Une démarche collective de construction de scénarios...

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Symposium final PSDR 2012 Pour et Sur le Développement Régional 19-20-21 juin 2012 – Clermont-Fd - FRANCE 1 Titre de la communication Une démarche collective de construction de scénarios prospectifs à l’échelle d’Aires d’Alimentation de Captages pour appuyer l’élaboration de plans d’actions en vue d’améliorer la qualité de l’eau Auteurs : Chantre Emilia, [email protected] Guichard Laurence, [email protected] Gisclard Marie, [email protected] Nave Stéfanie, [email protected] Jacquet Florence, [email protected] Coordonnées : INRA UMR 211 Agronomie, Bât. EGER, av. Lucien Brétignières BP 1 - 78850 Thiverval Grignon, Tel: 01.30.81.59.37 auteur correspondant : Chantre, Emilia Mots-clés: scénarios, intrants, aire d’alimentation de captage, collectifs d’acteurs, Ecophyto 2018. Thématique visée : « Dispositifs de développement régional et territorial » Remerciements : Nous tenons à remercier Marianne Cerf pour sa contribution et ses précieux conseils pour la rédaction de l’article. Résumé Face à la dégradation de la ressource en eau pour un nombre important de captages, l’étau se resserre, en France, pour atteindre les objectifs de la « Directive cadre sur l’eau », qui impose à chaque état membre de l’Union européenne d’atteindre un « bon état des eaux » au plus tard en 2015. La loi sur l’eau et les milieux aquatiques de décembre 2006 et le Grenelle de l’environnement ont conduit à la définition de nouveaux outils réglementaires et d’échéances courtes en vue de l’élaboration de plans d’actions sur les aires d’alimentation de captage (AAC, surface du territoire qui participe à l’alimentation du captage par l’infiltration des eaux), en particulier pour le volet agricole, afin de restaurer la qualité de l’eau des captages les plus menacés. Ainsi le dispositif ZSCE (Zone Soumise à Contrainte environnementale) donne désormais aux préfets la possibilité de rendre obligatoire, certaines mesures du plan d’action qu’il aura arrêté si leur mise en œuvre n’est pas jugée satisfaisante au bout d’au moins 3 ans de phase volontaire. Il est par ailleurs demandé aux acteurs locaux d’une AAC d’élaborer leur plan d’actions de façon concertée, mais les outils dont ils disposent pour les aider dans cette élaboration restent limités. Aussi, dans le but d’accompagner les acteurs d’une AAC dans l’élaboration d’un plan d’actions, une démarche participative a été conçue pour construire et évaluer, à l’échelle d’un territoire, des scénarios de modifications des pratiques agricoles permettant de réduire l’usage des pesticides. Cet article présente le test de cette démarche dans trois AAC, afin d’évaluer les conditions de son déploiement. En adaptant la méthodologie mise en œuvre dans le cadre de l’étude Ecophyto R&D, cette démarche se base sur les connaissances des experts techniques locaux pour caractériser différents modes de conduites des cultures cultivées et cultivables dans l’AAC, du mode « intensif » au mode « agriculture biologique » en passant par des modes « raisonné » et « économes ». Il est encore prématuré d’évaluer l’impact de la démarche sur l’élaboration des plans d’actions, qui ne sont pas encore écrits à ce jour, mais il apparaît néanmoins que les scénarios, co-construits avec les acteurs des AAC en comités de pilotage, permettent des réductions, à des degrés variés, de la pression azote et pesticides, tout en maintenant la marge, grâce à l’introduction de modes de conduites « économes », et du mode « agriculture biologique » dans une moindre mesure. La démarche permet en outre de révéler les postures des agriculteurs face au problème de gestion de la qualité de l’eau dans leur AAC, soit de « rupture », mais aussi de « déni » ou de « prise de conscience ».

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19-20-21 juin 2012 – Clermont-Fd - FRANCE

1

Titre de la communication

Une démarche collective de construction de scénarios prospectifs à l’échelle

d’Aires d’Alimentation de Captages pour appuyer l’élaboration de plans

d’actions en vue d’améliorer la qualité de l’eau

Auteurs :

Chantre Emilia, [email protected]

Guichard Laurence, [email protected]

Gisclard Marie, [email protected]

Nave Stéfanie, [email protected]

Jacquet Florence, [email protected]

Coordonnées : INRA UMR 211 Agronomie, Bât. EGER, av. Lucien Brétignières BP 1 - 78850 Thiverval

Grignon, Tel: 01.30.81.59.37

auteur correspondant : Chantre, Emilia

Mots-clés: scénarios, intrants, aire d’alimentation de captage, collectifs d’acteurs, Ecophyto 2018.

Thématique visée : « Dispositifs de développement régional et territorial »

Remerciements : Nous tenons à remercier Marianne Cerf pour sa contribution et ses précieux conseils pour la

rédaction de l’article.

Résumé

Face à la dégradation de la ressource en eau pour un nombre important de captages, l’étau se resserre, en France, pour

atteindre les objectifs de la « Directive cadre sur l’eau », qui impose à chaque état membre de l’Union européenne

d’atteindre un « bon état des eaux » au plus tard en 2015. La loi sur l’eau et les milieux aquatiques de décembre 2006 et

le Grenelle de l’environnement ont conduit à la définition de nouveaux outils réglementaires et d’échéances courtes en

vue de l’élaboration de plans d’actions sur les aires d’alimentation de captage (AAC, surface du territoire qui participe à

l’alimentation du captage par l’infiltration des eaux), en particulier pour le volet agricole, afin de restaurer la qualité de

l’eau des captages les plus menacés. Ainsi le dispositif ZSCE (Zone Soumise à Contrainte environnementale) donne

désormais aux préfets la possibilité de rendre obligatoire, certaines mesures du plan d’action qu’il aura arrêté si leur

mise en œuvre n’est pas jugée satisfaisante au bout d’au moins 3 ans de phase volontaire. Il est par ailleurs demandé

aux acteurs locaux d’une AAC d’élaborer leur plan d’actions de façon concertée, mais les outils dont ils disposent pour

les aider dans cette élaboration restent limités. Aussi, dans le but d’accompagner les acteurs d’une AAC dans

l’élaboration d’un plan d’actions, une démarche participative a été conçue pour construire et évaluer, à l’échelle d’un

territoire, des scénarios de modifications des pratiques agricoles permettant de réduire l’usage des pesticides. Cet article

présente le test de cette démarche dans trois AAC, afin d’évaluer les conditions de son déploiement. En adaptant la

méthodologie mise en œuvre dans le cadre de l’étude Ecophyto R&D, cette démarche se base sur les connaissances des

experts techniques locaux pour caractériser différents modes de conduites des cultures cultivées et cultivables dans

l’AAC, du mode « intensif » au mode « agriculture biologique » en passant par des modes « raisonné » et « économes ».

Il est encore prématuré d’évaluer l’impact de la démarche sur l’élaboration des plans d’actions, qui ne sont pas encore

écrits à ce jour, mais il apparaît néanmoins que les scénarios, co-construits avec les acteurs des AAC en comités de

pilotage, permettent des réductions, à des degrés variés, de la pression azote et pesticides, tout en maintenant la marge,

grâce à l’introduction de modes de conduites « économes », et du mode « agriculture biologique » dans une moindre

mesure. La démarche permet en outre de révéler les postures des agriculteurs face au problème de gestion de la qualité

de l’eau dans leur AAC, soit de « rupture », mais aussi de « déni » ou de « prise de conscience ».

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Introduction

En France, la volonté de protéger les captages utilisés pour la production d’eau potable contre les pollutions diffuses

tient dans le constat préoccupant de l’état de dégradation de la ressource en eau, mettant en cause les pollutions

d’origine agricole. Ainsi, la norme relative aux pesticides au-delà de laquelle un traitement de l’eau est requis en cas de

production d’eau potable est dépassée (en concentration annuelle moyenne) pour un peu plus de 27 % des points de

mesures en eaux souterraines en métropole au cours de la période 2007-2009, la proportion de dépassement étant encore

supérieure en concentration journalière (Dubois et Lacouture, 2011). En ce qui concerne les nitrates, les fréquences de

dépassement de la norme communautaire de 50 mg/L dans les eaux brutes restent fréquents et préoccupants (European

Commission, 2011), entraînant des restrictions de consommation d’eau pour des usages alimentaires dans certains

départements depuis les années 2000 (Ministère de la Santé, 2004). Enfin, la principale cause d’abandon de captages en

France sur la période 1998-2008 est liée à la qualité de la ressource en eau avec 1 958 captages concernés (soit 41 % des

captages abandonnés). Parmi les paramètres qualitatifs, les pollutions diffuses d’origine agricole (nitrates et/ou

pesticides) sont à l’origine du plus grand nombre d’abandons avec 878 captages concernés (soit 19 % des abandons)

(Secrétariat d’état chargé de la santé, 2012).

Le caractère incontournable de la protection des captages résulte des impératifs de la Directive CE 2000 /60, ou

«Directive cadre sur l’eau» du 23 octobre 2000, imposant à chaque État membre de l’Union européenne, d’une part,

d’atteindre un « bon état des eaux », tant du point de vue qualitatif que quantitatif, au plus tard en 2015 et d’autre part,

de réduire le degré de traitement des eaux brutes pour la production d’eau potable. Aussi, depuis 2000, la mise en œuvre

de plans d’actions, visant la protection ou l’amélioration de la ressource sur tous les captages, constitue une obligation

(en application de l’article 7.3 de la DCE). En France les captages qui n’ont pas atteint le « bon état des eaux » ont été

recensés dans le cadre des schémas directeurs d’aménagement et de gestion des eaux (SDAGE) en 1996, et sont au

nombre de 2500.

En 2007, le Grenelle Environnement réunit en France pour la première fois l’Etat et les représentants de la société civile

dans un forum, dans l’objectif de définir une feuille de route en faveur du développement durable, dont la question des

captages d’eau potable en fait évidemment partie. A cette occasion un engagement est pris pour une protection effective

de 507 captages (sur les 2500 prioritaires dans le cadre des SDAGE) parmi les plus menacés par les pollutions diffuses

d’origine agricole d’ici 2012, traduit dans l’article 27 de la loi dite « Grenelle 1 » du 3 août 2009.

