TSR Montage PDF - rts.ch · La justice et la TSR, par Dominique Warluzel page 74 ... Canal 18-25:...

43
A L B U M D E F A M I L L E 2004 1954

Transcript of TSR Montage PDF - rts.ch · La justice et la TSR, par Dominique Warluzel page 74 ... Canal 18-25:...

Page 1: TSR Montage PDF - rts.ch · La justice et la TSR, par Dominique Warluzel page 74 ... Canal 18-25: mes années de poudre, par Nathalie Nath page 230 Les variétés: souvenirs, ...

A L B U M D E F A M I L L E

20041954

Page 2: TSR Montage PDF - rts.ch · La justice et la TSR, par Dominique Warluzel page 74 ... Canal 18-25: mes années de poudre, par Nathalie Nath page 230 Les variétés: souvenirs, ...

SOMMAIRE

La TSR 2004 - 1954

Sommaire de l’Album de famille

Le livre édité en 2004, par la TSR, à l’occasion de son 50e anniversaire, Album de famille, remonte le cours du temps. En le feuilletant on commence par découvrir la TSR d’aujourd’hui et, page après page, on s’enfonce dans le passé avec les souvenirs et les images de ceux qui ont fait la TSR, jusqu’aux témoignages des pionniers de 1954. Un dernier chapitre, plus théorique, confronte opinions et points de vue d’hier et d’aujourd’hui sur les années glorieuses où la télévision a incarné la modernité.

L’Album de famille (337 pages illustrées par plus de 200 photos) est en vente à la boutique TSR, au prix de faveur de CHF 20.-. (20 Quai Ernest Ansermet, Case postale 234, 1211 Genève 8 – www.boutiquetsr.ch - tél.0848 828 818)

Sur tsr.ch vous pouvez consulter, outre le sommaire, de nombreuses pages et photos, pages signalées par le sigle

Le groupe SRG SSR idée suisse page 2

Préface page 3

Dessins humoristiques de Mix et Remix page 4

Le G8 à Genève (juin 2003) page 5

Alinghi à Genève (mars 2003) page 6

Photo des présentateurs (mai 2003) pages 7-8

L’administration, par Denis Bossy pages 9-10

Les années 1998-2004 pages11-12

Rendez-vous dans 50 ans, par Gilles Marchand pages13-14

L’évolution technique, par Claude Mex page 16

Ma TSR où je veux, quand je veux, par Bernard Rappaz page 18

2001: révolution au Téléjournal page 19

Donner le monde à voir, par Philippe Mottaz page 20

Les magazines, par Gilles Pache page 21

Mise au point page 22

Temps présent page 24

Grille des programmes TSR 1 – automne 2003 page 25

Toni, le bâtisseur de pont page 26

Les sitcoms, par Valérie Rusca pages 27-28

La fiction produite, par Philippe Berthet pages 29-30

Les jeunes réalisateurs de fiction page 31-32

Les arts plastiques à la TSR page 34

Talk-shows page 34

Les directeurs de programme de la SSR idée suisse page 35

La TSR a Expo 02, par Guillaume Chenevière page 36

Page 3: TSR Montage PDF - rts.ch · La justice et la TSR, par Dominique Warluzel page 74 ... Canal 18-25: mes années de poudre, par Nathalie Nath page 230 Les variétés: souvenirs, ...

SOMMAIRE

Zig zag Expo page 38

Nyon, août 2001: la fête fédérale de lutte suisse page 39

Qu’entend-t-on par idée suisse, par Armin Walpen page 40

La Fête des Vignerons 1999 page 41-42

La vache, emblème national page 43-44

Ceux qui font Genève en 1999, par Serge Bimpage page 45

La dynastie des Piccard page 46

Cinquante ans de sport à la TSR, par Boris Acquadro page 48

Les retransmissions sportives pages 49-50

Photo des cameramen-live pages 51-52

Photo de Boris Acquadro et David Rihs page 53

Photo de Jean-Philippe Rapp et Iris Jimenez page 54

Grille des programmes TSR 2 du 25 nov. au 1er déc. 2000 page 55-56

TSR 2, par Raymond Vouillamoz page 57

Lancement de TSR 2 en septembre 1997 page 58

Les années 1994-1997 pages 59-60

Portrait de Marie-Thérèse Porchet, par Pierre Naftule page 61-62

Les audiences page 63-64

Photo de 70 collaborateurs de l’actualité régionale page 65-66

La série Souvenirs d’enfance en Valais page 68

Droit de cité, par Eliane Ballif page 69-70

Zig zag café, par Jean-Philippe Rapp page 72

La justice et la TSR, par Dominique Warluzel page 74

Top models page 76

Ça colle et c’est piquant, avec Maïtena Biraben à la TSR page 77-78

La revue du 40e anniversaire page 79-80

La fresque de Poussin en 1994 page 82

Les Babibouchettes page 83-84

Les programmes des années 1990, par Raymond Vouillamoz page 86

Grille des programmes TSR1 du 26 nov. au 2 déc. 1994 page 87-90

Le livre d’or de Temps présent page 90

Les années 1984-1993 pages 93-94

Passe-moi les jumelles, par Benoît Aymon pages 95-98

La dernière de Spécial cinéma pages 99-100

Page 4: TSR Montage PDF - rts.ch · La justice et la TSR, par Dominique Warluzel page 74 ... Canal 18-25: mes années de poudre, par Nathalie Nath page 230 Les variétés: souvenirs, ...

SOMMAIRE

Alain Delon page 102

La belle époque de Spécial cinéma page 104

Les adaptations de romans de Georges Simenon page 105

Photo de tournage de Quartier nègre page 106

Jean-Pascal Delamuraz à Temps présent et au TJ (1992) page 107

Trois regards sur Michel Soutter page 108

L’improbable naissance de TSR 2, par Guillaume Chenevière page 110

Derrick et les séries américaines page 111

Soirée de gala à la Rose d’Or de Montreux page 112

Le maquillage pages 113-114

Le sport, casse-tête des programmateurs pages 115-116

Les coups de cœur d’Alain Morisod pages 117-118

Le fond de la corbeille page 120

La TSR vue par Raoul Riesen (1994) page 121

La série Carnotzet page 122

Photos de Véronique Genest, Yvan Butler et de 4 cameramen page 123

Tournage au pied du mur de Berlin (1988) page 124

Mes tournages à la TSR, par José Giovanni page 125

Photo de José Giovanni page 126

La série Dernières nouvelles de notre passé page 127

Jean Dumur, par Frédéric Dard page 128

Carabine FM, par Lolita pages 129-130

Photo de Jean-Charles Simon page 132

Photo de Patrick Allenbach et Yves Ménéstrier page 134

Photo de l’équipe Echo page 136

Photo de tournage de Visa pour nulle part page 138

TV5, par Jean-Claude Chanel page 139

Les programmes des années 1980, par Guillaume Chenevière page 140

Grille des programmes TSR 1, du 10 nov. au 16 nov. 1964 pages141-144

Au cœur du racisme, par Yvan Dalain page 145

20 ans de Festival de Cannes, par Christian Defaye page 146

Les années 1974-1983 pages 147-148

Ceux qui font laTV en 1975-1980, par Catherine Unger pages 149-151

Les rendez-vous de la météo page 152

Page 5: TSR Montage PDF - rts.ch · La justice et la TSR, par Dominique Warluzel page 74 ... Canal 18-25: mes années de poudre, par Nathalie Nath page 230 Les variétés: souvenirs, ...

SOMMAIRE

Viva et Téléscope, par Catherine Noyer page 154

Les Jivaros, par Simone Mohr pages 155-156

A bon entendeur pages 157-158

Mérette, un téléfilm de Jean-Jacques Lagrange, par Florence Heiniger page 159-160

Le ciel et le feu page 161

Ce fleuve qui nous charrie page 162

Photo du cuisinier Jacques Montandon page 163

Ceux qui font Genève (1977-1988), par Michel Baettig page 164

La caravane, fiction tournée en ENG page 165

Un souvenir de Renato Burgy page 166

Le Téléjournal de Zurich à Genève, par Gaston Nicole page 167-168

Destins avec Michel Simon et Henry Kissinger (photos) pages 169-170

La course autour du monde, par Jacques Huwiler pages 171-172

Photo de Georges Hardy page 173

Les émissions de Henri Guillemin page 174

Photo de tournage de L’Eolienne (1875) de Michel Soutter pages 175-176

La carrière de Eric Lehmann (photos) page 177

Une note à l’administration, par Jean Dumur (1977) page 178

Niclas Bouvier (photo) page 181

Georges Kleinmann à Jeux sans frontières (photo) page 182

Les oiseaux de nuit pages 183-184

Johnny Hallyday à Bochuz page 186

Jerry Lewis à la Rose d’Or 1976 page 187

Souvenirs de Claude Torracinta page 188

25 x la Suisse page 189

Les programmes des années 1970, par Alexandre Burger page 190

Grille des programmes TSR du 30 nov. au 6 déc. 1974 pages 191-194

Les années 1964-1973 pages 195-196

Photo de l’équipe des Sports en 1970 page 197

Football sous la loupe, par Jean-Jacques Tillmann page 198

Photo de tournage en 1969, de l’équipe du Car 1 pages 199-200

Les dramatiques des années 1970 pages 201-202

L’âge d’or des dramatiques, par Maurice Huelin page 204

Photos de tournage de dramatiques pages 205-208

Page 6: TSR Montage PDF - rts.ch · La justice et la TSR, par Dominique Warluzel page 74 ... Canal 18-25: mes années de poudre, par Nathalie Nath page 230 Les variétés: souvenirs, ...

SOMMAIRE

Le cinéma suisse romand, par Freddy Buache page 209

Charles mort ou vif (photo de tournage) page 210

Les programmes des années 1960, par René Schenker page 212

Grille des programmes TSR du 6 déc. Au 12 déc.1964 pages 213-216

Photos des années 1970 pages 217-218

Les cadres en séminaire en 1970 pages 219-220

La construction de la Tour, par René Schenker pages 221-222

Photo de la grève d‘octobre 1971 pages 223-224

Critique de la grille des programmes de 1971, par

Jean-Jacques Lagrange et Claude Goretta page 225

Grève à la TV romande: la une de la Tribune de Genève (7.10.1971) page 226

Le procès des licenciés de la TV, par Dominique Poncet page 228

Peut-on recouvrir de silence l’histoire ?, par Marlène Belilos page 229

Canal 18-25: mes années de poudre, par Nathalie Nath page 230

Les variétés: souvenirs, de Pierre Matteuzzi pages 231-232

Le Festival du Jazz de Montreux, par Claude Nobs page 233

Jean-Louis Roy reçoit la Rose d’Or en 1964 (photo) page 234

Rudolph Menthonnex, Guy Ackermann et Pierre Barde en tournage

(photo) page 235

L’image est d’abord un regard, par André Gazut page 236

La dernière campagne de Robert Kennedy (1968) page 237-238

François Enderlin à Haïti (1968) page 240

L’antagonisme presse –télévision dans les années 1970,

par Jean Dumur page 241

Des invités de marque pour Pierre-Pascal Rossi page 242

Le pape Paul VI à Genève (1969) page 243

Photo choquante? au Togo en 1964 page 244

Les speakerines de 1965 et 1994 (photos) page 245

1er octobre 1968: la couleur page 246

Des dramatiques érotiques? (1966) page 247

Christian Liardet et Nathalie Nath (photo) page 248

Vivre ici (photo de tournage) pages 249-250

Ramuz adapté pour la télévision (photos) pages 251-252

Telvetia: une aventure exceptionnelle, par Michel Canello pages 253-254

Page 7: TSR Montage PDF - rts.ch · La justice et la TSR, par Dominique Warluzel page 74 ... Canal 18-25: mes années de poudre, par Nathalie Nath page 230 Les variétés: souvenirs, ...

SOMMAIRE

L’équipe de football de la TSR en 1967 pages 255-256

Interneige (photo) pages 257-258

L’ascension du Cervin en direct, le 14 juillet 1965 (photos) pages 259-260

Bilan de l’année télévisée 1965, par Anne Cendre (TdG) page 261

Le TJ à Zurich, par Grançois Gross page 262

La TSR, d’Expo 64 à Expo 02, par Jean-Jacques Demartines pages 263-264

42% du personnel est féminin (photos) pages 265-266

Horizons campagnards, par Georges Hardy page 267

Georges Pompidou reçu par Claude Torracinta et Jean Dumur page 268

Table ouverte (photos) page 269

De Carrefour à Un jour une heure page 270

Les cars de reportage page 271-272

Continents sans visa à Ceylan (1965) (photo) page 273

Le monteur, premier spectateur (photo de l’équipe Continents

sans visa) page 274

Moment de détente à Tahiti (1966) (photo) page 276

Les années 1955-1963 pages 277-278

Reportages en Chine (photos) page 279

Continents sans visa, par François Bardet page 280

Continents sans visa au Yémen et à Cuba (photos) page 281

Jean-Pierre Goretta et Joseph Kessel (photo) page 282

L’épaule fragile, par Francis Reusser pages 283-284

De la Coutant au retour au pays, par Nicolas Bouvier (1979) page 285

Jean Cocteau et Maurice Huelin (photo) page 286

Quatre doigts et le pouce (photos) pages 287-288

Les actualités sportives (photos 1959) page 289

Echec et mat (photo 1958) page 290

Arlette, première speakerine (1954) page 292

Ernest Ansermet et René Schenker (photo) pages 293-294

L’eurovision: l’intuition d’un vaudois, par Nicolas Bouvier (1979) page 295

La valse des premières années, par René Schenker page 296

Grille des programmes TSR du 5 déc. au 12 déc. 1954 pages 297-298

Photos des débuts page 300

La 2 CV de la TSR (photo) page 301-302

Page 8: TSR Montage PDF - rts.ch · La justice et la TSR, par Dominique Warluzel page 74 ... Canal 18-25: mes années de poudre, par Nathalie Nath page 230 Les variétés: souvenirs, ...

SOMMAIRE

Anne Cunéo, Ferdy Kübler et Bertrand Duboux (photo) page 304

Les années 1454-1954 pages 305-306

La TV de l’an 2000 imaginée en 1964, par René Schenker page 307

Un conseil de Guillaume Chenevière page 308

Au nom des réalisateurs d’aujourd’hui, par Romain Guélat page 309

Au nom des réalisateurs d’hier, par Jean-Jacques Lagrange page 310

Des pionniers à l’entreprise, par Jean-Bernard Muench page 311

Pour ou contre la télévision en Suisse, par Marcel Bezençon (1964) page 312

Charte d’éthique professionnelle page 313

Le point de vue du médiateur, par Emmanuel Schmutz page 314

La télévision vue en 1951, par René Dovaz page 315

Les défis qui attendent la TSR, par Claude Monnier page 316

Sociologisons… à coups de marteau!, par Bernard Crettaz pages 317-318

Réflexions d’un ancien grand reporter, par Pierre-Pascal Rossi pages 319-320

La TSR et le cinéma page 323

Une lettre de Jean-Luc Godard page 324

L’histoire de la TSR, par Jean-Jacques Lagrange pages 326-333

Ça, c’est de la télé page 334

Le logo de la TSR à bord de la navette Columbia (1996) pages 335-336

Joyeux anniversaire, par Mix et Remix page 337

Générique page 338

Page 9: TSR Montage PDF - rts.ch · La justice et la TSR, par Dominique Warluzel page 74 ... Canal 18-25: mes années de poudre, par Nathalie Nath page 230 Les variétés: souvenirs, ...

SOMMAIRE

2

La TSR diffuse sur ses deux canaux plus de 17 000 heures de programme par année, dont 3000 heures inédites conçues, fabriquées, administrées par ses 1000 collaborateurs.Reportages et tournages en Suisse et à l’étranger et dans une dizaine de studios à Genève, du plus petit (68 m2) au plus grand (900 m2). Des centres de production régionaux sont aussi en activité sept jours sur sept à Lausanne, Fribourg, Neuchâtel, Moutier et Sion, ainsi que plusieurs cars de reportage.

La TSR fait partie de la Holding SRG SSR idée suisse qui englobe sept chaînes de télévision, dix-huit stations de radio dans les quatre langues nationales et des sites Internet dans dix langues.Les programmes de SSR idée suisse sont diffusés par voie hertzienne, câble, satellite et numérique terrestre. Les premières chaînes de télévision et radio SSR idée suisse sont toutes leaders sur leur marché, bien qu’elles affrontent dans leur propre langue une concurrence énorme.

Avec 5500 collaborateurs et un budget annuel de plus de 1,5 milliard de francs (1 milliard d’euros), le groupe SSR idée suisse est une société de service public sans but lucratif et à financement mixte (redevance 75 %, publicité 25 %). Les activités de SSR idée suisse reposent sur une concession octroyée par le gouvernement et sur les lois qui garantissent l’indépendance et l’autonomie dans la conception des programmes. Des conseils d’administration institutionnels nationaux et régionaux coiffent l’organisation professionnelle.

Prélevées au niveau national, la redevance et la publicité permettent de financer les programmes dans les trois régions linguistiques, selon une clé de répartition qui fait appel à la solidarité confédérale et dont les minorités francophone (1,6 million d’habitants) et italophone (400 000 habitants) sont bénéficiaires grâce aux ressources supérieures de la majorité aléma-nique (5 millions d’habitants). Cette péréquation financière indique claire-ment que l’existence de la TSR repose sur une volonté politique basée sur les principes du fédéralisme, clé de voûte de la Suisse.

Plus de 1000 collaborateurs

Les sept chaînes de la SSR idée suisse

Une concession gouvernementale

Une volonté politique

Photos SSR idée suisse

Page 10: TSR Montage PDF - rts.ch · La justice et la TSR, par Dominique Warluzel page 74 ... Canal 18-25: mes années de poudre, par Nathalie Nath page 230 Les variétés: souvenirs, ...

SOMMAIRE SOMMAIRE

1211

Spectaculaire développement des rédactions régionales TSR à Sion, Moutier, Neuchâtel, Lausanne, Fribourg et Genève.

Retour triomphal d’Alain Morisod, avec Les coups de cœur, présentés par Lolita Morena et Jean-Marc Richard.

10 000 téléspectateurs, assis dans l’herbe estivale du parc des Eaux-Vives à Genève, applaudissent sur grand écran, en direct du Théâtre des Forces Motrices, l’opéra Butterfly de Puccini produit par la TSR et ARTE.

Le vol SR111, New York---Genève, s’écrase au large des côtes canadiennes-: 229 morts.

Le TJ soir consacré à la réussite, par Bertrand Piccard et Brian Jones, du premier Tour du monde en ballon dépasse, pour la 2e fois depuis 1992, le cap des 500 000 téléspectateurs (le 19:30 du 1er-juin 2003 – le G8 à Evian – a frôlé lui aussi les 500 000 téléspectateurs).

La Fête des Vignerons, mise en scène par François Rochaix est réalisée, pour la Télévision, par Michel Dami.

Armin Walpen, directeur général, dote la SSR d’une nouvelle identité visuelle et d’une nouvelle raison sociale: SRG SSR idée suisse, « l’idée suisse » devenant la marque de qualité du service public SSR.

Ruth Dreifuss, première femme à accéder à la présidence de la Confédération.

Avalanches meurtrières à Evolène-: 12 morts.

Emission spéciale du Fond de la corbeille, en hommage à Raoul Riesen, décédé.

La série Sauvetage, avec Pascale Rocard, coproduite avec France 2, fait l’unanimité en Suisse romande. La version reportage, Secours en montagne, en 2001, aussi.

Diffusé dans Box office, le film français Le dîner de cons avec Thierry Lhermitte, Jacques Villeret, rejoint le record d’audien-ce de Sister Act, avec Whoopi Goldberg en 1995 (430 000 téléspectateurs).

Création du site internet tsr.ch.

1998

1999

2000

Gilles Marchand, directeur de Ringier Romandie, est nommé directeur de la TSR, en remplacement de Guillaume Chenevière, parti à la retraite. André Crettenand succède à Philippe Mottaz comme rédacteur en chef de l’actualité.

Les nouveaux programmes dits de « télé réalité » débarquent sur les chaînes françaises, Loft Story en tête.

L’attentat du 11 septembre, commenté en direct par Xavier Colin, coïncide avec l’en-trée dans l’ère du numérique des studios de l’actualité à la TSR.

Qui aurait imaginé l’inimaginable, la dispa-rition de Swissair, premier sponsor de la TSR au temps de Continents sans visa ! Incurie des dirigeants ou signe du déclin industriel de la Suisse ?

Le 23:15 dynamisé par David Rihs ne vivra qu’une année, victime d’impérieuses économies.

Les contrats d’achats de programmes avec l’Europe se calculent désormais en euros.

