Typologie des acteurs du secteur privé forestier

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TYPOLOGIE DES ACTEURS DU SECTEUR PRIVÉ FORESTIER Document produit dans le cadre de l’étude Challenges et opportunités dans le soutien auprès du secteur privé dans le cadre de l’Accord de Partenariat Volontaire de l’Union européenne et du Cameroun

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Typologie des acTeurs du secTeur privé foresTierDocument produit dans le cadre de l’étude challenges et opportunités dans le soutien auprès du secteur privé dans le cadre de l’accord de partenariat volontaire de l’union européenne et du cameroun

Typologie des acTeurs du secTeur privé foresTier

Un secteur privé ou des secteurs privés ? Lorsque l’on aborde les problématiques relatives au secteur privé, acteur majeur de la filière forestière, c’est toujours la même question qui se pose. Comment aborder des entreprises aussi disparates les unes des autres ? En effet, quoi de commun entre une multinationale et un scieur de long utilisant une simple tronçonneuse ?

Cela peut se faire par la taille (nombre d’employés, chiffre d’affaires), le positionnement vis-à-vis de la filière, depuis l’amont (la forêt) vers l’aval (la transformation, l’exportation, etc.) ou bien encore en termes de « nationalité » des capitaux. Selon les pays, il peut être essentiel de différencier les producteurs de grumes, des scieurs, des fabricants de contreplaqués ou encore des menuisiers, sans oublier les charbonniers qui peuvent être des maillons majeurs.

Un autre point fondamental est de proposer un schéma expliquant les interconnections éventuelles entre les différents protagonistes (Purmono et al., 2013). Très rapidement, nous pouvons constater que le sujet est complexe et qu’il se complexifie encore lorsque l’on induit, en outre, la notion de légalité.

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Typologie des acTeurs du secTeur privé foresTierchallenges et opportunités dans le soutien auprès du

secteur privé dans le cadre de l’accord de partenariat volontaire

de l’union européenne et du cameroun

emmanuel groutelPh.D, consultant FAO, WALE sas& sarah fumeyMaster Sciences-Po Paris

o r g a n i sat i o n d e s n at i o n s u n i e s p o u r l’ a l i m e n tat i o n e t l’ a g r i c u lt u r e – faoR O M E 2015

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Avec le soutien de l’Union européenne (UE) et de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).

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Photo de couverture et quatrième de couverture: © Emmanuel Groutel

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table des matières

sigles et abréviations

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1.UnE appROchE adMinistRativO-jURidiqUE

a. acteurs privés à l’échelle internationale

b. les petites et moyennes entreprises, principaux acteurs privés à l’échelle nationale

c. acteurs privés à l’échelle locale

5

6

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8

2. UnE appROchE paR lEs pROfEssiOnnEls dE la filièRE 11

3. tEntativE dE définitiOn

conclusion - perspectives d’évolution des acteurs du secteur forestier

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bibliographie

textes juridiques

18

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sigles et abréviations

apv Accord de Partenariat Volontaire

ca Chiffre d’Affaires

cirad Centre International de la Recherche Agronomique pour le Développement

efi European Forest Institute (Institut Européen de la Forêt)

fao Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture

flegT Forest Law Enforcement, Governance and Trade

pMe Petites et Moyennes Entreprises

rH Ressources Humaines

rse Responsabilité Sociétale des Entreprises

ue Union européenne

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Un secteur privé ou des secteurs privés  ?1 Lorsque l’on aborde les problématiques relatives au

secteur privé, acteur majeur de la filière forestière, c’est toujours la même question qui se pose.

Comment aborder des entreprises aussi disparates les unes des autres ? En effet, quoi de commun

entre une multinationale et un scieur de long utilisant une simple tronçonneuse ?

Cela peut se faire par la taille (nombre d’employés, chiffre d’affaires), le positionnement vis-à-vis de

la filière, depuis l’amont (la forêt) vers l’aval (la transformation, l’exportation, etc.) ou bien encore

en termes de « nationalité » des capitaux. Selon les pays, il peut être essentiel de différencier les

producteurs de grumes, des scieurs, des fabricants de contreplaqués ou encore des menuisiers, sans

oublier les charbonniers qui peuvent être des maillons majeurs.

