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Remettez l’Homme au cœur de l’économie / www.terra-economica.info N° 36 - Du 1 er au 14 mars 2007 / 17 REMETTEZ L’HOMME AU CœUR DE LÉCONOMIE www.terra-economica.info 36 du 1 er au 14 mars 2007 un jeudi sur deux Un monde 100 % recyclable VENDRE L’INVENDABLE Cas n°1 : la serviette hygiénique COMMERCE INÉQUITABLE Les Européens se sucrent à la betterave

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Remettez l’Homme au cœuR de l’économie

www.terra-economica.info

36 du 1er au 14 mars 2007

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Un monde100 % recyclable

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Brèves

Forum des lecteursn° 36 Sommaire

L’OBJET La pile ............................................./4

LE MARKETING EXPLIQUÉÀ MA MÈRETampons sans tabou ................../5

ENQUÊTEQuand l’économie tourne rond ................................./6-11

ALORS, L’EUROPE ?Les gros se sucrent à Bruxelles ........................................./13

ENRICHISSEZ-VOUS !A Dada sur l’Ouganda .............../14

LA BA DE LA SEMAINEUne bouff ée d’herbe ................../16

LES PARENTS PARTENT, LES ENFANTS TRINQUENT

Ils sont plus de vingt millions. Vingt mil-lions d’enfants qui vivent à des centai-nes de kilomètres de leurs parents, leur parlent une fois par mois au téléphone ou, pire, ont perdu tout contact avec eux. Avec l’exode massif de travailleurs ruraux vers les métropoles, la Chine se découvre une nouvelle génération de quasi-orphelins. Elevés par leurs grands-parents ou livrés purement et simple-ment à eux-mêmes, ces gamins restés au village inquiètent les autorités. Ils souff rent de solitude, affi chent de très mauvais résultats scolaires et nombre d’entre eux fi nissent par tomber dans la délinquance. Parmi les cas les plus choquants : un petit garçon s’est suicidé en avalant des pesticides et une fi llette a mis le feu à la maison de ses parents pour exprimer sa colère. En Chine, le nombre de travailleurs migrants s’élevait à 140 millions en 2005. // Pauline Hervé

Un petit bonhomme vert, le doigt dressé vers le ciel, clignote sur les murs des vil-les et voilà l’Amérique en émoi. C’était le 31 janvier dernier. A l’aube, les habitants de Boston et de neuf autres villes amé-ricaines ont découvert dans leurs rues des panneaux lumineux pas plus grands qu’un écran d’ordinateur. L’alerte lancée - et si c’était des bombes ? -, la police s’est précipitée afi n de neutraliser les petits hommes verts. Mais très vite, l’at-tentat - purement visuel - a été reven-

diqué : Turner Broadcasting, société de production télévisuelle, a avoué que les créatures faisaient partie d’une cam-pagne marketing pour le lancement d’une nouvelle série de dessins animés destinée aux adultes. « Consternant », a réagi le gouverneur Deval Patrick, avant de s’enfermer avec l’Attorney general, équivalent du ministre de la Justice, pour discuter des poursuites pénales possibles. On ne plaisante pas avec le terrorisme. // Karine Le Loët

CHASSE À LA PRIME POUR LA PLANÈTE« Wanted une idée géniale pour sauver l’environnement. » Avec une récompense de 25 millions de dollars à la clé pour celui qui dénichera le moyen d’absorber l’équi-valent d’un milliard de tonnes de dioxyde de carbone chaque année. C’est Richard Branson, le richissime pédégé de Virgin, qui vient de mettre à prix la peau de la pollution. Rien de moins. Certains n’ont pas manqué de faire remarquer que le geste est quelque peu paradoxal - ou hypocrite - pour le propriétaire d’une compagnie d’aviation. Et les premières idées émises laissent rêveur : remplir les océans de poudre de fer pour stimuler le développement de plancton, capable d’absorber le carbone ; ou encore ériger des arbres géants. Ce n’est pas gagné. // P. H.

PARANO SUR BOSTON

Félicitations à Terra Economica pour l’audace de cet article. Professer ouvertement de l’ad-miration pour un des pères de l’anarchisme, il fallait oser ! Car c’est peu dire que les pen-seurs libertaires sont passés de mode. Et pourtant, ils ont tant à nous apprendre. Eh oui, les « anars » ne se réduisent pas à la bande à Bonnot et autres ter-roristes consorts. Précurseurs

en bien des domaines (divorce, droit à l’avortement, libération des mœurs, etc.), les libertai-res n’ont jamais instauré de régime totalitaire, contraire-ment à leurs frères ennemis communistes. En revanche, lorsque vous qualifi ez Kropo de centriste, vous galéjez un peu, camarades, même si c’est rigolo ! Mais, nul n’est parfait. // Richard Bouton

GaléjadesRéaction à « Kropotkine, anarcho… centriste », Terra Economica n° 35 - 15 février 2007.

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Saint-Robinet, priez pour nous. L’Eglise unie du Canada (UCC), la plus grande organi-sation protestante du pays, conjure ses 590 000 fi dèles de boycotter l’eau en bouteille pour célébrer celle du robi-net. Cette décision offi cielle fait partie d’une prise de posi-tion contre la privatisation du précieux liquide. Pour cette église, à une époque où la demande mondiale en eau

dépasse les ressources, l’or bleu doit rester un bien col-lectif. Une attaque indirecte contre l’industrie de la bou-teille en plastique, qui génère chaque année 22 milliards de dollars dans le monde. Rien qu’au Canada, chaque habi-tant en consomme plus de 20 litres par an. Quid de l’eau bénite ? L’Eglise n’a pas pré-cisé sa position sur ce sujet. // P. H.

A Harvard, les aff aires ne sont pas juste un cours d’amphithéâ-tre. L’université privée américaine multiplie les achats, et vient ainsi d’investir dans Blockbuster Inc., l’un des spécialistes de la location de vidéos avec 8 500 magasins dans le monde. Un chèque de plus de 38 millions de dollars, qui fait de Harvard le 13e plus gros actionnaire de Blockbuster Inc. Une broutille pour l’université la plus riche des Etats-Unis : elle affi che un capital de 29,2 milliards de dollars. Placé dans 11 000 fonds diff érents, celui-ci est géré par une centaine de traders et de money mana-gers employés de la Harvard Management Company (HMC) qui, en 2005, s’est enorgueillie d’un retour sur investissement de 16,7 %. // Anne Bate

VADE RETRO, BOUTEILLE D’EAU !

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RÉAGISSEZ. Vos contributions seront publiées dans ce ForumContact : [email protected]

HARVARD SE LA JOUE MULTINATIONALE

Réaction à l’article « Dans les coulisses

du transport pétrolier », Terra Economica

n° 35 - 15 février 2007.

Je vous trouve bien complaisants

avec la multinationale Total. Certes,

cette entreprise n’est pas l’unique res-

ponsable de l’Erika, mais le cynisme

dont se drapent ses dirigeants est

intolérable. 13 milliards d’euros de

bénéfices, première capitalisation

boursière hexagonale, trouvez-vous

défendable que Total pinaille pour un

milliard d’euros, la somme réclamée

par les victimes de l’Erika ? Je note au

passage la discrétion des candidats à

l’élection présidentielle sur le sujet.

