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1 AFRATAPEM Association Française de Recherche et Applications des Techniques Artistiques en Pédagogie et Médecine Un atelier d’Art-thérapie à dominante arts plastiques auprès d’adultes psychotiques suivis en secteur psychiatrique à l’hôpital de Montauban Mémoire professionnel réalisé pour l’obtention du titre d’art-thérapeute répertorié par l’Etat au niveau II Présenté par Gilles TEDETTI Année 2016 Sous la Direction de Service Thérapies médiatisées FLORENS Chrystel Centre Hospitalier de Montauban Art-thérapeute 100 rue Léon Cladel - BP 765 Service Infanto-juvénile 82 013 MONTAUBAN

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AFRATAPEM

Association Française de Recherche et Applications des Techniques Artistiques

en Pédagogie et Médecine

Un atelier d’Art-thérapie à dominante arts plastiques

auprès d’adultes psychotiques suivis en secteur

psychiatrique à l’hôpital de Montauban

Mémoire professionnel réalisé pour l’obtention du titre d’art-thérapeute répertorié par

l’Etat au niveau II

Présenté par Gilles TEDETTI

Année 2016

Sous la Direction de Service Thérapies médiatisées

FLORENS Chrystel Centre Hospitalier de Montauban

Art-thérapeute 100 rue Léon Cladel - BP 765

Service Infanto-juvénile 82 013 MONTAUBAN

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Remerciements.

Je remercie en premier lieu les patients qui ont accepté de me rencontrer et de me

faire confiance. Ce fût de belles rencontres enrichissantes d’abord sur le plan

humain, et ensuite sur le plan professionnel.

Je remercie également les Art-thérapeutes de Clérembault qui ont facilité mon

séjour au sein du service, ainsi que toute l’équipe soignante avec laquelle j’ai

travaillé.

Je remercie tout particulièrement Chrystel Florens ma directrice de mémoire pour

sa disponibilité et sa gentillesse. Malgré un emploi du temps très chargé, c’est

toujours avec le sourire qu’elle m’a reçu et conseillé dans la rédaction de ce

mémoire. Son aide a été à la fois bienveillante et exigeante face aux attendus de

l’exercice.

Je n’oublie pas les formatrices et formateurs de l’AFRATAPEM qui se sont

toujours rendus disponibles pour répondre aux questions que le terrain faisait

remonter. En plus des apports théoriques, leurs expériences professionnelles

respectives apportent un plus incontestable pour l’Art-thérapeute stagiaire

confronté à la clinique. Je voudrais profiter de cette occasion pour tous les

remercier.

Enfin, j’ai une pensée pour ma femme et mes filles qui m’ont supporté dans les

deux sens du terme (encouragé et subi). Je voudrais les remercier et leur dédier ce

mémoire.

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Le plan du Mémoire

Remerciements. .................................................................................................................. 2

Le plan du Mémoire ............................................................................................................ 3

Glossaire : ........................................................................................................................... 9

Introduction ...................................................................................................................... 12

Partie I : lorsque la maladie psychique diminue l’Estime de Soi, il devient difficile d’aller

vers les autres. .................................................................................................................. 14

A - La maladie psychique affecte la capacité à exister, à éprouver du plaisir, et

engendre un sentiment de dévalorisation important. ................................................. 14

1-La bonne santé n’est pas seulement l’absence de maladie, elle est aussi liée à la

capacité à ressentir du plaisir à être. ........................................................................ 14

2 – le public accueilli au sein de l’hôpital psychiatrique est confronté à des pénalités

qui entravent l’expression, la communication et la relation. ................................... 14

3 - Un bref historique permet de mieux comprendre le regard porté sur les

maladies mentales aujourd’hui. ............................................................................... 15

4 - La maladie psychique est une pénalité qui englobe plusieurs pathologies et qui

peut engendrer de la souffrance. ............................................................................. 16

5 - L’évolution des connaissances en psychiatrie rend difficile, même aujourd’hui,

l’énumération de caractères distinctifs entre névroses et psychoses. .................... 20

6 – L’être humain est mû par un certain nombre de besoins dont celui d’exister. . 22

7 - La capacité à éprouver du plaisir permet l’engagement et l’implication du corps

et de l’esprit car elle nourrit la saveur existentielle. ................................................ 25

8 - La saveur existentielle(1) agit sur l’estime de Soi car elle améliore la

considération que l’on se porte. ............................................................................... 25

9 - Le manque de cohérence entre les ressentis et les représentations augmente

l’anxiété et affecte l’Amour de Soi. .......................................................................... 27

10 - La saveur existentielle nourrit l’Amour de Soi qui permet l’engagement du

corps et de l’esprit dans une production artistique ou relationnelle. ...................... 28

B – L’Art est une activité humaine qui donne du sens à la vie ..................................... 28

1- L’être humain se définit par trois entités : une entité physique, une entité

psychique et une entité sociale. ............................................................................... 28

2- L’Art se définit différemment selon les époques, le regard que l’on porte sur lui

et la fonction qu’on lui assigne. ................................................................................ 29

3 - Le passage de l’utile à l’agréable permet à l’artisan de devenir artiste. ............. 32

4 - Les arts plastiques témoignent du passage de l’art à l’Art car ils traduisent

l’expression de la subjectivité de l’individu et son intention esthétique. ................ 33

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5 – Pour exprimer des ressentis et matérialiser des intentions, la pratique des arts

plastiques permet d’éprouver des sensations dans l’Art1 et d’expérimenter des

techniques dans l’Art2. ............................................................................................. 33

6 - La dynamique Art1/Art2 mobilise les pouvoirs de l’Art et favorise l’expression

des ressentis, des envies, des désirs, des souffrances, des émotions, dans un

engagement corporel. .............................................................................................. 34

7 - L’Art comme expression humaine orientée vers l’esthétisme va influencer la

médecine et particulièrement le secteur de la psychiatrie. ..................................... 34

8 – La pratique des arts plastiques agit directement sur l’estime de Soi car elle

favorise l’expérimentation de ressentis et engage le pratiquant dans un savoir-faire

qui nourrit la confiance en Soi et permet l’affirmation d’un style et d’un goût

personnel. ................................................................................................................. 36

8 -1- Le dessin et la peinture permettent d’exprimer des ressentis, de faire des

choix et de reprendre confiance en ses capacités. ................................................... 36

8-2- La sculpture papier permet d’éprouver des ressentis nouveaux et de

structurer ces ressentis en intention esthétique. ..................................................... 37

8-3 – Les arts diachroniques permettent de laisser une trace et de revenir sur son

ouvrage afin d’affirmer son style et son goût. ......................................................... 38

C – L’Art-thérapie peut réduire la souffrance des personnes confrontées à la psychose

en leur proposant un lieu d’expression, de communication, de relations, et

d’expérimentation. ....................................................................................................... 39

1- L’Art a des pouvoirs spécifiques qui permettent d’impacter des mécanismes

humains (physiques, psychologiques et sociaux). .................................................... 39

2 - Ce n’est pas l’Art qui soigne mais ce que l’on en fait. L’Art-thérapie utilise les

pouvoirs de l’Art pour apporter du soin au patient. ................................................ 40

3 - L’opération artistique permet de mettre en relation les pouvoirs de l’Art avec les

mécanismes humain. ................................................................................................ 41

4 - L’exercice de l’Art-thérapie nécessite un cadre et une méthodologie

d’intervention. .......................................................................................................... 42

5 - L’Art-thérapie utilise des outils spécifiques pour mettre en œuvre une relation

thérapeutique. .......................................................................................................... 43

6 - La pratique des arts plastiques peut améliorer la relation entre les ressentis et

les représentations. .................................................................................................. 45

7- L’Art-Thérapie favorise l’expression des ressentis et permet un traitement à

distance des conflits internes. .................................................................................. 46

8 – La pratique des arts plastiques en séance collective permet au patient de

retisser du lien social tout en remobilisant ses ressources personnelles. ............... 46

9– La sculpture papier mâché favorise les ressentis et l’implication du corps et

suggère l’expérimentation qui permet de renforcer la confiance en Soi par

l’acquisition et le développement d’un savoir-faire. ................................................ 47

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10 - La peinture favorise l’expression des émotions par un engagement corporel et

agit sur les trois composantes de l’Estime de Soi. .................................................... 47

D – La pratique dirigée des arts plastiques par l’Art-thérapie moderne, peut renforcer

l’Amour de Soi et restaurer la qualité de la relation. ................................................... 47

1- Il n’y a pas de bonnes relations sans comportements adaptés, et l’adaptation

passe par la capacité à récupérer les informations, à les traiter, à les stocker et à les

exprimer de manière cohérente avec ses ressentis. ................................................ 47

2 – Améliorer le rapport entre les ressentis et le représenté permet d’améliorer les

capacités relationnelles parce que l’on se sent moins menacé par l’autre. ............ 48

3 – L’espace « Art-thérapie » permettra à la personne de restaurer l’Amour de Soi

et la Confiance en soi par le vecteur de l’alliance thérapeutique. ........................... 49

Partie II : L’atelier d’Art-thérapie est un lieu qui favorise l’expression des ressentis et

améliore les capacités relationnelles des personnes psychotiques. ................................ 50

A – Le service des arts médiatisés au sein de la psychiatrie adulte est un espace de

reconstruction du lien social et du rapport à soi-même. ............................................. 50

1-L’hôpital est un lieu de soins qui partage des temps de vie. ................................. 50

2 – Le bâtiment « Clérembault » propose un lieu d’accueil, d’écoute, d’échange et

de partage de temps créatifs. ................................................................................... 50

3 – L’équipe pluridisciplinaire permet de regarder le patient dans sa globalité ...... 51

4 - Les temps de réunions permettent de croiser les regards de différents

professionnels et d’ajuster les prises en charge. ...................................................... 51

5 – La personne avec maladie psychique s’approprie l’espace des arts médiatisés

pour expérimenter une autre façon d’être au monde ............................................. 51

B - Des suivis individuels d'art-thérapie à dominante Arts plastiques sont mis en place

au sein d’un atelier collectif. ......................................................................................... 52

1/ La mise en place d'ateliers collectif d'art-thérapie à Clérembault permet de

restaurer le lien social tout en mobilisant des compétences individuelles. ............. 52

2/ L'art-thérapeute utilise ces temps collectifs pour évaluer et affiner des items

d’observation individuels. ......................................................................................... 52

3/ La prise en soin en Art-thérapie obéit à un protocole spécifique à l’intérieur

duquel les temps collectifs entrent dans une stratégie globale du soin qui vise une

amélioration des relations sociales. ......................................................................... 53

4/ L'art-thérapie mobilise des outils d’évaluation basés principalement sur

l’observation de l’impact du phénomène artistique sur les mécanismes humains. 53

C) Les prises en charge individuelles se réfèrent à des protocoles thérapeutiques

personnalisés : présentation de deux situations cliniques en séances individuelles. .. 54

1 - Jacha est suivi par l’institution psychiatrique depuis 21 ans et nous est présenté

comme ayant très peu d’autonomie personnelle. ................................................... 54

1-1- L’Indication médicale(*) est recueillie auprès de l’équipe pluridisciplinaire. ... 54

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1-2-L’état de base confirme les premières informations recueillies auprès de

l’équipe pluridisciplinaire et permet d’établir un objectif général thérapeutique

(OGT) en lien avec l’indication médicale. ................................................................. 55

1-3- Le protocole de soins va organiser l’ensemble de la prise en soin en Art-

thérapie pour identifier des sites d’action (SA), des cibles thérapeutiques (CT) et des

objectifs intermédiaires (OI). .................................................................................... 55

Une fiche d’observation est conçue avec des items spécifiques à Jacha. Ils sont

choisis en fonction des objectifs thérapeutiques à atteindre (Voir Annexe I ). ....... 56

1-4- La prise en charge en atelier individuel se déroulera sur 10 séances

individuelles et 11 séances collectives. .................................................................... 56

1 - 5 – L’évaluation des séances s’appuie sur la fiche d’observation personnalisée,

l’autoévaluation par le cube harmonique(*), ainsi que toutes les observations

pouvant rendre compte de l’engagement dans la production artistique et de

l’impact sur les trois composantes de l’estime de Soi. ............................................. 63

1-6- Le bilan de la prise en charge fait apparaitre une nette amélioration de la

confiance en soi et de la capacité à faire des choix personnels. .............................. 65

2 - Sassa voudrait reprendre ses études suite à une bouffée délirante et l’équipe

médicale se questionne sur ses capacités à reprendre des relations apaisantes. ....... 66

2-1- L’indication médicale est recueillie auprès du Médecin psychiatre de l’unité. 66

2-2- l’Etat de base fait apparaitre une situation familiale conflictuelle et un vécu

d’enfance très douloureux. ...................................................................................... 67

2-3- Le protocole de soins et la stratégie d’intervention ont donné lieu à des

observations en suivi individuel mais dans le cadre d’un atelier collectif, compte

tenu des objectifs thérapeutiques. ........................................................................... 68

2-4- Les séances se sont déroulées en atelier collectif la plupart du temps et cela

constitue une stratégie globale d’accompagnement ............................................... 68

2-5- L’évaluation s’appuiera sur des items spécifiques de la fiche d’observation mais

aussi sur une auto évaluation à chaque séance. ...................................................... 73

2-6- Le bilan de cette prise en charge rend compte d’une évolution rapide des

objectifs intermédiaires et ponctue de manière positive la prise en charge. .......... 75

D – D’autres prises en charge s’effectuent principalement en atelier collectif ........... 76

1 – Les autres suivis se sont réalisés dans le cadre de l’atelier collectif qui travaille

depuis un an sur un projet d’exposition collective dans une Abbaye. ..................... 76

2 - Les différentes prises en charge personnalisées trouvent un point commun dans

les troubles de l’expression et de la relation, et traduisent une atteinte manifeste

de l’Estime de Soi. ..................................................................................................... 77

3 – Le bilan de ces prises en charge montre que l’acte créatif permet de restaurer la

confiance en Soi et d’améliorer le savoir-ressentir. ................................................. 77

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4- La nature même de la psychose pose des limites et rend difficile le phénomène

d’empathie et la perception positive de sa propre valeur. ...................................... 78

5- Le bilan de ces prises en charge en atelier collectif laisse apparaitre des

perspectives intéressantes sur le plan comportemental et relationnel par le biais de

l’alliance thérapeutique et par l’amélioration significative de la confiance en soi. . 78

Partie III : En améliorant la saveur existentielle, l’Art-thérapie nourrit l’Amour de Soi et

redonne de la fierté et de l’espoir nécessaires à une meilleure qualité de vie. ............... 79

A)- Ces expériences cliniques, par le biais de la pratique artistique, ont montré un

certain nombre de points communs entre les personnes concernées. ....................... 79

1-1-Au regard de notre hypothèse de départ, le manque de cohérence entre les

ressentis et les représentations que l’on s’en fait sont bien de nature à perturber le

rapport entre saveur et savoir. ................................................................................. 80

1-2- Les résultats obtenus mettent en évidence une particularité qui interroge la

place de l’Art-thérapeute. ........................................................................................ 83

1-3- La qualité de la relation thérapeutique a une influence sur la confiance en Soi

mais elle a aussi une influence sur l’amour de soi qui permet l’engagement corporel

vers une production (artistique ou relationnelle). ................................................... 84

B – D’autres travaux sur la maladie psychique traitent des troubles de la relation et

du comportement en lien avec l’estime de Soi. ........................................................... 85

1 - Plusieurs expériences en ateliers d’Arts plastiques ont été menées auprès

d’adultes confrontés à la maladie psychique. .......................................................... 85

2 – Le trouble de la relation et l’atteinte de l’Estime de Soi semble être un point

commun aux personnes confrontées à la psychose. ................................................ 87

3-L’Art-thérapie a une influence positive sur les trois composantes de l’estime de

Soi, mais la qualité de la relation entre l’Art-thérapeute et le patient agit

directement sur la confiance en Soi. ........................................................................ 87

C – S’il est bien convenu que le rôle de l’Art-thérapeute se situe dans le soin, sa

posture pourrait être interrogée et évoluer en fonction du cadre d’intervention. ..... 88

1-Le cadre thérapeutique influence la perception que le patient psychotique a de

ses propres capacités. ............................................................................................... 88

2-L’alternance atelier collectif/atelier individuel est un dispositif intéressant pour

un public confronté à la maladie psychique car elle permet l’expérimentation

sensorielle et relationnelle, l’élan et l’implication du corps et de l’esprit, et suggère

l’autorégulation sous l’influence de l’intersubjectivité. ........................................... 88

3-La place et le rôle de l’Art-thérapeute pourraient évoluer en fonction des

domaines de vie (ou d’intervention) qui sont autant de domaines d’expériences

sociales, de rencontres, d’échanges et d’autorégulation. ........................................ 89

Conclusion ........................................................................................................................ 90

Liste des graphiques et illustrations ................................................................................. 93

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Références bibliographiques ............................................................................................ 94

Annexes ............................................................................................................................ 96

Annexe I : La Fiche d’observation de Jacha .................................................................. 97

Annexe II : Le tableau des items retenus pour Jacha ................................................. 103

Annexe III : La fiche d’observation de Sassa ............................................................... 105

Annexe IV : Le tableau des items retenus pour Sassa ................................................ 109

Résumé ........................................................................................................................... 110

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Glossaire :

Sans précisions particulières, ces définitions sont extraites du Dictionnaire de Français en

ligne ou du Dictionnaire des termes de médecine, Ed. Maloine, 26e édition, 2000, pour

les termes médicaux.

Pour les termes spécifiques à l’Art-thérapie, les définitions sont extraites soit des cours

dispensés par l’AFRATAPEM dans le cadre de la Certification du titre d’Art-thérapeute

répertorié au Registre National des Compétences Professionnelles (RNCP), soit du livre

de Richard FORESTIER « Le métier d’art-thérapeute », pages 52 à 56.

Art : Activité Humaine et volontaire qui est orientée vers l’esthétique.

Art 1 : Pratique basée essentiellement sur le ressenti

Art 2 : Pratique basée sur une intention artistique.

Art-Thérapie Moderne : C’est l’exploitation du potentiel artistique dans une visée

thérapeutique et humanitaire.

Art-Thérapie traditionnelle : C’est une forme de psychothérapie à support artistique,

une spécialité qui vient compléter un premier métier d’infirmier Psychiatrique,

d’éducateur spécialisé, de psychiatre, de psychologue, etc..). L’Art-thérapie traditionnelle

interprète tant l’activité, la production que le discours en rapport avec l’atelier d’art.

Affirmation de soi : [art-thérapie]. Capacité à percevoir le monde extérieur comme un

enrichissement propre à développer sa personnalité. L’affirmation de soi se révèle en Art

par la détermination du goût.

AFRATAPEM : Association Française de Recherches et Applications des Techniques

Artistiques en Pédagogies et Médecine, appelée aussi « école d’Art-thérapie de Tours ».

Alliance thérapeutique : [art-thérapie]. Dynamique qui se crée entre le patient et l’art-

thérapeute. Ce terme "d'alliance" implique une notion de contrat dont les deux parties

auront définies ensemble les objectifs, les moyens et les méthodes pour atteindre les

objectifs art-thérapeutiques. L'alliance thérapeutique se constitue par le plaisir sensoriel,

la disponibilité ainsi que l'implication relationnelle.

Amour de soi : aptitude à s’aimer, indépendamment de nos performances et réussites, de

façon inconditionnelle.1 L'amour de soi se révèle en Art par l'engagement.

Anamnèse : [médecine]. En grec "se souvenir". Ensemble de renseignements recueillis

auprès du patient et de son entourage, relatifs à son histoire personnelle et à sa maladie.

Archaïque : [art-thérapie]. Nature brute, fondamentale et primale de l’activité à laquelle

se rapporte cet archaïsme.

Beau : [art-thérapie]. Action réfléchie qui va de l’œuvre au ressenti humain et

inversement, désigne l’impression ou le sentiment éprouvé à la suite d’une satisfaction

esthétique suivant son goût. Le Beau est associé à l’affirmation de soi.

Bien : [art-thérapie]. Passage de l’intention à la production, phase de l’activité

proprement dite. Le Bien est à même de réguler l’action au regard de la cohérence entre

ce que veut l’artiste et ce qu’il est en train de produire, c'est-à-dire son style. Le Bien est

associé à la confiance en soi.

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Bon : [art-thérapie]. Désigne ce qui est relatif à l’engagement de la personne dans la

production artistique. Il met en jeu le plaisir esthétique de la personne et son intérêt dans

l’activité artistique. Le Bon est associé à l’amour de soi.

Bien-être : Fait d'être bien, satisfait dans ses besoins, ou exempt de besoins,

d'inquiétudes, sentiment agréable qui en résulte.

Boucle de Renforcement : enchainement de phases de l’opération artistique qui renforce

une dynamique vertueuse.

Catharsis : Selon Aristote, effet de "purgation des passions" produit sur les spectateurs

d'une représentation dramatique (Petit Robert 2006).

Cible thérapeutique : Point précis sur lequel travaille l’Art-thérapeute.

Cube harmonique : Modalité évaluative des capacités auto-évaluatives artistiques d’une

personne (par le Bon, le Bien et le Beau).

Disponibilités relationnelles : Ensemble des prédispositions psychiques, physiques et

sociales personnelles à rentrer en relation.

DSM III R : Le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (également

désigné par le sigle DSM, abréviation de l'anglais : Diagnostic and Statistical Manual of

Mental Disorders) est un ouvrage de référence publié par la Société américaine de

psychiatrie (APA) décrivant et classifiant les troubles mentaux.

Engagement : Intensité de l’implication d’une personne pour réaliser ou apprécier une

activité artistique ou ses produits.

Estime de soi : [art-thérapie]. Valeur et considération de la personne à son propre

regard. L'estime de soi est harmonieuse lorsque ses trois composantes, l'amour de

soi, la confiance en soi et l'affirmation de soi, sont équilibrées.

Exister : [général]. Avoir une réalité ; Vivre ; Avoir de l'importance, de la valeur.

Faisceaux d’items : ensemble d’items regroupés car significatifs et caractéristiques d’un

phénomène à observer.

Implication relationnelle : Engagement effectif du corps et de l’esprit dans une relation

Indication médicale, ou thérapeutique : Recommandation, conseils par le corps

médical.

Items : Plus petite unité perceptible en rapport avec un objectif. Item : (En art-thérapie) :

Plus petite unité appréciable d’un niveau d’organisation. Il peut être observé, ressenti ou

interprété.

Intersubjectivité : Communication entre deux sujets humains (Dictionnaire Français en

ligne) ; En Art-thérapie : Rencontre et échange entre deux façons intimes et singulières de

ressentir un même évènement

Opération artistique : Organisation des éléments humains impliqués dans l’activité

artistique

Pénalité : [art-thérapie]. Désavantages infligés à la personne à la suite d’une maladie,

d’un handicap, d’une blessure de vie ou d’un choix de vie qui affecte la qualité de vie.

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Pénalités sanitaires: Entrave sanitaire, souffrance : R. Forestier, « le métier d’art-

thérapeute » p.55

Phénomène artistique : [art-thérapie]. Mécanismes observables de l’opération artistique.

Phénomène associé : [art-thérapie]. Ce qui accompagne, qui est choisi ou subi et qui

influe sur la dominante.

Pouvoirs de l’Art : Le Pouvoir d’Engagement (le corps bouge), le Pouvoir éducatif

(Respect de la dominante et des outils en lien avec la dominante) et le Pouvoir relationnel

(ex : le fait de montrer, on a besoin de l’autre pour présenter une œuvre).

Production artistique : Le résultat concret d’une activité artistique.

Production sociale : C’est un engagement et une implication du corps et l’esprit dans

une relation sociale.

Qualité du moment : Impression générale relative au moment passé par le patient

Ressenti : éprouver, percevoir à nouveau une sensation. Activité sensorielle dominante

qui possède un caractère abstrait et hors verbal.

Représenté : Se rappeler, saisir rapidement par l’esprit. Activité cognitive dominante qui

possède un caractère symbolique. Signifiant.

Saveur existentielle : Régulateur naturel du savoir existentiel. Fondements du goût de

vivre.

Savoir existentiel : Présence et fonction naturelle de tous les éléments indispensables à

l’épanouissement de la vie.

SAVS : Service d’Accompagnement à la Vie Sociale

SAMSAH : Service d’Accompagnement Médico-Social pour Adultes Handicapés

Service de suite (SSR) : Les Soins de Suite et de Réadaptation interviennent dans la

rééducation d'un patient, à la suite d'un séjour hospitalier.

Sites d’Actions : Localisation d’une ou plusieurs difficultés sanitaires sur lesquelles il est

possible d’intervenir.

Syndrome : Un syndrome est un ensemble de signes cliniques et de symptômes qu'un

patient est susceptible de présenter lors de certaines maladies.

Traitement Archaïque : Traitement des perceptions sensorielles par le tronc cérébral,

donne naissance aux émotions et/ou aux mécanismes archaïques de défense (l’Arc

réflexe).

Traitement mental sophistiqué : Traitement cognitif des perceptions reçues et filtrées

par le traitement archaïque. Englobe le stock de connaissances acquises, la culture,

l’affect et le domaine des représentations mentales.

Zone extrapyramidale : Partie du cerveau responsable de la coordination des

mouvements. L’inhibition de la dopamine peut entraîner un syndrome extrapyramidal qui

se manifestera par de la rigidité musculaire, de l’hyperkinésie, des torticolis et des

tremblements des membres (par exemple dans le cas de Sassa jusqu’à la modification de

son traitement à partir de la séance 3).

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Introduction

Mon parcours professionnel s’est construit depuis 26 ans autour des métiers de

l’éducation spécialisée, du social et du médico-social.

Durant ces années, j’ai pu mettre en place des ateliers artistiques à visées

éducatives qui m’ont permis de me rendre compte de l'impact d'une pratique

artistique sur la santé et sur les rapports sociaux au sein d’un collectif.

Ces expériences humaines et artistiques m’ont conduit à rencontrer un public

confronté à des troubles du comportement et de la personnalité et, les 13 dernières

années, elles m’ont permis d’accompagner plus particulièrement un public adulte

confronté à la maladie psychique.

Ces expériences professionnelles se sont déroulées dans le cadre d’établissements

médico-sociaux avec l’appui d’une équipe pluridisciplinaire diversifiée

(Psychiatre, Assistante Sociale, Psychologue, Psychomotricien, Orthophoniste,

éducateurs spécialisés, Aide Médico-Psychologique, Moniteur éducateur, etc…).

Dans ces établissements, j’ai exercé les fonctions de responsable éducatif pour,

ensuite, prendre la direction d’un Foyer de vie pour adultes avec handicap mental

et maladie psychique. A ces occasions, j'ai mis en place plus d'une vingtaine

d'ateliers artistiques à visée éducative.

Grâce à l’éclairage d’un travail partenarial qui s’était mis en place pour certains

résidents (lorsqu’ils étaient suivis par une équipe médicale extérieure,

principalement les services de l’hôpital psychiatrique de Montauban), j’ai pu

constater l’impact d’une pratique artistique sur la vie quotidienne des personnes et

sur l’évolution de leur maladie. Afin de poursuivre mon expérience

professionnelle et de répondre aux questions soulevées par ces constats, j’ai

entrepris une formation d’art-thérapeute à l’AFRATAPEM(*) à Tours.

Lors de mes stages pratiques, c’est tout naturellement que je me suis dirigé vers

une structure d’accueil d’un public adulte confronté à la maladie psychique, dans

le secteur psychiatrique de l’hôpital public de Montauban. Ce mémoire

professionnel portera donc sur ce public et ses difficultés à exister(*).

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13

Dans une première partie, je vous présenterai les caractéristiques principales de ce

public et de cette maladie, ainsi que son impact sur la vie psychique et

quotidienne des personnes qui y sont confrontées. En essayant d’expliquer les

pénalités sanitaires(*) qui affectent la qualité de vie du patient, et aussi de quelles

manières l’art-thérapie est en mesure d’y apporter une réponse, j’avancerai

l’hypothèse que la pratique des arts plastiques peut diminuer les souffrances

engendrées par ces pénalités, peut renforcer les capacités relationnelles, et

améliorer la qualité de vie des patients.

La deuxième partie présentera deux cas cliniques traités dans le cadre de l’art-

thérapie moderne(*) avec un protocole de soins adapté à chaque patient. La

présentation succincte de quatre autres patients viendra témoigner des avantages

et des limites d’un accompagnement en art-thérapie pour un public confronté à la

maladie psychique.

Dans la troisième partie, après une évaluation de l’ensemble de ces expériences

cliniques, confrontée à l’hypothèse opérationnelle ainsi qu’à d’autres recherches

effectuées auprès d’un public similaire, je pourrai mettre en exergue un aspect qui

me parait fondamental dans l’efficacité d’un accompagnement art-thérapeutique :

la relation thérapeutique, le cadre et la place de l’art-thérapeute dans le dispositif

d’accompagnement aux soins.

Ce constat a permis d’élaborer un début de réflexion et de présenter des

perspectives qui nous semblent intéressantes de développer dans des prochaines

études universitaires et sur le terrain professionnel de l’art-thérapie.

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Partie I : lorsque la maladie psychique diminue l’Estime de Soi, il

devient difficile d’aller vers les autres.

A - La maladie psychique affecte la capacité à exister, à éprouver du plaisir,

et engendre un sentiment de dévalorisation important.

1-La bonne santé n’est pas seulement l’absence de maladie, elle est aussi liée à

la capacité à ressentir du plaisir à être.

Définition de la bonne santé :

Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (l’OMS), la bonne santé c’est « un état

de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en

une absence de maladie ou d’infirmité »(1).

Une bonne qualité de vie contribue à une bonne santé car elle entretient la saveur

existentielle, c’est-à-dire le fait de savoir que la vie peut avoir un goût et que ce

goût peut être bon. Cette saveur existentielle nourrit le bien-être car elle tend à

développer un sentiment général d’épanouissement et une capacité à ressentir du

plaisir.

Un ressenti psychique est soumis aux émotions et pour que ce ressenti devienne

un sentiment partageable il doit passer par le filtre de nos représentations. Un

mauvais rapport entre les ressentis et les représentations va perturber la

communication (les sentiments dirigés vers autrui) et la relation (manque de

disponibilité dans les échanges).

2 – le public accueilli au sein de l’hôpital psychiatrique est confronté à des

pénalités qui entravent l’expression, la communication et la relation.

Les pénalités présentes sur le lieu de l’étude relèvent de la maladie psychique. Il

s’agit principalement de la névrose, la psychose et les formes sévères de

dépression nécessitant une hospitalisation.

Toutes ces maladies engendrent des pénalités sanitaires, mais aussi existentielles

qui se manifestent par des troubles de l’expression, de la communication et de la

relation.

(1)- Préambule à la Constitution de l'Organisation mondiale de la Santé, tel qu'adopté par la

Conférence internationale sur la Santé, New York, 19-22 juin 1946; signé le 22 juillet 1946 par les

représentants de 61 Etats. 1946; (Actes officiels de l'Organisation mondiale de la Santé, n°. 2, p.