Un autre point fondamental est de proposer un schéma expliquant les interconnections éventuelles entre

les différents protagonistes (Purmono & al., 2013). Très rapidement, nous pouvons constater que le sujet

est complexe et qu’il se complexifie encore lorsque l’on induit, en outre, la notion de légalité.

Afin d’appuyer une étude réalisée au Cameroun par Groutel et Yene Yene2, ce papier propose une

segmentation des acteurs privés basée sur le cas camerounais. Dans le cadre du plan d’action FLEGT

de l’Union européenne (UE), la mise en place d’un Accord de Partenariat Volontaire (APV) entre

cette dernière et le Cameroun met en lumière les challenges et les opportunités de la filière-bois.

Pour répondre à ces enjeux et faire émerger des recommandations adaptées aux entreprises dans

leur diversité, il apparait nécessaire de segmenter : comprendre les défis et attentes des différents

acteurs par classe d’activité permet d’adapter des stratégies propres à chacun d’entre eux.

1 Il ne s’agit pas, dans cette étude, de hiérarchiser suivant les permis car certains membres actifs de la filière n’en possèdent pas : artisans, industriels informels, négociants ou encore courtiers.

2 Groutel E. & Yene Yene G. (2014), CHALLENGES ET OPPORTUNITES dans le soutien auprès du secteur privé, dans le cadre de l’Accord de Partenariat Volontaire de l’Union européenne et du Cameroun, EFI-FAO-UK AID.

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La méthode utilisée pour établir une typologie détaillée des acteurs du secteur privé combine

deux approches. La première, administrativo-juridique, consiste à analyser ce que les textes existants

proposent. La seconde, plus qualitative, est l’expression par les professionnels eux-mêmes de leurs

propres visions de cette structuration. En combinant ces deux approches il est possible d’apporter

une ébauche de schéma, certes simplificatrice, mais correspondant dans les grandes lignes à une

caractérisation proche de la réalité. Le cas du Cameroun est particulièrement intéressant car l’emploi

total, formel et informel, du secteur du bois y représenterait3 de 450 000 à 480 000 emplois4 pour

un volume global produit, tous marchés confondus, de 4,3 millions de m3 et une Valeur Ajoutée

Brute de 1 450 millions d’US$5. Cela permet d’avoir de larges échantillons représentatifs de la

majorité des acteurs, facilitant ainsi le travail de définition en catégories. Bien qu’elle s’appuie

sur l’exemple camerounais, cette typologie vise aussi à formuler des définitions qui pourront être

réutilisées dans un contexte autre que celui de cette étude6.

Dans un premier temps, nous proposerons une revue de littérature des définitions existantes des

différents acteurs du secteur privé. Ensuite, l’apport plus qualitatif des professionnels de la filière

viendra compléter ces définitions. L’objectif sera de proposer une segmentation présentée sous

forme de tableau, offrant la synthèse des éléments développés dans le papier.

3 Il faut toutefois prendre ces chiffres avec mesure car l’informel est, par définition, non visible.

4 Cerutti & Lescuyer, 2011 - Rametsteiner & Whiteman, 2014. A titre de comparaison : 36 000 au Congo, 67 000 au Gabon, 129 000 en RCA, et 386 000 en Côte d’Ivoire (estimation).

5 Rametsteiner & Whiteman, 2014.

6 « Challenges et opportunités dans le soutien auprès du secteur privé dans le cadre de l’Accord de Partenariat Volontaire de l’Union européenne et du Cameroun », Septembre 2014.

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une approcHe adMinisTraTivo‑juridique

En premier lieu, afin d’avoir une vision globale des acteurs privés du Cameroun, nous passerons en

revue la littérature existante au niveau national et international pour établir une première typologie

des acteurs connus, par une double approche administrative et juridique. Si cette approche permet

seulement de classifier les acteurs de façon partielle, cela donne tout de même un premier aperçu

des catégories juridiques pouvant exister.

