un film de Florian Gaag -...

4
un film de Florian Gaag , réalisé en 2009 (Allemagne, Pologne) Scénario & réalisation : Florian Gaag Image : Christian Rein Montage : Kai Schröter Durée : 1h22 RÉSUMÉ Un groupe d'amis se retrouve régulièrement pour réaliser des graffitis : sur les murs de la ville ou encore sur les métros et les trains de banlieue. Cette passion leur fait courir de sérieux risques : payer de grosses amendes ou se retrouver devant la justice en encourant des peines plus importantes encore. C'est le cas de David, meneur de la bande, considéré comme un récidiviste par la police et les juges. Bien que David soit conscient de ces risques, il se laisse de nouveau prendre au jeu en voyant que les graffitis qu'ils ont fait récemment ont été recouverts et tournés en dérision par une autre bande de graffeurs. Commence alors un duel sans fin entre les deux « gangs » : les graffitis se répondent jour après jour en allant toujours dans la surenchère. L'autre bande recouvre un train entier, ce qui fait oublier toute prudence à David et ses amis : ils se lancent le défi de gaffer à leur tour « a wholetrain ». Ces aventures finissent par tourner au drame pour l'un des personnages, Tino, qui meurt en étant percuté par un véhicule, alors qu'il est coursé par des policiers. La fin du film sera donc un hommage rendu par David à son ami, par le biais du graffiti. LES PERSONNAGES PRINCIPAUX David (joué par Mike Adler) : Au tout début du film, il est présenté comme un repris de justice : le film débute par son procès. On comprend qu'il est au pied du mur et se voit obligé de faire un choix difficile : celui de se ranger et d'arrêter les graffitis. Tino (joué par Florian Renner) : Ami de David, Tino est un très jeune père qui a plutôt tendance à aller graffer la nuit qu'à s'occuper de son enfant. Il finira par être rattrapé dramatiquement par son attitude inconsciente. Elyas (joué par Elyas M'Barek) : C'est un autre ami et membre de la bande de David. Akim (joué par Jacob Matschentz) : Il est la jeune recrue de la bande, celui que David veut former à l'art du graffiti. Tous ces personnages sont, pour le réalisateur, les symboles d'une jeunesse qui veut s'exprimer et le fait de manière révoltée, en le faisant par des moyens illégaux. La ville : Elle peut être considérée comme un des personnages du film : de nombreux plans du film dressent le portrait d'un milieu urbain délavé qui constitue le terrain de jeu de la bande.

Transcript of un film de Florian Gaag -...

un film de Florian Gaag, réalisé en 2009(Allemagne, Pologne)

Scénario & réalisation : Florian GaagImage : Christian ReinMontage : Kai SchröterDurée : 1h22

RÉSUMÉ

Un groupe d'amis se retrouve régulièrement pour réaliser des graffitis : sur les murs de la ville ou encore sur les métros et les trains de banlieue. Cette passion leur fait courir de sérieux risques : payer de grosses amendes ou se retrouver devant la justice en encourant des peines plus importantes encore. C'est le cas de David, meneur de la bande, considéré comme un récidiviste par la police et les juges.

Bien que David soit conscient de ces risques, il se laisse de nouveau prendre au jeu en voyant que les graffitis qu'ils ont fait récemment ont été recouverts et tournés en dérision par une autre bande de graffeurs. Commence alors un duel sans fin entre les deux « gangs » : les graffitis se répondent jour après jour en allant toujours dans la surenchère. L'autre bande recouvre un train entier, ce qui fait oublier toute prudence à David et ses amis : ils se lancent le défi de gaffer à leur tour « a wholetrain ».

Ces aventures finissent par tourner au drame pour l'un des personnages, Tino, qui meurt en étant percuté par un véhicule, alors qu'il est coursé par des policiers. La fin du film sera donc un hommage rendu par David à son ami, par le biais du graffiti.

LES PERSONNAGES PRINCIPAUX

David (joué par Mike Adler) : Au tout début du film, il est présenté comme un repris de justice : le film débute par son procès. On comprend qu'il est au pied du mur et se voit obligé de faire un choix difficile : celui de se ranger et d'arrêter les graffitis.

Tino (joué par Florian Renner) : Ami de David, Tino est un très jeune père qui a plutôt tendance à aller graffer la nuit qu'à s'occuper de son enfant. Il finira par être rattrapé dramatiquement par son attitude inconsciente.

Elyas (joué par Elyas M'Barek) : C'est un autre ami et membre de la bande de David.

Akim (joué par Jacob Matschentz) : Il est la jeune recrue de la bande, celui que David veut former à l'art du graffiti.

Tous ces personnages sont, pour le réalisateur, les symboles d'une jeunesse qui veut s'exprimer et le fait de manière révoltée, en le faisant par des moyens illégaux.

La ville : Elle peut être considérée comme un des personnages du film : de nombreux plans du film dressent le portrait d'un milieu urbain délavé qui constitue le terrain de jeu de la bande.

LE TITRE

Le « wholetrain » est le défi qui constitue le noeud du film et crée une tension : les amis se donnent pour objectif de graffer un train entier. Il est celui que l'on attend, presque à l'égal de David, le personnage principal du film,.

