Un an d'écrits à Vénissieux - saison 2013/2014

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Textes d'ateliers d'écriture et fragments de la résidence littéraire de Laure Morali à Vénissieux.

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La parole donnée« Quant à la poésie, j’ai commencé à sept ans :

mais je n’étais précoce que par la volonté.J’ai été un « poète de sept ans »

– comme Rimbaud – mais seulement dans la vie. »

Pier Paolo Pasolini, Qui je suis

Nous sommes heureux de vous offrir cette cinquième livraison d’Un an d’écrits à Vénissieux et devous donner en partage quelques-unes des contributions de la saison achevée, extraites des ateliersd’écriture conduits, tout au long de l’année, par des écrivains amis et, aussi, lors de la résidenced’auteure de Laure Morali, de janvier à avril 2014.

Tout ce qui est ici proposé, dans cette nouvelle édition, comme vous pourrez le constater, estriche de surprises et de promesses. Surprises, oui, parce que les mots sont des actes qui portent enbandoulière la parole donnée. Promesses, bien sûr, promesses d’un avenir immédiat et porteurd’espérances neuves.

Pour cette cinquième livraison, la Ville de Vénissieux et l’Espace Pandora ont décidé, une fois deplus, d’unir leurs énergies et leurs forces afin de favoriser l’émergence de nouveaux talents et depermettre la liberté d’expression – de toutes les expressions, des plus poétiques aux plus singulières.Nous en voulons pour preuve ces quelques mots puisés dans les pages qui vont suivre, mots de lamémoire et du cœur : « Je suis ce papier qui porte en lui l’histoire des hommes, / papier piétiné, méprisé, /mais histoire gravée dans le marbre pour l’éternité. »

En ces temps fragiles, où l’émotion et la fatigue se confondent par moments, en ces tempspénibles pour les plus démunis d’entre nous, en ces temps complexes face à un monde qui se globalisede plus en plus et où les difficultés sont nombreuses, gardons tout notre calme, mais faisons preuved’audace et d’imagination.

L’année 2015 sera, pour nous, l’occasion d’accueillir en résidence le poète Pierre Soletti et depoursuivre, en sa présence, l’aventure humaine autour du livre et de l’écrit, l’occasion de célébrer letrentième anniversaire de l’association Espace Pandora dont les actions, dans notre ville, n’ont pascessé de progresser et de toucher un public toujours plus large, toujours plus à l’écoute, l’occasion,enfin, de rendre hommage à un artiste hors du commun, écrivain et cinéaste, Pier Paolo Pasolini,pour le quarantième anniversaire de son assassinat. L’année 2015, à Vénissieux probablementdavantage qu’ailleurs, sera frappée du sceau de la libre création, individuelle et collective, et de laprise de parole poétique.

Longue route à toutes et à tous et, surtout, bonnes découvertes et bonnes lectures.

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Une résidence littéraire à Vénissieuxavec Laure Morali

de janvier à avril 2014

• l’école Pasteur

• l’école Saint-Exupéry

• les centres sociaux des Minguettes

• la médiathèque Lucie-Aubrac

• le collège Elsa-Triolet

• la Pension de famille Charles-Baudelaire

• le collège Jules Michelet

• Le jardin de la Passion

• Le jardin de l’Envol

• Alliade – Habitat

En 2014, l’Espace Pandora a renouvelé l’aventure de la résidence littéraire, accueillant un écrivaindans la commune durant plusieurs mois.De janvier à avril 2014, c’est l’auteure Laure Morali, habitante éphémère de Vénissieux, qui adéposé ses valises de mots dans la ville.

Ateliers d’écriture, rencontres et lectures publiques ont été proposés aux habitants de tous âgeset horizons, dans divers lieux de la ville. Accompagnés par Laure Morali, ils ont été invités às’approprier la langue et à créer des textes nés de leur imagination, pour une résidence à l’espritouvert et nomade.

Les écrits que vous allez découvrir dans ce recueil sont issus des ateliers menés par Laure Morali.Ils sont accompagnés de fragments des textes créés par l’auteure lors de sa résidence.

Avec la complicité et le partenariat de :

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Laure Morali a grandi en France et vit aujourd'hui à Montréal qu’elle voit comme un carrefour. Elle a faitparaître une dizaine de livres (poésie, romans, littérature jeunesse, anthologies) et réalisé des filmsdocumentaires. Elle conduit des projets éditoriaux sous le signe du rapprochement des cultures au sein dela maison d’édition Mémoire d’encrier à Montréal. Orange sanguine (éditions La passe du vent, 2015), est son dernier recueil. Son site : www.lauremorali.net

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Grâce à l'Espace Pandora, on ne clôture jamais rien. On poursuit un long chemind’ouverture. Je pense à ceux qui sont venus ici avant moi et à ceux qui viendront aprèsmoi. En étant la cinquième résidente, je bénéficie de la trouée effectuée par MoussaKonaté que j’aurais aimé rencontrer mais qui nous a malheureusement quittés, parFabienne Swiatly, par Joël Bastard et par Mouloud Akkouche. Je suis un maillon dansune chaine, une couroi de transmission dans une ville d’écriture. J’appartiens au rêve del’Espace Pandora et au désir d’écrire déjà vif et vibrant des habitants de Vénissieux. À unrêve commun qui dépasse les frontières de la ville, celui d’écrire tous ensemble pourréveiller ce qu’il y a de meilleur en nous, la capacité de prendre soin des mots, de leurrendre leur fraicheur d’enfance, de mieux respirer en nommant les passages, les flux desautres en nous et de nous vers les autres.

C’est bien d’un rêve d’enfant qu’il s’agit, celui de deux gamins qui ont grandi auxMinguettes entourés de champs et d’animaux et qui ont vu au fil des ans leur espaceextérieur se rétrécir, mais qui ont refusé que cela influe sur leur espace intérieur, Jamelet Thierry. Puis leur rêve a rencontré celui de Marie, de Myriam, de Carole, de Marie-Caroline, de Julie. Ils savent transmettre l’essence de leur rêve et infuser chez celle oucelui qu’ils invitent le vif désir de faire couler la lumière à travers tous ceux qui veulentécrire, les jardiniers de l’Envol et de la Passion, les gardiens des tours de Division Leclerc,les résidents de la pension de famille Charles Baudelaire, les femmes des Minguettes,les lecteurs et les anges anonymes de la médiathèque, les enfants d’Elsa, de Pasteur, deMichelet, de Saint-Exupéry... Cette ville est poésie.

Les ateliers d’écriture sont précieux et magiques. Il s’y produit de petits miracles.Dès le premier atelier, dans la classe de Sonia, à l’école Pasteur, une petite fille qui neparlait pas s’est mise à m’offrir des mots puis à parler sans plus pouvoir s’arrêter. Et audernier atelier, dans la classe de Fleur, un garçon de onze ans intimidé par les autresdepuis des années a pu faire entendre en un poème les nœuds qui étouffaient son cœurà ses camarades de classe qui l’ont applaudi. C’était deux secondes avant la sonnerie. Leschaises ont été relevées sur les tables et un autre garçon est resté assis dans le fond dela classe, la tête penchée près de sa feuille pour poursuivre l’écriture de son poème.

