Tran Duc Thao Textes french

7/26/2019 Tran Duc Thao Textes french

1/38

DE LA

PHNOMNOLOGIE

LADIALECTIQUE MATRIALISTE

DE LACONSCIENCE

(I)

TRN C THO

DansPHNOMNOLOGIE ET MATRIALISME DIALECTIQUE, aumoment mme o les contradictions internes de loeuvre de Husserl mobligeaient la liquider, jai cru pouvoir prendre modle sur la critique positive de Hegel parles classiques du marxisme-lninisme, pour cercer garder dans une certainemesure la mtode pnomnologique en la dbarrassant de lidalisme usserlien,et la !remettre sur les pieds" en lintgrant comme un moment dans la dialectiquematrialiste# $esprais par l mettre la disposition du marxisme un instrument

danal%se pour entrer dans lintriorit du vcu, et opposer ainsi une rponseconstructive aux objections des pilosopies du sujet# $e visais en particulierlexistentalisme, qui, du moins dans sa &raction sartrienne, voulait se placer sur leterrain mme de la problmatique marxiste, et tout en reconnaissant dans unecertaine mesure la vrit du matrialisme istorique pour le domaine des &aitssociaux, lui reprocait de ngliger la spci&icit des problmes de la conscience#

'e projet stait prcis dans mon esprit en ()*+, et jerdigeai en moins dun an la seconde partie de

PHNOMNOLOGIE ET MATRIALISMEDIALECTIQUE sur !la dialectique du mouvement rel", quidevait montrer, sur quelques exemples concrets comment la

pnomnologie pouvait tre aufgehoben supprime,conserve, dpasse, bre& absorbe de manire positive dans lemarxisme#

'ependant, ds la publication de louvrage en ()*(, jeme sentais dj certaine gne du &ait que la mtode ainsid&inie, savoir lanal%se vcue pratique sur la base dumatrialisme dialectique, ne semblait donner de rsultatse&&ecti&s que pour la comprension du comportement animal


2/38

expos dans le premier capitre de la seconde partie# edeuxime capitre, consacr !la dialectique des socitsumaines comme devenir de la raison" ne &aisait en ralit quereprendre des recerces antrieures lanne ()*+,autrement dit antrieures mon passage aux positionstoriques du marxisme# .n dautres termes, le projet sisduisant duneAufhebungcomme suppression et en mmetemps absorption et intgration de Husserl dans /arx, con0usur le modle de laAufhebung, ou ce que je cro%ais tre la

Aufhebung, de Hegel par les classiques du marxisme--lninisme, ne mavait pratiquement aid en rien pour la t1ceessentielle, savoir lanal%se des ralits umaines#

$e trouvais cependant une sorte de justi&ication dans le

&ait que la gense de la conscience animale, qui ne prsentaitvidemment en elle-mme quun intrt troitement limit,semblait tout de mme apporter un rsultat dimportancecapitale sur le plan torique, savoir la dmonstration delorigine matrielle de la conscience, ce qui cartait a liminetoutes les tories de la transcendance# 2uant aux &aiblessestrop videntes des esquisses prsentes sur la dialectique dessocits et de la conscience umaines, je pouvais la rigueurleur cercer une excuse dans la rapidit avec laquelle jai d3rdiger ce deuxime capitre, en raison des ncessits

immdiates de la lutte relle#

a suite devait montrer quen ralit !le temps ne &aitrien la&&aire", car ce &ut pour de longues annes que jetombai dans une strilit pilosopique totale# 4n rsultat

pratique aussi ngati& imposait une remise en question duprojet mme dePHNOMNOLOGIE ETMATRIALISME DIALECTIQUE# .st-il vraiment possibledoprer cetteAufhebungde la premire dans le second, sur lemodle de la dmarce de /arx sur Hegel5 .t tout dabord, le

passage mme de la dialectique glienne la dialectiquemarxiste doit-il sinterprter prcisment comme une

Aufhebung5

.n me remettant ltude des textes gliens, je meconvainquis quen &ait il nen est rien# /arx navait pas dutout rpt sur Hegel la dmarce caractristique de ladialectique glienne elle-mme, comme !suppression etconservation", une suppression qui est conservation, puisquele moment ni et dpass se maintient avec sa structuregnrale en sabsorbant dans le moment qui le dpasse# 4n


3/38


4/38

structure relle, !de sorte que la vie de la matire se r&lcitdans sa reproduction idale" :LE CAPITAL, 9ost&ace de ladeuxime dition;# .t si lon % retrouve le !no%au rationnel"de la dialectique glienne, ce no%au lui-mme ne peut sed&inir correctement quen langage marxiste, non glien#

le croissant notre poque de la

conscience dans listoire, do la ncessit dun dveloppement rapide de sontude scienti&ique, ce qui impliquait sur le plan torique une laborationmtodique des concepts de base#

a d&inition classique de la conscience comme !re&let"ou !image du monde extrieur" visait essentiellement le

problme pilosopique &ondamental, problme quelle a en&ait rsolu sous son double aspect de manire d&initive#'ependant les classiques du marxisme-lninisme navaient pasencore se proccuper spcialement dune science concrte de

la conscience# 9our tablir la mtodologie de la recerce ence domaine, il serait ncessaire, semble-t-il, de prciser le


5/38

concept de la conscience partir des catgories les plusgnrales du matrialisme dialectique, savoir la matire et lemouvement# e monde nest que la matire en mouvement oule mouvement de la matire, et la t1ce de la connaissance estdtudier la matire dans les diverses &ormes de sonmouvement #ne fois connues les formes du mouvement dela matire, dit .ngels dansLA DIALECTIQUE DE LA

NATURE, nous connaissons la matire elle-mme, et de cefait la connaissance est acheve. a science de la consciencedevrait donc, semble-t-il, d&inir celle-ci comme une certaine&orme du mouvement de la matire par l elle prendrait placedans la classi&ication gnrale des sciences, laquelle secon&ond avec la classi&ication des di&&rentes &ormes dumouvement de la matire#

'ependant une telle d&inition assimilerait en &ait laconscience un simple mouvement matriel, ce qui, quels quesoient les caractres spciaux que lon pourrait accorder cemouvement, resterait mani&estement incompatible avec !lasigni&ication absolue", sur laquelle insistait nine, delopposition entre la matire et la conscience dans la questiongnosologique &ondamentale $u"est-ce qui est premier,qu"est-ce qui est second%..n raison de cette oppositionabsolue sur le plan pilosopique, la conscience devrait tre

considre simplement comme une proprit de la matireen mouvement :nine;, au sens videmment dune propritidale, comme !image subjective du monde objecti&", et non

pas comme un !mouvement de la matire",qui ne seraitsemble-t-il, quun mouvement matriel c>t des autresmouvements matriels#

Dun autre c>t cependant, en insistant ainsi sur lidalitde la conscience, on senlve le mo%en den &onder ltudescienti&ique, ce qui tait prcisment le but du dbat# .n ralitnine avait bien prcis quen deors des !limites trsrestreintes" de la question gnosologique &ondamentale,lopposition entre la matire et la conscience nest querelative# .t .ngels en son temps avait expressment considrla conscience comme un mouvement de la matire, plus

prcisment un mouvement du !cerveau pensant" &ANTI-DRING' ce que con&irme le texte deLA SAINTEFAMILLEsur !la matire quipense".

