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UN

MANUSCRIT INCONNUDU

LIBER MIRACULOB.UM SÂNCTE FIDIS

PAR

M. L'ABBÉ BOIJILLET

Associé correspondant national de la Société des Antiquairesde France.

Extrait des Mémoires de la Société nationale des Antiquairesde France, t. LVIII.

PARIS

4899

-Document -

O II Il II 1111101111111 III 11100000005548231J

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UN

MANUSCRIT INCONNU

Du

LIBER MIRÂCIIILORUM SANCTE FIlMS.

Lorsque je publiai, en 1897, le Liber miracu-lorum sancte Fidis 1 ., neuf manuscrits, presque tousfragmentaires, dont la plupart existent encore,m'avaient fourni les éléments de mon travail. Autexte le plus important, - celui d'un manuscritde la bibliothèque de Schlestadt, - les autresmanuscrits avaient ajouté l'appoint d'un appen-dice assez considérable. Cependant je ne mecroyais pas encore en possession du texte com-plet, et je souhaitais hautement que des cher-cheurs plus heureux que moi eussent la bonne

1. Liber miracutorum sanetePidù, publié d'après 'e manus-crit de la bibliothèque do Schiestadt, avec une introductionet des notes, par M. l'abbé A. Bouillet. Paris, Picard (Col-leotioft de textes pour servir à l'étude et à l'enseignement del'histoire), in-S., 1897.

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h UN MÀNUSCRIT INCONNU

fortune de rencontrer des manuscrits encore igno-rés et des récits inédits. Mon voeu vient de rece-voir une première réalisation.

M. Salesses, capitaine du génie, originaire duRouergue, chargé d'étudier en ce moment l'avant-projet d'un chemin de fer à établir dans la Guinéefrançaise, occupe depuis plusieurs années ses loi-sirs, pendant ses séjours en France, à recueillirles documents que peuvent lui fournir les dépôtsd'archives et les bibliothèques relativement à l'his-toire de son village natal. Se trouvant dernière-ment aux archives de Rodez, son attention futattirée par une feuille de parchemin qui servait decouverture à un registre cadastral. Il examinal'écriture dont est couvert ce parchemin et n'eutpas de peine à se convaincre qu'il avait sous lesyeux un feuillet double provenant d'un manuscritdu Livre des miracles de sainte Foy. Le capitaineSalesses m'annonça sa découverte et me fit envoyerune copie du précieux manuscrit, dont je fis unepremière étude. J'ai pu ensuite, grâce à l'obli-geal)ce de M. le Directeur des archives et à l'em-pressement de Ni. l'Archiviste de l'Aveyron, con-tinuer mon étude à Paris sur le manuscrit même,et c'est le résultat de mon examen que je voudraiscommuniquer aujourd'hui à la Compagnie.

Le fragment conservé aux archives de Rodezétait la feuille extérieure d'un cahier, vraisembla-blement le dernier du volume dont il faisait par-tie. Chaque feuillet mesure environ Øï6 sur

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DU LIBER MRACULORUM SANCTE FInIS. 5

chaque page porte tracées à la pointe trente lignes;aux deux premières pages, la première ligne estrestée sans emploi. L'écriture appartient aucommencement du xi? siècle. Le manuscrit devaitêtre déjà dépecé au xvi 6 on voit au bas de laquatrième page que notre feuille a servi de che-mise pour classer des Prosnze (sic) de l'an 1572;la même date se retrouve deux fois à la premièrepage. On lit encore dans la marge de cette der-mère cette indication, écrite aussi au xvi' siècleTaille pour ung chascun consul monte xviij «ivres)xiij «oIs) iiij d(eniers) que !ault envoyer en avrilà Ville [(ranche).