Dire enfin que je n’étais pas ici en mission. Ce que j’ai fait, je l’ai fait pour moi, pourrevenir à la source de mon enfance et me retrouver grâce à vous. Il n’y a pas de circulationlibre de la parole sans relation égale. On donne autant que l’on reçoit.

Une ville chante en moi par vos phrases qui me traversent comme autant derayonnements d’un même soleil.

Laure Morali

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Des étoiles, des enfants

Textes écrits par la classe de grande section de maternelle de Sonia Viel, à partir du film d’animation et du livre jeunesse La p’titeourse, de Laure Morali. Les élèves lisent leur poème à haute voix dans un petit film craquant Des étoiles, des enfants, visible surinternet.

Les étoiles se lèvent Avant le soleil

Le soleil se lèveAvant tout le monde.

Souleiman

J’aime bien les lionsEt les tigresEt les chevauxQui griffent

Les étoiles.

Fahim

Mon ciel est une tempêteUn tourbillon de tempêtes

La Grande Ourse nage dans tout ça La Petite Ourse pleure.

Nassim

Ma vie est une fête

Les étoiles bleuesDes paillettes

Le soleilAvec des paillettes jaunes

La luneAvec des paillettes noires

De la peinture paillettes Des crayons paillettes Une boite à paillettesUn dessin à paillettesUne feuille à paillettes

Un crayon à papier blanc

Du journal à paillettesUne maison à paillettesUn placard blanc à paillettes

Ma sœur a des habits à paillettesJ’ai des chaussures à paillettes

Ma poupée a des mèches paillettesbleuesComme des étoiles.

Nadhirati

École Pasteur

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Avec ma grand-mèreOn s’assoit sur un rocherPour voir les étoilesApparaître

Quand les étoilesApparaissent dans le cielLa neige tombe

Quand les étoiles Disparaissent dans le cielLa neige fond

Alban

J’ai vu des étoilesJe dessine des éclairs

Dans ma maisonDes peluchesRessemblent à desétoilesQui dansent

La Petite Ourse pleureLa Grande Ourse nage Dans la mer

Un petit bébé pleureLa Petite Ourse l’emporteDans sa maison

Le bébé rêve Dans sa chambre

Amen

J’aime la luneÀ l’heure de la sieste

J’aime trop jouerAvec le soleil et la lune.

Esra

FleurSoleilDans le ciel.

Sérine

Des étoilesSe penchentEt pleurentEn laissantPendre leurs bras

La Grande Ourse demande :« Tu viens dormir avec moi ? »

Sinem

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Sur l'or de la merAu coucher du soleilCacher un petit secret

Je suis un coquillage

Une roseUne petite graineQui pousse autourDe ton cœur.

Fadwa

Des petits grains De sable brillentDe mille feux

Le désert souffleSur l'étoile.

Adrien

Quand une étoile filante meurtElle devient l'ancêtre des étoiles filantesUne pierre brillante et argentéeTrès très précieuseLa pierre devient de plus en plus grosseEt ça devient une étoile énormeL'énorme étoile sage.

Alina

On a des étoiles de mer dans notre corpsQuand on souffleOn jette des poussières d'étoilesC'est tout doux

C'est tout chaudça vole dans l'airça vole au-delà de la LuneOn la voit lentement volerEn brillant de partout.

Ahmet-Arif

L'ours blanc fait de la lumièreIl fait de la lumière pendant le soirPour que les gens voient dans le noir.

Asma

Poussière doréeLe soleil lumièreTa peau dorée !

Mâabadi

Au parfum d'une étoile L'étoile se lèveSentier des étoiles.

Laïla

Plus personne Sur la TerreElle brûle.

Anaïs

Où vont les étoiles quand elles meurent ?

Ateliers d’écriture menés par Laure Morali dans la classe de CE 2 de Malika Subtil. Les élèves ont présenté leur texte sur la scène ducinéma Gérard-Philipe pour la clôture de la résidence.

École Saint-Exupéry

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Dès qu'une étoile meurtElle se transforme en âme d'animalQui grossit, grossit, grossitEt se transforme en aigleJusqu'au soleil enflamméÇa fait une grosse lumière éblouissante.

Zakaria

Quand une étoile meurtElle s'enfonce dans le sableQuand je marche sur le sable chaudJe laisse mes empreintes de pas sur le ciel qui brûleOu dans la nuit noire des ténèbres.

Jawad

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Laure a animé plusieurs ateliers d’écriture auprès d’habitantes inscrites au centre social Roger-Vailland, avec l’aide de Marie-HélèneMathurin, animatrice. Elles ont travaillé à partir de textes et de poèmes de Scott Momaday.

Je suis sang, eau, cellule, atomeinfiniment petiteinfiniment microscopiquemêlée aux particules de l'humanitéje suis toimon frère, ma sœur, mon pareilje virevolte au-dessus de la villedu pays, de la terreje suis dans l'univers tout entierpoussière infimeje me restructure et me désincarne à l'infinije suis le maillon itinérantdu cycle des existences.

Anne-Marie H.

La terre, l’herbe fraîche, odeur de menthe.La montagne et ses remèdes d’autrefoisCuisine, plats de ma grand-mère, galette de blé noirCes herbes qui entourent les tombes de la familleEt ma mèreAprès plusieurs heures de voyage en avion et envoiture, plus de quatre heuresOn est heureux d’arriver dans son village avec sesbelles montagnesTu es contente de voir ta mèreLa voiture s’arrête, sur place tu vois un magnifiquepaysageTu es entourée de belles vallées et de montagnesTu es làChez toiChez ta mèreTu passes dans la ruelle qui t’emmène à la maisonTu rencontres des personnes qui te disent :« Voilà les immigrés qui arrivent déjà ! »Je me croyais chez moi…Et maintenant, je comprends que je ne le suis pas icinon plusQui es-tu ?

Ouiza Hamel

Descendu de la MeuseAvec sa bétonneuseLe maçon sur les routes de FranceEst venu tenter sa chanceIl s’est éparpillé du Nord au Sud

L’odeur de la lavande et le bruit des cigales,l’été dans les champssenteur de vacances au bord des rivièresà travers les champssenteur de rosem’envoler vers le ciel bleutout un paysage de nuagesdu bleu lavande au vert amande.

Sophie Precheur

Je suis...

Centres sociaux des Minguettes

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Je suis une fourmi qui rêve d'être cigaleUne ancre de marine qui se veut cerf-volant Et j'avance et j'avance sur la vie et le tempsJ'avancerai toujours jusqu'à l'épuisement !

Maryse André

Je suis le flocon de neige perdu dans l’immensité blanche de la montagnemajestueuseJe suis cette montagne qui donne la main à ses voisines pour former une chaînede roches de feu qui encercle la terreJe suis le grain de sable du désert que le vent transporte à son gré et qui se pose ailleurs parmi ses semblables sans les avoir choisisJe suis la goutte de pluie tombée dans l’océan et qui docile qu’elle était devientun monstre rugissantJe suis le journal qu’on feuillette nerveusement et qu’on jette négligemment surle solJe suis ce papier qui porte en lui l’histoire des hommes, papier piétiné, méprisé, mais histoire gravée dans le marbre pour l’éternitéJe suis le veau, la vache et la poule qui me regardent sans comprendre pourquoibientôt leur chair sera ma chair, leur sang sera mon sangJe suis le grain de sel qui donne sa saveur à nos plats et nous empêche de glissersur le verglasJe suis l’allumette qui donne naissance à de gigantesques incendiesJe suis l’étoile au firmament qui brillePour quoi ? Pour qui ?Je suis poussière de la création emportée dans le tourbillon cosmiqueJe suis, je suis... mais, qui me suit, qui me précède ?Étais-je hier ? Serai-je demain ?

