Une Chapelle de Sésostris

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  • UNE CHAPELLE

    IlE S 1~ SOS TRI S 1ER

    A KARNAK

  • PRFACE

    Ce volume parat tard: je nt> croIs pas utile de dOllner IC] toutes les rmsons de cerC't.)f/l, dont plnsieu,'s sont trs valables.

    J(' dois cl IllOspitalit de mon collaLol'ateur et ami Henri Chevrier et de sa femme(ravoir pli revC'llir Karnak travaillel' il l'achvement de ce volume, dans dAs con-ditions idales.

    M. Chevrier', apI's avoir' l'(~c()nsll'Ilit la ~ chapelle blanche" de Ssostl'is j,.r, ce monu-ment unique, a voulu dessiner lui-mme, pOlir la publication. non seulernelll. les planset les coupes, mais toutes les planclws reproduisant la dcoration, tour de force quepeu d'archologues alll'aient t capables de l'aliser. Nous avons ainsi maintenant,grce il lui, une documentation exacte et claire, dont toute la valeur al'tist(lue npparaLM. Chevl'ier a accompli ce tl'avail avec la mme passion qui l'nvait soutelHl duranttoutes les campal~nes ail COUl'S desquelles il n extrait. des entrailles du 1I1" pylne deKarnak, ces bas-reliefs extraordinaires.

    Mnu' Chevrier a tenu ;1 dactylographiel' elle-mme, en vne de faciliter l'impression,les quelque cinq cents pages de mon manuscrit, dont le dcllilfrernent. lui il imposl'm'fois une lche redout.ahle.

    M. Jean Sainte Fare Garnot a revu toutes mes preuves avec une patience iulassable;.le lui dois d'avoir vit bien des distractions. Dans ce travail, il a t assisl(; pal'MM. Louis Chr'islophe et Jean Yoyotte qui, fnn et l'autre, ont fait. preuve d'un(lvOllement pxemplaire.- Enfin M. Lajuncomme et 1(> personllel de son Imprimerie se SOllt til's il lIwrveille(rUne p,'cnve donl je souhaite (l'l'ils ne rencontrent pas souvent l'quivalent.

    I~:t['(, aid de telle fu/:n. au soir (le la vie, dOlllwrait envie (le vieilJir. Merci il tous.

    Pierre L.\ 1;,o\IJ.

  • SANCTUAIRE DE SSOSTRIS 1ER

    I. HISTORIQUE DE LA DCOUVERTE.

    C'est le 16 novembre 1927 que le premier lment de ce monument fut mis au jour parmiles blocs remploys dans les fondations du pylne d'Amnophis In. Sous un plafond de Thout-ms III en albtre, est apparue une architrave en calcaire qui avait t crase et qui fut extraiteen morceaux (1). La mme anne, nous trouvions une autre architrave, intacte celle-l, deuxpiliers et un mur-bahut, lments qui me permettaient de donner sans plus attendre une recons-titution exacte de la moiti de la faade de ce monument qui devait se complter par la suite (2),mais par contre, je m'aventurai donner un plan que l'avenir infirma. Me basant sur des dificesconnus, comportant les mmes lments, qui existent notamment Karnak l'ouest et dansl'axe du lac sacr, ainsi qu' Mdinet Rabou, je prvoyai un sanctuaire intrieur ferm, entourd'un priptre (3). C'tait bien la premire fois que l'on trouvait un monument priptre dela XIIe dynastie (a) et dans la srie des monuments priptres, un type entirement nouveau.

    Les dcouvertes se continuaient par la suite, toutes au mme niveau des fondations, tousces lments faisant partie du radier infrieur qui s'tendait jusque sous les murs de parementdu pylne. Pendant la campagne 1928-1929, on atteignait ce radier sur une grande surfaceet nous pmes en extraire cette anne-l dix piliers, deux dalles de soubassement, deux murs-bahuts et un fragment de la corniche avec la gargouille qui se trouve sur la face sud. D'autresapparaissaient: trois piliers, deux dalles de couverture et deux dalles de soubassement, engagssous les murs de parement du pylne, demandaient un travail de consolidation et d'taiementque je ne pouvais faire que l'anne suivante (5). Le ft mars 1930, on dcouvrait le seizime et der-nier pilier. La planche 1 des Annales, t. XXX, donne une photographie de ce pilier et de sonvoisin. Ils ne pouvaient tre extraits par l'intrieur cause du fruit du mur de parement. Aprsconsolidation de ce mur, des fouilles furent faites l'extrieur et les piliers extraits de ce ct.

    ~'un d'entre eux tait cass en deux morceaux et son extraction, morceau par morceau, ne pr-senta pas de difficult; une des moitis enleve, le vide tait combl par de la maonnerie et l'onsortait l'autre moiti. Le second pilier tait intact et intressait une assez grande longueur duparement : il fut ncessaire d'encastrer au-dessus une forte poutrelle de fer pour soutenir lemur. La duret du limon, qui formait liant tait telle qu'il fallut l'attaquer au ciseau; les faces

    (1) H. CHEVRIER, Annales du Service des Antiquits, t. XXVIIII, Rapport sur le.~ travaux de Karnak, p. 115.(') Id., pl. J.('1 Id., fig. 6, p. 127'(1) Cf. JQUIER, Les lments de l'architecture gyptienne, p. 106.(5) H. CHEVRIER, Annales du Service des Antiquits, t. XXIX, Rapport sur les travaux de Karnak, p. 135 138, fig. 2,

    pl. II ct III.

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    infrieures et latrales dgages, les piliers adhraient fortement par la face suprieure : nousdmes agir au levier pour obtenir le dcollage, aprs avoir plac des bois garnis de feutre sousla pierre.

    Jusqu'en 1937, les dcouvertes se succdrent, avec plus ou moins de bonheur quant aunombre des lments trouvs pendant chaque campagne; pourtant il faut que je signale unetrouvaille importante, cette fois dans l'aile nord du pylne : un bloc de calcaire nous donnaitles plus hautes marches de l'escalier d'accs ainsi que la hauteur exacte du socle, que j'avaiscru jusqu'alors limit l'paisseur des premires dalles de soubassement et qui portent untableau de nombres, cases rectangulaires.

    Il est possible que des pierres de ce soubassement aient t dcouvertes dans le vidage dupylne, mais c'est peu probable, car les pierres qui portent des lments de construction(emplacement de queues d'aronde, chemine de coulage, etc.), sont toujours conserves. Troisblocs, portant prcisment emplacement de queues d'aronde et chemine de coulage avaient _t mis de ct, mais s'ils appartiennent au soubassement, ils font partie du bourrage etnon du parement visible. Je pense que le fait que nous n'en ayons pas trouv d'autres peuts'expliquer par leur r-emploi direct dans une autre construction d'Amnophis III. Ce roiemployait galement le calcaire, comme le prouve un fragment de lui trouv dans les fondationsde son propre pylne.

    Ds 1936, j'avais pu faire faire une maquette rertaine, et je puhliai un plan et deux vuesperspectives du monument (1). A partir de ce moment, on ne dcouvrait plus rien. Il nous man-quait cependant encore quelques lments : une architrave, deux murs-bahuts, une dalle desoubassement et une dalle de couverture. Craignant de ne pas les avoir reprs au dbut duvidage, lorsque je n'tais pas encore familiaris avec les faces non dcores des diffrents blocs,j'entrepris une rvision complte du pylne, particulirement du ct de la Salle Hypostyle.On se rappelle, en effet, que les fondations des colonnes de cette salle avaient t refaites en1927, avant donc la dcouverte des premiers lments de Ssostris 1cr. Ace moment-l, j'auraispu laisser en place des blocs prsentant une face non dcore. Je refis donc mettre au jour lesfondations du pylne, dtruisant en partie la maonnerie nouvelle s'tendant jusqu'au muret j'allais mme plus loin pour obtenir la certitude absolue que rien n'avait t omis. Naturel-lement les parties dtruites des fondations furent refaites.

    En 1937, on dcidait de reconstruire l'difice tel qu'il tait. Si, plus tard et ailleurs, nousretrouvons les lments absents, il sera facile de les mettre leur place (2).

    (1) IL CHEVRIER, Annales du Service des Antiquits, t. XXXIV, Rapport sur les travaux de Karnak, p. 173 et 17!J.('1 Trois autres blocs appartenant l'escalier oriental ont t dcouverts en 19!J 8, dans l'aile nord du pylne.

    Ils seront faciles remettre en place en dtruisant une partie de la maonnerie qui complte provisoirement l'escalier.J'attends la fin des travaux avec l'espoir d'en trouver d'autres, car il en manque encore quelques-uns de chacundes escaliers.

  • A KAR~AK

    II. RECONSTRUCTION.

    3

    La question de la reconstruction d'un difice s'tait dj pose lorsque M. Pillet avait dcou-vert, dans ces mmes fondations, un assez grand nombre d'lments d'un sanctuaire-reposoird'Amnophis 1cr et de Thoutms 1cr. Elle avait alors t examine. P. Lacau et M. Pillet avaientchoisi comme emplacement l'angle nord-ouest de l'enceinte, dont le niveau du sol est nette-ment au-dessus de celui des infiltrations. M. Pillet avait fait des sondages, confirms du restepar les fouilles que je dus faire pour les fondations, et le terrain tait bien vierge de construc-tions antiques. Il fut en partie remblay pour obtenir un bon nivellement.

    Mais le sol tait trs mauvais, d'autant que l'difice allait tre reconstruit en partie sur lessondages remblays. Il fallut descendre prs de trois mtres pour rencontrer un sol dur ethomogne. Les fondations nouvelles comportent un radier en bton arm sur lequel s'lventsix piliers arms galement, quatre pour le carr du sanctuaire et un sous chacun des escaliers,piliers qui supportent une semelle : le vide entre le radier infrieur et la semelle suprieuretait combl par du sable du Nil, trs fin et utilis alors qu'il tait parfaitement sec pour obtenirun remplissage efficace (1). Ce travail fut excut en fin de saison et la reconstruction proprementdite entreprise au cours de la campagne suivante.

    Pendant que les maons construisaient le massif de briques remplaant la premire assisedu soubassement, un atelier tait organis pour la rparation et l'assemhlage des morceauxdes diffrents lments. Nous n'avions en effet qu'un seul pilier et quelques architraves intacts,tous les autres lments ayant t briss en plusieurs morceaux; en particulier les dalles desoubassement et de couverture, cause de leur moindre paisseur et de leur grande surface.D'autre part, la pierre avait plus ou moins soufIert d'avoir port la masse du pylne.

    Il s'agissait donc de rtablir le monolithisme des lments architecturaux. L'atelier de restau-ration fut organis de la faon suivante : un pont roulant fut mont, d'une longueur de roule-ment suffisante pour permettre le travail simultan deux lments. Pendant l't prcdent,une quipe de tailleurs de pierre avait prpar le travail, entaillant les blocs pour permettrede placer les fers de consolidation quand il s'agissait d'lments pouvant travailler la flexion(architraves, dalles de couverture) ou bien prparant les piliers en perant chaque morceau?'un trou dont la section horizontale tait en queue d'aronde. Une sorte de pilier en btonlgrement arm tait prvu pour maintenir solidement en place les diffrents morceaux lorsqueceux-ci taient casss plus ou moins paralllement l'une des faces: l'entaille tait simplementde section carre quand il s'agissait de morceaux placer l'un sur l'autre, ou bien combinaitles deux systmes quand cela tait ncessaire.

    Une partie du bloc, la plus grosse, tait alors place soit sur une des faces infrieure ou sup-rieure, quand cela tait possible, soit maintenue verticalement par du sable coffr si la face n'taitpas plane. Le morceau ainsi plac tait facilment coifI~ par celui qui devait venir s'y ajuster.

