Un regard sur

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Un regard sur certaines des œuvres favorites du moment des bibliothécaires de Montesson Un Œil sur les Un Œil sur les Coups de cœur #1 Coups de cœur #1

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Ami avec Charlie Rizzo, DavidCarlson a été fasciné par lesrécits que celui-ci lui faisait deson père. Ce dernier,emprisonné dans les années30, a partagé sa cellule avecNathan Leopold, l’un desauteurs d’un meurtre morbideayant marqué la ville deChicago dans les années 20.Avec son complice RichardLoeb, ils avaient froidementtué Bobby Franks, unadolescent de 14 ans.. L’affairefait grand bruit à l’époque carl'unique motivation descoupables était de prouverleur supériorité en commetantun crime "parfait".

C’est cette cohabitation entre Nathan Leopold et Matt Rizzo, devenu aveugleà la suite d’un braquage raté, qui constitue le cœur de l’œuvre. A travers sarelation et son amitié avec Leopold, Matt apprend à lire le braille etdécouvre la poésie de Dante et son périple aux enfers. La vie de prisonnierde Matt et sa rédemption, en particulier aux yeux de son fils, à qui il alongtemps menti au sujet de la véritable cause de sa cécité, sont autantd’occasion de citer l’œuvre de Dante et l’aspect métaphorique que celle-cirevêt, sublimée par le trait de Landis Blair, d’une pure maestria de crayonnénoir. En nous plongeant au plus profond de l’âme humaine, L’accident dechasse fascine et dévoile, page après page, un roman graphique visuellementirréprochable et une formidable réflexion sur le péché et le pardon.

Pour aller plus loin : La Divine Comédie de Dante ; Le film Swoon de Tom Kalin,qui traite de l'affaire Loeb et Leopold et de leur relation amoureuse.

Ce roman graphique inspiré de faits réels est le premier livre deDavid Carlson, déjà rompu à l’exercice créatif, puisqu’il a étéréalisateur et musicien par le passé. Le dessinateur, Landis Blairsignait alors lui aussi son premier ouvrage lors de sa parutionoriginale en 2017. Les fameux faits réels évoqués plus haut fontréférence à la vie de Matt Rizzo et à celle de son fils Charlie Rizzo,tous deux personnages de L’accident de chasse.

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KO Waka Hirako est une jeune autrice japonaise dont My Broken Mariko

est le premier manga publié. Ce one-shot, remarqué dans son paysd’origine l’année dernière, puisqu’il y a obtenu un prix, est arrivé cheznous en début d’année. L’édition française comporte en plus unecourte histoire en fin de volume nommée Yiska. Un format qui sembleconvenir à Waka Hirako, puisqu’elle publiera cette année un nouveaurecueil composé de cinq histoires brèves.

Œuvre traitant du deuil et dusuicide, My Broken Mariko estaussi l’occasion pour WakaHirano, à travers despersonnages haut en couleursmais réalistes, de traiter denotre société contemporaine etde sa façon de maltraiter sesmembres. Le manga nous offreaussi une fenêtre sur lacondition des femmes et despressions que les hommes leurfont subir. Cette volonté de"partir du micro pour parler dumacro" (comme le dit l'autricedans l'interview présente danscette édition), se ressent aussidans Yiska.

Le récit débute par l’annonce soudaine du suicide de Mariko. Sa meilleureamie, Tomoyo, refuse de laisser le père violent de Mariko se charger dudernier hommage et décide de récupérer ses cendre afin de lui offrir levoyage en bord de mer dont elle rêvait. Cette course effrénée menée parTomoyo se ressent dans le découpage et le style incisif de Waka Hirano,toujours à même de retranscrire les émotions. La composition narrativeoscillant entre présent et passé nous permet de comprendre la relation entreles deux meilleures amies, ainsi que le chemin pour comprendre le geste deMariko, que le lecteur et Tomoyo effectuent main dans la main. Une œuvresincère, riche et touchante de la part d’une autrice plus que prometteuse.

Pour aller plus loin : Thelma et Louise, film sur l'amitié féminine ; Adieu monde cruel !,une bande dessiné humoristique sur le suicide.

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Tsubasa Yamaguchi est une mangaka japonaise diplômée d’art, ce quiexplique son choix d’utiliser le medium du manga pour traiter cesujet. Blue Period (dont le titre fait référence à l’œuvre de Picasso), asu faire parler de lui, puisque la série a déjà remportée deux prix auJapon. Une adaptation du manga en série animée vient d’ailleurs toutjuste d’être annoncée.