Simone Meunier

Celui qui a le désir de partager son rêveCelui qui mélange les couleurs pour dessinerEt qui avec un grand esprit donne la vie àson tableau

Celui qui écrit des livres et qui fait voyagerautour du mondeCelui qui regarde les nuagesChaque nuage est un souvenir lointain.

Zarra Ibaouene

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Cet atelier ouvert à tous rassemblait des personnes de tous âges et horizons les samedis matins à la médiathèque de Vénissieux, pourun moment d’écriture et de partage.

Métro B. Un matin comme un autre

Odeur de frein : sensation désagréableRemontées des saumons !Je l’observe chaque jour : Manteau rouge au regard gris à la station Saxe-Gambetta. Quelques secondes dans cette marée humaine. Tangage, ressac incessant... Le temps s’arrête... Manteau rouge s’éloigne. L’horizon : demain !

Cécile Barret

Envie d’écrire ?

Médiathèque Lucie-Aubrac

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La bassine

Les ZUP se construisent autour de Lyon, des tours de quinze étages, quatre familles par étage.Ces tours distantes les unes des autres d’une flèche de grue. Nous avons quitté un village horizontal pour un

village vertical.La bassine en fer où nous nous baignions était notre salle de bain transportable, itinérante : en été dehors, en

hiver dedans.Dans notre nouvel appartement nous avions salle à manger, salon, chambres et salle de bain avec une baignoire.

La bassine en fer qui nous a accompagné jusqu’à présent devint inutile voire encombrante.Mais nous ne pouvions l’abandonner. Tous les enfants nés avant la ZUP avaient toujours été baignés dans cette

bassine, je n’en ai jamais vu ailleurs. Elle a dû être fabriquée sur mesure pour pouvoir y baigner les nouveaux néscomme les adolescents.

On la posait sur un tabouna qui chauffait l’eau. Un tabouna, c’est un appareil que l’on pose à même le sol, reliéà une bouteille de gaz, servant aussi bien à cuire le repas, à fabriquer le pain, à chauffer l’eau du bain.

Elle, la bassine, se sentit trahie, elle qui trônait au centre de la maison, car elle avait besoin d’espace.Ma mère était à la manœuvre, avec tous les instruments de torture, pour nous garantir une bonne hygiène

corporelle. Elle n’enlevait pas la saleté, elle la détruisait, à coups de pierre ponce, de gant de crin et ce dans l’eaubouillante.

Dans notre village vertical, la bassine, quand elle vit la baignoire, sut qu’elle ne pouvait rivaliser. Elle s’imaginaitfinir à la casse, au rebut, comme un être en fin de vie.

Heureusement pour elle, il n’en fut rien. Même si elle avait perdu sa notoriété au sein de la famille, même si elleétait devenue obsolète, ce fut une évidence, on ne pouvait s’en débarrasser, c’était un membre de la famille.

Elle partageait notre intimité, notre nudité et la pudeur n’est pas chose à prendre à la légère. Elle devait survivreparmi nous et conserver ses secrets. Nous ne pouvions nous résigner à la mettre à la cave dans l’obscurité : il fallaitqu’elle puisse nous voir grandir. Savoir que tôt ou tard, elle ne pourrait plus nous accueillir en elle.

Elle était là, se sentant inutile, elle qui fut indispensable. Elle qui supportait nos hurlements quand l’eau étaittrop chaude.

Déplacée çà et là, jusqu’à finir sur le balcon, elle n’était plus la même. Détrônée par une belle baignoire blanche,elle savait que sa concurrente, était plus belle, plus spacieuse, plus accueillante et qu’en plus elle avait pour associéun pommeau de douche, d’où jaillissaient l’eau froide et l’eau chaude.

Quand les bailleurs ont rétréci l’appartement derrière l’ascenseur, pour créer des locaux de rangement pourchaque habitant, elle fut installée là, loin de nous, hors de la maison.

Elle ne nous voyait plus, nous ne la voyions plus !

Une part de notre humilité était enfermée là, lui tenant compagnie.

Elle y finit sa vie.Ahmed Lakhdar Daoui

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Une table de couturière : trois mètres cinquantesur un mètre dix. Une fente médiane en largeur(quatre-vingt-dix centimètres) pour faire glisser letissu sous le tablier. Les veines sombres du noyer bien ciré jouent sousle lustre de la salle à manger. Plus de draps, de ciseaux, d’aiguilles, mais desassiettes proprettes qui attendent poliment lesconvives.

Ce soir on fera la fête à la ferme, qui n’en est plusune (la salle à manger occupe l’ancienne étable...qui n’a pas su organiser la résistance face auxnouveaux occupants)...

Et dehors, il n’y a toujours pas de neige.

Qui se souviendra des couturières ?

Didier Eckel

Je sors, je ferme la porte « Clac » Enfin libre, l’air, la verdure,Au loin, je m’approche du parc, d’un grand parc,Vert, tout vert, des arbres, de grands arbres,Arbres montagneux, cascade d’eau fraiche verte,Le chat de la voisine qui passe

Allongée sur l’herbe fraîche, humide,Rafraîchissante,« Boum »,Grand, gigantesque, volumineux,De longs bras, entrelacés, fine, si parfaite.Ces êtres nous appellent,Lèvent les mains au ciel,Embellit par des fleurs,

Le chat n’est pas là, mais j’y pense, boule doudou, blanc orange

Rentrant, Terre creuse, terre haute,Tout bouge, Tout est en mouvement.Soldat droit, planté,Enfant riant, vivant,L’herbe vit, rafraîchit, Doux câlin, Chat, pas là, ou derrière moi.

Dalenda

À partir du film Les ailes du désirs de Peter Falk

Pâle lumière sur la table lisse. « Ego – Wakou – Lisa 2012 ». Petits mots griffonnés à l’encre dans le bois vernis.Souvenirs de lecteurs. Tes deux mains posées sur ta nuque, penchée, concentrée sur le papier largement étalé deton journal. Tu lis sans lire. Les mots se mêlent – partitions éphémères. Passant de la feuille à la table. Tes cheveux argentés te font une auréole sur le front, sous le vert intense de ton bonnet. Laine turquoise – Lumière grise du jour au dehors. Les arbres se balancent en douceur, minces pinceaux sur un ciel de lait.

Fabienne Gressard

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« ... Vénissieux printemps précoce – une place des hommes en terrasse sous des pins tremblantstransplantés maritimes deux thés à la menthe un café lente mémoire née à cinq kilomètres à vold’oiseau personne ne me connaît pourtant nous sommes neufs sans histoire sous ma peau d’invisiblesglaces... »

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J’ai dix ans et je vais au collègeLes cheveux brillants dans le ciel éclatantBien vêtue pour bien travaillerMais les affaires toutes abiméesAlors je me débrouille avec ce que j’ai.

J’ai dix ans et je vais au collègeSur mon chemin je serre ta mainQui me réchauffe le cœur qui est plein de douleurEn serrant ta main je m’envoleEn serrant ta main je revis.

