BALLET NICE MÉDITERRANÉE DON QUICHOTTE...16 SAISON 17 BALLET NICE MÉDITERRANÉE DON QUICHOTTE...

40
16 17 SAISON BALLET NICE MÉDITERRANÉE DON QUICHOTTE Chorégraphie Éric Vu-An d'après Marius Petipa JOURNAL DE L’OPÉRA NICE CÔTE D’AZUR N° 37 > OCTOBRE • NOVEMBRE • DÉCEMBRE 2016 > OPÉRA La Flûte enchantée > CONCERT Ray Chen Pierre-Laurent Aimard Gwennolé Rufet > BALLET Révolution d’octobre Don Quichotte > LE CERCLE ROUGE&OR L’amour est dans le prêt

Transcript of BALLET NICE MÉDITERRANÉE DON QUICHOTTE...16 SAISON 17 BALLET NICE MÉDITERRANÉE DON QUICHOTTE...

Page 1: BALLET NICE MÉDITERRANÉE DON QUICHOTTE...16 SAISON 17 BALLET NICE MÉDITERRANÉE DON QUICHOTTE Chorégraphie Éric Vu-An d'après Marius Petipa JOURNAL DE L’OPÉRA NICE CÔTE D’AZUR

1617SA

ISON

BALLET NICE MÉDITERRANÉE

DON QUICHOTTEChorégraphie Éric Vu-An d'après Marius Petipa

JOURNAL DE L’OPÉRA NICE CÔTE D’AZUR N° 37 > OCTOBRE • NOVEMBRE • DÉCEMBRE 2016

> OPÉRALa Flûte enchantée

> CONCERTRay ChenPierre-Laurent AimardGwennolé Rufet

> BALLETRévolution d’octobreDon Quichotte

> LE CERCLEROUGE&ORL’amour est dans le prêt

journal37SEPT2016_Mise en page 1 16/09/16 15:12 Page1

Page 2: BALLET NICE MÉDITERRANÉE DON QUICHOTTE...16 SAISON 17 BALLET NICE MÉDITERRANÉE DON QUICHOTTE Chorégraphie Éric Vu-An d'après Marius Petipa JOURNAL DE L’OPÉRA NICE CÔTE D’AZUR

journal37SEPT2016_Mise en page 1 16/09/16 15:12 Page2

Page 3: BALLET NICE MÉDITERRANÉE DON QUICHOTTE...16 SAISON 17 BALLET NICE MÉDITERRANÉE DON QUICHOTTE Chorégraphie Éric Vu-An d'après Marius Petipa JOURNAL DE L’OPÉRA NICE CÔTE D’AZUR

PubLiCAtion tRimestRieLLe GRAtuite - seRviCe CommuniCAtion - oPé RA niCe Côte D’AzuR4 & 6 rue Saint-François-de-Paule, 06364 Nice, cedex 4 www.opera-nice.org 04 92 17 40 00 Locationet renseignements 04 92 17 40 79 Directeur de la publication : éric Chevalier Rédacteur en chefGérard Prièbe Responsables d’édition Anne-Christel Cook, Arno Champalle Photos DominiqueJaussein / Opéra de Nice Ont collaboré à ce numéro : Maxime Artigues, Sylvie Bailet, Isabelle Bibloque,Cécile Borghese, Panaghis Pagoulatos Licence d’entrepreneur de spectacles 1-1068076 /2-1068074 / 3-1068075 Impression NISPhOtOFFSet, Saint-Laurent-du-Var 06 - septembre 2016© Conception direction de la Communication de la ville de Nice

ÉDITO

OPÉRA

LA FLÛTE ENCHANTÉEUn chemin vers la lumière Une première pour Ariane MatiakhNuma Sadoul, un passionné de bd Entretien avec Elizabeth Vidal Entretien avec Armando Noguera

OPÉRETTESLe chanteur de Mexico Hello Dolly !

CONCERTS

SEPTEMBRELe phénomène Ray Chen de l’exubérance de Mendelssohn à l’imposante gravité de Mahler OCTOBRELe Sacre du printempsPierre-Laurent Aimard, un artiste sans pair NOVEMBREConcert à la mémoire et hommage

8 & 9 DÉCEMBREEntretien avec Gwennolé Rufet Harold en Italie d’Hector berlioz 16 & 17 DÉCEMBRENoël en musique

CONCERTS EN FAMILLE

MUSIQUE DE CHAMBRE

BALLETSRévolution d’octobre Don QuichotteEntretien avec Enrique Carreón-Robledo

JEUNE PUBLICC’est classique… mais pas sérieuxEntretien avec Frédéric deloche

LE CERCLE ROUGE&ORL’amour est dans le prêt Rencontre avec un mécène

6

5

15

28

34

36

16

68

10111214

1515

1617

1819

20

2223

242627

283033

3435

3639

s o m m a i r e

journal37SEPT2016_Mise en page 1 16/09/16 15:12 Page3

Page 4: BALLET NICE MÉDITERRANÉE DON QUICHOTTE...16 SAISON 17 BALLET NICE MÉDITERRANÉE DON QUICHOTTE Chorégraphie Éric Vu-An d'après Marius Petipa JOURNAL DE L’OPÉRA NICE CÔTE D’AZUR

journal37SEPT2016_Mise en page 1 16/09/16 15:12 Page4

Page 5: BALLET NICE MÉDITERRANÉE DON QUICHOTTE...16 SAISON 17 BALLET NICE MÉDITERRANÉE DON QUICHOTTE Chorégraphie Éric Vu-An d'après Marius Petipa JOURNAL DE L’OPÉRA NICE CÔTE D’AZUR

éDItO 5

Ancré au cœur de la cité et de son histoire, notre Opéra bénéficie d’une aura qui dépasse largementles frontières et ce rayonnement a vocation à s’étendre toujours davantage.Ce temple de la musique et du chant a su fidéliser de très nombreux mélomanes qui viennent parfoisde fort loin pour assister aux représentations.Mais il y a aussi tous ceux qui n’ont pas encore franchi le pas.Nous voulons les encourager à le faire parce que la musique et le chant sont des bonheurs qui doiventêtre partagés par le plus grand nombre.C’est la mission que nous avons confiée au nouveau directeur général, éric Chevalier.Il a établi une programmation de nature à combler autant le public traditionnel et averti que celles etceux qui veulent partir à la découverte.Les œuvres à l’affiche au cours des prochains mois illustrent parfaitement cette volonté d’ouverture.Quel opéra plus rassembleur que La Flûte enchantée de Mozart qui sera donnée en novembre ?Ce pur chef-d’œuvre n’est-il pas une sorte de comédie musicale remplie d’émotions et de rires ? Cequi ne l’empêche pas d’être dans le même temps une belle fable riche d’enseignements sur la notionde l’engagement et du sens à donner à sa vie.Notre grand Orchestre Philharmonique demeure fidèle aux concerts du dimanche très prisés par lesfamilles. C’est l’occasion, là aussi, de s’initier aux splendeurs d’une musique classique qui fédère lesattentes et les goûts. Ce sera éminemment le cas avec, entre autres affiches, le concerto Empereur de Beethoven et Le Sacre du Printemps d’Igor Stravinsky.Les 11 et 12 novembre, ce sera le temps de l’émotion et du souvenir. Les concerts seront donnés àla mémoire de toutes les victimes des terribles attentats qui ont frappé notre pays.Nous pourrons nous recueillir en écoutant L’Hymne à la justice d’Albéric Magnard et le magnifiqueRequiem de Gabriel Fauré.Notre Ballet Nice Méditerranée est à l’unisson de la volonté de rayonnement qui est celle de l’Opéra,avec la programmation de pièces populaires, comme L’Arlésienne de Roland Petit, lors de ses repré-sentations d’octobre, puis, en décembre, l’immense Don Quichotte chorégraphié par éric Vu-An, ledirecteur de notre compagnie.Mais avant cela, de nombreux autres spectacles vous auront été proposés : opérettes, ballets authéâtre de verdure, concerts hors les murs et « jeune public » au théâtre Lino Ventura ainsi que desmidis musicaux et de la musique de chambre au Palais Lascaris, au musée national Marc Chagall ouencore dans l’auditorium de la bibliothèque Louis Nucéra.Une programmation pour tous au nom d’un Opéra appartenant à tous.

Philippe PradalMaire de Nice

Christian EstrosiPrésident de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur

Président de la Métropole Nice Côte d’Azur

journal37SEPT2016_Mise en page 1 16/09/16 15:12 Page5

Page 6: BALLET NICE MÉDITERRANÉE DON QUICHOTTE...16 SAISON 17 BALLET NICE MÉDITERRANÉE DON QUICHOTTE Chorégraphie Éric Vu-An d'après Marius Petipa JOURNAL DE L’OPÉRA NICE CÔTE D’AZUR

OPéRAS6

OPéRA

journal37SEPT2016_Mise en page 1 16/09/16 15:12 Page6

Page 7: BALLET NICE MÉDITERRANÉE DON QUICHOTTE...16 SAISON 17 BALLET NICE MÉDITERRANÉE DON QUICHOTTE Chorégraphie Éric Vu-An d'après Marius Petipa JOURNAL DE L’OPÉRA NICE CÔTE D’AZUR

OPéRAS 7

LA FLÛTE ENCHANTÉE

wolfgang amadeus mozart

Direction musicale Ariane MatiakhMise en scène Numa SadoulDécors et costumes Pascal LecocqLumières Philippe Mombellet

Sarastro Luc Bertin-Hugaulttamino Mark Van ArsdaleOrateur Laurent AlvaroPremier prêtre / Deuxième homme armé Tomislav LavoieDeuxième prêtre / Premier homme armé Frédéric DiqueroReine de la nuit Elizabeth VidalPamina Anne-Catherine GilletPremière Dame Julie CherrierDeuxième Dame Carine Séchayetroisième Dame Julie Robart-GendrePapageno Armando NogueraPapagena Pauline CourtinMonostatos Loïc Felix

Orchestre Philharmonique de NiceChœur de l'Opéra de Nice

Singspiel en deux actes et treize tableaux, K.620Livret d’emanuel SchikanederCréation le 30 septembre 1791 au theater auf der Wieden de Vienne

Chanté en allemand surtitré en français[durée 2h45 env. dont 1 entracte de 20mn]

CONFÉRENCE > Foyer MontserrAt CAbALLÉ24 NOVEMBRE 2016 18H

NoUVELLEPRodUCtioNCoPRodUCtioNoPéRA dE MARSEiLLE

NOVEMBRE MER 30 20H

DÉCEMBREVEN 2 20H diM 4 15HMAR 6 20H

« ...Ô nuit éternelle, quand donc finiras-tu ?

Quand se révélera la lumière à mes yeux ? »

« ...Tu la verras, jeune homme, bientôt

ou bien jamais... »

En 1791, ultime année

de sa courte vie, Mozart livre

son « Testament philosophique »

sous la forme, non d'un opéra classique,

mais sous celle d'un conte initiatique

traité comme une comédie musicale

où il donne à entendre

les multiples facettes de son génie.

Cette œuvre, si essentielle

quant à son contenu profond,

il l'a réservée à un public populaire

des faubourgs de Vienne et, depuis,

l'immense succès ne s'est jamais démenti.

Le texte de Schikaneder renvoie

aux légendes merveilleuses

que l'on raconte aux enfants

et qui en disent si long

en leur dévoilant les épreuves

qu'un être est tenu de passer

s’il veut parvenir à devenir lui-même.

journal37SEPT2016_Mise en page 1 16/09/16 15:12 Page7

Page 8: BALLET NICE MÉDITERRANÉE DON QUICHOTTE...16 SAISON 17 BALLET NICE MÉDITERRANÉE DON QUICHOTTE Chorégraphie Éric Vu-An d'après Marius Petipa JOURNAL DE L’OPÉRA NICE CÔTE D’AZUR

OPéRAS8

UN CHEMINVERS LA LUMIÈRE

Lorsque Mozart créa La Flûte enchantée, le 30 septem-bre 1791, au théâtre an der Wien de Vienne, deux moisavant sa mort, il souhaitait avant tout atteindre un publicvarié et populaire, ce qui explique la diversité du livret.à la fois conte initiatique et ouvrage philosophique,l’œuvre est en ruptu re avec la grandeur tragique etl’unité d’action de l’opéra qui précède, La Clémence deTitus, représenté pour la première fois à Prague le6 septembre 1791. Le livret imaginé par l’acteur emanuelSchikaneder, également directeur d’une troupe dethéâtre, joue sur le mélange des genres, dans une véri -table explosion des registres.

AmouReux D’une imAGe

La Flûte enchantée emprunte au conte de fées, à traversle monstre, la princesse captive, la flûte magique et lessortilèges mais aussi au récit de chevalerie par la quêtede la Dame, les épreuves et les messagères.tamino a toutes les caractéristiques du héros dont lamission est de sauver une princesse prisonnière. Il estégalement question d’obstacles à franchir et de la lutteancestrale entre le bien et le mal.C’est en découvrant un portrait de Pamina, offert parles trois dames de la Reine de la nuit, que tamino entombe immédiatement amoureux. Il lui est demandé dedélivrer la jeune fille, retenue captive par Sarastro. Ainsi,le jeune prince s’éprend d’une image. Sa passion serévè le, d’emblée, complètement idéalisée. Dans unregistre différent, c'est parce que Senta est hantée parle portrait du hollandais volant qu'elle se perd dans unsentiment dévastateur dans Le Vaisseau fantôme deWagner.à l’inverse de Papageno, aux aspirations beaucoupplus concrètes et contrepoint comique du jeunehomme, tamino est tourné vers l’absolu, ce qui expli -que son adhésion aveugle aux épreuves imposées parSarastro, sans aucune remise en question.Au nom de la haute exigence qu’il porte en lui, il y sous-crit jusqu’à l’inhumanité, n’hésitant pas à repousserPami na, désespérée, lorsqu’il est soumis à l’obligationdu silence. Dans cette injonction, c’est comme si, pourla jeune fille, l’image de l’être aimé s’évanouissait etn’existait plus.

Le passage offre une sublime aria, qui résonne commeune plainte. Richard Wagner exploitera une théma-tique assez proche dans Lohengrin où il est interdit àelsa de demander son nom au héros. Cette questioninterdite, source de non dits, la rend folle et la pousse àla transgres sion. Dans La Flûte enchantée comme dansLohengrin le silence appartient au rituel amoureux.