Pour couvrir Expo.02, un bateau baptisé Idée suisse, zigzague sur les trois lacs pen-dant près de six mois, avec Jean-Philippe Rapp comme capitaine. Plus de 250 colla-borateurs, avec à leur tête Jean-Claude Chanel, Michel Cugno, Roland Fischer, Angelo Procchio, Julian Nicole-Kay, Patrice Morel, Raymond Vouillamoz et tant d’autres, maîtrisent les techniques les plus récentes et les plus sophistiquées pour retrans-mettre le spectacle d’ouverture controversé d’Expo.02, de François Rochaix. 811 000 téléspectateurs l’ont suivi, sur TSR 1 et TSR2, SF DRS et TSI, d’un bout à l’autre et un million l’ont regardé en partie.

M6 ouvre des fenêtres publicitaires en Suisse.

Pour des raisons financières SSR idée suisse renonce à la retransmission de la Coupe du Monde de Football, au Japon et en Corée. L’audience de la TSR s’en ressent.

Le 22:30 sport et info, sur TSR 2, complète dorénavant l’offre d’actualités quotidiennes des éditions de 12:45, 19:00 et 19:30.

2001

2002

2004

2003

1998-2004CE N’EST QU’UN DÉBUT

Une direction collégiale

Tsr.ch

Le site Internet de la TSR (tsr.ch) a été créé en 2000 et il s’étoffe régulièrement avec la possibilité de visionner les émissions de la TSR.

Gilles Marchand, directeur de la TSR, a nommé en 2003, pour succéder à Raymond Vouillamoz, une direction col-légiale des programmes avec, de gauche à droite, Yves Ménéstrier pour la programmation, Gilles Marchand, Chantal Bernheim pour Spectacle et Société et Gilles Pache pour l’Information.

Photo Philippe Christin/TSR

Succès de la nouvelle émission Classe éco, pilotée par Dominique Huppi, Béatrice Jéquier et Wilfred Rebetez, réalisateur.

Succès aussi de Territoires 21, nouvelle émission scientifique de Roland Goerg et Gérard Louvin, présentée par Tanya Chytil et Phil Mundwiller.

Le site tsr.ch s’étoffe et progressivement dif-fuse les émissions de la TSR.

Décès d’Alain Bloch, réalisateur et produc-teur à la TSR, avant qu’il ne dirige, dès 1995, la fiction de France 3.

Le peuple suisse adhère à l’ONU.

Plus de pause estivale pour le 19:00 des régions et création d’un magazine régional hebdomadaire.

100 000 Suisses romands ont suivi sur la TSR, au milieu de la nuit, la 5e régate gagnante. Alinghi ramène en Europe, après 152 ans, La Coupe de l’America.

Les événements à Genève et Lausanne liés à la tenue du G8 à Evian suscitent un inté-rêt majeur des téléspectateurs.

L’émission de Jean-Luc Koenig, Stéphane Matteuzzi et Jean-Philippe Rapp célébrant le 200e anniversaire de la dynastie Knie provoque l’enthousiasme des téléspectateurs.

Le Mayen 1903, produit par Béatrice Barton, évoque pendant 10 semaines la vie bucolique, mais pas idyllique des paysans de montagne d’il y a un siècle. Record d’audience pour une série.

Sept téléspectateurs sur 10 ont suivi en direct l’élection de C. Blocher (UDC) au Conseil fédéral, au détriment de R. Metzler (PDC) non-réélue.

1500 programmes de télévision sont diffu-sés dans le monde par satellite.

1er novembre. La TSR fête ses 50 ans, et ce n’est qu’un début.

Page 11: TSR Montage PDF - rts.ch · La justice et la TSR, par Dominique Warluzel page 74 ... Canal 18-25: mes années de poudre, par Nathalie Nath page 230 Les variétés: souvenirs, ...

SOMMAIRE SOMMAIRE

14

’est une évidence rarement démentie depuis un demi-siècle-: la TSR incarne la Suisse romande, dans toute sa richesse, sa complexité et ses para-doxes !Voilà une chaîne qui s’adresse à moins de 2 millions d’habitants, et qui arrive à proposer une grille généraliste, à offrir de l’information, de la fiction et du divertissement-! Comment cette si petite chaîne – à l’échelle européenne en tout cas – arrive-t-elle à garder un outil de production inté-gré complet ? Pourquoi la TSR est-elle aussi connue et respectée que France Télévision, TF1, Radio Canada ou la RTBF, sur les marchés audio-visuels internationaux ?Le fait est que, depuis 50 ans, la TSR accompa-gne, parfois précède, la société romande. Une société plurielle, où coexistent des appartenances cantonales, bien sûr, mais qui aujourd’hui intègre aussi de nombreuses autres cultures. Un mélange remarquablement pacifique, qui donne toute la saveur de cette région francophone, mais qui en complique singulièrement la lisibilité.L’identité romande est ainsi complexe, multiple, difficile à rassembler autour de quelques bannières.

Une relation invisible, sans cesserenouveléeCette complexité se retrouve dans la subtile alchi-mie qui préside à la confection de la grille des programmes de la TSR. Une grille plurielle, faite de contenus très variés. Une grille généraliste qui doit intéresser un public multiple, fasciné par les programmes des chaînes françaises, mais qui tient à se retrouver, presque à se compter, sur sa chaîne romande. La barre est ainsi placée très haut. La complexité de l’identité romande ne per-met pas à la TSR de surfer sur quelques sentiments partagés par tous. Et le public romand compare sa télévision aux offres des puissantes chaînes françaises, TF1 en tête.Pourtant, depuis 50 ans, la TSR occupe une place particulière dans le cœur des Romands. Depuis 50 ans, avec quelques infidélités bien normales et quelques coups de gueule mémorables, les Romands aiment et soutiennent leur télévision. Il y a donc bien une relation particulière, invisible, sans cesse renouvelée. C’est cette complicité

tacite qui est au cœur de tout. Et c’est sans aucun doute dans sa capacité à la maintenir que la TSR construira son avenir. Quels en sont donc les pré-mices ?

Plus les Romands sont gâtés… plus TSR doit se professionnaliser !Le public romand est gâté. Très gâté même, avec une offre médiatique hors du commun. La presse écrite romande, très nombreuse et diversifiée, est de grande qualité. Les radios sont omniprésentes, chacun pouvant aisément trouver sa station préfé-rée. Le pouvoir d’achat moyen permet au plus grand nombre de se jeter dans les délices de l’in-teractivité, Internet et téléphonie mobile en tête.Quant à la télévision, l’offre est quasiment infinie, compte tenu du taux de couverture du câble, de l’avènement du satellite et du maintien de la distri-bution hertzienne.La compétition est donc sans pitié, les chaînes françaises sont reçues dans toute la Suisse romande et plus de 60 % de la consommation télévisuelle en Suisse se porte sur des chaînes étrangères. Au-delà de la lutte concurrentielle, cette situation, inédite en Europe, témoigne de la lourde responsabilité qui pèse sur la TSR.Car si personne ne peut revendiquer le monopole de l’identité régionale, l’affaissement, ou pire, la disparition d’un audiovisuel romand, aurait des conséquences sans doute catastrophiques pour la société romande : de Delémont à Genève en pas-sant par Vers-chez-les-Blanc, Martigny, Fribourg, Moutier, La Neuveville ou La Chaux-de-Fonds… La TSR est ainsi condamnée au succès, dans un envi-ronnement pour le moins mouvant.La distribution est devenue un argument straté-gique décisif. Elle sera accompagnée par des ser-vices additionnels à la télévision, sur différents écrans, et un développement des technologies interactives favorisé par les nouvelles générations de téléviseurs (mobiles, équipés de disques durs de stockage, etc…).Les conditions de production ont également changé. L’explosion du nombre de chaînes a entraîné le développement d’un marché de pro-ductions indépendantes, particulièrement en France. Ce nouveau marché impose une sévère

13

RENDEZ-VOUS DANS 50 ANS !

*Gilles Marchand, né en 1962, titulaire d’une licence en sociologie de l’Université de Genève, est à la tête de la TSR depuis mars-2001. Auparavant,

il était directeur, dès 1998, du groupe de presse Ringier Romandie, qu’il avait rejoint en 1993.

révision des standards et des coûts de production. Parallèlement, l’évolution technologique – la numé-risation – demande une adaptation assez fonda-mentale de l’outil de production dans les chaînes qui, comme la TSR, maintiennent un outil interne.Les années 2000 ont aussi montré l’importance de la publicité. Elle pèse lourd et est incontournable dans le financement des télévisions, y compris du service public. Et la globalisation des marchés a des effets «-collatéraux-» dangereux et pervers, comme l’ouverture, par les chaînes de télévisions étrangères, de fenêtres publicitaires en Suisse. Tels des prédateurs modernes, ces fenêtres boulever-sent les conditions-cadres d’un marché en y ponc-tionnant sans vergogne sa richesse.Enfin, les droits de diffusion des programmes (fic-tion et sport en particulier) connaissent actuelle-ment une inflation dont nul ne peut prévoir aujour-d’hui l’évolution.

Efficacité et système DDans ce contexte, la TSR n’a d’autre issue que de se professionnaliser, dans ses structures comme dans son fonctionnement.Cette exigence absolument indispensable devra pourtant se réaliser sans casser une culture d’en-treprise quasi familiale où la polyvalence et le «-système D-» sont élevés au rang d’œuvre d’art et sans lesquels, il faut bien le dire, la TSR ne serait pas ce qu’elle est.Résoudre ce paradoxe n’est pas le moindre des défis qui attendent la TSR ces prochaines années.Mais là n’est pas l’essentiel.Le professionnalisme n’est qu’un prérequis. Il n’a de sens que s’il sert un projet, une ambition. Le mariage durable de la TSR avec la Suisse romande – leur futur en commun – est à ce prix.C’est dire si l’exercice prévisionnel est difficile ! Essayons pourtant d’en dessiner quelques pistes.

La TSR est une télévision… suisse !Il y a en Suisse romande une sorte de modernisme décontracté qui semble s’installer, faisant sauter

quelques bonnes vieilles certitudes. Ce moder-nisme se traduit par une complète ouverture au monde – et donc au reste de la Suisse-! – mais ne signifie pas un rejet de l’ancrage local. Ce n’est plus l’un, ou l’autre. La Suisse romande ne se construit pas contre la Suisse alémanique. Il n’y a plus d’un côté le conservatisme, figé dans ses tra-ditions, contre le mondialisme branché. Il n’y a plus non plus d’abîme entre le succès ou la perfor-mance et la convivialité sociale. Ce sont là de vieux combats, de vieilles dualités !Dès lors, la Télévision Suisse Romande ne doit pas se cantonner dans des frontières thématiques, culturelles et géographiques que personne ne lui fixe. Certes la TSR s’adresse aux Romands et continuera à le faire. C’est sa raison d’être. Mais la TSR est une télévision suisse, qui concerne une population de francophones qui s’intéresse autant à ce qui peut se passer à Lausanne qu’à Zurich, Berne, Paris ou Londres.On peut passer un après-midi à Aproz (VS) pour y suivre le combat des reines, puis prendre un avion pour Paris le lendemain, rentrer ensuite par Zurich et y trouver avec plaisir le quotidien 24Heures à la gare. On peut étudier à l’EPFL et jouer dans une fanfare villageoise. On peut faire la fête à Genève et y parler en anglais avec des Saint-Gallois.Les segmentations sociales sont nouvelles. Et la télévision doit les exprimer.Après la confrontation, voici donc peut-être une nouvelle sorte d’intégration. Et la Suisse a une sacrée expérience à faire valoir en la matière !A la télévision de le montrer avec ses program-mes, comme elle montrera que la compétence, le savoir-faire, le travail bien fait, si chers au « peu-ple des ingénieurs », peut s’accompagner d’inno-vations et d’audaces !La TSR est bien une télévision suisse, ouverte, plu-rielle, décontractée et professionnelle.Rien de tout cela n’est incompatible. Rendez-vous dans 50 ans pour en reparler !

Gilles Marchand

C

Page 12: TSR Montage PDF - rts.ch · La justice et la TSR, par Dominique Warluzel page 74 ... Canal 18-25: mes années de poudre, par Nathalie Nath page 230 Les variétés: souvenirs, ...

SOMMAIRE

QU’ENTEND-ON PAR « IDÉE SUISSE » ?

40

l’heure où des entreprises et institutions fédéra-trices comme La Poste ou l’armée voient leur fonc-tion et leur rôle changer, lorsqu’elles ne sont pas carrément rayées de la carte (pensons à Swissair), une entreprise comme SRG SSR idée suisse, et donc la TSR aussi, est particulièrement importante. Mais qu’entend-on au fond par « idée suisse » ? Est-ce plus qu’une « idée fixe » du directeur géné-ral ? Pour moi, l’idée suisse se compose de trois éléments. L’idée suisse, c’est tout d’abord repré-senter la réalité helvétique sous toutes ses facettes, y réfléchir et s’y frotter pour autant qu’elle soit d’importance nationale, pour autant qu’elle revête au minimum un intérêt régional, linguistique. Ensuite, l’idée suisse est synonyme de solidarité entre les quatre régions du pays, mais aussi soli-darité des grands publics avec les petits. Cela étant, pour moi, la solidarité signifie aussi respect des minorités pour ce que font les majorités. La solidarité n’est pas une voie à sens unique. Enfin, l’idée suisse signifie qualité, ce qui suppose à son tour éthique et professionnalisme. Ces trois élé-ments – réalité suisse, solidarité et qualité – consti-tuent à mes yeux l’idée suisse et, partant, le ser-vice public dont nous nous acquittons sur mandat de la société suisse, et pour la société suisse.A la TSR, on ne fait pas de la télévision comme à SF DRS. Cette différence est inhérente à la culture, la tradition, l’histoire et donc à la mentalité des individus. La frontière avec la France est plus per-méable que celle avec l’Allemagne. Les Romands se rendent plus volontiers en France voisine, Paris leur est proche, Berlin est loin du Suisse aléma-nique. Signe extérieur de cette différence, la lan-gue, le dialecte. Cette ouverture présente certes des avantages, mais elle ne facilite pas la tâche de la télévision. Les Romands changent facilement de chaîne. Si, en Suisse alémanique, nous avons

affaire à un plus grand nombre de concurrents, en Suisse romande, TF1, France 2 et M6 sont des rivales de poids qui rendent la lutte encore plus rude.En raison de ces différences, il est encore plus compliqué de sensibiliser le Romand à la Suisse italienne et alémanique ou de rapprocher l’Alémanique de la Suisse romande. Qu’une émis-sion arrive sur les écrans romands en allemand ou en dialecte n’a guère d’influence sur les chiffres d’audience dans cette région.Ce n’est donc pas essentiellement parce qu’une émission est diffusée en « bon allemand » que le Romand va la regarder, même si les politiques prétendent le contraire. Les sensibilités différentes nous obligent aussi à une certaine retenue lorsqu’il s’agit de faire des émissions ensemble. Les émis-sions interrégionales sont importantes pour la cohésion au sein de SRG SSR. Mais ce qui marche encore mieux, ce sont les émissions conçues pour plaire aux Romands et qui traitent de cette réalité « étrangère » par-delà la Sarine, le Gothard ou Coire. Le Genevois apprécie qu’on lui explique Zurich à la « genevoise » ! Et cela devra être encore plus vrai demain – tel est le vœu formulé par le directeur général à « sa » Télévision Suisse Romande, et à son personnel, dont il est si fier.

Armin Walpen

A

* Né à Reckingen (Valais) en 1948, Armin Walpen est devenu en 1996 le septième directeur général SRG SSR idée suisse. Auparavant, professeur du droit des médias à l’Université de Fribourg, directeur du secteur audiovi-

suel du Tages-Anzeiger, Armin Walpen a dirigé le secrétariat général du Département fédéral de justice et police de 1991 à 1996.

Page 13: TSR Montage PDF - rts.ch · La justice et la TSR, par Dominique Warluzel page 74 ... Canal 18-25: mes années de poudre, par Nathalie Nath page 230 Les variétés: souvenirs, ...

SOMMAIRE

48

uel chemin parcouru durant ces cinquante ans, notamment dans le domaine des droits sportifs ! En 1954, le directeur de la SSR avait proposé lui-même à la FIFA de verser quelques francs pour dif-fuser des images de la Coupe du monde disputée en Suisse, et un contrat de 10 000 francs avait été conclu, permettant aux télévisions européennes d’alors de relayer des images de la finale.Moins de cinquante ans plus tard, les membres de l’UER, dont la SSR, n’ayant pu suivre l’inflation vertigineuse des droits de la FIFA pour les Coupes du monde de 2002 et 2006, ceux-ci ont été ven-dus au plan mondial pour un montant total de 2,8 milliards de francs suisses au groupe Kirch. Un phénomène symptomatique du processus suivi par le sport professionnel à la TV, durant le demi-siècle écoulé : premièrement, une folle opulence favorisant par l’implication des sponsors une incroyable montée des droits, tant pour les événe-ments mondiaux (JO, Coupe du monde de foot, Champion’s League, F1, tennis, etc.), qu’au plan des négociations nationales dans chaque pays. Ensuite, ces dernières années, retournement de la situation avec les faillites de grands groupes de marketing (dont Kirch précisément) et les difficultés de grandes chaînes de télévision payantes, sans parler d’une crise économique et boursière latente. Saturation du public, baisse d’audience, diminution des revenus publicitaires, autant de fac-teurs militant éventuellement pour une baisse des droits sportifs, tant mondiaux que nationaux.Dès lors, qu’est devenu le sport et quel sera-t-il à la TSR dans un contexte économique aussi per-turbé ? De 1954 à 1974, une évolution technique presque impensable pour les pionniers de la TSR : apparition des magnétoscopes dès les années 1960, enrichie par celle du ralenti. Début de la couleur à la TSR en 1968, cette même année per-

mettant, grâce aux satellites, de vivre le sport en direct de Mexico à Sapporo. Ensuite, corollaire de ces progrès, la médiatisation politique et la prise en otage du sport télévisé (septembre noir à Munich, boycott africain en 1976, de l’Ouest et de l’Est en 1980 et 1984). Enfin l’inflation des droits sportifs et ses conséquences.A mon sens, cependant, la mission de chaîne publique de la TSR n’a pas changé sur le fond, même si les pressions engendrées par la concur-rence et le rôle devenu capital de l’audience et des parts de marché auprès des sponsors en modifient la forme. Durant ces cinquante ans, le téléspectateur romand a pu vivre, par le biais de la TSR, l’évolution et la concrétisation de ce révé-lateur de société impitoyable que représente la télévision par rapport au sport. La TSR, comme les autres chaînes publiques européennes, ne peut pas vivre sans le sport, celui-ci lui assurant une part importante de l’écoute nécessaire pour survi-vre dans un paysage individuel impitoyable, alors que les pouvoirs sportifs, du CIO aux fédérations sportives internationales et nationales, dépendent toujours plus des ressources financières découlant de la diffusion de leurs sports.Beau sujet de réflexion au terme de ces cinquante années, quant au rôle et au conditionnement du sport télévisuel et des problèmes de société et d’éthique en découlant, tant par leurs répercus-sions sociologiques, économiques et politiques, que par d’autres facteurs négatifs graves, dont celui, endémique, du dopage…

Boris Acquadro

Q

* Figure emblématique de la TSR, Boris Acquadro est né en 1929. Il passe son brevet d’instituteur en 1955, année où il effectue son premier commentaire en direct, suivi notamment, de 1960 à 1994, des commentaires

de dix-huit Jeux olympiques. Chef de département des Sports de 1962 à 1994. Président du groupe sport UER de 1978 à 1998.

CINQUANTE ANS DE SPORT À LA TSR

Page 14: TSR Montage PDF - rts.ch · La justice et la TSR, par Dominique Warluzel page 74 ... Canal 18-25: mes années de poudre, par Nathalie Nath page 230 Les variétés: souvenirs, ...

SOMMAIRE

SR 2, en 1997, marque notre entrée dans l’ère de l’abondance télévisuelle. De dix chaînes reçues dix ans plus tôt, les Suisses romands câblés (80 % de la population) ont passé à trente.Il était temps pour nous aussi de diversifier notre offre.Le nouveau logo de TSR 2 indique que, désor-mais, le programme de la TSR se décline sur deux canaux. On a longtemps prétendu que l’augmen-tation du nombre de chaînes de télévision allait niveler les programmes par le bas et que l’on ver-rait sur toutes les chaînes les mêmes programmes. On se rend compte que ce n’est pas vrai et que l’augmentation de l’offre rend le public plus exi-geant. De plus, la fragmentation de l’audience permet à des émissions réputées difficiles ou à des émissions pour des publics minoritaires d’être diffu-sées. C’est à quoi va plus particulièrement s’atta-cher TSR 2. C’est-à-dire qu’en contre-programma-tion du premier canal, nous allons offrir un choix plus étendu pour des publics minoritaires. La créa-tion de TSR 2 était indispensable pour répondre à la pression grandissante de la concurrence.La spécificité multithématique de TSR 2 est claire-ment affichée. Multidiffusion des émissions de TSR 1 le matin. L’après-midi est réservé aux enfants avec Les ZAP. Place aux adolescents en début de soirée, à la culture et aux retransmissions sporti-ves aux heures de grande écoute.Grâce à cette programmation, les amateurs de documentaires, de musique classique ou de cinéma d’auteur sont comblés et plus personne – ou presque-! – ne prétend qu’on relègue la culture en fin de soirée, même si les modestes parts de mar-ché de TSR 2 ou d’ARTE sont là pour rappeler que ceux qui critiquent la télévision populaire et exigent des programmes culturels ne les regardent pas. Il y a là une certaine logique. Les privilégiés ne peuvent pas être à l’opéra, au musée, au théâtre, au restau-rant et au même moment devant le petit écran !

