UNE BÉNÉDICTION AU CŒUR MÊME DE LA CRISE · 2021. 2. 24. · écrit, et Dieu a envoyé un ange...

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Entre nous Wolodja C. | Moldavie « Dieu a vu ce dont nous avions besoin » | Inde Des perspectives réjouissantes pour Vanita | Vietnam Être le cœur et les mains de Dieu UNE BÉNÉDICTION AU CŒUR MÊME DE LA CRISE 585 | FÉV 21 Bulletin mensuel de la Mission chrétienne pour les pays de l’Est entre nous

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Entre nous Wolodja C. | Moldavie « Dieu a vu ce dont nous avions besoin » | Inde Des perspectives réjouissantes pour Vanita | Vietnam Être le cœur et les mains de Dieu

UNE BÉNÉDICTION AU CŒUR MÊME

DE LA CRISE

585 | FÉV 21 Bulletin mensuel de la Mission chrétienne

pour les pays de l’Est

entre nous

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editorialChers Amis de la mission,

La Bible contient de nombreux versets sur les anges. Dans Exode 23:20, Dieu dit : « Voici, j’envoie un ange devant toi, pour te protéger en chemin, et pour te faire arriver au lieu que j’ai préparé. » Le Psaume 91:11 dit : « Car il ordonnera à ses anges de te garder dans toutes tes voies. »

Les anges apparaissent environ trois cents fois dans la Bible. À quoi servent-ils ? Les anges sont des instruments de Dieu, des serviteurs, des esprits à son service par lesquels Il nous protège et nous commu-nique des messages (Hébreux 1:14). Les anges sont sous la domination de Dieu. Les anges ne doivent pas être adorés – ils sont les serviteurs et les instruments de Dieu ; à Dieu seul est due toute la gloire (Apocalypse 19:10).

Les anges (malak en hébreu, angelos en grec = messager) sont intervenus dans la vie d’Abraham, d’Agar, de Jacob, de Ba-laam, de Gédéon, de David, d’Elie, d’Eli-sée, de Daniel, de Zacharie, de Marie et Joseph, de Pierre, de Jean, de Paul et de bien d’autres. Lorsque Daniel a été jeté dans la fosse aux lions, Dieu a envoyé un ange pour fermer la gueule des lions (Da-niel 6). Lorsque Pierre était en prison pour être exécuté, Dieu a envoyé un ange pour le libérer de la prison (Actes 12).

Je suis convaincu que Dieu a encore be-soin de ses anges pour être les messa-gers et les protecteurs des êtres humains d’aujourd’hui. Nous ne les reconnaissons peut-être pas toujours, mais il se peut que nous ayons nous-mêmes déjà hébergé des anges par le biais de l’hospitalité (Hé-breux 13:2).

C’est en ces temps incertains de pandé-mie que nous avons besoin que Dieu parle, nous avons besoin de ses conseils et de sa protection – dans le monde entier, y com-pris partout où opère la MCE. Nous ne sa-vons probablement même pas combien de fois des anges nous ont protégés. Dieu reste le même, il agit aujourd’hui encore. La Bible indique que Dieu assigne personnel-lement un ange gardien à chaque être hu-

main. Ainsi, Jésus dit dans Matthieu 18:10 en référence aux enfants : « … leurs anges dans les cieux voient continuellement la face de mon Père qui est dans les cieux. »

Des missionnaires témoignent que des guérilleros qui voulaient brûler leur camp sont repartis terrorisés. Ces guérilleros ont déclaré plus tard que le camp était gardé par des personnes lumineuses et lourde-ment armées. On m’a aussi rapporté l’his-toire de ce vieil homme dans une église dont j’étais membre à l’époque qui avait failli tomber dans une cave parce que quelqu’un avait laissé la porte ouverte. Mais il avait senti une main se tendre et le retenir. En tant que famille, nous avons nous-mêmes déjà fait maintes fois l’expé-rience de la protection spéciale de Dieu.

Vous pouvez demander la protection de Dieu par l’intermédiaire de ses anges. L’his-toire biblique de Pierre en prison (Actes 12:5) en témoigne de façon impressionnante. L’église priait Dieu pour lui sans cesse, est-il écrit, et Dieu a envoyé un ange pour venir délivrer Pierre. Le réformateur Martin Luther demandait tous les matins et tous les soirs dans ses prières : « Que ton saint ange soit avec moi, que l’ennemi n’ait aucun pouvoir sur moi. »

Le travail du pasteur Volodja au Tadjikistan et l’aide d’urgence à cause du covid-19 au Vietnam, pour n’en citer que deux, néces-sitent la protection de Dieu et notre in-tercession. Merci, chers lectrices et lec-teurs, de nous être restés fidèles dans vos prières et par votre soutien financier du-rant ces temps de pandémie également.

