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UNE FAMILLE FRANÇAISE

AU XVJe SIÈCLE

LES SAINT-SULPJCE

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MACON, p 'orAr vltuc$. III•ItnIEIItS

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r-rrfl.fl

PIERRE DE VAISSIÈIW

UNE

FAMILLE FRANÇAISE.AU XVI 1 SIÈCLE:

LES SAINT-SULPICE

Extrait tic la. Revue ries Éludes itisloriques

NovemIwe-D(cQml)je 1907)

PARIS

ALPHONSE PICARD ET FILS. ÉDITEURS

82, RUE IIQYAPAI{iE. 82

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Une famille française au X["P siècleLes Saint-Sulpice.

D'APRÈS UNE RÉCENTE PUBLICATION

J'insistais récemiùent ailleurs sur la valeur documentaire descorrespondances privées du passé, et limitant alors ma thèse autemps de la Révolution française l , je ne pensais pas qu'elle pûtrecevoir pour une époque plus éloignée de nous une confirmationaussi éclatante que celle qu'elle vient d'obtenir.

Le livre que M. Edmond CaNé fait paraître sous le titre deGuerres de religion dans le Sud-Ouest de la .France et principale-usent dans le Quercy l d'après les papiers des seigneurs de Saint-Sulpice de 1561 à fl90 2 est en effet le plus considérable recueil delettres familières du xvi 5 siècle qui ait encore été publié, et aussi,je ne crains pas de 1e dire, le texte le plus vivant, le plus captivantqu'il nous ait été donné depuis bien longtemps de parcourir sur cetteépoque tragique des guerres de religion.

J'en voudrais donner une idée aux lecteurs de la l?evue L'ouvrageest tellement touffu (1UC je ne pourrai en signaler qu'en passant lavaleur historique générale. Mais ce qui sera plus aisé et plus curieuxen mème temps de faire sera de dégager l'intérêt social, psycholo-gique et moral de ces documents de premier ordre, pour essayeravec eux de reconstituer les annales, les annales véridiques et sin-cères, d'une famille française à la fin du xvi e siècle.

t. P. de Vaissière, Lettres d'aristocrates, 1907, in-S, iutrod. p. J. II, III cL passim.2, Paris, Champion, 1906, in-4. - J'ai aussi utilisé pour cet article l'An, bassade en

Espagne de ica ri Ehrard, sciqnen# de Saint-Sutpice (156t-1565), documents classés,annotés et publiés par Edmond Cahié, Albi, 1903, in-S.

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2 J'JEBHE DU VAISSIÈRE

Au point de vue social d'abord l'histoire de cette famille desSaint-Sulpice est d'autant plus intéressante que I 'épdque qu'elleembrasse marque comme une étape dans ce grand mouvement dontj'ai essayé ailleurs de découvrir les causes et d'indiquer les résul-tats le déracinement de la noblesse française, c'est-à-dire sonabandon progressif de la province et son émigration vers la Cour.Le premier de la maison sur lequel nous ayons au xvi 0 sièclequelques renseignements, Antoine Ebrard de Saint-Sulpice, qui futle père de celui dont il sera surtout question dans cette étude,paraît avoir vécu à l'ancienne mode sur ses domaines, peu sensibleaux tentations qui sollicitaient tant de ses contemporains. Commebeaucoup de gentilshommes, il fit sans doute quelques campagnes,car en 1562 nous le trouvons exempté du ban et de l'arrière-ban,« pour les services rendus au fait des guerres sous les l'eus roys »puis rentré dans sa maison de Saint-Sulpice, que son fils jugerabientôt insuilisante et trop modeste, il y demeure tout occupé dusoin et de l'administration de ses biens et de continuer l'existencejoyeuse et sans souci qu'y avaient menée ses antecesseurs o. Untexte de 1534 semble bien lui attribuer un nombre assez respectabled'enfants naturels 1 , nés d'ailleurs avant son mariage ou ses mariages,puisqu'en 1.518 il épousa Marguerite de Lévis dont il eut six enfants,deux fils et 4 filles, et que d'une seconde union lui naquit un autrefils. Et si avant sa mort, le boit put entrevoir quellesdestinées plus brillantes ses enfants rêvaient pour la famille, il neparaît guère en avoir été ébloui. Lorsque son fils aîné, Jean, esten 1562 nommé, ambassadeur en Espagne, lui écrivant pour leféliciter, M. de Saint-Sulpice lui souhaite seulement de s'acquitterde sa. charge à l'entier contentement du Roi et le prie surtout delui envoyer sans retard de là-bas une paire de lévriers qalgos «mâleet femelle pour en avoir de la race ». Il mourait peu ajrès, au moisde juin 1563, en son ctmûteau de Saint-Sulpice.

A ce moment déjà il était facile d'apprécier quelle différenceséparait la nouvelle génération de celle qui s'éteignait. Bien éloignédu mépris des anciens gentilshommes pour « les bonnes lettres o,

J. Archives nationales, JJ 267, n 337.

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UNE FAMILLE 1`1kÀL'ÇAISE AU XVLC SIICLE 3

Jean de Saint-Sulpice, - né vers 1525, - après avoir fait sespremières études à Cahors et à Toulouse, était passé en Italie, et en150 avait été reçu docteur en droit civil et canonique à l'univer-sité de Ferrare. Puis, revenant aux armes, il avait servi sous Jeconnétable de Montmorency et on le trouve à la prise de Metz en1552. h Renty en 1554. Entré dans la maison du Roi, il s'étaithabilement poussé, cii négociant la délivrance du connétable aprèsSaint-Quentin, et marié en 1553 à Claude de Gontaut, il avait éténominé gentilhomme ordinaire de la chambre à la place de son beau-père, Jean (le Gontaut-Biron. Une mission dans le Siennois en 1559,après le traité de CMeâu-Cambrésis, une autre en Espagne et enPortugal en 1561, une troisième enfin en Provence, toutes troisheureusement menées avaient achevé,de consolider son crédit. Fina-lement, en 1562, il était désigné' comme ambassadeur en Espagneà la place de Al. de I'Auhespine, évêque de Limoges.

II

C'était à ce moment une charge difficile. Les deux pays entrete-naient en apparence des relations cordiales et que le récent mariaged'Elisaheth de France avec Philippe li semblait avoir resserrées;dans le fond leurs rapports se tendaient chaque jour davantage.Autant par conviction religieuse que par politique, Philippe II auraitsouhaité une ferme et énergique répression de l'hérésie en Franco,et il était profondément irrité des atermoiements et des capitulationsde Catherine de Médicis. Presqu'aussitèt après l'arrivée de Saint-Sulpice, l'édit pacificateur d'Aznboise était venu confirmer ses crainteset augmenter sa méfiance. Il y avait un parti en France qui les par-tageait. « La France est perdue, disait alors Monluc à l'agent dePhilippe Il, Bardaxi, chaque jour sa situation empire et si le roid'Espagne n'y apporte remède, avant un an le roi de France serahérétique » I. Ces propos étaient bien faits pour encourager Phi-lippe II dans sa politique qui dès lors se résuma toute en ces deuxtermes ou persuader la cour de France de « faire quelque mauvaisrèglement de ses sujets et quelque changement en ses édits », pourexciter des troubles; ou pousser en sous main les protestants à

1. Forneron. Histoire de Philippe II. t. I, p. 295.

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PIUBRE DI VALSSII'Ha

quelque éclat, en vue de contraindre la Reine-mère h une sanglaiterépression; en l'un et l'autre cas l'intervention de l'Espagne dansles affaires de France se trouverait légitimée.

Je ne fais pas ici de l'histoire diplomatique. Aussi de la corres-pondance de Saint-Sulpice à cette époque veux-je tirer un faitseulement, mais qui peint d'une façon très curieuse et-pittoresquela singulière situation où se trouvaient vis-à-vis l'un dc l'autre lesdeux gouvernements. Par le récit de cet incident, on verra bien àquels stratagèmes souvent puérils ne craignait pas de recourir ladiplomatie espagnole.

Le vendredi, S août 1563, entrait à Béziers Par ta porte (le Nar-bonne un voyageur de fort chétive apparence, «brun, petit, trapu»,(lui tout (le suite se dirigea vers l'hôtellerie du sieur Ladventuricr,auquel il déclara vouloir passer la nuit chez lui et remit un gros sac,« où il ' av•oit un étui de fer blanc n. Or, après que le lendeniainmatin, pensant partir, il eut redemandé son sac et (lue l'hôte le luieut donné, l'étui de fer blanc ne s'y trouva plus.

Interrogé, le sieur Ladventurier n'hésita pas longtemps àrépondre : oui il avait ouvert l'étui, y avait vu des lettres et suppo-sant que soit pouvait être quelque espion ou quelquetraitre, il avait porté le tout au ministre Cassainh Celui-ci avaitbien vite reconnu que les lettres contenues dans l'étui étaient écritespar la reine d'Espagne h la fleine-mère, au cardinal de Lori-aine,au général de l'ordre des Jacobins et qu'elles laissaient claire-ment présager une nouvelle persécution contre les réformés deFrance. Le voyageur n'avait du reste qu'à aller s'expliquer avecCassai ah

Chez Cassainh l'explication fut orageuse. L'étranger, qui jusque-làR s'était pas nommé, déclara s'appeler frère Jacques Albert, appar-tenir àl'ordre des jaeobins et être bien envoyé par la reine d'Espagne,dont les lettres eussent du être respectées. A quoi Cassainh auraitrépondu que « la reine d'Espagne estoit une méchante, non de soncorps, niais qu'elle estoit une capharde ydolastre et que de seslettres il en fourbiroit soit n. Mené ensuite (levant les con-suls, le jacobin voulut se réclamer de M. de Joyeuse. Cela neparut faire aucune impression sur les magistrats. L'un d'eux mêmemettant le doigt dans sa bouche et le frappant à la joue u Voilà,lui dit-il, pour Joyeuse et pour toi n. Bref sur l'ordre de ces consuls,

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UNE FAMILLE FRANÇAISE AU xvIe SIÈCLE b

trois ou quatre soldats avaient conduit ledit religieux hors la ville,l'avaient dépouillé de tous ses vêtements, lui avaient pris sa bourse,et « un chapelet de grosses perles que la reine d'Espagne envoyaitau cardinal de Lorraine et que son courrier portait dans un lingéattaché au fonds de ses chausses, et finalement lui avaient infligéune rude fustigeade. Aussitôt reluis le malheureux était parti pourNarbonne implorer la protection de Fourquevaux. Le 16 septembrece dernier en écrivait à Saint-Sulpice.

L'ambassadeur eut peine d'abord à n déniesler cette fusée n. Pour-tant il y parvint. Fourquevaux n'avait pas vu les lettres en question;ou lui avait seulement écrit de Béziers que n ce paraissait estrelettres contrefaites n, Autre détail on prétendait à Bé'zier's que leplaignant avait porté de son propre mouvement les lettres auministre Cassainh, n disant vouloir faire confession de sa foi,colullie repentant ci avoir tant vécu sous l'obéissance du Pape " . Ausurplus 'e fait de confier à un aubergiste un sac n non fermant kclef n et contenant documents si précieux semblait seul suspect etmarquer comme un désir de se voir dépouiller de ses dépêches.Dès lors le Jacobin n'était-il pas un agent secret lancé en plein paysprotestant pour y créer une agitation profitable aux desseins del'Espagne? A cette supposition s'arrêta bientôt Saint-Sulpice, etelle lui fut confirmée lorsqu'il apprit bientôt que le susdit compa-gnon n avait en effet des relations avec la cour et que, revenu en son

« il avait été habillé de neuf par les ordres du foi et replacédans un couvent n.

L'ambassadeur ne voulut point faire une esclandre qui n'eût servià rien ; mais la vengeance, qu'il tira de t cette ridicule aventure n,

fut spirituelle. Ayant, quelques mois après, audience de Philippe IIet lui remontrant que « le devoir d'amitié qui est entre grandsprinces ne permettait pas que l'un s'ingéràt sans l'oison aux affairesde l'autre n, il ajouta « qu'un malheureux Jacobin avoit bien prétendurendre suspects certains, - entendant la Reine, - d'un si malheuveux acte, mais qu'il savait bien due ceux qu'il avoit voulu compro-mettre avoient le cour assis en trop bon lieu pour avoir jamaispensé une telle méchanceté n, Philippe II ne broncha pas, faisantsemblant (le ne pas entendre, mais la leçon était donnée et jolimentdonnée.

De la politique insinuante et souple que Catherine de Médicis

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l'IEltltE DE \AISSIÊJIE

opposa à [-il ra ide et gauche attitude de i 'Espagne, Saint-Sulpice sefit «ailleurs l'agent le plus empressé et le plus docile. li s'agissaitpour la Reine-mère (le parer à toute tentative d'intervention étran-gère dans le royaume et de paralyser le triomphe d'une faction qui,en Espagne, était o trop passionnée en nos troubles ». Elle crutpouvoir y réussir par des menées bien italiennes. Ticlier de reteniret de se conserver toute l'affection de sa fille pour faire d'elle à lacour de Madrid le centre d'un parti français opposé à celui du ducd'Alhe, lui souhaiter une grossesse qui pùt lui assurer sur sou mariun ascendant nécessaire, pour cela surveiller et de très près sasanté, voilà à quoi se bornent à ce moment les vues de la Reine-iàère. Et. ce ne sont (l ue recommandations faites h la jeune prin-cesse u (le SC coucher phis test et de se lever plus matin,. (le sebaigner trois ou quatre matins de rang, de prendre des enstères, dese promener, et chasser mélancolie " , toutes recommandations dontM. et Mmfl de Saint-Sulpice sont chargés de surveiller l'exécution.Aussi l'a mhassadeur et sa femme sont-ils continuellement chez laReine, pour la distraire, la maintenir en bonnes dispositions etlorsque le couple est forcé de s'éloigne]' (le la cour, les darnes d'hon-rieur ne manquent pas de [cuir M'" de Saint-Sulpice au courant desplus intimes incidents de la vie rie la souveraine. MC de Ribéraeest chargée en particulier de ce soin et. elle 1e fait avec meilleurevoLonté qu'élégance et orthographe. u Tus ses jours huisi, écrit-elleen juin I 56 1P d'Aritnjucz, la reine et allée h ].il sase e a tué deux serse bocue de cunis, niès HI li a Let si moves tans e n tant plus c'ase matin elle s'et evelliée avec grand dévoiemant d'estumae e bienfort grant duleur. . 0 vautre e cant este duleur lui vient, une sueurfrède la prand e vomit. Sur cella l'on lui a cktné ogurd'ui trois cris-tères e a diné à se matin fort bien, e ne santoit plus de dalleur, epansions que se ne fûl, riens. mais anviron les sis cures du soir billn'i a prins le mèrne mal du matin. Si este dulleur lui dure, ye eréque nus anirus à Ocanie l . Je prie à Dieu que ce ne soitrien davan-tage o.- -

Et (le lit correspondance de Saint-Sulpice, comme de tant d'autrestextes d'ailleurs, il apptrdt bien enfin que la célèbre conférence deBayonne offerte par Catherine à l'Espagne et très habilement pré-

1. Ocafla ou Ocagna, prov. de Tolède, Espagne.

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UNE FAMILLE FRANÇAISE Ui XVI° SIÈCIIt 7

parée par Vambassadeur ne fut pas inspirée à la Reine-mère par unautre dessein que celui d'obtenir directement de sa fille et. par elleindirectement de Philippe Il la neutralité nécessaire k son plan de.pacification du royaume.