Au Cameroun, il existe bien une définition des acteurs privés mais elle ne couvre pas l’ensemble des

acteurs qui nous intéressent. Elle a été produite par le Ministère des Petites et Moyennes Entreprises,

de l’Economie Sociale et de l’Artisanat7. La loi du 13 avril 2010 N° 2010/001 portant promotion

des Petites et Moyennes Entreprises au Cameroun stipule que :

q « La très Petite Entreprise est une entreprise qui emploie au plus 5 personnes et dont le chiffre d’affaires

annuel hors taxes n’excède pas 15 millions de FCFA (22 800 €8)

q La petite Entreprise est une entreprise qui emploie entre 6 et 20 personnes  et dont le chiffre d’affaires

annuel hors taxes est supérieur à 15 millions de FCFA (22 800 €), et n’excède pas 100 millions de francs

CFA (152 000 €)

q La Moyenne Entreprise est une  entreprise qui emploie entre 21 et 100 personnes et dont le chiffre d’affaires

annuel hors taxes est supérieur à 100 millions de FCFA (152 000 €) et n’excède pas un 1 milliard de

FCFA (1 520 000 €). »

Toutefois, il s’agit là d’entreprises « visibles », auxquelles il faut ajouter le secteur informel :

« Au Cameroun, tout le monde s’accorde sur le fait que le secteur informel est celui qui compte la

majorité de la population engagée dans une activité économique. Toutefois, il n’existe aucune information

officielle (statistiques, comptes publics) sur sa situation à travers le pays. Ce secteur, qui fait face à une

7 D’autres ministères apportent également leurs définitions. C’est le cas du Ministère en charge du Commerce.

8 Taux au 30.01.2014 : 1 FCFA = 0,001524 €

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diversité des problèmes tels que l’insécurité de l’emploi, les conditions difficiles d’exercice, et les techniques

archaïques de travail (utilisation intensive de la main d’œuvre et obsolescence des équipements et outils),

est de plus en plus pris en compte dans les priorités gouvernementales. Ainsi, des stratégies visant à

optimiser son fonctionnement et le moderniser font partie de la feuille de route du MINPMEESA. »

(UNICO, 2009).

La même étude de l’UNICO (Agence Japonaise de Coopération Internationale) indique que le

secteur informel emploie de 60 à 65 pourcent de la population active dans le pays, ce qui correspond

à une contribution variant entre 25 et 30 pourcent du PIB total du pays.

a. acTeurs privés à l’écHelle inTernaTionale

Aucune définition de ce type de structure n’existe, si bien que nous avons recherché la proposition

générale qui s’adaptait le mieux au contexte local. En effet, le mot «multinationale» est rarement

employé dans le secteur de la filière bois-forêt en Afrique. Les grands acteurs privés qui sont

majoritairement tournés vers l’exportation et dont les capitaux et le siège social de la société-

mère ou la holding se trouve à l’étranger, correspondent malgré tout à notre définition d’une

« multinationale ». Selon l’économiste Michalet (1976), la multinationale ou firme transnationale

est une entreprise qui répond à cinq déterminants principaux :

q la recherche d’un accès direct aux matières premières ;

q le besoin de contourner certaines entraves à l’échange ;

q la recherche de débouchés extérieurs suite à l’intensification de la concurrence sur le marché

intérieur ;

q la perte d’un avantage technologique sur le marché national peut contraindre les entreprises à le

produire à l’étranger, à moindre coût, afin de pouvoir continuer à le produire de façon rentable ;

q la recherche de coûts du travail plus faibles9.

Toujours selon Michalet, ce type de structure est « le plus souvent de grande taille, qui, à partir d’une base

nationale, a implanté à l’étranger plusieurs filiales dans plusieurs pays, avec une stratégie et une organisation

conçue à l’échelle mondiale ». Plusieurs entreprises répondent à ces critères. Elles sont de nationalité

française, italienne ou encore belge.

9 www.ired.org

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B. les peTiTes eT Moyennes enTreprises, principaux acTeurs privés à l’écHelle naTionale

Nous trouvons dans cette partie plusieurs définitions qui émanent des banques, de différentes

agences ou encore des ministères concernés.