    Naturellement, pour les dalles de soubassement, un pareil travail tait inutile, puisqu'ellesdevaient simplement reposer sur le massif de briques remplaant la premire assise. Cependant,

    (11 Annales du Service des Antiquits : II. CHEVillER, Rapport sur les travaux de Karnak, t. XXXVII, Il, 17 7.1.

  • UNE CHAPELLE DE SSOSTRIS le,il tait impossible de raccorder les cassures, du fait de leur irrgularit et un autre travail deprparation fut effectu: les cassures taient bches sur une paisseur de quelques centimtres,mais elles taient laisses nettes au voisinage des surfaces visibles. Des orifices de coulage dumortier furent prvues.

    Le pilier de l'angle sud-ouest demanda un travail plus considrable et plus dlicat : il taitbris dans la hauteur en trois morceaux et en outre suivant un plan peu prs parallle la facesud, comme s'il s'tait cliv, ce qui est exceptionnel pour le calcaire. En plus du noyau en btonarm, j'ai fait maintenir les faces par des boulons qui traversent le pilier de part en part. Lestrous des boulons taient percs dans des vides de la dcoration, les ttes et les crous suffi-samment encastrs pour n'tre plus visibles, une fois recouverts d'enduit simili-pierre(lJ

    En ce qui concerne les architraves, deux procds furent employs, sparment ou conjoin-tement : les plus gros morceaux taient runis par un bout de poutrelle 1 ou U encastr dansles deux pices, ou bien les fragments taient maintenus en place par des goujons scells. Pour _deux d'entre elles, casses en nombreux fragments de petites dimensions, on opra de faondiffrente. Les fragments taient taills paralllement la face dcore, ne conservant qu'unepaisseur de quatre ou cinq centimtres, et percs de trous destins recevoir des goujons :les diffrents morceaux scells au pltre allaient constituer un coffrage. On disposait alors untaMier entre les piliers et au niveau de leur face suprieure. Les morceaux taient assemblscomme les pices d'un puzzle, scells au pltre, les faces latrales maintenues par un coffrage.Des armatures taient places, puisque l'architrave travaille la flexion, et du bton coul jusqu'auniveau suprieur de la pierre. Les goujons taient scells dans ce bton. Je renvoie monrapport des Annales, t. XXXVIII, p. 568 et 569.

    Le 31 dcembre 1937, le soubassement tait achev. Il nous manquait une dalle de la travecentrale qui fut remplace par du bton sur la moiti de son paisseur et par une dalle tailledans un bloc de calcaire de mme qualit pour la moiti suprieure. Pour l'angle sud-ouest,qui nous manque galement, je faisais faire une sorte de masque pais de deux briques surchamp, pour le cas o nous trouverions le fragment par la suite : efi'ectivement nous avonstrouv un morceau de ce qui manquait et il fut facilement scell.

    Le premier pilier tait mis en place le 5 janvier 1938, celui du nord de la porte de l'est et letravail avanait de la faon suivante: d'abord les piliers de la range nord de la trave centrale,puis ceux de la faade nord; ils taient monts au niveau du dallage au moyen d'une chvresitue au nord. La chvre tait alors dplace sur la face sud et les piliers monts dans lemme ordre, ceux de la trave centrale avant les autres.

    Le travail tait singulirement facilit par le fait que le dessin du plan se trouve figur surles dalles de soubassement. On se rend compte tout de mme que la mise en place de piliersmonolithes de plus d'une tonne et demie n'est pas un travail des plus faciles. Il fallait tenir compteaussi du fait que le dessin du plan est un peu plus petit que les dimensions des lments achevs.Les pierres avaient t mises en place avant le ravalement dfinitif et n'avaient pas toujoursles dimensions primitivement prvues.

    (1) H. CHEVRIER, Annales du Service des Antiquits, 1. XXXVIII. Rapport sur les travaux de Karnak, fig. 80, p. 571.

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    Pour poser les architraves, un plancher fut install au niveau suprieur des piliers, occupanttoute l'aire du monument et prsentant une surface de roulement rendant aise la manuvredes pierres. Toutes les architraves qui avaient t restaures au sol ou qui taient entires furentfacilement poses et le procd dont j'ai 'parl plus haut fut employ ce moment, pour cellesqui taient brises en de nombreux petits fragments. Pour deux architraves qui avaient tdbites anciennement et dont nous n'avions retrouv que quelques morceaux dans les jointsdes pierres du pylne, le volume primitif fut rtabli en bton arm et les fragments appliquset scells. Enfin, l'architrave sud de la face ouest qui n'a pas t retrouve, fut remplace parun volume vide, caisse lgre, garnie d'un enduit arm, recouvert de pltre teint dans la massede la couleur moyenne du calcaire. La dalle de couverture porte sur deux petites poutrellesdont l'une des extrmits est encastre dans l'architrave mdiane de l'ouest, l'autre reposantsur un petit massif de briques. Si l'architrave est retrouve par la suite, il sera facile de la placer,sans mme avoir toucher la dalle de couverture.

    Les murs-bahuts avaient t placs en mme temps que les piliers, et pour les deux quinous manquent, un volume semblable fut rtabli en pltre sur lattis garnis d'un treillage defil de fer.

    Enfin, il fallait passer aux dalles de couverture et c'est l que les problmes poss par lesconsolidations furent les moins faciles, prcisment cause de leur grande dimension. Ceslments de la construction, d'une assez grande surface et de peu d'paisseur, avaient, je l'aidit, beaucoup souffert de la charge qui leur avait t impose et taient briss en de nombreuxfragments. La disposition es cassures rendait la consolidation complique : les dalles tra-vaillent la flexion et les plus grands fragments ne pouvaient pas tre percs sur toute lalongueur, dans certains cas, pour viter que les trous n'arrivent jusqu' la corniche. En gnralun bout de poutrelle 1 ou U tait scell dans un des blocs sur la moiti de sa longueur et l'autrepartie venait s'encastrer dans le second morceau, o elle tait scelle au mortier. Mais les dif-frents fragments s'imbriquaient parfois les uns dans les autres et un travail comparable celuifait pour les dalles du soubassement fut ncessaire, savoir le bchage des faces raccorder.Toutes les fois que nous pouvions le faire, les fragments taient percs de part en part pourassurer un meilleur travail des poutrelles ainsi qu'un scellement plus sr. En gnral les conso-lidations ont t faites au sol et les dalles montes au moyen de la chvre. Quelques fragmentsfurent replacs au moyen de goujons, la dalle une fois pose.. De nombreux petits fragments furent mis leur place par la suite, appartenant tant aux piliersqu'aux architraves/mais il restait encore des lacunes, gnralement dues l'crasement de lapierre : elles sont combles avec du pltre de Paris color dans la masse et les signes hirogly-phiques ou les parties de la dcoration (personnages, faucons et vautours, offrandes, etc.),sculpts en taille directe ou remplacs par des moulages. Toutefois, quand les lacunes sont tropimportantes et peuvent donner lieu des interprtations diffrentes, un simple champ rattrapela surface ancienne, rtablissant le volume et ne heurtant pas la nuance gnrale. Ces petitesrestaurations seront serties par un filet au pinceau pour qu'elles apparaissent franchement,quand ce travail sera achev. En outre, les dessins publis ici ne donnent que les parties anciennesconserves.

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    III. DESCRIPTION DE L'DIFICE.

    La forme gnrale de notre monument est celle d'un kiosque sur plan carr, muni de deuxescaliers axiaux. Pl. 1.

    Sur un socle de 1 m. 18 de hauteur, constitu par une premire assise non dcore et unedeuxime assise qui forme le dallage, s'liwent seize piliers en quatre rangs de quatre, dter-minant un carr de 6 m. 5lt de ct environ (les cts ne sont pas rigoureusement gaux, voirles cotes sur le plan joint). Les piliers des faades est et ouest sont de section rectangulaire defaon pouvoir porter et les architraves transversales (nord-sud) et les architraves longitudi-nales (est-ouest). C'est le procd ancien, utilis au temple du Sphinx notamment. Par la suite,mais srement trs anciennement aussi, l'extrmit des deux architraves placer angle droit at taille en biseau pour porter sur un plan carr (pilier ou abaque d'un chapiteau). La hauteurdes piliers est de 2 m. 565, leur section est de 0 m. 61 X 0 m. 62 environ, pour les pilierscarrs, car les cotes ne sont pas gales d'un pilier l'autre. Pour les piliers rectangulaires lepetit ct a videmment la mme dimension que les cts des piliers carrs (0 m. 61 0 m. 63)et le grand ct, environ 0 m. 95. En dehors des deux portes constitues par les piliersmdiaux des faces est et ouest et des quatre piliers centraux, les piliers sont runis leur partieinfrieure par une balustrade ou plus exactement un mur-bahut sommet sensiblement semi-cylindrique de 0 m. 755 de haut et de 0 m. ltlt5 0 m. lt56 d'paisseur. Comme le montrentces cotes, les bahuts sont moins pais que les piliers et sont aligns sur leur nu extrieur.

    Douze architraves de 0 m. 55 de hauteur et de la largeur des piliers (0 m. 61 en moyenne)reposent sur les piliers dans la direction est-ouest; six autres (deux fois trois) couronnent ceuxdes faades est et ouest et sont aligns nord-sud. Quelques-unes de ces architraves n'ont queo m. 5lt de haut, la diffrence devait tre videmment rattrape par un mortier.

    Enfin sur ces architraves repose la couverture en trois traves. Les dalles latrales et frontalescomportent la corniche entire avec le tore ou boudin.

    Deux escaliers accdent au niveau suprieur du sode : ils sont un peu plus larges que lesportes et comportent trois traves parallles sensiblement gales de 0 m. 59 environ de largeur,les traves extrmes comportant huit degrs de 0 m. 08 de haut peu prs (voir coupe, pl. 5).La face suprieure des marches, le giron, est inclin donnant une pente de mme hauteur suro m. 59 de longueur. Comme pour les autres mesures, les huit centimtres ne sont pas absolusni pour la hauteur des degrs, ni pour la pente, puisque l'on arriverait 1 m. 20 (8 X 8 = 6lt,7 X 8 = 56 et 0 m. 56 + 0 m. 6lt = 1 m. 20 au lieu de 1 m. 18 de hauteur dn soubassement).La partie centrale est constitue par un plan inclin servant faire glisser le patin du traneausur lequel tait primitivement transport la statue ou l'emblme divin.

    Ces escaliers sont limits latralement par une rampe trs basse, au sommet semi-cylindrique, delargeurs diffrentes, variant d'un ct l'autre du mme escalier entre 0 m. 26 et 0 m. 325, maisdont la hauteur verticale constante est de 0 m. lt8. Nous ne possdons pas tous les morceauxdes escaliers, qui devaient tre runis par des queues d'aronde comme le sont deux des fragments

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    de l'escalier de l'est; les massifs de l'escalier sont runis aux dalles et entre eux par des queuesd'aronde qui se trouvent places sous le petit bahut formant rampe. C'est ce qui nous permetd'assurer que le bloc de l'escalier trouv dans l'aile nord, s'ajustant parfaitement la dallevoisine sur le ct est, appartenait bien notre monument. Toutefois, le bloc le plus haut porteaussi l'emplacement d'une queue d'aronde qui aurait d le joindre au bloc voisin, qui, lui,n'en porte pas et vient pourtant, par ailleurs, se raccorder certainement lui. La planchemontre ces deux blocs en place, pl. 6. Dans un degr, on aperoit l'emplacement d'une autrequeue d'aronde qui joignait le bloc de gauche celui du bord. Cette queue d'aronde taitrecouverte par un petit bloc de calcaire. La rampe tait jointe aux blocs infrieur3 par desgoujons verticaux : la mortaise de l'un d'eux est visible sur la planche 4.