J’ai dix ans et je vais au collègeChaque jour un sortilège m’emmène vers toiToi qui es si gentilToi qui m’acceptes telle que je suisToi, toi seul es mon ami.

J’ai dix ans et je vais au collègeLes livres, les bouquins me traversent l’espritCet esprit qui m’ennuieTel un puits sans fondLes livres et les bouquins n’ont plus de finDans mon esprit qui m’ennuieEt qui est sombre comme la nuit.

Kenza

Elle se lève lentement, elle marche à trois pieds magrand-mère qui, à chaque moment qu’elle marchepour nourrir les animaux, tremble de peur de mourir.

Ben Hachim

Je m’appelle moiMoi, je vais à l’écoleJe m’envole avec toi, moiQuand nos corps s’échangentJe ne suis plus moiEnvolé le moi Loin de toi.

Ambrine

J’ai onze ans et je vais au collègeJe respecte les règles des autresC’est le silence que je préfère pas le bruitJe fais confiance aux autres mais les autres ne me fontpas confianceJe me bats pour réussir ma vie et aussi pour ma survieJ’ai quitté le collège et tout ce que j’ai vécu sera gravé aufond de mon cœur.

Nassim

J’ai onze ans et je vais à la guerreJe dis au revoir à ma famille,Je vais combattre au front,Je vois des personnes mourir.C’est triste, mais je vous protège.Je vous raconterai tout ça à mon retour.

Ahmed

Textes écrits par la classe de 6e 3, avec Laure Morali et leur enseignante Fleur Bournier, à partir du livre Mingan mon village, de LaureMorali.

Ne pas se fier aux apparences

Collège Elsa-Triolet

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Marcher sur l’herbechemin arpenté prunier en fleursles feuilles tombent c’est le printempson se réchauffe

là-bas la ruePablo Nerudale parking les toursdes Minguettesfenêtres ouvertesdes linges et des vêtementspendus à un fil

des pigeons peu d’oiseauxciel dégagé il va fairebeau cet après-midijusqu’à vendrediaprès qu’est-ce qu’ils ont dit ?« la pluie »

rue Vivaldiles cris les chants des oiseaux la musiquedu coucoule silence

il recommenceles grands sapinset il s’arrête

pétale blancsur veste gris-blancon sent un peu l’air

paisibles reposés

Les hommes en bleucouleur de printemps

bleu cielbleu clairbleu mer

un père et son filsbleu sportmarchent main dans la main

quand il fait beauon s’habille de couleurs viveset quand il pleuton met du noir

un petit geste en amène un autre.

Khadidja, Alain,Frédéric, Emmanuel

Les habitants de la pension de famille Charles-Baudelaire (foyer Adoma Les cèdres) ont écrit ces textes lors d’ateliers en plein air avecLaure.

Au-delà de l’Autre

Pension de famille Charles Baudelaire

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L’autre : l’individu, le différent, la chose, le choc.Il y a quelques années de cela, un être était surnommé « l’autre ». Dans cette famille, on prenait à partie le père, et chaque fois qu’il se passait quelque chose, l’autre était responsable.Un jour, l’autre n’était plus « l’autre », mais « il ». Quel dommage ! Construire des barrières puis de grands murs. Et séparer le Il du Nous.

Annie M.

Ma famille dans le sud de la France, une ferme. Cette année-là, je suis encore jeune auprès des moutons et desbrebis, des lapins et cochons à nourrir tous les jours, la vie de la ferme. Mes oncles et tantes travaillent la terre avec un tracteur pour labourer les champs, et des outils pour le jardinpotager, on y trouve de tout, de la salade aux légumes, et de belles fleurs pour décorer les alentours de ce pré. Il fait toujours beau temps, on peut être souvent dehors, apprécier ces belles journées ensoleillées. Il fait jour tardle soir. Les paysans de la région sont contents de cela.Je suis revenu vivre en ville avec cette image qui va rester dans ma mémoire.

Alain Gayraud

Souvenir d’une nuit

Belle nuit étoilée, se balader du côté des berges du Rhône.Odeur de cuisine exotique, parfum de fleur de tulipe, de violette. Des gens qui discutent, qui rigolent, qui chantent.Ambiance festive dans un restaurant, marchant la main dans la main en se regardant.Se poser dans un coin d’herbe en improvisant un pique-nique,avec deux ou trois broutilles achetées au traiteur chinois de la rue de Marseille. Lui faire la surprise de lui avoir caché ses cadeaux de la Saint-Valentin, les larmes aux yeux en explosant de joie devant les gens qui nous félicitent. Bonheur partagé, émotion passée.Continuer cette ballade. Notre cœur rempli de joie ne voyant plus les heures difficiles. Rester.

Frédéric Langlois

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Vénissieux, je rêve les oiseaux chantent au bord de la mer mais quand je me réveille à Lénine-Corsièrej’entends le tramway bruyant rouler sur les rails du tram

Vénissieux la Venise des cieuxVénissieux cauchemar merveilleux

les oiseaux me réveillent en chantant à tue-têteles oiseaux chantent, le vent souffleles oiseaux chantent devant ma fenêtrele vent emporte les arbres en douceur le bruit du réveil et le chant des oiseauxle réveil troublant mon esprit de bon matinle chuintement sur mon cou venant du parfumle lavabo d’où tombent de petites gouttes d’eaule sifflement de la cafetière le craquement des vieilles feuilles d’un arbre d’automne par terre

Vénissieux venin joyeux vipère

je me lève le matin au bruit assourdissant des camionsle vent claquant sur mes voletsma sœur criant sa mauvaise humeurje perçois le frémissement du café et du laitj'écoute les oiseaux siffler, le café chauffer les voitures vitesse grand V, les enfants se lever le piaillement des oiseaux dans la salle de bainle braillement des voitures, des voisins qui partent au travail le matin,les paroles de ma mère bouleversent mon humeur

« lève toi, va te laver le visagefais ton lit, habille toi vite à l'école »le matin, au bruit de la cafetièreles gouttes de café tombent dans mon verrele matin je me lève, ma mère crieles oiseaux gazouillentles pas des gens résonnent dans l’impassele matin, j’entends la pluie qui tombe et l’aboiement des chiens le matin, j’entends le lever du soleille soleil enveloppe les nuages dans la forte brumemon père m’appelle la porte claquemon petit frère se réveillezip de la fermeture éclair de mon giletbruitages de l’ascenseur

Vénissieux vent soucieux

le matin, ma mère me réveille l’eau coule, je me lave le visage le matin mes voisins s’embrouillent le bruit du C12 le matin le matin fait du bruit dans la rue devant chez moije cours derrière le bus j’observe les gens écouter leur musique le son de la sonnerie du collège fait dring !

à Vénissieux et Condrieux vivent des gens dangereux

le bruit des talons de la dame le matin la voix douce de ma mère

Ce texte collectif a été écrit par les élèves de 6e C d’Aurore Biyong : Nassim, Walid, Medhi, Sherine, Said, Marwan, Ikram, Sabrina, Nadir,Sarah, Djassim, Amanda, Fahim, Hamza, Honaada, Bilel, Jawerya, Kelly, Brinel, Miryam, Anthony et Meryl.Une fresque de ce texte est désormais exposée dans le hall du collège.

