Être citoyen dans l'Antiquité : Athènes (Ve s av J-C) et...

2

Click here to load reader

Transcript of Être citoyen dans l'Antiquité : Athènes (Ve s av J-C) et...

Page 1: Être citoyen dans l'Antiquité : Athènes (Ve s av J-C) et ...tbouffand.free.fr/spip/IMG/pdf/corrige_devoir_citoyennete.pdf · Être citoyen dans l'Antiquité : Athènes (Ve s av

Être citoyen dans l'Antiquité : Athènes (Ve s av J-C) et Rome (Ier – IIe s. ap J-C)

Dans l'Antiquité, le rôle et le statut du citoyen sont très variables. Pour nous aider à le comprendre, nous avons deux textes. Le premier est un discours faisant l'éloge de la citoyenneté romaine rédigé par Aelius Aristide un Grec d'Asie Mineure bénéficiant de la citoyenneté romaine, en 143 ap J-C, une période où l'empire romain diffuse de plus en plus largement la citoyenneté romaine. Le second est un extrait d'une tragédie d'Euripide, auteur athénien, intitulée Les Suppliantes, datée de 420 av. J-C. Il fait l'éloge de la démocratie athénienne, alors à son apogée. Dans quelle mesure peut-on comparer la citoyenneté dans ces deux cités ?

A Athènes comme à Rome, être citoyen, c'est bénéficier d'un statut privilégié et envié. Toutefois, les textes n'évoquent pas directement ce point. Le citoyen bénéficie d'un ensemble de droits dont celui de participer à la vie politique, de contracter un mariage légitime ou d'être exempté des impôts directs. A Athènes, la propriété des terres lui est réservée, alors qu'à Rome il se distingue par le port de la toge, des tria nomina, des privilèges judiciaires...Par conséquent, l'accès à la citoyenneté est réservé à des catégories bien définies de personnes. Il s'agit à Athènes comme à Rome d'hommes majeurs, de statut libre, issus d'une famille de citoyens et enregistré dans l'une des différentes tribus de la cité (10 à Athènes, 35 à Rome).

Comme le montre bien le document 1, la « généreuse et magnifique » citoyenneté romaine se distingue sous l'empire par son caractère ouvert. Il est en effet possible de l'acquérir, soit par le service militaire (20 ans de service dans les troupes auxiliaires), soit par affranchissement si on est l'esclave d'un citoyen romain (mais les droits de l'affranchi sont limités), soit par faveur impériale. En effet, les empereurs accordent la citoyenneté romaine aux élites locales des territoires conquis, souvent pour les récompenser de leur fidélité (« aucun de ceux qui méritent pouvoir ou confiance n'est tenu à l'écart »). Rome accorde également la citoyenneté à des collectivités : cités (comme Volubilis en 44 ap J-C) ou provinces (comme la Gaule en 48 ap J-C). Toutefois, une bonne partie des hommes libres de l'empire, les pérégrins, restent « soumis comme des sujets ».Cinq cents ans plus tôt, Athènes pratiquait, comme toutes les cités grecques, une citoyenneté fermée : il était presque impossible à un étranger (métèque) d'accéder à la citoyenneté, et le nombre des citoyens était donc très limité (40 000 au Ve s).

En revanche, comme le montre bien le document 2, Athènes accorde au Ve s. des droits politiques importants au citoyen. « Le peuple a le pouvoir » dit Thésée dans le texte 2, c'est à dire que l'ensemble des citoyens (démos) participe à la vie politique, d'où le nom de démocratie que porte ce régime. En effet, le citoyen peut directement voter les lois au sein de l'Ecclesia ou être tiré au sort pour exercer l'une des nombreuses magistratures de la cité : bouleute (conseiller), héliaste (juge), etc : « à tour de rôle, les citoyens exercent les magistratures annuelles ». Le document insiste sur l'égalité entre les citoyens athéniens : « le riche n'est pas avantagé et le pauvre est son égal en droits ». En effet, excepté la fonction de stratège qui est réservée aux citoyens les plus riches et les plus influents (c'est d'ailleurs la seule à faire l'objet d'une élection), tous les citoyens disposent des mêmes droits depuis les réformes de Clisthènes en 510 av J-C.En revanche, à Rome, de fortes distinctions existent entre les citoyens sous l'empire, ce que le texte 1 ne montre pas. On distingue les honestiores, citoyens riches, des humiliores, citoyens pauvres. Seuls les premiers disposent des droits politiques et encore, uniquement dans les cités romaines des provinces où ils élisent les magistrats.

Page 2: Être citoyen dans l'Antiquité : Athènes (Ve s av J-C) et ...tbouffand.free.fr/spip/IMG/pdf/corrige_devoir_citoyennete.pdf · Être citoyen dans l'Antiquité : Athènes (Ve s av

L'empereur, « responsable unique », détient seul le pouvoir politique. Il n'est pas élu, mais s'impose le plus souvent par la force et il est le seul à pouvoir nommer les titulaires des postes administratifs les plus importants (magistrats et sénateurs romains, gouverneurs des provinces...).

Ainsi, si elles reposent sur la même base (un statut privilégié pour le citoyen), la citoyenneté à Rome et à Athènes ne sont pas vraiment comparables. Si la citoyenneté romaine du Ier-IIe s ap J-C est ouverte, le pouvoir impérial lui a retiré tout rôle politique. En revanche, si la citoyenneté athénienne du Ve s av J-C est fermée, elle accorde un rôle politique essentiel à ses citoyens.