Tourisme Et Dynamiques Territoriales : L’émergence « D’un Territoire Des Gorges De...

34
This article was downloaded by: [University of Waterloo] On: 29 October 2014, At: 20:04 Publisher: Routledge Informa Ltd Registered in England and Wales Registered Number: 1072954 Registered office: Mortimer House, 37-41 Mortimer Street, London W1T 3JH, UK Loisir et Société / Society and Leisure Publication details, including instructions for authors and subscription information: http://www.tandfonline.com/loi/rles20 Tourisme Et Dynamiques Territoriales : L’émergence « D’un Territoire Des Gorges De L’ardèche » Mélanie Duval a a Université de Savoie Published online: 11 Jul 2013. To cite this article: Mélanie Duval (2007) Tourisme Et Dynamiques Territoriales : L’émergence « D’un Territoire Des Gorges De L’ardèche », Loisir et Société / Society and Leisure, 30:1, 235-266, DOI: 10.1080/07053436.2007.10707748 To link to this article: http://dx.doi.org/10.1080/07053436.2007.10707748 PLEASE SCROLL DOWN FOR ARTICLE Taylor & Francis makes every effort to ensure the accuracy of all the information (the “Content”) contained in the publications on our platform. However, Taylor & Francis, our agents, and our licensors make no representations or warranties whatsoever as to the accuracy, completeness, or suitability for any purpose of the Content. Any opinions and views expressed in this publication are the opinions and views of the authors, and are not the views of or endorsed by Taylor & Francis. The accuracy of the Content should not be relied upon and should be independently verified with primary sources of information. Taylor and Francis shall not be liable for any losses, actions, claims, proceedings, demands, costs, expenses, damages, and other liabilities whatsoever or howsoever caused arising directly or indirectly in connection with, in relation to or arising out of the use of the Content. This article may be used for research, teaching, and private study purposes. Any substantial or systematic reproduction, redistribution, reselling, loan, sub-licensing, systematic supply, or distribution in any form to anyone is

Transcript of Tourisme Et Dynamiques Territoriales : L’émergence « D’un Territoire Des Gorges De...

Page 1: Tourisme Et Dynamiques Territoriales : L’émergence « D’un Territoire Des Gorges De L’ardèche »

This article was downloaded by: [University of Waterloo]On: 29 October 2014, At: 20:04Publisher: RoutledgeInforma Ltd Registered in England and Wales Registered Number: 1072954Registered office: Mortimer House, 37-41 Mortimer Street, London W1T 3JH,UK

Loisir et Société / Society andLeisurePublication details, including instructions forauthors and subscription information:http://www.tandfonline.com/loi/rles20

Tourisme Et DynamiquesTerritoriales : L’émergence «D’un Territoire Des Gorges DeL’ardèche »Mélanie Duvalaa Université de SavoiePublished online: 11 Jul 2013.

To cite this article: Mélanie Duval (2007) Tourisme Et Dynamiques Territoriales :L’émergence « D’un Territoire Des Gorges De L’ardèche », Loisir et Société / Societyand Leisure, 30:1, 235-266, DOI: 10.1080/07053436.2007.10707748

To link to this article: http://dx.doi.org/10.1080/07053436.2007.10707748

PLEASE SCROLL DOWN FOR ARTICLE

Taylor & Francis makes every effort to ensure the accuracy of all theinformation (the “Content”) contained in the publications on our platform.However, Taylor & Francis, our agents, and our licensors make norepresentations or warranties whatsoever as to the accuracy, completeness,or suitability for any purpose of the Content. Any opinions and viewsexpressed in this publication are the opinions and views of the authors, andare not the views of or endorsed by Taylor & Francis. The accuracy of theContent should not be relied upon and should be independently verified withprimary sources of information. Taylor and Francis shall not be liable for anylosses, actions, claims, proceedings, demands, costs, expenses, damages,and other liabilities whatsoever or howsoever caused arising directly orindirectly in connection with, in relation to or arising out of the use of theContent.

This article may be used for research, teaching, and private study purposes.Any substantial or systematic reproduction, redistribution, reselling, loan,sub-licensing, systematic supply, or distribution in any form to anyone is

Page 2: Tourisme Et Dynamiques Territoriales : L’émergence « D’un Territoire Des Gorges De L’ardèche »

expressly forbidden. Terms & Conditions of access and use can be found athttp://www.tandfonline.com/page/terms-and-conditions

Dow

nloa

ded

by [

Uni

vers

ity o

f W

ater

loo]

at 2

0:04

29

Oct

ober

201

4

Page 3: Tourisme Et Dynamiques Territoriales : L’émergence « D’un Territoire Des Gorges De L’ardèche »

© 2007 – Presses de l’Université du QuébecÉdifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Québec, Québec G1V 2M2 • Tél. : (418) 657-4399 – www.puq.ca