    Les dalles de pavement taient gnralement runies entre elles par des queues d'arondequi se trouvent caches sous les piliers ou sous les murs-bahuts mais ce n'est pas unergle absolue comme on le voit sur la figure 1. Des encoches que nous retrouverons aussidans les dalles de couverture permettaient la manuvre de mise en place au moyen de leviersen bois, dans le genre des {< malaouines 1) utiliss actuellement. Une rigole horizontale court surchacun des cts qui devait recevoir le voisinage d'une autre dalle (pl. 4). Des cheminesde coulage, accdant ces rigoles, sont disposes de faon ce qu'un mortier liquide puissese rpandre dans ces rigoles et combler les joints.

    Les orifices suprieurs de ces chemines de coulage sont galement dissimuls sous les piliersou les murs-bahuts. Les deux dalles du centre portaient l'encastrement de l'autel ou pidestal;nous n'en possdons qu'une. Des encoches rectangulaires sont mnages pour la manuvre del'autel, elles taient recouvertes par de petits blocs de calcaire maintenus avec un mortier. Leliant employ tait le pltre.

    Cet encastrement et les encoches ont leur bords inclins et non verticaux (coupe, pl. 5 et 6),ce qui est logique et permet un encastrement plus facile.

    L'autel que j'ai plac provisoirement n'est pas l'original. Mais il est de dimensions analogueset donne une ide de ce que pouvait tre l'objet central.

    Les piliers ne comportent aucun dtail de ce genre, ni queue d'aronde puisqu'ils ne se re-liaient pas horizontalement avec d'autres lments, ni emplacement de goujons verticaux pourles lier d'une part aux dalles, d'autre part, aux architraves. En ce qui concerne les murs-bahuts,ils ne viennent pas toujours s'ajuster aux nus latraux des piliers, mais ces derniers comportentalors une partie en saillie de deux quatre centimtres, exceptionnellement 0 m. 105 pour lepilier de l'angle sud-est, face est.

    Les architraves sont relies par des queues d'aronde, une moiti de la queue d'aronde tantmnage dans le joint pour les architraves est et ouest (pl. 4), c'est--dire que cette moiti elle seule intresse deux architraves entre lesquelles elle se plaait. Ceci n'est pas logique, car uneffort dans le sens de l'architrave perpendiculaire tendrait carter les deux autres. Le rlede ces queues d'aronde est assez problmatique. Ce sont des lments constants de la con-struction gyptienne mais leur utilit parat bien illusoire.

    Les dalles de couverture prsentent plusieurs particularits. Les dalles d'une mme travene sont pas lies entre eUes par les queues d'aronde (pl. 4), seules les dalles sont ainsi lies

    2.

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    d'une trave l'autre; elles prsentent des chemines de coulage classiques. Enfin, leursurface suprieure est taille de faon diriger l'eau vers le ct sud. Elles forment trois pentesnon planes, puisque les artes des angles ne sont pas apparentes. Du ct sud, o se trouve lagargouille, il existe un ressaut vertical qui s'amortit vers les extrmits est et ouest (pl. ft)et la dalle portant la gargouille est fort troite, pour viter un travail superflu sur tous les ctsde la corniche de la dalle. On connait des gargouilles tout fait analogues par exemple lapyramide de Licht.

    Une particularit plus curieuse et vraiment inutile est la faon dont sont tailles les deuxdalles est et ouest de la trave centrale pour porter la fois sur les trois architraves frontales.La figure montre ce que je veux dire (pl. ft). L'exprience prouve, comme je l'ai faite pourla dalle de l'angle sud-ouest, qu'elles sont suffisamment portes par les architraves longitudi-nales : il suffit d'examiner la planche 8 pour se rendre compte que le centre de gravit desdalles est bien du ct des architraves longitudinales sauf pour la plus petite de l'angle sud-est.Je crois que c'est simplement pour viter un joint dans le prolongement de ceux des architravesque les dalles ont t ainsi tailles en oblique. Un de ces joints est trs large et devait comporterun raccord.

    Au-dessus des architraves, les dalles prsentent des encoches permettant la manuvre avecdes leviers en bois de fortes dimensions. Ces encoches sont masques par les architraves voisines.aprs la mise en place (pl. ft). Mais un lment, frquent plus tard, manque: il n'y a pas decouvre-joint.

    La gargouille est un lment trs frquent de l'architecture gyptienne, malgr la raret dela pluie (1). Il en existe au temple de Khonsou Karnak et les temples d'Edfou, de Denderah etde Mdinet Habou en comportent galement. On en connait un trs beau spcimen prcismentdu rgne de Ssostris 1er dcouvert dans les dpendances de la Pyramide de Licht. Elle estconstitue par un protme de lion accroupi et l'eau passait entre les membres antrieurs.

    Le calcaire employ n'est pas homogne, certains lments sont taills dans un lit de carrireassez dur qui se polit presque comme une pierre marbre, genre comblanchien, alors que d'autresprsentent une nature de pierre presque savonneuse et la finesse des reliefs en a souffert, parexemple pour le pilier portant les scnes 14',16',18',24' (fig. 2). Les tailleurs de pierresdevaient rencontrer des dfauts, noyaux de silex ou souillures: certains endroits la pierre a tentaille et une pice rapporte avec une certaine prcision, mais toujours s'encastrant par lehaut dans une entaille en demi-queue d'aronde (scne 23, architraves Al, B 1, B 1').

    En nettoyant les diffrents lmenti'l de la terre qui formait liant dans le pylne, j'ai constatque les reliefs taient empts par un enduit, en partie soluble dans l'eau. Analys par M. Lucas,chimiste du Service des Antiquits, il fut reconnu comme tant un lait de pltre. Il n'tait pasrparti galement sur tous les piliers, architraves ou murs-bahuts, s'accumulant plus ou moinsdans les creux de ces derniers, et son paisseur tait plus grande vers les bords des lmentssculpts en relief, jusqu' empter compltement par endroit le relief des bandes latrales.Ce lait de pltre existe aussi sur des lments d'autres difices, en particulier sur des blocs

    (1) Cf. II. CHEVRIEII, Le Temple Reposoir de Ra/nses Ill, p. 8 ct pl. IV, Le Temple Reposoir de Sti II, p. 3 et pl. III.

  • A KARNAK 9

    provenant de constructions d'Amnophis 1er et de la Reine HatSepsout que nous .avons en ma-gasin Karnak. On ne peut donc savoir quelle poque notre chapelle fut badigeonne ni dansquel but. Ce lait se retrouve sur des bas-reliefs de ce mme Ssostris 1er trouvs par Petrie Coptos. Il ne semble pas que l'on puisse penser que ce lait ait servi maintenir une feuilled'or, ce mtal n'adhrant pas au pltre. L'paisseur de l'enduit aurait diminu la finesse des

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    empreintes jusqu' faire disparatre compltement les dtails, si jamais notre monument ft ainsirecouvert. La question se pose, en effet, devant l'absence de traces de couleurs.

    Seuls portent des traces de couleurs :

    1 0 L'encadrement des portes dont les signes en creux taient peints en bleu;2 La corniche dcore de palmes alternativement blanches, bleues, rouges, bleues,

    blanches, etc. (deux palmes bleues encadrant les palmes rouges ou blanches).30 Le ruban qui entoure le boudin courant sur les angles verticaux des faades et

    sous la corniche, peint en jaune.

  • 10 UNE CHAPELLE DE SSOSTRIS 1er

    Notre attention a t attire par la prsence de petits trous cylindriques pouvant recevoirdes tenons en bois. Les plus nombreux sont disposs par trois sur le carr extrieur form parles quatre piliers centraux, d'autres se trouvent la partie basse des portes. On peut supposerqu'ils servaient fixer une tenture cachant la statue divine et le roi, aux yeux des spectateurs,pendant tout ou par6e de la crmonie. Mais on en trouve galement et l sur les architraves.Sur les piliers, ces trous sont disposs par trois, deux en ligne horizontale, le troisime sousl'un des prcdents, dans l'espace compris entre le texte et la bande latrale. La question dela clture s'est certainement pose, puisque plus tard, des portillons furent placs dans lesportes mmes. Des emplacements de crapaudine aux pieds des piliers, contre la petite rampeet des emplacements de pices de bois cales en queue d'aronde, hauteur du sommet desmurs-bahuts, en tmoignent. Etant donn la hauteur du soubassement, un portillon de cettedimension sufIisait masquer une grande partie de la crmonie intrieure. Il est vraisemblableque la statue ou l'emblme divin tait apport ici sur un traneau; nous n'en avons pas dereprsentation comme nous en avons de la barque sacre. Pour celle-ci, nous savons que lastatue tait cache aux yeux des profanes dans un tabernacle recouvert lui-mme d'un voile.y avait-il sur le traneau un moyen de dissimuler la statue qui aurait t sortie sur l'autel mme?Tous problmes que notre connaissance incomplte de ces crmonies ne nous permet pas dersoudre. Constatons simplement la prsence de ces trous et de ces portillons rajouts par lasuite (pl. 9)'

    IV. TECH IQUE DE LA DCORATION.

    P. Lacau tudie, d'autre part et du point de vue philologique, la disposition gnrale de ladcoration. Je voudrais donner quelques prcisions sur le travail des sculpteurs. Dans l'tudetrs pousse que j'ai t amen faire d'abord pour combler les lacunes et aussi pour publierle maximum de variantes de la plupart des signes hiroglyphiques, j'ai pu faire des constatationsintressantes.

    On doit diviser le travail en deux parties :1 D'une part, les personnages (roi et dieux) et les grands oiseaux qui couronnent la

    scne (vautour et faucon);2 D'autre part, le texte.

    En ce qui concerne la premire partie, la mise en place est faite avec une extrme prcision,les dimensions ne varient absolument pas: nous sommes certainement en prsence d'une miseen place par mise au carreau: le sculpteur respectait absolument la silhouette du dessin. Ayanteu dans deux cas complter le roi et Amon- lin, un moulage fait sur un autre pilier s'est rac-cord parfaitement la place de la partie dtruite. Seules quelques petites retouches ont tncessaires pour les dtails du collier du roi.

    n en est de mme pour les faucons et les vautours; mais si sur les personnages les dtailsne prsentent pas de variantes pour le mme ornement (collier, bracelets, sento, etc.) les dtailsdes oiseaux qui n'intressent pas la silhouette sont traits avec plus de libert. Les ttes des

  • A KARNAK 11

    vautours, la disposition des plumes places sous l'aisselle de l'aile tendue horizontalement ouobliquement en avant, celle dont on voit la face interne, prsentent de nombreuses variantes.Le faucon ne donne pas lieu autant de diffrences.

    Par contre les signes hiroglyphiques prsentent chacun de nombreuses variantes; ils sonttudis par la suite. Je me contente d'indiquer simplement que cette libert s'tend depuisla dimension mme des signes dans les colonnes ou dans les lignes jusqu'aux dtails des plu-mages pour les oiseaux, leur silhouette, les cailles des serpents (signes "'-- et "'l). Celles-cisont stylises par un quadrillage plus ou moins oblique et aussi par des oscelles que l'on re-trouve sur le signe ~, et mme, ce qui est plus trange sur le signe 1. P. Lacau parle enparticulier du signe ~, tantt une chvre encorne, tantt voquant plutt un jeune chevreau.Le nombre des pointes suprieures du signe --. varie de sept treize (quelquefois quatorzequand le signe est grav: [portesJ), ici, en nombre pair, l en nombre impair, alors que lespions du signe _ varient dans une proportion un peu moindre, mais restent toujours impairs.L'tude complte qui forme la deuxime partie donnera une ide exacte de ces variantes.