Blue Period est l’occasion pourson autrice d’explorer le mondede l’art japonais et sonfonctionnement à travers lesyeux du protagoniste, que cesoit d’un point de vuetechnique, finement incorporéde façon à ne pas perdre lelecteur néophyte par desnotions trop complexes, ou bieninstitutionnelle, l’œuvre sepenchant sur les différentesécoles d’arts tokyoïtes, leursconcours et surtout la pressionqu’elles imposent.

L’histoire se concentre sur Yatora, un élève de 1ère désorienté, qui vasoudain se prendre d’une passion pour l’art, et la peinture à l’huile enparticulier. Il va alors chercher à perfectionner ses compétences dansl’optique de pouvoir intégrer Gedai, l'université des arts de Tokyo. Au-delàde faire la part belle à l’art (l’autrice réalise les couvertures à la peinture), lemanga sait transmettre l’aspect émotionnel des œuvres et ce qu’ellespeuvent éveiller en chacun. A cela s’ajoute l’évolution de Yatora et saconfrontation à son désir créatif, les relations que cela lui permet de nouermais aussi la solitude et les difficultés que la vie d’artiste entraîne. Le stylede l'autrice retransmet à merveille la plongée des personnages dans cetunivers artistique et la mangaka n’a pas son pareil pour introduire despersonnages touchants et crédibles.

Pour aller plus loin : Arte, un manga de Kei Ohkubo sur l'art à l'époque de larenaissance ; Ma vie d'artiste, BD de Mademoiselle Caroline qui retrace les tracasquotidien du métier.

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Ari Aster est un réalisateur et scénariste américain qui, avecMidsommar, n’en est pas à son coup d’essai pour ce qui est questiondu film d’horreur, puisqu’il s’agit de sa deuxième réalisation dans leregistre après Hérédité, qui mélangeait déjà habilement lefantastique et le drame familial.

Midsommar persiste et signe danscette mouvance, même si lefantastique s’y fait absent. Leréalisateur insiste ici sur l’aspectdramatique et prend un malinplaisir à plonger ses personnageset les spectateurs dans un malaisede plus en plus profond. Le films’inscrit de plus au sein du sous-genre de la «Folk-Horror »,principalement caractérisé par desréférences aux traditions païenneseuropéennes (sorcellerie, rituels etsacrifices, déités païennes, …)

Alors que Dani et son petit-ami Christian sont sur le point de se séparer, lafamille de Dani est frappée d’un drame. Christian décide de l’emmeneravec lui et ses amis en Suède, ou ils doivent assister à un festival ayant lieutous les 90 ans. Cependant, la découverte de la culture autochtone laissevite place à l’installation d’un assourdissant malaise à mesure que lesfestivités avancent dans ce pays où le soleil ne se couche pas… Laréalisation d’Ari Aster et l’incroyable performance de son actriceprincipale Florence Pugh plonge instantanément le spectateur dansl’ambiance lourde et pesante que le film instaure. Un insoutenable étau seresserre peu à peu sur les personnages et le spectateur et les rares maispuissantes scènes graphiques du film sont autant de moments d’angoisse…Cette sensation d’étouffement ne semble jamais s’amenuiser avant lesscènes finales qui viendront percer cette bulle d’anxiété d’un magistralcoup de couteau qui laissera le spectateur exsangue, perdu et brouillé.

Pour aller plus loin : Hérédité du même réalisateur ; The Wicker Man, filmfondateur de la Folk-Horror.

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Paul Thomas Anderson est un réalisateur, scénariste et producteurde cinéma américain. Il signe avec Boogie Nights son deuxièmelong-métrage et on y retrouve déjà bon nombre des futurescaractéristiques de son cinéma, à savoir une réalisation soignée, despersonnages dysfonctionnels, l’importance donnée à la musique etson utilisation d’acteurs récurrents dans ses œuvres, comme JohnC. Reilly, Phillip Seymour Hoffman ou William H. Macy.

Une autre de ses habitudesdéjà présente dans ce film,celle de placer l’intriguedans la Vallée de SanFernando dont la majeurepartie se trouve dans la villede Los Angeles. Centré surl’industrie du filmpornographique et basé surun mockumentaire (undocumentaire parodique)réalisé par P.T. Anderson aulycée, le film met en scèneMark Wahlberg commeprotagoniste, dans un rôlebien différent de ceux qu’ilpréfèrera endosser par lasuite.