Dieu nous protège par ses anges : Car il ordonnera à ses anges de te garder dans toutes tes voies. Quelle merveilleuse cer-titude dans la foi !

Cordialement

Matthias Schüürmann, pasteur membre du Conseil de fondation

visionest février 2021

Le label de qualité indépendant de la Fondation Code d’honneur atteste la qualité globale de notre travail ainsi qu’une utilisation responsable des dons reçus.

Journal mensuel édité par la MISSION CHRETIENNE POUR LES PAYS DE L’EST (MCE Suisse)

N° 585: Février 2021Abonnement annuel : CHF 15.–

Rédaction : Gallus Tannheimer (GT), Beatrice Käufeler (BK), Barbara Inäbnit (BI), Thomas Martin (TM), Christine Schneider (CS), Petra Schüpbach (PS)

Correspondant pour Europe de l’Est et l’Asie centrale : Danik Gasan

Adresse : MCE, Bodengasse 14, case postale 312 3076 Worb BETéléphone : 021 626 47 91Fax : 031 839 63 44E-mail : [email protected] : www.ostmission.ch

Compte Mission chrétienne pourpostal : les pays de l’Est, Worb, Lausanne 10-13461-0 IBAN : CH32 0900 0000 1001 3461 0

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Contrôle comptabilité :UNICO, Berthoud

Tous les cantons admettent la défal cation des dons. Renseignements au se crétariat. Si les dons dépassent ce qui est nécessaire à un projet, le surplus sera affecté à des buts si mi lai res.

Source d’images : MCE Sans mention, les personnes photo- gra phiées n’ont aucun rapport avec les exemples cités.

Graphisme : Thomas Martin

Impression : Stämpfli AG, Berne

Papier : Le rapport annuel est imprimé sur papier certifié FSC et blanchi sans chlore.

Direction de l’entreprise :Gallus Tannheimer, directeur de la mission Beat Sannwald, responsable de projet

Conseil de fondation :Mario Brühlmann, Orpund, présidentThomas Hurni, pasteur, Madiswil, vice-président Lilo Hadorn, SelzachThomas Haller, LangenthalMatthias Schüürmann, pasteur, ReitnauStefan Zweifel, Worben

Mandataire du Conseil de fondation :Günther Baumann

Auteurs :p. 4–7 : CS | p. 8–9 : BK | p. 10–11 : CS

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je faillis reprendre la mauvaise pente. Mais je pus m’en sortir grâce à la communauté chrétienne : les frères me donnèrent du tra-vail, m’apprirent à réparer des objets. C’était la première fois que je pouvais activement faire quelque chose pour gagner ma vie. La communion chrétienne me permit de m’épa-nouir et je me fis baptiser. Peu après, je partis suivre l’école biblique de Bichkek, au Kirghi-zistan, où je rencontrai ma future épouse. Après notre mariage, nous avons déménagé, ainsi qu’un autre couple, dans une autre par-tie du pays et y avons fondé une église chré-tienne. À cette époque, les portes des prisons nous étaient grandes ouvertes et nous étions donc principalement au service des prison-niers. Nous leur offrions un abri au moment de leur libération ; notre appartement de trois pièces était parfois bien étroit.

Aujourd’hui, je suis le pasteur de l’église qui s’est mise en place à l’époque et qui compte actuellement 140 membres. Nous nous enga-geons fortement pour aider notre prochain. Nous distribuons entre autres de la nourri-ture aux sans-abri et aux familles pauvres, ce qui nous ouvre des portes pour toucher des personnes que nous n’atteindrions jamais au-trement. Nous gérons également un lieu de rencontre où les enfants et les jeunes peuvent manger, se faire aider pour leurs devoirs et entendre le message chrétien. Nous sommes engagés dans plusieurs villes et sommes très heureux que la Mission chrétienne nous aide dans cette tâche. De cette façon, nous tou-chons beaucoup plus de personnes que nous ne pourrions le faire seuls.