Des imAGes Du bien et Du mAL Qui se bRouiLLent

La lutte entre le bien et le mal est centrale dans La Flûteenchantée, jusqu’à donner une couleur vocale particu-lière à chacune de ces orientations.Ce conflit illustre aussi, plutôt qu’un combat strictementmanichéen, une aspiration à redéfinir la morale. en cari -ca turant un peu, le mal trouve comme forme d’expres-sion, essentiellement dans le second air de la Reine dela nuit, des sons suraigus et des vocalises qui accen-tuent l’hystérie du personnage, tandis que la voix caver -neuse de Sarastro explore le bien suprême et la paixintérieure par les notes les plus graves. Les choses nesont toutefois pas aussi simples. La Reine de la nuit porte en elle une réelle souffrance,face à la perte de sa fille Pamina. elle l’exprime demaniè re vibrante dans son premier air, une lamentationprécédée d’un magnifique récitatif. elle réclamevengean ce. De son côté, Sarastro, par les épreuvesqu’il impose, a un aspect rigide et presque sectaire. Lesnotions du bien et du mal, aux contours dès lors incer-tains, sont peut-être à réinventer.C’est par de telles problématiques que l’opéra se révè leaussi un conte philosophique.en cette année 1791, la Franc-maçonnerie autrichienneest dans une situation périlleuse car suspecte, à tort,de sympathie pour la Révolution française. expliquer àtous, mais de manière voilée, ce que sont les buts dela maçonnerie, voilà l’objectif que se sont assignés leshauts responsables des loges. La conception de LaFlûte enchantée par Mozart et Schikaneder participe dece travail. Dans ces épreuves et ces rituels qui occu pentune grande partie du second acte, nos deux auteursprésentent, tout en brouillant codes et symboles, cequ’est l’ambition de la Franc-maçonnerie : la recherche

Par Christophe Gervot

journal37SEPT2016_Mise en page 1 16/09/16 15:12 Page8

Page 9: BALLET NICE MÉDITERRANÉE DON QUICHOTTE...16 SAISON 17 BALLET NICE MÉDITERRANÉE DON QUICHOTTE Chorégraphie Éric Vu-An d'après Marius Petipa JOURNAL DE L’OPÉRA NICE CÔTE D’AZUR

OPéRAS 9

de la Lumière. Une quête illustrée par le cheminementde tamino et de Pamina et qui aboutit à leur union fi-nale  mais aussi par celle, dans un tout autre registre,de Papageno et de Papagena.L’œuvre est ouverte et elle permet de nombreusesnuances, ainsi que des niveaux de lectures variés, pourraconter le monde nouveau qui est en train de naître,où tout est désormais possible.Cette Flûte enchantée niçoise s’annonce poétique etpleine d’imagination. Le metteur en scène Numa Sadoulest également passionné de bandes dessinées, etl’artiste peintre Pascal Lecocq  explore dans sestableaux des fonds marins dans des bleus irréels. Onlui doit notamment un univers très onirique pour lesdécors d’une mémo rable Tétralogie de Richard Wagnerà l’Opéra de Nantes dans les années 90 ainsi qu'unParsifal exceptionnel, dans des mises en scène dePhilippe Godefroid. u

Première annonce

de la représentation

de La Flûte enchantée

Wolfgang Amadeus Mozart

journal37SEPT2016_Mise en page 1 16/09/16 15:12 Page9

Page 10: BALLET NICE MÉDITERRANÉE DON QUICHOTTE...16 SAISON 17 BALLET NICE MÉDITERRANÉE DON QUICHOTTE Chorégraphie Éric Vu-An d'après Marius Petipa JOURNAL DE L’OPÉRA NICE CÔTE D’AZUR

André Peyrègne : Est-ce la première fois que vous di-rigez La Flûte enchantée ? Ariane Matiakh : Oui, mais je baigne depuis longtempsdans l’atmosphère de cette œuvre. J’ai en effet effec-tué mes études à Vienne, auprès du grand chef Leopoldhager, qui est un chef mozartien exemplaire, dans lacapitale autrichienne qui est toute imprégnée de lamusique de Mozart et où ce compositeur a écrit cetopéra. D’autre part mon mari le baryton thomasOliemans chante souvent le rôle de Papageno. Il l’a faitlors de La Flûte enchantée au dernier festival d’Aix-en-Provence. Cet opéra a donc souvent été au centre denos conversations en famille !

Quel autre chef vous a impressionné en dehors deLeopold Hager ?Nikolaus harnoncourt. Je l’ai vu diriger, j’ai chanté soussa direction. J’ai ainsi reçu une grande leçon de celuiqui savait faire un juste équilibre entre musique baroqueet musique classique.

Comment avez-vous décidé de devenir chef d’or-chestre ?Cela est venu naturellement. J’ai passé ma jeunessedans les coulisses des opéras, mes deux parentsétant eux-mêmes chanteurs. Mon père, Ivan Matiakh,accomplit une carrière internationale, ayant en parti-culier incarné le rôle du capitaine dans Wozzeck àNice en 2006 sous la direction de Marco Guidarini. Mamère Béatrice Cramoix a chanté, elle, au sein des

« Arts florissants ». La direction d’orchestre m’est appa ruecomme le métier susceptible de faire la synthèse detoutes les pratiques musicales que j’ai approchées.

Est-il encore difficile d’être femme chef d’orchestre,de nos jours ?Cette question n’a plus lieu d’être. Il y a à présent beau-coup de femmes dans le métier. Je souhaite être jugéecomme musicienne, non comme femme.

Quelle a été l’importance dans votre carrière desVictoires de la musique et de votre participation àl’émission Prodiges ?L’importance des Victoires de la musique, en 2009, aété considérable, car j’ai été désignée « Révé la tion del’année » dans une catégorie – celle de chef d’orches-tre – qui n’existait pas. Cela m’a permis d’affermir maplace dans le métier et m’a donné confiance en l’ave-nir.Quant à l’émission Prodiges, je suis heureuse d’y par-ticiper car elle permet de faire entendre la musiqueclassique à une heure de grande écoute, de soutenirde jeunes talents et de porter un message positif à lajeunesse. J’y retrouve la chanteuse niçoise elizabethVidal, qui sera la Reine de la nuit de notre La Flûteenchan tée. J’aime aussi l’idée que cette émission amis encore plus en évidence la féminisation du métierde chef car à mon sens les plus grands discours neremplaceront jamais la simple démonstration de notretravail artistique ! u

OPéRAS10

ARIANE MATIAKH

UNe PReMIèRe

[DIReCtION MUSICALe]

journal37SEPT2016_Mise en page 1 16/09/16 15:12 Page10

Page 11: BALLET NICE MÉDITERRANÉE DON QUICHOTTE...16 SAISON 17 BALLET NICE MÉDITERRANÉE DON QUICHOTTE Chorégraphie Éric Vu-An d'après Marius Petipa JOURNAL DE L’OPÉRA NICE CÔTE D’AZUR

OPéRAS 11

NUMA SADOUL

UN PASSIONNé De BD

André Peyrègne  : Depuis quand vivez-vous sur laCôte d’Azur ?Numa Sadoul : Depuis 1966 où mon père, administra-teur colonial ayant exercé en Afrique et à Madagascar,est venu s’installer à Cagnes. Né à Brazzaville, j’ai passémon enfance à Cagnes, où j’ai été à l’école primaire.J’ai accompli mes études sur la Côte jusqu’à une maîtri -se obtenue à l’Université de Nice sur le sujet desbandes dessinées. (J’ai étudié les points communsentre les personnages de tintin, Spirou, Astérix, etc.).Je me suis ensuite lancé dans le théâtre à Nice avec lacompagnie des Vaguants, puis au théâtre de la Cité oùj’interviens toujours.

Et la mise en scène d’opéra ?L’opéra est mon autre passion avec la BD. J’ai réaliséma première mise en scène en 1977 aux côtés de Louiserlo, à l’Opéra de Lyon dans Parsifal.

Vos mises en scène sont-elles influencées par votreamour pour la BD ?Il ne peut en être autrement. Mais, en la matière, le pointculminant a été atteint avec mon spectacle du Récitalde la Castafiore donné le 1er avril 2000 à l’Opéra deBordeaux, avec la chanteuse Michèle Lagrange. Je luiai fait interpréter, bien sûr, l’air des bijoux de Faust, maisaussi les airs d’opéras auxquels hergé fait allusion dansses albums de tintin. Il y en a beaucoup ! Le spectaclea eu un succès fou…

Vous n’avez encore jamais fait de mise en scène àl’Opéra de Nice ?Non… et pourtant je suis dans le métier depuis quaran -te ans ! J’ai certes monté plusieurs ouvrages lyriquesdans ma région, sur la scène des Opéras de toulon etde Marseille. Mais j’espérais qu’un jour j’aurais lachance que ce soit à Nice.

Ce sera donc avec La Flûte enchantée. Avez-vousdéjà mis en scène cet ouvrage ailleurs ?Oui, à Nantes il y a vingt ans.

Vous referez la même mise en scène ?Non ! Ce sera une mise en scène nouvelle. toutefois,j’ai pris le même décorateur, Pascal Lecocq. Nousavons effectué en deux mois un travail qui, d’habitude,prend un an, car éric Chevalier a été nommé en janvierà la direction de l’Opéra et n’a pu passer commande dece spectacle qu’à ce moment-là. Comme Pascal Lecocqest maintenant établi en Floride, nous avons travaillé parinternet pendant quatre semaines. Il est ensuite venuprésenter ses maquettes de décor et de costumes enjuin à la Diacosmie, et les ateliers se sont mis à travailleren un temps record.

à quelle époque situerez-vous l’histoire de votre Flûteenchantée ?à l’époque contemporaine. Ce que je veux mettre enexergue est la philosophie de cette histoire qui opposel'univers de la nuit à celui du soleil et montrer qu’en notremonde, personne n’est totalement blanc ou noir. u

[MISe eN SCèNe]

journal37SEPT2016_Mise en page 1 16/09/16 15:12 Page11

Page 12: BALLET NICE MÉDITERRANÉE DON QUICHOTTE...16 SAISON 17 BALLET NICE MÉDITERRANÉE DON QUICHOTTE Chorégraphie Éric Vu-An d'après Marius Petipa JOURNAL DE L’OPÉRA NICE CÔTE D’AZUR

OPéRAS12

elizabeth Vidal revient sur la scène de l’Opéra Nice Côted’Azur en Reine de la nuit, un rôle qu’elle a chanté dansle monde entier, et enregistré sous la direction de SirCharles Mackerras.

Christophe Gervot : Quelle est votre vision du person-nage ?elizabeth Vidal  : Ce personnage ne me pose aucunsouci d’ordre vocal. Je peux donc me consacrer à sonexubérance, qui ne s’exprime qu’au travers de deux airs.Le premier est la déploration sincère d’une mère sur laperte de son enfant et le second une explosion de colèrequi nécessite beaucoup de souplesse dans une voixd’acier. Ce rôle m’a permis de beaucoup voyager.

On vous doit une mémorable Zerbinette d’Ariane àNaxos de Richard Strauss. Quel souvenir en gardez-vous ?Je l’ai chantée deux fois à Nice. C’est un rôle tout enacrobaties vocales qui vous met dans un état d’impro-visation totale et donne des ailes. On ne peut le vivreque si l’on s’abandonne. C’est là que je me suis sentiele plus épanouie malgré l’écriture complexe.

Quelles émotions l’exploration de ces registres aigusvous procure-t-elle ?C’est à la fois une recherche de liberté et une conquêtede soi. Sans une bonne connaissance de mon instru-ment, je ne serais pas ce que je suis aujourd’hui. Je par-viens à un état de suspension et de dilatation de l’espritet du corps, proche de la prière, comme si je volais.

Que ressentez-vous lorsque vous vous produisez àNice dont vous êtes originaire ?à chaque fois que je reviens sur cette scène, je retrouvemon enfance et je mesure le chemin parcouru, devantun public qui me connaît. J’ai été marquée par unRigoletto avec Leo Nucci où notre duo était bissé tousles soirs. C’est ensuite que j’ai décidé de revenir à Niceoù je dirige aujourd’hui le Centre d’Art Lyrique de laMéditerranée (CALM) avec mon mari André Cognet.

Quel est votre souvenir le plus fort dans votre itiné-raire ?C’était La Flûte enchantée au Festival de Covent Garden,à l’occasion de la première ouverture du palais maçon-nique de Londres, un événement présidé par LadyDiana. Je me sentais horrible à l’issue du spectacledans mon costume plutôt grunge, conçu par ZandraRhodes, devant la princesse qui était dans une tenuebeige clair. Je lui ai dit : « C’est plus facile d’être unereine sur scène qu’une princesse dans la vie ». elle arépondu : « Dans votre cas, ça dure moins longtemps ».elle devait malheureusement disparaître peu de tempsaprès.

Quels sont les projets qui vous tiennent à cœur ?Mon premier axe est la recherche de patrimoines dédai -gnés ou oubliés. J’ai eu la chance d’enregistrer desrare tés avec Opera Rara. Nous marchons sur des trot-toirs construits par des gens qui sont morts depuislongtemps mais dont nous sommes les héritiers. Depuismes débuts, je défends ce répertoire et Manon Lescautd’Auber, en 1990 à l’Opéra Comique, en a été une baseessentielle. Mon second axe est la popularisation. J’aiparticipé très tôt à une quarantaine d’émissions deJacques Martin, Le Monde est à vous, pour faire enten-dre de l’opéra à une heure de grande écoute. Avec monmari, nous avons mêlé les répertoires, de Bach auxBeatles, pour montrer l’intemporalité de la musiqueclassique. J’ai créé, il y a deux ans, le personnage de laCantadora, une sorte de mutant entre les deux mondes.Depuis 2014 enfin, je suis membre du jury de Prodigessur France 2, où les enfants sont dans l’art, l’expressionet l’émotion. Je suis convaincue que la musique est unmoyen pour développer et structurer notre société.Ariane Matiakh, chef d’orchestre de l’émission, diri-gera La Flûte enchantée à Nice, et je m’en réjouis. u

Portrait LisaCarletta

ELIZABETH VIDAL[INteRPRète De LA ReINe De LA NUIt]

« un état de suspension, comme si je volais »

journal37SEPT2016_Mise en page 1 16/09/16 15:12 Page12

Page 13: BALLET NICE MÉDITERRANÉE DON QUICHOTTE...16 SAISON 17 BALLET NICE MÉDITERRANÉE DON QUICHOTTE Chorégraphie Éric Vu-An d'après Marius Petipa JOURNAL DE L’OPÉRA NICE CÔTE D’AZUR

le CALMUNe FORMATION De HAUTe eXIGeNCe

Le Centre d’Art Lyrique de la Méditerranée (CALM), implanté àNice, a été créé en 2003 par elizabeth Vidal et André Cognet,sous l’impulsion de Christian estrosi et d’Alain Frère, et avec lesoutien d’élus locaux.Cette école s’est fixée pour mission la formation de haute exi-gence de jeunes chanteurs lyriques et leur insertion profession-nelle, sur le plan national et international. Le Conservatoire àRayonnement Régional de Nice met à disposition des espacesde travail et son grand auditorium.Le CALM propose des masterclass pour approfondir tous les as-pects d’un spectacle d’opéra, de la technique vocale au jeu scé-nique en passant par l’interprétation. Des intervenants prestigieuxenrichissent ces apprentissages de leurs savoir- faire et de leursparcours. Le pianiste Dalton Baldwin, le directeur d’Opéra henriMaier et les metteurs en scène Alain Garichot et Daniel Benoinont ainsi apporté leurs précieuses contributions à ces carrièresnaissantes. Le centre travaille par ailleurs en partenariat avecl’Opéra Bastille, les Arènes de Vérone, le Bolchoï, le Capitole detoulouse, le Conservatoire de Saint-Pétersbourg, l’académie musicale de Palerme, le Concertgebouw d’Amsterdam et l’OpéraNice Côte d’Azur. Les jeunes solistes se produisent régulièrement en public lorsd’une quarantaine de concerts par saison, organisés dans le dé-partement, notamment à Nice, Beaulieu-sur-Mer et Saint-Paul-de-Vence, afin de populariser, aussi, la musique classique. en2011, elizabeth Vidal et André Cognet ont mis en scène, dansce cadre, des représentations de L’Enfant et les sortilèges, quiont rencontré un beau succès. Le CALM se produira cette saison à l’Opéra Nice Côte d’Azurpour des Midis musicaux au foyer Montserrat Caballé.