Le Ministère des Petites et Moyennes Entreprises, de l’Economie Sociale et de l’Artisanat

propose une première définition de ces acteurs avec la loi du 13 avril 2010 N° 2010/001 portant

promotion des Petites et Moyennes Entreprises au Cameroun (voir définition en 1.). Plusieurs

autres bureaux proposent des définitions des petites et moyennes entreprises :

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banque des etats d’afrique centrale10

La catégorie « PME » rassemble les entreprise dont :

q le montant des fonds propres est inférieur à 100 millions de FCFA (152 000 €) ;

q le chiffre d’affaires n’excède pas 500 millions de FCFA (760 000 €) ;

q les encours de crédits de caisse à court terme sont plafonnés à 100 millions de FCFA (152 000 €).

agence Japonaise de coopération internationaleUne PME est une entreprise de moins de 150 employés, en excluant les filiales d’entreprises

étrangères, les entreprises étatiques, les entreprises issues de la privatisation d’anciennes entreprises

étatiques (étude réalisée en 2007 pour la formulation d’un Plan Directeur de Développement des

PME au Cameroun).

le code des investissements du camerounCe code, applicable à l’activité économique au Cameroun, a été institué par l’Ordonnance n°

90/007 du 8 novembre 1990, puis modifié par l’Ordonnance n° 94/003 du 24 janvier 1994. Selon

ce document, peut prétendre au régime des PME, toute entreprise qui satisfait les conditions

définies par le code ainsi que les trois conditions suivantes : 

q création d’emplois permanents pour les Camerounais, à concurrence d’au moins un emploi par

tranche inférieure ou égale à 5 millions de francs CFA (7 622 €) d’investissements programmés

par l’entreprise ;  

q niveau d’investissements inférieur ou égal à 1,5 milliard de francs CFA (22 867 €);  

q participation des Camerounais ou d’une personne morale de droit camerounais au moins égale

à 35 pourcent du capital.  

c. acTeurs privés à l’écHelle locale

A l’échelle locale, la littérature fait état de deux principales catégories d’acteurs : l’artisanat – artisans

et entreprises artisanales – et les entreprises familiales.

l’artisanat : définition du ministère des petites et moyennes entreprises, de l’economie sociale et de l’artisanat de la république du camerounL’artisanat est, aux termes de la loi 2007/004 du 13 juillet 2007, constitué de  l’ensemble des activités

d’extraction, de production, de transformation, d’entretien, de réparation ou de prestation de service

essentiellement manuelles et exercées à titre principal. L’artisanat se divise en trois secteurs, à savoir :

10 www.beac.com

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q l’artisanat d’art qui « se caractérise par la fabrication et la commercialisation d’objets ayant essentiellement

une valeur esthétique et culturelle (…) » ;

q l’artisanat de production qui concerne « la fabrication des biens d’usage courant, mais sans recours à la

standardisation industrielle, par l’utilisation exclusive ou dominante du façonnage manuel » ;

q l’artisanat de service qui concerne « la distribution à une petite échelle, de soins de nécessité courante,

ainsi que la fourniture de petits services nécessaires à la vie ordinaire ».

Par la suite, cette loi distingue l’artisan de l’entreprise artisanale :

q « Est considéré comme artisan tout travailleur autonome qui exerce une activité et qui en assure la pleine

responsabilité de direction et de gestion, tout en participant lui-même au travail.

q Est considérée comme entreprise artisanale toute unité exerçant une activité artisanale employant moins de

10 salariés, et réalisant un investissement de minimum 1 million de francs CFA. »

Pour la suite de l’étude, nous considérons qu’artisanat et entreprise artisanale font partie de la même

catégorie d’acteurs (très petites entreprises/artisanat).

l’entreprise familiale : définition de Jean-christophe boungou baZiKa11

Dans une publication de 2005 intitulée « L’entreprise familiale : définition et fonctionnalité dans

une perspective africaine », Boungou Bazika réfléchit à un type d’entreprise dont aucune définition

officielle n’existe. A partir d’une typologie établie sous forme de tableau, l’entreprise familiale

pourrait être définie comme une entreprise gérée collectivement, opérant via un principe de

solidarité et dont les ressources proviennent de l’épargne familiale. Son organisation fonctionnelle

appelle à la prise de décision par consensus. La pérennité de ce type d’entreprise dépend de la

cohésion familiale, toutefois sa possibilité de croissance reste limitée. Le temps de prise de décision

est long. Enfin la perspective d’évolution est le déclin.