Tiré de : Loisir et société / Society and Leisure, vol. 30, no 1, François de Grandpré et Bernard Py (dir.). Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés.

tOurIsme et dynamIques terrItOrIales : l’émergence « d’un

terrItOIre des gOrges de l’ardèche »

Mélanie duval

Université de Savoie

« Aujourd’hui, les Gorges de l’Ardèche attirent chaque saison d’avril à septembre plus de 1,5 million de visiteurs »… Voilà une des assertions qui revient comme un leitmotiv depuis le début des années 1990. Si elle ne reflète que partiellement la réalité des flux touristiques parcourant cet espace (voir à ce sujet les réflexions de Bachimon, 1995), il n’en reste pas moins que cet énoncé atteste de l’importance que les acteurs territoriaux accordent et reconnaissent au tourisme dans cet espace.

D’un point de vue quantitatif, cette importance peut, par exemple, se mesurer en lits touristiques : 30 000 lits touristiques marchands, dont 27 000 en hôtellerie de plein air pour les cantons de Vallon-Pont-d’Arc et Bourg-Saint-Andéol, le seul canton de Vallon-Pont-d’Arc comptant près de 70 campings. On estime alors qu’un tiers des 16 millions de nuitées enregis-trées dans le département de l’Ardèche se font dans un périmètre proche des gorges de l’Ardèche.

Loin d’être un terrain de comparaison supplémentaire, les gorges de l’Ardèche interrogent précisément la teneur des relations entre tourisme et territoire dans un de leurs aspects les plus fondamentaux. À l’échelle de cet espace de référence, il s’agit alors de questionner les effets de la montée en puissance de ce secteur économique à forte emprise spatiale au regard de l’affirmation progressive d’un territoire dit « des gorges de l’Ardèche ». En ce sens, cette étude de cas fonctionne comme un terrain expérimental nous permettant de tester et d’étayer nos considérations théoriques quant à la définition et au fonctionnement d’un territoire touristique.

Ces éléments conceptuels exposés, il s’agira alors de déceler, à l’échelle de gorges, comment le secteur touristique s’est peu à peu développé de manière à devenir aujourd’hui une activité structurante. En retour, notre interrogation portera sur les acteurs du territoire et leur mobilisation pro-gressive du fait touristique dans une logique de définition des limites et du contenu d’un territoire des gorges de l’Ardèche. Ainsi, un questionnement

Dow

nloa

ded

by [

Uni

vers

ity o

f W

ater

loo]

at 2

0:04

29

Oct

ober

201

4

Page 4: Tourisme Et Dynamiques Territoriales : L’émergence « D’un Territoire Des Gorges De L’ardèche »

236 Mélanie duval

© 2007 – Presses de l’Université du QuébecÉdifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Québec, Québec G1V 2M2 • Tél. : (418) 657-4399 – www.puq.ca

Tiré de : Loisir et société / Society and Leisure, vol. 30, no 1, François de Grandpré et Bernard Py (dir.). Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés.

sur les limites fonctionnelles de ce territoire naissant, notamment au regard des découpages administratifs en vigueur dans cet espace, sera conduit. En filigrane de cette démonstration apparaissent alors des éléments de réflexion qui nourrissent, en retour, une réflexion plus générale sur la notion de ter-ritoire touristique.

fIgure 1

Carton de localisation des gorges de l’Ardèche

Échelle nationale

Échelle régionale et départementale

Duval M., 2006

70 km

N

400 km

N

Ardèche Drôme

Isère

Savoie

Haute-SavoieAin

RhôneLoire

Préalable conceptuel : le territoire touristique

Nouvelle catégorie de lieux touristiques, cette notion reste aujourd’hui peu discutée, notamment en géographie du tourisme. Alors qu’il est souvent question de distinguer site, station, comptoir, ville et espace touristique (Duhamel, 2003 ; Knafou et al., 1997), la question de l’existence et de ce

Dow

nloa

ded

by [

Uni

vers

ity o

f W

ater

loo]

at 2

0:04

29

Oct

ober

201

4

Page 5: Tourisme Et Dynamiques Territoriales : L’émergence « D’un Territoire Des Gorges De L’ardèche »

237Tourisme et dynamiques territoriales

© 2007 – Presses de l’Université du QuébecÉdifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Québec, Québec G1V 2M2 • Tél. : (418) 657-4399 – www.puq.ca

Tiré de : Loisir et société / Society and Leisure, vol. 30, no 1, François de Grandpré et Bernard Py (dir.). Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés.

qui fait un territoire touristique semble secondaire. Ainsi, le territoire tou-ristique est-il essentiellement envisagé du point de vue des touristes, cette notion étant réservée à la seule appropriation de l’espace touristique par les touristes (Knafou et al., 1997, p. 201).

