mailto:h.peters@unsw.edu.au

Introduction: un parcours d’enseignement

• Pas une théorie, mais une expérience de classe

• Cours d’analyse de discours: niveau post-B1.

• Philosophie: écrire s’apprend: analyse textuelle et socio-culturelle.

• Approche double: linguistique et appliquée.

• Genres de discours: littéraire, publicitaire, journalistique.

• Types de textes: narratif, descriptif, argumentatif, poétique, explicatif.

• Ex: analyse de faits divers ou de slogans et travail d’écriture.

• Activités sur le type argumentatif: pastiche des séquence argumentative

• Pédagogie: l’utilisation de la fonction wiki dans Moodle, travail collaboratif,

discussion et correction en classe.

Le pastiche

La technique du pastiche consiste en un jeu ludique de réécriture imitant le style

d’un auteur (Aron et al. 2002 : 425-426).

En didactique, elle est souvent associée à une approche

active de la littérature. (Duval 2002).

Par MOTOI Kenkichi — Travail personnel, CC BY-SA 3.0,

https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=23800248

Le défi: Production écrite générale selon le CECR (p.51)

B1: Peut écrire des textes articulés simplement sur une gamme de

sujets variés dans son domaine en liant une série d’éléments

discrets en une séquence linéaire.

B2: Peut écrire des textes clairs et détaillés sur une gamme étendue de

sujets relatifs à son domaine d’intérêt en faisant la synthèse et

l’évaluation d’informations et d’arguments empruntés à des sources

diverses.

C1: Peut écrire des textes bien structurés sur des sujets complexes, en

soulignant les points pertinents les plus saillants et en confirmant un point de

vue de manière élaborée par l’intégration d’arguments secondaires, de

justifications et d’exemples pertinents pour parvenir à une conclusion

appropriée.

Les six principes clés de l’enseignement de l’écrit selon Cummins (2002)

1. Assign purposeful, relevant writing tasks

2. Promote student contact with members of the TL (target language) community

3. Foster relationship building among students

4. Encourage students to take control of their own learning

5. Allow students sufficient time to achieve curriculum goals

6. Limit and focus teacher talk in the classroom

Common Practices Needing to Be Questioned

1. Believing there is a single solution to the problem

of teaching […] writing

2. Using published texts as writing models

3. Requiring only TL use in the L2 classroom

4. Dwelling on error correction

5. Making assumptions about language learners as a

whole

6. Separating writing into component skills

Slogans

Un slogan est une formule concise et frappante qui

exprime une idée qu'un émetteur veut diffuser ou

autour de laquelle il veut rassembler (fonctions

respectives de recrutement, reconnaissance et

ralliement) https://fr.wikipedia.org/wiki/Slogan

Un slogan doit être… (Discutez en classe)

Analyse et écriture de slogans politiques et

publicitaires

Poétique (jeux sur les sonorités)

Performatif, persuasif

Drôle, humoristique

Aspect graphique, joli

En groupe, écrivez un slogan pour une cause qui vous intéresse.

Analyse et écriture de séquences argumentatives:

– L’argumentation, c’est « l’étude des techniques discursives permettant

de provoquer ou d’accroitre l’adhésion des esprits aux thèses qu’on

présente à leur assentiment. » (Perelman et Olbrechts-Tyteca 1958: 5)

• Textes: L’Appel du 18 juin 1940 (Adam 1999) et La bataille suprême… du 6 juin 1944

de de Gaulle (Reboul 1984, Adam et Herman 2003) et publicité «Clinique».

Organisation du discours (Adam 1999)

[3] Certes, nous avons été, nous sommes, submergés par la force mécanique, terrestre et aérienne,de l'ennemi. [4] Infiniment plus que leur nombre, ce sont les chars, les avions, la tactique desAllemands qui nous font reculer. [5] Ce sont les chars, les avions, la tactique des Allemandsqui ont surpris nos chefs au point de les amener là où ils en sont aujourd'hui. [6] Mais ledernier mot est-il dit ? [7] L'espérance doit-elle disparaître ? [8] La défaite est-elle définitive ?[9] Non ! [10] Croyez-moi, moi qui vous parle en connaissance de cause et [10’] vous dis querien n'est perdu pour la France. [11] Les mêmes moyens qui nous ont vaincus peuvent fairevenir un jour la victoire.

