Troubles de l’ovulation Les Hyperprolactinémies

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Troubles de l’ovulation Les Hyperprolactinémies Clara Leroy Service d’Endocrinologie- CHRU de Lille

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Page 1: Troubles de l’ovulation Les Hyperprolactinémies

Troubles de l’ovulation

Les HyperprolactinémiesLes Hyperprolactinémies

Clara Leroy

Service d’Endocrinologie- CHRU de Lille

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Synthèse de la Prolactine

• Hormone peptidique synthétisée majoritairement par l’antehypophyse (20% cellules lactotropes)

• Tonus dopaminergique inhibiteur (a travers le système porte � R D2 sur cellules lactotropes)

• TRH stimulant

Lopes 2013. Intec

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Synthèse de la Prolactine

Touraine 2008. Physiologie de la Prolactine

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Cycle nycthéméral de la PRL

Br Med J. 1972 Circadian periodicity of serum prolactin concentration in man. Robyn C

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-Moyenne de PRL et fréquence de pulse + importants chez la femme pré-ménopause que homme ou femme ménopausée

Pulsatilité de la PRL

JCEM 1998 Prolactin pulsatile characteristics in

postmenopausal women. Katznelson L

ménopausée

-Moyennes de PRL et fréquence des pulses de PRL sont plus ++ la nuit que le jour

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Dopamine/TRH

PRL

Induction et maintien de la lactation

Hypothalamus

Hypophyse

Glandes mammaires lactationGlandes mammaires

« L’AXE LACTOTROPE »

Page 7: Troubles de l’ovulation Les Hyperprolactinémies

Rôle de la PRL

Touraine 2008. Physiologie de la Prolactine

Page 8: Troubles de l’ovulation Les Hyperprolactinémies

Dopamine/TRH

PRL

Induction et maintien de la lactation

Hypothalamus

Hypophyse

Glandes mammaires lactationGlandes mammaires

« L’AXE LACTOTROPE »

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• Une synthèse hypophysaire

• Une synthèse extra-hypophysaire (lymphocytes, cellules déciduales, glande mammaire, prostate, cerveau)

Rôle de la PRL

• Une régulation par des facteurs différents (2 promoteurs distincts selon le site de fabrication)

Touraine 2008. Physiologie de la Prolactine

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Rôle de la PRL

J Mol Endocrinol. 2013 Prolactin actions. Horseman ND

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PRL + expression PTHrp post-partum (résorption osseuse � apports calcium suffisants) (Horseman 2013)

Touraine 2008. Physiologie de la Prolactine

PRL déciduale: rôle en phase lutéale et période peri-implantatoire (tolérance fœtus/ marqueurs inflammatoires �risque FCSP) (Bao et al 2007, Garzia et al 2013)

Cellules de la granulosaMaturation folliculaireMaturation ovocytaireProduction adéquate de Progestérone

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Quand suspecter une HPRL ?

Aménorrhée/Troubles du cycle

- Cause la + fréquente d’aménorrhée H-H = insuffisance gonadotrope fonctionnelle

- ↘ fréquence des pulses de LH par altération pulsatilité- ↘ fréquence des pulses de LH par altération pulsatilitéGnRH via une stimulation du tonus inhibiteur dopaminergique (hyperactivité neurones tubéro-infandibulaires)

- Altération pulsatilité GnRH via les neurones à Kisspeptinexprimant le R-PRL (Kaiser 2012)

- Perfusion de PRL chez la souris entraine une diminution expression hypothalamique de Kisspeptine- Administration kisspeptine femme hyperprolactinémique restore fertilité (Sonigo2012)

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Quand suspecter une HPRL ?Quand doser la PRL ?

Aménorrhée/Troubles du cycle (… et non pas en cas « d’infertilité »)

Absence ou arrêt de développement pubertaire

Galactorrhée

Ostéopénie voire ostéoporose

Troubles sexuels, baisse de la libido, dyspareunie

FCSP répétition…?