Cette relative frilosité des géographes à débattre de la notion de ter-ritoire touristique peut s’expliquer par la définition actuelle donnée aux notions de territoire et de tourisme et leur relative opposition.

Le tourisme ou « l’art de voyager sans raison apparente » (Laplante, 1996) est issu du Tour Britannique, pratique qui désigne dès la fin du xviie siècle le voyage qu’effectue le jeune et riche Anglais sur le continent, le jeune homme étant à son retour consacré gentlemen. À la différence des voyageurs jus-qu’ici observés, le touriste ne voyage pas dans le but de réaliser des affaires, d’effectuer un pèlerinage ou encore pour des raisons médicales ; il voyage avant tout pour satisfaire un désir de voyager.

Pour nombre d’auteurs (et nous partageons largement cette vision), ce changement dans les motivations du déplacement marque les débuts du tourisme (Boyer, 1982, 1999). Le tourisme se définit alors essentiellement au regard d’un déplacement d’agrément en dehors de son lieu de résidence et pour une durée variable, s’étalant à l’époque sur plusieurs mois, aujour-d’hui fragmentée en écho aux mutations du temps de travail. Au cours du xxe siècle, cette acception du tourisme va progressivement s’étoffer, dési-gnant également l’industrie touristique, autrement dit le substrat au service des touristes, confondant à la fois infrastructures et services touristiques. Ce double positionnement explique en partie les réticences qu’éprouvent certains géographes à aborder le fait touristique, celui-ci contestant par-tiellement la notion d’enracinement, fondement implicite de la géographie classique, cristallisée notamment autour du concept de territoire.

Le territoire, notion protéiforme, est fortement discutée par les géogra-phes depuis une vingtaine d’année. Les dictionnaires de la langue française définissent le territoire selon plusieurs entrées, desquelles il ressort que la notion de territoire s’organise autour d’un double processus d’appartenance et d’appropriation : « le territoire est une œuvre humaine. Il est un espace approprié. Approprié se lit dans les deux sens : propre à soi et propre à quelque chose. Il est la base géographique de l’existence sociale. Toute société a du territoire, produit du territoire » (Brunet, 1990, p. 23). Ce rapport dia-lectique entre espace, appartenance/appropriation et territoire pose alors la question du temps long dans lequel s’inscrivent ces rapports à l’espace, laquelle dimension temporelle semble nécessairement s’organiser autour de la sédentarité des individus à l’origine de « cette œuvre humaine ». Parce qu’il

Dow

nloa

ded

by [

Uni

vers

ity o

f W

ater

loo]

at 2

0:04

29

Oct

ober

201

4

Page 6: Tourisme Et Dynamiques Territoriales : L’émergence « D’un Territoire Des Gorges De L’ardèche »

238 Mélanie duval

© 2007 – Presses de l’Université du QuébecÉdifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Québec, Québec G1V 2M2 • Tél. : (418) 657-4399 – www.puq.ca

Tiré de : Loisir et société / Society and Leisure, vol. 30, no 1, François de Grandpré et Bernard Py (dir.). Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés.

est conditionné par des processus d’appropriation, il ne pourrait y avoir de territoire qu’à l’échelle de populations locales, marquées par leur sédentarité et leur rapport permanent au territoire qu’elles définissent.

Dès lors, compte tenu de ces présupposés conceptuels, la notion de territoire touristique relèverait du non-sens. Comment des populations tou-ristiques, séjournant de manière temporaire dans un lieu touristique, pour-raient-elles être en mesure de s’approprier cet espace et de lui conférer une dimension territoriale ? Entre l’immobilité que sous-tendent les définitions actuelles du territoire et cette dynamique de mouvement, de déplacement située aux fondements mêmes de l’activité touristique, une impasse concep-tuelle semble poindre. Le tourisme étant mouvement, le territoire enracine-ment (Bonnemaison, 1981), il semble que l’espace touristique représente la forme la plus élaborée du lieu touristique et que celle de territoire touristique ne puisse être puisqu’elle supposerait l’association de deux logiques contrai-res « d’habiter l’espace » : le déplacement et le statique.

Pour autant, les caractéristiques et le fonctionnement du monde actuel, marqué par une hypermobilité généralisée à toutes les échelles spatiotemporelles, nous amènent à relativiser cette définition :

Parce qu’on est « passé d’une société ancrée à une société de mobilité » la notion traditionnelle de territoire – compris comme lieu de vie et de travail, d’échange et de codes d’une communauté établie sur place dans la durée − a éclaté […] Le territoire est ce que peuvent partager en commun tous les habitants d’un même lieu, même s’ils ne font qu’y passer, même s’ils en ont des usages différents. Il est ce qui fondamentalement les unit. À travers le territoire peut se créer une identité nouvelle (ou un lien social nouveau) par l’espace vécu et partagé (Corgeu, Jenkins et Gentil, 1997, p. 9). L’aujourd’hui territorial se compose de multiterritorialité, dans lequel s’organisent et cohabitent différentes formes territoriales, expressions « de registres essentiellement cognitifs ou symboliques, sans déployer, le plus souvent, de dispositifs de contrôle et de défense qui définissent le sens « dur » de l’appropriation (Debarbieux, dans Lévy et Lussault, 2003, p. 911).

