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Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens face au changement climatique• L’écosystèmesubéraie• L’écosystèmealfatierdanslegouvernoratdeKasserine• L’écosystèmepastoraldanslegouvernoratdeMédenine
Rapportdesynthèse
Ministère de l’AgricultureInstitut des Régions Arides
CRDA de Beja, Jendouba, Bizerte, Kasserine et Médenine
Publiépar:
Siègedelasociété:
Mandatépar:
Institutionspartenaires:
Équipedetravail: MaikePotthastetAliAbaab:
AzaiezOuledBelgacem,MongiSghaier etMohamedOuessar:
AliAloui:
KamelTounsi:
HamedDaly-Hassen:
Miseàjour:
Impression/Conception:
Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens face au changement climatique• L’écosystèmesubéraie• L’écosystèmealfatierdanslegouvernoratdeKasserine• L’écosystèmepastoraldanslegouvernoratdeMédenine
Rapportdesynthèse
Publié par la
Ministèredel’AgricultureInstitutdesRégionsAridesCRDAdeBeja,Jendouba,Bizerte,KasserineetMédenine
Étude de la vulnérabilité de l'écosystème Subéraie face au changement climatique
avec l’appui de la MInIstèRe De l’AgRICultuRe et De l’envIRonneMent
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Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
Sommaire
1. InTRODuCTIOn 7
2. DeSCRIPTIOnDeL’APPROCHeMÉTHODOLOgIque 9
3. AnALySeDeL’ÉTATACTueLDeL’ÉCOSySTèMe 11
3.1. Descriptiondel’étatactueldesdifférentesunitésidentiiées 15
3.2. Identiicationetanalysedesfacteursinluençantl’étatdesdifférentesunitésdelasubéraietunisienne 23
3.2.1. Facteurs biophysiques (sol, pente, exposition) 23
3.2.2. les facteurs socio-économiques et les perturbations anthropozoogènes 24
3.2.2.1.Vulnérabilitédelasubéraieauxfeuxdesforêts 25
3.2.2.2.Vulnérabilitédessubéraiesàlapressionpastorale 25
3.2.3. Analyse climatique rétrospective 30
3.2.3.1. tendances actuelles des précipitations 30
3.2.3.2. tendances thermiques 31
3.2.3.3.Identiicationdesvariablesclimatiqueslesplusdéterminantesdansl’évolution
de l’état des différentes unités de l’écosystème. 32
4.AnALySeDeLAvuLnÉRABILITÉDeLASuBÉRAIefACeAuCCAuxHORIzOnS2020eT2050. 35
4.1. Projectiondesvariablesclimatiquesidentiiées 35
4.2. Déinitiondesprincipauxrisquesdirectsetindirectsmenaçantladurabilitédel’écosystème
et induits par le CC. 40
4.3. Évaluation des effets des CC sur les subéraies 43
etat en 2020 scénario A2 et B2 44
Etaten2050ScénarioA2 44
Etaten2050ScénarioB2 44
5.AnALySeDeLAvALeuRÉCOnOMIqueDeSDIffÉRenTSBIenSeTSeRvICeSDeL’ÉCOSySTèMe 45
5.1. Identiicationdesdifférentsbiensetservicesdel’écosystème 46
5.2. Méthodesd’évaluationdesbiensetservicesdel’écosystèmechêneliège 46
5.3. Estimationdelavaleuréconomiquedel’écosystèmechêneliègeen2005 47
5.4. Évaluationdelaperteenvaleuréconomiquedesdifférentsbiensetservicesdel’écosystème
sousl’effetduCCen2020et2050. 48
5.5. Méthodesd’évaluationdespertesdesbiensetservicessousl’effetduCC 48
5.6. Évaluationdelaperteenvaleuréconomique 48
5.7. Conclusion 49
6.AnALySeDeLAPeRTInenCeDeSSTRATÉgIeS,PROgRAMMeS,PROJeTSeTPRATIqueS
D’AMÉnAgeMenTeTDegeSTIOnACTueLLeenRAPPORTAveCLeSRISqueSLIÉSAuCC 51
6.1. Analysedespratiquesdesylvicultureetd’aménagementdelasubéraie 52
6.2. Analysedelastratégieactuellededéveloppementdelasubéraie 53
6.3. Analysedelacapacitéinstitutionnelledel’administrationforestière 55
5
Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
7.ORIenTATIOnSSTRATÉgIqueSeTMeSuReSD’ADAPTATIOnPOuRAugMenTeR
LARÉSILIenCeDeL’ÉCOSySTèMefACeAuCC 57
7.1. Proposition d’orientations stratégiques en vue d’améliorer l’élaboration des stratégies,
desprogrammesetprojetsd’aménagementetdegestiondesécosystèmes 57
7.2. Proposition de mesures d’adaptation concrètes pour augmenter la résilience de l’écosystème
faceauCC. 57
7.3. Proposition d’une composante transversale d’adaptation au changement climatique
danslastratégiededéveloppementdurabledelasubéraie. 61
8.COnCLuSIOnS 63
RÉfÉRenCeSBIBLIOgRAPHIqueS 65
LISTeDeSACROnyMeS
BIK-f Biodiversität und Klima - Forschungszentrum
CC Changement Climatique
CCC/gIz Projet d’appui à la mise en œuvre de la Convention Cadre des nations unies
sur le Changement Climatique
CCnuCC Convention Cadre des nations unies sur le Changement Climatique
CL Chêne liège
DgACTA Direction générale de l’Aménagement et de la Conservation des terres Agricoles
Dgeqv Direction générale de l’environnement et de la Qualité de la vie
Dgf Direction générale des Forêts
DgBTH Direction générale des Barrages et des travaux Hydrauliques
eTP evapo-transpiration Potentielle
fAO organisation des nations unies pour l’Alimentation et l’Agriculture
gIz Deutsche gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit
gTz Deutsche gesellschaft für technische Zusammenarbeit
HADCM3 Modèle de circulation générale du Hadley Center
IfPn Inventaire Forestier et Pastoral national
InRgRef Institut national de Recherche en génie Rural, eaux et Forêts
InS Institut national des statistiques
ISP Institut sylvo-Pastoral
LCD LutteContrelaDiversiication
MAe Ministère de l’Agriculture et de l’environnement
MARH Ministère de l’Agriculture et des Ressources Hydrauliques
MAxenT Maximum entropy Modeling of species geographic Distributions
ODeSyPAnO OficedeDéveloppementSylvoPastoralduNordOuest
Ru Réserve utile
SIg système d’Information géographique
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Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
IntroductIon
Les concentrations en Co2 atmosphériques, et plus généralement en gaz à effet de serre augmentent d’une
manièrecontinuedepuisledébutdelapériodeindustrielle(de280ppmà355ppmdeCO2), et de manière
exponentielledepuis laindu20ème siècle. le dernier rapport du groupement Intergouvernemental sur
l'evolution du Climat (gIeC) de 2007 estime cette augmentation entre 1970 et 2004 à 70% dont 24% imputée
à la période 1990-2004. Certains scénarios du gIeC prédisent une augmentation supplémentaire de cette
concentration de 30 à 90% pour les 30 prochaines années. Cette forte concentration de ces gaz provoque un
échauffementdel’atmosphèreterrestreinduisantunemodiicationdanslacirculationatmosphériquegénérale
et des régimes des précipitations à l’échelle mondiale et régionale.
Larégionméditerranéenneapparaitcommeunpointchaud(Hotspot)climatique(Giorgi,2006).Sonsystème
écologique, coincé entre les milieux arides du sud et les milieux tempéré du nord, semble très sensible à ces
perturbationsclimatiques(Lavoreletal.1998).
la région méditerranéenne étant reconnue comme subissant des changements climatiques particulièrement
intenses, il semble important d’étudier et d’anticiper les conséquences de ces changements sur les écosystèmes
méditerranéens, et en particulier les écosystèmes forestiers qui jouent un rôle important dans les cycles
hydrologiques et biogéochimiques et dans la structure des paysages. Comme la disponibilité en eau est la
principale contrainte climatique agissant sur la végétation méditerranéenne et que cette contrainte est appelée à
se renforcer avec la diminution des précipitations et l’augmentation des températures, c’est à cet aspect particulier
du changement climatique que cette étude s’intéressera.
la tendance générale est une diminution des précipitations annuelles. le troisième rapport du gIeC (2001) prévoit
une diminution comprise entre 10 à 20% dans cette région (sarris et al. 2007).
Pour la tunisie les 2 scénarii climatiques retenus A2 et B2 du HadCM3 (gtZ/MARH, 2007) bâtis sur un maillage
géographiquede0.5°X0.5°(55Kmx55Km)pourunpixeld’informationacompartimentélaTunisieenplusieurs
carreaux sur lesquels on prévoit pour la Kroumirie et les Mogods, l’aire potentielle de la subéraie, l’évolution
climatique suivante :
PourlescénarioA2
En2020uneaugmentation+0.8°Csurlestempératuresmoyennesetunediminutionde6%surlesprécipitations
moyennes annuelles
En 2050 l’augmentation des températures moyennes annuelles est estimée à 1.8°C et la diminution des
précipitations annuelles est estimée à -11%.
PourlescénarioB2
En2020lesmodèlesprévoient+0.9°d’augmentationdestempératuresmoyenneset-4%dediminutionsurles
précipitations moyennes annuelles.
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Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
En2050,cescénarioplusoptimistequelepremierprévoituneaugmentationdestempératuresmoyennesde
1.6°Cetunediminutionseulementde-8%surlesprécipitationsmoyennesannuelles.
Dans ce rapport on s’intéressera à la question du degré de vulnérabilité de la subéraie tunisienne face à ce
changement climatique faisant suite à l’étude stratégique plus générale sur l’Agriculture tunisienne et les
écosystèmes naturels face au changement climatique (gtZ/MARH, 2007). un premier travail d'analyse de
vulnérabilité des écosystèmes face au CC y compris l'écosystème subéraie, a été déjà entrepris par la gIZ et
le Centre de Recherche sur la Biodiversité et le Climat de Francfort (BIK-F), en partenariat avec les acteurs
concernés. Cette analyse a été faite selon l'approche de modélisation des niches écologiques qui a permis de
mettre en évidence la sensibilité de cet écosystème face au CC. la présente étude propose une nouvelle approche
dite approche spatiale mutifactorielle qui analyse l'ensemble des facteurs de vulnérabilité de l'écosystème et leur
évolution sous différents scénarii de CC à différents horizons.
les principaux objectifs de cette étude sont
(i) d’estimer le degré de vulnérabilité de la subéraie du nord de la tunisie à la diminution des précipitations et
àl’augmentationdestempératuresetdeprévoirsadynamiqueauxhorizons2020et2050surdeuxscénarii
différents.
(ii) de déterminer si l’amplitude du changement attendu est de nature à accroitre la vulnérabilité des différentes
subéraiesclasséesparsérieforestière(Unitéd’aménagementenforesterie)àlasécheresse,etenin
(iii)de classer ces séries en fonction de leurs degré de vulnérabilité ain d’y proposer desmesures possibles
d’adaptation.
l’approche utilisée pour répondre à ces objectifs n’est pas expérimentale mais descriptive et utilise principalement
des observations archivées tirées de l’inventaire forestier national pour caractériser les subéraies, des cartes de
synthèses bioclimatiques et climatiques, des données puisées de la carte nationale agricole pour décrire les
paramètres édaphiques (texture, profondeur et réserves utiles des sols), des données climatiques archivées
disponiblesconcernantlasubéraie,desdonnéesarchivéessurlesincendiesdessubéraiesetenindesdonnées
socioéconomiques pour dégager les pressions humaines qui vont se superposer sur l’action climatique majeure.
Oncaractériseral’étatactuel(2000)etonprojetteracetétatsurlemoyentermeen2020etlelongtermeen2050
sur la base de deux scénarii A2 et B2 de projection climatique du modèle HadCM3 adopté par le rapport sur la
stratégie d’adaptation de l’agriculture tunisienne au changement climatique (gtZ/MARH, 2007).
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Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
descrIptIon de l’approche méthodologIque
Cette étude a porté sur l’analyse de l’état actuel de la subéraie dans le but de la classer en unités distinctes
exprimantlesfacteurssousjacentsquiexpliquentcetétataind’ydégagersavulnérabilitéauchangement
climatique.
l’unité de base traitée étant la série forestière parce qu’elle est considérée comme une unité d’aménagement sur
laquelle les forestiers appliquent un traitement sylvicole exprimé par un règlement d’exploitation et un règlement
de travaux selon la fonction principale de la forêt. Cette unité de base n’a pas été respectée pour les subéraies de
Béja et de Bizerte puisqu’on ne dispose pas du fond cartographique numérisé à l’échelle de la série forestière et
par conséquent on n’a distingué qu’une unité de subéraie à Béja et une unité à Bizerte regroupant plusieurs séries
forestières chacune. Dix classes de subéraies écologiquement homogènes ont été distinguées et ont permis de
saisir les facteurs écologiques principaux qui commandent la dynamique de la forêt.
les données de base pour décrire ces différentes unités sont synthétisées à partir de l’inventaire forestier national
(DgF, 2003) de l’échelon Jendouba comprenant les forêts des gouvernorats de Jendouba, Béja et Bizerte.
les données écologiques, bioclimatiques et pédologiques sont extraites et synthétisées à partir de la carte
agricole et d’autres cartes synthétiques sur le climat et les sols. les informations sur les populations forestières
sont extraites du recensement national de 2004 et les informations de base sur les exploitations agricoles des 3
gouvernorats.Lesinformationssurlesincendiesdesforêtssontrelativesàlapériode1980-2004provenantdu
service de protection des forêts de la DgF. les archives de la Régie d'exploitation Forestière (ReF) concernant la
vente des produits forestiers ont permis d’évaluer les différentes valeurs économiques des subéraies.
les données climatiques des températures et des précipitations ont été établies à partir des données climatiques
debasedelapériodederéférence1960-1990etprojetéesen2020et2050selonlesscénariosA2etB2ducentre
HadCM3 disponibles pour la tunisie.
sur chaque unité forestière des extrapolations ont été élaborées pour caractériser les températures et les
précipitations à partir des stations météorologiques les plus proches et à partir des gradients pluviométriques et
thermiques dans ces régions. Pour chaque unité et par scénario les données climatologiques ont été transformées
en nombre de jours mensuels successifs de bilan hydrique négatif au niveau des sols après détermination de
la réserve utile du sol à partir de la carte agricole, de l’évapotranspiration potentielle journalière et mensuelle
en utilisant la formule de Riou. Ces calculs au niveau de chaque série étaient effectués sur 2 points à deux
niveaux altitudinaux extrêmes (haut et bas) pour déterminer une moyenne relative à toute la série. Cette période
relative de stress hydrique exprime la vulnérabilité de la subéraie au facteur climatique et varie en fonction de la
localisation géographique de chaque unité, ses caractéristiques climatiques et édaphiques et n’exprime qu’une
valeur potentielle relative permettant de comparer entre unités dans l’espace et dans le temps sans tenir compte
des apports possibles d’eau provenant des nappes phréatiques à travers l’enracinement profond. Quatre classes
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Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
devulnérabilitéaustresshydriqueontétédéinies:lapremièreclassenonvulnérablecorrespondàunepériode
demoinsde105jours,soitlapériodedesècheressenormaleenrégionméditerranéenne,unmoisenplusaété
ajouté à chaque classe supérieure de telle sorte que la dernière classe la plus vulnérable a une période de stress
aumoinségaleà165jours.Cettedernièrevaleuraétéobservéedurantlesannéessuccessivessèchesde1987à
1990 et avait occasionné des dépérissements dans la subéraie.
les autres facteurs étudiés, seuillés en 4 classes de vulnérabilité par facteur et cartographiés à l’état de référence
puisprojetésen2020et2050sontlapressionpastoraleavec2scénariosdedéveloppementducheptel,lesfeux
des forêts avec un seul scénario, l’état de vieillissement des peuplement variable dans le temps et les conditions
biophysiques stationnelles stables dans le temps (pentes, expositions, types et profondeurs des sols).
la combinaison de ces facteurs a permis de détailler l’état de vulnérabilité à cause du changement climatique
comme forçage principal surimprimé successivement par le vieillissement des peuplements, la surcharge
pastorale, les feux des forêts et enin les conditions biophysiques. Ces combinaisons de facteurs projetés en
2020et2050surlabasedesscénariosA2etB2apermisunenouvellecartographiedelasubéraiepermettantd’y
dégagerlamajoritédesfacteurspouvantinluenceretaggraverlavulnérabilitédelasubéraie.
la cartographie de l’état de vulnérabilité de la subéraie dans l’espace et dans le temps a permis de dégager les
subéraies les plus sensibles qui pourraient probablement subir des dépérissements partiels ou totaux suite à des
années successivement sèches accidentelles. les données de base que nous avions traités n’ont pas permis de
prévoirlesbaissesdeproductivitésetdefertilitésdesstationsaind’entenircomptedansl’évaluationdetoutes
les pertes économiques.
la lecture des anciennes pratiques forestières à l’intérieur des subéraies et de la stratégie actuelle de
développement durable de la subéraie a permis de les réorienter vers des pratiques et des stratégies mieux
adaptées aux changement climatique.
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Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
analyse de l’état actuel de l’écosystème
La subéraie tunisienne est une formation forestière cantonnée principalement en Kroumirie sur substrats
acides de l’oligocène et en bioclimat humide méditerranéen. secondairement elle s’étend aux Mogods sur
des étendues restreintes sur ses franges bioclimatiques humides sur substrats acides. Accessoirement on
la retrouve sur des aires plus réduites au Cap Bon et sur la Dorsale tunisienne sur le versant nord du serdj mais ici
comme une curiosité botanique et phytogéographique à haute valeur écologique et historique mais aussi comme
réserve génétique de valeur.
Selonl'InventaireForestieretPastoralNational(2005),,lechêne-liègeoccupeunesupericiede90.423hadont
70.000 ha à l’état pur et 20.000 ha en mélange principalement avec le chêne Zen, suivi par les pins (maritime,
pignon, alep).
evolutiondessupericiesdespeuplementsdechêneliège.
Peuplement Supericie(ha)
forestier DGF,2005 DGF,1995
Chêne liège 70208 45456
Chêne liège + Chêne zeen 13 920
Chêne liège + eucalyptus 80
Mélange de Chênes 571 1 037
Mélange de feuillus 1815
Chêne liège + mélange de pins 408
Chêne liège + pin d’Alep 233
Chêne liège + pin maritime 2 023
Chêne liège + pin pignon 1165
Chêne liège en mélange ((Feuillus/Résineux) 5,6% 41, 7%
12675
TOTAL 90423 59168
la subéraie tunisienne se présente sous forme de deux faciès principaux :
subéraie orientale: (Mogods et nefza en partie) avec un faciès généralement pauvre et dégradé, réduite à l’état
actueletleplussouventàunmaquisdontlavaleuréconomiqueestfaible.Actuellementellecouvre27.500ha
(DGF,1995).Cette forêtdégradée, fait l’objetdeprojetsde reforestation,par lechêne liègeenmélangeavec
d’autres espèces.
subéraie occidentale:(NefzaenpartieetKhroumirie)avecunfacièsrelativementenbonétatquicouvre45.500
ha (DGF, 1995).Cette forêt, quoique encoreproductive, 80.000 à 100.000quintauxdu liègepar an; demeure
constamment menacée par la dégradation.
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Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
Il en résulte que sur les 150.000ha de l’aire du chêne-liège, il ne reste que 73.000ha dont 45.500Ha sont
productifset27.500haconstituentdesforêtsdégradées(DGF,1995).
Répartitiondessupericies(ha)despeuplementschêneliègeàl’étatpur.
gouvernorat Supericie(ha) Taux(%)
Jendouba 49 142, 397 71
Béja 14066,821 20
Bizerte 6139,221 9
TOTAL 69348,439 100
source : (DgF, 2003).
Lespeuplementsdechêneliègeàl’étatpurcouvrent69.348ha,répartisà71%,20%et9%respectivementdans
les gouvernorats de Jendouba, Béja et Bizerte.
Répartitiondessupericies(ha)despeuplementsmixtesdechêneliège.
gouvernorat Chêneliège
Chênezen
Chêneliège
Pinmaritime
ChêneliègePin Chêneliège
eucalyptus
Total
Ha
Jendouba 13904,150 1957,766 339, 491 31, 339 16232,746
Béja 2, 917 15,798 - - 18,715
Bizerte 12,643 49,236 60,685 49, 431 171,995
Total 13919,717 2022,800 400,176 80,770 16423,456
source : (DgF, 2003).
Lespeuplementsmixtesdechêne liègecouvrent16.423ha, localisésessentiellementdans legouvernoratde
Jendouba.
l’état des différentes strates de la subéraie a été décrit dans les 3 gouvernorats subéricoles (Jendouba, Béja et
Bizerte) comme suit (DgF, 2003):
Lastrateestconsidéréepuresilecouvertdel’espèceprincipaledépasse80%.Unestraten’estdistinguéequesi
elle occupe un espace minimal de 4 ha.
une strate n’est considérée forestière que si son couvert arboré est égal ou supérieur à 10%.
les strates adoptées sont les suivantes :
Stratespuresoumélangéesdechêne-liègepargouvernoratavec5classesdecouvert:75%decouvertetplus,
50à75%,25-50%,25-10%et5-10%.Lemaquisarboréàchêneliègeetlemaquisnonarboré.
les mélanges distingués sont : les peuplements à chêne-liège et chêne zeen et les mélanges avec d’autres résineux
ou feuillus que nous avions nommé mélanges avec d’autres espèces qui sont généralement des plantations
mixtes de chêne-liège et d’autres espèces résineuses en général. nous avons distingué le mélange chêne-liège
et pin maritime qui comprend principalement les subéraies naturelles en mélange avec le pin maritime naturel
de tabarka.
Enplusdecesdistinctionsparletauxdecouvertdesqualiicationsontétédonnéespourcesstrates:Chêneliège
trèsdense,denseetmoyennementdenses.Cesqualiicationssemblentdesinterprétationspuisqu’ellesn’ontpas
decritèresdéinisparl’inventaireetnesontpascartographiéesmaisellesontpermisauxauteursdedéduireles
structures des peuplements pour les nouvelles classes créées et de les exploiter dans le calcul des productions.
nous avons gardé ces structures telles qu’elles sont publiées pour les premières classes de recouvrement (très
dense, dense et moyennement denses) :
Pour chaque strate on a calculé :
la densité à l’hectare, le diamètre moyen, la surface terrière moyenne, le couvert moyen, le volume sur pied
à l’hectare et le volume total sur pied de la strate. l’accroissement moyen en volume à l’ha et l’accroissement
moyen annuel total de toute la strate a été déduit par l’utilisation de la formule des différences de tarif de
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Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
Meyer en supposant un accroissement annuel sous écorce de 0.4 cm/an (cet accroissement a été choisi parmi
les plus faibles pour ne pas surestimer la production). l’âge moyen du peuplement a été estimé sur la base d’un
accroissement moyen sur écorce de 0, 7 cm/an et en le déduisant du diamètre moyen du peuplement.
Delamêmefaçonlaproductionpotentielledeliègedereproductionparhaaétédéduiteensebasantsurune
rotationixede12ansetsurunemassedeliègeproduitede6,5kgparm2desurfacelatéraledéliégée.Lecoeficient
de déliégeage utilisé dans notre estimation est de 2. le liège de reproduction récolté correspond à la production
desarbresde25cmdediamètreetplus.Danscetteestimationnousavonsnégligéles liègesmâlesprovenant
des premiers démasclages et ceux provenant des hausses de démasclage. Pour chaque strate on a considéré
qu’annuellement le 1/12èmedesasupericieestrécoltérespectantainsilarotationdedéliégeageutilisée.
les volumes sur pieds et leurs accroissements annuels sont transformés en biomasse sur la base d’une densité
deboisdechêneliègede0,86.Lesbiomassesdesmaquisetlesbiomassesracinairesdelasubéraieà30cmde
profondeur ont été estimées sur la base des résultats d’une publication sur la séquestration du carbone par la
subéraieetsesdifférentesformationsdedégradationetdesubstitutiondanslarégiondeTabarka(Askri,2006).
la production fourragère des subéraies et des maquis par unité de surface a été estimée sur la base des données
del’inventaireforestieretpastoralnational1995.
Pourdessinerl’étatfuturdelastructuredesstratesnousavonsutiliséuncoeficientdemortaliténaturellede1,
2 % par an exprimant la compétition entre individus et l’effet d’autres facteurs biotiques (galoux, 1970 in Dajoz,
1974;AlouietKouja,2005et2006).Lacroissanceendiamètredesarbresestiméeixeetégaleà0,4cmparan
sousécorceet0,7cmsurécorcenousapermisderedéinirlesnouvellesclassesdediamètresquien2020et2050
constitueraient l’ossature des structures des peuplements en ne tenant compte que de la croissance naturelle en
grosseur des arbres. Ces hypothèses sur la croissance naturelle en grosseur des arbres, sur les pertes des effectifs
des populations par compétition naturelle entre individus ou d’autres causes biotiques naturelles nous ont permis
deredessinerlesproilsdesstratesactuellesauxhorizons2020et2050.
Lesdifférentesstratesdécritesetanalyséesoccupentlessupericiessuivantes:
Typesdepeuplementsetcouvert(Ren%). SupericieenHa Supericieen% Supericiecumuléeen%
1CLpurTDdeJendoubaR>75% 20676 22, 02 22, 02
2CL+CZTDdeJendoubaR>75% 11200 11, 93 39,95
3CLpurDdeJendoubaRentre50-75% 11099 11,82 45,78
4CLpurMDdeJendoubaRentre25-50% 7827 8,34 54,11
5MNAdeJendouba 7703 8,21 62,32
6CLpurMDdeJendoubaRentre10-25% 6366 6,78 69,10
7CLpurTDdeBéjaR>75% 3984 4, 24 73, 34
8CLpurDdeBéjaRentre50-75% 2938 3, 13 76,47
9CLpurMAdeBéjaRentre5-10% 2487 2,65 79, 12
10CLpurMAdeJendoubaRentre5-10% 2170 2, 31 81,43
11CLpurMAdeBIzerteRentre5-10% 2170 2, 31 83,74
12CLetautresTDdeJendoubaR>75% 1660 1, 77 85,51
13 MnA de Bizerte 1477 1,57 87,09
14CL+CZDdeJendoubaRentre50-75% 1397 1, 49 88,57
15CLetautresDdeJendoubaRentre50+75% 1397 1, 49 90,06
16MNAdeBéja 1322 1, 41 91, 47
17CLpurMDdeBizerteRentre25-50% 1245 1, 33 92,80
18CLpurDdeBizerteRentre50-75% 1163 1, 24 94, 04
19CL+PMDdeJendoubaRentre50-75% 1060 1, 13 95,16
20CLpurTDdeBizerteR>75% 1006 1, 07 96,23
21CLpurMDdeBizerteRentre10-25% 935 1, 00 97, 23
22CL+PMTDdeJendoubaR>75% 771 0,82 98,05
14
Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
23CLetautresMDdeJendoubaRentre25-50% 542 0,58 98,63
24CL+CZMDdeJendoubaRentre25-50% 300 0, 32 98,95
25CLetautresTDdeBéjaR>75% 250 0, 27 99, 00
26CLetautresDdeBizerteRentre50-75% 194 0, 21 99, 00
27CL+PMMDdeJendoubaRentre25-50% 115 0, 12 99, 00
28CLetautresTDdeBizerteR>75% 93 0, 10 99, 00
29CLetautresMDdeBizerteRentre25-50% 91 0, 10 99, 00
30CL+CZMDdeJendoubaRentre10-25% 76 0,08 99, 00
31CL+PMMDdeBizerteRentre10-25% 49 0,05 99, 00
32CLetautresDdeBéjaRentre50-75% 39 0, 04 99, 00
33MAdeCL+PMdeJendoubaRentre5-10% 27 0, 03 99, 00
34CLetautresMDdeBizerteRentre10-25% 17 0, 02 99, 00
35CL+PMTDdeBéjaR>75% 14 0, 01 99, 00
36CL+CZDdeBizerteRentre50-75% 13 0, 01 99, 00
37CL+CZTDdeBéjaR>75% 8 0, 01 100, 00
Supericietotale 93.881Ha 100%
légende : Cl (chêne-liège), CZ (Chêne zeen), PM (Pin maritime), D (dense), tD (très dense), MD (moyennement
dense), MA (maquis arboré), Autres (autres espèces), MnA (maquis non arboré).
• Larépartitiongéographiquedesstratesàl’échelledesforêtsetsériesd’aménagementsurlabaseducouvert
montrequececritèrenerelètepasunerépartitionécologiquemaisunedynamiquesoitsousl’effetdela
sylviculture ou une dynamique régressive anthropique. le principe de classement des subéraies adopté est
basé hiérarchiquement sur la fraicheur des stations. Cette fraicheur est estimée par ledegréd’occupationde
l’espaceparlezeen : autrement dit l’ampleur de l’ambiance de la zeenaie ou de la subéraie dans l’occupation
de l’espace forestier.
• Les10classesdistinguéessontlessuivantes(lasupericietotaledesforêtsdetoutelesclassesdépassela
supericiedelasubéraieétantdonnéquedespeuplementsd’autresespècesetdesformationsdedégradation
sont comptabilisés dans les unités d’aménagement).
groupe Classe SupericieenHa Supericieen% Type
Plusde50%deCZeenpur. 1 4857 4.3 Zeenaie à Cl
CZeenetCliège>75% 2 8956 8 Zeenaie dominante 1
CZeenetCliègeentre50-75% 3 22704 20.5 Zeenaie dominante 2
CZeenetCliègeentre25-50% 4 28480 25.7 subéraie dominante 1
CZeenetCliègeentre10-25% 5 15014 13.5 subéraie dominante 2
C Zeen et C liège <10 % 6 8890 8.1 subéraie exclusive 1
C Zeen en trace 7 5534 5 subéraie exclusive 2
C Zeen en trace (subéraies de Bizerte) 8 7094 6.4 subéraie exclusive 3
C Zeen en trace (subéraies de Béja) 9 14771 13.3 subéraie exclusive 4
C Zeen en trace et pin maritime naturel présent (subéraies à pin maritime de tabarka)
10 16043 14.5 subéraie à PM
Total 132343 100%
15
Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
3.1. DeScription De l’état actuel DeS DifférenteS unitéS iDentifiéeS
Classe1:5.620haElleregroupelesforêtsoùlechêneZeenà l’étatpurdépasse50%delasupericieforestière.Cetteclasseest
représentée par 2 séries forestières : el Feija II et Ain Zana. le chêne liège pur dans cette classe ne représente que
18%del’occupationdel’espacedominéenpremierlieuparlechênezeenpur(65%)puisunmélangedeChêne
zeen–chêneliège(17%).L’ambiancedelazeenaiecouvre82%del’occupationforestière.
les 2 séries forestières appartiennent à l’étage bioclimatique humide supérieur tempéré d’altitude, l’altitude des
2forêtsestdanslatranche900-1000m.Lapluviométriemoyenneannuelleestcompriseentre1200-1500mm,
la pluviométrie printanière est supérieure à 300 mm à Feija II et comprise entre 200-300 mm à Ain Zana (période
1930-1960).Les2forêtsappartiennentaugroupementécologiquehumidesupérieuràQuercus canariensis, les
sols appartiennent au groupe des sols bruns lessivés hydromorphes à Feija et au groupe des sols calcimorphes,
des sols rouges méditerranéens des sols bruns faiblement lessivés et des vertisols topolithomorphes modaux à
AinZana.Cetteclassedesubéraieseravieillesur93%desasupericieen2050.
Compositionenstratedelaclasse2 Supericie(ha)desstratesen2000
CL›75% 1338
CL75-50% 88
CL50-25% 152
CL25-10% 217
CL10-5% 70
Cl-CZ›75% 674
Cl-CZ50-75% 30
Cl-CZ50-25% 187
CZ 3292
ReB 180
ReB Cl et PIn 22,5
MAQ nA 29,5
mA Cl 30
CompositionenHadelaclasse2en2000
CL CL-Cz Cz
Age ‹ 20 22
Age de 20-40 1426
Agede40-60 469 3292
Agede60-80 891
Agede80-100
Caractéristiques etat2000
SupericietotaleenHa 6310
v tiges total sur pied en m3 665466
Accroissement total des tiges m3/an 17882
Biomasse totale aérienne des tiges en tonnes 635656
Biomasse aérienne totale du maquis sous peuplement en tonnes 245730
Accroissement annuel en biomasse aérienne des tiges en tonnes 16888
Accroissement annuel total en biomasse aérienne et souterraine du peuplement et du maquis en tonnes 32249
Production totale d’uF 2877360
Supericiepotentielledéliégée(ha/an) 526
Récolte potentielle annuelle de liège en tonnes 201
16
Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
Classe3:25.760haelle regroupe les forêts de Feija I, oued Zeen II et Ain Draham Iv où le paysage dominant est une subéraie
mélangée à du chêne Zeen. une ambiance de Zeenaie d’altitude domine à Feija I et Ain Draham Iv alors qu’à
oued Zeen Iv la zeenaie est plutôt ripicole. Dans les 2 cas la fraîcheur du sol caractérise les 2 milieux permettant
au chêne zeen de dominer encore l’espace.
Cette classe de subéraie vivant dans une ambiance proche de celle de la zeenaie est relativement fraîche comparée
àlasubéraiepure.Elledoitêtremoinsvulnérableauréchauffementclimatique;sileréchauffementsemaintient
auniveaude2°ClespeuplementsmélangéesdeChêneliègeetdechênezeenlaisseraient leursplacesàune
subéraie pure après la disparition naturelle progressive du chêne zeen sauf dans les massifs ripicoles d’oued Zeen
II.
les 2 forêts de Feija I et Ain Draham Iv appartiennent à l’étage Bioclimatique humide supérieur tempéré
d’altitude, l’altitude des 2 forêts est dans la tranche 900-1000 m. la pluviométrie moyenne annuelle est comprise
entre1200-1500mm,lapluviométrieprintanièreestsupérieureà300mmdansles3forêts(période1930-1960).
Unetendanceperceptibledebaissede1%/anentre1969et2003réduiraitcettequantitéd’eausaisonnièreà
170mmen1950etdoubleraitledéicithydriqueactuel.
les forêts d’ADIv et Feija I appartiennent au groupement écologique humide supérieur à Quercus canariensis,
la série d’oued Zen II appartient au groupement de chêne liège à cytise de l’humide inférieur tempéré. les sols
appartiennent au groupe des sols bruns lessivés hydromorphes dans les 3 forêts. Cette classe de subéraie sera
vieillesur77%desasupericieen2050.
Compositionenstratedelaclasse3 Supericie(ha)desstratesen2000
CL›75% 5310
CL75-50% 1740
CL50-25% 1478
CL25-10% 394
CL10-5% 127
Cl-CZ›75% 8522
Cl-CZ50-75% 1614
Cl-CZ50-25% 111
CZ 3362
ReB 1839
ReB Cl et PIn 222
MAQ nA 518
mA Cl 477
CompositionenHadelaclasse3en2000
CL CL-Cz Cz
Age ‹ 20 222
Age de 20-40 7080
Agede40-60 2476 10136 3362
Agede60-80 891
Agede80-100
17
Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
Caractéristiques etat2000
SupericietotaleenHa 25714
v tiges total sur pied en m3 2612831
Accroissement total des tiges m3/an 66448
Biomasse totale aérienne des tiges en tonnes 2378868
Biomasse aérienne totale du maquis sous peuplement en tonnes 999168
Accroissement annuel en biomasse aérienne des tiges en tonnes 59590
Accroissement annuel total en biomasse aérienne et souterraine du peuplement et du maquis en tonnes 122646
Production totale d’uF 11725584
Supericiepotentielledéliégée(ha/an) 2143
Récolte potentielle annuelle de liège en tonnes 1950
Classe4:34.000haelle regroupe les forêts d’ADIII et vI, Amdoun I, Mekna I, Hamdia, Feija vI, Chihia I à III. Dans cette classe la
zeenaiepures’étendsur10%del’espaceforestier,lasubéraiepuresur57%etlasubéraiemélangéeàduchêne
Zeen sur 24% de cet espace. l’ambiance de la zeenaie ne couvre que 34% de l’espace total de la classe. l’ambiance
de la subéraie commence à dominer. Cette classe s’étend sur plus du 1/3 de la subéraie tunisienne.
les sols dominants sont de types brun à brun lessivé hydromorphe avec apparition de sols bruns peu lessivés
et quelques vertisols. Dans les forêts de Chihia et rarement à Hamdia et Mekna I vont apparaitre des sols
calcimorphes et des sols rouges méditerranéens.
Quelques tâches du groupement de l’humide supérieur avec le groupement à Quercus canariensis et la majorité
des forêts appartiennent à l’étage humide inférieur avec le groupement à Quercus suber à cytise et à basse altitude
le groupement à Quercus suber à Pistacia lentiscus et erica arborea.
Lapluviométrieannuelleestcompriseentre1000et1200mmpourlamajoritédelaclasseet1500mmetplus
pourlessériesd’AinDraham;latrancheprintanièreestdeplusde300mmdanslesforêtsd’AinDrahametde
200à300mmdanslesforêtsdeMeknaI,HamdiaetChihia.Lesforêtsdecetteclasseserontvieillessur78%dela
supericiedeleurspeuplementsprincipauxàl’horizon2050.
Compositionenstratedelaclasse4 Supericie(ha)desstratesen2000
CL›75% 11900
CL75-50% 3052
CL50-25% 1999
CL25-10% 1183
CL10-5% 383
Cl-CZ›75% 5833
Cl-CZ50-75% 978
Cl-CZ50-25% 142
CZ 3010
ReB 2735
ReB Cl PuR 99
ReB Cl et PIn 328
MAQ nA 665
mA Cl 1704
CompositionenHadelaclasse4en2000
CL CL-Cz Cz
Age ‹ 20 427
Age de 20-40 14952
Agede40-60 5269 6811 3010
Agede60-80 142
Agede80-100
18
Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
Caractéristiques etat2000
SupericietotaleenHa 34011
v tiges total sur pied en m3 3001026
Accroissement total des tiges m3/an 90115
Biomasse totale aérienne des tiges en tonnes 2668064
Biomasse aérienne totale du maquis sous peuplement en tonnes 1320781
Accroissement annuel en biomasse aérienne des tiges en tonnes 78933
Accroissement annuel total en biomasse aérienne et souterraine du peuplement et du maquis en tonnes
174301
Production totale d’uF 15509244
Supericiepotentielledéliégée(ha/an) 2834
Récolte potentielle annuelle de liège en tonnes 2107
Classe5:22.389haForméeparlesforêtsdeMeknaIVetV,TegmaIII,FeijaIII,VetVII,ADXetAmdounII.L’ambiancedelazeenaie
ne couvre que 19% de l’occupation forestière et c’est l’ambiance de la subéraie qui domine. les sols des forêts de
Feijasontessentiellementrougesméditerranéensetrougeshydromorphesavecdesvertisolsenbandesétroites;
àFeijaIIIs’ajoutentdessolscalcimorphes.LessolsdeTegmaIIIetADXsontde la familledessolsbrunset
bruns lessivés avec des bandes de vertisols et quelques tâches de sols calcimorphes. A Mekna Iv et v et Amdoun
II dominent des sols bruns lessivés, des vertisols et des tâches de sols calcimorphes assez grandes sur Amdoun
II. l’étage de végétation dominant est l’humide inférieur avec le groupement à Quercus suber à cytise. l’étage
bioclimatique supérieur à Quercus canariensis apparaît en tâches étroites sur les sommets.la pluviométrie
annuelleestdeplusde1500mmàTegmaIIIetAindrahamXavecunepluviométrieprintanièredeplusde300
mmetentre1200à1500mmàFeijaII,VetVIIetAmdounIIetMeknaIVetVavecunepluviométrieprintanière
de 200 à 300 mm.
Compositionenstratedelaclasse5 Supericie(ha)desstratesen2000
CL›75% 6693
CL75-50% 2640
CL50-25% 1661
CL25-10% 776
CL10-5% 343
Cl-CZ›75% 2089
Cl-CZ50-75% 171
Cl-CZ50-25% 116
CZ 463
ReB 3306
ReB Cl PuR 5
ReB Cl et PIn 59,4
MAQ nA 2177
mA Cl 1828
CompositionenHadelaclasse5en2000
CL CL-Cz Cz
Age ‹ 20 64
Age de 20-40 9334
Agede40-60 4608 2260 463
Agede60-80 116
Agede80-100
19
Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
Caractéristiques etat2000
SupericietotaleenHa 22328
v tiges total sur pied en m3 1608217
Accroissement total des tiges m3/an 51912
Biomasse totale aérienne des tiges en tonnes 1379877
Biomasse aérienne totale du maquis sous peuplement en tonnes 864166
Accroissement annuel en biomasse aérienne des tiges en tonnes 44084
Accroissement annuel total en biomasse aérienne et souterraine du peuplement et du maquis en tonnes
105310
Production totale d’uF 10181522
Supericiepotentielledéliégée(ha/an) 1861
Récolte potentielle annuelle de liège en tonnes 1131
Classe6:13.666haelle est représentée par les forêts d’Ain Draham vII, Feija vIII, tegma III et ouled Ali II. l’ambiance de la zeenaie
ne couvre que 3 % de l’occupation forestière et celle de la subéraie 97%.
le bioclimat dominant est l’humide inférieur ave apparition de l’humide supérieur sur les sommets, la pluviométrie
annuelleestde1500mmpourlesforêtsdeAinDrahamVIIetVIIIavecunepluviométrieprintanièrede300mm
et1200à1500mmpourlerestedesforêtsdelaclasseavecunepluviométrieprintanièrecompriseentre200
et 300 mm . les sols sont de la famille des sols bruns et bruns lessivés avec apparition de sols calcimorphes à
ouled Ali II et des vertisols à tegma III. le groupement végétal dominant est celui du chêne liège à cytise de
l’humideinférieuretquelquestâchesdel’humidesupérieuràchênezeenàTegmaIII.Al’horizon205046%des
peuplements seront vieux.
Compositionenstratedelaclasse6 Supericie(ha)desstratesen2000
CL›75% 4297
CL75-50% 1523
CL50-25% 1757
CL25-10% 935
CL10-5% 174
Cl-CZ›75% 141
Cl-CZ50-75% 0
Cl-CZ50-25% 42
CZ 141
ReB 2207
ReB Cl PuR 39
ReB Cl et PIn 110
MAQ nA 1500
mA Cl 820
CompositionenHadelaclasse6en2000
CL CL-Cz Cz
Age ‹ 20 28
Age de 20-40 5820
Agede40-60 3686 141 463
Agede60-80 42 141
Agede80-100
20
Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
Caractéristiques etat2000
SupericietotaleenHa 13686
v tiges total sur pied en m3 858589
Accroissement total des tiges m3/an 30020
Biomasse totale aérienne des tiges en tonnes 720491
Biomasse aérienne totale du maquis sous peuplement en tonnes 529262
Accroissement annuel en biomasse aérienne des tiges en tonnes 25130
Accroissement annuel total en biomasse aérienne et souterraine du peuplement et du maquis en tonnes
63602
Production totale d’uF 6240816
Supericiepotentielledéliégée(ha/an) 1141
Récolte potentielle annuelle de liège en tonnes 531
Classe7:11.955haCette classe est composée des forêts de Fernana I et II Mekna II et III, tegma I et ouled Ali III. elle est dominée
à 100% par une subéraie pure sans trace notable de la zeenaie.
les forêts de Mekna II et III appartiennent à l’étage bioclimatique humide inférieur chaud et celles de Fernana
I et II, tegma I, ouled Ali III appartiennent à l’étage bioclimatique humide inférieur à variante tempérée. le
groupement du chêne liège à lentisque domine, seulement à tabarka III s’ajoute le groupement du chêne liège à
chêne Kermes. les sols dominants sont bruns lessivés, des vertisols s’ajoutent à Fernana et tegma et des sols peu
évolués sur dunes à tabarka III et des sols calcimorphes à ouled Ali.
Compositionenstratedelaclasse7 Supericie(ha)desstratesen2000
CL›75% 2481
CL75-50% 1163
CL50-25% 748
CL25-10% 1098
CL10-5% 44
ReB 3141
ReB Cl PuR 39
ReB Cl et PIn 110
MAQ nA 2258
mA Cl 1009
CompositionenHadelaclasse7en2000
CL CL-Cz Cz
Age ‹ 20 149
Age de 20-40 3644
Agede40-60 2899
Agede60-80
Agede80-100
Caractéristiques etat2000
SupericietotaleenHa 12092
v tiges total sur pied en m3 634077
Accroissement total des tiges m3/an 22391
Biomasse totale aérienne des tiges en tonnes 514347
Biomasse aérienne totale du maquis sous peuplement en tonnes 465209
Accroissement annuel en biomasse aérienne des tiges en tonnes 18162
21
Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
Accroissement annuel total en biomasse aérienne et souterraine du peuplement et du maquis en tonnes
50292
Production totale d’uF 5513724
Supericiepotentielledéliégée(ha/an) 1008
Récolte potentielle annuelle de liège en tonnes 338
Classe8:7.094haelle regroupe les subéraies de sejenane : forêts de tamra, Choucha, Mhibeus, el Hania. Pure à 100% .on ne
retrouve les traces de la zeenaie que dans les ravins et les dépressions humides. Ces forêts occupent l’étage
bioclimatiquehumideinférieurchaudavecunepluviométriemoyenneannuellecompriseentre800et1000mm
etunepluviométriemoyennesaisonnièreduprintempsde160à200mm.Legroupementvégétaldominantest
celui du chêne liège à lentisque et celui à chêne Kermès. les sols sont de la famille des sols bruns et bruns lessivés
etsurtoutdessolshydromorphesàpseudogley.Ledéicithydriqueestimédanslarégionestcomprisentre106à
120jours.57%decettesubéraieseraprobablementvieilleen2050.
Compositionenstratedelaclasse8 Supericie(ha)desstratesen2000
CL›75% 1043
CL75-50% 1186
CL50-25% 1215
CL25-10% 984
CL10-5% 722
CZ 13
ReB 2207
ReB Cl PuR 28
ReB Cl et PIn 443
mA Cl 1450
CompositionenHadelaclasse8en2000
CL CL-Cz Cz
Age ‹ 20 471
Age de 20-40 2229
Agede40-60 4371 13
Agede60-80
Agede80-100
Caractéristiques etat2000
SupericietotaleenHa 7084
v tiges total sur pied en m3 364292,4
Accroissement total des tiges m3/an 12055
Biomasse totale aérienne des tiges en tonnes 312302
Biomasse aérienne totale du maquis sous peuplement en tonnes 276220
Accroissement annuel en biomasse aérienne des tiges en tonnes 10288
Accroissement annuel total en biomasse aérienne et souterraine du peuplement et du maquis en tonnes 27464
Production totale d’uF 3230304
Supericiepotentielledéliégée(ha/an) 590
Récolte potentielle annuelle de liège en tonnes 206
Classe9:14.771haRegroupe les subéraies de Béja : forêts de Bellif, ouchtata, Khorgalia, Msid-tabouba et Amdoun el Jouza en
partie. elle est composée à 100% de chêne liège avec quelques traces de la zeenaie sur les ravins et en altitude à
Amdoun el Jouza.
22
Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
Ces forêts occupent l’étage bioclimatique humide inférieur doux avec une pluviométrie moyenne annuelle
compriseentre1000et1200mmetunepluviométriemoyennesaisonnièreduprintempsde160à200mm.Le
groupement végétal dominant est celui du chêne liège à lentisque et celui à chêne Kermès. les sols sont de la
famille des sols bruns et bruns lessivés qui dominent.
Compositionenstratedelaclasse9 Supericie(ha)desstratesen2000
CL›75% 3968
CL75-50% 2919
CL50-25% 3156
CL25-10% 1660
CL10-5% 700
Cl-CZ›75% 3
CZ 370
ReB Cl et PIn 267
mA Cl 1728
CompositionenHadelaclasse9en2000
CL CL-Cz Cz
Age ‹ 20 14
Age de 20-40 6887
Agede40-60 7244 3 370
Agede60-80
Agede80-100
Caractéristiques etat2000
SupericietotaleenHa 14771
v tiges total sur pied en m3 995448
Accroissement total des tiges m3/an 33244
Biomasse totale aérienne des tiges en tonnes 861901
Biomasse aérienne totale du maquis sous peuplement en tonnes 576069
Accroissement annuel en biomasse aérienne des tiges en tonnes 28702
Accroissement annuel total en biomasse aérienne et souterraine du peuplement et du maquis en tonnes
67361
Production totale d’uF 6735576
Supericiepotentielledéliégée(ha/an) 1231
Récolte potentielle annuelle de liège en tonnes 727
Classe10:13.591hasubéraie surtout mélangée à du pin maritime naturel regroupant les séries I à Iv des forêts de tabarka. le chêne
zeen est présent dans les ravins ou les dépressions humides.
les forêts de cette classe appartiennent au bioclimat humide inférieur chaud pour les séries I, II et Iv et tempéré
pour la série III. les groupements végétaux sont ceux du chêne liège à lentisque et bruyère arborescente et le
groupement du pin maritime et bruyère à balai. les sols lessivés localement hydromorphes dominent, les sols
bruns et bruns lessivés hydromorphes sont cantonnés surtout à la série III de tabarka. la pluviométrie annuelle
est comprise entre 1000 et 1200 mm, les pluviométries printanières sont comprises entre 200 et 300 mm.
