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Sommaire

LA PRODUCTION ............................................................................................................................... 5

ZOOM SUR CHRISTIAN GANGNERON ............................................................................................ 5

ZOOM SUR JEAN-BAPTISTE DUMORA ........................................................................................... 6

BIOGRAPHIE DU COMPOSITEUR ................................................................................................... 7

A PROPOS DE… .................................................................................................................................. 8

L’ORCHESTRE DE RAVEL ............................................................................................................ 8

PRESENTATION DES ŒUVRES ....................................................................................................... 9

MA MERE L’OYE ............................................................................................................................ 9

PAVANE POUR UNE INFANTE DEFUNTE ................................................................................ 11

LE TOMBEAU DE COUPERIN ..................................................................................................... 12

HISTOIRES NATURELLES ......................................................................................................... 12

PISTES DE REFLEXIONS ............................................................................................................... 15

LES OEUVRES INSPIREES DE CONTES ................................................................................... 15

LES OEUVRES S’INSPIRANT DU MONDE ANIMALIER .......................................................... 15

POUR EN SAVOIR PLUS… .............................................................................................................. 16

BIOGRAPHIE ............................................................................................................................... 16

WEBOGRAPHIE ........................................................................................................................... 16

CONFERENCE .................................................................................................................................. 16

A VISITER ........................................................................................................................................ 16

Pour joindre le service jeune public

Grand Théâtre de Reims 13 rue Chanzy - 51100 Reims

Service Jeune Public : Caroline Mora :03 26 50 31 06 - [email protected]

Laure Bergougnan, professeur relais, est présente tous les mercredis après midi 03 26 61 91 94 - [email protected]

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LA PRODUCTION

DIRECTION MUSICALE : JEAN-LUC TINGAUD

MISE EN ESPACE : CHRISTIAN GANGNERON

BARYTON : JEAN-BAPTISTE DUMORA

ORCHESTRE : GRAND THEATRE DE REIMS

ZOOM SUR…

CHRISTIAN GANGNERON

Christian Gangneron fut dramaturge au Théâtre Royal de la

Monnaie et au Ballet du XXème siècle, puis assistant de

production à l’Opéra de Nancy. En 1983, il fonde l’ARCAL.

Dans ce cadre, il met en scène des opéras de chambre

baroques ou contemporains. Il dirige, de 1988 à 1990, le

C.N.I.P.A.L

Au Festival d’Innsbruck, pendant quatre ans, il fait équipe

avec René Jacobs et monte des opéras de Cavalli, Hændel,

Mozart… Au Festival d’Avignon, il met en scène Le Miracle

secret, création mondiale de Martin Matalon. Invité par Alain

Curtis à Berkeley, il met en scène La Schiava liberata de

Jommelli. Par ailleurs, il met en scène Tarare de Salieri à

Strasbourg, Pénélope de Gabriel Fauré et Ariadne auf Naxos

de Strauss à l’Opéra de Nantes et de Rennes ; Werther de

Massenet et Carmen de Bizet à l’Opéra de Metz ; Le Turc en Italie de Rossini et Les Noces de Figaro

de Mozart à Metz et Rennes ; Cosi fan tutte de Mozart à Metz et Besançon ; Création française du

Jardin labyrinthe de M. Tippett et C’est la faute à Werther, création de Patrice Fouillaud à la Ferme

du Buisson, où l’Arcal est en résidence de 92 à 99 ; Nouvelles Histoires sacrées, oratorios de Claudio

Ambrosini, André Bon, et Giacomo Carissimi à Caen ; Rodelinda de Hændel à Halle.

En 1997, avec l’ARCAL, Christian Gangneron met en scène Castor et Pollux de Rameau. La saison

suivante à l’Opéra de Metz, il a terminé une trilogie Mozart-Da Ponte avec Don Giovanni, et a mis en

scène pour l’ARCAL L’Orfeo de Monteverdi. En 1999, il a mis en scène, toujours pour l’Arcal

Agrippine d’après Haendel et en 2000 Raphaël, reviens ! un opéra pour enfants de Bernard Cavanna.

Invité par la Fenice à Venise en septembre 2000, il met en scène Anacréon de Cherubini. En 2002, La

Verità in cimento d'Antonio Vivaldi avec J.-Ch. Spinosi et l’Ensemble Matheus. Il reprend à Metz la

Trilogie Mozart - Da Ponte avec une même équipe de chanteurs. En octobre 2002, il met en scène La

Serrana d'A. Keil au São-Carlos de Lisbonne. En 2003, Opérette de W. Gombrowicz, musique d’O.

