Trans Nationalisation

TRANSNATIONALISATION/INTERNATIONALISATION

Johanna Simant

in Olivier Fillieule et al., Dictionnaire des mouvements sociaux

Presses de Sciences Po | Rfrences

2009pages 554 564

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http://www.cairn.info/dictionnaire-des-mouvements-sociaux---page-554.htm--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Pour citer cet article :--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Simant Johanna, Transnationalisation/internationalisation , in Olivier Fillieule et al., Dictionnaire des mouvementssociauxPresses de Sciences Po Rfrences , 2009 p. 554-564. --------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

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554 DICTIONNAIRE DES MOUVEMENTS SOCIAUX

TRANI (Christophe), La Musique en colre, Paris, Presses deSciences Po, coll. Contester , 2008.

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TRANSNATIONALISATION/INTERNATIONALISATION

En alternative lapproche raliste des relations internatio-nales, excessivement centre sur les relations entre tats, RobertKeohane et Joseph Nye proposaient en 1972 de sintresser aux lienset solidarits entre acteurs non tatiques. Ils dfinissaient alors lesrelations transnationales comme les contacts, coalitions et interac-tions travers les frontires tatiques qui ne sont pas contrls pardes organismes de politique trangre centraux des gouvernements .Cela invitait prendre en compte, entre autres, les mouvementssociaux. Le cadre implicite danalyse des mouvements sociaux, ltat-nation, a longtemps fait ngliger leur dimension internationale.Depuis le milieu des annes 1990, les spcialistes des mouvementssociaux ont pris le tournant transnational . Rejoints par descomparatistes et internationalistes, ils examinent des phnomnes lintersection de la thmatique de la mondialisation , de laugmen-tation, depuis la fin de la guerre froide, du nombre des organisationsnon gouvernementales (ONG), et de lmergence, dans la deuximemoiti des annes 1990, des mouvements altermondialistes.

LES FORMES VARIES DU TRANSNATIONAL DANS LES MOUVEMENTS SOCIAUX

Empiriquement, la dimension internationale na pourtant jamaist absente de la protestation : que lon pense aux huguenots des

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Corpus_DicoMouvSoc.fm Page 554 Vendredi, 24. juillet 2009 1:43 13

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Transnationalisation/ internationalisation 555

Cvennes rfugis aux Pays-Bas la suite de la rvocation de lditde Nantes, la mobilisation internationale contre lesclavage auXIXe sicle, la circulation de la thmatique et des protestations duPrintemps des peuples dans les annes 1840, ou celle des militantsde la cause ouvrire ds le XIXe sicle en EuropeLa dimension transnationale recouvre une grande varit deprocessus militants. Il peut sagir de laction simultane ou coor-donne dans divers tats (clbration du 1er Mai), des processusdimitation et de transformation des stratgies d'un mouvement dufait de mobilisations l'tranger (dcolonisations, effondrement desrgimes de lEst), du transfert de ressources, de la construction etde la consolidation d'organisations dimension internationale, delengagement physique en faveur d'une cause au loin ou encore dela lutte contre des pratiques (dtats, de peuples ou dentreprises)lointaines et contestables (travail des enfants). Cet activisme peutaussi runir des acteurs non gouvernementaux et administratifsdans le cadre dalliances sectorielles au sein dorganisations inter-nationales. Donatella Della Porta et Sidney Tarrow (2005, p. 2-3)distinguent les processus de diffusion, par lesquels sinternationali-sent les ides et pratiques dun mouvement, de domestication, danslesquels seffectue le dploiement sur un territoire de conflits qui ontleur origine lextrieur, et enfin dexternalisation, dans lesquelsdes institutions supranationales sont sollicites pour intervenir dansdes problmes ou conflits domestiques.La littrature rcente ne spcifie pas toujours ce que les mouve-ments sociaux observs ont de transnational ou international, etsurestime parfois leur nouveaut, qui peut renvoyer au contexte( globalisation ou mondialisation ), des pratiques et desdiscours considrs comme novateurs, ou au changementdchelle de processus protestataires. Malgr leur taille, les forumssociaux mondiaux et rgionaux ninaugurent pas l're des grands


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rassemblements militants internationaux, quavaient initis, leurfaon, les congrs de la IIe internationale la fin du XIXe sicle enEurope. Si nouveaut de nature il y a (celle de degr est relle), ellerside plutt dans la contestation des politiques daustritpromues par les grandes institutions de la gouvernance mondiale,notamment l'occasion des runions de ces dernires (G7 et G8,OMC, sommets europens ou des Amriques). Cela se double demanifestations dans les pays pauvres contre les politiques dajus-tement structurel. Toutes ces mobilisations ne sont pas intgrale-ment transnationales : elles sont fortement composes depopulations locales , de la nationalit du pays dans lequel sedroule la protestation.