En France, la protection des captages est supportée par deux dispositifs réglementaires. Tout d’abord, les périmètres de

protection des captages, dont la mise en place est obligatoire depuis loi du 3 janvier 1992 (articles L.1321-2 et R.1321-

13 du Code de la santé publique), assurent la protection des captages d’eau destinée à la consommation humaine

principalement vis-à-vis des pollutions ponctuelles et accidentelles. Plus récemment, un dispositif des zones soumises à

contraintes environnementales (ZSCE) a été créé pour lutter spécifiquement contre les pollutions diffuses d’origine

agricole et est mobilisable sur les captages d’eau potable depuis la loi sur l’eau et les milieux aquatiques du 30

décembre 2006. Ce dispositif permet en particulier aux préfets de délimiter par arrêté une zone de protection du captage

mais aussi d’arrêter une liste de mesures parmi celles du volet agricole du plan d’actions, dont la mise en œuvre est

volontaire mais qui peut, le cas échéant, devenir obligatoire si ses résultats de mise en œuvre ne sont pas conformes aux

objectifs initialement fixés.

L’incitation à la mise en place de ce dispositif réglementaire ZSCE par les services de l’Etat, visant à préciser les

objectifs de moyens des plans d’actions, en particulier dans les « 507 captages Grenelle » (Ministère en charge de

l’Agriculture et Ministère en charge de l’Ecologie, 2010a), a renforcé la pression sur les acteurs locaux pour la mise en

place de changements dans les pratiques agricoles.

Dans ce contexte, réduire l’utilisation des pesticides dans les captages concernés par un problème « pesticides » au sein

des 500 captages « prioritaires Grenelle » est l’objet de l’action n°21 (sur 105 actions) du plan national Ecophyto 2018.

Ce plan vise à répondre à l’engagement du Grenelle de l’environnement de « réduire de moitié l’utilisation de produits

phytosanitaires d’ici 10 ans [2018], si possible ». Une fraction (atteignant 41 millions d’euros à compter de 2012) de la

redevance pour pollutions diffuses, prélevée sur la vente de produits phytosanitaires, contribue au financement de ce

plan. Cette communication présente un travail réalisé dans le cadre de cette « Action 21 » du plan Ecophyto2018.

Dans le but d’accompagner les acteurs d’une Aire d’Alimentation de Captage1 (AAC) dans l’élaboration d’un plan

d’actions, une démarche pour construire et évaluer, à l’échelle d’un territoire, des scénarios de modification des

pratiques agricoles permettant de réduire les pressions liées aux pesticides et aux nitrates a été construite. Cette

1 L’aire d’alimentation du captage correspond à la surface du territoire qui participe à l’alimentation du captage par

l’infiltration directe des eaux ou par l’infiltration de cours d’eau, et suit généralement la projection de la portion de la

nappe qui alimente le captage, mais il peut en différer par ajout ou retrait de zones en surface (Vernoux et al., 2007).

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démarche, adaptée de la méthodologie mise en œuvre dans le cadre de l’étude Ecophyto R&D (Guichard et Savini,

2009; Jacquet et al., 2011b) a été élaborée dans le cadre d’une étude réalisée en 2010-2011 sur l’AAC de la Fosse de

Melun (Ministère en charge de l’Ecologie et INRA, 2011).

Nous présentons ici les résultats2 d’un test de cette démarche, mené de septembre 2011 à mai 2012 dans trois AAC

3,

situées dans les régions Centre, Nord-Pas de Calais et Haute-Normandie. Dans une perspective d’utilisation de la

démarche dans d’autres AAC, nous nous interrogeons sur les conditions de son déploiement.

Notre communication s’organise en trois parties. Dans un premier temps nous décrivons la démarche telle qu’elle a été

proposée aux acteurs des trois territoires. Dans une seconde partie nous présentons les résultats obtenus en termes de

scénarios et de programme d’action. Enfin dans une troisième partie, une comparaison entre les trois situations nous

conduit à émettre des hypothèses sur les facteurs explicatifs des différences constatées et à nous interroger sur les

raisons qui expliquent que selon les cas, la démarche proposée a permis d’amplifier des dynamiques existantes, de créer

des dynamiques nouvelles, ou au contraire de cristalliser des conflits et de générer des blocages.

1. La démarche proposée pour aider à la construction des plans d’actions

1.1 Un préalable : La conception et la mise en œuvre des plans d’actions des aires

d’alimentation de captages, un processus « encadré »

L’élaboration des plans d’actions (Ministère en charge de l’Agriculture et Ministère en charge de l’Ecologie, 2010a)

repose sur trois phases (Figure 1):

- Phase 1. Délimitation de l’aire d’alimentation du captage (AAC) et la cartographie de sa vulnérabilité intrinsèque.

- Phase 2. Diagnostic territorial des pressions, notamment agricoles, s’exerçant sur l’AAC

- Phase 3. Construction d’un plan d’actions

Les travaux du BRGM (Vernoux et al., 2007) donnent des éléments méthodologiques pour réaliser l’étude

hydrogéologique du bassin versant souterrain, permettant de délimiter l'AAC et de caractériser la vulnérabilité. Le

second diagnostic, vise à dresser un bilan des pressions du territoire afin de préparer l’élaboration du plan d’actions

agricole (Ministère en charge de l’Agriculture et Ministère en charge de l’Ecologie, 2010b).

Dans un troisième temps, le plan d’actions agricole de lutte contre les pollutions d’origine agricole est élaboré en

concertation avec les acteurs. Une mesure ou action, inscrite dans un plan d’actions (MEDDTL 2010) constitue « tout

ce qui peut être réalisé sur un territoire, afin d’atteindre un objectif environnemental ». Elle est définie par son objectif

spécifique (exemple : réduction de l’IFT moyen du territoire de 30% d’ici 2017) et sa description technique.

Dans le cadre du dispositif ZSCE, une liste de mesures sélectionnées au sein du plan d’actions peut être arrêtée par le

préfet, après consultation des acteurs locaux, sous l’appellation « programme d’action ». Au bout de trois ans (en 2015

si l’arrêté est pris en 2012) si le préfet juge les résultats de mise en œuvre insuffisants au regard des objectifs fixés, il

peut rendre certaines mesures du programme d’action obligatoires. Ainsi, un plan d’actions agricole peut être

uniquement composé d'un programme d'action (l'ensemble des actions sont dans l'arrêté) ou ne pas inclure de

programme d'action et être composé uniquement d'actions (animation, échange foncier) non arrêtées (sans valeur

réglementaire). Enfin, l’arrêté d’une zone de protection de l’AAC par le préfet dans le cadre d’un dispositif ZSCE

n’implique pas nécessairement qu’un programme d’actions doit être arrêté.

En conséquence, depuis quelques années, l’engagement du Grenelle de l’environnement d’une protection effective des

captages les plus menacés d’ici 2012 et ce nouveau dispositif ZSCE ont fortement augmenté la pression sur les acteurs

agricoles et institutionnels des AAC pour agir en faveur de la réduction des pollutions d’origine agricole.

Notre démarche en appui à l’action 21 du plan Ecophyto 2018 s’inscrit dans ce contexte politique et vise à accompagner

la conception de plans d’actions en mobilisant notamment les diagnostics préalablement réalisés.

2 Ce travail est réalisé dans le cadre de l'axe 2 du plan Ecophyto2018, piloté par la DEB du MEDDTL. Il a bénéficié du

soutien financier de l'Onema et de l’ANR (Projet Popsy ANR 08-STRA 12, Projet Interra ANR 09-STRA 04). 3 Dans la suite de l’article, et afin de préserver leur anonymat, nous appellerons les 3 AAC « AAC A, B et C ».

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Figure 1 : Etapes recommandées par les Ministères de l’Agriculture et de l’Ecologie pour la mise en œuvre d’un plan

d’actions agricoles : cas particulier des dispositifs réglementaires ZSCE, et positionnement de notre démarche en appui

à l’action 21 dans le processus (Source : DIREN, Direction Régionale de l’Environnement en Ile-de-France, 2009;

Ministère en charge de l’Agriculture et Ministère en charge de l’Ecologie, 2010a)

1.2. Une démarche pour aider à la construction des plans d’actions

La démarche proposée résulte d’une transposition, à une échelle territoriale plus locale, de la démarche de construction

de scénarios à l’échelle nationale de l’étude Ecophyto R&D (Butault et al., 2010; Jacquet et al., 2011a; b). Elle a pour

objectif d’aider à la construction des plans d’actions dans des AAC volontaires, et a été conçue pour être mise en œuvre

après la phase de diagnostics (étude hydrogéologique et diagnostic territorial des pressions agricoles, DTPA) et avant la

définition du plan d’actions (Figure1).

La démarche proposée est basée, suivant l’approche développée dans l’étude Ecophyto R&D (Guichard et Savini, 2009;

Jacquet et al., 2011b), sur une différenciation de cinq modes de conduite des cultures cohérents du point de vue

agronomique, correspondant à un gradient descendant de recours aux pesticides et aux intrants en général : « intensif »

(Niveau 0), « raisonné » (N1), « économe sans modification du système de culture» ou « économe » (N2a), «économe à

l’échelle du système de culture» (N2c), et enfin « agriculture biologique » (N3).

L’approche repose tout d’abord sur l’identification des performances agronomiques, environnementales et économiques

de chacun de ces modes de conduite, pour les différentes cultures et selon différents milieux définis à partir des types de

sols. Seul le niveau « intensif N0 » correspond à des pratiques réelles (les plus intensives du territoire), pour les autres

modes de conduite, la construction de la matrice technique repose sur les connaissances expertes locales et les

références locales sur les pratiques rendues possibles dans le territoire pour répondre à la cohérence agronomique d’un

mode de conduite donné. A partir de cette base de données de combinaisons « culture*mode de conduite*milieu »

(appelée « matrice technique »), des scénarios simulant l’impact de changements de pratiques sont construits à l’échelle

du territoire de l’AAC, permettant d’envisager les marges de manœuvres et efforts à fournir pour atteindre des objectifs

de réduction d’utilisation des pesticides. Ces scénarios, qui traduisent une répartition des cultures selon différents modes

de conduite à l’échelle de l’AAC, sont construits en utilisant un modèle d’optimisation sous contraintes qui permet

d’obtenir la combinaison des modes de conduite par culture et milieux correspondant à différents jeux d’objectifs et de

contraintes exprimés par des variables économiques et de pression environnementale définies au niveau du territoire de

l’AAC.

La mise en œuvre de la démarche s’appuie sur la constitution de deux collectifs d’acteurs du territoire : un comité de

pilotage et un comité technique. La réalisation des différentes étapes de la démarche est assurée par l’animateur de

l’AAC, membre du comité de pilotage et du comité technique. Dans la mise en œuvre de la démarche dans les trois

AAC, nous avons été, de manière diverse, associés au pilotage de l’ensemble.