Strasnoy, créée au Grand Théâtre de Reims, dans le cadre d’une nouvelle résidence de l’Arcal en

Champagne-Ardenne. Cette production est emblématique du tournant opéré par la compagnie qui, à

partir du « lieu de fabrique » installé rue des Pyrénées à Paris, développe un projet de croisement de

l’art lyrique avec les autres disciplines du spectacle vivant. Dans cet esprit, Christian Gangneron

réalise à la demande du CDN de Sartrouville, 3 petites formes théâtrales dans le cadre de l’édition

2003 de la Biennale Odyssées 78. La Fondation Gulbekian, en association avec le Teatro Nacional de

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San Carlos, l’invite en 2004 à Lisbonne pour encadrer un cursus de formation à la mise en scène

d’opéra. Pour l’Arcal, il met en scène Têtes Pansues farce lyrique de Jonathan Pontier et Eugène

Durif. En 2005, il revient à Sartrouville avec « 3 pièces pour 1 acteur » pour Odyssée 78, et à Venise

avec Pia de’ Tolomei de Donizetti pour La Fenice. Pour l’Arcal en 2006, il met en scène Riders to the

sea de Vaughan Williams (création en France) puis Ni l’un ni l’autre, création chantée et dansée sur

des musiques originales de Matthew Lima, Yann Robin, Gilles Schuehmacher et Hugo Wolf. En 2008,

il met en scène Les Sacrifiées opéra de Thierry Pécou sur un texte de Laurent Gaudé.s

ZOOM SUR…

JEAN-BAPTISTE DUMORA : BARYTON

Soliste dès l’âge de douze ans au sein d’un chœur d’enfants, Jean-

Baptiste Dumora poursuit sa formation à Vichy puis à Lyon au

Conservatoire National de Région et au Conservatoire National

Supérieur de Musique parallèlement à une licence de musicologie.

Il débute sa carrière professionnelle peu de temps après en

intégrant l’Atelier Lyrique puis la troupe de l’Opéra National de

Lyon. Il y travaille avec José Van Dam, François Le Roux,

Andreas Schmidt, Anthony Rolfe-Johnson, Howard Crook… Entre

1991 et 1998, il aborde de nombreux rôles à Lyon, à l’Opéra-

Comique, à l’amphithéâtre de l’Opéra Bastille, au Festival de

Verbier : Le Père dans Hänsel et Gretel, Moralès dans Carmen,

Junius dans Le viol de Lucrèce de B. Britten, Zaretsky dans Eugène

Onéguine, Ben dans Le Téléphone de Menotti... Il participe aussi à

des créations contemporaines : Thésée dans Dédale de Hugues

Dufour, Riccardo dans La Station Thermale de Fabio Vacchi ou

encore Marcel Renard dans Pinocchio de Sergio Menozzi. Il travaille sous la direction de chefs tels

que Kent Nagano, John Nelson, Yuri Temirkanov, ... Plus tard, il collabore avec l’Arcal et Christian

Gangneron dans Castor et Pollux de J-P Rameau, Le Pauvre Matelot de Milhaud et Cosi Fan Tutte. Il

se produit également avec des ensembles spécialisés dans la musique baroque : Les Talents Lyriques,

Les Paladins, Amarillis, Stradivaria, XVIII-21, Les musiciens du Bach Collegium Japan. Au concert,

son répertoire inclut les Passions et Cantates de Bach, les Requiem de Mozart, Fauré, Duruflé,

Brahms, La Création de Haydn ou encore L'Enfance du Christ de Berlioz.

La musique de chambre, la mélodie et le lied font partie intégrante de la vie musicale de Jean-

Baptiste Dumora ; il s’est notamment produit dans les Rückert Lieder de Mahler avec l’ensemble

instrumental de Basse-Normandie ainsi que dans La Bonne Chanson de Fauré avec le Quatuor

Debussy. Il travaille également en compagnie des pianistes Bruno Robillard, Hélène Lucas, Stéphane

Petitjean, et notamment Didier Puntos pour l’enregistrement de la première intégrale des mélodies

d'André Messager paru chez Séléna. Récemment, on a pu l'entendre dans Schweik dans la deuxième

guerre mondiale de Brecht au côté de Jean-Pierre Bacri, mis en scène par Jean-Louis Martinelli, ou

encore dans Ford du Falstaff de Verdi ainsi que dans Marcello de La Bohème de Puccini à l'Opéra de

Dijon.