La première page tout entière et les cinq pre-mières lignes écrites de la seconde offrent la suited'un récit dont nous ne connaissons pas le début.Il s'agit de la résurrection d'un certain Théodoricqui, avant sa mort, n'avait jamais entendu parlerde sainte Foy, et dont le premier souci, eu reve-nant à la vie, fit de s'engager à aller remercier,dans son sanctuaire de Conques, celle qui la luiavait rendue; ce qu'il fit bientôt après. Dans laprose du récit sont intercalés treize vers hexa-mètres léonins. Voici d'ailleurs la transcriptionde cet important fragment; il ne se trouve dansaucun des manuscrits qui ont servi à l'édition duLiber miracuiorian.

sima sanctç Fidis maguiflcentia. Namomnibus sanctQ Fidis potenciam deprecantibus,

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(jUN MANUSCRIT INCONNU

Ma Theodoricus, tantç virtutis amicus,Qui fuit egrotus fremuit cum corpore lotus,Ad seseque redit sanus vehit atque resedit;Antea qui mutus stabat fuit ecce locutus,Et quod non norat Fidis almç nornen honorat,Exciamans Itus : Tristes deponite /lcttzs;Rein verain dico quod martir et inc/isa vii-goDicta Fidc.ç fortis me nunc discrimina raortisEffagisse dedit, morbosa lues que recedit;Si quid restabit sanuni scio me solidabit;Ergo nunc alacres illi persolvite gratesAdpresens, cf ego, non facto tempore longoEjus honorificum dispouam viscre temptum.

« Sic senior Theodoricus ah infirmitate conva-lescens sanct Fichs virginis et martiris virtutemet nomen in omnium qui adstiterant audientiapredicabat cujus nec etiam famani, quandia sanusextiterat, alicubi audierat. Ergo non est dubitan-dom virum istum vitali cabre fuisse destitutum,cum resuscitatus Iocutus fuerit quç quandiu invita carnali conversatus est ignoravit. Accidisseenim multociens audivimus quod quidam in ipsoexitu animQ perspicaciter inulta conspexisse pro-bantur, quç ces ]atebant dum anima corporea moledeprimeretur, quod et Gregorius pienius exequl-tur, CUIfl in libre dialogo de subt:ilitate animç dis-putare dinoscitur. Quod satis competenti testi-monio rei hujus aptatur, quia quod omni temporevivons ignoverat per exeuntis animç subtilitatenicognovisse comprobatur, et ita fecisse manifes-

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DU LIBER MIIUCULORUM SÂNCTE rIDES. 7

tnm, dum anima ipsa per sanctQ Fidis merita adproprium reversa esset corpusculum. Unde vir111e voti obnoxius, non adhuc etiam corporeisrecuperatis viribus, equis evectus ad ipsius sanctçFidis virginis venit in presentia ejus corporeagratias relaturus. »

Deux lignes restées en blanc, à la suite de cerécit, étaient sans doute destinées à recevoir, enlettres rouges, le titre du chapitre suivant, dontnous n'avons que les vingt-deux premières lignes.Le manuscrit célèbre de la bibliothèque de Char-tres, écrit au xiv0 siècle, et qui porte le nomd'Apothecai'ius moralis monasterii S i Petri Carno-tensis, postérieur en date au fragment de Rodez,contient un récit qui parait être un arrangementde celui dont ce dernier contient le début; on letrouvera à l'appendice du Liber nviracu . lorum, sousce titre De quodani Sarraceno qui captus, persanctam Fidem liberatus, christi anus factus Jo-hannes vocatus esø.

L'Arabe dont parle le manuscrit de Rodez,d'abord ennemi acharné des chrétiens, se con-vertit, reçoit le baptême et tourne sa bravourecontre les païens; ceux-ci le font prisonnier et sacaptivité est permise par Dieu, afin que sa déli-vrance miraculeuse fasse éclater davantage lapuissance de sainte Foy. Celui dont il est questiondans le manuscrit de Chartres est encore païen

1. P. 239.

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S UN MÂrtLÎSCRIT INCONNU

lorsqu'il est fait prisonnier; c'est un de ses com-pagnons de captivité qui le convertit et lui per-suade de prier sainte Foy pour en obtenir sadélivrance. Une fois libre, il se fait baptiser àJérusalem et accomplit le voyage de Conques pourremercier salibératrice. Cependant les deux récits,malgré leurs différences, offl'ent d'évidentes res-semblances. C'est ainsi que des phrases entièresdu plus ancien se retrouvent dans le plus récent,et qu'il y a similitude complète des noms propresd'hommes, de villes, de peuples et de régions.