Le drame s’est passé le samedi 2 juillet auThéâtre Robinson de Mandelieu : le barytonBernard Imbert est décédé brusquement dansles coulisses à l’issue de la représentation Of-fenbach dans tous ses états avec l’orchestre deCannes.Sa brusque disparition a plongé dans l’afflictiontous ceux qui connaissaient l’artiste, âgé de 53ans et père de deux enfants.Né à Marseille, Bernard Imbert fut lauréat duconcours international de mélodie française deToulouse et du concours international de chantde Verviers en Belgique.Il avait débuté sa carrière dans la comédie mu-sicale Les Misérables, jouée près de 250 fois authéâtre Mogador à Paris.Il a travaillé ensuite dans de nombreux établisse -ments lyriques en France avant d’être engagésur concours comme soliste à l’Opéra de Nice.Il y a notamment chanté Franck dans La Chauve-souris, participé à la création mondiale de Drey-fus, de Michel Legrand, ainsi qu’aux Vêpressiciliennes de Verdi. L’an passé on l’y a retrouvédans Peter Grimes de Britten et, en mai dernier,il était Créonte dans Medea de Cherubini.Attiré par toutes les formes musicales, BernardImbert s’intéressait aussi au répertoire de lamusique sacrée qu’il chantait régulièrement.Il transmettait également sa passion aux plusjeunes en allant à la rencontre d’écoliers encompagnie d’Aude Fabre avec qui il formait unduo lyrique.À ses enfants et à l’ensemble de sa famille ainsiqu’à tous ses proches, la direction et le person-nel de l’Opéra de Nice - où l’on garde de Ber-nard Imbert le souvenir à la fois d’un hommechaleureux et attentionné et d’un artiste pleine-ment investi - font part de leur vive émotion etprésentent leurs plus profondes et plus attris-tées condoléances.

Par Christophe Gervot

BRèVE

BERNARD IMBERT NOUS A QUITTÉS

 

LES MIDIS MUSICAUXLES MARdiS à 12H15 FoyER MoNtSERRAt CAbALLé MARDIS DU CALM : 15 NOV - 17 JAN - 14 FÉV - 9 MAIMARDIS MUSICHŒUR : 11 OCT - 16 MAI

journal37SEPT2016_Mise en page 1 16/09/16 15:12 Page13

Page 14: BALLET NICE MÉDITERRANÉE DON QUICHOTTE...16 SAISON 17 BALLET NICE MÉDITERRANÉE DON QUICHOTTE Chorégraphie Éric Vu-An d'après Marius Petipa JOURNAL DE L’OPÉRA NICE CÔTE D’AZUR

OPéRAS14

ARMANDO NOGUERA

Le baryton argentin Armando Noguera retrouve Papa-geno, un personnage qui le touche beaucoup et qu’ilchante toujours avec une même joie.

Christophe Gervot : Que représente ce rôle pour vous ?Armando Noguera : Je le considère comme l’alter egode Pamina. Leur duo montre le chemin qu’ils parcourentensemble, dans une même quête de simplicité. Papa-geno est touchant, à la fois terre à terre et d’une grandehumanité, et il se pose des questions, contrairement àtamino. Il demande notamment au grand prêtre pourquoifaut-il entreprendre toutes ces épreuves, ou mourir pourtrouver l’amour. Il me permet de transmettre des émo-tions, que je nourris de mes expériences et de mon vécu.

Vous étiez, en février dernier, Eugène Onéguine àl’Opéra de Rennes, dans la mise en scène d’AlainGarichot qui sera reprise cette saison à Nice. Quellestraces ce spectacle vous a-t-il laissées ?J’ai abordé ce personnage à l’Opéra d’Avignon, grâceà Raymond Duffaut, et j’ai commencé à le comprendreen lisant le récit de Pouchkine. Onéguine n’est ni cruelni pervers mais se montre d’une grande honnêteté etd’une certaine grandeur. On est parfois forcé à réagiren oubliant l’essentiel. La musique est pleine de chaleur.J’ai découvert avec Alain Garichot des choses aux-quelles je n’avais pas pensé. Son spectacle est très

poétique et la scène finale est un cadeau servi sur unplateau d’argent pour un artiste.

Vous avez joué Sharpless, de Madame Butterfly, etFigaro, du  Barbier de Séville, dans des mises enscène de Jean-François Sivadier Comment présen-teriez-vous cet artiste ?Il sait construire un esprit de troupe où chacun, surscène, peut compter sur les autres, dans une confiancetotale. Il m’amène vers une situation ou une émotion,en me faisant croire que ça vient de moi, tout en semontrant très à l’écoute. tout est cependant pensé etprogrammé. Il est impossible de ne pas se laisser entraî -ner en respirant cela. Dans ses spectacles, même dansles moments les plus dramatiques, on éprouve de lajoie. C’est extraordinaire de garder ce bonheur d’êtresur scène en toute situation.

D’une manière générale, qu’attendez-vous d’un met-teur en scène ?J’attends avant tout qu’il y ait un échange. en Argen-tine, Ana d’Anna, qui a cet esprit du théâtre, m’a beau-coup apporté. elle m’a appris la sincérité, à donner dusens mais aussi à marcher sur scène. Je lui dois énor-mément. J’apprends de tout le monde et lorsque l’onest dans la vérité, on est d’accord avec le metteur enscène. u

[INteRPRète De PAPAGeNO]

« Des émotions nourries de mes expériences et de mon vécu »

journal37SEPT2016_Mise en page 1 16/09/16 15:12 Page14

Page 15: BALLET NICE MÉDITERRANÉE DON QUICHOTTE...16 SAISON 17 BALLET NICE MÉDITERRANÉE DON QUICHOTTE Chorégraphie Éric Vu-An d'après Marius Petipa JOURNAL DE L’OPÉRA NICE CÔTE D’AZUR

OPéRetteS 15

AUTRES éVéNEMENTS

Opérette à grand spectacle en 2 actes et 19 tableauxLivret de Félix Gandera et Raymond VincyCouplets de Raymond Vincy et henry WernertMusique de Francis LopezCréation à Paris théâtre du Châtelet le 15 décembre 1951

Direction musicale Bruno MembreyMise en scène et chorégraphie Serge ManguetteDécors Théâtre d’Opérette de LyonCostumes Maison Grout BordeauxLumières Bernard BarberoOrchestre Philharmonique de NiceChœur de l’Opéra de NiceBallet Contre-Ut

Le Chanteur de Mexico marque l’apogée de la notoriétéde Francis Lopez et de ce style d’opérette à grandspectacle qui a fait la renommée du théâtre du Châteletet de son emblématique directeur, Maurice Lehmann.2 500 000 spectateurs ont applaudi pendant trois ansLe Chanteur de Mexico à sa création et se souviennentdes 20 tableaux tous plus somptueux les uns que lesautres.Francis Lopez, en mélodiste doué, a composé pour lacirconstance une de ses meilleures partitions, pleine derythme et de couleurs dont les airs ont été rapidementsur toutes les lèvres et demeurent gravés dans lamémoi re collective comme « Mexico », « Rossignol »,« Acapulco », etc.et comment ne pas évoquer le merveilleux LuisMariano, au sommet de sa gloire, qui conduisait avecsa voix de soleil le spectacle au triomphe au momentoù sortait sur les écrans son film le plus célèbre ViolettesImpériales avec sa ravissante partenaire  : CarmenSevilla. u

Comédie musicale en 2 actesLivret de Michael StewartMusique et lyrics de Jerry hermanCréation à New York (Broadway) le 16 Janvier 1964

Direction musicale Bruno MembreyMise en scène et chorégraphie Serge ManguetteDécors Théâtre d’Opérette de LyonCostumes Maison Grout BordeauxLumières Bernard BarberoOrchestre d’Harmonie de la Ville de NiceEnsemble Instrumental du Conservatoire de NiceChœur de l’Opéra de NiceBallet Contre-Ut

Inspirée d’une comédie de thornton Wilder, Hello Dolly !a été créée à New York le 16 janvier 1964. On y retrouvetous les archétypes de la comédie traditionnelle : unriche barbon qui s’oppose au mariage de jeunesdésar gentés, la marieuse qui parvient à épouser sonemplo yeur, de jeunes commis qui se font passer pourde riches notables, etc. Ce fut incontestablement l’un des plus grand succès deBroadway qui tint l’affiche pendant six ans et recueillitdix récompenses. La créatrice Carol Channing trouvadans cette comédie musicale le rôle de sa vie qu’ellechanta pendant trente ans dans diverses productions. Les plus grandes stars de la scène et de l’écran,comme Ginger Rogers et Mary Martin, interprétèrent lerôle fascinant de Dolly. en 1969, Gene Kelly tourna laversion cinématographique de ce chef-d’œuvre avecBarbra Streisand. La popularité de ce « musical » n’en fut que plus grandedans la plupart des pays et, en France, Annie Cordy etNicole Croisille, s’y illustrèrent. u

SEPTEMBRE SAM 24 20H • diM 25 15H NOVEMBRE diM 25 15H

LE CHANTEURDE MEXICO

centenaire francis lopez (1916-2016)

HELLO DOLLY !

jerry herman

CoRéALiSAtioN ASSoCiAtioN CoNtRE-Ut Présidente Melcha CoderdiRECtioN dE L’EVéNEMENtiEL dE LA ViLLE dE NiCE /oPéRA NiCE CôtE d’AzUR

15e FESTIVAL D’OPÉRETTE DE LA VILLE DE NICE

journal37SEPT2016_Mise en page 1 16/09/16 15:12 Page15

Page 16: BALLET NICE MÉDITERRANÉE DON QUICHOTTE...16 SAISON 17 BALLET NICE MÉDITERRANÉE DON QUICHOTTE Chorégraphie Éric Vu-An d'après Marius Petipa JOURNAL DE L’OPÉRA NICE CÔTE D’AZUR

CONCeRtS16

CONCERTS DU PHILHARMONIQUE DE NICE

30 SEPTEMBRE1er OCTOBRE

MENDELSSOHNMAHLER

violon Ray Chen

direction musicale Yannis Pouspourikas

CONCERTà L’OPéRA

© r

uiM

in W

Ang

Le radieux concerto pour violon en mineur opus 64 deMendelssohn est parmi les œuvres les plus célèbres durépertoire pour violon et orchestre.Il a été composé entre 1838 et 1844. C’est l’une desdernières grandes œuvres de son compositeur, celui-ciétant décédé en 1847 à l’âge de 38 ans. Lors de lacréation de l’œuvre, à Leipzig, en 1845 par le violonisteFerdinand David, sous la direction du compositeurdanois Niels Gade, Mendelssohn ne put être présent,étant déjà très affaibli. L’œuvre baigne dans un climat d’exubérance. Dès ledébut du premier mouvement, le violon fait jaillir un lumi -neux premier thème. Le second, rêveur, est on ne peutplus romantique. Le deuxième mouvement est dansl’esprit des célèbres Romances sans paroles de Men-delssohn. Quant au troisième, aérien et bondissant, iln’est pas sans rappeler Le Songe d’une nuit d’été dumême compositeur.D’un bout à l’autre ce concerto est tout en grâce ets’impose comme un chef-d’œuvre.

L’obsCuRité Puis L’esPoiR

La grandiose Symphonie n° 5 en do dièse mineur deMahler est particulièrement célèbre par son quatrièmemouvement « Adagietto », qui est souvent interprété in-dépendamment du reste de l’œuvre. Cette symphonieest contemporaine des Kindertotenlieder (Chants sur

les enfants morts) et présente le même caractère funè-bre, non étranger aux graves problèmes de santé quele compositeur a eu à affronter à cette époque.elle se compose de cinq mouvements : Trauermarsch(Marche funèbre), II  Stürmisch bewegt (Tourmenté,agité), III Scherzo, IV Adagietto et V Rondo.Il est évident que la marche funèbre du début estsymbo lique de la crainte de Mahler de mourir. Pourtant,cette partition dans son ensemble n’est pas une œuvrede désespoir. Au contraire. elle présente dans soncinquiè me mouvement un choral glorieux qui exprime,de manière évidente, une victoire sur la mort. C’est eneffet pendant la période de composition de cettesympho nie que Mahler a rencontré Alma Schindler ets’est marié avec elle.Le célèbre quatrième mouvement, Adagietto, dans le-quel l’orchestration se réduit aux cordes et à la harpe,n’est autre qu’un message d’amour à la femme aimée– et cela même si le réalisateur Lucchino Visconti l’autili sée comme thème principal dans son film Mort à Ve-nise.Cette monumentale symphonie, qui est l’une des plusimpressionnantes et des plus torturées de son auteur,et dont Mahler composa une grande partie en s’isolantdans un pavillon de bois dans la forêt au-dessus du lac du Worthersee en Autriche, suit un parcours qui va de l’obscurité à l’espoir. u

De l’eXUbéRANCe De MeNDelssOHNÀ L’IMPOSANTE GRAVITÉDE MAHLER

Par André Peyrègne

Felix Mendelssohn

Gustav Mahler

journal37SEPT2016_Mise en page 1 16/09/16 15:12 Page16

Page 17: BALLET NICE MÉDITERRANÉE DON QUICHOTTE...16 SAISON 17 BALLET NICE MÉDITERRANÉE DON QUICHOTTE Chorégraphie Éric Vu-An d'après Marius Petipa JOURNAL DE L’OPÉRA NICE CÔTE D’AZUR

CONCeRtS 17

FELIX MENDELSSOHNCONCeRtO POUR VIOLON et ORCheStRe eN MI MINeUR, OPUS 64 GUSTAV MAHLERSYMPhONIe N° 5 eN DO DIèSe MINeUR

à 27 ans, le violoniste Ray Chen a déjà enregistré troisalbums chez Sony : un récital intitulé « Virtuoso » d’œu-vres de Bach, tartini, Franck et Wieniawski, un disquedes concertos de Mendelssohn et tchaïkovski sous ladirection de Daniel harding, un autre de concertos deMozart sous la direction de Christoph eschenbach. Cevirtuose, qui a remporté en 2009 le concours interna -tional de la Reine elisabeth de Belgique, tient une placeà part dans le monde de la musique classique d’au-jourd’hui.Il multiplie en effet les opérations « hors norme ». Ainsi,en 2015, a-t-il joué devant huit cent mille téléspectateurslors de ce qu’on a appelé à travers le monde le « BastilleDay  », au Champ de Mars à Paris, avec l’Orchestre national de France sous la direction de Daniele Gatti. en2012, il a été le plus jeune soliste à jouer lors du concertdu Prix Nobel devant la famille royale suédoise. Sesdébuts au Carnegie hall avec le Royal StockholmPhilhar monic ont suscité une standing ovation.