Les multiples soucis de sa charge ne faisaient pas cependantoublier à Saint-Sulpice ses intérêts particuliers et en même tempsque sa correspondance diplomatique, il échangeait lettres sur lettresavec ses amis cL protecteurs à la cour le connétable de Montmo-rency, Michel de I'Flôpital, chancelier de France, l'évêque deLimoges, M. de l'Aubespine. conseiller du Roi, M. le prince de laRoche-sur-Yon, M. le comte de Crussol, M. le comte de Tende,l'évêque de Mâcon. Sur sa demande, ceux-ci l'informaient de l'étatdes partis, des faveurs naissantes, ou des influelices déclinantes,des mille incidents qui survenaient et qui plus souvent que lesgrands événements modifiaient la politique. Un jour, ce sont desdétails sur les dissentiments qui divisent la famille ravale, un autreautrejoui' sur u les retranchements n qui se font à la cour et qui laissentbien peu d'espoir aux bons serviteurs d'être récompensés de leurspeines, une autre fois, sur la maladie du connétable, u qui .a été bienmal de, la coqueluche o, sur un déplacement subit et significatif dela maison du Roi, sur une indisposition du prince de Condé, u quiaprès avoir longuement joué à la paume, est tombé gravement maladed'un catharrhe qui l'a perclus dune partie du corps n, sur la chutemalencontreuse faite au jeu de barres par le petit prince de Navarre

(lui voulant retenir de force ung du parti contraire, est tombé àl'envers si grand sault qu'on l'a tenu mort quelque espace et saignésur la place n. Mais ce sur quoi tous insistent le plus c'est sur lesfaits et gestes de celle dont la figure domine la cour. Les inquié-tudes que cause, les minutieux détéils que provoque en septembre1563 l'accident arrivé à la Reine-mère, font comprendre quelle placetient fi ce. moment cette femme en Fronce. Monsieur, mande alorsl'évêque de Mâcon à Sain t-Su]pice ....la grande et. dangereuse mala-die de la royne m'a retenu de vous escripre jusqu'à cette heure,vous assurant que nous avons esté à la plus grande peine du inonde,considérant l'infinité de maux et troubles qu'eust reçu toute laFiance par la mort d'une si sage, bonne et vertueuse princesse,laquelle certainement est le pillier de ce royaume, sans lequel il iraiten totafle ruine mais Dieu nous regardant de ses veulx de miséri-

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8 PIERRE DE VAISS1ÈRE

corde l'a remise en bonne sauté, dont nous lui rendons très dévotesgrâces... Comme aurés entendu, sa maladie a esté une chiite decheval. qui la blessa au bras, espaule et en ],a Mais sa Majestéqui est «un coeur invincible, mesprisant son mal, fut de lui assail-lie si terriblement au coup de la teste qu'il a esté besoing de lasaigner au bras et aussi au mal de la tete avec les ventouses;n 'estant assés cela iuy fut faite une incision fort grande à la playe,dont en sortit ung sang tout meurtry et fort mauvais.... Je laisseung flux de ventre qui la rit aller vingt et deux fois par une nuit.Somme toute, Dieu, par sa pitié, nous l'a rendue, après que nouspensions l'avoir perdue.

Toutes ces lettres, qui forment comme une chronique de la cour,aident Ski int-Sil1iceà pousser de loin plus sûrement sa fortune. Jamaisil ne manque une occasion de le faire, et à chacun il s'efforce d'êtreagréable, dans les moindres choses, alors même qu'il ne s'agit pointde ses amis politiques. Le cardinal de Chatillon lui fait part un jouret sans s'y arrêter autrement u du désir qu'ont ses soeurs et sesnièces de recouvrer des soyes d'Espagne p°" besongner sur lecanevas ». Aussitôt le voeu exprimé, l'envoi est fait, auquel sontjointes « deux belles pièces de burat pour faire robes .-

On reconnaît la main de M nIe de Saint-Sulpice à ce détail. Pasplus que son mari elle ne demeure en effet inactive. Et par desavantes et féminines menées elle obtient de la princesse de laRoche-sur-Yon 1a promesse d'une place de dame d'honneur auprèsde la Reine, à peu près au même moment où son mari reçoit succes-sivement une pension de 3.000 livres, 10.000 livres de rentes enbénéfices ecclésiastiques, et le titre de chambellan du Roi.

'III

Après l'entrevue de Rayonne, Saint-Sulpice fut chargé de recon-duire en Espagne la jeune reine. Sou voyage se terminait à Ségoviele 31 juillet. Il ne put toutefois en repartir aussitôt qu'il l'auraitvoulu, son successeur, M. de Fourquevaux, n'étant arrivé qu'enoctobre iM;'i.

M fb de Saint-Sulpice n'avaitpas accompagné son mari en ce secondvoyage. De Rayonne elle s'était rendue directement en Quercy, oùelle ne l'attendait pas avec moins d'impatience qu'il n'en avait lui-

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IJiSli FAMILLE FRANÇAISE AU XVI° SIÈCLE 9

même d'aller la retrouver. Chaque jour elle recevait d'ailleurs de lui lesplus minutieuses instructions.

« Ma mye. lui écrivait-il entre autres, le 10 août 1565, ma mye,si n'avés vendu mes deux chevaulx d'Espaigne, reguardés de lesenvoyer à Biron, ou bien priez quelque gentilhomme qui viegnedeux fois le mois les piquer, car autrement ils se perdroient. Pensésà bien pourvoirpourvoir de tout, ce (fui sera besoing la maison de Coanac,où nous demeurerons cest yver, et qu'il y ait quelques pièces de vinvieulx, attendant que les nouveaulx soient bons, et essaies de fairepaver la court du pavé de Salignac, d faites nater la garde-robe dela chambre où vous savez que je yeux coucher et aussi la chambrede la terrasse pour loger ung homme de bien. Aussi vous recom-mamie mes trois couvertes de mulets. Prends bien 'garde aux meubleset au linge .Je vous recommande nies , clienises; •je vous prie quem'en fassiés demy ((ou-Laine de bien belle toile. Je crois que mainte-nant vous aurés assemblé nos petits gaaus je vous prie qu'ils neperdent point leur temps... et ne vous dirés autre chose si non queje vous recommande le but et 1110v de bien bon cueur à vostre bonnegrâce. »

C'est au mois (le novembre 1565 que les deux époux se trouvèrentenfin réunis et comme l'avait décidé M. de Saint-Sulpice, ils pas-sèrent avec leurs enfants l'hiver tout entier en Quercy. Ce séjour futavant tout avantageux aux affaires personnelles (le l'ambassadeur,fort négligées pendant plus il quatre ans ((absence. Il en profitapour régler la succession de son père, mort, je l'ai dit, en 1563, etaussi pour terminer une affaire qui lui tenait fort à coeur : l'acquisi-tion d'une partie (les biens (le labbave (le la Garde. Son oncle,.Jacques Ebrard était abbé de cette abbaye. Lorsqu'en 1564, à la suitede la décision du B,oi, - approuvée du reste par le Saint-Siège, -qui ordonnait la vente d'une partie des biens de l'Eglise pour subve-nir aux frais de la guerre contre l'hérésie, les terrains de l'abbaye dela Garde furent mis en vente, son frère l'abbé de Marcilhac avaitfait ressortir à Saint-Sulpice u le plaisir et la conimoditédont seroientpour sa maison u plusieurs d'entre eux, et le propriétaire terrien querestait Saint-Sulpice avait été vite tenté. Malheureusement, celui deces biens qu'il désirait le plus fut aux enchères adjugé à unnommé Flourens et Saint-Sulpice ne put amener celui-ci à s'en des-saisir que moyennant 200 écus. Mais enfin le fonds lui demeurait,et bien que « la pièce fût chère », il ne crut pas la trop payer.

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10 Piinnu DE vAissiÊni

Les soins de soit ne détournaient pas cependant Saint-Sulpice de ses ambitions qui toujours s'orientaient vers la cour.C'est qu'il appartenait à cette génération qui crut longtemps possibleFun ion des deux vies, celle que les ancêtres avaient menée sur leursterres, et celle toute nouvelle du courtisan.

En effet, 'ancien ambassadeur prend soin de ne pas se laisseroublier. Écrivant h Catherine de Médicis le t février 1566, pour liiféliciter (le lagrossesse de la reinedEspagne, il s'empresse tic Passa-rer de son dévouement. u Je dois vous dire, madame, lui mande-t-il,qu'étant arrivé chez moi, je suis été visité des principaux seigneurset gentilshommes dé ce pays, mes pareils et amis, tant d'une reli-gion que d'autre, et de ceux des villes d'ici autour, (lui ontia chargede in justice, auxquels, eu la conversation (lue nous avons eueensemble, venant à propos, 'je n'ai voulu faillir de leur remontrerl'obligation que nous avons tous au service du Boy et vostre et ledevoir que vous devons rendre de fidélité et d'obéissance en temps siturbulent et plein (le malice, reconnaissant le soin et travail quevous prenez tous les jours pour te repos de ce royaume, et l'unionde vos sujets, n'oubliant aussi de leur représenter les calamitéspassées et les incouvéniens qui peuvent advenir si nous ne nouscontenons en nostre devoir. Et véritablement je vous puis assurerqu'ils ont pris de si bonne part ceste remonstrance qu'ils ont tousdésiré que j'eusse esté ici au temps (les troubles, avant ferme opi-nion que j'eusse esté cause de garder en ce pays que plusieurs chosesne s'y fussent faites au préjudice du service du Boy et dommage devos sujets. Voilà, madame, comment je délibère user pendant letemps que je serai en mon ménage et l'exempte que je veux donnerde ma fidélité et obéissance o. Le mois suivant, il loue la Reine-mère, qui, après avoir rétabli la paix avec l ' étranger, a ' sit trouvei'le moyen d'éteindre de même les divisions qui régnaient entre sessujets, ii dont ayant bien voulu soutier le jugement que l'on en faitpar deçà, ajoute-t-il, j'ai trouvé tous les gens de bien d'un parti etde l'autre si joyeux et si contents qu'ils ne se peuvent tenir de bénirmille fois et à tous propos la bonté de Dieu et la grâce qu'il vous afait d'avoir eu tin si grand soin de mettre ce royaume en bon et pai-siblc état o. -

En même temps, il se rappelait au souvenir des principaux de lacour, « Puisque lion veut, écrit-il ù Fun, que je sois du nombre de.

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UNE FAMIIu.I; FRANÇAISE AU XVI SIÈCLE Il

ceux qui sont près du Boy, je vous prie faire en sorte que je soismis en ce petit rôle, et vous prie remémorer au Boy la promessequ'il me fit que, si gentilhomme de France y étoit, j'y semis » ilfélicitait le cardinal de ChAtillon u de ce qu'il avoit pI1L k Dieu tairetriompher l'innocence (le monsieur l'Amiral » il remerciait M. deCrussol de l'avoir servi auprès du Roi puis, à la fin de mai, il partaitpour la Cour. -

Iv

Quelles raisons poussaient ainsi ces gentilshommes hors de leursdomaines? J' ai essayé ailleurs de ins indiquer 1 Raisons économiqueset sociales, mais raisons aussi d ' ordre moral l ' ennui des occupa-tions héréditaires, des goûtsde luxe nouveaux. 1e désir de jouer unrôle plus en vue, et pour les convaincus des deux partis, - catho-lique et protestant, - leurs convictions même qui les font se ras-sembler autour de la Cour, où se joué la décisive partie.

Tous ces sentiments se retrouvent parfaitement dans 1e cas deSaint-Sulpice. Pont- commencer par les plus désintéressés, il appa-raît bien de sa correspondance que ce bon Français se rendait comptede la gravité de la crise que traversait 1e pays et du devoir qui incom-bait ii chacun d'essayer de la conjurer. « Il est très nécessaire,écrit-il un jour à M. de l3urïe, lieutenant de roi en Guyenne, il esttrès nécessaire, que tous gens de bien mettent à cette heure enbesongne leur fidélité et grandeur rie coeur, et de ma part je vouspromets bien de ne pas manquer en cest endroit à nul bon officeque je connaîtrai appartenir au salut et cons prvation de notre princeet de son état. u Ces idées généreuses sont celles de ses correspon-dants qui le félicitent u d 'avoir suivi le chemin des autres gensd'honneur et de bien à qui en ceste saison il feroit mal au coeur dedemeurer en leurs maisons ». Et ces gentilshommes sont confirmésen leurs bonnes dispositions par les félicitations de la Cour toujoursheureuse d'accepter le concours de tels dévouements.

Mais il reste entendu que le Roi ne peut faire de moins que derécompenser les bons services de « sa fidèle noblesse n. Comme lesautres, Saint-Sulpice s'inquiète donc de »l'honnête traitement n dont

1. P. (le Vaissiére, Gentils?iomr,ies campagnards de l'ancienne France, Paris, 1904çin-S-.

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12 PIERRE DE VAJSSIÈRE

il doit « être gratifié n, et au moment, en particulier, où il quittede nouveau sa province, il ressort bien de ses lettres que le désir

o acheminer ses affaires n n'est pas étranger à sa résolution.Arrivé à la Cour, d'ailleurs, il y trouva mieux encore que ce qu'il

espérait. C'est bientôt en effet une nouvelle mission en Espagne,dont il est récompensé par le don de .l'évêché (le Riez en faveur deson frère l'année suivante, à la suite de 'sa brillante conduite aucombat de Saint-Denis et de la blessure qu'il y a reçue, c'est sadésignation comme membre du Conseil privé c'est au 'milieu (le1569, la donation (le l'abbaye de Belleperche c'est enfin iii moisd'octobre de la même année sa nomination aux fonctions de surin-tendant puis de gouverneur du duc d'Alençon, frère du Roi.

Les voeux de Saint-Sulpice se trouvaient ainsi remplis, car ilsouhaitait avant tout « avoir le mo yen de s'entretenir h Paris ), luiet sa famille, dont il souffrait d'être séparé. Ses trois fils étantvenus l'Y il manda donc à M`e de Saint-Sulpice d'en faireautant. Malheureusement celle-ci ne put se mettre tout de suite enroute, et le nouveau gouverneur du duc d'Alençon n'en sentit queplus lourdement peser sur lui les soucis de sa charge.