Syndrome tumoral sellaire / Découverte lésion sellaire (fortuite ou non)

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• Comment prélever?– Consensus SFE 2006:

• pas nécessairement après 15mn de repos, KT posé, moment du cycle, horaire…

• MAIS si douteux (<5N), dosage dehors de toute prise de ttt, avec autre trousse, éliminer la macroprolactinémie

– Guidelines Endocrine Society 2011:

Dosage de la Prolactine

– Guidelines Endocrine Society 2011: • 1 seul prélèvement « en évitant stress du prélèvement », n’importe quel

moment de la journée, • MAIS si douteux, dosage 1 autre jour = 2 prélèvements à 20mn intervalle

(s’affranchir pulsatilité)

• Interprétation:– Anormal si >25µg/l– > 250µg/l: souvent évocateur macroprolactinome– MAIS >200µg/l se voit avec risperidone et metoclopramine!!

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• Test au TRH: (100-200µg TRH iv, T0-T15-T30mn)

– stimulation directe PRL,

• Couplé au Test au primpéran (10mg iv, T0-T15-T30mn)

– Inhibition dopaminergique � stimulation PRL

• L’interprétation:

Place des tests de stimulation

• L’interprétation:– le prolactinome ne stimule pas, – Sensibilité/spécificité (Mansini 2008, Casanueva 2006)– 20% adénomes stimulent TRH (Touraine 2001)

• Pour / Contre?– Guidelines Endocrine Society 2011 = pas de test dynamique (high quality evidence)– IRM d’emblée = risque 10% incidentalomes hypophysaires– Consensus SFE 2006 =

• Recours à des tests dynamiques: pas 1ère intention• Si imagerie douteuse:

– Pas de réponse TRH ni Primperan: conforte diagnostic adénome PRL– Si réponse +: kyste poche de ratke ou artefact

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Test Primpéran

NormalitéIatrogène

Hypothyroïdie…

Adénome

Place des tests de stimulation

> 100%

> 100%

Test TRH

AdénomeProlactinome

Lésion suprasellaire

Infiltration tige

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• Formes PRL circulantes:– majoritaire = monomérique… – mais forme dimérique, polymérique = « BigBigPRL »

• Macroprolactinémie = quantité ++ forme polymérique (>60% formes circulantes)– Assemblage de haute masse moléculaire (Ig) - ↗↗↗ demi-vie PRL– Pris en compte dans dosages radioimmunologiques (10 à 40% des HPRL!) (Donadio 2007,

McKenna 2009)

Recherche de macroprolactinémie

• Comment s’en affranchir?– Chromatogaphie PRL (+ chère que la précipitation Polyethylène Glycol)

• Quand s’en affranchir?– Guidelines Endocrine Society 2011 (low quality of the evidence): Peu active � à suspecter si

HPRL asymptomatique (… pourquoi PRL dosée dans ce cas?)– Si symptomatique, douter et être exhaustif dans le bilan d’HPRL (Kasum 2014)– Consensus SFE 2006:

• si asymptomatique, • si IRM normale ou douteuse, • réponse aux agonistes ou à la chirurgie douteuse, • variations ++ d’une fois à l’autre

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• Effet crochet?– 1er AC (AC couplant) sur lequel PRL grande quantité se fixe– 2ème AC (AC signalant): PRL dans la circulation sanguine

• Comment s’en affranchir?– Dilution

Recherche d’un « effet crochet »

– Dilution– Si après dilution taux reste modeste: déconnexion (macro non

fonctionnel ou autre lésion)

• Quand s’en affranchir?– Si lésion sellaire grande taille et PRL petits taux: dilution pour

s’affranchir de l’effet crocher – NB: taille adénome lactotrope est proportionnelle taux de PRL.