Cette saison, entre autres concerts, il incarne Paul dans Les enfants terribles de Cocteau et

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Philip Glass mis en scène par Paul Desveaux sur la Scène du Théatre Athénée Louis Jouvet à Paris

puis en tournée, on le retrouve à l'Opéra de Rennes au moment des fêtes de Noël pour le rôle de

Prosper dans Ô mon bel inconnu de Reynaldo Hahn et Sacha Guitry mis en scène par Jean-Michel

Fournereau ; en janvier il sera Riff dans une version concert de West Side Story salle Gaveau à Paris ;

il sera aussi l'invité de l'opéra de Malte en mars pour une reprise de la production de l'ARCAL du

Pauvre Matelot de Milhaud.

BIOGRAPHIE DU COMPOSITEUR

MAURICE RAVEL 1875-1938

Né à Ciboure, Suisse et savoyard du côté paternel, basque par sa

mère, Maurice Ravel a trois ans lorsque ses parents s’installent à

Paris où il manifeste très tôt un goût certain pour la musique.

« Tout enfant j’étais sensible à la musique - à toute espèce de

musique. Mon père, beaucoup plus instruit dans cet art que le sont la

plupart des amateurs, sut développer mes goûts et de bonne heure

stimuler mon zèle. A défaut de solfège dont je n’ai jamais appris la

théorie, je commençais à étudier le piano à l’âge de six ans environ. »

En 1889, il entre au Conservatoire de Paris : il y effectue ses études

musicales notamment auprès de Fauré. Alors que plusieurs œuvres

ont déjà suscité l’admiration du monde musical - Pavane pour une

infante défunte (1899), Jeux d’eau (1901), et un Quatuor à

cordes (1903) - Ravel se voit refuser, pour la quatrième

fois consécutive, le Prix de Rome en 1905. Cette

élimination accroît sa renommée de candidat

malchanceux. Sorti de ses études, il n’acceptera jamais

aucun poste officiel.

De 1905 à 1913, Ravel compose énormément : les

étonnantes mélodies Histoires naturelles (1906) sur textes

de Jules Renard ; Miroirs, la Sonatine et Gaspard de la nuit

pour piano ; le petit opéra L’heure Espagnole qui, par son

abandon total au lyrisme romantique et ses textes

déclamés davantage que chantés, choque profondément

le public. Pour orchestre enfin, la Rhapsodie espagnole et

Daphnis et Chloé (1912), une symphonie chorégraphique

commandée par Diaghilev et les ballets russes, avec le danseur Nijinsky et Pierre Monteux au

pupitre.

Alors que Ravel termine son Trio pour piano, violon, et violoncelle, la guerre éclate. Il réussit à se faire

engager mais tombe malade sur le front près de Verdun, et se trouve réformé. Dans le Tombeau de

Couperin (1917), le compositeur rend hommage à ses camarades disparus. Après la guerre, Ravel,

célèbre, entreprend des voyages en Europe et aux Etats-Unis. Indifférents aux institutions, il refuse

Avec Fauré (1845-1924) et

Debussy (1862-1918),

Maurice Ravel (1875-

1937) marque l’apogée de

la grande Renaissance

musicale française

amorcée dès la seconde

moitié du XIXème siècle

par des compositeurs tels

que Massenet, Gounod.

Saint-Saëns, Bizet ou

encore Chabrier.

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la Légion d’honneur en 1920. Ravel se fixe à Montfort-l'Amaury en 1921. Sa maison, le Belvédère,

devint rapidement le point de ralliement du cercle ravélien. Les dix années suivantes voient naître

les œuvres les plus populaires de son répertoire : Tzigane (1924), L’Enfant et les sortilèges, Le Boléro

(1928), Le Concerto pour la main gauche (1930), Le Concerto en sol mineur (1931).

En 1937, il meurt d’une atrophie de l’écorce cérébrale après cinq déchirantes années de souffrances

et de silence créateur

A PROPOS DE…

L’ORCHESTRE DE RAVEL

La postérité a placé Maurice Ravel au rang des plus grands orchestrateurs de tous les temps.