La partition de Vénissieux

Collège Jules-Michelet

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le miaulement de mon chat le vent souffle fortj’entends Fahim faire Hooo !la sonnerie d’un poteau

Vénissieux vicieux vaisseau

je rêve de vaches broutant dans un jardin à midimais quand je rentre aux Minguettesj’entends le bruit des fourchettes qui se cognent contre les assiettes je mange, j’entends les chipsqui croustillent dans ma boucheà Vénissieux, à midile bruit des oiseaux est fortà midi, la télé chante sur la 65tous les midis dans une pub un monsieur dit :« Blouge, c’est bien blouge »midi, le bruit des fourchetteset le miaulement des chats qui se battentle bruit de la bouche de mon frère qui déglutitle bruit des femmes qui se font agresser le bruit des pages qui tournentle bruit des enfants qui pleurent le bruit de la pluie qui me donne froidle bruit des pièces qui tombent par terrele bruit des couteaux qui grincentsur les assiettes neuves à midi

Vénissieux orageuseVénissieux vernisseuse

j’entends le micro-ondes sonnerles fourchettes s’agiterles assiettes se poserl’huile pétiller sur les fritesje sens de mon palier les frites j’entends la friturel’huile frétille dans la poêleles cuillères se posent sur les bolsles fourchettes se cognent sur les assiettes j’entends les steaks qui m’appellent

à midi, les voix des gens du marché« deux euros les zitounes djejas et kesras 1 euro 50 les bananas » à midi, la chaleur du soleil me donne faim dans le ciel tout bleu sans un nuageje mange mon repas tout chaud

Vénissieux délicieux

l’après-midi, le bruit des enfants qui crient à la récré au carnet le portail s’ouvredes ballons de grandes frappesdes ballons dans les cagesVénissieux, l’après-midile moteur étouffant des voitures je m’ennuie à faire mes devoirs je vais à l’entraînementj’entends les p’tits crier la musique résonne dans mes écouteurs des personnes environ 55 ans la moyennese passent des pièces de main en main elles chuchotent Zifou de Dingue-dingue tu kiffes le son moi j’ai mis le rap dans mon délire ça l'faitsalut shalom salam

Vénissieux voyou aventure joie vengeanceVénissieux soucieux violence virile

Hello, Salâm ‘aleïkoum, como esta, buona nottedans l’ascenseur avec ma sœur les enfants jouent et pleurentla pluie frôle l’herbe mouillée par la pluie du soir sirènes, la police dans le quartierla ragej’entends la play, les motosla pluie qui tombe le bus qui passe les chiens

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Vénissieux volant Vénissieux violentVénissieux variéVénissieux vicieux Vénissieux varioleuxVénissieux verser vaisseauVénissieux voiture volante victoire

à Vénissieux, le soirj’entends le ciel couleur de feufaire coucher le soleil dans un vent finles arbres se balancent dans le ciel d’or au son doux de l’azan

à Vénissieux le soir les criquets chantentles chats miaulent, se battentle tonnerre gronde et illumine la pièce sombrele ciel plein de gouttes d’eau plombe les potagers

l’alarme des pompiers les gouttelettes sur la vitreles aboiements des chiens les ronflements des voisins

Vénissieux venimeuseVénissieux visionneuse Vénissieux vertigineuse

Vénissieux, la nuitmon frère parle au téléphone les jeunes crient sur leur motoles chats se bagarrentles voisins déménagentje regarde la télé, je dors la journée va recommencerà travers Vénissieux la nuit, les chauves-sourisle vent et les corbeaux volent...

VénissieuxTexte collectif

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Des fraises étouffant dégager huit kilos radis poireaux de l’ail pissenlits iris bleu-mauve composte pommes deterre aubergines haricots thym sarriette pin sylvestre au Jardin de la Passion on connaît la terre des yeux d’angecerisiers roses et pommiers blancs mais qu’est-ce qu’ils disaient les grands ? C’est l’inverse pommiers roses cerisiersblancs tulipes artichauts pêches de vigne greliner grelinette dans la cabane saule cèdre bleu galets cardons lauriersauce sauge mauve primevères violettes bon vieux temps bon jeune temps oreilles d’éléphants tout ce qu’on avécu de beau et de bon et qui était enfoui rejaillit bouillon blanc feuilles veloutées.

Abdel, Bernadette, Fabienne, Maurice

Laure Morali a mené des ateliers d’écriture auprès de jardiniers de Vénissieux.Le jardin de la Passion – jardin d’habitants animé par Bioforce, et le jardin de l’Envol – jardin d’insertion animé par l’associationPasse-jardins, ont ainsi partagé des temps d’écriture et de lecture en plein air.

Cueillette de mots

Les jardins de la Passion et de l’Envol

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J’ai beau te retourner, te travailler avec mes mains,tu brilles bien.Tu brilleras longtemps dans le jardin.

Maurice Ait-Eldjoudi

Le galet

Dans l’allée menant à la cabane, les cailloux crissentsous mon sabot.Le vent amène le galet vers moi et le reprend aussitôt.Sa forme intrigue. Un cœur, couché et souriant.Pourtant, il semble se déchirer.Il s’agit plutôt d’une ride.Probablement qu’elle l’a usé.

Fabienne Fauquembergue

Sur ce petit coin de jardin de Haute-Marne,mes yeux s’émerveillaient, ton parfum meremplissait de bonheur et surtout la joie demon grand-père voyant que j’aimais lanature et son travail, qu’il faisait avec cœurtout au long de l’année.

Bernadette Bourbon

Le parfum

Le jour du Ramadanen rentrant le soir à la maisoncette bonne odeur de la chorbanous attire à la cuisineet voir dans la marmitece qui mijote dedans.

Abdel Ferkous

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Les épines des rosiers.En moto avec mon père.La ténacité de la plante.On arrive, j’essaie, je me fais piquer.L’odeur des jeunes fleurs.On a cueilli un joli bouquet.Les roses jaunes, les préférées de ma mère, le dimanche matin.

Lidia

Bassine en fer, où enfants, dans un jardin noyé de soleil, nous faisions une piscine ! La chaleur de l’eau que le vent caressait et nos rires insouciants.Enfance si loin et si proche encore, petits moments de bonheur !

Cabane à outils où tout objet change à la nuit tombée, où chaque pas semble un piège animé, chats errants, fuyant notre approche sous nos yeux effarés,odeur de paille et de terre,

l’envie d’y vivre un instant comme dans une maison aimée.

Arbres, amis des oiseaux et des fruits, bruissement des feuillesabritant ses habitants mais ombre terrible qui noie tout et tuela fleur chercheuse de lumière, de la vie à la mort, il n’estqu’une frontière.

Patricia

Je devais construire un enclos pour la pouletteelle est tombée du ciel celle-là

cette poule nous a choisis pour vivre dans le jardin toute seuleon lui trouvera un p’tit copain pour qu’elle vive avec

construire un enclos pour que la poule ne mange pas nos semis

j’attends le feu vert pour retrouver le soleil qui est venu aujourd’hui

Maurice et Casimir ne voulaient pas écrire de poèmes « les poèmes ça s'mange pas »ils en ont pourtant plein la bouche [...]

CollectifJardin de l’Envol

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Une tige de fer rouillée, tordue me rappelle cet homme vieux, usé par la vie qu'était mon père, ne rien jeter, sadevise, après tout ça peut toujours servir, prenait-il plaisir à dire, garder, entasser, obligatoire, la guerre et laprivation le lui avaient enseigné.