Fort de ces dynamiques spatiales, le territoire touristique peut se défi-nir comme un espace progressivement mobilisé puis investi par le tourisme, le tourisme devenant finalement un acteur central dans l’organisation de cet espace. De ce fait, les populations locales se reconnaissent et s’identifient à cette forte image touristique, se projettent dans des projets d’aménagement du territoire s’articulant essentiellement autour de cette dimension touris-tique et cherchent à mettre en place des instances de gestion ainsi que des périmètres d’intervention en adéquation avec cette réalité du fait touristique qu’ils vivent au quotidien.

À l’échelle des gorges de l’Ardèche, il sera question d’observer la maturation de cet espace touristique, et de nous interroger sur la formation d’un territoire touristique. En ce sens, une présentation géo-historique du

Dow

nloa

ded

by [

Uni

vers

ity o

f W

ater

loo]

at 2

0:04

29

Oct

ober

201

4

Page 7: Tourisme Et Dynamiques Territoriales : L’émergence « D’un Territoire Des Gorges De L’ardèche »

239Tourisme et dynamiques territoriales

© 2007 – Presses de l’Université du QuébecÉdifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Québec, Québec G1V 2M2 • Tél. : (418) 657-4399 – www.puq.ca

Tiré de : Loisir et société / Society and Leisure, vol. 30, no 1, François de Grandpré et Bernard Py (dir.). Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés.

développement du tourisme dans les gorges de l’Ardèche permet de souligner l’affirmation progressive de ce secteur, mettant en lumière la trajectoire de ce lieu touristique. Ces observations nous amènent à envisager les caractéristi-ques actuelles de ce secteur, lesquelles, en retour, alimentent des dynamiques territoriales à différentes échelles. Se pose alors la question de l’émergence d’un territoire dit « des gorges de l’Ardèche » entre projets d’aménagement, caractéristiques du secteur touristique et contexte de la décentralisation.

1. Développement et trajectoire d’un lieu touristique : les gorges de l’Ardèche

Notre propos n’est pas ici de retracer l’histoire précise et descriptive de la mise en tourisme des gorges de l’Ardèche ; ce travail exhaustif nécessiterait à lui seul un ouvrage complet faisant appel aux différentes disciplines ayant investi au cours du temps ce terrain d’étude. Au regard de notre questionne-ment, il s’agira avant tout de chercher à mettre en lumière les faits marquants, les orientations décisives ayant participé à la structuration progressive du fait touristique, amenant en cela une modification du rapport à cet espace, lequel « a besoin de l’épaisseur du temps, de répétitions silencieuses, de maturations lentes, du travail de l’imaginaire social et de la norme pour exister comme territoire » (Marié, cité par Di Méo, 2000, p. 41).

1.1. Des grottes de Saint-Marcel comme « curiosités touristiques » au pont d’Arc devenu la principale « porte d’entrée des gorges de l’Ardèche »

D’après les recherches conduites, la reconnaissance des gorges de l’Ardèche comme site pittoresque peut être datée de la fin du xviiie siècle. En effet, dès 1780, l’abbé Jean-Louis Giraud-Soulavie produit une description du pont d’Arc « l’ouvrage du Pont d’Arc offre une voûte la plus hardie, peut-être qui existe dans le monde » (p. 92). Pour autant, cet auteur ne mentionne aucunement le développement d’activités récréatives. Il faudra attendre près d’un demi-siècle et l’ouvrage de Albert Du Boys (1842) pour que soient mentionnées de telles activités, lesquelles se concentrent alors autour des grottes de Saint-Marcel, situées dans la partie avale des gorges.

Au cours de cette remontée du cours d’eau les conduisant aux grot-tes, les touristes ont tout le loisir d’admirer la minérale beauté des gorges de l’Ardèche. Donnant à voir l’intérieur des gorges, la visite des grottes de Saint-Marcel fonctionne comme un vecteur d’information et de diffusion du fait touristique. Porte d’entrée des gorges, ces grottes supplantent dans cette fonction le pont d’Arc, lequel dans le même ouvrage de Du Boys, est représenté par une gravure mettant en scène des pêcheurs en activité et non pas des touristes admirant le monument.