« Quoi de plus séduisant que l’orchestre de Ravel ? Et pourtant, bon nombre de ses

œuvres ont d’abord été conçues pour le piano. A la suite de Liszt et de Schumann,

qu’il admirait, Ravel transfigurait le clavier avec une diversité étonnante. Dans la

lignée des compositeurs russes, de Chabrier aussi, il va faire chanter les instruments

de l’orchestre avec la même variété, mettant en relief une notion capitale que la

musique contemporaine devait exploiter bien davantage (mais qui était présente

chez Monteverdi et Rameau, précurseurs de génie), - celle de timbre instrumental.

Avec un orchestre généralement plus modeste que celui des post-romantiques, et

grâce à un langage harmonique qui, tout en restant extrêmement personnel, se coule

encore dans le moule du classicisme. Orchestrer, pour Ravel, c’est révéler l’idée

musicale sous son angle le plus lumineux, sans excès, sans surcharge ; c’est

diversifier les couleurs et faire ressortir l’individualité de chacune ; d’où l’extrême

attention portée aux divers groupes de percussion, les nuances subtiles des bois, les

glissandos, les trémolos, les cordes divisées (…). C’est en cela que Ravel est

véritablement moderne, non seulement dans ses propres œuvres mais dans celles

d’autres compositeurs qu’il orchestra avec génie. » Michel Parouty, Guide de la

musique symphonique, Fayard.

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PRESENTATION DES ŒUVRES

MA MERE L’OYE

« Ma mère l’Oye, pièces enfantines pour piano à quatre mains, date de 1908. Le dessein d’évoquer

dans ces pièces la poésie de l’enfance m’a naturellement conduit à simplifier ma manière et à

dépouiller mon écriture. J’ai tiré de cet ouvrage un ballet qui fut monté par le théâtre des Arts. » Ravel

C’est cette seconde version de l’œuvre dont l’orchestration est réalisée en 1911, qui est interprétée par

l’orchestre du Grand Théâtre de Reims. Elle comprend les pièces suivantes : Prélude, la Danse du

rouet, la Pavane de la belle au bois dormant, Entretiens de la Belle et de la Bête, Petit Poucet,

Laideronnette, impératrice des pagodes, le jardin féérique. Ces pièces peuvent être entrecoupées

d’interludes.

Ravel s’inspire au départ de l’œuvre des Charles Perrault :

Les Contes de ma mère l’Oye paru en 1697 sous le titre

Histoires ou contes du temps passé, avec des moralités.

Ma mère l'Oye en frontispice du recueil, illustration de

Gustave Doré de 1867

PRELUDE

L’atmosphère y est toute ravélienne : à la fois magique, féérique, énigmatique voire inquiétante. Ce

prélude, comme souvent dans les pièces d’ouverture, nous présente une esquisse, véritable

kaléidoscope des différents motifs de l’ensemble de l’œuvre. Nos entendrons successivement : des

quintes juxtaposées au dessous desquelles retentit une fanfare miniature aux cuivres, puis le thème de

la pavane. Vient ensuite le thème du petit poucet, et enfin, dans le grave, le grognement de la bête.

LA DANSE DU ROUET

La princesse Florine qui tombe inanimée après s’être piquée au rouet d’une vielle femme. Le

bourdonnement infatigable du rouet, les amusements, sauts de la princesse puis sa chute après s’être

piquée se font entendre à l’orchestre puis des sonorités sourdes et sombres évoquent les dames

d’honneurs qui se livrent à la toilette funèbre.

LA PAVANE DE LA BELLE AU BOIS DORMANT

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La vieille femme se transforme et devient la fée Bénigne qui berce de contes le sommeil de la

princesse.

L’orchestration de Ravel est là encore d’une grande subtilité : délicatesse de la mélodie à la flûte, cors

jouant en sourdine, pizz des cordes, harpe, scintillement des violons dans l’aigu au moment de la

reprise du thème… tout concourt à créer une atmosphère onirique. Vladimir Jankélévitch parle de

« lointaines sonorités de légendes ».

ENTRETIENS DE LA BELLE ET DE LA BETE

Un dialogue amoureux a lieu entre la belle qui prend la voix enchanteresse de la clarinette et la

sensualité d’une valse. La bête est évoquée par les sonorités rugueuses et mugissantes du

contrebasson. Tous deux entament alors un jeu de séduction, d’attraction / répulsion. Enfin, d’un coup

de baguette magique le miracle arrive : glissando de la harpe et la bête se métamorphose en prince

charmant. Le temps semble alors s’arrêter : la mélodie se pâme dans l’aigu avec ses triolets

chromatiques. C’est l’extase final.

