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une attention éperdue aux enfants
une attention éperdue aux enfants - Livre d’artiste
Texte, images et réalisation: brigitte Mouchel
30 exemplaires numérotés - 12x12x1cm - impression jet d’encre - façonnage: technique personnelle
texte (extrait):
ceux qui s’approchent, tendus, ceux qui s’écroulent — avec l’enfant, les ballots, les sacs en plastique — le pain mouillé, les papiers, un peigne — se relèvent, s’entêtent,
les cheveux et la pluie, pleurent sans s’en rendre compte, sans vraiment, sont arrivés sur l’autre bord — ici — rient, sans s’en rendre compte, l’enfant serré contre soi, ballot contre elle, contre lui, ceux-là accrochent la main de celui — s’agrippent — ne lâchentl’enfant se réveille — dans les regards, s’y love — force qu’ils puisent pour quelques mots, un morceau de pain mouillé — l’enfant se tait, alerté — fait silence contre la peur, contre elle, sa mère éperdue, tout contre — gravé — ça — sans paroles à l’intérieur de l’enfant, s’entête — ça — mordu de sel — ça — les autres qui ont échappé, glissé des mainsles bras d’un homme sale, sali, pas dormi, aux aguets de chaque bruit de nuit, de mer, de hoquet du moteur, de houle, de réveil des enfants, de plaintes, les mâchoires serrées de froid, un homme qui la tend, la petite, du bateau à la plage, à d’autres bras — la passe — la petite (...)l’enfant serré contre soi, contre lui — le poids d’un de trois ans dans les bras — endormi — les petites jambes qui ballotent les bras qui pendent — ce poids-là inscrit dans le corps des mères — l’enfant passé à d’autres bras gravé — ça — sans paroles — ça — les autres qui ont échappé, glissé des mainsavec une attention éperdue — si tendre à en être facilement entamée, à vif, en effroi des paupières, des joues, du dos — ils se passent un enfant — ils tiennent bon, l’enfant, de bras en épaule en mains — avec une attention éperdue, des brassées d’enfants (...)
Des personnes cherchent refuge, désemparées, dans des conditions épouvantables: elles
ont tout quitté, elles attendent, ne savent pas, perdent espoir, s’agrippent, se noient,
éperdues... Et parmi elles, des enfants, transportés, ballottés, précieusement...
à tenter de voir dans la nuit — un homme?
à tenter de voir dans la nuit — un homme? - Livre d’artiste
Texte, images et réalisation: brigitte Mouchel
30 exemplaires numérotés - 17x21x1,5cm - impression jet d’encre - façonnage: technique personnelle
texte (extraits):
(...) après un chemin de ponts tordus, de
manteau serré au cou, d’ombres sur les
grands champs et de forêt dense, de pots de
café, de vieille femme qui frotte ses seins
de boue, de chant blessé, de légumes pelés,
de souvenirs de coton et de cheval de bois
après un chemin de chambres de hasard, de
ratures, de fond de hangars et de dégoûts,
de toiles rapiécées, de mains, loin — une mer
grise, hachée, nerveuse, agitée en surface,
un ressac sur la côte, une simple tempête
d’hiver
après ce chemin où les enfants ont commencé à
manger de la terre — la houle — tu embarques
nuit après nuit
tu ne dors pas
le pan de ciel fait masse, sans bords,
lieu d’absences, lieu d’un absurde, vide,
engloutissant
ciel opaque et silencieux — un bloc sombre
(...)
La plupart des personnes sont tombées à
l’eau et se sont noyées.
sans bruit — la masse du ciel encore
et comme si
l’ombre d’un oiseau qui passe — qui passerait
le vent silencieux
comme rien
comme juste avant — une trace, à peine là-
bas, juste là, un insecte perdu
comme si le jour allait revenir — des
pointillés, des trous — comme de coutures
défaites (...)
ils sont corbeaux
ils sont corbeaux - Livre d’artiste
Texte, images et réalisation: brigitte Mouchel
30 exemplaires numérotés - 15x15x1,5cm - impression jet d’encre - façonnage: technique personnelle
texte (extrait):
(...) écriture du ciel — on les observe, le ciel journal du monde — parfois on se regarde
furtivement, on parle un peu, ou pas — silence paisible des paysages, du soir qui vient — on
se retrouve le soir, dans les cafés, autour d’un verre — eux aussi, le soir, pas loin d’ici
— on les regarde — eux aussi, de leurs yeux transparents — on se pose entre deux voyages,
des provisions d’histoires au fond des sacs, des pensées dénichées — on écoute — eux aussi
leurs récits, de leurs voix éraillées, effarouchés, entre deux migrations — parfois, on
marche solitaire dans nos pensées, comme un qui a perdu ses mots — celui-là déambule, tête
rentrée dans sa veste — on marche avec lui, entre les herbes et les chemins, les arbres
hauts — et lentement, on reprend conversation — chacun — ils marchent désoeuvrés, petits
sauts, pas de côté, nonchalants — quand on les trouve au bord des routes, palpitants,
effrayés, ils nous semblent petits riens, choses douces et chaudes, tombés nus (...)