23
Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
Compositionenstratedelaclasse10 Supericie(ha)desstratesen2000
CL›75% 1736
CL75-50% 2442
CL50-25% 2433
CL25-10% 458
CL10-5% 76
Cl-CZ›75% 605
Cl-CZ50-75% 163
CL-PM›75% 109
Cl-PM 50-75% 98
ReB 1112
ReB Cl PuR 15
ReB Cl et PIn 100
MAQ nA 713
mA Cl 342
CompositionenHadelaclasse10en2000
CL CL-Cz Cz
Age ‹ 20 115
Age de 20-40 4178 109
Agede40-60 2967 768 98
Agede60-80
Agede80-100
Caractéristiques etat2000
SupericietotaleenHa 10402
v tiges total sur pied en m3 795417
Accroissement total des tiges m3/an 24789
Biomasse totale aérienne des tiges en tonnes 677510
Biomasse aérienne totale du maquis sous peuplement en tonnes 403405
Accroissement annuel en biomasse aérienne des tiges en tonnes 20983
Accroissement annuel total en biomasse aérienne et souterraine du peuplement et du maquis en tonnes 55730
Production totale d’uF 4743084
Supericiepotentielledéliégée(ha/an) 867
Récolte potentielle annuelle de liège en tonnes 614
3.2. iDentification et analySe DeS facteurS influençant l’état DeS DifférenteS unitéS De la Subéraie tuniSienne
3.2.1.facteursbiophysiques(Sol,pente,exposition)
les facteurs biophysiques analysés sont principalement des facteurs géographiques stationnels et édaphiques.
Pour chaque unité d’aménagement ou série forestière on a relevé les expositions dominantes, les pentes
dominantes, les types de sols et les profondeurs des sols selon les descriptions et la terminologie de la carte
nationale agricole. on a constitué des groupes homogènes qu’on a classé en 3 sous unité : 1 classe favorable au
développement de la subéraie, 2 classe moyenne et 3 classe défavorable. Chaque classe a été notée (1, 2 ou 3)
selonqu’elleestfavorableoudéfavorablepuislesnotesétaientpondéréesparuncoeficiententre4et1(4pour
lesexpositions,3pourlespentes,2pourlesprofondeursdessolset1pourlestypesdessols).Unenoteinalea
étéattribuéeàchaqueunitéforestière.Lapondérationaétéattribuéesurlabasedel’inluencedufacteursurla
végétationmaisaussisurledegrédeprécisiondudescripteur.Lecoeficient4aétéattribuéàl’expositionparce
24
Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
que le facteur est déterminant en bioclimat et microclimat et en même temps il est assez précis, 3 pour la pente
qui est déterminante pour l’eau dans le sol, la profondeur des sols et aussi pour sa précision, 2 pour la profondeur
des sols parce que nous pensons que la carte agricole n’est pas très précise pour décrire les profondeurs des sols
forestiers et 1 pour le type de sol et les facteurs édaphiques contraignants parce que les nuances entre catégories
ne sont pas très bien délimitées.
la synthèse de ces différents facteurs stationnels et édaphiques nous a permis de regrouper les séries forestières
en 4 grandes classes : la première étant la plus favorable à la subéraie et la dernière la moins favorable. les
résultats de ce classement sont présentés sur le tableau suivant :
Classementdessubéraiesselonleursconditionsbiophysiques
Conditionstrèsfavorables(25%desunités)
Conditionsassezfavorables(47%desunités)
Conditionsmoyennementfavorables(12%desunités)
Conditionsdéfavorables(16%desunités)
Ain Draham IIMekna IIMekna IIIMekna Ivoued Zeen IIIsubéraies de Bizertesubéraies de Béjatabarka IIItegma IAmdoun IIAmdoun IFeija II
Ain Draham IAin Draham IIIAin Draham IvAinDrahamIXAinDrahamXtegma IIChihia IChihia IIoued Zen IIoued Zen Ivtabarka Itabarka IIHamdiaMekna IFernana IFarnana IIouled Ali IIIFeija IIIFeija vIIFeija vIII
tabarka IvMekna voued Zen IChihia IIIFeija IvFeija vI
Ain Draham vAin Draham vIIAin Draham vIIItegma IIIouled Ali Iouled Ali IIFeija IFeija v
Ceclassementdessubéraiesestixepuisquelesconditionsbiophysiquesrestentrelativementstablesdans le
temps.
3.2.2.Lesfacteurssocio-économiquesetlesperturbationsanthropozoogènes
Ces facteurs sont analysés sur la base des ressources statistiques sur les populations rurales vivant autour des
subéraies exprimés par la densité des ménages ruraux au Km2 et surtout leurs relations avec les parcours forestiers
et les problèmes des feux des forêts. Deux variables ont été utilisées : le rapport de la charge pastorale observée
à la charge pastorale d’équilibre par unité forestière et la vulnérabilité aux feux ont été estimées en combinant les
fréquencesmoyennesannuellesdesfeuxauxsupericiesmoyennesannuellesbrûléesparunitéd’aménagement
(série forestière). l’évolution du rapport entre charge pastorale observée et charge d’équilibre prévue en 2020
et2050aétéétudiéeenadoptantlestauxd’accroissementducheptelutiliséparlaplaniicationagricole:1%
(scénarioB2)etde1.5%(scénariosA2).Pourl’étudedel’évolutiondesfréquencesetdessupericiesmoyennes
annuellesdesfeuxdeforêtsauxhorizons2020et2050aucunehypothèsen’aétéretenueetonaconsidéréque
lesforêtssecomporteraientenmoyennecommesurlapériodeobservée1980-2004.
25
Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
Cartedesniveauxdevulnérabilitédessériesforestièresàchêneliègevisàvisdesfacteursbiophysiques
3.2.2.1.Vulnérabilité de la subéraie aux feux des forêtsClasse1:forêtextrêmementvulnérableauxfeuxdesforêtsle risque annuel des feux des forêts dépasse 100 ha annuellement, ce risque très fort est actuellement localisé à
une seule série forestière celle de Feija II.
Classe2:trèsvulnérableauxfeuxdesforêtsLerisqueannuelestcomprisentre20et100haavecunemoyennede46haparan.
Ce niveau de risque est localisé à tabarka I et III, les maquis arborés de Bizerte, Ain Draham I, Feija Iv, vII, v et
vIII.
Classe3:forêtsmoyennementvulnérablesauxfeuxdesforêtsLerisqueannuelrestetrèslimitéentre1et10ha/ansoitunemoyennede5ha/an.
Lesforêtsquicomposentcetteclassesont:Hamdia,MekanIV,AinDrahamII,IIIetX,lesforêtsdeBéja(Tabouba),
tegma II, Chihia I, Amdoun I et II, ouled Ali I et II, Fernana II, Feija I, III, vI et vII, Bizerte-sejenane (Choucha,
tamera, Mhibeus, Mouaden).
Classe4:forêtspeuvulnérablesauxfeuxdesforêtsLerisqueannuelestdemoinsde1Ha/ansoitunemoyennede0.5ha/an:
CegroupecomprendlesforêtsdeAinDrahamIV,V,VI,VII,VIIIetIX,FeijaI,II,III,V,VI,VIII,MeknaI,II,III,IV,
v, Fernana I, tegma I et III, Ain Zana, Chihia III, Mekna I, II, v, oued Zen I, II, III et Iv, tabarka Iv, Fernana I et II,
Béja (nefza, Msid, Bellif, ouchtata), Bizerte (tamera, Choucha) Chihia II, ouled Ali III.
3.2.2.2. Vulnérabilité des subéraies à la pression pastorale les quatre classes distinguées de vulnérabilité à la pression pastorale sur la subéraie sont les suivantes:
les subéraies non vulnérables à l’activité pastorale où le rapport entre besoins des animaux et productivité
potentielle des parcours est inférieur à 1. les besoins des animaux sont normalement totalement couverts par
cette production potentielle.
26
Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
Lessubéraiespeuvulnérablessontcomposéesparlessubéraieoùcerapportestcomprisentre1et1.5exprimant
des besoins de 1.5 fois supérieurs à la production potentielle. Cette surcharge peut être couverte en cas de
productivité plus forte relative à des années de bonnes glandées ou en cas de diminution provisoire des effectifs
des animaux.
les subéraies moyennement vulnérables sont caractérisées par un rapport besoins/ productivité compris entre
1.5à2.
les subéraies vulnérables à l’activité pastorale sont composées par les subéraies où ce rapport dépasse 2.
Cartedesniveauxdevulnérabilitédessériesforestièresàchêneliègevisàvisdesfeuxdeforêts-Situation2000
27
Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
vulnérabilitédelasubéraieàlapressionpastorale
etatactuelen2000
etaten2020ScénarioB2
etaten2020ScénarioA2
etaten2050ScénarioB2
etaten2050ScénarioA2
subéraiesnonvulnérables
Chihia I et II, Ain
Draham I, II, Iv
et vIII, tegma I
et III, Feija I et
III, Amdoun I et
II, oued Zen I, II,
III et Iv, Fernana
I, tabarka I et
les subéraies de
Bizerte.
(42%dessubéraies)
subéraie de
Bizerte, tabarka I,
Chihia II, Fernana
I, oued Zen I, II,
III, Iv, Ain Draham
Iv
(18%dessubéraies)
tabarka I, Chihia
II, Fernana I,
oued Zen I, II,
III, Iv.
(14%dessubéraies)
Bizerte, tabarka I,
Chihia II, Fernana
I, oued Zen I à Iv
et Ain Draham Iv.
(19%dessubéraies)
Bizerte (sejenane)
(2%dessubéraies)
subéraiespeuvulnérables
Béja, ouled Ali I,
Ain Draham III,
VII,XetIX,Feija
Iv,
Mekna II, Iv et v,
tabarka II, Iv et
tegma II.
(31%dessubéraies)
Ain Draham I, II, v,
VIII,X,AmdounI,
II, Chihia I, Feija I,
II, III, tegma I, III,
Fernana II, Béja,
ouled Ali I
(30%dessubéraies)
Ain Draham I,
II,IV,VIIIetX,
Amdoun I et II,
Chihia I, tegma I et
III, Feija I et III.
(25%dessubéraies)
Aucune tabarka I, Chihia
II, Fernana I, oued
Zen I, II, III, Iv.
(14%dessubéraies)
subéraiesmoyennementvulnérables
Fernana II, ouled
Ali III, Mekna I et
III, Ain Draham Iv,
v, Feija II, v, vI, vII
et vIII, tabarka III
et Chihia III.
(21%dessubéraies)
Ain Draham III,
VII,IX,FeijaIV,
Mekna II, Iv, v,
tegma II, tabarka
II, Iv, et ouled
Ali III.
(23%dessubéraies)
Ain Draham III, v,
VIIetIX,FeijaII
et Iv, Fernana II,
Béja, ouled Ali I,
Mekna II, Iv et v,
tegma II, tabarka
II et Iv.
(31%dessubéraies)
Ain Draham I, II, v,
VIII,X,AmdounI,
II, Chihia I, Feija I,
II, III, tegma I, III,
Fernana II, Béja,
ouled Ali I.
(33%dessubéraies)
Aucune subéraie
subéraiesvulnérables
Hamdia, Mekna III,
Ain Zana et ouled
Ali II.
(6%dessubéraies)
Mekna I, III, Ain
Draham vI, Feija
v, vI, vII, vIII,
tabarka III, Chihia
IIII, Hamdia, Ain
Zana, ouled Ali II.
(25%dessubéraies)
ouled Ali II et
III, Feija v, vI,
vII et vIII, Ain
Zana, Mekna I
et III, tabarka
III, Hamdia, Ain
Draham vI, Chihia
III.
(27%dessubéraies)
Ain Draham III, vI,
VII,IX,FeijaIVà
vIII, Mekna I à v,
tegma II, tabarka
II à Iv, ouled Ali
II et III, Chihia III,
Hamdia, Ain Zana.
(48%dessubéraies)
AinDrahamIàX.,
Amdoun I et II,
Chihia I à III, Feija
I à vIII, tegma I à
III, Béja, Fernana
II, ouled Ali I, II,
III, Mekna I à v,
tabarka II à Iv,
Hamdia, Ain Zana.
(84%dessubéraies)
28
Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
Cartedesniveauxdevulnérabilitédessériesforestièresàchêneliègevisàvisdelapressionpastorale
-Situationen2000
Cartedesniveauxdevulnérabilitédessériesforestièresàchêneliègevisàvisdelapressionpastorale
-Situationen2000-ScénarioB2
29
Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
Cartedesniveauxdevulnérabilitédessériesforestièresàchêneliègevisàvisdelapressionpastorale
-Situationen2050-ScénarioA2
Cartedesniveauxdevulnérabilitédessériesforestièresàchêneliègevisàvisdelapressionpastorale
-Situationen2000-ScénarioA2
30
Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
3.2.3.Analyseclimatiquerétrospective3.2.3.1. Tendances actuelles des précipitationsl’examen des séries pluviométriques annuelles entre 1901 et 2003 sur les 3 principales stations de la subéraie
(AinDraham,TabarkaetElFeija)montreunetendancegénéraleàladiminutionstatistiquementnonsigniicative.
Cette diminution parait très légère à Ain Draham (pente de la droite de tendance de -0.24), plus exagérée à
tabarka (pente de -2.13 dix fois plus grande que celle d’Ain Draham) et encore plus exagérée à el Feija (pente de
-4.1, deux fois plus grande que celle de tabarka et 20 fois plus grande que celle d’Ain Draham) Il semble que plus
que la subéraie s’enfonce vers le sud plus elle s’assèche.
SurlesfrangesEstdelasubéraieauxMogodsetsurdessériespluscourtesentre1969et2004onremarquele
mêmephénomène:unetendanceàladiminutionlégèreàSejnane(pentedeladroitedetendancede-1.8)et
delamêmefaçonàlalimiteEstdesMogodsàTinjaoùlapentedeladroitedetendanceestde-2.0.D’unefaçon
générale on peut dire qu’on est sur un début de diminution des précipitations qui serait plus exagéré sur les
limites sud de la subéraie à el Feija et à l’est de la subéraie aux Mogods. seule la station d’ouchtata parait non
touchée !
Cartedesniveauxdevulnérabilitédessériesforestièresàchêneliègevisàvisdelapressionpastorale
-Situationen2050-ScénarioB2
31
Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
3.2.3.2. Tendances Thermiquestoutes les séries examinées à l’intérieur de la subéraie (Beni Métir) et à ses limites nord à 20 km de tabarka, à sa
limite sud à Jendouba et el Munchar à Béja, soit sur les séries des moyennes thermiques annuelles, des maximales
ou des minimales annuelles montrent une tendance générale à une augmentation élevée des températures. A
BéniMétironpassed’unetempératuremoyenneannuellede16.5°Cen1901àunemoyennede18.5en2003,
uneaugmentationde2°Cen1siècle.Lamêmetendancesurlamêmepériodeetunemêmeaugmentationde2°C
surunsiècleà20kmauNorddessubéraiesdeTabarkaetauSuddelasubéraieàBéjasurlamêmepériode2°C
en 1 siècle. les mêmes tendances sur des séries plus courtes au sud de la subéraie à Jendouba, une augmentation
de0.5degréen30anssurlestempératuresminimalesentre1975et2004etuneaugmentationde3°Csurles
températures annuelles moyennes maximales en 30 ans. le réchauffement est bien là avec une recrudescence à
chaque fois qu’on avance dans le temps. un emballement effectif et une augmentation exponentielle plutôt que
linéaire est actuellement observée.
Pluviométrieannuellesentre1900et2004(tendancesactuelles).
station d’Ain Draham
station de tabarka
station d’el Feija
Pluviométrieannuellesentre1970et2004(tendancesactuelles)
station d’ouchtata
station de sejenane
station de tinja
32
Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
TendancesthermiquesactuellesTempératuresmoyennesannuelles
Ben Mtir tabarka Béja
TempératuresminimalesetmaximalesmoyennesannuellesàJendouba
températures minimales moyennes températures maximales moyennes
3.2.3.3. Identiication des variables climatiques les plus déterminantes dans l’évolution de l’état des différentes unités de l’écosystème.
Pourdéinirlespériodespotentiellementstressantespourlasubéraieonaémisl’hypothèsesuivante:
Alalimitede105joursdestresshydriquedusolonconsidèrequelavégétationdanscesconditionsestadaptée
àcetteduréedestressetdoncnonvulnérabledans lesconditionsméditerranéennesnormales (3,5moisde
sècheresse).
Entre105jourset135jourslavégétationestpeuvulnérableétantdonnéqueselonlesannéesilyapossibilitéque
lasaisonsècheméditerranéenneseprolonged’unmoisaudébutouàlaindelasaisonsèche.
Entre135et165 joursdestress lavégétationestconsidéréemoyennementvulnérablesubissantundébutde
stress un mois plus tôt que la saison sèche normale et un mois plus tard que la saison sèche normale.
Entre165joursetplus,c’est-à-direplusde5moisderéserveutilenulleonaconsidéréqu’onsortdeslimites
desluctuationsduclimatméditerranéenetonentredansuntypedemilieuprochedesmilieuxtropicauxsecs
àsaisonsèchesupérieureà6mois.Pours’adapteràdesconditionspareillesilfautunautretypedevégétation
s’apparentant à la savane sèche tropicale. la végétation méditerranéenne n’étant pas composée par des espèces
de la savane Africaine devient donc très vulnérable dans ces conditions.
Pour estimer cette période relative de stress on a caractérisé chaque série forestière par son type de sol
dominant, une texture dominante et une profondeur dominante. Cette information est puisée directement de
la carte agricole nationale. la variabilité stationnelle à l’intérieur d’une même série forestière n’est pas prise en
compte étant donné qu’on n’a retenu que les caractéristiques édaphiques dominantes moyennes de chaque unité
d’aménagement.
33
Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
sur la base de cette réserve utile moyenne des sols de chaque série forestière et sans tenir compte des possibilités
d’exploitation par les racines des eaux plus profondes on a calculé les consommations moyennes potentielles
d’eaux relatives à chaque mois tenant compte des précipitations mensuelles et des réserves en eau accumulées
du sol sur sa profondeur utile connue et de l’etP mensuelle. l’etP mensuelle calculée et déduite des apports
mensuels en eaux et des réserves utiles du sol permettait de calculer le bilan hydrique du sol. lorsque le bilan est
positifetlaréserveeneaudusoln’estpasentamée,aucundéicitn’estenregistré;lasommedesbilansnégatifs
successifs nous a permis de calculer le nombre de journées par mois où les besoins de l’évaporation potentielle ne
sont plus satisfaits par rapport à la demande potentielle d’eau (etP moyenne journalière des mois à bilan négatif).
Pour ne pas compliquer les calculs de l’etP et utiliser des formules qui nécessitent des bases de données non
disponibles pour nous, on a choisi d’utiliser une formule simple testée en tunisie ne tenant compte que de la
situation latitudinale du lieu (un point central dans chaque série forestière) et la température maximale moyenne
du mois le plus chaud et de la situation de la forêt par rapport aux vents (très ventée ou peu ventée).
SelonCharlesRiou(1960)uneformulesimplenetenantcomptequedelatempératuremaximalemoyennedu
moisnetdelalatitudeendegréetdixièmededegrédulieuestsufisantepourdonneruneestimationcorrecte
de l’etP d’une région quelconque :
le calcul de I’etP d’une station de latitude (lat) en degrés décimaux et de température maximale moyenne du
mois n : tn et du mois suivant t
n+1 se résume en cette démarche simple :
(1) Calcul pour le mois de rang n : gn = (t
n + 2*t
n+1)/3
(2) Calcul de b = 7,1 - 0,1*lat.
(3) on ajoute 0, 2 (0,1 à 0, 3) à b si la station est relativement abritée du vent .
(4) etP = 0, 31 gn - b.
Cette formule nous a permis de calculer les etP mensuelles de chaque série forestière en fonction de sa latitude
et de sa température moyenne mensuelle maximale.
les estimations des températures à l’échelle de chaque série sont extrapolées à partir des données thermiques
moyennes des stations d’Ain Draham pour les forêts entourant Ain Draham et el Feija et de la station de tabarka
pour les forêts entourantTabarka,Nefza et Sejnaneen adoptantungradient thermiquede0.4°Cpar100m
d’élévationenaltitude.Lesdonnéesthermiquesdebaseétantcellesrelativesàlapériode1960-1990
les précipitations mensuelles utilisées pour caractériser la situation initiale par unité d’aménagement étant celles
delapériode1960-1990desstationsdeTabarkaetunitésproches,delastationd’AinDrahametunitésproches
et de la station d’el Feija et unités proches .De la même manière les précipitations mensuelles par série forestière
ont été extrapolées à partir de ces 3 stations de base en fonction de l’altitude moyenne de chaque série et en
utilisant un gradient pluviométrique de 20 mm par 100 m d’altitude à partir des stations de référence (tabarka,
Ain Draham et el Feija) . sachant qu’une partie des précipitations n’atteigne jamais les horizons des sols, on
autilisé laprécipitationeficace (PE)déinie ainsipar laFAO :Pe= (0.8*P)-8 où P désigne la précipitation
mensuelle incidente.
34
Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
Classementdesunitésd’aménagementdelasubéraieselonleurvulnérabilitéaustresshydriqueen2000(étatderéférence)
nonvulnérables22%desunités
Peuvulnérables68%desunités Moyennementvulnérables10%desunités
Trèsvulnérables
Ain Zana, Chihia III, Ain
DrahamII,III,IVetIX,Chihia
II et Fernana I
ouled Ali I II et III, Hamdia,
tabarka II III et Iv, Feija v, vI et
vIII, Fernana II, Ain Draham I, v,
VII,VIetX,MeknaI,II,IV,V,Feija
I, III et Iv, tegma I, II et III, Chihia
I, Amdoun I et II, Bizerte, oued
Zen I, II, III, Iv
Feija II, Feija vII, Mekna III,
Béja, tabarka I,
Aucune
Cartedesniveauxdevulnérabilitédessériesforestièresàchêneliègevisàvisdudéicithydrique-Situationen2000
35
Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
analyse de la vulnérabIlIté de la subéraIe face au cc aux horIzons 2020 et 2050.
4.1. projection DeS variableS climatiqueS iDentifiéeS
la vulnérabilité de la subéraie face au CC est étudiée ici selon lesscénariosclimatiquesA2etB2 du modèle
HadCM3etleursprojectionsauxannées2020et2050.Les2scénariosprévoientdeshaussesdetempératureet
des baisses des précipitations.
Élévationsdestempératures(°C)moyennesannuellesdumodèleHadCM3(scénarioA2)àl’horizon2020(gauche)etàl’horizon2050(droite)parrapportàlapériodederéférence1960-1990.
36
Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
Baisses (en%)desprécipitationsmoyennes annuellesdumodèleHadCM3 (scénarioA2) à l’horizon2020 (gauche) et à
l’horizon2050(droite)parrapportàlapériodederéférence1960-1990.
RécapitulationdesScénariosutiliséspourdéterminerlestresshydriqueédaphiquedelasubéraie
auxhorizons2020et2050.
Augmentation des températures moyennes parrapportàlapériodederéférence1960-1990
+0.8°C +0.9°C +1.8°C +1.6°C
Diminution des précipitations annuelles par rapportàlapériodederéférence1960-1990
-6% -4% -11% -8%
sur la base de ces scénarios on a recalculé le bilan hydrique mensuel des sols des différentes unités d’aménagement
etonadéterminépourchaquesérielapérioderelativedestresshydriqueauxhorizons2020et2050.
37
Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
les résultats de ces calculs sont récapitulés sur le tableau suivant :
Classementdesunitésd’aménagementdelasubéraieselonleurvulnérabilitéaustresshydriqueauxhorizonsde2020et
2050
Ain Draham Iv
Chihia II
Ain Zana
Chihia II, III
Ain Draham II, III, Iv,
VIII,IX
Fernana I
AinDrahamVIII,IX,X
2% des unités 21% des unités 0% 6%desunités
Ain Zana
Ain Draham vI, III, v
VII,IX,I,X,II,VIII
Chihia III, I
Amdoun I
Feija I, Iv
o Ali II, I, III
Feija v
Fernana II
Mekna v
tegma II, III,
Amdoun II
Bizerte
oued Zen I, II, III, Iv
Hamdia
tabarka II, III, Iv
Feija I, III, Iv, v, vI,
vII, vIII
Ain Draham I, v, vI,
VII,X,
Chihia I
Amdoun I, II
o Ali I, II, III
Fernana II
Mekna I, II, Iv, v
Bizerte
o Zen I, II, III, Iv
tegma I, II, III
Ain Zana
Chihia I, II, III
AinDrahamIV,IX,X
oued Zen II
tegma III
Fernana II
ouled Ali III
Chihia I, II
Ain Draham I, II, Iv,
v, vII
tegma II, III
ouled Ali III
Fernana II
oued Zen I, II, III
59%desunités 71% des unités 22%des unités 37% des unités
Feija III, II, vII, vIII
tabarka I, II, III, Iv
Feija vI
Hamdia
Mekna I, II, III, Iv
Béja
tegma 1
Fernana I
Feija II
Béja
tabarka I
Mekna III
Ain Draham I, II, III,
v, vI, vIII
Amdoun I, II
ouled Ali I, II
tegma II
Mekna v
Fernana I
oued Zen I, III, Iv
Feija I, II, III, Iv, v, vI
Feija vII, vIII
Hamdia
tabarka I, II, III Iv
Amdoun I, II
Béja
ouled Ali I, II
MeknaI, II, III, Iv, v
tegma I
Bizerte
Fernana I
oued Zen Iv
39% des unités 8%desunités 34% des unités 57%desunités
Feija I, II, III, Iv, v, vI,
vII, vIII
tabarka I, II, III, Iv
Hamdia
Béja
Mekna I, II, III, Iv
tegma 1
Bizerte
0% 0% 40% des unités 0%
38
Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
Cartedesniveauxdevulnérabilitédessériesforestièresàchêneliègevisàvisdudéicithydrique
-Situationen2020-ScénarioB2
Cartedesniveauxdevulnérabilitédessériesforestièresàchêneliègevisàvisdudéicithydrique
-Situationen2050-ScénarioB2
39
Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
Cartedesniveauxdevulnérabilitédessériesforestièresàchêneliègevisàvisdudéicithydrique
-Situationen2020-ScénarioA2
Cartedesniveauxdevulnérabilitédessériesforestièresàchêneliègevisàvisdudéicithydrique
-Situationen2050-ScénarioA2
40
Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
4.2. Définition DeS principaux riSqueS DirectS et inDirectS menaçant la Durabilité De l’écoSyStème et inDuitS par le cc.
Pour déinir ces risques on a regroupé les unités d’aménagement en classes homogènes de vulnérabilité en
combinant l’ensemble des facteurs :
1. De la vulnérabilité de la forêt au stress hydrique (notée 1, 2, 3 ou 4)
2. De l’état de vieillissement de ses peuplements (notée 1, 2, 3 ou 4)
3. De sa vulnérabilité à la pression pastorale (notée 1, 2, 3 ou 4)
4. De sa vulnérabilité aux feux (notée 1, 2, 3 ou 4)
5. Desesconditionsbiophysiques(notée1,2,3ou4)
Unindicecomposéede5chiffrescaractérisechaqueunitéoùchaquechiffreexprimeunenotede1à4attribuée
respectivement à chacun des facteurs cités ci haut permettait en premier lieu de distinguer la vulnérabilité
climatique basée sur le stress hydrique et de la seuiller selon 4 autres niveaux pondérés selon leur apparition de
gauche à droite sur l’indice (1 facteur climatique (stress hydrique), 2 état de vieillissement de la subéraie, 3 état de la
pressionpastorale,4étatdevulnérabilitéauxfeuxet5conditionsbiophysiquesmoyennesdel’unité).Lesfacteurs
1, 2 et 3 varient dans le temps (changement climatique, âge des peuplements, développement économique des
populationsrurales)etlesfacteurs4et5sontixesdansletempsparcequ’onn’apaspumodéliserladynamique
desfeuxenfonctionduclimatetdespressionshumainesetpourlefacteur5lesconditionsbiophysiques(sol,
pente, exposition) sont considérées stables dans le temps à part la perte de fertilité du sol non estimée dans cette
étude.
Chaque unité forestière a été notée sur cette base pour la situation de référence et pour les projections
2020et2050surlesscénariosA2etB2.
exemple: l’indice 4 4 4 4 4
veut dire :
• SubéraietrèsvulnérableauxCC.
• Trèsvieille(80%ouplusdesespeuplements
ontunâgede80à100ansouplus).
• Trèsfortechargepastoralebesoinsdesanimaux
> 2 fois la production pastorale.
• Trèsvulnérableauxfeuxoulerisqued’avoirunfeuannuel
sur 100 ha et plus est habituellement grand.
• Conditionsbiophysiquestrèsdéfavorables:ExpositionSud,
pente très forte, sols peu profond, de classe pédo-génétique défavorable à la subéraie.
un MoDele D’InDICe sYntHetIQue De vulneRABIlIte
Ces résultats sont exprimés sur les cartes suivantes :
41
Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
Cartedesniveauxdevulnérabilitédessériesforestièresàchêne liègevisàvisde l'indicateurclimatique-
Situationen2000
Cartedesniveauxdevulnérabilitédessériesforestièresàchêneliègevisàvisdel'indicateurclimatique
-Situationen2020-ScénarioB2
42
Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
Cartedesniveauxdevulnérabilitédessériesforestièresàchêneliègevisàvisdel'indicateurclimatique
-Situationen2020-ScénarioA2
Cartedesniveauxdevulnérabilitédessériesforestièresàchêneliègevisàvisdel'indicateurclimatique
-Situationen2050-ScénarioB2
43
Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
4.3. evaluation DeS effetS Du cc Sur leS SubéraieS
Dans lebutd’évaluer leseffetsduchangementclimatiquesur lessubéraies,nousavons recalculé lesdéicits
hydriquesdesannéessurlesquellesonanotédesdépérissementslocalisésdanslasubéraie:1987-1988-1989et
1990aveclamêmeméthodequinousapermisdeclasserlesforêtsselonleursvulnérabilitéauxdéicitshydriques
.LesiteanalyséestceluideAinDrahamIoùonarecalculécesdéicitsdans2cas:solspeuprofondsavecseule-
ment25mmderéserveutiledanslesoletsolsmoyennementprofondsavec100mmderéservesutilesdansle
sol. les résultats de nos calculs sont résumés sur le tableau suivant :
Année Températuremaximale
(Moy/anen°C)
Précipitationannuelleen
mm.
eTP-P/anenmm
nombredemoissuccessifsà
bilaneneaudusolnégatif(Ru
100mm)
nombredemoissuccessifsàbilaneneaudusolnégatif(Ru25mm)
Stresshydriqueenjours(Ru100mm)
Stresshydriqueenjours
(Ru25mm)
1987 25.3 1551 -381 6 7 154 165
1988 26 1211 -855 7 7 170 182
1989 25.4 1186 -829 6 7 127 134
1990 25.5 1453 -599 7 7 196 210
Lalecturedesrésultatsdel’analysemontrequesursolsàréserveutilede100mm,les2années1988et1990sont
classéestrèsvulnérablesauxstresshydriquespourlasubéraieetsursolsàréserveutilesde25mmlesannées
1987,1988et1990sontclasséestrèsvulnérablesauxstresshydriquepourlasubéraieavecdansles2casune
périodede6à7moisdesolcomplètementàsec.
Cartedesniveauxdevulnérabilitédessériesforestièresàchêneliègevisàvisdel'indicateurclimatique
-Situationen2050-ScénarioA2
44
Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
Surcettebaseetcomparativementàcettesituation,onconsidèrequedesstresscontinusdeplusde165jours
causeraient des dépérissements généralisés dans des conditions semblables. toutes les subéraies classées très
vulnérables au changement climatique pourraient probablement subir des dépérissements semblables à ceux
delapériode1987-1990aumoinspourlessubéraiesenconditionsbiophysiquesdéfavorablesenpremierlieuet
en second lieu sur celles considérées très vieilles. C’est sur cette base qu’on a repéré les subéraies pouvant subir
probablement un dépérissement généralisé.
Hors des situations classées très vulnérables nous considérons que les sites classées moyennement vulnérables
pourraient en cas de périodes sèches prolongées (augmentation continue et prolongée des températures et baisse
continue et prolongée des précipitations) basculer dans des conditions très vulnérables. les 2 scénarios A2 et B2
du modèle HadCM3 prévoient en Kroumirie 2 périodes de ce genre : 2019à2028et2045-2050 où on retrouve
cette situation de baisse continue des précipitations et d’augmentation continue des températures moyennes
annuelles. Durant ces 2 périodes la subéraie pourrait subir des dépérissements sur les sites considérés moyen-
nement vulnérables au stress hydrique. Ces dépérissements pourraient occasionner des dégâts à chaque fois sur
20% des individus composant les subéraies au moins similaires aux dégâts subis lors des dépérissements de la
période1987-1990.C’estsurcettebasequelesdégâtsseraientestimés:Mortalitéde100.000arbresdont50%
répartissurlesforêtsd’ElFeijaetOuledAliet50%surlerestedesforêts.Pourestimerlessupericieséquivalentes
perdues on a considéré que la densité moyenne d’un hectare de subéraie est de 300 tiges.
etaten2020ScénarioA2etB2Aucune forêt n’est classée très vulnérable au CC dans le scénario A2. Par contre 17 unités forestières sont classées
moyennement vulnérables. sur ces 17 unités forestières il est possible de classer 3 d’entre-elles pouvant basculer
dans la classe très vulnérable à cause de leurs conditions biophysiques défavorables : Feija vI, Feija vII et tabarka
Iv ou à cause de leur vieillissement : Feija II.
le scénario B2 ne place aucune forêt dans une situation de vulnérabilité.
vu qu’aucune période sèche prolongée n’est prévue aucun dépérissement partiel ou généralisé n’est prévisible (la
périodesècheprobableprévisibleentre2018et2026nedonneraitseseffetsqu’après1920saufsionramèneses
résultatsprévisiblesde2026à2020).
etaten2050ScénarioA2Entre2020et20502périodessèchesprolongéessontprévisibles:2018à2026et2045à2050.20forêtssont
classées très vulnérables dont 10 dans des situations biophysiques défavorables et qui peuvent subir des dépéris-
sementsgénéralisésen2050après2dépérissementspartielavantcettedate:FeijaI,II,IV,VetVIetVII,Hamdia,
Mekna I, tabarka I, II et Iv.
seulement 2 dépérissements partiels à cause de conditions biophysiques défavorables : forêts de Béja et tabarka
III.
Des forêts classées moyennement vulnérables mais sur conditions biophysiques défavorables ou vieillissement
avancé et qui pourraient subir aussi 2 dépérissements partiels sont : ouled Ali I et II, Ain Draham III, v, vI, vII et
vIII, Amdoun I et Mekna v.
etaten2050ScénarioB2Dans ce scénario aucune forêt n’est classée très vulnérable donc aucun dépérissement généralisé n’est prévisible.
27 forêts sont considérées moyennement vulnérables dont 17 dans des conditions biophysiques défavorables ou
très vieillies et qui pourraient subir 2 dépérissements partiels suite aux 2 longues périodes sèches signalées : Feija
I, II, Iv, v, vI et vII, ouled Ali I et II, Hamdia, Mekna I et v, Amdoun I, forêts de Béja, et tabarka I, II, III et Iv.
45
Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
analyse de la valeur économIque des dIfférentsbIens et servIces de l’écosystème
Le changement climatique affecte le dépérissement de la subéraie, sa capacité à fournir des produits, à
séquestrer du carbone, la disponibilité et la qualité de l’eau, le contrôle de l’érosion du sol aussi bien que
la diversité de l’écosystème avec le risque de disparition de certaines espèces endémiques et les risques
accrus des feux incontrôlés, d’attaques de ravageurs et de maladies. Cette perte de biens et services va avoir des
répercussions sur l’économie nationale et le bien être de la population en général. Ce travail a pour objectifs de
montrer l’importance de la valeur économique des biens et services rendus par la subéraie, et d’apprécier la valeur
économique potentiellement perdue des différents biens et services sous l’effet du changement climatique.
Laméthodedetravailconsisted’abordàidentiierlesbiensetservicesdelasubéraie.L’approcheutilisée,adoptée
par le Millenium ecosystem Assessmenten2005,déinitlesbiensetservicesentantqu’avantagesprocurésaux
individus (bien être humain) et les distingue en quatre catégories : services d’approvisionnement, services de
régulation, services culturels et services de soutien. ensuite, la valeur économique des biens et services est estimée
pourl’année2005enutilisantdesapprochesd’évaluationbaséessurleprixdemarché,leprixdesproduitsde
substitution, lafonctiondeproductionetlescoûts.Enin,lavaleuréconomiqueperduesousl’effetduCCest
estimée selon les données disponibles en matière de perte de production des biens et services aux horizons 2020
et2050enutilisantdiversesméthodesd’évaluation.
Lavaleurdesbiensetservicesestestiméeà24,439millionsDTen2005.Cettevaleurestcomposéeprincipalement
delavaleurduliège(24,9%),lefourrage(31,3%),laséquestrationducarbone(16%),lebois(9,9%),laréductionde
lasédimentationdesbarrages(7,2%)etlesautresproduitsforestiersnonligneux(6%).L’analysedelavulnérabilité
del’écosystèmechêneliègeauCCmenéeparlaGIZamontréqu’iln’yauraitpasdepertesensupericieen2020.
Parcontre,ilyauraitunepertepardépérissementen2050d’unesupericiede1196haselonlescénarioB2,etde
18369haselonlescénarioA2.
Enutilisantcesdonnées,lescoûtsdesdommagesactualisésen2011sontestimésà2,475millionsDTselonle
scénario B2 (en utilisant un taux d’actualisation de 2%), soit une réduction de la valeur de la production cumulée
surlapériode2010-2050de0,4%,etde38,021millionsDTselonlescénarioA2,soituneréductiondelavaleurde
laproductioncumuléesurlapériode2010-2050de5,6%.Cespertessontcomposéesprincipalementdesvaleurs
duliège(43%),desémissionsdecarbone(24%),dubois(15%)etdesressourceseneau(11%).
l’application des approches économiques suppose la disponibilité d’informations précises sur l’effet du
changementclimatiquesur ladégradation/ l’améliorationdesbiensetservices,etd’unedéinitionclairedes
relations entre les aspects biophysiques et socio-économiques. Ainsi, de meilleures connaissances sur le CC et la
vulnérabilitédesécosystèmespermettrontd’afinercetyped’évaluationéconomique.
46
Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
5.1. iDentification DeS DifférentS bienS et ServiceS De l’écoSyStème
les écosystèmes procurent de nombreux biens et services contribuant au bien être humain. les services sont
considérés à travers leur soutien ou protection des activités humaines de production ou consommation, ou leur
affectation du bien-être en général. l’evaluation des écosystèmes pour le Millénaireadéinitquatre catégories
de biens et services selon les avantages procurés au bien être humain. les biens et services de l’écosystème chêne
liègeontétéainsiidentiiésenutilisantcetteclassiicationetletypedebénéiciaire.Lapertedesbiensetservices
del’écosystèmesousl’effetduCCpeutaffecterdifféremmentlesbénéiciaires.
-Servicesd’approvisionnement:produitsissusdesécosystèmes
gouvernement : liège, champignons, myrte, bois de feu des forêts, chasse. Ces services procurent des revenus
auxacteursdesilièresconcernées,àl’exportation,etcontribuentaubien-êtredeschasseursetprocurentdes
recettes touristiques.
usagers des forêts : fourrages, glands, bois de feu du maquis, escargots, pollen, autres plantes aromatiques et
médicinales (PAM). Ces services procurent des revenus aux éleveurs et aux apiculteurs. le bois de feu est utilisé
comme source d’énergie pour la préparation du pain et la cuisson, les PAM sont utilisées notamment pour les
soins traditionnels.
-Servicesderégulationissusdelarégulationdesprocessusdesécosystèmes
Communauté nationale : la conservation des sols et la régulation des eaux contribuent à la réduction de la
sédimentationdesbarragesetàlaprotectiondelaproductionagricoledesterresenaval;
Communauté globale : la séquestration du carbone contribue à la régulation du climat et à l’atténuation des
effets néfastes du CC.
-Servicesculturels:Cesontlesbénéicesimmatérielsissusdesécosystèmes
Communauté nationale : la qualité du paysage, les cultures et les traditions permettent d’établir des bonnes
relations sociales, et constituent des opportunités d’extérioriser les valeurs récréatives, culturelles et spirituelles
contribuant aux loisirs, à la réduction des dépenses de santé liées aux activités physiques.
- Services de soutien : ce sont les services nécessaires à l’octroi de tous les autres services fournis par les
écosystèmes
Communauté nationale et globale : Ce sont les services permettant la conservation des espèces, habitats et
écosystèmes qui contribuent au maintien des autres services tels que la conservation de la biodiversité (connue
et inconnue) et des habitats.
5.2. méthoDeS D’évaluation DeS bienS et ServiceS De l’écoSyStème chêne liège
en terme économique, la valeur économique d’une unité d’un bien se mesure par la disposition à payer des
individus (la société en général) pour cette unité, même s’ils n’en font aucun usage. Alors que les biens marchands
sont évalués selon le prix de marché, plusieurs méthodes ont été développées pour l’évaluation des services non
marchands.
les valeurs de production de liège, de récolte et de collecte bois, de collecte de champignons et d’escargots, et de
récolte des brindilles de myrte ont été évaluées selon le prix de marché (adjudications publiques), la valeur du miel
est estimée selon le prix de marché (région de Ain Draham), les valeurs des productions fourragère et de glands
de chêne liège sont estimées à partir du prix des produits de substitution (foin) à 0,2 Dt l’unité fourragère (uF). la
valeur de la chasse est estimée à partir de la valeur des licences et taxe d’abattage.
47
Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
la conservation des bassins versants a été estimée à travers son effet sur la réduction de la sédimentation des
barrages.EnseréférantautauxdesédimentationannuelobservédanslesbarragesdelarégiondeJendouba(8
m3/ha/an;DGBTH,2005),undifférentieldetauxdesédimentationde10,7m3/haetparanentreuncouvert
non forestier et forestier est obtenu, il est attribué aux services rendus à la forêt de chêne liège. Il en découle que
laforêtauraitcontribuéàréduirelasédimentationde967.526m3 par an, ce qui correspond à une perte évitée de
disponibilité en eaux pour l’irrigation actuelle et future (durant les années de sècheresse sur une période de 40
ans).Lavaleurdel’eauestestiméeàsoncoûtd’opportunité,soit0,2DTm3(MARH,2005).Lavaleurducarbone
est estimée sur la base du prix international de 4 $ par tonne de Co2 (Banque mondiale). les accroissements en
biomasse de la forêt de chêne liège et du maquis observés dans la région de Ain snoussi (sebai, 2009) ont été
utiliséspourestimerlaquantitédecarboneixée.
Lavaleurrécréativeestestiméeparlaméthodedetransfertdesbénéices.Lavaleurparvisiteobtenuepourle
parcIchkeul(4,5DTparvisiteen1994)aétéutiliséeetactualisée.Lavaleurdesbénéicesliésàlaconservation
delabiodiversitéestsupposéeaumoinségaleaucoûtdesmesurespréventivesetaumanqueàgagnerpoursa
conservation. la forêt de chêne liège (2900 ha) du parc el-Feija n’est pas exploitée, ce qui induit un manque à
gagner en termes de production annuelle de liège, fourrages, glands, bois, champignons, chasse, escargots et
myrte.
5.3. eStimation De la valeur économique De l’écoSyStème chêne liège en 2005
Lavaleurtotaledesbénéicesliésauxservicesd’approvisionnementestestiméeà18,159millionsDTen2005,soit
200,8DT/haenmoyennesurlabased’unesupericiede90423hadeforêtdechêneliègeetunedensitémoyenne
de345arbresparha(DGF,IFN,2005).Lefourrage(84,7DT/ha)estleprincipalbénéicesuiviparleliège(67,4
DT/ha).Leboisdefeu,lesglandsetlesautresPFNLreprésententlerestedesbénéices.Encequiconcernela
distributiondesbénéicesprivés,l’Etatbénéiciede40,3%alorsquelapopulationlocaleproitedureste,59,7%.
Lavaleurdeconservationdesbassinsversantsaétéestiméeà1,764millionDT,sur labasedesobservations
effectuéesdesannéessèchesdurantlapériode1980-2005etd’untauxd’actualisationde2%.Lavaleurrelative
àlaixationdecarboneaétéestiméeà3,915millionsDT,aprèsavoirévaluélaquantitédecarboneà205323t
(sebai). la valeur liée à la conservation des sols contre l’érosion n’a pas pu être estimée. la valeur liée aux servies
culturelsestestiméeà18800DTenseréférantaunombredevisitesauparcElFeija(3000visitesparan;CRDA
Jendouba) pour des activités récréatives. le.
Lavaleurdesbénéicesliésàlaconservation
de la biodiversité est estimée quant à lui à
443500DTparan.
Il en découle que la valeur des bénéices
de la forêt de chêne liège est estimée à
24,439 millions Dt, composée de services
d’approvisionnement (74,3%), de services
de régulation (23,3%), de services culturels
(0,1%) et de services de soutien (2,4%) (cf.
Figure1).Lesbénéiciairessontlapopulation
locale (44,4%), l’etat (29,9%) et à la société
tunisienne et la communauté internationale
engénéral(25,7%).
Conservation 2,4%
Récréation 0,1%Réduction de la sédimentation 7,2%
Séquestration du carbone 16,0%
Chasse 1,1%
Autres PFNL 7,0%
Bois 9,9%Fourrages 31,3%
Liège 24,9%
figure1:Répartitiondesbénéicesestimésdel’écosystèmechêneliègeen2005Biensetservices
48
Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
5.4. evaluation De la perte en valeur économique DeS DifférentS bienS et ServiceS De l’écoSyStème SouS l’effet Du cc en 2020 et 2050.
selon l’analyse de la vulnérabilité de l’écosystème chêne liège au CC, les pertes sont exprimées en termes de
supericieen2020et2050selonlesdeuxscénariosB2etA2.Iln’yauraitpasdepertesprévuesselonlesdeux
scénariosen2020,parcontre,lespertespardépérissementseraientde1196haselonlescénarioB2,etde18369
haselonlescénarioA2en2050.
5.5. méthoDeS D’évaluation DeS perteS DeS bienS et ServiceS SouS l’effet Du cc
Deuxméthodessontutiliséespourl’évaluationdescoûtsdedégradationdesforêtsdechêneliège:
- Laméthodedescoûtsdedommages(1):pertesdeproductiondeliège,deboisetdeglands,sédimentation
des réservoirs, émissions de carbone. Ces pertes sont considérées pour l’année en cours ainsi que dans le futur
(période de 40 ans), et sont actualisées à un taux de 2%. elles sont distribuées selon les acteurs : gouvernement,
population locale et communauté nationale et internationale.
- Laméthodedescoûtsderemplacement(2).Lescoûtsderestaurationconstituentunebased’évaluationdes
dommagesréalisés.Ensebasantsurlescoûtsdeplantationetautresactivitésliéesàlaconduitedepeuplement
de chêne liège (clôture, regarnis, gardiennage, binage, entretien, éclaircie, élagage, création et entretien de
parefeux),lecoûtderestaurationparhaseraitde4011DTen2005,enutilisantuntauxd’actualisationde2%
pouruncycledeproductionde138ans.
Cette étude a retenu un taux d’actualisation de 2%. l’application d’un tel taux d’actualisation faible tient compte de
la croissance relative de la valeur des services environnementaux. en effet, la valeur des biens de l’environnement
peut s’accroître plus rapidement que le revenu car les préférences de la société pour l’environnement augmentent
avec l’amélioration du niveau de vie et que certaines ressources sont épuisables (eau, espèces, écosystèmes).
5.6. evaluation De la perte en valeur économique
Entermeéconomique,lespertessontconcentréesen2050(cf.FigureIII-1).Lavaleuractualisée(2005)despertes
seraitde2,475millionsDTselonlescénarioB2,alorsqu’elleseraitde38,021millionsDTselonlescénarioA2.