Un nichoir petite maison d'oiseaux qui réchauffe l'hiver, ces magnifiques animaux, on les voit venir picorer leursgraines en battant des ailes.

La mâche avec ses feuilles veloutées et son vert profond, des petites gouttes de rosée encore en suspensiondonnent par endroit une impression de loupe.

Myriam

Printemps vie qui renaîtÀ l’est rien de nouveauSoleil chaleur maternelleRosier, poulette et le chatÊtre vivant plante du jardin Éclosion des fruits et des Légumes Fin février débutDes boutons renaissanceDe la nature primaire Arroches = épinardsLe jardin contre laSolitude et l’isolement La terre, les étoiles, le ciel, le soleilL’orientationSumac = fleur de thé

Les MinguettesDans les temps anciens se dressaient des champs et des monts parsemés d’herbes et d’arbres et de fleursdes animaux vivaient en libertél’homme n’avait pas tout envahitant de prairies et de montagnes inexplorées.

Jean-Yves

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L’oiseau

En rêvant debout ce matinJe fis la rencontre d’un oiseauIl me dit, d’un air malin :« Crois-tu vraiment pouvoir changer le mondeAlors que l’homme est en plein déclin ? ».Figé par cette scène, je n’ai pu répondreEst-ce le fait qu’un oiseau me parle ?Ou bien est-ce la réponse qui me ronge ?« Parle ! » me dit-il, des larmes plein les yeux.« Parle ! toi qui trouves ce monde si merveilleux.Toi qui crois que l’amour soigne les blessures et corrige les erreurs Ne vois-tu pas la haine qui détruit les cœursNe vois-tu pas toutes ces guerres inutiles qui fauchent les âmes ?Sors ! Sors de ce rêve d’enfantEt vois le monde avec les yeux d’un adulteGoûte à cette tristesse et transmets aux autres.Regarde ! Toutes ces larmes que je verseQu’elles deviennent l’encre de la sagesseQu’elles puissent éveiller en l’homme sa véritable nature ».Devant tant de peine mes yeux se fermèrent et ma bouche se tutJe sentis le ciel s’obscurcirLes étoiles qui éblouissaient le cielS’éteignirent les unes après les autresLe chaos m’envahit de tous les côtés Dois-je me résigner à cette fatalité ?Non, je me battrai jusqu’à la finJusqu’à ce que l’homme soit le frère de l’hommeL’oiseau esquissa un sourire et prit son envol« Maintenant je te confie le resteOh Toi fils de l’Homme ! ».

Smaïl

Textes écrits dans le cadre d’ateliers mêlant gardiens d’immeubles et locataires du quartier Division-Leclerc, de janvier à avril 2014,en partenariat avec Alliade Habitat.

À la fenêtre de l’écriture

Alliade Habitat

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Le soir quand je m’apprête à dormirje pense à ce que je vais faire à manger pour le lendemain,alors l’idée est née, ce sera un couscous, est-ce que j’ai tous les légumes, oui la viande plutôt l’agneau oui, alors je peux dormir à poings fermés.

Nacera

Déjà je ne suis pas bien dans ma têteje cours le temps passe la peur d’être en retarddéjà je ne suis pas bien dans mon corpsje pense toujours à l’avenir je me bats toujours avec mon âme contre moi-même.

Mohammed

C’est le moment de regarder par la fenêtrema petite sœur qui va à l’école, je la surveille et j’en profite pour fumer une clope

heureusement qu’on a des fenêtressinon on se sent enfermés

je porte une chemise rouge et des baskets rouges je garde sur moi le soleil

des fois on est contentdes fois on n’est pas content

dehors, c’est chez moi.

Djaballah

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Sous-France

Tu as quitté l’Algérie pour une meilleure vie en France, mais non, c’est faux ce qu’ils t’ont dit, la vie est belle enFrance, c’était pour faire de toi une esclave, pour eux, voilà la vérité en face, vas-y la souffrance et le stress, loinde ta famille, sans papier, on profite de toi et de ta peur, on ne t’a pas déclarée à l’État pour que tu sois soumiseet ne puisse aller nulle part.

Maman, le début de ma vie, l’amour, ma protection, le bonheur, le chemin de toute une vie et la patience, tu esl’aînée de quatre enfants, tu as perdu ta mère à l’âge de dix ans, elle t’a laissé un frère de six ans, une sœur dequatre ans et un bébé de six mois. À ton âge, c’est trop lourd, une charge comme ça, plus un père fatigué par ladouleur et le chagrin.Tu frappes aux portes des femmes qui allaitent pour qu’elles nourrissent ton petit frère, certaines refusent :« J’ai du lait juste ce qu’il faut pour mon fils ». Quelques jours plus tard, il mourra.

Je me rappelle quand j’étais petite, j’allais au jardin avec toi cueillir des fruits et des légumes. On rentrait à lamaison et tu préparais le repas. Ça sentait tellement bon les légumes qu’on avait cueillis ensemble au jardin.Je donnerais n’importe quoi pour revivre, sentir et revoir ces moments.

Aujourd’hui, ces goûts de la nature n’existent plus que dans mes rêves.

Fatiha

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« ... provoquer la naissance d’un désir d’écriture par le souffle la respiration le corps humaniserincarner simplifier laver les mots leur redonner leur fraicheur d'enfance comme si on les prononçaitpour la première fois ramener l'écriture au concret plaisir de mettre les mains à la pâte... »

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Et aussi...Au cours de sa résidence, Laure Morali a participé à plusieurs événements en tant qu’auteure, en compagnie d’artistes tels que lemusicien Titi Robin, et d’autres écrivains, comédiens et plasticiens. Elle fut ainsi le fil rouge de notre saison à l’Espace Pandora.

Soirée d’ouverture de la résidence d’auteur – Hôtel de Ville de Vénissieux – 23 janvier 2014

Soirée d’ouverture

Printemps des Poètes

Festival Hors Cadre

Journée de clôture

Forum Paroles d’enfants

Scène Poétique

Journée de l’Arald

Semaine de la langue française et de la Francophonie

Sienne Design (Vénissieux)

Hôtel de Ville (Vénissieux) Salle Kantor, ENS Lettre (Lyon)

Cinéma Gérard Philipe (Vénissieux)

Alliance Française (Lyon)

Bibliothèque de la Part-Dieu (Lyon)

Soirée d’ouverture

AmphiOpéra (Lyon)

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Printemps des Poètes – Soirée à l’AmphiOpéra de Lyon– 15 mars 2014

Forum Paroles d’enfants – Hôtel de Ville de Vénissieux – 18 mars 2014

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Journée de clôture – Hors CadreLes participants à la résidence littéraire et leurs proches sont venus nombreux au cinéma Gérard Philipe pour dire au revoir à LaureMorali, à l’occasion du festival Hors Cadre le dimanche 5 avril 2014.

La plupart avait préparé, avec l’aide précieuse de la comédienne Claire Terral, une mise en voix de leurs textes. D’autres ont vu leurs textes exposés dans le hall du cinéma et certains ont participé à des films projetés sur grand écran.Ils ont su, à travers leurs mots, nous faire partager leur imaginaire et leur parole singulière. Bravo, et merci !