11 Chercheur à l’université Marien Ngouabi et directeur du Centre d’études et de recherche sur les analyses et les politiques économiques.

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une approcHe par les professionnels de la filière

La vision qu’a le secteur forestier de lui-même en tant que type de structure est, sans doute, propre à

cette filière. Afin de saisir comment les praticiens eux-mêmes se représentent leur secteur d’activité,

il a été pratiqué une série d’interviews. Des exploitants forestiers, des scieurs, des aménagistes ainsi

que des experts ont été mobilisés soit lors d’entretiens en face-à-face soit par courriel12. La question

posée était : « Comment votre profession est-elle structurée en Afrique, et plus particulièrement au Cameroun,

au niveau des différents acteurs du secteur privé ? ». Nous reprenons aussi, comment sont perçues les

évolutions passées ou en cours.

C’est cette représentation qui est reprise ici :

les grandes entreprises internationales exportatricesLes grandes entreprises internationales exportatrices sont mentionnées en tout premier lieu.

Celles-ci ont, la plupart du temps, un siège social dans un pays étranger, plus précisément sur un

autre continent (Europe et Asie). Elles sont visibles, structurées et peuvent intégrer, du fait de leur

visibilité, des éco-labels tels que FSC ou OLB13, etc. Elles sont industrialisées, réalisant d’importants

investissements de long terme dans l’exploitation forestière, et elles assurent leur propre logistique :

de la forêt à l’exportation du produit. Selon les personnes interrogées, ces entreprises ont fortement

développé leurs activités de transformation ces dernières années, afin de résister à la baisse des volumes

récoltés, à la difficulté de vendre des grumes à un prix rémunérateur, à la hausse de la fiscalité, aux

coûts du transport, mais aussi de la légalité. Il faut noter que les défis d’approvisionnement les ont

souvent conduites à acquérir des concessions. Au Cameroun, « Disposant de 54 pourcent des superficies

attribuées en concessions en propre et de 74 pourcent en considérant le partenariat ou l’affermage, elles possèdent

85 pourcent des capacités de transformation installées » (CIRAD, 2006). Une majorité s’est adaptée aux

changements du cadre législatif et réglementaire en s’orientant vers l’aménagement durable des

concessions, voire pour certaines vers la labellisation de leurs produits.

12 20 contacts en août 2014.

13 FSC : Forest Stewardship Council ; OLB : Origine Légale des Bois

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les grandes entreprises nationales exportatricesA l’instar des entreprises «  étrangères  », elles peuvent intégrer toutes les strates de la chaîne de

production depuis la forêt jusqu’à l’exportation et en passant par la transformation – ce qui

représente des investissements conséquents. Elles assurent leur commercialisation elles-mêmes

ou par l’intermédiaire d’agents. Elles sont soumises aux mêmes impératifs à l’exportation que les

entreprises internationales. Certaines d’entre elles toutefois ne font pas de transformation. Cette

caractéristique devrait évoluer dans les prochaines années car il est de plus en plus difficile d’assurer

des résultats en étant seulement exploitant forestier. Dans certains cas ces entreprises disposent aussi

de petites unités de reconditionnement pour l’export des bois provenant des forêts communautaires.

A contrario, il faut aussi noter la possibilité de s’inscrire dans la transformation pure, sans pour autant

être détenteur de concessions forestières.

les négociants internationauxCes commerçants sont des intermédiaires et n’ont pas obligatoirement de grandes structures (en

termes de Ressources Humaines) mais arbitrent généralement des volumes de produit conséquents.