Ellecorrespondàuneréductiondelavaleurdelaproductioncumulée2010-2050de0,4%selonlescénarioB2
etde5,6%selonlescénarioA2.Lescoûtsderemplacement,estimésaussisurlabased’untauxd’actualisation
de 2%, sont légèrement moins élevés : soit 1,
968millionsDTpourlescénarioB2et30,222
millions Dt pour le scénario A2. on peut ainsi
déduire une marge d’incertitude assez forte
surleseffetsduCC,etquelapertesigniicative
risque de se manifester dans un horizon un
peulointain,en2050.
figure2:valeurdespertesduesauCCselonles
scénariosA2etB2comparéesauxbénéicesdes
biensetservicessanseffetCC
(prixréels-millionsDT)
-100
-80
-60
-40
-20
0
20
40
Pertes dues au CC (scénario B2)
Pertes dues au CC (scénario A2)
Bénéfices annuels sans CC
205020202005
49
Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
Ces pertes sont composées principalement des valeurs du liège (42, 9%), des émissions de carbone (23, 9%), du bois
(14,8%)etdesressourceseneau(10,8%)(cf.Figure3).Ainsi,environuntiersdelavaleurdecespertesestattribué
aucoûtdesservicesenvironnementaux.Parailleurs,lespertessontsubiesenpremierlieuparl’Etat,propriétaire
desforêts,àhauteurde57,7%,lapopulationlocaleavecuneproportionde7,5%,lasociététunisienneengénéral
(10,8%)etlacommunautéinternationale(23,9%).
figure3:Importancerelativedesbienset
servicesdel’écosystèmechêneliègequi
risquentd’êtreperdussousl’effetduCC
en2020eten2050Part(%)
Ces coûts attendus des effets du CC
devraient être comparés avec des scénarios
d’adaptation dans le cadre dans une analyse
coût- avantages. Les effets de distribution
devraient être également pris en compte.
5.7. concluSion
Cette étude a contribué à montrer les risques des dommages dus au CC pour l’écosystème chêne liège. en
plus de son apport pédagogique et de sensibilisation, cette étude pourra être utilisée en tant qu’instrument de
négociation budgétaire pour l’administration forestière auprès des décideurs politiques.
Lafaiblesupericierisquantd’êtreperdueen2020selonlesdeuxscénariosduCCd’unepart,etlagrandemarge
d’incertitudesurlespertesen2050d’autrepart,conduitàprivilégierdessolutionsd’adaptationdenonregretqui
seraient peu couteuses mais pourront avoir des impacts positifs à long terme. la principale mesure d’adaptation
proposée(SystèmeDehesaavecuntauxderecouvrementde25%,améliorationpastoralesurunepériodede40
ans) s’avère rentable à un taux d’actualisation inférieur ou égal à 7%. toutefois, si cette intervention serait conduite
immédiatement,elleentraîneraitungainpourlapopulationlocale(Bénéicenetactualisésur40ans:2603DT/ha,
tauxd’actualisation:7%),maisdespertespourlegouvernement(-2095DT/ha)etlacommunautéglobale(-485
DT/ha).Globalement,lapérioded’interventionn’apasd’effetsigniicatifsurlarentabilitééconomique.Eneffet,
lafaiblesupericierisquantd’êtreperdueàmoyentermeselonlesdeuxscénariosd’unepart,etlaconcentration
despertesen2050selonlescénarioA2d’autrepart,permetdeplaniiercetteinterventionpourlespeuplements
faisant l’objet de dépérissement ou les plus vulnérables en fonction des besoins en ressources fourragères.
Cetteévaluationautilisélestravauxscientiiqueslesplusrécents.Toutefois,lesestimationseffectuéesainsiqueles
hypothèsesdetravailméritentd’êtrevériiéessurtoutencequiconcerneleseffetsduCCsurl’écosystèmeentermes
physiques et biologiques, ainsi que de leurs conséquences en termes de pertes de services d’approvisionnement
etderégulationetdebiodiversité.Aind’avoiruneévaluationprécisedel’importanceéconomiquedesservices
environnementaux,desquantiicationsdevraientêtrefaitessurl’impactdelasubéraiesurlesressourceseneau,
laréductiondel’érosiondesterres,lasédimentationdesréservoirs, laquantitédecarboneixéannuellement.
Aussi, cette étude n’a pas pris en compte la valeur intrinsèque ou patrimoniale et la valeur liée au maintien sur
placedelapopulationlocale.Eneffet,lecoûtsocialdelamigrationpeutêtreassezélevésetraduisantsouvent
par l’augmentation du chômage dans les cités urbaines. Ceci peut se faire dans le cadre d’un programme de
recherche à long terme par les institutions de recherche à l’échelle nationale et en région méditerranéenne.
Emissions de carbone 23,9%
Sédimentation 10,8%
Glands 7,5%
Bois 14,8%
Liège 42,9%
51
Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
analyse de la pertInencedes stratégIes, programmes, projets etpratIques d’aménagementet de gestIon actuelle enrapport avec les rIsqueslIés au cc
Dans ce cadre il faut mentionner qu’aucune stratégie, programme ou projet n’était orienté directement ou
indirectement vers l’adaptation des écosystèmes forestiers au changement climatique ou l’atténuation
de son effet. seule l’étude stratégique sur le changement climatique et ses effets sur l’agriculture
tunisienne, l’eau et les écosystèmes a traité cette question dans une phase de diagnostic et de recommandations
générales stratégiques. les points clef retenus de cette stratégie peuvent être résumés comme suit :
• Dimension institutionnelle :réhabiliterlacapacitéderésiliencedesécosystèmesenrenforçantlesprogrammes
forestiers et en tenant compte des parcours naturels.
• lien avec l’économie de l’aménagement du territoire : placer en plus de la valeur directe des produits des forêts
et des autres écosystèmes, une valeur économique sur les fonctions climatiques régulatrices des écosystèmes
(conservation de l’eau, recharge des aquifères, protection des sols, atténuation des impacts en cas de fortes
pluies et d’inondation, protection des barrages contre l’envasement…).
• lien avec l’agriculture et la société : encourager les agriculteurs à préserver et entretenir les services fournis
parlesécosystèmes.Déiniràl’échellenationalelesservicesrequisdanslecadredelapolitiqueagricole.
Aucune stratégie ou action d’envergure n’a été prise jusqu’à maintenant pour répondre à ces orientations. Du
point de vue technique on continue de traiter les écosystèmes forestiers avec les mêmes méthodes classiques
avec souvent des variantes qui tentent de faire participer les populations forestières dans les prises des décisions
sans aucun appui juridique nouveau. les institutions spécialisées dans la gestion forestière manquent de plus
enplusdemoyenshumains,matérielsetinanciers.Lesprogrammesforestiersplaniiésnesontréalisésleplus
souvent que partiellement. une stratégie de développement durable de la subéraie a été préparée, bien qu’elle
avait négligé le problème d’adaptation au changement climatique, elle a proposé des orientations stratégiques
et des actions pour la réhabiliter, la réaménager et améliorer les conditions de vie des populations forestières.
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Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
6.1. analySe DeS pratiqueS De Sylviculture et D’aménagement De la Subéraie
A ce stade, ni les divisions en unités d’aménagement, ni les classements de ces unités selon leurs fonctions
principales, ne tiennent compte de l’effet du changement climatique sur ces forêts. les retards accumulés dans
les révisions des anciens aménagements ont limité l’action des forestiers sur les peuplements même pour les
interventions courantes à effet sanitaire ou d’amélioration des peuplements.
les méthodes d’aménagement n’ont pas donné satisfaction en considérant leurs résultats sur le maintien de la
subéraie, son rajeunissement et l’amélioration de sa productivité. Il serait essentiel dans l’avenir de revoir ces
techniquesd’aménagementetd’y intégrer le forçageclimatiquecommeunfacteurprincipal lorsduchoixde
lafonctionprincipaledelaforêtaind’yadapterlesinterventionsnécessairespours’yadapterouatténuerses
effets.
la sylviculture appliquée au sein de la subéraie n’a pu qu’assainir les peuplements forestiers sans pour autant
réussir à les rajeunir. la perte de temps accumulée depuis les années soixante sur cette action de rajeunissement
nous offre actuellement des subéraies à capital réduit et composées par une majorité de peuplements vieillis très
sensibles et peu productifs et donc très vulnérables.
Lesrégénérationsn’étaientobtenuesqueparvoieasexuéelorsdesrecépagesforcésdesarbresbrûlésn’ayant
pas dépassé leur capacité vitale d’émettre des rejets. les peuplements vieux, ayant perdu cette capacité de
rejeter, sont transformés souvent en maquis arborés ou non arborés dont certains avaient été substitués par des
plantations résineuses ou d’eucalyptus.
Leforçageclimatiqueactuelimposeauxpeuplementsdesconditionsclimatiquessouventplusdificilesquine
faciliteraient ni les conditions de maintien, ni de rajeunissement ni d’amélioration de leurs productivités.
Lesdificultésderéintroductionparplantationousemisduchêneliège,safaiblecroissancejuvénileetlafaible
valeur monétaire du liège pendant la période des premiers aménagements avaient orienté la sylviculture de la
période1960-1990verslatransformationparsubstitutionenpartiedelasubéraieparl’introductiond’exotiques
à croissance rapide et à installation relativement facile. Ces substitutions avaient permis de maintenir une
occupation forestière correcte dans les subéraies dégradées et évité une dégradation possible des sols ou même
leurs pertes par l’effet de l’érosion. la reconstitution des subéraies dégradées par des résineux à croissance rapide
a contribué à séquestrer plus de carbone que dans les formations de dégradation issues de la subéraie mais a
potentiellement augmenté les risques de propagation des feux et leurs fréquences.
Actuellement toutes les subéraies sont destinées principalement à produire du liège de reproduction et par
conséquent sont traitées par les mêmes techniques sans aucune adaptation propre en relation avec leurs
conditions biophysiques ou bioclimatiques. Aucune fonction adaptée n’est relevée dans les consignes des
aménagements passés et actuels de la subéraie.
la durée de renouvellement des peuplements doit théoriquement coïncider avec la limite de vitalité des arbres
en compatibilité avec la production de liège de reproduction de bonne qualité. Cette limite aussi ne doit pas
dépasser la capacité des arbres de se reproduire si on compte sur la régénération naturelle des peuplements. A
lapremièrelimiteonconçoitactuellementquel’arbrenedoitpasêtredéliégéplusqueseptfois.Danslechoix
de cette durée de renouvellement ou en d’autres termes de l’exploitabilité on remarque que toute la subéraie est
traitée de la même manière sans aucune particularité tenant compte des fertilités des stations. le climat actuel ou
futurn’avaitjamaisconstituéunebased’analyseintégréedanslaixationdutermed’exploitabilitédessubéraies
qui pourrait changer selon les fertilités des stations et selon leurs vulnérabilités au facteur climatique.
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Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
la méthode de régénération naturelle par des coupes progressives a été adoptée pour renouveler la subéraie
tunisienne. A cause de l’échec constaté de la régénération naturelle de la subéraie, le réchauffement climatique
actuel et futur rend les conditions naturelles d’installation du semis plus aléatoires. Des techniques plus adaptées
devraient être recherchées pour faciliter le rajeunissement naturel partiel de la subéraie.
l’échec des régénérations naturelles qu’on attribuait surtout à des causes anthtropozoogènes mais aussi à
d’autres aléas et prédations incontrôlables sur la période de 24 ans réservée à la régénération a poussé les services
forestiersàs’orienterverslesrégénérationsartiiciellesparsemisouparplantation.
Lerecoursactuelauxplantationsartiiciellespourrégénérerlessubéraiesdoitêtreorientéactuellementversune
sélectionpluspousséedespeuplementsproducteursdeglandsaindeconstituerainsidesvergersàgrainespar
région forestière et traiter ces vergers pour qu’ils puissent produire le maximum de glands.
le rajeunissement de 2000 ha par an au moins de subéraies productives, la réhabilitation des subéraies dégradées
et la transformation progressive des subéraies substituées vont constituer dans l’avenir l’ossature du programme
de rénovationde la subéraieTunisienne.Avec le forçageclimatiqueactueletprévisible il seraitpeuprobable
que des réussites majeures soient obtenues dans cette action sans aucune innovation et sans aucune adaptation
technique aux conditions de vulnérabilité climatique de la subéraie.
Entrelanaissancedelasubéraieetsonrenouvellementnaturelouartiicieldesopérationssylvicolespermettant
d’améliorer la qualité des peuplements sont prévues. Il serait plus logique dans l’avenir d’adapter l’intensité
des éclaircies aux conditions de vulnérabilité au stress hydrique des subéraies et aux conditions de fertilité des
stations subéricoles et d’y adapter les prélèvements aux conditions de vulnérabilité ou de fertilité des stations.
les techniques de la subériculture presque standardisées pour des peuplements différents doivent s’adapter aux
spéciicitésdespeuplementsetdesconditionsfuturesprévisiblesdessubéraies.Ilseraitintéressantd’édicterdes
règlesspéciiquesparniveaudevulnérabilitédelasubéraieauchangementclimatique.
6.2. analySe De la Stratégie actuelle De Développement De la Subéraie
Enrapportaveclesélémentsdediagnosticdelasituationetconformémentàune«approchedeplaniicationpar
objectif », le « Programme de développement durable de la subéraie » (DgF et FAo, 207) est sérié en trois 3 sous
programmes et une composante transversale.
sous programme 1 > Développement intégré et gestion des subéraies à fort potentiel
sous programme 2 > Réhabilitation et développement sylvicole et pastoral des zones à subéraies dégradées
sous programme 3 > Aménagement sylvo-pastoral et développement de l’élevage dans les zones marginales de la subéraie
Composante transversale > Appui institutionnel pour le développement des capacités nationales
Dans cette stratégie, le problème des changements climatiques et leurs effets sur la subéraie tunisienne n’étaient
pas abordés directement dans les quatre sous programmes. Il est par contre vrai que certains objectifs et résultats
prévus pourraient contribuer à atténuer les effets des changements ou sont considérés comme pouvant adapter
la subéraie à leurs effets :
l’objectif « Contribution au développement de la tunisie à travers le développement et la gestion durable de ses
subéraies » doit conduire vers une adaptation générale prônant la gestion durable de la subéraie qui normalement
est l’équivalent d’un processus qui doit respecter l’ensemble des critères suivants :
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Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
1. Conservation de la diversité biologique de la subéraie
2. Maintien et amélioration de l’état et de la productivité de l’écosystème subéraie
3. Conservation des sols et de l’eau dans la subéraie
4. Maintien de l’apport de l’écosystème subéraie aux grands cycles biologiques
5. Maintiendesavantagessocio-économiquesmultiplesquelasubéraieprocureàlasociété
6. Prise en compte des valeurs et des besoins exprimés par les populations concernées dans les choix de
développement
la stratégie de développement durable de la subéraie telle qu’elle est présentée répond en partie aux critères 2,
4,5et6:Laréhabilitationdelasubéraie,l’améliorationdesonétatetdesaproductivitéainsiquelemaintiende
l’apport de la subéraie aux cycles biologiques sont indirectement des mesures qui pourraient atténuer les effets
des changements climatiques. la prise en compte des besoins des populations et le maintien des avantages
économiques multiples sont aussi considérées comme des adaptations aux facteurs d’adversités pour accroître sa
résistanceauforçageduclimatetdiminuersavulnérabilité.
les objectifs intermédiaires de la stratégie sont les suivants:
1. Rajeunissement de la subéraie pour son développement durable
2. Recolonisationprogressivedessupericiesenrésinéesdanslasubéraie
3. Protection et valorisation de la biodiversité de l’écosystème de la subéraie
4. Protection et valorisation de la biodiversité de l’écosystème de la subéraie et des parcours pastoraux
5. Améliorationdelasituationsocioéconomiquedespopulationslocales
le rajeunissement, la recolonisation, la protection et la valorisation de la biodiversité à l’intérieur de la subéraie
sont aussi des mesures d’atténuation et d’adaptation de la subéraie au changement climatique. les subéraies
rajeunies et bien protégées sont plus adaptées aux adversités de toutes sortes que les subéraies vieilles et mal
protégées.
Dans les résultats escomptés on retrouve les prévisions suivantes :
1. Préventioneficacecontrelesincendiesetautresfacteursdedépérissementdelaforêtassuréeauniveaude
la subéraie
2. Capacité technique et opérationnelle d’intervention rapide améliorée pour lutter contre les incendies de
forêts et les autres facteurs de dépérissement de la subéraie
3. Environ22500hectaresdesubéraiedégradée(decouvertcomprisentre10et50%)réhabilitésen15anspar
le reboisement à travers la plantation de chêne liège de faible densité
4. Exploitationde lasubéraiediversiiéeetquantitativementaméliorée (aumoins,doublementdesquantités
produites de liège et de PFnl
5. Capacité technique et opérationnelle d’intervention rapide améliorée pour lutter contre les incendies de
forêts et les autres facteurs de dépérissement de la subéraie
6. Micro entreprises locales et activités génératrices de revenus encouragées à travers des mécanismes de
inancementetd’appuiappropriés
7. un « Centre technique du liège et des produits de la subéraie » institué et fonctionnel, en complémentarité
avec les autres structures de recherches/Développement)
8. Recherchessurlasubéraiedéveloppéesetrésultatsderecherchesvulgarisés.
sur la base de ces différents résultats escomptés on pourrait avancer que la subéraie serait plus adaptée au
changement climatique et pourrait atténuer leurs effets. Il serait plus intéressant d’ajouter à ces quatre
composantes du programme une cinquième composante transversale ayant pour objectif principal « l’adaptation
de la subéraie au changement climatique » par des actions directes à travers des techniques adaptées aux
différents niveaux de vulnérabilité de la subéraie.
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Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
6.3. analySe De la capacité inStitutionnelle De l’aDminiStration foreStière
les capacités institutionnelles de l’administration forestière qui s’occupe de la subéraie sont actuellement très
limitéesdupointdevuecapacitédegestionadaptéeauxproblèmesspéciiquesdelasubéraiedontceuxrelatifs
à l’adaptation au changement climatique.
la recherche forestière travaille actuellement sur des problèmes relatifs au changement climatique mais sur des
programmes très limités et éparpillés.
la formation forestière, bien qu’elle commence à s’occuper au niveau de la recherche, de ces problèmes relatifs au
changement climatique et ses relations avec les écosystèmes forestiers, n’a pas encore développé dans ses cursus
des programmes orientés vers ce sujet.
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Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
orIentatIons stratégIqueset mesures d’adaptatIon pour augmenter la résIlIence de l’écosystème face au cc
7.1. propoSitionS D’orientationS StratégiqueS en vue D’améliorer l’élaboration DeS StratégieS, DeS programmeS et projetS D’aménagement et De geStion DeS écoSyStèmeS
la stratégie nationale de développement durable de la subéraie n’a pas étudié la question des effets du
changement climatique mais a proposé dans ses programmes des activités pour diminuer les risques des feux des
forêts, de récolte de biomasse et de taille de branches de chêne et des activités destinés à améliorer l’entretien
et le rajeunissement de la subéraie. la normalisation des activités et le respect d’un code de bonnes pratiques
sylvicoles dans la subéraie doit assurer la durabilité du système.
Ces activités ont été appuyées par l’amélioration des autres produits de la subéraie : les parcours forestiers et les
PFnl. Des améliorations des capacités de l’administration, de la recherche forestière et des populations locales
sont aussi prévues pour une meilleure durabilité du système subéricole tunisien.
nous pensons que cette stratégie, bien appliquée, pourrait réhabiliter les fonctions de la subéraie tunisienne si on
tient compte aussi de sa vulnérabilité due au changement climatique. une composante transversale ayant pour
objectif l’adaptation de la subéraie au changement climatique doit accompagner cette stratégie.
7.2. propoSition De meSureS D’aDaptation concrèteS pour augmenter la réSilience De l’écoSyStème face au cc.
Pourtraiterlesmesuresprobablesd’adaptationonapréférétravaillersurlescénarioA2de2050soitlescénario
le plus pessimiste.
Ce scénario prévoit que 41000 ha de subéraie seraient classées très vulnérables au changement climatique sur la
basedudéicithydriqueauniveaudusol.Lamoitiédecettesupericie(18000ha)risqueundépérissementtotal
suiteàdespériodeslonguesdesécheressesur4ou5annéessurlesstationslesplusvieillesetdansdesconditions
anthropiques et biophysiques très défavorables.
si on considère les risques sur les 41000 ha il est possible de distinguer trois catégories principales de subéraie sur
la base de l’écologie de cet écosystème :
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Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
forêtstrèsvulnérablesauchangementclimatiqueetorientationsdeleursaménagementsen2050selonlescénarioA2
SérieouforêtsSupericiesenha
ClassedesubéraieSelonlaprésenceduchênezeen
Productivitédeliègeenq/ha/an
Productionmoyenneannuelledeliègeenq
Orientationsd’adaptation
Feija II 680 1 0.3 475 Possibilités de migration assistée de la subéraie vers la Zeenaie et transformation en Déhésa sur 3031 Ha.
Feija I 680 2 0.3 355
Feija Iv 1671 3 0.7 310
Feija vI 695 4 0.1 730
Possibilités de maintenir une subéraie claire jusqu’à 25%decouvertetdes’orienter vers un système type: « Déhesa »ou « Montado »sur24387Ha
Hamdia 1315 4 0.7 1869
Mekna I 1552 4 0.9 1675
Feija v 952 5 0.7 568
Feija III 1148 5 1.1 2102
Feija vIII 1016 6 0.6 603
Mekna II 833 7 0.6 1100
tegma I 724 7 0.3 248
Bizerte 4992 8 0.8 1133
Béja 10189 9 0.9 5283
tabarka I 1957 10 0.2 95 evolution vers une pinède mixte de pin maritime à chêne liège où le chêne liège joue surtout un rôle de protection et d’amélioration des stations (taillis sous futaie de pin et de chêne liège)sur15214ha
tabarka II 4743 10 0.6 1224
tabarka III 4705 10 0.3 1034
tabarka Iv 3809 10 0.2 636
TOTAL 41661Ha 19440q
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Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
Pour le reste des subéraies on peut continuer à appliquer les mêmes règles de sylviculture et d’aménagement tout
en veillant à appliquer les règles de bonnes pratiques sylvicoles et subéricoles selon des systèmes standardisés et
adaptéspuisquelastratégieviseàcertiiertouteslespratiquesdanslasubéraie.Lesaménagementssur100000
ha de subéraies devraient tenir compte des possibilités de diminution de la croissance des arbres et réviser ainsi
les rotations des coupes et des déliégeages. Ces aménagements permettraient de reprendre les interventions
sylvicoles dans la subéraie avec une cadence normale et surtout permettre rapidement leurs rajeunissements
pour assurer la durabilité de l’écosystème et améliorer la régularité de sa production.
Adaptationauchangementclimatiquedestechniquesd’aménagementetdesylviculturedelasubéraietrèsvulnérableau
déicithydrique.
Degrédevulnérabilité Typed’aménagement Traitementsylvicole subériculture
subéraies très vulnérables avec zeenaie dominante limitrophe.
Déhésa irrégulière avec exploitabilité physique des arbres. Fonction pastorale, cynégétique ou récréative. Possibilité de migration assistée de la subéraie dans la zeenaie.
Peuplements irréguliers clairs avec régénération artiicielle.Plantation d’arbres par bouquets avec protection individuelle.Débroussaillement régulier et tailles très fortes des arbres.
Activité secondaire.Déliégeage plus précoce aveccoeficientfaiblededémasclage(1.5-2)etrotation adaptée.
subéraies très vulnérables mélangées à du pin maritime naturel
taillis sous futaie de chêne liège à pin maritime.Fonction principale : production ligneuse de pin.
Futaie jardinée de pin et taillis simple de chêne-liège. Débroussaillage régulier et dépressage du taillis.
Activité secondaire.Déliégeage plus précoce aveccoeficientfaiblededémasclage(1.5-2)etrotation adaptée.
Cartedesconduitesadaptativesproposéespourlessériesforestièresàchêneliègeàl'horizon2050
-ScénarioA2
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Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
subéraies très vulnérables sans zeenaie ni pinède naturelle
Déhésa irrégulière avec exploitabilité physique. Fonction pastorale, cynégétique ou récréative.
Peuplements irréguliers clairs.Régénérationartiicielled’arbres par bouquets avec protection individuelle. Débroussaillement régulier et tailles plus fortes des arbres
Activité secondaire.Déliégeage plus précoce aveccoeficientfaiblededémasclage(1.5-2)etrotation adaptée.
subéraies très vulnérables substituées par des pins ou des eucalyptus
Déhésa irrégulière avec exploitabilité physique .Fonction pastorale, cynégétique ou récréative après coupes des plantations actuelles et enrichissement par du Chêne-liège en bouquets très clairs sans perturbation des sols
transformation en futaie irrégulière par bouquets clairs de chêne-liège réintroduit.
Activité secondaire après une période d’une trentaine d’année nécessaire pour la mise en valeur de la nouvelle subéraie.
subéraies très vulnérables dégradées en maquis et en maquis arborés
Déhésa irrégulière avec exploitabilité physique. Fonction pastorale, cynégétique ou récréative après enrichissement par du Chêne-liège en bouquets très clairs et sans perturbation des sols.
enrichissement en bouquets clairs des maquis arborés et maquis par du chêne-liège avec d’autres feuillues adaptées.
Activité secondaire après une période d’une trentaine d’année nécessaire pour la mise en valeur de la nouvelle subéraie et après reconstitution.
Adaptation au changement climatique des techniques d’aménagement et de sylviculture à la subéraiemoyennement
vulnérableaudéicithydrique.
Degrédevulnérabilitéetcatégoriedesubéraie
Méthoded’aménagement Traitementsylvicole Subériculture
subéraie avec zeenaie dominante limitrophe
en conditions biophysiques défavorables subéraie traitée en futaie irrégulière et exploitabilité physique à fonction principale pastorale, récréative ou cynégétique. en conditions normales futaie régulière à fonction de production de liège à affectation ou groupe strict de régénération.
Futaie irrégulière claire en conditions biophysiques dificiles.Enconditionsmoinsdificiles,futaierégulière claire avec éclaircie forte et débroussaillement et élagage régulier. Régénération progressive en groupe de préparation et artiicielleparbouquetengroupe de régénération avec enrichissement avec des nouvelles provenances
Activité secondaire en conditionsdificilesavecjardinage obligatoire. en conditions biophysiques favorables subériculture en coupons réglés avec adoption de déliégeage précoceetdescoeficientsdedémasclageentre1.5à2. nouvelles rotations de déliégeage.
subéraie sans zeenaies ni pinèdes naturelles en mélange ou limitrophes
en conditions biophysiques défavorables subéraie traitée en futaie irrégulière et exploitabilité physique à fonction principale pastorale, récréative ou cynégétique.en conditions normales futaie régulière claire à fonction de production de liège. Régénération artiicielleparbouquetetâge d’exploitabilité adaptée.
Futaie irrégulière claire en conditions biophysiques dificiles.en conditions biophysiques favorables, futaie régulière claire avec éclaircie forte et débroussaillement et élagage réguliers. Régénération progressive en groupe de préparation et artiicielleparbouquetengroupe de régénération avec enrichissement avec des nouvelles provenances.
Activité secondaire en conditionsdificilesavecjardinage obligatoire.en conditions biophysiques favorables subériculture en coupons réglés avec adoption de déliégeage précoceetdescoeficientsdedémasclageentre1.5à2.Adaptation à des nouvelles rotations de déliégeage.
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Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
subéraie substituée par des plantations de pins ou d’eucalyptus
transformation par substitution des plantations anciennes par des bouquets clairs de chêne-liège en conditions biophysiques défavorables pour une fonction principale pastorale, récréative ou cynégétique.transformations en futaies régulière claires par réintroduction de bouquets de chêne-liège en conditions favorables pour une fonction de production de liège.
Futaie irrégulière claire en conditions biophysiques dificiles.en conditions biophysiques favorables, futaie régulière claire avec éclaircie forte et débroussaillement et élagage réguliers. Régénération progressive en groupe de préparation et artiicielleparbouquetengroupe de régénération avec enrichissement avec des nouvelles provenances.
Activité secondaire en conditionsdificilesavecjardinage obligatoire après 30 ans.Après 30 ans en conditions biophysiques favorables subériculture en coupons réglés avec adoption de déliégeage précoce et des coeficientsdedémasclageentre1.5à2.Adaptationàdes nouvelles rotations de déliégeage.
subéraie dégradée en maquis et maquis arboré
transformation des maquis par plantation de bouquets clairs de chêne-liège sans perturbation des sols pour une fonction principale pastorale, récréative ou cynégétique en conditions défavorables ou de production de liège en conditions favorables.
Futaie irrégulière claire en conditions biophysiques dificiles.en conditions biophysiques favorables, futaie régulière claire avec éclaircie forte et débroussaillement et élagage réguliers. Régénération progressive en groupe de préparation et artiicielleparbouquetengroupe de régénération avec enrichissement avec des nouvelles provenances.
Activité secondaire en conditionsdificilesavecjardinage obligatoire après 30 ans.Après 30 ans en conditions biophysiques favorables subériculture en coupons réglés avec adoption de déliégeage précoce et des coeficientsdedémasclageentre1.5à2.Adaptationàdes nouvelles rotations de déliégeage.
7.3. propoSition D’une compoSante tranSverSale D’aDaptation au changement climatique DanS la Stratégie De Développement Durable De la Subéraie.
ObjectifprincipalAtténuer les coûts socio-économiques et environnementaux des perturbations aggravées par le changement
climatiqueetmaintenirlesvaleurssocialesdessystèmesécologiquesetéconomiquesactuelsdelasubéraieain
de préserver les économies liées au liège et les moyens de subsistance des populations qui en dépendent.
objectif intermédiaire 1 : Favoriser la diversité à tous les niveaux (gènes, espèces, communautés et paysages).
objectif intermédiaire 2 : adapter les pratiques sylvicoles appropriées dans la subéraies.
objectif intermédiaire 3 : l’adaptation par le renforcement de la résilience sociale des populations forestières
vivant dans la subéraie
objectif intermédiaire 4 : Renforcement des capacités en matière d’adaptation
Objectif intermédiaire5:Développeruncadreinstitutionneletpolitiquefavorisantl’appuidedéveloppement
durable et des options d’adaptation au CC de la subéraie par des mesures juridiques et réglementaire, des mesures
inancièresetéconomiquesetdesmesuresd’encouragementdelaparticipationdupublic.
63
Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
conclusIons
La présente étude a permis de synthétiser nos connaissances sur l’état actuel de la subéraie tunisienne dans
sesdifférentesunitésd’aménagement(sériesforestières)danslessubéraiesdugouvernoratdeJendouba;
ces unités non cartographiées à l’échelle du gouvernorat de Béja et de Bizerte n’ont pas permis de traiter
leurs subéraies à l’échelle de l’unité d’aménagement.
Ces différentes unités d’aménagement ont été regroupées en 10 classes par rapport à la fraicheur de leurs sols
estimée par l’importance de l’ambiance de la zeenaie dans les subéraies les plus fraiches, l’isolement du chêne-
liège dans les ambiances les plus sèches ou son mélange avec du pin maritime dans une ambiance plus sèche
dominée par la dynamique des feux des forêts. Ces différentes classes permettent d’orienter les stratégies et
les actions relativement à ce facteur qui limite ou aggrave la vulnérabilité de la subéraie face au changement
climatique.
Ces différentes classes ont été décrites écologiquement et caractérisées par leurs structures en classe d’âge, leurs
compositions et leurs productivités.
Dans le but de caractériser leurs vulnérabilités vis-à-vis du changement climatique on a choisi d’exprimer
cette vulnérabilité par l’importance relative de la période à bilan hydrique nul dans le sol. Pour chaque unité
d’aménagement ce facteur a été estimé après avoir déterminé le type de sol et ses réserves hydriques utiles
en fonction de sa profondeur et de sa texture. les consommations relatives potentielles ont été estimées
équivalentes au pouvoir évaporant de l’air estimé par l’évapotranspiration potentielle mensuelle et variant en
fonction de la température et la vitesse du vent. le capital mensuel d’eau utile est la somme des pluies incidentes
sans le ruissellement et l’eau retenue par le sol. les bilans mensuels négatifs successifs relativement à la demande
potentielle d’eau journalière nous a permis d’estimer la longueur de la période en jours de stress hydrique qui
exprime l’effetduclimatsur la forêt.Lavulnérabilitéaustresshydriqueaétéseuilléeen4classes :3.5mois
etmoins (non vulnérable), entre 3.5mois et 4.5mois (peu vulnérable), entre 4.5 et 5.5mois (moyennement
vulnérable)etsupérieurà5.5mois(trèsvulnérable).
Dans le but d’apprécier cette vulnérabilité en fonction du changement climatique on a calculé cette durée de
stress pour chaque subéraie pendant l’année de référence 2000 avec les moyennes thermiques et pluviométriques
delapériode1960-1990etonaprojetécescalculsauxannées2020et2050selon lesscénariosA2etB2du
HadCM3 relatif à la tunisie. Ces projections nous ont permis de prévoir les conditions de stress hydriques des
subéraiesauxhorizons2020et2050aindesituerleursvulnérabilitésauchangementclimatiqueàceshorizons.
Cesprojectionsmontrentquedesconditionsécologiquessurcertainesforêtspermettraiententre2018et2026
d’avoirdesdépérissementspartielspouvantfairedisparaitre20%del’effectifdesarbres(équivalentde1800ha)et
entre2046et2050desconditionsécologiquessurcertainessubéraiespouvantoccasionnerdesdépérissements
totauxgénéraliséspouvantemporterdespeuplementsentierssurdessupericiesimportantesquipourraientêtre
limitées seulement aux subéraies dans des conditions biophysiques défavorables ou très vieilles (sur au moins
64
Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
18000ha).Aindemieuxafinercesconditionsdevulnérabilitéauniveaudel’unitéd’aménagementlesétudes
de réaménagement de la subéraie devraient préciser cette vulnérabilité au niveau de la station ou de la parcelle.
l’application de la stratégie de développement durable de la subéraie tunisienne n’est pas encore mise en
application et aucune action n’est actuellement programmée. Il serait d’un grand intérêt de tenir compte de
nosrésultatspourasseoirlesadaptationsnécessairesaind’entenircompteduchangementclimatique.L’étude
projetée dans ces sens par la DgF devrait préciser ces adaptations nécessaires avec plus de détails au niveau
de la parcelle vu l’ampleur du projet. l’ajout dans la stratégie d’une composante transversale d’adaptation au
changement climatique est une nécessité au vu des dégâts probables que pourrait subir cet écosystème particulier
sousleforçageduclimatfuturetvulavaleuréconomiquetotaledecettesubéraie.
65
Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
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Étude réalisée dans le cadre du projet ‘‘Appui à la mise en œuvre de la convention cadre des nations unies sur le changement climatique en tunisie’’ exécuté par la gIZ en partenariat avec le Ministère de l’environnement.
Plusieurspartenairesontétéimpliquédanslaréalisationdecetteétude;àsavoir:
Auniveaunational- la Direction générale des Forêts- l’Institut de Recherche en génie Rural, eau et Forêts- la Direction générale de l’environnement et de la Qualité de la vie
AuniveauRégional:- l’arrondissement des Forêts de Jendouba- l’arrondissement des Forêts de Ain Draham- l’arrondissement des Forêts de Béja- l’arrondissement des Forêts de Bizerte-L’OficedeDéveloppementSylvo-pastoralduNordOuest- l’Institut sylvo-Pastoral de tabarka- le WWF- l’ong APel
Étude de la Vulnérabilité de l'écosystème Alfatier face au changement climatique dans le gouvernorat de Kasserine
avec l’appui de la MInIstèRe De l’AgRICultuRe et De l’envIRonneMent
vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique
70
Sommaire
1. COnTexTeDeL’eTuDe 73
2. MeTHODOLOgIe 74
3. ReSuLTATSDeL’AnALySeDeL’eTATACTueLDeL’eCOSySTeMeALfATIeR 75
3.1. Facteursliésèlagestiondesnappesalfatières 75
3.2. Facteursbiotiques 75
3.2.1. Caractèresbotaniquesetsyntaxonomiquesdel’alfa 75
3.2.2. etages bioclimatiques 77
3.3. Facteursphysiquesinluençantl’étatdesnappesalfatièresdanslegouvernoratdekasserine 78
3.3.1.Hydromorphie 78
3.3.2.Saluredusubstrat 78
3.3.3.Profondeurdusol 78
3.3.4.Texturedusol 78
3.3.5.Réserveutiledusol 79
3.3.6.Penteduterrain 79
3.3.7.Altitude 80
3.4. Facteursanthropiquesetsocioéconomiques 80
3.4.1.Densitédesagglomérations 80
3.4.2.Populationhumaineprojetéeauxhorizons2020et2050 81
3.4.3.Possibilitéspastoralesannuelles 82
3.4.4.Besoinsannuelsduchepteletbilanfourrager 82
3.4.5.Evolutiondessupericiesdel’alfaàl’échellenationale 83
3.4.6.Evolutiondessupericiesdel’alfadanslesgouvernoratsalfatiers 83
3.4.7.RépartitionspatialedesnappesalfatièresparCRAdugouvernoratdeKasserine(INFP2005) 83
3.4.8.Récoltesd’alfaetincidencessurlaSNCPAetsurl’emploi 85
4.vuLneRABILITeSDeSnAPPeSALfATIeReSeTPROJeCTIOnSAuxHORIzOnS2020eT2050 87
4.1. vulnérabilités factorielles moyennes des nappes alfatières des CRAs du gouvernorat de Kasserine 87
4.2. vulnérabilité factorielle moyenne synthètique des nappes alfatières dans le gouvernorat de Kasserine 88
4.3. Projection des précipitations moyennes annuelles (p) et des températures moyennes annuelles (t) et calcul
desrapportsp/tcorrespondantsauxhorizons2020et2050selonlemodèlehadcm3/scénariosA2 et B2 89
vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique
71
5.PROJeCTIOnCLIMATIqueAuxHORIzOnS2020eT2050SeLOnLeMODeLeHADCM3
eTInCIDenCeSSuRLASTRuCTuReDeSnAPPeSALfATIeReSeTLeSPeRTeSenPRODuCTIOnS
PASTORALeSeTenBIOMASSeSfOLIAIReS 90
5.1. Devenirdesnappesalfatièresauxhorizons2020et2050etprojectiondespertesenpossibilitéspastorales
et en biomasses foliaires selon le modele hadcm3/scenarios a2 et b2 90
5.1.1. Productivitéspastoralesmoyennesannuellesdesnappesalfatièresen2005etprojetées
dans les CRA du gouvernorat de Kasserine 90
5.1.2. Pertesenpossibilitéspastorales 92
5.2. Projectiondesrécoltesenfeuillesd’alfaentonnesauxhorizons2020et2050selonlemodèle
hadcm3/scenarios A2 et B2 92
5.3. TauxdecouverturedesbesoinsdelasnCPA par les recoltes projetees de feuilles d’alfa présumées en 2020
et2050danslegouvernoratdeKasserine selon les trois hypothéses et selon hadcm3/scenarios A2 et B2 94
6.ReSuLTATDeL’AnALySeReTROSPeCTIveDeSSTRATegIeSeTDeSCAPACITeS 94
6.1. Etudesantérieures 94
6.2. GestiondesnappesalfatièresdanslegouvernoratdeKasserine 95
6.2.1. Contexteantérieur 95
6.2.2. Contexteactuel 95
6.2.3. Problèmesentravantlagestionrationnelledesnappesalfatières 95
6.3. Analysedelacapacitéinstitutionnelledel’administrationforestière 95
7.PRInCIPALeSORITATIOnSSTRATegIqueSeTMeSuReSReCOMMAnDeeS 96
7.1. Orientationsstratégiques 96
7.1.1. Orientationsgénérales 96
7.1.2.Orientationsspéciiques 97
7.2. Mesures à entreprendre 97
8.COnCLuSIOnS 99
9.RÉfÉRenCeSBIBLIOgRAPHIqueS 151
vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique
73
vulnerabIlIte del’ecosysteme alfatIer faceau changement clImatIquedans le gouvernorat deKasserIne
1. contexte De l’etuDe
LeclimatdelarégiondeKasserineesttypiquementméditerranéencaractérisépardesluctuationsinter-saison-
nières et interannuelles des facteurs climatiques. lors des dernières décennies, la tendance du climat a connu une
accélération du réchauffement climatique se manifestant par une augmentation de la température et une régres-
siondesprécipitations.Lacontinuationdecesluctuationsetdecestendancesontnécessairementdesrépercus-
sions sur le devenir des écosystèmes d’aujourd’hui. Actuellement, les variations climatiques qui s’opèrent depuis
plusieursdécennies,etcellesprojetéesparlesscientiiquespourleresteduXXIème siècle sont souvent liées aux
activités humaines associées aux phénomènes naturels atmosphériques d’origines cosmiques. en vu de s’adapter
aux circonstances climatiques et socioéconomiques désastreuses qui peuvent survenir, l’analyse raisonnée des
stratégies et des pratiques actuelles et passées vis-à-vis du changement climatique est une nécessité absolue.
en 2007, le Ministère de l’Agriculture et de l’environnement en collaboration avec la gtZ, dans le cadre de l’éla-
boration d’une stratégie nationale d’adaptation de l’agriculture tunisienne et des écosystèmes au changement
climatique, ont pu projeter la température et précipitations moyennes annuelles de l’ensemble de la tunisie aux
horizons2020et2050selonlemodèlehadCM3etlesdeuxscénariosA2etB2.Lepremierillustreunesituation
climatique sévère le second témoigne d’une circonstance modérée du climat.
la présente étude s’intègre dans le cadre du Projet CCC/gIZ ayant pour mission d’appuyer la tunisie pour la mise
en œuvre de l’unFCCC aussi bien au niveau national que régional.
l’analyse de la vulnérabilité de l’écosystème alfatier dans le gouvernorat de Kasserine face au changement clima-
tiqueestentreprisedanslecadreduprojetdanslebutd’identiierlesmesuresadéquatesd’adaptationpermettant
de mettre en œuvre des projets concrets de préservation de la biodiversité et de la productivité de l’écosystème et
d’orienter la décision pour son amélioration. Dans cette étude plusieurs étapes analytiques ont été parcourues :
• Lapremièreaposélesproblématiquesdusecteuralfatierenrelationaveclechangementclimatique;
• Lasecondeatraitél’aspectbiologiquedel’alfa;
• Dansunetroisièmeétape,àtraverslesdonnéesstatistiquesoficielles,onapuapprécierledegrédevulnéra-
bilitédel’écosystèmealfatierdanslegouvernoratdeKasserine;
• Surlabasedesrésultatsdestravauxantérieurs(DGF2004,INFP1995&2005,MAEetGIZ2007,...),onapu
vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique
74
évaluerledevenirprobabledesproductionsprojetéesdesnappesalfatièresauxhorizons2020et2050dans
la région de Kasserine.
• Dans le but d’élaborer un outil d’aide à la décision on a également analysé les stratégies et pratiques de ges-
tion des nappes alfatières actuelles et passées.
• Suiteàces«analyseshypothético-déductives»,dansl’espoird’aboutiràunegestioneficacedesnappesalfa-
tières on a proposé des orientations et des mesures d’adaptation face au changement climatique.
le long du présent rapport synthétique seront élaborés les résultats discursifs des différentes analyses sur la
vulnérabilité des nappes alfatières vis-à-vis du changement climatique. seront également présentées les recom-
mandations nécessaires d’une gestion raisonnée des nappes alfatières dans le gouvernorat de Kasserine.
2. methoDologie
la méthodologie utilisée est fondée sur les explorations bibliographiques relatives à l’évolution de l’écosystème
alfatierdepuislestempsreculés(dynamiquebioécologique,recouvrementetévolutiondessupericies,produc-
tivités, ...).
la caractérisation de l’écosystème alfatier de la région de Kasserine et ailleurs, a été élucidée sur la base des
synthèsesdestravauxantérieurs,enparticuliersceuxdeH.N.LeHouérou1969,Ghrab1981,ElHamrouni1993,
Hanii1998,RaddaouietChaabane2009,Rhanem2009,...).Elleestvariée,dedifférentsniveauxd’ordresbiolo-
giques, éco-physiologiques, phytosociologiques, productivité primaires, ...
Pour l’étude de la dynamique et de l’état des peuplements alfatiers dans le gouvernorat de Kasserine on s’est
référéauxdonnéesoficiellesdelaDGF2004,INFP1995&2005.Lesdonnéesmétéorologiquesutiliséessont
celles provenant de l’onM 1990.
Enseréférantauxrésultatsdel’INFP2005etàlacarteagricole,l'évaluationdelavulnérabilitéàtraversl'Indice
de vulnérabilité (Iv) sera basée sur l’importance en ha et le taux de recouvrement de l’alfa dans les Cellules de
Rayonnement Agricole (CRA).
Iv par type de recouvrement = s. d’alfa du type de recouvrement x 100 s. totale de l’alfa du même type de recouvrement
dans le gouvernorat de Kasserine
Il s’agit d’un pourcentage représenté par la surface de la nappe d’un type de recouvrement par rapport à la surface
totale du même type de recouvrement dans le gouvernorat de Kasserine.
Avec,
Iv : 0 à 3 > les nappes alfatières sont extrêmement vulnérables (ev)
IVG:3à6 > les nappes alfatières sont très vulnérables (tv)
IVG:6à9 > les nappes alfatières sont vulnérables (v)
Ivg : 9 à 12 > les nappes alfatières sont moyennement vulnérables (Mv)
Ivg : > 12 > les nappes alfatières sont peu vulnérables (Pv)
DanslarégiondeKasserine,vularusticitéélevéedel’alfa,sonmodederégénérationdificileetsachantquela
détérioration du climat n’a pas d’effet prévisible direct sur la létalité de l’alfa mais il a un effet aggravant variable
selon la prédominance des facteurs écologiques et anthropiques. le calcul du Iv des nappes alfatières a été fait
dans chaque CRA (unité de gestion correspondant à la Cellule de Rayonnement Agricole). en réalité la diminution
du recouvrement de l’alfa résulte de la combinaison de l’effet du climat, des facteurs écologiques et anthropiques
qui prédominent. Pour ces raisons on a opté dans chaque CRA pour calculer le degré de vulnérabilité factorielle
vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique
75
des nappes alfatières (croisement du facteur écologique selon la carte agricole couplé avec les Iv de la nappe
alfatière au sein de chaque CRA.).
neuf facteurs ont été analysés : étages bioclimatiques (i), hydromorphie (ii), salure du substrat (iii), profondeur du
sol (iv), texture du sol (v), réserve utile dans le sol (vi), pente du terrain (vii), altitude (viii), pression anthropique (ix).
Pour le calcul de l’Iv moyen des nappes vis-à-vis de plusieurs facteurs combinés on procède au calcul de la
moyenne arithmétique de l’ensemble des Iv des nappes vis-à-vis des facteurs analysés. De même pour le calcul
de l’Iv moyen des nappes d’une CRA on procède au calcul de la moyenne arithmétique de l’ensemble des Iv de
toutes les classes du recouvrement de l’alfa dans la CRA.
Laprojectiondesdonnéesclimatiquesauxhorizons2020et2050aété réaliséeen s’appuyant sur lemodèle
HadCM3quiutilisedesmaillesde0.5°×0.5°selonlesdeuxsituationsdifférenteslapremièreA2(scénariosévère),
la seconde B2 (scénario modéré).
LaclassiicationdelaproductionenUnitésFourragères(UF)etentonnesen2005desnappesalfatières,ainsique
celleprojetéeen2020et2050,estrépartieparCRA.36CRAsalfatiersdanslegouvernoratdeKasserineidenti-
iées.
Auplancartographique,cesontlesbasesdedonnéesrelativesàlacarteagricoled’unepartetàl’INFPde2005
d’autre part qui ont été utilisées.
A travers la bibliographie, les différents contacts avec les autorités régionales et nationales et à la lumière des
discussions lors des ateliers de présentations des résultats de l’étude à Kasserine et à tunis, on a pu apporter des
analyses critiques des stratégies et pratiques actuelles et passées, et la proposition des stratégies et mesures
d’adaptation au changement climatique.
3. reSultatS De l’analySe De l’etat actuel De l’ecoSySteme alfatier
3.1.facteursliésàlagestiondesnappesalfatières
Dans les années 1970, il y a eu création de l’arrondissement alfatier et par la suite aménagement de 39 séries alfa-
tières. Après expiration de leur durée d’aménagement les nappes alfatières sont laissées à leur sort (sans révision
depuis).