LE PETIT POUCET

Il nous conduit au cœur de la forêt. Le dessin sinueux des tierces jouées aux violons semble évoquer

l’enfant égaré qui cherche son chemin. Les nombreux

changements de mesures (2/4, 3/4, 4/4, 5/4…) sont

comme autant d’hésitations. Le thème a lui-même de

la peine à se déployer : d’abord entendu au hautbois

puis repris par le cor anglais. La forêt est inquiétante

avec ses oiseaux lançant des appels criards :

glissandos et trilles des violons, imitation par la flûte

du cri du coucou…

Illustration d’Antoine Clouzier en 1697, lors de la première édition des Contes de ma mère l’Oye.

LAIDERONNETTE, IMPERATRICE DES PAGODES

Laideronnette « a vraiment l’air chinoâ » nous dit Vladimir Yankélévitch … On entend par la

miraculeuse orchestration de Ravel le jeu raffiné du gamelan, véritable réplique musicale de ces

jardins japonais miniature…Petite flûte, harpe, célesta, cymbale s’en donnent à cœur joie dans une

verve effervescente et jubilatoire.

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LE JARDIN FEERIQUE

Ce « Jardin féérique » aux mille lumières scintille par les ruissellements de ses glissandos.

L’ensemble des pièces composant Ma mère l’Oye forment assurément de petits bijoux d’artisanat

orchestral.

PAVANE POUR UNE INFANTE DEFUNTE

L’œuvre a été composée en 1899 pour la princesse Edmond de Polignac. Elle fut ensuite orchestrée

par Ravel en 1910. Sa création eut lieu le 25 décembre 1911 sous la baguette d’Alfredo Casella aux

Concerts Hasselmans.

La pavane est, à l’origine, une danse qui remonte à l’époque de la Renaissance. Son caractère est noble

et posé, son tempo : lent. Ici, Ravel conserve ce caractère d’une grande noblesse qu’il teinte d’une

pointe de mélancolie.

Son thème principal, chaud et rond retentit au cor.

La recette du succès ? Son orchestration est d’une merveilleuse transparence avec : 2 flûtes, 1

hautbois, 2 clarinettes, 2 bassons, 2 cors, 1 harpe (ou un piano), quintette à cordes avec sourdines.

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LE TOMBEAU DE COUPERIN

« Au commencement de 1915, je m’engageai dans l’armée et vis de ce fait mon activité musicale

interrompue jusqu’à l’automne de 1917, où je fus réformé. Je terminai alors le Tombeau de Couperin.

L’hommage s’adresse moins au seul Couperin lui-même qu’à la musique française du XVIIIème

siècle. » Ravel

La version originale du Tombeau de Couperin est commencée en 1914 et achevée en 1917.

Chacune des six pièces qui composent cette suite est dédiée à ses amis morts au combat :

- Prélude au lieutenant Jacques Charlot

- Fugue au lieutenant Jean Cruppi

- Forlane au lieutenant Gabriel Deluc

- Rigaudon à Pierre et Pascal Gaudin

- Menuet à Jean Dreyfus, fils de sa marraine de guerre

- Toccata au capitaine Joseph de Marliave, mari de la pianiste Marguerite Long

Le Tombeau de Couperin sera créé le 28 février 1920 aux concerts Pasdeloup à Paris, sous la direction

de René Baton.

« Déjà superbes dans leur version pour piano, les quatre pièces du Tombeau de Couperin, en passant à

l’orchestre, gagnent en chaleur, en humanité, en émotion. En fait, c’est un autre tombeau que l’on

entend ; grâce à un orchestre se rapprochant le plus possible de celui qu’on aurait utilisé au XVIIIème

siècle, Ravel fait plus que rendre hommage au passé : il révèle tout ce que le passé peut contenir

d’admirable, dans la lettre autant que dans l’esprit. » Michel Parouty, Guide de la musique

symphonique, Fayard

HISTOIRES NATURELLES

Il s’agit de 5 mélodies pour chant et piano sur des textes de Jules Renard. Composées en 1906, elles

ont été crées à Paris salle Erard le 12 janvier 1907 et suscitèrent de nombreux commentaires et

réflexions parfois peu chaleureux. Cet accueil mitigé s’explique par la modernité de la déclamation :

entre parlé et chanté, dans le plus pur style cantar parlando. Le poète Jules Renard s’étonna, quant

à lui, « de voir ses textes devenir des mélodies. Cette entreprise lui paraissait tout à fait absurde. »

L’œuvre se compose de cinq tableaux naturalistes :

1. Le Paon

Ce chef-d’œuvre d’anthropomorphisme décrit la suffisance du paon abandonné par sa fiancée le jour

même de ses noces et remettant tranquillement la cérémonie au lendemain.