Suivant qu’ils seront liés à tels ou tels débouchés ils mettront, ou non, en œuvre des éco-labels. C’est

l’exportation qui prime avant tout.

les courtiers et agentsCes opérateurs, qui peuvent être basés dans les pays de consommation ou de production, sont

mandatés soit par les fournisseurs, soit par les clients, afin de trouver des débouchés, inspecter les

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produits, organiser les transports, etc. Ils sont rémunérés à la commission (pourcentage) et n’engagent

pas leur fonds dans les opérations menées. Leurs structures sont légères (structures unipersonnelles

ou constituées de quelques personnes), leur chiffre d’affaires est faible mais leur influence peut être

importante sur le marché. Par leurs connaissances des potentialités (clients, utilisations, compagnies

maritimes, produits, législations, etc.) en amont, et des marchés, en aval, ils contribuent activement à

créer de nouveaux flux. Ils ont une fonction prospective dans le marché. Souvent peu visibles et par

conséquent peu étudiés, leur rôle est pourtant majeur dans les échanges internationaux.

les moyennes entreprises nationalesVendant aussi à l’export, elles sont généralement localisées dans un seul pays, où se trouvent leurs

sièges sociaux. Elles peuvent avoir d’autres activités que celles liées au secteur forestier. Leur taille,

voire leurs cibles commerciales ne les contraignent pas à répondre à des standards de labellisation.

Elles assurent à la fois la production et l’exportation. Elles ont une faible capacité de développement

technologique mais peuvent toutefois accéder à des prêts auprès de banques commerciales.

L’organisation interne existe mais ses capacités sont faibles, qu’il s’agisse de collecte de données ou

de mise en œuvre d’une stratégie marketing.

les petites entreprises nationalesMoins visibles que les précédents acteurs, leur émergence au cours des dernières années est très

significative des difficultés rencontrées par le secteur privé forestier. Elles traitent des volumes

issus majoritairement d’une exploitation illégale, qui sont ensuite parfois conditionnés pour

l’exportation (que les PME n’assurent pas directement) ou bien destinés au marché national, suivant

les opportunités et leur démarche commerciale. Les moyens de productions sont assez sommaires.

Notons que l’outillage utilisé diffère selon que les produits seront destinés au marché local ou

bien à l’export. Ainsi les « scies mobiles restent liées au marché export » alors que les scieurs utilisant des

tronçonneuses se focalisent sur le marché domestique (Cerutti & Lescuyer, 2011). Les capacités

d’autofinancement sont faibles, l’accès aux emprunts limité par le niveau élevé des taux d’intérêt

plus que par la fourniture de garanties. Il n’y pas de visibilité quant à la rentabilité de ces structures.

L’organisation interne existe mais elle fonctionne de manière incomplète.

les artisansL’artisan achète des produits bruts qu’il transforme en produits finis ou semi-finis. Il utilise des

moyens humains composés de petites équipes. Il est essentiellement focalisé sur le marché local. Le

mode de fonctionnement est l’auto-emploi ou l’emploi familial, sans réelle organisation interne.

Le fonds de roulement est difficile à obtenir. N’ayant pas accès à des matières premières issues de

concession valablement contrôlées, ses produits sont essentiellement illégaux.

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TenTaTive de définiTion

Lorsque nous interrogeons les professionnels de la filière, ceux-ci complètent le panorama en y

ajoutant les intermédiaires. Ils font ainsi mention des prestataires (mécanique, entretien des matériels,

etc.), sous-traitants (transporteurs), spécialistes de la traçabilité ou encore logisticiens. Ils sont tous

fondamentaux dans la chaîne de valeur et se doivent d’être consultés lorsque l’on traite de ce secteur.

Toutefois, ils ne peuvent pas être intégrés comme producteurs, transformateurs, commerçants ou

encore exportateurs. Ils ne font pas directement acte de commerce à partir des produits forestiers.

De plus les notions de légalité et d’illégalité, de formel et d’informel ou encore de visible et

d’invisible sont en permanence mentionnées par les professionnels mais elles ne permettent pas de

segmenter, en raison des difficultés à définir l’étendue de l’illégalité, de l’informel et de l’invisible.