Je suis né en 1977 dans la capitale du Tadjikistan, Douchanbé. Notre père était électricien et nous nous en sortions bien. Mais notre vie a bientôt basculé parce que mes parents ont commencé à prendre l’ha-bitude de boire avec leurs collègues au travail. Un verre en entraînait un autre et en quelques années, ils étaient alcooliques et se retrou-vèrent au chômage. Ils ne se souciaient plus du tout de nous, leurs en-fants. Souvent, nous avions faim et froid. C’était épouvantable.

A douze ans, je me suis enfui de chez moi et j’ai rejoint une bande de voleurs. Nous étions armés et commettions des rapines, mettant en émoi tout le quartier. C’est ainsi que je nourrissais mes sœurs. Quand mes parents l’apprirent, ils furent choqués et me supplièrent de ren-trer à la maison, jurant d’arrêter de boire. Mais ils n’y parvinrent pas. Pour survivre, j’ai donc poursuivi mes activités criminelles. En 1991, juste après l’indépendance du Tadjikistan, la guerre civile a éclaté. Dans le chaos et l’anarchie qui suivirent, nous n’avions rien à craindre et avons continué.

À seize ans, j’ai été arrêté et condamné à quatre ans de prison. À l’époque, le pays traversait une grande détresse et les gens mouraient quotidiennement dans les prisons, les maladies ne faisant l’office d’aucun traitement. Même des jeunes hommes mouraient et j’ai com-mencé à chercher un sens à la vie. Je lisais le Coran et je récitais des prières islamiques, mais cela ne faisait que me mettre en colère. Les ri-tuels me semblaient si vides. Il devait y avoir quelque chose de mieux !

Aujourd’hui, je sais : Dieu tend sa main à ceux qui ont faim de vérité. Dieu envoya en prison des chrétiens qui prêchaient et apportaient des vêtements chauds et de la nourriture. J’ai commencé à aller à leurs réunions, à prier Dieu et à lire la Bible. C’est ainsi que j’ai découvert l’amour de Dieu et la possibilité du pardon. Au cours de ma troisième année de prison, je me suis converti et peu après, j’ai été libéré.

Un frère chrétien me trouva une place dans un centre de réhabilita-tion pour alcooliques que dirigeait l’église. Je ne faisais pas partie du « groupe cible », mais c’était le seul endroit où un lit était libre. Pen-dant une courte période, je repris contact avec l’ancienne bande et

Tadjikistan

Wolodja C.

entre nous

DES PERSONNES partagent notre chemin

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La pandémie a obligé les responsables des centres de jour à repenser leur façon d’aider les enfants aban-donnés à eux-mêmes. Le changement s’est révélé être une opportunité : la situation de familles entières s’est améliorée.

En raison de la pandémie du covid-19, non seulement les écoles mais aussi les centres de jour de « Nous, enfants de Moldavie » ont dû fer-mer au printemps 2020. Les enfants qui venaient dans les centres étaient obligés de rester à la maison. Les responsables des centres étaient très inquiets à leur sujet. Auraient-ils quelque chose à man-ger ? Et comment s’entendraient-ils avec leurs parents ou les autres personnes qui s’occupaient d’eux ? Ces derniers étaient déjà débor-dés en temps « normal ».

Aide aux familles Les responsables ne voulaient pas laisser les enfants seuls et cher-chèrent des solutions. Si les enfants ne peuvent pas venir à nous, nous irons à eux, se dirent-ils. En très peu de temps, les équipes modifiè-

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DE LA CRISE

rent leurs services et commencèrent à four-nir aux enfants des colis alimentaires à do-micile.

Une décision qui avait été le produit de la né-cessité s’avéra être une grande bénédiction. Au travers des visites régulières au domicile des familles, des relations plus profondes se nouèrent avec les parents ou les grands-pa-rents ou d’autres membres de la famille des enfants. Ils étaient non seulement heureux, mais également émus que toute la famille reçut soudain de l’aide. Les conversations pendant les visites permirent de soulager maintes frustrations. Dans les familles dont les grands-parents s’occupent des enfants, les visites de nos équipes étaient l’une des rares distractions de la vie quotidienne et étaient très appréciées.

Les enfants d’un centre de jour reçoivent de la nourriture à la maison.