Charge absorbante à la vérité et (lui lIC lui laissait guère de loisirs.Né en 1554, le duc n'avait alors que quinze ans, et en dehors de lasurveillance de ses domaines et du soin de ses 'dFires, c'étaitpresque d'une tâche de précepteur qu'était investi Saint-Sulpice.La santé du jeune prince, son éducation, ses moeurs, tout cela luiétait confié, et il se rendit bientôt compte de la o subjection o àlaquelle il était réduit.

Dès les premiers mois de son entrée en fonctions le duc futatteint de la petite vérole, et Saint-Sulpice dut alors n ne bouger nijour ni nuit d'auprès du malade n. La responsabilité était grande,caria Reine-mère absente se trouvait avec l'année catholique en Poi-tou. Ce n'est pas que les recommandations qu'elle envoyait nefussent minutieuses recommandation que l'enfant « ne prenne l'airde longtemps o, ordre de le changer toutefois de lit et de chambre,et de le mettre dans celle (le sa mère, envoi d'un u baume pourenipescher les tâches de soit n. A tout cela Saint-Sulpicedevait exactement se conformer. Le li décembre 1569 seulement,plus de deux mois après, le duc peut faire sa première sortie et allerjusqu'aux Tuileries, Saint-Sulpice l'accompagnant comme du reste entoutes ses promenades.

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UNE FAMILLE FIANÇAtsE AU XVI 0 SIÈCLE 13

C'est ensuite d'une déviation de la taille que l'on craint de voiratteint l'enfant royal. Il faut le montrerau bailleur o, au rebouteur,« lequel trouve heureusement la disposition de son corps aussi belleet aussi droite que l'on sauroil désirer et déclare qu'il n'y n appa-rence de devoir rien craindre ». o Vou's pouvez croire, Madame,ajoute Saint-Sulpice, rendant compte k la Reine-mère de la consul-talion, que si j'eusse eu le moindre soupçon, je vous en eusse donnéavis et ajouterai davantage qu'il n'est point possible de voir coin-pkx ion, ni taille de prince de son âge plus forte ni plus robuste quela sienne, et ne nous reste que d'avoir ce contentement de nedemeurer si longuement éloignés de votre présence, comme nousavons fait jusqu'ici. »

Et le chapitre de la santé n'est rien encore comparé à celui desmoeurs. Continuellement arrivent sur ce point des missives deCatherine de Médicis qui s'inquiète des rapports qui lui sont faitsde la conduite de son jeune fils. Il faut que Saint-Sulpice écrivelettres sur lettres, pour se disculper, qu'il envoie à la Reine l'em-ploi heure par heure de la journée du prince. o Madame, afin quevous les entendiez bien particulièrement, selon votre désir, écrit-ille li avril 1570, les- déportemens de Monsieur le duc sont tels quela matinée est employée aux affaires du Roy après la messe et sondiner, il va à l'étude, hors les jours de Conseil, desquels vous-même l'avez dispensé après il va jouer a la halle ait jardin ou à kpaume au plus prochain jeu du Louvre quelquefois aux Thuilleries,quand il fait beau temps. Quelque jour de la semaine il va à la chassedes lièvres avec les chiens courants vers le bois de Vincennes ouvers Madrid; et avant que l'inconvénient advint à Gonnelieu, ilpiquoit les chevaux une ou deux fois la semaine. Il est vrai que jene peux vous nier qu'il ne soit allé courre le cerf jusqu'à un buis-sou près de Saint-Priest où il dma ... .Je vous dirai, Madame qu'encarême prenant, il alloit là où il y avoit des nopces, où il dansoitavec la même modestie qu'il eust fait en votre présence, sans qu'ily ait autre chose que reprendre. Et depuis carême prenant, je vouspeux bien assurer avec vérité qu'il n'a vu femmes que M'° deNemours, mesdames de Nevers et madame la Connétable, qui sontvenues au Louvre le voir, sans que je l'aie vu parler à une autrefemme quelconque, dont les amours seroient bien secrètes,puisqu'elles ne viennent à la connaissance de ceux qui le voient

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j.J'IEBIIE DE VAISSI lUE

dépuis qu'il est éveillé jusques à ce qu'il est couché et qui ne l'aban-donnent, comme mon devoir porte et que M. d'Estréc vous rendrabon témoignage, de la nuit, y faisant le devoir qui s'y pourroit dési-rer avec tous les autres serviteurs principaux de mondit seigneur.Et si vraiment ce que l'on' dit était vrai et Monseigneur tel qu'on ledépeint. Saint-Sulpice aimerait mieux « demeurer en sa ITliLI.SOfl etmanger des croûtes que de lui faire service n.

Quelque chose de plus délicat encore à surveiller, ce sont lesrapports d'Alençon avec ses frères Charles IX et le duc d'Anjou.Il n'y a entre les trois jeunes gens ni confiance, ni abandon, rien aucontraire que haine et jalousie. Dans des lettres en apparence affec-tueuses, ils se purgent sans doute les uns auprès des autres des sen-timents qui sont les leurs mais ces lettres suent l'h ypocrisie etSaint-Sulpice est continuellement obligé d'intervenir pour dupé-cher les choses de s'envenimer. La victoire de Moncontour rempor-tée par le duc d'Anjou excite par exemple un jour l'envie des deuxautres princes. Les nouvelles en parviennent à la Cour, et toutesne sont pas aussi sincères que celles envo yées par l'évêque deSaintes qui écrit de Moncontour même qu 'on l'a bien eue sans lamériter, cette victoire, « pour les méchancetés, impiétés et blas-phèmes commis dans ce camp n, et que les « 10.820 ennemisenterrés sur le champ de bataille n pourraient bien par certainscôtés crier vengeance. Mais d'autres expédient déjà sur le succès duduc d'Anjou des rapports enthousiastes, qui ne peuvent que déplaireau futur chef des Poliliques. Saint-Sulpice fait bien tout son pos-sible pour mettre, comme il le dit, « de l'huile dans les ressorts o,n' oublie jamais de représenter au due l'obligation qu'il a d' « aimeret honorer » ses frères, notamment, son frère Charles, « si vertueuxprince, et dont l'histoire surmonte celle des Romains, en oùoù ilest n. Toutefois ses efforts sont souvent impuissants à obtenir l'har-monie qu'il souhaite, et il sépuise vainement à prêcher la concordeaux frères ennemis.

Ce qui e fûchait » Sain t-SuI pice d'être ainsi Occupé, c'est qu'il nePouvait surveiller que (le très loin l'éducation de ses trois fils.If Depuis qu'il part le matin de son logis, écrit lainé de ceux-ci à.sa mère. M. de Saint-Sulpiee ne retourne pas qu'il ne soithientard n, et plusieurs jours se passent souvent sans qu'il puissevoir ses enfants. Ces derniers sont, il est vrai, suffisamment entou-

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UNE FAMILLE FBÂNÇAISE -AU XVI C SIÈCLE - 15

rés de maures et de précepteurs. Arrivés en compagnie de leurpédagogue Boyresse, ils avaient été tout de suite confiés à un certainCanard qui, de concert avec le protonotaire de Maumont, n hommefort docte et de singulière littérature n, avait été Lavis de mettreles jeunes gens au collège de Navarre « plus tost qu'en nul autre lieude l'Université, tant pour le soin 1UOn y a (le bien instruire la jeu-nesse en la foi et religion catholique et aux bonnes moeurs que aussipour estre le lieu où l'on u accoutumé-de faire estudier les enfansdes princes et des plus nobles maisons du royaume. Messieurs deVendôme et de Guyse y ont estudié dès leurs plus jeunes ans etencore aujourd'hui y est le fils aîné (le M. le duc d'Auma]e, lesen faits de Monseigneur le Grand écuyer, les neveux du maréchal deBourdillou et un de lit d'Escars avec grand nombre d'autresde noble lignée ». Les jeunes Saint-Sulpice furent donc 1)-lacés aucollège de Navarre. Mais ce ne fut point un internement bien ter-rible, carde temps à autre leur père les mèné n faire la révérenceait à la Royne, à Monsieur d'Anjou, à 'Monsieur le ducd'Alençon, et à beaucoup d'autres seigneurs et princes » qui leurn font bonne chère n plusieurs fois par semaine, oit apprendà n piquer les chevaux à l'écurie du Boy oit celle de M. de Lon-.gueville n, à u escrimer ait n, et tous les jours un joueur deluth vient leur donner une leçon. En même temps on les forme auxbonnes manières. « Depuis que le Boy est parti pour aller aitécrit 1-lenry (le Saint-Sulpice à sa mère, le 30 novembre 1568, il nes'est passé fête que mes fières et moi n'ayons esté au Louvre, faisantpasser le temps à Monsieur le Duc, et entretenant toutes les damesde la Reine le mieux qu'il nous a esté possible, où il n'y a pas fautede gentilshommes de rostre âge.

Mais la mère, restée ait avec ses deux derniers enfants,manque ii cette famille, aux fils autant qu'au père. En des lettrecharmantes ceux-ci disent à Mine de Saint-Sulpice leur désir de lavoir arriver, et le père, dès les premiers temps de son séjour à Parisse lamente n Je suis bien plus fâché ici qu'en lieu où j'aie jamaisété.... Tant que vous ne serez ici je ne ferai que languir, commefait votre mignon lequel se recommande bien fort à vous, et croyez,ma mie, que je suis ruiné si vous ne venez bientôt n. Car, en dehorsde toute considération sentimentale, M. de Saint-Sulpice sait bien« de quelle nécessité » est sa femme n à - la conservation de leur

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J6 PIERRE DE VAISSIÈRE

maison «. La vie est hors de prix à Paris ; il dépense plus de 400livres le mois, o estant incroyable ce que les chevaux coùtent ànourrir a. Aussi dès qu'il est nommé surinten&int du duc, presse-t-il plus instamment encore M n" de Saint-Sulpice de venir le retrou-ver. « Il faut faire état à vous et à moi, lui mande-t-il, de demeurerici pour quelque temps, si vous aimez tant ma compagnie, commej'aime la votre; par quoi, il nous faut aviser à nos affaires etprendre garde avec loisir et de loin de vendre tous les blés et arren-ter tout ce que Dieu nous adonné pour trois ans n.

Mais à ce moment, on est en pleine guerre, - la troisième guerrecivile, - et il est impossible à M'ne de Saint-Sulpice d'abandonner ladirection des affaires. Ses lettres sont pleines alors des ravages etdes dévastations des gens armés. q, Nous avons ici des voisins,écrit-elle, qui n'ont cessé toute cette année et ne cessent encore denous faire journellement beaucoup de fâcheries, courant sur nosterres pour ruiner et- mettre en extréEne pauvreté nos paysanset pauvres sujets... Et ceux qui font tels actes, je puis vous assurerqu'ils n'ont suivi camp 'de cette année ni n'ont délibéré de le suivrepour donner avancement à la cause dont ils se targuent... Ce seroitune longue tragédie de vous raconter par le menu leurs actes

Tous, écrit-elle un autre jour, ont fort bonne volonté de vousfaire service et prennent fort volontiers la charge de toutes vosaffaires,.., mais ce temps est si déplorable que personne ne s'osetenir chez soi, ni aller par chemin,., car il y a de serteines manièresde gens, se faisans capitaines, qui courrent de nuit pour prendreleur pi'oye jusque dans leurs maisons, et les en amènent et lesmettent à une si grande rançon que si leur puissance n'y peut suffire,leur vie y demeure. L'on en a déjà pris en nos terres force honnestesgens, tant prestres que autres, leur faisant payer les cent ou deuxdents escus, mandant contribuer porter des vivres, les dix pipes devin et les vingt setiers de froment ou avoine, avec beaucoup d'autresvivres, si bien que les pauvres paysans sont destruits à jamais siDieu n'a pitié d'eux. Nous en escrivons tous les jours, mais ils nousrendent response que la guerre le porte, qu'il faut qu'on leur ayde ànourrir leurs soldats. n

La courageuse femme gagnait-elle l'un de ses domaines, les plusmauvaises nouvelles lui parvenaient de l'autre. Etait-elle à Saint-Sulpice « Madame, lui écrivait de Caniac, son intendant Dufourn,

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UNE FAMILLE FRANÇAISE Ail XVI° SIÈCLE 17

ceux de la ùelig ion vinrent hier en votre terre et Lotit le bétail qu'ilspurent trouver le menèrent à Geniès, et ces présens porteurs, vossujets, s'en vont devers vostre seigneurie, comme leur dame et soi-gneuresse, aux fins de vous supplier très humblement qu'il vousplaise de vos grâces leur faire le bien «en écrire audit seigneur deGeniès de leur rendre leur bétail, lequel leur ont emmené sansaucune occasion n. Elait-elle à Coanac « Madame ma soeur, luimandait de Saint-Sulpice soit l'abbé de Marcilhac,pour ce qu'il n'y u eu céans personne qui ait voulu prendre l'har-diesse de vous faire entendre le désastre qu'est advenu ici et àMarciihac depuis votre parlement, combien (lue CC soit à mon grandregret, je n'ay pourtant voulu différer davantage à vous escrirecomment vendredi au soir, sus la my-nuit, passa ici et à Marciihacune compagnie de sept à huit vingt chevaux venans de la Rochelleavec intention de démolir toutes les églises par là où ils passent.Et se vinrent adresser à la votre lorsque tous les hahitans de ce lieuestoient encore au lit et y mirent le feu, ensemble à la cannnade quitouchait l'église. Et après avoir fait les plus , grandes ruines que lajournée leuren poivoit permettre, ils menacèrent les habitans quandils partirent que, si clans trois jours ils n'avoient tout rasé de fondsen comble, ils y retourneroientù leurs despens. li n'y a eu personnedu village qui n'ait reçeu dommage de leur venue. Il est vray qu'ilsmenacèrent haut et clair que, s'il y avoit homme du Château quiattentât rien contre eux, ils mettraient en feu tout le village et votregrange et estable, qui fut cause, pour éviter un plus grand malheur,que nous nous conUnmes, prenans au reste toute ' la garde dontnous pouvions adviser, qu'ils ne pussent rien attenter contre la mai-son. Et encore avec beaucoup de supplication, nous eûmes bienaffaire de racheter par quelque somme d'argent Feutre caminade oùcouchoient les menuisiers, car ils vouloient tut brûler et toutraser n.

Contre ces désordres comment se défendre ? En demandant dessauvegardes aux chefs des divers partis. M ne de Saint-Sulpice endemande donc à d'Acier, à Monluc, ce qui n'empêche pas les soldatsde ce dernier de s'établir un beau matin dans la maison de Saint-Sulpice à Goudou, u où y demeurant trois jours, ils gâtent tous lesblés, en marchant dessus n.

Un autre système est de faire mettre garnison en ses terres. Les

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18 PIERRE DE VÀISSIÊLIE

habitants de Caniac ayant fortifié l'église et une tour du château,M"" de Saint-Sulpice demande ainsi à M. de la Chaeel1eLauzières,gouverneur du Quercy, de vouloir bien leur donner quelque chefpour y commander avec tel nombre de soldats pi'il semblera bon,lesquels ces habitans offrent soudoyer honnestement avec la contri-bution des deniers qu'ils ont cotisés et avec l'aide de quelquesparoisses prochaines Mais le remède est souvent pire que le mal,car les soldats de garnison ne se comportent souvent pas autrementque les pillards; et les paysans se soustraient trop fréquemment auxcharges de leur entretien.