100) et entré en vigueur le 7 avril 1948.

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15

La maladie mentale trouve un écho particulier dans la société (hors institution) qui

rajoute de la difficulté dans les relations sociales et questionne la place du patient

au sein d’un « vivre ensemble ».

Non seulement les différentes maladies évoquées ci-dessus affectent les capacités

relationnelles et de communication, mais le regard que renvoie la société sur le

sujet malade ne lui facilite pas son intégration et sa guérison. Pire, cela entraîne

des souffrances supplémentaires : sentiment d’être rejeté, de ne pas être adapté à

la société et aux attentes sociales, augmente sa culpabilité et son manque de

confiance en Soi.

De plus, ce sentiment de ne pas être adapté accentué par une vision négative des

personnes de la société civile, a pour effet d’affecter fortement la considération

que l’on se porte à soi-même, ainsi que les capacités d’expression de la personne

concernée.

3 - Un bref historique permet de mieux comprendre le regard porté sur les

maladies mentales aujourd’hui.

La délimitation des champs des névroses et des psychoses a évolué selon les

moments de l’histoire des idées.

Dans la première partie du 19ème

siècle, les névroses étaient considérées comme

des atteintes du système nerveux central. Elles sont devenues sous l’influence de

la psychanalyse des affections psychogènes avec une accessibilité thérapeutique

assez grande. Le sujet névrosé pouvait être maintenu dans sa famille et continuer

sa vie sociale ordinaire, alors que la personne psychotique relevait d’une

hospitalisation.

Le terme de psychose désignait au 19 ème siècle la maladie mentale en général.

Puis il a été réservé aux maladies mentales les plus graves pour s’opposer aux

névroses. Il faut savoir que pendant toute la première moitié de ce siècle, la

psychose entrainait systématiquement une hospitalisation car les troubles

engendrés affectaient gravement les relations sociales. Ce n’est qu’avec

l’apparition des neuroleptiques d’abord, puis du lithium, que l’indice de gravité de

certaines psychoses fut modifié.

L’évolution de la pensée théorique a beaucoup évolué au cours du 20 ème siècle

et encore plus ces 30 dernières années à la lumière des neurosciences.

L’atelier d’Art-thérapie de Clérembault dispense des soins de support pour un

public recevant des soins psychiatriques au sein de l’hôpital public de Montauban.

Il dépend donc principalement des services de psychiatrie adulte que l’on nomme

communément l’hôpital psychiatrique.

Cette expression est née au cours du XIXe siècle, période à laquelle l'hôpital

psychiatrique moderne s'est développé. C'est également au cours de cette période

(1838 précisément), que la loi rendant la création de ce genre d'établissement

obligatoire en France a été promulguée.

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Le terme employé jusqu’ici était « Asile ». Il est encore employé de nos jours

dans le langage commun d’une manière péjorative, avec une notion

d’enfermement et d’isolement afin de protéger les autres gens (les pas fous !).

Pourtant ce terme d’asile, ou plus précisément « salles d’asile », était employé

aussi à la même époque (de 1830 à 1881) pour désigner les classes maternelles.

Ces classes d’asile avaient pour fonction d’accueillir les jeunes enfants du peuple

qui restaient dans la rue pendant que leurs parents travaillaient. En plus de

l’enseignement dispensé, elles portaient aussi assistance à ces enfants, dont l’âge

était compris entre 2 et 6 ans. Même si le fonctionnement de ces établissements

reposait sur des méthodes relativement dures, elle avait une vocation d’accueil,

d’assistance et de refuge par rapport à une vie sociale extérieure qui n’en était pas

moins dure. Enfin, il faudra attendre les lois de Jules Ferry, en 1881, pour que les

écoles maternelles soient véritablement instituées.

De nos jours, si le mot asile n’est plus employé pour désigner un lieu qui accueille

des personnes ayant besoin de soins psychiatriques, il est décliné sous plusieurs

formes:

Sur le plan politique et historique, la fonction d’accueil se retrouve aussi dans

l’usage actuel du mot asile pour des « demandeurs d’asile ».

L’asile est un lieu inviolable où l’on est à l’abri des persécutions et des poursuites.

Il est synonyme de sanctuaire dans lequel on peut trouver refuge.

Tandis que dans l’usage littéraire, c’est un lieu de retraite où l’on trouve le calme

et l’apaisement.

Aujourd’hui, l’Hôpital psychiatrique désigne, dans le domaine médical, un

établissement hospitalier (ou un service) dont la spécialité est de traiter les

troubles mentaux, comme la psychose, la schizophrénie, les formes sévères de

névroses et de dépression.

4 - La maladie psychique est une pénalité qui englobe plusieurs pathologies et

qui peut engendrer de la souffrance.

La névrose.

La névrose est une affection répandue qui selon son importance ou (et) sa durée

engendre des pénalités invalidantes et des souffrances importantes.

Bien qu’il existe différentes approches de la notion de névrose, les théories

psychanalytiques qui restent très influentes dans les pratiques en psychiatrie

adulte en général, et à l’hôpital de Montauban en particulier.

Les théories psychanalytiques reposent sur l’apport fondamental de l’œuvre de

Sigmund Freud (1) à la psychiatrie.

(1)-Sigmund Freud, né le 6 mai 1856 à Freiberg, Moravie (Autriche), et mort le 23 septembre

1939 à Londres, est un médecin neurologue autrichien, fondateur de la psychanalyse.

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Au regard du champ d’intervention de l’Art-thérapie moderne, il est intéressant de

souligner que c’est lui qui formula le premier l’existence d’une vie psychique, et

que celle-ci pouvait faire souffrir (la souffrance étant le principal indicateur qui

justifie l’intervention d’un Art-thérapeute).

En 1900, il développe une première topique qui présente l’appareil psychique en

trois parties (ou lieux psychiques) : l’inconscient, le préconscient et le conscient.

A partir de 1920, il propose une organisation de la personnalité (seconde topique)

qui fait intervenir trois instances : le Moi, le ça (pulsions instinctuelles), et le

Surmoi (les exigences socioculturelles).

Pour S. Freud, la névrose est la résultante d’une forme d’adaptation de notre vie

relationnelle régit par le Moi (donc une adaptation du Moi) aux conflits qui

opposent les exigences pulsionnelles du ça aux interdits (censure) du Surmoi.

Cette lutte génère des angoisses et de la tension. La frustration engendrée se

traduit par le symptôme qui joue un rôle de substitut et entraine un bénéfice

primaire (abaissement de la tension), et dans un deuxième temps des bénéfices

secondaires (se faire plaindre, maternage de l’entourage, etc…) pour obtenir des

avantages.

Pour opérer ce processus, le Moi utilise des mécanismes de défenses. Chaque type

de névroses correspond à un ou plusieurs mécanismes de défense dits

« spécifiques ». Compte tenu du champ d’application retenu dans ce mémoire

professionnel et du public rencontré lors des stages pratiques, nous avons choisi

de présenter ceux qui sont le plus souvent à l’œuvre et qui caractérise le public

abordé pendant la période de stage pratique.

Les mécanismes de défenses :

Le refoulement est le plus commun et le plus caractéristique de la névrose. Il

consiste à rejeter et à maintenir dans l’inconscient des pensées, des souvenirs, des

images liées à une pulsion qui n’a pu être satisfaite.

La régression consiste à un retour des modes d’expression et de comportement à

un niveau ancien de satisfaction

Le transfert est le mouvement qui consiste à attribuer à l’autre un sentiment, une

pensée, un désir.

Le déplacement est le transfert d’une représentation sur une autre, cette dernière

étant neutre en elle-même.

L’identification consiste à assimiler un attribut ou une propriété de l’autre,

pouvant aller jusqu’à se transformer sur le mode de l’autre.

L’introjection est un mécanisme dérivé de l’identification qui est proche de

l’incorporation.

La projection consiste à projeter sur l’autre des sentiments, des qualités, des désirs

que l’on refuse de voir comme les siens.

Les formations réactionnelles sont des conduites à l’inverse des affects latents.

Ex : une propreté excessive se substitue à une tendance à la saleté).

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L’annulation rétrospective consiste à utiliser une pensée ou un comportement

inverse à ce que l’on n’a pas réussi à faire.

Le fait de bien identifier la névrose permet de mieux définir la psychose, l’une se

définissant par rapport à l’autre.

On observe 3 grandes catégories de névroses :

→ La névrose d’angoisse qui se manifeste par deux types de troubles :

le trouble panique (attaques de panique récurrentes et inattendues)

le trouble d’anxiété généralisé (personnalité anxieuse)

→ La névrose phobique : c’est une crainte angoissante déclenchée par un objet ou

une situation qui ne représentent pas objectivement un caractère dangereux.

→ L’hystérie : c’est une névrose caractérisée par l’hyper-expressivité somatique

des idées, des images et des affects inconscients qui se manifestent par des

comportements, des humeurs et des symptômes psychosomatiques permanents ou

paroxystiques. La névrose hystérique s’installe habituellement à l’adolescence ou

au début de l’âge adulte (rarement plus tard).

En résumé.

La plupart des auteurs reconnaissent une origine multifactorielle aux syndromes

névrotiques.

Sur le plan du diagnostic, la névrose implique que soient d’abord éliminées une

affection organique ainsi qu’une affection psychotique.

La dépression.

Elle accompagne souvent une autre pénalité.

L’hôpital accueille des personnes dont les formes sévères de dépression rendent la

vie sociale compliquée. Ainsi, une hospitalisation est nécessaire pour protéger la

personne et lui donner les moyens de retrouver suffisamment de ressources

internes pour retourner dans la vie sociale extérieure. Souvent, ces dépressions

chroniques sont la conséquence de maladies ou pénalités qui sont installées depuis

longtemps. Elles se manifestent par des souffrances qui se rajoutent à un tableau

clinique.

Compte tenu du cadre de prise en charge hospitalière, nous ne pourrons observer

que la forme la plus répandue en institution, la dépression névrotique.

Elle se définit par sa longueur et son absence de rémission spontanée, d’où une

hospitalisation sur du moyen et long terme, ou bien ponctuellement dans une

période d’excitation (crises cycliques).

La durée évoquée dans le DSM III R(*) pour parler de dépression névrotique est

de deux ans chez un adulte et de un an chez un adolescent. C’est ce type de

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dépression que l’on trouve le plus souvent au sein de l’atelier d’art-thérapie de

l’hôpital de Montauban, avec une particularité : elle est souvent associée à une

personnalité pathologique de type hystérique ou état limite(1), pouvant être

aggravée par la dépendance à des médicaments (sédatifs ou tranquillisants), voir

alcool ou drogues.

La psychose.

La psychose engendre des troubles du comportement, de la relation et de

l’expression qui sont interdépendants.

Les psychoses sont de 3 ordres :

→ Chroniques, comme la paranoïa, les Psychoses Hallucinatoires Chroniques (les

PHC), et les schizophrénies,

→ Aigües, comme les bouffées délirantes (les BDA),

→ Ou bien organiques (qui apparaissent suite à des facteurs organiques bien

connus et précis)

Les mécanismes de défense de la psychose sont :

→ Le clivage

→ Le Déni

→ L’identification

→ La projection

→ L’identification à l’agresseur

Les troubles psychotiques engendrent des comportements qui peuvent parfois se

rapprocher de ceux observables chez des personnes atteintes de névroses ou dans

des formes sévères de dépression. Cependant, les souffrances ne sont pas les

mêmes et ne prennent pas leur source dans les mêmes mécanismes humains

(physiologiques, psychologiques, biologiques, etc…). Cet exposé tente d’apporter

un regard théorique qui éclaire des comportements observés dans le cadre

professionnel de l’Art-thérapie et non d’expliquer de manière exhaustive toutes

les maladies mentales. Ainsi, nous avons choisi de présenter les psychoses sous

une forme comparative avec la névrose développée ci-dessus afin d’en dégager les

principales caractéristiques observables dans le cadre d’un atelier d’Art-thérapie.

Ces caractéristiques sont mises en lien avec les souffrances pouvant être

habituellement traitées en Art-thérapie moderne.

(1)- état limite : Maladie située entre la névrose et la psychose

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5 - L’évolution des connaissances en psychiatrie rend difficile, même

aujourd’hui, l’énumération de caractères distinctifs entre névroses et psychoses.

Définir la psychose c’est aussi savoir reconnaitre ce qui n’en est pas. C’est

pourquoi la psychose se définit souvent au regard de la névrose (et inversement).

Il m’a semblé intéressant de présenter un ensemble d’éléments distinctifs et de

repérer de quelles manières ils impactent les différents aspects de la vie sociale et

psychique d’un être humain. Ainsi, lorsque le diagnostic de psychose est écarté,

on parle souvent de névrose.

Tableau n°1 :les principaux signes distinctifs Névrose/Psychose:(Tableau Gilles Tedetti).

Eléments observables et

traitables dans le cadre

de l’Art-thérapie

Névrose

Psychose

Rapport à la réalité Reste dans la réalité

même si le rapport à

celle-ci se négocie

Rupture avec la réalité

extérieure

Communication

Réalité interprétée en

fonction de ses

expériences antérieures et

de son état émotif mais

cela reste communicable

et accessible aux autres

Déni de la réalité

extérieure au profil d’une

réalité personnelle

incommunicable

Relationnel

Pas d’expérience

incommunicable et hors

de la réalité

Interprétation de la réalité

qui situe l’individu en

dehors de toute expérience

partageable

Expression de la

souffrance

Exprime une souffrance

qui peut être

communiquée et qui ne

paraîtra pas

incompréhensible aux

autres

Soit sa souffrance

l’empêche de

communiquer avec les

autres, soit la personne

fournit des informations

inutilisables par les autres

Impact de la souffrance Cette souffrance ne

détache pas le névrosé de

la réalité

Sa souffrance l’éloigne de

la réalité

Adaptation

Négocie avec la réalité

mais ne rompt pas avec

elle

Peut partir dans des

délires avec des

explications que lui seul

semble comprendre

Aménagements

Certains aménagements

de la relation permettent

généralement à la

communication de

reprendre ou de

s’améliorer

Ces aménagements sont

souvent inefficaces avec

un psychotique

Communication

La capacité à

communiquer est

Malaise dans la relation

dû à l’étrangeté des

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troublée mais la plupart

des informations sont

exploitables

troubles et à

l’incommunicabilité

Prise de conscience

Conscience de ses

troubles

Ignore ses troubles mais

peut avoir conscience des

effets «hors attentes

sociales » des

comportements engendrés

Relationnel

Peut demander de l’aide

en précisant la nature de

ses troubles

Ne peut pas demander de

l’aide car ignore l’origine

de son trouble.

Types de prises en

charge

Les hospitalisations sont

rares et les personnes

peuvent maintenir un lien

social, familial et

professionnel.

(sauf hystéries

somatiques chroniques,

névroses obsessionnelles,

rites phobies

Les hospitalisations sont

souvent indispensables,

périodiques et souvent de

longues durées, ce qui

engendre des blessures de

vie en plus de la pénalité

sanitaire

En résumé, des évolutions sont possibles.

Tout être humain connait dans sa vie des symptômes névrotiques. Seulement un

petit nombre les organisent de façon durable et répétée sans relation apparente

avec les évènements extérieurs. Une partie de ceux-là exprime leur souffrance et

demande de l’aide. Ce sont eux que l’on retrouve en milieu de soins hospitaliers,

soit en accueil de jour ou pour des hospitalisations de courte à moyenne durée.

Un état dépressif prédomine et l’hospitalisation engendre des blessures de vie

(perte du lien social et familial, relation intimes, carences affectives, etc…).

Le trouble névrotique rencontré en institution présente souvent un tableau poly-

symptomatique dans lequel il est difficile de retrouver les cadres classiques. Il

existe également des associations de troubles névrotiques avec des troubles

psychotiques chez un même sujet.

Certaines névroses comme l’hystérie peuvent évoluer vers un trouble psychotique.

On parle alors de psychoses hystériques.

Une amélioration des troubles psychotiques dans le traitement des schizophrénies

peuvent amener l’apparition de nouveaux troubles de type névrotique, en

particulier obsessionnels.

Certaines intoxications (alcool, drogues), certains désordres métaboliques ou lors

de troubles hormonaux, ou bien des atteintes du Système Nerveux Central,

peuvent aussi être à l’origine de troubles psychotiques aigus ou chronique.

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En dehors de toute psychose caractérisée par les éléments cités ci-dessus et en

dehors de toute affection organique décelable (tumeur cérébrale, etc…) on peut

observer des troubles psychotiques dans ce que l’on appelle les états limites. Ils

peuvent se manifester par des délires, des troubles de l’humeur (excitation et

dépression), et sont souvent associés à des carences affectives et sensorielles.

Quels que soient les troubles engendrés par les différentes expressions de la

maladie psychique, les souffrances induites expriment d’une manière consciente

ou inconsciente, un besoin d’exister, d’être au monde et d’établir une relation avec

son environnement.

Par contre coup, la difficulté à établir des relations adaptées à son environnement

pénalise la capacité à ressentir du plaisir, ce qui affecte la saveur existentielle(*).

6 – L’être humain est mû par un certain nombre de besoins dont celui d’exister.

La capacité à éprouver du plaisir peut être affectée par un mauvais traitement des

perceptions et des ressentis qui engendre une mauvaise adaptation à son

environnement. En effet, l’adaptation à son environnement s’établit par

l’intermédiaire de l’ensemble de ses facultés réceptives: l’odorat, la vue, le

toucher, l’audition et le goût, qui peut être perturbé à plusieurs niveaux.

Tout d’abord, une mauvaise adaptation à l’environnement peut provenir d’une

déficience des captations sensorielles (par les 5 sens ci-dessus) qui transmettent de

mauvaises informations. Ensuite, d’un mauvais acheminement des informations

par le système nerveux périphérique, autonome et central. Enfin, d’un mauvais

traitement cérébral (traitement archaïque dans le tronc cérébral et traitement

sophistiqué dans le cortex (substances grises), qui engendre un traitement cognitif

erroné des informations perçues.

Tout ce processus permet à l’être humain d’établir une relation avec son

Environnement et de s’adapter en permanence aux variations qui apparaissent.

Cette adaptation à son environnement est essentielle à la vie car elle rend possible

cette relation entre un « intérieur » ressenti propre à l’individu et un « extérieur »

partie visible et partageable.

Ce processus influence le rapport entre le ressenti et le représenté et permet à

chacun d’adapter son monde intime aux exigences de son environnement. Cet

ajustement sur le plan physiologique, mental et social, permet de maintenir un

équilibre indispensable à la vie. Cet équilibre est appelé homéostasie sur le plan

physiologique, ou esthésie au niveau de l’esprit. Ces équilibres constituent les

premiers besoins fondamentaux de la vie humaine, et de la vie dans son principe

en général. Ils permettent à la vie de se déployer et engendrent d’autres besoins

spécifiques à la condition humaine.

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Ces besoins spécifiques à l’être humain sont définis par plusieurs auteurs.

Abraham Maslow(1) a défini un ensemble de besoins propres à l’être humain en

les présentant sous forme de pyramide pour expliquer qu’il y a des besoins

fondamentaux sur lesquels il est nécessaire de s’appuyer pour satisfaire d’autres

besoins.

Voici la représentation graphique des besoins selon A. MASLOW(2):

Besoins de réalisation : de se sentir utile et reconnu, d’Estime de soi

d’épanouissement, de développement, de réalisation de Soi

Besoin de valorisation : Se sentir aimé, compris, valorisé

Considéré, écouté, respecté.

Besoins d’appartenance : d’identité collective, de se sentir

appartenir à une communauté, se reconnaitre dans un groupe

Besoins de sécurité : de protection, d’être rassuré (Schéma N°1)

Besoins Physiologiques : Relatifs au maintien de la vie, Manger, boire, dormir, se reproduire.

Rosette Poletti (3) s’inscrit dans la lignée du courant humaniste comme Maslow.

Elle reprend sa pyramide et y rajoute le besoin de propriété et distingue dans le

besoin d’estime, le besoin d’estime de Soi et le besoin d’estime de la part des

autres. Schéma N°2 : les besoins selon Rosette Poletti :

Besoins de se réaliser

Besoins d’estime de Soi

Besoins d’estime de la part des autres

Besoins d'appartenance

Besoins de propreté

Besoins de sécurité

Besoins physiologiques de base (Schéma N°2)

(1)- Abraham Harold Maslow, né le 1ᵉʳ avril 1908 à New York et mort le 8 juin 1970 à Menlo

Park en Californie, est un célèbre psychologue américain considéré comme le père de l'approche

humaniste.

(2)- MASLOW, A. H., The farther reaches of human nature. Viking Press, New York, 1971.

(3)- Rosette Poletti, née en 1938 à Payerne, est une infirmière suisse en soin généraux et en

psychiatrie, formatrice en soins infirmiers et Sciences de l'Education. Elle est également

psychothérapeute.

Niveau 1 : Besoins physiologiques

Niveau 2 : Besoins de sécurité

Niveau 3 : Besoins d’appartenance

Niveau 4 : Besoins de

valorisation , d’estime de Soi

Besoins de

réalisation

Niveau 5

Niveau 1 : Besoins physiologiques

Niveau 2 : Besoins de sécurité

Niveau 4 : Besoins d’appartenance

Niveau 6 : Besoins d’estime de Soi

Besoins de

réalisation

Niveau 3 : Besoins de propriété

Niveau 5 : Besoins d’estime des autres

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Selon le modèle de Virginia Henderson(1), les besoins fondamentaux de l'être

humain peuvent être classés selon une liste ordonnée que les professionnels de

santé peuvent utiliser lors des soins, et notamment des soins infirmiers.

Cette vision schématique du fonctionnement et des besoins humains est un guide

pour le soignant qui est toujours opérationnel en milieu hospitalier. Si l’on

considère que pratiquement tous les Arts-thérapeutes qui exercent à l’hôpital

psychiatrique de Montauban sont à l’origine de formation infirmier psychiatrique,

il semble important d’y faire référence dans la présentation de l’approche globale

des besoins.

Cette grille de quatorze besoins est utilisée en psychiatrie, où les patients ne sont

pas forcément demandeur de soins. Il convient donc de l’utiliser en l’adaptant aux

patients rencontrés (comme le voulait Virginia Henderson).

1 : Besoin de respirer ; 2 : Besoin de boire et de manger ; 3 : Besoin d’éliminer

4 : Besoin de se mouvoir et de maintenir une bonne posture

5 : Besoin de dormir et de se reposer ; 6 : Besoin de se vêtir et de se dévêtir

7 : Besoin de maintenir la température corporelle du corps dans les limites

normales ; 8 : Besoin d’être propre, soigner et protéger ses téguments

9 : Besoin d’éviter les dangers ; 10 : Besoin de communiquer

11 : Besoin d’agir selon ses croyances et ses valeurs ; 12 : Besoin de s’occuper en

vue de se réaliser ; 13 : Besoin de se recréer ; 14 : Besoin d’apprendre

Les besoins engendrent des tensions qui rompent l’homéostasie et poussent l’être

humain à rechercher des solutions pour satisfaire ses besoins et rétablir l’équilibre.

Ce retour à l’équilibre libère les tensions provoquées par les besoins qui n’étaient

pas satisfaits et cela procure du plaisir. Ce plaisir est issu de ce savoir inné qui

consiste à rechercher un équilibre pour maintenir la vie. C’est donc un savoir

existentiel et le plaisir qu’il procure une saveur agréable. A l’inverse, lorsque le

besoin n’est pas satisfait, la saveur existentielle devient désagréable.

Ce rapport entre savoir et saveur participe à la valeur que l’on attribue à

l’existence (à son goût positif ou négatif). Cette faculté, génératrice d’un goût qui

peut être agréable ou désagréable, conditionne aussi la valeur que l’on s’attribue à

soi-même.

C’est également grâce à ces recherches de solutions que les êtres humains

explorent leur environnement, engrangent des connaissances, éprouvent du plaisir

ou déplaisir qui les pousse à s’adapter, à s’autoréguler, à s’affirmer. De cette

façon, l’être humain est poussé à faire des choix et devient autonome.

(1)- Virginia Henderson (1897-1996), est une infirmière américaine qui a travaillé en pédiatrie,

en psychiatrie et dans le domaine de la recherche.

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Nous voyons bien que, parmi l’ensemble des besoins énoncés par A. Maslow,

Virginia Andersen et R. Poletti, le besoin d’estime de Soi (par soi-même ou/et par

les autres) est un besoin essentiel à l’existence humaine, et que s’il y a un besoin

qui dépasse la nécessité de vivre, c’est bien le besoin d’exister (à ses yeux et aux

yeux des autres).

7 - La capacité à éprouver du plaisir permet l’engagement et l’implication du

corps et de l’esprit car elle nourrit la saveur existentielle.

Nous avons vu que le corps reçoit et transmet des informations sensorielles. Il

perçoit des stimulis de son environnement dans une phase d’impression, et il

réagit en mobilisant sa structure corporelle dans une phase d’expression. Dans

chaque mouvement que suscite cet échange d’informations, le corps s’implique et

permet une autorégulation des capacités sensorielles par un phénomène

d’appétence.

Ainsi, si l’expérience sensorielle est gratifiante, la capacité à éprouver du plaisir

se renforcera et donnera un élan corporel plus significatif. Cette gratification

sensorielle va également nourrir la saveur existentielle(1) par le rapport

saveur/savoir qui viendra témoigner que la vie peut avoir un goût et que ce goût

peut être bon.

Ce savoir sur la saveur va agir sur l’estime de Soi car il influence la capacité à

attribuer une valeur à la vie et à soi-même. Cela permet de ressentir du plaisir à

vivre et à être.

8 - La saveur existentielle(1) agit sur l’estime de Soi car elle améliore la

considération que l’on se porte.

Différentes approches du concept de l’estime de Soi sont abordées par plusieurs

auteurs.

André et Lelord(2) proposent de concevoir l’estime de soi comme l’interaction de

trois composantes, l’amour de soi*, la confiance en soi* et la vision de soi* – cf.

tableau n°2 ci-dessous.

(1)- La saveur existentielle, c’est le fait de savoir que la vie a un goût et que ce goût peut être bon.

Si je sais que ce goût peut être bon, c’est que je l’ai déjà perçu au moins une fois. Il fait partie de

ma mémoire sensorielle, corporelle, structurelle. La recherche d’une saveur existentielle positive

est donc toujours une recherche de ce que je sais, et tout ce que je pourrais percevoir est donc du

Re-senti (du déjà senti). Ce ressenti est possible grâce à des perceptions sensorielles qui font

naître des émotions.

(2)- Christophe ANDRE et François LELORD, « L’Estime de soi », édition Odile Jacob,

septembre 2008

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François FANGET(1) identifie trois facteurs qui sont l’estime de Soi*, la

confiance en Soi et l’affirmation de Soi*.

Hélène BENHART et Christine MILLOT(2) parlent d’Amour de Soi, de

Confiance en Soi et d’Affirmation de Soi. C’est ce modèle que je retiendrai pour

mon travail clinique car l’affirmation de Soi est une composante qui me parait

intéressante pour observer les conséquences d’une évolution de la confiance en

soi et de l’amour de soi dans l’engagement vers les autres, autrement dit sur le

renforcement des capacités relationnelles.

C’est en effet ce que je souhaite observer dans la partie évaluation de mes

expériences cliniques compte tenu de la problématique retenue.

Voici ce que j’ai choisi de retenir des trois approches citées ci-dessus, en y

précisant les définitions et fonctions des composantes de l’Estime de Soi:

Tableau N°2 : Les composantes de l’Estime de Soi

CONCEPT COMPOSANTES Définitions Fonctions

Confiance en soi Croire en ses capacités à agir efficacement

Permet d’entreprendre des choses, de se lancer dans une production, d’accepter de se tromper et de recommencer pour améliorer sa technique.

Amour de soi

Aptitude à s’aimer, indépendamment de nos performances et réussites, de façon inconditionnelle.

Favorise la stabilité affective. Rapport affectif à soi

Vision de soi (3) Regard évaluatif et affectif que l’on porte sur soi, sur ses qualités, défauts, limites et potentialités.

Evaluation de Soi, L’idée que l’on se fait de soi

Affirmation de soi

Elle concerne les compétences relationnelles de l’individu et vise à l’expression de ses propres émotions, idées, désirs ou besoins.

Favorise l’expression. Le rapport aux autres, les compétences relationnelles

(1)- FANGET F., & ROUCHOUSE B., L'Affirmation de soi, une méthode de thérapie,

Odile Jacob, Paris, 2007.

(2)- Bernhard, H., et Millot, C. L’apport spécifique de l’auto-évaluation par le cube harmonique

dans la restauration de l’estime de soi. In Forestier, R. L’évaluation en art-thérapie, Actes du

Congrès international d’art-thérapie, 2006.

(3)-Il est à noter que la « Vision de Soi » selon André et Lelord concerne « son propre regard

critique », p.17, ce qui est déjà un effet de l’Affirmation de Soi, l’autocritique étant une affirmation

de son point de vue sur soi.

ESTI

ME

de

SO

I

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L’ensemble des auteurs s’accordent à dire que toutes les composantes de l’estime

de soi sont en interaction et qu’elles s’influencent mutuellement.

Grâce au schéma ci-dessous, je voudrais représenter cette dynamique, ainsi que

les raisons pour lesquelles je pense que les trois composantes que j’ai retenues

sont intéressantes pour le travail clinique à mettre en place:

Schéma N°3 : Les trois composantes de l’Estime de Soi

Pour notre approche clinique, nous retiendrons le modèle de Hélène BENHART

et Christine MILLOT qui parlent d’Amour de Soi, de Confiance en Soi et

d’Affirmation de Soi. Ces trois composantes sont interdépendantes mais l’Amour

de Soi influence particulièrement le ressenti positif ou négatif de notre existence.

Elle conditionne la qualité subjective d’un rapport affectif à soi-même.

Ce rapport affectif repose sur la cohérence entre les ressentis et la représentation

que l’on s’en fait.

9 - Le manque de cohérence entre les ressentis et les représentations augmente

l’anxiété et affecte l’Amour de Soi.

Les conséquences engendrées par la psychose s’observent souvent par un

comportement décalé par rapport à la réalité et des relations sociales compliquées

qui renvoient à une expérience négative et dévalorisante pour la personne.

La psychose est une maladie qui affecte la qualité de vie du patient en diminuant

ses capacités de projection, son estime de Soi, et augmente son anxiété.

Estime de

Soi

Amour

de Soi

Affirmation

de Soi

Confiance

en Soi

Vision de Soi

La confiance en soi a

besoin d’actes pour se développer et se

maintenir. Elle conforte

ainsi un savoir-faire et

nourrit la fierté

Développe les

capacités

relationnelles et

affirme un savoir-être

Témoigne du rapport saveur/savoir, et

rend compte de la capacité à

s’attribuer une valeur positive. Cela

nourrit l’espoir

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La prise de conscience de comportements inadaptés développe chez le patient un

sentiment d’existence peu valorisant. Il s’en suit une baisse sensible de l’amour de

Soi qui a des répercussions sur la confiance et l’affirmation de Soi.

