UN INDICE MULTICRITRE DE SANT FINANCIRE POUR LES SUCCURSALES BANCAIRES

UN INDICE MULTICRITRE DE SANT FINANCIRE POUR LES SUCCURSALES BANCAIRES

Ridha Zmitri (PRO-DECISION),1Jean-Marc Martel (Universit Laval)2

etYves Dumas (Confdration des Caisses Populaires Desjardins)3

Rsum. Les auteurs proposent un indice multicritre pour valuer la sant finan-cire des units bancaires (succursales ou autres composantes). Leur indice prenden considration limportance relative, lhtrognit et le caractre conflictueldes critres de sant financire. Il repose sur une approche multicritre de typePROMETHEE sadaptant bien laspect multidimensionnel du mcanisme dins-pection bancaire. Y recourir devrait signifier une plus grande efficacit dinspec-tion.

I. INTRODUCTION

Les structures complexes, ltendue des gammes de services ainsi que lahausse des effectifs et de la clientle dune unit bancaire (succursale ou autre com-posante) en rendent lvaluation et le contrle de plus en plus difficiles. Enconsquence, les directions bancaires se dotent de systmes dinspection qui leurpermettent de mieux suivre leurs units, souvent via la cration de bureaux de sur-veillance indpendants.

Linspection des units vise plus qu vrifier le fonctionnement gnral durseau. Cest loccasion de se renseigner tant sur lapplication des lois, rglements,normes et politiques que sur lutilisation des systmes, procds et mesures de con-

1 Ridha Zmitri est cofondateur de lentreprise PRO-DECISION. Son adresse est 206-108 dela Pointe-aux-Livres, Qubec G1K 9B5; prodecision@videotron.ca.

2 Jean-Marc Martel est professeur titulaire la Facult des sciences de ladministration, D-partement OSD, Universit Laval, Qubec G1K 7P4; jean-marc.martel@fsa.ulaval.ca; tl.(418) 656-7451; fax: (418) 656-2624.

3 Yves Dumas est conseiller la Confdration des Caisses Populaires Desjardins au 100, av.des Commandeurs, Lvis, Qubec, G6V 7N5; dumasy@istar.ca.Les auteurs remercient lquipe Finco pour ses suggestions et son aide ditoriale.

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trle interne. Le tout est communiqu sous forme de rapports o entrent desanalyses en fonction de certains ratios financiers, des opinions et des constatations.

Le suivi rgulier des succursales commande quon les compare et classe p-riodiquement. On y parvient dordinaire en totalisant les niveaux de divers indica-teurs financiers exprims selon une chelle commune. Cette approche cumulativeest utilise par la Socit de Dveloppement Internationale Desjardins pour valuerses units sur 9 critres, lchelle commune allant de 1 10. Les Caisses du Ken-tucky utilisent le systme CAMEL (Capital adequacy, Asset quality, Management,Earnings and Liquidity management) aux fins dinspection et dvaluation. Unenote de 1 5 est attribue chacune des dimensions financires du systme. Leursimple somme donne la cote de la caisse (CAMEL, 1989).

En adoptant des mesures quipondres aussi simples, une bonne partie delinformation recueillie demeure inexploite sur le plan dcisionnel. Ce constatnous motive construire un indice de sant financire des units bancaires via unemthode multicritre qui saccommode de lhtrognit, des incohrences et delimportance ingale des critres retenus.

la section II qui suit, nous lions brivement lindice propos aux besoinsde surveillance des units bancaires. Dans la section III, nous traitons de laspectmultidimensionnel de linspection. Des considrations sous-jacentes et le modleutilis pour crer notre indice font lobjet des sections IV et V. Suivent une appli-cation la section VI et une conclusion la section VII.

II. LINDICE PROPOS ET LES BESOINS DE SURVEILLANCE

Pour mieux grer son processus dinspection et de suivi, une banque devraitidalement disposer, en tout temps, pour chacune de ses units, dune mesure indi-ciaire jour de sa sant financire. Une telle cote synthtique a un potentieldescriptif de la performance financire de lunit surveille, selon plusieurs critresingalement pondrs de risque et de rendement.

Rappelons que la sant financire court terme de lunit bancaire est relieau risque de son insolvabilit dcoulant du jeu de facteurs systmatiques et spci-fiques. Plus prcisment, elle dpend du risque, dit systmatique, d des chocs,inattendus et dfavorables, dans le systme conomique (par exemple, dans les tauxdintrt et de change). Elle est lie aussi divers risques qui lui sont spcifiques(par exemple, la faillite inattendue dun gros emprunteur). Quant la sant finan-cire plus long terme, elle est lie divers facteurs sous-jacents la rentabilit

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financire et la productivit de lunit bancaire, le danger tant toujours prsentque ces facteurs oprent ngativement au fil du temps.

