Trois cas cliniques d’atteinte de la coiffe des rotateurs : interaction entre l’activité...
Transcript of Trois cas cliniques d’atteinte de la coiffe des rotateurs : interaction entre l’activité...
1418
Lettres a la redaction
[10] Barennes H. Les injections intra-musculaires chez l’enfant en Afrique
sub-saharienne à propos d’une pathologie souvent méconnue : lescomplications liées aux injections intra-musculaires de quinine. Bull SocPathol Exot 1999;92(1):33-7.[11] Tanon AK, Eholié SP, Coulibaly-Dacoury C, Ehui E, N’Doumi M, Kakou Aet al. Morbidite et mortalite du tetanos dans le service des maladiesinfectieuses et tropicales d’Abidjan (1985–1998). Bull Soc Path Exot
Trois cas cliniques d’atteinte de lacoiffe des rotateurs : interactionentre l’activité professionnelle etla taille du patient
2004;97(4):283-7.[12] Boumandouki P, Kounkou RY, Teke-Bagamboula JN, Ekouele Mbaki H,
Ndinga E. Injections de quinine et tétanos au CHU de Brazzaville Congo.Bull Soc Pathol Exot 2008;101(4):298-300.
[13] Yen LM, Dao LM, Day NP, Waller DJ, Bethell DB, Son LH et al. Role ofquinine in the high mortality of intramuscular injection tetanus. Lancet1994;344(8925):786-7.
[14] Townsend-Coles WF, Findlay GM. Poliomyelitis in relation to intramus-cular injections of quinine and other drugs. Trans Roy Soc Trop Med Hyg1953;47:77-81.
[15] Guyer B, Bisong AA, Gould J, Brigaud M, Aymard M. Injections andparalytic poliomyelitis in tropical Africa. Bull WHO 1980;58:285-91.
[16] Harvey PW, Purnell GV. Fatal case of gas gangrene associated with
intramuscular injection. Br Med J 1968;1:744-6.des rayons. La découpe à la trancheuse s’avérait particulière-ment contraignante pour l’épaule : comme l’illustre la figure 1,elle impliquait de façon répétitive l’exercice d’une force depoussée (variant avec la résistance de la matière à découper) etune élévation du bras droit au-dessus du niveau de l’épaule. Ilest à noter que le cliché concerne une collègue de travail qui estplus grande que la patiente.Madame B est âgée de 48 ans, est droitière et mesure elle aussi154 cm. Elle travaillait depuis 26 ans dans une entreprise dusecteur alimentaire où son travail comporte la mise sous videde salaisons (saucissons, jambons) sur une chaîne d’emballageindustrielle. À l’âge de 43 ans, elle a commencé à souffrir dedouleurs au niveau de l’épaule gauche pour lesquelles undiagnostic de conflit acromio-claviculaire a été posé. La symp-tomatologie a progressivement évolué et trois ans plus tard,une IRM a montré une rupture de la coiffe des rotateurs. Aumoment de l’examen, la patiente se plaignait de douleurspermanentes, et ce malgré une cure chirurgicale. Malgré lamaladie dont elle souffrait, Madame B a poursuivi son travail.
[17] Doumbouya N, Aguehounde C, Brouh Y, Agbopanzo D, Diallo AF,Dieth AG et al. Gangrenes gazeuses apres injection de sels de quinine : apropos de 2 cas pediatriques severes. Med Trop 1999;59(1):101-2.
[18] Kershaw CJ, Bulstrode CJK. Gas gangrene in a diabetic after intramuscularinjection. Postgrad Med Jour 1988;64:812-3.
[19] Present DA, Meislin R, Shaffer B. Gas gangrene. A review. Orthop Rev1990;19(4):333-41.
[20] Ngabou U, Allogon C, Messan B, Ntsame D, Raouf A, Jeaussome A et al.Myosites tropicales au gabon. Aspects epidemiologiques, diagnostiques,therapeutiques et evolutifs. A propos de 110 cas. Med Afr Noire2004;51(5):257-62.
[21] Chou H, Teo HE, Dubey N, Peh WC. Tropical pyomyositis and necrotizingfasciitis. Semin Musculoskelet Radiol 2011;15(5):489-505.
[22] Chauhan S, Jain S, Varma S, Chauhan S. Tropical pyomyositis(myositis tropicans) : current perspective. Postgrad Med J2004;80(943):267-70.
[23] Small LN, Ross JJ. Tropical and temperate pyomyositis. Infect Dis ClinNorth Am 2005;19(4):981-9.
[24] Saïssy JM, Ducourau JP, Tchoua R, Diatta B. Les myosites tropicales. MedTrop 1998;58(3):297-306.
[25] Landais E, Poisson C, Condamine JL. Analyse de 1697 cas de paludismede l’enfant traité par quinimax intra-rectal dans le district sanitaire deTilaberi au Niger. Med Trop 2007;67(5):471-6.