    J'en conclus que le travail tait confi une quipe d'ouvriers en nombre restreint pour lespersonnages, trs spcialiss et trs exercs reproduire exactement un modle, en particulierpour les profils des figures du roi et des dieux Amon-R ou Amon-Min, qu'une autre quipeun peu plus nombreuse et un peu plus libre s'occupait des oiseaux et, qu'enfin, l'excutiondu texte tait confie un nombreux personnel, peut-tre mme un ouvrier par face de pilier.

    Cela semble exagr, mais l'exprience que j'ai acquise en sculptant moi-mme un assez grandnombre de fois le mme signe me permet d'affirmer que ces signes prsentent tous un mmecaractre, celui que je leur ai donn tout en suivant exactement le modle. C'est la main, l'em-preinte personnelle de tout artisan qui se reconnait d'une uvre l'autre: d'une face de pilier l'autre je ne retrouve pas la mme main.

    V. CONCLUSION.

    Dix annes de travaux dans les fondations du Ille pylne nous ont donc fourni un monumentde premire importance. P. Lacau en dgage la leon du point de vue des ides religieuses etde la langue. On verra que certaines orthographes prsentent une forme archaque. Il apporte-des nouveauts relativement la crmonie de la fte ~b-sd sans en livrer tous les secrets. Mais,il est aussi extrmement intressant au point de vue artistique : architecture de dimensionsmodestes, mais de proportions trs tudies, il est un vritable chef-d'uvre de l'art gyptien :les chiffres que j'ai cits, ceux qui se trouvent sur les plans, les faades et la coupe, prouventqu'il n'existent aucun rapport simple entre eux, c'est du reste un peu dans ce but que je donneles gomtraux cots. Il n'en reste pas moins que l'aspect gnral est exceptionnellement satis-faisant et qu'il voque la perfection grecque.

    H. CHEVRIER.

  • LE DCOR DE LA CHAPELLE1. Cette chapelle de Ssostris 1er est d'un type entirement nouveau; l'architecture gyp-

    tienne nous rserve assez souvent pareille surprise. Chevrier a dit dans quelles conditions tousles matriaux qui ont servi reconstruire ce monument avaient t extraits par lui des fondationsdu Ille pylne Karnak o ils dormaient depuis trois mille ans (1) : il est rare qu'un archologueait l'occasion de procder une pareille rsurrection (2). Il est plus rare encore qu'un seulmonument nous apporte la fois dans sa dcoration autant de renseignements importants surl'art et sur les ides reli gieuses. Nous n'examinerons ici qu'une partie des problmes trsnombreux que nous pose cette dcoration.

    Notons d'abord deux faits qui peuvent rendre cet examen particulirement intressantnotre chapelle est pratiquement complete et elle est antrieure au schisme atonien.

    2. 1 Elle est complte. Cinq blocs seulement nous manquent (3) (voir p. 2). Toute dco-ration religieuse gyptienne se compose d'une srie de scnes qui ont t dcoupes par tranchesnettement spares dans le droulement d'une crmonie. Le lien qui rattache ces scnes lesunes aux autres nous chappe le plus souvent, les Egyptiens n'ayant jamais figur dans chaquecrmonie qu'un choix des moments les plus caractristiques, lesquels taient fort clairs leursyeux. Quand des lacunes viennent supprimer ou mutiler un certain nombre de ces scnes, ilest certain que nous avons moins de chance encore d'en saisir l'enchanement. Or notre chapellenous livre, nous allons le voir, un total complet de soixante scnes pratiquement intactes. C'estl une chance particulirement prcieuse; nous avons sous les yeux le premier monument de laXIIe dynastie qui nous soit parvenu entier. Disons tout de suite que malgr cette circonstancesi favorable, notre interprtation prsentera bien des lacunes.

    (1) Voir p. 1-2.-l') Rappelons qu'en Grce le temple de la Victoire Aptre au Parthnon et le trsor des Athniens Delphes ont t

    rebtis avec leurs propres matriaux sur leurs fondations mmes. Pour notre chapelle, nous ignorons au contraire sonemplacement primitif Karnak. Elle a donc t reconstruite sur un terrain libre et qui a t sond profondment dansl'enceinte mme du temple. Un admirable reposoir de la barque sacre (en albtre), sorti lui aussi tout entier des fon-dations du III' pylne, vient d'tre rtabli ct de notre chapelle; d'autres monuments de mme provenance attendentleur tour. Ds maintenant l'angle nord-ouest de l'enceinte de Karnak constitue un muse unique de monuments re-construits.

    l') II n 'yen a que deux qui nous apprendraient quelque chose: l'un sur le ct nord, entre les deux piliers centraux,nous aurait donn les noms de quatre des nomes de la Basse-Egypte (CIIEVRIER, Annales du Service, XXXIV, p. t 75)l'autre faisait partie du dallage de la trave centrale et nous aurait complt l'encastrement de l'autel ou du pidestaldisparu qll se trouvait dans l'axe de la chapelle. Quant aux trois autres blocs, l'un, dans la toiture, tait sans dcor,l'autre formant l'architrave sud-ouest portait certainement un dcor identique celui de l'architrave parallle nord-ouest et le troi~ime est un mur-bahut de la face est, dcor des Nils habituels.

  • -NORD-

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  • A KARNAK 15

    3. 2 Notre chapelle a chapp aux martelages atoniens. Nous ne savons pas quel est le roiqui a procd sa dmolition (1). Mais cette dmolition et ce remploi de matriaux qui nousapparaissent comme des actes de vandalisme ont, en ralit, sauv cet admirable monument.Le calcaire expos l'air aurait mal rsist dans le pass et au XIXe sicle, il aurait sans doutet transform en chaux comme tout le calcaire de Karnak. Ce qui est certain en tout cas, c'estque cet ensevelissement par Amnophis III a protg nos bas-reliefs des martelages de son suc-cesseur Akhnaton : Amon et tous les dieux sont intacts. Or, c'est Karnak que les martelagesd'Amon ont t particulirement soigns: aucune statue du dieu(2), aucun bas-relief, n'a chapp la destruction dans son propre temple; c'est donc la premire fois que nous avons, dans lademeure mme d'Amon, son image relle telle que l'avait conue la dynastie qui venait de lepromouvoir au rang de ( roi dBs dieux . Tous les monuments retrouvs dans ce pylne, et ilssont nombreux, sont dans le mme cas. L'un d'entre eux, le sanctuaire de la barque d'Amonconstruit par la reine Hatsepsowet (3), dmoli par Thoutms III et enfoui par Amnophis IIIdans les fondations du Ille pylne, nous fournira bientt des lments de comparaison trsintressants : nous aurons faire deux sanctuaires de premire importance religieuse, l'unde la XIIe dynastie, l'autre de la XVIIIe, consacrs tous deux dans le temple principal d'Amon.

    a. Quel est le plan gnral de la dcoration?Comme tout monument religieux gyptien, notre chapelle est divise en deux moitis, sud

    et nord, suivant son axe longitudinal ouest-est (fig. 2).Rappelons que l'entre d'un temple est toujours oriente thoriquement vers le Nil et la trave

    centrale divise le temple partir de la porte jusqu'au fond (le sanctuaire) en deux moitis gales.Or, le Nil tant considr comme coulant rgulirement du sud au nord, l'axe du temple qui estperpendiculaire au fleuve se trouve donc orient thoriquement est-ouest et les deux moitis dutemple sont places l'une du ct nord de cet axe, l'autre du ct sud. Naturellement, il y alogiquement interversion quand on passe d'une rive l'autre. Sur la rive droite, c'est la moitidroite du temple (en entrant) qui est la moiti sud, et la moiti gauche, qui est la moiti nordsur la rive gauche, c'est exactement l'inverse (fig. 3).

    Tout ceci est bien connu et a t prcis par Mariette propos du temple de Dendrah (IJ).

    5. Or nous sommes sur la rive droite, c'est donc la moiti sud de la chapelle qui doit tre droite et la moiti nord qui doit tre gauche partir de l'entre et suivant l'axe ouest-est

    (1) Amnophis 1" avait construit une chapelle identique celle-ci (mme dcor et mmes dimensions, dont des frag-ments importants sont sortis du III' pylne (CHEVRIER, Annales du Service, XXXIII, p. 178 et XXXIV, p. lOg). Etait-cepour remplacer la ntre? Et est-il l'auteur de la dmolition? Des fragments d'un monument du mme type mais deplus grande dimension ont t trouvs par VariUe et Robichon remploys dans le temple de Montou Karnak. Attendonsque ces deux exemplaires se compltent.

    (01 Voir LEGRAIN, Rec. de Trav., XXII, 62-6B.(3) Sur ce monument, voir LE GRAIN et NAVILLE, L'aile nord du pylne d'Amnophis III il Karnak (lg02), les Rapports dePILU~T dans les Annales du Service, XXIII, p. 118, XXIV, p. 60, et ceux de CHEVRIER dans les Annales du Service,_ XXVI,p. 120, XXVII, p. lU2, XXVIII, p. 118 et 120, XXXI, p. go.

    (;) MARIETTE, Dendrah: description gnrale du grand temple, etc., p. 3g-u 1. L'expos de Mariette est trs net: est-ille premier avoir clairci ce point, je n'ose l'affirmer, l'histoire des progrs successifs de notre science est encore faire.

  • 16 UNE CHAPELLE DE SSOSTRIS 1er

    q~i, lui, est orient perpendiculairement au fleuve. Il en tait bien ainsi, car les deux longs ctsde la chapelle comportent extrieurement, l'un la srie des nomes du sud, l'autre la srie desnomes du nord; la chapelle a donc t reconstruite suivant cette orientation qui est celle detout le temple de Karnak.

    6. Ceci est normal, mais ce qui est nouveau, c'est que notre chapelle est galement diviseen deux moitis est et ouest suivant un axe transversal nord-sud (fig. 2). Nous avons affaireen ralit deux chapelles adosses places sur un mme socle et desservies de chaque ct

    --J ~~ \

    Fig. 3. 0par un escalier d'une faon indpendante. Dans chacune des deux moitis du monument, lesens du dcor indique clairement cette division; les flches, sur la figure 2 et sur la figure aqui donne le schma des architraves, montrent l'orientation de l'criture et des figures.

    7. 1 0 Sur les quatre architraves longitudinales parallles l'axe ouest-est, les inscriptionssont divises en deux moitis affrontes dont le point de dpart commun est au centre sur l'axetransversal nord-sud, le signe ~, plac au centre, est commun aux deux textes comme il arrivenormalement.

    8. 20 Sur les piliers, toutes les figures d'Amon ont le dos tourn vers l'axe nord-sud (fig. 2),qui constitue comme le fond des deux chapelles : c'est J'orientation normale de toute figuredivine qui tourne toujours le dos au fond de son temple. Tout est ordonn comme si nous avions

  • A KARNAK 17

    sur l'axe nord-sud un mur mitoyen sparant les deux moitis est et ouest du monument;partout, le roi marche vers le dieu dans le sens des flches.

    9. Malheureusement l'autel ou le sode central, qui tait plac cheval sur l'axe nord-sud

    au milieu de la galerie mdiale, n'a pas t retrouv (1). Ses dimensions exactes nous manquentcar il ne nous a t conserv qu'une seule des deux pierres du dallage dans lesquelles tait tailll'encastrement destin loger la base de cet autel (2). Il est certain qu'il devait tre divis lui

    (1) Un autel en granit rose au nom des deux Ameneml.let III et IV le remplace pour le moment, mais il n'a rien faireavec notre monument; il s'agissait pour nous simplement de montrer qu'il y avait l un autel. Sur cct autel lui-mme,voir Annales du Service, XXIV, p. 67-68 .