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« ... de Vénissieux le bleu fascinant des heures lourdes – lorsque le ciel déplie les images passéessous nos paupières une fenêtre s’allume puis une autre aux parois des immeubles agrippés à lavallée... »

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Cette seconde partie du recueil, Un an d’écrits à Venissieux, donne à lire des textes issus d’ateliersd’écriture menés tout au long de la saison 2013 / 2014, par plusieurs écrivains, à Vénissieux.

L’opération « Dis-moi dix mots », le festival Parole Ambulante ou le Printemps des Poètes sont autantd’occasions de s’amuser avec les mots…

• le Jour du livre

• le collège Paul-Éluard

• l’école Henri-Wallon

• les Centres sociaux des Minguettes

• le collège Jules-Michelet

• l’Unité Éducative d’Activités de Jour

Avec les auteurs :

Hassan Guaid

Mehdi Krüger

Patrick Laupin

Judith Lesur

Dominique Ottavi

Thierry Renard…

Au-delà de la résidence

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Courage

Je pense que le mot courage vient du cœur.

Chaïnez

Espoir : la frontière entre le

courage et la déraison.Anonyme

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Construire la paix dans un monde de diversité.Nadia

Résister à la violence, résister à

la mort. RésistanceKenza

Les jours heureux pour moi ce sont des jours

d’amour, des jours de joie, des jours de cours,

des jours pour moi où l’on doit rester comme ça.

Soukaïna

Je rêve d’un livre géant et

moi d’être minuscule !Anonyme

Le Jour du livreUn nouvel événement a vu le jour en plein air à Vénissieux le samedi 27 septembre 2014 ! Organisé par l’Espace Pandora avec lesoutien de nombreux partenaires, Le Jour du livre proposait toute la journée des stands, des ateliers participatifs et des animationslittéraires pour découvrir le livre sous toutes ses facettes.

Lors de cette journée, petits et grands ont participé à un atelier d’écriture express autour du thème « Les Jours heureux ».

Le slameur Mehdi Benachour a également mené en amont des ateliers d’écriture auprès d’habitants qui ont pu participer à la scèneouverte du Jour du livre.

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Le soir qui tombe m’a ramené à la maison.Terminées les fatigues et closes les querelles.C’est l’heure où les soucis passent, où les mains sedélassent, où le corps tout entier se tasse, et s’affalesans raison, sans déraison, sans dérision.Envahi par la paix qui descend sur la ville.La paix semée par-ci par-là, la paix m’apaise etm’apprivoise, et je m’endors enfin serein.La nuit sereine, la nuit d’été, la nudité qui m’envahit, lanudité dans tous mes rêves.Et voici le repos qui se pose sur mes paupières.Je vois la nuit à travers elles, paupières poreuses,paupières peureuses, paupières trop roses.Ces pétales roses sur mon regard que la nuit a seméspour qu’il se ferme, et je m’endors enfin serein.Dehors la ville continue ses éclats, ses clameurs, sesklaxons, qui s’éloignent puis s’apaisent à leur tour.Elle bouge encore, la ville, mais loin d’ici.Et la nuit la remue.

Jacques-Philippe Strobel

Les jours heureux,rattrape-lesils vont filer !

Bonheur, bonheur !faut s’lever d'bonne heure !

Pour être heureuse ma fille, reste tranquille !

Ah ! Tu y crois toi ?tu t'en mordras les doigts !

Quille qui roule, n'amasse pas boule !

Alors je me suis étirée ,puis je me suis tirée,

sans doigts,ni loi !

Éliane Fontaine

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Collège Paul-ÉluardA l’occasion du 19e festival Parole Ambulante, deux classes Passerelle de 5e et de 3e du collège Paul-Éluard, composées d’élèves arrivésrécemment en France, ont créé une chanson avec l’aide de l’auteur et compositeur Dominique Ottavi.Les élèves de 5e : Noura Belarbia, Rédouane Benomeur, Ana Maria Gligu, Tyrese Holdbrook, Mouad Nahar, Gesica Stefan et ÉricoVincente Freitas.Les élèves de 3e : Bairam Dhari, Raquel Dias de Franca, Michee Matezo, Paula Molla et Francesca Sabau Sava.

Verte est la chaisequi vole en hivernoire est la vestequi nage dans la mer

Refrain :Les sirènes dansent Et ça c’est ma chanceLes sirènes dansent Et ça c’est ma chance

Papa LolaMaman LucasLe chocolatQui fond dans les doigts

Refrain

Bleu pantalonChante sa chansonAvec cinq piedsLoin dans la forêt

Refrain

Dans une caverneL’ours mangeait du mielEt le secret des mersRêvait dans sa tête.

Collectif

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Dis-moi dix mots

Zigzag

C’est quelque part qui n’est pas droit

Et qui part partout dans la rue

Et une fois, sur mon papier j’ai fait un zizgzagY’a un monsieur qui a une moustache en zigzag.

Fatma Abur (10 ans)Centres sociaux des Minguettes

Pour être un poète, il faut avoir de l’imagination.

Une très belle voix.

Il faut être calme et observateur.

Il faut savoir lire et être inspiré.

Et quand on est fatigué on ditouf !C’est beau la poésie.

Asma Mohammedi (8 ans)Centres sociaux des Minguettes

La nuit dernière, j’ai rêvé qu’un hurluberluenvoyaitune carte à son cousin le noisetier. Ça parlait d’unefille qui était folle. Elle avait mis sa musique dedanse classique et elle avait ambiancé la forêt. Toutle monde l’avait surnommée « Ambianceuse » etavait bien ri.

Janna-NourÉcole Henri -Wallon

Classe de CE 2 de mesdames Mazet et Tell

La nuit dernière, j’ai rêvé que ma tête faisait des zigzagsdans tous les sens : j’en avais marre ! Ouf ! Elle s’est arrêtée.Alors je suis allé dans ma chambre pour faire l’hurluberlu.Pour ça, j’ai pris un livre de lecture et dans ce livre, il y avaitdes voitures dans un charivari, c’est-à-dire un viragedangereux. Puis mon rêve s’est terminé. Je croyais quec’était vrai.

IlièsÉcole Henri -Wallon

Classe de CE 2 de mesdames Mazet et Tell

De nombreux ateliers ont été menés sur la commune avec les dix mots. Un temps fort a donné à voir et à entendre les créations pendant laSemaine de la langue française et de la Francophonie à la médiathèque Lucie-Aubrac, le vendredi 21 mars 2014. Ateliers menés par Hassan Guaid, Judith Lesur, Patrick Laupin et Thierry Renard.

Les dix mots 2014 : AMBiANCEr – À TirE-LArigOT – CHAriVAri – fAriBOLE – HurLuBErLu –Ouf – TiMBrÉ – TOHu-BOHu – zigzAg –S’ENLiVrEr

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Je suis partiepour de nombreuses fêtesAmbiançant et criant

Sans collier ni bijouSans m’arrêter

Je suis partie pour toujours

Sans rentrer dans mon villageVendez tous mes arbres

Mais pas les racines avec.