[12] Car la France n'est pas seule ! [13] Elle n'est pas seule ! [14] Elle n'est pas seule ! [15] Elle a unvaste Empire derrière elle. [16] Elle peut faire bloc avec l'Empire britannique qui tient la mer etcontinue la lutte. [17] Elle peut, comme l'Angleterre, utiliser sans limites l'immense industriedes États-Unis.

[18] Cette guerre n'est pas limitée au territoire malheureux de notre pays. [19] Cette guerre n'est pastranchée par la bataille de France. [20] Cette guerre est une guerre mondiale. [21] Toutes lesfautes, tous les retards, toutes les souffrances, n'empêchent pas qu'il y a, dans l'univers, tousles moyens nécessaires pour écraser un jour nos ennemis. [22] Foudroyés aujourd'hui par laforce mécanique, nous pourrons vaincre dans l'avenir par une force mécanique supérieure.

[23] Le destin du monde est là.

Modélisation de l’argumentation

1. Une concession : certes… mais… contenant une explication des

véritables causes et responsabilités de la défaite et invitant néanmoins à

continuer la lutte. [3-10]

2. Une argumentation par la cause introduite par car… rendant l’espoir en

la possibilité d’une victoire future. [11-22]

3. Un recadrage faisant passer de la perspective de la «bataille de France»

à celle d’une «guerre mondiale.» [18-20]

[3] Constatation de la déroute présente de l’armée française

[11] & [22] Foi en la victoire future par des forces alliées aux moyens supérieurs

La concession : une cause qui devrait agir, mais qui n’agit pas.

(Ducrot 1984, 2004, Anscombre 1985, Gross et Nazarenko 2004)

Certes P , mais Q

R - R

- Le locuteur concède l’argument P et les conclusions (implicites)

R (absence de danger) vers lesquelles l’argument P oriente;

- Le locuteur asserte l’argument Q, présenté comme plus fort que

P en faveur de la conclusion opposée –R: « sois prudent »

La concession : une cause qui devrait agir, mais qui n’agit pas.

(Ducrot 1984, 2004, Anscombre 1985, Gross et Nazarenko 2004)

Certes P , mais Q

R - R

- Le locuteur concède l’argument P et les conclusions (implicites)

R (absence de danger) vers lesquelles l’argument P oriente;

- Le locuteur asserte l’argument Q, présenté comme plus fort que

P en faveur de la conclusion opposée –R: « sois prudent »

La polyphonie = prise en charge ou non par le locuteur des points de vue exprimés par des énonciateurs

Certes P , mais Q = - R

R

1. La concession dans l’Appel du 18 juin 1940.

Certes, P [3]: « nous avons été, nous

sommes, submergés par la force

mécanique, terrestre et aérienne, de

l'ennemi. »Mais Q = - R: sous-entendus à [6-9] + 10: Le

dernier mot n’est pas dit… rien n’est perdu.

« le dernier mot est-il dit ? L'espérance doit-elle

disparaître ? La défaite est-elle définitive ? Non !

Croyez-moi, moi qui vous parle en connaissance

de cause et vous dis que rien n'est perdu pour la

France. »

R: le dernier mot est dit, …

la défaite est définitive,

bref tout est perdu →

cesser le combat. [2]

Certes P , mais Q = - R

R

« [4] Infiniment plus que leur nombre, ce sont les

chars, les avions, la tactique des Allemands qui nous

font reculer. [5] Ce sont les chars, les avions, la

tactique des Allemands qui ont surpris nos chefs au

point de les amener là où ils en sont aujourd'hui. »

Établissement des causes et des responsabilités de la défaite:

2. Argumentation par la cause

(Plantin 1999, Desclès et al. 2006)

Une question: l’événement B va-t-il advenir?