3.2.facteursbiotiques
3.2.1. Caractères botaniques et syntaxonomiques de l’alfal’alfa (stipa tenacissima l.) est une gramineae vivace cespiteuse qui se présente sous la forme de touffes plus ou
moinscirculairesayantunepartieaérienneconstituéedefeuillesetdepaniculesloralesetunepartiesouterraine
formée par de rhizomes et de racines adventives.
les rhizomes sont caractérisés par des entre-nœuds très courts, portant chacun des bourgeons qui peuvent soit
se développer et donner des rameaux, soit rester en dormance et n’entrer en activité que lorsque la touffe est
exploitée.Ilsprésententdesracinesadventivestrèsramiiéesdontlabiomassedépassede25à50%celledela
partie aérienne.
le dépérissement des parties centrales ou «fatras» entraîne un évidement de la touffe et une extension centri-
fugedesinnovationsetdesnouvellesfeuilles.Cephénomène,estspéciiquechezlesplantescespiteuses,appelé
«circination». Il est lié à l’encombrement du centre de la touffe par du «fatras» formé par les débris de feuilles et
vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique
76
dehampeslorales.Cetencombrementasphyxielesbourgeonsdurhizomeetempêchetoutdéveloppementpar
ramiicationaxillaire.Seulesemaintientlamultiplicationpériphériquequiconfèreàlatouffeundéveloppement
centrifuge. le centre s’entrouvre de plus en en plus et la touffe devient annulaire. l’anneau se fragmente et se
forme par affranchissement plusieurs petites touffes qui vont à leur tour s’évider et se fragmenter. C’est le mode
de régénération le plus fréquent chez l’alfa.
l’alfa est une plante steppique, typiquement méditerranéenne très résistante à la sécheresse. elle possède une
amplitudeécologiquetrèslargeetparticipedansl’édiicationdephytocénosesvariéesetàgrandesenvergures.On
peut les rencontrer depuis le présaharien où elles peuvent être représentées par entre autres stipo (tenacissimae)-
Hammadetum scopariae el Hamrouni 1992 et Fagonio (microphyllae)-echietum trigorrhyzi stipetosum tenacis-
simae el Hamrouni 1992 relevant des ononido-Rosmarinetea Br.-Bl. 1947, jusqu’aux formations préforestières
telles que Junipero (turbinatae)-Quercetum rotundifoliae coronilletosum minimaeKadiHanii1998relevantdes
Pistacio-Rhamnetalia alaterniRivasMartinez1975etdesQuercetea ilicis Br.-Bl. 1947.
LacomparaisondelarichessespéciiquedesphytocénosesalfatièrestellesquesontdécritesparH.N.LeHouérou
1969aveccellesdécritesparRaddaouietChaabaneen2009amontréquesousl’effetduclimatetdelapression
anthropozoique, les syntaxa alfatiers de la région de Kasserine ont subi et subissent encore des transformations
profondes se manifestant par leur banalisation par des thérophytes et par des xérophytes et la régression spec-
taculaire des nanophanérophytes, des chaméphytes et des hémicryptophytes cespiteuses. Il s’agit d’une menace
réelle de la biodiversité au sein des phytocénoses alfatières comme le montre le tableau ci-après :
Tableau:Stratégiesadaptativesdesphytocénosesalfatièresàtraverslestypesbiologiques
danslarégiondeKasserine
Typebiologiquedesespècesaccompagnatricesdel’alfa
Situationdesnappesalfatièresen1969
Situationdesnappesalfatièresen2009
Appréciationsdeladynamiquedesphy-tocénosesdesnappesSommedes
fréquencesrelatives
fréquencesen%
Sommedesfréquencesrelatives
fréquencesen%
nano-Phanérophytes 3 14 6 4 Régression des nano-Phanérophytes
Chaméphytes 22 51 49 31 Régression des Chaméphytes
Hémicryptophytes-Ces-piteuses
7 16 16 10 Régression des Hémicryptophytes-Cespiteuses
Hémicryptophytes 8 19 27 17 Régression des Hémicryptophytes
Hémicryptophytes en Rosettes
0 0 8 5 Perturbation élevée des nappes et dégradation du couvert
thérophytes 0 0 48 30 Banalisation par les thérophytes (anthropzoogénisation et perturbation élevées)
géophytes 0 0 4 3 stress écologique et détérioration du couvert
TOTAL(%) - 100 - 100 -
De cette analyse on peut déduire que les nappes alfatières de la région de Kasserine sont soumises à une pression
anthropozoïqueélevéeaggravéeparlerègnedesconditionsécologiquesdificiles(climat,milieuédaphique,...).
en effet, on assiste à la régression des types biologiques évolués et la banalisation des phytocénoses alfatières
par des types xérophiles et anthropiques dénotant une perturbation élevée. Il s’agit d’une dynamique régressive
spectaculaire, se manifestant par :
vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique
77
• RégressiondesNano-Phanérophytesdénotantunepressionimportantesurlecouvertligneux;
• RégressiondesChaméphytesmontrantunesurexploitationdesbuissons;
• Régression des Hémicryptophytes-Cespiteuses indiquant une dégradation alarmante des nappes alfatières en
particuliers;
• RégressiondesHémicryptophytessousl’effetdusurpâturage;
• Perturbation élevée des nappes et dégradation du couvert témoignées par la relative haute fréquence des
Hémicryptophytesenrosettes;
• Banalisation par les thérophytes qui montre une anthropzoogénisation et une perturbation élevées (liée au
degréd’artiicialisationélevédumilieu);
• stress écologique et détérioration du couvert indiqués par la haute fréquence relative des géophytes.
3.2.2. Etages bioclimatiquesTableau:Importancedesnappesalfatièresen%partypesderecouvrementsenrelationaveclesétagesbioclimatiques
Bioclimat R(5-10%) R(10-25%) R(25-50%) R(50-75%) R›75%
Aride supérieur frais 94 92 93 2 95
Aride inférieur frais 2 1 1 27 ‹1
Aride supérieur tempéré 1 ‹1 ‹1 - -
semi-aride supérieur frais d‘altitude
- - ‹1 - -
semi-aride moyen frais d‘alti-tude
‹1 ‹1 ‹1 6 ‹1
semi-aride moyen frais 2 1 ‹1 3
semi-aride inférieur frais ‹1 5 6 62 5
semi-aride inférieur frais d‘al-titude.
- ‹1 ‹1 ‹1 -
Dans le gouvernorat de Kasserine, l’optimum de développement de l’alfa est cantonné à l’aride supérieur frais
(75%)etpouvantprospérerjusqu’ausemi-arideinférieurfrais(16%)etàl’arideinférieurfrais(6%).Lacarteci-
après illustre la distribution spatiale de l’alfa en relation avec les étages bioclimatiques.
Cartededistributionspatialedel’alfaenfonctiondesétagesbioclimatiquesdanslegouvernoratdeKasserine
vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique
78
3.3.facteursphysiquesinluençantl’etatdesnappesalfatieresdanslegouvernoratdeKasserine
3.3.1. HydromorphieTableau:Importancedesnappesalfatièresen%partypesderecouvrementsenrelationaveclefacteurhydromorphie
Typed’hydromorphie Indication R›75% R(50à75)% R(25à50)% R(10à25)% R(5à10)%
Hydromorphie absente
Favorable à l’alfa 99% 99% 99% 99% 86%
Hydromorphie permanente
Impropre à l’alfa 0% 1% 0% 0% 0%
Hydromorphie temporaire
Moyennement favorable à l’alfa
1% 0% 1% 1% 14%
Cetteanalysemontrequel’alfaredoutel’hydromorphie.Eneffet,plusde96%desnappessontcantonnéesdans
des milieux où l’hydromorphie est absente.
3.3.2. Salure du substratTableau:Importancedesnappesalfatièresen%partypesderecouvrementsenrelationaveclefacteursaluredusubstrat
Typedesalure Indication R›75% R(50à75)% R(25à50)% R(10à25)% R(5à10)%
salure faible à nulle Favorable à l’alfa 99% 99% 99% 99% 99%
salure moyenne Moyennement favorable à l'alfa
0% 0% 0% 0% 0%
salure importante Impropre à l’alfa 1% 1% 1% 1% 1%
99% des nappes alfatières sont localisées sur substrat à salinité faible à nulle. l’alfa redoute la salure.
3.3.3. Profondeur du solTableau:Importancedesnappesalfatièresen%partypesderecouvrementsenrelationaveclefacteurprofondeurdusol
Typedeprofondeurdusol R›75% R(50à75)% R(25à50)% R(10à25)% R(5à10)%
très peu profond 46% 54% 59% 64% 67%
Peu profond 24, % 24% 23% 17% 16%
Moyennement profond 7% 6% 6% 8% 7%
Profond 14% 8% 6% 3% 5%
très profond 9% 8% 6% 8% 5%
L’alfaestindifférentàlaprofondeurdusolquoiqu’ilsoitplusfréquent(78%)danslessolstrèspeuetpeupro-
fonds
3.3.4. Texture du solTableau:Importancedesnappesalfatièresen%partypesderecouvrementsenrelationaveclefacteurtexturedusol
Typedetexturedusol R›75% R(50à75)% R(25à50)% R(10à25)% R(5à10)%
texture grossière 10% 10% 10% 14% 9%
texture moyenne 72% 82% 86% 79% 80%
Textureine 18% 8% 4% 7% 11%
L’alfapréfèrelestexturesmoyennesetredoutelessablesmouvantsetlestexturesines(solscompacts).80%des
nappessontsituéesdansdessolsàtexturemoyennequoiqu’iltolèrelestexturesgrossière(10%)etine(10%).
vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique
79
3.3.5. Réserve utile du solTableau:Importancedesnappesalfatièresen%partypesderecouvrementsenrelationaveclefacteurréserveutiledusol
Réserveutile(5‹Ru‹330) R›75% R(50à75)% R(25à50)% R(10à25)% R(5à10)%
RU‹50 46% 54,50% 59% 64% 67%
RU(50-100) 25% 24% 23% 17% 16%
RU(100-150) 6% 5,50% 5% 6% 5%
RU(150-200) 8% 9,50% 8,50% 8% 5%
RU(200-250) 11% 2% 1% 1,50% 3%
RU›250 4% 4,50% 3,50% 3,50% 4%
Cartedeladistributiondel’alfaenfonctiondelaréserveutiledessolsdanslegouvernoratdeKasserine
58%desnappessontcantonnéesdanslessolsoùlaréserveutileest‹50,21%danslessolsdanslessubstratsoù
laréserveutilevariantentre50et100.L’alfaestuneespècefranchementxérophile.
3.3.6. Pente du terrainTableau:Importancedesnappesalfatièresen%partypesderecouvrementsenrelationaveclefacteurpenteduterrain
Pente% R›75% R(50à75)% R(25à50)% R(10à25)% R(5à10)%
Pente ‹10% 96% 86% 85% 85% 87%
Pente(10-25%) 2,50% 10% 10% 12% 10%
Pente›25% 1,50% 4% 5% 3% 3%
L’alfapréfère lespentes faiblesoù le risquedesondéchaussementpar l’érosionhydriqueest faible.88%des
nappes alfatières sont cantonnées sur les pentes faibles.
vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique
80
3.3.7. AltitudeTableau:Importancedesnappesalfatièresen%partypesderecouvrementsenrelationaveclefacteuraltitudinal
Classed'altitude R›75% R(50à75)% R(25à50)% R(10à25)% R(5à10)%
300-500m 1% ‹1% 3% ‹1% 2%
500-700m 39% 45% 37% ‹1% 42%
700-900 m 56% 49% 51% ‹1% 35%
900-1000 m 3% 5% 8% 55% 15%
1000-1100 m 1% 1% 1% 27% 5%
1100-1200 m 0% ‹1% ‹1% 13% ‹1%
1200-1300 m 0% ‹1% ‹1% 4% 0%
1300-1400 m 0% 0% 0% ‹1% 0%
1400-1500m 0% 0% 0% 0% 0%
selon la répartition spatiale de l’alfa dans le gouvernorat de Kasserine le développement de l’alfa se situe entre
500et1100md’altitude.Plusde70%desnappessontlocaliséesentre500et900md’altitude.
3.4.facteursanthropiquesetsocioéconomiques3.4.1. Densité des agglomérationsTableau:Importancedesnappesalfatièresen%partypesderecouvrementsenrelation
aveclapressionanthropiqueappréciéeselonladensitéennombred’agglomérationspar100km²
danslegouvernoratdeKasserine
Densité(douars/100km2) R›75% R(50à75)% R(25à50)% R(10à25)% R(5à10)%
10à16 0% 1% ‹1% ‹ 1% 0%
5à10 18% 21,50% 12% 6,50% 4%
1à5 40% 45% 53% 58,50% 55%
0 42% 32,50% 35% 35% 41%
Cartededistributionspatialedesagglomérationshumaines(ennombrededouars/100km2)
vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique
81
Enconsidérantqueladensitéennombred’agglomérationspar100km²constitueunfacteurquiindiqueidèle-
ment«lapressionanthropique»quis’exercesurlesnappesalfatières,87%desnappesalfatièressontlocalisées
leszonesmoinshabitéesparl’hommeoùladensitédesagglomérationsestinférieureà5.Cesrésultatsmontrent
que la pression anthropique est très prépondérante dans la détérioration des nappes alfatières. en effet, là où la
densitéest›à5/100km²l’alfaestsousreprésenté.L’alfaestcantonnédanslescontréessoushabitées.Lefacteur
anthropiqueparaîttrèsinluantdanslamenacedel’écosystèmealfatier.Eneffetdansleszonesoùladensitédes
agglomérations est élevée les nappes alfatières ont été détériorées par la population depuis longtemps.
3.4.2. Population humaine projetée aux horizons 2020 et 2050Commelemontrelestravauxdel’ODCO2009,aurythmed’unaccroissementannuelde5992habitants/anla
population globale de du gouvernorat de Kasserine sera le double de celle de 2004 à l’horizon de 2073. Il s’agit
d’un indicateur montrant que la pression sur l’écosystème alfatier dans le futur est préoccupante.
Tableau:Populationprojetéeauxhorizons2020et2050selonlerythmed’évolutiondelapopulationhumainedesdéléga-
tionsdugouvernoratdeKasserine(ODCO2009)
Délégation Années Acc.Ann. Populationprojetéeen2020et2050
1975 1984 1994 2004 2020 2050
Kasserine nord 54472 59213 52394 58343 133 60471 64483
Kasserine sud 20245 196498 21139 45 21859 23195
sbeitla 38051 48536 645643 69539 1086 86915 119485
sbiba 22084 27954 38702 42091 690 53131 73826
Jedliane 21847 11051 13614 13205 -298 8437 0
el Ayoun 13483 17692 18634 258 22762 30481
thala 41853 34959 36619 34508 -253 30460 22857
Haïdra 9750 9854 8716 -52 7884 6338
Foussana 25099 31409 39415 41240 557 50152 66843
Feriana 35093 26048 40493 45787 369 51691 62750
Mjel Bel Abbas 15311 19443 21909 330 27189 37084
Hassi el Frid 15557 16890 133 19018 23022
ezzouhour 18834 20277 144 22581 26915
Totaldugouvernorat
238499 297959 386908 412278 5992 462550 557279
Aurythmed’unaccroissementannuelde5992habitants/anlapopulationglobaledugouvernoratdeKasserine
sera le double de celle de 2004 à l’horizon de 2073. on signale l’enregistrement des accroissements annuels né-
gatifsàJedliane(-298),Thala(-253)etàHaïdra(-52)quisontattribuésàl’exodedelapopulationversl’étranger
et les grandes villes de tunisie.
vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique
82
3.4.3. Possibilités pastorales annuellesTableau:PossibilitéspastoralesannuellesdesdélégationsdugouvernoratdeKasserine(ODCO2009)
Délégation Terreslabourables
(ha)
Possibilitéspastoralesenuf
forêtsetsteppesalfatières
(ha)
Possibilitéspastoralesenuf
Parcours(ha)
Possibilitéspastoralesenuf
Total(ha) Total(uf)
Kasserine nord 3620 362000 1944 349920 2716 543200 8280 1255120Kasserine sud 37294 3729400 38187 6873660 9760 1952000 85241 12555060sbeitla 58750 5875000 40847 7352460 7196 1439200 106793 14666660sbiba 22279 2227900 11162 2009160 11435 2287000 44876 6524060Jedliane 14602 1460200 6181 1112580 7012 1402400 27795 3975180el Ayoun 16360 1636000 16301 2934180 6175 1235000 38836 5805180thala 45430 4543000 13078 2354040 11593 2318600 70101 9215640Haïdra 20627 2062700 16521 2973780 7216 1443200 44364 6479680Foussana 38487 3848700 40812 7346160 7276 1455200 86575 12650060Feriana 44222 4422200 47453 8541540 726 145200 92401 13108940Mjel Bel Abbas 39141 3914100 44432 7997760 3908 781600 87481 12693460Hassi el Frid 30814 3081400 59175 10651500 6489 1297800 96478 15030700Totaldugouvernorat
371626 37162600 336093 60496740 81502 16300400 789221 113959740
Dans le gouvernorat de Kasserine, les possibilités pastorales annuelles sont relativement faibles. elles sont esti-
mées à 114 millions d’uF dont 33 millions d’uF proviennent des nappes alfatières soit 29%.
3.4.4. Besoins annuels du cheptel et bilan fourragerTableau:BesoinsannuelsduchepteldesdélégationsdugouvernoratdeKasserine(ODCO,2009)
Délégation Bovins(têtes
femelles)
Besoinsenuf
Ovins(têtes
femelles)
Besoinsenuf
Caprins(têtes
femelles)
Besoinsenuf
Camélidés Besoinsenuf
equidés Besoinsenuf
Besoinstotaux
Kasserine nord 847 1270500 6500 1950000 600 150000 - - 90 90000
Kasserine sud 270 405000 37000 11100000 4500 1125000 - - 960 960000sbeitla 350 525000 35000 10500000 6500 1625000 - - 1180 1180000sbiba 488 732000 18000 5400000 4000 1000000 - - 1645 1645000Jedliane 75 112500 14000 4200000 3500 875000 - - 1280 1280000el Ayoun 400 600000 20000 6000000 4000 1000000 - - 400 400000
thala 410 615000 24000 7200000 5500 1375000 - - 1400 1400000
Haïdra 120 180000 18000 5400000 5500 1375000 - - 328 328000Foussana 280 420000 30000 9000000 5400 1350000 - - 1610 1610000Feriana 750 1125000 40000 12000000 6000 1500000 - - 589 589000Mjel Bel Abbas 1340 2010000 36500 10950000 6500 1625000 4 6000 1400 1400000
Hassi el Frid 95 142500 21000 6300000 4200 1050000 12 18000 1808 1808000Totaldugouvernorat
5425 8137500 300000 90000000 56200 14050000 16 24000 12690 12690000 124901500
LesbesoinsannuelsduchepteldugouvernoratdeKasserinesontestimésà125millionsd’UF.
les possibilités pastorales annuelles (114millionsd’uf)sonten-deçàdesbesoinsducheptel.Ens’appuyantsur
cesdonnées,onaenregistréd’undéicitannuelde11millionsd’UF/ansoit9%desbesoinscommel’indiquele
bila fourrager suivant :
Bilanfourrager=124901500–113959740=10941760UF/ansoit9%dedéicit
vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique
83
3.4.5. Evolution des supericies de l’alfa à l’échelle nationaleA l’échelle nationale, depuis les temps reculés, les nappes alfatières de tunisie sont en régression continue pas-
santde1350000haen1989à452625en2005commelemontreletableauci-après:
Tableau:evolutiondessupericiesdel’alfaenTunisie(de1889à2005)
Année 1889*** 1895* 1945* 1995** 2005****
Supericie(ha) 1350000 1 112 000 950000 743306 452625Régression en ha/an - -14875 -22240 -4134 -29068 -
Auteur trabut in Marion Monchicourt Debierre DGF/INFP1995 DGF/INFP2005
*SassiGhrab1981**DGF/INFP1995***TrabutinMarion(revueforestièrefrançaise)****DGF/INFP2005
l’examen du tableau montre que la régression des nappes alfatières est perpétuelle devenue très accélérée durant
ladernièredécennie(1995/2005)avecunediminutionannuelled’environ29000ha.Acerythmederégression,à
partirdel’année2005,lesnappesalfatièrespourrontdisparaîtretotalementauboutde16anssoitàl’horizonde
2021. Cette situation aura nécessairement des répercussions désastreuses sur devenir de la société nationale de
Cellulose et Pâte d'Alfa (snCPA) et sur l’emploi dans le secteur alfatier. sachant qu’actuellement, la snCPA offre
del’emploientempspartielàlacueillettedel’alfa,pourlaventeauxcentresd’achatdelaSNCPA,àenviron6000
familles. elle offre également près de 1200 emplois permanents.
3.4.6. Evolution des supericies de l’alfa dans les gouvernorats alfatiersTableau:evolutiondessupericiesdesnappesalfatièresdanslesgouvernoratsalfatiers(InfP1995/2005)
gouvernorat S.desnappesalfatièresenha(1995)
S.desnappesalfatièresenha(2005)
Régressionannuelleenha/an
Kairouan 57798,55 18322 3947,655
Kasserine 179 234, 90 146046 3318,89
sidi Bouzid 152674,56 99541 5313,356
gafsa 161803,09 95174 6662,909
l’optimum de développement des nappes alfatières semble être à Kasserine et à sidi Bouzid. Au nord de ces deux
gouvernorats l’alfa est perturbé par l’excès d’humidité. Au sud l’alfa est fragilisé par la xéricité accentuée du mi-
lieu.Durantladécenniede1995à2005onassisteàdesrégressionsspectaculairesensurfaced’alfa.AKasserine
en particulier, au rythme d’une régression de 3319 ha/an les nappes alfatières inventoriées seront complètement
disparues à l’horizon 2049.
3.4.7. Répartition spatiale des nappes alfatières par CRA du gouvernorat de Kasserine (INFP 2005)le gouvernorat de Kasserine est divisé en délégations (unités administratives) et en cellules de rayonnements
agricolesouCRAs(unitésdegestion).Selonl’INFP2005,larépartitionspatialedesnappesalfatièresparCRAet
par type de recouvrement est comme l’indique le tableau ci-après :
Tableau:ImportanceenhadesnappesalfatièresparDélégationetparCRAdanslegouvernoratdeKasserine
CRA Délégation Recouvrementen% S.totale(ha) %/gouvernorat5à10% 10à25% 25à50% 50à75% >75%
Hassil el Frid nord
Hassi lefrid 577 1566 5716 4754 331 12944 8,46
el gonna sbitla 48 452 2358 2857 1,87talabet Feriana 509 1905 1133 154 3701 2, 42
grouôa ejjedraMajel Bel Abbes
1317 3083 3685 536 121 8742 5,71
om Ali Feriana 606 1995 3577 814 6992 4,57Bousaffa Kasserine sud 113 564 13123 3963 319 18082 11,82
vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique
84
esskhirat Feriana 849 1606 2541 2852 726 8574 5,6
om lagsabMajel Bel Abbes
533 2994 6872 7751 893 19042 12,45
Hassi lefrid sud
Hassi lefrid 1156 4264 7483 10739 361 24003 15,69
Ain Khmeissia sbiba 167 145 313 0, 2
ouled Mahfoudh
Foussana 43 392 52 272 758 0,5
el Hechim Hassi lefrid 80 638 3061 2503 393 6675 4,36Hidra Hidra 12 75 51 41 178 0, 12
eddachra thala 13 13 0, 01
echrayôa sbitla 435 839 3274 194 4742 3, 1
lajred Hidra 3 3 0, 002
Foussana Foussana 37 308 524 976 53 1898 1, 24
thala thala 84 170 340 79 673 0, 44
Boulahnech thala 100 552 652 0, 43
Bouhjar el Ayoun 4 4 0, 002
Jedliene Jedliane 192 192 0, 13
el Ayoun el Ayoun 10 10 0, 007
Tiwecha el Ayoun 25 370 225 619 0, 4
Bouzguem Kasserine nord 347 714 3533 170 4764 3, 11
errakhmet sbitla 212 587 2902 528 8 4238 2, 77
el grôa el Hamra
sbitla 62 92 62 216 0, 14
sbitla sbitla 42 134 1080 1737 32 3025 1,98el Mziraa Foussana 4 122 151 277 0,18Kasserine nord Kasserine nord 941 196 1137 0, 74
Kasserine sud Kasserine sud 865 1222 1416 387 3891 2,54Mejel Bel Abbes
Majel Bel Abbes
117 789 2640 2861 278 6684 4, 37
ettahamed sbiba 61 335 396 0,26sbiba sbiba 196 196 0, 13
Feriana Feriana 183 587 2555 2564 188 6076 3, 97
Total 6448 23487 61174 56733 4729 152567 100%globalpartypederecouvrement
4 15 40 37 3
L’examendutableaumontrequelesCRAslesplusalfatierssontdansl’ordreHassiLefridSud(16%),OmLagsab
etBousaffa(chacune12%)suivieparHassiLefridNord(8%)totalisantprèsdelamoitiédesnappesalfatièresdu
gouvernorat. on peut également remarquer que les recouvrements alfatiers les plus représentés sont compris
entre25et75%etreprésentent77%desnappesalfatièresdugouvernorat.
Lacarteci-contreillustre
l’importancedesnappes
alfatièresensupericiepar
CRAdugouvernoratde
Kasserine
Toustypesderecouvrements
confondus
vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique
85
3.4.8. Récoltes d’alfa et incidences sur la SNCPA et sur l’emploiTableau:Productionmoyennerécoltéed’alfadanslegouvernoratdeKasserinede1939au2009
(Arrondissementalfatier2010)
Période Productionmoyenneannuellerécoltéed’alfaentonnes
evolutiondelaproductionrécoltéeentonnes/an
1939/1945 6191 -
+88415
1945/1950 94606
-21299
1950/1955 73307
-433
1955/1960 72874
-10074
1960/1965 62800
+10133
1965/1970 72933
-20944
1970/1975 51989
+8569
1975/1980 60558
-25946
1980/1985 34612
-4294
1985/1990 30318
+5331
1990/1995 35649
+4348
1995/2000 39997
-10176
2000/2005 29821
-9821
2005/2009 20000
Laluctuationdesrécoltes(cf.Tableauplushautetgraphiqueci-après)estliéeàdiversévènementsquionttou-
ché le secteur alfatier. les périodes qui ont connu une augmentation des récoltes correspondent à l’amélioration
de l’exportation de l’alfa, l’installation des usines de transformation (snCPA actuelle et sntC et stPA d’aupa-
ravant), création de l’arrondissement alfatier, et la bonne initiative de l’aménagement des nappes alfatières, ....
Lespériodesquiontconnuunediminutiondesrécoltessontattribuéesauxdéiciencesdesaménagements,aux
défrichements des nappes pour la mise en culture, au surpâturage et la fragilisation des nappes sous l’effet du
climat et de l’érosion. en effet, faute de moyens, les aménagements expirés n’ont pas été révisés d’où un manque
de vigilance contre les agents causaux de la détérioration des nappes alfatières.
Depuislaindela2èmeguerremondiale(1945),sousl’effetdefacteurscités,letonnagerécoltédel’alfaadimi-
nuéénormément.Ilapasséde94606tonnes/andurantlapériodede1945/1950à20000tonnes/andurantla
périodede2005/2009soitunerécolte5foisplusfaible.Seloncerythmededétérioration,lesrécoltespourront
devenir nulles à l’horizon de l’année 2027. Ces régressions des récoltes sont probablement liées à l’Homme et à
son troupeau et qui pourront être aggravées par les sécheresses climatiques. Il s’agit d’une situation très préoc-
cupante pour le ravitaillement de la snCPA en alfa et pour l’emploi de la main d’œuvre dans le gouvernorat de
Kasserine. en effet la récolte annuelle actuelle (20 000 tonnes) ne peut couvrir environ qu’un quart de la capacité
del’usinedelaSNCPA(76000tonnes/an).
vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique
86
le graphique ci-après illustre l’évolution des récoltes d’alfa enregistrées dans le gouvernorat de Kasserine depuis
1939.
Histogrammedelaproductionannuelle
desnappesalfatièresdugouvernorat
deKasserineentonnesdefeuillesd’alfa
Il semble que la régression des récoltes alfatières dans le gouvernorat de Kasserine est en partie liée à la xéricité
du milieu qui est devenue accentuée rendant l’alfa plus vulnérable aux phénomènes de dégradation (décapage et
déchaussement facies, défrichement pour la mise en culture et pour l’affouragement du bétail).
egalement la régression des nappes alfatières peut être attribuée à plusieurs autres facteurs tels que :
• L’absencederégénérationquiestlecorollaired’unedégradationcontinue;
• Ledéfrichementdesnappespourl’installationdel’arboricultureetdeculturesépisodiques;
• LasurexploitationdesnappespourlesbesoinsdelaSNCPA,enparticulierautourdescentresdecollectede
l’alfa et dans les nappes les plus accessibles (DgF 2004). Il s’agit d’un problème lié à la gestion et l’aménage-
mentdesnappesalfatières;
• Lesurpâturagequiestlerésultatd’unesurchargeencheptel;
• L’intérêtinsufisantaccordéauxfonctionsenvironnementalesdesnappesalfatières;
• Ladétériorationdesconditionsécologiquesrendantlesnappesalfatièresvulnérablesauxagentsdedégrada-
tion (sécheresses climatiques, pertes de fertilité des sols, déchaussement des touffes sous l’effet de l’érosion
hydrique,…);
• Lacueillettedel’alfapourdesinsindustriellesresteencorenonrémunératricepourlapopulationusagère
des nappes alfatières (10 Dt/quintal). Pour cette raison, il n’est pas rare d’observer des paysans extirper les
touffes d’alfa pour la mise en bottes et sa commercialisation pour l’affouragement du troupeau. Ces mau-
vaises pratiques contribuent énormément à la détérioration des nappes notamment pendant les périodes
de disettes où la touffe d’alfa devient vulnérable. Bien que l’alfa soit un fourrage grossier, son exploitation
abusive pour l’affouragement du bétail est devenue une pratique courante.
A côté de la régression perpétuelle des supericies on assiste à des pertes en production et en productivité.
D’après la DgF 2004, la productivité potentielle moyenne des nappes alfatières des gouvernorats alfatiers est
passéede4,5Qx/haen1976à3,4Qx/haen2003,correspondantàunerégressionde1,1Qx/hasoitunerégres-
sion des quantités d’alfa à récolter de 4 kg/ha/an. Ces pertes en productivités pourront compromettre l’avenir
de la snCPA et les possibilités d’emploi dans le secteur alfatier. elles touchent également d’autres domaines tels
quelasparterie, l’environnement, labiodiversité, laixationdessolset lepastoralisme.Lespertesenrécoltes
sont attribuées aux pressions anthropozoïques d’une part aggravées par les sécheresses climatiques d’autre part.
0
10000
20000
30000
40000
50000
60000
70000
80000
90000
100000
1939
/194
5
1945
/195
0
1950
/195
5
1955
/196
0
1960
/196
5
1965
/197
0
1970
/197
5
1975
/198
0
1980
/198
5
1985
/199
0
1990
/199
5
1995
/200
0
2000
/200
5
2005
/201
0
ton
nes/
an
vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique
87
Cette étude pourra mettre à la disposition des acteurs du développement, un outil d’aide à la décision pour
affronter les impacts du changement climatique et des métamorphoses socioéconomies qui peuvent menacer
l’écosystème alfatier. D’où l’élaboration d’un indice de vulnérabilité des nappes alfatières vis-à-vis du change-
ment climatique est d’une grande nécessité.
4. vulnerabiliteS DeS nappeS alfatiereS et projectionS aux horiZonS 2020 et 2050
la méthodologie suivie pour l’évaluation de l’indice de la vulnérabilité factorielle des nappes alfatières a été pré-
sentée plus haut au deuxième paragraphe de cette étude. Il est fastidieux de présenter l’ensemble des résultats
del’analyse;onselimiteiciauxsynthèsesetauxrécapitulations.
4.1.vulnérabilitésfactoriellesmoyennesdesnappesalfatièresdesCRAsdugouvernoratdekasserine
le classement des CRAs du gouvernorat de Kasserine a été apprécié selon le degré de vulnérabilité factorielle.
neuf facteurs ont été couplés avec le type de recouvrement relatif ou pondéré des nappes alfatières. en considé-
rantqueledegréderecouvrementdel’alfaestlarésultanteidèledudegrédefragilitédelanappealfatière.Les
résultats de cette analyse sont résumés dans les points suivants :
-Croisementdesrecouvrementsrelatifsdesnappesalfatièresenrelationaveclesétagesbioclimatiques: sa-
chantque75%desnappesalfatièressontcantonnéesdansl’étagebioclimatiquearidesupérieurfrais.Lecalcul
de la vulnérabilité factorielle vis-à-vis du bioclimat a montré que mis à part om lagsab où les nappes sont « peu
vulnérables », suivie par esskhirat « moyennement vulnérables » et par grouÔ ejjedra « vulnérables », les nappes
alfatières du reste des CRAs sont classées « extrêmement vulnérables à très vulnérables ».
-Croisementdes recouvrements relatifsdesnappesalfatièresenrelationavec l’hydromorphiedusubstrat :
Partant du tempérament de l’alfa qui redoute l’hydromorphie, les nappes alfatières du gouvernorat de Kasserine
sont dans la plupart « extrêmement à très vulnérables », à l’exception d’esskhirat où elles sont « moyennement
vulnérables » suivie par om lagsab, grouÔ ejjedra et Hassi el Ferid sud «vulnérables».
-Croisementdesrecouvrementsrelatifsdesnappesalfatièresenrelationaveclefacteurliéàlasalinitédusol:
Partant du tempérament de l’alfa qui redoute la salinité et en relation avec les types de son recouvrement, les
nappes alfatières du gouvernorat de Kasserine sont dans la plupart « extrêmement à très vulnérables ». seulement
om lagsab où les nappes sont « peu vulnérables » suivie par esskhirat « moyennement vulnérables », om lagsab et
Hassi el Ferid sud «vulnérables».
-Croisementdesrecouvrementsrelatifsdesnappesalfatièresenrelationaveclefacteurliéàlaprofondeurdu
sol: Bien que l’alfa est indifférent à la profondeur sol, les nappes alfatières du gouvernorat de Kasserine sont en
totalité extrêmement à très vulnérables.
-Croisementdesrecouvrementsrelatifsdesnappesalfatièresenrelationaveclefacteurtextural: sachant que
l’optimum du développement de l’alfa dans le gouvernorat de Kasserine est situé sur des sols à texture moyenne,
les nappes alfatières sont dans la plupart « extrêmement à très vulnérables ». seulement à Hassi el Ferid sud et à
om lagsab où les nappes sont « vulnérables ».
-Croisementdesrecouvrementsrelatifsdesnappesalfatièresenrelationaveclefacteurliéàlaréserveutile
dusol: Bien que l’alfa est une espèce franchement xérophile, les nappes alfatières du gouvernorat de Kasserine
sont en totalité « extrêmement à très vulnérables ».
vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique
88
-Croisementdes recouvrements relatifsdesnappes alfatières en relation avec le facteur lié à lapentedu
terrain: Bien que l’alfa est une espèce qui préfère les sols bien drainés, les nappes alfatières du gouvernorat de
Kasserine sont en totalité « extrêmement à très vulnérables ».
-Croisementdesrecouvrementsrelatifsdesnappesalfatièresenrelationaveclefacteuraltitudinal: Bien que
l’optimumdedéveloppementdel’alfaestsituéeàdesaltitudesmodestes(500à900m),lesnappesalfatièresdu
gouvernorat de Kasserine sont dans la plupart « extrêmement à très vulnérables ». seulement les nappes d’om
lagsab sont « moyennement vulnérables » suivies par celles d’Hassi el Ferid sud qui sont « vulnérables ».
-Croisementdes recouvrements relatifsdesnappesalfatièresen relationavec le facteur liés à lapression
anthropiqueappréciéeselonladensitéennombred’agglomérationspar100km²danslegouvernoratdeKas-
serine: sachant que l’alfa est plus agressé dans les zones les plus peuplées par l’homme. vis-à-vis du facteur
lié au nombre d’agglomération/100km², les nappes alfatières du gouvernorat de Kasserine sont dans la plupart
extrêmement à très vulnérables. A l’exception des nappes et de Hassi el Ferid sud et d’om lagsab où les nappes
sont « peu vulnérables » suivies par celles d’esskhirat (moyennement vulnérables) et de grouô ejjedra, d’Hassi el
Ferid nord, de Bousaffa et d’om Ali qui sont « vulnérables ».
4.2.vulnérabilitéfactoriellemoyennesynthétiquedesnappesalfatièresdanslegouvernoratdeKasserine
Tableau:Indicedevulnérabilitémoyennesynthétique(IvMS)/CRAdanslegouvernoratdeKasserine
CRA vulnérabilitéfactoriellemoyennesynthétique
CRA vulnérabilitéfactoriellemoyennesynthétique
IvfMS Appréciation notation IvfMS Appréciation notation
A´n khema´ssia 0,180 ev 1 Foussana 0,501 ev 1
Bou lahnech 0,582 ev 1 grouô ejjedra 5,794 tv 2
Bousaffa 3,467 tv 2 Hassi el ferid nord
3,566 tv 2
Bouzguem 1, 011 ev 1 Hassi el ferid sud
7,507 v 3
Djedliane 0, 297 ev 1 Hidra 0, 133 ev 1
echrayô 1,726 ev 1 Kasserine nord 1,684 ev 1
eddachra 0, 022 ev 1 Kasserine sud 1,897 ev 1
el bouajer 0, 007 ev 1 lajred 0,005 ev 1
el ayoun 0, 012 ev 1 Majel bel abbes 2, 932 ev 1
el garôa el hamra
0,056 ev 1 om ali 3, 233 tv 2
el gonna 0, 927 ev 1 om lagsab 8,433 v 3
el hechim 2,384 ev 1 ouled Mahfoudh
0, 491 ev 1
el m’zirôa 0,056 ev 1 sbiba 0,206 ev 1
errakhmet 1, 123 ev 1 sbitla 0,862 ev 1
esskhirat 6,214 v 3 thala 0, 330 ev 1
ettahamed 0,205 ev 1 thelebet 2,325 ev 1
Feriana 2,661 ev 1 tiouecha 0,166 ev 1
l’examen du tableau montre que mis à part Hassi el Ferid sud, om lagsab et esskhirat qui sont classées « vul-
nérables » le reste des CRAs du gouvernorat de Kasserine sont rangées « extrêmement à très vulnérables ». Cela
dénote que l’écosystème alfatier est dans une situation préoccupante. Ces indices montrent que le secteur alfa-
tier est sérieusement affecté. Ce sont des précurseurs d’élimination de l’emploi et du tarissement de la matière
première pour l’industrie et de l’artisanat. Dans le gouvernorat de Kasserine, le devenir proche de la population
humaine et de la snCPA est en grand danger.
vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique
89
4.3.Projectiondesprecipitationsmoyennes annuelles (p) etdes températuresmoyennesannuelles(t)etcalculdesrapportsp/tcorrespondantsauxhorizons2020et2050selonlemodèleHadCM3/scenariosA2etB2
LaprojectiondesdonnéesclimatiquesdugouvernoratdeKasserineauxhorizons2020et2050aétéfondéesurla
base des résultats des travaux du Ministère de l’Agriculture et de l’environnement en collaboration avec la gIZ en
2007 : le modèle utilisé pour la tunisie est celui de HadCM3 avec deux scénarios le premier A2 (variante sévère),
le second B2 (variante modérée).
Partantdesdonnéesmétéorologiquesde1961à1990etselonlemodèleHadCM3lesprojectionsdeP,TetP/T
auxhorizons2020et2050igurentdansdeuxtableauxci-après.
Tableau:ProjectiondesdonnéesclimatiquesdugouvernoratdeKasserine
facteurs
climatiques
Scenarii
ScénarioA2 ScénarioB2
rT.en2020(°C) 1, 2 1, 1
rP.en2050(°C) -7% -4%
rT.en2050(°C) 2, 7 +2 , 1
rP.en2050(°C) -16% -10%
t. projetée 2020 16,7+1,2=17,9prochedeSidiBouzid 16,7+1,1=17,8prochedeSidiBouzid
P. projetée 2020 302,5-21,175=281,325
proche de sidi Bouzid
302,5-12,1=290,4
proche de Kairouan
P/t projeté 2020 15,72prochedeKairouan 16,31prochedeKairouan
T.projetée2050 16,7+2,7=19,4prochedeKairouan 16,7+2,1=18,8prochedeGafsa
P.projetée2050 302,5-48,4=254,1prochedeSidiBouzid 302,5-30,25=272,25prochedeSidiBou-
zid
P/Tprojeté2050 13, 1 proche de sidi Bouzid 14,48prochedeSidiBouzid
les résultats de ces projections du gouvernorat de Kasserine ont été comparés avec les facteurs climatiques en-
registrésdurantlapériodeallantde1961à1990desgouvernoratsseptentrionauxetméridionauxparrapportà
celui de Kasserine.
Fautes de données aboutissant à des corrélations étroites entre la projection du climat et la structure des nappes
alfatières, et partant du postulat que les changements climatiques prévisibles ne sont pas létaux pour l’alfa mais
ayant un effet fragilisant permettant à d’autres facteurs de dégradation d’agir (pression anthropozoïque en parti-
culier)etenconsidérantl’hypothèsequ’auxhorizons2020et2050,lessupericiesdel’alfadugouvernoratdeKas-
serine,resterontinchangées,onpeutdirequeleCCvainluenceruniquementlastructuredesnappesalfatières.
Engardantlesmêmessupericies,danslegouvernoratdeKasserine,lesstructuresetlesproductivitésprojetées
sontassimiléesidentiquesàcellesenregistréesen2005(d’aprèsl’INFP)auniveaudesnappesalfatièresdesgou-
vernorats méridionaux et septentrionaux qui ont en 1990 des facteurs climatiques (t, P et P/t) proches de celles
dugouvernoratdeKasserineprojetéesen2020et2050.
Tableau:Précipitationmoyenneannuelle(P)etTempératuremoyenneannuelle(T)etP/Tdesgouvernoratsalfatiersde
Tunisie(d’aprèsOnMdeTunisie1961à1990)
facteursclimatiques gouvernorat
Kairouan Kasserine SidiBouzid gafsa
P. moy. annuelle (mm) 305,8 302,5 273, 4 173, 7
T.moy.annuelle(°C) 19,5 16,7 18,5 18,8
P./ t. 15,68 18,11 14,78 9, 24
vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique
90
De cette analyse on déduit les résultats suivants :
- Du point de vue climatique, le gouvernorat de Kasserine pourra être assimilé très proche de Kairouan actuel
(en1990)àl’horizon2020etàSidiBouzidàl’horizon2050.
- Du point de vie biologique l’alfa possède un tempérament très rustique, par conséquent, le climat sera consi-
déré comme un facteur aggravant de la vulnérabilité des nappes alfatières.
- Partantdeshypothèsesqu’auxhorizons2020et2050,leclimatdugouvernoratdeKasserine,seraassimilé
identique respectivement aux climats actuels (1990) de Kairouan (en 1990) à l’horizon 2020 et de sidi Bou-
zidàl’horizon2050.Et,enl’absencedel’effetdesfacteursanthropozoïques,lessurfacesalfatièresrestent
inchangées et seulement les structures et « la productivité primaire » exprimée en possibilités pastorales et
en biomasses foliaires de l’alfa seront changées. Donc, le devenir des structures des nappes alfatières aux
horizons2020et2050etl’évaluationdespossibilitéspastorales,ainsiquel’estimationdelaproductivitéen
biomassesfoliairesd’alfaserontabordéescommesi,engardantlesmêmessupericies,lesnappesalfatières
du gouvernorat de Kasserine auront les mêmes structures et productivités primaires de Kairouan à l’horizon
2020etdeSidiBouzidàl’horizon2050.
5. projection climatique aux horiZonS 2020 et 2050 Selon le moDele haDcm3 et inciDenceS Sur la Structure DeS nappeS alfatiereS et leS perteS en proDuctionS paStoraleS et en biomaSSeS foliaireS
5.1.Devenirdesnappesalfatièresauxhorizons2020et2050etprojectiondespertesenpossibilitèspastoralesetenbiomassesfoliairesselonlemodèleHadCM3/scenariosA2etB2
5.1.1. Productivités pastorales moyennes annuelles des nappes alfatières en 2005 et projetées dans les CRA du gouvernorat de KasserineTableau:Productivitéspastoralesenufdesgouvernoratsalfatiers(Kasserine,KairouanetSidiBouzid)
Productivitépastoralemoyenneannuelledesnappesalfatièresen2005tousrecouvrementsconfondusdans les CRA du gouvernorat de Kasserine en uF/ha
223,52
Productivité pastorale moyenne annuelle projetée en 2020 des nappes alfatières tous recouvrements confondus dans les CRA du gouvernorat de Kasserine équivalente à la productivité moyenne annuelle en2005desnappesalfatièresdugouvernoratdeKairouanenUF/ha
80,74
Productivitépastoralemoyenneannuelleprojetéeen2050desnappesalfatièrestousrecouvrementsconfondus dans les CRA du gouvernorat de Kasserine équivalente à la productivité moyenne annuelle en2005desnappesalfatièresdugouvernoratdeSidiBouzidenUF/ha
78,63
Comptetenudeshypothèsesdesprojectionsindiquéesplushaut(cf.§4.3.1.6),auxhorizons2020et2050,les
structures et les productivités pastorales des nappes alfatières du gouvernorat de Kasserine vont baisser de près
de2/3parrapportàlaproductivitéde2005.Cettesituationauranécessairementdesgravesincidencessurl’éle-
vage extensif dans la région. Dans le tableau ci-après sont compilées les pertes projetées en uF pour l’ensemble
desCRAsalfatiersdugouvernoratdeKasserineauxhorizons2020et2050.
vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique
91
Tableau :Productionpastorale enufprojetéeparCRAdugouvernoratdeKasserineen2020et 2050 selon lemodèle
HadCM3/scénariosA2etB2
CRA S.(ha) Productionenuf(2005)
Productionenuf(2020A2
etB2)
Productionenuf(2050A2
etB2)
Perteprojetéeenufen2020
Perteprojetéeenufen2050
Ain Khemaissia 368 82255,36 29708,64 28932,16 -52546,72 -53323,2
Bou lahnech 652 145735,04 52635,96 51260,24 -93099,08 -94474,8
Bousaffa 14037 3137550,24 1133207, 01 1103588,94 -2004343, 23 -2033961,3
Bouzguem 2635 588975,2 212723,55 207163,7 -376251,65 -381811,5
Djedliane 192 42915,84 15500,16 15095,04 -27415,68 -27820,8
echrayaa 5262 1176162,24 424801,26 413698,44 -751360,98 -762463,8
eddachra 13 2905,76 1049, 49 1022,06 -1856,27 -1883,7
el Bouajer 4 894,08 322, 92 314,48 -571,16 -579,6
el Ayoun 10 2235,2 807,3 786,2 -1427, 9 -1449
el garaa el Hamra
98 21904,96 7911,54 7704,76 -13993, 42 -14200, 2
el gonna 2895 647090,4 233713,35 227604,9 -413377,05 -419485,5
el Hechim 7690 1718868,8 620813,7 604587,8 -1098055,1 -1114281
el M’zirÔa 202 45151,04 16307,46 15881,24 -28843,58 -29269,8
errakhmet 3770 842670,4 304352,1 296397,4 -538318,3 -546273
esskhirat 8877 1984187,04 716640,21 697909,74 -1267546,83 -1286277,3
ettahamed 331 73985,12 26721,63 26023,22 -47263,49 -47961,9
Feriana 5313 1187561,76 428918,49 417708,06 -758643,27 -769853,7
Foussana 1420 317398,4 114636,6 111640,4 -202761,8 -205758
grouaa ejjedra 9001 2011903,52 726650,73 707658,62 -1285252,79 -1304244, 9
Hassi el Ferid nord
11912 2662570,24 961655,76 936521,44 -1700914,48 -1726048,8
Hassi el Ferid sud
23725 5303012 1915319,25 1865259,5 -3387692,75 -3437752,5
Hidra 173 38668,96 13966,29 13601,26 -24702,67 -25067,7
Kasserine nord 600 134112 48438 47172 -85674 -86940
Kasserine sud 3226 721075,52 260434,98 253628,12 -460640,54 -467447,4
lajred 3 670,56 242, 19 235,86 -428,37 -434, 7
Majel Bel Abbes
6122 1368389,44 494229,06 481311,64 -874160,38 -887077,8
om Ali 6472 1446621,44 522484,56 508828,64 -924136,88 -937792,8
om lagsab 18578 4152554,56 1499801,94 1460602,36 -2652752,62 -2691952,2
ouled Mahfoudh
1123 251012,96 90659,79 88290,26 -160353,17 -162722,7
sbiba 197 44033, 44 15903,81 15488,14 -28129,63 -28545,3
sbitla 4035 901903, 2 325745,55 317231, 7 -576157,65 -584671,5
thala 558 124724,16 45047,34 43869,96 -79676,82 -80854,2
thelebet 3289 735157,28 265520,97 258581,18 -469636,31 -476576,1
tiouecha 449 100360,48 36247,77 35300,38 -64112,71 -65060,1
TOTAL 32015216,64 11563119,36 11260899,84 -20452097,28 -20754316,8
vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique
92
5.1.2. Pertes en possibilités pastoralesTableau : Pertes en possibilités pastorales en uf/CRA du gouvernorat de Kasserine en 2020 et 2050 selon lemodèle
HadCM3/scénariosA2etB2
Année ProductionpastoraleglobaleprojetéedesnappesalfatièresdugouvernoratdeKasserine(uf)
Pertesglobalesenpossibilitéspastoralesdugouvernorat
deKasserine(uf)
2005selonl’INFP2005 32015216,6 -
Projection en 2020 (HadCM3/scénarioA2 et B2)
11563119,4 -20452097,28
Projectionen2050(HadCM3/scénarioA2 et B2)
11260899,8 -20754316,8
Pour ces projections, sur la base des hypothèses posées considérant que les surfaces des nappes alfatières des
CRA de Kasserine restent inchangées et que le changement climatique n'affecte que la structure des nappes al-
fatièresetleurproductivitépastorale,defaçonàcequ'auxhorizons2020et2050,lastructureetlaproductivité
pastoraledeKasserinedeviendront similaires respectivementàcellesdeKairouanetdeSidiBouziden2005.
l’examen des deux tableaux précédents montre que dans le gouvernorat de Kasserine, les pertes projetées en
possibilitéspastoralessontimportantesdel’ordrede20millionsd’UFen2020etde21millionsd’UFen2050.Il
résulte que l’avenir du pastoralisme va être sérieusement touché.