Incroyable ! Le monde économico-

fi nancier exercerait-il une pression sur

les politiques ? // Tristan

Complaisants

Je suis québécoise d’origine, et préoccupée par les bouleversements que vit notre planète, mais également par la désinformation qui affl ige nos médias (au Québec également !). J’ai malheureusement honte d’être canadienne depuis la nomination de notre gouver-nement Harper, qui va à l’encontre du protocole de Kyoto. Il cède devant les Etats-Unis, qui remplissent leurs caisses en récupérant le pétrole de l’Alberta. La pollution que toute cette extraction de sable bitumineux génère est alarmante. Y a-t-il un équivalent de Terra Economica au Québec ou au Canada ? J’aimerais participer et agir, même si 6 600 km séparent Paris de Montréal ! // Une lectrice

La réponse de la rédaction :Chère amie, nous profi tons de votre courrier pour saluer nos lecteurs francophones. Comment participer ? Faire connaître des magazines comme le nôtre est une première idée. Vous pouvez aussi vous engager dans l’association des Amis de Terra Economica :www.terra-economica.info/amis

PARTICIPERRéaction à l’article « Participez à l’aventure Terra Economica ! »,

Terra Economica, septembre 2006

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L’OBJET

LE GROS MOT LA PETITE PHRASE

En Europe, nous sommes bercés par

l’illusion d’en avoir déjà assez fait. ”

Macédoine Voici une ques-tion à 78 euros par mois (soit

un smic chinois) : où placeriez-vous la Macédoine sur une carte ? Avouez-le, vous n’avez aucune idée de la bonne ré-ponse. Peu importe. Le gouvernement macédonien vous off re une chance unique de combler vos lacunes culturel-les à peu de frais. Depuis plusieurs semaines, Skopje, la ca-pitale de l’ancienne République yougoslave de Macédoine, nom offi ciel du pays, s’off re des encarts de publicité dans les quotidiens sur le thème : « Investissez en Macédoine, le nouveau paradis d’aff aires en Europe. » Avec des arguments massue du genre : « impôts sur le profi t réinvesti le plus bas en Europe (0 %) ; une procédure d’établissement des sociétés rapide (3 jours) ; main d’œuvre disponible (sic) et compétitive (370 euros bruts mensuels en moyenne) ». Sans oublier le détail qui tue : « pays-candidat à l’adhésion à l’Union euro-péenne ». Dépassée, la concurrence déloyale des paradis fi scaux. Ringardisé, le dumping social des pays émergents. Dans l’espoir de ramasser quelques miettes de mondiali-sation, le gouvernement macédonien livre son pays tout entier et sans discernement à l’appétit des investisseurs étrangers. // David Garcia

Le directeur général du Pro-gramme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), Achim Steiner, dans les colonnes du journal allemand Bild am Sonn-tag. Selon le diplomate, « les Américains et les Asiatiques re-

font rapidement leur retard » en matière d’énergies renouvela-bles. Pour lui, « le problème [du changement] climatique ren-contré aujourd’hui n’a pas été créé par la Chine mais d’abord par les pays occidentaux ».

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: Cire

La pileUn milliard de piles, pour un poids total de 30 000 tonnes, ont été vendues en France

en 2005. Que l’on s’en serve ou non, elle usent surtout l’environnement.

Constat : produire une pile alcaline implique une énergie 50 fois supérieure à celle générée par cette même pile. Lors de sa fabrication, trois ressources sont nécessaires : du zinc, du bioxyde de manganèse et du fer, importés des cinq continents. En France, deux sociétés se partagent le marché. Les nord-

américaines Duracell, anciennement propriété de Gillette (ré-cemment avalée par Procter & Gamble), et Energizer. Une pile alcaline sur cinq vendues en France l’est sous la marque Dura-cell. Produits dans son usine de Belgique qui alimente toute l’Europe, les petits accumulateurs parcourent les kilomètres qui les séparent des rayons des supermarchés français par la route.

Depuis le 1er janvier 2001, la loi oblige le citoyen à rap-porter les piles usagées dans les lieux autorisés où el-les seront collectées puis transférées sur des sites de recyclage. L’Agence de l’environnement et de la maî-trise de l’énergie (Ademe) estime que cette opération de recyclage recquiert « jusqu’à 10 fois l’énergie né-cessaire » à la fabrication d’une pile neuve. Toujours selon cette source, « 73 % des piles, accumulateurs et batteries fi nissent enfouis ou incinérés avec les ordu-res ménagères ». Comment agir ? En préférant les accumulateurs rechargeables aux piles jetables. Les accumulateurs ont une durée de vie bien su-périeure et sont environ 200 fois moins polluants que ces dernières. // Quentin Hardy

Le rapport de l’observatoire de la pile de l’Ademe : www2.ademe.fr/servlet/doc?id=40060

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Finies, les publicités

pudiques pour les

protections hygiéniques.

Aujourd’hui, celles-ci

s‘affi chent sans tabou

pour mieux toucher

les consommatrices.

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Prêt à sauver le monde. Un jeune homme qui joue à se prendre pour Jack Bauer, le héros de la série

24 heures chrono, reçoit les ordres d’un président imaginaire, avec, vissé à son oreille… l’une des serviettes hygiéniques de son amie. Avec la nouvelle campagne lancée sur Internet par Nana (1), on est bien loin des publicités télévisées des an-nées 1980 qui évoquaient pudiquement les capacités d’absorption « des fl uides » des serviettes, démonstration avec liqui-de bleu à l’appui. Le marché de l’hygiène féminine s’est décomplexé.

Ruée sur le NetLa France comptait, en 2005, 16 millions de femmes de 13 à 50 ans, consommatri-ces potentielles, qui utilisent en moyenne 290 protections par an. Ce qui représente un marché de 336 millions d’euros an-nuels pour les fabricants, selon Group’Hy-giène, l’organisme professionnel français des produits à usage unique pour l’hy-giène, la santé et l’essuyage. « Les ventes baissent doucement depuis quelques an-nées, explique Jean-Claude Hauviller, de Group’Hygiène, pour des raisons simples comme le vieillissement de la population. » Cette baisse rend d’autant plus essen-tielle les stratégies des fabricants pour attirer à eux les utilisatrices.Première règle : capter ces dernières dès la puberté. « Pour ce genre de produit, il est classique que la consommatrice reste fi dèle toute sa vie à la première marque achetée », remarque Emmanuel Brunet, rédacteur du blog Conseils-marketing.com. Et pour draguer les adolescentes, les marques misent principalement sur le Net. Le site de Tampax « Being a Girl » propose aux jeunes fi lles un « calendrier périodique » pour les aider à connaître la date de leurs

prochaines règles. La perle revient certai-nement à Nett, qui sur son site « Truc de fi lles », propose deux fi lms mettant en scène des tampons en vadrouille en dis-cothèque, devenus les stars des boîtes de nuit grâce à leur « costume en voile qui glisse sur la piste ».