Trêve d’ironie. La contre-programmation de TSR 2 est l’esquisse – encore vague et imparfaite, car nous n’avons pas les moyens de produire des émissions originales – de la télévision de demain destinée à chacun selon ses goûts, alors que la télévision généraliste, comme TSR 1, s’est adres-sée pendant près d’un demi-siècle à tous.Le système « dés » inauguré pour lancer TSR 2 nous permet d’imaginer jusqu’à six chaînes com-plémentaires sans changer de logo… Pour faire en sorte, par exemple, que les amateurs d’émis-sions culturelles ne soient plus agacés par les retransmissions sportives de longueur imprévisible !

Raymond Vouillamoz

TSR2, ESQUISSE DE LA TÉLÉVISION DE DEMAIN

57

T

*Directeur des programmes de 1993 à 2003.

Page 15: TSR Montage PDF - rts.ch · La justice et la TSR, par Dominique Warluzel page 74 ... Canal 18-25: mes années de poudre, par Nathalie Nath page 230 Les variétés: souvenirs, ...

SOMMAIRE SOMMAIRE

60

1994-1997PROXIMITÉ VERSUS ZAPPING

59

L’opération «-Portes ouvertes-» mar-que l’apogée du 40e anniversaire de la TSR. 30 000 Suisses romands visitent, en un week-end, les studios de la TSR. La Tour est emballée par une fresque de l’artiste genevois Poussin. Un anniversaire, c’est aussi le moment de se souvenir de visa-ges disparus. Quelques noms mentionnés ici, en hommage à tous leurs collègues décédés-: Gilbert Bovay, réalisateur, Jean-Claude Cartier, cameraman, Pierre-Alain Donnier, journaliste, Jean-Louis Gauthey, monteur, Pavel Korinek, chef de la photo, Walter Reimann, photographe, Bernard Vité, journaliste sportif. Et tant d’autres…

Ça colle et c’est piquant, nouvelle émission de Nathalie Nath, présentée par Maïtena Biraben.

Philippe Mottaz remplace Claude Smadja à la direction de l’Information de la TSR.

Pour la première fois, l’élection de Miss Suisse a lieu à Genève, lors d’un show pro-duit et réalisé par la TSR.

Invention du DVD (Digital Versatile Disc), qui va rendre en quelques années le VHS obsolète.

Au Festival de Locarno, Antonio Riva signe le Pacte de l’audiovisuel, qui relance la collaboration avec les producteurs indé-pendants suisses. Ce sera le dernier acte officiel du directeur général de la SSR, parti à la retraite et remplacé par Armin Walpen.

Création par Jean-Philippe Rapp du talk-show de la mi-journée, Zig zag café.

La 1107e Table ouverte sera la dernière, remplacée par Droit de cité.

Faxculture, magazine culturel de Florence Heiniger, remplace Sortie libre.

Les ZAP, nouveau concept d’émissions pour les enfants.

C’est la vie, de Sofia Pekmez et Ersan Arsever, remplace Pas de problème, dont le producteur Nicolas Burgy et son équipe vont s’épanouir dans le magazine décalé Verso.

Marie-Thérèse Porchet, étonnante speake-rine de l’été.

Mise au point, nouveau magazine domi-nical d’actualité, produit par Martina Chyba, Olivier Paul, Patrick Fischer et Eric Burnand.

La TSR coproduit un succès mondial du cinéma documentaire-: Microcosmos, coproduit pour la Suisse par Jean-Marc Henchoz.

L’émission Vérités, vérité, de Dominique Warluzel, reçoit le Prix Média de la Fédération suisse des avocats. Au-delà des grilles en 1998, Duel en 2000 et Intime conviction en 2003, renouvellent le style des émissions judiciaires.

JO d’Atlanta. Record mondial homologué par le livre Guinness des records pour la TSR : une émission non-stop de 16 jours, 22 heures et 45 minutes.

Dorénavant, une barre rouge, à droite du logo de la TSR, attire l’attention sur les films ou émissions comportant des scènes violentes ou érotiques pouvant heurter la sensibilité de certaines personnes ou des enfants.

Jean Cavadini préside la RTSR (direc-toire de la TSR) en remplacement de Jean-Jacques Demartines.

Pour la première fois, le Tour de Romandie est diffusé en direct sur la TSR.

L’honneur perdu de la Suisse, une enquête Temps présent de Daniel Monnat, provoque un vif débat sur l’attitude de la Suisse pen-dant la Seconde Guerre mondiale.

Décès de Christian Defaye, le Monsieur Cinéma de la TSR. Box office succède à Spécial cinéma.

Logotype créé par René Rosat.

En septembre, lancement de TSR 2 qui succè-de à Suisse 4, au cours d’une belle soirée au Cirque

1994

1995

1996

1997

René Rosat

Les Zap TV imaginés par René Rosat, auteur de la ligne graphique des dés.

Le film dont les stars sont des insectes, coproduit par Jean-Marc Henchoz et la TSR en 1996, a fait une

carrière commerciale époustouflante aux retombées financières bénéfiques pour la TSR.

Microcosmos Le peuple de l’herbe

Page 16: TSR Montage PDF - rts.ch · La justice et la TSR, par Dominique Warluzel page 74 ... Canal 18-25: mes années de poudre, par Nathalie Nath page 230 Les variétés: souvenirs, ...

SOMMAIRE

LES PROGRAMMES DES ANNÉES NONANTENE PAS CÉDER AUX SIRÈNES ÉLIT ISTES

86

eux rencontres dans un ascenseur ont marqué ma vie professionnelle. En 1966, c’est entre deux étages que Claude Goretta m’a engagé comme assistant. En 1992, à mon retour en Suisse, une figure emblématique de la TSR a eu le temps de me glisser-: «-A ta place, je serais resté à Paris, directeur des programmes de France 3. Ici tu vas manquer d’argent et d’hommes pour réussir.-»Il est vrai que le découragement guette lorsqu’on compare nos budgets à ceux de nos concurrents français. Par exemple, pour accepter un nouveau projet, il faut renoncer à une émission existante.Il m’a fallu, en 1992, mettre de l’ordre dans la grille des programmes, expliquer qu’arrêter une émission vieillie ne signifie pas qu’on veut la mort du service public, qu’étudier les audiences n’est pas obscène. Si j’avais cédé aux sirène élitis-tes, j’aurais diffusé des films d’auteur à 20 h en laissant le soin à TF1 de divertir. Notre principal concurrent exercerait ainsi une quasi-dictature sur la vie publique romande.Les modifications apportées au programme met-tent l’accent sur l’identité romande, non pas pour perpétuer les anciennes traditions et ressasser les images du passé, mais pour participer à l’évolu-tion de la société en offrant à notre public parte-naire une meilleure compréhension de son temps. Les collaborateurs de la TSR ont compris qu’être à l’écoute des téléspectateurs ne provoquait pas une régression de la qualité des programmes. A nos classiques comme Temps présent et A bon enten-deur sont venues s’ajouter des émissions consa-crées à la science, à la justice, à l’économie, à la nature, toutes programmées aux meilleures heures d’écoute.

En restant une télévision généraliste, nous som-mes l’indispensable lien entre la ville et la cam-pagne, les favorisés et les laissés-pour-compte, les jeunes et les vieux. L’exemple montre qu’un service public poussé à renoncer au spectacle et au sport perd ses téléspectateurs, y compris pour ses programmes d’information et de culture. Se désintéresser des goûts du grand public, c’est se désintéresser de l’histoire collective du pays.J’aurais voulu aussi dynamiser les deuxièmes par-ties de soirée pour satisfaire les jeunes adultes, qui nous reprochent notre manque d’audace et notre difficulté à valoriser les aspects avancés de la Suisse romande. «-Procurez-nous, avec vos émissions, un plaisir immédiat. Sachez utiliser les armes de la dérision, de l’humour-», nous disent-ils. De Ça colle et c’est piquant à Verso, nous étions sur la bonne voie, mais il a fallu, hélas, renoncer pour muscler nos premières parties de soirée et donner à l’information les moyens de poursuivre sa mission tout au long de l’année. Mais la fiction de proximité est aussi indispensa-ble que l’information régionale. L’imaginaire des téléspectateurs attend des histoires, des paysages et des comédiens d’ici.Toutes les décisions de la direction des program-mes 1993-2003 ont eu pour objectif d’offrir aux téléspectateurs un miroir de notre société, car un pays sans image de lui-même est un pays en man-que d’identité.

Raymond Vouillamoz

* Raymond Vouillamoz, né en 1941, grand reporter à Temps présent, réalisateur de fiction, a été responsable de la fiction à la TSR dans les années 1980, puis à

la Cinq à Paris. Directeur des programmes de France 3 en 1991-1992 et de la TSR de 1993 à 2003. Chevalier des arts et des lettres.

D

Page 17: TSR Montage PDF - rts.ch · La justice et la TSR, par Dominique Warluzel page 74 ... Canal 18-25: mes années de poudre, par Nathalie Nath page 230 Les variétés: souvenirs, ...

SOMMAIRE SOMMAIRE

94

Des grosses têtes à Table ouverte

Evolution des logos TSR

93

1984-1993LE TÉLÉSPECTATEUR, ROI DE L’AUDIENCE

Thierry Masselot présente la nouvelle émission Midi public.

Etoile à matelas, émission impertinente esti-vale de fin de soirée imaginée par Jean-François Acker, créateur de Couleur 3, étonne les téléspectateurs.

Jean-Jacques Demartines, nouveau direc-teur de la Radio-Télévision Suisse Romande, succède à René Schenker.

Création de la chaîne francophone TV 5.

Alain Delon, invité du stand TSR au Comptoir Suisse à Lausanne, provoque une cohue indescriptible.

Une pédiatrie complètement équipée de 120 lits, installée à Ouagadougou (Burkina Faso), grâce à la solidarité des téléspecta-teurs romands, suite au Temps présent-: Regards alternés de Jean-Philippe Rapp et Jean-Claude Chanel.

Le somptueux gala de fin d’année de la TSR, La nuit étoilée, présenté par Frédéric Dard, rapporte 6 millions de francs pour les filleuls du Tiers Monde de la Chaîne du Bonheur.

Jean-Pierre Goretta, grand reporter de la TSR et de Radio Lausanne, décède.

Réunion Reagan-Gorbatchev à Genève cou-verte par 5 cars de reportage de la TSR dont les images sont diffusées dans le monde entier. Claude Smadja et Gaston Nicole tiennent l’antenne pendant des heu-res.

Naissance de Téléciné Romandie, chaîne romande cryptée de cinéma (1985-1991).

Guillaume Chenevière est nommé directeur de la TSR. Il succède à Jean Dumur, brusquement décédé d’un infarctus.

Début de Carabine FM, de Lolita, Mermet et Monney.

Le sida tue pour la première fois à la TSR. On comptera les victimes TSR de cette terri-ble maladie sur les doigts de la main. La drogue, autre fléau de cette fin de siècle, a frappé jusque dans les rangs des enfants de collaborateurs de la TSR.

Les autorités suisses interdisent à Jean-Marie Le Pen de venir en Suisse pour parti-ciper à l’émission Le défi. Il sera en duplex de France.

Débuts de TJ Midi. Rédacteur en chef-: Gaston Nicole. Présentateur : Jean-Philippe Rapp.

Première de l’émission culturelle Viva, pro-duite par Antoine Bordier, Pierre Biner, Philippe Grand, Jean-Pierre Garnier et Josée Rudaz.

Les Championnats du Monde de ski alpin à Crans-Montana, retransmis en mondiovision par la TSR. Production : Raymond Zumsteg et Boris Acquadro.350-000 téléspectateurs romands regar-dent la descente messieurs gagnée par Peter Müller, et commentée par Jacques Deschenaux. (Quatre skieurs suisses aux quatre premières places !)

Une première : une femme est engagée comme journaliste au département des sports, Anne-Marie Portolès, suivie, début 1988, par Isabelle Nussbaum.

Le premier épisode du feuilleton The Bold and The Beautiful, rebaptisé en Suisse Top Models, est diffusé sur la TSR.

Jean-Claude Chanel nommé directeur adjoint de la TSR.

Céline Dion gagne, pour la Suisse, le Grand Prix Eurovision de la Chanson avec Ne partez pas sans moi.

Début des Dossiers justice, série estivale de Thierry Masselot et Charles Poncet.

L’équipe de Case postale 387 (Cédric Herbez, Daniel Monnat et Paul Rosay) répond de manière humoristique au cour-rier des téléspectateurs. Dès 2002, dans TSR dialogue, Iris Jimenez, puis Sébastien Rey ont repris le flambeau.

En juillet, pour la première et dernière fois en 50 ans, TF1 devance en audience la TSR.

Jean-Charles Simon présente le jeu Si nous y étions.

Première diffusion de Carnotzet de Roger

1984

1985

1986

1987

1988

1989

1990

1991

1992

1993

Delapraz, avec Gaston Presset, dans une réalisa-tion de Pierre et Stéphane Matteuzzi. Au cours de ses 117 épisodes, cette série de proximité a connu un succès et une notoriété grandissants. Suivra, dès 1996, Bigoudi (50 épisodes) et, de 1999 à 2003, notamment, Les Pique-meurons (58 épisodes programmés à 20 h).

Le fond de la corbeille, émission satirique de Lova Golovtchiner, est à l’antenne pour la pre-mière fois.

Lolita Morena et Jacques Deschenaux présentent, du Palais de Beaulieu à Lausanne, la finale du Grand Prix Eurovision de la Chanson, produite par la TSR et réalisée par Alain Bloch.

Le scandale des fiches révèle qu’environ 900 000 Suisses ont été épiés, pendant la guerre froide, par la police fédérale.

Fermeture du laboratoire film de la TSR. Le montage est désormais en vidéo (Beta SP).

Le réseau des réseaux, World Wide Web (WWW), voit le jour à Genève, après avoir été expérimenté dans les années 60 par l’armée américaine.

De nombreuses collaboratrices de la TSR participent à la grève nationale des femmes suisses.

Décès de Michel Soutter, poète, cinéaste et réali-sateur à la TSR.

Le jeu de rencontres Oh ! les filles fait des vagues.

Record d’audience pour le TJ qui annonce le non de la Suisse à l’Europe-: 530-000 téléspectateurs.

Raymond Vouillamoz est nommé directeur des programmes.

Nouvelle programmation des mercredis avec la création de Passe-moi les jumelles, de Justice en marche et l’arrivée de Téléscope en prime time.

Vanille-Fraise, émission d’humour sur la sexualité, ne fait pas rire tout le monde.

Démarrage de S plus, rebaptisée en 1995 Suisse 4. Cette chaîne nationale multilingue sera remplacée en 1997 par TSR 2.

Le téléphone portable est encore réservé à quelques privilégiés.

Réunies pour la traditionnelle Table ouverte du dimanche matin en novembre 1991, voici quelques grosses têtes qui ont compté en Suisse romande, au cours de la der-nière partie du XXe siècle. De gauche à droite, Jacques Pilet, ancien de Temps présent, éditorialiste, créateur de journaux; Jean Ziegler, homme politique, sociologue, auteur de nombreux best-sellers internationaux (Le bon-heur d’être Suisse); Guy-Olivier Segond, fin et pas-sionné connaisseur du monde médiatique, conseiller d’Etat genevois; Claude Torracinta, chef du départe-ment de l’information de la TSR, créateur de Temps pré-sent, producteur et animateur de Table ouverte; Guillaume Chenevière, sociologue, directeur de la TSR; René Felber, conseiller fédéral neuchâtelois, président de la Confédération.

Photo Rose-Marie Despland/TSR

1989 - Andréa Marconi(service graphique TSR)

1985 - René Rosat(service graphique TSR)

Page 18: TSR Montage PDF - rts.ch · La justice et la TSR, par Dominique Warluzel page 74 ... Canal 18-25: mes années de poudre, par Nathalie Nath page 230 Les variétés: souvenirs, ...

SOMMAIRE

epuis la plus haute antiquité – c’est-à-dire le noir et blanc – la TSR me sert des images, tout comme le robinet et autres « giglutz » doivent me donner l’eau, le gaz et l’électricité. C’est MA télévision.Puis il y a eu l’invention de la télécommande. C’est un engin diabolique, qui favorise une formi-dable rumination intellectuelle et plus particulière-ment l’obésité, l’alcoolisme et la paresse.Au surplus, l’usage de la télécommande encoura-ge l’infidélité. Hier, je n’avais que la Télévision Suisse Romaannnde à prononcer avec un accent vaudois ou genevois, c’est irrésistible.Aujourd’hui, je reçois une trentaine de chaînes qui claquent comme des fouets – ah ça ! c’est une image-! De ce fait, les folies et les séductions de la planète sont démultipliées et me sont servies par de talentueux racoleurs. Et vraiment, je ne vois pas pourquoi je devrais demeurer fidèle à MA télévision.Enfin si, je vois très bien pourquoi je suis infidèle. J’explique.Je suis fidèle à la TSR pour ses émissions dites d’information et ses balises régionales ; je suis attentif aux efforts de mes rares amis, confrères et connaissances. Ce qui signifie que, globalement, je m’instruis avec distinction et m’ennuie un peu, beaucoup.C’est pourquoi je vais voir chez les copines. Car certaines d’entre elles ont des rythmes, des élans et des passions inconnus dans nos brumes léma-niques.Et elles ne sont pas plus chères que les femmes-troncs de la TSR !Bien sûr, MA télévision a tenté – tente toujours – de se montrer à la hauteur de ses rivales.Elle s’est maquillée, a inventé des stars, passé les gens et programmes au Turmix, suggéré de nou-velles recettes.Bref, la Tour s’est affinée comme un gorgonzola.

Quoi ! vous ne connaissez pas l’histoire ?Comme j’avais demandé à Raymond Vouillamoz pourquoi il avait appelé les renforts d’une série américaine complètement débile – était-ce Dallas ? – il m’avait répondu qu’il fallait compo-ser les programmes TV comme un gorgonzola.–-???– Hé oui ! Un bon gorgonzola, c’est un mélange de crème et de moisi !Mais c’est bien sûr !Moi-même, dans la presse écrite, je fais du gor-gonzola sans le savoir-! Une part de bêtise, une autre d’intelligence.Mais pour que l’ensemble plaise, il faut faire très attention aux proportions.Ainsi il me semble que, depuis un ou deux ans, la TSR force un peu sur le moisi…Gaffe aux proportions, donc. Et encore à la manière de servir le gorgonzola.Et là, il y a un problème.Au goût et à la couleur, le gorgonzola suisse est aussi valable que l’étranger. Mais le nôtre s’af-faisse parfois et ne suscite pas toujours l’envie. C’est parce que la découpe est maladroite, ou que les serveurs traînent les pieds. La cadence, la cadence ! Voilà ce qui manque. Et aussi de l’hu-meur, qu’elle soit bonne ou mauvaise.Franchement, il y a des soirs où je ne me sens pas invité !Et c’est dans ces moments-là que je vous suis infi-dèle.Si vous saviez comme, parfois, je vous regrette…

Raoul Riesen (1994)

1998-2004 CE N’EST QU’UN DÉBUT

121

D

LE GORGONZOLA

* Star des chroniqueurs genevois, Raoul Riesen (1932-2000), qui signait Le Renquilleur et Le furet dans la

presse locale, a été l’un des animateurs les plus appré-ciés du Fond de la corbeille.

Page 19: TSR Montage PDF - rts.ch · La justice et la TSR, par Dominique Warluzel page 74 ... Canal 18-25: mes années de poudre, par Nathalie Nath page 230 Les variétés: souvenirs, ...