    (') Voir p. 7 et fig. 1.3

  • 18 UNE CHAPELLE DE SJ:~SOSTRIS 1"

    aussi en deux moitis, l'une pour l'est, l'autre pour l'ouest. Il nous aurait t particulirementprcieux: pour situer certaines des crmonies reprsentes sur les piliers des deux chapelles;une partie au moins de ces crmonies devait tre clbre prcisment sur r,hacune des deuxmoitis de l'autel central.

    10. Je ne connais aucun monument ainsi partag la fois en deux moitis nord~sud et endeux autres moitis est-ouest. Il doit s'agir de la division du monde en quatre rgions laquellese rapporte la quadruple rptition bien connue d'une srie de textes et d'offrandes, celle qui

    o ....

    Fig:i.

    est indique par la formule 0:: sp fdw quatre fois (1). Cette division serait-elle particuli-rement ncessaire pour la fte sed laquelle notre chapelle semble bien se rattacher, nous leverrons?

    11. Notons tout de suite que le signe hiroglyphique W servant crire prcisment lafte sed n'a rien faire avec notre monument. Il figure bien deux dicules identiques etaccolscontenant l'un l'image du roi du sud, l'autre celle du roi du nord. Mais ce qui est accol dos dos dans notre chapelle, ce n'est pas le nord et le sud, mais hien l'est et l'ouest. Dans le signeW d'ailleurs nous avons en perspective gyptienne deux dicules placs non pas dos dos,mais bien cte cte: on les figure tous deux de profil pour qu'ils soient tous deux visibles:c'est la convention normale du dessin gyptien. Un socle dans une des cours de la Pyramidede Djoser Saqqarah parat bien confirmer cette interprtation. Nous reproduisons ici le croquisde la reconstitution donne par Lauer (2) (fig. 5).

    (1) Formule frquente sur notre monument mme, scnes 11-12,25-26,1'-2', U', 15'-16', 18', 1!)'-20'.(') LAVER, La pyramide a degrs. L'architecture, 1, p. llt5, fil~. l!l6.

  • A KARNAK 19

    12. A ct du temple funraire de la XIe dynastie Deir el-Bahari se trouve un massif de ma-onnerie trs ruin qui semble comporter deux rampes d'accs ou deux escaliers symtriques l'un l'ouest, l'autre l'est (1). S'agit-il d'un monument du mme type que le ntre? On aurait placdans la ncropole une reproduction d'un des lments du 6eb-sed qui pouvait tre utile au roi mort:2).

    13. Rappelons la grande table d'offrandes en albtre du temple du soleil Abousir (3). Elleest compose de quatre tables d'offrandes accoles : chacune d'elles ayant exactement la formedu signe -i-. C'est ce signe d'criture -i- Mp qui est ralis grande chelle en ronde bosse: bel

    Fig. 6.

    exemple pour le dire en passant de l'elIicacit de l'image et de la valeur pratique que peut prendrelm hiroglyphe (u). Ce dispositif a quelque chose de comparable au plan de notre monument.

    1 Il. Mais cette division anormale en deux moitis symtriques est et ouest ne concerne qlleles architraves et les piliers; le dcor des portes et des murs bas qui entourent la chapelle estommand par un tout autre principe. Ce qui frappe en effet dans l'ensemble de la dcoration,c'est que les deux portes est et ouest et le mur bas ceinturant la chapelle ont t gravs en creU;l;,et que tout le reste, c'est--dire les architraves (intrieures et extrieures) et les piliers (moinsles deux portes) ont t gravs en relief (fig. 6 : tout le gris est en creux, le reste en relief).

    III WINI.OCK dans The Metropolitan Museum r1 Ar(. the E'gyptian E.rpedition 19 ;~o-19;~ 1, fig. ~dl el p. ,,1. Winlockl'appelle festival kiosk of Thutmes l\f.

    (2) C'esl ainsi que Djoser Saqqarah a reproduit dans son domaine funraire ceux des lmenls de son palais deMemphis qui taient les plus utiles sa vie d'outre-lombe.

    (3) Von llISSIl'iG et lloRcnllT, Das Re-Heiligtum des Konig,\ Se- nroser-Re, p. 14 el fig. 33.(Il) Une tahle d'offrande de ce type figur!' dans les donations que Thoutms III consacra Amon (salle des Annales

    = SETlIE, lfrk .. IV, p. 6ho, n. 8). Un exemplaire en albtre se trouve Karnak en haut du massif de maonnerie accolau nord de la salle des ftes .

    ;3 ,

  • 20 UNE CHAPELLE DE SESOSTRIS 1er

    Cette diffrence de technique a une signification prcise: tout ce qui est en relief est considrcomme l'intrieur du monument, tout ce qui est en creux est l'extrieur.

    15. L'emploi de ces deux mthodes de gravure est bien connu; il s'est perptu pendanttoute la dure de la civilisation gyptienne et mriterait une tude spciale. Ce qui nous intresseici, c'est l'emploi tout conventionnel et symbolique que l'on peut faire de ces procds techniques.Une gravure en creux place l'intrieur d'une salle dont tout le reste est grav en 1'elieJ, celaparat d'abord illogique. Cela signifie tout simplement que la partie ainsi grave est considrel'omme place l'extrieur.

    16. Nous en avons de bons exemples dans les mastabas de la Ve et de la VIe dynasties Saq-qarah (1). La stle-porte, place l'intrieur de la salle des offrandes, celle devant laquelle onrendait le culte au mort, est seule grave en creux, alors que tout le reste de la salle est en relief; _c'est que la stle reprsente la faade de la maison du mort, c'est--dire quelque chose qui pardfinition est l'extrieur. La gravure en creux pour un Egyptien rappelle et affirme le faittrs clairement et trs simplement.

    17. Le procd a dur. A Louxor, Alexandre a construit un nouveau sanctuaire l'int-rieur de la salle de la barque qui date d'Amnophis III. Ce nouveau sanctuaire est un naosindpendant enferm dans l'ancienne salle (il a une corniche, un fruit, des tores d'angle). Lesmurs du sanctuaire primitif sont gravs normalement en relief. Au contraire, dans le nouveaunaos, les murs ext'rieurs sont gravs en creux hien qu'ils soient l'intrieur d'une salle et lesmurs intrieurs de ce mme naos sont normalement gravs en relief. Cette gravure en creuxdonne aux parois extrieures du naos une signification thorique en contradiction avec sa po-sition relle : elle a plus cl 'importance et de significat.ion que cette position elle-mme.

    18. Inversement, pour signifier qu'une partie cl 'un dcor en creux, c'est--dire cl 'un dcorextrieur, est considr comme l'intrieur par rapport ce dcor en creux, on grave cette partieen relief. Dans toute une srie de stles-portes du Moyen Empire qui sont. graves normalementen creux puisqu'elles figurent une faade extrieure de maison, la scne centrale, celle qui estplace au-dessus du linteau de la porte, et qui figure le mort assis devant sa table, est graveen relief parce que l'on veut rappeler qu'il s'agit l d'une scne qui se passe l'intrieur mmede la maison et que l'on voit travers la fentre (2).

    19. Dans notre chapelle, nous avons faire au mme procd. Les faces extrieures des archi-traves et des piliers sont gravs en reliRf comme les faces intrieures, ce qui parat d'abord

    (1) Citons seulement: VON BISSING, Die Mastaba des Gemnikai, l, pl. II; M!CRAMALLAH, Le mastaba d'ldout, pl. XIV, p. 28.AAbydos le dcor des portes des naos est grav en creux: CALVERLEY, The temple of King Sethos f, II, pl. 15, 18 et III,pl. 3 1, 32, 3lJ, 113, etc.

    (2) Voir au Louvre, les stles 161 et 16lJ; dans FIRTH eL GUNN, Teli Pyramid Cemeteries, !l2 stles prsentent ce tableauen relief, p. 181 190, les nO' 2 12, 15 18, 20-22, 2lJ-25, 28, 30.

  • A KARNAK 21

    anormal. On a voulu signifier par l qu'elles sont lhoriquerrnt l'intrieur du monument.Au contraire, il est normal que les deux portes soient graves en creux car, par dfinition, lesfaades de porte sont extrieures. Quant au mur continu (form des murs entre piliers et desbases des piliers) qui ceinture la chapelle par en bas sur ses quatre cts, il est grav tout entier

    Fig. 7.

    en cre'ux, parce que l'on veut rappeler et prciser que ce mur constitue l'enceinte extrieuredu monument. Et c'est sur ce point qu'il convient d'insister.

    20. En ralit, nous sommes en presence d'un type de chapelle extrmement volue dontles lments constitutifs ont t amalgams d'une manire trs curieuse mais qu"il fautdbrouiller.

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    1 1r- r- I- 1 --i ;:::1

    Fig. 8.

    Tout monument religieux gyptien tait toujours construit au milieu d'une enceinte qui limiteet protge l'ensemble de la proprit du dieu. Il n'y a pas de lieu sacr contenant un temple quin'ait son enceinte, c'est un des lments indispensables d'une proprit divine. Or cette enceintepeut tre de type variable. Ici encore une tude d'ensemble serait ncessaire. Voici seulementquelques indications :

  • 22 UNE .C H APEL LED E S SOS TRI S 1 er

    21. 1 0 Type du mur d'enceinte li redans en briques crues.Il a jou un rle considrable sous les premires dynasties. Rappelons seulement l'enceinte

    de la Schounet el-Zebib Abydos (1). C'est ce mme type d'enceinte qui a t ralis plus tard enpierre par Djoser autour de son monument funraire Saqqarah (2). Quand on a voulu reproduire

    Fig. 9.

    ..'

    ........

    Fig. Ill.

    en rduction le monument qui tait enclos dans une pareille enceinte, par exemple pour en faireun sarcophage qui n'est qu'une maison en miniature, on s'est bien gard de priver cette copierduite de l'lment de protection que constituait l'enceinte autour de son modle rel. On aceintur la partie infrieure de la copie par l'image de cette enceinte qui est plaque contre elleet fait corps avec elle.

    (1) AYRTOI'i, CURRELLY, WEIGALL, Abydo.~, III (1904), pl. VI et VII.l') LAUER, La Pyramide degrs, L'architecture, l, p. 82-92 et n, pl. IV, XXVI, XXVIII, XXX.

  • A KARNAK 23

    22. Dans le schma thorique donn par la figure 7, l'enceinte redans vient s'appliquercontre la construction centrale. Le rsultat, c'est le type de sarcophage de la XIIe dynastiedont je reproduis (fig. 8) un spcimen d'aprs DE MORG.>\N (Dahchoul', 189ft, p. 5lt, fig. 117)'Un autre sarcophage dans DE }IORGAN (Dahchoul', 1891t-1895, p. 88, fig. 131) montre plusnettement encore que l'enceinte redans forme un socle sur lequel repose le btiment intrieur.Ensuite l'enceinte sera simplement dessine sur le coffre (i). Il Y a l toute une volution qu'ilfaudra suivre.

    2:3. Le sanctuaire de la barque sacre d'Amon construit par la reine (que nous avons djcit, 3) nous ofl're sous la XVIIIe dynastie un trs bel exemple de l'image d'un mur d'enceinte redans formant socle autour cl 'une chapelle (2). Ce motif du mur redans a jou un rle consi-drable dans la dcoration gyptienne; nous le retrouvons la base d'une srie de monumentset d'objets trs varis (:1) toutes les poques. Pendant toute la priode classique, cet lmentarchitectural subsiste uniquement comme thme dcoratif. Bien entendu, il a commenc paravoir un sens magique et utilitaire de protection. A quel moment a-t-il perdu cette signification,s'il l'a jamais perdu compltement, pour devenir avant tout un procd de dcoration, ceciest un autre problme.

    211. 2 Type du mU1' d'enceinte en pierre couronn d'un tore et d'une corniche.