SevdaCollège Jules-Michelet

Classe de 4e D de Coralie Thomas

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L’Univers

Il y aura autre chose que l’Univers

Une chose plus franche, que l'on appellera le Versuni

Une encore, timbrée comme l'hurluberluQue l'on admira dans l’œil d'un geste en zigzagIl y aura la nature, plus enchantée

Le ciel, plus dégagé

La vie, moins fariboleLe Sud, toujours enneigé

Il y aura Big-Foot

L'Ogre, la Fée Clochette

Et tout un planté de sorcières

Les heures seront différentes

Pas pareilles, sans résultat

Inutile de fixer maintenant

Le détail précis de tout ça

Une certitude subsiste : un Univers

Il y aura autre chose qu'un Univers.

NajiraCollège Jules-Michelet

Classe de 4e D de Coralie Thomas

J’ai rêvé d’une terre de nature et de paix, sansguerre, sans bruit, sans arme ni conflit. Une terre oùtout le monde aurait sa place. Une terre remplied’histoires, avec une seule identité, où lesambiances se mélangent, formant les zigzagsentre les montagnes enneigées, réveillant cetteterre du profond charivari causé par la haine decertains.

MohammadCollège Jules-Michelet

Classe de 4e D de Coralie Thomas

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Z.I.G.Z.A.G

Z ola était un écrivain de OufI l était le Mozart de la langue française comme le dit touf-toufG erminal est son chef d’œuvre de oufZ izou, le footballeur m’en a parlé assis sur un poufA méricains et amérindiens le connaissent dit MakhloufG rands et petits le trouvent aussi vraiment Ouf.

AnonymeUnité Éducative d’Activités de Jour

Dans la vie, le respect s’applique quoiqu’il se passe,

Mais cet hurluberlu n’a sans doute pas fait ses classes,

C’est pas grave, dans la vie, il y a des oufsQui racontent des fariboles à tire-larigots.

AnonymeUnité Éducative d’Activités de Jour

Une vie de ouf

Dans ma tête, je suis oufJe fais des zigzags dans ma vie

Que des timbrés dans ma ville

Pas grave, j’y mets de l’ambianceJe m’enlivre tellement que dans ma tête

J’entends comme des tohu-bohuJe fais des fariboles à tire-larigotIl y a du charivari, la police arrive

On se sauve comme Tom et Jerry.

Elyas, 17 ansUnité Éducative d’Activités de Jour

Atelier peinture avec Yann Dégruel lors de la journée « Les dix mots font la fête ! » le samedi 22 mars 2014 à la Ferme du Vinatier à Bron

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Remerciements

L’Espace Pandora souhaite remercier la Ville de Vénissieux – en particulier le servicedes affaires culturelles et le service communication – qui a permis la réalisation de celivret.

Que soient également vivement remerciés, pour leur soutien, la Direction régionaledes affaires culturelles de Rhône-Alpes, l’Agence nationale pour la cohésion sociale etl’égalité des chances, la Direction départementale de la cohésion sociale du Rhône, laRégion Rhône-Alpes, le Département du Rhône et Emmaüs-Lyon.

Ont permis la réalisation de la résidence littéraire et des ateliers d’écriture, le cinémaGérard-Philipe, la médiathèque Lucie-Aubrac, le service jeunesse de Vénissieux, AlliadeHabitat, les centres sociaux des Minguettes, la pension de famille Charles-Baudelaire,l’Unité Éducative d’Activité de Jour de Vénissieux, l’école Pasteur, l’école Saint-Exupéry,l’école Henri-Wallon, l’école Anatole-France, le collège Jules-Michelet, le collège Elsa-Triolet,le collège Paul-Éluard, le Pôle Territorial d’Éducation Artistique et le Réseau de Réussite ScolaireJules-Michelet, le Jardin de l’Envol (association Passe-jardins), le Jardin de la Passion (InstitutBioforce), le Mouvement pour une alternative non-violente, et toutes leurs équipes.

Toutes et tous ont réservé un accueil chaleureux à Laure Morali lors de sa résidencelittéraire ainsi que lors des rencontres avec les auteurs invités par l’Espace Pandora.

Merci à Claire Terral, comédienne, qui a accompagné les habitants de Vénissieux pourla mise en voix de leurs textes.

Nous tenons également à saluer les auteurs Judith Lesur, Hassan Guaid, MedhiKrüger, Patrick Laupin et Dominique Ottavi, pour leur présence et leurs contributions.

Et, encore, des remerciements particuliers à Laure Morali. Elle fut cette lueurprécieuse qui indique le chemin.

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une résidence littéraire avec Pierre Soletti

Après Moussa Konaté, Fabienne Swiatly, Joël Bastard, Mouloud Akkouche,et Laure Morali, c’est Pierre Soletti qui s’installera pour une résidencelittéraire à Vénissieux de février à mai 2015.

Pierre Soletti est né en 1971 dans le plein midi de la France et vitactuellement dans la région toulousaine.

Il écrit, lit, publie, dessine, bidouille des sons, bricole des trucs qui nesont pas faits pour marcher droit. Ses écrits ont donné lieu à la création de spectacles multimédia,tous composés, orchestrés et dirigés par son frère, le musicien Patrice Soletti.

« On dit de moi que je suis un ‘poète agité’. Je suis très calme d’apparence. Mais quand je lis, jetombe totalement dans le texte, je le vis. Ça surprend beaucoup ce choc entre l’avant, le pendantet l’après-lecture. Ma poésie est toujours engagée, sans que je ne le veuille vraiment. Et puis c’estquand même bien d’agiter : cela permet de réfléchir, de se demander ce qui va sortir. La vie estun sale type qu’on a envie d’attraper par les oreilles, de secouer, secouer jusqu’à ce qu’il en tombequelque chose. La langue, c’est un outil, pas autre chose. Le langage, c’est le bien de ceux quin’ont rien. C’est ça que je transmets ».

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Espace PandoraAgitateur poétique depuis 1985

Depuis trente ans (1985-2015), l’Espace Pandora est une association spécialiséedans l’action culturelle autour du livre et de l'écrit, et plus particulièrement de la poésie.

Affirmant la nécessité de créer de nouveaux lieux et liens de la lecture et de l’écriture,l’Espace Pandora conduit de nombreuses actions et souhaite sensibiliser un large publicà la littérature contemporaine sous toutes ses formes et dans tous ses états.

Ainsi, l’association organise des manifestations littéraires et pluridisciplinaires àVénissieux, et plus largement dans la région :

• le festival Parole Ambulante dans l’agglomération lyonnaise, • le concours Quelles nouvelles ? destiné à favoriser l’émergence de jeunes auteurs, • le Printemps des Poètes à Lyon et dans l’agglomération,• les rencontres cinéma et littérature Hors Cadre avec le cinéma Gérard-Philipe de

Vénissieux, • l’opération « Dis-moi dix mots » en Rhône-Alpes.

Avec le désir de partager les mots et la langue, l’Espace Pandora met en place toutau long de l’année des ateliers d’écriture animés par des écrivains, au sein de structuressociales, scolaires, culturelles, pénitentiaires etc.

Cette mission prend à Vénissieux une dimension particulière avec la mise en placed’une résidence littéraire associant les habitants de la ville.

Enfin, l’Espace Pandora est un lieu ouvert à tous − situé au 7 place de la Paix àVénissieux − proposant des lectures-rencontres, des formations, des expositions, desateliers artistiques et un fonds documentaire spécialisé en poésie.

L’équipe : Myriam Chkoundali, Marie Delorme, Julie Dorille, Jamel Morghadi,Thierry Renard et Marie-Caroline Rogister.

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