Afin de permettre la comparaison, je transcrisce qui reste du texte dans le manuscrit de Rodez

« In tanta. sanctQ Fidis miraculornin copia quod-dam inserere studuimus quod valde impossibileputaretur, ni Donnions electorum suorum virtutesmuftis prodigiis innotescere volens, ita pronun-classe cerneretur Opera qup ego faeio facietis, etmajora horum facietis t . Erat igitur in Ilierosoli-mitanoruin confiniis quidam paganus, genereAgarenus, militari vaitudine salis promptus,Christia.nos, sicuti legi divine contrarias, cum eisbellum gerendo, multoties insequntus. Sed tan-dem, Dei interveniente misericordia, gentilitatisrenuncians superstitionihus, ad baptismum con-volais factus est christianus. Joharnes autem inbaptismo nuncupatus fuit, qui et etiam ex virtutemilitaris audatiae ferreus cognominabatur. Hoc

1, Joan., XIV, 42.

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DU LIBER MIRÂCULOItUM SÂNCTE FID1S. 9

modo quidem versa vice superstitiosç infidelitatisinimititiam quaxn contra Christianos exercuerat,in paganos transtulit, Deique confisus auxilio,acrior in infideles insurgere coepit, cos atqueimpugnatione creherrima atrivit. 15 ergo temporequodam ad indictum bellum progressus, in campoqui vocatur Artha, lino fere miliario distante aDamasco, confligebat vi nia-na cum hostibus. Sedpostremo nulla prosperitate usus, Dei exigentejuditio, qui flayellat omnera fihium quem reeipit4,maximeque ad clarificandam sanctç virginis niar-tyrisque Fidei gloriam, ut in subsequentibus clarepatebit, Johannes cum multis Christianis captusatque in civitatem, que Galla dicta est, doctes,in carcerem sub multiplici custodia est retrusus,vinculis ferreis miserabiliter astrictus. Cathenaetenim miri ponderis plunibus nodis circumejus ..... »

Le second feuillet du fragment trouvé auxarchives de Rodez contient la fin du récit de lafondation du prieuré de Schlestadt; on le trou-vera en entier à la fin de l'appendice du Liber;niraeulorurn 2 . Je n'insiste pas sur les variantes.Je veux m'arrêter à une remarque plus impor-tante.

Hildegarde, fondatrice de l'église de Schlestadt,et son époux Frédéric de Biiren, un seigneur de

1. Ulebr., XII, 6.2. P. 269.

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10 UN MANUSCRIT INCONNU

Souabe, eurent, entre autres enfants, Conrad, quimourut en 1 091, et Frédéric, duc de Souabe etd'Alsace, qui fonda le château de Ilohenstaufen,et mourut à son tour en 4105. Un des fils de cedernier, Conrad III, monta en 1437 sur le trôneimpérial d'Allemagne et fut le premier empereurde la maison de Hohenstaufen, qui finit en fl68par la mort de Conradin.

Or, l'auteur du récit de la fondation du prieuréde Schlestadt raconte l'apparition de Conrad, filsd'Huldegarde, à un soldat qu'il charge de diversesrecommandations pour Frédéric, son frère, encorevivant. Il lui annonce même, selon la version dumanuscrit de Schlestadt, que la race de Frédéricrégnera sur le Saint-Empire jusqu'à la fin de cedernier, si lui-même et ses descendants s'occupentde relever l'église dédiée à sainte Foy. Les auteursdes Monumenta Gennaniae 1 en concluent que lerécit a été rédigé après 410 8 et avant 14 37, datede l'avènement de Conrad III au trône d'Aile-magne.