Dow

nloa

ded

by [

Uni

vers

ity o

f W

ater

loo]

at 2

0:04

29

Oct

ober

201

4

Page 8: Tourisme Et Dynamiques Territoriales : L’émergence « D’un Territoire Des Gorges De L’ardèche »

240 Mélanie duval

© 2007 – Presses de l’Université du QuébecÉdifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Québec, Québec G1V 2M2 • Tél. : (418) 657-4399 – www.puq.ca

Tiré de : Loisir et société / Society and Leisure, vol. 30, no 1, François de Grandpré et Bernard Py (dir.). Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés.

Image 1

Représentation du pont d’Arc mettant en scène des pêcheurs en activité

Source : Gravure de V. Cassien, dans Du Boys, 1842, p. 211).

Dès lors, dans la description que l’auteur propose de ce site, rien ne laisse supposer l’existence de visites touristiques du pont d’Arc.

Le statut de curiosité naturelle du pont d’Arc, son invention1 en tant que lieu touristique est à mettre en relation avec l’ouverture d’une voie carrossable entre Vallon et Châmes (cf. Figure 2). Initialement construite pour satisfaire aux besoins de l’exploitation des forêts, cette route participe implicitement au phénomène de connaissance et de reconnaissance du pont d’Arc et des gorges de l’Ardèche comme curiosités touristiques (Duval, accepté 2007), le site du pont d’Arc étant rapidement mis en exergue comme figure de proue du site des gorges dans son ensemble.

Progressivement, la porte d’entrée des gorges semble s’être déplacée de l’aval avec les grottes de Saint-Marcel à l’amont avec le pont d’Arc. Dès lors, dès le début du xxe siècle, le pont d’Arc devient un lieu d’excursion pour les curistes en séjour dans la station thermale de Vals-les-Bains, située à 40 kilomètres en amont. Le pont d’Arc est alors présenté à la fois comme l’objectif touristique de la visite mais aussi comme lieu d’embarquement pour la descente des gorges. Le développement de ce mode de visite est

Dow

nloa

ded

by [

Uni

vers

ity o

f W

ater

loo]

at 2

0:04

29

Oct

ober

201

4

Page 9: Tourisme Et Dynamiques Territoriales : L’émergence « D’un Territoire Des Gorges De L’ardèche »

241Tourisme et dynamiques territoriales

© 2007 – Presses de l’Université du QuébecÉdifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Québec, Québec G1V 2M2 • Tél. : (418) 657-4399 – www.puq.ca

Tiré de : Loisir et société / Society and Leisure, vol. 30, no 1, François de Grandpré et Bernard Py (dir.). Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés.

notamment à mettre en relation avec la mise en place du Syndicat d’initiative du Vivarais (1904) dont le siège est à Vals-les-Bains. Cet organe touristique œuvre notamment pour la mise en place « d’un service hebdomadaire par bateaux pour la descente de l’Ardèche » (délibération du syndicat d’initiative du Vivarais, 5 septembre 1904, Archives départementales 07 (AD07), fonds Vals-les-Bains). S’il est difficile de quantifier la fréquentation touristique de ce site au début du xxe siècle, tout au moins peut-on affirmer qu’elle est supérieure à 350 visiteurs, ce chiffre de 1911 renvoyant au nombre de personnes ayant embarqué au pont d’Arc en vue d’effectuer la descente des gorges (AD07, fonds Vals-les-Bains).

1.2. De curiosité en village-station

Spatialement, le développement de cette activité touristique se traduit par la construction d’infrastructures d’accueil spécifiques. Ainsi, dès 1905, dans le premier livret édité par le Syndicat d’initiative du Vivarais (1905), il est mentionné la présence d’un « hôtel du Pont-d’Arc » le long de l’Ardèche (AD07, fonds Vals-les-Bains). Progressivement, la nature touristique du pont d’Arc évolue, passant peu à peu du statut de site touristique – lieu que l’on visite sans pour autant y séjourner − à celui de station, avec une fonction de passage mais aussi de séjour dans des hébergements spécifiques (Duhamel, 2003, p. 58).

Cependant, cette fonction de station touristique reste limitée, le pont d’Arc fonctionnant essentiellement comme un site emblématique, un site phare pour la commune de Vallon. Rapidement, des liens étroits se tissent entre ce site touristique « satellite » et le village situé en amont, lequel voit sa physionomie se transformer peu à peu, passant d’un village essentiellement tourné vers l’agriculture à une économie de plus en plus marquée par le développement du tourisme.

Cette dynamique se retrouve alors dans les démarches engagées par la commune pour encourager son développement touristique. Ainsi, dès 1925, des propositions sont émises lors des conseils municipaux pour demander le statut de commune touristique, Vallon étant « le rendez-vous de nombreux touristes dont le nombre augmente chaque année, qui viennent visiter le Pont d’Arc, cette merveille unique au monde et qui font en bateaux la visite des grottes splendides des gorges de l’Ardèche » (délibération du 13/09/1925, archives de Vallon-Pont-d’Arc). Ce processus interactif entre le Pont d’Arc et cette commune se traduira par la suite par le changement de nom de cette dernière, laquelle se dénommera désormais Vallon-Pont-d’Arc « ceci pour des raisons évidentes de publicité constante et peu coûteuse » (délibération du 23/12/1946).