5.2.Projectiondesrécoltesenfeuillesd’alfaentonnesauxhorizons2020et2050selonlemodèleHadCM3/scénariosA2etB2
D’après la DgF 2004, les récoltes potentielles des nappes alfatières des gouvernorats alfatiers ont été évaluées
à 0, 34 tonnes/ha/an avec une baisse annuelle de récoltes de 4 kg/ha. une telle baisse aura des répercussions
désastreusessurl’avenirdelaSNCPAdontlesbesoinsannuelss’élèventà76337tonnesparan.
on peut envisager trois hypothèses, la première (1) à récolte de prélèvement élevé (à raison d’un repos d’une an-
née qui suit l’opération d’arrachage), la seconde (2) à récolte de prélèvement moyen (à raison d’un repos de deux
ans) et la troisième (3) à récolte de prélèvement faible (à raison d’un repos de trois ans).
vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique
93
Selonceshypothèses,laprojectiondesrécoltesenfeuillesd’alfaauxhorizons2020et2050estcommel’indique
le tableau ci-après :
Tableau:Projectiondesrécoltesglobalesdefeuillesd’alfaentonnesparCRAdugouvernoratdeKasserineauxhorizons
2020et2050selonHadCM3/scénariosA2etB2
CRA S.(ha) Hypothèse1 Hypothèse2 Hypothèse3
en2005 en2020 en2050 en2005 en2020 en2050 en2005 en2020 en2050
Ain Khemaissia 368 61,1 50,0 28,0 40, 7 33, 4 18,6 30,5 25,0 14, 0
Bou lahnech 652 108,2 88,7 49,6 72, 2 59,1 33, 0 54,1 44, 3 24,8
Bousaffa 14037 2330, 1 1909, 0 1066,8 1553,4 1272, 7 711, 2 1165,1 954,5 533,4
Bouzguem 2635 437, 4 358,4 200, 3 291,6 238,9 133,5 218,7 179, 2 100, 1
Djedliane 192 31, 9 26,1 14,6 21, 2 17, 4 9, 7 15,9 13, 1 7, 3
echrayaa 5262 873,5 715,6 399, 9 582,3 477, 1 266,6 436,7 357,8 200, 0
eddachra 13 2, 2 1,8 1, 0 1, 4 1, 2 0, 7 1, 1 0, 9 0,5
el Bouajer 4 0, 7 0,5 0, 3 0, 4 0, 4 0, 2 0, 3 0, 3 0, 2
el Ayoun 10 1, 7 1, 4 0,8 1, 1 0, 9 0,5 0,8 0, 7 0, 4
el garaa el Hamra 98 16,3 13, 3 7, 4 10,8 8,9 5,0 8,1 6,7 3, 7
el gonna 2895 480,6 393, 7 220, 0 320, 4 262,5 146,7 240, 3 196,9 110, 0
el Hechim 7690 1276,5 1045,8 584,4 851,0 697,2 389,6 638,3 522,9 292, 2
el M’zirÔa 202 33,5 27,5 15,4 22, 4 18,3 10, 2 16,8 13, 7 7, 7
errakhmet 3770 625,8 512,7 286,5 417, 2 341,8 191, 0 312, 9 256,4 143, 3
esskhirat 8877 1473,6 1207, 3 674,7 982,4 804,8 449,8 736,8 603,6 337, 3
ettahamed 331 54,9 45,0 25,2 36,6 30, 0 16,8 27,5 22,5 12,6
Feriana 5313 882,0 722,6 403,8 588,0 481,7 269,2 441, 0 361,3 201, 9
Foussana 1420 235,7 193, 1 107, 9 157,1 128,7 71, 9 117, 9 96,6 54,0
grouaa ejjedra 9001 1494, 2 1224, 1 684,1 996,1 816,1 456,1 747, 1 612,1 342, 0
Hassi el Ferid nord 11912 1977, 4 1620,0 905,3 1318,3 1080,0 603,5 988,7 810,0 452,7
Hassi el Ferid sud 23725 3938,4 3226,6 1803,1 2625,6 2151,1 1202, 1 1969,2 1613,3 901,6
Hidra 173 28,7 23,5 13, 1 19, 1 15,7 8,8 14, 4 11,8 6,6
Kasserine nord 600 99,6 81,6 45,6 66,4 54,4 30, 4 49,8 40,8 22,8
Kasserine sud 3226 535,5 438,7 245,2 357,0 292,5 163,5 267,8 219, 4 122,6
lajred 3 0,5 0, 4 0, 2 0, 3 0, 3 0, 2 0, 2 0, 2 0, 1
Majel Bel Abbes 6122 1016,3 832,6 465,3 677,5 555,1 310, 2 508,1 416,3 232,6
om Ali 6472 1074, 4 880,2 491, 9 716,2 586,8 327, 9 537,2 440, 1 245,9
om lagsab 18578 3083,9 2526,6 1411, 9 2056,0 1684,4 941, 3 1542,0 1263,3 706,0
ouled Mahfoudh 1123 186,4 152,7 85,3 124, 3 101,8 56,9 93, 2 76,4 42, 7
sbiba 197 32, 7 26,8 15,0 21,8 17, 9 10, 0 16,4 13, 4 7,5
sbitla 4035 669,8 548,8 306,7 446,5 365,8 204, 4 334, 9 274, 4 153,3
thala 558 92,6 75,9 42, 4 61,8 50,6 28,3 46,3 37, 9 21, 2
thelebet 3289 546,0 447, 3 250,0 364,0 298,2 166,6 273, 0 223, 7 125,0
tiouecha 449 74,5 61,1 34, 1 49, 7 40, 7 22, 7 37, 3 30,5 17, 1
TOTAL(tonnes) 23776,5 19479,6 10885,6 15851,0 12986,4 7257,1 11888,3 9739,8 5442,8
Besoins de la snCPA (tonnes/an)
76337 76337 76337 76337 76337 76337 76337 76337 76337
% de couverture des besoins de la snCPA
31, 1 25,5 14, 3 20,8 17, 0 9,5 15,6 12,8 7, 1
Ce tableau montre que l’avenir de la snCPA est préoccupant ainsi pour l’emploi provenant du secteur alfatier
dans le gouvernorat de Kasserine. en effet dans les meilleurs des cas le taux de couverture des besoins annuels
de la snCPA ne dépasse pas les 40%.
vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique
94
5.3.TauxdecouverturedesbesoinsdelaSnCPAparlesrécoltesprojetéesdefeuillesd’alfaprésuméesen2020et2050danslegouvernoratdeKasserineselonlestroishypothèsesetselonlemodèleHadCM3/scénariosA2etB2selon les trois hypothèses indiquées, les taux de couverture des besoins de la snCPA présumés réalisables en
2020et2050danslegouvernoratdeKasserine,parlesrécoltesd’alfa,selonHadCM3/scénariosA2etB2,sont
réunis dans le tableau récapitulatif ci-après.
Tableau:Projectiondesrécoltesglobalesdefeuillesd’alfaentonnesdel’ensembledugouvernoratdeKasserineauxhori-
zons2020et2050selonHadCM3/scénariosA2etB2
Hypothèsesouscenarii
S.del’alfadans
legouvernoratdeKasserine
Récoltesentonneset%decouverturedesbesoinsdelaSnCPA
2003(tonnes)
%decouverture
2020(tonnes)
%decouverture
2050(tonnes)
%decouverture
Hypothèse (1)
146046(ha)
24828 32 19862 26 11 099 14
Hypothèse (2) 16552 22 13 242 17 7 400 10
Hypothèse (3) 12 414 16 9 931 13 5550 7
Pour toutes les hypothèses, l’avenir de la production est préoccupant. les baisses spectaculaires des récoltes
alfatières vont compromettre sérieusement le ravitaillement de la snCPA en feuilles d’alfa.
Actuellement l’usine de la snCPA, travaille à environ ¼ de sa capacité. sachant que la snCPA possède une capa-
citédetransformationdesfeuillesd’alfade76337tonnesparan.
on signale également que la détérioration de la productivité de l’alfa a des répercussions sur plusieurs domaines :
• socio-économique (ravitaillement de la snCPA, balance commerciale de tunisie, emploi, artisanat, parcours,
migrationdelapopulationetconlitsdémographiques,...);
• environnementale(biodiversité,protectiondusubstrat,richessecynégétiques,...);
Pour faire face à ces problèmes complexes, accentués par le changement climatique, une analyse critique des
stratégies et des pratiques d’aménagement et de gestion des nappes alfatières s’imposent ainsi que la nécessité
desongeràdesrélexionsaboutissantàlapropositiond’orientationsetdemesuresadéquatessonturgentes.
6. réSultat De l’analySe rétroSpective DeS StratégieS et DeS capacitéS
6.1.etudesantérieuresla pertinence des stratégies, des programmes, des projets et des pratiques d’aménagement et de gestion des
nappesalfatières,résidedansl’eficacitédesactionsàentreprendresurleterrainpourl’atténuationdeseffets
directs et indirects face au changement climatique. en tunisie et ailleurs, plusieurs études ont été élaborées dans
ce sens. vu l’aspect nouveau et la complexité du phénomène du CC, ces études sont restées globales, au niveau
dudiagnosticetaustaded’élaborationdesméthodologies.Lesétudesspéciiquessurlesnappesalfatièressont
relativement rares.
Il importe de citer une étude prospective des nappes alfatières en tunisie, qui a été réalisée par la DgF en 2004.
elle a analysé en détail les problèmes et des menaces qui pèsent sur le secteur alfatier dans sa globalité y compris
les impacts probables du CC à l’horizon 2020. l’étude a débouché sur la proposition de 3 scénarios (tendanciel,
souhaitableetdecrise).Pourchaquescénario,l’auteuraproposédesrélexionsfondéessurl’étatvégétatifdes
nappes alfatières en relation avec la pression des récolteurs de feuilles d’alfa. Il propose également l’importation
de l’alfa algérien en vu de soulager les nappes alfatières tunisiennes en leur permettant une amélioration végé-
tative.
vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique
95
6.2.gestiondesnappesalfatièresdanslegouvernoratdeKasserineA côté des stratégies liées au changement climatique et particulièrement on incidence sur l’écosystème alfatier,
il est utile de faire une analyse critique de la gestion antérieure des nappes alfatières. Il est évident qu’à travers la
gestion qu’on peut aborder les actions d’atténuation des incidences du CC sur les nappes alfatières.
6.2.1. Contexte antérieurPour faire face aux problèmes de la dégradation des nappes alfatières, l’administration tunisienne a entamé de
bonnes initiatives, relativement précoces, ayant pour but de développer et de préserver le secteur alfatier. C’est
ce genre de réforme qui pourra maîtriser les problèmes et les menaces qui entravent la préservation et le déve-
loppement des nappes alfatières tout en tenant compte des aléas climatiques qui peuvent survenir. C’est dans les
années1970,qu’ilyaeucréationd’unarrondissementspéciiquepourbiengérerlesnappesalfatières.
suite à la création de l’arrondissement, 39 séries alfatières ont été aménagées dont 19 au sein du gouvernorat de
Kasserineetréunissant196parcellesdesurfacetotalede170916ha(surfaceaménagée).
6.2.2. Contexte actuel Après expiration de la durée des aménagements, les nappes alfatières sont laissées à leur sort (sans révision de-
puis).Actuellement,danslegouvernoratdeKasserine,d’aprèsl’INFP2005,lasupericietotaledel’alfanecouvre
que146046ha.
A côté de l’abandon des aménagements des nappes alfatières, il est à signaler que le manque de moyens humains
et matériels contribue énormément à la détérioration des nappes alfatières. Cette dégradation est spectaculaire
au niveau des pertes en surfaces et en productivités pastorales et en biomasses d’alfa. les causes de la décadence
dusecteuralfatiersontengrandepartieliéesàladéiciencedanslagestion(manquedemoyensdesuivietde
contrôle, disfonctionnements socioéconomiques, manque d’approches participatives intégrant tous les parte-
naires dans le secteur : gestionnaires, population locale, industriels, ...
Ces constats et analyses montrent que la région de Kasserine a atteint le niveau ultime du déclin (dégradation
irréversibledesnappesalfatières,gestiondéicitaire,effervescencesocialeetpauvretéextrême,...)aggravépar
l’accélérationduréchauffementclimatiquequiestdevenuànosjoursuneréalitéconirméeparlesscientiiques.
A défaut de mesures drastiques pour atténuer les impacts du CC sur l’écosystème alfatier on peut s’attendre à
des catastrophes socioéconomiques et environnementales insurmontables. D’où l’urgence pour la mise en œuvre
destratégiespourfairefaceauCCetprendrelesmesuresnécessairesrationnellesàindepréserverlesnappes
alfatières dans le gouvernorat de Kasserine.
6.2.3. Problèmes entravant la gestion rationnelle des nappes alfatièresA l’issue des travaux antérieurs et des analyses réalisées le long de la présente étude, plusieurs déductions peu-
vent être retenues :
- Leréchauffementclimatiqueestuneactualitéconirmée.Sonimpactdirectsurl’alfasemanifesteparl’aug-
mentationdesavulnérabilitéaudécapageetaudéchaussement.Quantàl’inluenceindirecte,quiestlaplus
prépondérante, est la pression anthropozoïque à travers les défrichements et le surpâturage.
- l’explosion démographique qui pèse sur les écosystèmes alfatiers, engendre une demande accrue de terres
pour la mise en culture (défrichement des nappes déjà fragilisées par l’effet du réchauffement climatique).
- Par manque de moyens humains et logistiques, et, à défaut d’une surveillance rigoureuse, la sous valorisation
des prix attribués à l’alfa et ses dérivés, incite la population à défricher d’avantage les nappes alfatières pour
leur mise en culture.
- le surpâturage excessif, en particulier durant les périodes de disettes, l’utilisation de l’alfa, déjà fragilisé par
l’effet de la sécheresse, pour l’affouragement du bétail est une pratique devenue courante et elle a des réper-
cussions désastreuses sur l’avenir de l’écosystème alfatier.
vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique
96
- Actuellementlareconstitutiondesnappesalfatièresenpleinchampestunetâchedificilevoireimpossible:
l’alfa est un fossile vivant, bien qu’il est rustique, toute touffe disparue, elle ne pourra en aucun cas d’être
renouvelée(déiciencedelarechercheappliquée).
- la tendance actuelle vers l’imposition de changer la période de récolte en été au lieu qu’elle soit en automne
et en hiver, est une pratique pouvant contribuer à augmenter l’acuité des effets du changement climatique sur
les touffes d’alfa.
7. principaleS oritationS StrategiqueS et meSureS recommanDeeS
L’adaptationeficacedesécosystèmesfaceauchangementclimatiquedoitintégrersystématiquementtousles
domaines liés de loin ou de près à l’écosystème en question.
7.1.Orientationsstratégiques
7.1.1. Orientations généralesAvecunepopulationruralesupérieureà60%,KasserinecompteparmilesgouvernoratsdeTunisiequisouffrent
d’untauxdechômagechronique (20%)dûaumanquedediversiicationdusecteuréconomique (OSS2009).
Cette situation fait du gouvernorat de Kasserine l’une des régions les moins outillées pour combattre les impacts
négatifs du changement climatique. en effet, il s’agit d’un gouvernorat où la pauvreté est assez exacerbée par le
changement climatique. le paysan se trouve poussé à s’orienter vers la surexploitation de l’alfa (défrichement,
décapagepourl’affouragement,surpâturage,utilisationcommecombustible,...);
on peut déduire que les principaux problèmes qui accentuent l’impact du changement climatique sur les nappes
alfatières peuvent être compilés dans le développement socioéconomique et le degré de pauvreté des habitants.
Ilenrésulteque,pourêtreeficace,lesorientationsstratégiquesfaceauchangementclimatiquedoiventtenir
compte des aspects socioéconomiques et du bien être social.
Dans ce sens plusieurs orientations peuvent être envisagées en touchant à divers domaines socioéconomiques :
• l’encouragement de l’écotourisme, l’agritourisme, tourisme archéologique, tourisme pastoral et rationalisa-
tion de l’artisanat et du savoir faire local, pourront contribuer à améliorer le niveau de vie de la population
ruraleetlapréservationdel’environnementycomprisl’écosystèmealfatier;
• en vu d’alléger la charge pastorale sur les nappes alfatières fragilisées par la sécheresse climatique et d’amé-
liorer la rentabilité de la production animale, la conduite progressive de la stabulation entravée est à recom-
mander;
• la valorisation et la manufacture, sur place, des ressources locales (marbres, ciments, papeterie, conserves
agricoles,...)constituentdescréneauxprometteurspouratténuerlapauvreté;
• la consolidation de l’artisanat et du savoir faire local (sparterie, sculpture, ...) peut contribuer au bien être des
paysansetdesartisans;
• les techniques de l’économie de l’eau (goutte à goutte, ouvrages de Ces, techniques culturales adéquates,
choix des espèces et des spéculations convenables, ...) sont à encourager et à vulgariser.
• Amélioration des infrastructures de base (voierie, moyens de communication, hôpitaux, universités, aéro-
drome,...)estlaconditionnécessairepourl’essorsocioéconomique;
• la reconstitution des forêts naturelles est une nécessité à multiples intérêts. on cite particulièrement :
- les forêts naturelles du gouvernorat de Kasserine constituent un réservoir des formations alfatières au
niveau du sous bois
- l’assistancedelareconstitutiondesforêtsestbénéiquepourl’emploidelamaind’œuvre, laremontée
biologique, la production ligneuse et divers produits forestiers non ligneux.
vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique
97
7.1.2. Orientations spéciiquesen vu d’améliorer la vigueur et de stimuler la circination des touffes d’alfa plusieurs stratégies sont à combiner
pour faire face aux effets des sécheresses climatiques qui peuvent survenir :
• Lerespectd’unechargepastoraled’équilibreestrecommandé;
• l’encouragement de la stabulation entravée est une stratégie favorable à l’amélioration de la vigueur des
touffes et permet la reconstitution des nappes alfatières à long terme à travers la circination de l’alfa (intensi-
icationdel’élevage);
• Du point de vu administratif la consolidation de l’arrondissement alfatier par des moyens humains (techni-
ciens,gardiens,...)etlogistiques;
• Devant la menace du changement climatique, il faut se hâter à aménager les nappes alfatières du gouvernorat
de Kasserine : la vitesse des pertes en surfaces et en productivités primaires, risquent la disparition de la res-
sourced’unefaçonirréversible;
• sensibiliser les jeunes et le grand public aux problèmes qui peuvent survenir des effets du changement clima-
tique (suivi et conduites des actions appropriées par des écoliers et des écoles primaires avec une rémunération
d’encouragement symbolique, augmenter les séances de sensibilisation sur les impacts du changement clima-
tiquesurl’écosystèmealfatier,...);
• encouragement et ciblage des programmes de recherches appliquées quitte à instaurer des contrats-pro-
grammespouraccomplirlesrecherchesappliquéesnécessairespourassurerlarégénérationalfatière;
7.2.Mesuresàentreprendre
les mesures d’atténuation des impacts du changement climatique sur les nappes alfatières du gouvernorat de
Kasserine doivent être nécessairement réalisées à travers des aménagements durables, intégrés et participatifs.
Eneffet,cetyped’aménagementpermetlavalorisationrationnelledesressourcesd’unefaçondurableetégale-
ment la responsabilisation de tous les partenaires liés à la gestion des nappes alfatières (population, administra-
tion,gestionnaires,ONGs,industriels,artisans,communautésscientiiques,etc.).
A ce propos il convient de mentionner que le gardiennage et le respect des plannings des rotations de récoltes
dans les parcelles des séries alfatières, ainsi que l’application d’une charge pastorale rationnelle, constituent la
clefdevoûtedetoutegestionsérieuse.Pourplusd’eficacité,ilestimportantdesoulignerlanécessitéd’unrecru-
tementdegardiensmêmeensurnombre(sacriicenécessaire).Cegardiennagedoitêtreaccompliselonuncahier
de charge signé par les gardiens. Il s’agit d’un type de « contrat-programme » qui précise la cartographie exacte
des nappes alfatières. Ce contrat signé doit responsabiliser les gardiens sur les pertes en surfaces qui doivent
être contrôlées annuellement par un suivi rigoureux. les rotations de récoltes doivent tenir compte de l’état de
dégradation des nappes alfatières et des conjonctures climatiques.
A l’issue de cette étude, toutes les orientations stratégiques ont tourné autour de l’aménagement durable intégré
et participatif des nappes alfatières. on peut proposer que la série alfatière doit être assimilée à l’unité de gestion
quiestlaCRA(retenucommeunitédebase).TouteCRAcontenantunesupericiesupérieureà1000had’alfafera
l’objet d’une série entière. le reste des nappes alfatières sera géré dans des suites de parcelles appartenant à des
sériesspéciiquespouvantchevauchersurplusieursCRAsvoisines.Chaquesérieseradiviséeenparcellesplusou
moins homogènes constituant les unités d’exploitation de l’alfa selon une rotation de durée variable selon l’état
des nappes alfatières. Cette proposition reste à titre indicatif : l’aménagement proprement dit devra être fondé
sur des analyses diagnostics précises sur le terrain. le tableau ci-après réunit les surfaces d’alfa du gouvernorat
deKasserineparCRAaveclesN°d’ordreindicatifsdessériesalfatières.
vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique
98
Tableau:Supericiesdessériesalfatièresprojetées
CRA S.(ha) n°Série CRA S.(ha) n°Série
Ain Khemaissia 368 suite de parcelles
Foussana 1420 9ème
Bou lahnech 652 suite de parcelles
grouaa ejjedra 9001 10ème
Bousaffa 14037 1ère Hassi el Ferid nord 11912 11ème
Bouzguem 2635 2ème Hassi el Ferid sud 23725 12ème
Djedliane 192 suite de parcelles
Hidra 173 suite de parcelles
echrayaa 5262 3ème Kasserine nord 600 suite de parcelles
eddachra 13 Petite parcelle Kasserine sud 3226 13ème
el Bouajer 4 Petite parcelle lajred 3 Petite parcelle
el Ayoun 10 Petite parcelle Majel Bel Abbes 6122 14ème
el garaa el Hamra 98 suite de parcelles
om Ali 6472 15ème
el gonna 2895 4ème om lagsab 18578 16ème
el Hechim 7690 5ème ouled Mahfoudh 1123 17ème
el M’zirÔa 202 suite de parcelles
sbiba 197 suite de parcelles
errakhmet 3770 6ème sbitla 4035 18ème
esskhirat 8877 7ème thala 558 suite de parcelles
ettahamed 331 suite de parcelles
thelebet 3289 19ème
Feriana 5313 8ème tiouecha 449 suite de parcelles
De ce tableau découle qu’on peut envisager 19 séries alfatières, chacune de surface supérieure à 1000 ha.
LesCRAsoùlasurfacedel’alfaestinférieureà1000hasontaunombrede15totalisant3850ha.Cesnappes
fragmentairespeuventêtreannexéesauxalfas forestiersetpré-forestiersoubiendansdesséries spéciiques
supplémentaires. elles peuvent être associées aux nappes du sous-bois des forêts de pin d’Alep et de genévriers
(131000 ha véritables réservoirs et refuges pour l’alfa). Ces nappes alfatières qui n’ont pas été comptabilisées par
l’INFPde2005,peuventparticiperàl’augmentationdesrécoltesd’alfapourlaSNCPA.
A raison d’une productivité annuelle de 0, 34 tonnes/ha et selon une rotation bisannuelle, les 19 séries alfatières
dugouvernoratdeKasserinepeuventrapporteruneproductionannuellede23695tonnes/ansoitprèsde1/3
delacapacitédel’usinedelaSNCPA.Ledéicitpourraêtrecombléparl’apportdesautresgouvernoratsalfatiers
et l’importation de l’alfa algérien. A long et à moyen terme, l’aménagement durable, participatif et intégré des
nappes alfatières du gouvernorat de Kasserine qui vise en particuliers l’amélioration végétative des touffes d’alfa
et la reconstitution des nappes d’alfa par l’intermédiaire de la circination, pourra aboutir à une amélioration no-
table de leur productivité.
vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique
99
8. concluSionS
A l’issue de cette étude plusieurs conclusions ont été déduites :
• le gouvernorat de Kasserine est la plus alfatière de toute la tunisie. sa participation nationale dans le ravitaille-
mentdelaSNCPAs’élèveà80%.Bienquelazoneadetrèsbonnesaptitudesalfatières,sousl’effetdesdivers
agents de dégradation aggravés par les sécheresses climatiques, la quasi majorités des nappes alfatières ont
été démontrées « extrêmement à très vulnérables ». la situation de l’écosystème alfatier parait être en danger,
nécessitant des interventions urgentes.
• Leréchauffementclimatiqueestuneréalitéconirmée,maissoninluencesurledevenirdesnappesalfatières
n’est pas directe. son effet constitue un effet aggravant rendant l’alfa plus fragile aux agents de dégradation
notamment la pression anthropozoïque.
• vu le tempérament de l’alfa, la cause de la détérioration des nappes alfatières paraît être liées à l’action anthro-
piqueintensiiéeparl’effetdessécheressesclimatiques.
• Comptetenudelabiologiedel’alfa,desdéiciencesdelamaîtrisedesarégénérationenpleinchamp,lepeu
d’intérêt accordé à la ressource, le manque de moyens humains et matériel, l’absence d’aménagement, ... les
pertes en surfaces des nappes alfatières sont jugées irréversibles -situation précaire- incitant tout le monde à
penser à la sauvegarde de ce qui reste de ce patrimoine avant qu’il ne soit pas trop tard.
• la détérioration du secteur alfatier et de sa productivité a des répercussions sur plusieurs domaines :
-socio-économique(ravitaillementdelaSNCPA,emploi,artisanat,parcours,migrationetconlitsdémogra-
phiques,...);
- environnementale (biodiversité, protection du substrat, richesse cynégétiques, ...).
Il est à noter que devant les pertes spectaculaires irréversibles en surfaces des nappes alfatières dans le gouver-
norat de Kasserine, les baisses énormes des récoltes d’alfa, l’avenir de la snCPA est très préoccupant. en plus des
répercussions désastreuses sur la balance commerciale de tunisie et sur l’emploi dans la région.
Malgré les stratégies et les bonnes initiatives entreprises par les autorités tunisiennes en matière de gestion à
traversl’aménagementde19sériesalfatièresetlacréationd’unarrondissementspéciiquepourl’alfa,lesecteur
alfatier a été énormément négligé. Cette négligence se manifeste par :
• l’abandondesaménagementsdesnappesalfatièresetdeleursrenouvellements;
• aucune révision n’a été accomplie après expiration de la durée d’aménagement et les séries alfatières sont
laisséesàleursort;
• lemanquelagrantdemoyenshumainsetmatérielpourlesuivietlasauvegardedesnappesalfatières;
Pour faire face à ces problèmes complexes, il est plus rationnel d’apporter des mesures reposant sur la conso-
lidation de l’arrondissent alfatier et de l’aménagement des 19 séries alfatières proposées (cf. § 7.2.). Également,
la révision des prix de l’alfa et de ses dérivés constitue un élément déterminant pour une valorisation juste.
l’aménagement alfatier doit être intégré et participatif avec des contrats-programmes signés par l’ensemble des
partenaires(gestionnaires,populationlocale,industriels,artisans,etsociétécivile.);
vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique
100
A côté des mesures liées à la gestion, pour faire face aux effets du changement climatique sur le devenir des
nappes alfatières, sur l’avenir de la population humaine et de la snCPA, on doit consolider les actions adaptées
aux sécheresses climatiques qui peuvent survenir (usages d’espèces rentables et xérophiles, économie de l’eau,
travaux de Ces, utilisation des spéculations adaptées, réhabilitation et reconstitution des écosystèmes forestiers
etpré-forestiersendommagés,...).Pourquelesmesuressoienteficaces,lesdécideursdoiventavoirunevision
globale des problèmes. Ils doivent avoir toujours dans l’esprit la présence du devoir du combat pour l’extirpation
de la pauvreté, pour l’assurance du bien être social. Également une politique visant des réformes structurelles est
nécessaire.Cesréformestoucherontenparticuliersl’éducation,larecherchescientiiqueetappliquée,laparti-
cipation du citoyen dans la prise de décision. Ce sont les meilleurs garants de toutes mesures rationnelles. Ces
mesures et réformes permettront de s’adapter aux circonstances liées au changement climatique qui peuvent
survenir et d’apporter les solutions rationnelles nécessaires.
Vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique dans le Gouvernorat de Médenine
avec l’appui de la MInIstèRe De l’AgRICultuRe et De l’envIRonneMent
vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique
102
Sommaire
1. InTRODuCTIOn 105
2. DeSCRIPTIOnDeL’APPROCHeMÉTHODOLOgIque 106
2.1. Choixetdescriptiongénéraledumodèle 106
2.2. Approche méthodologique globale 107
2.2.1. les bases de données utilisées 107
2.2.2.Simulation 108
2.2.3.Restitutionsdesrésultats 108
2.2.4. evaluation économique des biens et des services 109
3. POTenTIALITÉSPASTORALeSACTueLLeS 109
3.1. Répartition et production des écosystèmes pastoraux 109
3.1.1. LesparcoursàbasedeRosmarinusoficinalis 110
3.1.2. Parcours à base de stipa tenacissima 110
3.1.3. Parcours à base d'Artemisia herba-alba 111
3.1.4. Parcours à base d’Haloxylon schmittianum (Beguel) 111
3.1.5.Parcoursàbased'Anthyllishenoniana(Ghizdir) 111
3.1.6.ParcoursàbasedeRhanteriumsuaveolens(Arfej) 112
3.1.7. Parcours à base de gypsophytes 112
3.1.8.Parcoursàbased'halophytes 112
3.1.9. Parcours à base de psammophytes 113
3.2.Facteursinluençantl’étatdesécosystèmespastoraux 113
3.2.1. Facteurs biophysiques 113
3.2.1.1. Ressources en sol 113
3.2.1.2. les associations végétales 114
3.2.2.Facteurssocioéconomiques 115
3.2.2.1. Moded’exploitationdesparcours 115
3.2.2.2. Excèsdelachargepastorale 116
3.2.3.Facteursclimatiques 116
3.2.3.1. Précipitations 116
3.2.3.2. Température 116
3.2.3.3. vent 117
3.2.3.4. variabilité et changement climatique 117
3.2.3.4.1. Pluviométrie 117
3.2.3.4.2.Température 118
vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique
103
4. evALuATIOnDeLAvuLnÉRABILITÉDeSÉCOSySTèMeSPASTORAuxfACe
AuCHAngeMenTCLIMATIqueAuxHORIzOnS2020eT2050 118
4.1. les formations végétales peu vulnérables au changement climatique 122
4.1.1. Formation à base d’Haloxylon schmittianum 122
4.1.2. Formation à base d’halophytes 122
4.2. les écosystèmes pastoraux moyennement vulnérables au changement climatique 123
4.2.1. Parcours à base de Rhanterium suaveolens 123
4.2.2. Formation à base de psammophytes 123
4.3. les écosystèmes pastoraux les plus vulnérables au changement climatique 124
4.3.1. Formation à base de stipa tenacissima 124
4.3.2. Formation à base de Rosmarinusoficinalis 124
4.3.3. Formation à base d’Artemisia herba alba 124
4.3.4. Formation à base d’Anthyllis henoniana 125
4.3.5.Formationàbasedegypsophytes 125
5. AnALySeDeLAvALeuRÉCOnOMIqueDeSDIffÉRenTSBIenSeTSeRvICeSDeL’ÉCOSySTèMe 126
5.1. Identiicationettypologiedesbiensetservicesrendusparl’écosystèmepastoral
danslegouvernoratdeMédenine 126
5.2. Evaluationéconomiquedesbiensetservicesdel’écosystèmepastoraldanslegouvernoratdeMédenine 127
5.3. Evaluationéconomiquedesbiensetservicesdel’écosystèmepastoraldanslegouvernoratdeMédenine 129
6. AnALySeDeLAPeRTInenCeDeSSTRATÉgIeS,PROgRAMMeS,PROJeTSeTPRATIqueSD’AMÉnAgeMenT
eTDegeSTIOnACTueLLeenRAPPORTAveCLeSRISqueSLIÉSAuCHAngeMenTCLIMATIque 131
6.1. Analysedelapertinencedesstratégies,programmes,projetsetpratiquesd’aménagement
et de gestion actuelle en rapport avec les risques liés au changement climatique 131
6.1.1. Analysedelapertinencedesstratégies,programmes,projetsetpratiquesd’aménagement
et de gestion actuelle en rapport avec les risques liés au changement climatique 131
6.1.1.1.Parcoursaméliorésparplantationd’arbustesfourragers 131
6.1.1.2.Lesmisesenrepos/défens(Gdel) 132
6.1.2. LeProgrammedeDéveloppementRuralIntégré(PDRI) 132
6.1.3. LeProjetdeGestiondesRessourcesnaturelles(PGRN) 133
6.1.4. Autresmesuresaccompagnatrices 133
6.1.5. Mesuresponctuellesdegestiondelasécheresse 134
6.1.6. Modalitésactuellesd’exploitationetdegestiondesparcours 135
6.2. Analysedelacapacitéinstitutionnelledel’administrationfaceauchangementclimatique 135
6.2.1. Casdel’Oficedel’ElevageetdesPâturages(OEP) 135
6.2.2. Casdel’ArrondissementdesForêts(AF) 136
vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique
104
7. ORIenTATIOnSSTRATÉgIqueSeTMeSuReSD’ADAPTATIOnPOuRAugMenTeRLARÉSILIenCe
DeL’ÉCOSySTèMefACeAuCHAngeMenTCLIMATIque 138
7.1. Proposition d’orientations stratégiques en vue d’améliorer l’élaboration des stratégies, des programmes
etprojetsd’aménagementetdegestiondesécosystèmes 138
7.1.1.Surleplanpolitique:Créationd’uneunitéspéciiqueàlastratégied’adaptation 138
7.1.2. Surleplansocialetinstitutionnel 138
7.1.3. Surleplanrecherchescientiique 139
7.1.4. sur le plan technique 139
7.2. Proposition de mesures d’adaptation concrètes pour augmenter la résilience de l’écosystème
face au changement climatique 140
7.2.1. Actions de développement 140
7.2.1.1. Mise en repos 140
7.2.1.2. Plantations d’arbustes fourragers autochtones 142
7.2.1.3. Resemis 142
7.2.1.4. Mesures d’accompagnement 143
7.2.1.5. Mobilitédestroupeauxetpâturagedifféré 143
7.2.2. Appui institutionnel et modalités de gestion 143
7.2.2.1. le renforcement des capacités du CRDA de Médenine et la création
d’uneUnitéspéciiqued’adaptationauchangementclimatique 143
7.2.2.2. groupements de Développement Agricole (gDA) 144
7.2.2.3. les conseils de gestion 144
7.2.2.4. Modalitéspratiquespourl’exécutiondesdifférentescomposantesdelastratégie 145
7.2.3. Développementdescompétencesetformation 146
7.2.3.1. Formation du personnel technique du CRDA
(Unitéchargéedelamiseenœuvredelastratégie) 146
7.2.3.2. FormationdesmembresetdupersonneldesGDAs 146
7.2.4. Recherchescientiique 146
8. COnCLuSIOnS 147
Remerciements:l’équipe chargée de la réalisation de cette étude tiennent à remercier vivement:- le Professeur Houcine Khatteli, Dg de l’IRA pour son appui et ses encouragements et pour l’intérêt particulier qui a accordé
à cette étude. - Mr Ammar Zerrim, technicien en télédétection et sIg à l’IRA pour sa contribution active dans la modélisation Maxent et la productiondesdifférentescartes;
- les différents services du CRDA de Médenine et la direction régionale de l’oeP à Médenine pour leur appui, leurs commen-taires constructifs lors des ateliers d’information et pour toutes les informations qui ont mis à la disposition de l’équipe pour meneràbiencetravail;
- toute l’équipe du projet « Appui à la mise en œuvre de la Convention des nations unies sur le Changement Climatique » CCC/gIZ qui a invité les membres de l’équipe à toutes les manifestations et les ateliers de formation et d’information se rapportant à l’adaptation au changement climatique, ainsi que leurs critiques et commentaires constructifs lors des diffé-rentes phases de la présente étude.
vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique
105
IntroductIon
Les parcours du gouvernorat de Médenine sont, plus ou moins, marqués par l’ampleur de l’impact des
diverses activités humaines. Il s’agit surtout du surpâturage et de l’extension des cultures pluviales qui
dénudent le sol pendant les périodes sèches et accélèrent ainsi son érosion. la sécheresse climatique, qui
a marqué le début de ce siècle (1999-2003), a fortement perturbé l’équilibre des écosystèmes de cette région.
les effets d'une période de sécheresse dépendent essentiellement de sa durée se mesurant souvent en nombre
d’années sèches consécutives. les connaissances relatives à la prédictibilité, l'intensité et les effets de telles suc-
cessionsd’annéessèchesdemeurentinsufisantes.
les impacts d’une sécheresse climatique sont d’autant plus néfastes que les écosystèmes sont plus fragilisés par
les perturbations anthropiques. les parcours du gouvernorat de Médenine sont plus ou moins dégradés sous l'ef-
fet de différents stress et perturbations. les conséquences de cette dégradation sont assez visibles non seulement
surlecouvertvégétalnaturelmaisaussisurlemilieuphysique.Ilestparfoisdificiledefairelapartdesdifférents
facteurs qui sont à l'origine de la dégradation quantitative et qualitative de la couverture végétale et dont les
effetsseconjuguentcequiampliiedavantageleurpouvoirdégradant.Lasituationseraitelleplusgravequantà
l'avenir de l'élevage extensif, qui marquait l'économie de la région depuis plusieurs siècles, particulièrement à la
lumière du changement climatique où les prévisions montrent des sécheresses plus fréquentes, une augmenta-
tion des températures plus nettes et une variabilité saisonnière plus importante.
Comptetenudel’étatdedégradationatteintparcertainsécosystèmesetdelasécheressequaliiéecomme‘sans
précédent’ qui a sévi en tunisie méridionale au cours des années 1999 à 2003, la projection des températures et
des précipitations sur la tunisie et particulièrement sur le gouvernorat de Médenine, est très alarmante pour la
résilience des écosystèmes tunisiens. les conséquences iront de la dégradation des sols à un déclin des produits
traditionnels en passant par un appauvrissement des services écologiques, par exemple la protection des res-
sources en eau et des sols.
l’étude et l’analyse de la vulnérabilité des écosystèmes pastoraux du gouvernorat de Médenine deviennent par
conséquent une nécessité en vue de développer des stratégies d’adaptation au changement climatique. une telle
adaptation doit se concentrer sur la construction et le renforcement de la résilience des écosystèmes.
la présente étude s’intègre dans le cadre du projet CCC/gIZ qui a pour mission d’appuyer la tunisie pour la
mise en œuvre de la Convention-cadre des nations unies sur le changement climatique (unFCCC) aussi bien au
niveau national que régional. la première étape a consisté en l’élaboration de la stratégie nationale d'adaptation
du secteur agricole au CC. les étapes suivantes appréhendent carrément la mise en œuvre de la convention via
le passage à des niveaux plus approfondis et plus détaillés par l'élaboration des plans/stratégies régionaux (au
niveau des gouvernorats) permettant le développement des mesures d'adaptation.
vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique
106
Dans le cadre de sa tache d’appui à l’élaboration et à la mise en œuvre des stratégies sectorielles, la gIZ lance trois
études simultanées se rapportant à l’analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique.
si la première et la deuxième études concernent la subéraie (nord du pays) et les nappes alfatières (tunisie cen-
trale), la présente étude concerne les écosystèmes pastoraux, un archétype de grande importance dans le sud de la
tunisie et particulièrement dans le gouvernorat de Médenine en vue de fournir une base solide d'information sur
les stimulus du climat, impacts climatiques, les vulnérabilités, et les options de réponse (adaptation) permettant
de répondre aux besoins des groupes cibles (décideurs, institutions, ongs). elle vise, par conséquent, l’analyse de
lavulnérabilitédecesécosystèmesfaceauchangementclimatiqueetceenvued’identiierlesécosystèmesles
plusvulnérablesetd’identiierdesmesuresadéquatesd’adaptationpermettantdemettreenœuvredesprojets
concrets de préservation de la biodiversité et de la productivité des écosystèmes.
l'étude est conduite en une deux phases qui comportent quatre étapes complémentaires:
- la première étape est consacrée à la capitalisation et l'analyse des données disponibles se rapportant aux carac-
téristiques biophysiques et socioéconomiques, à l’analyse de l’état actuel des écosystèmes pastoraux et à l’iden-
tiicationetl’évaluationdelavaleuréconomiquedesdifférentsbiensetservicesdesécosystèmespastoraux;
- la deuxième étape est consacrée à la mise en œuvre de l'approche méthodologique proprement dite. Cette ap-
proche est basée sur la modélisation des niches écologiques moyennant (Modèle Maxent: «Maximum entropy
Modeling of species geographic Distributions») combinée avec des analyses des perturbations anthropiques
moyen sIg. les différentes couches (physiques et socioéconomiques) de la carte agricole (CA) du gouvernorat
de Médenine et de l’inventaire national pastoral et forestier et de l’Atlas de Médenine servent comme outils de
cetteanalyse;
- la troisième étape consistera en une analyse des stratégies, programmes, projets et pratiques d’aménagement et
degestiondesparcoursenrapportaveclesrisquesliésauchangementclimatique;
- une fois lesoutputsde lamodélisation identiiés, laquatrièmeétapeseraconsacréeaudéveloppementdes
propositions des orientations stratégiques en vue d’améliorer l’élaboration des programmes et projets pour
l’aménagementetlagestiondesparcoursetidentiierdesmesuresd’adaptationpouraugmenterlarésilience
de chaque unité pastorale face au changement climatique.
la réalisation de ces différentes étapes est couronnée par l'organisation des ateliers de concertation et de restitu-
tion/validation des résultats de l'étude avec les acteurs et partenaires concernés par cet archétype à savoir l’Institut
des Régions Arides, le CRDA de Médenine, l’oeP, l’uRAP, des gDA en plus de la gIZ.
2. DeScription De l’approche méthoDologique
2.1.Choixetdescriptiongénéraledumodèle
la méthodologie adoptée fait intervenir l’utilisation des couches thématiques (climatiques et environnementales)
vectoriellesetrasterfourniespardifférentessources(INFP,Cartesagricoles,www.wordclim.orgetwww.gisweb.
ciat.cgiar.org).LamodélisationestréaliséeavecleslogicielsARC-GISetMAXENT.Lepremierlogicielestnécessaire
aussi bien en amont de la modélisation (préparation des couches et conversion des extensions) qu’en aval pour la
conversion(asciienrasteretvecteur),laclassiicationetlavalorisationdesrésultats.QuantaulogicielMAXENT
(méthode d'entropie maximale pour la modélisation des distributions géographiques des espèces/écosystèmes),
le choix a été dicté par les performations de ce modèle dans l’évaluation et la simulation de la répartition géogra-
phique des espèces/écosystèmes tout en se basant sur la notion de la niche écologique (besoins environnementaux
de l’existence d’une telle espèce). Ce modèle permet de produire une carte de répartition de l’espèce/écosystème
avecdifférentesclassesdeprobabilités.Celles-cirelètentend’autrestermeslesclassesdesensibilitédel’espèce/
écosystème face aux variations pouvant toucher les paramètres environnementaux (exigences écologiques de l’es-
vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique
107
pèce). Pour aboutir aux classes de vulnérabilité, une couche vectorielle socioéconomique représentée par une
cartederépartitiondescoeficientsdesurpâturage,aétécroiséeauxcartesdesensibilitéissuesdelamodélisa-
tion des variables environnementales ou biophysiques.
2.2.Approcheméthodologiqueglobale
le schéma global de l'approche méthodologique permettant d’évaluer la vulnérabilité des formations végétales
auchangementclimatique,estprésentédanslaigure1.
figure1.Schémagénéraldécrivantlesdifférentesphasesdel’approcheméthodologiqueglobaleadoptéedansl’étudede
lavulnérabilitédesécosystèmespastorauxdugouvernoratdeMédenineauchangementclimatique.
2.2.1. Les bases de données utilisées
Inventaire national forestier et pastoral : la carte des formations végétales du gouvernorat de Médenine a été
extraiteàpartirdecetinventaire(MARHP,2005).
La carte agricole : A partir de la carte agricole du gouvernorat de Médenine (MARH, 2002), nous avons utilisé la
couche des sols (profondeur, texture et salinité).
Données bioclimatiques :Des19variablesbioclimatiquesdisponibles,lechoixaétéfaitsurles8lesplusperti-
nents pour notre cas d'étude à savoir:
- Profondeur- texture- salinité
Carte actielle des formations végétales
Carte agricole
INFP(2005)
Altitude
Charge animale réelle
Capaciré de charge
Coeficientsdesurpâturage
Paramètres climatiques (actuels)
World Clim
Modélisation M
axent
Réponses, Im
pacts, stratégies, d'adaptation
Cartes de vulnérabilité
ScénariosCC2020-2050
Carte de sensibilité auCC(2005,2020,2050)
Biophysique
socioéconomique
vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique
108
Température Pluviométrie
-BIO1:Températuremoyenneannuelle(°C), - BIo12: Précipitation annuelle (mm)
- BIo4: température saisonnière (ecart type, %), - BIo13:Précipitation du mois le plus pluvieux (mm),
-BIO5:Températuremaximaledumoislepluschaud(°C), - BIo14: Précipitation du mois le plus sec (mm),
-BIO6:Températureminimaledumoisleplusfroid(°C), -BIO15:Précipitationsaisonnière(Coeficientdevariation,mm)
LeclimatactueldugouvernoratdeMédenineaétédécritenutilisantles8variablesclimatiquesdeBioclimsus-
indiquées, tirées des strates du climat mondial de la base de données WoRlDClIM. Cette base de données a éga-
lement fourni des informations sur l’aire altitudinale de la répartition des écosystèmes de la région. les données
(FormatESRIGrid,2.5Arcminute)etl'altitudeontététéléchargéesàpartirdusiteWorldclim
http://worldclim.org/current
Lesprojectionsclimatiquesontétéréaliséespourlesannées2020et2050àl’aidedelamoyennedesprédictions
relatives au modèle de circulation globale largement utilisé (HADCM3), dans le cadre du scénario A2 d’émissions
deCO2lepluspessimiste.Lesdonnées(formatGrid,2.5minderésolution)ontététéléchargéesàpartirdusite:
http://gisweb.ciat.cgiar.org/gCMPage/download_b2.html
Pourlavariablesocioéconomique;lecoeficientdesurpâturageestdéinicommeétant:
S(%)=1-Ce/Cr (avec Ce : Charge d’équilibre et Cr : Charge animale réelle)
la charge d’équilibre ou capacité de charge a été estimée à partir des potentialités pastorales actuelles alors que
la charge réelle a été calculée à partir des effectifs des animaux répartis dans les délégations (CRDA Médenine,
2010).