SOMMAIRE

128

uand, au métier d’homme, on joint celui de romancier, chaque rencontre que l’on fait devient un espèce de grisante « chasse à l’âme ».Lorsqu’il m’arrive de me retourner pour mesurer, non pas la route parcourue, mais ce qui subsiste des amitiés contractées au cours de ma vie déjà longue, je suis frappé de la découvrir à ce point désertique. Si peu d’êtres habitent encore ce passé lunaire ! Ils se dressent, veilleurs d’infini, sur l’apocalypse du temps enfoui, semblant attendre que je rebrousse chemin pour les reprendre au passage-; m’attendent avec une patience d’éter-nité, m’attendent avec la certitude que mon retard est sans importance et que chaque jour nouveau qui nous sépare est en réalité un jour qui nous rapproche.Parmi les guetteurs jalonnant mon existence, l’un des plus tenaces, je le sens, est à coup sûr Jean Dumur.Il y a quelque vingt ans, comme je venais de m’installer en Suisse, après des tribulations affec-tives, il arriva dans mon nouveau logis afin de m’interviewer pour la TV Romande, en compagnie de Claude Torracinta.Je tenais à bien expliquer à mes deux visiteurs les raisons qui m’avaient conduit en Suisse… J’y met-tais tant de fougue et de franchise que je sentais croître la sympathie. J’avais accueilli deux journa-listes, ce furent deux amis qui s’en retournèrent. Et depuis ce jour déjà lointain, ces hommes sont res-tés plantés à jamais dans ma vie, comme des arbres.Des rencontres professionnelles firent que mes rap-ports avec Jean Dumur devinrent assidus, familiers et forts sans que pour autant ne périclitent ceux qui m’unissent à Torracinta, lequel jouait le grand absent de ce trio qui allait devenir celui de toute la dernière partie de ma trajectoire.

Quand je songe à ce pays où j’ai planté ma tente, c’est Jean Dumur qui doucement s’impose. C’est son ombre bienveillante qui symbolise cette terre d’adoption. C’est son cœur que j’entends battre, sa voix un peu fêlée qui vibre à mon oreille, son regard – que d’aucuns trouvaient sévère alors qu’il ruisselait de tendresse – qui vient au secours du mien.Nous étions pareils à des enfants, lui et moi, pareils à des enfants qui devinent tout de la vie, mais à qui la vie fait peur. Lui se cachait pour pleurer les larmes que je verse sans pudeur et qui embrumaient pourtant ses yeux lorsque nous étions seuls.Un vilain jour, un homme égaré nous vola notre fille, à ma femme et à moi. En découvrant cette indicible chose, il n’y eut qu’un être à qui je pus faire part d’une telle abomination. Avant d’alerter la police j’appelai Jean. Jean l’ami de grand recours. Jean, mon frère de rencontre. N’est-il pas effarant que j’aie confié immédiatement un tel secret à un homme ayant en charge l’actualité de son pays ? Quelle confiance forcenée avais-je donc en lui pour prendre un tel risque-! Fallait-il que je sois sûr de son amitié, sûr de la noblesse de son âme !Devant ce drame, Dumur se montra un ami d’ex-ception. Il fut notre force, notre courage et notre espoir. C’était un grand type blond et calme, aux prunelles limpides et au rire éraillé.Je sais qu’il m’attend.Et il sait que je viens.

Frédéric Dard (1994)

Q

* Frédéric Dard (1921-2000), le célébrissime auteur de San Antonio, a vécu près de quarante ans en Suisse. Il rend ici hommage à Jean Dumur, journaliste,

directeur des programmes de la TSR, de 1982 jusqu’à sa mort en 1986.

JEAN DUMUR PAR FRÉDÉRIC DARD

Page 20: TSR Montage PDF - rts.ch · La justice et la TSR, par Dominique Warluzel page 74 ... Canal 18-25: mes années de poudre, par Nathalie Nath page 230 Les variétés: souvenirs, ...

SOMMAIRE

* Directeur des Affaires extérieures jusqu’à sa retraite en 2004, Jean-Claude Chanel est entré à la Télévision suisse romande en janvier-1965. Il a exercé plusieurs métiers et fonctions : réalisateur et producteur de Temps

Présent durant dix ans, adjoint du directeur, puis direc-teur de la Production et des Finances, administrateur suisse et vice-président de TV5 Monde.

’ai suivi votre émission et l’ai trouvée passionnante.» Un tel message, qui n’est heureu-sement pas rare, fait toujours plaisir. Pourtant, il y a plusieurs années, il avait étonné son destina-taire, car parvenu de Lima, au Pérou, où le reportage avait été vu grâce à TV5.Avec la chaîne francophone diffusée par satel-lite, dont la TSR est membre fondateur depuis 1984 et toujours actionnaire, la Suisse ne connaît plus de frontières. Les productions de la TSR sont accessibles partout dans le monde et, toutes langues nationales confondues, TV5 est le meilleur véhicule pour la présence de la Suisse à l’étranger.Notre propre vision du monde est ainsi présen-tée, tout comme elle est un lien pour les expa-triés avec la mère patrie. La télévision par satel-lite, rattrapant le voyageur, lui permet, à son arrivée à l’autre bout du monde, de voir ce qui s’est passé chez lui durant son déplacement. Savoir qu’il a neigé sur les Préalpes est peut-être anecdotique lorsque l’on se trouve sous les cocotiers. Cela illustre cependant le village audiovisuel tout de même considérable, puisque les émissions de la TSR reprises par plus de quarante satellites sont vues par plus de télés-pectateurs sur TV5 que sur sa propre antenne.Tenant compte des fuseaux horaires, huit pro-grammations spécifiques de TV5 sur la France, la Belgique, la Suisse, l’Europe, l’Afrique, l’Orient, l’Asie, l’Amérique du Sud et Caraïbes – les Etats-Unis et le Canada Québec prolon-gent la durée de vie des productions et la TSR voit son audience multipliée par dix. Les produc-teurs le savent et utilisent cet argument pour convaincre leurs invités à venir dans les studios. Lors de tournages à l’étranger, les participants connaîtront en retour l’utilisation de leurs inter-

ventions, accroissant ainsi la responsabilité des auteurs.En recevant les productions propres à la TSR-– le Téléjournal, les grands magazines d’informa-tion, de société, de culture et les émissions pour la jeunesse – les téléspectateurs de la planète peuvent vivre au rythme de la Suisse.Contrairement à nos partenaires radiodiffuseurs qui peuvent compter sur l’aide des pouvoirs publics, la SRG SSR idée suisse, consentant un effort important, prend à sa charge la plus grande partie du financement suisse de TV5.Cette ouverture sur le monde, cette capacité à se donner à voir, a un prix, lequel ne répond qu’à des critères professionnels. Séparation clai-re des responsabilités, politiques et éditoriales, où la position du représentant de la TSR, lors de conseils d’administration ou de réunions au niveau diplomatique, est très enviée par ses col-lègues radiodiffuseurs. Sa voix, ainsi autorisée, est entendue : elle permet d’affirmer l’indépen-dance de la Télévision suisse romande et sa liberté d’expression d’une part, de pratiquer avec sérénité et rigueur sa mission de service public d’autre part. Exemplaire, non ?

Jean-Claude Chanel

139

JUSQU’AU BOUT DU MONDE AVEC TV5

Page 21: TSR Montage PDF - rts.ch · La justice et la TSR, par Dominique Warluzel page 74 ... Canal 18-25: mes années de poudre, par Nathalie Nath page 230 Les variétés: souvenirs, ...

SOMMAIRE

LES PROGRAMMES DES ANNÉES 1980LA PRISE DU POUVOIR PAR LES TÉLÉSPECTATEURS

140

es années 1980 sont celles de la construction d’une grille de programmes capable de séduire un public de plus en plus sollicité par la concurrence.En 1980, dans une note intitulée « Préparer l’ave-nir de la TSR », j’annonçais une révolution coper-nicienne-: sous le triple effet de la concurrence étrangère, de la télécommande et de la vidéo, le téléspectateur allait devenir maître de son pro-gramme. Jusqu’alors, les réalisateurs et les journa-listes avaient pu composer le programme de la TSR à leur image. Dorénavant, il s’agirait de répondre aux besoins et aux attentes du public. Les producteurs et les programmateurs allaient jouer un rôle premier.Beaucoup de mes collègues m’ont traité de provo-cateur. Une expérience leur a ouvert les yeux. Avec TV à la carte, dont l’idée m’était venue en regardant un Temps Présent sur les programmes à la demande du câble canadien, j’ai proposé aux téléspectateurs romands de choisir eux-mêmes, par un système de vote, tous les programmes de premier rideau pendant les deux mois de l’été 1981. Cette opération a changé notre public et la couleur de nos programmes. Les jeunes se sont ral-liés à notre antenne et l’audience de la TSR a fait un bond en avant. Le choix des téléspectateurs a contredit celui de nos programmateurs : alors que nous ne diffusions pas une seule série américaine, le public a imposé le produit hollywoodien…Ce premier TV à la carte était en avance sur son temps. Il indiquait la voie interactive qui sera l’un des atouts majeurs d’une télévision de proximité à l’ère du multimédia. Il a permis à la TSR de com-prendre, plus vite que d’autres, le pouvoir des téléspectateurs dans un univers concurrentiel.C’est en nous mettant à l’écoute du public que nous avons développé les programmes diurnes : Midi-Public, œuvre de Jean Dumur; en 1987, TJ

Midi, puis une programmation agressive des après-midi, pour résister à la pression de TF1 pri-vatisée, qui allait dominer de la tête et des épaules le marché français et bousculer la TSR sur son propre territoire.En 1988, j’ai pris conseil auprès de l’ennemi. Pierre Wiehn, un consultant parisien qui était l’arti-san du succès de la grille de TF1, a passé huit jours à regarder notre programme enfermé dans un hôtel genevois. Il nous a appris à manier à notre profit les armes de la télévision commercia-le-: programmation horizontale, construction de l’access, ces techniques n’avaient plus de secrets pour nous à une époque où beaucoup de services publics en ignoraient l’existence même-! Ainsi ai-je contribué au passage de la TSR à la moderni-té, transition sans laquelle nous n’aurions pas résisté à la concurrence commerciale française.Je me réjouis qu’en assumant ces nouvelles contraintes, nous ayons conservé le goût du ris-que, des expériences, des découvertes. Le télés-pectateur dispose, mais c’est à nous seuls qu’il revient de proposer, de bousculer parfois, même de déplaire ou de se tromper. Sans le sel de la surprise, le brouet télévisé deviendrait vite fade.

Guillaume Chenevière

L

* Guillaume Chenevière, né en 1937, journaliste (Tribune de Genève), sociologue (DIP de l’Etat de Genève), membre de la direction de Chrysler, homme de théâtre (Théâtre de Carouge). Chef des Spectacles à

la TSR en 1975. Directeur des programmes de 1986 à 1992. Directeur de la TSR jusqu’à sa retraite en 2001, il préside aujourd’hui le Conseil mondial de la radio-télévision.

Page 22: TSR Montage PDF - rts.ch · La justice et la TSR, par Dominique Warluzel page 74 ... Canal 18-25: mes années de poudre, par Nathalie Nath page 230 Les variétés: souvenirs, ...

SOMMAIRE SOMMAIRE

148147

Johnny Hallyday chante pour les déte-nus du pénitencier de Bochuz, devant les caméras de Jean-Claude Chanel.

Première émission dans le nouveau grand studio 4-: un récital Léo Ferré, dans une réalisation de Serge Minkoff.

Début de Spécial cinéma, de Christian Defaye, Christiane Cusin et Christian Zeender.

La comptabilité de la SSR est mise sur ordinateur.

Invention du format VHS aux Etats-Unis.

A bon entendeur. Première édition.

Prix Italia pour le ballet télévisé expérimen-tal Circuit fermé, de Jean Bovon.

L’Europe se met à l’heure d’été… sans la Suisse. L’audience de la TSR souffre de ce décalage horaire.

Début de Tell Quel, émission de repor-tages suisses, de Gaston Nicole, Alain Bloch, Roland Bahy, Théo Bouchat et Francis Luisier.

En direct avec Arthur Fürrer, directeur de Nestlé, interviewé par Jean Dumur, et le reportage de Temps présent La liberté d’expression, de Gérald Mury et Raymond Vouillamoz, soulèvent une polémique viru-lente, où l’objectivité de la TSR est mise en cause par les autorités politiques.

La Fête des Vignerons triomphe en direct, dans une réalisation de Jean Bovon.

Emil au Cirque Knie. Un succès sans précédent.

Charlie Chaplin quitte à Vevey-Les temps modernes-pour l’immortalité, le jour de Noël.

Deux sondes interplanétaires, Voyager 1 et 2, emportent à leur bord à l’intention d’E.T. un disque contenant 116 images de la Terre, 27 morceaux de musique, des extraits de 59 langues. Mais le vidéodisque est enregis-tré en analogique et ne contient aucun pro-gramme informatif susceptible de rendre les documents intelligibles pour les extraterrestres.

Logotype créé par René Matile.

1974 Les faiseurs de Suisses de Rolf Lissy, avec Emil Steinberger, Walo Lüönd, film culte, sort en salle.

Le taureau des sables de Jean-Jacques Lagrange, première fiction de la TSR en vidéo légère.

Heidi, feuilleton Telvetia, triomphe sur les petits écrans du monde entier.

Création du canton du Jura.

Gérard Crittin remporte la première Course autour du monde. Dominique de Rivaz, représentant aussi la Suisse, termine quatrième.

Un sondage réalisé à l’occasion du 25e anniversaire de la TSR plébiscite Henri Guillemin comme la personnalité la plus intéressante découverte par le petit écran.

Pour son 25e anniversaire, la TSR édite trois luxueux albums écrits par Nicolas Bouvier. Une grande kermesse est organisée sous tente à Vidy. C’est l’occasion de saluer quelques visages qui font la TV et dont les noms sont connus-: Christian Bonnardelli, commentateur sportif, Georges Kleinmann, Guy Ackermann, François Enderlin, Eric Lehmann, Gérald Mury, Lisa Nada, Jo Excoffier, journalistes, Charlotte Ruphi, pro-ductrice de variétés, les speakerines Madeleine et Lyliam, Pierre Lang, l’ami des animaux, Renato Burgy, rédacteur en chef de l’actualité régionale, Jean-Claude Brustlein et Jacques Montandon, les gastro-nomes, Georges Hardy, reporter-commenta-teur, Catherine Charbon, journaliste cultu-relle, Jean-François Nicod, Henri Stierlin, Bernard Pichon, Christian Defaye, Robert Ehrler et tous les autres…

Considéré comme le meilleur film suisse de tous les temps, Les petites fugues d’Yves Yersin, coproduit par la TSR, sort en salle.

Alain Morisod produit une nouvelle émis-sion de variétés La grande roue.

L’étoile d’or de Jean-Louis Roy, un grand concours de composition de chants de Noël.

1978

1979

1980

1975

1976

1977

Guerre en pays neutre, feuilleton Telvetia, coproduction TSR-Antenne 2.

Le Téléjournal, jusqu’ici centralisé à Zurich, est enfin produit et présenté de Genève.

Lors d’un jeu-concours de Radio-tv je vois tout, les téléspectateurs choisissent leurs vedettes préférées-: Madeleine, speakerine,

Pierre-Pascal Rossi, présentateur du TJ, Claude Torracinta, responsable des maga-zines, et Boris Acquadro, journaliste sportif.

Jean Dumur succède à Alexandre Burger à la direction du programme de la TSR.

La SSR introduit le télécontrôle, qui permet de mesurer électroniquement l’audience de la télévision.

1981

1982

1983

1974-1983DÉPLOIEMENT TOUS AZIMUTS

La Fête des Vignerons

Henri Deblüe, auteur, Jean Balissat, compositeur, Jean Monod, décorateur, Charles Apothéloz, metteur en scène, tous unis pour le spectacle de La Fête des Vignerons édition 1977, dont la retransmission, réalisée par Jean Bovon, a été un triomphe populaire.

De 1968 à 1978, Pierre Lang (photo) a produit et présenté plus de 350 émissions consacrées à la vie animale, principalement sous le titre Rendez-vous.

Rendez-vous Pierre Lang

Les faiseurs de Suisses 1978

Walo Lüönd et Emil Steinberger, héros des Faiseurs de Suisses, le film de Rolf Lissy, basé sur l’observation ironique de la mentalité suisse, est le plus grand succès de l’histoire du cinéma suisse. Par la suite, Emil est devenu, en Suisse romande aussi, grâce au cirque Knie et à la TSR, l’humoriste national No1.

Personne n’a oublié Pipe le valet de ferme, interprété par Michel Robin. Unique long métrage d’Yves Yersin, Les petites fugues est généralement considéré comme le meilleur film suisse de tous les temps.

Les petites fugues 1979

Photo Gilbert Blondel/TSR Photo Yves Debraine

Photo Yves DebrainePhotos Cinémathèque suisse

Page 23: TSR Montage PDF - rts.ch · La justice et la TSR, par Dominique Warluzel page 74 ... Canal 18-25: mes années de poudre, par Nathalie Nath page 230 Les variétés: souvenirs, ...

SOMMAIRE SOMMAIRE

endant un quart de siècle – par souci d’éco-nomie – la SSR a diffusé un même Téléjournal dans les trois régions du pays. Il était produit à Zurich dans un studio où travaillaient côte à côte des rédactions suisse alémanique, omande et suisse italienne.Le Téléjournal de Zurich couvrait succinctement les événements internationaux, nationaux et régionaux quand ces derniers étaient d’impor-tance. La TSR, dans Carrefour d’abord, puis dans Un Jour Une Heure, apportait une infor-mation régionale plus complète et des commen-taires ou mises en situation sur les grands thèmes du jour, suisses ou étrangers. Quotidiennement, les rédactions de Genève et de Zurich essayaient d’harmoniser leur menu !Pendant une douzaine d’années, les Romands ont bataillé seuls pour que chaque région pro-duise son propre journal. Pour de multiples rai-sons-: parce qu’il faut vivre au milieu de son public pour mieux en comprendre la sensibilité, parce qu’il était rationnel de regrouper les rédactions divisées entre Genève et Zurich, parce qu’il était plus facile de recruter des jour-nalistes romands à Genève qu’à Zurich, parce que les différences culturelles entre les trois régions impliquent des différences entre leurs Téléjournaux. On ne présente pas de la même manière une information allemande ou zou-goise à un Romand ou à un Suisse alémanique.Leurs adversaires ont campé sur le terrain idéo-logique : ils voyaient dans Le Téléjournal unique un moyen d’assurer la cohésion et l’« homogénéisation » du pays-! Cet argument a toujours été contesté par les Romands pour qui le fédéralisme revêtait un autre sens.Le Comité central de la SSR, interpellé à plusieurs reprises, s’est enfin prononcé le 16 février 1978 pour la décentralisation des Téléjournaux.

J’ai eu la chance d’être chargé de façonner le nouveau journal en Suisse romande et d’organi-ser la fusion des rédactions à Genève. L’opération a mobilisé toute l’entreprise. Il a fallu réserver un studio avant d’en créer un nouveau, acquérir de nombreux équipements, former des collaborateurs, habituer la maison à fonctionner 365 jours par année et 24 heures sur 24, etc.Le 1er janvier 1982 a démarré le nouveau TJ, très différent dans sa présentation de ce qui se faisait à Zurich, plus long et sensiblement enrichi, avec une équipe rédactionnelle élargie. Son édition principale, à 19 h 30, est devenue le grand rendez-vous des téléspectateurs romands et le point fort du programme. Le long combat de la TSR a ainsi trouvé sa pleine justification. En outre – suprême soulagement ! – la Suisse a su résister à cette opération et n’a pas éclaté !

Gaston Nicole

168

LE TÉLÉJOURNAL... ...DE ZURICH À GENÈVE

167

* De 1967 à 1999 à la TSR, Gaston Nicole a été suc-cessivement correspondant à Berne et chroniqueur de politique suisse, présentateur et producteur d’émissions nombreuses telles que Affaires publiques, Table ouverte,

Tell Quel, En Direct avec…, Le Grand Chambardement, etc. De 1980 à 1990, il est chef du département des Actualités et rédacteur en chef du Téléjournal.

P

Telle a été cette journée Avant le jour J

Le Téléjournal romand fabriqué à Zurich restait en travers de la gorge de la direction de la TSR. Le Téléjournal est le navire amiral des programmes d’une télévision généraliste. Son sommaire décidé à Zurich rendait difficile la cohérence avec les autres émissions d’actualité. L’opposition à ce rapatriement fut vive. Les anciens se souviennent encore de celle de la philoso-phe Jeanne Hersch, membre du Conseil des program-mes RTSR. (En ce début du XXIe siècle, heureusement, le Conseil des programmes RTSR et la direction de la TSR partagent les mêmes objectifs.)Début 1982, quelques jours avant le jour J, une partie

de la nouvelle rédaction visionne un numéro zéro. Sur cette photo, des trop tôt disparus comme Frédéric Neumann et Pierre Kramer. Et aussi Pierre-Pascal Rossi et Benoît Aymon, présentateurs du nouveau TJ et futurs créateurs de Passe-moi les jumelles; Jacques Poget et Gaston Nicole, rédacteur en chef, et Danièle Bodoira.Personne n’a oublié la phrase de conclusion, parfois controversée, de Pierre-Pascal Rossi-: «-Telle a été cette journée en Suisse et dans le monde, à notre connais-sance.» Vingt ans plus tard, Hubert Gay-Couttet, pru-dent, a repris cet avertissement, au 22:30, pendant le conflit irakien.