    C'est par exemple le mur d'enceinte de Thoutms III du temple de Karnak qui entoure lesanctuaire proprement dit d'Amon, l'intrieur de l'enceinte gnrale de briques crues. Letemple d'Edfou est entour d'une enceinte de ce type. Enfin le grand couvent blanc d'Amba-Chenouda Sohag est enferm tout entier dans un mur identique; le procd de protection,en tous cas le procd de clture, a survcu la ruine de la civilisation paenne. C'est cetteclture qui, applique en rduction la hase d'un temple, lui constitue un vritable socle(fig. 9 et 10).

    25. Nous avons toute une srie de temples sur socle : celui de Louxor (u) est pos sur unsoubassement typique. Il en est de mme pour le temple de Montou Karnak et pour celui

    d~ Ramss III donnant sur la grande cour de Karnak; pour le temple de Ramss III dans l'en-ceinte de Mout (5). La prsence trange d'une corniche, qui doit terminer logiquement le haut

    (1) LAcAu, Sarcophages antrieurs au Nouvel Empire, pl. XV.l') PILLET, Annale. du Service, XXIII, p. 118, pl. IX, n 20.l') Citons par exemple le naos d'bne de [a reine Deir el-Bahari, au muse du Caire : ROEDER, Naos, n 70001 ;

    cf. les naos 70007 et 70050 (romains) -les cDisses canopes de Yuaa et Thuiu, QUIBELL, Tomb of fuaa and Thuiu, pl. XIVet XV.- A Dendrah sous Tibre, le bas des murs comporte par places ce dcor trs rduit, souvenir bien transformdes grandes enceintes des premires dynasties. L'tude de ce motif dcoratif et de son volution donnerait certainementdes rsultats intressants pour clairer la psychologie de l'Egypte ancienne.

    (1) Ce socle est actuellement en grande partie remblay, seule la partie suprieure avec le tore et la corniche appa-raissent clairement.

    (5) Le temple cl 'Apet Karnak est muni d'un socle corniche, le tout reposant sur un soubassement rectangulaire.4.

  • UNE CHAPELLE DE SltSOSTRJS Jer

    Fig. II.

    Fig. 12.

    d'un mur et qui couronne ici un soubassement, s'explique trs naturellement si CP souhassementn'est pas autre chose que le mur d'enceinte appliqu contre le temple (1).

    26. ;{o Type du mur d'enceinte en pierre sommet en dos d'ne.

    C'est par exemple le mur d'enceinte qui limite le territoire sacr de toute pyramide. Le murentourant la grande Pyramide de Guizeh tait de ce type. Il en tait de mme autour de la Pyra-mide de Tti Saqqarah et autour de la Pyramide de Ssostris 1er Licht. A Deir el-Bahari,

    (1) Il faudra examiner dans quelle mesurr pareil socle caractrisc une cal.gorie spciale dl' temple. Est-r simplrmclltune faon de remplacer l'enceinte rel\f'?

  • A KARNAK 25

    la grande avenue conduisant du temple de la XIe dynast.ie la plaine tait borde d'un mur encalcaire de ce mme modle. Plaqu en rduction contre une chapelle sous piliers, ce type d'en-ceinte constitue la partie infrieure de notre monument : le mur d'enceinte sommet rond apntr entre les piliers (fig. 11 et 12). Nous avons toute une srie de pristyles entourantdes reposoirs de la barque sacre dans lesquels les piliers sont runis par un petit mur bas sommet rond. Rappelons le reposoir de Thoutms III Karnak devant le lac sacr, et celui deMdinet-Haboll. Sous Amnophis III, lphantine. si l'on en juge d'aprs le plan donn parla Commission d'Egypte et reproduit figure 13. le mur a pntr plus profondment que dans

    l~~-.~.

    Fir,. 13.

    notre chapelle : les piliers carrs sont compltement cheval sur le mur d'enceinte qui est exac-tement de la mme largeur que les piliers. Ici au contraire, le mur entre piliers est plus troitque ces piliers, il n'a pas encore compltement travers (fig. 2) (1).

    Le tout, la chapelle et son enceinte, est plac ici sur un socle rectangulaire auquel donnentaccs les deux: escaliers.

    27. Dans ces trois espces d'enceinte qui ont t appliques contre le monument mmequ'elles doivent normalement entourer distance, nous avons en ralit la ralisation en ronde-bosse d'un dessin conu selon la perspective gyptienne. Les proportions relatives de l'enceinteet du monument qu'elle entoure (entre autre la hauteur) ne sont pas plus respectes dans lemonument composite qu'elles ne le seraient. dans un dessin voulant figurer les deux monument.sspars et placs l'un l'intrieur de l'autre. Dans un pareil dessin, qui ne serait lui-mmequ'un assemblage composite des lments figurer, pour que le contenu de l'enceinte appa-raisse, il faut que ce contenu soit figur plus haut que l'enceinte et la dpasse, mme si cetteenceinte est en ralit plus haute que le monument central et le masque tout entier. C'est unprocd courant du dessin: le contenu, pour apparatre, est plac au-dessus du contenant. Il enest de mme ici et le contenant (l'enceinte) devient un pidestal pour le contenu (le temple).

    (1) Notre chapelle a t copie exactement par Amnophis r", les dimensions des piliers sont identiques. Il sera int-ressant de vrifier si les murs entre piliers llvaient dj travers ou non; nous n'avons pas retrouv encore les Lasesde ces piliers. JI faut noter en tous cas une importante modification dans h\ technique: les piliers cl 'Amnophis rH nesont plus monolithes, mais composs d'assises superposes.

  • 26 UNE CHAPELLE DE SSOSTRIS 1 er

    Le mur sommet rond devait certainement tre assez bas mais les deux autres pouvaient masquercompltement la construction place au centre de l'espace qu'ils entourent.

    28. Sur cette enceinte factice de notre chapelle, il est donc logique que tout soit grav encreux puisqu'il s'agit d'une surface extrieure. Nous verrons que les scnes elles-mmes qui ysont graves sont bien celles d'un dcor extrieur. Il s'agit de personnifications de la Hauteet Basse-Egypte, de forteresses, de temples, d'lments gographiques sur les faades est etouest et de la liste complte des nomes du sud et du nord sur les deux faades sud et nord :tout cela, c'est le dcor normal d'une enceinte. Il est vident galement que la continuit ouest-est de ces sries montre que nous avons affaire des lments tout fait indpendants dudcor intrieur, lequel, nous le rptons, est divis en deux moitis est et ouest partir de l'axenord-sud (1). Donc l'enceinte de notre chapelle est plaque entre les piliers dont elle supprimela base, exactement comme le dessin des deux portes est plaqu, nous allons le voir, sur les deuxpiliers centraux des deux faades est et ouest, figure 6.

    DESCRIPTION29. Nous SUIvrons l'ordre que VOICI dans notre description

    1 Les deux portes; extrieur, en creux;2 Les architraves; intrieur, en relief = les ddicaces;30 Les scnes graves sur les piliers; intrieur, en relief = les scnes religieuses;llO Le soubassement; extrieur, en creux =" le cadastre des nomes.

    LES DEUX PORTES

    30. Au milieu de chacune des faades ouest et est, en haut de chacun des escaliers d'accsse trouve une porte. Ces deux portes graves en creux ont leur dcoration propre, qui est tout fait indpendante comme toujours du reste de la dcoration.

    La face extrieure de chacun des deux piliers centraux porte le dessin des montants; l'archi-trave centrale (et l'extrmit des deux architraves latrales) porte le dessin du linteau. Il s'agit

    (1) On peut sc demander si notre chapelle tout entire Il 'a pa~ t(~ elle-mme construite ~ l'intrieur d'ulle salle ferme.Les dimensions en largeur permettent-dIes la superposition d'un tuit? Ceci rendrait plus logique encure la gravureen relief des faces extrieures des piliers et des architraves. Le fait que la chapelle comporte une gargouille pour l'cou-lement des eaux, place sur le toit ne contredit pas ceUe hypothse. Il est vrai que le naos d'Alexandre Louxor etcelui ,Edfuu , qui sont es constructions compltes et indpendantes quoique places l'intrieur d'une salle, neeomportcnt pas de gargouille; mais ceci pourrait. tre une simplification postrieure. Rappelons-nous que dans un dessimulacres de construction offert un mort la XIe dynastie, il y a des gargouilles bien que le monument ft destin une chambre funraire exempte de pluie : ces gargouilles sont mme effectivement perces pour pouvuir vacuerrellement une eau imaginaire. WINLOCK, The Metropolitan Museum, The Egyptian Expedition 1918-191!), p. 18, fil~' 8et p. 24-25, fig. 16-17'

  • A KARNAK 27

    ici d'un simple dessin qu'on a plaqu sur les piliers sans tenir aucun compte de la structurerelle de la maonnerie; ce sont deux simulacres de porte. C'est ainsi que nous n'avons pas leressaut en biseau qui dlimite toujours le cadre d'une porte et lui donne un lger relief parrapport au nu du mur dans lequel il est engag.

    Nous avons en plan le dispositif A de la figure 1 Il et non le dispositif B qui seul serait normal.Aucune feuillure non plus, on le voit dans ce croquis, pour loger des battants qui n'ont jamaisexist (1) : la place des battants il ya deux scnes religieuses 3-ft et 3'-ft' (figure 2). Enfin du

    [JI]A

    BFig. 14.

    ct intrieur du pilier, il n'y a pas le revers de la porte mais bien une scne religieuse ordi-naire comme sur tous les autres piliers. Nous sommes donc ici en pleine convention : le dessinextrieur d'une porte tient lieu cie porte relle.

    31. Or on sait assez que toute porte en Egypte constitue, de par son orlgme technique,un organe part dans l'ensemble d'une construction (2). Elle a son individualit propre; c'estun cadre encastr dans le mur et le traversant, orn sur ses deux faces intrieure et extrieurede textes qui lui sont propres. Elle a souvent un nom personnel comme le monument lui-mmeen a un, ce nom est inscrit au bord infrieur du dcor (3).

    32. Ces deux portes sont dcores d'une faon identique quelques dtails prs que noussignalerons. On voudra bien se report.er la planche 9, nous ne reproduirons' pas les textesqui sont clairs sur la planche.

    Chaque porte est encadre de trois lments: 1 0 en haut un ciel toil; 2 de chaque ct ext-rieurement un sceptre 1qui soutient en haut l'angle du ciel; 3 en bas un sol sur lequel repose

    (1) Le bord intrieur des deux piliers porte l'encastrement des deux battants d'une petite barrire; mais c'est trsnettement une ajoulure postrieure.

    ('l Dans la construction primitive en briques crues ou en pis la porte tait un cadre en bois ou en pierre encastrdans le mur, ce cadre assurait plus de solidit aux deux flancs du passage et permettait l'accrochage des vantaux. Dansla maonnerie en pierre, on a copi cc dispositif comme s'il tait encore d'une matire diffrente du reste du mur. II l'estsouvent d'ailleurs: beaucoup de portes ont un cadre en granit noir ou rose traversant un mur de calcaire; par exemplela porte en granit rose de la terrasse suprieure Deir el-Bahari. Voir lQUIER, Manuel d'archologie gyptienne. Les lmentsde l'architecture, p. 1 13.

    (.') Ce n'est pas le cas ici. Il faudra prciser quel moment l'usage d'inscrire sur la porte mme le nom personnelde cette porte est devenu non pas obligatoire, mais courant. A la XVIIIe dynastie Karnak les exemples sont nombreux(voir MARIETTE, Km'nak, pl. 38 A). Notons que ce nom est toujours une formule de bon augure, c'tait une pro-tection intressante pour un organe important de la construction qui courrait des risques particuliers. A ct de ccnom figurait celui du roi auteur de la porte, ce qui tait profitable ce dernier.