La prise d’un traitement à base de psychotropes engendre souvent une

perturbation des capacités sensorielles, et lorsque les ressentis ont du mal à

trouver du sens dans le représenté, la diminution de l’amour de Soi ne permet plus

une structuration corporelle suffisante pour donner de l’élan corporel pour

entreprendre une production, qu’elle soit artistique ou sociale.

La psychose est donc une pénalité qui affecte les capacités de projection, par un

manque d’estime de Soi, et une altération du savoir ressentir.

Elle affecte la pleine conscience de ses actes et peut modifier l’expérience

concrète de son existence. La saveur existentielle en est directement affectée.

10 - La saveur existentielle nourrit l’Amour de Soi qui permet l’engagement du

corps et de l’esprit dans une production artistique ou relationnelle.

Lorsque la maladie est installée, elle entraine une situation d’handicap et un

besoin de redonner du sens à sa vie.

Ces troubles affectent très souvent les capacités sensorielles et l’élan moteur qui

permet au corps de se structurer et d’aller vers les autres. Les capacités

d’impression et d’expression sont diminuées et la qualité de vie est affectée. La

pratique de l’Art peut stimuler des mécanismes humains afin d’améliorer la

saveur existentielle et atténuer les souffrances engendrées par la maladie.

B – L’Art est une activité humaine qui donne du sens à la vie

La pratique de l’Art ou la contemplation d’une œuvre peut procurer du plaisir et le

plaisir donne du sens à la vie. L’Art est une activité humaine orientée vers

l’esthétique.

1- L’être humain se définit par trois entités : une entité physique, une entité

psychique et une entité sociale.

L’être humain (E.H.) possède des facultés innées communes à tous les individus

qui lui permettent d’interagir avec son environnement. Ces facultés constituent

l’identité humaine. Elles vont plus ou moins se développer pour différencier

chaque individu selon ses propres capacités. Ainsi, un individu possède des

facultés humaines qui lui donnent la possibilité de capter son environnement par

ses capacités sensorielles basées sur ses facultés d’entendre, de voir, de toucher,

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de respirer, etc… ex : la faculté de marcher donne la capacité de courir. Le fait de

courir plus ou moins vite est une potentialité que développe chaque individu et

contribue à donner son caractère unique à chacun.

L’évolution des capacités d’un être humain (EH) confrontée à son Environnement

familial, culturel, spirituel, éducatif, va permettre d’affirmer sa personnalité. C’est

cette personnalité qui va avoir un impact sur l’expression, la communication et la

relation aux autres.

On considère que 80% de ces capacités relèvent de l’acquis. Elles peuvent donc

augmenter en fonction des expériences, ou baisser, notamment lorsqu’une pénalité

vient affecter les capacités sensorielles, c’est-à-dire entraver la captation ou la

perception de son environnement.

Dans le cas de personne psychotique, certains traitements peuvent altérer la

captation (modification de la composition chimique qui modifie le

fonctionnement des neurotransmetteurs).

Une mauvaise perception peut influencer des ressentis et affecter la saveur

existentielle, entraînant par la suite un traitement cognitif compliqué. Ce

traitement compliqué, voir incohérents par rapport aux réalités extérieures,

structure le corps de manière inadapté et crée le trouble du comportement observé

chez les personnes psychotiques.

Il est important de comprendre le parcours « neurologique » d’un stimuli extérieur

jusqu’à l’action (c’est-à-dire le chemin du stimuli, capteurs sensoriels, système

nerveux central, tronc cérébral, neurotransmetteurs, système nerveux

périphérique, perception dans le cortex, commande motrice, jusqu’à l’action), car

cela permet de comprendre comment l’Art peut impacter les mécanismes humains

et conduire vers le bien-être.

Le bien-être est un équilibre entre un état physique, psychique et social

satisfaisant. Cette définition rejoint l’état de bonne santé définit par l’OMS pour

qualifier de plus ou moins bonne la qualité de la vie.

2- L’Art se définit différemment selon les époques, le regard que l’on porte sur

lui et la fonction qu’on lui assigne.

L’Art étant une activité propre à l’être humain, il n’a cessé d’évoluer avec

l’évolution de l’histoire des Hommes.

De l’impression à l’expression, de l’artisanat à l’Art, de l’utilitaire à l’esthétique,

de l’utile à l’agréable, du savoir-faire au savoir-ressentir, l’évolution de l’Art à

travers les différentes époques de l’histoire de l’humanité montre que l’Art est une

activité humaine orientée vers l’esthétique (la science du beau et du sensible).

Le mot esthétique est dérivé du grec « aisthesis » signifiant « beauté/sensation».

L'esthétique définit étymologiquement la science du sensible.

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Ce sens est présent, par exemple, dans la « Critique de la Raison pure » de Kant

(1) où l'esthétique est l'étude de la sensibilité ou des sens. Mais l'usage a donné au

mot une autre signification qui est sans rapport à l'étymologie lorsque l'esthétique

désigne la science du beau ou la philosophie de l'art.

Dans le langage courant, l'adjectif « esthétique » se rapproche de « beau ».

Comme nom, « esthétique » est une notion désignant l'ensemble des

caractéristiques qui déterminent l'apparence d'une chose.

Sur le plan philosophique, elle correspond ainsi au domaine désigné jusqu'au

XVIIIe siècle par « science du beau » selon Hegel(2) ou « critique du goût »(3) selon

Kant, et devient depuis le XIXe siècle la philosophie de l'art.

L'esthétique est une discipline de la philosophie « ayant pour objet les perceptions, les

sens, le beau (dans la nature ou l'art) »(4).

Elle se rapporte, par exemple, aux émotions provoquées par une œuvre d'art (ou certains

gestes, attitudes, choses), aux jugements d’une œuvre, à une expression artistique,

littéraire, poétique, etc., à ce qui pourrait se définir comme beau par opposition à l'utile

et au fonctionnel. Elle se rapproche donc de ce qui est agréable mais pas forcément utile.

Il faut comprendre cette approche dans un contexte de changement de point de vue qui

s’opère sur la conception de la beauté au 18ème

siècle (voir les 2 paragraphes suivants).

C'est le philosophe allemand Alexander Gottlieb Baumgarten qui introduit au

XVIIIe siècle le néologisme « esthétique » et lui donna son acception moderne avec la

publication du premier volume de son Aesthetica, en 1750 (5).

Baumgarten considère le beau comme une perception confuse ou un sentiment et de ce

fait comme une forme inférieure de connaissance, d'où l'usage du terme esthétique (6).

(1)- La « Critique de la Raison pure », publiée en 1781, chez Flammarion; Édition : 3e édition revue et

corrigée, août 2006. Kant est un philosophe allemand, fondateur du criticisme et de la doctrine dite «

idéalisme transcendantal ». Né le 22 avril 1724 à Königsberg, capitale de la Prusse-Orientale, il y est mort

le 12 février 1804.

(2)- « L’esthétique », ouvrage qui présente une série de cours sur l’Art donnés par Hegel à l’université de

Heidelberg puis de Berlin entre 1818 et 1829. Hegel est un philosophe allemand du 19ème siècle (1770-

1831). Il naît à Stuttgart et est élève au séminaire de Tübingen. Il devient précepteur à Berne, Francfort

puis enseigne à l’université de Iéna.

(3)- « Critique de la faculté de juger » de Kant, traduction et mise à jour par Alain Renaut, Flammarion

2015. Emmanuel

(4)-fr.wikipedia.org · Texte sous licence CC-BY-SA.

(5)- « Esthétique » (248 pages) de Alexander Gottlieb Baumgarten, par Jean-Yves Pranchère, édition

Herne, avril 1988.

(6)- « Esthétique », vol. 1, trad. fr. J.-Y. Pranchère, p. 121.

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Dans l'ouvrage Méditations philosophiques(1), (1735), Baumgarten définit

l'esthétique comme « la science du mode de connaissance et d'exposition

sensible », puis dans Æsthetica (1750) : « L'esthétique est la science de la

connaissance sensible ».

Dans la langue anglaise, l'esthétique définissait généralement comme « critique

d'art » (critic of art). Cette vision tend à restreindre la portée de l’esthétique à une

seule philosophie de l'art.

Dans la langue française, ce champ d'étude était généralement désigné avant le

XIXe siècle, comme « théorie des arts » ou « critique du goût ».

Le mot « esthétique » entre dans la langue française à la fin du XVIIIe siècle et

dans le Dictionnaire de l'Académie française en 1835 seulement. Sa première

apparition dans un dictionnaire philosophique est due à Charles Magloire Bénard

(le traducteur français de Hegel(2) ) en 1845(3). Le nom désigne "la science du

beau" et la "philosophie des beaux-arts".

Pour nos contemporains, il est admis que l’esthétique est une notion liée au

jugement de la beauté par la sensibilité humaine et qu’elle se réfère à l’Art.

Pour Michel Blay, l'esthétique est « la théorie, non de la beauté elle-même, mais

du jugement qui prétend évaluer avec justesse la beauté, comme la laideur »(4).

Pour Edgar Morin, « l’esthétique, avant d’être le caractère propre de l’Art, est

une donnée fondamentale de la sensibilité humaine »(5). Il associe l’esthétique à

l’Art, au sentiment de plaisir pouvant conduire au bonheur. Pour lui, chacun

éprouve à sa manière, à travers ses sens, une « émotion esthétique » qui débouche

sur un « sentiment esthétique » profondément humain. Il dit que « tout ce qui est

esthétique est un élément intégré et intégrant de la part poétique de la vie » p.12.

Ainsi, nous voyons bien que, selon les langues, les époques et les cultures, le

terme « esthétique » prend une signification différente, surtout à la suite des

différentes influences philosophiques (celles de Kant et de Hegel notamment).

(1)- « Méditations philosophiques sur quelques aspects de l'essence du poème » (Meditationes

philosophicae de nonnullis ad poema pertinentibus ), Alexander Gottlieb Baumgarten, 1735.

(2)- Hegel, Georg Wilhelm Friedrich Hegel, est un philosophe allemand du 19ème siècle, né en

1770 à Stuttgart et mort en 1831 à Berlin. Il définit l'esthétique comme la science du Beau, et

particulièrement du beau produit par l'Art.

(3)- C.M. Bénard, art. "Esthétique", p. 480

(4)- Michel Blay, Dictionnaire des concepts philosophiques, Larousse, CNRS éditions, 2006,

p. 50-53. Michel Blay, né le 13 mai 1948 à Paris, est directeur de recherche au CNRS, philosophe

et historien des sciences.

(5)- Edgar Morin, « Sur l’esthétique », p. 11, édition Robert Laffont, Paris novembre 2016.

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Aujourd’hui, quels que soit le courant philosophique, la culture ou la langue dans

laquelle on aborde le mot « esthétique », il est généralement associé aux

perceptions sensorielles pour appréhender le beau, aux émotions (« esthétiques »)

et aux jugements liés à nos perceptions. Enfin, il est communément admis que

l’esthétique concerne l'Art sous toutes ses formes (musique, peinture, sculpture,

poésie, etc…).

L’Art est un moyen d’expression privilégié de l’être humain, il engage le corps

dans la relation et le rapport au monde. Pour cela il mobilise des capacités

humaines à travers des phénomènes d’impression, d’intention, d’action et

d’expression.

L’impression, c’est l’ensemble des facultés perceptives de l’être humain pour

capter les stimulis issus de son environnement. L’intention procède d’une volonté

humaine orientée ou non vers l’esthétique. L’action qui matérialise la phase

d’expression, peut s’orienter vers un idéal esthétique, une recherche d’un

sentiment de beauté, cette expression est alors qualifiée d’artistique.

Mais à travers l’histoire de l’homme et des arts, la conception de la beauté n’a pas

toujours été reliée au sentiment de subjectivité.

Ainsi, jusqu’à la renaissance, la beauté était forcément liée au divin créateur de la

nature, et rien ne pouvait être plus beau que la création divine (la nature). Les

peintres, sculpteurs, etc… ne pouvaient être, au mieux, que des reproducteurs de

cette nature. Les artisans qui maîtrisaient leurs « ars » exerçaient une fonction qui

nécessitait principalement un savoir-faire, et non obligatoirement un savoir-être

ou un savoir-ressentir. L’intention devait s’en tenir à des attentes fonctionnelles et

non traduire des perceptions et impressions de l’artisan. Ce n’est qu’à partir du

16ème

siècle que l’artisan commencera à être considéré comme un sujet pouvant

exprimer sa subjectivité à travers ses productions. C’est le commencement d’une

évolution vers un statut d’artiste au sens moderne du terme.

3 - Le passage de l’utile à l’agréable permet à l’artisan de devenir artiste.

Jusqu’au début du 16ème

siècle, les productions des artisans été considérées

comme des objets issus d’un savoir-faire obéissant à des techniques précises et

devant répondre à des objectifs utilitaires. La notion de plaisir et de beauté

n’intervenait pas dans la réalisation des ouvrages.

La notion d’artiste se construira à travers cette idée que la production, dégagée de

l’impératif utilitaire, pourra se tournée vers une intention esthétique, c’est-à-dire

une beauté subjective que l’artisan choisira d’exprimer à partir de ses propres

ressentis, c’est-à-dire de sa propre subjectivité.

Désormais engagé dans ce processus, l’artisan peut aussi devenir artiste et son art

contribuer à l’Art. Mais l’artisanat persiste grâce à la transmission de savoirs-faire

à travers les siècles. Si l’artisan ne devient pas forcément un artiste, son travail

contribue au développement des métiers artistiques et nourrit l’idéal esthétique de

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ceux qui s’engage dans des productions artistiques. Le passage de l’art à l’Art

c’est en quelque sorte l’entrée de l’artisanat dans le monde de l’Art, il permet à

l’artisan d’accéder au statut d’artiste, et à certains métiers traditionnels de devenir

des métiers d’art.

Ainsi, l’artisan devenant Artiste permet aussi à l’objet de changer de statut en

passant de l’utile à l’agréable. Ce faisant, l’artiste se situe entre l’esthète et le

besogneux. Sa première qualité est de savoir mettre en relation le fond et la forme,

de se jouer de l’utile pour rejoindre l’agréable. Si l’utile peut devenir agréable,

l’agréable n’est pas forcément utile. Cependant, il est essentiel.

L’agréable provenant d’une activité artistique, qu’elle soit contemplative ou

créative d’une œuvre, amène du plaisir et du bien-être qui nourrissent la saveur

existentielle.

La pratique et (ou) la contemplation de l’Art peuvent amener ces sentiments, mais

ils peuvent aussi faire émerger des ressentis négatifs et provoquer des

perturbations. Ainsi, on peut affirmer que l’Art a un impact sur les activités

humaines (et inversement), même si elles ne sont pas toujours vécues comme

positives.

4 - Les arts plastiques témoignent du passage de l’art à l’Art car ils traduisent

l’expression de la subjectivité de l’individu et son intention esthétique.

Les arts plastiques permettent l’expression des ressentis, des émotions, des

sentiments, des idées, des intentions, car ils rendent visible le domaine intérieur et

subjectif (phase d’impression) en accompagnant cette subjectivité vers l’extérieur

(phase d’expression). C’est pour cela que nous pouvons dire que les arts

plastiques permettent l’expression de la subjectivité.

Le savoir-faire de l’artisan apporte la maîtrise technique nécessaire pour croire en

ses capacités à agir efficacement, cela renforce la confiance en soi, donne l’envie

de recommencer et nourrit la fierté, les compétences et l’imagination.

Cette imagination alimente l’intention esthétique qui peut alors naître dans un élan

corporel (ex : contemplation) ou dans une production artistique qui rend visible

cette intention.

Du moment où l’art se dégage de son obligation d’utilité pour exprimer de la

subjectivité, de l’intention esthétique, il devient de l’Art.

5 – Pour exprimer des ressentis et matérialiser des intentions, la pratique des

arts plastiques permet d’éprouver des sensations dans l’Art1 et d’expérimenter

des techniques dans l’Art2.

En fonction de ses dispositions, de l’environnement, de la matière choisie ou de la

technique utilisée, le pratiquant d’activités artistiques peut rester dans une phase

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d’impression où les ressentis sont prédominants et peuvent amener des

gratifications sensorielles, on appelle cette « étape » de l’Art1. Ou bien il se laisse

porter par une intention esthétique et on appelle cela de l’Art2.

C’est dans l’Art2 que le savoir-faire (la technique) entre en jeu et permet à

l’artiste de témoigner de son intention esthétique. Dans la pratique, ces phases se

succèdent et s’enchaînent au grès de la production, de la technique employée, des

matériaux utilisés, de l’humeur…

Cette alternance est nommée « dynamique Art1 / Art2 ».

6 - La dynamique Art1/Art2 mobilise les pouvoirs de l’Art et favorise

l’expression des ressentis, des envies, des désirs, des souffrances, des émotions,

dans un engagement corporel.

La dynamique Art1/Art2 est souvent soumise au contexte et à la nature des

matériaux utilisés et elle contribue à renforcer les pouvoirs d’engagement

(entrainement), d’éducation (connaissances et savoir-faire), ainsi que les pouvoirs

relationnels de l’Art.

Le pouvoir relationnel et social de l’Art a été augmenté par le développement des

musées.

L’affirmation de la place de sujet de l’artiste, c’est-à-dire de sa subjectivité, va de

pair avec le développement des lieux d’exposition. Ainsi, la notion de musée ne

s’est développée qu’à partir du 19ème

siècle. Auparavant, il n’existait que des

collections particulières détenues par des familles aristocratiques qui n’étaient

nullement destinées à être montrées au grand public. Ce sont les collections

privées que l’on peut retrouver, par exemple, à Florence dans la famille des De

Médicis.

Au 18ème

siècle, l’évolution des arts et de la notion de beauté ont donné naissance

à la notion de beaux-arts, laissant supposer qu’il pouvait exister des arts moins

beaux que d’autres en fonction de critères établis à l’époque.

7 - L’Art comme expression humaine orientée vers l’esthétisme va influencer la

médecine et particulièrement le secteur de la psychiatrie.

Mais nous voyons bien que, selon l’époque durant laquelle on regarde une œuvre,

les conceptions de la beauté, de l’Art, et de la fonction de l’Art, varient.

L’expression de la subjectivité de l’artiste rend compte de son vécu intime. Aussi,

la capacité de l’Art à favoriser l’expression des ressentis, des envies, des désirs,

des souffrances, des émotions, etc…, a sans doute incité la médecine et

particulièrement la psychiatrie à utiliser l’expression artistique dans une

perspective catharsique et thérapeutique dès la fin du 19ème

siècle.

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Ainsi, entre 1919 et 1921, Hans Prinszhorn(1) réunit plus de 5000 travaux

exécutés par environ 450 malades souffrant de maladies psychiatriques. Cela fera

date dans le monde de l’Art au début du 20ème

siècle sous l’appellation de « l’art

des fous » qui deviendra « l’Art brut » en 1945, sous l’influence du peintre Jean

Dubuffet(2) qui explorera l’univers de l’hôpital psychiatrique afin de constituer

une collection impressionnante d’œuvres d’art.

J. Dubuffet crée en 1949 la « Compagnie de l’art brut ». Dans sa démarche,

Dubuffet essayait d’extraire l’Art de la culture en soutenant que l’Art n’appartient

pas aux artistes. Il recherchait des productions « spontanées » des personnes « non

artistes ». Il rechercha des œuvres provenant de malades mentaux car il pensait

que « l’artiste fou » crée pour lui-même en dehors de toute culture.

La Compagnie de l’art brut recherchait des personnes qui sortaient des

conventions et des habitudes reçues en matière de production artistique. J.

Dubuffet n’a jamais cherché à définir ce qu’était l’Art brut. Il disait d’ailleurs

dans Prospectus et tous les écrits suivants (3) : « L’Art brut, c’est l’Art brut…

Formuler ce qu’il est cet Art Brut, sûr que ce n’est pas mon affaire. Définir une

chose (et déjà l’isoler), c’est l’abîmer beaucoup. C’est la tuer presque. Il y a des

choses dans la continuité ».

(1)- Hans Prinzhorn est né à Hemer en Westphalie le 6 juin 1886. Il a étudié l’histoire de l’art et

la philosophie à l’Université de Vienne. Il a été un précurseur de ce que l’on nomme encore

aujourd’hui l’Art brut. Ses travaux, cristallisés dans son livre Expressions de la Folie (Bildnerei

der Geisteskranken -1922), bouleversèrent le regard des artistes et de la société sur l’ « art des

fous » au XXe siècle.

(2)- Jean DUBUFFET est un peintre et un sculpteur connu pour être le fondateur du mouvement

de l’art brut. Il est fasciné par l’art des non-initiés, ceux pour qui n’ont pas de références

culturelles et artistiques. Né Jean Philippe Arthur Dubuffet le 31 juillet 1901 au Havre. Il forme la

Compagnie de l’Art Brut (1948 – 1951, restaurée en 1962) avec André Breton, Slavko Kopac,

entre autres. Il meurt le 12 mai 1985 à Paris à l’âge de 83 ans. La Fondation Jean Dubuffet, créée

en 1973 dans le Val-de-Marne, continue de présenter ses œuvres.

(3)- J. DUBUFFET, Prospectus et tous les écrits suivants, édition Gallimard, 1946

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8 – La pratique des arts plastiques agit directement sur l’estime de Soi car elle

favorise l’expérimentation de ressentis et engage le pratiquant dans un savoir-

faire qui nourrit la confiance en Soi et permet l’affirmation d’un style et d’un

goût personnel.

Les arts plastiques, c’est l’Art de mettre en lien un fond et une forme dans la

production d’un volume, dans une démarche esthétique.

Les arts plastiques développent des savoir-faire qui confortent la confiance en Soi

et favorise l’engagement personnel. Ainsi, un style et un goût personnel peuvent

s’affirmer.

8 -1- Le dessin et la peinture permettent d’exprimer des ressentis, de faire des

choix et de reprendre confiance en ses capacités.

Le Dessin permet de représenter le monde (en trois dimensions) sur un support de

deux dimensions. Par le jeu des ombres et lumière, avec l’utilisation de la

perspective, la troisième dimension apparait.

Le dessin peut être modifié, accentué ou gommé, ou bien nuancé (par la gomme

ou par le frottement d’un doigt). Il peut représenter un objet contemplé ou

imaginé. Il fait appel à une motricité fine : tenir dans sa main, entre 2 ou trois

doigts, faire appel à une pression plus ou moins importante et découvrir des

sensations particulières au niveau de la peau, de la vue, du son. Que l’on utilise

une ou plusieurs couleurs, le dessin nous ramène à nos plus profondes origines où

la terre, le charbon de bois ou l’ocre, étaient utilisés pour matérialiser sur les murs

d’une grotte les scènes de la vie humaine. L’Art est profondément ancré dans

l’existence humaine, et un trait sur une feuille, quel que soit sa forme ou sa

couleur, c’est déjà une trace d’une existence, la sienne.

La peinture permet d’aborder la dimension des formes et des couleurs, mais aussi

celle des absences, des dédoublements, des ressentis.

Les couleurs mobilisent la vision, le choix, l’expression du goût, l’utilisation de

différentes techniques et textures et matériaux différents comme le pastel, la craie.

Par exemple, les craies écrasées peuvent être traitées avec les doigts et ainsi

mobiliser le toucher, l’odeur, l’ouïe (bruits de crissements, frottements)

On peut aussi souffler des pigments avec une paille pour produire certains effets

(bruit, odeur, effets visuels).

Quelle que soit la technique employée et l’intention esthétique qui la sous-tend,

l’Art est un mouvement d’expression de la qualité humaine, des sentiments de

l’être humain, de ses pensées, de ses aspirations, de ses désirs, de ses besoins, de

ses origines et de son besoin d’exister. A travers l’acte de création, l’être humain

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mobilise pleinement ses sens, cela lui donne des repères dans sa vie quotidienne et

du contrôle sur sa condition humaine. Ainsi, par la pratique de l’Art, il s’implique

pleinement dans son existence.

8-2- La sculpture papier permet d’éprouver des ressentis nouveaux et de

structurer ces ressentis en intention esthétique.

La sculpture papier permet d’aborder les volumes et de maîtriser rapidement une

matière familière. Les ressentis corporels par l’intermédiaire du toucher, de la vue,

de l’odorat et de l’ouïe, sont ainsi sollicités d’une manière singulière, mais surtout

cette technique permet d’aborder un projet en volume (3 dimensions) par rapport

au papier peinture et dessin (2 dimensions).

C’est la sculpture qui permettra de matérialiser cette troisième dimension,

« esquissée » par le dessin, en jouant sur les volumes, la matière, en créant du

relief, une superposition de matière. Par un technique d’amalgame, on peut faire

appel à plusieurs matières : papiers, terre, peinture, sable, bois, carton, etc…

Assembler de la matière, c’est d’abord choisir des éléments et les réunir dans une

intention esthétique ou dans la recherche de sensations archaïques. C’est une

forme d’expression qui mobilise le corps et l’esprit et qui réveille des choses

enfouies depuis le début de l’histoire de l’humanité.

La sculpture permet donc d’appréhender les formes et les volumes dans leurs trois

dimensions. Une fois les masses créées, on peut rajouter de la matière ou bien en

enlever comme dans le cas du modelage.

Dans la sculpture de la pierre ou du bois, les volumes se dessinent par retrait de la

matière. Ainsi on peut prendre conscience que quelque chose qui « manque » peut

rajouter de la plus-value, ou autrement dit, du « moins » (de matière première)

peut engendrer du plus (de l’esthétisme).

Ainsi, chacun peut mesurer que la qualité n’est pas subordonnée à la quantité, à

l’abondance, à la conformité, et elle n’a rien à voir avec un « talent » artistique qui

réserverait la pratique artistique aux seuls artistes « confirmés ». Annie Boyer-

Labrouche, dans son ouvrage « Manuel d’Art-thérapie »(1), parle de l’Art

Moderne et évoque Paul Klee(2) « qui dessinait avec sa main gauche parce que

l’habileté de sa main droite lui interdisait toute faute ». Elle précise qu’il s’agit

« d’aller au plus près de la genèse, du lieu où nait le sentiment, la pensée. C’est

un lieu de la créativité où l’homme s’extériorise involontairement, retrouve sa

liberté propre. A la différence du talent, cette forme de puissance créatrice

appartient à tout individu, même si elle est le plus souvent cachée par une

cuirasse d’angoisse et de conformisme ».

(1)- Annie Boyer-Labrouche, « Manuel d’art-thérapie », p.13, Dunod, Paris 2012

(2)- Paul Klee, est un peintre allemand né en 1879 à Münchenbuchsee, près de Berne, et mort en

1940 en Suisse. Courant expressionisme, surréalisme, influencé par les impressionnistes français.

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En résumé, les apports de ces différentes techniques sont multiples :

La manipulation des couleurs permet de faire des choix.

L’expérimentation de la matière permet d’évoluer en permanence dans une

dynamique art1/art2.

La technique permet d’expérimenter des ressentis nouveaux et d’éprouver des

gratifications sensorielles.

Il est possible de privilégier l’Art 1 et de viser directement des gratifications

sensorielles sans passer par le filtre de ses propres représentations. Souvent dans

la psychose, le traitement erroné des perceptions détériore la saveur existentielle,

car la capacité de symbolisation pose un problème majeur.

La manipulation de matériaux en arts plastiques permet de passer directement

dans le ressenti (dans l’Art1), pour engendrer une structuration corporelle

directement liée à ce ressenti.

Si l’expérience est positive, elle pourra s’inscrire comme telle dans nos

représentations et ainsi une améliorer la relation entre le ressenti et le représenté,

et nourrir l’amour de soi.

8-3 – Les arts diachroniques permettent de laisser une trace et de revenir sur

son ouvrage afin d’affirmer son style et son goût.

La possibilité de faire et puis de refaire, permet au patient d’expérimenter, de

tâtonner, de se tromper, et au final de se sentir pleinement concerné par sa

production (bien faite ou mal faite). Ce sentiment d’y être pour quelque chose

dans ce qui arrive, redonne au patient une place de sujet dans son existence et lui

permet de s’impliquer davantage dans d’autres domaines d’expériences (par ex :

les relations sociales).

La pratique des arts plastiques amène du plaisir qui engendre du bien-être

nécessaire à la bonne santé. Elle peut procurer des gratifications sensorielles,

améliorer le ressenti, permettre de stocker des expériences positives à partir de ces

ressentis, et créer un élan, donc un mouvement.

Elle renforce des savoirs-faire en permettant l’expression d’un style personnel ce

qui nourrit la confiance en soi et permet d’affirmer son goût à travers une

production, une contemplation ou un échange avec autrui.

Enfin, les différentes techniques d’expression utilisées dans les arts plastiques

permettent de faire des choix, ces choix amènent l’autonomie, l’autonomie amène

le bien-être et le bien-être amène la bonne santé.

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C – L’Art-thérapie peut réduire la souffrance des personnes confrontées à la

psychose en leur proposant un lieu d’expression, de communication, de

relations, et d’expérimentation.

Lorsqu’une pénalité engendre une souffrance, l’Art-thérapie se justifie car elle

peut apporter une réponse pertinente en utilisant les mécanismes de l’Art.

1- L’Art a des pouvoirs spécifiques qui permettent d’impacter des mécanismes

humains (physiques, psychologiques et sociaux).

L’être humain tend naturellement vers le bien-être. Pour exprimer sa personnalité

et rechercher ce bien-être, il choisit des modes d’expression différents (sport,

profession, engagement politique ou religieux, etc…) ou bien des activités

tournées vers l’esthétique, l’ART.

On peut se passer d’activités artistiques pour se sentir bien, mais il est possible

d’obtenir le bien-être par la pratique « dirigée » d’une activité artistique, c’est-à-

dire en utilisant les pouvoir de l’Art à des fins thérapeutiques et humanistes. C’est

ainsi que l’art-thérapie moderne se définit.

L’Art possède des éléments spécifiques qui vont favoriser le ressenti, la structure

corporelle et l’élan par l’engagement, le style et le goût, comme je l’ai définit dans

la partie B.

L’engagement agit sur le ressenti et permettra de restaurer ou (et) de développer le

Savoir-ressentir (affecté dans la majorité des pathologies psychiatriques).

Le style s’observera et s’affinera dans le savoir-faire par la pratique des arts.

Le goût témoignera d’un savoir-être qui s’observera dans les relations sociales.

Chez le psychotique, c’est le rapport entre le ressenti et le représenté qui

« s’invite » dans les « relations aux autres » pointées par l’indication

thérapeutique la plus fréquente concernant ce public.

La pratique des arts, et en particulier des arts plastiques, permet de rendre visible à

l’extérieur l’intention, l’élan, la volonté, l’expression, l’action, la production, et le

rapport à l’autre. Ce qui se joue à l’intérieur (captation, perception affectée,

traitement de l’info, comment se structure le corps, etc …), peut s’appréhender à

l’extérieur au regard des mécanismes humains, de l’environnement dans lequel la

personne évolue, et d’un certain nombre d’items personnalisés.