NOUS, ENFANTS DE MOLDAVIE

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UNE BÉNÉDICTION AU CŒUR MÊME

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Reconnaissance pour l’engagement des chrétiens Pour la distribution des fournitures de se-cours, il fallait obtenir l’autorisation des au-torités municipales. Les maires des com-munes ainsi que les représentants des services sociaux furent très reconnaissants de cette offre d’aide. Un maire dit un jour au respon-sable d’un centre de jour : « Au moins vous, vous continuez d’aider, sinon les choses se-raient devenues très sombres pour nous. »

De nombreux enfant en Moldavie n’ont pas de vraie et bonne famille digne de ce nom. Pour ces enfants, la fermeture des écoles et des centres de jour chrétiens avait été un coup dur. Ils avaient non seulement perdu la pos-

sibilité de suivre leur formation scolaire, mais également l’attention qu’ils recevaient dans les centres de jour, la nourriture et l’accompa-gnement encourageant des adultes. Lorsque les centres de jour furent autorisés à rouvrir après les vacances d’été, la demande fut plus forte que jamais. Chaque centre a probablement accueilli encore plus d’en-fants qu’auparavant dans son programme. Dans l’intervalle, beau-coup ont atteint les limites de capacités d’accueil dans leurs locaux. En outre, d’innombrables responsables d’église signalent que de plus en plus de parents accompagnent leur progéniture aux services reli-gieux et que nombre d’entre eux ont franchi le pas et sont devenus des membres engagés.

Les représentants des autorités ont remarqué ce que les églises chré-tiennes ont réalisé pendant la crise. Dans divers endroits où les églises elles-mêmes ne disposent pas de locaux pour le fonctionnement d’un centre de jour, les maires des communes mettent désormais à dispo-sition des bâtiments publics à cette fin.

Les bénévoles bénéficient désormais aussi d’une aide La Mission chrétienne a décidé d’aider également les bénévoles des centres de jour en leur fournissant de la nourriture. En raison de la pandémie, beaucoup d’entre eux étaient eux-mêmes tombés dans le besoin matériel et se trouvaient soudain parmi les personnes dans la nécessité. L’offre a suscité une grande joie et a été acceptée avec gra-titude.

Les enfants sont captivés par une histoire biblique.

Lorsque les centres de jour furent autorisés à rouvrir après les vacances d’été, la demande fut plus forte que jamais.

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Grâce aux centres de jour, bien des enfants abandonnés à eux-mêmes ont reçu une nouvelle perspective de vie, comme par exemple les sœurs Maria et Valentina.

Maria*, 12 ans, et Valentina*, 10 ans, ont vécu beaucoup de choses tristes dans leur jeune vie. Leur père était non seulement un ivrogne, mais il était violent. Tout l’argent de la fa-mille passait dans sa consommation d’alcool. Quand il était ivre, il battait leur mère. Si elle résistait ou réprimandait son comportement, il se mettait encore plus en rage. Toute la fa-mille souffrait. « Souvent, nous n’avions rien à manger dans la maison », se souvient Maria.

Un jour, après une dispute particulièrement vive, le père quitta la maison en furie, se pen-dit et fut retrouvé peu après. Pour la mère et les deux filles, ce fut un choc violent, mettant leurs émotions sens dessus dessous. Si elles étaient soulagées qu’il ne les battrait plus, elles étaient aussi tristes : il avait été le père, le mari.

Les filles espéraient que leur mère s’occu-perait davantage d’elles maintenant qu’elle n’avait plus à calmer un homme alcoolique. Mais peu de temps après, un nouvel homme apparut et leur mère eut tôt fait de l’épouser. « Vous allez maintenant avoir un nouveau père attentionné qui ne boit pas », promit-t-elle à Maria et Valentina. Mais l’homme ne s’intéressait pas beaucoup à sa nouvelle fa-mille. De plus, il semblait aux filles qu’elles-mêmes n’étaient plus si importantes pour leur mère mais que cette dernière semblait se soucier davantage de cette nouvelle rela-tion que de ses propres filles. Rien ne chan-gea au moment où leur mère tomba enceinte du nouvel homme.

Rien à manger La pauvreté marquait la vie quotidienne de la famille. Le seul revenu provenait des pe-tits travaux que les parents faisaient pour les agriculteurs de la région pendant les saisons de plantation et de récolte. Entre-deux, il y

« DIEU A VU CE DONT

NOUS AVIONS BESOIN »

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avait des mois sans aucun revenu. Parfois, il n’y avait plus rien du tout à manger dans la maison. Les filles se rendaient donc chez les voisins du village pour quémander un brin de pitance. Un enseignant l’apprit et prit contact avec les responsables du centre de jour car il avait entendu dire que d’autres enfants is-sus de milieux difficiles y avaient déjà reçu de l’aide.