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A noter :

La marche majestueuse et noble du paon est suggérée au piano par des basses profondes, en

octaves, sur des rythmes pointés.

L’effet scénique de la troisième strophe avec le cri de désespoir du paon qui appelle sa

fiancée « Léon ! ». Dans un grand crescendo la musique semble se précipiter :

Le gracieux mouvement du paon relevant sa robe est évoqué par un glissando des deux mains :

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2. Le Grillon

Le grillon est maniaque et tatillon. Sa besogne quotidienne est de se reposer….. Un mouvement

mélodique aigu et imperturbable traduit son « activité » et son caractère….. :

La seconde partie de la mélodie s’enfonce dans un rêve : le grillon remonte sa montre et part se

coucher.

3. Le cygne

L’écriture pianistique est très fluide, limpide, transparente comme dans Ondine ou les Jeux d’eau du

même compositeur et traduit à merveille l’élégance de cet animal glissant sur les eaux. Il est aussi un

organisme vorace, irrésistiblement attiré par le « ver de vase ».

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4. Le Martin-Pêcheur

Pièce lente et contemplative.

5. La Pintade

Cette fresque animalière s’achève par un véritable feu d’artifice sur les sonorités crépitantes du piano.

La pintade chahute et dispute ses camarades de la basse-cour…. La mélodie virevolte, tressaille

abondamment. La partition ne contient pas moins de 18 indications de tempo correspondant aussi à

des dynamiques très contrastées.

PISTES DE REFLEXIONS

LES OEUVRES INSPIREES DE CONTES

Ravel : Ma Mère l’Oye, L’Enfant et les sortilèges

- Prokofiev : Lieutenant Kijé

- Stravinsky : Petrouchka, L’Oiseau de feu

- Tchaïkovski : extraits de La Belle au bois dormant, de Casse-Noisette

- Debussy : La Boîte à joujoux

Des contes ou des histoires pour enfants sont à l’origine des oeuvres ici suggérées. Les différents

épisodes peuvent être abordés en rapport avec le texte et en relation avec des activités de danse,

d’arts plastiques ou de théâtre.

►Dès le cycle 1.

LES OEUVRES S’INSPIRANT DU MONDE ANIMALIER

- Ravel : L’Enfant et les sortilèges

- Saint-Saëns : Le Carnaval des animaux

- Janacek : La Petite renarde rusée

- Couperin : suites pour clavecin, notamment la N°6 avec « le bourdonnement », « les

gazouillements »,

- Rameau : pièces pour clavecin comme « Le Rappel des oiseaux »

- Poulenc : l’Histoire de Babar

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POUR EN SAVOIR PLUS…

BIOGRAPHIE

JANKELEVITCH, Vladimir, Ravel, « collection Solfèges », Seuil, 1956.

MARNAT, Marcel, Maurice Ravel, Fayard, 1986.

« Guide de la musique symphonique », sous la direction de François-René Tranchefort,

Fayard, 1986.

WEBOGRAPHIE

Pour une biographie complète du compositeur Maurice Ravel :

www.musicologie.org/.../ravel_maurice.html

Vous trouverez une vidéo de la Pavane pour une infante défunte sur : www.youtube.com

Biographie en français à l'Université du Québec :

http://infopuq.uquebec.ca/~uss1010/catal/ravel/ravmbio.html

Textes des chansons, http://www.recmusic.org/lieder/r/ravel/

Société Maurice Ravel (en anglais),

http://gene.wins.uva.nl/~geurkink/MauriceRavel.societe.html

CONFERENCE

« Un conteur nommé Ravel » par Francis ALBOU le vendredi 9 octobre de 18h à 19h30.

Lieu : caisse d’Epargne Ecureuil de Champagne-Ardenne, 12 rue Carnot, 51100 Reims.

A VISITER

Le Musée Maurice Ravel à Montfort -l’Amaury

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