Brut de décoff rageDepuis quelques années, les profession-nels du marketing ont abandonné les campagnes allusives et pudiques. Les publicités d’aujourd’hui sont brutes de décoff rage. Comme ces affi ches de Nett : gros plan sur une râpe à fromage avec cette question : « C’est ça, l’eff et que vous fait un tampon en début et fi n de règles ? » « Aujourd’hui, les femmes sont demandeu-ses de ce genre de discours direct et plus terre à terre, remarque Emmanuel Brunet. Sans tabou et décomplexé, et même pour-quoi pas avec un peu d’humour. » Le but de l’agence La Chose, qui a réalisé les fi lms pour Nana, est précisément d’« explorer

une nouvelle façon de parler des serviettes et de renouer avec les valeurs fondatrices de la marque : féminité et impertinence ». Ces spots ne sont diff usés que sur le Net et pas à la télévision. Peut-être sont-ils ju-gés trop choquants pour le grand public.

Innovations techniquesLes innovations plus ou moins techni-ques ne sont pas pour autant remisées au placard. Après la course à la serviette ou au tampon qui absorberait le mieux « les fl uides » – la mention de sang reste taboue dans le monde éthéré de la publi-cité –, l’heure est venue de parler confort, parfum, hydratation, douceur de la soie ou du coton. « C’est normal, ajoute Em-manuel Brunet, car pour les marques ins-tallées, il est impératif de sortir de temps à autre des nouveautés pour refaire parler d’elles. Il ne s’agirait pas de s’endormir sur l’image de la marque. De plus, une inno-vation est aussi le moyen de récupérer les fi dèles d’autres marques. » La course à la « féminité performante » est loin d’être terminée. // Caroline Boudet

(1) www.lesensdelafeminite.com

Le marché de la serviette

Procter & Gamble Chiff re d’aff aires mondial (2006) :

51,93 milliards d’euros.Marques : Always (leader du marché français des serviettes), Tampax.

Georgia Pacifi c France Chiff re d’aff aires mondial (2006) :

non communiqué. Marques : Net (leader avec 46 % du marché français des tampons), Vania, Kotidya.

SCA Hygiene Products Chiff re d’aff aires mondial (2006) :

159 millions d’euros.Marque : Nana.

LE MARKETING expliqué à ma Mère

sans tabou Tampons

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Enquête

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Fabriquer, consommer, jeter. Fabri-quer, consommer, jeter… Tous les jours, la publicité appelle à dire

adieu à son ancienne voiture ou à se débarrasser de sa télévision ringarde. Acheter favorise la croissance et la crois-sance est profi table à tous. Or, cette logique conduit à une épouvantable accumulation de déchets. Pour y remé-dier, on peut prôner la décroissance : consommer moins, produire moins. On peut préférer mettre en place une éco-nomie circulaire, par opposition à cette économie linéaire, sorte de tapis roulant qui conduit en masse les produits de l’usine à la décharge.L’économie circulaire consiste, pour reprendre l’expression de Nicolas Hulot (1), à « rapprocher nos écosystèmes industriels du fonctionnement équilibré et quasi-cyclique des écosystèmes natu-rels ». Une utopie ? Pas forcément. Elle est d’ailleurs déjà à l’œuvre, notamment via le tri sélectif, auquel les consommateurs

Le déchet d’une entreprise devient

la matière première d’une autre :

tout le monde y gagne, la planète

comme les entrepreneurs. Economie

circulaire, recyclage, éco-conception,

produits résistants… Plongée dans

le monde de l’économie écologique.

de tuyaux reliant fermement ses indus-tries les unes aux autres. La raffi nerie de pétrole Statoil ne rejette plus l’eau dans la rivière mais la transmet à la cen-trale électrique Asnaevaerket qui l’utilise comme eau de refroidissement. Echange de bons procédés, la centrale fournit de la vapeur à la raffi nerie ainsi qu’à d’autres entreprises et aux habitants, qui se chauff ent avec. Produisant de l’élec-tricité à base de charbon, Asnaevaerket rattrape cette faute de goût écologique en recyclant ses émanations de dioxyde de souff re. Transformées en gypse, cel-les-ci sont utilisées comme matériau de construction par un fabricant de placo-plâtre qui s’évite par la même occasion l’importation de ces matières premières depuis l’Espagne, avec les économies de transport routier que cela implique. Et cætera. La communauté d’entreprises – désignée sous le nom de « symbiose » – de Kalun-

dborg se targue ainsi de réaliser d’en-thousiasmants bénéfi ces pour l’environ-nement : cette coopération permet de consommer 25 % d’eau du lac en moins, de réduire la consommation de pétrole de 20 000 tonnes ou encore d’épargner à l’atmosphère plusieurs dizaines de milliers de tonnes de gaz carbonique par an.

sont de plus en plus sensibilisés. Même si, selon l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), environ 80 % des ordures ménagères fi nissent encore à l’incinérateur ou en décharge. Mais l’économie circulaire regorge de promesses, réalisables, à condition d’y

croire et d’accepter un profond change-ment de nos mentalités.C’est un vieux rêve : faire travailler les hommes main dans la main. Et pourquoi pas aussi les entreprises ? L’utopie a pris forme au Danemark, avec une spon-tanéité qui laisse encore aujourd’hui ses acteurs tout ébaubis. Kalundborg, bourg de 20 000 habitants, est traversé

l’économie

A Kalundborg, au Danemark, on a réduit la consommation de pétrole des entreprises de 20 000 tonnes par an.

tourne rond

Quand

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Mais l’« écosystème » mis en place par ces industriels, avec l’appui de la collectivité locale, n’est pas qu’un cadeau à l’envi-ronnement. Il est aussi très rentable. Si les investissements eff ectués depuis une trentaine d’années sont estimés à 75 mil-lions de dollars, les économies réalisées atteindraient 15 millions de dollars… chaque année.