bRAnChé suR Le net

Ayant envie de diffuser la musique classique sur desréseaux « non classiques », il se produit sur des réseauxinternet. Plus de deux millions de personnes l’ont suivisur Sound Cloud.Il rédige un blog sur sa vie de soliste pour la maison depresse italienne qui publie le Corriere della Serra et laGazetta dello sport. Il est soutenu par la maison de cou-ture Giorgio Armani dans sa démarche pour créer unlien entre le monde de la musique classique et ceux dela mode et de la culture pop.Ray Chen, violoniste australien né à taïwan, a com-mencé à apprendre le violon à l’âge de 4 ans. en untemps record, il parcourait les dix niveaux de la MéthodeSuzuki dans le Queensland en Australie. à 8 ans, il jouaiten soliste avec l’Orchestre Philharmonique de Queens-land. en 1998, il se produisait lors du concert d’ouver-ture des Jeux Olympiques d’hiver de Nagano au Japon.Il a ensuite étudié, dès l’âge de 15 ans, au célèbreInstitut Curtis à Philadelphie en Amérique avec AaronRosand, ce maître que l’on connaît à Nice où il a ensei-

gné pendant des années à l’Académie internationaled’été.Ray Chen joue sur un instrument historique, le violonStradivarius datant de 1715, qui lui a été prêté par laNippon Music Foundation, et qui a été au 19e siècleentre les mains du célèbre violoniste Joseph Joachim..Le créateur du concerto de Brahms qui, en outre,donna l’une des toutes premières interprétations duconcerto de Mendessohn, en présen ce du composi-teur.Chen est plus qu’un violoniste : un phénomène ! u

RAY CHENle pHéNOMèNe

Par André Pereygnejournal37SEPT2016_Mise en page 1 16/09/16 15:12 Page17

Page 18: BALLET NICE MÉDITERRANÉE DON QUICHOTTE...16 SAISON 17 BALLET NICE MÉDITERRANÉE DON QUICHOTTE Chorégraphie Éric Vu-An d'après Marius Petipa JOURNAL DE L’OPÉRA NICE CÔTE D’AZUR

CONCeRtS18

28-29 OCTOBREBEETHOVENSTRAVINSKY

piano Pierre-Laurent Aimard

direction musicale Daniel Kawka

Le Sacre du printemps, « tableaux de laRussie païenne en deux parties  » est,après Petrouchka et L’Oiseau de feu, le troisième grandballet dont la musique a été composée par Stravinskipour la compagnie des Ballets Russes de Serge de Dia-ghilev.On s’étonne encore aujourd’hui de la modernité duSacre, cheval de bataille orchestral désormais inscritdurablement au répertoire des phalanges les plusaguerries ; c’est à se demander, d’ailleurs, comment unpublic avide de nouveauté, à la veille de la PremièreGuerre mondiale, ait pu se scandaliser presque davan-tage de la chorégraphie de Vaslav Nijinski que de lamusi que de Stravinski elle-même. L’audace est alors demise, comme dans cet Après-midi d’un faune deNijinski sur une musique de Claude Debussy, créé unan avant le Sacre, jour pour jour.Les années précédentes, on joue le Pierrot Lunaire deSchoenberg à Vienne, Salomé et Elektra de Strauss à

Dresde. à vrai dire, c’est une véritable bombe à retar-dement que ce Sacre du 29 mai 1913, présenté sousles cris, les quolibets et les sifflets, à Paris, au théâtredes Champs-élysées, un édifice Art déco d’un classi-cisme sobre, signé Perret, Bourdelle et Van de Velde ettout juste inauguré.

un GRAnD Rite PAïen

Si on ne peut suivre réellement d’intrigue en écoutantle Sacre, une idée conductrice a servi d’inspiration aucompositeur : «  J’entrevis dans mon imagination lespectacle d’un grand rite sacral païen : les vieux sages,assis en cercle, et observant la danse à la mort d’unejeune fille, qu’ils sacrifient pour leur rendre propice ledieu du printemps. »Une série de cérémonies de l’ancienne Russie » estégrenée au cours des deux volets, « L’Adoration de laterre » et « Le Sacrifice », jusqu’à l’explosion finale dela Danse sacrale, du solo de basson initial dans le re-gistre aigu – comme pour créer une tension dramatiquepar la mise en condition de l’interprète –, en passantpar les rythmes irréguliers et obsédants de la Danse desadolescentes.La langue musicale dans laquelle s’exprime Stravinskirenvoie à une Russie archaïque, plus brutale et sauvageque celle qu’évoquaient les deux ballets précédents. Larudesse du langage harmonique et l’utilisation percus-sive des timbres orchestraux évoquent partiellementL’Histoire du soldat (1917) et Les Noces (1923) dumême Stravinski. Cette musique cérémoniale, rituelle, veut rompre avecle style romantique, avec les élans wagnériens et les longsdéveloppements de l’école symphonique allemande.Stravinski a tiré les conséquences de certaines intuitionsde ses maîtres russes tchaïkovski, Rimski-Korsakov, etbien sûr Moussorgski, les a prolongées en des pagesorchestrales d’une richesse tellurique inouïe. u

DANse sACRAle eT ADORATION De lA TeRReLE SACRE DU PRINTEMPS

D’IGOR sTRAvINskyPar Sofiane Boussahel

Igor Stravinsky

CONCERTà L’OPéRA

journal37SEPT2016_Mise en page 1 16/09/16 15:12 Page18

Page 19: BALLET NICE MÉDITERRANÉE DON QUICHOTTE...16 SAISON 17 BALLET NICE MÉDITERRANÉE DON QUICHOTTE Chorégraphie Éric Vu-An d'après Marius Petipa JOURNAL DE L’OPÉRA NICE CÔTE D’AZUR

CONCeRtS 19

PIERRE-LAURENT AIMARDUN ARTIsTe sANs pAIR

élève d’Yvonne Loriot au Conservatoire de Paris, il yobtient quatre Prix dont le Prix de musique de chambre.en 1973, il obtient le premier Prix du concours OlivierMessiaen et, en 1977, Pierre Boulez le choisit pour êtrele soliste de l’ensemble Intercontemporain, poste qu’ila occupé pendant dix-huit années.Depuis son jeune âge, il s’investit dans la musiquecontemporaine : à vingt ans, il débute aux états-Unisavec le Chicago Symphony Orchestra en interprétant lepiano solo dans la Turangalîla-Symphonie d’OlivierMessiaen.Il fut le soliste pour plusieurs créations telles que Réponsde Pierre Boulez et Klavierstück XIV de KarlheinzStockhausen. D’ailleurs, l’un de ses enregistrements lesplus notoires est celui des deux premiers livres d’étudespour piano de Ligeti.Le répertoire classique occupe également une placeimpor tante de ses choix artistiques : « Je ne suis pasun avant-gardiste ou un moderniste », commente-t-il.« Je suis un musicien qui vit à son époque, mais avectout son héritage. »Invité par Nikolaus harnoncourt, il a enregistré avec leChamber Orchestra of europe l’intégrale des concertosde Beethoven. Artiste en résidence de l’OrchestreSympho nique de Vienne pour la saison 2015-2016, il ainterprété de nouveau toute cette série sous la directionde Philippe Jordan. Il a enregistré L’Art de la fugue deBach (Diapason d’Or, Choc du Monde de la Musique),The Listz Project, les préludes de Debussy mais aussiles concertos de Ravel sous la direction de PierreBoulez, entre autres.

« inteRPRéteR et enseiGneR sont ComPLémentAiRes »

Il a donné des récitals dans toutes les capitales dumonde et a joué avec les plus grands orchestres : RoyalConcertgebouw, Wiener Philharmoniker, PhilharmoniaOrchestra, New York Philharmonic… sous la directionde chefs tels que Pierre Boulez, esa-Pekka Salonen,Vladimir Jurowski, Sir Simon Rattle…Il a été invité dans les plus prestigieux lieux comme leCarnegie hall et le Lincoln Center de New York, leKonzert haus de Vienne, la Philharmonie de Berlin ouenco re le Mozarteum de Salzbourg, la Cité de la Musi -que de Paris, le tanglewood Festival et le London’sSouthbank Centre.Depuis 2009, il est le directeur artistique du Festival

d’Aldeburgh, en Angleterre, fondé en 1948 par Benja -min Britten.Convaincu qu’ « interpréter et enseigner, sont complète -ment complémentaires », Pierre-Laurent Aimard, péda -gogue hors pair, enseigne la musique de chambre auConservatoire National Supérieur de Musique de Paris,le piano à la hochschule für Musik de Cologne. Il a étéprofesseur associé au Collège de France, professeurinvité à la Royal Academy of Music. en 2009, il lui a été attribué le prix eChO Klassik pourson enregistrement de pièces pour piano Hommageà Messiaen et, en 2005, le prix Grammy pour sonenregistrement Concord Sonata and Songs deCharles Ives. u

« Si vous voulez que je définisse ce que je fais, je ne pourrais pas dire que je suis un pianiste ;je suis un musicien et il s’avère que mon instrumentc’est le piano. Je n’aime pas me donner une seuleperspective en musique. J’aime faire de la musique de chambre, faire partied’un groupe, accompagner le chant, enseigner,parler de la musique. en d’autres mots, vivre lephéno mène de plusieurs façons. »

Pierre-Laurent Aimard

LUDWIG VAN BEETHOVENCONCeRtO POUR PIANO N° 5 eN MI BéMOL MAJeUR, EMPEREuR, OPUS 73IGOR STRAVINSKYLe sacre du printemps

Par la rédaction

journal37SEPT2016_Mise en page 1 16/09/16 15:12 Page19

Page 20: BALLET NICE MÉDITERRANÉE DON QUICHOTTE...16 SAISON 17 BALLET NICE MÉDITERRANÉE DON QUICHOTTE Chorégraphie Éric Vu-An d'après Marius Petipa JOURNAL DE L’OPÉRA NICE CÔTE D’AZUR

CONCeRtS20

11-12 NOVEMBREMAGNARD, FAURÉ

solistes Jean-François Lapointe

Valérie CondoluciChœur de l’Opéra

direction Giulio MagnaniniChœur Régional PACA

direction Michel Piquemaldirection musicale

Laurent Campellone

© HArALd HoFFMAnn-HänssLer

J’avais conçu ce programme de concert des 11 et 12novembre pour honorer la mémoire des victimes desattentats du 13 novembre 2015. Désormais, il faut yajouter celles, trop nombreuses, du 14 juillet 2016.Ce soir-là, au jardin Albert 1er, le concert de l’OrchestrePhilharmonique de Nice consacré à Ravel se terminaitavec le final de Ma Mère l’Oye. en commentairepréalable, Philippe Auguin évoquait le jardin merveilleuxde son enfance niçoise. Les enfants, ils étaientnombreux ce soir-là, se dirigeaient avec leurs parentsvers la Promenade des Anglais pour assister au feud’artifice. à la fin de celui-ci, un camion fonçait sur lafoule, laissant derrière lui des morts et des blessés. enquelques instants, le beau jardin imaginé par Ravel étaitravagé et toutes les beautés offertes par les musiciensirrémédiablement détruites. tout ce que nous garderonsen mémoire de ce soir-là, c’est ce camion et non cemoment de communion autour de la musique.Il ne se passera plus jamais un 14 juillet sans que nousne pensions à ces images d’horreur.

ALLeR Au DevAnt Des AutRes

Aujourd’hui, que pouvons nous répondre ? Car il nousfaut agir, c’est une nécessité, un devoir. Nous nepouvons pas être des victimes perpétuelles. De quelles

armes disposons-nous, artistes, face à la barbarie ?D’une seule  : notre métier, notre Art. Il y a quelquenaïveté à affirmer cela mais c’est pourtant une réalité.Donner est ce que nous savons le mieux faire : jouerd’un instrument pour enchanter, chanter pour émouvoir,danser pour émerveiller. Proposer au public notrerecherche permanente de la perfection, nous le faisonsdéjà chaque jour mais cela ne suffit plus.Demain, il nous faut nous adresser encore davantage àcet autre public qui ne viendra certainement jamais àl’Opéra. Nous proposons des Concerts hors les murset c’est bien. Nous devons précisément sortir de nosmurs, de nos abris. Il nous faut nous montrer plusencore hors de l’Opéra et des lieux auxquels noussommes habitués pour aller au-devant de ceux à quinous devons offrir notre Art car celui-ci est une armecontre la barbarie.Jouer La Flûte enchantée à l’Opéra devant une sallecomble, c’est bien, mais donner La Petite Musique denuit  à l’Ariane c’est encore mieux. Danser sur laPromenade des Anglais ou au théâtre de Verdure, c’estsymboliquement important, le faire aux Moulins c’estencore plus essentiel. Les concerts que nousproposerons au mois d’octobre au théâtre Lino Venturavont donc prendre une importance toute particulière.« Les rayons du soleil chassent la nuit » déclare Sarastroà la fin de La Flûte enchantée. La nuit s’efface alors pourfaire place à la Lumière. Offrons la Vie et la beauté. ences temps graves où l’obscurité est à nos portes, iln’est pas de plus belle réponse.Les 11 et 12 novembre prochains, deux oeuvres serontdonc présentées : la première est un véritable manifestecontre l'antisémitisme, tandis que la seconde illustre lesilence nécessaire au légitime recueillement.

tombé PouR LA FRAnCe 

Ce 3 septembre 1914, le compositeur Alberic Magnarda quarante-neuf ans. C’est la guerre et, par sécurité, il afait évacuer son épouse et ses filles de leur maison deBaron-sur-Oise. Il reste seul face à l’arrivée des troupesallemandes. Il semble qu’il ait abattu un soldat ennemid’un coup de feu. Magnard est tué et sa maison

pOUR LA MÉMOIRE,AU NOM De L’ESPOIR

Par Éric Chevalier

directeur de l'Opéra Nice Côte d'Azur

Laurent Campellone

CONCERTà L’OPéRA

journal37SEPT2016_Mise en page 1 16/09/16 15:12 Page20

Page 21: BALLET NICE MÉDITERRANÉE DON QUICHOTTE...16 SAISON 17 BALLET NICE MÉDITERRANÉE DON QUICHOTTE Chorégraphie Éric Vu-An d'après Marius Petipa JOURNAL DE L’OPÉRA NICE CÔTE D’AZUR