Alors? Alors, oit est réduit à implorer personnellement lescommandants des armées, catholiques ou huguenots. Au reçu d'unchevreau et de quelques volailles, présents offerts, dons le butque l'onpeut comprendre, par M' de Saint-Sulpke à l'amiral de Coligny,celui-ci envoie tout de suite à ladite dame r l'assurance que là OÙ il yaura moyen de lui faire plaisir, il s'y emploiera bien volontiers n.De ces vagues promesses il faut se contenter.

Comment dans ces conditions vendre ses récoltes, passer des fer-mages, arrenter des biens. « Tout cela est impossible tant (lue durela guerre, car on ne trouveroit preneur, attendu que ceti s qui ont, dequoi n'osent bouger des villes pour trafiquer ni faire aucunménage

Par dessus tout. Me de Saint-Sulpice est grosse de son sixièmeenfant et cela ajoute encore à ses peines. Sans doute elle se rendbien compte de l'impatience naturelle de son mari, « Je ne fais pointdoulte, lui écrit-elle, que vous ne vous fâchiez un petit à Paris,étant tout seul avec notre petit MoNsIEUR; mais si est-ce une chargeque l'on estime fort honorable et qui doit vous garder de vousennuyer tant... Certes si souhait avoit lieu, je sauterois volontiersquelque heure de jour auprès de vous, quand vous estes retiré envostre chambre mais encore faudroit-il que je fusse un petit plusdisposée que je ne suis asteure, oit l'eure que Dieu me fassela grâce de me délivrer, vous assurant que je crains bien autant cestejournée-là comme je pourrois craindre les huguenots

Encore le pauvre Saint-Sulpice est-il heureux quand il reçoitrégulièrement des nouvelles. Mais souvent quatre ou cinq mois sepassent sans lettres, car les courriers ne circulent que difficilement,en temps de guerre, et les occasiois sures sont rares.

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uNE FAMILLE FRANÇAISE AU xvr Siici,n 19

On peut croire dès lors quelle joie est la sienne lorsque, la paix deSaint-Germain signée, H peut espérer enfin revoir sa femme, dontles couches sont achevées. u Ma nive, lui écrit-il, je crois qu'ayantété la paix publiée il y a quinze jours en ceste ville, elle le soit aussiaussi par delà, et par niesme moyen toutes choses reluises en leureslat... Je pense donc que vous estes sur vostre parlement. Je prieDieù qu'ainsi soit et heureusement et bientôt, car jusques à ce queje vous voie, je ne penserai' pas avoir la paix. n Puis ce sont recom-mandations pour le voyage. u Au demourant prenez garde cri cheminet de me advertir de votre venue que je le puisse savoir huit joursdevant que vous arriviez à Paris, ne voulant faillir de mv trouver u.Elle devrait se , procurer des mulets pour faire la route; e ce seraitd'une grande épargne n. Enfin des projets d'installation à Paris.La Cour doit aller en Picardie à la lin de septembre. u Mais il nefaut qu'y veniez que n'avons esté à Paris ensemble pour dressernosire ménage et équipage . ». u Il sera nécessaire (le louerune maisonen ceste ville pour nous y retirer quelquefois n. Cette maison, ilimportera de la meubler au plus tôt et pour cela Me de Saint-Sulpicedevra porter avec elle e la vàisselle, si elle a été recouverte et désen-gagée là où elle étoit, le lit de damas cramoisi sahs sa couverte, 1epetitpavilton de (lainas vert n il sera en revanche inutile de se char-ger de linge. Eu même temps, Saint-Sulpice se préoccupe d'assurer àsa femme la place le dame d'honneur de la Reine qu'on lui a promise,et comme il veut qu'elle paraisse à 5011 avantage à la Cour, u où plu-sieurs grandes et liotuestes dames se réjouissent de sa venue n, illui envoie ]e dernier écho des'modes. « On ne porte point de robesà manches pendantes, mais toutes sont fronsées et plusieurs enportent à haut collet ; . . . l'on se tient du nste ici plus propre quel'on ne fist jamais et toutefois sans grande superfluité; mais vousavez gagné le procès pour les grandes fraises que l'on porte et fortblanches. Quant à moy, je n'ai point changé et me trouve trèsbien >i. --

Mu e de Saint-Sulpice dut arriver à Paris les premiers jours denovembre 1570. Alors s'ouvre la période la plus brillante et la plusheureuse de la vie de cette famille. Son chef est comblé d'honneurset de faveurs. Il est fait capitaine de la ville et du château d'Alen-çon, lieutenant des eaux et forêts de Cliâteau-Thierry et Châtillon-sur-Marne. capitaine de 50 hommes d'armes des ordonnances, et en

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'20 PIEBflE DE VAISSIÈRE

iiime temps bénéficie de continuelles largpsses sur les droits defiefs et d'aubaine qui échoient au Roi ou à sou maître le duc d'Alen-çon.

Une chose prouve au surplus soit : ce sont les demandes,les sollicitations (tout il est assail li. La Mot he-Fénelon , ambassadeuren Angleterre. qui signe, votre bien pauvre et bien petit parent o,

M. de FerraIs, maître d'hôtel du Roi et SOIT représentant aux Pays-Bas M. de Mon Lniorency-Dam' il le, M. de Fourquevaulx ambassa-deur en Espagne, M. de Carnavalet 2 et bien d'autres s'adressent àlui comme à un ami sùr, souvent comme à nu protecteur auto-risé.

La réunion et la douce intimité de cette famille ne se prolongeapas longtemps malheureusement- A la fin de 1571, Saint-Sulpice etses deux fils aînés, Henry et ArnTand, furent obligés de suivre laCour à Blois et de laisser de nouveau, à Paris, M' de Saint-Sulpiceencore grosse. Puis revenus en 1572 dans la capitale, - et sansqu'on sache rien de la famille lors de ta Saint-Baithélciny, sinonqu'elle était bien à Paris, oit Mac de Saint-Sulpice contribua à sau-ver la vie de M1 de Montreuil, ce qui lui valut les remerciementsde Marguerite (le France, duchesse de Savoie, à la personne de quisemble avoir été attachée cette demoiselle, - Saint-Sulpice et sesdeux fils repartaient au commencement de 1573 pour le siège de la

Rochelle, pendant que M' de Saint-Sulpice pour être plus puésd'eux s'établissait à Chef-Boutonne, chez sa soeur, Mie de Brisani-

bourg.Là, à la Rochelle, les deux jeunes Saint-Sulpice devaient faire

leur apprentissage des armes, et avec quel courage et quel entrainils le firent, les lettres de M: de Saint-Sulpice h sa femme le disentassez. o Nos enfans, écrit-il te 7 mars, ont couché tous les joursaux tranchées depuis le commencement du siège o, et non sanscourir quelque danger, puisque M. de Chavigny, M. de Saint-Aignan, M. de la Motte, ont déjà été blessés, et que u< M. dAumalea été tué d'un coup de canon, regardant par une canonnière, lui

I. François de Rogici, baron de Ferrais. ambass,irlenr,uix Pitvs-Ias de 1568 A I 5O.2. François (le K ernev000v. on de Gaina valet. (1520-1572).

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UNE FAMILLE FRANÇAISE AU XVJ SIÈCLE 21

a yant donné le coup à travers le corps o. o Moi-Même , continueSaint-Sulpice, à la même heure où fut tué M. cltiiiaIe, je'Lois avecMesseigneurs à une tranchée où un coup donna qui nous cuidaemporter mais Dieu voulsisi que le boulet donna un pied plus bastoutefois, nous nous trouvèmes tout couverts de terre et (le pierresetsans aucun niai grees à Dieu. Nos enhnsà nie,snie instant estoientà cheval à l'escarmouche, où l'on tiroit des arquebusades et canon-rades o.

Le pauvre père ne (levait pas toujours être aussi heureux. Dès lecommencement d'avril. il lui Ftlhit renvoyer à sa mère l'aîné desdeux frères, si puisé par les fatigues du siège qu'on ne put letransporter qu'en litière à Chef-Boulonne et deux jours 'avant sondépart, le second, celui' qu'on appelait Comiac, était sérieusementblessé. On espéra d'abord qu'il s'en tirerait. o Ma mye. écrivait

Saint-Sulpice h sa femme le 7 avril, je suis si las que je ne puisremuer, car nous ayons été depuis 3 heures du malin jusqu'à Obien emhesongnés. L'on s'est voulu trop hèter pour donner unassault au lieu (lui sembloit à d'aucuns raisonnable. Notre filsComiac o triomphé il est blessé ( une arquehuzade à la jambe.mais il n'est en aucun danger, car l'os n'est point offensé o. 'Foute-fois, cinq jours après, les nouvelles devenaient plus alarmantes.« Ma mie, depuis le parlement de Saint-Sulpice, son frère s'esttrouvé bien fort mal, ayant eu grande fièvre, n'ayant pu manger. Ilidormir, et estant tombé en une grande rêverie. Il a fallu faire deuxincisions auprès de sa plaie aujourd'hui il a dormi un peu et letrouvent les médecins et chirurgiens mieux. Dieu lui donne la grècede continuer o Et enfin, le 18 avril, ce court, mais admirable billet,demandait Il mère de faire' son sacrifice Ma mye, loué soitDieu de ce qu'il luy a pieu ordonner de nostre fils Conijac. Nousavons à le supplier de nous donner patience et se vouloir contenteren nous délaissant les autres pour consolation. Je m'assure quevostre seur vous assistera si bien qu'il n'est besoing adjouster icyautre chose. Bré7,é vous dira le demeurant o.

Séparé de ses deux enfants par la mort et la maladie. Saint-Sul-pice ne rêva plus dès lois que de rejoindre sa femme pour pleureravec elle et son fils aîné le disparu. o Quant à moi, lui écrit-il, coin-bien que je sache assez qu ' il faut prendre ce coup de la mort de notrefils comme venant de la main de Dieu son premier père, si est-ce

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22 t'IEIIIC E DE \'ÀISSIÈItE

que je ne serai à mon aise que je ne sois avecques vous où je niedésire si extrêmement que je ne saurois écrire, car alors il me sembleque mes ennuis commenceront à diminuer et autant en pensé-je devous n. Mais le siège traînait en longueur. Malgré so it Saint-Sulpice continuait, il est vrai, courageusement son service, acconi-pagnant presque chaque jour au fossé n les ducs d'Alençon etd'Anjou, o bien que ce ne soit pas lieu de fils de roy n. Toutefois,la famille semblait jouer de malheur. Le 30 avril, M. de Biron, frèrede M"° de Saint-Sulpice, fut grièvement blessé d'une arquebuzadeà la cuisse. Peu après, heureusement, le siège prenait fin et les.parents si éprouvés se trouvaient enfin réunis,

VI

A ce moment la présence de Saint-Sulpice eût été bien néces-saire dans ses terres, car dès la fin de tannée 1572 les troublesavaient repris dans le midi, en particulier dans le Quercy, et pen-dant deux ans ils se poursuivent, o sans que, lui écrivent les corres-pondants de Saint-Sulpice. on Voie jamais personne pour gouver-ner et repousser les ennemis du Roy en ces qua rtiers... oit ilsexercent plus de cm'tmnui és et de meurtres inhumains qu'on n'ajamais entendu ces guerres dernières.,. I] n'y n pas maison tenablequi ne soit prise par les uns ou par les autres.., et tout ce qui esthors (le ces maisons est exposé en proie plus misérablement quejamais... Oit bien que le Canon doit enfondrer bientôt tous lesforts des huguenots, niais ceux-ci ne font qu'en rire, vu les effetsqui en adviennent depuis longtemps...

Dans ces troubles, oit le. croie, les maisons (le Saint-Sul-pice ne sont pas épargnées, et chaque jour luiparviennent deslettres l'informant de nouveaux désastres. Le I octobre 1572,o quelque troupe de ceux de la nouvelle religion » se saisissent denuit de l'abba ye de 13elleperehe, qu'ils pillent et saccagent et oùils massacrent le prieur et huit des religieux les plus anciens ilscomplètent leur oeuvre en prenant ait fermier 400 sacs (te blé etdix pipes de vin. L'année suivante au mois d'avril c'est le tour duclmOEtean de Coanac, qu'occupent le jour de Pâques les troupes d'uncertain capitaine l3oyer, qui ne délogent qu'après le payement d'uneforte somme et non sans emporter la plus grande partie du molli-

IF-9-

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UNE F.ÇI1I1IE FRANÇAISE AU xvi l', sii:ci.r 23

lier. Encore est-ce là s'en tirer à bon marché, car « l'habitude deces gens-là est de brûler lès maisons quand ils ne les trouvent paspourvues de ce qui leur fait besoin n. Plusque jamais d'ailleursles bandes se moquent des exemptions et des sauvegardes, etmettre des garnisons partout est impossible ou ruineux.

Aussi toute vie est suspendue dans les campagnes. Oit lesgens laissent leurs maisons pour se retirer dans les villes, ou bienils redoutent d'en sortir. u Nous n'osons aller ni venir pour les dan-gers qui sont à craindre des gens qui courent, écrit M. du Cluset àsoit Saint-Sulpice;... car toute cette mescliante canaille nelaisse passer personne sans la rançonner et piller s. u Chacun craintde se mettre en chemin en ce moment, mande d'autre part l'abbé deMarcilhae à sa belle-soeur, le 31 mars, et depuis la feste de Noël, jen'ai vu aucun de nos voisins et amis.

Et de nouveau, l'exploitation des terres devient presque impos-sible. Quand oit parvenu à protéger une maigre récolte contreles ravages des gens de guerre, il faut, si l'on veut la conser-ver, la mettre à l'abri (tans la ville voisine. Mais les métayers,« craignant d'être surpris en chemin o. ne veulent point se charger(lu transport,(lue l'on ne peut effectuer qu'avec le secours decharretiers « payés jusqu'à 20 sols par jour o. Toutes transac-tions, toutes affaires, tous procès sont d'autre part interrompus,« car nul sergent, ni officier de justice n'osent sortir des villespour l'aire exploit o.

Ces lettres, oit sont dépeintes si vivement les misères de la guerrecivile, se terminent uniformément par le même voeu oit souhaitele retour des propriétaires chez eux. Seule la présence de Monsieurou de Madame de Saint-Sulpice pourrait en imposer tin peuaux pillards. Malheureusement presqu'aussitôt revenue - de laRochelle à Paris, la famille se trouve accaparée par mille affairesde Cour : }-lenry (le Saint-Sulpice part pour la Pologne avec le ducd'Anjou en septembre 1573, et au 111015 de janvier 157 1j, M. deSaint-Sulpice est chargé d'une mission en Poitou et en Saintongepour y faire u appliquer et respecter » le dernier édit (le Nciilca

-tion.Cette mission de Saint-Sulpice fut terminée vers le milieu

d'avril. Mais à peine de retour il reparlait avec M. de Vilieroy pourle Languedoc, porteur de l'ordre. .ecre de se saisir du maréchal

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24 PIEIIII E DE VAISSIÈRE

Damville, gouverneur de la province et l'un des principaux chefsde ce parti des Politiques, dont le duc d'Alençon pensait déjà àprendre la tète.