Alla, la responsable du centre de jour, ren-dit visite à la famille. Elle se rendit compte que le besoin d’aide était urgent et invita les filles au centre de jour. Lorsque les filles se présentèrent, elles n’en finirent pas de s’éton-ner : il y avait de la nourriture jusqu’à satiété, des fruits, des jus et de la nourriture qu’elles n’avaient encore jamais vue auparavant. « S’il y a des restes, est-ce que je pourrais les rame-ner à la maison ? » demandait parfois Maria, car elle voulait apporter quelque chose à son petit frère.

Les jeunes filles s’épanouissent Non seulement la nourriture, mais aussi l’at-mosphère du centre de jour impressionnèrent les filles : « Nous avons entendu parler de Dieu pour la première fois et nous avons appris à prier. Et nous avons été étonnées de constater à quel point le personnel était amical et ai-mable envers nous. Ce sont les premiers chré-tiens que nous avons rencontrés, et nous leur avons rapidement fait confiance. Ils nous ont encouragées à faire des efforts à l’école et à changer notre vie de cette manière. » Maria veut devenir avocate, Valentina rêve d’une vie de policier. À la maison, elles ont parlé avec enthousiasme du centre de jour et leurs parents ont vu qu’elles se portaient bien.

Alla, la responsable du centre de jour, établit également une relation avec les parents. Elle leur rendait visite régulièrement, leur don-nait des conseils sur la vie de famille, priait avec eux et les invitait à l’église. Ainsi, peu à peu, les parents ont également changé. Le père a maintenant un emploi de gardien. Il ne gagne pas grand chose, mais au moins c’est un revenu régulier. Il est devenu beau-

coup plus amical avec ses belles-filles. La mère va à l’église de temps en temps et s’occupe davantage de ses enfants.

Des chaussures chaudes pour se rendre à l’écoleSur le plan matériel, la famille est toujours dans une mauvaise passe. Le petit revenu des parents suffit à peine pour la nourriture quoti-dienne, l’électricité, l’eau et le chauffage. Mais les enfants ont aussi besoin de vêtements et de chaussures, surtout en hiver.

Pour des enfants comme eux, la Mission chrétienne a collecté de l’argent et fait fabriquer des chaussures d’hiver chaudes en Molda-vie. Les deux filles et leur petit frère ont reçu chacun une paire par l’intermédiaire du centre de jour. « Maintenant, nous aurons les pieds au chaud, même sous la neige et la pluie, et nous ne manquerons plus jamais l’école », se réjouissent-elles.

En plus des chaussures, elles ont également reçu des vestes et des pulls chauds, ceci grâce à des dons de vêtements de Suisse, notam-ment du cercle des Mères pour « Nous, les enfants de Moldavie ». « Ces choses sont si chères que nos parents n’auraient jamais pu les acheter, explique la joyeuse Valentina en se blottissant dans sa nouvelle veste, on ne se moquera plus de nous à l’école comme on le faisait quand on arrivait avec de vieux vêtements rapiécés », ajoute-t-elle en souriant. « Dieu doit vraiment nous aimer, s’émerveille Maria, il a vu ce dont nous avions besoin et a demandé à Alla du centre de jour de nous l’ap-porter. Merci aux personnes en Suisse qui ont rendu cela possible. »

« Nous sommes très heureuses et reconnaissantes à Dieu que tant de bien se soit passé dans notre famille grâce au centre de jour », disent les deux filles à l’unisson. Leur vie n’est plus marquée par les difficul-tés et la misère, mais par l’espoir et la confiance.

De nouvelles vestes et des chaussures pour Maria, Valentina et leur petit frère.

*Noms changés pour des raisons de protection.

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DES PERSPECTIVES RÉJOUISSANTES POUR VANITA

Vanita* a grandi dans le quartier chaud de Kamathipura, dans la ville indienne de Mumbai, au milieu de l’exploitation et de la violence – et sans perspectives. Aujourd’hui, une existence meilleure se profile à l’ho-rizon pour elle, grâce à l’aide de la Mission chrétienne.

Des maisons miteuses à plusieurs étages bordent les rues du quartier de prostitution de Kamathipura. Elles sont construites côte à côte ou tout au plus séparées les unes des autres par des passages étroits et sombres.