Dow

nloa

ded

by [

Uni

vers

ity o

f W

ater

loo]

at 2

0:04

29

Oct

ober

201

4

Page 10: Tourisme Et Dynamiques Territoriales : L’émergence « D’un Territoire Des Gorges De L’ardèche »

242 Mélanie duval

© 2007 – Presses de l’Université du QuébecÉdifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Québec, Québec G1V 2M2 • Tél. : (418) 657-4399 – www.puq.ca

Tiré de : Loisir et société / Society and Leisure, vol. 30, no 1, François de Grandpré et Bernard Py (dir.). Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés.

Dès lors, en tant que lieu touristique, Vallon se mue progressivement en village-station, dominé par le tourisme, où, à la périphérie du centre ancien se juxtapose un quartier touristique, lequel concentre majoritairement les structures d’hébergement touristique. Vallon fonctionne aujourd’hui peu ou prou comme une station touristique du littoral, orientée autour des plaisirs de la baignade et marquée par une forte saisonnalité : taux d’héber-gement à plus de 80 % en juillet et 90 % en août, contre 22 % en juin, 17 % en septembre et à Pâques, moins de 13 % en mai et insignifiant le reste de l’année (Bachimon, 1995b, p. 26).

graphIque 1

Évolution des structures d’hôtellerie de plein air, Vallon-Pont-d’Arc, Ardèche, 1960- 2000

20

16

12

8

4

Nombrede

structures

2500

2000

1500

1000

500

Nombred'emplacements

1960 1970 1980 1985 1990 1995 20001975

Nombre d'emplacements (en effectif cumulé)

Nombre de structures d'accueil (en effectif cumulé)

Cette tendance est particulièrement visible lorsque l’on observe le développement des hébergements en hôtellerie de plein air2, tant au regard de leur localisation − essentiellement en bordure de rivière − que de leur effectif grandissant. Dès 1956, la brochure Centres de séjour, éditée par le Syndicat d’Initiative de Vals et du Vivarais, mentionne la présence d’un « camping, aménagé au Pont-d’Arc et sur les rives de l’Ardèche » (p. 54). Trois années plus tard, il est déjà question de « plusieurs terrains de campings », lesquels seront officiellement reconnus par arrêté préfectoral au début des

Dow

nloa

ded

by [

Uni

vers

ity o

f W

ater

loo]

at 2

0:04

29

Oct

ober

201

4

Page 11: Tourisme Et Dynamiques Territoriales : L’émergence « D’un Territoire Des Gorges De L’ardèche »

243Tourisme et dynamiques territoriales

© 2007 – Presses de l’Université du QuébecÉdifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Québec, Québec G1V 2M2 • Tél. : (418) 657-4399 – www.puq.ca

Tiré de : Loisir et société / Society and Leisure, vol. 30, no 1, François de Grandpré et Bernard Py (dir.). Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés.

années 1960. En 2006, on compte 18 terrains de camping, pour la seule com-mune de Vallon-Pont-d’Arc, soit 2 283 emplacements. En une quarantaine d’années, le développement de ce type d’hébergement prédominant dans les gorges de l’Ardèche se caractérise alors par deux sauts quantitatifs, autour des dates clefs que sont 1970 et 1980.

1.3. Deux éléments clefs illustrant la teneur des rapports tourisme – territoire

Cette première date de 1970 peut être mise en relation avec la construction puis l’ouverture de la route touristique des gorges de l’Ardèche. En effet, depuis l’ouverture au début du xxe siècle de cette première route carrossable permettant de se rendre au pont d’Arc depuis Vallon, l’idée de prolonger cette voie sur le plateau rive gauche, en surplomb des gorges, est régulièrement discutée. Essentiellement porté devant les autorités départementales par Henri Ageron, maire de Vallon-Pont-d’Arc, ce projet est finalement accepté et voté par le conseil général de l’Ardèche en 1961.

Pensé comme axe pénétrant, le tracé de la route touristique se précise de manière à combiner à la fois des critères esthétiques mais aussi pratiques, en captant une partie des flux de la vallée du Rhône (cf. Figure 2). À la fois soutien de diffusion des flux touristiques et vitrine des beautés d’une région touristique, la route touristique des gorges de l’Ardèche s’ouvrira en 1969, après huit années de travaux et la réalisation de trois tronçons successifs. Vecteur du développement touristique de cet espace (Duval, accepté 2007), cette route touristique témoigne en retour de ce processus évolutif et inter-actif existant entre le développement du secteur touristique et l’émergence progressive d’un territoire des gorges de l’Ardèche, polarisé autour du village-station que représente Vallon-Pont-d’Arc.