Photo Rosemarie Despland/TSR

Page 24: TSR Montage PDF - rts.ch · La justice et la TSR, par Dominique Warluzel page 74 ... Canal 18-25: mes années de poudre, par Nathalie Nath page 230 Les variétés: souvenirs, ...

SOMMAIRE

JE ME SOUVIENS...

188

e me souviens des interventions au lendemain de la diffusion d’un Temps présent sur l’homosexualité pour que ce genre de sujet ne soit plus jamais abordé (1971).Je me souviens de la vivacité des critiques à pro-pos d’un reportage sur les interdictions profes-sionnelles en Suisse et des affrontements avec une classe politique crispée qui voyait dans cha-que émission la mise en cause du consensus hel-vétique (1977).Je me souviens de la violence des reproches après la diffusion d’une enquête sur les tensions existant au sein de l’Eglise catholique et le fait que nous avions donné la parole à des prêtres vivant maritalement (1971).Je me souviens du critique d’un journal valaisan qui voyait la subversion dans chaque reportage et considérait ses auteurs comme les complices d’un complot gauchiste minant les valeurs de la société.Je me souviens, dans les années 1970, des pres-sions et des mises en cause à propos de telle émis-sion jugée trop critique ou contraire aux bonnes mœurs, mais qui, aujourd’hui, apparaîtrait anodine.Je me souviens de séances animées de la commis-sion des programmes dont certains membres con-testaient un mot, une image ou le choix d’un invi-té et n’imaginaient la télévision romande que docile, complaisante et respectueuse de tous les pouvoirs.Je me souviens d’une intervention d’un responsable de Swissair au lendemain de la diffusion d’un repor-tage sur l’apartheid en Afrique du Sud qu’il jugeait nuisible aux intérêts de son entreprise (1975).Je me souviens des remous suscités par un débat diffusé en direct de l’Université de Fribourg au cours duquel un responsable de Nestlé avait été mis en cause par les étudiants, comme si leur

contestation verbale menaçait l’économie de mar-ché et les fondements mêmes de nos institutions (1977).Je me souviens d’une direction de l’information défendant son indépendance et celle de ses colla-borateurs à l’égard de tous ceux qui voulaient une télévision conformiste et de la fermeté d’un Alexandre Burger ou d’un Jean Dumur pour garantir notre liberté et assurer le droit des télés-pectateurs à une information libre, équitable et honnête.Je me souviens surtout que j’ai eu la chance de faire partie de cette génération de journalistes et de réalisateurs qui se sont lancés à la conquête du petit écran dans les années 1960.C’était le temps du noir et blanc, de l’absence de la publicité, comme des préoccupations d’audien-ce et de la logique du marché. Le temps où tout paraissait possible, où nous pensions que la télé-vision de service public devait assumer une fonc-tion critique et être un outil de création, de réflexion et d’ouverture. Une télévision qui devait être le miroir de la réalité avec des émissions d’information indépendantes de tous les pouvoirs, de gauche comme de droite, afin de permettre à chaque citoyen de mieux comprendre les enjeux majeurs de notre société.Oui, comme Georges Perec, je me souviens du temps passé, des affrontements des premières années de l’histoire de la Télévision suisse roman-de et d’une aventure passionnante que j’ai eu la chance de vivre-!

Claude Torracinta

*Fondateur de Temps présent en 1969, ainsi que de nombreuses autres émissions d’information, journaliste et producteur, Claude Torracinta a été chef du départe

ment des Magazines, puis directeur de l’Information. Il est l’une des personnalités les plus marquantes de l’his-toire de la TSR.

J

Page 25: TSR Montage PDF - rts.ch · La justice et la TSR, par Dominique Warluzel page 74 ... Canal 18-25: mes années de poudre, par Nathalie Nath page 230 Les variétés: souvenirs, ...

SOMMAIRE

* Alexandre Burger, né en 1920, est entré à la TSR en 1958. Journaliste spécialisé dans l’aviation et dans les émissions médicales, Alexandre Burger devint chef du

département de l’Information en 1965. Il fut directeur des programmes de 1973 à 1982.

LES PROGRAMMES DES ANNÉES 70QUELQUES JALONS DANS LA BRUME DU SOUVENIR

190

es montagnards les connaissent bien, ces petits amas de pierres soigneusement ajustées par ceux qui ont passé avant eux, pour leur servir de guide. Ainsi en est-il du cheminement à travers un passé plus trop récent.Mais, en fait, n’aurait-on pas tort de trop compar-timenter ce qui est ancien et nouveau ? Le mani-chéisme est un penchant dangereux. On peut bien dire qu’en deux générations, tout change ou tout devrait changer. La TV n’est plus ce qu’elle était, entend-on souvent. C’est vrai. Avec un peu d’esprit autocritique (ce qui demande un brin de modestie, vertu sans doute surannée), on doit néanmoins reconnaître un phénomène qui lui est propre. Aujourd’hui, elle cherche des voies nouvelles, peut-être plus populaires et novatrices. A la fois elle veut s’éloigner de conceptions – dont toutes se justifient moins – qui avaient l’honorable ambition d’offrir au plus grand nombre le droit d’approcher ce qui est le plus loin d’eux. Des personnalités les plus brillantes aux personnes les plus humbles, de l’art, de la politique, ou de la science des uns, au courage de vivre des autres.Au hasard, quelques jalons retrouvés, comme ceux de Destins (un bon exemple de l’emploi du film et du direct), ou les portraits – quelquefois trop académiques – de figures qu’on ne peut oublier. Ainsi reviennent, pêle-mêle, Yehudi Menuhin, Arthur Rubinstein, la Reine de la Nuit de Mozart, des alpinistes-poètes comme Gaston Rebuffat, Joseph George, ou Hermann Geiger, Hans Erni, Picasso, les impressionnistes, les deux Armstrong (Louis et Neil, celui d’Apollo II et du plus long «-direct-» de notre temps), et tant d’autres… Non pour dire qu’on ne peut faire mieux. Ce serait de l’autosatisfaction qui n’en-gendre aucun progrès. Mais peut-être pour rappe-

ler qu’à chaque nouvelle génération, le danger est de croire inventer, sans bien savoir ce qui s’est fait, en bien ou en moins bien. Autre changement : les concepts de programme évo-luent, ou se renforcent.Et l’idée, apparemment nouvelle sur bien des chaînes, des programmes « interactifs ». Pas si nouvelle chez nous, si l’on se souvient seulement d’Agora, de TV à la carte, et même d’A vos lettres et, bien sûr, de Table ouverte.Disons tout : il y a encore ce qu’on nomme, à tort, les « tabous ». Alors qu’il s’agit de simples règles de respect du plus large public. N’était-il pas juste de ne pas tomber dans les pièges verbaux de l’as-trologie, ou des guérisseurs miracles ?Et il y a ce qu’on peut nommer l’atteinte à l’inti-mité des couples. Naguère, on s’interrogeait sérieusement sur ce qui pouvait être excessif. La première émission sur le « planning familial » ne cachait rien, mais respectait tout. Ou d’autres exemples comme Mérette, parfaitement maîtrisée (par le même réalisateur), ou certaine scène des remarquables Petites fugues. Mais il s’agissait alors, par l’espacement de telles productions, de ne pas paraître hanté par ce qui ne concerne qu’un faible nombre de personnes. Et pourtant aujourd’hui, dans la presse et le téléphone, sur les écrans, le déferlement contagieux est arrivé. Jusqu’à saturation ?C’étaient là quelques idées d’alors, que l’évolu-tion modifie. Cependant, dans Ce fleuve qui nous charrie, le meilleur de l’ancien et du nouveau se brassent : le courant n’en passera que mieux.

Alexandre Burger (1994)

L

Page 26: TSR Montage PDF - rts.ch · La justice et la TSR, par Dominique Warluzel page 74 ... Canal 18-25: mes années de poudre, par Nathalie Nath page 230 Les variétés: souvenirs, ...

SOMMAIRE SOMMAIRE

Licenciés

Les conflits idéologiques en trompe-l’œil à la TSR, en 1971, aboutiront au licenciement de Marlène Belilos productrice-journaliste, Pierre-Henri Zoller, journaliste, Pierre Nicole et Jean-Claude Deschamps, réalisateurs, et Michel Boujut, journaliste. La sixième licenciée, Nathalie Nath, productrice, est absente de cette photo où l’on remarquera l’importance donnée à l’événement par la presse romande.

Photo Daniel Vittet

196195

La TSR remporte la Rose d’Or de Montreux avec Happy End de Jean-Louis Roy et Pierre Koralnik.

Débuts de l’émission Un’ora per voi, à l’in-tention des émigrés italiens.

Premiers magnétoscopes professionnels.

Plusieurs dirigeants et collaborateurs d’Expo 64, dont Jean-Jacques Demartines, rejoignent la TSR.

Grâce à l’arrivée de la publicité, la TSR ne fait plus relâche le mardi. Ascension du Cervin en direct, commentée par Alexandre Burger (coproductionTSR-BBC).

Jean-Luc persécuté, de Claude Goretta, inaugure un cycle francophone de téléfilms adaptés des romans de C.-F. Ramuz.

Inauguration d’un studio au Palais fédéral à Berne.

Champ libre, magazine artistique, espace de liberté pour les réalisateurs. Aux com-mandes-: Robert Krummenacher, Yvan Butler, Pierre Barde, Gilbert Bovay, Marlène Bélilos.

Création de l’émission politique dominicale Table ouverte, qui sera rempla-cée le 15 septembre 1996 par Droit de cité. Les premiers animateurs étaient Alexandre Burger, Jean Dumur, Pierre Béguin, Roger Nordmann et Roland Bahy.

Tandis qu’un peu partout en Occident la jeunesse se rebelle, la TSR adopte la couleur. Stanley Kubrick filme 2001 l’Odyssée de l’espace ; et Robert Kennedy est assassiné à Los Angeles devant une caméra Coutant de Continents sans visa, tenue par André Gazut. Cette Dernière campagne de Robert Kennedy, de Jean-Jacques Lagrange et André Gazut, remporte le prestigieux prix Emmy Award.

Le Groupe 5 est créé par Michel Soutter, Jean-Jacques Lagrange, Alain Tanner, Jean-Louis Roy, Claude Goretta.

1964 Première émission de Temps présent, qui remplace Continents sans visa.

En mondovision et sur la TSR, Neil Armstrong marche sur la lune dans la nuit du 21 juillet.

L’esprit de Mai 68 débarque à la TSR, avec l’émission Canal 18-25.

Le pape Paul VI visite Genève, suivi par les caméras de Jean-Jacques Lagrange.

Le reportage d’Yvan Butler et Guy Ackermann A leurs risques et périls, sur les correspondants de guerre du Cambodge, gagne le Prix Italia.

Charles mort ou vif d’Alain Tanner, premier film du Groupe 5, triomphe à Paris.

Les femmes suisses obtiennent le droit de vote.

Crise de croissance et crise politique à la TSR. Conflits entre les gens de programme et la Direction. Grève d’un jour des réalisa-teurs et des assistants.

Licenciement de deux productrices, deux réalisateurs et deux journalistes.

Première de La Voix au chapitre, émission littéraire de Catherine Charbon.

La TSR s’installe dans la Tour nouvel-lement construite, au bord de l’Arve, à Genève.

La 100e de Progrès de la médecine est la première grande émission de la TSR réali-sée en couleur avec le car de reportage.

Réorganisation. René Schenker devient Directeur régional Radio-Télévision et Alexandre Burger Directeur des pro-grammes de la TSR.

Première des Oiseaux de nuit de Bernard Pichon.

Première édition en couleur du Téléjournal, toujours centralisé à Zurich.

1969

1970

1971

1972

1973

1965

1966

1968

1964-1973ÂGE D’OR ET CRISE DE CROISSANCE

La première pierre Marcel Bezençon

Pose de la première pierre de la Tour de la TSR, le 7 juillet 1966. De gauche à droite, Marcel Bezençon, directeur général de la SSR, Claude Evelyne, speake-

rine et productrice, et René Schenker, directeur. Au second plan, on aperçoit Claude Ketterer, futur maire de Genève.

Photo Archives TSR

Page 27: TSR Montage PDF - rts.ch · La justice et la TSR, par Dominique Warluzel page 74 ... Canal 18-25: mes années de poudre, par Nathalie Nath page 230 Les variétés: souvenirs, ...

SOMMAIRE

L’ÂGE D’OR DES DRAMATIQUES

204

’âge d’or des dramatiques – dans les années 1960-1970 – aura coïncidé avec l’avènement de réalisateurs d’exception et l’affirmation d’un lan-gage spécifique de la fiction en studio, autre que celui de la narration cinématographique. Les pièces de théâtre ou les textes originaux étaient fouillés par une approche intime, quasi psycholo-gique, de la caméra.Comme un œil qui scrutait les âmes et les mots.Sentiment donc d’un autre rythme, d’une aptitude nouvelle à recevoir en gros plan les émotions. En une sorte de huis clos, comme la pièce du même nom de Sartre, réalisée par Michel Mitrani en un seul et unique plan obsessionnel.C’est aussi parfois de plans-séquences d’une durée historique dont usait Claude Goretta pour cerner au plus près, sans rupture aucune, interprètes et répliques de Wesker ou de Marguerite Duras.Le soutien mutuel d’un texte, plus fort que tout scé-nario à prétention faussement cinématographique, et d’une image discrète, mais irrésistiblement pré-sente – la conjugaison du mot et de l’image-; tel était donc le secret des dramatiques où brillaient nos meilleurs réalisateurs.Ainsi Pirandello révélé en ses vertiges psychologi-ques par Roger Burckhardt ou Raymond Barrat, mieux encore qu’à la scène. Et Pinter imposant le poids des mots et des silences dans L’Amant réali-sé par Jean-Jacques Lagrange ou dans La Collection, pièce sur mesure pour Michel Soutter, ce maître du temps mort. Avec des acteurs usant de l’ambiguïté et du non-dit : Michel Lonsdale, Marcel Imhof.L’économie, la force du langage et la vérité du gros plan caractérisaient la fiction sur le petit écran. Comme un signe précurseur d’une société allant à l’essentiel.

Mais jamais non plus l’image n’occultait le mot, ne réduisait sa force poétique, son pouvoir d’inter-rogation. Jusqu’à se fondre l’une l’autre lorsque le réalisateur était lui-même l’auteur du texte, tel Ce Schubert qui décoiffe, œuvre en demi-teinte de Michel Soutter, créateur qui nous manque à jamais, et qui ouvrait la voie de l’écriture télévisuelle.Les dramatiques, trente ou quarante ans plus tard, ce sont des souvenirs en forme de coups de cœur, tous liés à cet équilibre entre la forme et le fond, où se rejoignaient auteurs et réalisateurs : le duo Haldas-Goretta transposant Tchekhov, conteur selon leur cœur ; des écrivains suisses imaginant une dramaturgie du petit écran, Walter Weideli, Louis Gaulis ou Denise Gouverneur, lequel offrait dans Levée d’écrou un rôle bouleversant à Lise Lachenal ; ou Fassbinder, auteur autant que cinéaste, dont Liberté à Brême était passé au scal-pel par Raymond Vouillamoz, avec un trio d’inter-prètes exceptionnels : Catherine Sümi, Jacques Denis et Roger Jendly.Des dizaines d’acteurs, hélas, ont disparu, l’in-comparable François Simon et tant d’autres qui jalonnent ce long chemin de la fiction en studio, ainsi que trois de nos meilleurs réalisateurs, Michel Soutter, Roger Gillioz, Jean-Claude Diserens : ils auront laissé sur notre terre cette trace frémissante, unique, où se réconciliaient le mot et l’image.

Maurice Huelin

* Maurice Huelin, journaliste, intervieweur des plus grands, de Cocteau à Mitterrand, a été chef du Service

dramatique à la TSR de 1962 à 1982, 20 ans au cours desquels il a produit plus de 200 dramatiques.

L

Page 28: TSR Montage PDF - rts.ch · La justice et la TSR, par Dominique Warluzel page 74 ... Canal 18-25: mes années de poudre, par Nathalie Nath page 230 Les variétés: souvenirs, ...

SOMMAIRE

ne quinzaine d’années après la Seconde Guerre mondiale, dans le désert cinématogra-phique de la Suisse romande où, depuis long-temps, rien ne bougeait tandis que de jeunes fous rêvaient de s’exprimer par les images mouvantes en découvrant les classiques d’autrefois dans les ciné-clubs ultrabondés, la télévision naissante ne parut pas être, incertaine et timide, l’une des curiosités sidérantes du génie de l’ubiquité, mais plutôt une sorte d’atelier de grand-père bricoleur, plein de jouets au moyen desquels de passionnés poètes, à peine sortis d’une adolescence tardive, espéraient composer des œuvres personnelles. Caméras et tables de montage, du coup, perdaient leur caractère d’instruments sacrés du rituel d’un culte secret célébré, de studios en laboratoires, par des officiants glorieux, prêtres inapprochables. Enfin, par la mise à leur portée d’un outillage qui n’avait rien encore d’électroniquement sophistiqué, devenait possible, d’une manière assez empirique, l’apprentissage du métier.C’est ainsi que Goretta, Soutter, Tanner, Roy, Lagrange, se familiarisèrent avec une écriture nou-velle qui ressemblait, à s’y méprendre, à celle du septième art (tournage en 16, puis gonflé). Ils convoquèrent au scénario Tchekhov ou d’autres écrivains, traquèrent la fiction derrière le repor-tage, ou le documentaire sous la fiction et, sûrs de leurs pouvoirs, unirent leurs forces dans le Groupe 5 (1968) avec l’appui décisif de la direction de la Télévision romande, soit cinq ans après l’entrée en vigueur de la loi d’aide fédérale, interminable-ment concoctée. La conjonction de ces deux sou-tiens nécessaires qui furent, l’un et l’autre, d’ordre financier autant que moral, suscita la création du «-nouveau cinéma suisse-» d’origine genevoise. Il sera, dès 1969-70, au cours d’environ une décen-nie, salué par le monde entier, de festivals en

articles élogieux dans les revues et devant des publics nombreux, surpris par cette inattendue vitalité d’un esprit critique inventif.Mais cet heureux mariage ne dura pas. Les condi-tions, chez les deux conjoints, changèrent vite au gré d’un très explicable (quoique déplorable) mou-vement dialectique sur fond de réalités économi-ques, sociales et culturelles (dans l’acception large du terme). Car l’implantation des petits écrans devint massive-: les chaînes de la concur-rence se multiplièrent. Les salles obscures sortirent de leur torpeur boudeuse ou peureuse. Dans les deux entités du couple, on différencia les fonc-tions, les objectifs et, par conséquent, le sens pro-fond des productions, d’où la conclusion logique de toute analyse, présente ou future du phéno-mène, par la citation à peine paraphrasée, de l’affirmation fameuse d’un auteur célèbre, défen-seur ultime (sans illusion) de la monnaie del’absolu-: «-Par ailleurs, la TV est une industrie.»

Freddy Buache

UN CINÉMA SALUÉ PAR LE MONDE ENTIER

209

* Fondateur de la Cinémathèque suisse, ami et soutien des cinéastes, Freddy Buache est l’auteur de nombreux

ouvrages consacrés au cinéma et le critique cinémato-graphique le plus connu de Suisse romande.

U

Page 29: TSR Montage PDF - rts.ch · La justice et la TSR, par Dominique Warluzel page 74 ... Canal 18-25: mes années de poudre, par Nathalie Nath page 230 Les variétés: souvenirs, ...