8l reste pourtant que la conscience prsente un caractreincontestablement idal, caractre qui &ait justement lintrt


6/38

de son tude, et lon ne voit pas dans ces conditions commentil serait possible de la rduire une simple forme dumouvement de la matire, &ormule qu.ngels avait justementvite#

a controverse qui se prolongea jusquun peu au-del du milieu des annes=+, na pas abouti des conclusions o&&icielles car lintrt se trans&rait au

problme de lomme et de lumanisme proltarien# 'ependant, le dbatpilosopique sur la nature de la conscience avait mis en lumire les conditions duproblme dune part, la d&inition de la conscience comme !&orme du mouvementde la matire" doit tre rejete, car elle reviendrait en &ait une identi&ication, pourlessentiel, de la conscience avec la matire, ce qui, rendant insoluble le problmegnosologique &ondamental, tendrait pratiquement une con&usion entre lematrialisme et lidalisme# Dautre part cependant si lon veut &aire de la

conscience un objet de science et en &onder ltude scienti&ique, il &audrait bien lad&inir dune manire ou dune autre partir des catgories gnrales de la matireet du mouvement#

De ce point de vue, une collaboration troite staitimpose entre la pilosopie et les sciences de lomme,notamment la ps%cologie et lantropologie, pour tablirdialectiquement le concept de la conscience sur lesarticulations de sa gense relle dans le mouvement de lamatire# 'ette tendance suscita de nombreuses publications

dune importance considrable qui ouvraient la voie unescience concrte de la conscience, notammentLORIGINE

DE LA CONSCIENCEde ?pir@ine,LA NATURE DELIMAGEde


7/38

premire partie du livre lexistence de toute une classe designes prsents comme !signes naturels", soit entirementcomme la pantomime, soit partiellement comme les signes de

politesse, les s%mboles, etc# t conventionnel, et

liminer en &ait, sinon en droit, les signes entirement!naturels" comme la pantomime5 auteur se justi&ie ici parun recours l"idal !*es signes arbitraires ralisent mieu+que les autres l"idal du procd smiologique) c"est pourquoila langue, le plus comple+e et le plus rpandu des systmes

d"e+pression, est aussi le plus caractristique de tous) en cesens la linguistique peut devenir le patron gnral de toute

smiologie, bien que la langue ne soit qu"un systmeparticulier:p# (+(;#

'ependant lidal smiologique &ond sur le principe delarbitraire du signe ne semble avoir sa pleine valeur que pourle langage scienti&ique, qui vise essentiellement exprimerdistinctement des ides distinctes et, pour ce but, utilise autantque possible une langue conventionnelle# Dj le langageordinaire cerce obtenir par lintonation, le coix des motset des tournures, la disposition de la prase, une certainequalit e+pressivenon rgle en tant que telle par lesconventions du code, et qui contribue, par&ois de manire

dcisive, la signi&ication# .t sil est vrai que les diverslangages s%mboliques comportent un lment arbitraire d&ini


8/38

par des rgles conventionnelles, il nen reste pas moins queleur idal vise toujours tablir travers la convention unesigni&ication aussi directe que possible, gr1ce llment

proprement s%mbolique, savoir lanalogie entre le signi&iantpris dans son contenu intrinsque et le signi&i# 'eci estparticulirement vrai pour le langage de lart, dont le but estprcisment de crer des oeuvres signi&icativespar elles-mmes, autrement dit par la &orce dexpression et la puissancedvocation dues leurs propres con&iguration, structure etqualit internes# 8l est vrai que llment conventionnel, parexemple la grammaire, la prosodie, les !rgles de lart"tablies caque poque, dans caque secteur et mme cecaque artiste, reste une condition de la comprension# /aisle moment proprement esthtique se d&init toujours par ce

que ?aussure appelle l!expression naturelle" ou la !valeurintrinsque" de loeuvre dans sa totalit signi&iante singulire#e moment conventionnel joue un r>le ncessaire, mais pard&inition anesttique#

6n peut lire ainsi travers le texte du COURS DELINGUISTIQUE GNRALE, en transparence et pour ainsidire en pointill, la possibilit et la ncessit dune autresmiologie, qui tudierait limmense varit des modesdexpression orients sur un idal oppos lidal scienti&ique

de distinction conventionnelle &ond sur le principe delarbitraire du signe, et que nous pouvons appeler lidalesttique la mimique, le rite, le s%mbole, les divers procds&igurati&s, lin&init des gestes et jeux de p%sionomie qui

prcdent la parole, laccompagnent constamment et au besoinse substituent elle, le tout trouvant son panouissementsuprme dans lart# 8l est clair que nous nous trouvons ldevant un ensemble smiotique omogne, la &ois largementouvert et corent sa manire# 6n peut lappeler lesystme

gnral des signes intrinsques, ou esthtiques, - au sens del"aisthsis, la sensation - caractriss par lexpressivitintrinsque du signi&iant et dont lunit se constitue dans la

structure dialectique tou(ours en dveloppement de son

contenu historique,par opposition ausystme gnral dessignes arbitraires,poss par la convention sociale, et dontlunit se d&init par unestructure formelle de rapportsdiffrentiels, oppositifs et ngatifs. Eien videmment, cest le

premier s%stme qui &onde le second, puisquil prsentedirectement dans lintuition sensible le contenu de

signi&ication, auquel le second donne une expressionconventionnelle, &ormellement plus distincte, pour le


9/38

dvelopper sur le plan discursi a preuve en est que lon peutpar&aitement apprendre une langue compltement inconnue partir de signes intrinsques ou esttiques :gestuels et autres;- ce quun explorateur arrivant dans un pa%s nouveau est bienoblig de &aire - alors quil est trs di&&icile et en gnralimpossible de reconstituer entirement un s%stme de signesesttiques partir dune description purement verbale#

6r, la tse du primat de la langue, comme !patrongnral de toute smiologie", prsente au dbut de la

premire partie du livre avec une certaine prudence et desrserves raisonnables, se trans&orme subitement et sans

justi&ication aucune dans la seconde partie en une assimilationpure et simple de toute structure smiologique la structure

verbale# auteur a&&irme tout uniment ans la langue,comme dans tout systme smiologique, ce qui distingue unsigne, voil! tout ce qui le constitue:p# (=F;# 'ependant ladmonstration na t ralise que pour la langue commes%stme des signes verbaux, sur la base du &ait que le mot, enraison de son caractre arbitraire, ne peut pas avoir dautre

proprit que de se distinguer des autres mots# addition!comme dans tout systme smiologiquevient de manireabsolument inattendue#

.n ralit cette assimilation, donne comme allant de soi,de tous les signes en gnral au signe verbal se trouvait djimplique comme un postulat implicite au principe mme desconsidrations que lauteur venait dexposer, sur les rapportsde la signi&ication avec la valeur# asignification d&iniecomme !la contrepartie de limage auditive" dans le mot - parexemple le concept signi&i !arbre", contrepartie de limageauditive signi&iante qui peut tre, suivant la langue, arbre,arbor, tree, aum, etc# - semble tout dabord se con&ondre enquelque manire avec la valeur linguistique,prsente audbut comme !la proprit qua un mot de reprsenter uneide"#

'ependant la valeur apparaGt galement commedtermine par les rapports oppositi&s des signes entre eux#Cinsi le mot anglaissheep a une valeur restreinte par rapportau mot &ran0ais moutonparce que langlais dispose du motmuttonpour dsigner la viande de mouton servie sur la table#!Dans une langue, tous les mots qui expriment des idesvoisines se limitent rciproquement redouter, craindre, avoir

peur nont de valeur propre que par leur opposition7 si


10/38

redouter nexistait pas, tout son contenu irait sesconcurrents### " :###; !Dans tous ces cas nous surprenons aulieu d"ides donnes davance, des valeurs manant dus%stme" ### !.n &ran0ais un concept !juger" est uni limageacoustique(uger7mais il est bien entendu que ce concept narien dinitial, quil nest quune valeur dtermine par sesrapports avec dautres valeurs similaires, et que sans elles lasigni&ication nexisterait pas" :p# (=+ (=;#

8l est clair que sil tait possible de d&inir le contenu originaire du concept parun s%stme de signes intrinsques, la langue recevrait de lui lessentiel de sessigni&ications, de sorte que celles-ci ne dpendraient du rapport des mots entre eux,ce que ?aussure appelle la !valeur", que pour la &orme logique et la nuance prcise,non pour le contenu rel#