2.2.2. Simulation
la simulation nécessite tout d’abord de préparer les différentes couches suivantes :
- lacartederépartitionactuelledechaqueespèce/écosystèmeetquiseraconvertieenichier*.csv;
- lescartesthématiquesclimatiques(les8variablesdelasituationactuellesetcellesdesannées2020et2050)
etleurconversiondutyperasterenichiersascii;
- les cartes biophysiques (profondeur, texture et salinité des sols, altitude) et leur conversion du type vecteur en
ichiersascii.
une fois toutes les couches sont prêtes, le modèle est lancé pour effectuer les corrélations.
2.2.3. Restitutions des résultats
Pour chaque formation, les classes de sensibilité suivantes ont été adoptées:
Probabilité Classe Classe
<0.25 1 Peu sensible
0.25-0.5 2 Moyennement sensible
0.5-0.75 3 sensible
>0.75 4 très sensible
les classes de vulnérabilité (non vulnérable, peu vulnérable, vulnérable, très vulnérable) ont été obtenues après
croisementdescouchesdesensibilitéaveclacouchedescoeficientsdesurpâturagerenfermantàsontour3
classes (légèrement surpâturée, surpâturée et très surpâturée). Il est à signaler que seuls les données climatiques
quiontétéprojetéesauxhorizonsde2020et2050.Lapressionanimaleaétésupposéecommeconstante.
vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique
109
2.2.4. Evaluation économique des biens et des services
Conformément aux objectifs de l’étude, l’évaluation économique des biens et services de l’écosystème pastoral
est déclinée en trois étapes principales :
i. 1èreétape:identiicationdesbiensetservicesdel’écosystèmepastoral:ils’agitd’analyseretd’identiierde
façonqualitativelesdifférentsbiensetservicesdel’écosystèmepastoral(listesdesserviceséco-systémiques);
ii. 2èmeétape : évaluationéconomiquede l’écosystèmepastoral : il s’agitd’analyser etd’identiierde façon
quantitative les valeurs économiques des différents services de l’écosystème pastoral et de présenter des di-
rectives pour une meilleure évaluation de la valeur économique totale de l’écosystème.
iii. 3ème étape : évaluation de la valeur économique perdue des différents biens et services de l’écosystème pas-
toral sous l’effet du CC : le travail consiste à évaluer la valeur économique perdue des différents biens et ser-
vices de l’écosystème sous l’effet du CC et ce en se basant sur l’évaluation de la vulnérabilité de l’écosystème
faceauCCauxhorizons2030et2050.
l’évaluation économique a été basée sur l’application de l’approche teeB « les services rendus par les écosys-
tèmes sont les bienfaits que les gens retirent des écosystèmes. en voici quelques exemples: denrées alimentaires,
eau douce, bois, régulation du climat, protection contre les risques naturels, contrôle de l’érosion, ingrédients
pharmaceutiquesetloisirs»(CE,2008).L’approcheTEEB(EconomicsofEcosystemsandBiodiversity)ouEcono-
mie des écosystèmes et de la biodiversité (eeB), a été développée dans le cadre de l’initiative internationale qui
a engagé depuis 20071 suite aux idées développées dans l’evaluation des ecosystèmes pour le Millénaire (eeM).
Aindeprocéderàl’évaluationéconomiquedesbiensetservicesdel’écosystèmepastoraldanslegouvernorat
deMédenine,ilaétéfaitrecoursàdiversesméthodesquiontétéidentiiéesenfonctiondeladisponibilitédes
données et de la nature du service en question. Ainsi, les principales méthodes utilisées sont inhérentes aux prix
demarchépourlesbiensetservicesmarchands,laméthodedecoûtdedéplacement,laméthodedesdépenses
deprotection,laméthodebaséesurlescoûtsetlaméthoded’évaluationcontingente.
3. potentialitéS paStoraleS actuelleS (étape 1)
3.1.Répartitionetproductiondesécosystèmespastoraux
LasupericieexactedesécosystèmespastorauxdugouvernoratdeMédeninevaried’unesourceàl’autre(IFPN,
Carte agricole, Atlas de Médenine, …). s’agissant d’une étude se rapportant exclusivement aux parcours, il a été
convenu en commun accord entre les différents partenaires impliqués dans ce secteur (laboratoire d’ecologie
Pastorale de l’IRA, les services du CRDA, l’oeP, l’uRAP et les experts de la gIZ), d’adopter les résultats de l’inven-
taire forestier et pastoral national (IFPn) réalisé conjointement par la Direction générale des Forêts (DgF) et le
CentreNationaldelaTélédétection(CNT)quiestd’ailleursleplusrécent(2005,nonencorepublié).Cetinventaire
n’aconcernéqu’unesupericiede407535hadesparcoursdugouvernoratdeMédeninequicouvrentd’après
d’autressources(MEDDetPNUD,2006)unesupericietotalede626815ha.Lacartedesunitéspastoralesdu
gouvernoratapermisd’identiierneuf(9)grandstypesdeparcourssionexclutlesformationsripicolesquisont
trèspeureprésentées,avecseulement250ha(tableau1).Lanominationdechaquetype,estdanslaplupartdes
cas, basée sur l'espèce la plus abondante dans l'unité d'échantillonnage ou sur le groupe d'espèces caractérisant
unmilieuédaphiquespéciique.
1Àlasuited’unediscussionquis’esttenuelorsdelarencontredesministresdel’environnementduG8+5,organiséeàPotsdamenmai2007
vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique
110
Tableau1.Supericies(ha)desprincipauxtypesdeparcoursdugouvernoratdeMédenineetvariationdeleursproductions
pastoralesenfonctiondelapluviométrie.
Parcoursàbasede: Supericie Annéenormale Annéesèche Annéehumide
ha % uf/ha Totaluf uf/ha Totaluf uf/ha Totaluf
Haloxylon
schmittianum
41242,76 10,12 40 1649710,6 15 618641,477 65 2680779,73
Rhantherium
suaveolens
63203,63 15,51 70 4424254,6 30 1896109,14 110 6952400,17
Gypsophytes 31548,13 7,74 25 789070,07 10 315628,03 40 1262512,12
Halophytes 85976,94 21,10 60 5158616,9 50 4298847,42 70 6018386,38
Psammophytes 87983,90 21,59 45 3959275,8 25 2199597,66 65 5718953,9
Formations ripicoles 247,2 0,06 105 25953,448 60 14830,542 150 37076,355
Stipa tenacissima 18759,83 4,60 55 1031790,7 40 750393,28 70 1313188,24
Rosmarinus oficinalis 2540,18 0,62 125 317522,86 100 254018,29 150 381027,435
Anthyllis henoniana 61644,44 15,13 45 2774000 20 1232888,99 70 4315111,47
Artemisia herba alba 14387,65 3,53 60 863259,5 30 431629,74 90 1294889,22
TOTAL 407534,7 100 20993455 12012584,5 29974325
D’après le tableau 1, les parcours à base de psammophytes (Stipagrostis pungens et/ou Retama raetam) et d’hal-
phytes sont les plus représentées dans le gouvernorat de Médenine et couvrent ensemble plus de 43% de la su-
periciepastorale.LesparcoursàbasedeRhanterium suaveolens qui couvraient autrefois, toute la Jeffara et une
partied’El-Ouara,sontdevenusdemoisenmoisreprésentés(seulement15%)enraisondelapressiondel’em-
prise agricole continue. les parcours de montagne représentés essentiellement par el-gueddim (Stipa tenacis-
sima) et à moindre degré de Chih (Artemisia herba alba) et Klil (Rosmarinus oficinalis) sont les moins représentés
en raison de limite de leur répartition éco-géographique. les parcours à base de Beguel (Haloxylon schmittianum)
et de ghezdir (Anthyllis henoniana) qui marquent la physionomie des grands espaces pastoraux collectifs du Dha-
haretElOuara,sontmoyennementreprésentés(10et15%respectivement).
la production pastorale varie d'un type de parcours à l'autre du simple au double et ce en fonction de la pluviosité
de l'année. Ces parcours fournissent, en année à pluviométrie moyenne (120 à 140 mm), une production fourra-
gère dépassant 20 millions d'uF (tableau 1).
3.1.1. Les parcours à base de Rosmarinus oficinalis
Appelés encore groupements de dégradation de la forêt claire de Juniperus phoenicea, il s'agit de garrigues, ré-
sultant de dégradation suite à des coupes, des incendies ou du surpâturage de formations forestières à base de
génevrier rouge. Ces groupements sont cantonnés dans les jbels de Béni Khédache et occupent des étendues
restreintes(2540ha,soit0.62%delasupericiepastoraledugouvernorat).Avecuntauxderecouvrementallant
de25à50%, lecortègeloristiquedecesparcoursest représentéessentiellementpar:Rosmarinus oficinalis,
Helianthemum hirtum, Stipa tenacissima, Globularia alypum, Thymus hirtus, Periploca laevigata, Ballota hirsuta,
Rhus tripartitum, Pituranthos scoparius, Ruta chalepensis, Ferula tunetana, Phagnalon rupestre, Genista mono-
cephala.Lacontributionglobaleàl’offrefourragèreestdel’ordrede317522UFenannéemoyenneetde254018
et381027UFenannéesècheethumiderespectivement.
l'intérêt médicinal et aromatique de la plupart des espèces de ce type de parcours constitue parfois le plus im-
portant service rendu par cet écosystème. en terme de biodiversité végétale, cet écosystème se caractérise par la
présence d'un certain nombre d'espèces endémiques comme Rosmarinus oficinalis var. troglodytorum et Genista
monocephala.
vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique
111
3.1.2. Parcours à base de Stipa tenacissima
les parcours à base de Stipa tenacissimacouvrentenviron18897ha(prèsde5%delasurfacetotalepastoraledu
gouvernorat. Ils se rencontrent dans les reliefs (montagne) de Béni Khédache. Dans la région des Dahars, ce type
de parcours colonise les montagnes, glacis, plateaux et oueds. Ils sont très faiblement représentés dans la région
deJeffara-Ouara.Lerecouvrementtotaldelavégétationvariede22à54%.Lacompositionloristiquedecetype
de parcours est la suivante : Stipa tenacissima ; Lygeum spartum; Linaria aegyptica; Anthyllis sericea ; Artemisia
herba-alba; Gymnocarps decander ; Reaumuria vermiculata…l’offre fourragère de ce type de parcours est donc de
1039337UFenannéenormale,755882et1322793UFenannéesècheethumiderespectivement.
3.1.3. Parcours à base d'Artemisia herba-alba
Cespâturagescouvrentunesupericiedel’ordrede14387ha,soitseulement3.5%delasupericietotaledespar-
coursdugouvernorat.Ilssedéveloppentdansleszonesàtextureineetcolonisentlesmontagnes,lesplateaux,
les glacis et rarement les dépressions. la couverture végétale, peut en fonction de la pluviométrie de l’année
oscillerentre5et40%.Lesprincipalesespècesquicaractérisentceparcourssont:Artemisia herba-alba, Hamada
scoparia, Ajuga iva, Herniaria fontanesii, Salvia aegyptiaca, Aristida ciliata, Asteriscus pygmaeus. Dans les situa-
tions les plus dégradées, la plupart des faciès, qui le forment, sont dominés par Hamada scoparia et correspon-
dentàdesstadesplusoumoinsavancésdedégradationavecuntauxderecouvrementquivarieentre7.2à16.9%
(dont10.3%lapartduRmeth).L’offrefourragèredecetypedeparcoursestalorsde863259UFenannéenormale,
431629et1294889UFenannéesècheethumiderespectivement.
en plus de son rôle fourrager et environnemental, il y a lieu de signaler le rôle aromatique et médicinal du chih et
industriel du Remeth "fabrication du neffa").
3.1.4. Parcours à base de Haloxylon schmittianum (Baguel)
les parcours à base de Haloxylon schmittianum (Hammada shmittiana) ou Beguel couvrent environ 41242 ha
(plus de 1o % de la surface totale pastorale du gouvernorat). Ces parcours colonisent essentiellement les pla-
teaux et les glacis et forment une végétation steppique claire à clairsemée. Dans la région de Jeffara-Quara et les
Dhahars, Haloxylon schmittianum s'associe à Gymnocarpos decanderetlacompositionloristiquepeutêtreéga-
lement marquée surtout par Rhantherium suaveolens et Koeleria pubescens. A el ouara, le beguel s'associe à Stipa
lagascae et Traganum nudatum découlant du parcours d'Anthyllis henoniana, Helianthemum kahiricum et Gym-
nocarpos decander par dégradation. toutefois, la dominance semble concerner les milieux les plus xérophytiques
àsolssablonneuxgrossierspauvresenmatièreorganique.Lacompositionducortègeloristiquevariebeaucoup
d’un endroit à l’autre. s'agissant d'une zone de transition entre l’aride et le saharien, Hammada schmittiana s’as-
socie avec Gymnocarpos decander, Atractylis serratuloides et Helianthemum kahiricum. Au niveau des oueds, ce
type de parcours est aussi rencontré en association avec Laegos reatam, Stipagrostis pungens et Anthyllis sericea.
la couverture végétale est généralement faible et varie de 10 à 30%. la production globale de ce type de parcours
estdoncdel’ordrede1649710UFenannéemoyenne,618641enannéesècheet2680779enannéehumide.
3.1.5. Parcours à base d'Anthyllis henoniana (Ghizdir)
Cesparcourscouvrentenviron61644ha, soitplusde15%de la supericiepastoraledugouvernorat. Ils sont
couramment considérés comme des parcours sahariens du fait qu’ils peuplent les sites les plus défavorables du
pointdevuehydriqueetédaphiqueavecdessolssquelettiquesàcroûtesouventrecouverted’unvoiledesable.Il
s'agit d'un parcours médiocre mais qui peut donner une bonne production à base d’annuelles après des automnes
ou des printemps pluvieux. Ils sont plus particulièrement rencontrés au niveau d’el ouara et Dhahar. le recou-
vrement est en général faible et oscille entre 10 et 30%. la valeur pastorale varie en fonction de la composition
vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique
112
loristiquedesfacièsdedégradationetelledépendbeaucoupdelaprésencedesherbacéespérennescomme
Stipa parvilora, Aristida plumosa, etc (qui contribuent dans certains cas pour près de 70% à la biomasse totale
produite), des ligneux bas à haute valeur pastorale comme Gymnocarpos decander et Helianthemum kahiricum et
des annuelles dans les milieux couverts d’un voile éolien.
Laproductionglobaledecesparcoursestd’environ1232889UFenannéesèche,2774000enannéemoyenneet
4315111,5enannéehumide.Plusde60%del’offrefourragèrerestedisponiblelelongdel’année.
3.1.6. Parcours à base de Rhanterium suaveolens (Arfej)
Couvrantunesupericiede63203ha,cesparcourssedéveloppentsurlessolsalluviauxsableuxprofondsetsur
les sables grossiers subéoliens plus ou moins profonds de la Jeffara (Médenine, Zarzis, Ben gardane) et du Dhahar.
D'ailleurs, la principale caractéristique de ce type de parcours est l’extrême vulnérabilité des sols qu’il occupe à
l’érosionéolienne.Selonl’étatdedégradation,lacouverturevégétaleestcompriseentre15et60%.Surleplan
physionomique, ces parcours qui constituent un bon pâturage sont dominés par Rantherium suavolens qui couvre
jusqu’à60%dusol.Lorsqu'iln'estpasdégradé,cetécosystèmepastoralprésentelesmeilleursindicesdebiodi-
versité végétale. les principales espèces caractéristiques de ces parcours sont : Rhanterium suaveolens, Artemisia
campestris, Stipa lagascae, Atractylis lava, Salsola brevifolia, Paronychia arabica, Polygonum equisetiforme,
Retama raetam, Stipagrostis pungens, Nolletia chrysocomoides, Helianthemum lippii, Plantago albicans, Argyro-
lobium unilorum, Echiochilon fruticosum.
Laproductiontotaledecetypedeparcoursestdel’ordrede4424254UFenannéemoyenne,1896109et6952400
uF respectivement en année sèche et humide.
3.1.7. Parcours à base de gypsophytes
Ces parcours sont généralement à base d'Anarrhinum brevifoluim, Atracylis serratuloides et Lygeum spartum. Ces
parcoursquioccupentunesupericiede31410ha,soit8%delasupericietotaledesécosystèmespastorauxdu
gouvernorat.Ilssedéveloppentsurlessolsprésentantunecroûtegypseuseouunencroûtementcalcarogypseux.
Auniveaudelacompositionloristique,cegroupementsecaractériseparladominanced'Atractylis serratuloides,
Gymnocarpos decander, Helianthemum kahiricum, Herniaria fontanesii, Zygophyllum album, Lygeum spartum,
Anarrhinum brevifoluim, Erodium glaucophyllum, Launaea angustifolia, Anabasis oropediorum. la couverture vé-
gétaleestgénéralementfaible(10à30%).Lacontributionglobaleàl’offrefourragèreestdel’ordrede785272UF
enannéemoyenneetde314109et1256436UFenannéesècheethumiderespectivement.
3.1.8. Parcours à base d'halophytes
Colonisant lesdépressions saléeset les sebkhas, lesparcoursàhalophytes couvrentune importante superi-
ciedugouvernorat(85977ha,soit22%delasupericiepastorale).Lacompositionloristiqueestgénéralement
dominée par Nitraria retusa, Salsola sieberi, Zygophyllum album, Suaeda mollis, Lygeum spartum, Limoniastrum
guyonianum, Traganum nudatum et Suaeda fruticosa. Cette végétation est exploitée comme parcours par les
dromadaires. Dans les lieux de forte salinité on rencontre Salicornia arabica, Arthrocnemum indicum, Halocne-
mum strobilaceum Halopeplis Amplexicaulis. Dans la plupart des cas les parcours à base d'halophytes ont un
tauxderecouvrementimportantquipeutdépasser50à60%.Dansleslieuxoùlasaluredessolsestdemoindre
degré (bords des sebkhas et dépressions périodiques), les petits ruminants pâturent également. les dromadaires
peuventpâturerdèsledébutdel’automnejusqu’àlaindel’hiver.Lapériodedepâturagedespetitsruminants
se limite à la période automnale, ce qui réduit l’utilisation de ces parcours. la contribution globale à l’offre four-
ragèreestdel’ordrede5158617UFenannéemoyenneetde4298847et6018386UFenannéesècheethumide
respectivement.
vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique
113
3.1.9. Parcours à base de psammophytes
Couvrantprèsde87983ha,soit22%delasupericiepastoraledugouvernorat,ceparcoursestconcentrédans
sa majorité dans les lits d’oueds, les dépressions, sur les accumulations sableuses récentes, mais il n’est pas exclu
delesrencontrersurdessolsàsurfacebattanteaprèsladélationdusablequis’étaitaccumulédanscessites.
Ces parcours sont généralement dominés par Retama raetam et/ou Stipagrostis pungens avec un taux de re-
couvrementgénéralementinférieurà20%.Lacompositionloristiqueestrelativementricheetvariéelorsquela
formationvégétaleévoluesurdessolssableuxixésetprofonds.Cutandia dichotoma, Lolium rigidum, Koelerea
pubescens et Schismus barbatus sont les principales graminées annuelles rencontrées, mais elles sont souvent ac-
compagnées par des herbacées pérennes comme Aristida plumosa et par des ligneuses basses comme Helianthe-
mum lippii sessililorum, Echiochilon fruticosum, Argyrolobium unilorum, etc. l’ensemble constitue un pâturage
d’hiveretdeprintemps.L’offrefourragèredecetypedeparcoursestdoncde3959275UFenannéenormale,
2199597et5718954UFenannéesècheethumiderespectivement.
3.2.facteursinluençantl’étatdesécosystèmespastoraux
3.2.1. Facteurs biophysiques
Ressources en sol
Dominés par les sols d’apport, cette ressource se montre très fragile et vulnérable à toutes formes de perturba-
tions.Quatregrandesclassespeuventyêtredistinguées(MARH,2006):
• Les sols minéraux bruts et les sols peu évolués : Il s’agit de sols non évolués sur matériau minéral érodé ou ré-
cemmentmisenplace.Danscettecatégoriedesolquioccupentunesupericied’environ554057ha(60,44%),
constitués soit de :
- des lithosols et des régosols qui sont des sols squelettiques peu profonds occupant essentiellement les zones
deBeniKhedache,SidiMakhlouf,Koutineetc.S’agissantderochesgéologiquesafleurantes,généralementà
accèsdificile,cessolsnepourrontservirquepourlepâturageoudesimpluviumspourlesaménagementsde
Ces.
- des solsd’érosion sur croûte calcairedémanteléequioccupentune supericie relativement importantedu
gouvernorat et sont répartis principalement dans la zone de Jeffara, Hamada et la partie nord de l’ouara de
Médenine.
- des sols minéraux bruts d’apport qui d’origine éolienne et se présente soit sous forme des dunes mobiles et des
nebkhas dans la zone de Jeffara et de l’ouara de Médenine, soit sous forme de cordons dunaires au niveau des
côtes est de l’île de Jerba.
- des sols peu évolués d’apport colluvial ou alluvial qui se localisent au niveau des lits d’oueds, des zones d’épan-
dage et derrière les ouvrages de Ces (les Jessour). sous cette classe, on peut ajouter les loess de Matmata qui
sont des sols limoneux très profonds de couleur beige et rouge selon le secteur (Mtimet, 1994).
• Les sols isohumiques à pédo-climat frais :Danscetteclasse,quioccupentunesurfacede234980ha(25,63%),
on rencontre essentiellement des sols bruns jeunes (siérozems). Cette classe de sols, bien représentée dans le
gouvernorat, se rencontre dans l’île de Jerba, la Jeffara, et une partie de l’ouara de Médenine.
• Les sols calcimagnésiques : Il s’agit principalement des sols à un seul horizon (les rendzines) de profondeur
faible(20cm)surmontantunecroûteouunencroûtementcalcaireougypseux.Cestypesdesols,quis’éten-
dentsurunesupericiede49.220ha(5,37%),serencontrentparticulièrementdanslepiedmontdelachaînede
Matmata (versant est : zone de Béni Khédache et de Médenine) et parfois associé à des sols bruns jeunes de la
Jeffara.
• Les sols halomorphes : Cette unité de sols est rencontrée essentiellement au niveau des sebkhas (el Malah,
BouJemel,M’habeuletc.)oùelleoccupeunesupericiede78450ha(8,56).Lavocationessentielledecette
catégorie de sol est le pâturage de camelins.
vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique
114
Les associations végétales
vu la diversité des paysages écologiques entre et au niveau des grandes régions naturelles caractérisants le gou-
vernorat de Médénine, nous présentons dans ce qui suit les principales associations végétales (ou faciès ou grou-
pement écologiques) par région naturelle.
AuniveaudesMontsdeBéniKédache
– un matorral bas à Rosmarinus oficinalis au niveau des hauts sommets des jebels Matmata. Cette unité est une
variante endémique de l’association à Genista microcephala var. tripolitana et Teucrium alopecurus,
– une pseudo-steppe à Genista microcephala, Thymus algeriensis et Rosmarinus oficinalis représentée par l’as-
sociation portant le même nom et dominée par Genista microcephala var. tripolitana, Thymus algeriensis, Stipa
tenacissima, Rosmarinus oficinalis var. troglodytarum,
– une steppe graminéenne à Stipa tenacissima représentant un stade de transition entre la garrigue méditerra-
néenne et la steppe à chamaephytes dans laquelle subsiste encore un faciès de graminées à Stipa tenacissima
en bon état faisant partie de l’association à Artemisia herba-alba et Hammada scoparia. elle marque aussi le
passage sensible de l’étage bioclimatique méditerranéen aride supérieur à celui inférieur signalé notamment
par la disparition de Rosmarinus oficinalis var. troglodytarum et Genista microcephala var. tripolitana du pay-
sage.
– une steppe à Artemisia herba-alba, Hammada scoparia et Helianthemum kahiricum représentée par le faciès
typique de l’association à Artemisia et Hammada scoparia et résulte de la dégradation de la steppe grami-
néenne à stipa tenacissima,
– une steppe dégradée à Gymnocarpos decander et Atractylis serratuloides représentée par la sous-association
Gymnocarpos decander de l’association à Artemisia herba-alba et Hammada scoparia.
AuniveaudelaJeffara
les groupements qui caractérisent les plaines sablo-limoneuses et gypseuses. Il s’agit de :
– une steppe à Rhanterium suaveolens représentée par la variante typique de l’association à Rhanterium sua-
veolens et Artemisia campestris et qui subit une grande pression agropastorale et est toujours menacée par
l’ensablement de ses terres.
– une pseudo-steppe dégradée à Calycotome villosa et Astragalus armatus se localisant au niveau du village
d’Arram et s’étendant sur environ 1 200 ha. elle constitue un faciès dégradé de l’association steppique à Rhan-
terium suaveolens et Artemisia campestris mais qui est dominé par Calycotome villosa rappelant la garrigue
méditerranéenne.
– une unité dégradée à Astragalus armatus et Lygeum spartum représentée par la sous-association à Atractylis
serratuloides, la sous-association à Lygeum spartum et le faciès à Astragalus armatus ssp. tragacanthoides. elle
estsouventdégradée,dominéepardesespècesdefaiblevaleurpastoraleavecuncortègeloristiqueassez
pauvre.
– unité post-culturale à Deverra tortuosa et Artemisia campestris représentée par la sous-association à Retama
raetam de l’association à Rhanterium suaveolens et Artemisia campestris, l’association à Deverra tortuosa et
Haplophyllum vermiculare(LeHouérou,1959)etsasousassociationàAtractylis serratuloides, Lygeum spartum
et Retama raetam (Boukhris et lossaint, 1972). elle est composée essentiellement par une strate herbacée
dominée par Deverra tortuosa, Artemisia campestris.
Lesgroupementsquicaractérisentlesplainesàencrûtementsgypseux,ilyalieudesignaler:
– une steppe à Zygophyllum album et Anarrhinum brevifolium représentée par la variante typique de l’associa-
tion à Zygophyllum album et Anarrhinum brevifolium(LeHouérou,1959).Elleesttotalementexploitéeentant
que parcours.
– une unité dégradée à Ononis natrix et Helianthemum lippii var. intricatum représentée par la sous-association
à Ononis natrix ssp. falcata et le faciès à Lygeum spartum de l’association à Zygophyllum album et Anarrhinum
brevifolium accompagnés par la sous-association à Atractylis serratuloides, Lygeum spartum et Retama raetam
vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique
115
(Boukhris et lossaint, 1972) de l’association à Deverra tortuosa et Haplophyllum vermiculare (le Houérou,
1959).Ellediffèresensiblementdelaprécédenteparl’existencedequelquescentimètresdesablegrossierplus
oumoinséoliensurl’encroûtementgypseux.
AuniveauduDhaharetel-Ouara
le couvert végétal y est caractérisé par la dominance de deux types de formations steppiques à savoir les steppes
à chaméphytes et les steppes à graminées (hémicryptophytes). La compositionloristique est très diversiiée
etestrépartied’unemanièrehétérogène.EneffetlessolssableuxixesmontrentladominancedeHammada
schmittiana tandis que ceux des milieux sableux dégradés ou d´origine éolienne sont envahis par Stipagrostis
pungens. les steppes à sols squelettiques (rencontrées à l’est de la région) sont dominées par Anthyllis sericea et
Gymnocarpos decander. Quant aux dépressions, on y remarque l’abondance de Retama raetam.
Depointdevuephytosociologie,LeHouérou(1959,1969)apuidentiierlesassociationssuivantes:
- Association à H. schmittiana, Calligonum comosum et R. raetam;
- association à Rhanterium suaveolens et Asphodelus refractus;
- association à C. comosum et Anthyllis sericea;
- sous association à Stipa lagascae de l’association à A. sericea et Gymnocarpos decander;
- sous association à Helianthemum lippii var intricatum de l’association à A. sericea et G. decander;
- groupement à Stipagrostis pungens et Scrofularia saharae;
- groupements à espèces moyennement ou fortement halophiles : Salicornia sp., Arthrocnemum indicum,
Halocnemum strobilaceum, Halopeplis amplexicaulis;
3.2.2. Facteurs socioéconomiques
outre leur rôle environnemental, les parcours naturels jouent un rôle primordial dans l’amélioration de la pro-
ductivité du cheptel qui, à son tour, permet de satisfaire les besoins des populations locales en viande, en lait, en
cuir et en laine. en plus ils permettent une augmentation des revenus des populations rurales et une amélioration
de leur niveau de vie. Il en résulte une diminution du taux de chômage, de pauvreté et de l’exode rural. Il a été
démontré que dans les mêmes conditions, le pastoralisme est 2 à 10 fois plus productif que l'élevage commercial
des fermes. toutefois la valeur de la production pastorale peut être souvent fortement sous estimée dans la me-
sureoùunfortpourcentageducommercepasseen-dehorsdescircuitsoficiels.Ledéveloppementéconomique
et social d’une région est subordonné à une gestion tant raisonnée que rationnelle de son environnement phy-
sique, biologique et socio-économique.
Mode d’exploitation des parcours
Silesparcoursprivéssontconnusparleurssupericiestrèsréduitesetgénéralementsoumisàunpâturageconti-
nu et libre, le schéma général de l’exploitation des parcours collectifs (Dhahar et el-ouara) est dicté par différents
facteurs dont principalement la pluviométrie, l’état du couvert végétal, l’accessibilité et la présence de points
d’eauéquipés.L’existencedestroupeauxsurparcoursnerelètepassouvent l’abondancedesressourcespas-
torales puisqu’en année sèche les éleveurs font recours aux complémentations pour entretenir leurs troupeaux.
Compte tenu de la faiblesse généralisée des ressources dans le même parcours, la transhumance reste possible
pour quelques grands troupeaux d’un parcours vers un autre (de Dhahar vers l’ouara et vice-versa).
Il faudrait signaler qu’aussi bien pour les parcours privatisés, collectifs soumis ou non au régime forestier, la
gestion des parcours est restée anarchique et n’obéit à aucune règle épargnant les ressources. Pour les parcours
collectifs soumis au régime forestier, les plans d’aménagement élaborés par les services forestiers n’ont pu être
mis en application que sur une faible portion et ce pour des contraintes purement sociales. l’augmentation du
nombre de petits troupeaux et l’extinction des formes d’association des petits éleveurs sont des facteurs qui font
augmenter la pression animale sur ces parcours.
vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique
116
Excès de la charge pastorale
la dégradation des écosystèmes pastoraux s’est visiblement accélérée au cours des dernières décennies en raison
d’undéséquilibrelagrantentrelesbesoinsalimentairesduchepteletlespotentialitésproductivesdesparcours.
Au niveau des écosystèmes pastoraux du gouvernorat de Médenine, la charge animale varie de 0.77 à 4.49 uo/
ha/an. elle est très excessive et dépasse de loin la capacité de charge réellement permise par la production de
lavégétationpastoralequivariede0.01à0.2UO/ha/an.Cedéicitengendreunedégradationdelaplupartdes
espaces pastoraux du gouvernorat puisque ces parcours sont tous surpâturés même si c’est à des degrés variables.
3.2.3. Facteurs climatiques
le gouvernorat de Médenine, qui se trouve dans le sud-est du pays, se trouve ainsi imprégné par le golfe du gabès
au nord et au nord-est et la présence de la chaîne montagneuse et du grand erg oriental au sud au sud-ouest: l’été
chaudetsecdure4à5mois,l'hiverfraisetirrégulièrementpluvieux,l’automneetleprintempsysonttrèsvariables.
exception faite à l’été, qui est une saison stable et calme, le climat de la région est caractérisée par une extrême
irrégularitédontlestraitsessentielssontlessuivant(FloretetPontanier(1982):
- des pluies peu abondantes mais très variables tombant pendant la période froide et une sécheresse quasi ab-
solue entre mai et septembre,
- un régime thermique très contrasté avec des hivers tempérés à doux et des étés chauds à très chauds,
- une forte évaporation,
- desventsdominantsdesecteursO,NOetSO(novembreàavril;trèsviolentssecsetfroids);demaiàoctobre,
lesventsdusecteurmarin(E,NE,SE);etdurantlapériodeestivale,sesontlesventssecsetchaudsdusecteur
so (sirocco) qui prédominent.
SelonLeHouérou(1969)adistinguélesvariantesclimatiquessuivantes:
- Climat aride inférieur à hivers doux qui intéresse la totalité de la plaine de la Jeffara et où la pluviométrie
moyenne annuelle varie de 100 à 200 mm,
- Climat aride inférieur à hivers tempéré qui intéresse principalement la chaîne montagneuse des Matmatas et
secaractérisentpardesprécipitationsplusimportantes(150à250mm),
- ClimataridesupérieuràhiverdouxintéresseunepartiedelaJeffaracôtière(Jerba-Zarzis)(200à250mm).
Précipitations
C’estlecourantméditerranéendunord-estquifournitàlarégionl’essentieldesprécipitationsqu’ellereçoità
cause de la large ouverture du golf du gabès qui expose la bande littorale et une partie de la zone continentale
auxgrandesperturbationsrégénéréesparlevastepland’eaupeuprofonddugolfe(Mzabi,1988).Toutefois,les
perturbations sahariennes du sud-ouest et de l’ouest sont également responsables de quelques pluies dans la
région (Bousnina, 1977).
•Pluviométrieannuelle
Ouessaretal.(2006)ontrapportécequisuit:
- la pluviométrie décroît du nord vers le sud et de la côte vers le continent,
- ilyaunsurcroîtdelapluviométriesurlesreliefsdesMatmatasdûàl’effetd’altitudeconnuparl’effetdeFoehn,
- le maximum de la pluviométrie est observé le long du littoral et sur les zones montagneuses.
•Pluviométriemensuelleetsaisonnière
généralement, le mois le plus arrosé de la région est décembre. les mois de janvier, octobre et novembre vien-
nentendeuxièmepositionParcontre,lesmoisdemai,juin,juilletetaoûtsontpresquesecs.
Température
LamoyennethermiqueannuelleauniveaudelarégiondeZeuss-Koutineestde20°C.LesmoisdeDécembre,
JanvieretFévriersontlesplusfroidsavecdesgeléesoccasionnelles.LapériodeJuillet,AoûtetSeptembreestla
plus chaude de l’année. la température dépend de la proximité de la mer et de l’altitude.
vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique
117
Vent
Legouvernoratestassezventé.Eneffetpusde60%et40%desventssontfortsàassezfortsàDjerbaetMédenine
respectivement.Généralement,lesventssouflantsduN,NE,SEsontplusfréquentsqueceuxduS,O,etSO.
(Chahbani,1992;Khatteli,1996).Lesprintempsestconsidérélasaisonlaplusventéedel’annéesuivieparl’hiver
etpuisl’automne(Khatteli,1996).Enété,lesventschaudssouflantduSahara(sirocco),localementconnuspar
chili,sontdominants.AMédenine,unemoyennede54joursdesiroccoaétéenregistrée.
Variabilité et changement climatique
Pluviométrie
Dhaou (2003) et taamallah et Dhaou (2004) ont adopté plusieurs méthodes et indices pour caractériser et estimer
l’ampleur de la sécheresse au niveau de ces différentes stations, à savoir :
- Indice de l’écart à la moyenne (em)
- Indice de pluviosité (Ip)
- Analyse fréquentielle
- Indice du nombre d’écarts type
- Persistance de la sécheresse
tous ces indices ont été appliqués à la série pluviométrique de la station de Médenine (Dhaou, 2003) qui a la série
lapluslongueauniveaudelazoned’étudeetcomptant96annéesd’observationcomplètes.
Indice de l’écart à la moyenne
le calcul de l’indice de l’écart à la moyenne de la série pluviométrique de la station de Médenine sud permettent
de montrer que :
• Durantcette longuepérioded’observation, ilaétéenregistré40%d’annéesexcédentaireset60%d’années
déicitaires.
• Ledéicitleplusimportantretenudecettesériepluviométriqueestdel’ordrede–111,95mmen1935-1936
(soit75,2%dedéicit).
• 16séquencessèchesdeplusd’uneannéedontlespluslonguess’étendentrespectivementsur9annéeset7
annéesconsécutivesde1904-1905à1913-1914etde1960-1961à1966-1967,
• Latendanceglobale,durantlapériode1903-1967,estàlasécheressemaiscelleciestentrecoupéedecourte
périodeàtendancehumide.De1967-1968jusqu’à1995-1996,latendanceesthumide.Parcontre,de1996-
1997 à 2001-2002, il s’agit d’une tendance à la sécheresse.
Tendances pluviométriques
l ’analyse de la sécheresse par la méthode de l’indice de pluviosité et des cumuls des écarts fait apparaître une
alternance de séquences à tendance globale sèche et des séquences à tendance globale humide. Ainsi nous
constatons que :
• de1903-1904à1966-1967, la tendanceglobaleestà la sécheresse.Maiselleestentrecoupéedescourtes
périodesàtendancehumidedontlesplusimportantess’étalentsurtroisannéesconsécutives(1926-1928et
1957-1959).
• de1967-1968 jusqu’à1989-1990, la tendanceesthumide.Par contre,de1990-1991à2001-2002, il s’agit
d’unetendanceàlasécheresse.Cequiconirmelesconstatationsdégagéesensebasantsurlesobservations
de l’écart par rapport à la moyenne.
Analyse fréquentielle
l’application de l’analyse fréquentielle à la série pluviométrique de la station de Médenine permet de donner une
meilleureprécisiondesannéesnormalesparrapportauxannéesdéicitairesetexcédentaires.Surles96années
d’observation on distingue:
14annéestrèssèchesetdéicitairesde48,2%à75,2%,
19annéessèchesetdéicitairesde21,7%à47,5%,
vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique
118
29annéesnormalescomprisesentre20,8%dedéicitet4,6%d’excédent,
19annéeshumidesetexcédentairesde5,54%à34,3%,
15annéestrèshumidesetexcédentairesde38,1%à269%.
l’analyse de ces données permet de montrer que contrairement à ce qui été dégagé par l’indice de l’écart à la
moyenne, 34% des années d’observations ont été sèches à très sèches et que 30% ont été des années normales.
Cependant, cette analyse ne permet pas de dégager les tendances globales de la pluviométrie au niveau de la
station étudiée.
Persistance de la sécheresse
suite à l’analyse des années sèches déterminée par la méthode de l’analyse fréquentielle à la station de Médenine,
nous constatons :
• 16séquencesd’uneseuleannéesèche;
• 4séquencesdedeuxannéessèchessuccessives(1910-1911à1911-1912,1915-1916à1916-1917,1935-1936
à1936-1937et1996-1997à1997-1998)
• 3séquencesdetroisannéessèchessuccessives(1904-1905à1906-1907,1963-1964à1965-1966et1999-
2000 à 2001-2002).
l’apparition des séquences de trois années consécutives a des répercussions catastrophiques sur tous les secteurs
économiques. Alors qu’une sécheresse isolée d’une année même très sévère, affecte moins fortement la région.
Nousremarquonsquelessécheressesisoléesprédominent(48,5%descas)alorsquelesséquencesdedeuxan-
nées consécutives sont moins importantes (24,2% des cas).
Indice du nombre d’écart type
Aind’estimerlasévéritédelasécheressevécuedanslarégiondeMédenine,nousavonsutilisélecritèredecom-
paraisonàlamoyenneetàlamoyennemoinsunoudeuxécartstypes.Parmilesannéesdéicitaires,39,7%d’an-
néesdesécheressemodérée,27,6%d’annéesdesécheresseforteet32,8%d’annéesdesécheressetrèssévère.
Température
L’analysedessériesdetempératuresissuesdesdeuxstationsmétéorologiquesdeMédenine(1978-2009)etMel-
lita (1973-2009) montre une légère tendance générale d’augmentation de la température plus visible à Mellita
(presque6%)qu’àMédenine(presque5%).Eneffet,TmaxetTminsetrouventaugmenterde6.4%et4.82%,et
5.88%et4.88%àMellitaetMédeninerespectivement.Lessaisonslesplusconcernéessontenpremierlieul’au-
tomne suivi du printemps et de l’été. l’hiver est la saison la moins affectée.
4. evaluation De la vulnérabilité DeS écoSyStèmeS paStoraux face au changement climatique aux horiZonS 2020 et 2050 (etape 2)
les résultats relatifs à la prédiction de la dynamique et de l’évolution de la vulnérabilité des écosystèmes pasto-
rauxauxhorizons2020et2050,viennentconirmerlescraintesetlescrisd’alarmedesinstancesnationaleset
régionales du fait que la situation actuelle des écosystèmes pastoraux est déjà catastrophique et qu’elle va t’être
aggravée par le changement climatique du moins si le degré de la présente perturbation anthropique (pression
animale) ne fera pas l’objet d’une intervention pour son allègement.
les résultats obtenus (tableau 2) permettent de classer les unités pastorales (ou formations végétales) du gouver-
noratdeMédenineentroisgrandesclassesquantàleurvulnérabilitéauchangementclimatique.Laclassiication
s’estbaséesurlesévolutionsdessupericiesdesclassesdevulnérabilitéretenues(Nonvulnérables,peuvulné-
rable,vulnérableettrèsvulnérable)decesunitésdepuislasituationderéférence(2005,annéederéalisationdela
carteINFP)jusqu’àl’horizon2050toutenpassantparcelui2020.
vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique
119
Tableau2.variationdequelquesindicateursquantitatifsenfonctiondudegrédevulnérabilitédesécosystèmespastorauxdugouvernoratdeMédenineen2005etauxhorizonsde2020et2050.
ecosystèmepastoral
Année Classedevulnérabilité
Supericie(ha)
Biomasse(KgMS/ha)
Productionpastorale(uf)
Haloxylon
schmittianum
2005
1 4801,67 1560542,75 312108,55
2 24817,05 4963410 992682
3 8417,22 631291,5 126258,3
4 2888,47 144423,5 28884,7
Total 40924,41 7299668 1459934
2020
1 19759,82 6421941,5 1284388,3
2 10071,88 2014376 402875,2
3 728,11 54608,25 10921,65
4 10416,67 520833,5 104166,7
Total 40976,48 9011759 1802352
2050
1 24557,63 7981229,75 1596245,95
2 2365,51 473102 94620,4
3 2068,2 155115 31023
4 11922,05 596102,5 119220,5
Total 40913,39 9205549 1841110
Halophytes
2005
1 5407,07 1892474,5 378494,9
2 47796,75 14339025 2867805
3 16145,57 4036392,5 807278,5
4 11034,82 1103482 220696,4
Total 80384,21 21371374 4274275
2020
1 50780,02 17773007 3554601,4
2 13651,79 4095537 819107,4
3 9156,14 2289035 457807
4 3467,1 346710 69342
Total 77055,05 24504289 4900858
2050
1 55142,57 19299899,5 3859979,9
2 14955,23 4486569 897313,8
3 5373,59 1343397,5 268679,5
4 1576,2 157620 31524
Total 77047,59 25287486 5057497
Rhanterium
suaveolens
2005
1 1908,44 1049642 209928
2 39613,38 13864683 2772936
3 13125,91 1968886 393777
4 7959,4 397970 79594
Total 62607,13 17281181 3456235
2020
1 0 0 0
2 5379,55 1882842 376568
3 21152,12 3172819 634564
4 35917,28 1795865 359173
Total 62448,95 6851526 1370305
2050
1 0 0 0
2 529,21 185223 37045
3 12802,99 1920448 384090
4 49158,09 2457905 491581
Total 62490,29 4563576 875671
vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique
120
Psammophytes
2005
1 30,61 9948,25 1989,65
2 60332 13574700 2714940
3 15959,53 1994941,25 398988,25
4 11443,56 572178 114435,6
Total 87765,7 16151768 3230354
2020
1 1960,42 632261,5 126452,3
2 65937,23 14813219,3 2962643,85
3 7158,5 894812,5 178962,5
4 12709,55 635475,5 127095,1
Total 87765,7 16975769 3395154
2050
1 6266,15 2036498,75 407299,75
2 56639,52 12743892 2548778,4
3 4959,81 620101,25 124020,25
4 19900,22 995416,5 199083,3
Total 87765,7 16395909 3279182
Stipa
tenacissima
2005
1 620,52 217182 43436
2 9238,43 2540568 508114
3 7227,36 1445472 289094
4 1473,11 73655 14731
Total 18559,42 4276877 855375
2020
1 0 0 0
2 0 0 0
3 0 0 0
4 18559,42 922215 184443
Total 18559,42 922215 184443
2050
1 0 0 0
2 0 0 0
3 0 0 0
4 18559,42 922215 184443
Total 18559,42 922215 184443
Rosmarinus
oficinalis
2005
1 494,47 370852,5 74170,5
2 1075,56 672225 134445
3 788,06 394030 78806
4 182,09 54627 10925,4
Total 2540,18 1491734,5 298346,9
2020
1 0 0 0
2 60,4 37750 7550
3 1016,41 508205 101641
4 1463,37 439011 87802,2
Total 2540,18 984966 196993,2
2050
1 0 0 0
2 0 0 0
3 537,27 268635 53727
4 2002,91 600873 74170,5
Total 2540,18 869508 127897,5
vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique
121
Artemisia
herba-alba
2005
1 425.62 191529.45 38305.89
2 8996.77 2699031.3 539806.26
3 3639.57 545935.5 109187.1
4 1076.96 53848.1 10769.62
Total 14138.92 3490344.35 698068.87
2020
1 0 0 0
2 0 0 0
3 0 0 0
4 14138.92 706945 141389
Total 14138.92 706945 141389
2050
1 0 0 0
2 0 0 0
3 0 0 0
4 14138.92 706945 141389
Total 14138.92 706945 141389
Anthyllis
henoniana
2005
1 331.85 116147 23229
2 35071.35 7890933 1578187
3 15679.24 1567924 313585
4 4269.08 211877 42375
Total 55351.52 9786881 1957376
2020
1 0 0 0
2 60.45 13600 2720
3 11331.96 1133195 226639
4 43959.12 2181718 436344
Total 55351.52 3328513 665703
2050
1 0 0 0
2 0 0 0
3 5119.76 511976 102395
4 50231.76 2493033 498607
Total 55351.52 3005009 601002
Gypsophytes
2005
1 7.69 1535 307
2 8599.18 1074895 214979
3 15561.93 778096.3 155619.26
4 4949.31 123730 24746
Total 29118.11 1978260 395652
2020
1 0 0 0
2 269.13 33640 6728
3 344.25 17210 3442
4 28504.72 712615 142523
Total 29118.11 763470 152694
2050
1 0 0 0
2 0 0 0
3 0 0 0
4 29118.11 727953 145590
Total 29118.11 727953 145590
* 1: non vulnérable, 2: Peu vulnérable, 3: vulnérable, 4 : très vulnérable
vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique
122
4.1.Lesformationsvégétalespeuvulnérablesauchangementclimatique
Il s’agit des parcours à base d’Haloxylon schmittianum et d’halophytes qui semblent les plus adaptés voire les
plus favorisés par le changement climatique attendu et également les plus résistants à la pression animale. Ces
écosystèmes pastoraux comportent en effet des espèces pérennes xérophiles connues par leur adaptation à la
sécheresse et à l’augmentation des températures en plus de leur large amplitude édaphique d’une part et d’autre
part par leur faible palatabilité réduisant ainsi les effets néfastes de la surcharge animale. tous ces atouts permet-
tentd’expliquerlafaiblevulnérabilitédecesparcoursparticulièrementauxhorizonsde2020et2050.
4.1.1. Formation à base d’Haloxylon schmittianum
l’évolution de la répartition des classes de vulnérabilité du parcours d’H. schmittianumàentre2005et2020et
2050montreunetendanceàl’augmentationdelaclasse«nonvulnérable»audépensdesautresclassesetce
au niveau des différentes régions du gouvernorat de Médenine à l’exception de la région naturelle du Dhahar
où les prédictions de la présente étude montrent que ce type de parcours sera très vulnérable aux horizons de
2020et2050.Lapartdelasupericiedesendroitsoùleparcoursà«beguel»estqualiiénonvulnérablegagne
desupericiesparrapportauxautresclasses.Ceciengendrerauneaugmentationdelaproductionpastorale
allantde23.5à26%respectivementen2020et2050.L’augmentationdelasupericie«nonvulnérable»sera
également par une élévation du taux de recouvrement de la végétation (classe 30-40%). le faible taux de re-
couvrement (inférieur à 10%) est particulièrement enregistré dans les zones les plus vulnérables à l’instar du
Dhahar de Béni Khedache.
Surleplanqualitatifouphysionomique,lesparcoursàbasedebeguelsontconnusparleurfaiblediversitéloris-
tique et ce malgré la diversité des paysages édaphiques et géomorphologiques qu’ils peuvent occuper. en effet,
ils se rencontrent dans les plaines, sur les glacis et plateaux, sur les dunes continentales et parfois même sur cer-
taines collines et montagnes. toutefois, la dominance semble concerner les milieux les plus xérophytiques à sols
sablonneux grossiers pauvres en matière organique.