Le comité de pilotage, instance dont la composition est décidée par le maître d’ouvrage de l’AAC, est en charge de la

mise en place du plan d’actions de l’AAC. Il est préexistant à la démarche que nous proposons et joue un rôle

stratégique d’orientation de cette dernière, en validant les résultats de chacune des étapes et orientant la conduite des

étapes suivantes. Le comité de pilotage (copil) comporte dans chacune des trois AAC :

- le maître d’ouvrage, qui assure la présidence de ce comité (collectivité territoriale : Mairie, Service des eaux de

la ville, ou syndicat des eaux)

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- les financeurs (Agence de l’eau : dans chaque AAC il s’agit d’une agence différente). Le maître d’ouvrage est

également un potentiel financeur des futures actions ;

- les services de l’Etat déconcentrés impliqués (DDT, DREAL…) ;

- les représentants des agriculteurs, élus des Chambres d’Agriculture de chaque AAC : dans les AAC B et C,

plusieurs agriculteurs sont présents au titre d’autres responsabilités, telles que l’appartenance au conseil

d’administration d’une coopérative par exemple ;

- les représentants du conseil et du développement agricole de la zone (leur présence est facultative d’après le

guide méthodologique):

- un ou plusieurs conseillers techniques des chambres d’agriculture locales ou régionales ;

- dans le cas de l’AAC B, une animatrice du groupement d’agriculteurs biologiques.

Le comité technique est chargé de l’élaboration de la matrice technique locale. Ce comité, qui n’existe pas dans les

procédures captages actuelles, est créé pour les besoins de la démarche que nous proposons. Ses membres sont choisis

en fonction de leur expertise technique locale. Ils sont issus des organismes suivants: Chambre d’Agriculture,

coopératives, CETA, groupements d’agriculteurs biologiques, etc. Des agriculteurs peuvent être présents.

Figure 2 : Déroulement de la démarche pour la réalisation de l’action 21, centrée autour d’un modèle

d’optimisation sous contraintes permettant de produire et d’évaluer des scénarios.

Ainsi le déroulement de la démarche repose sur trois étapes principales (figure 2):

- (1) description des milieux de l’AAC et construction de la matrice technique (choix des cultures et des modes de

conduite pouvant être renseignés), en comité technique ;

- (2 et 3) construction et évaluation de scénarios de territoire en comité de pilotage, à partir des objectifs et des

contraintes du comité de pilotage (choix des indicateurs et des seuils affectés à ces indicateurs) ;

- (4) choix d’un scénario « préféré » et construction du plan d’actions sur cette base, en comité de pilotage.

Chaque étape suppose un nombre variable de réunions de chaque comité. La production de scénarios prospectifs (étape

3) se fait via l’outil sur la base de différents jeux d’objectif et/ou de contraintes orientant les possibles, et proposés par

les acteurs du comité de pilotage. Confrontés aux résultats d’un premier scénario le comité de pilotage affine ses

objectifs pour la simulation suivante jusqu’à l’obtention d’un scénario « préféré » (étape 4).

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La « matrice technique » est renseignée par un travail collectif au sein du comité technique. Pour chacune des

combinaisons « culture x milieu x mode de conduite » sont renseignés un ensemble d’indicateurs de performances

agronomiques, environnementales et économiques. La liste des indicateurs (Tableau 1) peut être modifiée en fonction

des problématiques locales. Par exemple, pour répondre à la demande des acteurs sur la problématique azote de leurs

captages, un indicateur de la satisfaction des besoins en azote des cultures a été utilisé dans le cadre de la démarche :

l’indicateur Satisf’actioN.

Les milieux correspondent à des zones différenciées par les acteurs selon les potentialités agronomiques des sols, et, le

cas échéant, selon leur vulnérabilité intrinsèque.

Le diagnostic territorial des pressions agricoles du territoire (DTPA) réalisé en amont de la démarche, du fait de la

caractérisation des pratiques agricoles du territoire en termes d’assolement, rendement, et utilisation d’intrants qu’il

fournit, peut permettre de caractériser la « situation actuelle » en termes de pratiques agricoles et de performances

associées (agronomique, économique, environnementale et sociale). Cet « état zéro » sert d’étalon aux évolutions des

performances du territoire permises par les différents scénarios construits au cours de la démarche.

Ainsi, un scénario se compose d’un objectif qui correspond à la maximisation ou minimisation d’un indicateur (par

exemple maximiser la marge), et d’une série de contraintes :

- des contraintes d’assolement, par exemple maintenir la surface en colza à moins de 30% de la SAU de l’AAC,

- des contraintes sur les modes de conduite, par exemple maintenir la surface en agriculture biologique à moins

de 15% de la SAU,

- des contraintes sur la valeur des indicateurs par exemple réduire un indicateur environnemental de 50% par

rapport à la situation actuelle,

- des contraintes de production, par exemple maintenir le volume de blé produit dans l’AAC à x tonnes.

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Tableau 1 : Liste indicative d’indicateurs pouvant être renseignés dans la matrice technique pour chaque

combinaison « culture*mode de conduite*milieu ».

Le calcul de certains indicateurs nécessite l’accès à des abaques locaux (les reliquats d’azote, données sur la

minéralisation de l’humus…). Les indicateurs économiques ont été calculés en utilisant des prix issus de sources

nationales.

Catégorie

d’indicateur Nom Unité Description

AGRONOMIQUE Rendement quintaux/ha

PRESSION

ENVIRONNEMENTALE

IFT total et ses

déclinaisons

IFT T, IFT H, IFT HH, IFTinsecti, IFT fongi, IFT

autres, IFT H interculture, IFT H automne, IFT

« culture automne », IFT SA pondéré ESU ou

ESO : IFT « amélioré » chiffrant le potentiel de

transfert des substances actives dans les eaux

souterraines et dans les eaux superficielles.

Dose d’azote apportée unités

d’azote/ha

Satisf’actioN

(indicateur conçu dans

le cadre de la

démarche)

Azote minéral disponible (azote minéral et

organique apporté + reliquats + azote issu de la

minéralisation de la matière organique, de

l’irrigation…) – Besoins de la culture (= rdt*coeff

des besoins de la culture)

ECONOMIQUE

Produit brut €/ha Quantités produites * prix moyen du marché

Charges

opérationnelles €/ha Pesticides, fertilisation, semences

Charges de

mécanisation et de

main d’œuvre

€/ha

∑ coûts de passage (€/ha) (labour, binage,

pulvérisation, semis,….) tenant compte de

l’amortissement du matériel, de la consommation

en fuel, du temps de travail…

Marge Brute €/ha Produit brut – charges opérationnelles

Marge Nette €/ha Marge Brute – Charges de mécanisation et main

d’œuvre (dont familiale)

Temps de travail heures/ha ∑ temps de passage (binage, labour, …)

Si le modèle d’optimisation sous contraintes a été conçu par l’INRA, en revanche, son paramétrage, qui va déterminer

les résultats des scénarios, est réalisé par les acteurs localement, dans chaque AAC, grâce à la définition de la « matrice

technique ».

En résumé, la démarche que nous proposons est destinée à faire réfléchir un ensemble d’acteurs réunis dans le cadre

d’une procédure d’élaboration d’un plan d’action pour la protection d’une aire d’alimentation de captage, sur des futurs

possibles à l’échelle de leur AAC, en les outillant avec un modèle « alimenté » par eux-mêmes, permettant de produire

des scénarios de changements de pratiques agricoles adaptés à leur AAC.

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2. Résultats de la mise en œuvre de la démarche dans trois AAC

La démarche a été testée sur trois AAC situées dans les régions Centre, Nord-Pas de Calais et Haute-Normandie, dont la

suite du texte assure l’anonymat. Quelques caractéristiques générales des trois AAC sont présentées dans le tableau 2.

Tableau 2 : Caractéristiques générales des trois AAC

AAC A AAC B AAC C

SURFACE AGRICOLE UTILE 4 650 ha (dont 1 % en

prairies permanentes)

2136 ha (dont 8% en

prairies permanentes) 1680 ha

NOMBRE D’AGRICULTEURS 108 44 33

ORIENTATION DES

EXPLOITATIONS

Grandes cultures (Blé,

colza)

Grandes cultures (Blé,

colza)

+ légumes industriels

(carottes, flageolets,

plants de pommes de

terre)

Grandes cultures

(Blé, colza, maïs)

Notre travail est actuellement en cours : les étapes (1) à (4) de la démarche (figure 2) sont terminées, mais l’écriture des

plans d’actions n’est pas achevée, contrairement à ce que nous avions prévu.

Dans chaque AAC, la construction de la matrice technique (étape 1) a nécessité au minimum deux réunions du comité

technique, de durée variable, ainsi qu’une réunion préalable de présentation de la démarche, et une réunion de

validation des indicateurs qui ont pu être calculés à partir de cette matrice technique (figure 3).

Le comité de pilotage de chaque AAC se réunit régulièrement, tous les deux mois environ. Au total, trois réunions du

comité de pilotage ont eu lieu, pour présenter les scénarios et discuter des objectifs et des contraintes (lien étapes 2 et 3).

Figure 3 : Déroulement des réunions avec les comités techniques et les comités de pilotage dans le cadre de la

démarche

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2.1. Construction des matrices techniques

L’élaboration des matrices techniques a permis de formaliser les références techniques relatives aux cultures présentes

dans l’AAC a minima, mais aussi à de nouvelles cultures dont les filières de collecte existent déjà non loin de l’AAC,

ou dont la probabilité de collecte paraît forte dans les cinq années à venir.

La diversité des modes de conduite renseignés est variable selon les territoires (voire tableau 3): (i) du fait

d’impossibilités agronomiques avérées de certains modes de conduite, (ii) plus fréquemment en raison d’un manque de

références locales, surtout pour les niveaux économes N2a, voire N2c. En revanche, les 3 territoires ont décrit le mode

« agriculture biologique », ce qui a conduit systématiquement les experts à proposer un nombre de cultures beaucoup

plus important que celles présentes dans l’AAC.

Tableau 3 : Caractéristiques des matrices de chaque AAC

AAC A AAC B AAC C

MODES DE CONDUITE

DECRITS

Tous (de N0 à N3)

Tous sauf « économe à

l’échelle du système de

culture » (N2c).

Mode de conduite

« économe » (N2a) non

décrit pour les légumes.