Pour toutes ces raisons on peut dire que l’Art est spécifique à l’être humain. Il

peut être dirigé vers autrui (dans un atelier collectif, vers l’Art-thérapeute, dans

une expo, …) et donc entretenir une dynamique relationnelle. Cela représente un

des trois pouvoirs principaux de l’Art : le pouvoir relationnel, les deux autres étant

le pouvoir d’entraînement (par la contemplation d’une œuvre, la dynamique d’un

groupe, la participation à un projet collectif où l’engagement est sollicité, …), et

le pouvoir éducatif parce que la technique apprise va éduquer le savoir-faire qui

va renforcer la confiance en soi et donner envie de recommencer.

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Lorsque l’Art se pratique sous le couvert d’un art-thérapeute (dans la perspective

de l’art-thérapie moderne), il peut (et même doit) développer un autre pouvoir,

c’est celui de donner de l’autonomie à chaque patient. En fonction de ses

capacités et de son état de santé, l’EH est plus ou moins dépendant de son

environnement, mais il peut être autonome et faire des choix par rapport à cet

environnement. L’art-thérapie peut contribuer à rendre plus autonome le patient

en lui permettant de faire des choix.

En renforçant le savoir-ressentir, on permet au patient de dire « je peux », et «je

sais que je peux ». En renforçant le savoir-faire, on développe le « je fais », et si je

peux et je fais alors j’existe. Si j’existe, je veux et si je veux c’est donc que j’ai

fait un choix. Et choisir, c’est être autonome.

Ainsi, certains patients feront le choix volontaire de se soigner (ou pas), d’avoir

envie de guérir et de vouloir maintenir leur dignité même dans les derniers

moments de leur existence.

On peut se passer d’activités artistiques pour se sentir bien, mais il est possible

d’obtenir le bien-être par la pratique « dirigée » d’une activité artistique, c’est-à-

dire en utilisant les pouvoir de l’Art à des fins thérapeutiques et humanistes. C’est

le sens même de l’art-thérapie moderne.

2 - Ce n’est pas l’Art qui soigne mais ce que l’on en fait. L’Art-thérapie utilise

les pouvoirs de l’Art pour apporter du soin au patient.

Définition de l’Art-thérapie :

«C’est l’exploitation du potentiel artistique dans une visée humanitaire et/ou

thérapeutique»(1). Cette définition est établie à partir de l’enseignement de l’école

de TOURS, sur les recherches théoriques et méthodologiques de M. Richard

FORESTIER (2) ancien directeur de recherche au sein de l’AFRATAPEM.

L’Art-thérapie ne guérit pas d’une maladie mais elle peut donner envie de se

soigner. La médecine permet d’entretenir et de maintenir la vie, et l’Art-thérapie

permet d’exister. Elle recherche le bien-être de la personne (et rejoint ainsi une

préoccupation naturelle de l’être humain) pour améliorer sa qualité de vie, c’est-à-

dire la perception qu’il a de sa place dans l’existence.

Dans le cadre de la psychose, c’est bien principalement le champ des perceptions

et du traitement de ces perceptions qui sont affectés, ce qui engendrent des

comportements inadaptés, comme définit dans le tableau N°1, page 16.

La connaissance des mécanismes humains permet d’appréhender des pénalités

comme une maladie, un handicap, une blessure de vie ou un choix de vie, ainsi

que les souffrances exprimées par le patient.

(1)- Richard FORESTIER, « Le métier d’art-thérapeute », éditions Favre, Lausane 2014, p.52

(2)- Richard FORESTIER est responsable du Centre d’études supérieures en Art-thérapie et

Médecine (CESAM), et responsable scientifique du diplôme universitaire de Lille.

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C’est pourquoi il faudra au préalable connaitre suffisamment les mécanismes

humains pour localiser des secteurs sur lesquels l’Art pourra agir. Une

correspondance avec les mécanismes de l’Art permettra de définir des sites

d’action (SA), c’est-à-dire des difficultés qui sont liées à une pénalité du patient,

mais également à un contexte environnemental dans lequel il évolue.

C’est en mobilisant les mécanismes opérants dans l’Art que L’Art-Thérapeute les

transforme en pouvoirs opérant sur les mécanismes humains à des fins

thérapeutiques.

3 - L’opération artistique permet de mettre en relation les pouvoirs de l’Art avec

les mécanismes humain.

L’Art-thérapie moderne utilise un outil spécifique qui permet l’interface entre les

mécanismes humain et les pouvoirs de l’Art. Il s’agit de l’opération artistique

représentée par le schéma suivant :

Schéma N°4 : L’opération artistique.

Le Goût

L’objet d’Art Production Traitement mondain

Contemplation Nouvelle chose de l’Art

Savoir-être

Ressenti corporel

Rayonnement Le Style Savoir-faire Technique

Emotions Action Extérieur

-------------------------------------------------------------------------------------------------- L’Engagement

Intérieur Structuration corporelle

Poussée corporelle

Savoir-ressentir élan

Intention AVNOE (Action Volontaire non Orientée vers l’Esthétique)

Rejet

Légende couleurs :

En bleu : les Savoirs : Domaines de l’IMPRESSION

En violet : L’implication de l’esprit

En marron : L’implication du corps physique : Domaines de l’EXPRESSION

En rouge : Le phénomène artistique

Le rapport entre le Ressenti et le Représenté est un rapport entre le 3 et le 4

1

2

3

7

6

5

8

4

5’

1’

Traitement Mental

sophistiqué(*)

Avant

Le Ressenti

Le Représenté

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Légende des chiffres :

1 =L’œuvre d’Art « avant » (à percevoir), 1’=l’œuvre d’Art après traitement mondain

2 =Rayonnement qui peut être augmenté par l’appétence développée pour l’œuvre

3 =Traitement archaïque des perceptions ressenties qui amène des émotions

4 =Traitement sophistiqué, cognitif, stockage des informations, représentations

5=Elan et poussée corporelle vers une production en 6 ou une contemplation en 5’

5’=Activité contemplative ; 6 =Activité/Production et savoir-faire ; 7 La Production artistique ;

8 =Le Traitement mondain de la production ; 1’=Retours mondains sur la production.

Le schéma de l’opération artistique (OA) permet d’établir une relation entre les

mécanismes humains comme la captation sensorielle en 2 (phénomène

d’impression de l’Art), les ressentis, émotions en 3 et leur traitement cognitif en 4

(où naissent les intentions), l’élan et la poussée corporelle en 5 (pour passer de

l’intention à l’action), et la production en 6 qui mobilise des savoir-faire vers un

idéal esthétique en 7, et enfin un traitement mondain en 8 qui permet d’affirmer

son style et d’exprimer un savoir-être en direction d’autrui.

4 - L’exercice de l’Art-thérapie nécessite un cadre et une méthodologie

d’intervention.

Des règles d’exercice sont énoncées concernant le lieu, la date, la durée et les

conditions du déroulé de l’atelier.

La sécurité et la confidentialité seront garanties par l’Art-thérapeute qui se réfère à

des règles déontologiques, accueille la parole sans préjugé et respecte la

singularité de chacun.

La raison de la prise en soin ainsi que de l’objectif thérapeutique général (ou

indication médicale) doivent être suffisamment entendues et acceptées par le

patient pour obtenir son consentement éclairé et son engagement dans le

processus thérapeutique.

Ainsi, on pourra attendre du patient une implication dans une durée et dans un

cadre précis, même si une certaine souplesse reste nécessaire pour permettre des

adaptations nécessaires au fil des séances compte tenu des objectifs thérapeutiques

intermédiaires poursuivis.

Cette souplesse est nécessaire pour aller à la rencontre de l’autre et se laisser

surprendre par ses capacités et compétences. Le cadre rassure et il est nécessaire,

mais s’il est trop clivant il pourrait nuire à l’expression, à la communication et à la

relation thérapeutique.

A quoi alors nous servirait-il d’établir des items d’observation(*) pertinents si

nous altérons les conditions de les observer ?

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5 - L’Art-thérapie utilise des outils spécifiques pour mettre en œuvre une

relation thérapeutique.

L’état de base.

Pour ce faire l’Art-thérapeute établira un état de base qui reprendra l’ensemble des

éléments qui rendent compte de la situation d’une personne sur le plan physique,

psychique, social, dans un environnement donné et par rapport à une indication

médicale recueillie auprès d’un médecin.

Après quoi, il évaluera la pertinence et la faisabilité d’une action thérapeutique au

regard des souffrances et des souhaits recueillis auprès du patient.

La fiche d’observation.

Elle permet d’orienter l’observation et d’en retenir l’essentiel pour l’atteinte des

objectifs thérapeutiques. Il n’est pas possible (et pas nécessaire) de retenir tous les

éléments fournis par un patient ou par l’équipe médicale.

La fiche d’observation est composée de faisceaux d’items(*) et d’items

spécifiques relatifs à un élément que l’on veut observer pendant une séance (ou en

périphérie d’une séance). L’évolution des items (ou indicateurs) est une donnée

importante dans la prise en soin d’un patient.

Cette fiche d’observation reprendra les principaux éléments à observer pendant la

pratique artistique, à savoir ce qui concerne l’impression, l’intention, l’expression

par l’action et la production, ainsi que l’engagement du corps pendant toutes ces

phases. On pourra également apprécier les capacités expressives, relationnelles et

communicationnelles. En fonction de la problématique des patients, des faisceaux

d’items seront établis et des critères d’observation précis (items qualitatifs ou

quantitatifs) seront évalués en fonction des objectifs thérapeutiques visés. Par

exemple, lorsque l’on aura déterminé que l’expression du visage est beaucoup

plus « parlante » pour telle personne que son expression verbale, on détaillera

dans le visage ce que l’on veut observer.

Comme le disait Richard Forestier : « L’une des qualités d’un bon thérapeute est

sa capacité à observer. »(1)

Il est parfois plus efficace de bien observer un petit nombre d’items que de vouloir

tout observer.

Pour cela l’AT devra faire un choix pertinent. Pour ma part j’utilise ce que j’ai

appelé la méthode des 4 C : Collecter, Clarifier, Classer, Choisir.

1er

C : Collecter les informations concernant le patient, son anamnèse, l’expression

de sa souffrance et la nature de sa pathologie, constitue la première étape à partir

d’écrits de synthèse, d’indication médicale, d’avis de l’équipe, de la rencontre

avec le patient.

(1)- Richard FORESTIER, Le métier d’Art-thérapeute, édition Favre 2014, p. 98

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2ème

C : Clarifier ces informations orales ou écrites en les confrontant aux

observations et au contexte actuel. Cela permet de vérifier la signification que l’on

attribue à ces informations. On recoupe les données recueillies pour mieux en

comprendre le sens. Clarifier, c’est donner du sens partagé aux éléments

recueillis.

3ème

C : Classer tous ces éléments pour en dégager des grandes lignes, en

regroupant des éléments semblables qui mettent en lumière des processus à

l’œuvre chez le patient (classer les éléments de même nature).

4ème

C : Choisir parmi ces processus lesquels seront des leviers et déterminer ce

qui nous semble primordial et secondaire parmi les sites d’action et les cibles

thérapeutiques. De ces choix dépendront la stratégie et le protocole de soin, en

rapport avec l’objectif thérapeutique général et l’indication médicale. A ce stade,

l’écoute et la compréhension des attentes du patient seront des repères importants

pour faire des choix pertinents et opérationnels.

Le protocole de soin.

L’Art-thérapeute établira un protocole thérapeutique qui fixera les objectifs à

atteindre (Généraux et intermédiaires si nécessaires), les moyens à mettre en

œuvre (la(les) dominante(s), les cibles thérapeutiques), la méthode utilisée (la

stratégie, les supports techniques, les Boucles de Renforcements(*) recherchées,

…), et l’évaluation en lien avec les objectifs, et les limites sur les critères utilisés,

la méthode, les dominantes, l’indication, les souhaits du patient, etc…

L’objectif général :

Il est fixé, en début de protocole, au regard de l’indication médicale, de

l’anamnèse, de l’état de base, et en tenant compte des souhaits et des attentes

formulées par le patient.

Des objectifs intermédiaires :

Ils sont fixés en fonction des sites d’action(*) et de la stratégie mise en place pour

atteindre l’objectif général. Un bilan évaluatif de chaque séance permet de

mesurer l’écart entre les objectifs fixés de la séance et les résultats obtenus. Cela

déterminera la poursuite de l’objectif intermédiaire ou bien orientera la séance

ultérieure vers un autre objectif intermédiaire, ou vers l’aboutissement d’un

objectif général.

Les Sites d’Action (SA) :

Au regard de l’opération artistique, dans le cas de la maladie psychique, et

particulièrement pour un public atteint de psychose, les sites d’action se situent

principalement dans le domaine des perceptions sensorielles en 3, du traitement

des émotions ressenties en 4, de la relation entre les ressentis et les représentations

(3//4) que l’on s’en fait, et de la structuration corporelle en 5 qui en découle et qui

peut se traduire par des comportements inadaptés à la réalité et aux attentes

sociales en 8.

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Toujours au regard de l’opération artistique (l’OA) qui reprend d’une manière

schématique l’articulation des mécanismes de l’Art, on peut situer des difficultés

importantes sur le savoir-ressentir (3/4/5) qui se manifeste dans le savoir-être

(7/8/1’).(Voir schéma de l’Opération Artistique (OA) en page 37).

Les Cibles Thérapeutiques (CT) :

Ce sont les points sur lesquels l’Art-thérapeutes va s’appuyer pour atteindre les

objectifs qu’il a fixé dans le protocole de soin.

L’évaluation :

Un bilan d’ouverture de dossier de prise en charge constitue le premier temps

d’évaluation. Après chaque séance, une évaluation de l’Art-thérapeute et une auto

évaluation du patient permettent d’évaluer l’atteinte ou non de l’objectif

intermédiaire fixé et de confirmer ou de modifier la poursuite de la stratégie

thérapeutique.

Un bilan intermédiaire peut être établi si nécessaire, par exemple pour contribuer à

une synthèse en équipe pluridisciplinaire concernant un patient.

Enfin, une évaluation de fin de prise en charge permet d’établir un bilan « Art-

thérapeutique » final afin d’apprécier l’évolution du patient au regard de

l’indication médicale, et de l’orienter, si nécessaire, vers une autre prise en charge

décidée en réunion d’équipe.

Le protocole va reprendre tous les éléments recueillis pour organiser les

différentes étapes de la prise en charge. La stratégie thérapeutique va à la fois tenir

compte de la problématique abordée (dans le cas de la psychose : la relation entre

les ressentis et les représentations), et justifier de la dominante utilisée (dans cette

étude les arts plastiques).

6 - La pratique des arts plastiques peut améliorer la relation entre les ressentis

et les représentations.

La pratique des Arts plastiques, de par les techniques, matériaux et supports

employés, met le corps en mouvement et, de ce fait, a un impact direct sur le

ressenti (en 3 sur le schéma de l’OA) car cela mobilise l’ensemble des facultés

sensorielles. Accompagnée par un Art-thérapeutique qui connait et utilise les

pouvoirs de l’Art pour intervenir sur les mécanismes humains, cette pratique

amène du plaisir et des ressentis gratifiants.

En retour, ces gratifications sensorielles ont un impact sur les pratiques car elles

inscrivent ces expériences positives dans la sphère cognitive de la personne (en 4

sur l’OA). Ses représentations s’en trouvent modifiées car elles évoluent et

trouvent une cohérence avec les ressentis (rapport entre 3 et 4).

Lorsque les ressentis ne trouvent plus de sens dans les représentations, la personne

se sent menacée, elle doute de ses propres capacités, et la personne psychotique a

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tendance à développer en plus ses mécanismes de défense qui se traduisent le plus

souvent par des troubles du comportement.

Ainsi, la relation aux autres devient difficile car il n’y a pas de bonnes relations

sans un comportement adapté aux attentes sociales.

7- L’Art-Thérapie favorise l’expression des ressentis et permet un traitement à

distance des conflits internes.

De plus, la pratique artistique étant une forme d’expression (donc externe à

l’individu), elle favorise une extériorisation des processus internes. Ainsi, un

rapport conflictuel entre le ressenti et le représenté peut se manifester à l’extérieur

de l’individu à travers la pratique d’une activité artistique. Il sera plus facile

d’intervenir sur la réalité extérieure (sur cette pratique) que sur ses ressentis (les

processus internes). C’est une manière de traiter « à distance » des problèmes

d’ordre interne.

8 – La pratique des arts plastiques en séance collective permet au patient de

retisser du lien social tout en remobilisant ses ressources personnelles.

Sous le couvert bienveillant de la relation thérapeutique, la pratique des arts

plastiques en séance collective amène les patients à exprimer des ressentis

individuels sous le regard des autres sans toutefois se risquer à une production

commune dans un premier temps. C’est de l’accompagnement individuel dans un

groupe. Lorsque la personne sera suffisamment en confiance et aura renforcé son

estime de Soi, elle pourra peu à peu s’engager seule et à son rythme dans le

rapport à l’autre. Ces temps collectifs sont des moyens de remobiliser des

ressources personnelles tout en trouvant sa place dans un collectif.

Comme le fait remarquer Julie Athané dans son mémoire de fin d’études

universitaires(1), peu à peu le corps physique et l’esprit s’implique dans la

relation par la manifestation d’un savoir être qui s’appuie sur l’Amour de Soi,

d’un savoir-faire qui renforce la Confiance en Soi et d’un savoir-ressentir qui

témoigne d’une Affirmation de Soi. Ces processus rendent compte du rapport

savoir/saveur qui agit sur l’Estime de Soi, qui elle-même permet de s’affirmer

dans un groupe et donc d’améliorer les relations sociales.

De plus, dans l’atelier collectif, l’art-thérapeute introduit une démarche

valorisante et non-jugeante qui rassure la personne. Elle se sent moins en danger

et a moins tendance à développer des mécanismes de défense perçus comme des

troubles du comportement gênants.

(1)- Julie ATHANE, « L'articulation d'un cadre art-thérapeutique au sein d'un Institut

Thérapeutique Educatif et Pédagogique et l'impact de l'art-thérapie, à dominante arts plastiques,

sur la saveur et sa fonction régulatrice de l'estime de soi auprès d'adolescents », Mémoire de fin

d’études du Diplôme Universitaire d’Art-thérapie, Faculté de Médecine de Grenoble, 2012, p.25

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47

9– La sculpture papier mâché favorise les ressentis et l’implication du corps et

suggère l’expérimentation qui permet de renforcer la confiance en Soi par

l’acquisition et le développement d’un savoir-faire.

La sculpture papier permet d’aborder les volumes et de maîtriser rapidement une

matière familière. Les ressentis sont ainsi sollicités d’une manière différente, mais

surtout cette technique permet d’aborder un projet en volume (3 dimensions) par

rapport au papier peinture et dessin (2 dimensions).Voir chapitre 8-1 page 32.

La personne peut rajouter de la matière ou bien en enlever, ce qui permet une

autorégulation de sa production, encourage le regard critique et l’élan esthétique.

La confiance en Soi se renforce dans un faire qui donne la possibilité de refaire.

10 - La peinture favorise l’expression des émotions par un engagement corporel

et agit sur les trois composantes de l’Estime de Soi.

La peinture est une technique qui offre des possibilités multiples. D’abord celle de

choisir une couleur et d’exprimer ses préférences et ses goûts. La personne peut

aussi affirmer son style par l’épaisseur de ses traits, les variations de tons utilisés,

l’épaisseur de la matière (plus ou moins diluée), la position de son corps, etc…

La mise en place de la couleur fait appel à différents outils pour l’étaler (pinceaux,

spatules, éponge, doigts, soufflette, etc…). Autant de choix qu’il sera permis de

faire pour affirmer son autonomie, son style, ses goûts, ou bien expérimenter

d’autres perceptions sensorielles.

D – La pratique dirigée des arts plastiques par l’Art-thérapie moderne, peut

renforcer l’Amour de Soi et restaurer la qualité de la relation.

C’est parce que : « je peux » et que : « je sais que je peux », que je pourrais aller

vers les autres.

1- Il n’y a pas de bonnes relations sans comportements adaptés, et l’adaptation

passe par la capacité à récupérer les informations, à les traiter, à les stocker et à

les exprimer de manière cohérente avec ses ressentis.

Observations de terrain :

Chaque personne est confrontée à des souffrances différentes en fonction des

pathologies et types de pénalités rencontrées. Cependant, les troubles de

l’expression, de la communication et de la relation à l’autre constituent les

principales observations lors des ateliers collectifs. Ainsi, il est fréquent que l’on

retrouve « l’amélioration de la relation aux autres » parmi les indications

médicales. Or, il n’est pas aussi facile de parvenir à cet objectif thérapeutique que

de l’observer.

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Les conflits intérieurs auxquels sont confrontés la majorité des patients accueillis

rendent difficiles la rencontre avec l’autre. C’est pourquoi il me semble

intéressant de réfléchir à l’élaboration d’objectifs intermédiaires, notamment celui

d’un meilleur rapport à soi-même au lieu de viser directement un changement de

la relation à autrui.

Questionnement :

Comment une personne ayant un rapport à elle-même qui lui pose problème peut-

elle établir une relation satisfaisante avec autrui ?

N’est-il pas indispensable de conforter le savoir-ressentir et le rapport à soi-même,

avant de poursuivre l’objectif thérapeutique d’amélioration de relation à autrui ?

La relation thérapeutique ou alliance thérapeutique n’est-elle pas la première étape

d’expérience sociale à concevoir afin de restaurer une confiance et un élan vers

autrui ?

Hypothèse sur la génèse du conflit interne:

La qualité relationnelle entre patient et Art-Thérapeute est un vecteur qui permet

d’établir les bases sécurisantes pour mobiliser les ressources et compétences

sociales et cognitives des personnes qui ne perçoivent plus de cohérence entre

leurs perceptions et émotions dans le 3, leurs ressentis, et les connaissances

acquises et représentations dans le 4.

Il est donc nécessaire d’élaborer un objectif intermédiaire visant l’amélioration du

rapport à soi-même avant de fixer comme objectif la relation aux autres.

2 – Améliorer le rapport entre les ressentis et le représenté permet d’améliorer

les capacités relationnelles parce que l’on se sent moins menacé par l’autre.

Le psychotique sait que son comportement est décalé par rapport aux attentes

sociales, mais il ne comprend pas pourquoi. C’est de ses propres perceptions de

lui-même que la compréhension lui fait défaut.

Il peut très bien développer des explications sur ses comportements qui sont

souvent qualifiées de délirantes car en déphasage par rapport à la réalité de son

vécu. Il exprime des ressentis qui ne trouvent pas d’explications cohérentes dans

ses représentations mentales. Cela engendre un mal être. Il perçoit ce trouble et le

communique dans un discours délirant nourrit par des mécanismes de défense qui

le protège du danger que représente la confrontation aux autres.

Ce qu’il donne à voir c’est donc principalement des troubles de la relation, mais

ce qui dysfonctionne c’est la relation entre ses ressentis (en 3 sur l’OA) et ses

capacités de se les représenter (en 4 sur l’OA).

L’amélioration de ses comportements et de « la relation aux autres », ne passerait-

elle pas d’abord par une meilleure perception de soi-même?

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Hypothèse explicative :

Si le ressenti de l’expérience (en3) est différent de la symbolisation de

l’expérience (en 4), alors il y a menace :

Il se crée un conflit entre la réalité externe et le vécu interne (les émotions

et les ressentis en 3 et les représentations en 4).

Soit une remise en cause « interne » qui débouche sur une angoisse (car il

se crée un conflit interne)

Ce conflit bouleverse la construction de Soi, et si cela va trop loin c’est la

décompensation.

Sans une aide thérapeutique, la personne entre dans un processus

d’aliénation car il y a une résistance et une peur des changements = cela crée

une menace (menace du Moi, car l’on s’aperçoit que l’on s’est construit avec

une image erronée du Moi). Il y aurait donc un danger de mettre

systématiquement la réalité face à la personne psychotique si celle-ci n’est pas

prête à la regarder.

L’Action de l’Art-thérapeute (Stratégie ?) consistera à remettre le patient en

contact avec des ressentis positifs, pour élaborer une production valorisante,

et inscrire cette expérience dans un vécu positif (pour que les émotions

ressenties soient plus cohérentes avec les représentations élaborées) et

restaurer ainsi la saveur existentielle.

Plus l’expérience sera en accord avec le ressenti et plus la représentation sera

cohérente par rapport à la réalité, et moins il y aura besoin de mécanismes de

défense.

3 – L’espace « Art-thérapie » permettra à la personne de restaurer l’Amour de

Soi et la Confiance en soi par le vecteur de l’alliance thérapeutique.

Hypothèse opérationnelle :

C’est parce que la personne aura retrouvé suffisamment d’Amour de Soi (par un

meilleur rapport 3/4) et de Confiance en Soi (en 5/6) qu’elle pourra se projeter

(meilleure structuration en 4 et élan nécessaire en 5) pour tenter l’expérience

sociale vers les autres en 8 (suffisamment d’amour de Soi et de confiance en Soi

pour s’affirmer dans une « production sociale(*)»).

La relation thérapeutique, parce qu’elle est bienveillante et non-jugeante dans un

cadre conventionnel (l’atelier d’art-thérapie), constituera un refuge, un asile, un

lieu où l’Amour de Soi pourra se reconstruire, la Confiance en Soi se renforcer et

le savoir-être s’épanouir.

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Partie II : L’atelier d’Art-thérapie est un lieu qui favorise

l’expression des ressentis et améliore les capacités relationnelles

des personnes psychotiques.

A – Le service des arts médiatisés au sein de la psychiatrie adulte est un

espace de reconstruction du lien social et du rapport à soi-même.

1-L’hôpital est un lieu de soins qui partage des temps de vie.

Le Centre Hospitalier de Montauban regroupe plusieurs unités d'activités

proposant les spécialités médicales et chirurgicales, obstétricales et psychiatriques

ainsi que des prestations d'hébergement pour les personnes âgées.

L’organisation du centre hospitalier comprend 5 Pôles de Management. Le pôle

au sein duquel j’ai effectué mon travail clinique s’appelle le Pôle Psychiatrie

Adulte et Santé-Société. Ce pôle est sous la responsabilité d’un médecin chef

psychiatre, d’un cadre supérieur de santé et d’un cadre administratif.

Le Pôle Psychiatrie Adultes est le principal «prescripteur » des indications en Art-

Thérapie.

La psychiatrie est divisée en 3 secteurs sur le département de Tarn et Garonne en

fonction de 3 zones géographiques d’habitation. La ville de Montauban

(Préfecture) est elle-même divisée en trois secteurs géographiques. Ainsi les

patients sont accueillis en secteur 1, 2 ou 3 selon leur résidence administrative.

Le service des Arts médiatisés de Clérembault reçoit des patients orientés

principalement par le secteur psychiatrique de l’hôpital.

Bien que l’Art-thérapie s'adresse à tous les patients de l’hôpital, il est à noter que,

dans la pratique, seuls les patients orientés par la psychiatrie l’utilisent.

2 – Le bâtiment « Clérembault » propose un lieu d’accueil, d’écoute, d’échange

et de partage de temps créatifs.

Ce bâtiment est situé dans l’enceinte du parc de l’hôpital. Il reçoit les ateliers

d’Arts plastiques pour adultes, une salle de projection et un espace café au rez de

chaussée.

A l’étage se situent les bureaux des Arts-thérapeutes, la salle de réunion, et

l’atelier de Musicothérapie et l’atelier d’Art-thérapie pour enfants et adolescents.

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Un atelier collectif est ouvert tous les jours de la semaine de 9h00 à 11h30.

Depuis peu, il est également ouvert l’après-midi de 14h00 à 15h30. Des ateliers

individuels sont aménagés le vendredi matin ou bien après 15h30. Pendant cette

expérience en milieu professionnel, j’ai pu organiser des séances individuelles le

matin de 9h à 11h30, soit deux interventions de 45 minutes chacune.

Le service se développe et s’adapte à la demande croissante des patients et de

l’équipe médicale.

En effet, depuis maintenant deux années, les orientations vers l’Art-thérapie n’ont

cessé d’augmenter ce qui a conduit les professionnels à ouvrir les ateliers les

après-midi pour répondre à toutes les prises en charge.

3 – L’équipe pluridisciplinaire permet de regarder le patient dans sa globalité

L’équipe de soin compte parmi eux des infirmiers et psychiatres qui se sont

formés à l’Art-thérapie ces dernières années. Elle est composée d’un médecin

psychiatre, d’infirmiers psychiatrique, d’assistantes sociales, de cadres de santé,

psychologues et d’Arts –thérapeutes. C’est à l’issue d’une concertation d’équipe

que le médecin psychiatre oriente un patient vers l’atelier d’art-thérapie.

Au vu des résultats obtenus, et bénéficiant de l’appui du médecin chef, une

reconnaissance de l’impact de l’Art-thérapie sur l’évolution des prises en charge

s’est affirmée au sein de l’hôpital, ce qui ne semble pas avoir été toujours le cas

auparavant.

4 - Les temps de réunions permettent de croiser les regards de différents

professionnels et d’ajuster les prises en charge.

Aujourd’hui, psychiatres, infirmiers, psychologues, assistantes sociales et Arts-

thérapeutes se réunissent tous les mercredis matin de 8h30 à 9h30 pour évoquer

des suivis en cours et ajuster des stratégies thérapeutiques.

Le lundi matin de 8h30 à 9h00 est réservé pour une réunion d’organisation

matérielle du service avec la cadre de santé.

Une fois par mois, une réunion d’analyse des pratiques professionnelles est

animée par une psychologue extérieure au service.

Enfin, des réunions ponctuelles peuvent être programmées en fonction des besoins

de suivis des projets thérapeutiques (synthèses, rencontres avec des parents, des

professionnels extérieurs et réseaux d’insertion sociale et professionnelle).

5 – La personne avec maladie psychique s’approprie l’espace des arts

médiatisés pour expérimenter une autre façon d’être au monde

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Le retour que font les Arts-thérapeutes sur chaque patient en réunion d’équipe

surprend souvent les autres professionnels du quotidien qui rencontrent ces

mêmes patients sur un lieu de vie différent, avec des exigences différentes, et un

rapport au soin plus conventionnel et pas toujours apprécié à sa juste valeur par

les patients.

L’adhésion à l’atelier d’Art-thérapie permet à certains patients de maintenir un

lien avec les soins, de réduire leurs mécanismes de défense et d’atténuer les

troubles du comportement et de la relation. De ce fait, un regard différent est posé

sur eux et cela a un effet de revalorisation et de mise en confiance avec autrui. Les

personnes expérimentent ainsi d’autres ressentis, le plus souvent positifs car le

regard social au sein de l’atelier est porté sur leurs compétences plutôt que sur

leurs difficultés. Un autre rapport à l’institution, aux soins, aux personnels

soignants et à autrui en général, s’installe et favorise un savoir-être plus bénéfique

en termes de relations sociales.

B - Des suivis individuels d'art-thérapie à dominante Arts plastiques sont

mis en place au sein d’un atelier collectif.