CADRAGES GLOBAUX

Sidney Tarrow (2001) souligne le problme que pose la confusionentre le cadrage mondial dune activit et son champ daction empi-rique. Il nest pas incohrent de relier la transformation des formesde la contestation et la transformation des formes de la domination,conomique et politique, ou le dveloppement des moyens decommunication. Mais lavnement du mouvement altermondialiste alaiss croire qu une forme spcifique du capitalisme mondialcorrespondait mcaniquement le dveloppement de mouvementstransnationaux le contestant, alors que la perception des problmesest sans doute redevable au fait que ces mouvements, les organisa-tions internationales sur lesquelles ils sappuient ou quils contestent,les voquent et les posent. Lexistence objective de problmes,fussent-ils globaux , ne suffit pas dclencher les mobilisations.Il faut donc s'intresser aux conditions du succs de certainscadrages et idologies vocation globales, et la possibilit pour desmobilisations locales ou nationales de sinscrire dans un registre


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agglomrant des mobilisations parfois trs diverses. Ces registrespeuvent tre plus ou moins consensuels et soutenus par des normesinternationales. Margaret Keck et Kathryn Sikkink (1998), John Boliet George Thomas (1999), insistent sur la faon dont les acteurstransnationaux sappuient sur les normes internationales des droitsde lhomme. Quen est-il ainsi de linternationalisation des luttesautour de nouvelles orthodoxies vocation universelle comme lesdroits de lhomme (Dezalay et Garth, 2002), et des dbouchs profes-sionnels de ces expertises ? Nombre de ceux qui veulent fairecarrire dans ces domaines dbutent dans des ONG militantes avantde se reconvertir dans de plus confortables secteurs.Il est certes plus facile pour les rseaux transnationaux de dfensede causes de se baser sur des normes internationales (la Dclarationuniverselle des droits de lhomme par exemple), que sur des prin-cipes alternatifs et les contestant, ou en tout cas peinant sappuyersur ces normes. linverse, les mobilisations altermondialistes trou-vent plus difficilement des allis au sein des organisations quellescontestent (Banque mondiale, FMI, OMC) ! Cela suppose de garder lesprit le caractre parfois trs local de ces normesuniverselles , et les stratgies de ceux qui les contestent ou sebornent entretenir leur gard un rapport purement opportuniste.Davantage de travaux sur les mouvements islamistes, anti-avorte-ment, ou radicalement hostiles certaines normes internationales,permettraient de ne pas tablir de gnralisations partir dunepartie seulement des mobilisations transnationales. De mme, lesmobilisations de migrants, notamment ce quAnderson nomme lenationalisme distance , et les mobilisations politico-religieusestransnationales, dsignent certaines des formes les plus avres,non seulement de mobilisations transnationales, mais peut-tre demouvements transnationaux : ils contribuent fortement la cons-truction didentits imagines, sappuient sur des interactions


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parfois soutenues entre les membres du rseau protestataire, sanstre aussi consensuelles que la dfense des droits de lhomme !Dans la filiation du courant amricain de la mobilisation desressources, une attention importante est porte au substrat organisa-tionnel de la protestation transnationale, aux organisations porteuses des mouvements sociaux. Keck et Sikkink (1998)donnent un rle central aux ONG au sein des Transnational Advo-cacy Networks (TAN-rseaux de dfense de causes). Jackie Smith etal. (1997) recourt la catgorie de Transnational Social MovementOrganisation (TSMO), dont elle donne comme principal indicateurempirique les ONG rpertories par l'Union des associations interna-tionales. Mais le substrat des mobilisations transnationales ne selimite pas ces organisations, il inclut aussi les syndicats, fondations,les organisations religieuses (lglise catholique, lislam sunnite, oules glises pentectistes), contribuant fortement la consolidation derseaux et didentifications de laction collective transnationale. Deplus, toutes les organisations qui contribuent aux mouvementssociaux transnationaux ne sont pas des structures transnationales.

MUTATIONS DES ORGANISATIONS ET PROCESSUS DE DIVISION DU TRAVAIL MILITANT

tudier le parcours individuel des militants permet decomprendre ce qui peut les disposer cet investissement linter-national. Les sociabilits internationales que les lites socialesmanient depuis plusieurs sicles sont un exemple de ces disposi-tions. Les enqutes sociographiques sur les vnements protesta-taires dimension mondiale (Agrikoliansky et Sommier, 2005)confirment lhypothse de Tarrow sur des participants moins dra-cins que cosmopolites enracins (rooted cosmopolitans) selonDella Porta et Tarrow, 2005, p. 237). Mais linternationalisation