Tous, mais mode de

conduite « économe à

l’échelle du système de

culture » (N2c) décrit

pour seulement 3 cultures

NOMBRE DE CULTURES

18

dont 6 nouvelles cultures

décrites en Bio

15

dont 3 nouvelles cultures

décrites en Bio

19

dont 9 nouvelles cultures

décrites en Bio

NOMBRE DE MILIEUX

3

dont un milieu sans

cultures de printemps

2

dont un milieu sans

cultures légumières

1

Dans les trois AAC, il ressort de cette construction des matrices quatre enseignements principaux :

(1) le besoin d’une expertise conséquente des acteurs techniques locaux sur les modes de conduite

« économes » et « économes à l’échelle du système de culture », c’est-à-dire sur d’autres modes de

conduite que le mode de conduite « raisonné ». Ce besoin semble actuellement incomplètement satisfait,

faute de suffisamment de références locales et d’une difficulté de ces acteurs à s’approprier les références

produites par d’autres (au niveau régional ou dans le rapport Ecophyto R&D). Ceci explique le caractère

incomplet des matrices techniques mis en évidence dans le tableau 3 ;

(2) l’importance de la qualité des diagnostics territorialisés des pressions agricoles (DTPA) pour la

démarche, pour aider les acteurs à la construction de la matrice et permettre le calage du scénario

actuel. La démarche a pâtit du manque de précision de ces diagnostics dans leur description des pratiques

agricoles sur les 3 territoires tests et de leur absence fréquente de caractérisation de la diversité des pratiques

actuelles sur les cultures et de leurs performances ;

(3) l’importance de la cohérence du conseil qui est délivré sur ces territoires. Ainsi des incohérences quant à

la gestion de l’azote ou du désherbage ont été mises en évidence dans les matrices, incohérences qui ont été

partiellement résolues suite aux remarques des chercheurs de l’INRA lors des réunions de validation de la

matrice technique ;

(4) le rôle de la démarche pour initier la concertation entre conseillers. On constate en particulier que le bio

constitue un mode de conduite à part. Dans le comité technique, le conseiller bio (provenant d’un groupement

d’agriculteurs bio ou d’une coopérative) est isolé, il est le seul à détenir les connaissances sur les pratiques bio,

connaissances qui intéressent alors beaucoup les autres conseillers techniques, qui ne connaissent pas les

techniques et les performances des conduites en agriculture biologique. Une grande attention a été portée aux

questions économiques du niveau « bio » lors de ces réunions, les marges élevées dégagées par l’agriculture

biologique par rapport aux autres conduites techniques ont constitué une surprise, source de discussions.

En définitive, « l’ambition » des matrices construites dans les 3 AAC peut être jugée limitée, dans la mesure où (i) les

modes de conduite « économes » et « économe à l’échelle du système de culture » ne sont pas systématiquement décrits

pour toutes les cultures en présence dans l’AAC ; (ii) et où les conduites dites « raisonnées » semblent assez intensives

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au regard des statistiques agricoles : l’IFT de certains modes de conduite « raisonnés » est supérieur à l’IFT de référence

qui lui-même correspond au 7e décile des IFT recensés dans la région

4 (par exemple l’IFT du blé tendre dans l’AAC A).

Ainsi dans les 3 AAC, l’agriculture biologique constituera, de ce fait, la principale solution pouvant être mobilisée pour

réduire les usages d’intrants au-delà d’un certain seuil.

2.2 Diversité des scénarios produits et impacts

2.2.1. Scénarios « actuel » : trois façons de les produire, faible lien avec les

DTPA

Un scénario « actuel » est construit avant l’élaboration de scénarios de changements de pratiques. Ce scénario constitue

le point de départ par rapport auquel seront ensuite calculées les modifications des indicateurs étudiés et doit donc

reproduire autant que possible la situation observée. Lorsqu’elle est disponible, la répartition des modes de conduite

(N0, N1 le plus souvent ; N2a dans certains cas) est directement utilisée pour construire ce scénario. Sinon, le modèle

est utilisé pour la « révéler » à partir des données disponibles pour les autres indicateurs.

Pour cela, nous avions fait le pari de nous appuyer sur les DTPA, mais nous avons été amenées à procéder de trois

façons différentes (tableau 4).

Pour l’AAC C, nous n’avons pas pu utiliser le diagnostic DTPA : la qualité du diagnostic étant jugée médiocre par le

commanditaire lui-même pour des raisons de collecte et de saisie des données, nous avons choisi de baser la référence

sur l’IFT « de référence » utilisé dans le cadre des mesures agri-environnementales territorialisées. Cet « IFT de

référence », ainsi que l’assolement actuel du territoire (données PAC) sont utilisés comme données pour caler le modèle

d’optimisation sous contraintes (maximisation de marge nette sous contrainte d’atteindre l’IFT de référence). En sortie,

le modèle produit une répartition de modes de conduite pour chaque culture de l’assolement qui répond à ce cahier des

charges.

Pour l’AAC B, les données du diagnostic étaient suffisamment étayées (données parcellaires) pour calculer l’indicateur

Satisf’actioN à l’échelle du territoire, qui a été utilisé comme donnée d’entrée du modèle, comme décrit ci-dessus. Nous

avons donc utilisé ce seul élément du DTPA dans ce cas. Cette utilisation restreinte conduit à un décrochage du scénario

« actuel » sur le critère IFT par rapport à l’IFT moyen issu du diagnostic (cf. tableau 4).

Dans le cas de l’AAC A, nous avons eu accès à l’ensemble des données parcellaires du diagnostic mais après la

construction de la matrice technique dans le cadre du comité technique. L’analyse des données du diagnostic nous a

conduits à modifier la matrice a posteriori, afin de mieux rendre compte des modes de conduite actuels sur le territoire.

Ce constat suggère bien que le diagnostic agricole est un des supports préalables à la construction de la matrice. En

effet, à l’issue d’une classification des données du diagnostic à l’aune des résultats de la matrice, nous avons mis en

évidence une tendance des agriculteurs à « surfertiliser » leurs parcelles par rapport aux modes de conduite construits

dans la matrice, cohérents d’un point de vue agronomique. Nous avons donc rajouté de nouveaux modes de conduite

« N1 bis » et « N2a bis », qui correspondent aux modes de conduite N1 et N2a pour les IFT, mais pour lesquels la dose

d’azote est augmentée d’une classe (dose d’azote N0 pour N1 bis et dose d’azote N1 pour N2abis). Cet ajustement de la

matrice a permis un calage plus fin du scénario « actuel » par rapport au diagnostic (cf. tableau 4).

C’est donc dans le cas de l’AAC A que nous avons exploité les données du diagnostic de façon la plus approfondie

(bien que ces données ne portent que sur une seule année) : sur la base des résultats du diagnostic, nous avons

directement fourni en entrée du modèle la répartition des surfaces entre les modes de conduite N0, N1, N1bis, N2a et

N2a bis, ainsi que des performances à l’échelle du territoire ; le modèle a simplement calculé les performances

associées des autres indicateurs.

4 L’IFT dit de « référence » correspond à un IFT moyen régional calculé par culture à partir des enquêtes pratiques

culturales du SSP (Services de la Statistique et de la Prospective du Ministère en charge de l’Agriculture), et qui

correspond au 7e décile de ces pratiques. L’IFT de référence du territoire correspond à la moyenne pondérée des IFT

culture au prorata de l’assolement.

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Tableau 4 : Méthodes de conception du scénario actuel, de la plus simple à la plus élaborée En gras, les données du DTPA qui ont été utilisées en entrée du modèle.

AAC C AAC B AAC A

DONNEES DIAGNOSTIC

DTPA :

IFT territoire (moyenne

pondérée des IFT culture

au prorata de l’assolement

du DTPA)

Satisf’actioN territoire

(moyenne pondérée des

Satisf’actioN culture au

prorata de l’assolement du

DTPA)

Données 2010

4,1

Non calculable (pas de

données sur les

rendements)

Données 2010

6,1 (données moyennes)

46 (données parcellaires)

Données 2011

5,7 (données parcellaires)

53 (données parcellaires)

RESULTATS du scénario

actuel

IFT territoire

Satisf’actioN territoire

4,8

25

7,1

46

6,3

55

DONNEES UTILISEES POUR

CALER LE MODELE

IFT « de référence »

car problème de qualité

des données diagnostic

Pas d’utilisation des

données du DTPA

Satisf’actioN du

territoire calculé à partir

des données du DTPA

IFT du territoire calculé à

partir des données du DTPA

Satisf’actioN du territoire

calculé à partir des données du

DTPA

Répartition des modes de

conduite à partir des données

du DTPA

La diversité des méthodes employées pour construire le scénario actuel a mis en évidence notre difficulté à faire le lien

aux DTPA lorsque ceux-ci étaient de qualité médiocre. Un problème majeur mis en évidence dans les trois AAC à

propos des DTPA est le fait qu’ils soient basés sur une seule année culturale, qui plus est peu représentative des 10

dernières années. En effet, 2010 et 2011 ont été des années sèches dans les trois AAC, ce qui permet de faire

l’hypothèse que les agriculteurs auraient appliqué moins de fongicides que les autres années. Faute de données

pluriannuelles nous n’avons pas pu vérifier cette hypothèse, et nous avons basé le calcul du scénario de référence sur

cette seule année.

2.2.2. Scénarios « tout en bio », objets de vifs débats

La démarche prévoit de commencer par présenter des scénarios extrêmes qui sont basés sur l’hypothèse d’un passage

complet de l’agriculture de l’AAC dans un mode de conduite. Ces scénarios ont pour objet de permettre l’apprentissage

de la démarche, de cadrer le domaine des possibles. On décrit ainsi les indicateurs obtenus si le territoire de l’AAC était

entièrement en agriculture intensive, en agriculture biologique etc.

Ces scénarios « tout en » ont permis d’affiner les données de base (retours sur les performances de la matrice si des

valeurs notamment économiques paraissaient surprenantes, ajout éventuel de nouvelles cultures dans la matrice), les

règles de décision (retour sur les contraintes d’assolement éventuelles), et enfin de partager des références qui

permettent ensuite de discuter des contraintes à ajouter pour élaborer les scénarios.

Dans le cas des AAC A et B, les scénarios « tout en » ont favorisé l’apprentissage de la démarche.

Dans le cas de l’AAC C les réactions ont été négatives et ont bloqué le processus. Certains acteurs estimaient que les

résultats produits par la démarche pour ces scénarios extrêmes étaient faux, en particulier le scénario « tout en bio », ce

qui les a conduits à rejeter l’ensemble de la démarche et à arrêter leur participation.