L’angoisse de l’écologieL’exemple danois a donc fait des émules. Il est devenu la référence d’un mouvement baptisé « écologie industrielle », qui s’étend peu à peu en Australie, au Canada, et sur-tout en Chine, où la construction d’une dizaine d’écoparcs – comme on nomme ces regroupements d’entreprises s’échan-geant des matériaux et de l’énergie – a été lancée, sous l’impulsion de l’Etat. Ces éco-parcs doivent s’articuler chacun autour d’une fi lière, comme le sucre ou l’alumi-nium. Plus près de la France, la Belgique tente elle aussi l’expérience avec Kaiser-baracke, une coopération entre diverses sociétés liées à l’industrie du bois, du côté d’Amel, en Wallonie. Et l’Hexagone, alors ? Pour le moment, rien de bien concret. L’association Ecopal

essaie de mettre en place un écoparc à Dunkerque, où DK6, une grosse centrale de Gaz de France – d’une puissance d’en-viron 800 MW – produit de l’électricité en partie en réutilisant du gaz industriel issu de l’usine de production d’acier d’Arcelor. « Ici, il y a un tissu industriel important et un fort réseau de petites et moyennes entreprises, explique Daniel Truy, vice-président d’Ecopal. Mais lorsque nous avons commencé, il n’existait quasiment rien en termes de synergie et d’échange. » Le dialogue inter-entreprises n’est pas une spécifi cité française. « Les dirigeants de PME que je rencontre me disent sou-vent qu’ils ne peuvent pas travailler en coopération avec une autre entreprise parce qu’ils ont du secret professionnel, témoigne Jean-François Vallès, dont la société, e-Parc, est spécialisée dans la gestion durable des parcs d’activité. Mais l’argument ne tient pas, car les PME font souvent appel au même comptable ou au même avocat. Autre argument : la crainte de voir leur partenaire mettre la clé sous la porte. Là encore, ils sont pourtant tout à fait capables de passer des accords avec des fournisseurs dont ils ne connaissent absolument pas la solidité. » Afi n de les

convaincre, ce consultant doit d’abord les aider à « recréer du lien », en les faisant collaborer sur un projet moins angois-sant que l’écologie, « qu’ils connaissent mal et vivent comme une contrainte ». Pour débuter tout en douceur, les sociétés peuvent ainsi partager la même société de surveillance, le même restaurant d’en-treprise ou encore le même prestataire pour le recyclage du papier.Pour que le mouvement décolle, « il faut agir sur deux leviers », selon Alain Grand-jean, président de la société de conseil Capitalisme durable. D’une part, « un levier règlementaire, avec des contraintes juridiques intelligentes, qui obligent les entreprises à s’occuper de la fi n de vie des produits, comme c’est le cas des directi-ves européennes sur les déchets électro-niques (2) ou sur les automobiles (3). Et pas de complications administratives pour réutiliser des déchets [actuellement, les démarches peuvent durer 18 mois pour des matières très encadrées]. » D’autre part, « un levier économique, les prix. A l’en-trée, plus les matières premières seront chè-res, plus l’entreprise aura intérêt à recycler. A la sortie, plus le prix de retraitement sera élevé, moins elle voudra faire de déchets. »

8 / N° 34 - Du 1er au 14 février 2007 www.terra-economica.info / Remettez l’Homme au cœur de l’économie

Enquête

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Denis. « Il reste énormément de questions sur les méthodes à utiliser pour mettre en place une écologie industrielle, confi rme Jean-François Vallès. C’est la raison pour laquelle il faut qu’il y ait des subventions publiques, afi n de pouvoir lancer des expé-rimentations. » Théorisée par un ingénieur américain, Braden Allenby, l’écologie industrielle

est à l’origine une théorie très libérale, comme le rappelle Dominique Bourg, fi gure tutélaire de l’économie circulaire en France, bien qu’il enseigne désormais à l’université de Lausanne. « Or c’est une bêtise de penser que cela peut se mettre en place sans une politique publique », ajou-te-t-il. « Aux Etats-Unis, l’administration

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Clinton a donné un coup d’accélérateur à l’écologie industrielle. Tout comme le MITI [le ministère de l’Economie] au Japon, rappelle Franck-Dominique Vivien, maître de conférences à l’université de Reims-Champagne-Ardenne. Or, depuis le Sommet mondial sur le développe-ment durable de Johannesburg, en 2002, on constate un retrait relatif des pouvoirs publics, qui laissent surtout l’initiative aux entreprises. »

La maison en cotonChez Auxilia, on considère pourtant que les enjeux dépassent la sphère industriel-le. Benoît Duret, chef de projet au sein de l’association, préfère ainsi la dénomi-nation d’« économie territoriale ». « Nous travaillons notamment avec la ville de Lille, en partenariat avec Gaz de France. Nous analysons les fl ux de matière consommés par le territoire (énergie, eau, produits alimentaires, etc.) afi n de lui donner un outil d’aide à la décision qui lui permet-tra notamment de lancer des partenariats nouveaux, tels que la réutilisation de texti-les d’origine végétale (coton, par exemple) comme matériaux isolants pour des habi-tations écologiques », explique-t-il. Autre piste : le réseau d’eau industrielle que la ville a hérité de l’époque où elle accueillait de nombreuses fi latures. Cette eau non potable mais propre n’est plus utilisée, elle remonte et inonde les sous-sols. Lille la récupère déjà pour arroser les espaces verts du parc zoologique et étudie d’autres possibilités de recyclagePoussée à fond, cette logique circulai-re donne à rêver. Imaginons, demain, une société où plutôt que de jeter, nous chercherions à savoir si ce dont on se débarrasse peut intéresser un voisin ou un collègue. Cela conduirait chacun à s’ouvrir aux autres, et donnerait même l’occasion d’off rir des cadeaux. Pour pas un rond. // Nicolas Filio

(1) Pour un pacte écologique, Nicolas Hulot, Cal-

mann-Lévy, 2006, 282 pages, 18 euros.

(2) Directive des équipements électriques

et électroniques ou D3E.

(3) Directive VHU pour véhicule hors d’usage.

« Il faut convaincre les industriels et les politiques que l’environnement ne s’oppose pas à l’économie, ajoute Jean-Luc Denis, directeur de BeCitizen Strategy, cabinet de conseil en développement durable. Le rapport Stern [qui affi rme que le réchauf-fement climatique plombera l’économie mondiale de 5 500 milliards d’euros si rien n’est fait dans les dix ans qui vien-

nent] peut nous aider à y parvenir. » Lors-que les entreprises seront prêtes à se lan-cer dans l’écologie industrielle, il faudra qu’une off re réponde à leur demande. « J’ai eu l’occasion de travailler sur des pro-jets où il y avait la volonté de créer un écoparc mais où le promoteur n’avait rien de concret à proposer », raconte Jean-Luc

Il faut convaincre industriels et politiquesque l’environnement

ne s’oppose pas à l’économie.“

Consultez notre dossier « Tout se recycle » (L’emballage est une ordure, le recyclage mis en boîte, etc.)

www.terra-economica.info/a2993.html

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« Réduire les poubelles du monde ». C’est la mission que s’est fi xée Véronique Sébire en lançant Urgania il y a dix mois. A Beaupréau, dans le Maine-et-Loire, son entreprise crée des vêtements à partir de textiles recyclés. L’éthique et l’écologie sont conjuguées à tous les niveaux : l’atelier a été rénové en respec-tant l’environnement ; les prix suivent un calcul transparent, détaillé sur le site Internet de l’entreprise, Urgania.com ; pour les créa-tions demandant un nombre d’heures de travail élevé, la société fait appel à un chantier d’insertion ; elle met le pied à l’étrier à des stagiaires et ouvre sa vitrine à des créateurs indépendants et isolés. « On répare aussi des vêtements que les gens nous apportent parce qu’ils ne veulent pas s’en séparer », explique Véronique Sébire.

