partent à l’âge de 40 ans…

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Pour les opéras régionaux la baisse desaides équivaux à la suppression de plus dela moitié des productions lyriques

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Le ppo int ssur…

Le 23 octobre, Christine Albanel expo-sait la volonté gouvernementale d’ex-périmenter la gratuité de 14 muséeset monuments nationaux entre janvieret juin 2008. Une expérimentationbien nécessaire car, au regard des

études et des expérimentations euro-péennes, la gratuité des collectionspermanentes des musées ne favorise« l’attirance plus large des publicsvers les lieux de culture », objectifénoncé par la ministre de la culture,

les autres efforts : déplacement,temps passé… et met en avant lerisque de déception de la visite,d’agacement lié à la foule.Pour les habitués (ayant fait au moinsdeux visites dans l’année), la gra-tuité peut accélérer ou retarder lavisite mais le désir de visite est plusfort que l’impact du prix.Pour les non-visiteurs (pas de visitedans l’année), la gratuité n’est pas leproblème, les musées ne sont pasassez attractifs, trop complexes.En conclusion, la gratuité peut don-ner une représentation négative dela visite sauf si elle est périodiqueet fonctionne comme une promo-tion. Les résultats montrent que lapolitique de la gratuité en Franceest mal adaptée, sa communicationdéficiente, les objectifs affichéspeu clairs. On est là au milieu duchemin qui reste à faire pourconquérir de nouveaux publics. Orl’annonce du ministère de la cul-ture ne semble pas tenir compte deces résultats. On en reste à l’affi-chage médiatique.

Une gratuité ciblée est efficace

Ce problème de la gratuité, quitouche toute l’Europe depuis lesannées 80, a été l’objet d’une autreétude plus ancienne menée parClaude Fourteau, pionnière de cesquestions. Son questionnement ori-ginal était: « Cet idéal de partage dela culture est-il porté également parle public ? Est-ce que le public donnele même sens à la gratuité que lesacteurs institutionnels des musées etmonuments ? ».C’est pour le Louvre que Claude Four-teau a conduit son enquête Chaquedimanche, de 1996 à 2000, le publicvenant au musée a été interviewé et,après un traitement par plusieurséquipes et comités scientifiques, lesrésultats ont construit la premièrevision scientifique de la gratuité. Dès1998, au vu des résultats, le Louvreprenait la décision de la gratuité d’undimanche par mois. Ce n’est qu’en2005 que le ministère l’adopta pourtoute la France. Pour cette nouvelleexpérimentation, Claude Fourteaun’a pas été consultée…

Quatorze musées et monuments nationaux gratuitspendant le premier semestre Un beau coup depub institutionnelle pour le gouvernement ! Etaprès ? Des études fournissent des réponses sur leseffets de la gratuité sur le public

La gratuité est-elle

Pour les habitués, le désir de visite est plusfort que l’impact du prix.

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que si elle est accompagnée d’unepolitique des publics.Or l’annonce d’expérimentationsemble étendre la gratuité mise enplace avec succès les premiersdimanches du mois alors que les résul-tats des études menées pour le Minis-tère de la culture par cinq cher-cheurs, donnent des pistes beaucoupplus nuancées*.

Une idéologie de la gratuité

À partir d’études sur le comporte-ment du consommateur vis-à-vis de lagratuité et de l’impact de cette der-nière sur la fréquentation, il ressortque la gratuité a pour effet une aug-mentation de la fréquentation à courtterme mais à moyen et long terme,une augmentation nulle.Pour les chercheurs, les résultats descollectes de 2003 et 2004 auprès dupublic peuvent se résumer ainsi : lagratuité est secondaire dans laconstruction et la réalisation d’unprojet de visite. Supprimant l’effortmonétaire, elle met au premier plan

La gratuité en pratiqueLes quatorze établissements sélectionnés setrouvent sur toute la France. À Paris et enrégion parisienne, le musée d’archéologienationale de Saint-Germain-en-Laye, le muséede Cluny-musée national du Moyen Âge, lemusée national de la Renaissance d’Ecouen,le musée Guimet, le musée des Arts etmétiers et le musée de l’Air et de l’Espace duBourget.Dans les régions, cinq musées et monumentsliés à l'histoire de France : le musée de laMarine de Toulon, le musée national du châ-teau de Pau, le palais du Tau à Reims, quiprésente les objets des sacres des rois deFrance, le palais Jacques Cœur à Bourges et lechâteau de Pierrefonds. Pour les arts décora-tifs et l’art contemporain: le musée de por-

celaine AdrienDubouché àLimoges et lechâteau d’Oi-ron. Enfin, lemusée Magnin à Dijonoù tous les musées sont déjà gratuits.Parallèlement, pendant cette période, seronttestées des gratuités ciblant des catégories depublics. Quatre grands musées parisiens pro-poseront un accès libre et gratuit, un soirpar semaine, pour tous les jeunes de 18 à 26ans: ceux-ci rentreront donc gratuitement aumusée national d’Art moderne (centre Pom-pidou) le mercredi, au musée d’Orsay lejeudi, au Louvre le vendredi et au musée duquai Branly le samedi.