  • 28 UNE CHAPELLE DE SSOSTRIS Jer

    l'extrmit infrieure fourchue de ce sceptre: tout le dessin du dcor est enferm dans ce cadre.Ce dispositif est constant la XVIIIe dynastie (1).

    Il en est de mme sur certaines stles l'poque classique. Je rappelle seulement les deuxstles d'Ameneml.let 1er (le prdcesseur immdiat de notre Ssostris 1er ) provenant toutes lesdeux de son temple funraire Licht. Ce sont deux stles-portes, c'est--dire deux faades demaIson, le sceptre 1, latralement comme ici, spare le signe du ciel et celui de la terre.

    33. 1 0 Le ciel, c'est le signe hiroglyphique -- agrandi la largeur de la porte. If est par-sem d'toiles exactement comme l'est ce mme signe dans les textes des piliers (voir l'pi-graphie). Nous savons que toute scne comportant le nom d'un dieu ou d'un roi doit tre cou-ronn d'un ciel de proteetion.

    3ft. 2 0 Les deux supports 1 sont bien entendu des instruments de protection, non unesimple dcoration. Malheureusement le radical w-s n'a pas pour nous de signification vraimentprcise. En dehors du nom mme du sceptre (2), il n'existe plus que dans la formule trs archaquef T~ o nous aimerions bien savoir ce qu'il dsigne exactement. Il semble que le mot aitdisparu trs anciennement de la langue et ne se soit conserv que dans des formules religieusesfiges. Il est clair que ce support n'a pas t choisi au hasard. Si on l'a prfr ' par exemple,dans ce rle protecteur, c'est qu'il exprimait une ide et une vertu spciales.

    35. Sans doute aussi, nous avons affaire au rappel d'un vnement propre quelque mytheconnu de tous : un dieu ou des dieux un moment donn de leur carrire ont pu soutenir leciel spar de la terre, l'aide des quatre sceptres 1placs aux quatre angles du plateau cleste.Naturellement, il s'agit de quatre supports et non de deux. Le cadre fT, c'est la figuration enperspective gyptienne de l'ensemble ci-contre (fig. 15) (3). -

    Bien entendu, le dieu lui-mme, dans ce mythe suppos, s'est servi de ce sceptre 1 causede l'ide morale qu'il reprsentait en criture. Les quatre supports 1 empchent le ciel detomber et protgent tout ce qui est contenu entre ciel et terre (4).

    (1} Notons qu' la XVIII dynastie Karnak (il faudrait tcndre l'enqute) le cOt intrieur de la porte ne comportepas les deux sceptres mais seulement le ciel et la terre; la face intrieure a besoin de moins de protection. Au contraireSUI' les stles portes qui sont des faades extrieures, la prsence du 1est logique comme ici.

    (') Le nom de Thbes n'claire pas le sens de la racine. Le verbe &l~P1~ :w'sy exprime au contraire une idefuneste tre dtruit . Exemple entre beaucoup d'autres de deux racines totalement diffrentes mais s'crivant par unmme signe parce qu'il y a une confusion phontique entre deux 4;onsonnes originellement distinctes. Dans le radicalcrit w's le ~, par exemple, peut reprsenter tymologiquement un " un n, un 1 ou un " : le signe 1peut doncfigurer deux ou plusieurs racines diffrentes.

    (') Rappelons: les quatre supports du ciel (d'un autre type) dont il est si souvent question r,.g..",,; cf. lacomparaison : 2!:~rIII y-, Urk., IV, 8li3, 2; - les dieux tenant en main '"r aux quatre angles dessarcophages (QUIBELL, Tomb of Yuaa and Thuyu, pl. 1); - les quatre fils d'Horus qui, dans les Pyramides, se serventde leurs sceptres d'm - &l ~ }. ~~ 1111 P-.

    (1) Pour cette figuration simplifie du monde, on se reportera au travail de SCHAFER, Weltgebiiude der alten Agypter,p. 1 1 li, fig. lio, p. 95 ; il reproduit une vue thorique du monde gyptien donn par MASPERO, Histoire ancienne,l, p. 17.

  • A KARNAK 29

    36. :~o Le sol, c'est l'hiroglyphe - t, figurant

  • :lO UNE CHAPELLE DE SESOSTRIS 1er

    rels. _lais ces copies immobilises dans une forme dfinie, ce qui tait ncessaire pour l'cri-ture, ont pris une valeur symbolique et ont t doues d'une efficacit particulire que l'onutilise au mieux. De mme le signe f transmet la vie par sa seule forme parce que cette formeexprime graphiquement la vie.

    LES LINTEAUX

    38. Sous le ciel toil, deux lignes horizontales graves en creux et identiques pour lesdeux portes (pl. 9)'

    1 0 Au milieu de la premire ligne, le disque muni de deux grandes ailes et entour de deuxurus (1) qui se dressent droite et gauche (2). A chaque extrmit des deux ailes, le nom habi-tuel du disque avec trois de ses pithtes les plus courantes. Ces deux textes symtriques sedirigent naturellement vers le disque auqurl ils se rapportent, ils sont donc inversl'ls d'un ct l'autre =:= ~ l tH=:;o

    39. C'est le dispositif classique (3) qui couronne les linteaux de toutes les portes axialesde tous les temples. Nous sommes ici juste au-dessus de l'axe qui divise le temple en deux moitisnord et sud. Le dcor est donc logiquement diris en deux partir de ['lment central, le disquesolaire. Son nom doit tt'e rpti droite et gauche puisqu'il doit agir droite et gauche.Ici encore ce n'est point simple symtrie dcorati ve. mais bien dispositif d'ordre utilitaire. Enfait, le disque entour d'un seul serpent peut parfaitement suflre. Sous Ssostris 1er nOlis letrouvons au-dessus du roi afllll; cl' une seule aile el d'une seule urus (h).

    40. 2 0 La seconde ligne est galement semblable sur les deux portes : au milieu le signe fet droite et. gauche deux textes identiques et affronts, le signe f tant commun aux deuxphrases: =f~(1r7=J~~J~~~f~.

    C'est. le mme principe que pour la premire ligne: ici, c'est le verbe f au lieu du disquesolaire, qui est sur l'axe; les deux phrases, identiques et parallles, sont utiles pour que lesouhait exprim soit valable au sud et. au nord. Yraisemblablement, nous devons considrer f

    (1) llemarquons que le disque ct les rleux urus sont gravs en reh4 en contraste avec tout le reste du dcor. Cdatait ncessaire parce qu'ils sont placs il ['intrieur du champ des deux aile~, qui, elles, sont [[raves en creux; l;'taitle seul moyen rie faire apparatre net.lement les mus. Ene sccon(le wavure en creux dans un champ rlrj en creuxn'aurait rien donn de distinet. Ou peut eonstatel' l'emploi de l'C mme proed sur le sanctuaire de la bal'(jllC saerelev par la reine dont les bloes sont sortis galement des fondations du rH" pylne: dans la procession de la barque,les ttes des personnages, les hampes des ventaib et d'antres dtails sont gravs en relief chal[ue fois ({U 'ils se trouventdans le champ creux d'autres images.

    (') L'urus est toujours reprsent le cou r:onll (pOUl' qu'on ,"oie ce cou gonfl, il est flr:ur de face comme le buslede 1'homme est figur de face dans~ ) ce n'est pas seulement pour qu'on puisse mieux reconnatre l'espi:ee en l[ucstionqui est seule doue de ce pouyoir de gonflement, mais sans aucun doule, il tait intressant de figurer ,'animal sous sonaspect de dfense et de protection. ce qui tait utile au disque so!air'e. Il est drssin toujours [ronfl SUl' la couronneroyale et pour la mme raison.

    (3) Nous devrons dater l'apparition dt' (:e groupement.(1) Frar,ment dans les magasins de Kal'llak; il s'agit du roi placl' dans l'angle d'\lIl(' scne, il n'y a pas lieu symtrie.

  • A KAn N.\ K 31

    comme une forme verbale exprimant un souhait (1 qu'il vive, le fils u soleil, Ssostris . ]\,Iaispeut-tre avons-nous tout simplement cette affirmation audacieuse que le roi est toujours vivant,nous reviendrons sur ce point. La ['ormule finale f ~ pour ne pas tre une simple rp-t.ition (ce qui d'ailleurs n'effrayait pas les Egyptiens) doit se rapporter au dieu, non au roi: vivele fils du soleil Ssostris aim d'Amon-R qui vit t.ernellement. Il est logique d'indiquer quele dieu vit ternellement puisque lui-mme dist.ribue la vie au roi dans tout.es nos scnesavec une gnrosit inpuisable (1).

    I!1. Ces deux textes affronts concernent le roi, ecux de la ligne superIeure concernent. ledieu. Ils sont donc orients face au roi, lequel est toujours considr comme se dirigeant dudehors vers l'intrieur de la chapelle.

    Id. Encore une remarque (que nous aurons l'occasion de renouveler) le nom de ~=~ Jest accompagn du dterminatif gnral du dieu J parce qu'il n'y a pas ct de ce nomd'image d'Amon. Au contraire, partout o le nom divin accompagne une 'image du dieu commedans les scnes des piliers, tout dterminat.if est superflu, l'image elle-mme est le dterminatif.

    LES QUATRE }IO~TANTS

    43. Chacun d'eux porte deux lignes verticales de texte graves en creux. Ces quatre groupesde deux lignes sont surmonts chacun d'un petit ciel. Celui-ci est ncessaire : ces lignes con-tiennent le nom d'Amon et le nom du roi; il faut donc un ciel de couverture, car le ciel gnralcouronnant l'ensemble de chaque porte ne suffit plus pour les montants, parce que son actionprotectrice a t coupe par les deux lignes hOTontoles du linteau, il faut donc rpter cetteprotection (2). Au-dessus du faucon perch sur le sereli se trouve. pour complter l'action du petitc;el, un disque solaire entour d'une seule urus et sans aile. Il n'y a pas la place pour les ailes(cf. scnes 7-8) et un seul serpent est ncessaire: il s'agit d'un seul nom royal protger, lesecond exemplaire du mme nom qui lui fait pendant du ct. oppos de la porte a galementson disque de protection personnel avec urus; la division en deux tait ici logique etncessaire.

    Chacun des serpents porte un signe Q, nous retrouverons le mme signe accroch aux deuxmus flanquant le disque dans les deux scnes 3'-ft', et entre les serres du faucon ou du vautour,dans un trs grand nombre de scnes des piliers. ~ous verrons que ce signe reprsente le donde la vie renouvel perptuellement; le faucon royal est donc bien protg. Inutile de rappelerque le faucon royal perch sur le sereb, (c'est l'anctre du roi) est tout fait diffrent. du fauconbehoudity assimil au disque solaire et qu'il peut parfaitement avoir besoin de la protectionde cet autre faucon.

    !I) Faut-il considrer celle phrase COlllllle un (Iiscours tlu disque

  • 32 UNE CHAPELLE DE SSOSTRIS 1 er

    41i. Sur chaque porte, les deux montants droit et gauche, prsentent deux lignes verticalesqui se font face et sont absolument identiques; la position respective des signes est la mme(voir la planche 9)'

    Si d'autre part l'on compare les formules d'une porte l'autre, on constate qu'il n'y a quedeux variantes :

    1 0 Sur les deux montants de la porte ouest, on a ~ ~ ~ J-:.:.= au lieu de ~ ~ ~ Jsur les deux montants de la porte est.

    2 0 Sur la porte ouest, on a l'~C__J au lieu de f~~C.....__J(1) sur laporte est. Ce remplacement de l. par le nom d'Horus d'or ne me semble pas avoir de signi-fication particulire.