CONCeRtS 21

incendiée. Une grande partie de ses œuvres est détruite.La carrière de Magnard est marquée par un certainnombre d’engagements : son Hymne à la justice estécrit en soutien au capitaine Dreyfus. C’est clairement« l’Affaire » et la vague violente d’antisémitisme qui sontà l’origine de la composition de cette pièce pourorchestre. Le jour même de la publication de j’accuse(L’Aurore, 13 janvier 1898), Magnard écrit à Zola :« Bravo, Monsieur, vous êtes un crâne. en vous l’hommevaut l’artiste. Votre courage est une consolation pourles esprits indépendants qui préfèrent la justice à leurtranquillité […] Marchez ! Vous n’êtes pas seul. On sefera tuer au besoin » . Il signe ensuite de nombreusespétitions pour la révision du procès.La création de l’œuvre en 1902 fut bien accueillie dupublic, mais aussi de la presse, qui écrivait lelendemain : « L’Hymne à la justice est puissant et d’uneoriginalité incontestable. »

une beRCeuse De LA moRt

Le Requiem de Gabriel Fauré fut achevé, dans sapremière version, au début de 1888, et immédiatementcréé en l’église de la Madeleine à Paris le 16 janvier.Fauré dit de son œuvre  : «  Mon  Requiem a étécomposé pour rien…. pour le plaisir, si j’ose dire…Peut-être ai-je ainsi, d’instinct cherché à sortir duconvenu, voilà si longtemps que j’accompagne àl’orgue des services d’enterrement ! J’en ai par-dessusla tête. J’ai voulu faire autre chose ».L’œuvre est singulière et sa construction étonne aupremier abord, car elle est très éloignée du modèlegénéralement adopté jusqu’ici. elle ne comporte ni

Graduel, ni Prose, ni Benedictus et, dans la versionoriginale, pas d’Offertoire. elle inclut, en revanche, letraditionnel Pie Jesu pour l’élévation, ainsi quel’antienne In Paradisum chantée après l’absoute. Quantau Libera me, il s’agit d’une composition antérieure quele compositeur n’ajouta au Requiem qu’en 1892.Ce schéma original, de même que la liberté aveclaquelle Fauré dispose du texte liturgique, mettent enlumière la conception très personnelle et peuacadémique que le compositeur a de la Messe desmorts. Bien que l’adjonction d’un baryton solo et decuivres en 1892, en ait sensiblement modifié la couleur,le climat angélique instauré par Fauré dans cette œuvrel’éloigne tout à fait des visions dramatiques évoquéespar nombre de ses prédécesseurs.Il s’agit donc bien là d’un des Requiem les plusoriginaux de tout le 19e siècle, en complète rupture avecla tradition romantique. u

ALBÉRIC MAGNARDHyMNE à LA juSTICE, OPUS 14 GABRIEL FAURÉReQUIeM, OPUS 48

Gabriel Fauré

Albéric Magnard

journal37SEPT2016_Mise en page 1 16/09/16 15:12 Page21

Page 22: BALLET NICE MÉDITERRANÉE DON QUICHOTTE...16 SAISON 17 BALLET NICE MÉDITERRANÉE DON QUICHOTTE Chorégraphie Éric Vu-An d'après Marius Petipa JOURNAL DE L’OPÉRA NICE CÔTE D’AZUR

CONCERTà L’OPéRA

CONCeRtS22

9-10 DÉCEMBREDEBUSSY, BERLIOZ

alto Magali Prévot

direction musicale Gwennolé Rufet

Inspirée par le poète romantique anglais Byron, la sym-phonie en quatre parties, ou quatre scènes orches-trales, Harold en Italie d’hector Berlioz devait à l’originerendre hommage à un instrument quelque peu oubliédu répertoire des morceaux de bravoure : l’alto.encouragé par le grand virtuose du violon NiccolòPaga nini, Berlioz entreprend la composition d’uneœuvre concertante « avec alto principal ». Celle-ci nepeut se comprendre pleinement sans connaissance desintentions littéraires du compositeur ; c’est le cas enoutre, avant Harold, de la Symphonie fantastique crééedans l’atmosphère mouvementée de la révolution dejuillet 1830. Un tel tournant historique avait installéLouis-Philip pe d’Orléans sur le trône.Une symphonie « à programme », donc, un genre quichez Berlioz connaît un événement déclencheur lors del’audition en janvier 1834, de la Neuvième Symphonieavec chœurs de Beethoven. tout d’abord influencé parWalter Scott et l’écosse des siècles passés, Berliozprésen te à Paganini des esquisses qui déçoivent lesolis te : il ne s’agit en rien d’un concerto pour alto, maisd’une « fantaisie » où cet instrument n’est pas vraimentutilisé dans toutes ses capacités virtuoses.Berlioz choisit alors de suivre son idée, quitte à changerde sujet. De la première scène dans les montagnes, àl’Orgie de brigands qui clôt la symphonie, en passantpar la Marche des pèlerins et la Sérénade d’un monta-gnard des Abruzzes à sa maîtresse, nous voici trans-portés dans les paysages italiens. L’alto solo incar netout à la fois l’écrivain, Lord Byron (créateur du person -nage d’harold), la figure littéraire d’harold et, bien sûr,le moi intime du compositeur, Berlioz.L’accompagnement de harpe doit nécessairement évo-quer le légendaire barde Ossian. Dès les premièresnotes, les sonorités mystérieuses de l’orchestre plon-gent l’auditeur dans un abîme psychologique auquelsuccède la Prière du soir des pèlerins, selon Berlioz« improvisée ». Le pittoresque Scherzo aboutit à un finaletour à tour violent et festif, véritable quart d’heured’expres sion passionnée et de déchaînement orches-tral.

Pour Richard Strauss qui, à l’instar du maître allemanddu poème symphonique et de la symphonie à pro-gramme Franz Liszt, doit tant à Berlioz, le compositeurfrançais est celui qui, véritablement, amena le premierl’action dramatique dans une salle de concerts, faisantde celle-ci un théâtre et de l’orchestre un puissantvecteur de l’expression des passions humaines. u

HeCTOR beRlIOzHAROLD EN ITALIE

Par Sofiane Boussahel

entre concerto pour alto et symphonie à programme

hector Berlioz

hector Berlioz

journal37SEPT2016_Mise en page 1 16/09/16 15:12 Page22

Page 23: BALLET NICE MÉDITERRANÉE DON QUICHOTTE...16 SAISON 17 BALLET NICE MÉDITERRANÉE DON QUICHOTTE Chorégraphie Éric Vu-An d'après Marius Petipa JOURNAL DE L’OPÉRA NICE CÔTE D’AZUR

CONCeRtS 23

GWENNOLÉ RUFET

« faire travailler l’imaginaire de chaque auditeur »

Sofiane Boussahel : Quel est votre rapport à la musiquefrançaise ?Gwennolé Rufet  : Lors de mes études, au sein del’Orches tre Français des Jeunes, j’ai pris consciencequ’à travers jeux de Debussy, Tout un monde lointainde Dutilleux, Bacchus et Ariane de Roussel et le Bolérode Ravel, toute une lignée française nous invite à plongerau cœur du timbre grâce à un instrument fantastique :l’orchestre. Mon répertoire s’est ensuite élargi à Rameau,mais aussi à Boulez, Grisey ou Murail, qui perpétuent,chacun à leur manière, une part de cet héritage qui mepassionne depuis toujours.

Berlioz et Debussy paraissent pourtant si différentsl’un de l’autre…Berlioz comme Debussy sont de grands innovateurs enmatière de couleur orchestrale. Ils ont poussé leursrecher ches extrêmement loin, chacun à leur époque,des alliages et des combinaisons que pouvaient offrirles instruments de l’orchestre. De nombreux écrits noussont parvenus qui attestent de cette quête perpétuelle.C’est certainement l’aspect le plus visible de leur pa-renté. On pourrait aussi évoquer un élan irrésistible versl’affranchissement des schémas préétablis, une vérita-ble passion pour la littérature, un rapport particulier à lanature ou même le besoin de décrire, voire de « cro-quer » leur entourage dans des critiques musicales.

Berlioz et Debussy n’ont-ils pas également en communle goût des titres évocateurs ?tout l’intérêt des œuvres du programme réside juste-ment dans ce paradoxe  : leurs titres annoncent unemusi que descriptive avec une progression balisée, àchaque mouvement. Il n’en est rien ! Berlioz commeDebus sy ne cherchent pas à livrer une photographiemusicale mais, bien au contraire, à faire travailler l’ima-ginaire de chaque auditeur en évoquant, loin des tentationsde l’anecdote, une Italie ou une espagne fictives et, endéfinitive, bien plus authentiques. Lorsque je dirige cesœuvres, ce qui me vient à l’esprit ce sont les changementsde lumière, les parfums, la chaleur, un écho musical

lointain, une vaste étendue, bref, tout ce qui met nossens en éveil de manière fine et créatrice !

Quels répertoires allez-vous prochainement explorerou approfondir ?Je viens tout juste de clore deux saisons de tournéeavec l’opéra Les Caprices de Marianne de Sauguet etvais m’immerger avec un immense plaisir dans le balletMa Mère l’Oye de Ravel, que je donnerai avec l’OrchestreNational de France. La musique française reste donc,plus que jamais, au cœur de mon activité. D’autres projetsautour de Korngold et de Richard Strauss viendrontensuite : deux compositeurs fantastiques qui, eux aussi,ont su transfigurer les couleurs orchestrales. u

CLAUDE DEBUSSYpréLude à L’après-midi d’un fauneiberia, images POUR ORCheStRe, 2e PARtIeHECTOR BERLIOZharoLd en itaLie

journal37SEPT2016_Mise en page 1 16/09/16 15:12 Page23

Page 24: BALLET NICE MÉDITERRANÉE DON QUICHOTTE...16 SAISON 17 BALLET NICE MÉDITERRANÉE DON QUICHOTTE Chorégraphie Éric Vu-An d'après Marius Petipa JOURNAL DE L’OPÉRA NICE CÔTE D’AZUR

CONCeRtS24

Des voix qui s’élèvent pour chanter la fraternité, au-delàdes dogmes religieux, et pour enluminer le solsticed’hiver de scintillements musicaux choisis : dès la mi-décembre, l’Opéra de Nice déposera, au pied du sapindes mélomanes et du grand public, des airs de fête, audiapason de l’esprit de partage et de communionpropre à la période de Noël.Des airs de fête interprétés dans le cadre du program -me d’un concert original, où l’on va découvrir ouréenten dre des œuvres rares, hors des sentiers battusde ce type de répertoire, tout en étant empreintes d’unevraie magie populaire, dans le plus noble sens du terme.C’est tout naturellement le Chœur de la maison lyriqueniçoise qui s’est vu désigner pour porter haut les cou-leurs vocales de ce concert de musique sacrée. Aprèsune tournée en Chine en juin dernier et une nouvelleparticipation aux Chorégies d’Orange pour MadameButterfly en juillet (voir encadré), la formation a commen -cé à répéter en vue du récital depuis septembre, touten travaillant sur d’autres spectacles à l’affiche de lasaison. Mobilisation tous azimuts pour les 37 choristes,mais cela ne les empêche pas de livrer à chaque foisdes prestations ciselées. De la sélection des titres chan-tés à leur mise en bouche au cours des semaines àvenir, tout a ainsi été réuni pour que le concert prévu endécembre obéisse à une règle d’or : l’émotion haut degamme.

LAUDA PER LA NATIVITÀ DEL SIGNORE

«  Avec éric Chevalier, le directeur de l’Opéra, noussommes allés puiser des pépites dans la boîte à bijoudes compositeurs italiens nés à la fin du 19e siècle, etnous avons jeté notre dévolu sur une pièce d’OttorinoRespighi, Lauda per la Natività del Signore » expliqueGiulio Magnanini, Chef attitré du Chœur depuis 20 ans.« Respighi, comme Casella ou Pick-Mangiagalli, faitpartie d’une génération de musiciens qui mêlent le sensde la mélodie italienne et la technique de l’orchestrationallemande. Respighi, d’autre part, cherchait aussi àreva loriser la musique baroque italienne, il avait com-

posé ce Lauda per la Nativita pour l’Académie musicaleChigiana de Sienne. C’est un ouvrage rare, qui porte enlui le sentiment d’un merveilleux naïf, comme celui qu’onressent devant une crèche de santons ».Côté orchestre, l’ensemble instrumental (issu des rangsdu Philharmonique de Nice) qui accompagnera leChœur se compose de 2 flûtes, 2 bassons, 2 hautbois,1 piano 4 mains et 1 triangle. trois solistes, choisisparmi les choristes de l’Opéra, se verront distribuerdans les rôles de Marie (mezzo), de l’Ange (soprano) etdu Pâtre (ténor). Voilà pour l’œuvre maîtresse duconcert.

O MAGNUM MYSTERIUM

Quant à l’entrée en matière des réjouissances, elle sefera a cappella.en prélude à Respighi, le Chœur va, en effet, interpréterun texte, O Magnum Mysterium, pour lequel de nom-breux compositeurs ont écrit des partitions à voix nues.Soit un corpus de sept pièces vocales signées par desmusiciens contemporains vivants, à l’exception du pluscélèbre d’entre eux, Francis Poulenc. Les autres sontMorten Lauridsen, Javier Busto, Vytautas Miskinis, ChrisArtley, Kevin Memley et Ola Gjeilo. « à travers ces diffé-rents compositeurs de nationalité diverse, on va inviterle public à faire un tour du monde des chants de Noël »se réjouit Giulio Magnanini. «  La musique chorale acappel la demande une approche particulière et un

éGLISE DES DOMINICAINS

16-17 DÉCEMBREPOULENCRESPIGHI

Chœur de l’Opéradirection

Giulio Magnanini

CONCERTHORs les MURs NOËL eN FAMIlle

Par Franck Davit

sous la direction de son chef, giulio magnanini, le chœur de l’opéra de nicecélèbrera la nativité lors d’un concert en l’eglise saint-françois de paule.

Ottorino Respighi

journal37SEPT2016_Mise en page 1 16/09/16 15:12 Page24

Page 25: BALLET NICE MÉDITERRANÉE DON QUICHOTTE...16 SAISON 17 BALLET NICE MÉDITERRANÉE DON QUICHOTTE Chorégraphie Éric Vu-An d'après Marius Petipa JOURNAL DE L’OPÉRA NICE CÔTE D’AZUR

25

Au programme, trois dates dans deux villes différentes.Première escale à Xiamen, une ville jumelée avec nice, pour deux concerts donnés avec l’orchestre symphonique de la cité chinoise.Œuvres interprétées : les Quatre Chants de brahms pour chœur de femmes, Le Chant des esprits sur les eaux de schubert pourchœur d’hommes et le requiem de Fauré. « en bis », se souvient giulio Magnanini, « nous avons donné un air de turandot, le chantdu jasmin, que nous avions pris soin de répéter à la diacosmie pour pouvoir le chanter en chinois ».Après Xiamen, cap sur Zhuhai, une ville toute récente qui compte déjà plus d’un million d’habitants. Là, le Chœur a chanté la Petitemesse solennelle de rossini, accompagné par les deux pianistes de la formation niçoise. « Musique sacrée ou sacrée musique », ai-mait à dire rossini de cette œuvre. « Au cours de la tournée, on a ainsi pu valoriser toute l’équipe, des choristes à nos pianistes »,souligne giulio Magnanini. Le concert de Zhuhai s’est terminé lui aussi aux accents du chant du jasmin extrait de Turandot, interprétéavec un chœur d’enfants chinois. La tournée, elle, a été financée uniquement à partir moyens privés, sur fond de mécénat, et apermis au Chœur de l’opéra de remporter sur place un vif succès. « Cette tournée a vraiment été une belle expérience, tant sur unplan humain qu’artistique. nous avons chanté dans des auditoriums aux qualités acoustiques remarquables et le public chinois nousa fait un formidable accueil », conclut giulio Magnanini.