Ni peinture, ni ronce de noyerAvec, en tête, l’idée de lutter contre la course au renouvellement et au gaspillage qu’in-duit la mode. « On peut aussi toucher ceux qui courent les magasins, car nos vêtements sont beaux et uniques », affi rme-t-elle. Après s’être impliquée pendant plusieurs années dans l’univers associatif, Véronique Sébire y a trouvé des limites : « Pour vraiment changer les choses, il faut aller dans le champ de l’en-treprise. »Pousser le consommateur à évoluer, c’est

aussi l’une des ambitions de Victor Massip, cofondateur de la société de design Faltazi. « Il faut que les gens sachent qu’un produit peint, c’est un matériau altéré par un autre, et donc diffi cilement recyclable. Idem pour un produit imprimé. Il faudrait privilégier les mar-quages en creux. Il faut opter pour des objets plus concentrés, avec plus de choses dans une pièce et non pas plus de pièces. A-t-on vraiment besoin de ronce de noyer sur un tableau de bord de voiture, par exemple ? » Ces réfl exions sont à la base de l’« éco-conception », un mouvement qui réfl échit au cycle de vie d’un produit, à son empreinte écologique « du ber-

Et si les entreprises

prenaient en compte

l’impact écologique

et social d’un produit

dès sa conception ?

Certaines s’y emploient,

parfois aidées

par des convertis.

Du berceauà la tombe

Enquête

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Recycler, c’est beau, faire durer, c’est mieux. Pour que les produits cessent d’accomplir un trajet express de l’usine à la benne, il faut en fi nir avec l’ère du « jetable » et pouvoir compter sur des produits résistants. Un téléphone mobile peut vivre entre trois et sept ans. Mais en France, son propriétaire le dégage en moyenne au bout de dix-huit mois. Il faut dire que la publicité sait encourager à l’infi délité en ringardisant ce qu’elle promouvait peu de temps avant. L’industrie high-tech fait fi gure de triste modèle. On en vient à acclamer le nouvel ordinateur portable de la société Twinhead, au motif qu’il se dit « conçu pour être durable ». Pourtant, avec l’augmentation du prix des matières premières et la prise en compte croissante du coût du recyclage, les entreprises devraient être amenées à mieux s’intéresser à la longévité de leurs produits. C’est notamment le cas de Michelin. Si les pneumatiques ne sont pas vraiment

Produits durables

Aller plus loin

Exemples et liens sur l’écologie industrielle : www.ecoparc.com/ecologie-industrielle/demarche.php

Le Pôle français d’écologie industrielle :www.france-ecologieindustrielle.fr

Kalundborg expliqué en anglais :www.symbiosis.dk Et fi lmé en français :www.tsr.ch (taper « Kalundborg » dans le moteur de recherche)

Le rapport Stern (en anglais) : www.hm-treasury.gov.uk (à télécharger dans la section Independant reviews)

La démarche de l’éco-conception : www.ecobilan.com

L’Ademe :www.ademe.fr/eco-conception www.ademe.fr/dechets

Le recyclage : www.prorecyclage.com

Réduire ses déchets : www.reduisonsnosdechets.fr

les meilleurs amis de l’environnement, le manufacturier français tente de les faire durer le plus longtemps possible. Du moins pour les véhicules les plus chers. « Les nouveaux pneus que nous vendons pour des voitures haut de gamme permettent de réaliser 25 % de kilomètres en plus par rapport à la moyenne des meilleurs concurrents », se félicite Pierre Menendes, directeur de la communication technique du groupe. « Nous informons aussi nos clients du danger d’avoir des pneus sous-gonfl és, de la hausse de consommation de carburant et de l’usure prématurée que cela implique », ajoute-t-il.

Servir plutôt que vendreBibendum a ainsi installé trente stations de gonfl age à usage gratuit sur le réseau autoroutier. Car, précise Pierre Menendes, « pour assurer la croissance de l’entreprise, il faut satisfaire les exigences du consommateur. Et il attend des pneus qui durent le plus longtemps possible. »

De Michelin à Xerox, quelques exemples d’entreprises

qui ont choisi d’en finir avec l’ère du jetable.

ceau à la tombe ». Faltazi vient ainsi de déve-lopper pour Rowenta un aspirateur qu’on peut actuellement voir dans un spot télévisé slalomer dans un appartement, percuter une commode, sans aucun dommage ni pour lui ni pour le meuble. La publicité insiste sur la résistance de l’engin, oubliant de préciser qu’il a été conçu en utilisant deux fois moins de matière qu’un aspirateur ordinaire, qu’il consomme 20 % d’électricité en moins et que son recyclage est facilité par les composants utilisés.

La bouilloire qui ne bout pasVictor Massip a également travaillé sur une bouilloire à réglage de puissance, pour ne chauff er l’eau qu’à 70 degrés au lieu de 100. Largement assez pour un café, en économi-sant 30 % d’énergie. « L’éco-conception peut s’appliquer à tous les produits, affi rme-t-il. Mais elle demande un gros investissement au départ. » Il faut donc convaincre les chefs d’entreprise qu’ils y ont intérêt. C’est ce que

cherche à faire Hélène Teulon via sa société de conseil, Gingko 21 : « On joue un peu sur le côté émotionnel, en leur projetant un passage du fi lm d’Al Gore, Une vérité qui dérange, sur le changement climatique. Mais on insiste sur-tout sur l’aspect “innovation”. L’environnement pose de nouvelles questions. Y répondre oblige à innover et cela permet de gagner en compé-titivité. » L’éco-conception peut donner des résultats stupéfi ants : avec le soutien de l’Ademe, la société Luminox a par exemple conçu des blocs d’évacuation – les fameux panneaux « exit » – consommant dix fois moins d’éner-gie que la normale. Le mouvement n’en est toutefois encore qu’à ses balbutiements. « L’association des professionnels de l’éco-conception, l’Apedec, a calculé récemment qu’il n’y avait que l’équivalent de cent personnes à temps plein à travailler en France sur le sujet, raconte Hélène Teulon. Mais depuis deux ans, il y a de plus en plus de demandes de formation, le mouvement décolle. » // N. F.

En s’éloignant encore un peu plus de l’idéologie du vite consommé vite jeté, on peut mettre en place une économie dite « de fonctionnalité ». Le principe : passer de la vente d’un bien à celui d’un service. Xerox fait ainsi fi gure de pionnier dans le domaine. Plutôt que de vendre ses photocopieurs aux entreprises, il les loue puis, en cas de panne, les répare ou recycle les composants dans de nouvelles machines. Pour fonctionner, cela implique que les produits durent, mais cela permet en retour d’inscrire les partenariats avec ses clients dans le long terme. « La même logique s’applique facilement au monde du nettoyage, explique Alain Grandjean, président de la société de conseil Capitalisme durable. On peut livrer le service de propreté plutôt que les produits d’entretien. Ou encore, les énergéticiens comme EDF pourraient s’engager à assurer une température moyenne dans les bâtiments plutôt que de vendre des kilowattheures. » // N. F.