11/38

signi&ication, naura dautre d&inition que strictementngative. .t cest justement ce qua&&irme ?aussure !2uandlon dit que les valeurs correspondent des concepts, on sous-entend que ceux-ci sont purement di&&rentiels, d&inis non pas

positivement par leur contenu, mais ngativement par leursrapports avec les autres termes du s%stme# eur plus exactecaractristique est dtre ce que les autres ne sont pas" :p#(=;#

e concept, prsent ainsi la manire gliennecomme pure &orme de ngation, na plus alors dautre contenude connaissance que la simple structure linguistique de son

propre langage, de sorte que le savoir revient comme ceHegel un pursavoir de soi - avec cette di&&rence cependant

que la science spculative glienne, en &inissant par sereposer dans ce pur mouvement circulaire, gardait cependantdans l"intriorit du souvenir toute la ricesse du contenu relni et supprim - car cette ngation elle-mme sest accomplie

positivement dans !le srieux, la douleur, la patience et letravail du ngati&" :PHNOMNOLOGIE DE LESPRIT;,tandis que la ngation saussurienne, rduisant la signi&icationdu discours au simple rapport oppositi& des mots entre eux,sopre dans le vide complet de ces di&&renciations verbales,de manire quelle ne peut rien retenir du contenu rel des

coses, qui pourtant tait bien vis et exprim en &ait dans lemouvement des signes jaillissant de la vie sociale#

8l est important de constater quau dbut de son ouvrage,au moment o il prsentait les concepts &ondamentaux de lalinguistique avec la clbre distinction entre la langue, lelangage et laparole, lauteur se &aisait une ide toutedi&&rente de la valeur de ces concepts, tels quil les a d&inis

pour sa propre science !8l est remarquer que nous avonsd&ini des coses et non des mots5 les distinctions tabliesnont donc rien redouter de certains termes ambigus qui nese recouvrent pas dune langue lautre# Cinsi en allemandprache veut dire !langue" et !langage"7/ede correspond

peu prs !parole", mais % ajoute le sens spcial de!discours". .n latinsermo signi&ie !langage" et !parole",tandis que lingua dsigne la !langue", et ainsi de suite# Cucunmot ne correspond exactement lune des notions prcises

plus aut7 cest pourquoi toute d&inition &aite propos dunmot est vaine7 cest une mauvaise mtode que de partir des

mots pour d&inir les coses":p# I(;.


12/38

Eien videmment, en montrant que le langage de lascience vise d&inir travers ses concepts non pas des motsmais bien les choses elles-mmes, lauteur montrait un solide

bon sens scienti&ique inspir de ce que nine appelait le!matrialisme spontan des savants"# 6r, il est clair que pour!d&inir les coses", il &aut bien emplo%er, en dernireanal%se, les mots du langage ordinaire# 'ar sil est vrai que lesvocables dfinis, comme !langue", !langage", !parole",

peuvent tre considrs maintenant comme des motsnouveaux - du reste ils auraient trs bien pu tre remplacs pardes signes arti&iciels - puisquils sont pris dsormaisexclusivement dans leur signi&ication scienti&ique, telle que?aussure la dtermine dans ses d&initions, il reste que cesdfinitions elles-mmes, en tant que d&initions de base, sont

ncessairement composes de mots ordinaires avec leursigni&ication courante# 8l n% a videmment pas dautre pointde dpart possible# .t puisque la d&inition scienti&ique,comme ?aussure la&&irme juste titre, porte sur la ralitmme des coses, il &aut bien admettre que le langageordinaire implique dj dans ses signi&ications verbalesspontanment constitues un contenu de connaissanceautentique, reproduisant de manire vridique, bien que

partielle et plus ou moins con&use, le contenu objecti& du rel,de sorte que ce contenu donn dans la signi&ication des mots

peut tre prcis et dvelopp par les combinaisons dudiscours, mais ne saurait en aucune &a0on se ramener ausimple rapport des mots entre eux#


13/38

autres ne sont pas"# 4ne telle contradiction entre le savant etle toricien ne peut videmment pas sexpliquer par desraisons scienti&iques, et cest ce qui se montre clairement dansla remarquable comparaison prsente entre la valeurlinguistique et la valeur conomique#

a torie de la valeur linguistique renvoie, selon?aussure, un !principe paradoxal" qui semble rgir toutesles valeurs en gnral# !.lles sont toujours constitues

(; par une cose dissemblable susceptible dtrecange contre celle dont la valeur est dterminer7

; par des cosessimilaires quon peut comparer aveccelles dont la valeur est en cause#

'es deux &acteurs sont ncessaires pour lexistence dunevaleur# Cinsi pour dterminer ce que vaut une pice de cinq&rancs, il &aut savoir (; quon peut lcanger contre unequantit dtermine dune cose di&&rente, par exemple du

pain7 ; quon peut la comparer avec une valeur similaire dumme s%stme, par exemple une pice dun &ranc, ou avec unemonnaie dun autre s%stme :un dollar, etc#;# De mme un mot

peut tre cang contre quelque cose de dissemblable uneide7 en outre, il peut tre compar avec quelque cose demme nature un autre mot":p# (*) (=+;#

88 est clair que la conception de la valeur conomiqueexpose ici par lauteur, est prcisment celle de l"conomie

politique vulgaire qui,sen tenant selon le mot de /arx !lapparence aline des rapports conomiques" :LECAPITAL,000,1,p# ()=; reste constamment sur le plan des

pnomnes super&iciels, le plan des canges, sans sedemander comment se sont constitues les marcandises

canges# .n e&&et, se limiter au mouvement des canges,on peut distinguer deux rapports le rapport dcange ouvaleur dcange entre la monnaie et la marcandise, et lerapport de !comparaison" entre une monnaie et une autremonnaie# 'ependant la distinction est purement super&icielle,car en &ait ces deux rapports nen &ont quun# 8l sagit dans lesdeux cas dcanger la monnaie contre la marcandise car lamonnaie est galement une marcandise, et le rapport de!comparaison" entre deux monnaies nest que le rapportdcange de lune en tant que monnaie avec lautre en tant

que marcandise# a distinction revient donc une tautologie#


14/38

6r cest prcisment sur ce modle que ?aussure a con0ula distinction linguistique entre la signi&ication et la valeur lerapport entre le mot et lide qui d&init sa signi&ication est

prsent comme un rapport dcange, omologue du rapportdcange entre la monnaie et la marcandise, et le rapport desmots entre eux est prsent comme un rapport decomparaison, omologue au rapport de comparaison entre lesdiverses monnaies# .t ici encore ces deux rapports en ralitnen &ont quun# 'ar pour dterminer la valeur, autrement ditle rapport de comparaison, par exemple entre redouter etcraindre, on dira avec leLAROUSSEque redouter, cest!craindre &ortement", ce qui revient un rapport dcangeentre le premier mot, titre de terme d&ini, avec lexpressionqui le d&init partir du second mot# .t comme cette

expression ne &ait que reprsenter lide signi&ie par lepremier mot, il en rsulte que le rapport de valeur commerapport de comparaison des mots entre eux sidenti&ieexactement avec le rapport dcange entre le mot et lidequil signi&ie#

8nversement le rapport dcange entre le mot et lidequil signi&ie, revient au rapport dcange entre ce mot avecses diverses d&initions possibles partir des autres mots, enquoi consiste prcisment le rapport de valeur, autrement dit

de !comparaison", entre ce mot et les autres mots partirdesquels il se trouve ainsi d&ini#

Ere&, nous restons toujours sur le plan des canges designes, et la distinction entre la signi&ication et la valeurlinguistique est tout aussi illusoire que son modleconomique, savoir la distinction entre la valeur dcangede la monnaie exprime en marcandises et le taux du cangeentre les diverses monnaies il ne s"agit tou(ours que devaleurs d"change. .n dautres termes, dterminer lasigni&ication par la valeur linguistique, cest tourner en cercledans la spre de la circulation, cercle qui correspond dans lascience des signes au cercle caractristique de !lconomievulgaire qui admet pralablement la valeur dune marcandise

pour dterminer la valeur des autres" :LE CAPITAL, 8, (, p.), note;#

6n sait que dj lconomie politique bourgeoiseclassique pour capper ce cercle, avait cerc !pntrerlensemble rel et intime des rapports de production":ibidem,

p# FI, note;, ce qui la prcisment amene dterminer la


15/38

valeur par le travail# 8l est vrai quelle &aisait toutes sortes decon&usions et restait prisonnire des apparences &allacieuses dumouvement des canges dans le salaire, per0u comme !prixdu travail", ce qui lengagea dans des contradictionsinextricables# ?eul /arx, en distinguant nettement entre le

pnomne super&iciel et la ralit pro&onde des coses putsurmonter e&&ectivement les illusions de la &orme des cangeset trouver leur loi intrieure dans le travail social qui produitles marcandises canges, parmi lesquelles la &orce detravail de louvrier#