Lacompositionducortègeloristiquevariebeaucoupd’unendroitàl’autre.Ainsi,danscertainsendroitsd’El-
Hmada/Djeffara, l’espèce clefdevoûte (H. schmittianum) est essentiellement accompagnée par Rhantherium
suaveolens et Koeleria pubescens, alors que dans les Matmata, c’est Thymelea microphylla qui co-domine. sur les
plateaux du Dhahar et les glacis du versant ouest de la chaîne des Matmatas, qui correspondent à une zone de
transition entre l’aride et le saharien, le beguel s’associe avec Gymnocarpos decander, Atractylis serratuloides et
Helianthemum kahiricum. Ce type de parcours est aussi rencontré dans les oueds du Dhahar et à el ouara en as-
sociation avec Retama reatam, Stipagrostis pungens et Anthyllis sericea. la plupart des espèces formant le cortège
loristiquedecetteformationvégétaleestdetrèsfaiblepalatabilitéetlesanimauxcherchentplutôtlesespèces
annuelles dominant au cours des années pluvieuses. D’ailleurs H. shmittianum n’est broutée que dans une période
limitéedel’annéequicoïncideaveclestadedeloraison-fructiication.Cecijustiieengrandepartielafaiblevul-
nérabilité de cette formation végétale.
4.1.2. Formation à base d’halophytes
Du fait que ces parcours sont localisés dans des dépressions et en raison du facteur salure, la production et la
dynamique sont quasiment stables et ne réagissent que peu à la nature de l’année. les plantes halophiles ont,
en effet, la particularité de pouvoir supporter les conditions salines imposées par leur milieu et de développer
des facteurs d’adaptation pour survivre dans des conditions extrêmes comme les sécheresses (par régulation de
l’ouverture des stomates). Aussi, même si les petits ruminants les visitent, ces parcours sont surtout préférés par
lesdromadairesquilesfréquententenhiverpourlacuresalée.Toutescescaractéristiquesjustiientetconirment
la très faible sensibilité et vulnérabilité de cette formation végétale face au changement climatique.
vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique
123
Ces parcours ne demandent pas plus qu’une bonne gestion pour les préserver et il faudra surtout éviter toute
perturbation du milieu par des plantations ou des semis. leur mise en repos n’amènera pas d’importantes amé-
liorations.
4.2.Lesécosystèmespastorauxmoyennementvulnérablesauchangementclimatique
4.2.1. Parcours à base de Rhanterium suaveolens
Considérée comme étant la steppe la plus sujette à la perturbation, la plus recherchée pour la mise en culture et
laplusimportantedeszonesaridesenmatièredediversitédesoncortègeloristique,cetécosystèmepastoral
peutêtrequaliiée,àtraverscetteétude,commeétantvulnérableàtrèsvulnérableparticulièrementauxhorizons
2020et2050.
Letableau2montredeschangementsquantitatifsaussibienauniveaudessupericiesqu’auniveaudelaproduc-
tion de biomasse et des unités fourragères. Ce tableau montre également une disparition de la classe « non vulné-
rable»etuneimportantechutedesparamètresdelaclasse«peuvulnérable»auproitdesclasses«vulnérables»
etsurtout«trèsvulnérable»en2020et2050.Cettetendanceversdesclassesplusvulnérablesseraaccompagnée
par une réduction du taux de recouvrement de cette formation végétale. les données montrent qu’il existe une
proportionnalité entre le taux de recouvrement de la végétation et son taux de recul vers des classes plus "dé-
gradées", désignant un recouvrement moins important. en effet, plus le taux de recouvrement est faible, plus la
végétation sera sujette aux méfaits de la pression anthropozoïque (piétinement par les troupeaux, broutage, éra-
dication, défrichement, …) et être, par conséquent, exposée aux différents processus de l’érosion hydro-éolienne
(déssouchagedesplantesetmiseànudeleursracines,…)puisqu'ellenepeutpasassurerson"auto-protection";
ce qui diminue sa capacité, dans un premier temps de se protéger, mais aussi sa capacité de se régénérer.
les changements quantitatifs induits par l’augmentation du degré de vulnérabilité des parcours de Rhanterium
suaveolens seront accompagnés par des changements qualitatifs touchant leur physionomie. Ceci se traduit par
une régression en nombre de certaines espèces pastorales qui étaient dominantes en l’occurrence Rhanterium
suaveolens, Stipa lagascae, Plantago albicans et Helianthemum lippii var. sessililorum. Ces différentes espèces
de haute palatabilité, vont devenir de moins en moins présentes dans le milieu. D’autres espèces de faible valeur
pastorale et connues par leur meilleure adaptation à la sécheresse (changement climatique) et aux perturbations
anthropiques (particulièrement le surpâturage) deviennent de plus en plus abondantes face à l’augmentation des
effets des facteurs de stress et de perturbations. Parmi ces espèces, il y a lieu de citer Astragalus armatus, Atrac-
tylis serratuloides, et au stade ultime Stipagrostis pungens.
4.2.2. Formation à base de psammophytes
Il est bien connu que ce type de parcours se développent essentiellement sur les accumulations sableuses res-
sentes,maisiln’estpasexcludelesrencontrersurdessolsàsurfacebattanteaprèsladélationdusablequis’était
accumulé dans ces sites. Ces parcours sont généralement dominés par Laegos (Retama) raetam et Stipagrostis
(Aristida) pungens soit en association soit par une des deux espèces. les conditions écologiques caractérisant les
airesderépartitiondecetteformationvégétaleattestentdelagrandeadaptationducortègeloristiquedecetype
deparcoursauxconditionsclimatiquesetédaphiquestrèsdificiles.Letableau2montrequelesespacesoùla
végétationappartientàlaclassepeuvulnérableoccupentplusde65%delasupericietotaledel’unitépastorale
etceaussibienpourl’annéederéférence(2005)quepourlesannées2020et2050.Ensecondlieuvientlaclasse
«trèsvulnérable»quitoucheunespaceoccupantde13à22%delasupericietotaledel’unité.Cetteclassesesi-
tue en grande partie dans la Jeffara. les classes « non vulnérables » et « vulnérable » occupent des places intermé-
diaires. Du fait des faibles potentialités pastorales de cette formation végétale, cette variation de la vulnérabilité a
engendréunelégèreaugmentationdesproductionsquinedépasserapas1.5%àl’horizonde2050.
vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique
124
Stipagrostis pungens, Retama raetametleurcortègeloristiquesonttrèsbienconnusparleurrusticitédumoins
à la sécheresse grâce au phénomène de xérophytisme. la vulnérabilité même faible de cet écosystème pastoral
pourrait être expliquée par conséquent par le surpâturage grâce à la surcharge animale particulièrement au ni-
veaudelarégiondelaJeffara,oùlasupericierelativementfaible,quifaitl’objetd’unpâturageparunnombre
élevé d’animaux.
4.3.Lesécosystèmespastorauxlesplusvulnérablesauchangementclimatique
4.3.1. Formation à base de Stipa tenacissima
le tableau 2 montre qu’actuellement, les espaces comportant la végétation vulnérable à très vulnérable repré-
sententprèsde47%delasupericietotaledel’unitépastorale.Toutcetespaceestprévudepasseraustadetrès
vulnérable et ce depuis l’année 2020. les productions en biomasse aérienne et en unités fourragères feront l’ob-
jetparconséquentd’unechutedépassant75%cequivaaugmenterdavantageledéicitdubilanfourragerdéjà
marquant la région.
Cette grande vulnérabilité se traduira par des changements qualitatifs et physionomiques se traduisant par la ra-
réfactiondel’espèceclefdevoûteStipa tenacissima dans tous les endroits de sa répartition actuelle à l’exception
deceuxquisontplusfavorablesetpouvantbénéicierd’unsupplémentd’eauparruissellement.D’autresespèces
non appétées par les animaux et plus adaptées aux stress thermique et hydrique comme Haloxylon scoparium et
Reaumuria vermiculata auront les potentialités pour dominer.
l’alfa (Stipa tenacissima l.) est une graminée vivace considérée par plusieurs auteurs comme étant l’un des rem-
partsfaceàl’avancéedudésert,etce,grâceàsonsystèmeracinairetrèsdéveloppéquiassurelaixationetla
protection du sol. Cette espèce a perdu sa capacité de régénération naturelle à cause de pratiques humaines irra-
tionnelles (défrichement abusif, surpâturage, surcollecte de l’alfa) et surtout d’un bioclimat contraignant avec des
conditions souvent défavorables à la germination et à l’installation de cette espèce et de l’ensemble des espèces
de cette formation végétale.
4.3.2. Formation à base de Rosmarinus oficinalis
les résultats de l’étude montrent, même si à un degré moindre par rapport à l’alfa, la fragilité de cette formation
aussi bien par sa sensibilité aux scénarios climatiques développés pour la région que par sa faible résistance aux
différents types de perturbation (pâturage, coupe, …). le tableau 2 montre la disparition de la classe non vulné-
rabledepuisl’horizonde2020,suiviedelaclassepeuvulnérableàl’horizonde2050etunetendancepresque
quasi-totale de tout l’espace pastoral vers la classe « très vulnérable ». C’est ainsi qu’il est prévu que les potentia-
litéspastoralesconnaitrontunechuteévaluéeà34et42%respectivementen2020et2050.
Etantdonnéesasupericie limitéeet l’existenced’unevariétéendémiquetunisienne (var. troglodotyrum) me-
nacée dont la perte ne peut en aucun cas être évaluée, sa protection et/ou la mise en plan d’un plan de gestion
rationnel s’impose.
4.3.3. Formation à base d’Artemisia herba alba
Il semble que l’impact des effets néfastes de l’emprise humaine et du changement climatique semble plus
consenti au niveau des Monts des Matmatas du fait toutes les formations végétales colonisant le jbel, les pied-
monts et les glacis semblent être les plus vulnérables. Ce résultat reste valable également pour la formation à
chih(Artemisiaherbaalba)oùlasituationseraplusalarmanteauxhorizonsde2020et2050.Letableau2montre
que cette formation végétale passera d’un état relativement peu vulnérable à un état très vulnérable et ce depuis
vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique
125
mêmel’année2020.Ilestprévuquecettetendancevaengendrerunepertedel’ordrede80%delaproduction
pastorale de ce type de parcours. Ces espaces pastoraux seront de plus en plus gagnés par des espèces envahis-
santes, agressives et à faible valeur pastorale comme Haloxylon scoparium, Atractylis serratuloides, Astragalus
armatus, etc. Ces faciès voient aussi la surface des sols qu’ils occupent se colmater (pellicule de battance), ce qui
conduit à un blocage généralisé des activités biologiques dont la conséquence immédiate est la raréfaction de
l’armoise blanche et des espèces pastorales accompagnatrices à l’instar de gymnocarpos decander, et l’espace
sera de plus en dominé par Haloxylon scoparium et/ou Atractylis serratuloides avec des annuelles essentielle-
ment stipa retorta et Diplotaxis harra qui ne prospèrent qu’en années pluvieuses.
4.3.4. Formation à base d’Anthyllis henoniana
Il est bien connu que ces parcours peuplent les sites sahariens les plus défavorables du point de vue hydrique et
édaphique. les sols sont souvent maigres, caillouteux, à surface endurée et parfois gypseux, l’effet variation des
pluies est moins important que dans le cas précédent. Cependant malgré ces atouts et contrairement à ce qui est
attendu, les prédictions montrent que la formation à Anthyllis henoniana (espèce xérophile), de faible vulnérabi-
litéactuellement,tendselonlesprévisionsàêtreplusvulnérableen2020àtrèsvulnérableen2050.
Lesprévisionsdecetteétudemontrequelasupericiedesunitésvulnérablesàtrèsvulnérablesquireprésentent
seulement36%en2005,pourraienttoucherlatotalitédel’espacepastoraldughizdirauxhorizonsde2020et
2050.Cettevulnérabilitécommenceàs’accentuerbeaucoupplusdanslesespacespastorauxd’El-Ouaraquedans
ceux du Dhahar. Ces scénarios engendreront par voie de conséquence, une chute de la production pastorale de
cet écosystème évaluée à environ 70%.
4.3.5. Formation à base de gypsophytes
Dans le gouvernorat de Médenine, les parcours gypseux constituent des ilots éparpillés entre les champs des
cultures et sont généralement soumis à un pâturage libre et continu durant toute l’année par les petits troupeaux
des agropasteurs sédentaires. Ce fait atteste de la vulnérabilité de ce type de parcours même dans la situation
actuelleetquiseraaggravéeauxhorizonsde2020et2050.
Bien que la plupart des espèces (Lygeum spartum, Atractylis serratuloides, Anarrhinum brevifolium, Nitraria re-
tusa,…)formantlecortègeloristiquedecetteformationsoientconsidéréescommeétantdesxérophytestrès
adaptées à la sécheresse, elle s’est avérée très vulnérable au changement climatique du fait que sa répartition
régresseàl’horizonde2020pourdisparaîtreàl’horizonde2050.D’aprèsletableau2,lesendroitsoùcetéco-
systèmepastoralestqualiiecommeétantvulnérableàtrèsvulnérablereprésentent70%delasupericietotale
en2005.Ilestprévuquelaquasi-totalité(99%)decetespacepastoralsoittrèsvulnérableetcedepuisl’an2020.
Ceciengendreraparvoiedeconséquenceunebaissede laproductionpastoraleévaluéeàplusde60%.Cette
forte vulnérabilité sera accompagnée par des changements au niveau de la physionomie de la végétation et la
dominance-abondance des espèces. C’est ainsi que les espèces de bonne valeur pastorale indicatrices du bon état
du parcours comme Anarrhinum brevifolium, (endémique tunisienne), Lygeum spartum et Helianthemum kahiri-
cum seront menacées par la raréfaction voire la disparition pour être dominées voire même remplacées par des
espèces indicatrices de la dégradation et moins vulnérables a l’instar de Zygophyllum album, Erodium glocophyl-
lum, Pithuranthos chlorantus et Peganum harmala.
vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique
126
5. analySe De la valeur économique DeS DifférentS bienS et ServiceS De l’écoSyStème (5 à 7 pageS)
5.1.Identiicationettypologiedesbiensetservicesrendusparl’écosystèmepastoraldanslegouvernoratdeMédenine
en se basant sur plusieurs travaux réalisés2 dans le sud tunisien et en particulier dans le gouvernorat de Médenine,
l’élaboration d’une typologie suivant l’approche teeB des biens et services rendus par l’écosystème pastoral dans
le gouvernorat de Médenine est tentée. le tableau 3 synthétise cette typologie qui d’une part décrit les types des
servicesécosystémiques,selonlestypesd’usage(suivantl’approcheVET)etd’autrepartidentiielesbénéiciaires
etspéciielestypesdebénéicesenregistrés.
Tableau3:Listedesbiensetservicesrendusparl’écosystèmepastoraldanslegouvernoratdeMédenine
Typedeservices(Ref.approcheTeeB)
Biensetservices Typed’usageRef.veT)
Bénéiciaires/usagers
Typedebénéices
Servicesd’approvisionnement(oudeprélèvement)
(1) Production pastorale (ressources fourragères naturelles)
usage Direct usagers des parcours Revenu des éleveurs.Revenus des acteurs de la ilière.
(2) Plantes Aromatiques et Médicinales
usage Direct usagers des parcoursPopulation locale
Revenu des usagers locaux (femmes, familles pauvres, etc.).Revenus des acteurs delailière.Protection des savoirs faire locaux.santé humaine.
(3) Feuilles de gueddim
usage Direct Artisans locaux Revenu des artisans locaux (nattes,coufins,etc.).Revenus des acteurs de lailière.Protection des savoirs faire locaux.
(4) Bois de feu des ligneux
usage Direct usagers des parcours.Population locale.
source d’énergie pour la cuisson.
(5)Miel usage Direct Producteurs du miel.Population locale.
Revenu des éleveurs.Revenus des acteurs delailière.
(6)Chasse usage Direct Chasseurs Bien-être des chasseursAnimation culturelle
2 Principalement les travaux de recherche de l’IRA, études CneA, 1991, 2003, études des parcours d’el ouara, 2001, 2004 et 2009, étude des
parcoursduDhahar,IRA2000,AtlasdugouvernoratdeMédenine1999,PARLCDdugouvernoratdeMédenine,1996,Inventairesforestiers,1995et2006,etc.
vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique
127
Servicesderégulation(capacitéàmodulerdansunsensfavorableàl’hommedesphénomènescommeleclimatparexemple)
(7) lutte contre ladésertiication(ensablement)
usage indirect Population locale.société nationale.Communauté internationale.
Protection des aménagements et de l’infrastructure .lutte contre l’érosion éolienne.Protection des terres et des sols.
(8)Protectiondesbassins versants (Ces et mobilisation des ressources en eau pluviales)
usage indirect Population locale.société nationale.Communauté internationale.
Protection de la production agricole.lutte contre l’érosion hydrique.Protection des terres et des sols.Récolte et mobilisation des ressources en eau pluviales.Amélioration des revenus des agriculteurs locaux.Protection des écosystèmes et de la biodiversité.
(9) séquestration du carbone
usage indirect société nationale.Communauté internationale.
Atténuation des effets du CC.
(10) Qualité du paysage
usage d’option Population locale.Acteurs touristiques.société nationale. Communauté internationale.
Conservation du patrimoine naturel
Servicesculturels
(11) Récréation (Parc sidi toui)
usage Direct services forestiers.Acteurs touristiques.société.
Recettes.Revenus des acteurs touristiques.Diversiicationdesproduits touristiques.
(12) valorisation touristique du paysage (tourisme écologique et culturels)
usage d’option Acteurs touristiques.société nationale.Communauté internationale.
Revenus des acteurs touristiques.Revenus des acteurs locaux.
(13) valorisation culturelle (Festivals, éducation et recherchescientiique)
usage d’optionet d’héritage
société nationale.Communauté internationale.générations futures.
Animation culturelle.Conservation des savoirs locaux pour les générations futures.Valorisationscientiiqueetéducationnelles.
Servicesdesoutien
(14) Conservation de la biodiversité, connue et inconnue
usage d’optionet d’héritage
société nationale.Communauté internationale.générations futures.
Protection des écosystèmes et de la biodiversité.
5.2.evaluationéconomiquedesbiensetservicesdel’écosystèmepastoraldanslegouvernoratdeMédenine
l’évaluation économique des biens et services de l’écosystème pastoral dans le gouvernorat de Médenine dont
lesdétailssontdonnéesparletableau4,révèleunevaleuréconomiquetotale(VET)estiméeà32606000DT/an,
quisontrépartiescomesuit:45%(14662000DT/an)pourlesservicesd’approvisionnement,40%(12663000
DT/an)pourlesservicesderégulation,12%(3832000DT/an)pourlesservicesculturelset4%(1449000DT/an)
pourlesservicesdesoutien.Larépartitiondesbénéicesmontrequelapopulationlocaleetlasociétéproitentle
plusavecrespectivement55,24%(18012000DT/an)et44,75%(14590000DT/an),lereste0,01%(4000DT/an)
estauproitdel’administration(Figures2et3).
vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique
128
figure2.evaluationéconomiquedesbiensetservicesdel’écosystème
pastoraldanslegouvernoratdeMédenineparnaturedeservice(1000DT/an)
Tableau4:evaluationéconomiquedesbiensetservicesdel’écosystèmepastoraldanslegouvernoratdeMédenine
unité quantité Prix(DT)
valeur Distributiondesbénéices(1000DT)
(1000DT) % Local gouver-nement
Société
1.Servicesd’approvisionnement
(1) Production pastorale (res-sources fourragères naturelles)
uF 16327270 0,3 4898 15,02 4898
(2) Plantes Aromatiques et Médicinales
Kg 2383297 5180 15,89 5180
(3) Feuilles de gueddim Kg 2934731 0,5 1467 4,50 1467
(4) Remeth Kg 1245636 2 2491 7,64 2491
(5)Miel Kg 25000 25 625 1,92 625
SousTotal1 14662 44,97 14662
2.Servicesderégulation
(6)Gestiondesressourcesnaturelles et lutte contre ladésertiication
10568 32,41 10568
(7) séquestration du carbone tonne 99754 21 2095 6,42 2095
SousTotal2 12663 38,84 12663
3.Servicesculturels
(8)Récréation(ParcSidiToui) visite 87 50 4 0,01 4
(9) valorisation touristique (tourisme écologique et culturels)
visite 239273 14 3350 9,20 3350
(10) valorisation culturelle (Festivals)
visite 9555 50 478 1,47 478
SousTotal3 3832 11,75 3350 4 478
4.Servicesdesoutien
(11) Conservation de la biodiversité
Ha 21315 68 1449 4,45 1449
SousTotal4 1449 4,45 1449
Total 32606(100%)
100,0 18012(55,24%)
4(0,01)
14590(44,75%)
Conservation de la biodiversité 4% 1449
Valorisation culturelle (Festivals) 2% 478
Valorisation touristique 10% 3350
Récréation (Parc Sidi Toui) 0% 4
Séquestration du carbone 6% 2095
GRN & LCD 32% 10568
Miel 2% 625
Remeth 8% 2491
Feuilles de Gueddim 5% 1467
Plantes aromatiques et médicinales 16% 5180
Production pastorale 15% 4898
vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique
129
figure3.evaluationéconomiquedesbiensetservicesdel’écosystèmepastoraldanslegouvernorat
deMédeninepartype(1000DT/an)
5.3.evaluationdelavaleuréconomiqueperdue
Selon lesigures4et5, lesproductionsdesprincipauxbiensetservices (approvisionnementetséquestration
de Carbonne) du système pastoral dans le gouvernorat de Médenine seront réduites sous l’effet des scénarios
deCCauxhorizons2020et2050.Eneffet,laréductionlaplusimportanteconcerneralesPAMavec78%et81%
respectivementauxhorizons2020et2050.LaproductionpastoraleetlaséquestrationdeCarbonneneseront
cependantréduitesquede23%et26%respectivementauxhorizons2020et2050.
figure4.ImpactduCCsurlaproductiondesprincipaux figure5.ImpactduCCsurlaproductiondes
biensetservicesdusystèmepastoral(quantité) principauxbiensetservicesdusystèmepastoral(%)
18000000
16000000
14000000
12000000
10000000
8000000
6000000
4000000
2000000
0
2005 2020 2050
Production pastoralePAM
Feuilles de GueddimRemeth
Séquestration du carbone
0
-10
-20
-30
-40
-50
-60
-70
-80
-902020 2050
Production pastorale
Feuilles de Gueddim Remeth
Séquestration du carbonePAM
-23-26
-81 -78
-35-39
-32-32
-23-26
Services de soutien 4% 1449
Services culturels 12% 3832
Services de régulation 39% 12663
Services d'approvisionnement 45% 14662
vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique
130
en ce qui concerne l’évaluation monétaire de la vet correspondante aux services approvisionnement et de ré-
gulation(séquestrationdeCarbonne)considérée,lesigures5et6montrentuneréductiondelaVETactualisée
de59%et83%respectivementauxhorizons2020(7381000DT/an)et2050(3048000DT/an)parrapportà
lasituationderéférence(18002000DT/an)(annéedebase:2005).Sansactualisation(sionconsidèrequeles
préférencesfuturesresterontlesmêmesquecellesduprésent),laVETverrasavaleurchuterd’environ45%aux
horizons2020et2050(9940000DT/an).Lesservicesd’approvisionnementetderégulation(séquestrationde
Carbonne)considéréssuivrontlesmêmestendancescommelamontrelesigures6,7,8et9.
figure6.ImpactduCCsurlaveT figure7.ImpactduCCsurlaveT
partypedeservices(SansActualisation) partypedeservices(AvecActualisation)
figure8.ImpactduCCsurlaveTparservice figure9.ImpactduCCsurlaveTparservice
(SansActualisation) (AvecActualisation)
7000
6000
5000
4000
3000
2000
1000
0
2005 2020 2050
Production pastoralePAM
Feuilles de GueddimRemeth
MielSéquestration du carbone
7000
6000
5000
4000
3000
2000
1000
0
2005 2020 2050
Production pastoralePAM
Feuilles de GueddimRemeth
MielSéquestration du carbone
Services d’approvisionnement Services de régulation Total
2005 2020 2050
18002
2095
15907
8306 8386
1554
9940
1614
9920
Services d’approvisionnement Services de régulation Total
2005 2020 2050
18002
2095
15907
61802571
477
30481201
7381
vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique
131
6. analySe De la pertinence DeS StratégieS, programmeS, projetS et pratiqueS D’aménagement et De geStion actuelle en rapport avec leS riSqueS liéS au changement climatique
la tunisie et plus particulièrement le gouvernorat de Médenine a connu durant son histoire plusieurs séche-
resses à ampleur variable. Certaines ont eu des répercussions négatives, parfois dramatique sur l’économie et les
conditions socio-économiques de la population notamment rurale. la sécheresse de 1977 - 1979 avait été vécue
commeunévénementexceptionnel.Lessécheressesplusrécentes,cellesde1988-1989etsurtoutcellesde
1999-2003,ontétédavantageperçuescommeunedesmanifestationspossiblesduchangementclimatiquean-
nonçantunretourplusfréquentdeces"anomalies"qui,destatutdecatastrophes,pourraientpasseraustatutde
"normes". Dans l’esprit du grand public, et en accord avec la tendance annoncée par les modélisateurs du climat,
le changement climatique associe à l’augmentation prévue de température une plus grande fréquence d’événe-
ments extrêmes comme les cyclones tropicaux, les tempêtes et les précipitations intenses qui leur sont liées et,
àl’opposé,lefortdéicitpluviométriqueconduisantàdessituationsdesécheresse.Auniveaudugouvernoratde
Médenine, plus particulièrement, les dernières sécheresses erratiques ayant sévi durant la période 1999-2003 ont
pu montrer jusqu'à quel point l’économie de la région est tributaire des hauteurs des pluies et de leur distribution.
Quoiqu’il soit conscient de l’aggravement de ce phénomène, l’intervention de l’etat tunisien peut être jugée faible
dans une région, qui à côté de tataouine et Kébili, abrite tout ce qui reste comme grands espaces pastoraux collec-
tifs en tunisie et où la sécheresse n’est plus considérée comme un phénomène conjoncturel mais bien structurel
qu’il faut impérativement intégrer dans les stratégies de développement de ces régions. . Cette intervention s’est
limitéeàlastratégienationaledeluttecontrel’ensablementetdeCESenvuedecombattreladésertiication,
les processus de dégradation et les effets néfastes de la sécheresse, et à quelques mesures accompagnatrices et/
ou ponctuelles comme celles relatives à la gestion des crises, en particulier de la sécheresse qui semblent autant
plus d’ordre politique que structurel.
6.1.Analysedelapertinencedesstratégies,programmes,projetsetpratiquesd’aménagementetdegestionactuelleenrapportaveclesrisquesliésauCC
6.1.1. Stratégie nationale d’aménagement et de gestion des parcours naturels
toutes les interventions menées dans les parcours du gouvernorat de Médenine et notamment dans les régions
deDahar,d’ElOuaraetdanslaJeffaraontportésurdessupericiestrèslimitéescomparativementauxpotentia-
lités pastorales existantes qui nécessitent un effort considérable d'aménagement et de gestion. les parcours col-
lectifsnonsoumisaurégimeforestieroccupantdessupericiesimportantes(212130ha)n'ontbénéiciéd'aucun
effort de réhabilitation. les efforts d'amélioration pastorale tels que ceux analysés dans le document d'évaluation
de la stratégie nationale pastorale 1990-2000 et les rapports des différents intervenants dans ce secteur, démon-
trentqueleSudd'unemanièregénéraleetlegouvernoratdeMédenineenparticuliern'ontbénéiciéqued'une
faible part de l'investissement consacré au développement pastoral.
A titre indicatif, la supericie totale amélioréeparplantations arbustivesdurant lesdeuxdernièresdécennies
1993-2010auniveaudetoutlegouvernoratdeMédeninen’apasatteintles2000ha(1710haet265hadansles
parcours collectifs et privés respectivement). Celles améliorées par simple mise en défens pour la même période
onttouchéenviron61000ha(46431haet14434hadanslesparcourscollectifsetprivésrespectivement).
6.1.1.1. Parcours améliorés par plantation d’arbustes fourragers
les plantations fourragères sont réalisées par l’Arrondissement des Forêts, au niveau des terres domaniales et
collectives,etparl’Oficedel’ElevageetdesPâturages,surlesterresprivées.Enfonctiondesconditionsclima-
tiques,lessupericiesplantéesenarbustesfourragersvarientannuellementde14à400ha,auniveaudesterres
collectives et de 0 à 100 ha dans les terres privées. Depuis l’indépendance, une dizaine de périmètres pastoraux,
vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique
132
totalisant641ontétécréésauniveaudesterresdomanialesetcollectives.Demême,l’OEPestintervenuchez161
exploitantssurunesupericiede273hadont165haréussie.Letauxd’échecchezlesprivésaététrèsimportant
chezlesprivésdisposantd’unterraindeparcoursdesupericietrèsréduite.
l’évaluation des plantations pastorales dans la gouvernorat de Médenine, réalisée par Abdelkébir et Fechichi
(1999) et ouled Belgacem et genin (2003) a montré que :
• lestauxderéussitedesplantationsvarientde40à70%dumoinsaucoursdespremièrestroisannéeslorsqu’elles
sontencorecontrôléesparlesservicesdedéveloppement;
• lesplantationsarbustivesetnotammentlesespècesexotiques(Acaciasp,Prosopissp,Atriplexsp.)ayantdes
limites d’adaptation aux conditions arides, ont montré des performances modestes voire très faibles pour ina-
daptationauxconditionsdumilieu.Leurscoûtsd’entretiensonttrèsélevés.
• silaplupartdesanciennesplantationsd’arbustesfourragersadisparudesparcoursprivéssuiteausurpâturage,
sécheresse ou changement de vocation de la terre (mise en culture), les plantations réalisées dans les parcours
collectifssoumisaurégimeforestiersemblenttrèsâgéesetsouffrentd’unvieillissementetd’unefortelignii-
cation. Celles-ci exigent une exploitation de régénération pour permettre une production de la biomasse verte
plus tendre et plus appréciable par le cheptel
6.1.1.2. Les mises en repos/défens (Gdel)
Dans le cadre de la stratégie nationale, les mises en défens réalisées dans les parcours collectifs soumis au régime
forestiercouvrentunesupericiede46431dont16000hadanslesparcoursduDhahar.Chezlesprivés,cette
actionaconcerné14434haauproitde414exploitantsmaisseulementunesupericiede10243aétérespectée
et réussie.
l'analyse des différents programmes mis en œuvre en termes d'impact et de durabilité montre bien que les mises
enrepossimplesouassociéesauscariiagesontlesplusbénéiquespourlarégénérationdesparcours.L’efica-
citédelatechniquedesmisesenrepospratiquéeàgrandeéchelleestconirméepardesexpériencesréalisées
sous des conditions très similaires à celles dominant dans les parcours de Médenine (parcours de tataouine).
Lorsqu’elleestbienrespectée,ellepermetdedoublerl’offrefourragèreàlaindeladeuxièmeannée;sielleest
ensuitecorrectementgérée,ellepermetdegarderunniveaudeproduction(enUFutiles)aumoinségalà1,5fois
delaproductionàlasituationdedépart,souslesconditionsd’uneannéenormale(OuledBelgacemetal.,2008).
l’échec dans plusieurs cas de cette technique observé particulièrement dans les parcours privés du gouvernorat
de Médenine est du soit à la pratique de cette technique au niveau des milieux très dégradés qui ont atteint un
seuil d’irréversibilité soit au non respect des règles de la mise en repos par l’agropasteur lui même. en tout cas la
durabilité de cette technique est mise en question du fait que les parcours aménagés font l’objet d’une surexploi-
tation intense avec l’arrêt des subventions accordées par l’oeP. Au contraire, au niveau des parcours collectifs,
laprolongationdeladuréedemiseendéfensparfoisenraisondel’évitementdesconlitssociauxentrelesuti-
lisateurs ayants droit et autres et avec l’administration elle-même, engendre un vieillissement des plantes et un
blocage de la dynamique végétale et une perte de la production pastorale pouvant égaliser celle perdue par une
surexploitation.
Aussi bien au niveau des parcours privés que collectifs, le choix des sites pour la mise en repos où la végétation a
atteint un niveau de dégradation très avancée avec un blocage de la dynamique végétale est une autre raison de
l’échec de cette opération.
6.1.2. Le Programme de Développement Rural Intégré (PDRI)
Ceprogramme,avecsesdeuxgénérations(1984-1993,1994-1999),avisélamiseenvaleurleszonesruralesdu
gouvernorat et particulièrement, celles à vocation agricole. Il a été basé sur une approche d’intervention clas-
sique n’impliquant la population qu’en phase d’exécution des composantes du projets qui sont elles mêmes ins-
pirées des conceptions habituelles des projets de développement à savoir les activités agricoles, les actions non
vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique
133
agricoles, l’infrastructure et l’amélioration du niveau de vie. la part des parcours a été négligeable dans la mesure
oùleprogrammen’estintervenuquedansl’aménagementd’unesupericieréduited’environ270haautotal.Bien
qu’ilaitaccentuélapressionanimalesurlesparcoursparladonationd’unequantitéde2250têtesd’ovinsetde
caprins aux agropasteurs.
6.1.3. Le Projet de Gestion des Ressources naturelles (PGRN)
Ceprojet(1998–2004)s’estixécommeobjectifslagestiondurabledesressourcesnaturelles,etplusparticu-
lièrement des terres agricoles et des parcours dans les zones fortement dégradées, avec une amélioration de leur
productivité à travers une plus grande participation des usagers dans les programmes de développement. l’ap-
proche participative est introduite comme instrument pour une gestion durable de ces ressources.
• LesdifférentesactivitésduprojetontétéprincipalementréaliséesàtraverslesUST(UnitésSocio-Territoriales)
et sous forme de Plans de Développement Participatif (PDP). les interventions directes du projet en ma-
tièred’améliorationpastoralessontégalementtrèslimitéesetnedépassantpas5hadeplantationd’arbustes
fourragers. selon le coordinateur du projet, ces plantations ont été soumises à l’échec par inadaptation des
espècesutilisées,lecoûtélevédecesplantationsenplusdudécouragementdespaysanspoursonadoption.
Il voit que d’autres techniques comme la mise en repos et la pratique d’une rotation des pâturages semblent
pluseficaces.Parcontrel’instaurationparleprojetdesunitéssocio-territoriales(UST)etl’organisationdes
utilisateurs par la création des groupements de développement agricole (gDA) et l’application d’une approche
participative pourraient dans l’avenir appréhender les problèmes de gestion des parcours collectifs dans le
gouvernorat de Médenine à l’issu de ce qui a été développé dans les parcours collectifs de tataouine et dans
le Dhahar de Douz dans le cadre du projet PRoDesuD. un autre point positif qui revient également à ce pro-
jet c’est l’élaboration d’une étude « Projet de développement intégré et participatif (PDIP) des parcours d'el
ouara de Ben guerdane » réalisée par une équipe pluridisciplinaire d’experts qui a aboutit à l’élaboration d’un
plan d’aménagement et de gestion participatif des parcours collectifs d’el ouara. l’exécution de ce PAgP est
tributairedeladisponibilitéd’unesourcedeinancement;
Des mesures accompagnatrices ont été réalisées par le PgRn dans les parcours d’el ouara et qui peuvent énor-
mémentinluencerlagestiondesparcoursetlarépartitionetlamobilitédestroupeauxetquiserésumentpar:
• lacréationdedeuxforageséquipéspourl’abreuvement;
• lacréationdedeuxpréauxd’ombrage.
6.1.4. Autres mesures accompagnatrices
L’Etataentreprisunensembledemesurespourpalierauxdiversesinsufisancesetfaciliterlesopérationsd’amé-
nagement et de gestion des parcours conformément aux orientations de la stratégie de développement pastoral
2002-2011. Parmi ces mesures, il y’a lieu de mentionner :
• élaborationd’uneétude«Projetdedéveloppementintégréetparticipatif(PDIP)desparcoursduDhaharde
BéniKhédache»;
• àl’issudetoutlepays,élaborationdelacarteagricolerégionalequiservirad’outilpourdélimiterlesterrainsà
vocationexclusivementpastoraleetceuxàvocationagricole;
• renforcementdescapacitésdeproductiondespépinièresforestièrespourproduiresufisammentetauxmo-
ments opportuns les plants des espèces recommandées (pastorales / à usage multiple) plus adaptées aux
conditionsécologiquesenparticuliersclimatiquedelarégion;
• consolidationduprogrammedel’infrastructured’hydrauliquepastorale(PISEAU);
• miseenœuvred’unplandesauvegardeducheptelpouratténuerleseffetsdesécheresseetréalisationd’une
étude de gestion de la sécheresse.
vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique
134
6.1.5. Mesures ponctuelles de gestion de la sécheresse
Malgré l’absence d’une stratégie claire d’atténuation de la sécheresse, l’etat tunisien a entrepris des mesures
ponctuelles chaque fois où une sécheresse prolongée apparaît. Ces «stratégies» temporaires ont été lancées de-
puis la sécheresse de 1977 – 1979, lorsque la production pastorale, déjà faible, a atteint des niveaux très bas et les
performances animales ont été sévèrement touchées. les décisions prises à cet égard concernent les principaux
aspects suivants:
- miseàdispositiondequantitéssufisantesd'alimentspouranimaux(autorisationdel'accèsdesanimauxaux
parcoursmisendéfens,augmentationdessupericiesdeslesculturesfourragèresirriguées,importationd’ali-
mentsconcentréscommel’orge,lesondebléetlesbouchonsdeluzerne);
- contrôle et organisation de la des ressources alimentaires (orge et son) et le transport des fourrages grossiers
(exemples:foind'avoine,lespailles);
- subventiondesprixdessemencesdesorghoetd'orge;
- subventiondutransportdesfourragesgrossiers;
- exonérationdesfourragesetdessemencesimportéesdetaxesdouanièresetsurlavaleurajoutée;
- distributiongratuitedesquantitésd'orgepourlespetitséleveurs;
- contrôle de la santé animale (vaccination subventionnés, la fourniture de médicaments vétérinaires exonéré,
etc.);
- des décisions complémentaires (comme l’autorisation de l'abattage des femelles et les animaux de faible pro-
ductivité, l'augmentation du taux de réforme des animaux).
A côté des décisions ci-dessus indiquées d’autres mesures ponctuelles pour atténuer les impacts négatifs de la
sécheresse sur les moyens de subsistance des agriculteurs, ont été prise par le gouvernement. Il s’agit de à titre
d’exemple:
- Intensiicationdesculturesfourragèresensubventionnantlessemencessurtoutpendantlespériodesdifi-
ciles,
- valorisationdesdifférentssous-produitsagro-industrielsdanslaproductiondesblocksalimentaires;
- améliorationdelavaleurnutritivedespaillesparleurtraitementàl’urée;
- mise en œuvre de la stratégie nationale de reboisement, de la conservation eaux et des sols et d’amélioration
pastorale.
lors des sécheresses de 1999 – 2002 et 2007 (qui coïncident avec la pénurie et l’augmentation sans précédent des
prix du pétrole et des céréales dont celles destinées à l’alimentation animale), ces mesures ont été renforcées par
des décisions dites « présidentielles ».
Cependant cette politique basée sur les subventions et l’importation de concentrés durant les périodes de sé-
cheresse pour conserver en entier le cheptel a entraîné dans pas mal d’endroits y compris dans le gouvernorat
de Médenine, le surpâturage et la dégradation des terres. la stratégie des anciens respecte l’équilibre imposé par
lanature.Durantlesannéessècheslesagneauxsontsacriiésouécoulésàbasprixpouréviterlegonlementdu
cheptel, atténuer la pression sur les parcours et ne conserver que le capital nécessaire de brebis et moutons en
attendantdesjoursmeilleurs.Laconservationd’uncheptelgonléempêchelareconstitutiondesparcours.
Cette politique a gravement perturbé voire détruit le savoir faire des éleveurs en matière d’adaptation et de ges-
tion des sécheresses. en effet, les éleveurs adoptaient autrefois, des stratégies anti-risques par des pratiques et
des expédients de type curatif comme les transhumances exceptionnelles et utilisation de terroirs complémen-
taires, constitution de stocks (gestion d’une sèche à partir d’une année humide), vente régulière des animaux au
marché pour s’approvisionner en aliment complémentaire, associations temporaires...
vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique
135
6.1.6. Modalités actuelles d’exploitation et de gestion des parcours
si le mode de gestion des parcours privés est caractérisé par un système de pâturage libre et continu pouvant
engendrer la dégradation du couvert végétal et la disparition des espèces de bonne valeur pastorale. Ce mode
revient aux propriétaires eux même, qui mènent généralement un élevage sédentaire de subsistance et de taille
réduite pouvant être élevé sur la base d’autres ressources alimentaires comme les sous produits de l’arboriculture
(principalement l’olivier) et de la céréaliculture (paille, chaume, …). le problème de gestion se pose au niveau des
parcours collectifs où plusieurs acteurs (utilisateurs eux-mêmes, organisations représentatives, administration, …
etc.) sont impliqués et concernés.
vue la dominance du statut collectif des parcours, les modes d’utilisation des ressources sont restés traditionnels
et obéissant aux seules directives des usagers. les pacages sont à rythme saisonnier ou à rythme continu sans
respect de charge, de durée et de saison de pacage et de l’état des parcours. les règles de pacage sont dictées
essentiellement par la tombée des pluies, la disponibilité des points d’eau équipés et des pistes, et l’intérêt indi-
vidueldesusagersàtirerlemaximumduproitdel’espacepastoral.
Au niveau des parcours collectifs d’el ouara à titre d’exemple, la répartition des troupeaux dans l’espace est régie,
au cours de la période sèche (au moment où les potentialités productives des parcours sont à leurs niveaux les
plus faibles), par les principaux facteurs suivants (PDIP elouara, 2004):
• laproximitédespointsd’eauetdespistespraticablespermettantletransportdel’orgeetdesautresaliments
debétailaumoindrecoût;
• l’accoutumancedecertainsbergersàcertainsmilieuxbiendéterminésauxquelsilss’attachentparpeurdene
plus pouvoir y revenir. s’agissant d’un parcours collectif, le vide laissé par le départ d’un berger d’un endroit
déterminépeutthéoriquementêtrecombléparn’importequelautreberger;
• lespotentialitéspastoralesdesparcours,quin’interviennentqu’endeuxièmeoutroisièmeposition.
Au niveau des parcours de Dhahar de Béni Khédache, quoique les terres collectives soient soumises au régime
forestier (Ce statut foncier est de nature à préserver la vocation pastorale et à impliquer l’administration forestière
pour aménager, organiser et assurer la police des parcours), l’accès à ces parcours n’est pas soumis à une autorisa-
tion préalable ni de la part de l’autorité administrative ni de la part des institutions communautaires (conseils de
gestion Cg et groupement de développement agricole gDA). l’exploitation des parcours de la zone ne se fait pas
dans le cadre d’une organisation collective des pâturages impliquant un partage réglementé des parcours entre
les usagers donnant lieu à une répartition spatiale des troupeaux en fonction des disponibilités fourragères de
la zone. elle obéit plus à la présence de l’herbe et de l’eau qu’aux structures foncières des terres. Quand l’année
est sèche, l’exploitation des parcours est limitée dans l’espace et dans le temps (recours intense aux achats des
aliments de bétail, certains petits éleveurs vendent leurs cheptels), alors qu’en année pluvieuse, toute une dyna-
mique pastorale est engagée.
6.2.Analysedelacapacitéinstitutionnelledel’administrationfaceauchangementclimatique
6.2.1. Cas de l’Ofice de l’Elevage et des Pâturages (OEP)
les interventions de l'oeP dans le domaine des parcours s'intègrent dans le cadre de la stratégie nationale de
reboisement, de conservation des eaux et des sols et de lutte contre l’ensablement. Parmi les différents inter-
venants (oeP, Dg Forêts, Ces, oDesYPAno), l'oeP a été chargé d'intervenir sur les terres privées. l’approche
estparticipative (participationde l'adhérentestiméeà25%).L'adhésionde lapopulationàceprogrammeest
volontaire moyennant une demande adressée à la Direction régionale concernée. toute demande techniquement
retenue,feral'objetd'unengagemententrelesdeuxparties(OEP–Bénéiciaire).Lesaménagementsdespar-
vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique
136
cours sont suivis et gérés par oeP. Ces aménagements consistent à mettre en défens ou à planter des arbustes
fourragers tout en accordant aux propriétaires des subventions pendant une période de trois ans selon le respect
etlaréussitedel’opération.Cettepolitiquedel’Etataconnuunessorconsidérable,suiteauxmoyensinanciers
importants en matière d’investissement et de compensation dispensés par l’etat à travers l’oeP pour exciter la
résilience des écosystèmes devenus très vulnérables et mettre à la disposition des éleveurs des réserves fourra-
gères pour faire face aux périodes de disettes devenues de plus en plus fréquentes.
le principal problème posé face à cette politique, dans les parcours privés du gouvernorat de Médenine, est que
le respect de l’intervention et du modèle de gestion proposé par l’oeP est limité à un lapse de temps (3 ans)
correspondant à la période où cette intervention est soumise aux contrôles des techniciens et aux subventions
accordées. la réussite est dans tous les cas tributaire de la participation des agro-pasteurs qui sont plus suscités
parlarentabilitéinancièreetéconomiquequeparlesaspectsécologiquesetdeconservation.D’ailleurs,l’expé-
rienceamontréquecesontsurtoutlesnonéleveursquiacceptentdeprotégerleursparcellespourbénéicierdes
subventions accordées par l’oeP (ouled Belgacem et genin, 2003). la durabilité du modèle de gestion pratiqué
est également mise en question. en absence des subventions et d’une autorité morale soit elle de l’oeP après la
inducontrat,lesystèmed’exploitationantérieurbasésurlepâturagelibreetcontinuereprendsaplace.
6.2.2. Cas de l’Arrondissement des Forêts (AF)
Pour renforcer la résilience des écosystèmes et assurer une meilleure gestion des parcours collectifs particuliè-
rement lors des années de crise (sécheresse prolongée), l’arrondissement des forets a intervenu par les activités
suivantes :
• Au niveau du Dhahar de Béni khedacheVuelesdificultésrencontréesaveclesusagersetleursreprésentants(conseilsdegestion)aucuneactivitéd’amé-
nagementn’aétéréaliséeparl’arrondissementforestierdepuis1988(annéedesoumissiondesparcoursdeDha-
har sous régime forestier) jusqu'à l’année 1991. Ce n’est qu’à partir de cette date, après une phase de vulgarisation
et de sensibilisation que l’AF a pu intervenir dans le cadre du projet de développement rural intégré (PDRI) par la
créationde5forages,lamiseendéfensde1000hadeparcoursetl’installationde5airesd’ombragebiologiquea
raisonde5haautourdechaquepointd’eau.Vul’échecdelaplantationde200had’arbustesfourragersparl’OEP
(conditions edapho-climatique non encourageante), l’AF s’est limite a l’utilisation de la technique la plus facile et
laplusbénéique(miseenrepos)avecunamendementd’unefertilisationsurunesupericiede16000ha.En1999,
l’AF a impliqué les usagers et a développé le plan d’aménagement de ces espaces.
la durée de la mise en repos varie de 2 à 3 ans avec l’ouverture des parcelles au pacage pendant le printemps et
surtout durant les années pluvieuses. en matière de gestion, l’accès annuel des troupeaux à ces parcelles s’étalait
suruneduréemoyenneallantde1à1,5moisetn’exigeaitlepaiementd’aucuneredevance.Malheureusement,
cet accès gratuit du troupeau n’a pas permis de contrôler la pression animale et son impact sur l’accentuation du
surpâturage. les résultats de ce programme de mise en défens de n’ont pas permis de reconstituer durablement
le potentiel pastoral dans les parcelles concernées avec la coïncidence de la succession des années de sécheresse.
Par ailleurs, l’exclusion des éleveurs du parcours de la mise au point du programme de mise en défens, réalisé
par l’arrondissement forêt, constituait une contrainte majeure à l’appropriation des modes de gestion requis par
les usagers. Dans ce contexte, le refus catégorique, de la part des éleveurs, de la notion de mise en défens a été
constaté du fait que cette action est limitative au mouvement du cheptel et aux espaces de pacage. Il en découle,
une nécessité absolue lors de la mise au point du parcellaire relatif à cette étude, de prendre en considération les
déterminants qui sont de nature à faciliter la gestion et la rotation des espaces à mettre en défens.
vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique
137
• Au niveau des parcours d’El Ouaral’arrondissement des forêts avoue que ses interventions dans la restauration et la gestions de parcours collectifs
d’el ouara pour faire face aux différents types de perturbation et renforcer la résilience des écosystèmes face au
changement climatique représenté par des sécheresses de plus en plus fréquentes, restent très limitées.