et qui déjà s’éloigne
et qui déjà s’éloigne - Livre d’artiste
Texte, images et réalisation: brigitte Mouchel
30 exemplaires numérotés - 10x27x1cm - impression jet d’encre - façonnage: technique personnelle
texte (extrait):
je roulais le brouillard comme le vent rampant par-dessous l’herbe — rasant le sol les
herbes rousses inquiètes bord de route en tapis — frissons parcourant les jambes et les
arbres dans l’éblouissement de l’hiver les oiseaux avaient quitté le ciel
et parfois ce visage
maison pour l’hiver sans fenêtres ou alors les volets bloqués barres de bois clouées depuis
longtemps (...)
et qui hante
et qui hante - Livre d’artiste
Texte, images et réalisation: brigitte Mouchel
30 exemplaires numérotés - 28x14x2,5 cm - impression jet d’encre - façonnage: technique personnelle
texte (extraits):
(...) Tu abandonnes un bout de toi dehors —
un chien qui t’attendrait et toujours comme
s’il pleuvait et toujours l’air de pleurer.
Comme entendre le vent hurler dans l’espace
entre nos bouches — le froissement des vols
d’étourneaux, leur danse insolente — et se
mordre et s’arracher les lèvres, s’abîmer et
la terre se dérobe et nous laisse éreintés.
(...) Il se chauffe au soleil le dos contre
il pense à des chemises blanches de femmes
dans le vent, et l’odeur du café.
Le dos contre le chaud des pierres, lui,
son corps, les yeux fermés en place de
larmes, décanter un vol d’oiseaux les ailes
ébouriffées, les caresses des femmes, une
cabane balayée par le vent.
Dans l’espace entre nos bouches — ne se
frôlent pas — à peine — une femme s’est
perchée sur nos épaules — oiseau maigre —
et chante un cri strident. (...)
ici ne repose pas
ici ne repose pas - Livre d’artiste
Texte, images et réalisation: brigitte Mouchel
30 exemplaires numérotés - 25x8x1cm - impression jet d’encre - façonnage: technique personnelle
texte (extrait):
colline sèche dont on ignore le nom, là-bas. Un homme arpente
à peine le sol de son ombre — quelques-uns, compagnons.
Et l’on interdira aux enfants d’y aller jouer à cause des
Ici ne repose pas.
Un homme. Ce qu’il porte et qu’il rabat sur son visage la
nuit pour dormir. (...)
Les lieux qui ont accueilli des charniers, même quand le temps a longuement passé et
effacé les traces, restent sans repos dans la mémoire des hommes: des lieux impossibles,
impensables. J’ai eu envie de représenter ce «non-repos» des lieux.
désordre des étés
désordre des étés - Livre d’artiste
Texte, images et réalisation: brigitte Mouchel
30 exemplaires numérotés - 30x12,5x1,5cm - impression jet d’encre - façonnage: technique personnelle
texte (extrait):
Des riens d’enfant.
Des cailloux que tu changes de
place, tout le long du jour.
appelle pour le dîner.
Et le vent tout ce temps
murmurait à l’oreille on ne
savait pas quoi mais des
histoires. L’enfant complice. Un
chant que même l’oiseau n’entend
pas. On ne savait pas quoi mais
des histoires.
Tu sais qu’elle peut — la mère —
le sourire les plis des yeux et
qu’elle peut se pencher un peu
s’approcher comme dire quelque
chose à l’oreille, embrasser. Tu
es debout, là, percluse d’attente
et refrain rauque, lancine.
Ensuite, l’enfance cachée dans
un sac sur la tête.
L’enfance est le temps de
construire le sac sur la tête,
Enfouir (...)
aussi l’envers du décor: taches rouges, cicatrices, noeuds...
les traversées
les traversées - Livre d’artiste
Texte, images et réalisation: brigitte Mouchel
30 exemplaires numérotés - 9x9x2cm - impression jet d’encre - façonnage: technique personnelle
texte (extrait):
(...) quelqu’un — quelqu’un attend —
d’autres attendent ne courent pas la
nuit rampant
la peur et se serrent — sans doute il
pleut — regards —
pas d’arbres de ce côté le froid
quelqu’un — il est parti un soir — on
s’en souvient et s’échappe
(...)