?i donc la smiologie peut se trouver un modle dans lascience conomique, ce modle ne serait pas dans lconomie

politique vulgaire mais bien dans lconomie marxiste il

sagirait, en dautres termes, dexpliquer le mouvementsuper&iciel des canges de signes par le mouvement pro&ondde leur production sociale# .n e&&et, cercer le secret de lasigni&ication dun signe dans les rapports qui le distinguent desautres signes, on se condamne tourner ind&iniment encercle, puisque ces rapports dopposition sont dj en &ait desrapports de signi&ication# ?i lon dit que redouter nest pascraindre, cela implique que lon sait dj implicitement queredouter cest !craindre &ortement", et il &aut bien lexplicitersi lon veut tablir clairement la distinction# a signi&ication

est donc toujours prsuppose dans la circulation des signes,dont elle dtermine prcisment la valeur d"change. 9rise enelle-mme, elle se d&init donc comme la valeurproprementdite, et ne peut se comprendre que par le travail social qui a

produit le signe o elle se constitue#

Eien videmment, ce qui importe en premier lieu danscette production des signes, ce ne sont pas les signesarbitraires qui tiennent en ralit lessentiel de leursigni&ication des signes intrinsques, mais bien les signesintrinsques eux-mmes qui dterminent par leur proprestructure matrielle les signi&ications &ondamentales# 'elles-ciune &ois ainsi constitues sont transmises par convention auxsignes arbitraires, pour la commodit du maniement qui

permet de les combiner pour les dvelopper ind&iniment#

6r la structure matrielle des signes intrinsques ne peutse comprendre que par une action elle-mme matrielle lemodelage du signi&iant sur les conditions matrielles de la

pratique sociale, dont le signe intrinsque apparaGt commelexpression spontane#


16/38

a production des signes se prsente ainsi comme lobjetdunesmiologie dialectique qui reproduirait dans sesconcepts la dialectique e&&ectivement relle par laquelle seconstitue, partir du mouvement de la production matrielle,le s%stme istorique des signes intrinsques ou esttiquesavec ses signi&ications originaires re&ltant directement lesconditions matrielles de la pratique sociale et par l-mme laralit objective du monde extrieur# a dialectiquesmiologique se dveloppe ensuite en organisant cessigni&ications &ondamentales, mais encore con&uses, dans uns%stme logique de signes arbitraires, mais distincts, qui en sesubstituant conventionnellement aux signes intrinsques,

permettent par la rptition illimite des combinaisonsopratoires de tirer toutes les consquences possibles des

connaissances acquises dans la pratique et dpasser ainsiidalement lin&ini le camp prsent de lexpriencesensible#

:J suivre;

KKKKKKKKKKKKKKKKKKKKKKKKKK

:(; Lepris dansLa Pense, nM ((), &vrier ()=*#

L" N+,-e!!e Cr$.$/,e

nM F=, ()N*# 9# I-)#

DE LA

PHNOMNOLOGIE

LADIALECTIQUE MATRIALISTE

DE LACONSCIENCE

(II)


17/38


18/38

sensationU# &MATRIALISME ETEMPIRIOCRITICISME, .d# sociales, p# ((I#; 'e quereproce ici nine aux idalistes, cest davoir &auss, en &aitmutil, le vritable rapport vcu de la conscience lobjet# .ne&&et, ils estiment que dans ce rapport la conscience natteintque ses propres sensations, de sorte que lobjet rel, te mondeextrieur, se rduit un complexe de sensations# 6r, danslexprience e&&ectivement vcue de tout omme sain desprit,le rapport de la conscience lobjet atteint lobjet rel lui-mme, le monde extrieur comme ralit objective existantors de la conscience et indpendamment delle, autrement diten deors et indpendamment des sensations o il se trouvedonn. .t le matrialiste ne &ait quexprimer cette videncegnrale#

TROIS TERMES2 TROIS RELATIONS

'est ce que nous pouvons prciser en examinant ladouble &ormulation de la d&inition de la matire, commematire elle-mme et comme concept de matire !a matireest la ralit objective qui nous est donne dans lessensations" :p#(*+;# .t !la matire :V le concept de matire;est une catgorie pilosopique servant dsigner la ralit

objective donne lomme dans ses sensations qui lacopient, la potograpient, la re&ltent, et qui existeindpendamment des sensations" :p. (I;# Pous avons ainsitrois termes (; la ralit ob(ective comme matire ou mondeextrieur7 ; nossensations qui en sont les images, autrementdit les images sensibles dans lesquelles cette ralit objectivenous est donne 7 en&in I; !nous" ou !lomme", autrementdit lesu(et percevant qui a ces sensations ou images sensibleset auquel la ralit objective est donne dans ces images# .ntreles trois termes se posent trois relations relation de prsence

entre la ralit objective et le sujet percevant auquel elle est!donne" dans ses sensations, relation dappartenance entre lesujet percevant et !ses" sensations, en&in relation decon&ormit bereinstimmung, .ngels; entre les sensations etla ralit objective dont elles sont !limage"# .t cest lemouvement densemble de ces trois relations qui d&init ladialectique gnosologique du rapport effectivement vcu de laconscience ! l"ob(et? la ralit objective est donne lommedans ses sensations qui en sont l"image.

6r, pour lidalisme, les trois termes se rduisent deux,puisque le monde, comme donn e+trieur la conscience, se


19/38

trouve ramen une construction dimages sensibles commedonnes immanentesle !complexe de sensations"# 8l enrsulte que le rapport vcu de la conscience lobjet, rduit aurapport intrieur ou immanent de la conscience ses propressensations ou complexes de sensations, apparaGt comme uns%ncrtisme o les trois relations que nous venons dedistinguer sentremlent con&usment# 'ette rduction et cettecon&usion soprent par la mdiation de la mtode subjectiveou r&lexion intrieure de la conscience sur elle-mme,r&lexion o elle ne peut saisir que son propre contenuimmanent dtac du monde extrieur# .t elle en conclut quiln% a rien dautre dans le monde que ce contenu immanent lui-mme, autrement dit ses sensations plus ou moins laboressous des &ormes diverses - ce qui est vident, puisque ds le

dpart et dans toute sa dmarce elle na tenu aucun comptede la ralit extrieure en tant que telle#

'est ce qui apparaGt avec une nettet particulire ceHusserl, qui a port la r&lexion subjective, sous le titre de!r&lexion pnomnologique", un degr suprme dera&&inement# ?ans nier lexistence de lobjet rel e&&ectivementvis par la conscience, il le laisse de c>t pour sattacer auseul !donn" qui lui semble absolument certain le vcuimmanent en tant que tel# 8l apparaGt alors que ce !donn"

comprend deux moments dune part le sujet avec ses actesvcus ou nosis, dautre part lobjet vis en tant que vis ou!objet intentionnel", le noma. objet intentionnel au dbutse trouve distingu de lobjet rel, puisquil nest que lobjetvis en tant que vis, par opposition lobjet extrieurrellement vis - autrement dit, en termes matrialistes, il nestque limage de lobjet rel# /ais il se !rvle", au cours delanal%se pnomnologique, que lobjet extrieur rellementvis ntait prcisment que lobjet vis en tant que vis#

Cutrement dit, en vertu de la r&lexion du pnomnologuesur lui-mme, lobjet rel sassimile lobjet intentionnel, quinest en &ait que son image, et il en rsulte que le mondeextrieur se rduit aux !intentionalits" de ma conscience#

8l est vident quen procdant sous le titre de lanal%sepnomnologique lexamen du !pur vcu comme tel",Husserl avait en ralit mutil et d&orm le vritable rapportvcu de la conscience son objet# 'e rapport, qui se constitueen &ait sur trois termes, nen comporte plus que deux sous le

regard du pnomnologue la nosis et le noma, de sorte queles trois relations distingues plus aut se con&ondent dans le