L’accueil des personnes se fait en atelier collectif dans un premier temps. Par la

suite, en fonction de la stratégie thérapeutique et du protocole mis en place, des

ateliers individuels pourront être proposés en dehors de ces temps collectifs.

Les orientations se font à la suite de synthèse avec l’équipe soignante qui

détermine les indications médicales et soutient par la suite le protocole de soins

mis en place par les Arts-thérapeutes.

1/ La mise en place d'ateliers collectif d'art-thérapie à Clérembault permet de

restaurer le lien social tout en mobilisant des compétences individuelles.

Les conséquences les plus fréquentes des maladies psychiques sont une altération

du lien social, une perte de confiance en soi dans ses capacités relationnelles, un

risque d’isolement et de perte de repères sociaux. C’est pourquoi, sauf contre-

indication majeure, les patients sont reçus dans un atelier collectif afin d’y

construire une place et y faire émerger des compétences et du plaisir être

ensemble.

Cela n’empêche pas des suivis individuels, voir des ateliers individuels

programmés en supplément lors d’une autre tranche horaire si la stratégie

thérapeutique les rend nécessaires. C’est d’ailleurs dans ce cadre que j’ai pu

effectuer les accompagnements présentés dans ce mémoire.

2/ L'art-thérapeute utilise ces temps collectifs pour évaluer et affiner des items

d’observation individuels.

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C’est un lieu qui encourage la créativité à des fins thérapeutiques. Cette créativité

permet de développer son jugement personnel, de nourrir l’Amour de Soi et le

sentiment d’exister. Au sein de l’atelier collectif, cette créativité favorise les

échanges, le vivre ensemble et la prise d’initiative.

Pour un public confronté à la maladie psychique et en particulier pour des

psychotiques, cette perception d’un Moi créatif au sein d’un collectif où il peut

échanger, permet de vivre une expérience plus riche sur le plan des ressentis et de

la relation aux autres. Cette expérience favorise une perception plus réaliste du

monde, et cela diminue les mécanismes de défense et réduit les troubles du

comportement qui sont à l’origine d’une dégradation des relations sociales.

En effet, l’atelier collectif est à la fois un lieu de sociabilité mais aussi

d’expérimentation tant pour les patients qui peuvent s’autoévaluer que pour le

thérapeute qui constate des progressions et affine ou modifie ses critères

d’observation.

3/ La prise en soin en Art-thérapie obéit à un protocole spécifique à l’intérieur

duquel les temps collectifs entrent dans une stratégie globale du soin qui vise

une amélioration des relations sociales.

Trouver sa place dans un collectif permet de se préparer à la vie sociale à

l’extérieur de l’établissement. Devant la durée d’hospitalisation qui s’étend

parfois sur plusieurs années, il n’est jamais inutile de rappeler que l’hôpital est un

lieu de soins et non un lieu de vie. La chronicisation de certaines pénalités

entraîne des blessures de vie qui se rajoutent au tableau clinique et qu’il ne faut

pas négliger dans la stratégie globale.

Des règles d’exercice sont énoncées concernant le lieu, la date, la durée et les

conditions du déroulé de l’atelier.

La sécurité et la confidentialité seront garanties par l’Art-thérapeute qui se réfère à

des règles déontologiques, accueille la parole sans préjugé et respecte la

singularité de chacun.

La raison de la prise en soin ainsi que de l’objectif thérapeutique général (ou

indication médicale) doivent être suffisamment entendues et acceptées par le

patient pour obtenir son consentement éclairé et son engagement dans le

processus thérapeutique.

4/ L'art-thérapie mobilise des outils d’évaluation basés principalement sur

l’observation de l’impact du phénomène artistique sur les mécanismes humains.

Nous avons vu au chapitre 5 de la partie I, page 39, que l’état de base reprend

l’ensemble des éléments significatifs au regard de la situation du patient et de ses

pénalités. Cet état de base permet de déterminer un objectif thérapeutique général

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(OTG), des sites d’action(SA), des cibles thérapeutiques(CT) et des objectifs

thérapeutiques intermédiaires (OTI) afin de répondre à une indication médicale

fixée par l’équipe de soins.

Pour évaluer l’atteinte des OTI ainsi que l’OTG au moment d’un bilan

(intermédiaire ou final), l’art-thérapeute construit une fiche d’observation d’items

spécifiques à la problématique du patient.

C’est un outil qui permet d’évaluer l’impact du phénomène artistique, par la

dynamique impression/intention/expression (voir schéma N° p.37 sur l’opération

artistique) et par les attitudes corporelles (intention non verbale/action et

production artistique), sur les mécanismes humains (évolution des pénalités

sanitaires(*)).

C) Les prises en charge individuelles se réfèrent à des protocoles

thérapeutiques personnalisés : présentation de deux situations cliniques en

séances individuelles.

Les trois étapes de la prise en charge Art-thérapeutique :

Indication. Etat de base- Bilan de base- Protocole de soins

Déroulé des séances - Bilan des séances

Evaluation- Bilan de fin de prise en charge Art-

thérapeutique

1 - Jacha est suivi par l’institution psychiatrique depuis 21 ans et nous est

présenté comme ayant très peu d’autonomie personnelle.

1-1- L’Indication médicale(*) est recueillie auprès de l’équipe

pluridisciplinaire.

Domaines

d’investigation

Recueil de données concernant Mr JACHA

Indication

Prévenir les phases délirantes et l’agressivité

Augmenter l’autonomie personnelle (la capacité à faire des choix)

Amélioration des relations sociales (Meilleure intégration au groupe)

Etat de base :

Anamnèse

Evaluation des capacités

JACHA est un homme de 54 ans, il est issu d’une famille de 12 enfants. Il a très peu d’autonomie. Il est suivi par l’institution psychiatrique depuis 1995. Il vit actuellement en foyer

de vie (établissement spécialisé) et vient tous les jours à l’hôpital pour participer aux ateliers

collectifs d’Art-Thérapie, Jacha est diabétique et rencontre des problèmes rénaux dus à la prise de neuroleptiques. Il aurait

du mal à respecter ses traitements, c’est pourquoi un suivi mensuel infirmier est nécessaire.

Il est diagnostiqué psychotique schizophrène à tendance paranoïaque. L’équipe médicale l’oriente vers l’Art-Thérapie afin de renouer le dialogue avec lui pour qu’il adhère au soin. Son

comportement pourrait être agressif. C’est d’ailleurs suite à un passage à l’acte très violent sur une personne qu’il a été conduit d’office à l’hôpital psychiatrique par la police en 1995.

Son traitement neuroleptique modifie ses perceptions sensorielles, ex : pour le chaud et le froid = il boit le café très vite et très chaud sans aucune expression de ressenti désagréable, il choisit

sa vêture d’une manière inappropriée, ex : très couvert quand il fait chaud et pas assez quand il

Dossier d’ouverture

Accompagnement Thérapeutique

Synthèse ou (et) Clôture du dossier

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Bilan de base

fait froid, etc….

Bilan moteur : geste lents Capacités d’expression : Bonnes mais restreintes par manque de confiance et d’amour de Soi

Capacités relationnelles : Reste à l’écart du groupe, il n’a jamais de conversation en dehors de

l’encadrement Capacités intellectuelles : Vie psychique très limitée

Capacités de communication: S’exprime que si on lui demande, mais répond volontiers aux

sollicitations Bilan psycho affectif : Manque de cohérence entre des perceptions / ressentis altérés par la

maladie et la représentation qu’il peut s’en faire à travers un discours axé sur le gigantisme et le

morbide. Les Goûts : Intérêt pour l’Art et le gigantisme ; il aime les sorties en groupe, les visites de sites,

les repas au restaurant

Limites observées à ce jour : Incapable d’exprimer ses propres choix (et d’en faire). Il a du mal à exister en tant que sujet.

Attentes du patient Très peu d’attentes si ce n’est de satisfaire aux attentes des autres, et en particulier de

l’encadrement médical

Pénalités Maladie psychique, psychose schizophrène à tendance paranoïaque, et blessure de vie due à la

durée de la prise en charge en institution

Souffrances Diminution de la projection, Diminution de la qualité de vie, Baisse de l’estime de Soi, peur de

ne plus être adaptée à la réalité, perte du sentiment d’être sujet.

1-2-L’état de base confirme les premières informations recueillies auprès de

l’équipe pluridisciplinaire et permet d’établir un objectif général thérapeutique

(OGT) en lien avec l’indication médicale.

L’état de base confirme de grandes difficultés à faire des choix, à se sentir exister

et à s’engager dans une démarche sans une demande de l’encadrement.

La typologie de sa pathologie ne favorise pas les relations sociales.

Il a très peu confiance en lui et se dévalorise fortement. Il a peu de considération

pour lui-même et pense ne pas savoir faire les choses. Il montre très peu d’envie,

d’intention et d’engagement corporel, tant dans les activités artistiques proposées

que dans les relations sociales.

L’indication thérapeutique générale sera centrée sur l’autonomie dans ses choix

personnels et sur son implication dans les relations sociales.

1-3- Le protocole de soins va organiser l’ensemble de la prise en soin en Art-

thérapie pour identifier des sites d’action (SA), des cibles thérapeutiques (CT) et

des objectifs intermédiaires (OI).

A partir des éléments retenus dans l’état de base, nous déterminons des manques,

des besoins et des Sites d’Action (SA) au regard de l’Art-thérapie Moderne.

Le tableau ci-dessous synthétise la démarche méthodologique :

Objectif Général

Thérapeutique

Une meilleure adaptation à son environnement

Augmenter sa capacité à faire des choix et sa faculté critique Amélioration des relations sociales

Objectifs Intermédiaires OI1 : Nourrir la saveur existentielle (pour un meilleur rapport ressenti/représenté) ;

OI2 : Affirmer sa place du sujet ;

OI3 : Parler de lui et de ce qu’il pense; OI4 : Produire (faire) à partir de choix personnels;

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OI5 : Affirmer ses choix personnels face à autrui ;

OI6 : Augmenter sa participation aux actions collectives (Engagement dans le projet collectif à

thème pour une expo en octobre).

Sites d’Action En 3 car captations sensorielles difficiles et génératrices de ressentis négatifs

En 4 car le traitement cognitif est altéré, l’estime de soi est touchée (Amour de soi dans

l’Intention ; Confiance en soi dans l’Action ; Affirmation de soi dans la Production) En 8 car la Relation aux autres (Communication / Expression ; Capacité relationnelle/Confiance

en soi ; Autonomie) reste difficile à établir.

Cibles thérapeutiques En 1 car il aime les choses de l’Art, en 6 car ses compétences manuelles peuvent amener des

gratifications sensorielles en 3, et 5’ car il a besoin de modèle pour entreprendre. En 8 car il aime les sorties en groupe (malgré sa mise en retrait) et pour mobiliser son élan

corporel en 5 vers des relations mondaines conviviales.

Stratégie

D’un point de vue méthodique, elle s’appuiera dans un premier temps sur les capacités manuelles de Jacha. (en 6 sur l’OA et qui constitue la partie saine), pour favoriser des ressentis

positifs.

Le cheminement stratégique s’oriente dans un premier temps en 5’/6/3 : (ressentis mobilisés par

le faire à partir d’un modèle) pour rechercher le plaisir sensoriel (Art1), puis de ramener

suffisamment de confiance en soi pour oser faire un choix en /4/5/ (structure corporelle et élan)

= 1ère boucle de renforcement (5’/6/3/4/5) Par la suite, lui redonner de la confiance en ses choix, en ses capacités, ainsi que l’envie de

recommencer (engagement dans le /5/6/7/) = 2ème boucle de renforcement (5/6/7--- puis 8 à

travers le projet d’expo coll.).

Une fiche d’observation est conçue avec des items spécifiques à Jacha. Ils sont

choisis en fonction des objectifs thérapeutiques à atteindre (Voir Annexe I ).

1-4- La prise en charge en atelier individuel se déroulera sur 10 séances

individuelles et 11 séances collectives.

Rappel méthodologique : Toutes les séances se décomposent en trois temps :

1er temps: l’accueil et l’engagement dans l’atelier

2ème temps: le contenu de l’atelier

3ème temps: le raccompagnement jusqu’à la porte d’entrée du bâtiment.

Concernant : JACHA

Période : d’avril à octobre 2016

Séances : 1 Cadre d’intervention

Durée : 45 minutes ⃝ Atelier Individuel ⃝ Atelier Collectif Objectif(s) Thérapeutique(s) Intermédiaire(s) de la séance (OI)

Affiner l’état de base et établir une relation sécurisante

Dominante(s) choisie(s)

Conversation et support technique (fiche et grille d’évaluation)

Phénomènes associés* Atelier collectif avant la séance individuelle, où Jacha fait le café à 10h00 (Rituel/j). La séance individuelle prévue à 10h00= problème d’ajustement d’horaire qui peut le stresser un peu.

Stratégie Thérapeutique Méthode

Rencontre explication de ma position d’Art-thérapeute stagiaire et de mes objectifs de

formation. Exposé des opportunités pouvant être mises en œuvre pendant ce temps de stage

Recueillir l’avis de Jacha, l’associé à l’indication médicale et faire émerger des objectifs

thérapeutiques généraux ensemble ; Obj : obtenir son adhésion et son intérêt à poursuivre une prise en charge individuelle

Accompagnement Thérapeutique

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Déroulé de la séance

Conversation agréable et détendu. Bonnes bases pour bâtir une alliance thérapeutique.

Jacha exprime ses goûts et son envie de s’engager dans des séances d’art-thérapie individuelles. Il me dit qu’il en a déjà bénéficié il y a trois ans avec une personne qui a quitté l’établissement.

On commence un dessin à partir d’une reproduction de trois dessins de bande dessiné

représentant un animal qui essaie de faire parler une peluche… cela lui fait penser au chien de sa sœur et il me parle de lui et de sa relation avec le chien.

Bilan de la séance

Manque de confiance en Soi, s’attribue une valeur négative quand il arrive à l’exprimer, attend

qu’on lui dise de faire, ne prend aucune initiative personnelle, colle au désir de l’encadrement,

et en particulier de Claude son « référent » depuis 15 ans. Les renseignements recueillis auprès de l’équipe, les indications médicales, et l’état de base

réalisé se recoupent. Jacha accepte de s’engager dans des ateliers individuels. Il commencera

par le dessin.

Evaluation de(s) l’OI de la séance

⃝ Atteint ⃝ Non atteint ⃝ Partiellement atteint ⃝ à reconduire ⃝ à confirmer ⃝ à modifier

Autoévaluation De 1 à 5 ; NE= Non évalué

Le Bon : 3/5 ; Le Bien : NE/5 ; Le Beau : NE/5 ; la Qualité du Moment : 3/5

Evaluation des 3 B par l’AT//observations

Le Bon : /5 ; Le Bien : /5 ; Le Beau : /5 ; la Qualité du Moment : 4/5

Eléments à intégrer aux prochaines séances

Valoriser ses tentatives d’incursion dans l’Art2, car l’intention témoigne d’une prise de décision et prendre une décision c’est choisir, et faire des choix permet de devenir autonome.

Séances : 2 Cadre d’intervention Durée : 45 minutes ⃝ Atelier Individuel ⃝ Atelier Collectif Objectif(s) Thérapeutique(s) Intermédiaire(s) de la séance (OI)

OI1 : Nourrir la saveur existentielle (pour un meilleur rapport ressenti/représenté)

Dominante(s) choisie(s)

Dessin et coloriage Le dessin rassure Jacha. Il permet de déposer une trace personnelle (force

du trait, hésitations, reprises, gommage, etc…). Le trait cadre et pose des limites, … et c’est lui

qui les posera. Le coloriage le mènera à faire des choix

Phénomènes associés Suivi en atelier collectif avant la séance individuelle. Calme

Stratégie Thérapeutique Méthode

En mobilisant son goût pour le dessin et son savoir-faire existant (en 6), recherche de

gratifications sensorielles en 3, valorisation afin de fixer d’une manière positive cette expérience en 4, et favoriser un élan corporel en 5 et ainsi améliorer la saveur existentielle en 3.

Déroulé de la séance Observations cliniques

Jacha continue le dessin entreprit la veille. Il le colorie. Il me demande un modèle, je lui demande d’imaginer, je l’aide à dessiner ce qu’il pense

Il choisit la technique (le dessin car cela le rassure), mais il n’arrive pas à choisir le sujet et

attend que je lui impose, ou lui propose un modèle. Jacha est un peu plus bavard que la veille. Il parle de lui.

Les gestes sont appliqués mais un peu crispés. Il possède de bonnes bases en dessin mais il a

toujours besoin d’un modèle pour commencer.

Bilan de la séance

Il cherche à coller aux attentes. Il semble prendre du plaisir à être dans cet atelier et à dessiner (ce qu’il ne fait pas en atelier collectif). L’expression du visage peut en témoigner.

Il a peur de mal faire et n’a pas confiance en lui. Il a une image peu valorisante de lui-même

dans ses propos. Cependant, il prend du plaisir à faire et à en parler. La pratique du dessin le plonge dans une

concentration et un calme qui ressemble à de la quiétude, du plaisir (expression du visage et

expression verbale). La saveur est là et l’autoévaluation du Bon le confirmera. Le premier objectif est atteint même s’il reste à développer.

Evaluation de(s) l’OI de la séance

⃝ Atteint ⃝ Non atteint ⃝ Partiellement atteint ⃝ à reconduire ⃝ à confirmer ⃝ à modifier

Autoévaluation De 1 à 5 ; NE= Non évalué

Le Bon : 4 /5 ; Le Bien : 3/5 ; Le Beau : 2/5 ; la Qualité du Moment : /5

Evaluation des 3 B par l’AT//observations

Le Bon : /5 ; Le Bien : /5 ; Le Beau : /5 ; la Qualité du Moment : /5

Eléments à intégrer aux prochaines séances

Séances : 3 Cadre d’intervention

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Durée : 45 minutes ⃝ Atelier Individuel ⃝ Atelier Collectif Objectif(s) Thérapeutique(s) Intermédiaire(s) de la séance (OI)

OI2 : Parler de lui et de ce qu’il pense

Pour affirmer sa place de sujet

OI3 : Exprimer son point de vue

Dominante(s) choisie(s)

Dessin et coloriage

Phénomènes associés

Stratégie Thérapeutique Méthode

Je demande à Jacha d’imaginer un dessin. Méthode semi-directive pour à la fois rassurer, cadrer et aussi permettre une auto évaluation à

partir des critères fixés en amont (objectifs)

Déroulé de la séance Observations cliniques

Jacha est détendu. Ses gestes sont appliqués mais encore crispés par moment. Il ne s’exprime

que sur sollicitations de ma part. la relation est conviviale et un sourire pendant la production

me laisse croire qu’il prend du plaisir dans ce qu’il fait. Il commence à corriger ce qu’il produit. Il semble exprimer par moment une intention esthétique

Bilan de la séance

Il choisit lui-même les couleurs. Il dira par la suite qu’elles ressemblent à celles du chien de sa

sœur (ce qu’il recherchait au départ) = donc il dit ce qu’il pense et il exprime un point de vue personnel sur son choix de couleurs. (c’est un début d’auto critique positive…).

Les OI1, OI2 et OI3 sont atteints mais doivent être consolidés au fil des séances.

Evaluation de(s) l’OI de la séance

⃝ Atteint ⃝ Non atteint ⃝ Partiellement atteint ⃝ à reconduire ⃝ à confirmer ⃝ à modifier

Autoévaluation De 1 à 5 ; NE= Non évalué

Le Bon : 4 /5 ; Le Bien : 3/5 ; Le Beau : 2/5 ; la Qualité du Moment : /5

Evaluation des 3 B par l’AT//observations

Le Bon : /5 ; Le Bien : /5 ; Le Beau : /5 ; la Qualité du Moment : /5

Eléments à intégrer aux prochaines séances

Séances : 4 Cadre d’intervention Durée : 45 minutes ⃝ Atelier Individuel ⃝ Atelier Collectif Objectif(s) Thérapeutique(s) Intermédiaire(s) de la séance (OI)

OI4 : Produire (faire) à partir de choix personnels

Dominante(s) choisie(s)

Dessin et coloriage

Phénomènes associés

Stratégie Thérapeutique Méthode

A partir d’une discussion sur le dessin de la dernière fois= 3 idées.

Consigne : mettre en forme ces trois idées Cheminement stratégique : à partir des ressentis positifs antérieurs (3/4), imaginer (4), se

projeter sur 3 idées (4/5), mettre en forme (5/6/7).

Déroulé de la séance Observations cliniques

Demande toujours un modèle. Il donne son avis sur le dessin et choisit des couleurs avec une

intention artistique.

Sur la consigne des 3 idées : il fait un choix. Il se trompe sur le ton d’un couleur (par rapport à sa description) : il se justifie et décide de

continuer

Bilan de la séance

Jacha parle plus facilement pour exprimer ce qu’il pense. Il définit ses intentions (continuer le

dessin sur le thème du chien de sa sœur). Il commence à s’affirmer dans ses choix personnels.

Il commente son dessin sans valeurs négatives. Sa description de cercles autour du sujet

principal montre son intention esthétique et sa capacité à justifier ses choix. L’OI4 est atteint mais il est préférable de le reconduire sur une prochaine séance pour le

confirmer.

Evaluation de(s) l’OI de la séance

⃝ Atteint ⃝ Non atteint ⃝ Partiellement atteint ⃝ à reconduire ⃝ à confirmer ⃝ à modifier

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Autoévaluation De 1 à 5 ; NE= Non évalué

Le Bon : 4/5 ; Le Bien : 4/5 ; Le Beau : 4/5 ; la Qualité du Moment : /5

Evaluation des 3 B par l’AT//observations

Le Bon : /5 ; Le Bien : /5 ; Le Beau : /5 ; la Qualité du Moment : /5

Eléments à intégrer aux prochaines séances

Séances : 5 Cadre d’intervention Durée : 45 minutes ⃝ Atelier Individuel ⃝ Atelier Collectif Objectif(s) Thérapeutique(s) Intermédiaire(s) de la séance (OI)

OI4 : Produire (faire) à partir de choix personnels

OI5 : Affirmer ses choix personnels face à autrui

Dominante(s) choisie(s)

Dessin et coloriage

Phénomènes associés

Stratégie Thérapeutique Méthode

Méthode libre

Il choisit le dessin et les crayons de couleurs

Déroulé de la séance Observations cliniques

Avant de commencer il dit : je ne sais pas quoi faire. Je n’ai pas de modèle.

Je lui dis : Ok. Tu me donnes une idée, je te donne un modèle. Il est d’accord. Il me donne une idée et le temps que je cherche un modèle il avait déjà commencé tout seul !

Un personnage qui marche sur un chemin de campagne.

Le trait est confiant, pas de gommage Remarque importante :

Après la séance, il remet en cause une consigne?! de Claude (l’art-thérapeute avec lequel il est

très proche) donnée lors de l’atelier collectif. Il en discute spontanément et envisage une

solution personnelle à une difficulté rencontrée. Bilan de la séance

Le sujet du dessin est directement pensé et mis en œuvre par lui-même. Il commente spontanément son dessin et affirme ses choix de couleurs et de formes esthétiques (végétaux,

perspective du chemin, etc…). il peut faire un choix, et le défendre.

Le dessin de base (intention) terminé, il rajoute un arbre : l’élan, l’engagement, la volonté

esthétique sont là.

Il fait un choix personnel et il l’affirme. L’OI4 et l’OI5 sont confirmés.

Evaluation de(s) l’OI de la séance

⃝ Atteint ⃝ Non atteint ⃝ Partiellement atteint ⃝ à reconduire ⃝ à confirmer ⃝ à modifier

Autoévaluation De 1 à 5 ; NE= Non évalué

Le Bon : 4/5 ; Le Bien : 4 /5 ; Le Beau : 3/5 ; la Qualité du Moment : 4/5

Evaluation des 3 B par l’AT//observations

Le Bon : /5 ; Le Bien : /5 ; Le Beau : /5 ; la Qualité du Moment : /5

Eléments à intégrer aux prochaines séances

Séances : 6 Cadre d’intervention Durée : 45 minutes ⃝ Atelier Individuel ⃝ Atelier Collectif Objectif(s) Thérapeutique(s) Intermédiaire(s) de la séance (OI)

OI5 : Affirmer ses choix personnels face à autrui

(OI à confirmer)

Dominante(s) choisie(s)

Dessin et peinture

Phénomènes associés

Stratégie Thérapeutique Méthode Méthode libre

Pas de consignes

Déroulé de la séance Observations cliniques

Il choisit la technique, le support et le thème. Il feuillette longuement un ouvrage (5’), puis décide de reproduire un tableau.

Le dessin respecte les grandes lignes de la composition mais l’épaisseur de ses traits,

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60

l’agencement dans la construction graphique, ainsi que le choix des couleurs, laisse apparaitre

un style personnel.

Bilan de la séance

Jacha s’affirme et prononce un discours positif sur ce qu’il a fait lorsque l’on discute sur sa production. Il choisit ce qu’il va faire en fonction de ses goûts personnels et il peut le justifier.

Il porte un regard critique sur sa production et y apporte une modification. Il prend confiance en

lui et s’exprime sur sa production sans se dévaloriser lui-même. L’OI 5 est atteint

Evaluation de(s) l’OI de la séance

⃝ Atteint ⃝ Non atteint ⃝ Partiellement atteint ⃝ à reconduire ⃝ à confirmer ⃝ à modifier

Autoévaluation De 1 à 5 ; NE= Non évalué

Le Bon : 4 /5 ; Le Bien : 3 /5 ; Le Beau : 3/5 ; la Qualité du Moment : /5

Evaluation des 3 B par l’AT//observations

Le Bon : /5 ; Le Bien : /5 ; Le Beau : /5 ; la Qualité du Moment : /5

Eléments à intégrer aux prochaines séances

Séances collectives Cadre d’intervention

A l’extérieur Durée : 3 fois 7h sur une sem. ⃝ Atelier Individuel ⃝ Atelier Collectif

Objectif(s) Thérapeutique(s) Intermédiaire(s) de la séance (OI)

OI6 : Augmenter sa participation aux actions collectives pour qu’il puisse affirmer sa

position de sujet et améliorer la qualité de ses relations sociales.

Dominante(s) choisie(s)

Agencement de l’espace, décoration et montage expo collective

Précisions sur l’engagement de Jacha dans le projet collectif : Il a construit des masques

d’animaux fantastiques (thème de l’expo) en sculpture grillage, papier mâché et peinture. Ses œuvres ont été exposées dans la grande salle de l’Abbaye de Beaulieu (82) et il a participé

activement à l’installation de cette exposition.

Phénomènes associés Trajet 2 fois 60 kms dans la journée Restaurant à midi avec les responsables du centre culturel.

Stratégie Thérapeutique Méthode Montage de l’expo. Collective dans l’Abbaye de Beaulieu (82).

Sur une semaine, trois séances collectives.

Boucle de renforcement recherchée (5/6/7--- puis 8 à travers le projet d’expo coll.).

Déroulé de la séance Observations cliniques

Participation active de Jacha à l’aménagement de l’espace d’exposition.

Comprend certaines attentes et s’engage dans l’exécution des tâches à effectuer. Il communique avec les autres si on s’adresse à lui.

Il reste discret mais attentif à ce qu’il se passe. Il donne son avis sur la disposition des

masques accrochés au mur. Il comprend les attentes techniques et essaye d’y répondre au mieux.

Bilan de la séance

Jacha est discret mais attentif à ce qu’il se passe. Il s’expose ainsi au regard des autres et

témoigne d’un meilleur ressenti sur ses propres capacités. Il semble s’être amélioré sur sa confiance en lui. Sur les 3 sorties de préparation de l’expo coll, il confirmera son engagement

dans l’action collective et un plaisir affirmé d’y participer. L’OI6 est atteint.

Evaluation de(s) l’OI de la séance

⃝ Atteint ⃝ Non atteint ⃝ Partiellement atteint ⃝ à reconduire ⃝ à confirmer ⃝ à modifier

Autoévaluation De 1 à 5 ; NE= Non évalué

Le Bon : /5 ; Le Bien : /5 ; Le Beau : /5 ; la Qualité du Moment : /5

Evaluation des 3 B par l’AT//observations

Le Bon : /5 ; Le Bien : /5 ; Le Beau : /5 ; la Qualité du Moment : /5

Eléments à intégrer aux prochaines séances

Séances : 7 Cadre d’intervention Durée : 45 minutes ⃝ Atelier Individuel ⃝ Atelier Collectif

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Objectif(s) Thérapeutique(s) Intermédiaire(s) de la séance (OI)

OTG : Augmenter sa capacité à faire des choix

Dominante(s) choisie(s)

Dessin et coloriage. Peinture mise à disposition avec divers matériels

Phénomènes associés

Stratégie Thérapeutique Méthode

Méthode libre : A partir d’une idée ou d’un élément de la nature= création personnelle

Dessin et feutres sont choisis par Jacha

Déroulé de la séance Observations cliniques

Il décide de faire un cerf

Il commente spontanément son dessin. Il met un arbre dans le décor.

Jacha est calme, détendu et souriant. Le geste est assuré, la composition est équilibrée, et les couleurs cohérentes et bien réparties

Bilan de la séance

Jacha anticipe et propose des sujets et émet des critiques artistiques sur sa production. Il

entretient la conversation. Il exprime spontanément ses intentions et prend des initiatives. Il utilise le « je » pour parler de lui.

Evaluation de(s) l’OI de la séance

⃝ Atteint ⃝ Non atteint ⃝ Partiellement atteint ⃝ à reconduire ⃝ à confirmer ⃝ à modifier

Autoévaluation De 1 à 5 ; NE= Non évalué

Le Bon : 5/5 ; Le Bien : 3/5 ; Le Beau : 5/5 ; la Qualité du Moment : /5

Evaluation des 3 B par l’AT//observations

Le Bon : /5 ; Le Bien : /5 ; Le Beau : /5 ; la Qualité du Moment : /5

Eléments à intégrer aux prochaines séances

Séances : 8 Cadre d’intervention Durée : 45 minutes ⃝ Atelier Individuel ⃝ Atelier Collectif Objectif(s) Thérapeutique(s) Intermédiaire(s) de la séance (OI)

OTG : Augmenter sa faculté critique pour qu’il s’affirme et qu’il renforce son estime de lui

en impliquant son esprit par l’engagement (le Bon), l’affirmation d’un style (le Bien) et

l’affirmation de son goût (Le Beau)

Dominante(s) choisie(s)

Dessin et crayons de couleur

Phénomènes associés

Stratégie Thérapeutique Méthode

Expression libre

Après plusieurs boucles de renforcement de type 5’/6/3/4/5 et 4/5/6/7 Conforter la confiance en ses choix et en ses capacités, et lui donner l’envie de recommencer

(engagement dans le /5/6/7/), Puis lui permettre de donner un avis critique sur sa production

sans qu’il se sente menacé ou dévalorisé = (6/7/8/4/5/6)

Déroulé de la séance Observations cliniques

Il cherche un modèle pour entreprendre une peinture.