Cela est vrai du texte publié dans les filonu-menta, d'après un manuscrit du xii 6 siècle prove-nant d'Aarau; ce que nous possédons de la versionde Rodez est identique à celle d'Aarau, et dateégalement du XTI6 siècle. Quant au texte que j'aipublié, c'est celui qui a été écrit au XIII0 sièclesur une double feuille de parchemininsérée plusLard dans le volume du Liber miraculoruni sancte

1. Tom. XV, pars n, p. 996.

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DIT LIBER MIRÂCULOILOM SANCTE FInIS.11

Fidis de la bibliothèque de Schlestadt. II est donctrès postérieur à l'avènement de Conrad III. Aussiy voit-on clairement que les Hohenstaufen sonten possession du trône, a tenipoi'e quo auperRomanuni imperium regnare cepit. Quant à la pro-phétie elle-même, il est visible qu'elle a été faitepar quelque copiste' dans l'intérêt et pour l'avan-tage du prieuré de Schlestadt. Il va sans direqu'elle ne se trouve ni dans le manuscrit d'Aa-rau ni sur le fragment de Rodez, qui cependantrapportent l'un et l'autre, en termes identiques àceux du manuscrit de Schlestadt, l'apparition deConrad et le reste de son discours. Conrad ydemande seulement que son frère relève l'églisede sainte Foy, afin d'assurer, en récompense, laprospérité à leur famille et de lui procurer, à luiConrad, le repos éternel en l'arrachant auxflammes du Purgatoire. Du règne des Hohenstau-l'en, il n'est en rien question.

Je transcris le passage correspondant dans lesdeux versions

t. Le même copiste, sans doute un moine du prieuré deSchlestadt, a fait, dans la partie du récit qui ne se trouvepas sur le manuscrit de Rodez, d'autres additions que, parconséquent, je n'ai pas à examiner ici. Je veux seulementconsigner que le texte primitif se terminait avec ces motstotum possederunt. C'est encore le copiste de Schlestadt quia ajouté à la suite « Omnipotentem glorificantes qui ducitad inferos et reducit, mortifient et vivilicat, pauperem facitet ditat, hurniliat et sublevat secreto consilio sua et investiga-biti, qui in Trinitate perfecta vivit et regnat Deus per eternasecula. Amen. . (Cf. tif,. inirac. S. Ridis, p. 275.)

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12 UN MANUSCRIT INCONNU

Ms. DE RODEZ.

Duel etiam ducas quodco signo quo eum cum adimperatoris curium pro fi-ciscentem usque S portamoppidi essem prosequtus ibimulta secreta que ipse solusscit in aure mihi fuisset b-tutus, sciat se fulurum om-nium fratrttn4 superstitemet heredem, omnium quequi in famibia nostra jtue-rint ditiorein. ifune maxi-me deprecor ut me in peri-cuiopositum respiciat ; hancecclesiam guam sanctç Fidicommutiiter donavimus modis omnibus exaitare sata-gat, et ut sua propago abomni infortunio defensa sos-pes et incobomis semper gau-deat, et ego ab incendiisgelienne ercptus [et icit alefruar perpetua, hoc comuneprçdium in sanetç Fidisusum transferat.

Ms. DE SCIILFnÂIT.

Friderico duel etiam di-cas quod eo signo quo eumcum «cl imperatoris curiumpro ficiscentem u.sque adpor-tam opidi essem prosecutus,ibi m.ulta secreta que ipsesolus scit in aure micitifuisset toqutus, sciat se fu-turum omnium fratrum meo-rum superst item et heredem,omnibusque qui in familianostra fuerunt diciorem,ejus que propaginem a (cm-pore quo super Romanumimperium regnare cepit us-que ad ejus imperii finemregnaturum, si hanc eccle-siam, quam sancte FkIicommuniterdonavimus,ipseipsiusque futura progeniesmodis omnibus studuerit su-biimare «e sub sua protec-tione et custodia tibera etpaciflea per frui feeerint bi-bertate. Huneigitur maximedeprecor, ut me in perieubopositum respiciat, et ut suapropago ab omni infortuniodefensa sas pes et ineotumissemper gaudeat, et ego «bincendiis gelàenne ereptusfeticitate fruarperpetva, hoccommune predium-in sancteFichs usutn transferat.