Le tableau 1 ci-dessous apporte une rencontre entre les propositions faites par les administrations et

les propos des professionnels.

Les segments proposés sont limités à 6 catégories :

q Grandes Entreprises Internationales/Nationales (GE)

q Moyennes Entreprises Nationales (ME)

q Négociants (NE)

q Petites Entreprises (PE)

q Courtiers (CO)

q Artisans (AR)

Les grandes entreprises, que leur siège social soit situé au Cameroun ou ailleurs, sont confrontées

à des contraintes financières, structurelles et de réputation assez semblables et ont été regroupées.

Bien entendu des sociétés cotées en bourse et possédant un bilan social et/ou une politique de

« Responsabilité Sociale des Entreprises », etc. peuvent toutefois avoir des expositions aux contraintes

plus fortes.

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TAbLEAU 1. segMenTaTion secTeur Bois par grouTel & fuMey

catégorie administrative -

Juridique

nombre d’employés

chiffre d’affaire (franc cfa, €)

activité professionnelle

marché de destination

proposition de segments

Grande Entreprise 100 > 1 Md FCFA>

1,5 Mn € >

Producteurs et transformateurs

Export ge

Grande Entreprise Internationale

Producteurs et transformateurs

Export Grande Entreprise Nationale

Moyenne Entreprise 21 – 99 100 Mn – 1 Md FCFA

150 000 – 1,5 Mn €

Producteurs et transformateurs

Export & local Me

Moyenne Entreprise Nationale

Intermédiaires commerçants

Export ne

Négociant

Petite Entreprise 6 – 20 15 Mn – 100 Mn FCFA

23 000 – 150 000 €

Transformation et commercialisation

Local pe

Petite Entreprise

Intermédiaire Export co

Courtier

Très Petite Entreprise / Artisanat

1 – 5 < 15 Mn FCFA

< 23 000 €

Transformateur et commerçant

Local ar

Artisan

© Em

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conclusionperspectives d’évolution des acteurs du secteur forestier

Il n’est pas aisé de dresser une typologie claire des entreprises qui œuvrent dans la filière bois. Ce que

nous constatons est l’écart qui se creuse entre les différents segments. Ainsi le secteur « structuré » ou

formel  au Cameroun emploierait 22 000 personnes pour 695 millions d’US$ alors que le formel

et l’informel cumulés pèseraient pour 1 450 millions d’US$ et 450 000 emplois (Rametsteiner &

Whiteman, 2014)14. Surtout, « le marché intérieur est largement dominé par les sciages illicites : Cerutti et

Lescuyer estiment qu’environ 73 pourcent du bois vendu dans les grands marchés provient de sources inconnues.

Une quantité non négligeable de ce bois emprunte la route du Nord-Cameroun à destination du Tchad  »

(Julve & al., 2014).

La segmentation, avec ses limites, permet toutefois de fixer un cadre et de nommer. Nous avons

donc retenu une segmentation en 6 classes, tout en incluant des segments qui ne sont pas cités

habituellement – tels les courtiers et les négociants. Absents du champ des études ou rarement

présentés, ils ont pourtant un rôle de tout premier ordre sur les marchés et donc dans la mise en

place des normes et réglementations.

Nous avons abordé dans ce travail les entreprises forestières, de transformation ou encore commerciales.

A celles-là, il faut ajouter, tout en restant dans le secteur privé, lorsque l’on veut traiter des attentes

d’un secteur à l’égard d’un processus tel que l’APV-FLEGT : les instances représentatives (syndicat),

les experts forestiers (aménagistes, certificateurs, transporteurs, logisticiens) et toutes les entreprises

qui peuvent être impactées ou « impactantes » en la matière.

Ce travail de segmentation permet donc de comprendre par classe d’activité quelles sont les attentes,

les challenges, les opportunités ou les craintes des différents protagonistes de la filière bois. Cette

réflexion peut servir de base à l’élaboration de stratégies propres à chacun d’entre eux.

14 Tout comme pour les emplois mentionnés au début de cette étude, les chiffres avancés sont des évaluations et doivent être maniés avec précaution.