QuAnD Le ChœuR PAPiLLonne… « orange, c’est notre maison d’été, nous sommes régulièrement invités par les Cho-régies pour participer à leurs spectacles » : propos d’un chef de Chœur heureux, qui voit « sa » formation jouer et gagner sur tousles tableaux. Car, après leur tournée chinoise, les choristes de l’opéra étaient une nouvelle fois sur la scène du théâtre antiqued’orange, en juillet dernier, dans une nouvelle production de Madame Butterfly de Puccini.de l’empire du Milieu à l’empire du soleil levant, tout sourit au Chœur de l’opéra de nice ! u

inves tissement intense. L’acoustique d’une églisecomme Saint-François de Paule est idéale pour luidonner son plein retentissement. et puis nous avonsune belle énergie de groupe pour faire vibrer les beautésde ces harmonies. »Le concert du Chœur de l’Opéra devrait ainsi tenirtoutes ses promesses les 16 et 17 décembre. u

FRANCIS POULENCo magnum mysteriumOTTORINO RESPIGHILauda per La nativita deL signore

INvITé à se pRODUIRe EN CHINEDu 1er au 12 juin dernier, le Chœur de l’Opéra battait la mesure d’une tournée en Chine

Francis Poulenc

journal37SEPT2016_Mise en page 1 16/09/16 15:12 Page25

Page 26: BALLET NICE MÉDITERRANÉE DON QUICHOTTE...16 SAISON 17 BALLET NICE MÉDITERRANÉE DON QUICHOTTE Chorégraphie Éric Vu-An d'après Marius Petipa JOURNAL DE L’OPÉRA NICE CÔTE D’AZUR

CONCeRtS26

CONCERTS EN FAMILLE DU DIMANCHe MATIN11H à L’OPéRA / tARIF UNIQUe 8€ GRAtUIt POUR LeS eNFANtS De 4 à 12 ANS

23 OCTOBRE« La harpe romantique »FRAnçois-AnDRien boieLDieuConcerto pour harpe et orchestre en do majeurCARL ReineCkeConcerto pour harpe et orchestre, opus 182eLiAs PARish ALvARsConcerto pour deux harpes et orchestre en ré mineur, opus 91harpe Helvia Briggen, Coline JagetDirection musicale Frédéric DelocheLa harpe, cet instrument triangulaire à l’aspect et à lasono rité si poétiques est à l’honneur pour le concertd’ouverture des matinées en famille. Au 19e siècle, troiscompositeurs - trois pays – trois dates différentes : lefrançais Boieldieu de 1801, l’anglais Parish Alvars de1846, l’allemand Reinecke de 1884 pour notre harpistesolo helvia Briggen et le jeune talent de Coline Jaget.

30 OCTOBRE« Le tuba en famille »mARC stekARTony Tuba, conte musicaltubas Mathieu Honoré, Florian WielgosikMedhi Virorello, Raphaël PatrixPercussions Patrice GauchonAvec le Chœur d’enfants de l’Opéra de NiceDirection Philippe Négreltony est un enfant espiègle et heureux. Un jour, uncirque vient s’installer sur la place du village où leclown joue... du tuba. tony se lance dans une décou-verte éperdue et passionnée de la musique grâce àcet instrument mécon nu et attachant.Composé pour voix d’enfants, ensemble de tubas etpercus sions, ce spectacle propose de sensibiliser pe-tits et grands au monde musical avec un conte inéditet à partir de pièces originales balayant toutes les es-thétiques de la musique occidentale, du baroquejusqu’à nos jours.

Voici une nouvelle saison qui s'ouvre pour les concertsen famille du dimanche matin, imaginée dans la mêmeperspective que les années précédentes au vu de leurimmense succès. Des concerts qui vous feront connaître les instrumentsd'un orchestre symphonique : la harpe, les tubas, lespercussions, les cuivres, la grande famille des ventstous confondus. Des concerts où les merveilleux solistes de notre OrchestrePhilharmonique interpréteront pour vous les concertosles plus extraordinaires du répertoire de toute époque oudes œuvres de musique de chambre, de genre musicalqui a été et continue à être pratiqué en famille.Des concerts à thèmes autour de Mozart et de sa Flûteenchantée, de ce genre musical qui s'appelle la séré-nade, de Carmen de Bizet revisitée dans le style jazz,de l'œuvre vocale et poétique qu'est Le Miroir de jésusd'André Caplet.

treize concerts tous azimut, treize concerts pour toute la famille, treize concerts qui vous inciteront à venir découvrir lesgrands concerts philharmoniques que nous tenons à vousprésenter une fois par mois tout au long de la saison. u

journal37SEPT2016_Mise en page 1 16/09/16 15:12 Page26

Page 27: BALLET NICE MÉDITERRANÉE DON QUICHOTTE...16 SAISON 17 BALLET NICE MÉDITERRANÉE DON QUICHOTTE Chorégraphie Éric Vu-An d'après Marius Petipa JOURNAL DE L’OPÉRA NICE CÔTE D’AZUR

CONCeRtS 27

27 NOVEMBRE« La magie de La Flûte enchantée »woLFGAnG AmADeus mozARtLa Flûte enchantée, OuvertureLa Flûte enchantée, Marche des PrêtresSymphonie n°39 en mi bémol majeur, K.543La Flûte enchantée, Air de Papageno, DuoDirection musicale Frédéric DelocheUne matinée consacrée à Mozart, en forme de pro-logue à la Flûte enchantée, un avant-goût juste avantla série des représentations de cette dernière. La sym-phonie n°39, composée en 1788, en même tempsque les deux dernières (n°40 et n°41) vient compléterce mini-portrait du compositeur.

11 DÉCEMBRE« Sérénades pour Noël »woLFGAnG AmADeus mozARtune petite musique de nuit, K.525PiotR iLitCh tChAïkovski Sérénade pour cordes en do majeur, opus 48Dès le Moyen Age et la Renaissance, la sérénade,composition ou représentation musicale, était jouéeen soirée, comme son nom l’indique, en l’honneur dequelqu’un ou pour séduire une personne. Cela sepassait souvent sous les fenêtres de l’heureuse élueet était interprété par un seul chanteur accompagnépar son instrument. Dans le répertoire baroque, il s’agit de chants parfoisinter prétés par plusieurs parfois chanteurs et accom-pagnés d’instruments multiples et souvent assez in-solites, comme la trompette, le cor ou les tambours,qui avaient également lieu à l’extérieur, à l’occasion decélébrations.à partir du 18e siècle, la sérénade obtient une instru-mentation plus large et variée, plusieurs mouvementsdifférents et se rapproche ainsi plus du divertimento. Mozart composait des sérénades pour diverses célé-brations et cérémonies. L’une des plus célèbres, unepetite musique de nuit, fut composée en 1787 et esttotalement atypique pour n’utiliser que des instru-ments à cordes.Dans le 19e, la sérénade devient un genre musical àpart entière et perd son caractère célébratif et l’obli-gation de l’exécution en plein air. Schubert, Brahms,Dvořák, tchaïkovski ont composé des sérénades to-talement différentes. Nous avons choisi celle de tchaïkovski, composéepour cordes seules, comme celle de Mozart, maispresqu’un siècle plus tard, en 1880.Nos artistes musiciens membres de notre Orchestrede chambre s’en donnent à cœur joie en interprétantpour vous ces deux chefs-d’œuvres.

PALAIS LASCARIS 12H15

26 SEPTEMBRE bAChVioloncelle Victor Popescu

3 OCTOBRE vivALDi, sCARLAtti, hubeAuC.P.e. bACh, boumAn, mozARt, bARbeLLAViolon Reine Brigitte Sulem, Mandolines Carlo AonzoClavecin Hendrik Bouman

24 OCTOBRE mozARt, DohnÁnYiViolon Judith Le MonnierAlto Hélène Coloigner / Violoncelle Thierry Trinari

MUSÉE NATIONAL MARC CHAGALL 20H

10 OCTOBRE PALestRinA, PAPA

kuhnAu, Rossi, bACh, mozARtViolons Vera Novakova, Isabella PiccioniClavecin Dimitri Goldobine

28 NOVEMBRE DebussY, stRAvinskYbLoCh, wYneR Violon Reine Brigitte Sulem / Piano Bruno RobilliardVioloncelle Anne Bonifas / Clarinette François Dutreuiltrombone basse Raphaël Reiter

5 DÉCEMBRE beethoven, mozARt, bRAhmsViolon Isabelle PiccioniCor Bruno Caulier / Piano Roberto Galfione

BIBLIOTHÈQUE LOUIS NUCÉRA 12H30

17 OCTOBRE beethoven, hALvoRsen, sChumAnnViolon Danuta Glowacka-Pitet / Piano Sylvie Gisquet

14 NOVEMBRE tChAïkovski, PRokoFievViolons Judith Le Monnier, Pauline CarpentierAlto Raphaël Chazal / Violoncelle Thierry Trinari

12 DÉCEMBRE beethoven, kLein, CRAsViolon Volkmar Holz / Alto Liviu IonescuVioloncelle Victor Popescu

FOYER DE L’OPÉRA 12H15

21 NOVEMBRE viLLA-Lobos, sChubeRt, zemLinskYSoprano Valérie Marret / Violons Judith Le Monnier, Pauline Carpentier / Alto Raphaël Chazal / Violoncelle Thierry Trinari

19 DÉCEMBRE hAenDeL, zeLenkA, vivALDi, mARAishautbois François Meyer / Martin LefèvreBasson Laurent Van Eenod / Contrebasse Fabrizio BruzzoneClavecin Cristina Orvieto

MUSIQUE DE CHAMBREles lUNDIs

journal37SEPT2016_Mise en page 1 16/09/16 15:12 Page27

Page 28: BALLET NICE MÉDITERRANÉE DON QUICHOTTE...16 SAISON 17 BALLET NICE MÉDITERRANÉE DON QUICHOTTE Chorégraphie Éric Vu-An d'après Marius Petipa JOURNAL DE L’OPÉRA NICE CÔTE D’AZUR

BALLetS28

BALLET NICE MÉDITERRANÉE DIReCtION ARtIStIQUe, éRIC VU-AN

RévOlUTION D’OCTOBRE

OCEANA

RAYMONDALe GRAnD PAs CLAssiQue

Chorégraphie éric Vu-And’après Marius PetipaMusique Alexandre GlazounovLumières Patrick Méeüs

GNAWA

Chorégraphie Nacho DuatoMusiques Hassan HakmounAdam RudolphJuan Alberto ArtecheJavier PaxariñoAbou Khalil VelezKusurSarkissanLumières Nicolás FischtelCostumes Luis Devota Modesto LombaOrganisation et production Carlos Iturrioz-Mediart Producciones SL (Spain)

L’ARLÉSIENNE

Chorégraphie Roland PetitSupervision chorégraphique Luigi BoninoMusique Georges BizetLivret Roland Petit d'après Alphonse DaudetCostumes Christine LaurentDécors René AllioLumières et supervision techniqueJean-Michel Désiré

Gnawa

journal37SEPT2016_Mise en page 1 16/09/16 15:12 Page28

Page 29: BALLET NICE MÉDITERRANÉE DON QUICHOTTE...16 SAISON 17 BALLET NICE MÉDITERRANÉE DON QUICHOTTE Chorégraphie Éric Vu-An d'après Marius Petipa JOURNAL DE L’OPÉRA NICE CÔTE D’AZUR

BALLetS 29

en septembre, il était au théâtre de Verdure pour lelance ment de sa saison. On le retrouve en octobre surla scène de sa maison, à l’Opéra : le Ballet Nice Médi-terranée est dans la lumière et sa riche actualité luidonne une fois de plus l’occasion de s’illustrer sousdiffé rentes facettes.« Mais », tient à préciser éric Vu-An, le directeur de lacompagnie niçoise, « Notre ligne éditoriale en quelquesorte, c’est l’excellence du ballet classique. C’est ce quisous-tend tout notre travail et c’est ce que je m’efforcede faire passer auprès de « mes » danseuses et dan-seurs. Une fois posé ce préalable, on est toujours heu-reux, au sein du Ballet Nice Méditerranée, de faire despas de côté pour explorer d’autres registres chorégra-phiques, d’autres modes d’expression artistique quienri chissent notre répertoire et, je l’espère, notre qualitéd’interprétation ».Illustration de ces propos, les soirées d’octobre aucours desquelles la formation de l’Opéra va donner lapleine mesure de ses talents, sur un fil classique teintéde néoclassique et même de contemporain. troisœuvres sont au programme de ces représentations :Raymonda, d’après Marius Petipa, ballet remonté parles soins d’éric Vu-An, Gnawa, de Natcho Duato, et unetoute nouvelle création qui entre au catalogue de lacompagnie, L’Arlésienne de Roland Petit. trois pépitesoù le bonheur de danser prend des incarnations diffé-rentes mais pas moins inspirées à chaque fois. Où cebonheur semble faire écho aux mots de Cocteau pourqui la danse, au-delà d’un langage du corps, était : « Unvéhicule apte à convaincre les âmes ».

De Petit à PetiPA

Sur la célèbre musique de Bizet, un grand classique del’œuvre de Roland Petit dansé pour la toute premièrefois par le Ballet Nice Méditerranée : la chose a de quoisusciter une vive attente et donner belle allure à ceprogram me dansé.« L’Arlésienne, c’est un peu notre région, un ancrageprovençal, et puis le moment était sans doute venu dedonner sa place à cette chorégraphie dans un specta-cle de la compagnie », revendique éric Vu-An. « Il fautfaire preuve d’une maîtrise technique qui « déménage »,si j’ose dire, pour être à la hauteur de ce ballet, et jecrois sincèrement qu’on a atteint ce niveau d’exécu-tion ».Il y a notamment une montée en puissance dans le solodu danseur principal, à la fin de l’Arlésienne, où estrequis tout à la fois l’amplitude, l’abattage, le lâcherprise et le tout, quand la danse est portée à ce pointd’incandescence, est à couper le souffle !Sous leur apparente simplicité, les farandoles quirythment la chorégraphie de Petit demandent aussi desenchaînements de gestes et de pas où la technique doitse faire oublier pour que les figures ne soient plus quecharme et fluidité. Solo, pas de deux ou mouvementsd’ensemble, ce matériau dansé ne prend ainsi tout sonrelief et sa brillance qu’à l’aune d’un cisèlement dechacun de ses rouages.en plaçant la barre à cette hauteur, le Ballet Nice Médi-terranée montre une fois de plus de quelle étoffe il estfait.