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Dans tous les cas, les résultats des scénarios « tout en bio » ont conduit à de vifs débats : l’augmentation de la marge

nette de +14 à +150% (voir tableau 5) selon les AAC a surpris l’ensemble des comités de pilotage, et en particulier les

agriculteurs membres de ces comités, et ce d’autant plus que cette marge tient compte de la rémunération du temps de

travail Nos résultats mettent ainsi en évidence un potentiel de création d’emploi dans le cadre de ces scénarios tout en

bio. Dans deux AAC, ces résultats ont conduit à revoir l’assolement en bio (tel qu’il était initialement proposé par le

modèle à partir de règles agronomiques). Ces règles ont été revues de manière spécifique à chaque territoire. Le tableau

5 met en évidence les caractéristiques du mode de conduite « agriculture biologique » renseigné dans chaque territoire.

Malgré les résultats économiques intéressants (même après révision de la matrice par les acteurs), et malgré le fait que

les débouchés des cultures mobilisées dans ces scénarios « tout en bio » existent déjà ou sont en passe d’exister, les

agriculteurs en présents dans les comités de pilotage, ont insisté sur les difficultés techniques et d’apprentissage liées à

la conversion au bio.

Malgré des résultats économiques intéressants, les scénarios « tout en bio » n’ont pas été retenus dans les trois AAC,

essentiellement sous la pression des agriculteurs en présence, au regard des difficultés évoquées ci-dessus.

Tableau 5: Résultats des scénarios « tout en bio » dans les trois AAC, avec des assolements redéfinis avec les

acteurs

AAC A AAC B AAC C

SCENARIO Actuel 90% Bio * Actuel Tout en Bio Actuel Tout en Bio

RESULTATS :

Satisf’actioN

IFT total

Marge nette (€/ha)

(si légumes bio)

Temps de travail (h/ha)

(si légumes bio)

55

6,32

580

4,8

-69%

-93%

+14%

-6%

46

7,11

977

4,9

-80%

-99%

-2%**

(+150%)***

+8% **

(+324%)***

25

4,82

632

4,8

-21%

-99%

+51%

+42%

* tout en Bio, sauf le milieu 3 (N2a) car il n’y a pas assez de cultures cultivables dans ce milieu pour pouvoir répondre aux règles

agronomiques du bio (légumineuses notamment).

** en faisant l’hypothèse que la conversion au bio s’accompagne de la suppression de la production de légumes, présente

actuellement sur le territoire.

*** en maintenant une production des légumes présents actuellement au sein de l’AAC suite à la conversion au bio tout en s’assurant

que les surfaces cultivées en légumes sont cohérentes avec les règles agronomiques d’assolement définies pour le mode de conduite

biologique.

2.2.3. Construction de scénarios locaux par les acteurs du copil

Dans les trois territoires, et sans concertation entre eux, des tendances communes se sont dessinées dans les demandes

des acteurs du copil pour la construction des scénarios dont les résultats sont présentés dans les tableaux 6, 7 et 8 (ce

sont ces résultats qui ont été présentés aux membres des copils).

- Les enjeux environnementaux dans les trois AAC sont centrés à la fois sur la réduction de la pression

pesticides et celle de l’azote. Les acteurs ont rapidement vu que la démarche, centrée sur les pesticides à

l’origine pouvait et devait être élargie à d’autres indicateurs, et notamment aux indicateurs azote. Ceci nous a

conduits à introduire un nouvel indicateur dans les matrices techniques et dans le paramétrage de l’outil :

Satisf’actioN. L’introduction de la question de l’azote, parfois plus prioritaire du point de vue des acteurs que

celle des pesticides, a entrainé un enrichissement de l’approche ;

- Le maintien de la marge a dans tous les cas été considéré comme un objectif nécessaire, la réduction des

pesticides même sur une petite AAC n’est pas envisagée si elle s’accompagne d’une baisse de marge, ceci a été

posé en condition dans les 3 AAC ;

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- Les contraintes d’adoption de modes de conduite économes ont toujours été guidées par la volonté de ne pas

modifier radicalement les systèmes de culture des AAC. Des objectifs similaires aux trois AAC ont été

exprimés dans ce sens par le comité de pilotage :

- L’introduction d’une surface en bio, mais minimale : de 5-6%, pourcentage symbolique correspondant

aux objectifs initiaux du Grenelle de l’environnement (6% de bio en 2012, 20% en 2020), et jusque

18% dans l’AAC B (pour couvrir toute la zone vulnérable) ;

- La limitation du mode de conduite « économe » (N2a), sur tout ou partie de l’assolement (par

exemple le blé « économe » ne doit pas occuper plus de 50% de la sole du blé dans les AAC A et

C) pour prendre en compte notamment des contraintes de chantiers sur l’exploitation ;

- L’interdiction du mode de conduite « économe à l’échelle du système de culture » (N2c), alors que les

cultures décrites dans les matrices des AAC A et C rendaient possible l’introduction de ce mode de

conduite.

- Enfin, des contraintes ont pu porter sur l’assolement, permettant de faire évoluer à la marge l’assolement

actuel.

Finalement, dans les trois AAC la tendance n’a pas été à une diversité de scénarios construits pour explorer des champs

des possibles radicalement différents : les acteurs ont eu tendance à exprimer des objectifs réalisables dans un futur

proche de leur point de vue, ce qui a conduit à produire un continuum de scénarios différenciés par une progressivité

dans les contraintes.

Dans deux AAC (B et C), des changements de pratiques engageant le collectif à rassembler des parcelles ou mettre des

parcelles en commun ont été mis en avant :

- dans l’AAC B, la volonté de conduire les parcelles sur la zone des sols les plus sensibles en respectant le cahier

des charges de l’agriculture biologique, alors même que cette zone regroupe des petites surfaces d’un nombre

important d’exploitations, a débouché sur l’idée d’expérimenter les pratiques en agriculture biologique, sur les

grandes cultures et les légumes, en mettant en commun des parcelles sur cette zone ;

- dans l’AAC C, l’introduction de la culture de tournesol, peu consommatrice en intrants, semble envisageable à

condition que les parcelles soient toutes groupées au même endroit dans l’AAC. En effet, ce regroupement

permettrait de parer au problème des oiseaux qui mangent en partie les graines de tournesol avant la récolte

lorsque les parcelles sont dispersées, d’après le comité de pilotage.

L’AAC B a été la seule à cibler l’introduction de pratiques alternatives en priorité sur les zones à vulnérabilité élevée

(modes de conduite économe et bio dans une moindre mesure). Néanmoins, sur la zone à vulnérabilité moins élevée

aucun changement n’a été apporté à la filière des légumes industriels, qui répond à un cahier des charges très strict dans

cette zone. Aussi, le seul mode de conduite acceptable pour les légumes est le mode « raisonné » (N1). Un premier

scénario S0 reprend cette contrainte pour les légumes et, pour toutes les autres cultures, impose une contrainte

d’adoption du mode de conduite « économe ». Les scénarios S1, S1bis et S1ter reprennent les contraintes du scénario

S0 en introduisant une contrainte d’adoption du bio respectivement sur 4, 6 et jusqu’à 18% de la SAU du territoire.

Ainsi, avec 18% de la SAU en bio, le S1ter répond à l’objectif de convertir à l’AB toute la zone fortement vulnérable.

Les résultats sur les marges et le temps de travail sont très variables selon l’introduction ou non de légumes dans

l’assolement en bio (à hauteur de 14% de la SAU au maximum pour conserver une cohérence dans l’assolement). Ceux-

ci sont très coûteux en temps de travail, mais très rémunérateurs.

Une autre particularité de cette AAC B est d’avoir utilisé la démarche à des fins politiques, en construisant un scénario

« repoussoir ». Il s’agit d’un scénario à éviter a priori (supprimer la filière légumes du territoire) mais dont l’agriculteur

présent au comité de pilotage souhaitait chiffrer l’impact afin de démontrer que cette suppression aurait pour effet une

diminution insupportable de la marge. Ce scénario a vocation à justifier qu’il est nécessaire de maintenir la filière

légumes industriels sur le territoire, malgré sa forte consommation d’intrants et l’absence pour le moment de

propositions par ses acteurs de modes de conduite alternatifs plus économes.

Dans l’AAC A, la tendance a été de définir des contraintes visant à améliorer progressivement les pratiques de

fertilisation. Dans un premier temps le scénario S2 traduit l’élimination des gaspillages d’azote : les modes de conduite

« bis » (N1bis et N2abis, voir partie précédente) ont été supprimés au profit des modes de conduite N1 et N2a. Ainsi

dans le scénario actuel la part de N1 imposée à l’outil est de 57%, et celle de N1bis de 27%, tandis que dans le scénario

S2 la part de N1bis imposée à l’outil est ramenée à 0% et celle de N1 à 78%.

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Tableaux 6, 7, 8 : Les différents scénarios construits, et leurs performances comparées au scénario actuel.

La 1ère

colonne présente le scénario actuel. La ou les dernières colonnes correspondent à des scénarios de comparaison

« extrêmes » (Maximiser la surface en bio ou en N2a).

SCENARIOS CONSTRUITS PAR L’AAC A

TYPES DE SCENARIOS

Sc. Actuel Sc. 2

Amélioration

fertilisation

azotée, sans

changement

de répartition

des modes de

conduite

Sc. 3

Amélioration

fertilisation

azotée, sans

répartition de

modes de

conduite

imposée

Sc. 4

Sc. 3 + 6%

de Bio au

maximum

Sc. 5

Maximum

de conduites

économes

Sc. 6

Maximum

de conduites

économes +

6% de Bio

au

maximum

OBJECTIF Maximiser la marge nette

CONTRAINTES

SUR LES MODES

DE CONDUITE

N0

N1

N2a Même

répartition que

le diagnostic

Même

répartition que

le diagnostic

Blé N2a ≤

50%

Blé N2a ≤

50%

Tout en N2a

sauf le blé

dé blé (N1)

Tout en N2a

sauf le blé

dé blé (N1)

N1 bis

N2a bis 0 % 0 % 0 % 0 % 0 %

N2c 0 % 0 % 0 % 0 % 0 % 0 %

N3 0 % 0 % 0 % 6 % max 0 % 6 % max

RESULTATS

INDICATEURS

(% de variation

par rapport aux

valeurs du

scénario actuel)

IFT total

Satisf’actioN

Azote

Marge nette

Temps travail

IFT sa sup*

IFT sa sou*

6,32

55

181

550 €/ha

4,8 h/ha

4,11

2,09

0 %

-15 %

- 5 %

+ 1 %

0 %

0 %

0 %

-12 %

-19 %

- 9 %

+3 %

-3 %

-14 %

-11 %

-17 %

-22 %

-14 %

+3 %

-2 %

-19 %

-16 %

-27 %

-23 %

-13 %

+3 %

-4 %

-30 %

-20 %

-31 %

-26 %

-18 %

+3 %

-3 %

-34 %

-24 %

REPARTITION

DES MODES DE

CONDUITE

N0

N1

N2a

N1 bis

N2a bis

N3

1 %

57 %

21 %

12 %

9 %

0 %

1 %

78 %

21 %

0 %

0 %

0 %

0 %

58 %

42 %

0 %

0 %

0 %

0 %

55 %

40 %

0 %

0 %

5 %

0 %

27 %

73 %

0 %

0 %

0 %

0 %

25 %

70 %

0 %

0 %

5 %

* Les « IFT SA sup/sou » présentés ici correspond à la somme des IFT (i) calculés par substance active, et (ii)

pondérés en fonction du risque de transfert des substances actives vers les eaux superficielles (sup) et vers les eaux

souterraines (sou).