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DU LIBER MIBACULORUM SANCTE FInIS. 13

Ainsi, les manuscrits de Rodez et d'Aarau don-nent le texte primitif; le tqxte de Schlestadt a étéretouché et légèrement amplifié dans le but .deménager au prieuré les bonnes grâces des Hohens-taufen devenus puissants'.

II y a tout lieu de croire, d'après les indica-tions relevées plus haut et d'après sa présenceaux archives de Rodez, que le manuscrit qui faitl'objet de ce mémoire n'est jamais sorti duRouergue; peut-être a-t-il été écrit à Conquesmême, dont la riche abbaye était le centre duculte de sainte Foy'. Dans cette hypothèse, d'ail-leurs tout à fait vraisemblable, la présence, dansun tel recueil, du récit de la fondation du prieuréde Schlestadt indique assez quelle importanceavait pour la maison mère sa fille d'Alsace, etquel soin on apportait à conserver le souvenir deson établissement.

Les trois fragments de texte que nous offre lemanuscrit de Rodez ont été écrits successive-ment par trois mains différentes, toutes trois duxii5 siècle; il est facile de s'en convaincre par le

t. Le manuscrit du Livre des miracles conservé à l'abbayedo Melk, écrit au xxvt ou au xve siècle, contient le récit dola fondation du prieuré de Schlestadt. On y lit aussi la pro-phétie posthume relative aux Hohenstaufen.

2. J'ai dit ailleurs (Lié. mirac. S. Pidis, préface, P. xxvi)les raisons qui militent en faveur do l'origine conquoise dumanuscrit do Schlestadt.

k

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14 UN MANUSCRIT INCONNU

plus rapide examen des caractères paléogra-phiques. Une quatrième main a ajouté, à la suitedu récit de la fondatioz) du prieuré de Schlestadt,aussi au XII° siècle, une liste intéressante. C'estl'inventaire d'un certain nomhre d'objets servantau culte, que possédait sans doute l'église à la-quelle appartenait le manuscrit.

En voici la transcription« Cortinas bonas iiij. - Albas I; bonis, excepto

alias quarum non est numerus. - Brosdes 4 vj. -Manipulos xxxv. - Stole de auro friso cum ma-nipulis iv; vij de pallio cum manipulis; de ca-pella 2 ij. - Casulas bonas viij. - Dalmaticas vij.- Collarios 3 viiij. - Pectines eboreas vij. -Cappas Constantinopolitanas xl; de Ispania xxx.- Curcibaldos 4 viii. - Pallia frisa ij; Constan-tinopolitana xviij. - Pallia de altaribus vj. -Pallia de Ispania viij. - Vexilla xiij. »

La trouvaille du capitaine Salesses mérite toutà la fois mes félicitations et mes remerciements;les uns et les autres lui sont assurés. Il ne serait

f. Broderies. (Du Cange.)2. Faisant partie d'une chapelle portative. (Du Cange.)3. Il s'agit probablement ici d'une sorte de collerette qui,

dans certains diocèses du midi de la France, et aussi enEspagne, se porte sur la dalmatique du diacre et la tuniquedu sons-diacre. Cf. V. Gay, Glossaire arc1ztot., art. COLLET

LITURGIQUE.

4. Tuniques de sous-diacre. (Du (lange.) Cf. V. Gay, op.oit., art. COURTTBAIJT.

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DU LIBER MIRACITIOltflI SANCTE F11315. 15

pas impossible qu'il se trouvât encore aux archivesdépartementales de l'Aveyron d'autres feuilletsdu manuscrit dont l'existence vient de nous êtrerévélée. Puisse quelque heureux chercheur lestirer bientôt, s'ils existent, de la poussière et del'oubli!

Nogent-Ic-Rotrou, imprimerie DAUPLEY-GOUVERNEUR,