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nest pas seulement litaire, comme le montre Anne-CatherineWagner (2005) au sujet de la Confdration europenne des syndi-cats, la CES.Linternationalisation est potentiellement porteuse dimportantseffets dexclusion (par la langue, lingale capacit voyager),directement lis la division du travail militant. Cette dernire secomplexifie avec ce que Tarrow et McAdam pointent comme chan-gement dchelle, scale shift (dans Della Porta et Tarrow, 2005).Cela suppose de comprendre ce qui pousse des acteurs et organisa-tions sinternationaliser : valeurs , mais aussi raisons finan-cires, mobilit de certains rseaux (migrants, affinits culturellesau-del des frontires tatiques). Cela invite aussi sintresseraux types de liens entre les protagonistes de laction collectivetransnationale (interactions de face face, circulation deressources financires, communauts imagines chres auxthoriciens du nationalisme, liens objectifs, perus ou pas, dans ladivision internationale du travail conomique). Internationalisa-tion et transnationalisation des organisations gnrent peu peudes espaces largis de dfinition des causes, dmultipliant lesniveaux dintervention, de prise de parole, et les possibilits deconflits et de malentendus.Dans ces processus de transnationalisation de la protestation, tatset institutions sont la fois des cibles, des points focaux et des faci-litateurs de la protestation. Keck et Sikkink (1998) voquent la stra-tgie boomerang des activistes qui sappuient sur desorganisations internationales et des ONG afin de faire pression, enles contournant, sur les gouvernements nationaux sourds leursrevendications. Tarrow (2001), par la mtaphore du rcif decorail , rappelle que les organisations internationales, mmescontestes, sont des lieux de sociabilit entre activistes de touspays. On peut ce propos regretter lindiffrence au champ


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rgional dune grande partie de lactivit transnationale, car lestravaux sur lEurope et la zone amricaine de libre-change vitentles gnralisations htives et montrent limportance des protesta-tions directement adresses aux gouvernements nationaux (Imig etTarrow, 2001). Ils soulignent lhistoricit de la dfense des causeset des intrts spcifiques une zone, comme, galement, les occa-sions ouvertes par les intgrations conomico-politiques rgionales(en matire de possibilits lgales, dchanges une chelle conti-nentale).Le rle de certains grands tats dans le soutien la contestationtransnationale ne peut tre nglig (notamment le rle du Brsil etdu G20 dans lchec des ngociations au sommet de l'OMC Cancun en 2003). Les alliances partielles entre organisations etgrands tats du Sud contre certaines logiques hgmoniques nedevraient pas tre ngliges, confirmant le caractre dialectique dulien mouvements sociaux/tats.

LA TRANSFORMATION DES RPERTOIRES DACTION

La question de la transformation des rpertoires daction estpose : cest au moins un style transnational de la protestationqui merge aujourdhui. Au rpertoire paroissial et patronn deCharles Tilly, suivi du rpertoire national et autonome , succde-rait un rpertoire transnational et solidariste .

Lhypothse du troisime rpertoire pointe juste titre le rledes mdias, des organisations et des forums internationaux,comme lieux de coagulation de rseaux transnationaux, et deformulation de thmatiques ensuite rappropries localement. Ellemet en lumire le rle des vnements paramilitants tels que lesgrands concerts autour de thmatiques solidaires (contre la famine,pour lannulation de la dette) (Lahusen, 2001). Ces campagnes


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internationales sappuient sur des vnements mdiatiques devantbeaucoup la globalisation de lindustrie des loisirs et de linfor-mation, qui contribue la prise en charge dvnements la fron-tire de la protestation et du divertissement, et la dfinition dessituations protestataires. Les domaines dans lesquels lactioncollective transnationale parat le plus en dcalage lgard dumodle national-autonome de Tilly, renvoient bien la formeONG, jointe des types de patronage de la part de certains tats(voire compagnies), la dfense dintrts prsents commeglobaux ou exemplaires de petits groupes menacs par des logiquesglobales, lindustrie du divertissement et des mdias, notammenten langue anglaise, au poids de lexpertise (dj prsente cependantdans la mutation du rpertoire lchelle nationale), la pratiquespcifique des contre-sommets, et enfin au modle de la franchise aboutissant un lien parfois trs lche entre un

Tableau 1. Un troisime rpertoire ?

1650-1850 1850-1980 1980-2000+

Paroissial et patronn National et autonome Transnational et solidariste

meutes alimentaires Grves Concerts de type Band Aid

Destruction de barrires doctroi

Meetings lectoraux Tlthons

Sabotage de machines

Runions publiques Sommets de la Terre,des femmes

Expulsion de collecteurs des impts

Insurrections Campagnes internationales de boycott

Source : Cohen et Rai, 2000, p. 15.