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e payante ?

© J. MUCCHIELLI/NAJA

Beaubourg pratiquera une gratuité ciblée du er janvier au juin Son accès sera libre et gratuit chaque mercredi soir pour tous les jeunes de à ans

Comment s’est dérouléel’étude que vous avez menéeau Louvre?En 1996, alors chargée de lapolitique des publics auLouvre, il n’existait pasd’études sur la gratuité.L’étude du Louvre sur la gra-tuité a été commandée eninterne par le Ministère dela culture. Elle s’est faite surle public venant le dimancheau musée de 1996 à 2000, ils’agissait donc d’un vraipublic, ce qui est exception-nel et donne tout leur poidsaux résultats. Le Louvre adécidé en deux ans la gra-tuité du 1er dimanche dumois. pour l’État, il fallutcinq ans. Elle s’est ensuiteétendue aux musées munici-paux.

Les effets bénéfiques de lagratuité?Ce qui ressort de la gratuité,

un de ses effets, c’est d’êtreà la fois l’événement, lecadeau, l’initiation. Pour lepublic interrogé, il était trèssensible que si la gratuitéétait pérenne, elle n’auraitpas les mêmes effets. Elledoit être exceptionnelle etrégulière, donnant ainsi nais-sance à de nouvelles for-mules, de nouveaux pro-grammes de visites. Elle doitrester une incitation, un jourà ne pas manquer. AuLouvre, le public français estmultiplié par trois les joursde gratuité.

A-t-elle des effets pervers?Ce qui est à craindre avecune gratuité continue, cesont les problèmes de finan-cement. D’autre part, la gra-tuité a ses limites. Les joursgratuits, les primo-visiteurssont plus nombreux alors queles conditions d’apprentis-

sage ne sont pas toujoursfavorables. L’essentiel est dedésacraliser la visite, de larendre accessible. Il fautavant tout franchir cetteétape. Cela doit être ensuiterelayé par les institutions.Or les politiques ne sont pasfavorables à la gratuité, laplupart des professionnels dela culture y sont réticents,compte tenu des enjeuxfinanciers. Les oppositions àla gratuité sont de troissortes : l’élitisme, l’écono-mie, la non-objectivité desétudes. L’idéologie a un fortimpact sur les résultats d’uneanalyse.

Claude Fourteau chargée dela politique des publics ans

à Beaubourg et ansau Louvre a dirigé l’étudede la gratuité des musées

un dimanche par mois

Bienfaits et défiance de la gratuité

Les interviewés de l’étude du DEPS necroient pas à l’égalité des chancespar la gratuité, ils s’en défient. Poureux, rien n’étant gratuit, elledéclenche une interrogation : pourqui, qui paye?L’achat d’un billet a une valeur forte:je paye donc je m’engage. D’une per-sonne à une autre, la gratuité estperçue comme positive alors que col-lectivement, elle est suspecte et peutdéprécier la valeur de la visite.La grande gagnante est la gratuitéponctuelle. Avec la gratuité du 1er

dimanche du mois, les journées dupatrimoine sont de vrais succès. Là, lagratuité représente des retrouvaillescommunautaires.Augmenter l’attractivité et l’intérêtdes visites, jouer sur l’implication,rendre les lieux attirants, prendre encompte la diversité des publics,accompagner sans relâche les mesuresde gratuité, tels sont les enjeux.Seront-ils étudiés dans l’expérimen-tation 2008? Le débat sur la gratuitéculturelle est ouvert

VÉRONIQUE GIRAUD

* Études réalisées par le Département desétudes, de la prospective et des statistiquesrassemblées dans La gratuité des musées et desmonuments côté public (La Documentation fran-çaise, 2006)

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Claude Fourteau« La gratuité doit êtreexceptionnelle et régulière »

