66 N° 165 - Mars 2012 • AdCF • Intercommunalités

Développement économique

L e télétravail concerne 9 % des salariés fran-çais, contre 18 % en moyenne en Europe et plus de 30 % dans les pays scandinaves et les

États-Unis. « Notre pays est très en retard », est devenu le constat général.Ce n’est pas tant la question du télétravail, mais bien celle de la transformation profonde du travail - travail nomade, en mobilité, et de la transforma-tion du travail qui se réinvente dans de nouveaux modèles de création de valeur - qui est au cœur de la problématique. C'est aussi la question critique de l'attraction et de la rétention des talents pour les territoires, dans une économie numérique en accélération qui nous fait découvrir des nouveaux modèles d'affaire. Les projets et les créations de lieux de mutualisa-tion du travail et de tous types d’activités connec-

tées sont en effervescence : co-working, telecentres, espaces publics numériques, cafés et hall d’hôtels connectés et demain, pôles d’échanges multimo-daux avec la mise en concurrence de la gestion des gares… Mais sur quoi faut-il donc jouer pour que le mouvement se concrétise vraiment au quotidien pour des millions de salariés? Bien sûr, pèsent les questions juridiques et de relations avec les parte-naires sociaux… mais la demande des collabora-

teurs, des autoentrepreneurs et de tous les nouveaux talents de la nouvelle génération incitent à avancer vite, et de manière pragmatique, si nous voulons rentrer efficacement dans cette économie nouvelle qui émerge. Dans ce moment particulier d'une coévolution accélérée des technologies et de leurs usages, des modèles d’organisation et de manage-ment, et des modèles de création de valeurs et de mesures de la performance, il convient de proposer concrètement des modalités de travail nouvelles.

Des lieux d’intermédiationC'est tout le travail conduit depuis bientôt trois ans par le Cluster Green and Connected cities, dans le cadre de son programme des Ecocen-tres 2.0. Quatre constats : • Travailler et avoir toutes ses activités chez soi n’est pas la solution. C’est une question de socialisation, d’espaces disponibles dans un habitat urbain et périurbain de plus en plus cher, donc réduit.• Les transformations des modes de travail sont très rapides et loin d’être finies. Les générations d’outils et de services numériques sont tellement rapprochées que l’on a besoin de coaching perma-nent et de confrontation quotidienne avec d’autres utilisateurs. La mobilité, les nouvelles générations d'applications professionnelles sur les tablettes et smartphones, le cloud computing accélèrent éga-lement la transformation des entreprises qui se rapprochent de leur marché dans une démarche d'innovation de services.• Chacun a besoin de se réapproprier son envi-ronnement immédiat, son quartier. Cela demande une cohérence d’espace et de temps de vie entre son ou ses lieux de travail et son domicile.• Le développement des nouvelles approches éco-

nomiques : boucles locales, économie de l'usage et de la fonctionnalité, achats sur Internet, fablab, etc., suggère la création de lieux d’intermédiation, lieux physiques de services numériques, dans une approche globale de développement durable. Ils concernent les produits et services classiques de consommation mais aussi des services culturels, éducatifs, de loisir…

Un lien social nouveauC’est à tout cela que doivent répondre les nou-veaux tiers lieux urbains de nouvelle génération, les Ecocentres 2.0, véritables outils de création de valeur dans une démarche globale de qualité de vie durable et de solidarité. Outils favorisant également la réduction de l'empreinte carbone, répondant au défi du coût croissant de l'énergie et de l'essence qui limite les déplacements, réduisant le stress et les mobilités pendulaires, et offrant un design et un environnement, autant de plaisir au travail que d'agencement d'un lien social nouveau. Une chance pour les territoires qui peuvent réin-venter des dispositifs nouveaux et innovants pour soutenir la création de valeur dans ce monde où, après la ville foire, la ville industrielle, se dessine la ville numérique dans laquelle le sens, la création, l’innovation, les solidarités nouvelles, deviennent essentielles. Une chance pour aborder ce passage subtil que nous vivons, d'un monde tourné stric-tement vers la logique de résultat vers celui d'une logique de devenir.

Réinventer le travail, renforcer l'attractivité et la compétitivité des territoires avec les Écocentres 2.0Elargissement de la palette de services aux entreprises, soutien à l’économie numérique, management de la mobilité des salariés… Ces enjeux s’inscrivent à l’agenda des politiques publiques des collectivités locales, par le biais des plans de déplacements inter-entreprises, des futurs schémas de mutualisation des services communes-communautés, ou encore de l’équipement à très haut débit des parcs d’activité. Le Cluster Green and Connected Cities offre une réponse : les Ecocentres 2.0. Une nouvelle génération de lieux d’activités, qualifiée de “tiers lieux d’activité”, présentée par deux de ses plus fervents promoteurs : Richard Collin et Anne Paillet.

« Après la ville foire, la ville  industrielle, se dessine la ville  numérique dans laquelle le sens,  la création, les solidarités nouvelles, deviennent essentielles.  »

Richard Collin, professeur, directeur de l'Institut de l'Entreprise 2.0 (Grenoble Ecole de Management), président du Cluster Green and Connected Cities, et Anne Paillet, chef de projet Ecocentres 2.0, responsable Innovation Cluster Green and Connected Cities

TRIBUNE

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A l’instar d’autres agglomérations comme la commu-nauté urbaine de Strasbourg, Grenoble ou le Grand Lyon, Rennes Métropole s’engage en faveur du déve-loppement de projets de tiers lieux avec la Cantine Numérique Rennaise, espace de co-working inauguré en novembre 2010.

Cluster Green and Connected Cities Depuis 2008, le Cluster Green and Connected Cities rassemble territoires, grandes entre-prises, experts et chercheurs, associations et institutions, avec pour ambition de « réinventer et faire exister la ville verte et interconnectée du XXIème siècle ». Il accompagne la création et le déploiement des Ecocentres 2.0, nouvelles générations de tiers lieux adaptés au travail et aux activités mobiles distantes et collaboratives sur les territoires, nouveau lieu de vie, de créa-tivité et d’activités, véritable hub de services de proximité pour le développement économique et la créativité des territoires.

Le cluster fédère quatre clubs qui mettent leurs expériences et savoir-faire pour accompagner le déploiement d’un réseau d’Ecocentres 2.0 : le club des Villes et Territoires innovants et durables, le Club Entreprises, le Club des Investisseurs des Ecocentres, la Communauté des utilisateurs et porteurs de projets. Ensemble, ils accompagnent les projets de création d’Ecocentres.Le Cluster Green and Connecetd Cities a édité un benchmark international sur les tiers lieux / télécentres et rédigé un guide méthodologique de création d’un Ecocentre (en ligne sur www.greenandconnectedcities.eu). RC/AP