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SCENARIOS CONSTRUITS PAR L’AAC B

TYPES DE SCENARIOS

Sc. Actuel Sc. 0

Conduite

économe

0% de Bio

Sc. 1

Conduite

économe

4% de Bio

Sc. 1bis

Conduite

économe

6% de Bio

(objectif

Grenelle)

Sc. 1ter

Conduite

économe

zone sensible

100% Bio

Sc. 2

Conduite

économe

suppression

des légumes

non Bio

Sc. 3

Tout en

Bio

OBJECTIF Maximiser la marge nette

CONTRAINTES SUR LA ZONE DE

SENSIBILITE ELEVEE

(18% DE LA SAU, SOIT 353 HA) 75 % N0

25 % N1

Tout N2a 4% de la

SAU en Bio

Le reste en

N2a

6% de la

SAU en Bio

Le reste en

N2a

100% de cette

zone en Bio

4% de la

SAU en Bio

Le reste en

N2a

100%

Bio

CONTRAINTES SUR LA ZONE DE

SENSIBILITE MODEREE

(82% DE LA SAU, SOIT 1612 HA)

Légumes et pomme de terre plant en N1 (respectivement 9%

et 7 % de la SAU totale)

Tout le reste en N2a

0% légumes

0% pomme

de terre

100% N2a

100%

Bio

RESULTATS

(% de

variation par

rapport aux

valeurs du

scénario

actuel)

Satisf’actioN

IFT total

Marge nette

(si légumes

Bio)

Temps travail

(si légumes

Bio)

46

7,11

977 €/ha

4,9 h/ha

-22 %

-34 %

+2%

+2%

-24 %

-37 %

+3%

(+12%)

+2%

(+24%)

-24 %

-38 %

+3%

(+19%)

+3%

(+39%)

-32 %

-45 %

+3%

(+39%)

+3%

(+84%)

-32 %

-60 %

-24%

(-12%)

+2%

(+26%)

-80 %

-99 %

+3%

(+150%)

+8%

(+324%)

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16

SCENARIOS CONSTRUITS PAR L’AAC C

TYPES DE SCENARIOS

Sc. Actuel Sc. 1

Conduite

économe

0% Bio

Sc. 2

Conduite

économe

0% Bio

50 ha To

Sc. 3

Conduite

économe

5% Bio

Sc. 4

Conduite

économe

5% Bio

50 ha To

Sc. 5

Conduite

économe

10% Bio

50 ha To

Sc. 6

Conduite

économe

100%

Sc. 7

Tout en

Bio

OBJECTIF Maximiser la marge nette

CONTRAINTES

SUR LES

CULTURES ET

MODES DE

CONDUITE

N3 0% 0% 0% 5%

= 84 ha

5%

= 84 ha

10%

= 168 ha 0% 100%

N2a 0%

100 % N2a sur le reste

sauf pour les cultures

de blé tendre, maïs et

colza

100% 0%

Blé tendre,

maïs et colza

50 % au maximum, le

reste en N0 ou N1

Tournesol = surface

initiale = 50 ha

= surface

initiale = 50 ha = 50 ha

RESULTATS

INDICATEURS

(% de variation

par rapport aux

valeurs du

scénario actuel)

REPARTITION

DES MODES DE

CONDUITE

Satisf’actioN

IFT total

Marge nette

Temps travail

N0

N1

N2a

N3

25

4,82

632 €/ha

4,8 h/ha

32%

68%

0%

0%

-33%

-18%

0%

-1%

13%

36%

51%

0%

-35%

-24%

+2%

-1%

2%

40%

58%

0%

-31%

-25%

+3%

0%

4%

43%

48%

5%

-35%

-28%

+4%

+2%

2%

37%

56%

5%

-35%

-32%

+2%

+7%

2%

35%

53%

10%

-43%

-34%

+2%

-1%

0%

0%

100%

0%

-21%

-99%

+51%

+42%

0%

0%

0%

100%

Les résultats des différents scénarios des AAC (Tableaux 6, 7 et 8, hors scénarios « tout en bio » ou « maximiser le

bio » présentent des tendances similaires :

- diminution de l’indicateur Satisf’actioN de -25% environ (de -15% à -35%)

- diminution conjointe de l’IFT dans les AAC B et C : de -18% (AAC C scénarios 0 bio et économe) à -60%

(AAC B scénario Sc.2 «économe et 0 légumes »). Pour l’AAC A, la réduction d’IFT des scénarios S3 et S4 est

aussi accompagnée d’une réduction de l’IFT SA sup et sou, c’est-à-dire d’une réduction sur les molécules à

risque important de transfert vers les eaux superficielles ou souterraines, ce qui est intéressant pour une

problématique de qualité de l’eau.

- maintien des marges nettes (voire légère augmentation), à l’exception du scénario Sc. 2 « 0 légumes » pour

l’AAC B, où les marges nettes diminuent de plus de 10%. Toujours dans l’AAC B, si des légumes sont

introduits en bio la marge nette augmente jusque +39%.

- maintien du temps de travail : le temps de travail n’augmente pas avec l’introduction des modes de conduite

économes et bio dans les proportions évoquées auparavant, à l’exception des cas où les surfaces en AB de

l’AAC B comprennent des légumes bio : le temps de travail augmente alors de +84% au maximum.

Dans le cas des légumes en bio de l’AAC B, le coût de la main d’œuvre a été compté dans la marge nette. Aussi

l’augmentation du temps de travail conséquente à l’introduction de légumes bio ne peut pas être interprétée comme une

surcharge de travail pour l’agriculteur mais comme un potentiel de création d’emplois.

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Dans les AAC B et C, c’est l’adoption de modes de conduite économes quasi généralisée qui assure la réduction des

indicateurs IFT et Satisf’actioN. L’introduction de surfaces en agriculture biologique sur des surfaces de l’ordre de 5 à

6% induit une réduction des indicateurs plus marginale (de l’ordre de quelques %).

2.3. Elaboration des plans d’actions : le travail est en cours

Nous présentons succinctement dans cette partie un travail en cours, puisque seulement initié dans les AAC A et B pour

le moment sous forme d’ébauche. Il ressort hélas de ce premier travail la propension assez générale constatée par

d’autres auteurs (Bioberi, 2011) à :

(i) déconnecter les actions proposées du diagnostic de la situation locale ;

(ii) de ne fixer aucun objectif chiffré de performance guidant les actions.

A ce jour, le travail réalisé avec les acteurs pour construire des scénarios essayant d’imaginer différentes visions du

territoire à moyen terme n’a pas été un facteur déclenchant de l’élaboration d’un plan d’actions. Tout se passe comme

si les acteurs déconnectaient le travail exploratoire mené dans le travail de construction de scénarios et l’élaboration du

plan d’action sur l’AAC. Ce constat nous ouvre évidemment des perspectives en matière d’accompagnement de la suite

des opérations, ou de correspondances à produire entre les scénarios produits et les actions mobilisables dans les plans

d’actions.

Plus concrètement, le travail sur les scénarios pourrait contribuer à dépasser les limites observées actuellement dans les

ébauches de plans d’actions proposés aujourd’hui sur les AAC A et B (les seules pour lesquelles le travail a été initié

pour l’instant),et listées ci-dessous :

(i) absence d’objectif quantifié d’évolution de la pression agricole et de caractérisation des changements de

pratiques permettant d’atteindre ces objectifs, telle que réalisée dans la matrice technique ;

(ii) catalogue de fiches-actions généralistes applicables sur tout territoire, quelles que soient ses

caractéristiques (pratiques actuelles, cultures présentes, problématiques environnementales locales etc.);

(iii) Reprise majoritaire d’obligations réglementaires, notamment pour tout ce qui concerne les pressions

ponctuelles, mais aussi pour certaines actions en lien avec les pollutions diffuses ;

(iv) Ebauche rédigée par la Chambre d’agriculture indépendamment de la démarche initiée en comité de

pilotage (diagnostic, scénarios).

Ainsi, les actions visant à raisonner la fertilisation et qui se traduisent dans les fiches-actions par un « pilotage de haute

précision environnementale » ou d’ « amélioration de la précision des apports d’intrants pour en limiter le recours »

n’ambitionnent pas d’aller au-delà de la Directive Nitrate. Même constat pour la proposition d’une action « couverture

hivernale de 100% pour limiter l’érosion ». D’autre part, les actions visant les pollutions ponctuelles telles que la mise

en place d’aires de remplissage-rinçage sécurisée par exemple correspondent à des moyens de répondre aux obligations

de bonne gestion des effluents phytosanitaires définies dans l’arrêté du 12 Septembre 2006.

La notion de « fiches-actions » employée par les chambres d’agriculture ou les bureaux d’études dans les trois AAC est

symptomatique de ces listes d’actions déconnectées des objectifs spécifiques du territoire.

Dans l’état actuel des présentations, les plans d’actions ne font pas le lien aux scénarios produits dans le cadre de la

démarche en appui à l’action 21, mais ne font pas non plus le lien avec les DTPA, même lorsque c’est le bureau d’étude

qui a réalisé le DTPA qui produit l’ébauche du plan d’actions !