20/38

s%ncrtisme du rapport notico-nomatique. 88 en rsulteque lobjet rel qui, dans lexprience e&&ectivement vcue dela conscience, tait donn au sujet dans son image subjective, savoir la sensation, se ramne maintenant des constructionsidales plus ou moins m%tiques lintrieur du rapportnotico-nomatique, de sorte que le concept de lobjectivitspuise dans le &ormalisme de ces constructions# !e termeobjet, dit Husserl, est partout pour nous un titre pour des&ormes a priori de liaison dans la conscience" &IDEEN,p#I+;# 4ne telle d&inition revient remplacer lobjet rel parun complexe de sensations, la clbre s%ntse des

Abschattungen :silouettes; qui, encore que rgle par des loisprsentes comme aprioriques, ne pourra jamais rejoindrelobjet lui-mme comme existant ors de la conscience et

indpendamment delle#Ere&, la vritable description de lexprience vcue se

trouve strictement incompatible avec la mtodepnomnologique comme avec toute mtode subjective engnral# e concept usserlien de l!intentionalit", enrduisant celle-ci au rapport notico-nomatique, a mutil etd&orm l"intentionalit relle et vritable de la conscience,qui ne peut se d&inir que sur trois termes articuls sur troisrelations, puisque lobjet rellement vis nest videmment

pas lobjet intentionnel, qui nest en &ait que limage de lobjetrel, mais bien lobjet rel lui-mme, le monde extrieur quele sujet atteint e&&ectivement travers ses sensations qui ensont limage# 8l serait donc tout &ait inutile de vouloirliquider lidalisme usserlien tout en gardant la mtode

pnomnologique, pour (!intgrer" la dialectique mat-rialiste titre de mtode de description du vcu# 'ar lar&lexion intrieure de la conscience sur elle-mme ne peutque &ausser s%stmatiquement, par sa propre dmarce

intrinsque, lexprience vcue de la conscience, quelles quesoient les positions toriques et pilosopiques sur lesquelleson voudrait se placer# anal%se du vcu ne peut donc procdercorrectement quavec une mtode strictement objective, parune application de la dialectique matrialiste# /ais commentenvisager une telle application5

a dialectique matrialiste tant la !reproduction idalede la vie de la matire" :/arx;, ou encore !le re&let exact dudveloppement de lunivers" ou re&let exact de !la dialectique

des coses elles-mmes" :nine;, son application la toriede la conscience consistera videmment reproduire


21/38

exactement le mouvement dialectique rel, par lequel, partirdes rapports matriels entre lomme et le monde dans la

pratique sociale, se constitue, avec ses trois relations&ondamentales, le rapport vcu de la conscience, travers sessensations, ce monde extrieur lui-mme# 6r si nousconsidrons la sensation, nous vo%ons que sa relation deconformit avec lobjet rel donn en elle, peut trs biensexpliquer, en ce qui concerne le contenu intrinsque de cetobjet, par des actes mimiques ou plus ou moins analogiques,qui le reproduisent idalement en elle comme image sensible#/ais en ce qui concerne le moment de lexistence extrieure,lextriorit mme de lobjet, on ne voit pas, semble-t-il,comment une telle reproduction serait possible, puisquil nesagit que du &ait mme dexister, de lexistence en tant que

telle, indpendamment de tout contenu imitable# 6r cemoment est tout &ait &ondamental, puisque cest par lui quele sujet peut distinguer la ralit objective de son imagesensible subjective, de sorte que le rapport e&&ectivement vcude la conscience lobjet, l"intentionalit relle de laconscience, atteint e&&ectivement le monde extrieur lui-mmecomme ralit objective travers son image sensiblesubjective, et non pas, comme le croit lidalisme, cette simpleimage subjective ou immanente# e problme est donc lesuivant puisque nous ne pouvons saisir lobjet extrieur qutravers son image sensible o il se trouve donn, comment, ou

plus prcisment partir de quel mouvement rel, matriel, seconstitue dans lensemble de cette image sensible le momentqui re&lte lobjet comme e+trieur, limage du rapportd"e+triorit de l"ob(et par rapport au su(et, l"image de

l"e+triorit de l"ob(et%

.n r&lcissant sur ce problme, je repassaimacinalement la main sur les trois termes sur lesquels se

constitue le rapport vcu de la conscience lobjet, savoir lesujet, que je suis moi-mme, limage sensible et lobjetextrieur, et il se trouvait que ctait le geste de lindication#'e geste est donc le mouvement matriel constituti& del"intentionalit effectivement relle de la conscience prise danssa &orme la plus &ondamentale, ce par quoi la conscience estconscience de l"ob(et dans sa ralit ob(ective, commeexistant ors du sujet et indpendamment de lui# 'e point setrouve con&irm par nine dans les CAHIERS

PHILOSOPHIQUES!es sens montrent &po@asyvaiout' la

ralit ", et galement dansMATRIALISME ETEMPIRIOCRITICISME!a question de savoir sil &aut


22/38

accepter ou rpudier le concept de matire est pour lommeune question de con&iance dans les indications &po@asaniiam'de ses organes des sens, la question des sources de notreconnaissance"#

LE MOUVEMENT DE L*INDICATION EN TANT QUE SIGNE

'ependant il me semblait toujours que ce geste ne &aisait quun avec la viseintentionnelle de la conscience sur lobjet, de sorte que je ne vo%ais pas commentlanal%ser en lui-mme, dans sa ralit matrielle, condition ncessaire pour d&inirle passage dialectique du rapport matriel au rapport vcu# 'ette di&&icult tenaitvidemment une persistance de l!intuition pnomnologique" qui, sattacantessentiellement au vcu de lintentionalit, ne permettait pas den &aire abstraction,

pour considrer spcialement le mouvement matriel qui le sous-tend#

$e pus surmonter cet obstacle au dbut des annes =+,gr1ce aux anal%ses de ?pir@ine dans ses expriencesdapprentissage du geste de lindication aux singes:LORIGINE DE LA CONSCIENCEWen russeX, /oscou,()=+, p# =*-=F;# 'e signe est le plus simple qui dpasse le&onds smiotique du singe, et marque ainsi le premier pas quiouvre le passage du sensori-moteur au conscient#

$ai dvelopp lanal%se du mouvement de lindication

en tant que signe en utilisant les rsultats de ltude critiquedes conceptions smiologiques saussuriennes# 6utre lesr&lexions dj prsentes, la torie du signe avec ladistinction du signi&iant et du signi&i mavait inspir uncertain nombre de remarques#

?elon ?aussure !le signe linguistique unit non une coseet un nom, mais un concept et une image acoustique# 'ettedernire nest pas le son matriel, cose purement p%sique,mais lempreinte ps%cique de ce son, la reprsentation que

nous en donne le tmoignage de nos sens### e signelinguistique est donc une entit ps%cique deux &aces" :p#)F-));# 8l est vident que cette conception, pla0ant la languesur le pur plan idal de la conscience, la spare compltementde lactivit matrielle des ommes dans la production socialede leur existence# 'ependant une telle torie sinspiraitmani&estement dune ps%cologie qui nest plus acceptable denos jours !e caractre ps%cique de nos images acoustiques,dit ?aussure, apparaGt bien quand nous observons notre proprelangage# ?ans remuer les lvres ni la langue, nous pouvonsnous parler nous-mmes ou nous rciter mentalement une


23/38

pice de vers" :ibidem;. .n ralit on ne peut pas sparer lelangage intrieur, titre de pure opration idale, desmouvements rels plus ou moins esquisss, de la voix et dugeste# 'es mouvements saccomplissent toujours, mmequand on ne les voit pas nettement de lextrieur# oprationidale ne saccomplit que sur la base des actes signi&iantsmatriels, et il su&&it darrter une partie de ceux-ci - parexemple en serrant la langue entre les dents - pour ralentirconsidrablement lactivit intellectuelle#

Dans une observation de 9iaget, on voit $acqueline =ans N mois cercer sa poupe sans succs# ?on pre luidemande

- "est quand (e parle, c"est ma bouche qui m"aide !penser.

e mme jour, ils dlivrent une cvre dont la corde estenroule autour dun tronc

-


24/38

- Bais si, c"est la langue:(;.

e signi&iant idal, comme !empreinte ps%cique"vcue dans la conscience, repose donc ncessairement sur unsigni&iant matriel, dont cette !empreinte" est prcisment lareproduction idale, et cest par ce signi&iant matriel que lelangage opre la mdiation entre la pratique sociale matrielleet la vie intrieure de la conscience !Ds le dbut, dit /arx,une maldiction pse sur !lesprit", celle dtre !entac"dune matire qui se prsente ici sous &orme de couces dairagites, de sons, en un mot de langage# e langage est aussivieux que la conscience - le langage est la conscience relle,

pratique, existant aussi pour dautres ommes, existant doncalors seulement pour moi-mme aussi### a conscience est

donc demble un produit social" :IDOLOGIEALLEMANDE, .d# sociales, p# *);#

6r si nous prenons le langage en son sens le plus large,comme mouvement des signes en gnral, et tout dabord dugeste uni la voix, nous vo%ons quil prsente une certainee+pressivit intrinsque venant de la &orme matrielle du signelui-mme, notamment du signe gestuel# ?i donc nousdistinguons du signi&iant idal le signi&iant matriel gestuo-verbal qui le &onde, il apparaGt que du c>t du signi&i, il

devrait se prsenter une dicotomie parallle# e problme sepose dans la &orme de la AM proportionnelle :c tableau 8;.