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bibliographie

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Cerutti P.O., Lescuyer G. 2011. Le marché domestique du sciage artisanal au Cameroun, CIFOR.

CIRAD 2006. Audit économique et financier du secteur forestier au Cameroun, Ministère de l’Economie et des Finances, République du Cameroun.

Groutel E. 2013. Evolution des marches des bois tropicaux africains - Ethique et pragmatique, pour une valorisation durable des ressources forestières, FAO.

Groutel E. 2015. MATRICE OCR : Comment mener une approche intégrative inspirée de Follett?, FAO (à paraitre).

Groutel E. & Yene Yene G. 2014. CHALLENGES ET OPPORTUNITES dans le soutien auprès du secteur privé, dans le cadre de l’Accord de Partenariat Volontaire de l’Union européenne et du Cameroun, EFI-FAO-UK AID.

Julve Larrubia C, Tabi Eckebil P.P., Nzoyem Saha N., Tchantchouang J-C., Kerkhofs B., Beauquin A., Mbarga Mbarga J-P., Vermeulen C., Cerutti P.O. & Lescuyer G. 2014. « Forêts communautaires camerounaises et Plan d’action « Forest Law Enforcement, Governance and Trade » (FLEGT) : quel prix pour la légalité ? », Bois & Forêts des Tropiques, No 317 (3), pp. 71-80.

Michalet C-A., (1976), Le capitalisme mondial, PUF.

Purnomo H., Wardell A., Shantiko B., Achdiawan R., Melati, Yovi E.Y., Effendi R. & Moh. Amin S. 2013.«Action research to improve furniture value chain governance and enhance livelihoods of small-scale producers», Brief Info, No 64, Cifor.

Rametsteiner E. & Whiteman A 2014. Situation des forêts du monde, FAO.

Simpson R. & Vandenhaute M. 2014. Le processus Accord de partenariat volontaire (APV) dans les pays d’Afrique centrale et de l’Ouest: de la théorie à la pratique, FAO.

UNICO 2009. Etude sur la Formulation du Plan Directeur (M/P) pour le Développement des Petites et Moyennes Entreprises en République du Cameroun, Japan International Cooperation Agency (JICA) pour MINPMEESA.

textes juridiques

Le Code des Investissements du Cameroun, institué par l’Ordonnance n° 90/007 du 8 novembre 1990, puis modifié par l’Ordonnance n° 94/003 du 24 janvier 1994.

Loi N° 2007/004 du 13 juillet 2007 régissant l’artisanat au Cameroun.

Loi N° 2010/001 du 13 avril 2010 portant promotion des Petites et Moyennes Entreprises au Cameroun.

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Typologie des acTeurs du secTeur privé foresTierDocument produit dans le cadre de l’étude challenges et opportunités dans le soutien auprès du secteur privé dans le cadre de l’accord de partenariat volontaire de l’union européenne et du cameroun

Typologie des acTeurs du secTeur privé foresTier

Un secteur privé ou des secteurs privés ? Lorsque l’on aborde les problématiques relatives au secteur privé, acteur majeur de la filière forestière, c’est toujours la même question qui se pose. Comment aborder des entreprises aussi disparates les unes des autres ? En effet, quoi de commun entre une multinationale et un scieur de long utilisant une simple tronçonneuse ?

Cela peut se faire par la taille (nombre d’employés, chiffre d’affaires), le positionnement vis-à-vis de la filière, depuis l’amont (la forêt) vers l’aval (la transformation, l’exportation, etc.) ou bien encore en termes de « nationalité » des capitaux. Selon les pays, il peut être essentiel de différencier les producteurs de grumes, des scieurs, des fabricants de contreplaqués ou encore des menuisiers, sans oublier les charbonniers qui peuvent être des maillons majeurs.

Un autre point fondamental est de proposer un schéma expliquant les interconnections éventuelles entre les différents protagonistes (Purmono et al., 2013). Très rapidement, nous pouvons constater que le sujet est complexe et qu’il se complexifie encore lorsque l’on induit, en outre, la notion de légalité.

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