Si lon considre que ladoption et la mise jour dun indice de sant finan-cire ont pour but de dceler, en particulier, lurgence dagir lgard des unitsbancaires de mme que la frquence dinspection souhaitable, il faut donc accorderplus de poids aux facteurs de sant financire court terme dans lindice. Do lastructure de critres pondrs caractrisant lindice propos que lencadr A nousrvle.

ENCADR ALa structure des critres et leur poids* dans lindice de sant financire

propos plus loin

III. LASPECT MULTIDIMENSIONNEL DE LINSPECTION

Lvaluation priodique de lunit bancaire seffectue partir de plusieursindicateurs financiers jugs pertinents pour mesurer sa performance globale. Cesindicateurs refltent les optiques dvaluation des inspecteurs. Ils sont de natureobjective, ou purement subjective. Ils nen constituent pas moins la base de recom-mandations et de suggestions. Les dirigeants y ragissent en apportant des

Indice de sant financire

Rendement Risque

Rentabilit Productivit Facteurs de risques systmatiques Risques spcifiques

1. Rendement delactif pro-

(5,81%)

3. Productivit(5,81%)

4. Risque destaux dintrt(13,95%)

6. Endettement(2,33%)

2. Trop-perusgnrs parles oprations(5,81%)

5. Risque dechange(3,49%)

ductif7. Capitalisation

(17,44%)8. Pertes sur prts

(3,49%)9. Concentration

(5,00%)10. Diversification

du portefeuilledactivit(10,47%)

11. Vulnrabilit dela rserve(13,95%)

12. Qualit de lagestion(12,44%)

* Bien entendu, les poids sont rviser priodiquement. Ils totalisent 100.

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changements, dont lapplication est vrifie par des inspecteurs. Ainsi va cemonde.

Linspection des units (des succursales en gnral), nest certes pas facile.Leur grand nombre, ltendue du territoire, et leffectif limit des inspecteurs obli-gent tablir des priorits dinspection. Quelles units visiter en premier?Lesquelles visiter plus frquemment? La rponse se trouve dans les valuations desinspecteurs. Les units les plus prcaires doivent tre visites en premier. Maiscomment tablir cette prcarit, et donc le manque de sant financire, si lvalua-tion se fait selon plusieurs optiques? La rponse passe par lagrgation de lensem-ble des mesures disparates issues de linspection bancaire en une cote unique quirsume toute linformation, cette cote, constituant lindice multicritre propos.Ladoption et la mise jour dun tel indice devraient permettre aux units dinspec-tion de mieux cibler leurs interventions. Mais pour construire pareil indice, ilimporte de prendre appui sur des concepts issus de lanalyse multicritre.

IV. CONSIDRATIONS SOUS-JACENTES

Lindice de sant financire repose sur une comparaison des ratios duneunit donne, disons une succursale, avec une succursale fictive considreidale et une autre considre anti-idale. Les ratios refltent le rendement etle risque. Ils sont jugs pertinents eu gard aux fins indiciaires poursuivies. Leurhtrognit et une certaine opposition entre eux justifient le recours lanalysemulticritre. Afin de dfinir une famille cohrente de critres pour la problmatiquede linspection, nous pouvons nous baser sur un ensemble de rgles issues tant dela pratique que de la thorie multicritre.

Aspects pratiques

Pour faciliter lanalyse et la comparaison des critres ou indicateurs, mieuxvaut en limiter le nombre. Selon les experts rencontrs, il y a lieu de privilgierceux qui: traduisent globalement les dimensions importantes des banques; refltentlaptitude bien grer les banques; sinterprtent sans trop dquivoque; se com-posent partir dindications issues des tableaux de bord de surveillance; incitent la surveillance proactive; correspondent ou ressemblent des indicateurs connusdorganismes de surveillance existants; correspondent des indicateurs privilgispar les banques; etc.

Bien entendu, nous avons, au fil de notre tche, gard lesprit lessentiel deces suggestions pratiques assez disparates.

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Aspects thoriques

Afin de savoir si une famille de critres est cohrente, on peut se baser sur lesaxiomes proposs par Roy et Bouyssou [1993]. Une famille de critres (g1, g2,...gn) est cohrente si elle vrifie les trois axiomes suivants:

Axiome dexhaustivit: Si deux banques (C et C) sgalent sur chaquecritre, alors elles sont tenues pour quivalentes (mme sant financire). Axiomede cohsion: Si elles ne diffrent que sur un critre o C domine C, alors C est aumoins en aussi bonne sant financire que C. Axiome de non-redondance: Lli-mination de lun des critres de la famille met en dfaut au moins un des axiomesprcdents. Afin de valider la famille des critres retenus, on peut effectuer destests oprationnels visant vrifier si lesdits axiomes sont satisfaits.

V. CONSTRUCTION DE LINDICE MULT