T"6!e", I

?igni&i idal ------------Y ?igni&iant idal

?igni&iant matriel------------Y 5

gestuo-verbal

.xpressivitintrinsque

8l est asse clair que corrlativement au signi&iant

matriel gestuo-verbal, il devrait % avoir galement sur lemme plan un signi&i strictement objecti&, non conscient# .t


25/38

lanal%se du mouvement de lindication sur le plan matriel,sensori-moteur, permet justement den donner un exemple# .ne&&et, si on lobserve dans sa &orme en arc de cercle, on voitquil produit l"image tendancielle dun mouvement allant dusujet rcepteur lobjet indiqu, image qui se place sur lesimple plan sensori-moteur et par consquent nimpliqueencore, en principe, aucune conscience# Dans la &orme enligne droite, le geste de lindication produit dj le rapportvcu le plus lmentaire entre le sujet et lobjet# 'ependant on

peut par abstraction % distinguer galement une image qui seplace sur le plan simplement sensori-moteur, savoir limagetendancielle dun mouvement allant du sujet qui &ait le geste lobjet indiqu, ce qui se con&irme par le &ait que cette imageest saisissable du deors par le singe, dont la perception ne se

place encore que sur le plan sensori-moteur# 'ette imagetendancielle est videmment le signi&i objecti& du geste, entant que celui-ci &onctionne comme signi&iant matriel#

6n peut remarquer encore que le signi&i, aussi biencomme image tendancielle sur le plan sensori-moteur, quecomme image idale consciente, se porte immdiatement surlobjet extrieur lui-mme et latteint soit tendanciellementsoit idalement il est donc, aussi bien sur le plan matrielsensori-moteur que sur le plan idal de la conscience, limage

du rapport dextriorit de lobjet par rapport au sujet, l"imagede l"e+triorit de l"ob(et.

Pous pouvons donc crire les deux sries se rejoignantsur lobjet rel ainsi quil est indiqu au tableau 88#

T"6!e", II


26/38

Pous pouvons prendre ce tableau en un sens tout &aitgnral, pour lappliquer la totalit du mouvement dessignes, puisque les signes &igurs :dessins, sculptures,constructions, etc#; peuvent se ramener aux mouvementsgestuels qui les a dessins, models, taills, construits, etc#

Pous vo%ons alors que le signi&iant idal, comme acte vcugestuo-verbal reproduisant idalement le signi&iant gestuo-verbal matriel, d&init bien ce que Husserl voulait dsigner

par la nosis, savoir lactivit idale du sujet de laconscience, mais quil a mutil et d&orm, en lui enlevant enparticulier lacte vcu originaire dindication de lobjet, actevcu qui reproduit sur le plan idal de la conscience lemouvement rel de lindication# 'orrlativement le signi&iidal, comme image idale re&ltant limage tendanciellesigni&ie sur le plan matriel sensori-moteur, d&init bien ceque Husserl voulait dsigner par le noma, l!objetintentionnel", mais quil a galement mutil et d&orm, en luienlevant le moment &ondamental qui reproduit idalement lerapport dextriorit de lobjet par rapport au sujet, limageidale de lextriorit de lobjet rel, moment par lequellobjet intentionnel se distingue de, et en mme temps serapporte , cet objet rel dont il est limage idalement vcue#.t il en rsultait que lextriorit de lobjet se trouvaitremplace par les &ormes aprioriques de la s%ntse des

Abschattungen, ce qui d&igurait compltement la relatione&&ective de lacte vcu limage idale de lobjet, dsigne

par Husserl comme rapport!notico-nomatique"#


27/38

LE CONCEPT DE MOUVEMENT SMIOTIQUEMATRIEL

Eien videmment, ces mutilations et d&ormations de

lexprience e&&ectivement vcue de la conscience neprovenaient pas derreurs personnelles de Husserl dans letravail concret de description, mais bien de la dmarcesubjective de la mtode pnomnologique en tant quemtode de travail# .lles sont communes tous les penseursqui pratiquent, sous une &orme ou une autre, la r&lexionintrieure de la conscience sur elle-mme# 'e sera doncseulement par une gense objective du rapport vcu, procdantmtodiquement partir du rapport rel du signi&iant gestuo-verbal matriel lobjet rel lui-mme travers son image

tendancielle signi&ie, que lon pourra dcrire correctement lemouvement e&&ecti& de la conscience vcue, le vritable!rapport intentionnel" entre le sujet et lobjet#

?i nous appelons mouvement smiotique matriel lemouvement par lequel lacte signi&iant gestuo-verbal matriel

produit limage tendancielle signi&ie en la projetant surlobjet rel, nous vo%ons quil se prsente comme la coucesuprieure de la pratique sociale matrielle, o il jaillitncessairement du mouvement du travail producteur et desrapports de production, dont il est lexpression matrielle# .tcest videmment sur cette couce suprieure de la pratiquesociale matrielle que sopre le passage de celle-ci aumouvement idal de la conscience, qui est ainsi !demble un

produit social"# $ai cru pouvoir placer ce mouvementsmiotique matriel ou plus brivement cettesmiotiquematrielle, sous le concept, cr par /arx, du langage de lavie relle!a production des ides, des reprsentations, de laconscience, est tout dabord immdiatement entrelace dans

lactivit matrielle et les relations matrielles des ommes,dans le langage de la vie relle# a reprsentation, la pense,les relations spirituelles des ommes apparaissent encore icicomme lmanation directe de leur comportement matriel"# 8lest vrai que linterprtation de ce passage prsente desdi&&icults considrables, car la prase allemande est elliptiqueet admet deux constructions di&&rentes, et lon ne peut ser&rer nulle part ailleurs, puisquil nexiste pas dautre texteclassique o il soit question du !langage de l vie relle"#2uoi quil en soit, le concept de mouvement smiotiquematriel ou smiotique matrielle, ou encore si lon veut

smiotique de la vie relle, resterait de toute &a0on valable


28/38

titre d%potse de travail pour appliquer concrtement ladialectique matrialiste lanal%se de la conscience vcuedans son rapport au monde extrieur#

Leste maintenant le rapport du sujet lui-mme, ceretour constant de soi soi, en quoi consiste la structure intimedu vcu en tant que tel#

'e rapport &ut pris par la plupart des idalistes commeune sorte de donne insaisissable, ce que Zant appelait dansune note clbre desPARALOGISMES DE LA RAISON

PUREune !intuition empirique indtermine"# Hegel vouluten anal%ser le contenu concret par la dialectique

pnomnologique du devenir de la conscience slevant au!savoir de soi". /ais la &orme &ondamentale implique dans lesoi comme rapport soi-mme restait inexplicable# Husserlessa%a de la d&inir par le mouvement originaire de !laconscience qui constitue le temps", le !&lot absolu du 9rsentvivant"# /ais tous ses e&&orts pour dcrire ce !&lot" ne&aisaient que rpter ind&iniment la pure &orme temporelle dumouvement de !couler, scouler et venir lcoulement"devenu lui-mme un m%stre insondable#