Pendant le court séjour qu'il fi t à Paris. Saint-Sulpice avait pudu moins recevoir les nouvelles que lui envoyait de Pologne sonfus Henr. Le voyage se poursuivait de la façon la plus heureuse.

Le nouveau roi et sa suite étaient à Mayence le 17 décembre1573.

Monsieur, écrivait à cette dite à soit Flenry deSaint-Sul-pice. s'en allant le sieur Frégose par delà' je n'ay voulu faillir devous escripre (les nouvelles de par-deçà, comme grâces à Dieu leroy de Pologne est arrivé en ce lieu de Mavence, oit n estéfestoyé et reçeu encore mieux que chez le comte Palatin, estantvenu au devant de lui de fort belles troupes de reîtres et fort grandenoblesse et y séjourne icy deux jours et nous lmg. Le i'oy dePologne inc fait fort bonne chère et rue fait semblant de m'aimer,vous assurant, Monsieur, que partout les princes où il passe, illaisse une bonne opinion de 1u', et rnesmes de ceux de la religionqui l'avoient bien autre,

De Mayence le roi et ses compagnons avaient gagné Francfort,Fulde, l-laIde et étaient parvenus à Meseritz les derniers jours dejanvier.

Monsieur, mandait de nouveau de cette ville I-Jenry de Saint-Sulpice, à sou père. je ne veux faillir vous escripre comme noussommes arrivés en ceste première ville de Pologne, là où sont venusau-devant du Boy les principaux seigneurs de Pologne, accompa-gnés d'une fort belle cavalerie, les unes compagnies armées à lafrançaise, comme gendarmes, les autres à la reître, et les autres àla Polacre, 1h oit y avoit les plus beaux chevaux turcs qui sepeuvent voir et les plus superbement harnachés: vous assurant.,Monsieur, que nous ne les trouvons pas si barbares que oit nousfaisoit, mais les faisbit lori ])oit Lesdits seigneursvinrent rece-voir le Boy aux confins, là où le roy et culx tous boutèrent pied àterre à la campaigne. Là il y eut un évesque (lui iuy fit une fortbelle harangue qui fut toutesfois trop longue pour cause (fit etdu vent qui estoit si grand qu'il abattoit les coches en terre.M. de Pibrac y fit responce qui ne dura guères moins puis le Roymonta à cheval et n'arriva à la ville qui ne feust deux heures denuit. »

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UNE FAMILLE FRANÇAISE AU XVI° SiÈCLE 25

Enfin. le 25 février 1.57î, le roi lui-même annonçait à Saint-Sulpice son arrivée et son sacre dans la ville de Cracovie. Maïs.comme on le sait., l'aventure de Pologne ne (levait, pas être delongue durée. -

Au mois de mai de cette mèikie année 1 fl74, Saint-Sulpice étaitcependant toujours en Provence, sans que u l'affaire du maréchal oavançàt beaucoup. Damville se dérobait à toutes les sommations desenvoyés du Roi, à toutes les conférences quils lui proposaient, etceux-ci ne pouvaient rien savon- de ses projets. Un moment ilscrurent avoir nus in main sur les preuves (lu complot on avait.saisi à Marseille trois volumineuses balles à son adresse à Paris ettout de suite on les avait avertis. Mais lorsqu'on ouvrit o lesditspaquets n, on y trouva seulement o du 51101) (le Capilil lTenei'is quemadame la maréchale envoyoit à madame la douairière de Bouillon,(le la poudre violette (Le Chypre et autres singularités qui serecouvrent à Montpellier n. Passant d'ailleurs par-dessus la tète deMM. de Saint-Sulpice et de Villeroy. Damvillc écrivait directementau Roi pour se disculper; et lorsque sa lettre portée par un cet'-tain capitaine Pezoii arriva à Paris, Charles IX était déjà mort.

Le fer juin 157h,, M tue de Saint-Sulpice informait en effet sonmari (le la disparition soudaine du jeune prince, en une lettre où àla grandeur ti-agique de l'événement se mêlent d'amusante façonles préoccupations (le la dame d'honneur.

o Monsieur, écrit MItIO (le Saint-Sulpice, je cray qu'ateure VOlIS

avez bien entendu la perte qu'il a pIeu h Dieu nous donner, (lui estd'avoir pris en sou saint paradis nostre bon roy, vous pouvantassurer qu'après avoir eu le regret que nous debvons naturellementde perdre un si bon prince, nous debvons louer Dieu de luy avoirveu faire une si bonne fin. Il estoit tout résolu de mourir, puis-qu'il plaisait à Dieu, niais si eust-il bien désiré que M. Mazilte iuyeust donné quelque remède. 11 appeloit toujours la Reine, sa mère,ne voulant jamais qu'elle le laissast. Un jour avant qu'il list Sa fin,il envoya quérir Monsieur le Chancelier et tout son Conseil et leurcoiniiianda expressément d'obéir eu tout ce que leur commanderaitla royne, sa mère, et en dit autant à lotis les capitaines des gardes.La dernière parole qu'il (lit jamais; après l'avoir dit par plusieursfois, il (lit o Adieu, Madame, pour la dernière fois », et la baisa etne parla despuis. Le lendemain tous les présidens et la cour de

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26- IIEIi1IE DE VAISS1l{E

Parlement vindrent au Bois de Vincennes et se mirent à genouxdevant la royne, luy suppliant de vouloir accepter le gouvernementet estre régente et qu 'ils l 'obéiroient en tout ce qu 'elle commande-voit, oit que leur l'ev fust venu,- que l'on espère qu'il seraicy dans un mois. Monsieur le duc se mit aussi ii genoux devantla royne lui disant qu 'eneores qu' il la voulust obéir comme trèshumble fils, qu' il la vouloit obéir comme très humble et très obéis-sant sujet et serviteur. Le roy de Navarre en (lit autant. M'ayantassuré M. de Sauves que vous seriez bientost iey, je m ' en resjoilysextrêmement, car il en est bien besoin et singulièremenL pourtoutes vos affaires particulières. Tout le monde s'habille de deuil,qui nie fera prolonger et faire cc (lue VOUS mandiez à Dudot,et au lieu de cela je Fais habiller vos pages et laquais de noir,comme tout le monde fait. Nous sommes venus cii ce lieu duLouvre où in royne-régente loge oit la royne-mère et per-sonne ne loge à la Chambre du Bo y. MONSIEUR, que l'on appelleasteure, est logé à la chambre haute du roy de Pologne. Madame-de Sauves est logée à vostre chambre et vous estes logé de l'autreeosté à mesme estage. M. dArpentis n usé de ses façons accoustu-mées, car il vouloyt avoir vostre chambre et nia donné fort grand'peine et fâcherie pour la garder, mais enfin il a tant, fait qu'il n eula garde robe... Voyant que beaucoup escrivoierit au nouveau 10)',j'ay prins ceste hardiesse en vostre absence et je vous envoie ledouble de la lettre pour voir si ],a bien,.., et pour l'es-pérance que j'ay que nous nous verrons bientôt, ne vous en diraydavantage, vous baisant très humblement les mains.

On sait avec quelle précipitation Henry III quitta la Pologne ilen mit moins à revenir en France. Parvenu à Venise à la fin (lejuin 1574, il y était encore en juillet, n'arrivait à Turin que lesderniers jours d'août et au mois de septembre à Lvon, où étaitvenu l'attendre Catherine de Médicis. H dut y trouver aussi Saint-Sulpfce, car c'est; à cette date que nous découvrons dans lespapiers de ce dernier le curieux règlement de la chambre du Roipromulgué par Henry III et où était réglée minutieusement sajournée

Le Boy a ordonné, est-il dit dans cet acte, que dorénavant lematin, dès qu'il sera éveillé, la reine sa mère en sera avertie, etn'entrera personne en sa chambre avant icelle dame ou que celui

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UNE FAMILLE FRANÇAISE AU SVI" SIÈCLE 27

(lui aura envo yé vers icelle daine ne soit de retour; et après.entreront les princes estant (le ses affaires et autres qui en sont,monsieur le chancelier et les quatres secrétaires d'État. - Lorsquel'on apportera ht chemise, les princes qui ne seront de ses affaires,ceux du Conseil, les chevaliers de l'ordre, gentilshommes de laChambre, capitaines de 50 honnies dormes, et autres gentils-hommes de qualité, le grand aumônier, les évesques, le sieur deMazille et la musique entreront en Ladite chambre. - Sa Majestéestant hais du lit, et se retirant dans son cabinet, fous ceux de sesaffaires entreront et les autres qui seront en ladite chambre se reti-reront d'icelle, excepté les princes, officiers de la couronne; lesquatre secrétaires dEtat, les seigneurs de Morvilliers, de Limoges,évesque de Valence, (le Poix. Beilièvre, Pibrac, de Moulue, deSanssac et le seigneur de Saint-Sulpice et en soit celui quiplaira à Monseigneur mener avec lui.

A la suite du nouveau souverain, Saint-Sulpice et son fils firent.alors le voyage d'Avignon, puis revinrent à Paris en mars 1575, etle signalé service qu'il rendit vers cette époque à la Reine mère, euusant dc son influence sur le duc d'Alençon pour le réconcilier unefois de plus avec son frère, affermit si bien la situation de Saint-Sulpice, qu'il jugea possible d'abandonner ses fonctions trop absor-bantes de surintendant d'Alençon pour ne plus exercer que sescharges à lit cour.

Celui qui était alors tout -l'espoir de la famille, c'était Henr y deSaint-Sulpice. Charmante et sympathique figure que celle de cejeune homme à qui tout et tous souriaient I Les compliments surlui revenaient de mille côtés au père.le ne me puis garder devous ramentevoir, écrivait et dernier le maréchal de Betz, je neme puis garder (le vous ramentevoir l'heur que Dieu vous o fait dele vous faire naître tel et de si bonne nature qu'il se rend agréableet se fait aimer à chacun, promettant de soi tout ce que ceux quivous aiment et le bien de votre maison peuvent désirer. n Aussitôtarrivé à Paris, le jeune homme avait couru à l'armée du duc deGuise, et u suis, écrivait-il de Langres à sa mère le 16 septembre1575, le premier gentilhomme de la cour qui suis arrivé ici n. Maisbientôt il était rejoint par ses amis Saint-Lue, d'O, Caylus, et tousquatre s'apprêtent joyeusement alors à faire sous « le giand duc deGuise n leur devoir de gentilshommes et de soldats. Bien souvent

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28 11111,1111E DE \'AisstjnE

d'ailleurs leur arrivent au camp des nouvelles de Paris, et leurmaître Henry, III lui-même ne dédaigne pas de se l'appeler de tempset) temps à leur souvenir, comme en ce eha rnan t billet, do té duPl octobre ISiS

u Tous quatre vous aurez. encore ceste-cy pour vous assni'er dema bonne volonté en vostre cnclroict i et pour ce que les parollessont femelles et les effets mâles, voilà pourquoi je ne vous mectravpas en grande peine de lire ma fâcheuse et mauvaise eseripture.Mais l'occasion s'offrant, je veux que vous voyez tua bonnevolonté. Je crov que vous ne nie prendrez pas pour écrivain,voyant ceste lettre, mais écrivez-moi souvent et vous nie ferez plai-si .t , . n

Ces lignes arrivèrent aux jeunes gens à ii veille de la bataille deDormans (10 octobre 1575), qui fut pour llenry de Saint-Sulpiceune nouvelle occasion de se distinguer. il v tint une belle con-duite, car presquanssitôt après il recevait- la charge (le ca)itainede chevau-légers.

Il lui fallut sans retard gagner le Quere , afin dy recruter sacompagnie, chose malaisée ii ce moment « où tous bons soldatsavoient pris parti il en restait pouitant encore, et les moins?musantes négociations de Saint-Sulpice ne sont pas celles longue-ment poursuivies par lui avec un certain M. de Montmurat fortdésireux. (le voir sa maison débarrassée de deux bâtards de son feupère, n qu'il offre (le bailler montés et armés chacun de son arque-buse n. L'on finit par s'entendre à la vive satisfaction du bon gel)-tilhoinme.

Ce séjour en province, un peu sévère et en plein hiver étaitadouci au jeune homme par les lettres, de ses amis dc Paris, quisiugéniaient à lui conter l'amusante chronique de la cour, il esttelles de ces lettres qui sont bien dans le ton de l'époque.

e Frère, lui écrit notamment un jour M. de Saint-Lue, combienje suis aise d'avoir eu de vos nouvelles, vous le pouvez croire parfigurer le semblable en vous, si vous in'aimez eoninie je le pense.De nia part cro y ez que je n'aimerai jamais rien pour amitié juréeque ce que savez de la ligue faite entre nous, et en quel rang vousêtes, selon ce dont je vous ai assuré, vous pouvez en prendre certi-tude vous jurant que, si se peut augmentation, elle y est. C'esttrop user de discrétion et de flatterie, niais la vérité étant telle,

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UNE FAMILLE FRAr'çAISE AU X\ 1 1, S[ÈCLE 29

me convie encore davantage ce il je n obéirai pour Savoir n'en

être b qbesoin à l'endroit de vous ui en devez croire plus que je ne

vous en saurois figurer.r Donc, pour changer de propos, je donne ma lettre ait niaitre de

la campagne de deçà 1 qui est toujours fort votre ami; il m'a dit

qu' il vous écrira. Quant à BeatLvine 2 , elle ii un peu diminué du cours

l 'a initié qu'elle vous portoit par un faux rapport fait, lequel j'aiessayé de repousser, et j 'ai fait en sorte qu'elle n'eu croit quasi plusrien, navani en ce nulle apparence de vérité. J 'ai tant en de ces

malicieuses charités depuis votre absence que n'est besoin que tuenvies mon heur. Toutes ces filles se recommandent il et

disent que. si Colette 3 leur eust escript, qu'il y eust il jeu tel

retour. Tu ne croirais combien l'amour est maltraitéDirons-nous qu'à l'heure où lui parvenait cette missive alambi-

c1uéne, le tour 'en (levait plaire (["'à moitié h Flenry de Saint-Sul-

ce. Ce qui le retenait alors en province n'était plus tant en effetle soin de recrut ci' sa compagnie, qu'un projet plus charmant etplus doux, son prochain mariage. Il avait jeté les yeux sur unejeune lilIc issue d'une des plus nobles familles de la province,M 11P de Négi'epelisse, et en des lettres pleines à la fois d'un touchantrespect et d'une délicieuse intimité, il avait fait part à son père et àsa mère de ses espérances.