INDE

Le chemin qui mène à la « maison » de Va-nita passe par un tel passage. Un escalier sale mène à un long et étroit couloir au pre-mier étage. À gauche et à droite se trouvent des alcôves, chacune avec un lit et, au mieux, quelques étagères. C’est une maison close. L’air est étouffant et humide et à peine res-pirable. Tout au fond de ces alcôves vit Va-nita avec sa mère, son frère et sa sœur. Ici au moins, il y a une fenêtre qui laisse entrer la lumière et un peu d’air frais – un « luxe » que la plupart des autres maisons closes n’ont pas. La mère de Vanita, Poonam*, est une prosti-tuée forcée. Elle vend son corps à même la rue – cinq, dix ou même vingt fois par jour.

La prétendue amie… Poonam vient de Calcutta. À l’adolescence, elle avait dû assister aux difficultés finan-cières de sa famille. Dans la culture indienne, il est courant que les enfants plus âgés aident à soutenir la famille. Poonam avait donc pro-jeté de chercher du travail et en avait parlé à une amie. Celle-ci s’était montrée très com-préhensive et avait proposé son aide, en ten-tant de lui trouver un emploi à Mumbai. Poo-nam avait été soulagée et reconnaissante. Maintenant, elle allait être en mesure d’ai-der sa famille, s’était-elle dit avec bonheur.

Pas de retour possible La prétendue amie accompagna Poonam à Mumbai où elle la vendit sans autre forme de procès à une propriétaire de maison close. C’est alors que Poonam réalisa ce qui s’était passé. Elle en fut terrifiée, mais il était trop tard, le piège s’était déjà refermé sur elle. La propriétaire de la maison close lui fit clai-rement comprendre quel avenir lui était ré-servé : Poonam lui appartenait désormais

8 visionestPROTECTION mettons fin à la traite

d’êtres humains

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et elle allait devoir vendre son corps aux clients. A la colère face à cette fourberie sui-vit un profond désespoir. Poonam était livrée à ce destin, il n’y avait aucun retour possible. Comment faire autrement, d’ailleurs, sans argent, sans connaissance de la langue lo-cale ? De plus, sa famille était dans le besoin et attendait d’elle qu’elle leur fasse parvenir de l’argent. Tout en elle se liguait contre cette situation, mais elle n’avait pas d’autre issue.

Un prétendant vint bientôt régulièrement. Ils tombèrent amoureux et quand Poonam eut 18 ans, ils se marièrent. Trois enfants naquirent de leur mariage : Vanita, âgée maintenant de 18 ans, Sandhya*, 12 ans, et Sojib*, le cadet de 2 ans. Mais même en tant que mère et femme mariée, Poonam demeura la possession de l’ex-ploitante de la maison close.

Sortir pas à pas de la misère Nos partenaires rencontrèrent Poonam en 2014 et l’encouragèrent à envoyer sa deuxième fille, Sandhya, au centre de jour. Poonam était scep-tique jusqu’à ce qu’elle se rende à un séminaire et qu’elle le constate par elle-même. Le pro-gramme pour enfants, les chambres propres et l’amabilité du personnel la convainquirent : le centre de jour était un bon endroit pour ses filles. La première à venir fut Vanita. Ce qu’elle y découvrit la stupéfia : la maison close était bruyante, les querelles quotidiennes, mais ici, on jouait, on chantait et dansait. On y ra-contait également des histoires de la Bible.

Au centre de jour, Vania et d’autres enfants bénéficient de soutien scolaire.

*Noms changés pour des raisons de protection.

Au centre, Vanita reçut un soutien scolaire et des repas chauds, elle fut prise en charge médicalement et accompagnée personnellement – comme les quelque cinquante autres enfants, répartis en deux groupes. Depuis, Vanita et sa sœur passent la nuit dans l’abri de nuit du centre. Ici, elles y sont en sécurité, ce dont se réjouit particulièrement Poonam.

Vanita a changé et est devenue une fille heureuse qui aime danser, dessiner et maquiller des visages. Elle est reconnaissante du tournant qu’a pris sa vie : « Je suis très heureuse de pouvoir vivre tant de bonnes choses et de recevoir de l’aide. » Vanita espère devenir un jour ingénieure en génie civile – et que sa mère puisse bientôt travailler autrement.