Georges-Yves de Carsalade1, Anne De Brettes1,Sandrine Bacquaert2, Mohamed Abdou3, Patrice Bourée4
1Centre hospitalier Layne, 40 000 Mont de Marsan, France2Hôpital Saint-Louis, 75010 Paris, France
3Centre hospitalier de Mamoudzou, BP 04,97600 Mamoudzou, Mayotte
4Institut A. Fournier, consultation des maladies tropicales, 25,boulevard Saint-Jacques, 75014 Paris, France
Correspondance : Patrice Bourée,Institut A. Fournier, consultation des maladies tropicales, 25,
boulevard Saint-Jacques, 75014 Paris, [email protected]
Reçu le 4 octobre 2012Accepté le 25 octobre 2012
Disponible sur internet le 26 février 2013
� 2013 Publié par Elsevier Masson SAS.http://dx.doi.org/10.1016/j.lpm.2012.10.022
Rotator cuff syndrome – three clinical casesshowing an interaction between work and theworker stature
Trois cas cliniques rencontrés à la consultation de pathologieprofessionnelle du CHU de Liège illustrent un aspect méconnude l’interaction entre activité professionnelle et pathologie del’épaule : l’importance de l’adéquation du poste de travail auxcaractéristiques personnelles du travailleur.
Cas cliniques
Madame A est âgée de 56 ans, est droitière et mesure 154 cm.À l’âge de 40 ans, soit environ dix ans après le début de sacarrière professionnelle dans une grande surface, elle acommencé à se plaindre de douleurs à l’épaule droite. Àl’âge de 44 ans, une IRM a mis en évidence une rupture dela coiffe des rotateurs et la patiente a alors été opérée ; cetteintervention n’apportait pas d’amélioration, et deux ans plustard, la patiente devait arrêter de manière définitive sonactivité professionnelle.Analyse ergonomique du travail : au rayon traiteur de la grandesurface, Madame A effectuait une série de tâches stéréotypéescomprenant le transport de lourdes pièces (roues de fromage,jambons entiers. . .), la découpe à la trancheuse, la découpemanuelle (de fromages en particulier), la prise de marchandi-ses dans les comptoirs frigorifiques et le réapprovisionnement
tome 42 > n810 > octobre 2013
Analyse ergonomique du travail : l’emballage des salaisons estune activité très répétitive (500 saucissons/h, soit environ4000/j) qui comporte deux tâches : la prise des barres portantles saucissons sur le chariot de stockage et l’emballage pro-prement dit. Au cours de l’emballage et au vu des cadencesimposées par la machine, on peut estimer que le poids cumulémanipulé quotidiennement par la travailleuse est de huittonnes et qu’elle effectue journellement 16 000 mouvementsdu bras (mise en sachet, utilisation du couvercle de thermo-collage et mise dans des bacs des 4000 saucissons emballés). Àces mouvements répétitifs s’ajoute une composante position-nelle car certains éléments de la chaîne d’emballage et desdispositifs de stockage sont situés nettement plus haut que lahauteur d’épaule de la patiente.Madame C est âgée de 50 ans, est droitière et de petite tailleégalement (T : 151 cm). Elle travaillait depuis 30 ans dans uneusine de conditionnement de produits cosmétiques. À l’âge de45 ans, elle a développé des douleurs d’épaule bilatérales pourlesquelles le diagnostic de périarthrite scapulo-humérale calci-fiante a été posé. Malgré trois infiltrations et trois séances defragmentation par ultrasons des calcifications de l’épauledroite, la symptomatologie a continué à évoluer. À l’âge de47 ans, devant l’évolution de la maladie et les résultats del’IRM, une acromioplastie a été réalisée sans améliorationnotoire des symptômes. Au moment de l’examen, un examenRX comparatif des deux épaules associé à une échographiemontrait une rupture ancienne des sus-épineux, une entésopa-thie ossifiante à droite et un conflit antérosupérieur bilatéraldes épaules. Malgré cette maladie évoluée, Madame C n’avaitpas arrêté de travailler.Analyse ergonomique du travail : Madame C devait réalisersur la chaîne d’emballage de produits cosmétiques lesopérations suivantes : approvisionnement en kits de coloration
(30 fois/8 h), mise en boîte de ces kits (3 boîtes de 10 kits/min,c’est-à-dire 1440 boîtes par pause) et approvisionnement enboîtes vides (1 boîte en carton de 2 kg toutes les trois minutes).L’analyse a montré que la hauteur de réapprovisionnementde la chaîne de conditionnement (180 cm), ainsi que ledistributeur de papier collant (160 cm) étaient situés trophaut, obligeant la patiente à effectuer un travail répétitif, enforce, mains au-dessus du niveau des épaules.