RévOlUTION D’OCTOBREpar son brio, le Ballet nice méditerranée gravite autour d’un art de danser qui fait les délices du public et la joie des amateurs. nouvel exemple en est donné cet automne.

à L’oPéRA

OCTOBRE

VEN 14 20H

SAM 15 20H

diM 16 15H

jEU 20 20H

VEN 21 20H

SAM 22 20H

MAR 18 10H masterclass

MAR 18 14H30scolaires

MER 19 12Hclasse ouverte

MER 19 14H30répétition ouvertepublic empêché

Par Franck Davit

journal37SEPT2016_Mise en page 1 16/09/16 15:12 Page29

Page 30: BALLET NICE MÉDITERRANÉE DON QUICHOTTE...16 SAISON 17 BALLET NICE MÉDITERRANÉE DON QUICHOTTE Chorégraphie Éric Vu-An d'après Marius Petipa JOURNAL DE L’OPÉRA NICE CÔTE D’AZUR

BALLetS30

une ComPAGnie DAns son PLein éPAnouissement

Le temps de parler, à son propos, d’une compagnie enplein essor, fière de ses progrès, est désormais révolu.Il serait plus juste d’évoquer maintenant une troupe enplein épanouissement.Non pas une institution au beau fixe car, par définition,une maison de danse digne de ce nom ne cesse debouger, mais le rayonnement du ballet niçois n’a, quoiqu’il en soit, jamais été si probant. Le travail d’éric Vu-An a, ô combien, porté ses fruits, parce que la danseest une passion que celui-ci vit à fleur de peau. entrel’exigence et l’éclat, elle a été et demeure son métier etil vient d’ailleurs de se voir remettre le prestigieux PrixPositano pour l’ensemble de sa carrière, en septembredernier. Les plus grands chorégraphes ont fait appel àlui dont Roland Petit. Que l’on se rappelle notammentle rôle qu’il lui écrivit pour incarner Morel dans son adap-tation chorégraphique de l’œuvre de Marcel Proust, LesIntermittences du cœur.Fort de ces expériences au plus haut niveau, éric Vu-Ansait exactement sur quel pied faire danser la formationde l’Opéra de Nice, confiée à ses talents depuis prèsde 8 ans. Du coup, pour L’Arlésienne, le Ballet NiceMédi terranée a bénéficié, dans le sillage de son mentor,d’un lien privilégié avec celui qui fut l’un des danseurset l’un des proches collaborateurs de Roland Petit, LuigiBonino. Ce dernier a été le « répétiteur » des danseurs

niçois, apportant avec lui sa connaissance intime del’art de Petit et toute sa science d’homme de scène. Nereste plus, cet automne, qu’à découvrir cette Arlésienneet les couleurs que va lui donner cette collaboration ausommet, nourrie du dialogue de Luigi Bonino et d’éricVu-An, devant d’autres couleurs, celles du décor repro-duisant en toile de fond un célèbre tableau de Van Gogh.Beau moment en perspective, à tout point de vue !

voYez Comme on DAnse…

Si L’Arlésienne sera la nouveauté de ce début de saison,le Ballet Nice Méditerranée n’en oublie pas moins certai -nes des pièces maîtresses de son catalogue, entreclassi cisme intemporel et fluidité contemporaine.Chorégraphié par Marius Petipa à sa création en 1898,Raymonda fait miroiter dans l’orfèvrerie de ses mouve-ments la quintessence pyrotechnique d’une certaineidée de la danse et de ses lettres de noblesse, sous lesceau du classicisme le plus pur. éric Vu-An, qui en avaitdéjà proposé une reprise en 2012, remonte ce balletphare, « Carte de visite de l’excellence de la compa-gnie », aime-t-il à dire de de cette œuvre.Quant à Gnawa, du grand chorégraphe Nacho Duato,comment dire ce qui se passe en voyant le Ballet NiceMéditerranée gagné par la fièvre et la transe sensuellequi embrasent ce bijou dansant ?Vous avez dit envoûtant ? u

Raymonda, Le Grand pas classique

journal37SEPT2016_Mise en page 1 16/09/16 15:12 Page30

Page 31: BALLET NICE MÉDITERRANÉE DON QUICHOTTE...16 SAISON 17 BALLET NICE MÉDITERRANÉE DON QUICHOTTE Chorégraphie Éric Vu-An d'après Marius Petipa JOURNAL DE L’OPÉRA NICE CÔTE D’AZUR

BALLetS 31

Un ballet académique emblématique, avec ses célèbresmorceaux de bravoure pour les deux solistes principauxde l’ouvrage, Kitri et Basilio.Du grand spectacle à l’état pur, le temps de trois actesjoyeusement emportés par une cinquantaine de dan-seurs et par les équipes déco, costumes et machineriede l’Opéra de Nice (dont les ateliers, à la Diacosmie, surla Plaine du Var, réalisent toute la saison le travailépatant que l’on sait). Avec Don Quichotte, égalementtitré Le mariage de Kitri et Basilio, éric Vu-An et le BalletNice Méditerranée affichent résolument la couleur, unspectacle anti-morosité ! « Devant un ballet comme DonQuichotte », se réjouit éric Vu-An, « On vient rêver, toutoublier et se donner l’illusion que le monde va bien, pen-dant un moment ».Celui-ci connaît son homme de la Mancha par cœur(voir encadré), mais, à part le chef d’orchestre qui serale même pour les deux productions, en la personned’enrique Carreón-Robledo, le Don Quichotte millésime2016 sera différent de celui déjà présenté par la compa -gnie niçoise en 2010.

tRAnsmettRe LA FLAmme

en remontant ce ballet de Marius Petipa, éric Vu-An lerevisite, en effet, totalement.

« On évolue ici dans une forme de merveilleux », sou-ligne ce dernier, « Où la vérité des personnages dansésest néanmoins primordiale et j’essaie de transmettrecette recherche d’intensité aux danseurs, au-delà de laperformance technique pure. Avec la chorégraphie deDon Quichotte et son prisme classique, il faut équilibrerl’élégance du mouvement et la vérité de l’attitude. LeBallet Nice Méditerranée, à travers son travail, perpétuece style-là ».Afin de ne rien laisser au hasard, les danseurs del’Opéra avaient d’ailleurs interprété in extenso le dernieracte de Don Quichotte en septembre dernier, lors deleur prestation au théâtre de Verdure. Mais pour savou-rer toute la puissance de feu du spectacle dans soninté gralité, il faudra attendre les beaux soirs des Fêtesde fin d’année.Dans la distribution, on pourra découvrir les apprentisdanseurs des classes chorégraphiques du Conserva-toire de Nice, via un prologue sous le signe de l’enfanceet de ses rêveries. Le début de chacun des trois actesdu ballet sera enluminé par des projections vidéod’André Gordeaux. « J’ai voulu apporter ma petitemusique intérieure à cet ouvrage que je connais si bienpar ailleurs, tout en essayant de transmettre la flammequi brûle en lui » revendique éric Vu-An. « L’idée, avecce Don Quichotte en fête, c’est de créer un ballet pourun spectateur du 21e siècle, qui aurait envie de voir unspectacle d’un âge d’or de la danse ».Un monument du répertoire classique, sans rien de

figé, dans le respect de la doxa chorégraphique où s’estforgée sa beauté au fil du temps.Depuis juin dernier, le Ballet Nice Méditerranée répèteson Don Quichotte. Une fois de plus, on espère qu’ilfera tourner de son nom tous les moulins de nos cœursà cette occasion ! u

DON QUICHOTTeSUR LES PAS

DE L’HOMME DE LA MANCHA Par Franck Davit

Chorégraphie éric Vu-An d'après Marius PetipaMusique Ludwig MinkusLumières Patrick MéeüsNouvelle production réalisée dans les ateliers de l'Opéra Nice Côte d'Azur

AVeC L’oRChestRe PhiLhARmoniQue De niCeDIRIGé PAR ENRIQUE CARREÓN-ROBLEDO

à L’oPéRA

DÉCEMBRE

SAM 24 15H

diM 25 16H

MAR 27 20H

MER 28 20H

jEU 29 20H

VEN 30 20H

SAM 31 18H

pour les fêtes, le Ballet niceméditerranée offre au public un cadeau chorégraphique tout en technicolor et virtuosité :Don Quichotte. tant qu’il y auradu rêve, des moulins à vent et la poursuite de l’inaccessibleétoile

journal37SEPT2016_Mise en page 1 16/09/16 15:12 Page31

Page 32: BALLET NICE MÉDITERRANÉE DON QUICHOTTE...16 SAISON 17 BALLET NICE MÉDITERRANÉE DON QUICHOTTE Chorégraphie Éric Vu-An d'après Marius Petipa JOURNAL DE L’OPÉRA NICE CÔTE D’AZUR

BALLetS32

les RÊVES DANSANTSD’ÉRIC VU-AN

La première fois, c’était en 1995 à Bordeaux.Il y est revenu plus tard, à l’Opéra de Nice, en 2010. Pour éric Vu-An, le ballet Don Quichotte, crééà l’origine par Marius Petipa en 1869, fait un peu figure de compagnon de route. En qualité dechorégraphe, il s’apprête à le remonter pour la troisième fois, ici même à l’Opéra de Nice, aprèsl’avoir dansé tant et tant au cours de sa carrière.Dès 1983, Rudolf Noureev, alors directeur du Ballet de l’Opéra de Paris, le distribue dans le rôleprincipal de l’œuvre, à savoir Basilio. Auparavant, tout jeune coryphée au sein de l’illustre maison,il dansait le gitan, autre personnage de l’intrigue. « En effet, c’est un ballet qui m’est cher », confieéric Vu-An. « Il est drôle et léger et puis, avec ma partenaire de cette époque, Noëlla Pontois, nousavons eu le privilège de le danser partout dans le monde, de la scène du Bolchoï au Japon ».Cette fois, dans la nouvelle production qu’il est en train de ciseler pour le traditionnel rendez-vousdu Ballet Nice Méditerranée à l’occasion des Fêtes, éric Vu-An n’a pas résisté à l’appel des feux dela rampe. Inspiré d’après celle de Petipa, il présentera non seulement sa version de Don Quichotte,mais il sera également l’interprète du rôle-titre. « La lumière n’est pas sur moi, Don Quichotte estun personnage secondaire, mais d’une certaine façon, cela m’amuse d’aborder ce rôle pour la toutepremière fois », explique le directeur de la compagnie niçoise. « Après avoir été Coppélius dans leCoppélia de l’an dernier, avec Don Quichotte, je continue à creuser ce sillon de l’utopie, du songe.Ces deux-là courent après leurs rêves et cela me fait irrésistiblement penser à la quête que l’onpoursuit en tant qu’artiste, à la quintessence d’un parcours qui est bien plus le chemin que l’ontrace que le but à atteindre ».

Don Quichotte

journal37SEPT2016_Mise en page 1 16/09/16 15:12 Page32

Page 33: BALLET NICE MÉDITERRANÉE DON QUICHOTTE...16 SAISON 17 BALLET NICE MÉDITERRANÉE DON QUICHOTTE Chorégraphie Éric Vu-An d'après Marius Petipa JOURNAL DE L’OPÉRA NICE CÔTE D’AZUR

BALLetS 33

André Peyrègne : Quelles sont les étapes principalesde votre carrière ?enrique Carreón-Robledo : J’ai fait mes études dansmon pays natal, à Mexico. J’ai été étudiant à l’Institutnational des Beaux-arts et à l’Université nationale deMexico. J’ai ensuite poursuivi mes études musicales etde composition à l’Université de Californie, et obtenuun diplôme en « production lyrique » à l’Université duMississipi, ainsi qu’un doctorat en musique à l’Univer-sité du texas. C’est alors qu’a commencé ma carrièreen Amérique et europe, jusqu’à mes postes les plusrécents : directeur musical de l’Opéra de houston etdirecteur de l’Orchestre de San Antonio aux états-Unis.

Quand avez-vous débuté la direction d’orchestre ?à l’âge de… 12 ans ! Je jouais de la mandoline et jeréunis sais des enfants de mon âge, après l’école pourfaire un orchestre avec des instruments à cordes pincées(luths et mandoline).

Quand avez-vous opté pour la direction de musiquesde ballet ?Je ne veux pas qu’on me considère uniquement commechef d’orchestre de ballet, même si, à Nice, vous nem’avez vu diriger que des spectacles chorégraphiquescomme Coppélia. Car je dirige un peu partout dans lemonde des opéras et des symphonies. Mais en ce quiconcerne la direction d’orchestre pour les ballets, le goûtm’en a été donné par l’un de mes professeurs à l’Uni-versité de Mexico, Francisco Savin, qui était égalementdirecteur musical du National Ballet de Mexico.

Comment avez-vous été amené à diriger à Nice ?Je dirigeais depuis longtemps les ballets au Capitole detoulouse. C’est là que j’ai été remarqué par l’Opéra de Nice.

Quelles sont les qualités nécessaires pour être un bonchef de ballet ?Je ne saurais le dire. elles ne s’apprennent pas dans lesconservatoires. Je dirais qu’il faut avoir un bon « feeling »avec la danse. Soit on l’a, soit on l’a pas. Il faut avoirl’humilité de se dire que dans l’opéra ou le sympho-nique, c’est le chef d’orchestre qui commande maisqu’ici, c’est le chorégraphe !

Vous n’avez jamais eu de conflit avec les danseurs ?Non, rien de marquant. J’ai toujours eu une vraie enten -

te avec les chorégraphes avec lesquels j’ai travaillé.C’est le cas en particulier ici, à Nice, avec é ric Vu-An.