SOMMAIRE

LES PROGRAMMES DES ANNÉES 1960

212

our établir une grille de programmes, il faut savoir quels sont les moyens financiers et les moyens de production à disposition. Mais, surtout, il faut savoir quels sont les projets de programmes des responsables de secteurs d’activités, qu’il s’agisse d’émissions pour la jeunesse, d’informa-tion, de sport, de théâtre ou de cinéma.Dans le cadre d’une séance hebdomadaire consa-crée aux programmes, chaque responsable d’un secteur propose ce qu’il souhaiterait présenter. Il s’agit de créer un équilibre entre les différents genres de programmes autour d’un Téléjournal principal, diffusé chaque soir à 20 h 00.Le samedi et le dimanche, les émissions débutent plus tôt dans l’après-midi et le dimanche matin, assez régulièrement, on prévoit la retransmission d’un office religieux. On arriva ainsi, peu à peu, semaine après semaine, à présenter une grille de programmes très diversifiée où tous les genres se côtoyaient. Si la grille générale des programmes d’une saison avait un caractère de schéma ou de canevas qu’il fallait suivre, la plus grande sou-plesse était de rigueur afin d’offrir aux téléspecta-teurs des programmes et des thèmes d’émissions en fonction de l’actualité suisse et étrangère.A la fin de la conférence hebdomadaire des pro-grammes, que le directeur des programmes prési-dait, il fallait encore faire une importante addition de tout ce que coûterait la semaine de program-mes. Et si le montant de la semaine dépassait trop le budget à disposition, il fallait réexaminer cha-que soirée.Les grilles de programmes étaient faites par tri-mestre, sous forme de canevas. Chaque trimestre comportait treize semaines de programmes. Sur un plan purement financier, il faut savoir que les trois trimestres principaux, du 1er octobre au 30 juin de l’année suivante, étaient financés pour 30 % chacun du budget général, ce qui faisait

90 % jusqu’à fin juin, et qu’il restait, pour le qua-trième trimestre estival, 10 % seulement du budget annuel.Pour nous permettre de savoir de quelle manière nos émissions étaient reçues, et compte tenu du fait que la publicité avait été introduite quelques années auparavant, la société anonyme pour la publicité à la télévision, qui devait pouvoir rensei-gner les annonceurs, procédait ponctuellement à des enquêtes pour connaître le nombre de specta-teurs ayant suivi un programme-; et plus précisé-ment, je devrais dire les spots publicitaires. Cela a été une indication précieuse pour nous, mais nous avions également les avis de nos collaborateurs, les avis de la Commission de programmes et de notre Conseil d’administration, sans oublier le nombreux courrier qui nous parvenait et qui récla-mait, d’une manière générale réelle, plus de films de cinéma et moins de programmes à caractère éducatif-!Le directeur seul ne-fait pas la pluie et le beau temps dans sa maison. Il appartient à toute une équipe de participer et d’offrir les émissions les plus intéressantes à un public qui désire continuer à faire confiance à la Télévision romande, à son style, à sa spécificité, car il en va de l’identité de chacun vivant dans ce pays.

René Schenker (1994)

* Créateur de la TSR, René Schenker l’a dirigée de 1958 à 1973, avant de devenir directeur de la Radio et de la Télévision suisse romande de 1973 à 1985.

P

Page 30: TSR Montage PDF - rts.ch · La justice et la TSR, par Dominique Warluzel page 74 ... Canal 18-25: mes années de poudre, par Nathalie Nath page 230 Les variétés: souvenirs, ...

SOMMAIRE

CANAL 18-25 : MES ANNÉES DE POUDRE

230

a Télévision est en pleine adolescence, ma vie professionnelle débute et une formidable remise en question va ébranler la société tout entière. Mary Quant s’apprête à couper les jupes, les hip-pies nous envoient déjà leurs fleurs…Sur les écrans en noir et blanc de la Télévision romande, Continents sans visa s’affiche comme l’émission phare pendant que Pierrot le Fou dyna-mite les écrans de cinéma. Les différents pouvoirs n’ont pas encore pris la mesure de la puissance de ce nouveau média, c’est l’époque des mono-poles-: SSR, ORTF, BBC, RAI…La Télévision romande, en pleine expansion, engage à tour de bras. Elle engage la génération du baby-boom, celle qui va s’opposer à toutes les rigidités d’une société sclérosée, celle qui s’affirme et se proclame « sujet autonome », celle enfin qui ne veut plus gagner sa vie en la perdant.Je suis productrice d’émissions : mes projets trou-vent tout naturellement un écho favorable parmi les jeunes journalistes et réalisateurs et, très vite, nous formons un clan. Le «-jeune-» se porte bien, se vend bien, la direction nous soutient. Les émis-sions se succèdent avec une certaine réussite.En donnant la parole aux jeunes, aux exclus, aux immigrés, à tous ceux qui bougent, et en faisant une télévision de l’interrogation plutôt que du savoir, nous nous mettons en marge de l’establish-ment. De plus, le manque de moyens nous force à inventer, avant l’heure, la télévision de proximité, beaucoup plus sensible politiquement. Révéler en effet que des ouvriers, en Suisse, sont chronomé-trés lorsqu’ils se rendent aux toilettes est plus com-promettant pour le pouvoir que les injustices à l’autre bout du monde.

Canal 18-25 a le vent en poupe, le magazine occupe deux heures vingt d’antenne en direct et en public, toutes les trois semaines. Les cars de reportage sillonnent la Suisse romande, des salles entières de jeunes nous attendent. Mais les démêlés avec les autorités de toutes sortes vont vite surgir.La Tour se construit. La vieille garde résiste, l’inso-lence que nous lui opposons redouble la suspicion à notre égard. Nous sommes taxés de gauchisme, de communisme, de pornographie, tout en vrac. Mais le pire, car imparable : de manque de pro-fessionnalisme, euphémisme pour désigner l’auto-censure.Berne ne cesse d’intervenir. La classe politique réalise l’impact de la télévision. Canal 18-25 crée de violents débats sur la place publique, dans la presse, et jusqu’au Parlement fédéral.Un rapport commandé par la direction, Le temps du mépris de Jean-Claude Diserens, met en évi-dence de graves dysfonctionnements internes. Une grève secoue la maison. Les rapports se durcis-sent… La censure se fait plus pressante. Un soir d’octobre 1971, sous la lumière crue des néons, René Schenker, directeur, entouré de divers digni-taires, donne lecture à six collaborateurs de la lettre de leur renvoi immédiat. La Télévision nous laisse quelques minutes pour ramasser nos effets personnels, pose des scellés sur nos portes et nous défend ad aeternam l’accès aux locaux SSR.C’est l’heure de la blessure, de l’injustice. Les avocats entrent en scène. « Les années de poudre » cèdent définitivement le pas à celles de plomb.

Nathalie Nath

* Nathalie Nath, productrice du célèbre Canal 18-25, est revenue à la TSR en 1994 pour produire Ça colle et c’est piquant, Ça cartonne, Qu’est ce qui fait rire…, et en 2004

Ça, c’est de la télé, série consacrée au 50e. Entre 1971 et 1994, Nathalie Nath a travaillé pour le cinéma et le théâtre et a notamment été rédactrice en chef du magazine Emois.

L

Page 31: TSR Montage PDF - rts.ch · La justice et la TSR, par Dominique Warluzel page 74 ... Canal 18-25: mes années de poudre, par Nathalie Nath page 230 Les variétés: souvenirs, ...

SOMMAIRE SOMMAIRE

264

n 1964, l’année de l’Expo de Lausanne, la TSR fêtait dix ans d’existence. Les téléspectateurs étaient encore peu nombreux (tout le monde n’avait pas la télé) et le budget de programme de la TSR avoisinait les 11 millions de francs, avec des émissions en soirée seulement, sauf le mardi, jour de relâche. Expo 64 était pour les Suisses une fête et l’occasion d’une rencontre entre Confédérés. C’était aussi le moment d’une réflexion sur la modernité et ses futurs (temps des loisirs, aménagement du territoire, œcuménisme, création, recherche scientifique, santé, éducation, information, pour ne citer que le secteur de l’Art de Vivre). La TV de 64 était avant tout d’informa-tion sur l’Expo et ce qui s’y passait. Pour la TSR, l’Expo était un magnifique terrain d’exercice. Elle lui a permis de faire ses armes dans les retrans-missions en direct de grandes manifestations publiques. Ma génération se souvient encore des retransmissions des cortèges des journées canto-nales, où les Suisses se présentaient aux Suisses dans leur diversité et leurs différences. Notre TV jouait déjà la carte de l’identité helvétique et de la cohésion nationale.Les années d’après-Expo ont été pour la TSR les années de la croissance, période faste pour des forces jeunes qui ne demandaient qu’à pouvoir s’exprimer. C’était l’époque de la première géné-ration de réalisateurs et de grands reporters, qui ont donné à la TSR ses lettres de noblesse et en ont fait une télévision connue et respectée dans le monde francophone et au-delà. Si 1964 fut l’an-née d’actes de foi et de confiance dans l’avenir pour un peuple qui voulait «-croire et créer pour la Suisse de demain-» (devise de l’Expo 64), cela fut, pour la jeune TSR, une magnifique aventure dans la création et l’affirmation de soi, la preuve que les petits organismes, malgré des moyens dix

fois inférieurs à ceux des grands, pouvaient faire bien, voire faire mieux, et souvent s’exprimer avec plus de liberté et d’innovation.La TV, témoin de l’événement de 1964, est deve-nue acteur de l’Expo.02, instrument de réflexion et de débats. Si l’on accède maintenant à tout le savoir humain à travers internet, il convient de rappeler le rôle formateur et de vulgarisation de la TV qui, petit à petit, a développé une curio-sité pour la connaissance et un certain esprit de prospective cher à l’Expo 64. La méthode d’exposition a changé-: alors, on faisait voir aux visiteurs pour les faire réfléchir, aujourd’hui on privilégie le spectacle sur le didactique et on crée de l’émotion. On observe la même tendance en télévision où l’émotion prime souvent la raison, la séduction, l’argumentation, mais cela est une autre histoire. A l’Expo 1964, la présence de la TSR se manifestait au visiteur, sous la forme d’un écran géant (eidophore) qui lui renvoyait sa pro-pre image. Miroir de notre société, la TSR nous renvoie à nous-mêmes. Elle démontre depuis 50 ans sa capacité d’ouverture au monde, elle nous invite à participer à la vie civique, à nous interro-ger, comme en 1964 et en 2002, sur les change-ments d’aujourd’hui et de demain.

Jean-Jacques Demartines

LA TSR, D’EXPO 64 À EXPO.02

263

Deuxième femme à partir de la gauche sur la photo : Catherine Wahli

Catherine Wahli : hôtesse à Expo 64, d’origine bernoise, parfaitement bilingue, secrétaire puis assistante du patron de l’information de la TSR Alexandre Burger, coproduc-trice à Temps présent. Fondatrice avec Daniel Stons et Jacques Neyrinck de A bon entendeur (1976), elle en devient la figure emblématique avant de diriger, en tant que rédactrice en chef, le Téléjournal de 1993 à 1996.

Deuxième femme, dans son charmant uniforme, à partir de la gauche sur la photo prise à Vidy en mai 1964. Volant au secours des consommateurs, personne n’a oublié le ton percutant que Catherine Wahli imposa avec succès à A bon entendeur pendant… dix-sept ans.

* Docteur HEC à l’Université de Lausanne, Jean-Jacques Demartines a été nommé chef du secteur Art de Vivre à l’Expo 64. En 1965 il est directeur adjoint de la TSR, puis de 1985 à 1992, il occupera le poste

de directeur régional à la RTSR. De 1992 à 1996 il sera président du directoire (conseil d’administration).

E

Photo Archives TSR

Page 32: TSR Montage PDF - rts.ch · La justice et la TSR, par Dominique Warluzel page 74 ... Canal 18-25: mes années de poudre, par Nathalie Nath page 230 Les variétés: souvenirs, ...

SOMMAIRE SOMMAIRE

Duel à cache-cache

En mai-1960, première du jeu Duel à cache-cache, pré-senté par Georges Kleinmann. L’auteur du générique, Edmond Liechti, est le créateur des mini dessins animés qui, dès 1965, habilleront avec bonheur les spots publi-citaires.

278277

A la TSR, début de Claude Evelyne, spea-kerine. Au cinéma La fureur de vivre avec James Dean, de Nicolas Ray.

La TSR retransmet, en direct de Vevey, le spectacle de la Fête des Vignerons, ainsi que le cortège.

La chanteuse romande Lys Assia gagne, avec Refrains, le premier Grand Prix de l’Eurovision de la Chanson, dis-puté à Lugano. Musique : Géo Voumard. Paroles : Emile Gardaz.

Au cinéma Et Dieu créa la femme, avec Brigitte Bardot. A la TSR, le jeu Echec et mat avec Roland Jay, première vedette TSR.

Le poste à transistor, qui rend le récepteur radio mobile, s’impose.

Les Platters chantent Only you.

Interview du Général Guisan par Alexandre Burger, première émission « kinescopiée. »

Première émission médicale TSR sur la poliomyélite.

Geiger pilote des glaciers, de Jean-Jacques Lagrange, est remarqué au Prix Italia.

Le Spoutnik, premier satellite terrestre, lancé par l’URSS, émet ses bip-bip.

René Schenker succède à Frank Tappolet comme chef du programme.

Première de Continents sans visa, l’ancê-tre de Temps présent, tandis qu’au cinéma, le film d’un Suisse fait sensation : A bout de souffle de Jean-Luc Godard.

Au cinéma La Dolce Vita de Fellini.

Horizons campagnards, lien entre la ville et la campagne, émission d’Armand Caviezel.

René Schenker crée un réseau de corres-pondants locaux, avec l’aide des Conseils d’Etat, et de photographes locaux pour l’émission d’actualités régionales Carrefour.

Au cinéma, la comédie musicale West Side Story.

1955 Succès du jeu Duel à cache-cache, pré-senté par Georges Kleinmann.

Douze pays suivent, en Eurovision, le per-cement du tunnel du Grand-Saint-Bernard.

L’équipe de Continents sans visa participe au Congrès du Cinéma, en direct de Lyon, où est présentée la nouvelle caméra Coutant. Silencieuse, elle révolutionne le reportage en permettant l’enregistrement de son synchrone dans n’importe quelle condition. Malgré l’op-position de la Direction technique à Zurich, la TSR en achète.

Johnny Hallyday, les Beatles, Jimi Hendrix, Leonard Cohen et tant d’autres débarquent dans les nouvelles années folles, lesquelles verront le triomphe de la minijupe, du jean et de la jeunesse.

1962

1963

1956

1957

1958

1959

1960

1961

1955-1963TOUT NOUVEAU, TOUT BEAU

Pilote des glaciers 1957

Aérodrome de Sion, 1957. A l’arrière-plan, le piper Super Club d’Hermann Geiger. A gauche, la caméra sur un travelling. A droite, le preneur de son. Jean-

Jacques Lagrange tourne Pilote des glaciers, qui gagne-ra le prix de la ville de Venise au Prix Italia 1958.

Photo Jean-Jacques Lagrange

Claude Evelyne Speakerine et productrice

Engagée comme speakerine en 1955, Claude Evelyne devien-dra productrice. Ici elle présente, à Fribourg, en 1963, avec Guy Ackermann, journaliste, une émission pour les juniors.

Photo Archives TSR

Page 33: TSR Montage PDF - rts.ch · La justice et la TSR, par Dominique Warluzel page 74 ... Canal 18-25: mes années de poudre, par Nathalie Nath page 230 Les variétés: souvenirs, ...

SOMMAIRE

À L’ABORDAGE DE CONTINENTS SANS VISA

280

ovembre 1959 : piloté par Alexandre Burger, un quarteron de « cinq colonels » (c’est le journa-liste Guy Ackermann l’auteur de ce surnom allusif, largement repris par la presse) constitue le noyau d’une redoutable escadrille qui, non sans peine et non sans visa, va conquérir la planète lors d’une chasse forcenée à l’info : Gilbert Bovay, Français, n’est pas militaire ! Jean-Claude Diserens est com-plémentaire ! Claude Goretta, Jean-Jacques Lagrange et moi-même, des pioupious réformés ! Une équipe de choc !Avec nous, plus de cent cameramen, illustrateurs sonores, journalistes, monteurs, preneurs de son et réalisateurs bravent les obstacles dressés par les nations : accidents, matraquages, maladies, vols, censures, grenades lacrymogènes, bouches cou-sues, crachats, prison, interdictions, mitraillages… rien n’y fait ! Nous plions, mais ne rompons point ! Aux premiers sondages d’opinion, nous sommes en tête. Le public apprécie. Nos fiancées, compagnes et épouses beaucoup moins.Avec nos alliés, Cinq colonnes à la une à Paris et 9 millions à Bruxelles, on coproduit, on échange, on coréalise pour informer, intéresser, divertir des millions de spectateurs. Avec eux, nous rédigeons Le Journal de l’Europe, auquel collaborent la BBC, la RAI et la ZDF. Rien que cela ! On traverse un océan et le Canada fait équipe avec nous, des chaînes américaines nous offrent leur assistance. Quelle aventure !Elle ne se reproduira probablement jamais.Cinq cent cinquante reportages vont témoigner des grands moments des « Sixties ». Les équipes helvétiques en réalisent plus des deux tiers : l’Afrique noire mal partie, l’Italie renaissante, la conquête spatiale, les années Schwarzenbach, l’assassinat des Kennedy, la Chine maoïste, la

folle Amérique du Sud, le séparatisme jurassien, l’apartheid, le Japon conquérant, Mai 68, la pou-drière du Moyen-Orient, la jeune Algérie, l’enfer du Vietnam… et tout ce qui excite notre curiosité : la mode, la littérature, le cinéma, le sport, la chan-son, la presse, la science, le music-hall, la radio, la peinture, le théâtre… et même la télévision. Chaque mois, en moyenne cinq reportages par émission constituent un vrai magazine d’informa-tion concernant septante pays. Avril 1969 : Continents sans visa, ses enfants Le Point et Dossiers, sont heureux d’annoncer la naissance de Temps présent ! Une belle aventure, non ?

François Bardet

* Né en 1931, François Bardet obtient une licence à l’Institut des hautes études cinématographiques à Paris. Entré à la TSR en 1956, il réalisera Continents sans visa, Cinéma-vif et mille autres films pour

la Croix–Rouge, Ciba-Geigy, l’UNESCO. Il produira par ailleurs de nombreuses émissions consacrées au cinéma, avec Rodolphe-M. Arlaud. Il remporta la médaille d’or du film publicitaire à Venise.

N

Page 34: TSR Montage PDF - rts.ch · La justice et la TSR, par Dominique Warluzel page 74 ... Canal 18-25: mes années de poudre, par Nathalie Nath page 230 Les variétés: souvenirs, ...

SOMMAIRE

LA VALSE DES PREMIÈRES ANNÉES

296

a Télévision suisse a effectué sa première retrans-mission en Suisse romande le 1er novembre 1954. Cette première émission suivait une période expé-rimentale d’environ douze mois, dont les frais furent couverts entièrement par la Ville de Genève, qui créait ainsi un embryon de studio de télévision en Suisse romande.Le 1er novembre 1954 et pendant plusieurs mois encore, la Télévision romande utilisa l’émetteur de la Rippaz, à Genève, construit par les techniciens et étudiants de l’Institut de physique.Le directeur de la Télévision suisse, M. Edouard Haas, dirigeait depuis plus d’une année la période expérimentale de la Télévision suisse alé-manique à Zurich et devenait ainsi le directeur en titre pour la Suisse romande également, avec un collaborateur dépendant directement de lui, M. Frank Tappolet, lequel devait assurer dès ce jour les programmes TV en langue française.A cette époque, on ne connaissait pas encore la décision du Conseil fédéral de fixer dans trois vil-les seulement, une par région linguistique, les cen-tres de production de la Télévision helvétique. Ce n’est que quelques années plus tard, à la suite d’une vaste polémique Bâle-Zurich et Lausanne-Genève, que les villes devant être équipées de TV ont été désignées par l’autorité fédérale, à savoir Zurich, Lugano et Genève.Le 6 janvier 1958, le Comité central de la SSR me désignait au titre de directeur adjoint de la Télévision suisse et chef du programme romand. A ce moment-là, j’étais directeur adjoint de Radio Genève.Aussi ce n’est que le 1er mai 1958 que je pris les rênes de la Télévision Suisse Romande et que je me suis intéressé à tout ce qui touchait aux pro-grammes, mais encore à la technique, à l’admi-nistration, aux finances, afin d’envisager le déve-loppement de notre télévision.

Mais revenons à 1954, date à laquelle, après la période expérimentale, j’avais remis les clés de la TSR à M. Frank Tappolet.Ceux qui étaient parmi les premiers téléspecta-teurs se souviendront des images qu’ils recevaient alors sur leur poste. La qualité technique n’était pas parfaite, loin de là, mais l’intérêt pour la télé-vision était tellement grand que les téléspectateurs regardaient pratiquement tout ce que le studio du parc Mon-Repos, au bord du lac à Genève, pou-vait ainsi diffuser. Les émissions étaient toutes fil-mées, enregistrées à l’avance, et même les annonces de la speakerine de 1954, Arlette, devaient être enregistrées quarante-huit heures avant l’émission. Il n’y avait donc aucun moyen de faire aujourd’hui «-du direct-», et la Télévision suisse commença son travail avec des films de location, des films prêtés gratuitement et quelques bandes filmées réalisées par les premiers opéra-teurs de la TV romande.L’esprit critique des spectateurs n’était certes pas aussi aiguisé qu’il l’est aujourd’hui. On pouvait repasser deux fois, trois fois, même quatre fois le même programme en l’espace d’un mois, per-sonne ne s’en plaignait. La télévision faisait des miracles.

René Schenker (1994)

* René Schenker, né en 1920, âme de la création de la TSR, lauréat du Concours international d’exécution musicale de Genève, catégorie alto, directeur adjoint

de Radio-Genève, a été directeur de la TSR de 1958 à 1973 et directeur de la Radio-Télévision suisse romande de 1973 à 1985.

L

Page 35: TSR Montage PDF - rts.ch · La justice et la TSR, par Dominique Warluzel page 74 ... Canal 18-25: mes années de poudre, par Nathalie Nath page 230 Les variétés: souvenirs, ...