Discussion
Les trois travailleuses étudiées ne présentaient aucun desfacteurs personnels favorisant une atteinte de la coiffe : âge(> 50 ans), un excès de poids (IMC > 30), le tabagisme oudiabète [1–5].En ce qui concerne l’impact potentiel de leur activité profes-sionnelle, la littérature identifie comme facteurs de risqueplusieurs composantes de l’activité de travail : le travail avecles mains au-dessus du niveau des épaules, les positionsextrêmes pour l’articulation de l’épaule (main derrière letronc), les actions de tirer ou pousser, le port de charges etle travail répétitif [1,2,6,7].Dans les trois activités professionnelles décrites, l’analyse dutravail montre que certains de ces facteurs professionnels sontprésents et concernent l’ensemble des travailleurs qui y sontoccupés : le travail en force et la répétitivité élevée du geste. Àces facteurs communs s’ajoutent cependant pour les troistravailleuses étudiées des facteurs posturaux spécifiques :moments de force augmentés au niveau de l’épaule (mainsau-dessus du niveau des épaules) en raison de l’inadéquationdimensionnelle du poste de travail par rapport à la petite taillede la travailleuse.Les trois cas cliniques illustrés montrent donc que face à unedouleur d’épaule, le médecin traitant doit être attentif à unparamètre clinique simple, la taille du patient-travailleur, etgarder à l’esprit la possibilité d’une origine professionnellemême lorsque le métier occupé n’appartient pas à une pro-fession « à risque » telle que celle de peintre en bâtiment ou deplafonneur. Demander au patient d’apporter à la consultationquelques photos illustrant les gestes les plus typiques de sonactivité de travail peut s’avérer très utile pour confirmer ouinfirmer une telle suspicion. Lorsque le praticien se voit confortédans cette hypothèse, il établira un contact avec le médecin dutravail qui seul a accès à la réalité de la situation de travail dupatient. Ce dernier pourra alors réaliser une analyse du poste detravail en présence du travailleur lui-même, et ainsi mettreéventuellement en évidence des facteurs de risque spécifique-ment liés à la morphologie du travailleur. Le médecin du travaila alors pour mission de proposer des solutions, en concertationavec l’entreprise, afin de préserver l’emploi du travailleur, soiten apportant des adaptations à son poste de travail, soit enrecommandant une mutation à un autre poste de travail neprésentant pas de risque pour sa santé.
1419
Lett
res
àla
réd
act
ion
Figure 1
Cas clinique A : travail à la trancheuse
Medecine generale
tome 42 > n810 > octobre 2013
1420
Lettres a la redaction
Déclaration d’intérêts : les auteurs déclarent ne pas avoir de conflitsd’intérêts en relation avec cet article.
Références[1] Miranda H, Viikari-Juntura E, Heistaro S, Markku H, Hilkka R. A population
study on differences in the determinants of a specific shoulder disorderversus nonspecific shoulder pain without clinical findings. Am JEpidemiol 2005;161:847-55.
[2] Melchior M, Roquelaure Y, Evanoff B, Chastang C, Imbernon E, GoldbergM et al. Why are manual workers at high risk of upper limb disorders?The role of physical work factors in random sample of workers in France(The Pays de la Loire study) Occup Environ Med 2006;63:754-61.
[3] Silverstein B, Bao S, Fan J, Howard N, Smith C, Spielhoz P et al. Rotatorcuff syndrome: personal, work related psychosocial and physical loadfactors. J Occup Environ Med 2008;50:1062-76.
[4] Rechardt M, Shiri R, Karppinen H, Antti J, Markku H, Viikari-Juntura E.Lifestyle and metabolic factors in relation to shoulder pain and rotatorcuff tendinitis: a population-based study. BMC Musculoskelet Disord2010;11:165.
[5] Yamamoto A, Takagishi K, Osawa T, Yanagawa T, Nakajima D, Shitara Het al. Prevalence and risk factors of rotator cuff tear in the generalpopulation. J Shoulder Elbow Surg 2010;19:116-20.
[6] Walker-Bone K, Cooper C. Hard work never hurt anyone: or did it? Areview of occupational associations with soft tissue musculoskeletaldisorders of the neck and upper limb. Ann Rheum Dis 2005;64:1391-6.
[7] Van Rijn R, Bionka M, Koes B, Burdof A. Association between work-relatedfactors and specific disorders of the shoulder- a systematic review of theliterature. Scand J Work Environ Health 2010;36(3):189-201.
Danièle Pirenne, Philippe Mairiaux*CHU de Liège, Université de Liège, service de santé au travail et
éducation pour la santé, consultation de pathologie profes-sionnelle, Liège, Belgique
Correspondance : Philippe Mairiaux,CHU de Liège, Université de Liège, STES, Sart Tilman B23,
4000 Liège, [email protected]
Reçu le 23 février 2012Accepté le 27 septembre 2012
Disponible sur internet le 28 février 2013
� 2013 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.http://dx.doi.org/10.1016/j.lpm.2012.09.033
tome 42 > n810 > octobre 2013