Il choisit le portrait d’un violoniste au ¾ profil

Il dessine en respectant le sujet, mais un style particulier apparait dans sa façon de tracer, dans l’épaisseur des traits (épais et foncés), ainsi que dans le ton des couleurs.

Le rendu final est réussi. Il est calme et détendu. Le rapport fond/forme est équilibré, le

discours ressentis / expressions est cohérent.

Bilan de la séance

Sa production confirme un style bien prononcé caractérisé par l’épaisseur du trait, le choix

des couleurs, le mouvement arrondi, l’expression générale du portrait. Sa faculté critique reste à confirmer mais elle est bien présente et cela contraste avec les

premières séances.

Evaluation de(s) l’OI de la séance

⃝ Atteint ⃝ Non atteint ⃝ Partiellement atteint ⃝ à reconduire ⃝ à confirmer ⃝ à modifier

Autoévaluation De 1 à 5 ; NE= Non évalué

Le Bon : 4/5 ; Le Bien : 3/5 ; Le Beau : 3/5 ; la Qualité du Moment : /5

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62

Evaluation des 3 B par l’AT//observations

Le Bon : /5 ; Le Bien : 3/5 ; Le Beau : 4/5 ; la Qualité du Moment : /5

Eléments à intégrer aux prochaines séances

Séances : 9 Cadre d’intervention Durée : 45 minutes ⃝ Atelier Individuel ⃝ Atelier

Collectif Objectif(s) Thérapeutique(s) Intermédiaire(s) de la séance (OI)

OTG : Augmenter sa faculté critique pour qu’il confirme son implication du corps et de

l’esprit, qu’il affirme son jugement et améliore son autonomie en faisant des choix.

Dominante(s) choisie(s)

Dessin et peinture

Phénomènes associés

Stratégie Thérapeutique Méthode

Libre.

Mettre à sa disposition les supports techniques et matériels pour qu’il s’engage dans une production de son choix. Stratégie : lui permettre de donner un avis critique sur sa production

sans qu’il se sente menacé ou dévalorisé = (6/7/8/4/5/6)

Déroulé de la séance Observations cliniques

Il arrive avant moi dans l’atelier = (élan corporel et engagement confirmé)

Il anticipe sur la séance en cherchant l’inspiration dans des revues= (idem) Il a décidé de se lancer dans la peinture. Il choisit un portrait (encore d’homme) à partir

d’une photo.

Il choisit les pinceaux avec une gouache (plutôt épaisse, ce qui convient assez à son style), Et la taille du support (A3)

Il est détendu, il s’exprime spontanément sur ce qu’il fait, il entretient la conversation, il prend des initiatives, il me regarde quand il parle (ça c’est nouveau), il manifeste de l’intérêt

pour ce que je vais faire après mon stage. Il corrige spontanément sa production et surtout il

exprime un sentiment d’efficacité personnelle. Sa production est organisée et témoigne d’un style personnel

Il modifie son choix et l’améliore

Bilan de la séance

Jusqu’à ce jour, il disait que la peinture c’était trop dur pour lui, qu’il ne pourrait pas y arriver, que Claude(1), lui, savait très bien peindre, etc…

Aujourd’hui, il choisit un modèle à partir d’une photo portrait (et non une autre peinture plus

facile à réaliser). En fin de séance, Jacha veut accrocher sa production avant de me la montrer : il y a de

l’intention esthétique et du choix affirmé dans la façon de l’exposer au regard de l’autre.

Il note le Bien à 4 (enfin !). Le Bon à 5 !; mais le Beau reste à 3. Sa capacité à exprimer un sentiment d’efficacité personnelle montre que l’estime de soi

remonte et que l’Amour de Soi s’est amélioré.

Il peut faire un choix personnel et le confirmer verbalement. (1)- Claude est l’art-thérapeute qui le suit depuis 15 ans, auquel Jacha est très lié (référence+)

Evaluation de(s) l’OI de la séance

⃝ Atteint ⃝ Non atteint ⃝ Partiellement atteint ⃝ à reconduire ⃝ à confirmer ⃝ à modifier

Autoévaluation De 1 à 5 ; NE= Non évalué

Le Bon : 5/5 ; Le Bien : 4/5 ; Le Beau : 3/5 ; la Qualité du Moment : /5

Evaluation des 3 B par l’AT//observations

Le Bon : /5 ; Le Bien : /5 ; Le Beau : /5 ; la Qualité du Moment : /5

Eléments à intégrer

Séances : 10 Cadre d’intervention Durée : 45 minutes ⃝ Atelier Individuel ⃝ Atelier Collectif Objectif(s) Thérapeutique(s) Intermédiaire(s) de la séance (OI)

OTG : Augmenter sa faculté critique

Dominante(s) choisie(s)

Peinture

Phénomènes associés Dernière séance et fin de mon stage à l’Atelier d’Art-thérapie

Stratégie Thérapeutique Méthode

Méthode Libre

Peinture gouache

Pinceaux divers

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Stratégie : lui permettre de donner un avis critique sur sa production et de justifier ses choix

dans la discussion

Déroulé de la séance Observations cliniques

Reprise de la peinture pour rectifier la lumière dans le visage et la veste (envie, élan et confiance)

Gestes calmes et assurés. Termine ce qu’il avait l’intention de faire (l’affirmation de soi

s’améliore) Le rendu global est satisfaisant, cohérent et équilibré.

La correction qu’il apporte à son œuvre améliore le rendu et il s’en aperçoit (et le dit)=

l’amour de soi progresse En fin de séance, il parle beaucoup de lui (détendu et souriant), de son vécu artistique avec

Claude et une autre IDE, de maintenant et de son envie de participer au décor de théâtre qui est la prochaine commande faite à l’atelier collectif par une troupe.

Il a une intention et il se projette dans une action collective.

Bilan de la séance

Confirmation de ses capacités critiques et de son engagement dans la production.

Il détermine ce qu’il doit améliorer et le met en œuvre sans attendre une approbation de ma part.

Il fait des choix et les assument (si nécessaire les explique), il décide quand sa production est

finie, puis il décide d’afficher sa peinture finie pour pouvoir la critiquer. Il dit que le modèle est plus rond que la forme qu’il a représentée. C’est un jugement objectif et surtout évaluatif

de l’œuvre et non de sa propre personne.

Evaluation de(s) l’OI de la séance

⃝ Atteint ⃝ Non atteint ⃝ Partiellement atteint ⃝ à reconduire ⃝ à confirmer ⃝ à modifier

Autoévaluation De 1 à 5 ; NE= Non évalué

Le Bon : 5/5 ; Le Bien : 3/5 ; Le Beau : 4/5 ; la Qualité du Moment : 5/5

Evaluation des 3 B par l’AT//observations

Le Bon : 5/5 ; Le Bien : 3/5 ; Le Beau : 4/5 ; la Qualité du Moment : 5/5

Eléments à intégrer

1 - 5 – L’évaluation des séances s’appuie sur la fiche d’observation

personnalisée, l’autoévaluation par le cube harmonique(*), ainsi que toutes les

observations pouvant rendre compte de l’engagement dans la production

artistique et de l’impact sur les trois composantes de l’estime de Soi.

Au regard de l’indication médicale et compte tenu des objectifs thérapeutiques,

l’évaluation se portera plus particulièrement sur l’implication et l’engagement

corporel dans la pratique artistique, ainsi que sur les trois composantes de

l’Estime de Soi.

Pour évaluer l’ensemble des items retenus, une fiche d’observation a été élaborée

(voir annexe I ). Les Items spécifiquement choisis pour Jacha sont répertoriés

dans la fiche d’observation. Elle a permis d’établir un suivi régulier au fil des

séances.

Les grands faisceaux d’items concernant Jacha sont les suivants :

Tableau N°3

Implication du corps dans la pratique artistique Expression Verbale :

►La Verbalisation (fréquence, débit, force..

►Expression Verbale de son intention

Concernant l’Impression / Expression :

►Implication corporelle dans l'activité

Expression Non Verbale :

► Expression non verbale du plaisir: Attitude

►Expression non verbale du plaisir: Visage

►Expression Non Verbale : La respiration

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L’Amour de Soi L’Engagement Corporel :

►Engagement Corporel dans l'activité ►Expression Non Verbale pendant l'activité

L’Engagement Relationnel :

►Expression corporelle dirigée ver autrui ►Elan corporel

►Mode relationnel

►Perception et Amour de Soi

La Confiance en Soi L’Engagement dans la Production :

►Capacité à se corriger

►Intention esthétique ►Rapport fond/forme

►Expression du Style

Confiance en Soi :

►Choix de l'œuvre (Faire un choix)

►Confiance en sa place de sujet

L’Affirmation de Soi Affirmation de Soi :

►Sur le Choix d'entreprendre ►Choix de la technique ou du sujet

►Critiquer un Choix

►S'exprimer sur sa production

L’alliance thérapeutique a rapidement permis à Jacha de se prêter à l’exercice de

l’auto évaluation sans se sentir en danger. Au bout de quelques séances, il

semblait même attendre ce moment qui faisait « repère » en fin de séance.

Tableau N°4 : les résultats des auto-évaluations de Jacha.

S1 S2 S3 S4 S5 S6 S7 S8 S9 S10

BIEN NE 2 3 4 4 3 3 3 4 3

BEAU NE 2 2 4 3 3 5 3 3 4

BON NE 3 4 4 4 4 5 4 5 5

QdM NE 3 4 4 4 4 5 4 5 5

NE : Non évalué S1 : Séance 1 QdM : la Qualité du Moment

Commentaires et analyse du Graphique N°1 : Autoévaluation de Jacha

Le Bon et la Qualité du Moment ont été évalués toujours sur le même niveau

d’appréciation. J’ai eu sans doute des difficultés à lui faire sentir une différence

entre les deux.

Le Bon a rapidement atteint un niveau satisfaisant pour garder une valeur entre 4

et 5 jusqu’à la fin.

Le Beau a pu osciller en fonction des productions et je peux témoigner qu’à partir

de la 5ème

séance, l’objectivité de Jacha rendait compte du développement de ses

capacités de critique.

0

1

2

3

4

5

6

S1 S2 S3 S4 S5 S6 S7 S8 S9 S10

BIEN

BEAU

BON

Graphique N° N°1 : Autoévaluation de Jacha

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65

Le Bien s’est affirmé à partir de la séance 4 comme un indicateur de sa fragilité en

matière de confiance en Soi. En revanche, il a su expliquer avec cohérence ses

choix et développer son sens critique à partir de choix personnels qu’il n’arrivait

pas toujours à réaliser à sa convenance au début, d’où une évaluation qui oscille

comme le Beau, sans toutefois se confondre avec lui (comme dans le rapport du

Bon avec la QdM).

Si l’on compare deux périodes charnières qui sont de la séance S1 à S3, et de S4 à

S10, on peut voir une nette évolution dans la perception du Beau et du Bien

(l’affirmation de Soi et la Confiance en Soi en progression dans les temps

d’observations).

Cela a été certainement facilité par une évolution positive du rapport

ressenti/représenté constatée dans l’engagement et la production artistique, et

confirmé par une évolution rapide et croissante du Bon et de la Qualité du

moment. Ceci a contribué aussi à une restauration de l’Amour de Soi et a permis à

Jacha de retrouver une image plus positive de lui-même.

Graphique N°2 : Evolution des faisceaux d’items concernant Jacha

Commentaires :

Tous les faisceaux d’items observés ont évolué favorablement et en

particulier la confiance en Soi et l’affirmation de Soi qui ont été en constante

évolution.

Si l’on met en part la séance S8 où un phénomène associé vient perturber

les ressentis (Augmentation du taux de diabète et remontrances du personnel

éducatif sur le foyer d’accueil, ce qui a contrarié Jacha ; voir feuille

d’observation), toutes les courbes progressent et la confiance en Soi d’une

manière très significative.

Le relationnel et l’engagement constituent deux faisceaux d’items choisis

pour évaluer l’Amour de Soi chez Jacha. Ils se suivent de très près, et le plaisir

semble les suivre de manière régulière jusqu’à l’épisode de la séance 8.

1-6- Le bilan de la prise en charge fait apparaitre une nette amélioration de la

confiance en soi et de la capacité à faire des choix personnels.

0

10

20

30

40

S1 S2 S3 S4 S5 S6 S7 S8 S9 S10

PLAISIR

ENGAGEMENT

RELATIONNEL

CONFIANCE EN SOI

AFFIRMATION DE SOI

Amour de Soi

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Jacha est orienté vers l’Art-thérapie avec pour indications de prévenir les phases

délirantes, d’augmenter son autonomie personnelle et d’améliorer son intégration

au groupe. Les objectifs généraux fixés en Art-thérapie concernent sa capacité à

faire des choix personnels et l’augmentation de ses facultés critiques.

Les premières séances montrent en effet un manque de confiance en soi et une

déconsidération systématique sur ses propres capacités. Il s’attribue visiblement

une valeur négative et cela l’empêche d’aller vers les autres et d’entreprendre

quoique ce soit. De fait, il se situe à l’écart dans les ateliers collectifs, et il attend

que l’encadrement lui donne des consignes et lui dise comment il faut faire.

La perspective de rencontres individuelles lui plait. La première séance il est

réservé et en attente d’instruction. Au fil des séances il prendra d’abord confiance

en moi et en notre relation, puis enfin en ses capacités de produire des éléments

positifs. Il prendra rapidement du plaisir à dessiner et colorier.

Puis, la confiance venant, il se lancera dans la peinture en affirmant un style

personnel. Ses productions sont équilibrés et ses jugements sont effectifs et

cohérents par rapport rendu (intention/réalisé). Il a encore du mal à donner une

valeur très positive sur le bien. Mais il a une meilleure perception de ses capacités

et il n’a pas peur de les exprimer et même de les afficher. La nature de ses

troubles psychiques ne lui permet pas d’explorer le domaine empathique des

relations sociales, néanmoins il tient compte des autres dans ses comportements et

il peut apporter une aide effective à une autre personne sur sa propre initiative.

Aujourd’hui, on peut dire que son intégration au groupe s’est améliorée, même si

sa pathologie nous invite à relativiser ces résultats qui restent à confirmer dans le

temps. Il fait des choix personnels et s’affirme assez bien dans des relations

duelles. Le collectif reste encore un domaine où il est plus en retrait. Cependant, il

sait adapter son comportement aux attentes des autres et c’est peut-être là un signe

d’une meilleure intégration au groupe puisqu’il a démontré qu’il savait s’affirmer.

2 - Sassa voudrait reprendre ses études suite à une bouffée délirante et

l’équipe médicale se questionne sur ses capacités à reprendre des relations

apaisantes.

2-1- L’indication médicale est recueillie auprès du Médecin psychiatre de

l’unité.

Domaines

d’investigation

Recueil de données concernant Mr/Mme SASSA

Indication

Améliorer un rapport à l’autre compliqué (sentiment de persécution).

Reprise de ses études après une période d’arrêt suite à une Bouffée Délirante Aigue (BDA).

Etat de base :

Anamnèse

Sassa est une jeune femme de 22 ans qui est suivie en psychiatrie depuis 6 semaines, suite à une

bouffée délirante survenue lors d’un échec dans une formation BAFA.

Sassa raconte qu’à l’âge de 6 ans elle accusa son père d’inceste pour « coller » aux désirs de sa mère qui ne cessait d’accabler son conjoint de tous les maux, dans un contexte de séparation

très conflictuel.

Sassa se rétracta par la suite et aucune poursuite ne fût engagée contre son père, mais la culpabilité de l’enfant resta « retenue » selon les dires de Sassa.

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Evaluation des capacités

Bilan de base

A l’âge de 15 ans elle partit habiter chez son père à Taïti et engagea une thérapie qui dura 2

années. A 19 ans, de retour en France, elle commença des études de psychologie, jusqu’à ses 22

ans où, confrontée à la situation d’échec en formation BAFA, elle « évacua un trop plein d’énergie accumulée depuis l’enfance » et dit avoir eu « une bouffée délirante » qui se traduisit

par des confusions et délires importants.

Bilan moteur : Déplacements lents

Capacités d’expression : Lenteur dans la formulation, éprouve des difficultés à exprimer ses

émotions Capacités relationnelles : Se tient à l’écart dans le groupe, Recherche l’approbation de

l’encadrement, elle a besoin d’être rassurée sur ses capacités (Confiance en Soi très touchées)

Capacités intellectuelles : Bonnes capacités intellectuelles (très bon niveau de culture générale) Capacités de communication: Bonne capacité de communication, Malgré des traits de visage

peu expressifs Bilan psycho affectif : Montre un sentiment de culpabilité important Les Goûts : Elle aime le dessin, le collage de papier et tissus, la mise en couleur, elle aime

découvrir d’autres techniques artistiques Limites observées à ce jour : Elle manque de motricité fine, ses capacités sensorielles

pourraient être perturbées par la prise de son Traitement (Neuroleptiques).

Attentes du patient Réduire mes impatiences et apprendre à concentrer mon énergie

Etre plus calme et plus apaisée Retrouver le chemin des études en psychologie

Retrouver le plaisir de créer et découvrir de nouvelles matières

Pénalités Maladie psychique, décompensation manifestée par une bouffée délirante. Le caractère de chronicité n’est pas encore établi, par exemple : Psychose Chronique Hallucinatoire (PCH).

Souffrances Diminution de la projection, Diminution de la qualité de vie, Baisse de la Confiance en soi et de

l'Amour de soi, sentiment de culpabilité important, angoisses, peur de ne plus être adaptée à la

réalité.

2-2- l’Etat de base fait apparaitre une situation familiale conflictuelle et un

vécu d’enfance très douloureux.

L’état de base confirme une confusion mentale et une grande anxiété chez Sassa.

Le discours est bien structuré mais les souvenirs sont confus et les faits relatés

sont peut-être réinterprétés à la lumière de sa formation universitaire (Master de

psychologie). La coordination des mouvements laisse apparaitre quelques

difficultés, l’expression du visage est crispée, avec de légers tremblements du

corps et des mâchoires qui sont nettement tendues, sans doute les effets

secondaires de son traitement de neuroleptiques (Tersian) et des tranquillisants

(Equanil). Le diagnostic médical n’est pas encore confirmé mais il semblerait que

ce soit une psychose organique aiguë de type BDA (c’est ce que signale

l’indication médicale).

Sassa dit se souvenir de ce qu’elle a ressenti lors de sa bouffée délirante. Elle

justifie son angoisse d’aujourd’hui par le fait qu’elle n’arrive pas à expliquer la

confusion mentale et le trouble émotionnel dans lequel elle s’est soudainement

retrouvée. Plus elle y pense et plus cela l’angoisse. Je lui propose des séances

d’art-thérapie dans le cadre de l’atelier collectif et du projet d’exposition sur le

thème « les animaux fantastiques », mais en suivi individuel. Elle accepte avec

plaisir car elle est sensible à l’Art et à la découverte de techniques artistiques. Je

lui explique la prise en charge tiendra compte des indications médicales que je lui

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ai exposé en début d’entretien, ainsi que de ses attentes personnelles vis-à-vis de

l’atelier d’art-thérapie.

Elle assiste déjà à des ateliers d’art-thérapie en collectif depuis 3 séances, le matin

de 9h à 11h00. Elle est accompagnée par son père (jusque dans l’atelier…). Elle

semble prendre beaucoup de plaisir dans l’exécution d’une sculpture animale

qu’elle a choisi de réaliser en grillage et papier collé.

2-3- Le protocole de soins et la stratégie d’intervention ont donné lieu à des

observations en suivi individuel mais dans le cadre d’un atelier collectif, compte

tenu des objectifs thérapeutiques.

Compte tenu de l’indication médicale d’améliorer la relation aux autres, d’une

part, et des Objectifs Thérapeutiques Généraux « reprendre ses études à

l’université » (donc dans un collectif), d’autre part, il a été choisi d’établir un

accompagnement personnalisé mais au sein de l’atelier collectif d’Art-thérapie de

9h00 à 11h00 et trois fois par semaine.

Le protocole de soins est le suivant:

Objectif Général

Thérapeutique

Réduire son anxiété et Calmer ses impatiences (rapport 3 / 4 sur l’OA) (Améliorer le rapport

à soi-même) Améliorer la relation aux autres (en 8).

L’accompagner à la reprise de ses études en maîtrise de psychologie à Toulouse.

Objectifs Intermédiaires OI 1 : Stimuler les ressentis corporels pour prendre du plaisir.

OI 2 : Rechercher l’engagement dans une production individuelle. OI 3 : Engagement dans le projet collectif (production à thème pour une expo en octobre).

Sites d’Action En 3 car captations sensorielles difficiles et génératrices de ressentis négatifs, 4 car le traitement

cognitif est altéré et manque de cohérence // aux ressentis ; 5 car l’élan corporel est touché par un mauvais rapport entre le 3 et le 4.

Cibles thérapeutiques 6 et 7 car Sassa aime la pratique artistique et la découverte de techniques nouvelles ; 3 pour

retrouver des sensations positives et gratifiantes ; 5 et 8 pour mobiliser son élan corporel afin de

retrouver des relations mondaines apaisées.

Stratégie

1er objectif : Rechercher des sensations positives en 3, et sortir d’un traitement cognitif (en 4)

mis en doute par le médical, mais aussi par Sassa. (incohérence entre les émotions en 3 et leur traitement en 4)

Méthode: Utiliser la production artistique (volonté exprimée par Sassa) pour renforcer le

ressenti positif (gratifications sensorielles en 3), sans passer par un raisonnement en 4 (sur lequel elle a perdu confiance)

Boucles de Renforcement recherchées: 6/3/5 (ou 6/7/3), puis 3/4/5/6/7/3

Cheminement stratégique: passer par la technique du 6 pour augmenter la gratification sensorielle en 3, la structuration corporelle en 4 et un engagement « cohérent » en 5.

Objectif : Restaurer la Confiance en Soi (5,6 et 7) et l’affirmation de Soi (6,7 et 8).

2-4- Les séances se sont déroulées en atelier collectif la plupart du temps et cela

constitue une stratégie globale d’accompagnement

Rappel méthodologique : Toutes les séances se décomposent en trois temps :

1er temps: l’accueil et l’engagement dans l’atelier

2ème temps: le contenu de l’atelier

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3ème temps: le raccompagnement jusqu’à la porte d’entrée du bâtiment.

Concernant : SASSA

Période : de avril à juin 2016

Séance Ouverture Cadre d’intervention Durée : 45 minutes ⃝ Atelier Individuel ⃝ Atelier Collectif Objectif(s) Thérapeutique(s) Intermédiaire(s) de la séance (OI)

Etablir les bases d’une bonne relation thérapeutique :

Clarification des attentes, besoins et souhaits de SASSA par rapport à l’Art-thérapie et compte tenu de l’indication médicale

Obtenir l’adhésion de SASSA au projet thérapeutique et gagner sa confiance.

Dominante(s) choisie(s)

Pas de technique artistique sollicitée car besoin d’Approfondir l’état de base à travers un

échange verbal.

Phénomènes associés

Stratégie Thérapeutique Méthode

Etablir un écoute bienveillante et non jugeante pour permettre à Sassa de s’exprimer sur ses

attentes vis-à-vis de l’Art-thérapie.

Déroulé de la séance Observations cliniques

L’indication médicale est énoncée puis commentée par Sassa qui enchaîne sur son épisode de

décompensation et sur les raisons qu’elle y attribue. Lors d’un échec récent dans une formation BAFA, elle aurait été le « bouc émissaire » d’une situation dont le directeur de

formation serait l’artisan (« le Directeur m’a descendue… »). Selon Sassa cet épisode aurait

déclenché une situation de « déblocage d’un trop plein d’énergie retenue depuis l’enfance ». Un récit douloureux de sa petite enfance commence. Sassa a un visage tendu et très peu

expressif. Son discours est très bien structuré et cohérent. Elle évoque le souvenir des

émotions vécues, lors de la période délirantes, et dans lesquelles elle a du mal à se reconnaitre. Cela développe une angoisse et une perte de confiance en ses propres

perceptions. Elle parle de d’impatiences, de recherche d’apaisement, de recherche de plaisirs,

de reprise d’études en master de psychologie à l’université de Toulouse.

Bilan de la séance

Sassa assiste à des ateliers d’art-thérapie en collectif depuis 3 séances, le matin de 9h à

11h00. Elle est accompagnée par son père (jusque dans l’atelier…). Elle semble prendre

beaucoup de plaisir dans l’exécution d’une sculpture animale qu’elle a choisi de réaliser en grillage et papier collé.

Le diagnostic médical n’est pas encore clairement posé et nécessite un peu plus

d’investigations, notamment pour apprécier le degré de dissociation. Le rapport à l’autre pose clairement problème, avec une tendance à la mise en retrait et au

sentiment de persécution.

La reprise de ses études en maîtrise de psychologie à Toulouse semble être un item concret sur lequel on peut s’appuyer pour considérer qu’une amélioration de son état général s’est

opérée.

Sassa est demandeuse d’activités créatrices et artistiques. Nous établissons les bases d’un accompagnement en atelier d’Art-thérapie. Cet accompagnement sera individualisé et se

déroulera pendant le temps de l’atelier collectif dans le même espace. Sassa semble motivée

pour la sculpture et collage de tissus et cet élan corporel me semble directement mobilisable sur une production artistique.

Evaluation de(s) l’OI de la séance

⃝ Atteint ⃝ Non atteint ⃝ Partiellement atteint ⃝ à reconduire ⃝ à confirmer ⃝ à modifier

Autoévaluation De 1 à 5 ; NE= Non évalué

Le Bon : /5 ; Le Bien : /5 ; Le Beau : /5 ; la Qualité du Moment : /5

Evaluation des 3 B par l’AT//observations

Le Bon : /5 ; Le Bien : /5 ; Le Beau : /5 ; la Qualité du Moment : /5

Eléments à intégrer aux prochaines séances

Séances : 1 Cadre d’intervention Durée : 45 minutes ⃝ Atelier Individuel ⃝ Atelier Collectif Objectif(s) Thérapeutique(s) Intermédiaire(s) de la séance (OI)

OI 1 : Stimuler les ressentis corporels pour prendre du plaisir.

Accompagnement Thérapeutique

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Dominante(s) choisie(s)

Sculpture papier mâché/ grillage, puis collage de tissus de couleurs variées (Tissus africains)

Phénomènes associés Son père l’accompagne jusque dans l’atelier d’art-thérapie. Il est de formation Infirmier, mais ne travaille pas au sein de l’hôpital de Montauban.

Stratégie Thérapeutique Méthode

Utiliser la production artistique (volonté exprimée par Sarah) pour renforcer le ressenti

positif (gratifications sensorielles en 3), sans passer par un raisonnement en 4 (sur lequel elle

a perdu confiance)

Déroulé de la séance Observations cliniques

Sassa semble prendre du plaisir à toucher la matière. Ses gestes sont imprécis, mais elle manifeste un élan corporel et une soif de technique, associé à un besoin d’être « encadrée », soutenue et revalorisée par l’encadrement. Elle n’hésite pas à tremper les doigts dans la colle, frotter les tissus, semble un peu perdue lorsque ses intentions ne se réalisent pas comme prévue. Elle ne se décourage pas et continue à entreprendre. Il faut cependant soutenir le désir et accompagner le geste technique. Aucune attention n’est portée vers les autres, aucun regard. Elle n’accorde aucun intérêt à ce qui se passe en dehors de sa production et de sa relation avec l’Art-thérapeute. Elle semble très concentrée et son visage, bien que tendu, laisse apparaitre un léger sourire.

Bilan de la séance

Sassa semble prendre beaucoup de plaisir dans la pratique artistique. Elle se contente pour l’instant d’être dans la mimésie et expérimente des techniques qu’elle découvre. Elle a besoin d’une présence régulière de l’encadrement et aussi d’être rassurée sur ses capacités à faire. De toute évidence l’estime de Soi a besoin d’être renforcée. Sa gestuelle, son engagement corporel et sa constance à l’ouvrage, témoignent de son ressentis positif qu’elle confirmera oralement et spontanément en fin de séance. Elle souhaite vivement continuer l’accompagnement en Art-thérapie. Le premier objectif est atteint dès la première séance mais nécessite d’être reconduit sur les autres séances Le beau et le bien ne sont pas évalués (choix de l’AT) pour ménager l’estime de soi et parce que l’objectif de la séance se centre sur les ressentis et le plaisir.

Evaluation de(s) l’OI de la séance

⃝ Atteint ⃝ Non atteint ⃝ Partiellement atteint ⃝ à reconduire ⃝ à confirmer ⃝ à modifier

Autoévaluation De 1 à 5 ; NE= Non évalué

Le Bon : 4 /5 ; Le Bien : NE /5 ; Le Beau : NE/5 ; la Qualité du Moment : 4 /5

Evaluation des 3 B par l’AT//observations

Le Bon : 4/5 ; Le Bien : 2 /5 ; Le Beau : 2/5 ; la Qualité du Moment : 4/5

Eléments à intégrer aux prochaines séances

Séances : 2 Cadre d’intervention Durée : 45 minutes ⃝ Atelier Individuel ⃝ Atelier Collectif Objectif(s) Thérapeutique(s) Intermédiaire(s) de la séance (OI)

OI 2 : Rechercher l’engagement dans une production individuelle.

Dominante(s) choisie(s)

Sculpture papier mâché/ grillage, puis collage de tissus de couleurs variées (Tissus africains)

Phénomènes associés

Stratégie Thérapeutique Méthode

Rappels sur stratégie:

• Obj.: Gratification sensorielle positive en 3. Utilisation de la dynamique art1/art2 et sortir d’une pensée excessive (en 4)

Stratégie: Utiliser la production artistique (volonté exprimée par Sassa) pour renforcer le ressenti positif (gratification en 3) et stocker cette expérience positive en 4

• Les boucles de Renforcement recherchées: 5/6/3, puis 4/5/6/7/3

Déroulé de la séance Observations cliniques

L’élan corporel est toujours présent et l’implication dans la production aussi. Mais la réalisation technique est difficile et pas toujours réussie. Cependant Sassa est ne se décourage pas. Je suppose pour plusieurs raisons : 1-Elle n’a pas vraiment encore d’intention esthétique prononcée et affirmée, 2-Ses différentes tentatives dans l’Art2 sont valorisées systématiquement par l’Art-thérapeute tout en portant des observations sur la forme technique (puisque Sassa était demandeuse

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de techniques nouvelles, il est plus facile de « corriger » sans la dévaloriser). Elle recherche des modèles à suivre et ne se lance pas encore dans le choix de la création, l’imaginaire.

Bilan de la séance

Sassa est motivée, un élan corporel est bien présent mais il ne concerne pas encore une intention personnelle et un choix personnel de s’engager dans une production personnelle. L’OI2 reste à poursuivre Le geste est encore imprécis et la confiance dans ses actes assez faible, mais Sassa ne se décourage pas et semble prendre beaucoup de plaisir. L’attention aux autres n’est toujours pas là. Si elle croise quelqu’un, elle l’évite sans le regarder et ne porte son attention que sur sa production. Les regards sont tournés uniquement vers l’encadrement.