SOMMAIRE SOMMAIRE

306

1454-1954VERS LA SOCIÉTÉ DE COMMUNICATION

305

La Bible dite à « 42 lignes » de Gutenberg marque les débuts de l’impres-sion typographique en Occident, premier pas de la société de communication de masse qui n’a cessé de se développer, pas-sant, en 500 ans, du plomb du typographe au code binaire du numérique.

L’inventeur de la télévision n’existe pas. Il n’est malheureusement pas possible de lui donner un nom, car ils sont des mil-liers de savants, de chercheurs et de tech-niciens qui ont contribué à concrétiser ce rêve de «-voir à distance-», qui est devenu télévision. Il a fallu plus d’un siècle de recherches et d’essais pour arriver à résoudre le triple problème de capter l’image animée, de la transmettre par radio et de la reproduire au lieu de réception.

Le physicien anglais Davy porte per-ruque et transmet pour la première fois quelques signes simples grâce à un conduc-teur électrique.

Niepce invente le principe de la photo.

Caselli « télégraphie » des silhouettes entre Paris et Lyon.

Bell invente le téléphone.

Premières prises de vues cinématogra-phiques en Suisse romande, filmées à l’Exposition nationale suisse, à Genève. Commentaire de la Tribune de Genève du 9 mai 1896 : « La vie mouvementée de ces tableaux dérouterait la raison humaine, si on ne savait qu’avec l’électricité toutes les merveilles sont possibles. »

Braun met au point l’oscilloscope catho-dique. Amélioré par les Russes Rosing puis Zworykin, cet analyseur d’images (1907) devient le tube électronique qui équipe les téléviseurs du XXe siècle.

Première émission publique de radio aux Etats-Unis.

Campbell-Switon met au point le prin-cipe de la TV.

Premiers vagissements de la Radio Suisse romande. (L’émetteur de Lausanne est le troisième du genre installé en Europe.)

Première diffusion expérimentale d’ima-ges de télévision à Londres.

Fondation de la Société Suisse de Radiodiffusion (SSR).

La guerre des mondes, d’Orson Welles, raconte le débarquement des Martiens et terrifie les auditeurs américains.

Première présentation de télévision en Suisse, à l’Exposition nationale de Zurich, par le professeur Tank, de l’Ecole polytech-nique fédérale.

200-000 foyers américains reçoivent déjà la télévision.

« La télévision nous paraît indésirable à tous points de vue » (journal La Suisse, qui cessera de paraître en 1993).

Le Romand Marcel Bezençon est nommé directeur général de la SSR. Dès 1970, il préside l’UER, dont il est l’un des pionniers. Marcel Bezençon décède en 1981.

Les souvenirs des privations dues à la crise des années 1930 et à la Seconde Guerre mondiale s’estompent. La Suisse s’apprête à vivre les 50 années les plus florissantes de son histoire. La télévision va incarner cette prospérité.

René Schenker, directeur adjoint de Radio-Genève, initie le Groupe de Genthod, qui inventera la TSR. Parmi les pionniers, citons entre autres Robert Ehrler, futur producteur de Carrefour, Roger Bimpage, cameraman, Jean-Jacques Lagrange, réalisateur, Jo Excoffier, reporter-commentateur, Georges Hardy, inter-vieweur-commentateur, Humbert-Louis, reporter, et Christian Bonardelly, reporter sportif, Lyne Anska, reporter-commentatrice, Jean-Louis Roy, cameraman, Arlette Brooke, speakerine, Guy Plantin, speaker, Edouard

1454 1922

1926

1931

1938

1939

1948

1949

1950

1952

1800

1820

1826

1866

1875

1896

1897

1906

1908

Brunet et Bernard Schmidt, radiotechniciens, René Keller, menuisier.

Débuts à Zurich d’un programme de télévision suisse régulier, sous la direction d’Edouard Haas.

Essais de télévision à Lausanne et Genève dans un monde qui ne connaissait ni la pilule contraceptive, ni le terrorisme, ni la drogue, ni le chômage, ni le téléphone portable, ni les e-mails, ni les autoroutes, ni l’ordinateur, ni le fax, et encore moins le zapping. En ces temps reculés, les derbies entre Servette et Lausanne Sports et la riva-lité entre Radio-Lausanne et Radio-Genève illustraient l’esprit de clocher des deux villes qui se disputaient le siège de la future TSR.

Lancement du livre de poche en France, inventé aux Etats-Unis, en 1936, par Lane.

1953

1er novembre. Naissance officielle de la Télévision Suisse Romande. René Schenker retourne, à sa demande, à Radio-Genève et remet les clés de chef de programme à Frank Tappolet.

La TSR se développe à toute allure. Presque chaque semaine amène des nouveautés techniques (caméras 16-mm, vidéo, téléci-néma 35-mm, émetteur plus puissant, car de reportage stationné à Lausanne). Les programmes explorent modestement tous les genres encore en vigueur aujourd’hui. La première quinzaine de l’Eurovision offre du football, des reportages people, des spectacles culturels et folkloriques, des jeux.

1954

Expo 39 à Zurich Une caméra construite en Suisse

Exposition nationale à Zurich, en 1939. Première démonstration de télévision avec une caméra construite en Suisse, composée de «-deux yeux électriques.-» Au fond, le tube cathodique.

Photo A.-A. Guililand

Le téléphonoscope

Le téléphonoscope, tel que l’imaginait le dessinateur français A. Robida en 1886.

Page 36: TSR Montage PDF - rts.ch · La justice et la TSR, par Dominique Warluzel page 74 ... Canal 18-25: mes années de poudre, par Nathalie Nath page 230 Les variétés: souvenirs, ...

SOMMAIRE SOMMAIRE

318

nages et des contrebandes, métissant du Valaisan, du Parisien et du monde entier, magicien ouvert à tous les genres, capable d’expliquer les opportu-nités télévisuelles de la civilisation de la vache comme celle du top modèle américain. Sans cul-ture élitaire stricte, mais avec une incroyable cul-ture médiatique à échelle planétaire, Vouillamoz promeut une TSR de transgression, d’éclatement et de variété. Mais attention : ce métisse est un unifi-cateur et un décideur, parfois chef de clan, parfois teigneux, toujours ouvert, mais sachant s’imposer.Tout cela explique l’aspect paradoxal d’une nou-velle TSR qui se cherche entre l’expérimental et l’éphémère, que l’on s’autorise avec tous ses ris-ques et une nouvelle forme de durabilité helvéti-que où la politique suisse, l’économie suisse et la culture suisse trouveraient de nouvelles mises en spectacle transgressif.Les mutations de l’ère Vouillamoz provoquent de grandes crises d’identité individuelle et collective à l’intérieur de la maison, accompagnées parfois de vastes conflits de clans rivaux. Tandis qu’à l’ex-térieur, il n’y a plus de conflit idéologique majeur avec la TSR. Mais Vouillamoz n’aura pas de suc-cesseur. C’est une « fin de race », car personne ne peut dorénavant rassembler en lui ce que Vouillamoz le baroque avait logé en ses plis et replis.

Marchand et le management en quête de sens et de causeC’est un nouveau monde contradictoire que devra affronter la TSR du IIIe millénaire. Notons simple-ment-: d’une part nouveaux économismes, nou-veaux affairismes, nouveaux autoritarismes du marché avec libéralisation définitive du marché suisse, multiplication à l’infini des nouvelles tech-nologies, chaînes, réseaux, mondialismes éclatés et naissance d’une conscience collective critique ; d’autre part nouvelles affirmations d’ordre, d’auto-rité, de sécurité avec des montées en force des intégrismes. Face à ces défis, il est trop tôt pour

parler d’une TV Marchand. On peut simplement, pour l’instant, observer les premiers pas de la méthode Marchand. Ce sociologue, que l’on n’at-tendait pas dans la maison, est un manager des médias et il fera du management sa visée pre-mière en gérant la TSR comme une entreprise spé-cifique, c’est-à-dire avec trois exigences premières : mesurer les nouvelles lois du marché médiatique et la menace grosse qui pèse sur l’existence même de la TSR ; créer de la transpa-rence et de la communication à l’interne, avec recherche du meilleur fonctionnement non conflic-tuel-; redéfinir la spécificité d’une entreprise à vocation nationale au moment où les entreprises de ce type traversent de crises décisives.Marchand fait tout cela avec un style qui lui est propre-: avec travail et acharnement, mais égale-ment avec joie et même plaisir, avec respect d’autrui et une sorte de décontraction et de style « zen » qui, tout à la fois, refuse l’ostentation et jouit du pouvoir. Cependant le manager Marchand demeure passionnément sociologue dans l’exercice même du pouvoir. Il sait donc avec lucidité que son management n’a de chance d’aboutir que s’il est au service d’un sens et d’une cause. Mais qui peut aujourd’hui, en quoi que ce soit, énoncer le sens et la cause-? Le sens de Marchand, c’est la redéfinition d’un service natio-nal dans une Suisse romande dont plus personne ne sait ce que c’est ! Ce n’est pas encore une cause qui peut remobiliser une maison et répondre à toute une série de publics, mais un bon direc-teur TV se définit comme quelqu’un qui sait sentir, avant tout le monde, ce qui est en gestation dans un moment historique donné et le traduire en pro-gramme. Il ne fait aucun doute que Marchand et son équipe sauront libérer en eux ce don qui fait que l’on est un bon capteur et médiateur de sens.

Bernard Crettaz

SOCIOLOGISONS... ...À COUPS DE MARTEAU !

317

écouper l’histoire de la TSR en trois séquences correspondant à trois respon-sables est profondément injuste et illégiti-me. Et cela pour trois raisons au moins : la TV est œuvre collective et multiple et ses directeurs ont de ce point de vue une importance relative. Par ailleurs, il n’y a pas trois périodes récentes à la TSR, mais plusieurs, enchevêtrées et stratifiées. Enfin, on omet ainsi de souligner la place impor-tante d’autres directeurs comme Jean Dumur ou Guillaume Chenevière, sans compter l’apport décisif des fondateurs.Mais si ces objections sont valables, il vaut la peine de livrer quelques notes impressionnistes. Celles-ci revendiquent ici toute leur partialité dont voici l’aspect principal-: le soussigné aime et admire les trois personnes en question tout comme la TSR, même s’il lui arrive de pester contre eux et contre elle. Allons donc avec nos a priori positifs et « sociologisons » à coups de marteau !

Torracinta et le sacerdoce de l’informa-tion critiqueVers ces années-là (années de Toto directeur de l’information) sous les ondes de choc de 68, la Suisse romande entre dans une nouvelle moderni-té. Les microsociétés cantonales et locales s’avè-rent encore très puissantes. Les identités nationales et régionales se pensent bien définies. La commu-nication se trouve largement colonisée par les groupes au pouvoir et leurs médias. La Suisse croit encore en un credo officiel assez figé. Mais de grands changements sont à l’œuvre. Partout se font jour des quêtes d’information ouverte et de relation sans tabou qui veut s’autoriser la critique de soi. La Suisse romande cherche à se déprovin-cialiser pour une communication libérée.A l’intérieur d’une TSR – en avance sur son pays, et c’est essentiel – Torracinta incarne la cause d’une nouvelle modernité. C’est un prêtre de la rigueur, un produit de l’Université et de la science encore balbutiante des mass media, un intellectuel brillant et critique qui veut analyser, éclairer et éduquer. D’où, chez lui – et par répercussion dans

le programme TV – l’importance du dossier, du temps de préparation et de tournage, la volonté didactique et donc la force du commentaire. Le journaliste-vedette explique et enseigne. Et la Suisse romande, avec fascination et rejet, se reconnaît dans l’accouchement de cette TSR à réputation de «-gauche-», même si cela ne corres-pond en rien à la réalité collective de la maison.La TSR de Torracinta est une TV de conflit. A l’in-terne, des réalisateurs grognent au nom des exi-gences de la fiction et contre les « tyrannies » des secteurs de l’information. Les luttes de clans conti-nuent (Torracinta est d’origine corse !). Les pro-grammes se diversifient, mais la tendance Torracinta domine. A l’externe, de grands com-bats idéologiques sont menés face à la TSR.Torracinta est à la fois admiré, détesté et craint. Les barons de la communication locale et les tenants du credo national tentent parfois de com-battre cet homme indomptable, dont la faculté de résistance est sans limite, car il est habité par une exigence éthique et sans concessions.

Vouillamoz et l’avènement du baroque libérateurNouvelle société ou nouveau stade de la société et de la culture : c’est l’arrivée de la post-modernité, du village planétaire et de la mondialisation. Les localismes craquent, les pouvoirs traditionnels s’effondrent peu à peu. Une révolution médiatique sans précédent s’accomplit : mutations technologi-ques, multiplication des chaînes, ouverture du mar-ché suisse, début de la tyrannie du taux d’écoute. La société entière en quête de libéralisation met fin à trois de ses composantes : la centralité de pou-voir, la totalité d’intégration, la finalité de pro-grès… parce qu’on n’y croit plus.Il fallait une nouvelle TV d’émergences, de mélan-ges, de métissages, ouverts au pluriel, au multiple, à l’expression du léger, du futile voire de l’insigni-fiant. Vouillamoz, réalisateur avec une acuité ins-tinctuelle exceptionnelle et une « pensée sauvage », toutes antennes dehors, capte comme personne l’aspiration baroque ou néobaroque de ces temps nouveaux.Vouillamoz est en lui-même un personnage baroque, produit des frontières, donc des bracon-

*Bernard Crettaz est né dans le val d’Anniviers/Valais, en 1938. Docteur en sociologie de l’Université de Genève, ancien conservateur au Musée d’ethnographie de Genève, chargé de cours à l’Université de Genève.

Ouvrage significatif-: La beauté du reste,. confessions d’un conservateur de musée sur la perfection et l’enfer-mement des Alpes et de la Suisse. Editions Zoé. Genève 1992.

D

Page 37: TSR Montage PDF - rts.ch · La justice et la TSR, par Dominique Warluzel page 74 ... Canal 18-25: mes années de poudre, par Nathalie Nath page 230 Les variétés: souvenirs, ...

SOMMAIRE

Aucun visiteur de l’Exposition nationale suisse à Lausanne, en 1964, n’a oublié le regard de ce petit garçon assis à l’arrière de la voiture familiale et demandant inlassablement au cours de la sempiternelle promenade domini-cale: « C’est ça la vie ? »La Suisse s’interroge, cinq courts pamphlets d’Henry Brandt, l’auteur de Quand nous étions petits enfants (1961) a secoué, sur les écrans de Vidy, les consciences pour long-temps. Le film projeté sur plusieurs écrans posait – déjà – les questions essentielles sur la société de consommation à deux vitesses, la pollution, l’immigration.Avec La Suisse s’interroge, le cinéma a triom-phé à Expo 64. Signe des temps, le septième art a cédé la place à Expo.02 à la vidéo et aux images virtuelles.

Photo Cinémathèque suisse

DRÔLE DE COUPLE

323

e cinéma et la télévision forment un drôle de cou-ple. La télévision relève de la communication, le cinéma de la lumière. Capter les ombres et les splen-deurs du lac Léman, c’est du cinéma. Filmer un train qui passe sur ses rives, de la télévision. Mais voilà, la télévision a besoin de longs métrages cinémato-graphiques pour alimenter ses programmes et le cinéma européen a besoin des télévisions pour se financer. Drôle de couple. Si la télévision impose ses propres critères quand elle coproduit un long métrage, le cinéma est perdant. La télévision est un médium pour les producteurs, le cinéma est un médium pour les réalisateurs. Drôle de couple. L’amour du cinéma des directeurs de la TSR a per-mis de ne pas terroriser les cinéastes suisses avec les exigences de l’audience.Du Groupe 5, association productrice créée par des réalisateurs de la TSR qui vont dynamiser, à l’aube des années 1970, le cinéma suisse romand moder-ne, aux jeunes du Doegmeli revendiquant, au chan-gement de millénaire, une nouvelle liberté cinéma-

tographique, la TSR a, tout au long de son histoire, établi un compagnonnage avec les cinéastes, Claude Goretta, Michel Soutter, Alain Tanner en tête, et les producteurs de ce pays: des vétérans Yves Gasser et Yves Perrot à Genève, aux produc-teurs actuels Robert Boner, Jean-Louis Porchet et Gérard Ruey à Lausanne, Pierre-André Thiébaud à Martigny, Ruth Waldburger à Zurich, Jean-Marc Henchoz à Neuchâtel et les cinéastes Jean-François Amiguet, Lionel Baier, Jacob Berger, Jean-Stéphane Bron, Dominique de Rivaz, Léa Fazer, Frédéric Gonseth, Elena Hazanov, Pierre-Antoine Hiroz, Pascal Magnin, Pierre Maillard, Fernand Melgar, François-Christophe Marzal, Pierre-Alain Meier, Ursula Meier, Anne-Marie Miéville, Patricia Plattner, Vincent Plüss, Francis Reusser, Xavier Ruiz, Marcel Schupbach, Jacqueline Veuve, Nicolas Wadimoff, Romed Wider, Yves Yersin, etc. et, bien sûr, Jean-Luc Godard. Les meilleurs films suisses sont en symbiose avec l’air du temps. Les grands cinéastes décrivent les désirs souterrains des hommes et des femmes.

L

La Suisse s’interroge « C’est ça la vie ? »

Page 38: TSR Montage PDF - rts.ch · La justice et la TSR, par Dominique Warluzel page 74 ... Canal 18-25: mes années de poudre, par Nathalie Nath page 230 Les variétés: souvenirs, ...

SOMMAIRE

324

La télévision montre les choses qu’on ne voit pas au cinéma

Jean-Luc Godard, bien malgré lui star mondiale de la cinéphilie, farouche défenseur à Rolle (VD), avec Anne-Marie Miéville, d’un cinéma de laboratoire à la recher-che des secrets perdus, a toujours eu avec la télévision des relations ambiguës. Il regarde avec passion les matches de tennis, mais rêve d’assumer lui-même des retransmissions sportives, pour les montrer autrement. Selon lui la télévision, la vidéo et ses jeux menacent le cinéma qui « disparaîtra quand il ne sera plus projeté dans les salles ».Pourtant Jean-Luc Godard, toujours intéressé par les techniques nouvelles, a compris, dès les années 1960,

qu’avec la vidéo il y avait vraiment quelques chose qui permettait d’aborder le cinéma d’une autre manière, en particulier « parce qu’on voit tout de suite des résultats du travail, y compris en post-production, quand on mélange les images entre elles et les sons ».Jean-Luc Godard s’est acheté une télé vers 1965, sur les conseils de François Truffaut, « pour voir les acteurs et les choses qu’on ne voit pas au cinéma, parce que ça peut donner des idées ».On peut imaginer que la tendresse de Godard pour la TSR a pour origine le fait que nos magazines, au lieu de se contenter de dire, font l’effort d’essayer de montrer.

Page 39: TSR Montage PDF - rts.ch · La justice et la TSR, par Dominique Warluzel page 74 ... Canal 18-25: mes années de poudre, par Nathalie Nath page 230 Les variétés: souvenirs, ...

SOMMAIRE

FLASH-BACK 1949-1959

326

écennie après décennie, voici l’essentiel de ce qu’il faut retenir de l’histoire de la TSR, racontée par un pionnier, le réalisa-teur Jean-Jacques Lagrange.

1949-1959 Les balbutiements La première démonstration de télévision en Suisse romande a eu lieu en 1949 à Genève suivie, en 1951 à Lausanne, de 80 émissions-démonstra-tions. Dès 1952, à Genève, formation du groupe expérimental TV dit de Genthod puis de Mon-Repos. Le 28 janvier 1954, première émission de la Télévision genevoise qui, grâce à un émetteur construit par les étudiants de l’Institut de physique, transmettra un programme régulier jusqu’au lance-ment officiel de la TSR, le 1er novembre 1954. Années passionnantes et agitées. Pour les pion-niers, c’est l’apprentissage des métiers de télévi-sion sur le tas, en autodidactes, dans la frénésie

d’un double travail; à Radio-Genève le jour et, pour la télévision, le soir et la nuit. La débrouille et l’enthousiasme suppléent au manque de moyens. La rivalité des deux studios de radio de Genève et Lausanne est renforcée par la bataille politique et économique acharnée que se livrent les deux villes pour arracher le siège de la Télévision romande, bataille pleine de coups bas et de rebondissements.Avec un premier car de reportage au centre TV mobile «provisoire» de Lausanne dès décembre 1954 et avec un vrai studio de 400 mètres car-rés, au centre TV fixe «provisoire» de Genève, dès juin 1955, puis l’émetteur de la Dôle enfin en fonction dès mars 1955, les équipes TSR se pro-fessionnalisent. Tout est à inventer, à créer et à découvrir. Certains soirs, le public s’agglutine dans les bistrots ou devant les vitrines des radio-électriciens pour suivre les émissions de l’unique chaîne visible. C’est le temps du « tout en direct », des reportages avec le car jusqu’aux dramati-ques hebdomadaires en studio. Les réalisateurs sont les funambules du « live » jusqu’à l’appari-tion du kinescope en 1958. Les trois premiers réalisateurs: André Béart, Jean-Claude Diserens et Jean-Jacques Lagrange (rejoints plus tard par une dizaine d’autres), déci-dent avec Frank Tappolet, le directeur des pro-grammes, des émissions à faire. La réunion heb-domadaire a lieu le mardi, car c’est le jour de relâche. Chacun propose les sujets qu’il a envie de tourner, les dramatiques qu’il a envie de réali-ser ou les transmissions avec le car (on profite des artistes et spectacles de passage.) Frank Tappolet exige chaque jour une émission originale et com-plète son programme avec des achats et de fré-quents échanges d’émissions avec la télévision suisse à Zurich. Une double incertitude politique domine cette période: la continuation de la guerre Genève-Lausanne pour le siège définitif de la TV romande et, en 1957, le refus par le peuple d’une loi radio-TV, ce qui pourrait mettre fin à l’expérience TV en Suisse. Il n’en fut rien… heureusement !Dès 1958, sous la direction de René Schenker devenu directeur des programmes, c’est le

1963 : Deux sourires

Lise Lavanchy, monteuse, Jean-Jacques Lagrange, réa-lisateur, du reportage Un nouveau soleil levant, tourné en 1963 au Japon pour Continents sans visa.