Néanmoins, nous n’avons pas à ce stade assez de recul pour connaître l’issue de ces plans d’actions, et des perspectives

plus positives se dessinent. Dans l’AAC A, un travail est engagé avec le bureau d’étude qui a réalisé le DTPA pour

s’appuyer sur les scénarios produits pour proposer des objectifs chiffrés aux actions proposées, à l’échelle du territoire,

mais aussi à l’échelle des cultures elles-mêmes. Dans l’AAC B, une double dynamique laisse présager un plan d’actions

ambitieux : tout d’abord la présence d’un agriculteur très fédérateur et qui a compris l’intérêt de l’AAC sur laquelle il se

trouve à élaborer un plan d’actions ambitieux pour échapper aux obligations réglementaires, et d’autre part un taux

important d’agriculteurs (30%) ayant réalisé un diagnostic de conversion à l’agriculture biologique en amont de la

démarche, du fait d’une collaboration entre la chambre d’agriculture et le groupement d’agriculteurs biologiques. Dans

cette AAC, des actions plus ambitieuses que dans les autres AAC ont été évoquées, bien que leurs objectifs ne soient

pas pour l’instant détaillés : « soutien aux débouchés des produits biologiques », « projet collectif de conversion à

l’agriculture biologique » comprenant la mise en commun de parcelles pour la création d’une expérimentation collective

de l’agriculture biologique avec une mesure des flux de nitrates pour évaluer l’effet de ces pratiques, et enfin « un projet

collectif de territoire d’expérimentation de pratiques économes ». Le fait de procéder en collectif permet de partager les

risques entre les agriculteurs et de les minimiser.

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3. Comment cette démarche est-elle perçue par les agriculteurs dans les trois

AAC ?

Un travail à partir de données qualitatives et centré sur des entretiens semi-directifs a été conduit auprès de quinze

acteurs participant aux comités de pilotage des trois AAC. Il vise à étudier la rencontre entre la démarche proposée et

les dynamiques locales. Les comités de pilotage y sont appréhendés comme des dispositifs participatifs et la démarche

en appui de l’action 21 comme un outil pouvant favoriser l’évolution des représentations des acteurs face à la

formulation du problème, et influençant de ce fait la formulation des plans d’actions. L’analyse est centrée ici sur une

catégorie d’acteurs en particulier : les agriculteurs présents au comité de pilotage. Ils apparaissent en effet comme des

acteurs centraux des comités de pilotage, orientant les débats et leur contenu, mais ils sont aussi les premières cibles du

changement de pratiques, puisque leur activité constitue la première pression exercée sur la qualité de l’eau.

Avant de réaliser un traitement plus approfondi des résultats dans un prochain article, nous présentons ici les aspects

recherchés dans les questionnements et révélés par l’enquête qualitative. Ils concernent (i) les postures des agriculteurs

face à la formulation du problème, (ii) leur appréhension de la démarche et l’influence de celui-ci sur leur posture de

départ, (iii) notre interprétation des différents points de vue et des résultats de l’expérience au moment de l’enquête

selon les territoires.

Les trois territoires ont été choisis par le MEDDTL, qui a lancé un appel à toutes les AAC « prioritaires Grenelle ».

Seules à répondre à cet appel, les candidatures des 3 AAC ont toutes été retenues, et il est important de noter qu’elles

étaient motivées par les institutionnels (DDT et Agence de l’eau), mais ce n’était pas le collectif dans son ensemble qui

était partant.

Nous pouvons définir les postures des agriculteurs face au problème de gestion de la qualité de l’eau dans leur AAC

ainsi :

- ceux de l’AAC C sont dans une posture de « déni », posture qui consiste à nier la présentation du problème et

va de pair avec une position de défense des pratiques agricoles actuelles,

- celui de l’AAC B est dans une posture de « rupture » consistant à la reconnaissance du problème et de la

nécessité de changement favorisant un comportement proactif de la part des agriculteurs,

- et ceux de l’AAC A dans une position de «prise de conscience » dans la quelle ils reconnaissent que le

changement est nécessaire mais souhaitent le réaliser par étapes.

Dans leur majorité, les agriculteurs présents aux comités de pilotage se sont portés volontaires pour participer. Ils

développent tous leur activité sur le territoire du bassin de captage, sauf dans le cas où l’agriculteur a été invité comme

responsable professionnel de la Chambre d’Agriculture du département. Si les autres acteurs, notamment les

représentants des services déconcentrés de l’Etat (DDT) et les Agences de l’eau et municipalités évoquent la position

des agriculteurs en termes défensifs face à Action 21 et à l’injonction de réduction des phytosanitaires et de l’azote pour

assurer la qualité de l’eau, ces derniers évoquent plus volontiers une évolution de leur représentation, en particulier face

à la démarche en appui à action 21 et à l’expertise de l’INRA. En réalité, ces évolutions témoignent, selon nous, de leur

acceptation du problème posé et de leur capacité à accepter un changement de pratiques qui découle du premier aspect.

Selon les cas, ils exposent une posture de départ fondée sur la méfiance mais qui s’est progressivement portée vers

l’intérêt pour l’outil (AAC B) ou, au contraire, sont passés d’un intérêt pour l’accompagnement technique de l’INRA à

une posture d’opposition plus ou moins radicale.

Dans les trois cas, les agriculteurs s’opposent à une possible réglementation imposée par la Préfecture au bout des trois

ans d’expérimentation et sur laquelle ils n’auraient pas de prise. Cependant, les façons de formuler le problème par les

agriculteurs induisent des niveaux d’acceptation différents des transformations des pratiques.

Dans le cas de l’AAC B, les agriculteurs sont représentés par une personnalité proactive consciente des problèmes de

pollution et souhaitant agir dessus. Cet agriculteur, également élu de la Chambre d’Agriculture se définit comme un

« acteur du territoire », il est doté de multiples responsabilités tant au niveau professionnel que de l’action politique

locale. La présence de substances phytosanitaires dans l’eau lui apparaît comme « inacceptable », alors qu’il juge inutile

une action sur les nitrates bien qu’ils apparaissent en quantité supérieure aux normes et qu’ils sont le principal souci du

service des eaux de la municipalité. L’existence d’une intervention et d’une expertise en faveur de la réduction des

phytosanitaires et des nitrates depuis une trentaine d’années permet une reconnaissance collective et déjà ancienne de la

problématique de la pollution des eaux au niveau local.

Cet histoire longue de l’action collective sur l’eau, combinée à une volonté d’anticiper de futures mesures obligatoires

qui pourraient s’avérer contraignantes, incite cet agriculteur à considérer les trois ans d’actions volontaires comme une

opportunité pour maîtriser et orienter les changements dans un sens qui apparaît non seulement acceptable, mais

éventuellement profitable aux agriculteurs. En conviant les techniciens d’une Association régionale de développement

de l’agriculture bio au comité de pilotage, ce sont 14 agriculteurs sur 44 qui ont accepté de réaliser un diagnostic

biologique de leur exploitation. La présentation du scénario « toute l’AAC en l’agriculture biologique » comme un

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scénario rentable a été également mieux perçue qu’ailleurs, même si ce fut dans un premier temps pour tenter de

démontrer par les faits le contraire.

Dans le cas de l’AAC A, l’agriculteur interviewé revendique une réappropriation des temporalités du changement. Ce

qui signifie que s’il est conscient de la nécessité d’entamer un processus de transformation des pratiques agricoles,

celui-ci doit se faire progressivement à moyen et long terme. L’agriculteur exprime un désintérêt pour la démarche, ce

qui semble reposer sur son appréhension du problème auquel ne peut répondre la démarche selon lui. En effet, les

enjeux sur l’AAC sont des enjeux de réduction des nitrates, alors que la démarche répondrait uniquement à une

politique nationale de réduction des pesticides qui ne prendrait pas en considération les réalités et les enjeux des

territoires. Ce désintérêt traduit plus largement deux façons de considérer les problématiques environnementales entre

les agriculteurs du territoire et les agents de l’INRA. Ces derniers les perçoivent dans un cadre global de transformation

des pratiques agricoles vers des modèles plus économes. Les agriculteurs quant à eux reconnaissent comme inévitable la

prise en compte d’enjeux environnementaux, bien que le discours environnementaliste soit, selon l’agriculteur

interrogé, trop éloigné des réalités économiques. Si des changements doivent être réalisés, ils ne peuvent être envisagés

que dans un mouvement d’adaptation progressive sur le moyen et long terme. Ecophyto 2018, Action 21, et les

politiques nationales et européennes leur apparaissent comme un « paquet » conduisant à imposer de façon brutale des

mesures et contraintes non avenues dans certains territoires, ne laissant pas aux exploitations le temps de s’adapter et

mettant en péril leur viabilité économique, en dépit de l’évaluation économique des scénarios construits localement

dans ce cadre. Il reproche en effet à l’INRA de sous-estimer la dimension technique conduisant à imaginer des scénarios

inadaptés à la réalité locale et regrette une « dérive sociologique » de cet institut de recherche, dont la mission

principale doit se concentrer sur la recherche appliquée. Il existe donc également une forme de déni des problèmes tels

qu’ils sont formulés dans le cadre d’Ecophyto 2018 : selon l’agriculteur enquêté, l’objectif doit être atteint « dans la

mesure du possible » et un éventuel écart à l’objectif ne doit pas déclencher le passage à l’obligatoire.

Dans le cas de l’AAC C, la situation s’est révélée plus conflictuelle, conduisant à un rejet de la démarche et au souhait

de l’arrêt de la collaboration avec l’INRA. Si l’agriculteur interrogé met en cause la présentation du scénario 100% bio

comme témoignant de l’incapacité de l’INRA à prendre en compte leurs souhaits, propositions et leur réalité, leur

comportement de rejet de la démarche révèle une claire situation de déni du problème de départ tel qu’il est formulé.

Celle-ci est exprimée en particulier à travers une remise en cause de façon globale des problématiques

environnementales imposées par la société au secteur agricole. La sensation de réaliser les objectifs d’Ecophyto 2018

« avant l’heure » est un clair exemple d’un refus d’une transformation des pratiques agricoles qui sont l’objet, selon lui,

d’un effort d’évolution depuis de nombreuses années. De façon plus locale il réfute l’idée que l’agriculture, pourtant

présentée comme la principale responsable des pressions exercées sur la ressource, soit la seule mise en cause.

L’agriculteur met en évidence d’autres facteurs de risques pesant sur la ressource provenant d’autres secteurs d’activité

et d’une pollution de la nappe dont seraient responsables les agriculteurs d’autres territoires. Ils refusent de ce fait d’être

les seuls acteurs à être mis en cause et à « faire des efforts ».

Dans le cas de l’AAC C, de même que l’AAC A, des arguments de maîtrise technique des systèmes de culture et des

outils d’optimisation de l’usage des phytosanitaires sont opposés aux scénarios avancés par la démarche, dont la

participation est vécue comme « une perte de temps » dans la mesure où les agriculteurs prétendent disposer des

« bonnes » solutions en fonction de leur propre appréhension des problèmes.