.n ralit, avec la mtode subjective, le rapport de soi

soi se prsente ncessairement dans le pur &ormalisme abstraitdu /oi V /oi, une sorte de miroir intrieur qui renvoieimmdiatement au sujet sa propre image comme soi-mme, desorte quil devient impossible de se poser une questionquelconque sur son origine et son &ondement# .t stanten&erm dans le vide circulaire dune telle abstraction, l.gone con0oit plus les autres que sur ce modle narcissique de sonimage spculaire comme autant de monades &ixes cacunesur son propre miroir intrieur, dont le contenu ne &ait quereproduire ind&iniment cette mme &orme gologique# 'ette

illusion qui trans&orme le rapport avec les autres en un miroir plans multiples, o l.go se retrouve constamment lui-mme,a t s%stmatiquement dveloppe par Husserl avec une rare

prcision dans sa &ameuse cinquimeMDITATIONCARTSIENNEconsacre la !torie transcendantale de la

perception dautrui", o il apparaGt clairement que l.go!constitue" entirement les autres partir de lui-mme, desorte que dans lacte mme par lequel il reconnaGt leurexistence objective comme !autres" que lui-mme, il continuetoujours tourner en rond pour revenir soi-mme, sans


29/38

jamais pouvoir sortir e&&ectivement de son solipsisme originelet &ondamental4

LA DIALECTIQUE RELLE DE LA CONSCIENCE DE SOI

.n opposition absolue avec cette conception narcissique,spculaire et circulaire, qui sous les &ormes les plus variesreste au plus pro&ond de la pense idaliste, /arx a d&ini ladialectique relle de la conscience de soi !'omme lommene vient pas au monde avec un miroir, ni en pilosope laBicte $e suis moi, cest tout dabord dans un autre ommequil se mire lui-mme# 'est seulement gr1ce son rapportavec lomme 9aul comme avec un tre semblable lui-mmeque lomme 9ierre entre en rapport avec lui-mme comme

avec un omme" :/arx-.ngels, CD/ED, t# I, p# =N, note;#Cutrement dit, ce miroir intrieur, constamment postul parlidaliste comme inrent au sujet umain ds lorigine, enralit nexiste pas*e miroir est dans les autres. 9lus

prcisment, ce sont les autres qui, tout dabord titredommes rels dans la coopration et les canges, puis parleur image sociale rmanente dpose dans le sujet, &ont o&&icede miroir# 'est parce quil sest dj vu lui-mme dans lesautres, et quil garde constamment en lui-mme leur imagesociale rmanente, que cacun se voit en soi-mme, autrement

dit dans cette image de son milieu social qu"il a acquise etporte maintenant en soi-mme.

Eien videmment lanal%se de limage individuelle dumilieu social notre poque, avec la dialectique qui laconstitue comme re&let idal de soi-mme, prsenterait enraison de sa complication extrme des di&&icults tout &aitconsidrables# /ais le mouvement de lindication, replacdans le milieu originaire o il sest constitu, lpoque du

passage de lCnctre antropo[de au premier 9rominien,o&&rait un cas su&&isamment simple pour une premireapplication de la dialectique de la conscience de soi tellequelle a t d&inie par /arx#

LE GESTE ORIGINAIRE DE L*INDICATION

8l apparaGt en e&&et que, dans cette premire &orme encoreembr%onnaire du collecti& au travail la &in de lvolutionantropo[de, le geste originaire de lindication avec

lexclamation qui laccompagne scange ncessairement endes renvois rciproques, o caque sujet se voit lui-mme


30/38

dans les autres comme dans un miroir et sentend lui-mmedans les autres comme dans un cho. 'ette &igure rciproquedu signe reste encore ici sur le plan matriel, sensori-moteur,

puisque nous navons pas encore &ranci la limite du niveauanimal# 'ependant, avec les contradictions qui apparaissentdans le dveloppement du travail en commun, il se produit dessituations particulires o le mouvement du signe envo% parun sujet individuels"identifie immdiatement avec celui desautres, de sorte quil revient immdiatement sur lui-mme, cequi signi&ie quils"adresse ! lui-mme partir des autres aveclesquels il vient de sidenti&ier# .t cest cette rfle+ion

smiotique sur les autres identi&is avec soi-mme qui, en serptant sur le plan intrieur de limage rmanente des autres titre de langage intrieur ou smiotique intrieure,produitce

rapport apparemment immdiat de soi soi, autrement dit ce!miroir intrieur" que le sujet croit possder immdiatementen soi-mme# .n e&&et, dans une telle rfle+ion intrieure, lemouvement smiotique matriel adress soi-mme setranspose en un mouvement de pures images qui se re&ltentles unes les autres, en quoi se constitue l"acte vcu de laconscience comme un mouvement idal dont toute lexistenceconsiste apparemment dans ce retour constant soi-mme#

6r dans la considration de cette premire &orme vcue

ainsi constitue sur le mouvement matriel du travail et desrapports entre les travailleurs, exprims dans la smiotiquematrielle ou langage de la vie relle avec sa structurerciproque, dont rsulte le mouvement du signe adress soi-mme comme smiotique intrieure ou langage intrieur, jeconstatai un pnomne tout &ait remarquable#


31/38

conscience spontane de soiqui se pro&ile toujours plus oumoins derrire la conscience de lobjet, cette image sociale estconstamment prsente, bien quobscurment larrire-plan,et cest elle qui en &ait inspire caque instant le mouvementde la subjectivit#

2uand /o[se inscrivait la oi sous la dicte du ?eigneursur le mont ?ina[, il entendait videmment ses propres paroles,quil sadressait partir de limage divine avec laquelle ilsidenti&iait# Dans cette image se reproduisaient idalement enun s%stme composite les s%mboles rels du commandementet de la domination pour loppression et lexploitation,labors par le groupe social dominant dans la smiotiquematrielle de la vie relle, et qui re&ltent les antagonismes

apparus dans les rapports de production lpoque du passagede la communaut primitive au rgime esclavagiste ce lepeuple bra[que# .t en coutant les paroles qu titre divin ilsadressait ainsi lui-mme, il sidenti&iait comme auditeur limage umaine, qui reproduit dans la conscience lasmiotique matrielle labore par les masses populairesopprimes et exploites et dont le contenu re&lte la &aceoppose de ces mmes antagonismes# Cutrement dit, lastructure contradictoire du mouvement smiotique matriel oulangage de la vie relle, qui re&lte les contradictions sociales

des rapports de production, sest r&lcie elle-mme dans lasmiotique intrieure ou le langage intrieur par un clivage del"image intrieure du milieu social2 ce qui produit unescissiondans la conscience de soi,puisque le sujet se voit lui-mmedans cette double image sociale la &ois comme humain etcomme divin. Dans un tel dcirement intrieur, le langagequil sadresse lui-mme en lui-mme se partage sur les deux

p>les opposs de son rapport soi, ce qui lui donne, en raisonde la rciprocit essentielle au mouvement smiotique, la

&orme dun dialogue intrieur, reprsent comme un dialoguede lomme avec Dieu# cange de paroles ralis par cedialogue avec soi-mme aboutit un accord entre les deux

p>les de limage sociale sur la base des intrts du groupesocial dominant, qui occupe en raison mme de sa dominationle p>le dominant, ce qui se re&lte dans le rapport soi par unerconciliation avec soi-mme, reprsente dans la &orme delClliance du ?eigneur# 'ette Clliance, rapporte ensuite par/o[se au peuple, assurait donc laccord de celui-ci pour ladomination du rgime social reprsent par /o[se, puisque

ctait prcisment au titre umain, autrement dit au nom du


32/38

peuple, que /o[se avait parl Dieu, image smiotique dugroupe social dominant#

!.n ce qui concerne lindividu, dit /arx, il est clair quilne se rapporte au langage comme son propre langage quentant que membre dune communaut umaine### e langagelui-mme est le produit dune communaut et galement, dunautre cot, ltre-l de cette communaut, et son tre-l qui sedit lui-mme" :GRUNDRISSE DER !RITI! DER

POLITISCHEN O!ONOMIE, Diet Terlag, p# I)+;# 'estvidemment par son image idale dpose en caque sujetsingulier par lexprience de la rciprocit sociale dans ladialectique des signes que la communautse dit elle-mmedans le langage de ce sujet, langage auquel il se rapporte

comme ! son propre langage, en dautres termes dont il aconscience comme tantson propre langage.