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vnement protestataire et lorganisation ou lidologie dont ellepourrait se rclamer.Il reste quanciens et nouveaux rpertoires cohabitent et varientdans lespace, et que le troisime rpertoire , sil existe, nesemble pas li au seul phnomne de la transnationalisation.La piste des rpertoires invite cependant tudier les transforma-tions de lactivit rpressive des autorits face la protestation trans-nationale ainsi que ladaptation des tactiques des protestataires auxrponses des autorits (la tenue des sommets dans des lieux de plusen plus difficiles daccs a fait reculer la pratique des contre-sommets). Penser en termes de rpertoires et de pratiques protesta-taires, cest enfin prendre en compte la question du financement.Aujourdhui, laction collective transnationale est fortement struc-ture par des acteurs qui, pour ntre pas spontanment associs aumonde des ONG et des mouvements sociaux, contribuent son inter-nationalisation. Cest le cas des grandes fondations amricaines etdes think-tanks qui contribuent au financement dONG et ce faisant la structuration de rseaux internationaux (ainsi la Fondation Fordpour les droits de lhomme, ou lOpen Society de George Soros, quilie dfense de la socit civile et du march).Lhistoire des mouvements sociaux na jamais t une seule histoirenationale, comme invite sen souvenir lhistoire des internatio-nales et des mouvements ouvriers. Mais peut-tre la sociologie desmouvements sociaux nest-elle plus, depuis longtemps, la socio-logie du mouvement ouvrier

Johanna SIMANT

Renvois :Analyse de rseaux, Cycle de mobilisation, Espace gographiqueet mouvements sociaux, Expertise, Mdia, Opinion publique,Rvolutions crises transitions, Syndicalisme.


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Bibliographie :AGRIKOLIANSKY (ric) et SOMMIER (Isabelle) (dir.), Radiographie dumouvement altermondialiste, Paris, La Dispute, 2005.

BOLI (John) et THOMAS (George) (eds), Constructing WorldCulture. International Non-Governmental Organizations since1875, Stanford (Calif.), Stanford University Press, 1999.

COHEN (Robin) et RAI (Shirin) (eds), Global Social Movements,Londres, Athlone Press, 2000.

DELLA PORTA (Donatella) et TARROW (Sidney) (eds), TransnationalProtest and Global Activism, Lanham (Md.), Rowman andLittlefield, coll. People, Passions, and Power , 2005.

KECK (Margaret) et SIKKINK (Kathryn), Activists Beyond Borders :Advocacy Networks in International Politics, Ithaca (N. Y.),Cornell University Press, 1998.

LAHUSEN (Christian), Mobilizing for International Solidarity :Mega-Events and Moral Crusades , dans Marco Giugni etFlorence Passy (eds), Political Altruism ? Solidarity Movementsin International Perspective, Lanham (Md.), Rowman andLittlefield, 2001, p. 177-195.

SIMEANT (Johanna), Transnationalisation de lactioncollective , dans Olivier Fillieule, Isabelle Sommier et ricAgrikoliansky (dir.), Les Mouvements sociaux, Paris, La Dcou-verte, 2009.

SMITH (Jackie), CHATFIELD (Charles) et PAGNUCCO (Ron) (eds), Trans-national Social Movements and Global Politics. SolidarityBeyond the States, New York (N. Y.), Syracuse University Press,coll. Syracuse Studies on Peace and Conflict Resolution , 1997.

TARROW (Sidney), La contestation transnationale , Cultures etconflits, 38-39, t-automne 2001, p. 187-223.


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WAGNER (Anne-Catherine), Vers une Europe syndicale. Uneenqute sur la confdration europenne des syndicats, Paris,ditions du Croquant, coll. Raisons dAgir , 2005.

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VIOLENCES CONTRE SOI

Marginales en sciences sociales, les recherches sur lesviolences contre soi sont galement embryonnaires en sociologiedes mobilisations. Ds le dbut du XXe sicle, les automutilations,auto-agressions ou autoblessures non imputables des normesculturelles ou religieuses sont en effet associes des pathologiesdiverses. Elles sont aussi spares des pratiques suicidaires(Scharbach, 1986, p. 5), bien que cette distinction soit encoreaujourdhui sujette dbat au sein du monde mdical. Si lesuicide est rapidement devenu avec Durkheim un fait social quela sociologie ne pouvait ignorer, les violences contre soi sansvolont affiche de se donner la mort sont donc restes ledomaine presque exclusif du discours psychiatrique. Ainsi en est-il des atteintes corporelles dlibres (auto-incisions etbrlures auto-infliges, modifications corporelles, etc. Cf. LeBreton, 2003, p. 14) dont les sciences sociales ne semparent rel-lement que dans les annes 1990, ou des violences contre soipossdant une dimension politique (grves de la faim, automuti-lations, immolations par le feu, etc.), qui nont fait lobjet quedune vingtaine de publications spcifiques en sociologie depuisles annes 1980, alors mme que les tudes sur les attaquessuicides se comptent par dizaines depuis 2001.

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