Si la majorité des agriculteurs, mais aussi leurs conseillers, évoquent le faible impact de la démarche à la fois sur le plan

d’actions mais aussi sur leurs représentations des problèmes, ils évoquent néanmoins l’intérêt du comité technique pour

la diffusion de connaissances techniques sur le territoire. Ils justifient dans tous les cas leur réticence au changement

pour des raisons économiques et opposent des arguments techniques aux scénarios proposés. Ils opposent d’ailleurs de

façon générale la réalité technique et économique telle qu’ils la perçoivent à une idéologie environnementaliste qu’ils

reprochent à l’INRA de relayer. Ils confrontent également les problématiques environnementales avec une grande

mission qu’ils attribuent à l’agriculture, autant dans son rôle de pilier de l’économie nationale que de pourvoyeuse

d’aliments à l’échelle internationale, les deux étant présentés comme incompatibles. Leurs discours font référence à la

technique comme solution aux problèmes environnementaux (OGM, agricultures de précision etc.), posture pourtant

également emprunte d’idéologie (Habermas, 1973; Ellul, 2004).

Les autres acteurs (conseillers agricoles, agents des agences de l’eau) ont tendance à valoriser, dans la démarche, la

mise en dialogue d’acteurs parfois peu habitués et enclins à échanger. Elle aurait permis d’éclairer leurs stratégies et

points de vue respectifs, notamment entre agriculteurs et conseillers conventionnels et conseillers en agriculture

biologiques, et ce dans les trois AAC. Dans l’AAC A, un conseiller nous a rapporté qu’il estimait que « la glace avait

été brisée » localement entre des conseillers venant d’horizons politico-techniques très variés (CETA, Chambre,

Groupement d’agriculteurs bio, coopérative…). Dans deux AAC il est apparu que les conseillers techniques ayant des

références locales sur les niveaux N2a, N2C et N3 « bio » étaient attentivement écoutés par d’autres conseillers qui ne

semblaient pas les connaître, qui en prenaient note et les questionnaient. Les agriculteurs ont également le sentiment

d’avoir pu faire remonter auprès des services techniques mais aussi des services de l’Etat les préoccupations et les

problèmes qu’ils rencontrent localement. Dans les trois AAC, la Chambre d’Agriculture est apparue centrale et

incontournable, que ce soit pour la réalisation de diagnostics, pour la mise à disposition de données, et pour faire le lien

entre les institutionnels et les agriculteurs et assurer l’animation des comités de pilotage. Mais la démarche a également

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révélé les positions ambiguës des conseillers agricoles mal à l’aise entre les positions politiques des agriculteurs, celles

de la chambre et certaines références sur des pratiques alternatives qu’ils devaient exploiter dans le cadre de la

démarche. Enfin, dans les trois AAC, alors qu’il est maître d’ouvrage, le représentant de la collectivité territoriale est

apparu très en retrait et s’impliquant peu dans les débats. Les institutionnels des DDT et des agences de l’eau expriment

leur position en faveur d’une réduction des pressions agricoles, mais ont eu également tendance à peu s’impliquer pour

éviter les clivages avec les agriculteurs, nous semble-t-il. L’analyse des entretiens menés avec tous ces autres acteurs se

fera dans un autre article.

Conclusion : la démarche proposée constitue un outil de mise en débat et

révélateur des positions stratégiques des agriculteurs

Des démarches de construction collective de scénarios prospectifs existent déjà, mais nous n’avons pas connaissance du

développement de telles méthodes pour la gestion de l’eau du point de vue de sa qualité vis-à-vis des produits

phytosanitaires et des nitrates conjointement, et qui permettent d’évaluer les performances de différents modes de

conduites sur une même culture. La démarche nous paraît originale du point de vue du fonctionnement de l’outil d’aide

à la décision proposé, mais aussi d’un point de vue opérationnel pour les AAC. Du point de vue de l’outil, l’originalité

principale est de construire un modèle économique de programmation mathématique couplé avec des données

agronomiques qui sont construites avec des experts techniques locaux (itinéraires techniques adaptés selon les zones et

les cultures, reposant sur des stratégies agronomiques précises). D’un point de vue opérationnel, cette démarche fournit

un outil participatif nouveau pour les acteurs du territoire en vue de construire leur plan d’actions. En effet, il n’existe

pas aujourd’hui de démarche prospective opérationnelle permettant d’aider les décideurs à envisager les conséquences

possibles des choix stratégiques qu’ils seront amenés à réaliser en termes de pratiques agricoles pour améliorer la

qualité de l’eau d’une l’AAC. Les seuls outils et démarches disponibles que sont les diagnostics de vulnérabilité et les

diagnostics des pressions agricoles (MAAPRAT et MEDDTL 2010) sont dans les faits presque systématiquement mis

en œuvre mais de fait encore peu valorisés pour l’action. Tout se passe encore comme si la réalisation de ces diagnostics

visait à répondre à la demande formulée par les services de l’état et les agences de l’eau plus qu’à un réel souci de

comprendre le fonctionnement du territoire et d’apporter des solutions appropriées aux caractéristiques du territoire

(BioBeri 2011).

S’il est prématuré de tirer toutes les conclusions sur l’impact de la démarche proposée dans cet article, du fait de la

rédaction encore en cours des plans d’actions, et du fait que ce test a eu lieu sur trois AAC seulement, nous présentons

néanmoins ici quelques tendances qui se dessinent.

Des changements des représentations des acteurs peuvent être observés en ce qui concerne l’agriculture biologique,

même si ça ne se traduit pas directement dans les plans d’actions. Une amorce de dialogue a été permise dans les

comités techniques entre des acteurs pas toujours habitués à travailler ensemble, donnant à entendre les positions et

points de vue de chacun et les contraintes auxquelles ils sont confrontés, notamment les agriculteurs, qui font ainsi

remonter certains problèmes locaux.

A ce stade, nous pouvons formuler trois hypothèses :

1. La démarche proposée ici permet de stimuler une dynamique territoriale préexistante. En revanche dans les situations

où cette dynamique locale n’existe pas il semble que la démarche ne suffise pas à l’amorcer.

Sur les trois territoires, bien que les discours de défense et de justification des pratiques des agriculteurs soient

similaires, leur disposition à transformer une partie de ces pratiques et leurs représentations du changement sont

quelques peu différents. Nous faisons l’hypothèse que ces différences proviennent du niveau d’acceptation et de

reconnaissance du problème formulé sur chaque territoire, préalablement à notre intervention. Aussi, l’application de la

démarche ne présente un intérêt pour accompagner le changement dans les pratiques agricoles que dans des conditions

de prise de conscience du problème, où la « rupture » avec les pratiques antérieures est souhaitée. Cette position est

facilitée par la présence d’une dynamique ancienne de travail autour de l’amélioration de la qualité de l’eau, mais aussi

par une volonté d’anticiper un changement considéré comme inévitable. Dans les autres cas, la démarche a provoqué un

durcissement des positions défensives et de déni du problème posé. La démarche a ainsi accentué ou mis en évidence

des dynamiques qui étaient présentes ainsi que les cadres cognitifs dominants relatifs aux questions environnementales.

2. Le degré d’ancrage territorial des agriculteurs conditionne leur facilité à formuler le problème.

Les agriculteurs enquêtés semblent inscrits dans une position très sectorielle et seul un agriculteur a évoqué son ancrage

territorial, en termes « d’acteur du territoire », inséré dans un environnement social politique et institutionnel auquel il

participe. Les autres n’ont jamais fait état de cette appartenance ou ancrage territorial, défendant des positions

individualistes liées soit à la défense d’une profession soit de l’exploitation en elle-même. Les deux agriculteurs dont la

posture est le « déni » pour l’un, l’ « attentisme » pour l’autre, sont ceux qui sont les moins ancrés au territoire, au

contraire de celui qui est en « rupture ».

3. Le bon déroulement de la démarche est conditionné par l’expression de tous les acteurs de l’AAC.

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Comme on l’a vu en introduction, cette démarche permet de prendre en compte l’avis et l’expertise des acteurs locaux à

la fois dans le paramétrage du modèle mais aussi dans la définition des scénarios. Toutefois il nous semble que la

diversité des positions des agriculteurs ne s’est pas exprimée : du fait de leur silence en comité de pilotage ou du fait de

leur absence. En effet dans deux AAC nous avions connaissance d’agriculteurs qui sont dans des démarches de

« production intégrée », mais d’une part ils n’étaient pas présents aux comités de pilotage, et d’autre part leurs pratiques

ont été très peu prises en compte dans la définition des scénarios. Dans l’AAC C, le départ d’un agriculteur au discours

très dominant dans les discussions a permis à d’autres agriculteurs d’exprimer un avis sensiblement plus modéré sur

certains objectifs : par exemple, il était possible selon eux d’introduire un peu de binage et de cultiver du tournesol

contrairement à ce que disait leur collègue. Pour ces raisons, nous rejoignons les propositions de Montginoul et Rinaudo

(2011), qui accordent une attention particulière aux modalités d’expression des acteurs en réponse aux scénarios

proposés par les chercheurs : (i) en travaillant en petits groupes ; et (ii) en séparant les agriculteurs des représentants

institutionnels, sauf dans les réunions finales. La mise en œuvre d’une telle approche, ainsi que la présence lors des

réunions des agriculteurs ayant des pratiques différentes de celles qui dominent actuellement constituent des pistes

d’amélioration de notre démarche dans l’objectif de produire des scénarios relevant de stratégies plus variées portées

par des acteurs différents.

Ainsi, la définition des captages « prioritaires Grenelle » associée au dispositif ZSCE a créé une « petite révolution »

pour les acteurs du monde agricole du fait de l’obligation de résultats, de la nécessité du suivi de la mise en place des

actions et surtout du « couperet » des mesures qui peuvent devenir obligatoires sous 3 ans. Mais face aux plans

d’actions élaborés jusqu’à présent peu corrélés à des objectifs d’évolution des pratiques et évoquant peu d’actions

introduisant un niveau d’exigences supérieur à celui de la réglementation, des questions demeurent :

- les objectifs chiffrés en termes de diminutions possibles de pression pesticides et azote ainsi que les moyens

techniques décrits dans les scénarios produits par la démarche seront-ils repris dans les plans d’actions ?

- en quoi le partage des visions du futur et de leurs principales conséquences permis par la démarche aura-t-il permis

aux acteurs de reformuler le problème et d’y trouver des solutions ?

- dans quelle mesure la démarche peut-elle également fournir des éléments sur les modalités de mise en œuvre du plan

d’actions, sur la progressivité de la mise en place des changements ?

Les travaux qui vont s’engager maintenant autour de la construction des plans d’actions devraient apporter des éléments

de réponse à ces questions.

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Symposium final PSDR 2012 Pour et Sur le Développement Régional

19-20-21 juin 2012 – Clermont-Fd - FRANCE

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