6r, comme il vient dtre mentionn plus aut, cetteimage sociale intrieure dans laquelle le sujet !se mire et sereconnaGt lui-mme" :/arx;, et qui sesquisse plus ou moinsobscurment larrire-plan comme lefond sur lequel lactevcu proprement dit se dtace comme une &orme, svanouitcompltement lorsquon cerce anal%ser lexprience de laconscience par la mtode subjective, autrement dit par la

r&lexion intrieure sur soi-mme# e&&ort que lon &ait pourconcentrer le regard de lattention sur le !vcu en tant quetel", e&&ort que Husserl a accompli avec une rare per&ection etune maGtrise consomme, pour trans&ormer ce vcu en un objetintrieur, l"ob(et de la phnomnologie, &ait disparaGtre

prcisment lefond social sur lequel il se dtacait danslexprience spontane de la conscience de soi, de sorte que lesujet se prsente maintenant paradoxalement commeabsolument seul avec lui-mme, a%ant compltement perdu devue le milieu social qui parlait et parle toujours en lui#

LES TROIS PLANS DE L*E7PRIENCE VCUE

9our exposer la situation dans son ensemble, nouspouvons dire que dans lexprience e&&ectivement autrementdit spontanment vcue de la conscience, nous avons a&&aireavec trois plans# Cu premier plan se conscience, nous avonsa&&aire avec trois plans# Cu premier plan se prsente lobjetrel, le monde extrieur lui-mme, donn dans son image

sensible comme existant ors de la conscience etindpendamment delle, ce qui signi&ie quil existait avant elle


33/38

et existerait tout aussi bien sans elle# Cu second plan arrive levcu avec ses deux moments lacte vcu du sujet comme actesigni&iant idal, et sa signi&ication intentionnelle, savoirlimage sensible projete sur lobjet comme image signi&ie,de sorte que lobjet se trouve donn dans cette image# .n&intout &ait larrire, au troisime plan, apparaGt plus ou moinscon&usment et sous une &orme estompe limage intrieure dumilieu social, o le sujet se voit et se reconnaGt constammentlui-mme, en quoi consiste prcisment la &orme idalementmonadique de son vcu, comme vcu en soi-mme. 'etteimage sociale intrieure se rpartit ingalement sur les diversgroupes sociaux existants, avec une priorit dtermine pour lemoment qui re&lte le groupe social dominant, et ellesobjective, suivant la dialectique du devenir social, en des

&ormes idologiques &ascinantes, o le sujet se reconnaGt lui-mme, et qui simposent ainsi lui comme la loi intrieure deson tre le plus pro&ond#

6r quand, avec la mtode subjective, le regard delattention se dtourne du monde extrieur, pour se concentrersur le vcu comme tel de manire le &aire venir au premier

plan, le monde extrieur se trouve ncessairement repouss ausecond plan, et limage intrieure du milieu social, qui djnapparaissait quobscurment au troisime plan,s"effacetotalement. 8l en rsulte que lexistence du monde extrieur setrouve ds labord en &ait !mise entre parentses" et apparaGt, mesure que progresse lanal%se, comme de plus en plusillusoire, ce qui tait invitable puisque lon nen tients%stmatiquement aucun compte# Dautre part, limage socialeintrieure stant vanouie, le sujet apparaGt commeabsolument isol# a mtode subjective porte ainsi en elle, titre de simple mtode, par le mouvement interne de son&onctionnement, lidalisme solipsiste comme la graine porte

son germe# Husserl na &ait qulever tout ce processus undegr suprieur de prcision, en inventant l"poch et larduction phnomnologique, ce qui la amen a&&irmer avecune nettet intrpide, dans le paragrape sur le !solipsismetranscendantal" de la pnomnologie, la ncessit pour le

pnomnologue de !constituer" lunivers entier avec lesseules ressources de sa conscience singulireDgo solus ipse.8l est vrai que la r&lexion intrieure de la conscience sur elle-mme, en amenant le vcu au premier plan, dispose galementdes &ormes idologiques, puisquelles &aisaient dj partie de

ce vcu en tant que &ormes de la reconnaissance de soi#idalisme objecti& a cru pouvoir dpasser le solipsisme en


34/38

intgrant le sujet individuel dans ces &ormes idales prsentescomme &ormes duniversalit# 'ependant le point de dpartreste toujours le subjecti& pris comme un !donn", et les&ormes idales de luniversalit, ce que Hegel appelait les!&igures de l.sprit", ne sont considres en &ait que dans leursens idalement vcu, ce qui ramne de nouveau lasubjectivit singulire du pilosope# !objectivit" nestdonc ici quillusoire le solipsisme reste au &ondement, et dansune dialectique idaliste !objective" pousse jusqu sesdernires consquences comme celle de Hegel, il staletriompalement la &in dans lternit du mouvementcirculaire du ?avoir absolu comme avoir de oi.

PAS D*ANAL8SE POSSIBLE DU VCU EN TANT

QUE TEL

a mtode subjective tant donc inutilisable en raisondu principe mme de sa dmarce, lanal%se de la consciencene sera possible que par une mtode strictement objective# 8lest vrai que nous parlons toujours du vcu, nous dcrivons sastructure et lanal%sons dans son mouvement comme dans sasigni&ication, puisque cest bien lui-mme que nous voulonsconnaGtre# /ais aucun moment il ne peut tre question de

l"analyser directement en tant que tel. a connaissance de soi,comme toute connaissance en gnral, doit procder sur leplan de lobjet# Cutrement dit, nous nous constituonsob(ectivement une image scientifique du vcu par la

dialectique des signes matriels de la vie relle, et ce nestquune &ois cette image idale ainsi objectivementconstitue que nous la retrouvons et la reconnaissons danslexprience spontanment vcue de la conscience# 8l va de soique celle-ci est toujours prsente, puisque sans elle nous nesaurions mme pas de quoi il est question# /ais elle nest

prsente que par son propre mouvement spontan, ce quiexclut par principe toute !r&lexion intrieure"#


35/38

tant que tel", d&igurait s%stmatiquement la totalit du campde lexprience e&&ectivement vcue# $ai pu ainsimapercevoir que ctait prcisment la conception de monancien livre,PHNOMNOLOGIE ET MATRIALISME

DIALECTIQUE, qui mavait arrt pendant de longuesannes# 'est la raison pour laquelle jen ai interdit la r-dition#

Le 9!"%0"0e &e !" -$e r'e!!e: %;e.


36/38

pralable# a production suppose plusieurs gestes# \omo abilis, lui, &abrique des outils# eplus ancien, ma connaissance, est un couteau obtenu par six, sept, ou uit coups successi&squi relvent d\un plan de travail, d\un projet, d\une image t%pique# 'e qu\on appelle le progrsest constitu par le dveloppement des outils# \omo abilis en a invent plusieurs diainesde t%pes# $e suis parvenu cette conclusion aprs tude de plus de deux mille outils-&ossiles

:I;# \clat est le premier produit du travail, mais ce n\est pas encore une production# 6nretrouve des traces de cette volution pristorique inscrites dans le dveloppement del\en&ant# Cvant quine mois, le geste de l\indication s\exprime dans le geste de l\clat# \en&antne &erme pas le pouce# 'e geste est antrieur au langage# 8l n\appartient pas encore l\activitumaine proprement dite# 8l est dj au-del du sommet des possibilits animales#"

8nterrog sur la pertinence qu\il % a tablir aujourd\ui, entre le processus d\ominisation etle dveloppement de l\en&ant, de telles similitudes, le vieux penseur vietnamien se r&ugiederrire le !caractre scienti&ique" et la nouveaut qu\ont constitu pour lui l\tude de cesdeux mille outils-&ossiles#

Cprs acan, peut-on encore

assimiler l\inconscient

au pige de la mauvaise &oi5

X

!'\.?


37/38

l\inconscient le statut d\un langage,


38/38

Tran Duc Thao Textes french

Documents

Transcript of Tran Duc Thao Textes french