L'AFFICHE

Dès le premier coup d'oeil, l'affiche donne de nombreuses informations sur le sujet et le genre du film :➔ Le titre se détache très nettement en blanc sur fond sombre : ce contraste en fait l'élément le plus important. Sa typographie est empruntée au monde du graffiti (formes des lettres, couleurs vives, dynamisme, ombres portées).➔ Sur le fond noir, on distingue en second lieu trois zones découpées par des cercles qui s'imbriquent :– Le premier présente le personnage principal, David. On comprend, à son visage cagoulé, qu'il pratique une activité illicite.– Le second présente David et deux de ses amis : on comprend que l'histoire du film concerne une bande d'amis.– Le dernier présente un personnage devant un mur de graffitis, confirmant l'univers du film.Ces cercles sont colorés et forment des images très graphiques qui se rapprochent encore de l'univers du graffiti. On distingue également des coulures de peinture rouge sur la gauche.➔ Les autres informations sont discrètes : noms du réalisateur et des acteurs, ... C'est l'image qui prime, comme l'aspect visuel dans le film.

L'ESTHÉTIQUE DU FILM

Les images sont assez réalistes et crues. Il y a peu d'artifices et aucune idéalisation dans la manière de filmer. Le montage possède un rythme assez rapide, surtout durant les scènes de graffiti. Il est soutenu par une musique hi-hop qui scande tous les moments forts du film. La couleur joue un rôle primordial dans le film, tant au niveau symbolique que pour être en phase avec le monde du graffiti.

LES DERNIÈRES SÉQUENCES

L'avant-dernière séquence fait suite à la mort de Tino. Le film est clôturé par un dialogue visuel entre David et la ville : ce dernier tague en pleine journée les murs de la ville, au risque de se faire

prendre par la police. L'hommage rendu à son ami Tino, par les inscriptions « RIP Tino » qui envahissent peu à peu la ville, devient plus important que sa propre sécurité. Une musique rap et les bruits de la rue rythment les déplacements de David. Le mouvement des voitures semble relier les plans entre eux. Ces plans sont dynamiques, comme pris à la volée, pour saisir le vif de l'action : ils ne sont pas fixes ; il y a des mouvements de caméra (zooms arrière ou avant très rapides, panoramiques secs...). Chaque image est saturée : il n'y a pas d'espace vide. Le montage est rapide et comme fragmenté : il n'y a aucun plan long.

On peut imaginer que cette confusion des images et des sons est celle qui règne aussi dans l'esprit de David : un sentiment mêlé d'injustice, de tristesse, de rage, de refus d'admettre la réalité...

Cette avant-dernière séquence se termine par un plan fixe plus lent et plus contemplatif : la silhouette de David se découpe sur la nuit tombant sur la ville. L'image est très structurée par des lignes obliques qui dynamisent la composition et se rejoignent vers David. Il n'y a plus de musique : seuls les bruits de la ville accompagnent l'image, plus sourds que dans les plans précédents.

La dernière séquence s'ouvre par le bruit d'un train et la marche plus lente de David, qui a un air déterminé. Il se dirige vers l'autre bande. Aucun dialogue n'intervient ; cependant, on comprend que le

meneur de l'autre groupe présente ses condoléances à David, par un jeu de regards. L'image est grisâtre, le rythme est lent. La couleur et le mouvement font de nouveau irruption avec l'arrivée d'un train à quai. David, Elyas et les membres de l'autre bande montent tous ensemble dans le train, en silence. On peut suivre en plan fixe l'éloignement du train, qui constitue comme un nouveau départ. Le plan se clôture par un fondu au noir.

La dernière scène commence à son tour par un fondu au noir, sur un paysage mêlant ville et nature. Le plan est large et ouvert. La bande son mêle aussi bruits naturels et urbains : passage d'un train et chants d'oiseau. C'est un champ contre-champ qui nous permet de comprendre qu'il va y avoir une surprise : alors qu'il fume tranquillement sur son balcon, un ami de la bande de David manque de s'étouffer lorsqu'il aperçoit quelque chose face à lui.

Le plan suivant nous montre ce qu'il a vu : un train fait irruption en face de lui, entièrement tagué. Son arrivée est synchronisée avec une musique rap très rythmée qui enclenche une succession visuelle très rapide : le titre Wholetrain de KRS One et de El da Sensei accompagne des plans très dynamiques montrant le train sous toutes ses coutures et dans tous les endroits de la ville.

Par moments, des effets de ralenti permettent de mieux distinguer les figures peintes sur le train. De nouveau, il n'y a aucun plan réellement fixe et statique. De gros plans se confrontent à des plans larges, et à des images montrant également l'effacement futur de ces graffitis par les services publics. La vie continue et, si les amis ont fini par relever le défi du Wholetrain pour rendre hommage à Tino, on sait déjà que les choses vont reprendre leur cours habituel : illégalité, prises de risque, confrontations aux forces de l'ordre... Le dernier plan du film montre le train vu de loin qui passe sur un pont puis sort du champ. S'ensuit un plan noir qui coupe l'image définitivement pour laisser place au générique de fin.