Monsieur, mandait-il le 25 février à M. (le Saint-Sulpice,Monsieur. estant en ce pays et ayant fait déjà une partie de macoinpitglne,je ouys dire comme M" 0' de N égrepelisse et niaclernoi-selle sa hile estoient sorties (le Négrepelisse et estoient à Moniri-

eaux, et y estant allé par l'advis (le M, de Montbrun et y ayant

demeuré quelque temps, M mc de Négrepelisse et sa fille me firentsi bien (lue de me tenir en leur bonne grâce, cc que voyant, jesuppliai M. de Monthrun d'y vouloir venir, et y estant arrivé futd'avisde envoyer Morgon, vous escrivant la cause de soitlequel vous fera entendre toutes choses, et pensant bien aussi,Monsieur, que ne serez marri de quoy je me suis arresté pour une

1. Il enry III se reLi a [t f,'&j' ieuioie ut à 011ainvil te (auj Seine-et-0ko), puni' r amener,disait-ii, la simple ic d'un seigneur de campagne.

2. Peu tij'e faut-ii lire Beauvilie, et il sagira j (alors l'une soeur de J. (le Moiras,seigneur (le Bcouvilie, geutillioniaic du due d'Alençon. -

3. Su,'norn ra,niiicr de Henry . de Saint-Stilpiec.

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30 :iinj j; Vussi inE

si lionne occasion qu'est la grandeur de rostre maison.., Laditedame vous en esc.ript, vous suppliant. Monsieur, fil satis-faire de façon qu'elle en puisse estre contente vous pouvant assit-rer. Monsieur, crie si je vous ; % y pillais rendu obéissance de filstelle que -je vous cloihs, qu'elle me croistra encore davantagecomme d'un père de qui il n'y a fils au inonde tant obligé que je.suis. n -

Et *il sa mère

Madame, je n'oserois vol,- mander par lettre tout ce que jevoudrois. 'I'outeskis, encore que je m'en remette au porteur, jevous dirai qu'estant toujours après il ma compagnie. et. estantvenu voir Me et Mi le du Négrepelisse, je les ai trouvées en fortbonne volonté en mon endroit, qui est cause qu'avec l'avis deM. de Montbrun, vous ai dépesché M. Morgon pour vous faireentendre foutes choses, vous suppliant, Madame, de faire en sorteque nous puissions donner lin à cette affaire, qu'est une que jepoulrois bien perdre.

Ces lettres curent bientôt ls réponses qu'elles méritaient. Nousn'avqns pas celle du père. Mais que dit-e de celle de la mère,que dire de celle de Heimry III, cIa roi lui-même, mnisau courantdes projets et (les espoirs de la famille,

Mon fils, écrivait M" de Saint-Sulpice, je loue Dieu de quoi ilm'a fait la grâce de voir ce que j'ai toujours désiré le plus en ceinonde, qui estoit que puissiez acquérir' ].a grâce (le Mm lacomtesse de Négrepelisse, et- de mademoiselle sa fille et puis-qu'elles vous ont fait cet honneur, Vous pouvez assurer maditedame que je ne veux avoir autre désir et affection que de lui faireservice, et quant à mademoiselle sa fille, je l'aimerai (le tout, moncoeur et n 'y aura jamais rien eu notre puissance qui ne soit toutsien, et ne suis que marrie que je n'aie beaucoup, car elle y auroittoute puissance comme sur le peu que j'ai, que je lui donne de fortbonne volonté, et moi-même quant et quant, car je suis toutesienne. Pour vous, je suis seure que vous vous en revancherez tou-jours en mon endroit, me portant- telle amitié que je me suis tou-jours promise.

Quant à la lettre du Roi, s'étonnera-t-on après l'avoir lue, dudévouement sans bornes, de l ' attachement sans limites (liC tant degentilshommes devaient professer k l'égard d'un maîtremaître qui leurécrivait, comme Heur)' 111 à Henry (le Saint-Sulpice

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- rtm^''iÇc

E FAMILLE FIIANÇAtSE AU X Vt° SIÈCLE 31

• a Je suis si aise quand j'entends des nouvelles de ma troupe etqu'ils peuvent avoir contentement en quelque chose que, ayant suqu'estes pour vous marier et que c'est ce que désirez, il mesemble que c'est moy qui le suis encore un coup. Jescris li Mmc deNégrepelisse comme pour celuy que j'aime comme moi-mesmc.Aimez tou j ours bien Henry. car il ayme bien fort l-leni'y, et venezvous en après avoir fait vos affaires, priant Dieu vous conserver. »

Le mariage fut célébré tu mois d'avril, et par une délicate atten-tion le Roi dès le 21 mars assignait comme garnison le pays deQuercy à la nouvelle compagnie levée par Flenry de Saint-Sulpice.Toutefois, bien que la paix, - la paix (le MoN giEtui, - vînt (l'êtreSignée, cette faveur ' contrista plutôt qu'elle ne réjouit le jeunehomme, o li seroit bien fâcheux, écrivait-il h sou père, qu'aprèsavoir fait la dépense de ma compagnie, elle ne parût point... D'au-tant que mon cousin de Caylus, qui est dé j à parti. aura montré lasienne, (le façon que l'on pourra dire que je n'ai eu moyen de fairla mienne, o -

A ce montent t.ent d'autre par ,vers la fin de 1576, les amis dujeune homme insistent pour le faire revenir à la Cour,

o Colette, lui écrit son fidèle François dO; je te veux mal quetu ne m'as laissé quelque service à te faire comme tu m'avoispromis, pour t'avoir fait paroitre combien j'ai envie de te ser-vir, encore que je sache que tu n'en doutes. Mais je pense quec'est moi que tu aimes le moins, et puisque tu ne donnes point decommission ou que tu penses que je ne m'en fusse su acquitter,si vous dirai-je pie le diable m'emporte si je fais différence demon frère h toi, sinon que nous ne partagerons ensemble. Je laissecela pour te dire q'u'il faut te dépêcher (le t'en venir trouver le Hoyà Blois aux flots où il y aura bonne compagnie. Tous nos amis sepoi'tcit bien Dieu merci . ...Adieu, Colette, espérant te voir àBlois bientôt, je ne te dirai davantage.

Et c'était bien en effet à Blois que sa destinée, comme ses amis,appelait le jeune liomne, qui allait y trouver la mort.

Son père et sa mère étaient venus le rejoindre en Quercy. Avecson père il repartit pour les Etats de 1576. Ils y arrivèrent au com-mencement de décembre. Leurs premières lettres furent pourMnIe de Saint-Sulpice restée au pays. 'fout paraissait sourire aupère et au fils. u Ma mie; écrivait J. de Saint-Sulpice à sa femme,

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32 PIERRE ni: VAISSIÈRE

nous sommes arrivés ici deux jours devant l'entrée des États ([Iiifut faite hier avec grand ordre et le Boy fit une harangue, la mieuxdite, la plus éloquente et prononcée de la meilleure grâce qui sepeut désirer, tellement que tout le monde en est demeuré ébahi. Ilm'a promis de me la huilier, niais je crois qu'on la fait imprimer.Il nous n fait au père et ait fort bonne chère et telle que. se peutdésirer. Et le lendemain matin il m'envo ya prendre pour venir àso it du cabinet qui n esté fort resserré et retranché et n'yentrent plus que les princes, officiers (le la couronne, et les gouver-neurs en chef des provinces. Il fit une honorable mention de moi,lorsqu'il nie lit entrer j'en ai reçu plus de contentement que s'ilm'eust fait un grand présent... Il inc demanda de vos nouvellesbien particulièrement et de ma fille et de tout ce que vous pouvezpenser... »

Le nième jour Henry de Saint-Sulpice confirmait à sa mère cesbonnes nouvelles. » Madame, avant la commodité de vous écrire,je n'ai voulu faillir pour vous faire savoir des nouvelles de la cour.En premier lieu, nous avons fait la révérence au Boy, lequel a faità M. de Saint-Sulpice beaucoup d'honneur et de bonne chère et àmoi beaucoup de caresses J'ai vu aussy MoNsinun. lequel me faitbonne chère.... J'ai baisé les mains aux dames de la Cour et à ceuxque je connaissais estre de vos amis et montrent tous grand regretde quoi vous n'esl es retournée. 'k

A cet accueil si flatteur, et à ces distinctions particulières le Roiajoutait d'ailleurs les laveurs les plus enviables. Il confirmait lanomination dAntoine (le Saint-Sulptce, deuxième fils (le M. de Saint-Sulpice, comme évêque de Calmes, assignait sur le trésorà son con-seiller d'État un doit 15.000 livres, promettait de s'intéresser àl'avenir de soit dernier fils Bertrand : -

Puis tout à coup au milieu d'une telle prospérité, cette lettredésespérée du malheureux Saint-Sulpice à l'amiral de Villars. useigneur, cece inc seroit une grande corvée d'escrire maintenant àquelque autre qu'à vous, estant privé de la souvenance et du senti-nient de presque toutes choses sinon celles de mon tuai. Mais il niesemble bien que en vous communiquant celles-là, J'en sentiraiquelque soulagement, l) :11'ce que je suis très certain que vous vou-drez prendre quelque part au grand ennui (lue ]e souffre, commeayant fait ensemblement une perte, vous d'un bon serviteur et moi

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IJF FANILLE FRANÇAISE AU NVl" S1ÉCLE 33

de ilion Ils c'est que sur quelques paroles que Saint-Sulpice, moufils, avoit eues avec le jeune vicomte de Tours, le 20c de ce mois-,en jouant au palLemail, desquelles M. d'Aumale les avoit accordésavant laisser le jeu, et il en penseit estre du tout dehors, leditvicomte le vint appeler au sortir du bal environ les 11 heures denuit, dont lui trop conlidaiit le suivit seul au bas des degrés de cechasteau vers la porte du Foy, où ayant attitré des gens à sa pose,ils assassinèrent ce jeune gentilhomme à coups de dague, sans luidonner loisir de mettre la main à l'espée; de quoi à une heure delà, il rendit l'âme quasi entre mes bras, et je loue Dieu qu'il lui litla grûce de le recongnoistre et de l'invoquer fort chrestiennemenl àla fin, et que le Boy et toute ceste court ont montré porter beau-coup de regret à ccst accident, singulièrement M. le duc du Mayne,votre beau-fils, qui a honoré et fait honorer ses obsèques et s'estefforcé (le me consoler et de demander justice, dont je vous suppliem'aider à l'en i'cinerciel' et qu'il vous plaise faire estat de tout cequ'après èest accident est, demeuré de reste en ma ),aise',....

Vil

Profondément touché par l'affreux malheur qui l'atteignait ainsi,Saint-Sulpice rentre prcsqu'aussitôl dans sa province, dégoûté,semble-t-il, de cette, vie de cour, dont quelques années auparavantil acceptait si j oyeusement « la servitude » « Madame, écrit-il alorsà la Reine-mère, je supplie humblement Votre majesté avoir souve-nance du devoir de fidélité que j'ai rendu à Votre majesté par Plu-sieurs années.., dont il ne me reste autre chose ni récompense quela perle que j'ai faite de nies enfants et de mes biens. » C'est qu'àce moment le vieux gentilhomme parait souhaiter revenir en arrièreet se prenant à regretter la vie simple et libre

d'autrefois ne plus

former que le voeu de 'raseinhier les débris de sa famille et de safortune.

Il n'a désormais que deux fils l'un Atitoine déjà engagé dansles ordres, nommé évêque de Cahors et sur le point'd'entre-prendre un voyage en Italie, pour y aller achever sa formationecclésiastique, l'autre. Bertrand, que le Roi a envoyé comme otageen Allemagne auprès du duc Casimir, son créancier. Sur ces deuxjeunes gens repose dorénavant l'avenir de la famille successivement

04'NfS c

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34 I'IEIIiIE DE \'AiSSIÊHE

le père tente de regagner 1w) au monde, «éviter à Vautre la tra-gique destinée de I'ainé. II supplie Antoine d'abandonner l'étatecclésiastique en se faisant relever de ses voeux niais le jeuneprêtre refuse de déserter la voie où il «est engagé, et à son père dési-reux de le garder près de lui, il ne peut faire que le sacrifice de son

-

voyage en Italie. Reste donc seulement l3ertrand, qui, heureusementde retour d'Allemagne, arrive à Saint-Sulpice pleurer avec soitet sa mère la mort prématurée de soit

Aux chagrins de la famille s'ajoutent à ce moment les mille sou-cis résultant de pénibles règlements d'affaires avec les Négrepelisseet d'une situation négligée depuis près de dix ans. A la suite dudécès dFlenr- de Saiut-Sulpice, des différends se sont élevés entreson père et M" de Négrepelisse au sujet des avantages stipulés enfaveur de Melie de Négrepelisse par Soit de mariage. C'estainsi que M. de Saint-Sulpice soutient que les 4.000 livres de rentepromises à ?s'D 11ü de Négrepelisse ne doivent être payées qu'après samort à lui, attendu qu'il «est réservé l'usufruit de tous 'ses biens.Il prétend d'ailleurs qu'en tenant compte de sa fortune, ces 4.000livres sont'une somme beaucoup trop forte. et que la donation doitêtre annulée, comme étant inofficieuse et préjudiciable aux droitsde ses autres enfants. En persistant dans leurs prétentions lesparties seraient obligées d'entrer en procès;procès; mais considérant l'an-cienne amitié des deux maisons, elles se décident à s'accorderet à transiger l'épouse. et sa mère renoncent à toutes récla-mations mo yennant 20.000 livres en numéraire et, 10.009 livres ciibagues et bijoux. Néanmoins toutes difficultés ne sont pas écartéespar là-même. Pour le payement des 20.000 livres, Saint-Sulpicedonne assignation sur un certain M. de Monthrison, son débiteur.Ce Montbrison étant mort, ses héritiers refusent de payer et lescréanciers de Mo de Négrepelisse inquiets en viennent à saisir sonblé. D'autre part, d'assez aigres discussions s'engagent sur les40.000 francs de bijonx. Les bijoux présentés ont été estimés à10.304 livres, ce que les dames de Négrepelisse ont trouvé u merveil-leusement estrange », vu qu'elles ne les évaluent qu'à quatre oucinq raille livres .. Aussi refusent-elles d'abord de s'en charger, etdemandent-elles le payenientdes 10.000 livres en argent. Les chosesfinissent toutefois W'" s'arranger, mais ce n'est qu'après d'intermi-nables débats.