Parallèlement à la réalisation de cette infrastructure, voire de manière concomitante, un projet de réserve naturelle à l’échelle des gorges de l’Ardè-che se dessine. Celui-ci s’inscrit dans la continuité des mesures de protection précédemment actées : inscription du site à l’Inventaire supplémentaire des sites en 1943, puis, entrée en vigueur en 1969 d’un plan d’urbanisme clas-sant le périmètre immédiat des gorges en zone non constructible. Résultant de négociations entre les différents groupes d’acteurs impliqués dans sa conduite, ce projet de réserve naturelle aboutit par décret ministériel au début de l’année 1980, rapidement complété par le site classé du Pont d’Arc en 1982 (cf. Figure 2).

Or, cette date de 1980 renvoie au second saut quantitatif observé dans l’évolution des infrastructures d’hôtellerie de plein air à l’échelle de Vallon-Pont-d’Arc… Coïncidences s’il en est, il semble qu’il y ait là un parallèle

Dow

nloa

ded

by [

Uni

vers

ity o

f W

ater

loo]

at 2

0:04

29

Oct

ober

201

4

Page 12: Tourisme Et Dynamiques Territoriales : L’émergence « D’un Territoire Des Gorges De L’ardèche »

244 Mélanie duval

© 2007 – Presses de l’Université du QuébecÉdifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Québec, Québec G1V 2M2 • Tél. : (418) 657-4399 – www.puq.ca

Tiré de : Loisir et société / Society and Leisure, vol. 30, no 1, François de Grandpré et Bernard Py (dir.). Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés.

intéressant à faire entre la création de cette réserve naturelle, le développe-ment de l’activité touristique et l’émergence progressive d’un territoire dit « des gorges de l’Ardèche ».

L’analyse de contenu des documents relatifs au projet de réserve natu-relle (1970-1975) nous révèle que cette réserve a comme objectif premier de se doter des moyens nécessaires afin de préserver les éléments constitutifs de la valeur touristique du site, en d’autres termes, « de ne pas tuer la poule aux œufs d’or ». Ainsi, s’il est question d’interdire, ou du moins d’encadrer la pratique du camping sauvage, c’est avant tout pour préserver les qualités esthétiques des gorges, qualités constitutives de l’image touristique sur laquelle s’appuie la fréquentation touristique : celle d’une nature sauvage.

Par la suite, l’adoption de la loi sur la nature en 1976 donne une orien-tation quelque peu différente à ce projet de réserve ; il est alors également question de protéger les qualités faunistiques et floristiques dans une visée naturaliste. Néanmoins, la première conception anthropocentriste de ce projet de réserve naturelle persiste, en attestent les modalités de fonctionne-ment de l’organe de gestion de la réserve naturelle. Les premières mesures de cette association − regroupant les élus des communes concernées par le périmètre de la réserve naturelle − concernent essentiellement la gestion des flux touristiques liés à la pratique du canoë-kayak.

Dans les faits, la création de cette réserve naturelle fonctionne peu ou prou comme un label touristique garantissant l’authenticité de cette image de « Nature Sauvage » sur laquelle repose l’essentiel des ressorts de la fréquen-tation touristique de cet espace. L’expression même de « réserve naturelle » vient ainsi certifier les qualités « naturelles », « originelles » des gorges, alors que, dans le même temps, la définition de ce périmètre s’accompagne de dispositions relativement souples : absence de création d’une zone tampon alors que celle-ci est préconisée (AD07, fonds CDT, 1305 W 25), autorisation de six bases de campement à l’intérieur des gorges, soit 1200 places (décret de création de la réserve, 14 janvier 1980).

Considérant ces flux touristiques, des liens semblent ainsi apparaître entre l’affirmation de cette image naturelle des gorges de l’Ardèche et le développement du secteur touristique, que ce soit au regard des capacités d’accueil comme nous l’avons vu à l’échelle de Vallon-Pont-d’Arc, ou encore de la fréquentation de la route touristique des gorges et de la rivière Ardèche. Ainsi, un maximum de 304 000 véhicules sur la route touristique est atteint lors de l’été 1980, soit une augmentation de près de 50 % par rapport aux volumes des années précédentes ! (Colombani, 1987, p. 18-20). Quant à la fréquentation de la rivière, celle-ci aurait doublé entre 1977 et 1985, passant, pour le mois de juillet, d’un maximum journalier de 974 à 1 906 embarcations (Daudé, 1986, p. 424).