MacroPRLactinome souvent associés à taux >250

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Documenter HPRL n’est pas difficile, …en trouver l’étiologie

est difficile

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Causes physiologiques d’↗ PRL

Oestrogènes � hypertrophie cellules lactotropes / stimulent synthèse de la PRL

– Preuve / Conséquence• Augmentation physio pdt la grossesse

Le Guillou 2014

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Causes physiologiques d’↗ PRL

Oestrogènes � hypertrophie cellules lactotropes / stimulent synthèse de la PRL

– Preuve / Conséquence• Augmentation physio pdt la grossesse• PRL de base plus importantes chez les femmes que homme en post-puberté• Diminution PRL sous anti-oestrogènes type tamoxifène• Diminution PRL sous anti-oestrogènes type tamoxifène

– Mécanismes:• Hypertrophie cellules lactotropes et stimule la synthèse de la PRL, ER E2 sur le

promoteur du gène de la PRL• Diminue action inhibitrice de la dopamine

– Qu’en faire en pratique?• Variation PRL cours cycle menstruel corrélée aux taux œstrogènes • MAIS pas de différence significative suffisamment prouvée pour faire de la

phase lutéale une cause d’HPRL ni même pour continuer de faire doser à un moment particulier du cycle

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Causes physiologiques d’↗ PRL

Allaitement

• Femme qui n’allaite pas : 2 à 3s après accouchement normalisation PRL

• Femme qui allaite:– À 2-3 semaines = taux moyens abaissés mais pics sécrétoire au moment des – À 2-3 semaines = taux moyens abaissés mais pics sécrétoire au moment des

tétées– À 12 semaines = ↘ de la sécrétion PRL (↘ oestradiol postpartum et donc de

l’hyperplasie lactotrope)

• Aménorrhée de la lactation – Blocage ovulation (ATTENTION ≠ contracep[on)

– Cause = état nutritionnel de la mère, et HPRL

– Administration de GnRH femme lactantes en aménorrhée stimule maturation folliculaire et ovulation

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Causes physiologiques d’↗ PRL

Œstrogènes

Allaitement

Repas riche protéine

RSRS

Activité physique

Etat hypoxie

Stress

Palpation mammaire

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Etiologies des HPRL

Lésion sellaire / supra-sellaireProlactinome

• Recherche d’un syndrome tumoral• « Hypophysogramme » associé complet

• Adénome lactotrope– 40% lésions sellaires– Taille adénome proportionnelle taux de PRL. MacroPRLactinome souvent associés à taux >250ng/ml– Taille adénome proportionnelle taux de PRL. MacroPRLactinome souvent associés à taux >250ng/ml

• Lésions entrainant la déconnexion vs prolactinome ?– Lésion hypothalamique / infiltration / compression tige– Seuil 94ng/ml pour déconnexion?– Place test?

• Traitement selon étiologie– Agonistes dopaminergiques (action anti-tumorale/baisse de PRL)– Chir/radio/chimiothérapie/ATB/Corticothérapie…

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Etiologies des HPRL

Insuffisance rénale

- Physiopathologie:

- défaut dégradation rénale PRL

- anomalie sécrétion centrale par hypersécrétion - anomalie sécrétion centrale par hypersécrétion

- Conséquences:

- Hypogonadisme chez IR même dialysés

- si agoniste dopaminergique: cycles se régularisent

- PEC: normalisation après greffe rénale

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• Hypothyroïdie (protothyroïdienne) � élévation TRH � HPRL

• Consensus SFE 2006: « Pas de dosage systématique TSH car rapport Bénéfice/Cout n’est pas en faveur, mais à faire en cas de signes hypothyroïdie ou si hyperplasie hypophysaire »!

• Etudes (Goel 2015, Sharma 2012, Emokpae 2011, Bahar 2011): HPRL

Hypothyroïdie et HPRL

• Etudes (Goel 2015, Sharma 2012, Emokpae 2011, Bahar 2011): HPRL – dans 21% à 36% d’hypothyroïdie– dans 8% à 22% d’hypothyroïdie infraclinique!– Autres étiologies HPRL éliminées dans ces études

• DONC: HPRL mise en évidence dans hypothyroïdie (…même asymptomatiques…)

• Doit Amener à proposer un dosage de TSH si HPRL confirmée ?