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liSE FAMILLE FRANÇAISE LU] Xvi° SIÈCLE' 35

Et ces difficultés ne sont rien eu comparaison de celles où d'unautre côté se débat Saint-Sulpice. Dans les quartiers de Quercy, laguerre est de nouveau « plus échauffée que jamais o, en 1577, et Fa4-,ministration des propriétés en est rendue presque impossible. Conti-nuels sont les pillages des geus de guerre qui e prennent auxpauvres laboureurs, fourrages, blés, vins, chairs, lard poulailles, -avoines, pailles o. Incroyable dés lors est la peine que l'on a ào arrenter o les biens de campagne, et i trouver des fermiers, per-sonne ne voulant se charger (les (I terres qui sont trop près del'ennemi o. 'fous ceux d'ailleurs qui. comme Saint-Sulpice, ont desbiens ecclésiastiques, sont terriblement concurrencés par les chefsprotestants. (lui foui, eux-mêmes d'autorité e l'afferme » de cesbiens. Bref la plupart des champs testent. incultes et même arrive-t-on péniblement jusqu'à la récolte, «est une affaire de la moisson-ner. On ne le peut qu'avec des soldats de garnison. Or ces sol-dats, il faut les payer et propriétaires et paysans se rejettentles uns sur les autres cette charge écrasante. Les derniers ne con-sentent à l'acquitter qu'à la condition d'être exonérés de toute.redevance, et en un tel débat les choses tournent facilement -àl'aigre. o S yndics, écrit Saint-Sulpice eu 1577, aux syndics (leComiac, je trouve par votre lettre que vous pensez estre seigneursde Comiac, et que je sois vostre sujet, me voulant donner la loi,laquelle faut que preniez de moi. Car vous dites que vous nepaierez point ta somme que je. demande estrc mise sur vostreparoisse, prétendant qu'elle est pour vous et en faveur de vostrecapitaine. ce que je trouve bien estrange, connue vous feriez aussisi vous estiez capables (le raison, pour autant que la somme que jevous demande ne vous a point esté baillée par Monsieur le gouver-neur qu 'à ma seule contemplation.... »

Mais pendant que o ses gentilshommes essaient ainsi de remettrequelque ordre en leurs affaires domestiques o, le Roi n'oublie pasqu' e en la noblesse de son royaume consiste la principale forced'iceluy o, (lue des serviteurs tels que Saint-Sulpice sont rares, etbientôt il le rappelle à la cour. o Monsieur de Saint-Sulpice, lui écrit-il dès le 12 avril 1577, ayant avisé de députer avec mon oncle, leduc (le Montpensier, quelques personnages de mon royaume, ama-teurs du bien et repos d'ieelui et affectionnés à mon service pour setrouver à la conférence et assemblée, qui se doiht faire à Bergerac

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36 PIERRE liE VAISSIÉAM

avec mon frère le ro y de Navarre et les députés de ceux (le la iiquvelle opinion et autres leurs associés, j'ai fait élection de votre per-sonne, pour la très grande fiance que j'ai en vous et pour vousconnaître doué de toutes les parties requises pour nie servir enaffaire si important. e Et il le convoque par cette lettre pour le 25

du nième mois. Dès lors courriers sur courriers arrivent de la courà Saint-Sulpice. l'un lui apportant un sauf-conduit pour la Luitionde sa personne e, l'autre, une nouvelle lettre du Roi ic pressant dede s'employer au traité de paix, e car ce sera, dit 1e monarque, mefaire service siagréable, que je le colloquerai au rang des notables quecette couronne et moi avons reçus de vous en maintes occasions »un autre encore lui remettant une missive (le la Reine-mère clic-même, qui e s'assure de sa bonne volonté à se trouver où ii, peutêtre utile au Boy n. Mais h tant d'instances le vieux gentilhommene répond que par des lettres découragées. Il est et momentmalade d'une fièvre accompagnée d'une entorse qui lui est tom-bée sur une jambe e, et depuis six semaines u détenu au lit e, il

est incapable de monter à cheval, ne pouvant même se faire trans-porter aux bains, ainsi que les inédecin.s le lui ordonnent, et si basque le 29 avril 1577, il refait e soit de dernière volonté e.

Le mal est du reste autant moral (lue physique ; il 'avoue à sesintimes. De la mort- tic sou IjIs, dont le meurtrier n'a encore étécondamné que par contumace, il ne peut se consoler, non plus queMn-de Saint-Sulpice, o laquelle na bougé aussi (l'un mois du litBref à la fin de juillet seulement il peut se mettre cii routepourintervenir à lit de la paix e

lin exposé de ces négociations rédigé par lui à cette époque etses lettres ;tu Roi et à la Reine-mère montrent avec quelle conscienceil s'acquitta de sa charge. Mais le coeur et l'entrain n'y étaient plus.Dès le mois de septembre il suppliait instamment , son souverain deluic permettre et octroyer congé d'aller donnerordre à ses affaires »et quand Vannée suivante, Henry III lui demande (le nouveaud'accompagner Catherine de Médicis pendant soit enGuyenne, la lassitude avec laquelle le vieux courtisan remplit cedevoir est plus visible encore.

Les courts billets qu'il adresse alors h sa femme sont unique-ment pour lui donner de ses nouvelles. Plus d'épanchements intimes,de gais propos, de confidences, et c'est soit M. de Massas

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UNE FAMILLE FRANÇA SE AU XVI° SIÈCLE37

(1UL devinant « la distraction que doit Atre à M fh0 de Saint-Sulpice

d'entendre ce qui se fait à la Cour o, écrit h celle-ci des- lettres unpeu plus circonstanciées et vivantes. Car il ne craint point d'entrer

dans le détail et ses descriptions ne manquent janiais de pittoresdlile.

u S'il vous pl - écrit-il un jour de Libourne, de

savoir lit comme i'ont. les clames il Cour, elles Ont leur

robes longues h I 'accoustumée, niais ces petites herdugoles quellesportent sont si grandes él. font tant hausser les robes qu'elles sonttin peu courtes des coslez. Il y en il portent des bourreletscomme toujours et y mettent force houppes par dessus et puis depetites frises. D'autres ont les bourrelets c1iii n'ont pas un pouce de

haut,. M e de 'Montpensier cii porte de ces petits et Mue de Lanssac

et des demoiselles aussi - D'autres en portent trois bandes larges dedeux doigts et mettent les trois. de rang. Je ne vous saurois expri-mer par eseripi la façon de ceux-1h. Madame la princesse (le

Lorraine en porte ( ( ut sont [ronsés, comme qui voudroit fronser uncollet (le chemise et n'ont lias encore un police de haut les robesson t d'ail leurs toutes à haut collet, et les dames mettent toujours Unlarge ruban par dessus, et puis leurs chaînes. Leur coiffure se faitbizarrement de plusieurs façons. Elles donnent iLfie poi nte à leurs

mnousles. La cour est au surplus fort grande de dames et il y o tou-

jours bal api'ès diner et après souper. Madame lit de

Fiesquel NI et M'° de Larchant , laquelle caressa et embrassa

par plusieurs fois M. tEe la Force 3 . de quoi tout le monde se rie... »Saint-Sol picc, lui,'à la même date, écrit sèchement h sa femme

« ],,a et toutes les daines m'ont demandé si ne vous verrontpoint. J'ai répondu que non.- » Et lorsqu'il s'étend, ce n'est jamaisque pour déplorer sa trop longue absence de chez lui et le tortqu 'elle cause h son o inérage

Au moment où désenchanté des beaux rêves d'antan le bongentilhomme ne pense plus ainsi qu'à la retraite, une chose l'attristeparticulièrement, et qu'il eût dû pourtant prévoir le dégoût qu'àleur tour éprouvent ses enfants d'une existence à laquelle il pré-tend et revenir et les faire revenir. il oublie qu'il n été jeune luiaussi, qu'alors 7L

aussi la province n été à charge, et il s'irrite

1. Al plions inc SI i-oui, (1111 n vii t é1ioiisé .Scipion, coilito de Fiesque.2. Dia,ic de Vivonne, niarhc ô Nidolas de Grcmonville, sgr de Larciial, en 1573'3, Jacques N oui par de Ci union I., sgr de in Force (1559-1652).

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I

38 PlEinE 1W VA1SSIÈRE

(le voir son fils ainé, l'évêque de Cahors, entreprendre ce voyaged'Italie, toujours remis, mais toujours désiré, il s'indigne surtout (lesentir son cadet Bertrand pris aux charmes trompeurs de cettevie de cour qu'il soit (l'avance ne lui ménager qu'amères désillusions.

Parti pour Paris en février 15 îS, le jeune homme envoie eiï effetbientèt à son père les plus triomphantes missives.

Monsieur, lui écrit-il le t) mars, il y n cinq jours que noussommes arrivés en ceste ville, et grâces à Dieu avec telle santéque, nous eussions pu désirer, où estant, après m'avoir l'ait unaccoustrement, je m'en allai au Louvre et m'adressai à M. le ducde Moine à cette fin qu'il me présenlast au Roy, ce qu'il me

p1 '0-mit très volontiers, me faisant bon recueil et toutes les démonstra-tions d'amitié que je pous'ois attendre d'un te] prince. Mais sur lepoint qu'il inc vouloit présenter, M. de Lorraine l'a emmené aveclui, t1ui fut cause que je fus contraint me présenter inoy-Inesnie, etfis ma révérence à Sa Majesté, laquelle In embrassa longtemps etet inc dit qu'il vous avoit toujours aimé, et qu'il maimeroit aussi.Après cela je m'en allai voir M. de Guise et M. de Lorraine etles autres seigneurs :qui vous aiment et que je congnois, lesquelstous nie recueillirent bien gracieusement » u Le Roi, les princeset tous les seigneurs, mande de même un peu plus tard, le jeunecourtisan, m'aiment fori, et me portent (elle affection que vous mesauriez désirer, et il est impossible d'être plus aimé( [ ne moi pour lepeu de temps (lue je suis à la cour.

Cette faveur est d'ailleurs confirmée par le mentor de Bertrand, lesieur Deschainps, qui écrit de son côté à Saint-Sulpice u Monsieur lebaron votre fils a esté aussi amiablement reçu que possible du Roi',des reines, des princes et princesses de ceste cour. Il commença, ila un mois, à servir le Roy à dîner où j'estois et lui estoit merveilleu-sement bien séant, y ayant fort bonne grce et toujours sa Majestéavoit l'oeil sur lui du plaisir qu'il avoit à le voir, se ressouvenantencore de feu monsieur le comte son frère, lequel est encore icibien regretté.

Une seule chose inquiète le jeune homme, la question d'argent.u J'aurois bien occasion, avoue-t-il à son père, de lue louer de cecommencement et avoir espérance que toutes 'es choses me succéde-ront et à vostre contentement et à mon advantage, niais je me trouvebien empesclié à ma première entrée eu ceste court, car au lieu de

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UNE FAMILLE FI(MÇÂ1SEÀiJ XVi t' SIICLE 39

recevoir l'argent qu'il vous avoit pieu ordonner que M. de Brézébailieràit, je n'ay rien eu du tout et ne mc met en aucune espéranced'en avoir, qui sera cause que je vous supplie très humblementvouloir penser à quelque autre expédient, car aultrement je ne sçayque faire.

Et quelques jours plus tard e Madame, écrit-il à sa mère, ils'est fait un ballet ces jours passés où le Boy et les reines voulu-rent que je menasse Madame la princesse de Lorraine et que ,je fussehabillé des couleurs qu'elle serait. J'estois sans moyen de le fairesans M. de Brézé q ui inc fit bailler deux accoutremens pour ce quenous dansâmes par deux jours, et je m'assure que cette dépense neme sera pas inutile. Jai bien reinonstré ail Roy que je navois pointd'argent, mais il me commanda de ce faire et que je ne me souciasse(le rien, qu'il m'en bailleroit. Je i'oussupplie donc derechef, Madame,que je ne demeure plus (le ceste façon et je m'assure que je merendrai alors capable de vous faire service agréable. »

Mais devant ces demandes vraiment touchantes, le père resteinflexible. Non seulement il ordonne à soit de revenir au plustôt, niais il écrit a it lui-même de vouloir donner congé au pauvreBertrand. La lettre est curieuse, car sous les formes de respect etde politesse où elle s'enveloppe, perce bien la rancoeur ditdésabusé.

Sire, expose Saint-Sulpice, je n'ai jamais eu rien tant à coeurque le service de Votre Majesté et lai tousjours préféré à tout autrebien et avantage, et ai nourri mes enfans en ce mesme désir, ainsique la vie et la mort de deux en porte bon témoignage. Et veuxbien, Sire, que ce troïsiesme, que Dieu m'a laissé, ait toute pareilleaffection que ses frères de suivre la résolution que je lui ai faitprendre et que iui-mesme a très volontiers prise de vivre et mourirpour vous en faire, qui se répute bien heureux que desjà il ait pIeu& voire Majesté .approcher d'elle à cet effet.. Et je ne suis que [plus]marri de n'avoir assez de quoi lui pouvoir ordinairemente.ntretenir,vous voulant confesser, Sire, que je serais fort courroucé contre luide ce qu'il ne m'est venu retrouver ait que je lui 8N ois dit,et que l'argent que je lui avais baillé a esté despendu, sans ce qu'ilm'a mandé (lue votre Majesté lui avoit commandé de demeurer et

1. Esnio rie lrézô. sec,'Maii'e rie Sninl.-SiiIjiee.

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40 PIIIIICE DE VAISSIÈRE

qu'elle le forcit P 0 Y0h' de quelque moyen de s'entretenir. Et parcequ'il n'en n de pas un, nins a esté contraint d'emprunter ses àn)is etles miens et que je me trouve encore surchargé d'affaires et sansmoyen de pouvoir soutenir ceste dépense, je vous supplie. Sire, luidonner congé de me venir incontinent trouver, pourestre iey quelquetemps, attendant que je lui aie fait nouvelle provision (I argent, pourl'aller despendre à la suite et service de votre Majesté...

Après une telle lettre le foi n'insista plus. En août 1579, Bertrandde Saint-Sulpice revient donc en Quercy et marié en novembre de lamême année à Mile de Montsalès, il semble fixe suivant le voeu de sonpère en sa province. M:us voici que le mois suivant, celui-ciest officiel-leinent convoqué par 'e Roi prn' u venir prendre à Paris l'habit etle collier de l'ordre du Saint-Esprit » nouvellement institué, bienhors (le propos du reste ;tirtemps où nous sommes », déclare M. deSaint-Sulpice. Le moyen toutefois de refuser ? Le père, et son filsqu'il ne peut pas ne pas emmener reprennent donc le chemin deParis, et si l'un ne se laisse guère ressaisir par les charmes de laVIC (le cour, l'autre ne serait pas de son Age s'il lit., s'y plaisait. Ledimanche après Noél, presqtl'tussitêt après l'arrivée de nos provin-ciaux, il y a bal au Louvre et padieulièrement brillant. n Le Royauparavant le bal soupa à la table ronde que l'on appelle. La roy ne,sa femme, et la rovue-mère soupèrent avec lui, et aussi la princesseMadame de Lorraine I. M"° de Merenye 2 ale filsdu feu ro y Charleset aussi la nia reschale Damville, la maréchale de Retz, la soeur [le feuMile (le Boustin , M ne d'Atry, M 1' (le Vitrv h et de la Vcrnav '. Etaprès souper le Bo y alla au bal et ne dansa (lue le grand bal et lesallemandes et des hraiisles de Poitou. Force, gentilshommes dan-sèrent. i'-

Puis suivent mille renseignements sur la vie et les nouvelles

1. Christine de Lorraine, fiIl ç le Clin-les li, due de lorraine, cl, 'le Cl aurl e de F'r 'ace1deuxième fille de Henry Il, nêe en I5c5, li,ari,e cri 1593 CI Fei-di,,a,,,i (le Médicis.'no rte 0J1 1637.