- Il existe un fait A

- Il existe une relation causale F1 → F2

- A est du type F1

- B est du type F2

- Conclusion: B se produira.

→

[11] Les mêmes moyens qui nous ont vaincus peuvent faire venir un jour la victoire. Car [12-17] la France

n'est pas seule ! Elle n'est pas seule ! Elle n'est pas seule ! Elle a un vaste Empire derrière elle. Elle peut

faire bloc avec l'Empire britannique qui tient la mer et continue la lutte. Elle peut, comme l'Angleterre,

utiliser sans limites l'immense industrie des États-Unis. (…) [21] Toutes les fautes, tous les retards, toutes

les souffrances, n'empêchent pas qu'il y a, dans l'univers, tous les moyens nécessaires pour écraser un

jour nos ennemis. [22] Foudroyés aujourd'hui par la force mécanique, nous pourrons vaincre dans l'avenir

par une force mécanique supérieure.

3. Recadrage (Adam 1999)

–

[18-20]: Cette guerre n'est pas limitée au territoire malheureux de notre pays. Cette

guerre n'est pas tranchée par la bataille de France. Cette guerre est une guerre

mondiale.

Modélisation complète

« La France, submergée depuis

quatre ans, mais non point réduite,

ni vaincue, la France est debout

pour y prendre part. » (La bataille

suprême est engagée…)

faire venir la victoire [11] vaincre [22]

NB: Un passage identique dans le discours du 6 juin 1944 (Reboul 1984, Adam et Herman 2003)

Argumentation linguistique

(concession) et rhétorique

(argumentation par la cause

et recadrage):

Ecrivons un pastiche de l’Appel sur la lutte contre le réchauffement climatique

Références

Adam J.M. (1999). Rhétorique de l’Appel: De Gaulle et Pétain en juin 1940. In Linguistique textuelle. Des genres de discours aux textes. (pp. 139-155). Paris, Nathan Université.

Adam J.M. et Herman Th. (2003). Discours de combat et argumentation épidictique: de Gaulle, discours du 6 juin 1944. Champs du signe 15: 137-157.

Anscombre J.C. (1985). « Grammaire traditionnelle et grammaire argumentative de la concession. » Revue internationale de philosophie 155: 333-349.

Aron, P. (2002) Pastiche. Dans P. Aron, D. Saint-Jacques et A. Viala (dir.). Dictionnaire du littéraire (pp. 425-426). Paris, PUF.

Desclés, J.-P. et A. Jackiewicz (2006). Abduction et prise en charge énonciative de la causalité. Linx [En ligne] 54, mis en ligne le 01

août 2007, consulté le 12 avril 2018. URL: http://journals.openedition.org/linx/500

Ducrot O. (1984) Esquisse d’une théorie polyphonique de l’énonciation. In Le dire et le dit (pp.171-233). Paris, Minuit.

Ducrot, O. (2004) Argumentation rhétorique et argumentation linguistique. Dans M. Doury et S. Moirand (dir.). L’argumentation aujourd’hui (pp.17-34). Paris, Presses Universitaires de la Sorbonne Nouvelle.

Duval, I. (2002). L’expérience de la poésie au collégial : Du sensible au littéraire. Québec Français (125), 54–59.

Conseil de l’Europe (2001) Cadre Européen Commun de référence pour les langues.

Gross G. et A. Nazarenko (2004). Quand la langue cause: contribution de la linguistque à la définition de la causalité. Intellectica1/38: 15-41.

Perelman, C et L Olbrechts-Tyteca. (1958). Traité de l’argumentation: la nouvelle rhétorique. Bruxelles, PUB.

Plantin C. (1996). L’argumentation. Paris, Seuil.

Reboul O. (1984). La rhétorique. Paris, PUF.

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