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« Sortons du mur »Sur quel constat se fonde le projet« sortons du mur »?Depuis longtemps, l’alerte sur lesrisques liés à notre mode de pro-duction s’exprime à travers la for-mule « nous allons dans le mur »,alors que, dans les faits, nous ysommes déjà. Qu’il s’agisse de lamontée des courants totalitaireset xénophobes, des catastrophestechnologiques, ou des consé-quences du dérèglement clima-tique, nous vivons déjà au quoti-dien des situations inacceptables.La question qu’il faut se poser,c’est donc: comment sortir dumur, ou plutôt des nombreux mursque nous avons déjà percutés.Une partie de la réponse résidedans la prise de conscience quecertains de ces murs, dont la peurnous immobilise, sont en fait desbrouillards artificiels liés à la fai-blesse de notre imaginaire.Exemple: nous sommes prêts àaccepter tous les dégâts sociaux etécologiques du capitalismecontemporain, au motif quel’échec dramatique du commu-nisme disqualifierait définitive-ment toute idée d’une économieadministrée. Cette logiquebinaire, cette panne d’imaginaire,nous empêche de voir qu’il existeune autre voie: celle d’une éco-nomie « plurielle », fondée surune économie de marché réguléeécologiquement et socialementpar plus d’intervention publique etplus d’économie sociale et soli-daire. Or, les défis liés au chan-gement climatique rendent néces-saire de trouver une alternative ànotre croissance insoutenable.Pour sortir du mur, il faut mettrela question du mieux-être et de laqualité de vie au cœur des projetspolitiques, changer de regard, nonpas pour dire « un autre mondeest possible », mais plutôt: « uneautre manière d’être au mondeest déjà là ».

Qui incarne cette « autre manièred’être au monde » que vousencouragez?Un grand nombre d’acteurs etd’initiatives ont émergé ces der-

nières années sur le plan social etculturel, dont les médias, focali-sés sur l’« ancien monde », par-lent peu. À travers la sociétécivile mondiale, les forumssociaux mondiaux et quantitéd’autres mouvements, il existeune floraison d’initiatives et deréseaux qui s’inscrivent dans ceque l’on appelle l’émergence des« créatifs culturels ». Il s’agit d’ungroupe sociologique dont lesvaleurs affichées sont: l’écolo-gie, l’être plutôt que le paraître,l’ouverture multiculturelle, l’im-plication sociale, les valeurs fémi-nines, ainsi qu’un lien revendi-qué entre transformationpersonnelle et collective.Autre caractéristique des « créa-tifs culturels »: ils ne se connais-sent pas eux-mêmes, et ont lesentiment d’être minoritaires etmarginaux, alors qu’une enquêteréalisée en France montre qu’ilsreprésentent 17 % des plus de 15ans, soit huit millions de per-sonnes. L’une des clés du projet« Sortons du mur ! », c’est deprendre les initiatives qui per-mettent à ces acteurs de sereconnaître, d’entrer en réso-

nance, au travers de rencontreset de manifestations culturellescomme le « Printemps créatif »,ou le « Festival du vent ». Uneautre clé du projet, c’est de pro-longer un phénomène observé lorsdu « Grenelle de l’environne-ment »: celui du rapprochemententre le monde des ONG environ-nementales et celui des syndi-cats, afin de leur permettre dedévelopper des stratégies com-munes. Notre objectif n’est pasd’éliminer le rôle des acteurs ins-titutionnels, mais les enjeux sontd’une telle nature qu’on ne peutse priver d’aucune aide, et c’estsur le terrain de l’économiesociale et solidaire que les avan-cées les plus importantes vers unchangement de rapport au pou-voir et à la richesse ont déjà étéobtenues.

Le changement de rapport à larichesse est notamment incarnépar les systèmes d’échange alter-natifs. Où en est le projet « Sol »,dont vous êtes l’un des initiateurs?Centré à l’origine sur la Bretagne,le Nord-Pas-de-Calais et l’Ile-de-France, il s’étend depuis peu auxrégions Rhône-Alpes et Alsace,et même en Catalogne dans lecadre du projet « EuroSol ». Sol,et les Systèmes d’échange locaux(Sel) en général, prennent uneimportance croissante dans lecontexte de la crise financièreinternationale, dont les observa-teurs les plus avertis nous disentque le pire est encore à venir.Ces monnaies complémentaires,qui ont la particularité d’êtreenracinées dans l’économieréelle – alors que l’économiefinancière n’y est plus –, pour-raient bien être, en cas de crisemajeure, un bon moyen d’éviterune éventuelle récession.

Patrick VViveret cofondateur du processus international « Dialogues en Humanité » lance leprojet « Sortons du mur » Son objectif : provoquer la discussion et réhabiliter l’imaginaireafin de promouvoir les alternatives à la « croissance insoutenable »

PATRICKVIVERET

Magistrat à laCour des

Comptes etdirecteur du

CentreInternational

Pierre MendèsFrance (CIPMF)

le philosophePatrick Viveret a

cofondéle groupede travail

« Dialogues enHumanités »Initiateur du

projet demonnaie

alternative« Sol » il est

aussi présidentde l’observatoir

de la décisionpublique

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