Evaluation de(s) l’OI de la séance

⃝ Atteint ⃝ Non atteint ⃝ Partiellement atteint ⃝ à reconduire ⃝ à confirmer ⃝ à modifier

Autoévaluation De 1 à 5 ; NE= Non évalué

Le Bon : 3/5 ; Le Bien : 2/5 ; Le Beau : 2/5 ; la Qualité du Moment : 4/5

Evaluation des 3 B par l’AT//observations

Le Bon : /5 ; Le Bien : /5 ; Le Beau : /5 ; la Qualité du Moment : /5

Eléments à intégrer aux prochaines séances

Séances : 3 Cadre d’intervention Durée : 45 minutes ⃝ Atelier Individuel ⃝ Atelier Collectif Objectif(s) Thérapeutique(s) Intermédiaire(s) de la séance (OI)

OI 2 : Rechercher l’engagement dans une production personnelle.

Dominante(s) choisie(s)

Sculpture papier mâché/ grillage, puis collage de tissus

Phénomènes associés Diminution de son traitement médical

Stratégie Thérapeutique Méthode

Cheminement stratégique: passer par la technique du 6 pour maintenir la gratification

sensorielle en 3, la structuration corporelle en 4 et un engagement en 5 vers une création

personnelle.

Objectif : Restaurer la Confiance en Soi (5,6 et 7) et l’affirmation de Soi (6,7 et 8).

Déroulé de la séance Observations cliniques Sassa continue sa production. Concentration et curiosité sont toujours au rendez-vous.

Elle prend du plaisir à toucher la matière et cela se voit dans ses gestes, sa posture et

l’expression de son visage qui commence à changer.

L’engagement corporel est là mais il n’y pas encore de production choisie et imaginée, elle reste dans la mimésie.

Bilan de la séance

Sassa s’exprime volontiers sur ses ressentis positifs et le manifeste aussi par des sourires (encore un peu crispés sur le visage). L’engagement est là, mais pas encore d’intention personnelle au niveau de la création. L’OI 2 reste à poursuivre

Evaluation de(s) l’OI de la séance

⃝ Atteint ⃝ Non atteint ⃝ Partiellement atteint ⃝ à reconduire ⃝ à confirmer ⃝ à modifier

Autoévaluation De 1 à 5 ; NE= Non évalué

Le Bon : 4/5 ; Le Bien : 3/5 ; Le Beau : 3/5 ; la Qualité du Moment : 4/5

Evaluation des 3 B par l’AT//observations

Le Bon : 4/5 ; Le Bien : 2/5 ; Le Beau : 3/5 ; la Qualité du Moment : 4/5

Eléments à intégrer aux prochaines séances

Séances : 4 Cadre d’intervention Durée : 45 minutes ⃝ Atelier Individuel ⃝ Atelier Collectif Objectif(s) Thérapeutique(s) Intermédiaire(s) de la séance (OI)

OI 2 : Rechercher l’engagement dans une production individuelle.

Dominante(s) Sculpture papier mâché/ grillage, puis collage de tissus

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choisie(s)

Phénomènes associés

Stratégie Thérapeutique Méthode

Consigne : Produire la sculpture d’un animal qui n’existe pas dans la nature.

La consigne cadre, le cadre rassure, et l’impératif de production aussi : « qui n’existe pas dans la nature » Justification stratégique : elle est sure au moins de ne pas se tromper…

Même cheminement stratégique que la séance précédente : passer par la technique acquise

dans le 6 pour maintenir une gratification sensorielle en 3, la structuration corporelle en 4 et un engagement en 5 vers une création personnelle.

Déroulé de la séance Observations cliniques

Sassa porte un regard critique sur sa production. Elle fait des choix esthétiques (couleurs,

tissus, disposition,…) Elle manifeste un élan, une intention personnelle et une volonté de s’engager dans une

production individuelle.

Elle s’intéresse soudain au projet d’exposition collective. Elle pose des questions à

l’encadrement et projette d’y participer.

Elle commence à regarder les productions des autres. elle devient plus attentive à ce qui se

passe autour d’elle, sans toutefois engager la conversation avec les autres.

Bilan de la séance

Après un moment d’hésitation, Sassa s’est lancée dans une production personnelle. La consigne a visiblement fait l’effet recherché et Sassa a pu se laisser aller dans la créativité personnelle et cela lui a été très gratifiant pour elle. Elle a gagné en confiance en elle et commence à affirmer ses goûts et ses choix esthétiques. L’OI 2 est atteint. Remarque: Elle s’est engagée d’elle-même dans la perspective de l’OI3, c’est à dire dans l’engagement dans la production collective à thème.

Evaluation de(s) l’OI de la séance

⃝ Atteint ⃝ Non atteint ⃝ Partiellement atteint ⃝ à reconduire ⃝ à confirmer ⃝ à modifier

Autoévaluation De 1 à 5 ; NE= Non évalué

Le Bon : 4/5 ; Le Bien : 4/5 ; Le Beau : 4/5 ; la Qualité du Moment : 5/5

Evaluation des 3 B par l’AT//observations

Le Bon : /5 ; Le Bien : /5 ; Le Beau : /5 ; la Qualité du Moment : /5

Eléments à intégrer aux prochaines séances

Séances : 5 Cadre d’intervention Durée : 45 minutes ⃝ Atelier Individuel ⃝ Atelier Collectif Objectif(s) Thérapeutique(s) Intermédiaire(s) de la séance (OI)

OI 3 : Engagement dans le projet collectif (production à thème pour une expo en octobre).

SA: 5/6/7/8

Dominante(s) choisie(s)

Sculpture papier mâché/ grillage, puis collage de tissus

Phénomènes associés

Stratégie Thérapeutique Méthode

Consigne : Continuer la sculpture d’un animal qui n’existe pas dans la nature afin de la

rajouter aux pièces de l’exposition collective prévue en octobre.

Par une création personnelle et un engagement sur une œuvre collective

Objectif : Renforcer la Confiance en Soi (5,6 et 7) et l’affirmation de Soi (6,7 et 8), par une

expérience relationnelle génératrice de plaisirs, et en espérant un retour mondain gratifiant et revalorisant pour l’estime de Soi.

Déroulé de la séance Observations cliniques

L’engagement corporel est bien présent. La technique a évolué et le rendu esthétique

commence à être satisfaisant ce qui rend Sassa fière d’elle. Au-delà d’une implication du corps, on perçoit une implication de l’esprit. Elle pose des questions sur l’expo collective et

s’intéresse aux autres productions.

Bilan de la séance

Résumé et bilan:

Sassa commence à regarder les productions des autres patients et donc commence à s’ouvrir

aux autres. On sent nettement que son entourage ne lui est plus indifférent. Elle adhère au projet

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collectif, l’autre n’est plus vécu comme une menace mais comme un partenaire dans un

projet créatif, artistique et innovant (une solution positive peut être imaginée, construite et assumée collectivement.

Elle s’intéresse à l’expo collective et confirme sa volonté d’y participer activement.

L’OI3 est atteint. La confiance en Soi est revenue, l’affirmation de Soi est présente dans ses choix et dans sa production.

Evaluation de(s) l’OI de la séance

⃝ Atteint ⃝ Non atteint ⃝ Partiellement atteint ⃝ à reconduire ⃝ à confirmer ⃝ à modifier

Autoévaluation De 1 à 5 ; NE= Non évalué

Le Bon : 5/5 ; Le Bien : 4/5 ; Le Beau : 4/5 ; la Qualité du Moment : 5/5

Evaluation des 3 B par l’AT//observations

Le Bon : 5/5 ; Le Bien : 3/5 ; Le Beau : 3/5 ; la Qualité du Moment : 5/5

Eléments à intégrer aux prochaines séances

2-5- L’évaluation s’appuiera sur des items spécifiques de la fiche d’observation

mais aussi sur une auto évaluation à chaque séance.

Au regard de l’indication médicale et compte tenu des objectifs thérapeutiques,

l’évaluation se portera plus particulièrement sur l’engagement corporel dans la

pratique artistique et dans les relations avec les autres. Les trois composantes de

l’estime de Soi seront observés avec des critères spécifiques à Sassa. (Voir fiche

d’observation et grille des items retenus en annexe III et IV).

Tableau N°5 : Les grands faisceaux d’items concernant Sassa.

Affirmation de SOI (Rapport au autrui)

Le REGARD

VISAGE (changements)

Expression non verbale du plaisir

Expression Non Verbale du plaisir

Le CORPS

Capacités relationnelles

Expression non verbale du plaisir

Engagement du corps et de l'esprit

COMMUNICATION

Capacités relationnelles (Engagement)

Expression Verbale

Engagement de l'esprit

CONFIANCE en SOI (Via la production)

Capacité à faire et à refaire

Recherche de l'approbation de l'encadrement

AMOUR de SOI (le rapport à soi-même)

Perception de Soi (IMPRESSION)

Production//Rapport aux autres (EXPRESSION)

Attitude corporelle

Expression Non Verbale pendant l'activité

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Graphique N°3 : Présentation des résultats des séances auprès de Sassa

Commentaires :

L’Affirmation de Soi a progressé de manière régulière au fils des séances, surtout

dans les items d’expression et d’engagement du corps dès la 2ème

séance.

La Confiance en Soi s’affirme de manière plus nette, mais seulement à partir de la

séance 4, ainsi que l’Amour de Soi qui progresse par palier mais rejoint

l’Affirmation de Soi.

Graphique N°4 : Affirmation de Soi // Amour de Soi

Il semble y avoir une corrélation entre l’Amour de Soi et l’Affirmation de soi qui

se renforcent au cours des séances.

0

2

4

6

8

10

S1 S2 S3 S4 S5

Affirmation de Soi

Confiance en Soi

Amour de Soi

0

2

4

6

8

S1 S2 S3 S4 S5

Affirmation de Soi

Amour de Soi

Capacités relationnelles0

2

4

S1 S2 S3 S4 S5

Capacités relationnelles

Perception de Soi (IMPRESSION)

Graphique N°5: Relation entre les capacités relationnelles et la Perception de Soi

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75

L’amélioration de la perception de Soi semble favoriser nettement les capacités

relationnelles.

Tableau N°6: Auto-évaluation par le cube harmonique

S1 S2 S3 S4 S5

BON 4 3 4 4 5

BIEN NE 2 3 4 4

BEAU NE 2 3 4 4

QdM 4 4 4 5 5

NE : Non évalué S1 : Séance 1 QdM : la Qualité du Moment

Pour des raisons stratégiques, le Bien et le Beau n’ont pas été évalué à la première

séance. L’objectif était de privilégier la qualité du moment passé ainsi que le

plaisir éprouvé dans la pratique artistique.

Dès la première séance, la qualité de la relation thérapeutique a permis à Sassa de

noter assez haut la qualité du moment et le Bon. Ce fût une base sur laquelle le

Beau et le Bien ont pu progresser lentement vers une affirmation de ses goûts et

de son élan artistique. La confirmation d’une amélioration de la confiance en Soi

peut s’évaluer par la notation jusqu’à 4 du Bien, alors que la production technique

restait médiocre.

2-6- Le bilan de cette prise en charge rend compte d’une évolution rapide des

objectifs intermédiaires et ponctue de manière positive la prise en charge.

Sassa nous a été orientée suite à une bouffée délirante venant perturber ses

perceptions et ressentis au point d’alimenter des délires de persécutions et

provoquer un arrêt brutal de ses études universitaires. L’indication médicale

0 1 2 3 4 5 6

S1

S2

S3

S4

S5

QdM

BEAU

BIEN

BON

Graphique N°6 : Autoévaluation Sassa

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76

portait sur la restauration de relations apaisées avec autrui, et sur une réduction de

ses angoisses, dans la perspective d’une reprise de ses études.

Les premières séances en atelier collectif, montre une personne très discrète qui

n’accorde aucun intérêt aux personnes qui l’entourent à part l’encadrement.

Peu à peu, Sassa prend ses marques, retrouve de la confiance en elle et s’investit

dans une production individuelle.

Lorsque la confiance est revenue, elle a pu affirmer ses goûts et ses choix

artistiques.

Son auto-appréciation s’est améliorée au fil des séances

Son intérêt pour autrui s’est manifesté peu à peu, puis s’est confirmé à la 5ème

séance.

Enfin, elle a pu exprimer sa volonté de participer à une exposition collective,

manifestant ainsi une envie de s’investir dans une relation aux autres.

Aujourd’hui Sassa est sortie des soins hospitaliers pour reprendre ses études

universitaires à Toulouse.

D – D’autres prises en charge s’effectuent principalement en atelier collectif

1 – Les autres suivis se sont réalisés dans le cadre de l’atelier collectif qui

travaille depuis un an sur un projet d’exposition collective dans une Abbaye.

Tableau N° 7 : Observations dans les ateliers collectifs.

Patients Etat de base Indications Objectifs thérapeutiques

Dominante principale

Observations, Limites, analyse

Jujube

Psychose Schizophrénie, tendance au sentiment de persécution et aux délires mystiques

Développer sa concentration et son inscription dans un projet collectif de création artistique (sensible à l’art)

Contenir ses projections hallucinatoires et réduire les épisodes délirants Obtenir une adhésion dans un projet de création

La sculpture sur siporex et papier mâché sur grillage

Des épisodes anxieux rendent sa progression difficile, mais des résultats ont été remarqués au niveau de sa concentration et de son savoir-être en groupe.

Rintin

Troubles du comportement et de la personnalité, tendance au repli social

Restaurer du lien social, de la confiance et de l’affirmation de soi

Affirmer des compétences pour favoriser un ressenti positif et développer la confiance en soi

Sculpture sur Fer avec technique de soudage à l’arc

La maîtrise d’un savoir-faire (technique de soudure à l’arc) lui a permis d’augmenter sa confiance en lui et de mieux communiquer avec son environnement médical, social, institutionnel.

Lara

Agitations, difficulté à se concentrer et à supporter la frustration

Calmer l’anxiété et réduire le trouble du comportement

Améliorer la concentration et favoriser la confiance en soi par une production esthétique.

Sculpture sur siporex, peinture, papier mâché

Difficultés à rester concentrer plus de 10 mn sur une tâche =Un ressenti pas toujours positif sur le bien-faire.

Séluine

Etat dépressif sévère, ayant un

S’inscrire dans un groupe et dans un

Favoriser des ressentis positifs par le toucher

Découpage papier,

La chronicité de sa pathologie rend

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77

impact sur ses relations sociales ainsi que son autonomie quotidienne

projet de création afin de se projeter dans l’avenir

et la découverte de matières plastiques Rechercher une dynamique de projet (artistique, relationnel, personnel, …)

Dominante associée : « discussion au café »

difficile un engagement effectif dans une production. Cependant, elle vient souvent à l’atelier, même si elle ne produit pas, elle fait « acte » de présence dans le collectif et c’est déjà en soi un élan corporel.

2 - Les différentes prises en charge personnalisées trouvent un point commun

dans les troubles de l’expression et de la relation, et traduisent une atteinte

manifeste de l’Estime de Soi.

Quelles soient d’origine métabolique, infectieuse, cérébrale ou toxique, la

psychose engendre le développement de mécanismes de défenses contre un stress

important engendré par la pathologie. Ces mécanismes de défense, associés à la

confusion mentale provoquent des comportements inadaptés qui perturbent les

relations sociales. Il n’est donc pas étonnant de retrouver souvent « l’amélioration

des relations sociales » dans la plupart des indications médicales.

D’autres points communs sont dus à la particularité des traitements médicaux.

Le traitement principal de la psychose reste le neuroleptique qui engendre des

effets secondaires d’hypotension, de tachycardie, de syndrome extrapyramidal(*)

ou parkinsonien. Ces troubles physiques et physiologiques s’associent aux

troubles psychiques pour renforcer les troubles du comportement et de la relation.

Si le psychotique ignore l’origine de ses troubles, il en perçoit cependant les effets

et cela engendre de la souffrance, un sentiment de ne pas être adapté, d’être exclu,

rejeté. Tout ceci affecte profondément l’estime de Soi dans ses trois dimensions,

et particulièrement l’Amour de Soi. Le peu de valeur que les personnes

s’accordent, associé à la difficulté de trouver une explication rationnelle et

partageable de ce qu’il ressente, les mettent dans une situation psychique qui les

menace et les incite à développer des mécanismes de défense, manifestations

visuelles de ce qui est nommé « troubles de la relation et du comportement ».

3 – Le bilan de ces prises en charge montre que l’acte créatif permet de

restaurer la confiance en Soi et d’améliorer le savoir-ressentir.

A travers ces expériences cliniques, j’ai pu constater que l’acte créatif mobilise le

corps et l’esprit dans un élan productif. La créativité d'un individu, c’est sa

capacité à imaginer (dans le 4) et à produire (dans le 6/7). Que ce soit à partir de

ressentis corporels, visuels ou de l’ordre de l’esprit, l’intention esthétique permet

d’anticiper et de se projeter. Les expériences créatives renforcent et régulent le

rapport savoir/saveur. Faire acte de créativité, c’est mobiliser son savoir-ressentir

dans un élan productif au service d’un savoir-faire. La pratique artistique permet,

par des actes concrets, l’expression d’un style et d’un goût qui témoigne de la

créativité et de la singularité de chacun.

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Comme je l’ai écrit dans le schéma N°3 p.26, la confiance en soi a besoin d’actes

pour se développer et se maintenir. La créativité conforte ce savoir-faire et nourrit

le rapport saveur/savoir, et la capacité à s’attribuer une valeur positive. Cela

renforce l’espoir et la fierté et restaure l’estime de soi dans ses trois dimensions.

4- La nature même de la psychose pose des limites et rend difficile le

phénomène d’empathie et la perception positive de sa propre valeur.

Les souffrances engendrées par la psychose affectent la perception positive que la

personne pourrait avoir d’elle-même.

Le déni de la réalité extérieure, au profil d’une réalité personnelle

incommunicable, situe l’individu en dehors de toute expérience partageable et

crée un malaise dans la relation. Les patients observés ont beaucoup de mal à être

dans l’empathie, ce qui ne facilite pas le rapprocher avec autrui.

Leur souffrance les éloigne encore plus de la réalité et accentue le doute sur leurs

propres perceptions. Comment alors pourrait-il ne pas douter de la valeur qu’ils

accordent à eux-mêmes et qu’ils pourraient accorder aux autres ?

5- Le bilan de ces prises en charge en atelier collectif laisse apparaitre des

perspectives intéressantes sur le plan comportemental et relationnel par le biais

de l’alliance thérapeutique et par l’amélioration significative de la confiance en

soi.

Les expériences en atelier collectif permettent de mobiliser les compétences de

chacun dans un lieu de sociabilité créative. Au vu de l’analyse des résultats

cliniques, on peut dire que l’alliance thérapeutique constitue la première étape de

la restauration de la confiance en Soi. Cette relation thérapeutique permet

d’expérimenter des ressentis, des comportements, des ouvertures aux autres qui

pourront être transférées dans d’autres domaines d’expériences. Une adaptation

des comportements des personnes psychotiques serait donc possible à partir d’une

pratique artistique qui déplacerait les enjeux de la relation sur des objets extérieurs

(les productions).

En d’autres termes, si je participe à une création collective, je donne de moi-même

dans une rencontre avec l’autre par le fait d’un acte créatif, donc volontaire. Or,

cette volonté ne peut être le fait que de ma propre intentionnalité, donc de mon

propre savoir ressentir. Lorsque l’expérience collective est gratifiante, la personne

ne peut que constater que ce plaisir éprouvé est issue de ses propres capacités à

ressentir et à s’engager vers les autres.

Ses compétences sociales peuvent donc générer du plaisir et modifier le sentiment

qu’il a de l’autre. L’autre n’est plus un objet de menace extérieure, mais une

personne qui lui renvoie des éléments positifs sur lui-même. C’est ce que j’ai pu

observer dans le suivi clinique de Sassa, de Jacha et de la plupart des personnes

observées dans le cadre de mon stage professionnel.

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79

Partie III : En améliorant la saveur existentielle, l’Art-thérapie

nourrit l’Amour de Soi et redonne de la fierté et de l’espoir

nécessaires à une meilleure qualité de vie.

A)- Ces expériences cliniques, par le biais de la pratique artistique, ont

montré un certain nombre de points communs entre les personnes

concernées.

Les principales observations portent sur la corrélation entre la saveur existentielle,

l’élan corporel et les capacités relationnelles.

1 - La capacité à éprouver du plaisir permet l’engagement et l’implication du

corps et de l’esprit, ce qui nourrit la saveur existentielle (qui elle-même agit

sur l’estime de Soi).

C’est le cas de l’accompagnement de Sassa et Jujube :

Sassa a pu reprendre confiance en elle et nourrir sa saveur existentielle en

éprouvant directement des sensations positives et gratifiantes (en 3) par le biais de

la pratique artistique (en 6) sans passer par une intellectualisation (en 4).

Jujube a également expérimenté des ressentis positifs en 3. Il a fait l’expérience

concrète que ses propres perceptions pouvaient engendrer du plaisir partageable,

avant d’inscrire cette expérience positive et gratifiante dans le 4. Ceci a favorisé

un élan corporel et psychique dans des productions de peinture. Effets : réduction

de l’envahissement par la parole et engagement du corps et de l’esprit dans la

production (du concret et du communicable).

2 - La maladie psychique affectant l’engagement corporel, il devient difficile

d’aller vers les autres.

Jacha et Sassa avait du mal à s’engager dans une relation sociale. Jacha a pu

modifier sa disponibilité relationnelle en s’engageant dans une production

collective. Sassa a retrouvé une raison de s’impliquer sur le plan relationnel en

retrouvant le goût de ressentir des sensations corporelles différentes par la

découverte de techniques nouvelles.

3 - La capacité à exister et à éprouver du plaisir rend compte de la

considération que l’on se porte. L’estime de Soi est affectée et principalement

l’Amour de Soi qui se traduit par une diminution de la saveur existentielle,

de l’élan corporel et de l’engagement dans une relation sociale.

Jacha montrait très peu d’envie et d’élan corporel. La chronicité de sa maladie et

la durée de son vécu en institution l’a éloigné d’une perception d’existence

personnelle et de sa position de sujet. Son autonomie et la considération qu’il se

porte s’en trouvent affectées. La prise en charge en atelier individuel a eu

tendance à faciliter sa position de sujet et lui a permis de faire des choix

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personnels et de renforcer son estime de Soi. Son implication dans le projet

collectif a permis de vérifier cette tendance, visible par une modification de son

engagement corporel (regard, visage, gestes, placement du corps) envers les

autres. Même sur une courte durée de prise en charge (quelques mois),

l’amélioration de la saveur existentielle chez Jacha a renforcé son aptitude à

s’aimer et à s’engager.

1-1-Au regard de notre hypothèse de départ, le manque de cohérence entre les

ressentis et les représentations que l’on s’en fait sont bien de nature à perturber

le rapport entre saveur et savoir.

La pratique des arts plastiques amène des résultats intéressants. Comme nous

l’avons vu dans notre hypothèse sur l’explication du conflit interne chez le

psychotique page 48, la personne sait que son comportement est décalé par

rapport aux attentes sociales, mais elle ne comprend pas pourquoi. Il y a une

incohérence entre le ressenti et le représenté.

Sassa ou Jujube (tableau p.76), peuvent très bien donner des explications sur leurs

comportements qu’ils trouvent par ailleurs décalés par rapport à la réalité que leur

renvoie la vie en société. Le sentiment de persécution qu’ils développent tous les

deux, témoigne d’un rapport particulier entre le ressenti et le représenté et peut-

être aussi d’un moyen mis en place pour réduire l’incohérence ressentie(1). En

fait, ce qu’ils donnent à voir, ce sont principalement des troubles de la relation

avec les autres, mais ce qui dysfonctionne c’est la relation entre les ressentis (en 3

sur l’OA) et les capacités de se les représenter (en 4 sur l’OA).

Au regard de notre hypothèse, les résultats sont également significatifs.

Rappel de notre démarche d’approche de la problématique psychotique :

A partir d’une explication médicale, psychologique et sociale du trouble

psychotique et des comportements qu’il engendre, nous avons émis des

hypothèses explicatives au regard de l’opération artistique. Nous avons ainsi

opéré un glissement d’une lecture psychosociale et médicale de la psychose vers

une lecture art-thérapeutique.

En d’autres termes, après avoir expliqué comment les mécanismes humains

étaient impactés médicalement et socialement par le trouble psychotique, nous

avons tenté d’expliquer comment la pratique artistique agit sur les mécanismes

humains pour modifier ce trouble.

(1)- En effet, le risque (que l’on cherche à éviter), c’est d’entretenir l’appétence pour des

phénomènes qui nourrissent le symptôme. L’avantage (le bénéfice secondaire), c’est que cela

maintient une cohérence entre ce que l’on perçoit en 3 et ce que l’on « sait » traiter en 4, et ainsi

on évite le malaise de l’incohérence qui amènerait l’anxiété et déclencherait le mécanisme de

défense… (à moins que ce risque soit lui-même un mécanisme de défense qui se répète…).

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81

En s’appuyant sur les éléments exposés aux chapitres 6 et 7 page 45 et 46, nous

avons expliqué comment la pratique des arts plastiques pouvait agir sur les sites

d’action repérés dans l’OA (principalement le 3, le 4 et le 8) pour apporter des

modifications nécessaires à la réalisation des objectifs thérapeutiques.

Que se passe-t-il lors de la pratique artistique et comment peut-elle impacter les

mécanismes humains qui sont à l’œuvre dans le syndrome psychotique ?

Et comment la pratique artistique peut-elle agir sur les représentations ?

Schéma N°5 : Modification des représentations par la pratique des arts plastiques.

Stimulis extérieurs

émotions Action/Production

Structuration corporelle

Elan corporel AVNOE

Commentaires sur les apports de la pratique artistique :

C’est en modifiant les émotions et les stimulis (en passant par l’engagement du

corps et de l’esprit) que la pratique artistique peut modifier le ressenti et les

représentations mentales qui peuvent y être associées.

L’action permet de se recentrer sur la réalité d’une matière, d’un outil, d’une

technique, et la production atteste à la fois des compétences mais aussi de

l’existence de son créateur dans la réalité.

Dans l’exemple de Sassa, après sa bouffée délirante aiguë, elle exprime des

ressentis qui ne trouvent pas d’explications cohérentes dans ses représentations

mentales. Cela engendre une anxiété importante. Lorsqu’elle produit une

sculpture à partir de ressentis positifs, elle peut mettre directement en relation les

émotions esthétiques avec le résultat observé et elle reprend confiance en ses

propres perceptions.

Dans l’exemple de Jujube (voir tableau p.76), il perçoit son trouble et le

communique dans un discours délirant nourrit par des mécanismes de défense qui

le protège du danger que représente la confrontation aux autres. En atelier

individuel, dégagé de la pression du regard de l’autre et sous la bienveillance de la

relation thérapeutique, il renforce l’estime de soi, nourrit sa saveur existentielle et

améliore le rapport saveur/savoir par une meilleure cohérence entre le ressenti et

le représenté. Par la pratique de techniques artistiques (dessin et peinture), il

nourrit sa saveur existentielle et son Estime de Soi.

3

Captations

sensorielles

4 5

Traitement des infos par des

représentations + ou - erronées

6

7

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Ces expériences cliniques montrent des avantages:

Ce modèle d’approche permet de proposer à la personne confrontée à la psychose

une autre lecture de ses actes, des actes concrets et producteurs de sens

partageable, et donc, dans une certaine mesure, une autre lecture de la réalité (plus

valorisante et plus structurante). Des actes concrets et producteurs de sens sont

des actes qui rendent comptent d’un lien entre une intention, un élan corporel et

psychique, et une production associée.

Elles montrent également des limites :

► Le temps de la prise en charge parait court compte tenu de la chronicité de la

maladie et du nombre d’années où la personne s’est construit un système de

référence dans le 4 (représentations et traitement cognitif des informations reçues

de son environnement). Les mécanismes de défenses sont bien installés et rendent

difficiles un ancrage dans la réalité.

► Les centres d’intérêts peuvent être « pris en otage » par l’urgence du symptôme

et rendre la personne indisponible à la relation et à la pratique des arts plastiques.

► Le cadre de l’atelier art-thérapeutique est sécurisant, bienveillant et structurant.

De même, la relation entre l’art-thérapeute et le patient est construite sur des bases

négociées, structurées (et structurantes), et bienveillantes. Cette situation ne

reflète pas la réalité extérieure à l’établissement, celle à laquelle il devra se

confronter (et négocier) à la sortie de l’hôpital. C’est d’ailleurs aussi une limite

que signale Julie Gentils dans son mémoire de fin d’études effectué auprès de

personnes souffrant de pathologies mentales(1).

Dans la plupart des expériences effectuées auprès de ce public, la stratégie

thérapeutique indique souvent qu’il est préférable de passer d’abord par les

ressentis en 3 (dans l’art1), ou bien de commencer par du savoir-faire (selon les

compétences et envies de la personne), en évitant le plus possible de commencer

par le passage par le 4 (interprétations erronées de la réalité).

(1)- Julie Gentils, Une expérience d’art-thérapie à dominante gravure et porcelaine auprès de

personnes souffrant de troubles psychiques. Mémoire professionnel réalisé pour l’obtention du

titre d’art-thérapeute AFRATAPEM, 2014 : « L’art-thérapeute utilise des stratégies pour

protéger le patient lorsque cela est nécessaire ».p.53

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1-2- Les résultats obtenus mettent en évidence une particularité qui interroge la

place de l’Art-thérapeute.

C’est particulièrement dans les cas de Jacha et Sassa qu’un constat m’est apparu

après avoir visualisé les courbes d’évolution des trois composantes de l’estime de

Soi. Les trois composantes évoluent positivement au fil des séances mais la

confiance en Soi progresse plus fortement que les deux autres.

Ce constat appelle au moins deux interrogations :

→ Existe-t-il un rapport de cause à effet entre la confiance en soi et les capacités

relationnelles indépendamment des deux autres composantes de l’estime de soi ?

Les résultats enregistrés ne permettent pas de l’affirmer car l’Amour de Soi et

l’Affirmation de Soi augmentent aussi lorsque les capacités relationnelles

s’améliorent.

De plus, l’interdépendance des trois composantes de l’estime de Soi rend cette

hypothèse difficile à vérifier.

Dès lors, la question de savoir si l’effet positif sur les relations sociales est dû

prioritairement à l’amélioration de l’amour de soi ou bien de la confiance en soi

n’est pas primordiale puisque les deux doivent s’associer pour être processeur

dans l’affirmation de Soi et influencer les capacités relationnelles.

On ne peut donc pas affirmer qu’une composante de l’estime de soi agirait comme

processeur sur les deux autres. Mon hypothèse de départ reste opérationnelle, à

savoir que : « C’est parce que la personne aura retrouvé suffisamment d’Amour

de Soi et de Confiance en Soi qu’elle pourra se projeter pour tenter l’expérience

sociale vers les autres et s’affirmer dans une production sociale».