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LU d’ailleurs

La Toile en campagneSource

Alain Duhamel renvoyé sur le banc de touche des émissions télé et radio à la suite d’une déclaration publique en faveur de François Bayrou, fi lmée et diff usée sur le Net. Après la vidéo en ligne de Ségolène Royal fustigeant « ces professeurs du public qui donnent des cours de soutien scolaire dans des sociétés cotées en Bourse », la Toile a gagné ses galons de poil à gratter de la campagne présidentielle. Du pain bénit pour iPol, un hebdoma-daire Web qui décrypte la lutte des candidats pour le diplôme de chef de l’Etat à travers la lorgnette du Net. Un

travail de professionnel, réalisé par des anciens de Canal + et de Paris Première. Une voix off et des mini-reportages bien rythmés éclairent ainsi « l’autre campa-gne, celle qu’on ne voit pas à la télé ». Comment les communistes gonfl ent-ils les chiff res de visionnage des vidéos de Marie-George Buff et sur Dailymotion ? Nicolas Sarkozy va-t-il, lui aussi, succom-ber à l’appel du monde virtuel Second Life ? A quoi ont vraiment servi les débats participatifs de Ségolène Royal ? Autant de sujets à découvrir sur le site d’iPol. Et déjà une victoire : à la suite d’un reportage d’iPol, le Front national

Jeunesse a retiré un lien vers un site mettant en avant des vidéos fascistes italiennes. // K. B.

Pour une plongée dans la campagne virtuelle :

www.ipol.fr

Et si le débat politique, boudé par la télé, se réfugiait sur le Net ?

Chaque semaine, iPol scrute les joutes virtuelles des présidentiables.

La palme de l’idéela moins verte

Pari (vert) manqué pour les Néerlandais. Ils avaient misé, il y a quelques années, sur l’huile de palme en provenance d’Asie du Sud-Est, raconte l’agence canadienne Science presse. Avec pour objectif zéro émission de gaz à eff et de serre, puisque « les biocombustibles dérivés des plantes absorbent du carbone durant leur croissance et en relâchent dans l’atmosphère lorsqu’ils brûlent ». L’équation est idéale, mais loin de la réalité. Car les cultures de palmiers, fortement subventionnées, ont entraîné le déboisement de grandes étendues de forêt équatoriale. Et « l’Indonésie est devenue en peu de temps le troisième plus important producteur d’émissions de car-bone après les Etats-Unis et la Chine ». Le programme de subventions est désormais suspendu et le gouvernement néerlandais a annoncé qu’il verserait une compensa-tion aux Indonésiens pour les dommages que la production de l’huile de palme a pu causer à leur pays. // Karen Bastien

www.sciencepresse.qc.ca

A la Saint-Valentin, les Américaines ont plongé sans risque le nez dans leur bouquet : aux Etats-Unis, les fl eurs sont garanties sans larves ni insectes. Mais à quel prix ! En Colombie, 110 000 travail-leurs locaux s’empoisonnent à coup de pesticides. Selon le quotidien nord-américain en ligne The Enquirer, le grand frère américain, s’il refuse toute bestiole, ne contrôle pas, comme pour les fruits et légumes, la présence de résidus chimiques. Et les exploitants colombiens, afi n de ne pas laisser fi ler leurs 62 %

de part du marché fl oral américain à leurs concurrents chinois ou africains, abusent des pesticides et des fongicides. Floverde, association d’exportateurs de fl eurs, traque les abus sanitaires et milite pour la conversion de ces exploitations à la culture organique. Mais bannir les pesticides risque de limiter leur clien-tèle : les Etats-Unis gardent leurs frontières fermées aux insectes immigrants. // K. L. L.

http://news.enquirer.com

La Colombie malade de ses fleurs

Ouverture de la chasse aux cerveaux

Revenez à la maison ! C’est le cri du cœur que l’Afrique du Sud lance à ses milliers de travailleurs partis à l’étranger. Confronté à une fuite des cerveaux qui menace son développement, le pays met en place des mesures pour faire revenir ses chercheurs et employés qualifi és, révèle le quotidien africain en ligne Mail & Guardian. Nombre d’entre eux ont fui le pays ces dernières années pour des raisons allant de la crimi-nalité très élevée au manque de moyens accordés à la santé et la recherche. Sans oublier « l’eff et pervers des politiques de discrimination positive envers les noirs, qui bloque parfois les blancs face à l’emploi ». En attendant, université et hôpitaux souf-frent d’une pénurie de professeurs et d’in-fi rmiers. Et l’on cherche toujours les ingé-nieurs qui aideront à construire les stades pour la Coupe du monde de football en 2010. Mais l’Etat le promet : il va sortir la monnaie pour faire revenir les enfants au pays. // Pauline Hervé

www.mg.co.za

La Chine à l’âge du bronzage

Ce n’est pas dans les rayons de beau-té chinois que les Européennes ou les Américaines se dépayseront. Nivéa, L’Oréal, Estée Lauder… Les marques occi-dentales se partagent, en Chine, la moi-tié du marché de la crème de visage. Seule nuance : jusqu’ici, les produits pour blanchir la peau occupaient les rayons par centaines. Mais la Chine change, rap-porte la BBC, et ses mœurs aussi. Nouvel objectif : imiter les signes de la richesse occidentale. Les Chinois troquent donc l’écran total pour l’huile de monoï, histoire de conserver la trace d’un coûteux séjour au soleil. Ils emboîtent même le pas de leurs cousins occidentaux sur le marché de la « triche » : le premier centre de bron-zage vient d’ouvrir en Chine. Contre 4 à 25 dollars la séance, il permet aux riches d’affi cher des couleurs occidentales. Mais quid du risque de cancer ? Motus pour le moment. // Karine Le Loët

http://news.bbc.co.uk

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Remettez l’Homme au cœur de l’économie / www.terra-economica.info N° 36 - Du 1er au 14 mars 2007 / 13

Ne vous fi ez pas aux per-roquets et aux paysages exotiques qui ornent les

paquets de sucre. Le plus souvent, leur contenu provient de cultures betteravières bien de chez nous. En 2005, 20 millions de tonnes ont été produites sur le sol de l’Union européenne, ce qui place le Vieux continent au deuxième rang des producteurs mondiaux. Près de 52 000 personnes tra-vaillent dans cette industrie, dont 8 600 rien qu’en France. Pour les palmiers et la moiteur des tro-piques, il faudra donc repasser. Car le secteur est très protégé par l’Union européenne. Cette dernière établit, depuis 1968, un prix minimum garanti trois fois supérieur aux cours mondiaux, assorti d’un plafonnement de la produc-tion et de limites à l’importation. Pas fa-cile, donc, pour les acteurs non européens de pointer le bout de leur nez. C’est pour cette raison qu’accompagnés de plusieurs ONG, dont Oxfam et le WWF, les pays du Sud ont réclamé il y a quelques mois la re-fonte du dispositif.La réforme votée par Bruxelles en 2006 semble aller dans leur sens. En apparence seulement. Elle prévoit une baisse drasti-que des subventions aux producteurs des Etats membres, ainsi que la levée progres-sive des barrières à l’importation. Mais les premiers résultats, publiés le mois dernier, ne sont guère encourageants. Le marché européen reste « étanche ».