Vous qui dirigez les grandes symphonies et lesgrands opéras comment considérez-vous la musiquede Minkus pour le ballet Don Quichotte ?Je vais peut-être vous étonner, je dirai que c’est un chefd’œuvre en son genre. elle représente magnifiquementson époque et colle parfaitement à l’esprit du balletromantique. Je l’ai fait travailler avec des grands orches-tres, jamais je n’ai jamais rencontré de « mépris » de lapart des musiciens pour cette partition. Cela prouve sonintérêt. u

ENRIQUE CARREÓN-ROBLEDOà lA bAGUeTTe DepUIs l’âGe De DOUze ANs

journal37SEPT2016_Mise en page 1 16/09/16 15:12 Page33

Page 34: BALLET NICE MÉDITERRANÉE DON QUICHOTTE...16 SAISON 17 BALLET NICE MÉDITERRANÉE DON QUICHOTTE Chorégraphie Éric Vu-An d'après Marius Petipa JOURNAL DE L’OPÉRA NICE CÔTE D’AZUR

« Cot- cot » fait la poule. « Cot- cot- cot- cot » répliquesur son clavecin ou son violon le compositeur du 18e

siècle, Jean-Philippe Rameau. Ce musicien admiré duroi avait son cerveau qui bouillonnait sous sa perruquepoudrée. Mais est-ce bien sérieux pour un musicien deCour de s’occuper de basse-cour ?Résultat : voici une œuvre intitulée La Poule qui se trouveraau programme du concert C’est classique… mais passérieux.Au fait, qui a dit que les musiciens classiques étaientsérieux ? était-il sérieux, papa Mozart, lorsqu’il voulaitfaire sourire son Amadeus de fils en glissant des jouetsau milieu de son orchestre : des petites trompettes, deshochets, des tambours de poupées ou des sifflets

d’oiseaux ? On a appelé cela La Symphonie des jouets.à vrai dire, on ne sait pas si le compositeur est bienLéopold Mozart (oui, papa Mozart se prénommaitLéopold) ou Joseph haydn. Les musicologues ne sontpas d’accord. Mais les musicologues sont des genstrop sérieux pour s’intéresser à la Symphonie desjouets !en matière de surprise, vous entendrez la symphonied’haydn qui s’appelle précisément Symphonie laSurprise. elle est bien bonne ! (Là, on est sûr qu’elle estd’haydn et pas de Léopold Mozart !) La surprise intervientau début du second mouvement. On ne vous dira pas enquoi elle consiste… sans ça ce ne serait plus une sur-prise !…Lorsqu’il ne s’amusait pas à faire des surprises, haydnfaisait du... syndicalisme. C’est comme on vous le dit !Voulant montrer à son « patron », qui était un prince, ceque deviendrait son orchestre s’il ne le payait pasdavan tage, il organisa un concert dans lequel les musi-ciens quitteraient un à un leur pupitre. à la fin, il y avaitmoins de musiciens sur scène que de cheveux sur latête à Matthieu ! Cette symphonie s’appelle la Sympho-nie des Adieux. Résultat : le prince se remit à payer sesmusiciens.Lorsqu’il ne faisait ni des surprises ni du syndicalisme,haydn enseignait la musique. Un jour, Mozart, qui faisaitpartie de ses élèves, a voulu se moquer de son maîtreet a composé une œuvre comportant une foule de ma-ladresses, comme si on écrivait aujourd’hui des textesen faisant exprès des fautes d’orthographe. (Remar-quez, aujourd’hui, beaucoup font des fautes sans lefaire exprès !). Mozart a appelé cette œuvre Plaisanteriemusicale. On l’entendra aussi lors de ce concert.Ce plaisantin de Mozart a également composé sa célèbrePetite musique de nuit. Pas besoin d’attendre que le soleilsoit couché pour l’entendre ! Cette Petite musique estvraiment de la... grande musique ! La preuve, on s’en sertpour faire des pubs à la télé et des sonneries de télé-phone portable. et ça, c’est vraiment pas sérieux ! u

JeUNe PUBLIC34

JeUNe PUBLIC

ATTeNTION, pROGRAMMe

CLASSIQUE... MAIS PAS SÉRIEUX

Par André Peyrègne

OCTOBREtHéâtRELiNo VENtURA

MER 5 15H

MAISALLE LAURENt ECARd

MER 10 15H

tARiF UNiQUE : 5€

journal37SEPT2016_Mise en page 1 16/09/16 15:12 Page34

Page 35: BALLET NICE MÉDITERRANÉE DON QUICHOTTE...16 SAISON 17 BALLET NICE MÉDITERRANÉE DON QUICHOTTE Chorégraphie Éric Vu-An d'après Marius Petipa JOURNAL DE L’OPÉRA NICE CÔTE D’AZUR

JeUNe PUBLIC 35

Frédéric Deloche raconte ainsi son premier contactavec l’Opéra, à Nice, sa ville natale, lors d’une repré-sentation de La Flûte enchantée : « Depuis l’amphithéâ-tre, je voyais l’orchestre tout en bas. Le chef entra,salua, se retourna vers les musiciens et leva sa baguet te.Lorsqu’il l’abaissa, un accord majestueux emplit la salle.Mon cœur se mit à battre fort. Sur la scène, le princetamino, menacé par un méchant serpent chantait sapeur avant de s’évanouir. Puis Papageno arriva et mefit bien rire. La musique de Mozart envahissait l’espa -ce… Quelle était donc cette magie, ce « courant » quime parcourait ?… C’est certainement ce soir-là que j’aicommencé à rêver de devenir chef d’orchestre. »

André Peyrègne  : Comment êtes-vous parvenu àréali ser ce rêve ?Frédéric Deloche : en m’inscrivant d’abord au Conser-vatoire d’Antibes auprès de ce grand chef de métierqu’était Pol Mule. Une fois formé par lui, je suis ensuiteallé me perfectionner en Autriche, à Vienne, chez JuliusKalmar et en Angleterre, à la Canford Summer Schoolof Music auprès de George hurst. Ayant été lauréat duConcours Wiener Musikseminar à Vienne, j’ai reçu unebourse du gouvernement autrichien pour aller auprèsd’erwin Acel, directeur musical de l’Orchestre Philhar-monique de Szeged en hongrie.

Votre carrière a alors commencé comme celle de tousles jeunes chefs en étant assistant de chefs d’orches-tre de renom ?en effet, j’ai d’abord commencé en 2004 comme assis -tant du célèbre chef d’orchestre Maurizio Arena àl’Opéra de Messine en Italie, puis assistant à l’Opéra deMonte-Carlo en 2008, enfin, à partir de 2010, assistantdu directeur musical du Philharmonique de Nice.

Maintenant que vous êtes devenu chef professionnel,n’est-il pas de votre devoir d’essayer d’attirer desjeunes à la musique classique comme vous l’avezété lors de votre première venue à l’Opéra ?C’est mon projet. Je veux faire connaître la grande mu-sique à tous les publics et la débarrasser des préjugésd’austérité et de « sévérité » qui l’entourent. Voilà pour-quoi j’ai imaginé un concert ludique que j’ai intitulé C’estclassique… mais pas sérieux. Je veux faire de la mu-sique classique sérieusement… mais sans me prendre

au sérieux. Durant une heure, je présenterai des œuvrespopulaires comme la Symphonie des jouets de LéopoldMozart, La Poule de Rameau, la symphonie La Sur-prise et La Symphonie des Adieux de haydn, ainsi queLa Petite musique de nuit de Mozart que je relierai lesunes aux autres par un texte amusant lu par un récitant.Ce spectacle sera présenté dans les quartiers del’Ariane et de Saint-Roch. La musique classi que a toutà fait sa place dans ces quartiers, comme partout dansla société ! u

FRÉDÉRIC DELOCHEUN CHEF SÉRIEUX

QUI Ne se pReND pAs AU séRIeUX

journal37SEPT2016_Mise en page 1 16/09/16 15:12 Page35

Page 36: BALLET NICE MÉDITERRANÉE DON QUICHOTTE...16 SAISON 17 BALLET NICE MÉDITERRANÉE DON QUICHOTTE Chorégraphie Éric Vu-An d'après Marius Petipa JOURNAL DE L’OPÉRA NICE CÔTE D’AZUR

CeRCLe ROUGe&OR36

INStRUMeNtS

le bONHeUR esTDANS LE PRÊT

mÉcÉnat

la perfection des violons et violoncelles anciens

journal37SEPT2016_Mise en page 1 16/09/16 15:12 Page36

Page 37: BALLET NICE MÉDITERRANÉE DON QUICHOTTE...16 SAISON 17 BALLET NICE MÉDITERRANÉE DON QUICHOTTE Chorégraphie Éric Vu-An d'après Marius Petipa JOURNAL DE L’OPÉRA NICE CÔTE D’AZUR

CeRCLe ROUGe&OR 37

Les jeunes violonistes et violoncellistes qui rêvent degloire future savent-ils qu’ils n’auront sans doute jamaisla possibilité de posséder un instrument d’exception, ycompris s’ils deviennent professionnels ou mêmesuper-solistes. en effet,  le prix des instruments et des archets haut degamme flambent depuis quelques années : de 3 à4 millions d’euros pour un légendaire Stradivarius. Unevie de concertiste vedette ne suffit donc plus pouracqué rir un de ces instruments mythiques. Les autres instrumentistes ont davantage de chance.Un pianiste pourra espérer s’offrir un Pleyel historique(15 000 à 20 000 euros), voire un Steinway de concertgrand luxe ou un Bösendorfer impérial ; un flûtiste dehaut vol peut facilement se faire fabriquer un instrumentsur mesure et à son goût ; pour quelques dizaines demilliers d’euros, les « vents » pourront jouer sur des ins -tru ments à la mécanique dernier cri, réglés au millimètre. Mais les malheureux violonistes ou violoncellistes, lasde jouer sur une « crêpe » ou un « mulet », en utilisantautre chose qu’un « piquet » ou un « tuteur » n’ont, eux,qu’une alternative offerte : épouser un(e) milliardaire ouse faire prêter un instrument. Presque tous les grands

solistes actuels ont choisi cette dernière option. Leproblème est qu’aucun instrument à cordes modernene saurait rivaliser avec ceux du passé. Allez compren-dre ce mystère, qui tourmente depuis des siècles le petitmonde de la lutherie artisanale. Depuis toujours, ons’interro ge sur la perfection des cordes anciennes,particu lièrement celles fabriquées à Cremone, en Italie,à la charnière des 17e et 18e siècles par des facteurs delégende : la dynastie Stradivari et la famille Amati, activedans la même ville à la même époque. On a avancé plu-sieurs hypothèses pour expliquer cette excel lence :l’âge et la qualité du bois, essentiellement du pin, sou-vent plusieurs fois centenaire, débité, séché et préparéselon des procédés définitivement perdus ; le vernis, àbase de végétaux ou de poudre animale, dont le secretse serait éteint avec les derniers membres de chaquefamille. Dernière explication plausible : la vague de froidqui a traversé l’europe entre 1645 et 1715 et qui auraitobligé les arbres à se défendre, donc à produire desbois plus denses, plus résistants, plus conducteurs,brefs, plus aptes à donner corps à des instrumentsd’exception. Alors, si par hasard un violon dort dansvotre grenier... u

Antonio Stradivarius

journal37SEPT2016_Mise en page 1 16/09/16 15:12 Page37

Page 38: BALLET NICE MÉDITERRANÉE DON QUICHOTTE...16 SAISON 17 BALLET NICE MÉDITERRANÉE DON QUICHOTTE Chorégraphie Éric Vu-An d'après Marius Petipa JOURNAL DE L’OPÉRA NICE CÔTE D’AZUR

journal37SEPT2016_Mise en page 1 16/09/16 15:12 Page38

Page 39: BALLET NICE MÉDITERRANÉE DON QUICHOTTE...16 SAISON 17 BALLET NICE MÉDITERRANÉE DON QUICHOTTE Chorégraphie Éric Vu-An d'après Marius Petipa JOURNAL DE L’OPÉRA NICE CÔTE D’AZUR

historiquement spécialisé dans l’impression offset grand format et la production d’affiche, pnd a rapidement diversifié ses activités en s’ouvrant à l’impression numérique et la publicité sur lieux de vente.

« Aujourd’hui, la société est composée de plus de 150 employés et nous avonschoisi une localisation optimale pour nos 5 sites de production avec un plan-ning partagé et centralisé permettant une production 6j/7. Nous investissonsrégulièrement pour conserver un matériel à la pointe de l’innovation. Notresociété s’était déjà fortement engagée dans des actions de protection de l’envi -ronnement. Nous sommes l’un des rares imprimeurs à avoir introduit en piedde nos factures une contribution environnementale. Celle-ci sert à financer uneaction de protection des abeilles noires. Aussi, de ces actions au Mécénat iln’y avait qu’un pas. Lorsque nous avons repris la société Sérigraphie Moderne,devenue PnD France, nous avons décidé de nous inscrire dans la continuitévis-à-vis du personnel et des clients. De ce fait, nous avons reconduit le parte-nariat existant avec l’Opéra de Nice. Cela nous a permis d’apprécier la qualitédes spectacles et l’esprit qui anime le club d’entreprise  Le Cercle Rouge&Or. etre partenaire est pour nous le moyen de contribuer modestement au finan-cement de la Culture et de partager avec nos clients des moments privilégiéstout en montrant notre implication dans la vie de la cité. en reprenant l’entre-prise, nous nous étions engagés à rester implantés dans le bassin d’emploiniçois. Il nous paraissait donc normal d’inscrire une de nos actions de mécénatdans ce même tissu local.Un partenariat est avant tout une histoire d’hommes. Nous nous engageonsauprès de partenaires avec lesquels nous pouvons tisser une relation particu-lière. Dans une précédente vie professionnelle, je suis resté 13 ans partenairedu festival jazz à Vienne. Aujourd’hui nous nous associons souvent aux évè-nements en fonction des opportunités que nous amènent nos relations. Nousle faisons parfois avec nos partenaires afficheurs et nous soutenons aussi biendes évènements caritatifs que sportifs de notoriétés différentes.etant moi-même musicien, je suis naturellement plus attiré par le mécénatd’évènements musicaux. Dans ce cas précis, notre participation se fait sousforme de prestations puisque nous imprimons les affiches de l’Opéra. encontrepartie nous disposons de places que nous proposons à nos clients ou ànotre personnel. C’est un échange équilibré où nous sommes tous gagnants.Nous utilisons notre métier, notre savoir-faire et en échange nous vivons un mo-ment musical particulier et toujours de très grande qualité. Fidèles, notre souhait est de nous inscrire dans la durée aux cotés de l’OpéraNice Côte d’Azur. » u

sOUTeNIR L’OPÉRAUn acte stratégique à caractère philanthropique

CHRISTIAN BORELDirecteur Général Adjoint de PND FRANCE

CLUB DES PARTENAIRES

AiR FRANCE

bANQUE PoPULAiRE

CAiSSE dES déPôtS

CCi

CHEVRoN ViLLEttE

CoNSEiL iMMo yVES CoURMES

CRédit AGRiCoLE

dE ANGELiS bAt-iR

FRAGoNARd

GALERiES LAFAyEttE

HôtEL AStoN LA SCALA

HôtEL bEAU RiVAGE

HôtEL WESt ENd

LEoN GRoSSE

LES FLEURiStES

LiGNES d’AzUR

MoLiNARd

NiCExPo

PNd

oPtiMiStE MAGAziNE

oRANGE

PHiLEA

PoiVRE NoiR

RESiStEx

RiCCoboNo

journal37SEPT2016_Mise en page 1 16/09/16 15:12 Page39

Page 40: BALLET NICE MÉDITERRANÉE DON QUICHOTTE...16 SAISON 17 BALLET NICE MÉDITERRANÉE DON QUICHOTTE Chorégraphie Éric Vu-An d'après Marius Petipa JOURNAL DE L’OPÉRA NICE CÔTE D’AZUR

journal37SEPT2016_Mise en page 1 16/09/16 15:12 Page40