Photo Archives TSR

D

Page 40: TSR Montage PDF - rts.ch · La justice et la TSR, par Dominique Warluzel page 74 ... Canal 18-25: mes années de poudre, par Nathalie Nath page 230 Les variétés: souvenirs, ...

SOMMAIRE SOMMAIRE

développement de grandes émissions (dramatiques,variétés, ballets) en studio, des essais pour créer un magazine qui aboutiront à Continents sans visa et d’une politique de conquête du public dans un environ-nement politique où se mêlent indifférence et hostilité.

1960-1969 L’âge d’or de la TSR Cette décennie est la plus foisonnante, la plus excitante, celle où la TSR atteint une maturité qui la place dans la cour des grands. C’est la décen-nie des réalisateurs où tout est possible. Le staff des réalisateurs passe d’une dizaine à près de 50.C’est aussi une période clé du développement de la TV marquée par le « cinéma vérité », la télévi-sion en couleur et l’enregistrement magnétique des images. La télévision prend sa place événe-mentielle dans la vie quotidienne des gens comme un extraordinaire moyen d’information, de culture et de divertissement, bien illustrée par la formule d’alors: «Télévision: une fenêtre ouverte sur le monde». Elle n’est pas encore ternie par la multi-plication et la commercialisation des chaînes, même si la publicité est autorisée sur les petits écrans suisses dès 1965.En 1958, il y a 50-000 récepteurs TV en Suisse, en 1960, 100-000 et, dix ans plus tard, un mil-lion ! En 1961, pour ancrer la TSR dans la réalité romande, René Schenker invente la télévision de proximité avec l’émission Carrefour et la création d’un réseau de six cameramen-correspondants cantonaux.Les grands magazines d’information comme Panorama (BBC), Cinq colonnes à la une (ORTF) ou Continents sans visa (TSR) deviennent les émis-sions phares à ne pas manquer : elles font décou-vrir en apportant les réalités et l’actualité du monde à domicile. Les coproductions sont autant d’échanges et d’enrichissements professionnels.Le « cinéma vérité » (ou « cinéma direct ») s’impo-se comme un modèle adapté à la télévision, privilégiant une approche humaine pour capter la réalité et comme un langage cinématographique au style bien précis. Il est stimulé par le développement

328327

L’homme à la recherche de son passé

révolutionnaire et l’allégement des matériels de prises de vues ou du son complètement maîtrisés par des cameramen doués qui feront la renom-mée de la TSR. Hommage leur soit rendu !En vidéo, l’enregistrement magnétique (1964) per-met de sortir des contraintes et limites du « tout en direct ». C’est l’époque des grandes soirées de divertissement ou de jeux avec public et surtout le temps des grandes dramatiques en studio où les

réalisateurs rivalisent d’imagination dans les décors et les mises en scène sur les grands textes du répertoire théâtral, mais aussi avec des scéna-rios originaux écrits pour la TV. Ce sont aussi les premiers pas vers le téléfilm, et l’historique nais-sance du Groupe 5 qui lance le nouveau cinéma suisse. Les premiers essais de TV couleur (1968) ouvrent déjà de nouvelles perspectives et une nou-velle émulation.

FLASH-BACK 1960-1969

L’homme à la recherche de son passé est l’un des exemples les plus caractéristiques des ambitions péda-gogiques des premières décennies de la télévision. Dès 1965, pendant cinq ans, Pierre Barde et Henri Stierlin ont produit et réalisé 23 émissions. Tournées sur les sites mêmes dans lesquels les anciennes civilisations ont vécu, Pierre Barde et Henri Stierlin faisaient appel aux histo-riens et archéologues les plus compétents. De l’Egypte au Mexique, les équipes de la TSR ont sillonné le monde pour explorer notre passé. Sur la photo, le réalisateur Pierre Barde éclaire la crypte d’une pyramide maya du Mexique précolombien. A la caméra, Rudolph Menthonnex. Stockée aux archives de la TSR, cette série, comme des milliers d’autres émissions de la TSR, est en danger. Un ennemi rôde à l’intérieur des archives: le syndrome du vinaigre qui frappe les images les plus anciennes : une dégradation chimique qui ronge la pellicule. Seul remède à terme, la numérisa-tion des archives, laquelle coûte une fortune !

Photo Henri Stierlin/TSR

Bernard Haller, Jack Spot Blanche-Bec-en-Oie, et Gaspard-Œil-en-Coin

Blanche-Bec-en-Oie, c’était la voix de Lise Lachenal, comédienne, dramaturge auprès de Maurice Huelin, acheteuse de fiction (Top Models, c’est elle !). Gaspard-Œil-en-Coin, c’était la voix de Bernard Pichon, enfant prodigue des ondes, producteur et présentateur inventif, tout au long de l’histoire de la TSR (Les oiseaux de nuit, c’était lui !). Tous les enfants de l’époque se souviennent de La boîte à surprise (1969-1976) et des savoureux dialogues entre Lise Lachenal et Bernard Pichon (par-don Gaspard et Blanche !). Bernard Pichon a produit pour Laurence Siegrist de nombreuses émissions jeu-nesse. Dodu Dodo, ça vous rappelle quelque chose ?

Son pastiche de la prédication d’un pasteur restera un morceau d’anthologie de l’humour romand. Bernard Haller, fidèle collaborateur à ses débuts des émissions jeunesse, produites par Laurence Siegrist, a gagné la Rose de Bronze au Festival de la Rose d’Or de Montreux en 1966, avec une comédie musicale de Pierre Matteuzzi. Pour populariser la publicité à la télé-vision introduite en 1965, Bernard Haller a participé à un jeu promotionnel, Jack Spot.

Photos Archives TSR

Page 41: TSR Montage PDF - rts.ch · La justice et la TSR, par Dominique Warluzel page 74 ... Canal 18-25: mes années de poudre, par Nathalie Nath page 230 Les variétés: souvenirs, ...

SOMMAIRE SOMMAIRE

Urfer et Gilles

Au panthéon vaudois, Jean-Villard Gilles occupe une place de choix. Du Paris d'avant-guerre à Saint-Saphorin, Gilles a su comme personne charrier avec finesse et indul-gence le pays de Vaud. Souvenez-vous de la Venoge ou du Männerchor de Steffisbourg. La TSR a rendu hommage

à Gilles dans de nombreuses émissions dont un Destin. En l972 (photo) Gilles, accompagné au piano par Urfer, son dernier partenaire, salue, dans une réalisation de Jean Bovon, un autre vaudois célèbre, l'écrivain Charles-Ferdinand Ramuz.

330329

Le car de reportage continue son exploration du pays, mais réalise aussi de grands directs pour l’Expo 64 et en Eurovision, pour l’ascension du Cervin, pour le percement du tunnel du Saint-Bernard ou pour la visite du Pape à Genève ainsi que pour de multiples manifestations sportives.Ce développement professionnel, cette émulation, cette recherche débordante nous apporte la récom-pense de quelques prix prestigieux comme la Rose d’Or, le Prix Italia, ou l’International Emmy Award.Pour les réalisateurs, c’est une période où la liber-té d’action qui leur est laissée leur permet une exploration de toutes les voies du reportage ou du travail en studio qui répond à leur soif de recherche et de découverte. De nouvelles émis-sions naissent, comme le magazine Champ libre qui explore des terrains nouveaux dans le

domaine culturel. Aujourd’hui, portraits « cinéma vérité » de Suisses contemporains ou Canal 18-25 qui s’adresse aux jeunes dans un style plus agressif. C’est le temps de la primauté donnée à l’image. Comme le dit joliment Nicolas Bouvier: le réalisateur est roi, le cameraman vice-roi, le journaliste prince consort pour les interviews. Cela va changer dans la décennie suivante.

1970-1979 Crises à la TSR La mise en place d’un réseau mondial de relais satellites va marquer la décennie et donner à la télévision une ubiquité inouïe qui va se répercuter sur le programme: l’actualité du monde est mainte-nant retransmise instantanément en direct partout : voilà qui change le rapport que le spectateur entretient avec le média. A la fin de la décennie,

95% de la population suisse peut capter les trois chaînes nationales et le nombre de récepteurs a doublé pour atteindre deux millions.Pour la TSR, c’est la décennie de l’information, avec la montée en puissance de Temps présent, de l’im-mense monographie filmée 26 x la Suisse, des nou-velles émissions Destins et Ce jour-là et le rôle de plus en plus grand que prennent les journalistes. Après l’ère de la TV des réalisateurs, c’est mainte-nant l’arrivée de la TV des journalistes. La classe politique s’intéresse de plus en plus à la TV, certaines émissions provoquent des réactions passionnées.Une nouvelle génération de jeunes réalisateurs accède aux dramatiques en studio.Grâce à l’initiative des responsables techniques, nous sommes parmi les premiers en Europe à faire des tests de vidéo légère.En 1972, la TSR s’installe dans les nouveaux stu-dios et la Tour de Carl-Vogt. Cela coïncide avec une réorganisation administrative de la production et l’exacerbation de conflits récurrents entre pro-gramme et administration. Crise syndicale aussi avec la dissolution de l’AETS (syndicat maison) et l’émergence d’un syndicat lié à la VPOD.Le directeur adjoint TSR, Jean-Jacques Demartines, se préoccupe du malaise qui s’installe et comman-de un rapport au réalisateur Jean-Claude Diserens qui intitule son audit Les temps difficiles. Le texte, d’abord distribué aux cadres, est ensuite retiré par René Schenker, directeur, qui n’en a pas aimé le ton. Un groupe anonyme intitulé Groupe Action TV le polycopie et le distribue clandestine-ment à tout le personnel. Sur la base d’informa-tions communiquées par la police, la direction TSR dénonce et licencie trois journalistes, deux réalisa-teurs et une productrice de la TSR. Grève solidaire du personnel le 6 octobre 1971. Reprise en main par la direction. Malgré un procès intenté par les licenciés, au cours duquel la direction ne peut apporter les preuves de ses accusations,des zones d’ombre restent inexpliquées alors, mais qu’on peut essayer de comprendre aujourd’hui. Il faut en effet se souvenir qu’on vit, en 1971 et avec retard, le Mai 68 suisse, qu’une grande tension politique règne et que la police est

en plein dans le système des fiches qui ne sera découvert que bien plus tard.En 1973, la SSR se réorganise et crée des socié-tés régionales Radio-TV. René Schenker est nommé à la tête de la SRTR. Alexandre Burger lui succède comme directeur des programmes et Jean Dumur devient chef du département information.

1980-1989 La décennie de la vidéo légère Enfin le Téléjournal est transféré de Zurich à Genève ! C’est la décennie de la révolution élec-tronique de l’ENG (Electronic News Gathering) ou plus largement de la vidéo légère qui s’impose non seulement pour l’actualité, mais aussi pour le documentaire. Car être toujours à la pointe de la recherche reste l’élément essentiel de la survie de la TSR dans le paysage médiatique. Elle s’équipe donc en ENG, forme les techniciens et réalisa-teurs. Ces bouleversements provoquent des réac-tions entre partisans du film et de la vidéo, qui s’affrontent dans une lutte idéologique digne des classiques et des modernes ! La TSR met rapide-ment en place un réseau de points d’injection qui vont avoir pour conséquences souplesse et gain de temps pour la couverture de l’actualité régio-nale. Malgré la concurrence toujours plus grande des chaînes françaises, dont certaines sont priva-tisées, la TSR sauve ses parts de marché, notam-ment grâce à Guillaume Chenevière, devenu directeur des programmes après le décès de Jean Dumur, en 1986. A l’écoute des téléspectateurs, Chenevière professionnalise et modernise la conception des grilles de programme. L’information locale, régionale, nationale et inter-nationale est mieux assurée avec le transfert de la rédaction romande du TJ de Zurich à Genève et avec l’importance grandissante du départe-ment de l’information avec ses nombreux magazi-nes, avec ses documentaires et avec ses émis-sions spéciales, département dirigé successive-ment par Jean Dumur, Claude Torracinta, puis Claude Smadja.De beaux succès aussi dans le domaine du diver-tissement avec des coproductions comme l’inou-bliable Course autour du monde.

FLASH-BACK 1980-1989FLASH-BACK 1970-1979

Page 42: TSR Montage PDF - rts.ch · La justice et la TSR, par Dominique Warluzel page 74 ... Canal 18-25: mes années de poudre, par Nathalie Nath page 230 Les variétés: souvenirs, ...

SOMMAIRE SOMMAIRE

332331

Une nouvelle énergie vient du département fiction où Raymond Vouillamoz succède à Maurice Huelin. Mettant à profit les réseaux parisiens patiemment mis en place par son prédécesseur, Vouillamoz lance une production régulière de téléfilms origi-naux et traitant souvent de problèmes contempo-rains permettant une identification pour les spec-tateurs suisses. Les équipes de tournage fictions TSR deviennent très professionnelles et sont enviées par nos collègues français. De Mérette à Visa pour nulle part, de Zarka: le ciel et le feu à L’enfant bleu, ou encore Vivre ici, Le rapt, Adam et Eve, ce sont près de sept à neuf téléfilms qui sont tournés chaque année en coproduction avec la France. Quand Vouillamoz quitte la Suisse pour Paris, son poste est repris par Alain Bloch, qui assure avec succès la continuité dynamique des coproductions.

1990-1999 L’informatique bouleverse tout La décennie 1990-1999 est celle des bouleverse-ments apportés par l’informatique tant dans la gestion que dans la création. Il faut convaincre les réalisateurs de s’y mettre, résoudre les nouveaux problèmes entre administration et créatifs. Le servi-ce de formation fait un énorme effort pour aider les collaborateurs à rester à niveau et soutient toutes les demandes pour avancer rapidement vers les nouveaux moyens techniques de montage virtuel, qui voient les professionnels du montage très réticents à abandonner la manipulation concrète de la pellicule film, pour une virtualité dont ils ne saisissent pas encore toutes les poten-tialités. En 1992 déjà, un premier essai de mon-tage virtuel pour un téléfilm est effectué. Très vite après, la conversion sur ces nouveaux outils de travail sera mise en place avec un énorme effort

FLASH-BACK 1990-1999

Au début des années 1990, les dessinateurs Barrigue, Burki, Chapatte et Pierre Reymond commentaient à leur manière l’actualité hebdomadaire dans Le fond de la corbeille. Avec ce dessin (on reconnaît Guillaume

Chenevière, Claude Torracinta, Boris Acquadro et Christian Defaye) Burki a laissé une trace humoristique d’une des plaies de la TSR: un sous-financement chronique.

Les dessinateurs du Fond de la corbeille

Photo Archives TSR

Télévision proche de son public, France 3 a des accoin-tances avec la TSR. Quinze émissions titrées Les gens d'à côté (1991-1995) ont évoqué les problèmes com-muns aux communautés française et suisse romande. TSR 2 nous a donné en 1997 - 1998 une autre occa-sion de rappeler que la proximité, c'est aussi le regard des autres sur soi-même, en créant un mini journal quo-tidien transfrontalier, Genève Région. Avec l'énergique impulsion de Jean-Claude Chanel, Michel Cugno et avec Thierry Masselot aux commandes, une rédaction franco-suisse a silloné pendant plus d'un an la région

genevoise. L'OFCOM ( Office fédéral de la communica-tion) ayant décidé que l'actualité locale était réservée aux télévisions locales, la TSR et France 3 ont dû inter-rompre cette belle expérience dont la photo immortalise l'inauguration. De gauche à droite, Pierre-Emmanuel Garot, journaliste reporter d'images; Laurent Egli, jri; Erwan Jagut, jri; Andréa Goetzer, monteuse; Erwan Boubet, jri; Yves Bussard, jri; Annick Stramm, secrétaire; Thierry Masselot, rédacteur en chef; Guillaume Chenevière, directeur de la TSR; Xavier Gouyou-Beauchamps, président directeur général de France 3.

Le regard des autres

de formation pour les monteurs et autres techni-ciens. C’est ainsi que la TSR peut rester au con-tact des meilleurs.L’autre bouleversement technique qui menace cette fois le programme est l’extension rapide de la télé-vision par câble. En quelques années, la Suisse va être câblée à 80%, apportant dans les foyers un choix de 20 à 40 programmes différents. Terrible concurrence pour une petite station comme la TSR, qui couvre un bassin de population d’un million

et demi d’habitants et dispose d’un budget dix fois inférieur à celui des chaînes françaises !La TSR doit défendre âprement ses parts de mar-ché. Elle y parviendra grâce à la politique de proxi-mité et de souplesse dans la grille des programmes mise en place par Raymond Vouillamoz, revenu de Paris comme directeur des programmes. Il profitera de la création d’une seconde chaîne d’abord pré-vue pour le sport, mais qu’il utilise comme une carte alternative d’émissions pour atteindre des publics

Page 43: TSR Montage PDF - rts.ch · La justice et la TSR, par Dominique Warluzel page 74 ... Canal 18-25: mes années de poudre, par Nathalie Nath page 230 Les variétés: souvenirs, ...

SOMMAIRE

parallèles. Car le temps n’est plus à la conception d’un public unique. La multiplication des chaînes spécialisées a fait éclater ce public en autant de centres d’intérêt que la TV en propose.Si l’on ajoute à cela le retour en force de l’intérêt pour le documentaire, un genre que la TSR, con-trairement à ses concurrentes, n’a jamais abandon-né, dans lequel ses équipes excellent depuis la naissance de Continents sans visa, il y a 40 ans, et que Claude Torracinta a porté à un haut niveau d’exigence à Temps présent, sachant s’adapter aux intérêts du public romand par une place prépondé-rante donnée aux sujets suisses, on comprend mieux la capacité de résistance de la TSR.La fin de la décennie est marquée par l’arrivée de la TV numérique sur le satellite et en réseau ter-

restre, la conversion du Téléjournal à cette tech-nique avec un studio up to date et la création du site internet Tsr.ch ainsi que par le virage vers le multimédia, lequel doit préparer la TSR à entrer dans le XXIe siècle. Pour affronter les défis du pro-chain siècle et prendre un virage significatif vers le multimédia, la TSR s’est dotée d’une direction de programme en triumvirat avec, à sa tête, le nou-veau directeur, Gilles Marchand. Passer d’un monde sans TV d’hier au maelström globalisé d’images multimédia d’aujourd’hui dans le temps d’une vie est une expérience incroyable et fascinante. Alors… que l’aventure continue-!…

Jean-Jacques Lagrange

Le Mayen 1903, programme-phare de l’automne 2003, innove en conjuguant proximité, divertissement et reconstitution des gestes et savoir-faire des paysans de montagne du début du siècle dernier. En plaçant une famille d’aujourd’hui dans les conditions de vie du passé, Béatrice Barton et son équipe ont produit une série de 10 émissions qui permet à la TSR de retrouver son rôle pédagogique adapté à l’air du temps, en tissant des liens

entre hier et aujourd’hui. Sélectionnée parmi 100 candi-datures, la famille Cerf de Courtemaîche, Jura. A droite, Philippe, le père maçon; Marie-Noëlle, la mère assis-tante sociale et leurs quatre filles Isaline 19, Anouk 16, Cléa 10 et Margaux 6 ans, ont fait craquer les Suisses romands. Ils posent pour la postérité devant le Mayen en compagnie d’Alex Bocksberger, réalisateur, Valérie Rusca, dramaturge, et Béatrice Barton, productrice.

Le Mayen 1903 sur la TSR 2003

FLASH-BACK 2000-2003

333

Photo Anne Hauser/TSR