Questionner la frontière comme lieu de possibles rencontres avec l’autre.
Au-delà d’être limitation ou fermeture, la frontière travaille la notion de «seuil»: le
lieu de la présence ou du voisinage de l’autre, le lieu de l’altérité. Un lieu ni ici, ni
là-bas. Là-bas étant chargé de fantasmes, de curiosités, de peurs ou d’attirances, voire
d’espoirs.
Images laissant un vide central. Deux groupes de personnes, différents dans leurs attitudes,
donnent l’impression qu’ils s’observent, s’attirent...
amertume
amertume - Livre d’artiste
Texte, images et réalisation: brigitte Mouchel
30 exemplaires numérotés - 15x15x3cm - impression jet d’encre - façonnage: technique personnelle
texte:
on entre dans les cafés du port avec des vagues
sous les pieds, des possibles
les gens, leurs mots, ceux qu’on sait…
on entre à tirant d’eau, à limite habitable,
certains soirs le vent traverse, laisse des
par les vitres des câbles barbelés, des guerres
d’eau et de traces
certains soirs on déborde à haut-le-cœur, la
marée ne crève pas ni en sanglots
les paroles se serrent contre les autres
les gens engloutis dans leurs mots, ceux qu’on
sait…
on s’immerge, amertume des jours et des paroles
et tout près l’océan en murmures incertains
comme ces mots, ceux qu’on sait…
aller de côté et d’autre en parlant des choses
aller de côté et d’autre en parlant des choses - Livre d’artiste
Texte, images et réalisation: brigitte Mouchel
30 exemplaires numérotés - 15x27x6,5cm - impression jet d’encre - façonnage: technique personnelle
texte (extrait):
Je vais marcher dans la ville inventer
une histoire, vraie. Vous allez me suivre
même fatigué. Il faudra marcher. Je suis
passager d’ici de ma route à l’abandon
je m’invente. J’ai vu des manches à air,
leur plainte silencieuse bouche bée et
des arbres taillés. Ne reste qu’une
branche entêtée. Il faudra donner quelque
chose d’épais à manger à la solitude,
l’apprivoiser, aller voir de l’autre côté
de son charme. L’empâter.
Je boite, il paraît.
Je marche le dimanche et l’ennui calme.
Des pavés dans les rues un peu en pente
en virages des cafés fermés dans les
coins. Les maisons sont hautes et maigres
éclaboussées de lichen et de goélands. Il
passe une musique une ville qui hante. Jours
entiers à errer à éprouver le monde chemin
faisant n’avoir aucune raison d’être là
La lumière est juste sous l’horizon. Une
ligne. Le reste est gris un calme posé là
prend à la gorge une chaloupe un oiseau
solitaire. Je me souviens. Partir. Je
voulais. (...)
Le livre à tiroirs, qui permet une lecture
déambulatoire : des bouts d’images, des
fragments de textes apparaissent, ou pas,
de manière aléatoire, et accompagnent
ainsi le texte.
murmures
murmures - Livre d’artiste
Texte, images et réalisation: brigitte Mouchel
30 exemplaires numérotés - 16,5x6x2cm - impression jet d’encre - façonnage: technique personnelle
texte (extrait):
(...) une nuit à travers
à traverser, attendre, tendre
une nuit
le noir cogne à travers à mi-clos, bat
une nuit à entendre le noir à travers
te souviens des battements
lente attente
et se noyer — nahe Nacht — en une nuit tendue
de peine
à peine au matin
entre deux
entre deux - Livre d’artiste
Texte, images et réalisation: brigitte Mouchel
30 exemplaires numérotés - 12x12x1,5cm - impression jet d’encre - façonnage: technique personnelle
texte (extraits):
Là.
On entre, en présence des lieux. La tendresse
en plein visage, marquée de taches de couleurs,
du rouge surtout, et des lignes brisées, des
mots. Est-ce qu’on connaît ce lieu ? Les images
un paquet de bonheurs sur la table. Mais aussi
un escalier plein d’amis effacés. C’est aussi
là-bas qu’elle habite. Un autre lieu. Les mêmes
mots. On avance vers l’abstrait. Respiration
dans le vide. Toutes les images sont orientées
autrement. Regarde, il n’y a rien d’autre, on
est entre deux. Quelqu’un et quelqu’un d’autre.
(...)