    !l5. Les deux pithtes d'Amon, au contraire, ne sont pas sans signification. Evidemmenton a choisi, pour les loger en bonne place sur les mont.ants des deux portes, deux dsignations-particulirement caractristiques du dieu Amon. Le premier titre _1Ol",1:;l = (du ct ouest)est propre Amon en tant que matre des siges des deux terres c'est--dire des deux Egyptes.Sethe a prcis le sens du mot: dans ce titre (2). Le dieu est matre de toutes les villes d'Egypteavant mme qu'elles ne fussent runies en deux royaumes. Le second titre (ct est) indiqueun ordre de domination politique sur les deux Egyptes. Ce titre courant l'poque classiqueappartenait dj Montou. On le trouve Tod (~) au temps de Co -1} Les Montoul.lOtepayant t de nouveau les (1 rassembleurs des deux Egyptes, leur dieu patronymique MOr/tou,qui les avait naturellement aids dans cette tche, ne pouvait manquer d'avoir droit un pareiltitre. Mais Amon se substituant Montou comme chef de la province devait forcment s'attribuerle mme rle que son prdcesseur. Le dieu Amon dont on dit ici qu'il aime le roi Ssostris 1er

    est donc avant tout un dieu maUre des deux Egyptes. Il doit protger efficacement le roi dansson double rle de roi de Haute et Basse-Egypte; on a eu soin d'afficher ces deux fonctionsdivines sur les deux portes de notre chapelle (l,) qui a pu servir, nous le verrons, une partiede la crmonie du Aeb-sed.

    1t6. Remarquons que sur la porte est nous avons le protocole complet du roi, c'est--direses cinq noms officiels. Nous ne les retrouverons, ces cinq noms, que deux fois, dans lesscnes 1'-2', prcisment sur les piliers d'angle de cette mme faade est et sur l'architravenord de la faade ouest (F).

    (1) Le nom d'Horus d'or est toujours crit de cette manire dans ce monument (voir scne 1'\1' etc.), ce groupementconomise de la place, on supprime le } et f 11 forme un groupe, qui, thoriquement, est plac sous le bec du faucon,mtathse graphique.

    (2) Amun und die acht Urgotter, 1 1-13.(') BISSON DE LA ROQUE, Td, p. 69'(;) On peut se demander si chacun de ces titres n'est pas en rapport avec les crmonies clbres dans chacune des

    deux moitis est et ouest de la chapelle, mais je ne puis prciser ce rapport pour le moment.

  • A KAHNAK

    ft 7. Sur les deux portes, ces noms ont donn lieu un dispositif intressant la srie descinq noms est divise en deux sections. Dans la premire ligne, on a plac le nom de sere~ etle nom de i.~ ( J; dans la seconde ligne le nom de nibity, le nom d'Horus d'or (1)et le nom de ~ ( J. Cette coupure n'a pas d'autre but que de permettre de placercte cte exactement il la mme hauteur dans les deux lignes et juste au milieu de la hauteurde ces deux lignes les deux cartouches du roi.

    Les lignes de base des deux cartouches sont exactement au mme niveau et les cartoucheseux-mmes ont exactement la mme hauteur et cela, des deux cts de chaque porte. Pareilparalllisme est toujours dsirable pour un Egyptien, il a valeur dcorative mais ici il a aussiutilit pratique. Ce sont l en effet les deux noms qu'il convient de mettre en valeur, ceux que lepassant doit reconnatre tout de suite et que le cartouche dsigne spcialement l'attention. Cettemise en paralllisme matriel des deux cartouches du roi se retrouve souvent la XVIIIe dynastieentre autre Karnak, sur les montants de porte comme ici. Sur les deux piliers latraux desfaades (scnes 1-2, 1'-2') et sur les autres piliers, cet affichage dcoratif des deux cartouchesn'avait pas la mme raison d'tre et on l'a nglig.

    ML Pour obtenir ce groupement prcis sur les portes, on a d espacer ou resserrer lessignes : ~j l'ouest au lieu de ~i l'est, parce que l'adjectif ~ tait plus long. Le gl'Oupef~~ l'est se trouve normalement resserr par la suppression du }.; il peut ainsi avoir,..."

    exactement la hauteur d'un seul quadrat 1t du ct ouest. Ce sont l en apparence desdtails. mais ils ne sont nuHement insignifiants si l'on veut bien reconnatre qu'ifs caractrisen1au contraire d'une faon tangible l'esprit systmatique des Egyptiens. Aueun dtail n'est laissau hasard, mme dans les groupements des lettres. Nous insisterons souvent sur la volont dedonner une signification et. une organisation tous les lments de la dcoration.

    /! 9. Les deux parties du protocole ainsi loges dans deux lignes sont suivies chacune d'II nequalification diffrente aim d'Amon-R matre de ... etc. dans la premire ligne et doude toute vie, de toute dure, de toute prosprit, de toute sant dans la seconde ligne. Cesdeux formules sont suivies comme en conclusion par l'affirmation ou le souhait il vit ternel-lement ou qu'il vive ternellement. Ces formules, d'une fixit dconcertante, sont difficiles,on le sait. assez, analyser grammaticalement. La vie f et ses suites (f 1r-J, etc.), sontl'obsession qui domine toute scne o figure le roi travers les milliers d'annes de la civilisa-tion gyptienne. l\ous allons les retrouver partout sur notre monument.

    (1) Les trois noms d'Horus, de nibity et d'Horus d'or sont encore identiques sous Ssostris 1".:>

  • 34 UNE CHAPELLE DE SSOSTRIS 1 er

    LES ARCHITRAVES

    50. Toutes les architraves sont dcores sur chacune de leur face verticale de deux ligneshorizontales de textes. Ces textes sont disposs symtriquement par rapport aux deux axesqui divisent la chapelle en une moiti sud et une moiti nord (N .-S.) d'une part, une moiti ouest,une moiti est (E.-O.) d'autre part. La figure 4 donne le reprage de ce dispositif.

    Comme d 'habitude, les textes ainsi placs sur les archi traves contiennent avant tout la ddicacede la chapelle. L'intitul d'un monument est normalement affich directement sous la corniche.

    Ces textes sont gravs en relief, mme sur la face extrieure des architraves (en dehors desportes); ils sont cette place traits comme s'ils faisaient partie de l'intrieur; nous avons insistplus haut sur ce point ( dl 19)'

    FAADES EST ET OUEST (faade Est, pl. 2)51. Sur chacune des faades ouest et est, nous n'avons que deux architraves reHes, celles

    qui relient les deux piliers d'angle aux deux piliers centraux, car entre ces deux piliers centrauxl'architrave sert de linteau la porte dont le dcor, nous l'avons vu, 30, est tout fait in-dpendant de celui de la faade.

    52. FAADE OUEST. Sur la faade ouest, l'architrave du ct sud (H, fig. fl), n'a pas tretrouve; nous n'avons que celle du ct nord (F), mais celle qui manque devait tre semblable celle qui nous a t conserve; il en est ainsi sur la faade est o les deux architraves corres-pondantes sont absolument identiques des deux cts de la porte; l'orientation des textes estsimplement inverse.

    ARCHITRAVE F 1 (fig. ft) Unj [ft ~J ~ (U fI1 0 ) ~ f ~ ! f L f(1)~f(~~I)~. r~~mf1(

    C'est le protocole complet (les cinq noms royaux) comme sur les deux montants de la porteest (voir aussi les scnes 1',2'). Mais faute de place, on a d abrger. Tout d'abord le fauconn'est pas sur son sere/}, ce qui est normal puisque nous sommes dans une ligne horizontale (:>.).

    Aprs le second cartouche, on a seulement la conclusion f ~, ce qui montre que la phraseprcdente numrant les dons que le roi a reus est indpendante de cette conclusion.

    L'pithte d'Amon est la mme que sur les montants de la porte est.

    (1) Pour ce groupement, voir Il !J, la note.(') Le sere~ ne s'emploie jamais que dans les lignes verticales; c'est nous qui dans nos transcriptions horizontales

    couchons parfois plat le palais vertical du faucon ct de lui, ce qui est illogique pour un Egyptien. Dans mes trans-criptions en lignes horizontales, je supprime le sere~ comme le faisaient les Egyptiens eux-mmes.

  • aa'

    b~---'~-r-'\';'=:'-:':":":""~._.._ _._-"---"-----""_.._._--_ ------- ..---- -- - ,..- - '

    b'

    Faces intrieures des architraves d'axe (a a') et latrales (b b')

  • 36 UNE CHAPELLE DE SSOSTRIS 1 er

    53. FAADE EST (Pl. 2 et fig. ft). Deux architraves, une droite (1) (nord) et l'autre gauche (K) (sud) (fig. ft] de la porte.

    Elles portent chacune deux lignes de texte presqu'identiques signe pour signe, une seulevariante : -+..!= au sud, ~ - au nord; les textes s'afl'rontent, comme toujours. Tous deuxse rapportant au roi, qui est cens se diriger vers la porte pour entrer, sont orients de chaquect, face au roi en marche.

    All nord, li : -~ f ~~)~ ( 0 ~U) ~ ~ J~ - ~nAli sud, Ki : ..- )l~) ltF~(I) ~(1r:=:)f ~

    Le nom d'Amon-R est accompagn du dterminatif divin comme sur la porte et pour la mmeraison; c'est que le nom n'accompagne pas une image du dieu lui-mme. Amon-R porte iciune qualification nouvelle : roi des deux terres . C'est une prcision supplmentaire dans son _rle de Dieu des deux Egyptes; nous allons voir se multiplier ses pithtes. Celle de roi desdieux , la plus connue, est le pendant obligatoire de son titre de roi des deux terres . Rap-pelons que ces deux titres nous sont parvenus en transcription grecque A!J-0!'P(X,f701JT>1P etAfJ-V8G'7ovs (2).

    5ft. Du ct intrieur, les architraves des trois traves (la trave du milieu est plus large queles deux traves latrales) sont dcores de textes gravs en relief, qui se correspondent et secompltent d'une extrmit l'autre des traves F2-h, G2-12 [Ih]-K2 (fig. ft). Les deuxmoitis ouest et est de la chapelle paraissent donc cesser sur ce point d'tre indpendantes etadosses; la division en deux parties symtriques se retrouve au contraire (nous allons le voir)sur les quatre grandes architraves A. B. C. D. qui sont orientes ouest-est et qui limitentlatralement les trois traves. En ralit, puisqu'il n'y a pas d'architrave coupant les traves parle milieu suivant l'axe transversal nord-sud pour compartimenter au plafond les deux moitisest et ouest de la chapelle, on a considr les deux extrmits des trois traves totales commedevant porter le dcor correspondant la premire moiti thorique de la galerie. Ceci nousmontre simplement que l'orientation gnrale du dcor commence par l'ouest, comme toujours.

    :):l. TRAVE CENTRALE G2-12 (fig. !J, 17 et 18). Ce sont les revers des deux architraves quiextrieurement servent de linteaux aux deux portes. Deux lignes donnent le dcor divis endeux moitis symtriques comme sur le linteau de la porte. Ce sont les mmes lments de dcor,mais beaucoup plus rduits qu' l'extrieur puisqu'ici l'espace disponible est trs resserrentre les deux architraves latrales. Je donne la page prcdente en a et a' ce double dispositifpour mieux faire ressortir quelles sont les difl'rences avec le linteau de la porte (pl. 9) etles difl'rences que prsentent les deux linteaux entre eux.

    A l'ouest, on a le premier nom du cartouche (fig. 17), mais le disque ail est flanqu non pasde son nom, mais seulement de la premire pithte l t qui accompagne ce nom normalement.

    (1) ::: occupe un quadrat exactement comme Je nom d'Horus d'or SUl' J'archit