2. M"'' rie 3t0i'igny, goIlt'el-i ante de Cl,,-isline do Lorraine.3. Charles de Valois, duc d'Angnulèrne fils naturel de Chai-les IX et de Marie

T' 'uéli et (1 373-I 630).4. Clin 'lotte de Ho s ta j ng, dame cl 'hou n eu r de ],enlise (le Lori',, inc. é ai t in-rte le

29 aoèi, iasi - li s'agit ici on (le sa sojiir Margnerite née cri 1530 inari tte ii Picr'r. doLévis, ou dosa ,iœur Anne, (lui épousa René d'Eseoubleau ,le Sourdis.n. Pi-olialutement Louise de ]'Hospital, fille (le François de l'tlospita!, sgr (le Vitry.6. Peut-être lu fille de lionaveutiii-e de la Gourbatière, sgr de la \'eruée,

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tJSE FÀF1I.IE F[tANÇAISE AU xvi o Si iCLE 41

de la cour que ]'on envoie à Mine de Saint-Sulpice. u Le 'Boy vasouvent à Saint-Germain-en-Lave pour trois ou quatre jours maisles ro nes demeurent en ceste ville (le Pari-; et se vont promenersouvent deçà et là par 'les jardins et principalement à la Roquette etaux Tuitieries. La royne régnante n'y va pas le matin, comme laroyne-nière l mais les après disners M" de ChaLellerault, qu'onsoumit nommer madame la maréchale (le Montmorency, M"" lamaréchale de Retz, vont presque toujours atvec la royne-inère. Celle-ci loge où elle a tousjours accouslumé, sinon que sa chambre lui sertasteure d'antichambre, et, l'antichambre de chambre. Lorsque leHov est ici, il va souvent dîner chez Adjacet et l'on ne regarde quele jour qu'il épousera MII0 d'Atry... Tous les mignons sen sont allésexcepté M. de Saint-Luc encore dit-on qu'il faudra qu'il s'en aille.L'on pense que le Roy les ii priés (le Sefl aller pour quelque tempsparce que N0NSIEUB, son frère, ne veut point venir tant qu'ils serontcri ceste cour, où on le y attend bLentost. ),

A ce moment, M. (le Saint-Sulpice est, lui aussi, sur le point departi'. Mais il ne peut décider son lits à l'accompagner, et il rentreseul eu Querc y , déjà malade, pour •ne s' y occuper que de sa santéruinée. Ce n'est plus désormais d'affaires d'étal, qu'est remplie sacorrespondance, mais seulement de consultations demandées àd'étonnants médecins qui lui envoient (le surprenantes , ordonnances.

Monseigneur, lui écrit l'un d'eux, j'ai entendu par votre lettrecomment vous avez proposé d'user du lait d'ânesse' cc que vousferez, comme espère, avec profit, mais que vous en usiez tenipestive-ruent et en la 'qualité que faut et. aussi que votre naturel syaccommode, ce que vous connoistre,z par l'expérience, car si vostreestomac ne se sent point fâché, 'ii pesant, que pour cela ne perdiezpoint le goût, ni aussi n'apercevez chaleur plus grande que de cous-turne, en pourrez user dans la forme que s'ensuit. Faut en premierlieu que l'ânesse soit nourrie de foin', d'avoine, ou orge et de bon son,ne permettant que mange herbe par les prés. Je présuppose qu'ellesoit de l'âge moyen. Faudra commencer le plus test que vouspourrez, en en prenant environ 5 ou fonces le matin environ fi heurestout chaud, comme sortira de la niammelle, en y ajoutant un peude sucre lin. mis en poudre, afin que soit plus lost fondu. Et si vousvoulez un peu dormir dessus, afin que l'estomac l'embrasse mieux,ne ferez mal ... Quant à votre douleur de bras, je' conseillerais que

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42 t runE ui: vAissiÈnE

vous usassiez d'huile de hétonge, et pour vos yeux, n'ayant mémoireque d'une petite tumeur, celle-ci s'en ira avec le temps par l'usagede gamine liammoniac. Toutefois si vous avez quelque fluxion avecchaleur, VOUS pouvez employer un collyre de dame rose, fait avecun peu de lait de femme et en mettre le matin demi-heure avantde vous lever quelques gouttes dedans, et le soir avant de vouscoucher.

Quant à votre toux, Monsieur, renchérit- un autre, je seroisd'avis que vous fissiez une rostie en forme d'écusson de croûte depain et la tremper avec de bonite eau-de vie et l'appliquer sur l'es-tomac saris chauffer, la pointe sur le creux que ion appelle la fon-tanelle... Et vous ferez bien de vous abstenir de vinaigre. n

Mais tout cela ne pouvait prolonger bien longtemps une santé uséepar les fatigues de la vie la plus active, et aussi par des chagrinsque n'avait pu surmonter une admirable résignation.

Le 5 novembre '1581, M. de Saint-Sulpice s'éteignait en son cIrA-teau de Saint-Sulpice, ii l'âge de 62 ans et deux mois.

VIII

Avant de mourir, il avait eu du moins la consolation de revoirson fils, que vainement il rappelait auprès de lui depuis deux ans.Le jeune homme avait entre temps, il est vrai, servi dans l'arméedu maréchal de Biron lors de la cinquième guerre religieuse niaisla campagne terminée, il avait regagné la cour et c'est de Paris qu'ilvint assister aux derniers moments de son père. Est-ce toutefoiscette mort, est-ce le désir de ne pas laisser sa mère sans appui etsans secours, sont-ce lesu ouveaux liens que lui crée en province sonrécent mariage, il semble, quoi qu'il en soit, que peuh peu les idéesde Bertrand de Saint-Sulpice, se modifient, li fait encore deux -voyages et deux assez longs séjours à Paris entre 1582 et 1586mais à la fin du second, il parait bien en venir aux résolutionsqu'eût souhaité lui voir prendre son père. o Madame, écrit-il alorsà sa mère, mon espérance de vous voir bientôt me réjouit. II faitassez bon en ceste cour j'y ai fait tout ce que j'ai voulu. Mais,outre l'occasion qui se peut présenter, étant près de vous, de vouspouvoir servir, le climat du pays m'attire ainsi que mes amis et laconservation de la patrie. Le Roy m'a donné moyen de pouvoir

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UNE FAMILLE l'IIANÇAISE AU XVI' SUCL 43

servir dans le Quercy, qui m'est occasion, avec les ravages quijournellement s'y font, que je désire cmpescl1er, (le m'y en aller. Cesera hientôL

En effet, à ce moment le Roi vient de nommer Saint-Sulpice gou-verneur tic Quercy et du Rouergue. et c'est en celte qualité quedésormais jusqu'à sa mort il résidera dans .sa province.

Mort qui ne devait pas beaucoup tarder, puisque grièvementblessé il Bertrand de Saint-Sulpice expirait au mois denoverubra 1587. Le sort frappait cruellement cette famille. Dansmoins de quinze ans avaient disparu le père, la mère (en janvier18) elles trois fils. Le seul enfant mâle de Bertrand, Jean, étantmort h son foui' en I 5N9 h l'Age de trois ans, le noin tIc Saint-SulpicePéril avec lui, ct ce rameau tIc la noble maison d'fléhrard, qui,naguère paraissait encore si plein de vigueur et de sève.

IX

Je signalais en commençant l'intérêt historique et social que pré-sentait le recueil des papiers tics Saint-Sulpice et l'on doit mainte-natif, s'en rendre compte. Mais il est un autre point de vue auquelces papiers ne sont pâs moins précieux, c'est au point de vue desidées, des sentiments, des moeurs d'une époque, qui, à travers eux,apparaissent assez différents de ce (lue Ion est habitué .à se lesimaginer.

Le xvi0 siècle a toujours eu mauvaise réputation, le xvr siècle desguerres de religion en particulier. Dieu, la patrie, la famille, lamorale, autant (le grandes et nobles choses qui auraient été alors,on ne craint pas de le dire, presque universellement méprisées etbafouées race de sceptiques ou d'athées que ces gentilshommes, cesprêtres, ces évêques même qui n'auraient défendu la plupart dutemps que par intérêt la religion traditionnelle; race abâtardie que-ces gens de guerre ou ces hommes d'État, bien moins soucieuxdu salut du pays que d'assouvir leurs ambitions, et appelant cyni-quement l'étranger dans leur patrie ; triste spectacle que celui detant de familles divisées et désunies; lamentable vision enfin quecelle offerte par une société démoralisée et sans frein! Tout au plus,dans un esprit de parti facile à comprendre, excepte-t-on de cettecondamnation péremptoire quelques types de ramilles ou d'indi-

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yidus, que 1 l'incomparable formation o, e la forte discipline e dela Réforme ii sauvés de la décadence et du désordre où sombraitl'ancien monde.

Eh bien, et peut-être est-ce là ce qui lui ([01111e sa suprêmevaleur, - il y a dans la correspondance des Saint-Sulpice (le quoidémentir ces généralisations hâtives, ces affirmations tendancieuses.Yoici tout ùn -o groupe ,, de catholiques surpris dans leur vie privée,en laquelle nnii pénétrons aussi profondément, aussi intimementqu'on peut le souhaiter. Découvrons-nous vraiment chez eux cestares, cet affaissement nierai qu'un prétend être ceux (lune raceet dune époque ? Non, mille fois non

Comment parier d'abord de scepticisme religieux I lai déjà citéii ce propos les lettres admirables de résignation chrétienne où M. deSaint-Sulpice annonce ii sa femme et aux siens la mort (le ses fils.Que d'autres témoignages pourrais-je donner (les mêmes sentimentsCesi dons cet ordre (l'idées M. de la Motte-Fénelon se conso-lait de la mort rie soit l'évêque de Sarlat. u par cette consi-dération que Dieu la retiré des calamités de ce présent siècle pour lecolloquer en un repos qui n'aura jamais (le fin i, ou du trépasde M. deSaint-Sulpice o par ce fait qu'il ii laissé les misères du monde pourretourner jouir des béatitudes éternelles avec soit u c'est13erlrand de Saiut-Sulpicesuppliant. avantde mourir, sa femme,si ellese remarie, o dette pas se renia ierdu moins avec un huguenot e «estM e de Saint-Sulpice félicitant oit termes l'évêque de Caltorssoit de sa nomination au conseil d 'Etat du Roi « Je ne veuxoublier, mon lus, de nie réjouir avec vous de ce que jai entendu([luI a plu au Bo vous honorer, vous mettant de son conseil dEtatdont en loue Dieu et le remercie- ...le suppliant que ce soit k sagloire et iouange car devez le reconnoistre de lui seul « c'est enfinla magnifique profession de foi du même évêque de Cahors expli-quant en un langage ([ont on pourrait (luffleilcmellt suspecter labonne foi comment il lut amené à se consacrer au service de Dieuo L'âge &i douze ans auquel jétois, expose le prélat, lorsque je fus faitabbé de l3elleperehe, et par ce illo)'cn destiné ou consacré ii l'église.,

assez que cela advint lors plus à l'ordonnance et volontéde M de Saint-Sulpice, mon père, que de quelque résolution queje pusse avoir prise en telle jeunesse de quitter le siècle et faireprokssion de servir Dieu en l'état ecclésiastique Mais comme après

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la mort de feu M. de Négrepelisse, mon frère, je me trouvois ]*aînéde notre maison, et toutefois en l'ordre de sous-diacre, et que je fusadmonesté par moiidit père d'adviser si j'aimerois mieux demeurer,comme sou aîné pour lors, son héritier ou successeur, ou continueren l'an pe ecclésiastique, et qu'il me représentât qu 'outre ce que dedroit je pouvois estre dispensé du caractère que j'avois déjà reçupour de justes raisons,(lue sa faveur obtiendroit cela aisémentde notre Saint-Père, et pie je lui fis response que sous sa béné-diction paternelle, je voulais me tenir en l'héritage de Dieu, qu'ilavoit encore un fils pour ic inonde, mais qu'il ne lui restoit pourdonner à l'église que moi, étant mon dernier frère du tout éloignéde telle profession .je montrai évidemment alors que c 'estoit mapropre résolution et non pins induction étrangère qui me poussoit àP rendre quartier et partage en l'Église de Dieu, et pensois que monditpère restût très content, comme certes il Fit démonstrance de l'estre,que je me tinsse en celui estat de nia volonté auquel j'avois estéinitié de la 4iefl lie. fi -

Traitera-t-on de sceptiques les auteurs de pareilles déclarations ?Et sceptiques, ils ne le sont pas plus en politique qu'en religion. Est-ce en effet du scepticisme que ces plaintes perpétuelles que nousrelevons dans leur correspondance sur le malheureux état diroyaume, (lue 005 souhaits continuels que e Dieu y soit mieux serviet le Boy plus obéi qu'il n'est «, que ces lamentations sur u lespersécutions subies par hi pauvre Fronce e. « Monsieur, écrit deM. de Villeroy à M. de Saint-Sulpice, n'oïrons-nous plus parlerque de' meurtres et assassinements I Ce sont lés fruits de la guerrecivile, de laquellesexeniptent plus souvent ceux qui en sont cause(lue les innocents. Pour nous, il nous faut lever les yeux au ciel,nous recommander à Dieu et le prier qu'il ait compassion de cemisérable royaume et des gens de bien.

Comment parler d'autre part de liens de famille rompus et brisés,lorsqu'on parcourt page à page ce vivant monument d'amour con-jugal, paternel et filial qu'est la correspondance des Saint-Sulpice ?

Comment surtout récriminer âprement contre une Corruption pré-tendue universelle, lorsque dans cette énorme correspondance fami-

'hère non pas seulement d'époux à époux, de père à enfants, maisd'ami à ami, de jeunes gens ii jeunes gens, on ne peut découvrirni une pensée basse, ni une plaisanterie déplacée, niun mot grossier?

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Î(; iiintiij; o; VAISSIÉRE

De ce fait, en particulier, j'avoue avoir été d'autant plus frappéqu'à l'aide d'autres documents, moins véridiques peut-être queceux-Iii, j'avais moi-même autrefois trace du xvi siècle et desmoeurs de la noblesse à cette époque un tableau quelque peudifférent de celui qui s'est offert à mes ,yeux surpris., et charmés.

Et peut-être est-ce le meilleur éloge que ion puisse décerner tusavant éditeur du bel ouvrage (lui m'a fourni la matière de ce troplong article que de nous avoir ainsi révéIC un xvi siècle intime etnouveau, un xvIc 'siècle dont bien peu se doutaient.

Pierre DE

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