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Rajput 2012. Indian J Endocrinol Metab. 2012 Reversible thyrotroph hyperplasia with hyperprolactinemia: A rare presentingmanifestation of primary hypothyroidism.

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Rajput 2012. Indian J Endocrinol Metab. 2012 Reversible thyrotroph hyperplasia with hyperprolactinemia: A rare presentingmanifestation of primary hypothyroidism.

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• Diminution clairance métabolique de la PRL

• Etude animales (rat cirrhotique) (Gonzales 2007):– pas nombre augmenté de cellules lactotropes

– pas différence significative taux PRL avec groupe témoin

Cirrhose et HPRL

• Peu études humaines, surtout chez les femmes (car troubles cycles) (Okorokov 1992, Ress

2014, Grün 1985, Corenblum 1989)

– Pas de différence significative entre cirrhose et groupe témoin dans les niveaux de PRL

– HPRL plus souvent observées dans les décompensations (IHC) … par encéphalopathie hépatique (anomalie neurotransmission dopaminergique?)

– Taux de PRL corrélé à la sévérité de la cirrhose

• Consensus de la SFE 2006: « BH à réaliser »

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• Cause la plus fréquente hyperPRL non tumorale

• Antipsychotiques– 40 à 90% des patients prenant antipsychotiques classiques– 50 à 100% des patients prenant risperidone

• Consensus de la SFE 2006: Si peut pas arrêter thérapeutique: IRM HH ++

• Feu vert psychiatre et 3j arrêt (semaines pour NL retard!)

HPRL iatrogène

• Feu vert psychiatre et 3j arrêt (semaines pour NL retard!)

• Cette hyperpRL est symptomatique et aura un retentissement au long cours!

• Souvent de 25 à 100µg/l mais metoclopramine, risperidone, phenothyazines peuvent donner des hyperPRL >200µg/l!

• Hypogonadisme pourraient être traités par oestrogènes ou testo,• risque psychiatrique décompensation marqués avec les agonistes dopaminergiques

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HPRL iatrogène

• Bloquant les R D2 = « antagonistes compétitifs de la dopamine »: – chlorpromazine (Largactil),

– dérivés butyrophénones (halopéridol = Haldol),

– dompéridone (Motilium), métopimazine (Vogalène), métoclopramine (Primpéran), sulpiride (Dogmatil, Synedil)

• Diminuant la sécrétion hypothalamique de catécholamines:– reserpine (Tensionorme),

– imipramine (ADTC),

– Α-methylDopa (Aldomet)

– Opiacés, méthadone, cocaine

– Verapamil (Isoptine)

• Augmentation directe sécrétion PRL:– Anti-H2: cimétidine (Tagamet), ranitidine

– E2 forte dose (20% patientes, HPRL modérée)

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Peu les 3èmes générations

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HPRL et SOPK

• HPRL et SOPK = 2 étiologies + fréquentes troubles cycle, caractéristiques communes

• « Absence de preuves solides permettant de démontrer un lien physiopathologique entre ces deux entités » (Robin G. 2011)

• SOPK = «diagnostic d’exclusion » � dosage PRL devant trouble cycle• HPRL symptomatique peut masquer un SOPK sous jacent!• HPRL symptomatique peut masquer un SOPK sous jacent!

• HPRL dans le SOPK: pas + fréquente, PRL/24h pas + élevée (Szosland K 2015)

• Filho 2007: 16% HPRL pop SOPK … toutes ont une étiologie:– 69% microprolactinome!– 15% OP fortes poso E2– 8% ttt HPRL– 8% macroprolactinémie

• Si PRL élevée: – Surtout si >2x N sup– exploration exhaustive d’une HPRL � le SOPK n’est pas une étiologie HPRL

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Le Guillou 2014

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En conclusion

La PRL ne doit être dosée qu’en cas de signes évocateurs

Difficulté n’est pas au dosagePenser à la recherche de BigBigPRL

HPRL n’est pas un diagnostic mais un signe biologiqueUn diagnostic étiologique précis doit être posé

Le traitement sera guidé par le diagnostic étiologique