Un centre de jour avec abri de nuit dans le quartier chaud

Plus de 50 enfants reçoivent une aide scolaire, des repas chauds et un soutien social, médical et psycho-logique sous forme de relation d’aide au centre de jour. Le centre de jour a ouvert ses portes en 2012 pour offrir une protection et une perspective aux enfants qui grandissent dans le quartier de prostitution. Les en-fants particulièrement vulnérables sont pris en charge dans des maisons d’accueil sécurisées. En collabo-ration avec son partenaire local, la Mission chrétienne s’occupe également des mères dans le milieu de la prostitution : elle leur offre un accompagnement psychologique, les encourage au travers de sémi-naires et de modules de formation et les aide à quit-ter la prostitution et à s’intégrer professionnellement.

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ÊTRE LE CŒUR

ET LES MAINS DE DIEU

La pandémie du coronavirus a consi-dérablement aggravé la situation des pauvres. Grâce aux dons de la Suisse, la Mission chrétienne pour les pays de l’Est peut apporter son aide. Au Vietnam, les mentors des exploitations agricoles familiales jouent un rôle important dans l’aide d’urgence.

Les plus pauvres d’entre les pauvres au Viet-nam mènent une vie difficile. Beaucoup d’entre eux ne possèdent pas de terres, mais travaillent comme journaliers dans les plantations de café ou de poivre. L’année dernière, plusieurs évé-nements leur ont causé de grandes difficul-tés : une sécheresse a détruit une grande partie de la récolte, de violentes tempêtes ont causé de graves dégâts et la pandémie de coro-navirus a frappé l’économie et la population.

« Seigneur, aide-moi »Certaines familles étaient désespérées. Leurs réserves étaient épuisées, leur argent dépensé. Le pasteur Mroi, qui avait suivi le programme de mentorat de la MCE, voyait les besoins dans son village et son cœur en souffrait. Il voulait aider, mais avait à peine de quoi

survivre lui-même et n’osait pas demander de l’aide à de tierces personnes. Il s’est donc adressé à Dieu avec sa requête : « Seigneur, tu connais la situation de mon village. Aide-moi à trouver des moyens d’aider. Je suis disposé à être une partie de ton cœur et de tes mains pour ceux qui sont dans le besoin. » Telle était sa prière continuelle.

Un jour, Hien, une formatrice du programme de mentorat, lui téléphona : « Comment vont les choses au village ? » voulait-elle savoir. Elle fut consternée lorsque Mroi lui apprit que les gens n’avaient plus rien à manger. Elle de-manda des informations précises, puis dif-fusa la nouvelle grâce à la plateforme en ligne du programme de mentorat. Beaucoup furent touchés et commencèrent à prier et à faire des dons. Avec l’argent récolté, Mroi et son équipe purent acheter deux tonnes de riz qu’ils distribuèrent en paquets de 10 à 25 kg aux plus démunis.

Une opération de secours au bénéfice de beaucoupLe fait de pouvoir aider a été une expérience encourageante pour Mroi. Plus il était en contact avec les gens, plus il voyait leurs be-

Le pasteur Mroi apporte une aide alimentaire à des personnes nécessiteuses.

L’AIDE D’URGENCE AU VIETNAM

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ÊTRE LE CŒUR

ET LES MAINS DE DIEU

soins. Il se mit en lien avec les responsables d’églises dans d’autres régions et détermina le nombre de familles particulièrement at-teintes, encourageant les chrétiens à prier Dieu et à chercher des occasions d’aider les pauvres, même lorsque humainement par-lant les situations semblaient sans issue.

Grâce au soutien de la Mission chrétienne, le pasteur Mroi put étendre les secours aux vil-lages dans un rayon allant jusqu’à 100 km. Il coordonna sa tâche de concert avec les res-ponsables des églises pour sélectionner avec soin les personnes et familles les plus vul-nérables dans chaque village. Cette colla-boration a renforcé l’unité entre les diffé-rentes confessions, rapporte avec satisfac-tion le pasteur Mroi. La crainte initiale qu’il veuille uniquement, par ces efforts, gagner de nouveaux membres pour sa propre pa-roisse s’atténua et de bonnes relations se dé-veloppèrent. Même les autorités locales se sont fait maintenant une meilleure idée de l’église, rapporte le pasteur. « Vous, les chré-tiens, vous faites vraiment du bon travail », a fait remarquer un chef de village lorsqu’il a vu Mroi et ses habitants apporter une aide désintéressée.