A l’exception de la création du parc national de sidi toui en 1991, Ces interventions n’ont été suivis que d’effets
modestes sinon décevants au regard des efforts investis. les problèmes posés ne cessent en effet de s’aggraver et
lesressourcespastoralesdesubirunerégressioninexorable.Lesdificultésrencontréessontmultiples:
• milieuphysiquemarginaldontlesconditionsédaphiquesdessitesaménagéssontextrêmementsévères.Les
interventionsontcoïncidéavecunesécheressetrèsprolongée;
• lestraditionssocialesdesusagerssontsolidementancrées.D’ailleursl’échecdelaplupartdesinterventions
techniques (mises en défens, plantations) à cause de la sécheresse, a engendré une réticence des usagers voire
même des conseils de gestion sur l’utilité de ces interventions. en admettant même le succès de la faisabilité
technique de tels aménagements, leur chance d’acceptabilité par la population dont le comportement est
régiepardesmodesderaisonnement,pardesafinitésethniquesetpardesstratégiesd’allianceetd’organisa-
tionpluriséculaires,estrelativementfaible;
• échecdel’administrationdanslasensibilisationdesusagersetdesconseilsdegestiondel’importancedes
mises en défens et de la rotation des pâturages pour garantir la présence de la végétation en attendant sa
régénération à la suite de l’occurrence d’une année pluvieuse.
D’autres contraintes d’ordre foncière, législative sociale et institutionnelle peuvent être également à l’origine
des échecs de l’administration forestière dans l’aménagement et la gestion des parcours collectifs aussi bien d’el
ouara que du Dhahar :
Lesparcourscollectifsoucommunautairesnonsoumisnesontpassousl’autoritédel’AFetnebénéicientpar
conséquent d’un aucun effort de la part de l’etat pour l’amélioration et le contrôle de leur gestion. Ces parcours
quireprésententenvironletiersdelasupericietotaledesterresàpâturagesdugouvernoratdeMédenine,sont
les plus exploités et les plus dégradés.
une seconde hypothèse relative à la législation appliquée par le service forestier pour la gestion des parcours
soumis au régime forestier. Cette législation ressort des textes et des décrets du code forestier. la tunisie dont
lequartdesasupericietotaleestoccupéeparlesparcoursnaturels(lamajoritésetrouvedansleCentreetle
sud), n’a, jusqu’à présent, pas élaboré un code pastoral qui pourra faciliter la tache du service concerné du CRDA
(il devra à ce moment être nommé par exemple « Arrondissement des Parcours ») pour bien gérer ces parcours
collectifs.Lesspéciicitésécologique,socialeethistoriquedelagestiondesparcourscollectifsparlespopulations
pastorales diffèrent énormément avec celles en relation avec le domaine forestier et les sociétés forestières.
le code forestier actuel charge l’administration forestière de gérer et de développer les parcours collectifs soumis
au régime forestier à travers l’élaboration des plans d’aménagement qui comprennent les règlements d’exploi-
tation et les plans de mise en défens. Des études ont montré que ni les usagers ni leurs représentants n’ont été
impliquésdanslechoixdessitesàaménageroudestechniquesdedéveloppementdesparcours.Cefaitsejustiie
par l’absence des conventions et des contrats établis entre l’etat et les organismes de base (conseils de gestion,
groupement de développement agricole) représentant les agro-pasteurs. D’ailleurs, les quelques plans d’aména-
gement réalisés, dans les parcours collectifs du Dhahar de Béni Khédache, qui se sont limités le plus souvent à des
mises en défens ont été suivis par la population concernée avec une certaine réticence.
L’administrationforestièreaveclesmoyenshumainsetinanciersdisponiblesactuellement,n’estpascapablede
gérer des grands espaces si-lointains comme Dhahar et el-ouara. Ceci exige son renforcement par des cadres
qualiiésetdesmoyensinanciersetuneimplicationplusactivedesusagersetdeleursreprésentantspourfaire
faceauxdéisdel’aménagementetdelagestiondesparcoursdéjàampliiésparlechangementclimatique.
vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique
138
7. orientationS StratégiqueS et meSureS D’aDaptation pour augmenter la réSilience De l’écoSyStème face au changement climatique
7.1.Propositiond’orientationsstratégiquesenvued’améliorerl’élaborationdesstratégies,desprogrammesetprojetsd’aménagementetdegestiondesécosystèmes
l’analyse de différentes stratégies et projets en relation avec l’amélioration et la gestion des parcours a mon-
trél’absenced’unestratégienationaleclaired’adaptationdesparcoursetdusecteurdel’élevagespéciiqueau
changement climatique. Dans ce qui suit nous développons un certain nombre d’orientations pouvant aider à
préserver les écosystèmes pastoraux du gouvernorat de Médenine et leurs biens et services face au changement
climatique à travers l’augmentation de leur résilience.
7.1.1. Sur le plan politique : Création d’une unité spéciique à la stratégie d’adaptation
l’augmentation de la résilience des écosystèmes pastoraux si vulnérables exigent de dépasser la gestion de crise
à court terme au moyen d’une stratégie d’adaptation aux risques liés au CC et d’intégrer l’adaptation au change-
ment climatique dans toutes les politiques et les programmes relatifs à leur gestion, existants ou à réaliser. les
plansd’actiondoiventêtresufisammentsouplespourpouvoiryintégrerl’améliorationdesconnaissancessur
les conséquences et les risques potentiels du CC. Ils doivent également accorder la priorité aux actions qui privi-
légientàlafoisl’atténuationetl’adaptation.L’intégrationgénéraledel’adaptationsigniieprobablementqueles
lois,lespolitiquesetlesprogrammesdoiventtousêtrerévisésvoiremodiiéspourtenircomptedel’adaptation
au changement climatique, au besoin. A titre d’exemple les textes et les décrets du code forestier ne semblent
pas dans plusieurs cas répondre aux particularités de la gestion des parcours collectifs dans le sud tunisien. la
création d’un code pastoral intégrant l’adaptation des écosystèmes pastoraux au changement climatique et orga-
nisant les modalités de leur gestion s’avère fondamentale.
le renforcement des aspects politiques et législatifs dépasse même le cas particulier des écosystèmes pastoraux
dans la mesure où l’intégration doit toucher toute la politique agricole et économique du pays. un comité natio-
nal ou une direction générale pourrait être créée au niveau du Ministère de l’Agriculture et de l’environnement
avec des antennes régionales pour pouvoir coordonner cette intégration. Quoique l’adaptation au changement
climatique dépasse largement le mandat d’un ministère en particulier. Il faut une stratégie d’adaptation et un
plan d’action national et l’appliquer à tous les paliers et dans toutes les instances du gouvernement.
7.1.2. Sur le plan social et institutionnel
• Ilseraitfondamentaldesoulignerquetoutepolitiqued’aménagementàappliquerauxécosystèmesdégradés,
doitprendrecommebasederélexionquelapopulationjugéedégradante,continuerad’ydemeurerlaforce
dominante autant dans les écosystèmes naturels que dans les agro-écosystèmes. les voies de restauration
doivent être choisies en concertation avec les usagers et les ayant droits et leurs représentants.
• L’implicationdesusagersdesparcoursdepuislaplaniicationjusqu’àlamiseenœuvreetlagestiondesespaces
objet d’une amélioration (appropriation et prise en charge des acquis) : la stratégie de mise en œuvre repose
sur l’utilisation de l’approche participative et intégrée permettant de durabiliser les acquis. l’expérience du
PRoDesuD (projet de développement Agro-pastoral et de promotion des initiatives locales pour le sud-est :
tataouine et la délégation de Douz/Kébili) est un modèle à suivre dans ce contexte. en effet ce projet repose
sur la participation de la communauté pastorale, l’implication des partenaires sociaux (conseils de gestion (Cg)
et gDA) et l’intégration des activités (élevage et autres activités pastorales).
• Renforcerlescapacitésdesinstitutionspubliquesetdedéveloppement(CRDA,OEP,…)etdesorganisationsde
base (Conseils de gestion, groupements de Développement Agricole) pour améliorer la gestion des parcours
naturelsetaugmenterleurrésiliencefaceauchangementclimatique;
vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique
139
• Développeretpromouvoirdestechniquesettechnologiesadéquatesenmatièred’aménagementetdegestion
des parcours par l’installation des aménagements Ces et la collecte des eaux de ruissellement pour préserver
la végétation naturelle et par conséquent accroître la résilience des sols et des ressources en eau contre les
effetsduchangementclimatique;
• Développerlescapacitésenvud’intégrerlespréoccupationsduchangementclimatiqueàlong-termedansles
pratiquesdurablesdegestiondepâturages;
• Ledéveloppementdescapacitésdespopulationsdépendantesdesressourceslocalesàvaloriserlesconnais-
sances et le savoir faire locaux pour développer des agro écosystèmes plus durables et résistants aux impacts
du changement climatique.
7.1.3. Sur le plan recherche scientiique
Promouvoir la recherchescientiique,gagede toutdéveloppement :Encourager les institutionsde recherche
et d’enseignement supérieur à appuyer les organismes de développement à travers la réalisation des analyses,
études et le développement de méthodes et d'instruments d’adaptation des écosystèmes au changement clima-
tique. Il s’agit d’entreprendre des travaux et des études ciblés pour répondre à certaines questions perturbant
l’utilisationdesressourcesetinluençantnégativementlaproductivitédesparcoursetdecherchersoitdesnou-
velles techniques (relatives à l’augmentation de la résilience des écosystèmes, sélection des espèces pastorales
plus adaptées au changement climatique) soit des techniques déjà existantes mais qui nécessitent d’être valori-
sées et adaptées au contexte (techniques appropriées de conservation des eaux et des sols, de collecte des eaux
deruissellement«waterharvesting»enmilieupastoral,…).
7.1.4. Sur le plan technique
• La mise en reposle concept de la mise en repos, proposé ici, est différent de ceux de la mise en défens et de la réserve fourragère
sur pieds, car il consiste en un mode de gestion basé sur une utilisation régulière des sites retenus (abstraction
faitedelanaturedel’année),celle-cialternantavecdespériodesderécupérationducouvertvégétaldefaçon
à aider à une remontée biologique de l’écosystème, tout en participant au soulagement d’autres sites soumis à
une forte pression d’utilisation. Cette technique permet d’assurer l’initiation d’une dynamique ascendante des
principaux types de parcours s’apprêtant à pratique et d’asseoir une discipline de gestion basée sur le principe de
la rotation ou du pâturage différé.
la réussite de cette pratique est fortement tributaire du choix du site à mettre en repos. Il faut que l’état de
dégradationn’aitpasatteintleseuild’irréversibilité.Laprésencedel’espèceclédevoûteetcertainesespèces
très appétées même à un niveau rare à très rare constitue un indicateur de la dynamique de l’écosystème et des
potentialités de régénération.
• Plantations d’arbustes fourragersl’échec de cette technique observé dans les parcours améliorés revient soit au mauvais chois du site de plantation
(sol très pauvre, milieu très sec) soit au choix des espèces arbustives dont les éxigences écologiques ne sont pas
satisfaites par les conditions locales du site de leur plantation. la plantation d’arbustes fourragers plus adaptés
aux conditions de la région comme Periploca angustifolia, Rhus tripartita, stipagrostis pungens et Retama raetam
même si elles permettent une production nettement inférieure par rapport aux espèces exotiques (Acacia sp.,
Cactus, Atriplex sp.) est un garant de la réussite de l’opération. Ces plantations doivent être établies dans les sites
recevant un supplément d’eau par ruissellement avec des systèmes appropriés de collecte d’eau pluviale.
• Resemis par réintroduction des espèces pastorales disparuesLeresemisestunetechniquerelativementcomplexequidemandeunitinérairetechniqueinpartantdelacol-
lectedessemencesetarrivantauxfaçonsculturalesspéciiquesàchaqueespèce.Deplusleresemisad’autres
vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique
140
objectifs de restauration de l’écosystème et de relance de la dynamique biologique qui peuvent ne pas concerner
l’usager actuel de l’espace. Cependant le grand succès qu’a connu cette technique dans le site d’el Mahmouda,
Dhahar de Douz dans le cadre du projet PRoDesuD constitue un appui pour l’appliquer dans les parcours de
Médenine où les conditions écologiques sont meilleures. les conditions d’utilisation de cette technique se réunis-
sent lorsque les parcours ont atteint un état de dégradation irréversible où les semenciers font défaut et lorsque
la restauration par une simple mise en repos n’est plus possible.
• Renforcement de l’infrastructurePour éviter la dégradation des parcours en raison du pâturage libre et continue avec une charge animale exces-
sive, il est fondamental de créer et de prendre des mesures accompagnatrices à l’instar de la création et l’entretien
des infrastructures à l’instar des points d’eau, des aires d’ombrages, des voies d’accès, des centres de services et
de la couverture sanitaire. seules ces mesures qui peuvent permettre la mobilité des troupeaux et de pratiquer un
modèle de gestion basé sur la rotation des pâturages.
• Valorisation des eaux de ruissellementParmilesmesuresconseilléesparlesinstancesscientiiquesettechniquespourl’augmentationdelarésilience
des écosystèmes vulnérables (à l’instar de ceux de l’alfa, du romarin et de l’armoise blanche dans les monts de
Béni Khédache) c’est la collecte des eaux de ruissellement qui peuvent alimenter la nappe et conduire à la remon-
tée biologique des espèces végétales lors des saisons exceptionnellement pluvieuses. la maîtrise et la valorisa-
tion, dans les parcours, d’une partie de ces eaux, en tant qu’action d’amélioration pastorale, pourraient constituer
une orientation pertinente du fait de sa contribution non négligeable à l’amélioration de l’offre fourragère.
7.2.Propositiondemesuresd’adaptationconcrètespouraugmenterlarésiliencedel’écosystèmefaceauchangementclimatique
Comme il été signalé auparavant, au niveau des parcours privés gérés par l’oeP, l’amélioration pastorale a donné
des résultats plus ou moins encourageants. en absence de problèmes institutionnels et fonciers, seules mesures
d’adaptation comportant les actions de développement qui restent valables pour ces types de parcours. les me-
sures d’adaptation concrètes relatives aux aspects institutionnels, fonciers et gestion sont orientées vers les par-
courscollectifsquisontlesplusimportantsaussibienauniveausupericiesqu’auniveaugestionetimportance
socioéconomique.
les mesures d’adaptions d’adaptation concrètes pour augmenter la résilience de l’écosystème face au change-
ment climatique proposées sont ci-dessous présentées.
7.2.1. Actions de développement
Ces actions concernent diverses interventions, inégalement réparties selon le territoire en fonction de la nature
desparcoursetdeleurspotentialitésetdeleurvulnérabilitéfaceauchangementclimatique.Ellessontconçues
pour faire la part des occurrences de sécheresse en modulant en conséquence les priorités d’actions et les aides
de sauvegarde du cheptel. elles comprennent des actions de mises en repos, de resemis des parcours, de planta-
tionsd’arbustesfourragersautochtonesquipeuventêtreappliquéessoitd’unefaçonuniquesoitintégréeselon
lavulnérabilitédesformationsvégétalesdugouvernoratdeMédenine(tableau5).Cesactionscomprennentéga-
lement le renforcement des infrastructures pastorales existantes et les propositions relatives à l’utilisation des
parcours.Cesinterventionsdoiventconstituerunseulpaquetdefaçonàcequecestechniquessoientcomplé-
mentaires ou substituables en fonction des conditions du milieu et des paramètres de gestion.
7.2.1.1. Mise en repos
Elledoitenprioritéêtreconduitedanslesmilieuxprésentantunecertainerésilienceaind’obtenirdesrésultats
rapides et concluants servant à améliorer l’offre fourragère. Dans la région d’étude, cette technique s’apprête à
vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique
141
être pratiquée dans toutes les formations végétales en particulier celles évaluées dans la première phase de la
présente étude comme étant les plus vulnérables à l’instar celles a base de Stipa tenacissima, Rosmarinus ofici-
nalis et Artemisia herba alba.
L’eficacitédecettetechniquepourraitêtrelargementamélioréelorsqu’elleestcouplée,selonlecasavecl’une
ou l’autre des opérations suivantes :
- lescariiagequiengendreeneffetl'améliorationdubilanhydriquedusolsuiteàladestructiondelapellicule
debattancecequifavoriseraitl'iniltrationdel’eauetprovoqueparvoiedeconséquencelaremontéebiolo-
giqueenaidantàl'enfouissementdesgrainesetenfacilitantlagermination.àsavoir.;
- les travaux de Ces: le rôle des ouvrages anti-erosifs consiste, entre autre, à protéger les pâturages contre l’éro-
sion hydrique (ruissellement) grâce à la construction de petits ouvrages pour arrêter les ravinements tels que
les banquettes, les cordons en pierres sèches et la consolidation des ravins par des seuils en pierres sèches et
en gabions.
A la troisième année, la parcelle mise en repos sera ouverte au pâturage une seule fois durant la saison de dor-
mancevégétativepourvaloriserlesUFcumuléesetproiterdel’impactanimal(enfouissementdessemences,
améliorationdel’iniltrationdeseauxdepluies,etc.).Ensuite,etàpartirdel’année4, laparcelleseraouverte
deux fois par an : la première, de courte durée mais à forte charge animale, aura lieu durant la saison de croissance
végétative(depréférenceaudébut);etlasecondededuréepluslongue(jusqu’àutilisationquasitotaledutapis
herbacé annuel) aura lieu pendant la période de dormance des principales espèces pastorales. la durée de cette
deuxième pâture et la charge animale dépendront de l’offre fourragère.
Tableau5.Techniquesderestaurationetréhabilitationdesécosystèmespastorauxpourl’augmentationdeleurrésilience
faceauchangementclimatique.
Parcouràbasede Miseenrepos Resemis Plantation
Rosmarinus oficinalis eviter la perturbation de ce type de parcours. ne mettre en repos que les faciès très dégradés par surexploitation et mettre ceux peu utilisés au pâturage contrôlé.
le resemis est techniquement déconseillé
les plantations sont à déconseiller, sauf dans le cas où des pieds mères de Periploca leavigata et de Rhus tripartitus pourraient être plantés et bien conduits danslestalwegsaveclamiseen place des petits ouvrages anti-érosifs.
Stipa tenacissima eviter la perturbation de ce type de parcours. ne mettre en repos que les faciès très dégradés par surexploitation et mettre ceux peu utilisés au pâturage contrôlé.
le resemis est techniquement déconseillé
les plantations sont à déconseiller, sauf dans le cas où des pieds mères de Periploca leavigata et de Rhus tripartitus pourraient être plantés et bien conduits danslestalwegsaveclamiseen place des petits ouvrages anti-érosifs.
Artemisia herba alba instaurer la mise en repos de deux ans qui est l’une des meilleures techniques pour développer et restaurer les différents faciès de dégradation de l’armoise blanche
le resemis doit d’abord commencer par les faciès les plus dégradés de l’armoise en utilisant la même espèce. Il serait préférable de rajouter salaola vermiculata, et stipa parvilora.Lessitesàressemerdoivent favoriser les glacis plats et les dépressions où le bilan d’eau est rendu favorable par les apports de ruissellement.
Atriplex nummularia convient bien aux sites dégradés se développant sur des solsencroûtésetpouvantrecevoir un surplus d’eau de ruissellement. Il faudra pour cefairedémantelerlacroûteavant de planter. D’autres espèces comme Periploca
leavigata et des Acacia épineux peuvent convenir.
vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique
142
Anthyllis henoniana la mise en repos doit concerner uniquement les sites où il y a un voile éolien et là où Stipa parvilora, Gymnocarpos decander et Helianthemum ssp sont rencontrées.
le ressemis direct doit être envisagé uniquement dans les sites les plus dégradés et là où le sol et les conditions hydriques sont favorables.
les plantations sont à déconseiller dans ce type de milieu.
Gypsophytes la mise en repos ne devra concerner que les endroits peuplés par Helianthemum
kahiricum et Lygeum spartum.
Il est inutile de semer les plantations sont à déconseiller
Rhantherium suaveolens les faciès incluant Stipa
parvilora, Stipa lagascaea, Plantago albicans,
Echiochilon fruticosum, Helianthemum lippii
sessililorum, répondent très rapidement et substantiellement aux mises en repos de deux années successives au maximum
les faciès ensablés conviennent au semis direct de plusieurs espèces de Rhanterium suaveolens,
Stipa lagascae, Stipagrostis
pungens. les faciès dégradés sur sol sablo-limoneux peuvent être semés par Salsola vermiculata,
Echiochilon fruticosum, Argyrolobium unilorum, etc.
C’est inutile comparée à l’eficacitésurtoutdelamiseen repos.
Psammophytes les mises en repos donnent des résultats substantiels dès la première saison, mais le rétablissement des milieux très détériorés nécessiterait des mises en repos plus prolongées ou du moins une utilisation très limitée dans le temps chaque année.
le resemis n’est pas indispensable car il y a un bon stock de graines dans le sol. le semis de différentes espèces pérennes est possible àconditiondeproiterdesannées pluvieuses pour installer des foyers de semenciers.
eviter les plantations
Haloxylon schmittianum les faciès se développant sur dessolsplusoumoinsixeset où Helianthemum lippii,
Helianthemum kahiricum,
Stipa parvilora, Aristida plumosa, etc. sont rencontrées même à faible densité conviennent aux mises en repos.
eviter le resmis eviter les plantations
Halophytes la mise en repos n’est pas conseillée.
les espèces existantes sont bien acclimatées et il n’y a pas besoin de resemer
eviter les plantations
7.2.1.2. Plantations d’arbustes fourragers autochtones
les plantations d’arbustes fourragers permettront écourter la période de soudure chronique, augmenter rapide-
mentledisponiblefourrager,stabiliserlesluctuationsinter-annuellesetstimulerladynamiquederégénération
naturelle. Ces plantations participeront à une atténuation de l’impact des années plutôt sèches et des mises en
repos, à la remontée biologique et à la réhabilitation des espèces pastorales herbacées.
les techniques de plantations sont connues des techniciens, mais l’on veillera à choisir les sites les plus favo-
rables. Pour le choix des espèces à planter, la priorité sera donnée aux espèces autochtones comme Periploca
laevigata (Halleb) et Rhus tripartita (Jderi) dans les fonds d’oueds, les dépressions et là où un appoint d’eau de
ruissellementpeutêtreobtenu;etLaegos raetam, Stipagrostis pungens, Calligonum sp., Genista saharaea, etc.
dans les zones ensablées.
7.2.1.3. Resemis
A l’instar du site el Mahmouda (Dhahar de Douz), le resemis sera établi sous forme d’îlots à l’intérieur de zones
favorables à la dissémination naturelle. les sites resemés correspondront ainsi à des foyers de contamination à
partir desquels les semences gagneront progressivement d’autres espaces. Pour ce faire, les sites à considérer
vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique
143
sont ceux où le sol est meuble et où existe un voile éolien plus ou moins mobile. Cette opération doit être effec-
tuée dans les sites mis en repos.
les techniques de semis varient selon les espèces considérées. Ainsi les plantes autochtones colonisant les mi-
lieux sableux, comme Retama raetam, Stipagrostis pungens, Calligonum comosum, Calligonum sp, doivent être
semées directement en favorisant les endroits où des reliques de ces espèces existent encore. Concernant les
ligneux bas comme Rhanterium suaveolens et Salsola vermiculata,latechniqueconsisteàscariierlesold’abord
puisàépandrelessemencessurlasurfacetravaillée;alorsquel’ondoitsemerd’abordpuisscariierlesolpour
des espèces comme Argyrolobium unilorum, Stipa lagascae, Plantago albicans, etc.
L’époquedesemissesitueentredébutseptembreetinnovembre,c’estàdiredurantlespluiesautomnaleset
lorsquelatempératuredusolestencoresufisammentélevéepourfavoriser lagermination.Lesquantitésde
semencesàl’havarientavecl’espèce(environ5à7kg/hadesemencespurespourArgyrolobium unilorum et
Plantago albicans).
7.2.1.4. Mesures d’accompagnement
un grand effort a été déployé par le CRDA de Médenine dans mise en place de l’infrastructure dans les grands
espaces pastoraux du gouvernorat. Il est nécessaire d’entretenir périodiquement les voies d’accès, les aires d’om-
brages et surtout les points d’eau. Des centres de services sont à créer. le renforcement de l’infrastructure est
en effet en étroite relation avec une meilleure mobilité des troupeaux. Il faut que les actions de développement
ci-dessus indiquées (mise en repos, resemis, plantations) ne soient pas une contrainte pour l’accès à cette infras-
tructure.
7.2.1.5. Mobilité des troupeaux et pâturage différé
une meilleure gestion des parcours implique la prise en compte des conditions climatiques dont en particulier les
luctuationspluviométriquesetleurinégalerépartitiondansl’espacepastoraletdansletemps.Lavariationintra
annuellepeutêtreconsidérable.Lesprécipitationsontlieunormalementenautomneetauprintemps;toutefois
cessaisonspeuventêtrecomplètementsèchesouhumides.Cesluctuationssontimprédictibles,cequiconstitue
un facteur d’insécurité permanente et de perturbation constante des systèmes de production. les points d’eau
conditionnent toute la stratégie de gestion des parcours. De plus les techniques de restaurations et de réhabili-
tation proposées ((mise en repos, resemis, plantations) visent principalement à côté de l’amélioration de l’état du
couvert végétal et sa résilience, l’introduction d’un mode de gestion fondé sur la rotation des parcours et sur le
pâturage différé. Cette technique repose sur le principe de faire admettre aux usagers de retarder le pâturage des
parcours de quelques semaines à la suite des premières pluies automnales pour garantir l’installation des jeunes
plantules et des nouvelles émergences..
Ce domaine est, par excellence, celui où les gDA peuvent tester et roder leurs mécanismes de fonctionnement et
exercer leur autorité morale sur leurs adhérents. Par conséquent, une longue concertation, à ce sujet, est indis-
pensable.Elledoitenoutre,êtrecontinueaind’apporterlesajustementsimposésenparticulierparlarépartition
spatio-temporelle de la pluviométrie et du calendrier d'exploitation des parcours aménagés.
7.2.2. Appui institutionnel et modalités de gestion
7.2.2.1. Le renforcement des capacités du CRDA de Médenine et la création d’une Unité spéciique d’adaptation au changement climatique
la principale institution opérant dans la zone du projet est le Commissariat Régional au Développement Agricole
(CRDA). C’est l’institution en charge du développement agricole dans le gouvernorat de Médenine, et intervient à
travers le programme national et le programme régional de développement. ses objectifs se focalisent autour de
l’amélioration des conditions de vie et de revenu de la population agricole, et de la mobilisation et la sauvegarde
des ressources naturelles.
vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique
144
le renforcement des capacités du CRDA de Médenine exige l’appui de son adaptation et de ses méthodes de tra-
vail aux exigences de l’approche participative et intégrée et de le renforcer par des moyens de travail additionnels
pour qu’il s’acquitte convenablement de ses nouvelles tâches et missions qui lui seront dévolues dans le cadre de
cette stratégie d’adaptation au changement climatique des parcours naturels. les types d’appuis concerneront
particulièrement les domaines de : (i) l’ajustement organisationnel du CRDA de Médenine à travers la mise en
place d’une unité pluridisciplinaire de gestion des ressources naturelles entre des parcours bien formée en ma-
tière de gestion des risques et l’adaptation au changement climatique. Cette unité pourrait être présider par le
chef d’Arrondissement des Forets et travaille en étroite collaboration avec les autres arrondissements y compris
ceux de Ces, de statistique et des affaires socioéconomiques, …, (ii) l’adaptation du système d’information du
CRDAaubesoindelastratégie(luiditédel’informationentrel’unitéetsespartenairestechniques),(iii)renfor-
cement du CRDA en matériel de travail et moyens humains, et (iv) formation du personnel technique y compris
y compris les membres de l’unité a créer et les partenaires qui ne relèvent pas du CRDA de Médenine (autorités,
services techniques et membres des organisations de base (gDA, Cg…) dans divers domaines en liaison avec les
exigences de la stratégie (adaptation au changement climatique, approche participative, gestion des ressources
collectives, …).
la nouvelle unité qui intervient au titre de représentant du CRDA à l’échelle régionale mais également de la Di-
rection générale d’adaptation au changement climatique à l’échelle nationale, est appelée à jouer pleinement la
carte du partenariat et de la participation en particulier avec ses principaux partenaires, les gDA et les Cg. Ceci
estd’autantplusnécessairequel’unitédevraitcéderlaplaceauGDAàmoyenetlongtermeetceaindegarantir
la durabilité des interventions réalisées dans le cadre de la stratégie d’augmentation de la résilience des écosys-
tèmes face au changement climatique. Ceci exige le soutien par l’unité de l’action du gDA et le considérer comme
un véritable partenaire et une structure porteuse de la stratégie.
7.2.2.2. Groupements de Développement Agricole (GDA)
les compétences des gDA selon la loi sont très larges:
• laprotectiondesressourcesnaturellesdupérimètredesoninterventionetlarationalisationdeleurutilisation;
• lasauvegarde,letraitementetlagardedesplantationsetdescultures;
• contribueràl'apurementdessituationsagraires;
• l'augmentationdelaproductivitédesexploitationsagricoles;
• ledéveloppementdessystèmesdeparcoursetdestechniquesd'élevage;
• l'accomplissementdetoutemissionvisantlerenforcementdel'intérêtcollectifetsesadhérents”.
L'adhésionauGDAsefaitd’unefaçonvolontaireetindividuelle.LesGDAnesontdoncpassenséreprésenterune
collectivité comme les conseils de gestion. Ils disposent cependant d'un territoire qui doit être connu mais dont
la délimitation n'est pas explicitement exigée. le décret sur les statuts-type précise que : “peuvent adhérer au
groupement tous les propriétaires, exploitants agricoles et pêcheurs de son périmètre d'intervention”.Iln'estdonc
pasnécessairequeceux-cisoientprésents.LesGDAsontdirigéspardesconseilsdegestioncomposésde3à6
membres. les pouvoirs du conseil d'administration sont assez étendus pour permettre une gestion souple des
gDA avec un recours limité aux assemblées générales. le conseil d'administration est renouvelé par tiers tous les
ans.
7.2.2.3. Les conseils de gestion
les conseils de gestion des terres collectives les plus impliques dans l’exécution d’une stratégie d’adaptation
des écosystèmes pastoraux du gouvernorat de Médenine face au changement climatique sont en nombre de 27.
Douze(12)appartiennentàladélégationdeBenguerdaneet16àladélégationdeBéniKhedache).
les activités des conseils de gestion se limitent à l'attribution, à titre privé, des terres collectives et à la défense
des parcours collectifs contre les empiètements extérieurs. leurs structures et leur organisation et aussi leurs
traditions ne les habilitent pas à jouer un rôle dynamique dans le développement. Par ailleurs, la législation les
concernant ne leur donne pas une grande latitude en matière d'activités de développement agricole et rural, no-
vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique
145
tammentpourcequiestdelagestioninancière.Cesconseilssontsoumisàunefortetutellequin’encouragepas
la responsabilité et l'initiative collectives. nonobstant ces limitations, on ne peut pas envisager l'aménagement et
la gestion des parcours collectifs dans le cadre des gDA sans recevoir l'aval des conseils de gestion. la solution la
plus adéquate consiste à inclure un représentant de chaque conseil dans le Bureau du gDA ou assurer le concours
de tous les conseils de gestion au conseil d’administration du groupement de développement pour garantir l’ad-
hésion de tous les usagers du parcours. Cette représentativité est souhaitable car le gDA sera nécessairement le
représentant de la population usagère des parcours et assurera les négociations et tout le travail participatif avec
l’unité de gestion de la stratégie d’adaptation. D’ailleurs, ceci permettra de créer une synergie entre les gDAs et
lesconseilsdegestionquiestdenatureàrésorberlesconlits,faciliterlamiseenœuvredupland’aménagement
et permettre la mise en place d’un schéma d’autogestion des parcours.
7.2.2.4. Modalités pratiques pour l’exécution des différentes composantes de la stratégie
LesGDAsetl’unitéspécialiséedelastratégied’adaptationauchangementclimatiquedéinissentconjointement
les solutions techniques et les modalités pratiques pour la mise en œuvre des différentes composantes de la
stratégie. Ce partenariat est basé sur les principes suivants :
- lediagnosticparticipatifdesbesoinsexprimés;
- lanégociationetlechoixdessolutions,deslieuxetdesactionsàentreprendre;
- ladéinitionconjointedesresponsabilitésspéciiquesdechacundesdeuxpartenaires;
- la cogestion et le suivi de la mise en œuvre.
• Rôle des GDAs
LerôledesGDAsconsisteà:1)contribueràladéinitiondesprioritésetduprogrammed’actionpluriannuel
etannueldelastratégie,2)validerlahiérarchisationdespriorités,3)déinirlesgroupesetleszonescibles,4)
contribueràladéinitiondesmodalitéspratiquespourlamiseenœuvredesactions,5)garantirlamobilisation
desagriculteursetdeséleveursconcernés,6)assurerl’encadrementdesagriculteursetéleveursengagésdans
une opération liée à cette stratégie, 7) prendre en charge la réalisation de certaines opérations de développement
dans le cadre de conventions établies avec l’administration conformément à la réglementation en vigueur (mar-
chédegréàgré),8)garantiràtermelapérennisationdesactionsentreprisesdanslecadredelastratégie.
Pour la réalisation de toutes ces taches, les gDA du Dhahar et d’el ouara seront amenés:
- à solliciter de la part des Conseils de gestion respectifs, qui ont juridiquement la responsabilité d’exploitation
des parcours de leurs zones, une sorte de délégation de pouvoir pour représenter les intérêts des ayants droit
pour la mise en œuvre de cette opération de développement.
- à trouver les modalités pratiques pour assurer une adhésion et une mobilisation des éleveurs pour la réalisa-
tion des objectifs de la strategie.
• Rôle de l’unité chargée de la mise en œuvre de la stratégie
Sonrôleconsisteà:1)contribueràladéinitiondesprioritésetduprogrammed’actionannueldelastrategie,
2)identiierdessolutionstechniquesappropriées,3)contribueràladéinitiondesmodalitéspratiquespourleur
miseenœuvre,4)garantiretsuivrelaréalisationmatériellesurterrain(enrégieouàl’entreprise),5)assurerl’ap-
puietl’encadrementtechniqueetinstitutionnelauxGDAs,6)faciliteràtermel’afirmationdelaresponsabilité
des gDAs dans la conduite des actions et l’organisation des éleveurs concernés.
LesystèmedepartenariatquiseramisenplaceentrelesGDAsetl’Unitebénéicierad’uneactiondefacilitation,
demodérationetd’appuiméthodologiquequiseraconiéeàuneéquipedespécialistesdanslecadredupro-
gramme d’accompagnement de recherche-développement.
Surleplanpratique,unprogrammed’actionpluriannueletunpland’opérationannueldelastratégiedéinissant
à la fois les activités à entreprendre, les moyens à mettre en œuvre et la contribution des différents partenaires,
seront élaborés conjointement par les deux partenaires.
vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique
146
7.2.3. Développement des compétences et formation
7.2.3.1. Formation du personnel technique du CRDA
(Unité chargée de la mise en œuvre de la stratégie)Dans le but de renforcer les capacités des différents services techniques du CRDA, aussi bien au niveau régional
que local, qui sont appelés à assurer l’encadrement nécessaire à la mise en œuvre et le suivi de la stratégie relative
a l’adaptation des parcours au changement climatique, deux types de formation sont envisagés pour le personnel
de ces services :
• Uneformationcomplémentaire:Cetypedeformationestdispensésousformedesessionsderecyclagequi
sont limitées dans le temps (une semaine) et qui s’adressent à des techniciens de base (techniciens supérieurs)
notamment les membres de l’unité. Ces sessions portent sur des thématiques ponctuelles qui sont en rapport
direct à la fois avec les objectifs de la stratégie (mesures d’adaptation concrètes pour augmenter la résilience
de l’écosystème face au changement climatique) et ses modalités de mise en œuvre.
• Uneformationdemiseàniveau:Ils’agitd’uneformationdemiseàniveauetdeperfectionnementquiviseà
doterleCRDAd’unpersonnelcompétentayantlesqualiicationsnécessairespourconcevoir,mettreenœuvre
et suivre des opérations de développement participatif a la lumière du changement climatique.
7.2.3.2. Formation des membres et du personnel des GDAs
Ilestfondamentald’assureruneformationspéciiquevisantledéveloppementdescapacitésdesresponsableset
des employés du gDA en matière de gestion et de conduite des actions de développement tout intégrant les nou-
veauxdéisimpliquésparlechangementclimatique.Ceprogrammeprévoitaussidesvisitesàdesstructuressimi-
laires dans certains gouvernorats du sud et du Centre du pays ayant acquis une certaine expérience en matière de
gestion participative du développement local. Cette formation portera sur les cinq principaux axes suivants : 1) le
fonctionnementduGDAetlesrelationsaveclesadhérents;2)lagestiondesressourcesnaturellesenmilieupas-
toralàlalumièreduchangementclimatique;3)laconduitedesopérationstechniquesprévuesparleprojet;4)les
relationsavecl’environnementadministratifetinstitutionnel;5)lesrelationsavecl’environnementéconomique.
7.2.4. Recherche scientiique
Commeilaétésignaléauparavantlarecherchescientiiqueestlagagedetoutdéveloppement.Lerôledelare-
cherche devient primordial pour appuyer les services techniques et les aider à trouver les meilleures solutions aux
problèmes quotidiens qu’ils rencontrent dans la gestion des parcours surtout avec les risques alarmants induits
par le changement climatique sur la vulnérabilité des écosystèmes pastoraux. Il est fondamental pour l’établisse-
ment de la stratégie d’adaptation au changement climatique, d’associer les institutions de recherche a l’instar de
l’IRA de Médenine et les considérer comme partenaires en raison de la nouveauté de la thématique et prévoir un
inancementsurlebudgetdelastratégiepourinancerlesactivitésderecherchedemandées.Lesthèmespriori-
taires avec lesquels la recherche doit commencer à aborder sont les suivants :
• thème1:Identiicationdesmodesdepâturagepermettantl’augmentationlarésiliencedesécosystèmespas-
torauxfaceauchangementclimatique;
• thème2:Identiicationetsélectiondesespècespastoralesautochtonesplusadaptéesauchangementclima-
tique;
• thème3: Amélioration pastorale par le développement des ouvrages anti-érosifs et des systèmes appropriés
de collecte des eaux pluviales.
vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique
147
8. concluSion
les principales conclusions qui peuvent être dégagées de cette étude montrent que les écosystèmes pastoraux du
gouvernorat de Médenine sont très fragilisés par la pression humaine et sont par conséquent en danger face au
changement climatique. Actuellement surexploités, ils seraient plus dégradés sous la même pression pastorale et
sous des conditions d’aridité plus forte. les conséquences directes iront de la chute de la production pastorale,
l’accentuationdudéicitdubilan fourrageretde l’appauvrissementenespècesdehautevaleurpastoralequi
s’avèrent les plus vulnérables aux effets combinés du changement climatique et du surpâturage. l’étude a permis
de mettre en évidence la présence de trois différentes classes d’écosystèmes pastoraux quant à leur vulnérabilité
au changement climatique :
- les écosystèmes des monts des Matmatas de la délégation de Béni Khédache (Stipa tenacissima, Rosmarinus
oficinalis et Artemisia herba alba) sont les fragiles et les plus vulnérables au changement climatique. les for-
mations à base d’Anthyllis henoniana et de gypsophytes, caractéristiques des sols caillouteux et gypseux ont
égalementprésentéunegrandevulnérabilité;
- les écosystèmes pastoraux à base de Rhanterium suaveolens et de psammophytes (Stipagrostis pungens et Re-
tama raetam),caractérisantlessolssablonneuxixesetmobilesrespectivement,sesontavérésmoyennement
vulnérables;
- étant relativement les moins perturbés et les plus adaptées aux conditions climatiques précaires, les parcours
à beguel (Haloxylon schmittianum) et ceux salés (à base d’halophytes) semblent être les plus moins vulnérables
au changement climatique en présentant une très faible vulnérabilité.
Malgré cette situation alarmante, tous les indicateurs montrent que les écosystèmes pastoraux du gouvernorat de
Médenine n’ont pas encore atteint le seuil d’irréversibilité et du non retour. les changements quantitatifs (super-
iciesdesclassesdevulnérabilité,lestauxderecouvrements,ladensitédesespècesindicatrices,…)etqualitatifs
(physionomie, structure, présence des espèces clefs de voute et palatables, …) ayant eu lieu sous l’effet combiné
du climat et de la mauvaise gestion, ne semblent pas profondément toucher la capacité de résilience de la plupart
de ces écosystèmes ce qui pourra leur permettre à revenir à un état antérieur proche à celui initialement existant
en cas où une gestion plus rationnelle des ressources pastorales sera pratiquée.
Ces parcours, surtout les plus vulnérables et gardant encore une certaine capacité de résilience nécessitent
par conséquent des aménagements et une régénération naturelle, mais également une gestion réglementée et
contrôlée permettant l’adéquation entre les besoins du cheptel et les disponibilités fourragères. le succès de ces
interventions exige forcément l’implication des acteurs locaux (usagers, gDAs, administration, …).
l’évaluation économique effectuée a été basée sur l’application de l’approche teeB et les données et les infor-
mations disponibles auprès des institutions de recherche notamment l’Institut des Régions Arides et les services
techniques compétents en particulier le CRDA de Médenine et l’oDs. evidemment le présent travail n’a pas la
prétention d’être complet, bien au contraire, c’est un travail pionnier certes mais qui est sensiblement perfectible.
Plusieurs biens et services très intéressants n’ont pas pu être pris en compte, en particulier la chasse, la valorisa-
tion du paysage, les activités de recréation traditionnelle comme les activités de tente et de randonnées déser-
tiques effectuées par des centaines de familles pendant les saisons clés surtout le printemps. les prélèvements de
bois de chauffe, le charbonnage n’ont pas été évalués également. D’autres biens n’ont été évalués que partielle-
ment comme les PAM, les dépenses de protection, les services culturelles (beaucoup de festivals n’ont pas pu être
prisencompte).Certainesévaluationsmonétairesnécessitentdesinvestigationsspéciiquesetl’applicationde
méthodes appropriées qui demandent des moyens importants en termes de temps et d’efforts, lesquels ne sont
pas disponibles dans le cadre de ce travail. les laboratoires de l’IRA pourront dans ce sens proposer et mettre en
œuvre des programmes de recherche/développement en partenariat avec les services et acteurs de développe-
ment notamment le CRDA, l’oDs, l’environnement, les ongs et les institutions locales.
vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique
148
Quant à la tentative d’évaluation de la valeur économique perdue des différents biens et services de l’écosystème
pastoralsousl’effetduCC,lesrésultatsontconirmél’hypothèsequeleCCaurauneffetnégatifsurlaVETde
l’écosystème, pastoral dans le gouvernorat de Médenine. Cet impact négatif se traduira par des pertes écono-
miquesd’autantplusimportantesàl’horizon2050.Lesservicesd’approvisionnementetderégulationsubiront
une dégradation continue de leur potentiel notamment pour les principales plantes aromatiques et médicinales.
Ces impacts auront sans doute des conséquences sensibles sur les revenus de la population et son bien être so-
cial, qui aura des effets négatifs sur les niveaux de pauvreté, l’emploi et la création des richesses pouvant affecter
le potentiel de développement économique et social aussi bien au niveau local que régional.
les résultats ont révélés également l’intérêt et la pertinence de l’action face à l’inaction dont les impacts pour-
raient être lourdement facturés à la société actuelle mais surtout aux générations futures. Par conséquent, la mise
enœuvredesstratégiesappropriéesd’adaptationàcourt,moyenetlongtermessejustiientamplement.Des
effortsd’afinementdecetypedetravauxetleurcouplageàdesactionsdeplaniicationetdemiseenœuvrede
stratégies d’adaptation et d’atténuation au CC s’imposent et deviennent plus qu’une nécessité. laquelle nécessité
imposeàlacommunauténationaleetinternationaled’agiretdemobiliserlesfondssufisantspourplaideren
faveur de l’action.
l’analyse de différentes stratégies et projets en relation avec l’amélioration et la gestion des parcours a mon-
trél’absenced’unestratégienationaleclaired’adaptationdesparcoursetdusecteurdel’élevagespéciiqueau
changement climatique et ce malgré les grands efforts déployés par le CRDA et l’oeP en matière de restauration
et réhabilitation des parcours et la mise en place une infrastructure pastorale (points d’eau, aires d’ombrage,
voies d’accès, …). les résultats de ces interventions n’ont pas été au niveau des attentes ni au niveau des moyens
inanciersdépensés.Cecienétroiterelationaveclescontraintesenvironnementales(conditionsédaphiqueset
climatiquestrèsdificiles)maissurtoutauxmodesdegestionadoptésetauxproblèmesfonciersetinstitutionnels
rencontrés particulièrement dans les parcours collectifs.
les orientations et la mise en place d’une stratégie d’augmentation de la résilience face au changement clima-
tiquedesécosystèmespastorauxqualiiésvulnérablesàtrèsvulnérablesnécessitentd’entreprendrelesmesures
suivantes :
le renforcement des aspects politiques et législatifs dépasse même le cas particulier des écosystèmes pastoraux
dans la mesure où l’intégration doit toucher toute la politique agricole et économique du pays. un comité natio-
nal ou une direction générale pourrait être créée au niveau du Ministère de l’Agriculture et de l’environnement
avec des antennes régionales pour pouvoir coordonner une intégration de l’adaptation au changement climatique
dans toutes les politiques et les programmes de gestion des ressources naturelles. les plans d’action doivent
êtresufisammentsouplespourpouvoiryintégrerl’améliorationdesconnaissancessurlesconséquencesetles
risques potentiels du CC. Par ailleurs les cadres relevant des services de développement y compris ceux des unités
chargées de la mise en œuvre cette activité et intégration nécessitent une mise à niveau de leurs connaissances à
travers des sessions de formation régulière.
vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique
149
l’application de toute politique d’aménagement à appliquer aux écosystèmes dégradés, doit prendre comme
basederélexionquelapopulationjugéedégradante,continuerad’ydemeurerlaforcedominanteetampliiepar
conséquent la vulnérabilité des écosystèmes au changement climatique. les voies de restauration doivent être
choisies en concertation avec les usagers et les ayant droits à travers les organisations de base qu’ils les repré-
sentent. Ces organisations (gDAs et Conseils de gestion) nécessitent une habilitation par selon un programme de
formation touchant tous les aspects de fonctionnement et de gestion des ressources naturelles à la lumière du
changement climatique. Ces organisations doivent être impliqués dans les différentes phases de la stratégie dès
la conception jusqu’à l’exécution.
les actions de développement sont celles utilisées par les organismes de développement mais qui exigent la réu-
nion des conditions de leur réussite aussi bien sur le plan technique que social. les formations végétales les plus
vulnérables devront avoir la priorité quant aux interventions.
Larecherchescientiiqueestlegagedetoutdéveloppement.Lanouvellestratégieexigedepromouvoirlare-
cherche scientiiqueet encourager les institutionsde rechercheà s’investirdans la recherchedes techniques
permettant d’augmenter la résilience des écosystèmes face au changement climatique (sélection des taxons plus
adaptés, modèles des pâturage, systèmes appropriés de collecte des eaux pluviales dans les parcours, …).
vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique
151
9. référenceS bibliographiqueS
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•Caractéristiqueséconomiquesdelapopulation;
•Caractéristiquesd’éducation;
•Projectiondelapopulation1995-2015.VolumeIII,niveaurégional.
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20. Boudy1950: guide du forestier en Afrique nord-Africain.
• L’écosystèmesubéraie• L’écosystèmealfatierdanslegouvernoratdeKasserine• L’écosystèmepastoraldanslegouvernoratdeMédenine
Rapportdesynthèse
Publiépar: Deutsche gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (gIZ) gmbHSiègedelasociété: Bonn et eschborn Bureau de Tunis B.P. 753, 1080 tunis-Cédex, tunisie t +216 71 967 220 F +216 71 967 227 www.giz.de/en/worldwide/326.html email: [email protected] Mandatépar: Ministère fédéral de la Coopération économique et le Développement et de la République Fédérale de l’Allemagne Institutionspartenaires: Ministère de l’Agriculture, Institut des Régions Arides, CRDA de Beja, Jendouba, Bizerte, Kasserine et Médenine
Équipedetravail: Ghazi Gader, Abdelmajid Jemai, Helmi Sabara, MaikePotthastetAliAbaab: gIZ AzaiezOuledBelgacem,MongiSghaier etMohamedOuessar: Institut des Régions Arides, Médenine AliAloui: Consultant en phytoécologie et aménagement des forêts KamelTounsi: Consultant en sIg et bases de données HamedDaly-Hassen: Consultant en économie forestière Miseàjour: Décembre 2014 Impression/Conception: Kréa - 1002 tunis
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