On est perdu. On regarde au loin. On respire à
grandes goulées. Beaucoup d’ombres avalées. Noyé
dans un mélange de tendresse, à pleurer doucement
et de regrets, de douceurs à venir. Temps si
perceptible, et le vent qu’on a perdu, retrouver
le temps salé des promenades à écrire, à préparer
des gâteaux pour elles. Sœurs d’amour. Etre leur
mère et un bateau glisse. L’océan violet dessine
du temps. L’image suspendue permet le rêve.
L’air ressemble à un ventre de mère depuis déjà
tant. Et elles, affamées, en attente. Le ciel
dans un miroir. L’océan manque. On met au monde
trop à déborder, de toute façon trop loin. (...)
tu sais
tu sais - Livre d’artiste
Texte, images et réalisation: brigitte Mouchel
30 exemplaires numérotés - Ø26x3cm - impression jet d’encre - façonnage: technique personnelle
texte (extrait):
tu sais
tu sais, j’ai quelque chose à te
dire, à toi, et pourtant,
tu sais
tu sais, j’ai quelque chose à te
dire, à toi, et pourtant,
il n’y a pas de raison
quelque incertaine chose
folle
pourtant, il y a de la raison
pourtant, tant pis, temps qui passe
enfance qui repasse
vache qui pisse, pis que pendre,
rien à perdre
rien à perdre ?
si
toi
s’il te plaît
il pleut
tu sais, je voyage, toujours un peu
seule
je traîne et je trame, je regarde et
respire
un peu là, un peu seule, un peu lasse
je voyage en train, cahots, cahin-
caha, câlin, pas là
pas toi, pas toi, pas toi, pas toi,
pas toi, en train
tu sais, j’ai quelque chose à te dire
ma mère est
folle
à gérer, à digérer
et je retourne toujours chez elle
et je tourne et je retourne toujours
chez elle, et je tourne et je tourne,
chez elle
chez ma mère, je retourne toujours,
jours
à gérer, à digérer, à tourner, en
train
(...)
C’est un livre impossible à fermer...
C’est un texte qui ne s’arrête pas, qui ressasse,
qui évoque la pluie qui tombe, les trains qui
passent et repassent, une mère qu’on visite, encore
et encore, et qui nous renvoie à l’enfance, qui
ne passe pas...qui reste en travers de la vie...
papiers rayés, roue du livre qui tourne sur elle-
même...
Malgré tout, dans l’enfer de ce livre infermable, si
l’on cherche bien, on peut trouver des ouvertures,
timides, incertaines, discrètes, de petites
éclaircies dans le texte et dans les images qui
l’accompagnent... un silence qui espère...
Le livre est construit comme une roue, chaque
page est un rayon de cette roue. Il n’y a pas de
fois, entrecoupé d’images évoquant des roues ou des
escaliers.
frisson
frisson - Livre d’artiste
Texte, images et réalisation: brigitte Mouchel
50 exemplaires numérotés - 11x11x1cm - impression jet d’encre - façonnage: technique personnelle
texte (extrait):
Elle a tellement à dire, le temps qui
passe, des souvenirs troués, depuis son
ventre, le tendre de ses pieds et ses
ongles rongés. Elle parle. Des mots
graves, des corbeaux qui passent en cris,
d’épaule en épaule, une mouette défaite,
ébouriffée qui déchire le paysage. Elle
frissonne. Le vent emporte les mots et
les oiseaux un peu plus loin. Elle va dans
ce plus loin avec le tendre de ses pieds.
moque. Son ventre se serre et se tait pour
qu’elle écrive.
C’est une journée tranquille, comme une
autre. Elle a des amis-il-paraît. Le vent
ils vont, ou se posent. Les moineaux, non.
Un café. On parle, du monde qui va mal, de
la solitude, d’un enfant qui ne sourit pas
trop, comment dire ? Les mots s’affolent.
Les moineaux, non. On parle. Le vent ne
s’en mêle pas. Rien ne se passe. Les amis
n’ont pas les vêtements dérangés, les
cheveux en lambeaux, les moineaux leur
picorent la tête. Les mots s’éteignent et
les amis-il-paraît s’en retournent. Elle
reste sans ses mots. Le vent l’emporte un
peu plus loin, juste à côté. le vent, il
paraît...
(...)
neige
neige - Livre d’artiste
Texte, images et réalisation: brigitte Mouchel
30 exemplaires numérotés - 20x16x2cm - impression jet d’encre - façonnage: technique personnelle
texte (extrait):
(...)