Aider dans la détresseHmoi, une vieille dame dans un village des hauts plateaux du centre du Vietnam, est l’une des nombreux bénéficiaires de l’aide. Elle était devenue veuve très tôt et ses enfants étaient partis au loin. Elle s’était retrouvée finalement toute seule avec deux petits-en-fants, âgés aujourd’hui de 12 et 14 ans, qui s’occupaient de leur grand-mère du mieux qu’ils pouvaient, travaillant pour les villa-geois en échange de riz ou d’autres aliments.

Mais lorsque la pandémie de coronavirus éclata, cette ressource fut épuisée, tout travail ayant disparu dans le village. La famille se re-trouva complètement démunie. Le pasteur Mroi eut connaissance de leur situation et put leur donner un peu de riz dans le cadre des pre-miers secours. Plus tard, lorsque le soutien de la Mission chrétienne arriva, il put fournir à la famille un grand paquet de riz et d’autres aliments, les sauvant ainsi de la famine.

Comme Hmoi et ses petits-enfants, beaucoup d’autres personnes pauvres ont connu le même sort. Le pasteur Mroi a été profondément touché lorsqu’il a vu et entendu ce qu’ont provoqué les paquets de premiers secours. De nombreuses familles avaient justement épuisé leurs toutes dernières réserves lorsque les équipes du pasteur étaient arrivées avec la nourriture. « Par toi, Dieu nous a aidés dans notre dé-tresse », a-t-il entendu à maintes reprises. Ce qu’il avait demandé à Dieu était devenu une réalité : avec ses mains, il a pu montrer aux gens l’amour et la compassion d’un Dieu qui pourvoit.

La préparation de la distribution des aliments.

L’AIDE D’URGENCE AU VIETNAM

Le fait de pouvoir aider a été une expérience encourageante pour Mroi.

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Page 12: UNE BÉNÉDICTION AU CŒUR MÊME DE LA CRISE · 2021. 2. 24. · écrit, et Dieu a envoyé un ange pour venir délivrer Pierre. Le réformateur Martin Luther demandait tous les matins

EXPLOITÉS RÉDUITS EN ESCLAVAGE

Nous descendons dans la rue parce que nous voulons :• sensibiliser davantage de personnes au problème

de la traite d’êtres humains• lancer un appel aux politiciens à faire plus pour lutter

contre ce crime.

Plus nous serons nombreux, plus notre message sera clairement entendu. Faites entendre votre voix pour les victimes et participez à la manifestation.

Pour l’instant, la date de la manifestation n’a pas pu être arrêtée. Elle avait été prévue pour la fin mai, mais compte tenu de la pandémie, nous allons maintenant reporter l’évé-nement à plus tard. Des informations détaillées suivront.

Manfred Paulus a travaillé comme Commissaire principal de la police judiciaire allemande, il a di-rigé pendant 25 ans un département d’enquêtes criminelles et était responsable de la lutte contre la criminalité liée à la prostitution. Bien qu’à la re-

traite au sein des services de police, il continue à travailler comme conférencier dans des établissements de formation et de perfection-nement de la police en Allemagne. Au cours des 20 dernières années, il a participé à des travaux de prévention en Europe de l’Est et du Sud-Est, notamment au nom de la Commission européenne.

« Je m’engage dans la lutte contre la traite d’êtres humains parce que je connais par expérience les injustices qui en découlent et les grandes souffrances qu’endurent les victimes. Des jeunes femmes et des jeunes gens, partis pleins d’ambition, remplis d’espoir et de rêves, sont détruits par des profiteurs impitoyables et des gangs criminels. Trop souvent, ces jeunes sont sans recours de la part des organes de l’État de droit et sont abandonnés à eux-mêmes ».

LA TRAITE D’ÊTRES HUMAINS ET L’ESCLAVAGE SEXUEL

Commande (en allemand seulement)Le nouveau livre de Manfred Paulus, uniquement en langue allemande, traite de l’esclavage sexuel et de la traite d’êtres humains. Vous pouvez le commander pour le prix de CHF 20.– auprès de la MCE. Veuillez passer votre commande par courriel ou par téléphone : [email protected] / tél. 031 838 12 12.

Manfred Paulus | Éditions Pro Media | 3ème édition, 2020 | Cet ouvrage n’est disponible qu’en allemand.

LECTURE

GRANDE MANIFESTATION CONTRE LA TRAITE D’ÊTRES HUMAINS

LA CRIMINALITÉ ORGANISÉE DANS LE MILIEU DE LA PROSTITUTION

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Menschenhandel und Sexsklaverei

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