Promotion sur le chocolatAujourd’hui, l’UE produit davantage de sucre qu’elle n’en consomme. L’excédent repart ensuite à l’assaut du marché mon-dial, dopé par des subventions à l’expor-tation. En 2004, l’OMC a ainsi condamné Bruxelles pour « concurrence déloyale » envers le Brésil, l’Australie et la Thaïlande. Mieux, l’institution a accordé un délai de deux ans à Bruxelles pour supprimer les

aides à l’exportation. Avec la réforme, la Commission tablait sur une baisse de pro-duction volontaire des usines européen-nes les moins performantes, en échange d’une aide fi nancière. Pari manqué. Sur une réduction escomptée de 5 millions de tonnes sur la période 2006-2008, la Com-mission n’en a obtenu que 2 millions. Un fonds de restructuration, fi nancé par les producteurs, a pourtant été prévu pour susciter les reconversions. Mais celles-ci sont trop lentes et favorisent les grandes exploitations.Mariann Fischer Boel, chargée de l’agricul-ture et du développement rural à la Com-mission européenne, assure pourtant que « la production de sucre sera maintenue là où elle se révèle la plus appropriée et les ex-ploitants concernés seront généreusement indemnisés pour la perte de revenus engen-drée par la diminution des prix. » Le texte, qui prévoit une baisse de 30 à 40 % des prix du sucre et de la betterave sur quatre ans, réjouit surtout l’Association européenne des industries du sucre, du chocolat et de la confection. En eff et, ces dernières esti-ment qu’un coût d’achat trop élevé freine la demande européenne. Au Sud, la réforme ne convainc pas non

Il y a un an, l’Europe choisissait d’entrouvrir ses portes au sucre

des pays du Sud. Qui peinent à obtenir leur part du gâteau.

Les gros se sucrent à Bruxelles

ALORS, L’EUROPE ?

plus. Car la fi n des limites aux importations risque de casser les prix pour les pays d’Afrique, Caraïbes et Pacifi que (ACP), qui bénéfi ciaient de tarifs avan-tageux. L’équation est simple, explique Jean-François Snees-sens, professeur d’économie à l’université de Louvain. « Si les pays en développement aug-mentent leurs exportations vers l’Europe de 32 %, alors leurs re-cettes chuteront de 20 %. Sans quotas, la concurrence sera plus forte, et les prix baisseront pour tous. » Sur la même longueur d’ondes, les pays du Sud mi-litent donc pour le maintien de limites à l’importation en échange de prix plus élevés. En vain pour l’instant.

Mais cette nouvelle donne n’est pas néga-tive pour tout le monde. Au Brésil, premier producteur mondial de sucre, les grandes exploitations jouissent de coûts de pro-duction très faibles (200 dollars la tonne, contre 875 en Jamaïque). Un rythme que les petits producteurs ne peuvent suivre. C’est l’eff et boomerang de la réforme de l’UE. De grandes fi rmes européennes, comme Béghin-Say, ont déjà racheté plu-sieurs sites. La concentration du secteur est déjà en marche. // Laure Meunier

Les activités de l’UE en matière d’agriculture :http://europa.eu/pol/agr/index_fr.htm

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Le marchémondial du sucre

L’industrie sucrière mondiale génère un chiff re d’aff aires de 75 milliards de dollars par an. Elle emploie 18 millions d’agriculteurs et 1,8 million d’ouvriers dans 113 pays du monde. Un Européen consomme 34 kg de sucre par an.

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À DADA SUR L’OUGANDA

ENRICHISSEZ-VOUS !

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DANS LE POSTE QUAND LA FRANCE ÉTAIT UN EMPIRE // A l’heure où le mot « colonisation » déchire la classe politique, France 5 se penche sur l’époque où la France revendiquait des territoires sur les cinq continents. Du XVIe siècle à la guerre d’Algé-rie, 400 ans d’histoire sont disséqués par quatre historiens. Colonisation et décolonisation, le cas français, dimanche

4 mars, 16 h, France 5.

EN RAYONSLES LAISSÉS-POUR-COMPTE BANCAIRES // Comment créer son entreprise quand les banques refusent de fi nan-cer l’activité ? Réponse : en ayant recours à la microfi nance. L’ouvrage de Sylvain Allemand emmène le lecteur pour un petit tour du monde d’exemples de microcrédit, depuis le Chili jusqu’à la France. La microfi nance n’est plus une utopie !, Sylvain Allemand, Ed. Autrement, 208 pages, 20 euros.

QUEL SUPERMARCHÉ POUR LA PLANÈTE ? // 850 mil-lions de personnes ne mangent pas à leur faim sur la Terre. En 2050, il faudra trouver des ressources pour alimenter trois milliards d’humains supplémentaires. Comment procé-der ? Faut-il recourir aux OGM ? Comment économiser les

ressources en eau, rares et inégalement réparties ? Le livre de Bruno Parmentier fait le point sur la question de l’ali-mentation et du devenir de l’agriculture. Nourrir l’humanité,

Bruno Parmentier, Ed. La Découverte, 276 pages, 22 euros.

SUR LES ONDESCULTURE CHIMIQUE // Pourquoi les abeilles désertent-elles les champs et ne parviennent-elles plus à se reproduire ? Saviez-vous qu’une pomme, avant sa commercialisation, est traitée une vingtaine de fois ? L’émission Terre à Terre propose à ses auditeurs une plongée dans le monde des pesticides et des engrais. Masque à oxygène recommandé. Les pesticides, « Terre à Terre », samedi 3 mars à 7 h 05. France Culture.

L’EUROPE EN DÉBAT // A l’approche des élections prési-dentielles, l’émission « L’économie en questions » propose de débattre sur l’Europe. En abordant les questions d’harmonisa-tion de la fi scalité européenne, du projet constitutionnel et de réformes politiques et économiques, les invités examineront le contenu et les conditions éventuelles d’application des pro-grammes des principaux candidats. Europe, « L’économie en

questions », lundi 12 mars à 19 h 30, France Culture.

Mégalo, parano, burlesque et sanguinaire, le général Amin Dada avait tout pour plaire.

Les portraits croisés d’un dictateur africain et de son conseiller blanc éclairent

brutalement les rapports Nord-Sud.