Marcher dans du blanc, au hasard. Et j’attends. Je reprends ma marche dans le blanc,
tranquillement perdu. Attendre. Marcher et je dessine, à force, des traces imperceptibles.
Quelque chose a changé sans m’en apercevoir, à force un nouveau paysage. Et s’il fallait
effacer un peu plus les traces, en cet endroit incertain, qu’il ne reste qu’un seuil,
laisser la place pour que quelqu’un approche, puisse approcher. Oser murmurer.
pour troubler la vue, évoquer la neige qui tombe, zébrer l’espace... Le doigt passe sur
pages deviennent de plus en plus vides et blanches au fur et à mesure.
les jardins
les jardins - Livre d’artiste
Texte, images et réalisations: brigitte Mouchel
30 exemplaires numérotés - 7x7x2,5cm - impression jet d’encre - façonnage: technique personnelle
texte (extraits):
Les jardins... après la ville, les
rues, les cafés, les jardins...
Après la voie ferrée, posés en bas,
reposés. (...)
Les jardins, escargots en balade,
cailloux qui pointent leur nez,
dentelles de rouille, collection
ça couine, brouette.
Les jardins, humbles théâtres pour
un public d’oiseaux, chaise à trois
pattes, cabane aveugle, petit tas de
sable rond, oiseaux, oiseaux, oiseaux
qui n’ont pas de noms, oiseaux communs
ensemble, tiges qui leur répondent.
(...)
soin de toi
soin de toi - Livre d’artiste
Texte, images et réalisation: brigitte Mouchel
30 exemplaires numérotés - 12x12x2cm - impression jet d’encre - façonnage: technique personnelle
texte (extraits):
(...) Un lundi il passe, passe qui
vient dans le vide sans se poser
des traces de pensées, rien. Le
gars en errance a besoin d’un café
un croissant rassis ce qu’on donne
besoin de lacets. Les chiens à
l’entrée chiens tranquilles assis
attendent que passe, qu’il revienne,
le gars. Ses yeux doux attendent
ont besoin, rien regardent ceux
qui passent dans le vide regardent
le temps bouge. A chacun qui passe
attendre. Leurs yeux regardent en
douceur, le gars et son chien.
L’envie de ça, de douceur.
(...) Un lundi on voit à peine son
visage. Il est passé devant une
porte gueule ouverte dans un coin
mains dans les poches un peu de vent.
Un peu noir le vent. Il marche ciel
bas cependant la porte à visage le
suit des yeux. Il ne parle pas ne
se souvient plus de rien son chien
délaissé. Les feuilles craquent au
vent une ombre fébrile.
(...)
Texte écrit en écho à la rencontre de personnes sans domicile, en errance; livre comme
une enveloppe protégeant quelque chose de fragile, à ouvrir avec précaution.
une ressemblance qui s’arrache du visage
une ressemblance qui s’arrache du visage - Livre d’artiste
Texte, images et réalisation: brigitte Mouchel
30 exemplaires numérotés - 14x17,5x2cm - impression jet d’encre - façonnage: technique personnelle
texte (extrait):
le visage retentit, apparaît, fascine.
c’est un visage. c’est l’image. le regard
apparaît. c’est un regard qu’on connaît.
un regard qu’on croît connaître. on sait
qu’on le connaît. c’est quelqu’un qu’on
connaît. avant. qu’on connaissait avant.
c’est une mère avant d’être née. avant
qu’on soit né. une mère et sa vie à venir.
naît. avec un regard qui ressemble. ou
pas. c’est un visage. le regard apparaît.
c’est un regard qu’on connaît. un regard
qu’on croit connaître. c’est soi avant.
avant soi. temps raccourci de soi à soi.
il ressemble à un autre. la ressemblance
inquiète. le regard hante. c’est un visage.
c’est un regard qu’on connaît. on sait
elle. on se souvient. l’image ressemble.
on ne sait plus. on en connaît d’autres.
d’autres visages inconnus. on capture
des regards qui hantent. on capture des
visages qui habitent. on est devant des
regards qui se fondent. on est devant. on
est devant des regards qui s’estompent.
qui disparaissent. on est devant des
images qui ressassent et qui perdent. on
se perd. il y a le temps. être perdu là.
et avant. le temps d’avant. la mémoire.
les regards dans la mémoire et les autres
qui hantent. la mémoire de regards qu’on
ne connaît pas. qu’on connaît cependant.
qui sont convoqués. qu’on convoque. de
soi à soi. des ressemblances. jusqu’à
épuisement. un ressassement de visages
jusqu’à la disparition, jusqu’à un
tremblement. (...)