Cependant, après analyse des résultats obtenus, et au regard du schéma N°6,

j’apporterais une nuance à mon hypothèse de départ en disant que c’est en

agissant sur le rapport saveur/savoir en 3 et 4 (et donc sur l’Amour de Soi), que la

confiance (en 6 et 7) peut se renforcer et que l’individu peut s’affirmer dans des

relations sociales en 8 (voir schéma de l’OA N°4 p.41).

Mais si les résultats ont tendance à confirmer cette hypothèse, on ne peut pas

affirmer que ce soit la seule voie explicative. En effet, lorsque l’on a dit « agir sur

le rapport saveur/savoir » on n’a rien dit sur le « comment cela se passe ».

Or, une relecture des bilans de séance, à la lumière des résultats obtenus, me

permet d’avancer une hypothèse complémentaire et explicative :

Ne serait-ce pas la qualité de la relation thérapeutique, qui, en agissant sur la

confiance en Soi et en mobilisant le pouvoir d’entraînement et le pouvoir

relationnel de l’Art par des actes créatifs, permet à la saveur existentielle de se

développer et de conforter l’Amour de Soi ? Dès lors, l’association des deux

composantes entraînerait la troisième (l’affirmation de Soi) pour une estime de

Soi suffisamment porteuse pour s’engager dans des relations sociales.

→ De plus, si l’on considère que la relation thérapeutique est à la fois

bienveillante (nourrit l’Amour de Soi), rassurante et aidante sur la production

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(renforce la Confiance en Soi), et vectrice de relations sociales (soutient

l’affirmation de Soi), ne nous est-il pas permis de penser que ce pourrait être la

qualité de la relation thérapeutique qui a suffi à renforcer la confiance en Soi, de

manière plus significative que l’Amour de Soi ?

L’évolution rapide de la confiance en Soi chez Jacha et Sassa correspond aux

courbes de l’engagement et de la perception de Soi (Faisceaux d’items de

l’Amour de Soi), et atteint des niveaux élevés lorsque la qualité du moment et le

Bon sont également bien côtés. Sachant que ces deux derniers items sont

étroitement liés à la qualité de la relation thérapeutique, on peut se demander si

cette dernière n’aurait pas autant d’influence (sinon plus ?) dans la restauration de

l’estime de Soi que le choix des objectifs thérapeutiques?

1-3- La qualité de la relation thérapeutique a une influence sur la confiance en

Soi mais elle a aussi une influence sur l’amour de soi qui permet l’engagement

corporel vers une production (artistique ou relationnelle).

Si l’Art-thérapeute permet à la personne de croire en ses capacités en renforçant

son savoir-faire et donc sa confiance en soi, il a aussi une influence sur l’amour de

soi car il met en place les conditions d’expérimentation de ressentis positifs.

De plus, savoir que l’on est capable de faire, renforce la considération que l’on se

porte et la capacité à ressentir du plaisir à être, donc renforce l’Amour de Soi.

La qualité de la relation thérapeutique a donc un impact sur l’Amour de Soi qui

pourrait renforcer ainsi la confiance en soi et nourrir l’espoir d’un savoir être dans

la relation à autrui.

Si la qualité de la relation thérapeutique a une influence sur la confiance en Soi,

cette confiance en Soi ne pourra se maintenir sans des actes de productions

concrets basés sur un Amour de Soi suffisamment détaché des performances de

ces actes.

Si la relation thérapeutique peut influencer favorablement l’Amour de Soi, la

Confiance en Soi et la relation aux autres, elle pourrait aussi devenir un leurre

d’Affirmation de Soi si elle devient trop dépendante de la qualité de la relation

avec le thérapeute. A quel moment peut-on dire que la personne fait un choix et

donc s’affirme, et à quel moment elle se laisse influencer par la qualité de la

relation thérapeutique?.

C’est sans doute là un paradoxe qu’il faudra accepter pour pouvoir mieux en tenir

compte. Et c’est sans doute une des particularités de l’Art-thérapie que de

considérer ce rapport efficacité/dépendance et de l’intégrer dans la stratégie

thérapeutique.

La capacité à s’attribuer une valeur (propre à l’estime de soi) devrait pouvoir

s’évaluer à l’extérieur de l’Atelier d’Art-thérapie, mais nous sortirions par

définition du cadre « Art-thérapeutique », et cela poserait des problèmes de

validation des résultats, du moins au regard de la discipline.

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Une solution serait de pouvoir établir des « ponts avec l’extérieur ». Le travail

pluridisciplinaire à l’intérieur de l’institution hospitalière permet d’accompagner,

de suivre et d’évaluer l’évolution d’un patient et de préparer sa sortie dans la vie

sociale extérieure.

L’Art-thérapeute pourrait participer à ce soutien à l’extérieur de l’établissement de

soins en continuant des séances d’Art-thérapie avec une évolution de l’indication

médicale et une reformulation des attentes du patient. Il existe des services de

suites(*) sur le plan médical, social et éducatif, je pense qu’il y aurait de la place

pour l’Art-thérapie dans un SAVS(*), un SAMSAH(*) ou autre structure médico-

sociale extérieure, toujours basée sur une demande du patient.

S’il existe des services de suites et d’accompagnements extérieurs par des

infirmiers psychiatriques et médecins psychiatres, l’Art-thérapie ne figure pas

officiellement dans le dispositif d’accompagnement. Bien sur le patient peut

revenir sur l’atelier d’Art-thérapie après sa sortie de l’établissement, mais cela ne

rentre pas dans l’action d’évaluation globale car non repérée dans le dispositif

thérapeutique extérieur à l’hôpital.

B – D’autres travaux sur la maladie psychique traitent des troubles de la

relation et du comportement en lien avec l’estime de Soi.

1 - Plusieurs expériences en ateliers d’Arts plastiques ont été menées auprès

d’adultes confrontés à la maladie psychique.

Tableau N°8 : Des expériences d’Art-thérapie auprès de publics confrontés à la maladie

psychique

Auteurs

Selon Julie Gentils 2014

Selon Julie BOON, 2014 Julie Athané, 2012

Hypothèses

L’Art permettrait à l’être humain d’être reconnu socialement

La relation entre le patient et le soignant peut aider le patient à s'identifier, à s'affirmer et à avoir confiance.

En réactivant le régulateur savoir/saveur, l’art-thérapie permet de raviver la qualité existentielle et de restaurer l'estime de soi.

Objectifs thérapeutiques

Raviver la saveur existentielle Stimuler l’amour de soi et la confiance en soi

Raccrocher la personne à la réalité Développer les capacités relationnelles Stimuler la faculté de critique Favoriser l'implication dans un projet

Restaurer les plaisirs sensoriels Aider à exprimer ses émotions Permettre de s’individualiser et d’exprimer sa personnalité Impliquer le corps à l’oeuvre dans la production artistique Structure / Ressenti / Poussée corporelle

Stratégies principales

Propose de limiter le traitement mental (en 4) par la pratique des arts plastiques

Stimuler la sensorialité en phase (3) pour lui apprendre quelques techniques (6) dans lesquelles il aura plaisir à se concentrer (5).

Agir sur l'estime de soi par la régulation du processeur savoir/saveur. Rééquilibrer la dynamique expression/communication/ relation pour améliorer l'implication relationnelle

Dominantes choisies

Arts plastiques Porcelaine et peinture

Arts plastiques Arts plastiques (dessin, peinture, …)

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Cadre de l’intervention

Atelier collectif et ateliers individuels Semi-directif et ouvert

Ateliers collectifs ouverts et libres

Séances individuelles hebdomadaires, à jour et heure fixes

Faisceaux d’items choisis

L’intention : l’autonomie et le choix du mode de production • L’action : l’expérimentation, la gestuelle font référence aux items liés à la prise de risque. • Les capacités relationnelles : des renseignements sur les capacités de communication, de relation.

Motricité : position, concentration, dextérité Investissement : dans l’atelier, initiatives, temps d’activité Capacités relationnelles

Prise d’initiatives et Résolut° de probl., Projection vers un idéal esthétique,Expression du plaisir Auto-évaluation de sa product ° Capacité à faire des choix Capacités de communication Expression du goût et des émotions Attitude corporelle, Implication dans l'activité, Implication relationnelle avec l’art-thérap. Engagement dans l'action

Résultats

L’Engagement dans l’action augmente Les Capacités relationnelles s’améliorent La pratique des arts plastiques permet de travailler l’affirmat° de soi. La pratique des arts plastiques permet d’améliorer la confiance en S

La pratique des arts plastiques en ateliers collectifs favorise l’investissement dans un projet, améliore la motricité et les capacités relationnelles.

L’amélioration de la saveur existentielle et de l’estime de Soi permettent au patient psychotique de recoller aux soins et l’incite à participer à la vie sociale. Les arts plastiques réactivent la conscience d’être qui est le fondement de la saveur existentielle.

Limites observées

des limites quant à l’affirmation de soi sur sa vie personnelle Ces expériences sont faites à l’intérieur du cadre rassurant de l’atelier et représentent de ce fait, un enjeu moins menaçant pour la personne.

L’atelier ouvert et libre pose des limites : Difficultés d’intervenir individuellement, manque de régularité des personnes (difficulté de définir des objectifs individualisés), effets de groupe, impact sur les OI.

L’art-thérapeute a son propre parcours de pratique artistique. Sa subjectivité vis-à-vis de l’Art est donc très marquée : l’alliance thérapeutique va se fonder à partir de cette intersubjectivité.

Ces différentes études confirment que la maladie psychique, quelle que soit son

origine, se traduit par des difficultés de perception de soi, de penser et d’agir de

manière cohérente par rapport à la réalité extérieure. Cette maladie entrave les

bonnes relations sociales et rend difficile l’expression, la communication, et des

relations sociales adaptées aux attentes de l’environnement sociétal.

Concrètement, les personnes ont du mal à organiser leur quotidien, à respecter des

règles sociales (des limites), et à se projeter dans un avenir qui ait du sens. Le

rapport ressenti/représenté est perturbé et cela affecte l’estime de Soi dans ses

trois composantes.

L’Amour de Soi et la saveur existentielle semblent les plus touchées. Elles

impactent la Confiance en Soi qui se répercute sur le manque d’affirmation de Soi

qui est à l’œuvre dans les troubles de la relation.

Ainsi, la saveur existentielle ne permet plus de structurer le corps pour

s’impliquer dans une action. La pratique de l’Art, par son pouvoir d’engagement

relationnel, va remettre en mouvement ce corps pour qu’il retrouve des ressentis

gratifiants et améliore sa perception de soi.

Dans l’ensemble de leurs résultats, ces études montrent que si l’on agit sur

l’estime de Soi on améliore la relation et le comportement en groupe.

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87

Julie Athané pointe l’influence du parcours artistique de l’Art-thérapeute sur la

relation thérapeutique. Julie Gentils a remarqué que le cadre rassurant de l’atelier

influence l’affirmation de soi et son impact sur les capacités relationnelles.

2 – Le trouble de la relation et l’atteinte de l’Estime de Soi semble être un point

commun aux personnes confrontées à la psychose.

Nous avons vu que le trouble de la relation est induit par un comportement

inadapté. Julie Boon montre la nécessité de « raccrocher » la personne

psychotique à la réalité. Julie Athané parle de rééquilibrer la dynamique

expression/communication/relation/action pour améliorer l’implication

relationnelle. Julie Gentils propose de « limiter le traitement sophistiqué en 4 »

pour raviver la saveur existentielle en 3.

Ces études rejoignent un point essentiel de mon travail. Elles mettent en évidence

l’importance de la saveur existentielle et du savoir ressentir (le rapport

saveur/savoir) dans la restauration de l’estime de soi et l’amélioration des

capacités relationnelles. Elles mettent aussi en évidence l’importance de la qualité

de la relation thérapeutique sur les résultats obtenus.

3-L’Art-thérapie a une influence positive sur les trois composantes de l’estime

de Soi, mais la qualité de la relation entre l’Art-thérapeute et le patient agit

directement sur la confiance en Soi.

Si les expériences cliniques montrent l’impact de l’Art-thérapie sur l’estime de soi

auprès d’un public psychotique, elles mettent aussi en évidence l’influence de la

relation patient/thérapeute. Les arts plastiques mobilisent des techniques et des

méthodes qui permettent de restaurer l’estime de soi, mais la relation

thérapeutique a pour effet de rassurer le patient et de renforcer sa confiance en lui

par des actes concrets et valorisés par l’art-thérapeute. L’engagement artistique (la

technique) mais aussi personnel (l’humain) jouent un rôle important sur

l’engagement corporel du patient. Sa technique va s’améliorer, son savoir-faire et

son envie de bien faire aussi, effet de la confiance en soi.

De plus, l’influence du cadre thérapeutique va être importante dans la confiance

en soi et l’affirmation de soi car il va jouer un rôle de contenant qui rassure,

structure la séance et le cheminement stratégique et thérapeutique. Cela va se

mettre en œuvre, par exemple, avec le choix du lieu de la séance, l’espace mis à

disposition, le matériel disponible, le choix de la dominante et la posture de l’art-

thérapeute : va-t-il produire en même temps que le patient pour permettre à ce

dernier de s’engager dans la production par mimétisme ? Va-t-il rester statique

pour laisser s’exprimer des ressentis plus personnels ? etc…

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C – S’il est bien convenu que le rôle de l’Art-thérapeute se situe dans le soin,

sa posture pourrait être interrogée et évoluer en fonction du cadre

d’intervention.

1-Le cadre thérapeutique influence la perception que le patient psychotique a de

ses propres capacités.

Le cadre d’intervention de l’Art-thérapeute a plusieurs dimensions (structurelle,

relationnelle, thérapeutique), et la place du thérapeute dans ce cadre influencent la

perception que le patient a de ses propres capacités.

Le cadre thérapeutique n’est pas une situation naturelle dans le sens où il

représente un construit humain, celui d’un thérapeute qui s’adresse (et s’adapte)

aux difficultés d’un patient. Le cadre est adapté en fonction des difficultés du

patient et surtout en fonction de ses capacités à leur apporter une réponse adaptée.

La réalité sociale extérieure ne tient pas compte de ces particularités et exige un

niveau de compétences psychosociales bien supérieur à celui demandé lors d’une

prise en charge en Art-thérapie. C’est pourquoi, l’atelier collectif représente un

lieu d’expérimentation des relations sociales où peuvent se rencontrer les

subjectivités de chacun (l’intersubjectivité dont parle Julie Athané) sous la

bienveillance de l’art-thérapeute.

2-L’alternance atelier collectif/atelier individuel est un dispositif intéressant

pour un public confronté à la maladie psychique car elle permet

l’expérimentation sensorielle et relationnelle, l’élan et l’implication du corps et

de l’esprit, et suggère l’autorégulation sous l’influence de l’intersubjectivité.

L’atelier collectif constitue un intermédiaire intéressant entre deux niveaux

d’exigence, celui d’un lieu protégé, l’atelier individuel, où les exigences

s’adaptent aux performances présumées des participants, et celui d’un extérieur

qui n’aura pas les mêmes attentes sociales et donc les mêmes jugements de valeur

sur les acteurs sociaux. Cet atelier collectif est donc à la fois un lieu d’expériences

sociales et d’autorégulation des comportements. Il rend compte des évolutions de

chacun et constitue à lui seul un faisceau d’items qui permet d’évaluer les

performances psychosociales de chacun.

Par la pratique artistique le corps s’engage et cela permet de développer une

posture (la sienne) qui est, de fait, une forme d’affirmation de soi au sein d’un

collectif. Le lien social se crée et il peut évoluer par une autorégulation du

comportement en groupe, une forme d’adaptation qui renforcera la confiance en

soi et la saveur existentielle. Le groupe est un lieu où s’opère l’intersubjectivité(*)

et qui renvoie des réalités à tout le monde. Chacun devra apprendre à négocier

pour maintenir un équilibre acceptable. C’est un espace de rencontres où l’on

apprend à entrer en relation avec les autres membres du groupe, à son rythme et

en dosant soi-même son degré d’engagement avec l’autre. Cela favorise un

autoapprentissage et une intégration sociale à l’extérieur de l’établissement.

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3-La place et le rôle de l’Art-thérapeute pourraient évoluer en fonction des

domaines de vie (ou d’intervention) qui sont autant de domaines d’expériences

sociales, de rencontres, d’échanges et d’autorégulation.

L’intégration sociale à l’extérieur de l’établissement hospitalier est à la fois un

objectif commun à tous les patients (l’hôpital étant dans l’absolu un lieu de soins

et non un lieu de vie), ainsi qu’un moyen concret de vérifier les résultats de l’Art-

thérapie sur les indications « d’amélioration des capacités relationnelles ».

C’est pourquoi il serait intéressant de développer des « ponts thérapeutiques »

entre le soin psychiatrique, la vie sociale extérieure et l’Art-thérapie. L’art-

thérapeute pourrait intervenir à l’extérieur de l’établissement tout en faisant le lien

avec le soin psychiatrique qui restera dans la majorité des cas une nécessité

permanente dans la vie d’une personne confrontée à la psychose.

Dans ce contexte, il est intéressant d’imaginer la place et le rôle de l’Art-

thérapeute dans différents domaines de vie.

Schéma N°6 : Les différents espaces de vie.

Légende :

Atelier

Collectif

Atelier

Individuel

Patient

Professionnel

Equipe

pluridisciplinaire

Amoureux

Associatif et

institutionnel

Voisinage

Amical Familial

Patient

Patient

Présence de l’Art-Thérapeute Demande de soins Acte de soins Echange d’énergie

et de ressources

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Nous pensons que ce qui est expérimenté dans le cadre d’un atelier d’Art-thérapie

peut s’exporter dans la vie sociale extérieure à l’établissement de soins.

Nous pouvons alors faire l’hypothèse que lorsque le patient aura fait l’expérience

d’affirmer des choix personnels dans le domaine de vie « Atelier Art-thérapie », il

pourra utiliser ce savoir-être, ce capital confiance, cette restauration (même

partielle) de l’Estime de Soi dans un autre domaine de la vie sociale. « Changer

une seule pièce du problème provoquera des réactions en chaîne et vous

apprendra une manière d’agir que vous reproduirez ensuite »(1).

Cet environnement global de domaines de vie interdépendants qui est présenté

dans le schéma ci-dessus, constitue un ensemble de possibles et représente sans

aucun doute un champ d’application pertinent pour évaluer les faisceaux d’items

qui rendent compte du degré de consolidation de l’estime de Soi, de sa capacité à

adapter son comportement aux attentes d’un milieu, et de sa capacité à faire des

choix et donc à être autonome.

Dans le cadre d’une étude plus approfondie comme le Diplôme Universitaire

d’Art-thérapie, il me semblerait intéressant d’explorer ce champ de réflexions

relatif à l’impact de l’Art-thérapie sur l’insertion sociale.

Conclusion

Notre étude s’est portée sur la maladie psychique et son impact sur les capacités

relationnelles des personnes concernées.

Nous avons vu que les principales difficultés des personnes confrontées à la

psychose se situent dans le trouble du comportement qui traduit le mécanisme de

défense mis en place pour tenter de répondre au mal être ressenti. Nos

investigations théoriques et pratiques se sont donc portées sur du mal être qui

prend ses origines dans le ressenti.

Le comportement observé est le plus souvent inadapté à la situation car éloigné de

la réalité qui l’interroge. Or, il n’y a pas de bonnes relations sociales sans

comportements adaptés, c’est-à-dire des comportements qui ont du sens par

rapport à l’environnement auquel il s’adresse. On retrouve souvent l’indication

« améliorer les rapports aux autres » dans les indications médicales recueillies.

La représentation que le psychotique se fait de son ressenti (souvent décalée et

incohérente), associée aux représentations sociales sur la maladie psychique,

rendent difficile une insertion sociale dans le milieu ordinaire. Le rapport entre le

ressenti et le représenté est clairement perturbé. Plus la personne est éloignée de la

réalité et plus elle a du mal à partager sa souffrance. Elle manifeste alors son

symptôme à travers des mécanismes de défenses qui troublent encore plus le

comportement.

(1)- «Ch. André et F. Lelord, L’estime de Soi, Odile Jacob. 2008, page 235 ».

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Du coup, au-delà de toutes indications médicales, c’est bien l’insertion sociale qui

pose problème et qui est en jeu dans la prise en charge de ce public (étant entendu

que l’hôpital est un lieu de soins, et donc un lieu de vie provisoire…).

Après avoir exposé l’approche théorique de la pénalité, des souffrances et de leurs

origines, nous avons formulé des hypothèses de travail.

Les arts-plastiques se sont avérés être un moyen efficace pour permettre

l’expression des ressentis, pour favoriser la communication et pour établir des

relations sociales. La personne retrouve des sensations positives et un plaisir

d’entreprendre. L’estime de Soi se renforce et les capacités relationnelles

s’améliorent.

Cependant, ces expériences se sont déroulées dans un cadre « protégé »,

sécurisant, contenant et bienveillant. La relation thérapeutique influence en grande

partie la confiance en soi du patient et l’amour de soi. Dans le cadre d’un atelier

collectif, on constate une amélioration de l’affirmation de soi. Mais qu’en est-il de

leurs capacités relationnelles à l’extérieur de l’atelier d’art-thérapie, voir dans la

vie sociale (hors établissement de soins)?

Le soin art-thérapeutique apporte un dynamisme particulier dans lequel la

personne pénalisée peut retrouver un plaisir à agir.

L'Art est à la fois un moyen d'expression, un moyen d'entrer en communication et

un moyen d'entretenir des relations.

La pratique des Arts plastiques a nettement favorisé les gratifications sensorielles,

a contribué à l’amélioration de la saveur existentielle dans la plupart des cas.

Dans l’atelier collectif, l’art-thérapie a peut être amélioré la qualité existentielle

des personnes, leur a donné une place de sujet (dans leur thérapie et dans leur vie),

a renforcé leur l’estime de soi ainsi qu’un sentiment d’appartenance à un groupe.

Mais la personne peut-elle affirmer ses choix dans un autre contexte « moins

compréhensif ? ». Peut-elle faire des choix personnels dans sa vie quotidienne ?

Son autonomie s’est-elle renforcée à l’extérieur ? Sa qualité de vie s’est-elle

améliorée à l’extérieur? Tout cela nous pouvons raisonnablement le supposer au

regard des résultats produits en séances d’art-thérapie, mais il ne nous est pas

permis de le vérifier et donc de le prouver de manière expérimentale et

scientifique.

C’est pourquoi, il me semble intéressant de questionner la place d’un art-

thérapeute dans un dispositif d’accompagnement à la vie sociale à l’extérieur de

l’établissement hospitalier. L’intervention d’un art-thérapeute dans ce genre de

dispositif, permettrait de consolider des acquis psychosociaux pour la personne

suivie et de démontrer, s’il en est besoin, l’efficacité de l’art-thérapie dans le

développement de son autonomie et pour son insertion sociale dans l’ensemble

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des domaines de vie dans lesquels chaque individu a le droit d’évoluer malgré son

handicap et sa maladie.

Les situations d’exclusion affectent la qualité existentielle. L'art-thérapie donne

l'élan, l'engagement nécessaire à toute activité, et redonne l’envie d’être autonome

et de se porter du soin. Je pense qu’il faudrait accompagner cet élan et cette envie

à l’extérieur de l’établissement de soins.

Un schéma tente de poser une réflexion sur la place d’un art-thérapeute dans un

dispositif d’accompagnement qui fait le lien entre le soin et la vie sociale de la

personne.

Il me semblerait intéressant d’approfondir cette démarche dans le cadre d’un

diplôme universitaire qui reprendrait à la fois la place de l’art-thérapeute

(l’espace, le temps, le lieu), son rôle (thérapeutique) et sa position dans le

dispositif (actif ou passif dans la production artistique ?, on donne envie ou on

laisse émerger les envies ?, on montre son statut de thérapeute ou bien on

déambule parmi les autres ?).

Quelles que soient la place et le cadre choisis, l’impact sur le patient n’est pas

neutre et il me semble intéressant d’aller l’interroger.

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Liste des graphiques et illustrations

Tableau N°1: Les principaux signes distinctifs Névrose/Psychose: p.20

Schéma N°1 : La représentation graphique des besoins selon A. MASLOW, p.23

Schéma N°2 : Les besoins selon Rosette Poletti, p.23

Tableau N° 2 : Les composantes de l’Estime de Soi, p. 26

Schéma N°3 : Les trois composantes de l’Estime de Soi, p.27

Schéma N°4 : L’opération artistique, p.41

Tableau N° 3 : Les grands faisceaux d’items concernant Jacha, p.63

Tableau N°4 : les résultats des auto-évaluations de Jacha, p.64

Graphique N°1 : Autoévaluation de Jacha, p.64

Graphique N°2 : Evolution des faisceaux d’items concernant Jacha, p.65

Tableau N°5 : Les grands faisceaux d’items concernant Sassa, p.73

Graphique N°3 : Présentation des résultats des séances auprès de Sassa, p.74

Graphique N°4 : Affirmation de Soi // Amour de Soi concernant Sassa, p.74

Graphique N°5 : Relation entre les capacités relationnelles et la Perception de Soi,

p.74

Tableau N°6 : Auto-évaluation de Sassa par le cube harmonique, p.75

Graphique N°6 : Autoévaluation Sassa, p.75

Tableau N° 7 : Observations dans les ateliers collectifs, p.76

Schéma N°5 : Modification des représentations par la pratique des arts plastiques,

p.81

Tableau N°8 : Des expériences d’Art-thérapie auprès de publics confrontés à la

maladie psychique, p.85

Schéma N°6 : Les différents espaces de vie, p.89

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94

Références bibliographiques

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Mémoires professionnels sur l’art-thérapie :

ATHANE Julie, « L'articulation d'un cadre art-thérapeutique au sein d'un Institut

Thérapeutique Educatif et Pédagogique et l'impact de l'art-thérapie, à dominante arts

plastiques, sur la saveur et sa fonction régulatrice de l'estime de soi auprès

d'adolescents », Mémoire professionnel réalisé pour l’obtention du titre d’art-thérapeute à

l’AFRATAPEM, année 2012.

BOON Julie, « L'art-thérapie à dominante arts plastiques peut être un accompagnement

bénéfique auprès d'adultes atteints de psychose chronique », Mémoire professionnel

réalisé pour l’obtention du titre d’art-thérapeute à l’AFRATAPEM, année 2014

FLORENS Chrystel, « Une expérience d’art-thérapie à dominante arts plastiques

auprès d’adolescents souffrant de névrose en service de pédopsychiatrie », Mémoire de

fin d'études du Diplôme Universitaire d'Art-thérapie, Faculté de Médecine de TOURS,

année 2010

GUEUDRY Aude, « Une expérience d’Art-thérapie à dominante chant ou peinture

auprès d’enfants/adolescents souffrant de troubles du comportement », Mémoire

professionnel réalisé pour l’obtention du titre d’art-thérapeute, AFRATAPEM, année

2015

GENTILS Julie, « Une expérience d’art-thérapie à dominante gravure et porcelaine

auprès de personnes souffrant de troubles psychiques », Mémoire professionnel réalisé

pour l’obtention du titre d’art-thérapeute à l’AFRATAPEM, année 2014

LEFEVRE Cédric, « Évaluation de l'impact de l'Art-thérapie à dominante arts

plastiques sur l'estime de soi auprès de personnes en situation de précarité et d'exclusion

sociale », Université de médecine de Grenoble, AFRATAPEM, 2011

Documentations institutionnelles :

Préambule à la Constitution de l'Organisation mondiale de la Santé, tel qu'adopté par la

Conférence internationale sur la Santé, New York, 19-22 juin 1946; signé le 22 juillet

1946 par les représentants de 61 Etats. 1946.

Sources sur le net :

Dictionnaire Français en ligne, www.le-dictionnaire.com

fr.wikipedia.org · Texte sous licence CC-BY-SA.

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Annexes

Annexe I : La Fiche d’observation de Jacha

Annexe II : Le tableau des items retenus pour Jacha

Annexe III : La fiche d’observation de Sassa

Annexe IV : Le tableau des items retenus pour Sassa

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Annexe I : La Fiche d’observation de Jacha

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Annexe II : Le tableau des items retenus pour Jacha

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Annexe III : La fiche d’observation de Sassa

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Annexe IV : Le tableau des items retenus pour Sassa

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110

Résumé

AFRATAPEM

Association Française de Recherche et Applications

des Techniques Artistiques en Pédagogie et Médecine

Gilles TEDETTI

2016

Un atelier d’Art-thérapie à dominante

arts plastiques auprès d’adultes

psychotiques suivis en secteur

psychiatrique à l’hôpital de Montauban.

Notre étude s’est portée sur la maladie

psychique et son impact sur les capacités

relationnelles des personnes concernées. Les

principales difficultés des personnes

confrontées à la psychose se situent dans le

trouble du comportement qui traduit le

mécanisme de défense mis en place pour

tenter de répondre au mal être ressenti. Nos

investigations théoriques et pratiques se sont

portées donc sur du mal être qui prend ses

origines dans le ressenti. Dans les cas de

psychose, le rapport entre le ressenti et le

représenté est clairement perturbé et

l’Estime de Soi fortement affectée. La

personne exprime sa souffrance par le

trouble du comportement qui rend les

relations sociales compliquées. Les arts-

plastiques se sont avérés être un moyen

efficace pour permettre l’expression des

ressentis, pour favoriser la communication et

pour établir des relations sociales. Les

résultats mettent en évidence l’importance

du rapport saveur/savoir dans la restauration

de l’estime de soi et l’amélioration de

l’implication relationnelle. Ils interrogent

aussi sur l’impact de la relation

thérapeutique sur les résultats obtenus,

notamment sur l’estime de soi. Nous

terminerons cette expérience en nous

questionnant sur la place d’un art-thérapeute

dans un dispositif d’accompagnement à la

vie sociale à l’extérieur de l’établissement

hospitalier.

Mots clefs : Rapport ressenti/représenté,

Estime de Soi, implication relationnelle,

saveur existentielle, rapport savoir/saveur.

A workshop of Art therapy to dominant

visual arts with psychotic adults in

psychiatric sector at the Hospital of

Montauban.

Our study has focused on the psychological

illness and its impact on the skills of the

persons concerned. The main difficulties of

people with psychosis are in the disorder

who translated the defence mechanism in

place to respond to evil to be felt. Our

theoretical and practical investigations are

brought so on trouble be that takes its origins

in the feeling. In the case of psychosis, the

relationship between the felt and the

representing is clearly disturbed and strongly

affected self esteem. The person expresses

his suffering by the disorder that makes

complicated social relationships. The Visual

arts proved to be an effective way to allow

the expression of feelings, to promote

communication and social relationships. The

results highlight the importance of the

flavor/knowledge report in the restoration of

self-esteem and improving the relational

involvement. They also question the impact

of the therapeutic relationship on outcomes,

including self-esteem. We will finish this

experience questioning us on the place of an

art therapist in a system of support to social

life outside the hospital.

Key words: report felt/represented, self-

esteem, relational involvement, existential

flavor, knowledge/flavor.