Attention, chef-d’œuvre ! Contre toute attente, Le Dernier Roi d’Ecosse, signé Kevin Macdonald et librement inspiré d’un roman de Giles Foden, est un fi lm sobre qui ne verse ni dans la critique moralisatrice ni dans la complaisance envers son sujet. Un exploit au vu du gabarit hors normes d’Amin Dada, président dictateur de l’Ouganda entre 1971 et 1979. Ce colosse de deux mètres, campé par un Forest Whitaker plus vrai que nature, a laissé le souvenir d’un fou furieux intégral : 300 000 morts, une économie minée par le surendettement, la corruption et l’hyperinfl ation, une agriculture ruinée, des usines détruites ou abandonnées…

En kilt, au son des cornemusesPourtant, le général putchiste fut accueilli en héros par la population. Et avec un certain soulagement par la communauté internationale, pas mécontente d’être débarrassée du président Obote, soupçonné de sympathies socialistes. C’était l’époque de la Guerre froide. Un temps aussi où de jeunes occidentaux aisés sillonnaient la planète, en quête

de sensations fortes. Nicholas Garrigan, Ecossais fraîchement diplômé de médecine, fait partie de cette génération de baby-boomers en rupture avec le monde de papa. Engagé dans un dispensaire perdu au fi n fond de la campagne ougandaise, il croise par hasard la route du président. C’est le coup de foudre réciproque. Le jeune Britannique est prié de donner son t-shirt « Scotland », en échange de la veste bardée de médailles du général. Le président, qui adore parader en kilt au son des cornemuses, ne s’est-il pas autoproclamé dernier souverain d’Ecosse ?Bombardé conseiller spécial, le docteur Garrigan devient l’éminence grise du président. Fasciné par son mentor, il refuse de voir les massacres et la fuite en avant du régime. Jusqu’au jour où, rongé par le remords, il tente d’assassiner le président. Raté. Suspendu à deux crocs de boucher, Garrigan échappe de peu à une mort atroce. « Tu es venu en Afrique pour t’amuser, mais la véritable Afrique, c’est celle que tu vois aujourd’hui », lui assène Amin Dada. Une parabole brutale des rapports Nord-Sud. // David Garcia

Le Dernier Roi d’Ecosse,

de Kevin Macdonald,

avec Forest Whitaker,

Gillian Anderson et James

McAvoy. 2 h 05. Interdit

aux moins de 12 ans.

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Remettez l’Homme au cœur de l’économie / www.terra-economica.info N° 36 - Du 1er au 14 mars 2007 / 3

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TERRA ECONOMICA

Ont participé à ce numéro (ordre alphabétique inversé) : Toad, Laure Meunier, Karine Le Loët, Pauline Hervé, Quentin Hardy, David Garcia, Nicolas Filio,

Anne Favalier, Cire, Chloë, Roxane Arleo, Philippine Arnal, Roxane Arleo // Direction artistique : Denis Esnault, Sébastien de Poortere // Responsable de la rédaction : David Solon // Systèmes d’information : Gregory Fabre // Conseillers abonnement : Baptiste Brelet, François Terrier // Directeur de la publication : Walter Bouvais // Terra Economica est édité par la maison Terra Economica, SAS au capital de 102 167 euros - RCS Nantes 451 683 718 - Siège social : 42, rue La Tour-d’Auvergne, 44 200 Nantes // Principaux associés : Walter Bouvais (président), Gregory Fabre, David Solon, Doxa SAS // Cofondateur : Mathieu Ollivier // Impression du magazine par Dupli Print, 2, rue Descartes, ZI Sezac, 95 330 Domont // Dépôt légal : à parution // Numéro ISSN : 1766-4667 // Commission paritaire : 1011 C 84334 // Numéro CNIL : 1012873 // Lisez-nous, abonnez-vous sur notre site Internet : www.terra-economica.info/abo, ou par courriel :[email protected] ou en nous appelant au 02 40 47 42 66.

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le produit « miracle » existe bel et bien. Extrait de la luzerne,

il est fabriqué en France.

au rendez-vous. Depuis novembre 2006, 70 tonnes seulement ont été livrées ou réservées par des associations au Mexique, en Afrique et en Inde. 80 % de la luzerne française est produite en Champagne-Ardenne. Dans cette région, une seule des quatre coopératives de producteurs de luzerne – APM Déshy – s’est mise aux normes pour produire l’EFL selon le strict cahier des charges établi par le comité scientifi que de Prolivim. Si les démarches successives de Danielle Fancony auprès des Etats aboutissent à des autorisations d’importation (1) du produit, tout reste à faire pour créer un réseau structuré à l’intérieur même des pays. En attendant que les ONG répondent à son appel, le moindre contact est exploité : associations locales, voyageurs, etc. Un couple parti faire le tour de monde s’est même engagé à distribuer le paquet de 25 kilos d’EFL qui leur sera expédié dans chaque pays où ils séjourneront. Mais les choses doivent aller vite. « Au risque de péricliter, pense Xavier Roy, président d’APM Déshy et associé de Prolivim, car le développement de ce marché est lié à des questions politiques. Et si la demande décolle, c’est pour nous un pari régional : d’ici à deux ans, la fi lière luzerne doit se structurer pour créer une usine spécialisée dans la production d’EFL. » Et enfi n, une industrie européenne aidera le reste du monde à vivre mieux.// Philippine Arnal

(1) Le produit est notamment distribué au Niger, au Cameroun, au Maroc,

à Madagascar, au Mexique, au Pérou et en Inde

Le site de l’Apef : www.nutrition-luzerne.org

Il est rare que les intérêts économiques rejoignent les intérêts humanitaires. C’est pourtant le cas aujourd’hui autour de l’EFL,

l’extrait foliaire de luzerne, un complément nutritionnel qui pourrait sauver des populations entières de la famine et de la malnutrition. Plus riche que le lait en acides gras, il apporte aussi trois acides aminés essentiels : les protéines, le fer et la vitamine A. « Avec 5 à 10 grammes par jour et par personne de cette poudre verte mélangée à l’alimentation de base, l’anémie disparaît en trois mois, et la santé des femmes et des enfants est renforcée », explique le comité scientifi que de l’association de promotion des extraits foliaires, l’Apef. Pendant des années, ce produit miracle a été distribué gratuitement, en guise de test, dans vingt pays d’Afrique et d’Amérique Latine. Mais pour le valoriser, permettre sa production et sa distribution à grande échelle, il était nécessaire de mettre en place une structure de commercialisation. La société Prolivim a donc été créée en novembre 2006 à Reims, par une dizaine d’associés aux profi ls très diff érents : industriels, commerciaux et scientifi ques. Chacun a investi de sa poche et sert bénévolement, par sa fonction et ses compétences, la petite entreprise. « Jusqu’à présent, les producteurs de luzerne ne voyaient pas l’intérêt de produire pour “ les pauvres “. Maintenant qu’ils sont en diffi culté, ils sont bien contents qu’on leur propose un nouveau débouché plus rentable que l’alimentation animale. Avec la tonne de luzerne à 280 euros, ils ne vivent pas. Nous la leur achetons 650 euros. Vous comprenez pourquoi ils commencent à s’intéresser au projet ? », explique sans langue de bois Danielle Fancony, gestionnaire de la société. Prolivim vend ensuite le produit aux associations humanitaires à 1 000 euros la tonne, soit 4 euros par an et par enfant, beaucoup moins cher que les produits distribués actuellement par les ONG, dit-elle.

Une jeune pousse fragileCette femme de 50 ans, décoratrice d’intérieur à Reims, a pris à bras le corps le projet et y consacre son sens du relationnel et son carnet d’adresses. Mais pour l’instant, la demande n’est pas

Une bouffée d’herbe

La BA de la semaine