Se déroulant à cheval entre les années 70 et les années 80, Boogie Nights nousfait découvrir l‘industrie du film pornographique dans la Vallée de SanFernando à travers les yeux et les relations qu’entretient Eddie Adams (MarkWahlberg) alias « Dirk Diggler » durant son ascension fulgurante dans lemilieu. Le changement de décennie va cependant s’avérer difficile pour luiet beaucoup d’autres, et il va alors entamer sa chute… Servi par un castingtalentueux, la première richesse du film vient de ses personnages, crédibleset imparfaits. La réalisation inventive de P.T. Anderson passe notammentpar d’incroyables plans-séquences, magnifiés par une bande-sonempruntant aux hits de l’époque. Un immanquable maîtrisé de bout enbout, dont les scènes alternent entre humour, émotions et tensions avecbrio.

Pour aller plus loin : Magnolia du même réalisateur ; Phantom Thread, son long-métrage le plus récent.

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Steve McCurry est un photographe américain, membre de la célèbreagence Magnum depuis 1986. Il est principalement connu pour sesphotographies en couleurs et son approche semblable à celle dureportage documentaire. Ses différents projets lui auront permis deremporter de nombreux prix, et certaines de ses photographies sontaujourd’hui célèbres, le meilleur exemple étant celle de la « Jeune filleafghane au camp réfugié de Nasir Bagh » en 1984.

Le photographe couvrira ets’impliquera dans différentsconflits, comme celuid'Afghanistan donc, duCambodge ou encore laGuerre du Golfe. Steve McCurry est aussi réputé pourses portraits et son attraitpour le sud et le sud-est del’Asie. Il cherche à retracervia son œuvre la culture etles traditions de ceux qu’ilphotographie, l’élémenthumain présent au-delà duconflit.

Dans ce nouvel et colossal ouvrage, Steve Mc Curry propose une centainephotographies inédites proches de ses habituels travaux. Les clichés duphotographe couvrent une vaste période de sa carrière, certains remontantparfois jusqu’à 40 ans, et ont été pris de part et d’autre du globe. Au-delà desa maîtrise des couleurs et de la composition, ses portraits sont toujoursaussi frappants, et plonge le lecteur dans d’autres univers et d’autrescultures, parfois aux antipodes de notre vision du monde. Les clichés deSteve McCurry bénéficient de plus de place pour s’exprimer grâce à unsuperbe travail d’édition qui nous livre un ouvrage très grand formatparfait pour plonger l’œil dans l’œuvre du photographe.

Pour aller plus loin : Le Photographe, BD d'Emmanuel Guibert se déroulant durantla Guerre d'Afghanistan ; Magnum: 50 ans de photographies, qui ce concentre surdifférents travaux des membre de l'agence Magnum.

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L’autrice de ce livre, Dominique Gaulme, est à la base une spécialiste dela littérature américaine qui s’est ensuite tournée vers le journalisme,milieu où elle sera grand reporter en charge du tourisme pour "LeFigaro Magazine". Elle est actuellement directrice de la publication pourle magazine en ligne « Le Monde comme il va » et a déjà signé plusieursouvrages, évoquant les habits de pouvoir chez les hommes par exempleou retraçant l’épopée des premiers congés payés.

Les femmes de pouvoirs sontdangereuses s’inscrit, lui, au seinde la collection dirigée parLaure Adler « Les femmes qui…» chez Flammarion, et quijusque-là, c’était surtoutintéressée aux femmes dans lalittérature, qu’elles soientécrivaines ou bien mêmelectrices. Les femmes qui lisentsont dangereuses notamment,s’intéressait à la représentationdes femmes et de la lecturedans l’art occidental et sepenchait sur la vision de celle-ci par leurs sociétéscontemporaines.

Cette fois-ci, le nouvel opus de la collection ne se penche non pas sur desautrices mais plutôt sur des femmes de pouvoir, de toutes époques et detoutes les origines. Il y est donc autant question de Cléopâtre que deMargaret Thatcher, de souveraines que de symboles, de présidente qued’activistes. Ces différents portraits sont organisés par continentd’influence de leur propriétaire et sont toujours illustrés par une peintureou une photographie. Les textes traitent sans tabou des actes de cesfigures, parfois controversés encore aujourd’hui. L’ouvrage nous permetsurtout de découvrir des personnalités influentes méconnues ayantmarqué l’histoire puisqu’il évite l’écueil de rester trop centré sur le mondeoccidental.

Pour aller plus loin : Les femmes qui lisent sont dangereuses de Laure Adler etStefan Bollmann ; Sorcières de Mona Chollet, qui se penche sur la vision d'unautre genre de figure féminine à travers l'histoire.