Dow

nloa

ded

by [

Uni

vers

ity o

f W

ater

loo]

at 2

0:04

29

Oct

ober

201

4

Page 13: Tourisme Et Dynamiques Territoriales : L’émergence « D’un Territoire Des Gorges De L’ardèche »

245Tourisme et dynamiques territoriales

© 2007 – Presses de l’Université du QuébecÉdifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Québec, Québec G1V 2M2 • Tél. : (418) 657-4399 – www.puq.ca

Tiré de : Loisir et société / Society and Leisure, vol. 30, no 1, François de Grandpré et Bernard Py (dir.). Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés.

fIg

ur

e 2

Mis

e en

tour

ism

e de

s go

rges

de

l’Ard

èche

L 'Ar d

èch

e

L'A

rdèc

h e

L'Ard

èch

e

LeRhône

LeRhône

L a Beau me

L'Ib

ie

Chasse

zac

LeRie

usse

c

Vallo

n-P

ont-d

'Arc

Sal

avas

Sai

nt-

Rem

èze

Bid

on

Sai

nt-M

artin

-d'

Ard

èche

Bou

rg-

Sai

nt-

And

éol

Sai

nt-

Just

Lava

l-S

aint

-Rom

anO

rgna

c-l'A

ven

Bar

jac

Laba

stid

e-de

-Vira

cVa

gnas

Aub

enas

Gro

spie

rres

Lago

rce

Ruo

ms

Gra

sS

aint

-Mon

tan

Pie

rrel

atte

Sai

nt-P

aul-

le-J

eune

Sai

nt-

Mar

cel-

d'A

rdèc

he

Sai

nt-J

ulie

n-de

-Pey

rola

s

Aig

uèze

Pon

t-S

aint

-E

sprit

Bes

sac

Sai

nt-C

hris

tol-

de-R

odiè

res

Gou

darg

ues,

Bag

nols

-sur

-Cèz

e

Vivi

ers

GA

RD

DR

OM

E

AR

DE

CH

E

Gra

s

LePo

ntd'

Arc

LePo

ntd'

Arc

Gro

ttes

deSa

int-

Mar

cel

Ro

ute

pri

nci

pal

e

Co

urs

d'e

aup

rin

cip

al

Site

clas

séd

uPo

nt

d'A

rc19

82

Rése

rve

nat

ure

lled

esG

org

esd

el'A

rdèc

he

1980

Voie

ferr

ée

Du

valM

.20

06

Lim

ites

dép

arte

men

tale

s

Esp

ace

bât

i

Elém

ents

de

loca

lisat

ion

Pan

ora

mas

dep

uis

laro

ute

tou

rist

iqu

e

Site

tou

rist

iqu

ein

itia

teu

rde

lam

ise

ento

uri

sme

des

go

rges

01

km2

km3

km

N

Mis

een

tou

rism

ed

esG

org

esd

el'A

rdèc

he

An

cien

ne

voie

ferr

ée

Rem

on

tée

de

la"p

ort

ed

'en

trée

"d

esG

org

es

Prin

cip

aux

élém

ents

de

lam

ise

ento

uri

sme

Tro

nço

nVa

llon

-Ch

âmes

(188

7)

Tro

nço

nVa

llon

-Ch

âmes

(188

7)

Ro

ute

tou

rist

iqu

ed

esG

org

esd

el'A

rdèc

he

1969

Dow

nloa

ded

by [

Uni

vers

ity o

f W

ater

loo]

at 2

0:04

29

Oct

ober

201

4

Page 14: Tourisme Et Dynamiques Territoriales : L’émergence « D’un Territoire Des Gorges De L’ardèche »

246 Mélanie duval

© 2007 – Presses de l’Université du QuébecÉdifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Québec, Québec G1V 2M2 • Tél. : (418) 657-4399 – www.puq.ca

Tiré de : Loisir et société / Society and Leisure, vol. 30, no 1, François de Grandpré et Bernard Py (dir.). Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés.

Peu à peu, les gorges de l’Ardèche s’affirment comme espace touristique, défini comme « concentrant un certain nombre de lieux touristiques et possé-dant une image globale profondément liée au tourisme » (Knafou et al., 1997, p. 201). Cette rapide approche géo-historique montre comment cet espace s’est peu à peu organisé autour de cette dimension touristique, laquelle tend à devenir l’une des principales caractéristiques de cet espace, via notamment la valorisation de ses ressources naturelles.

2. Paysage et ressorts touristiques dans les gorges de l’Ardèche

2.1. Les joies de Dame Nature et de la baignade en eau douce

Jouant essentiellement sur l’image de « Nature Sauvage », accréditée par la présence de la réserve naturelle, la promotion touristique de cet espace s’organise principalement autour de la mise en scène des paysages « naturels » et des plaisirs de l’eau.

fIgure 3

Mobilisation du cadre naturel et de la ressource en eau dans l’image touristique des gorges de l’Ardèche

Figure 3 : Représentations du Pont d'Arc associant verticalité et plaisirs de la baignade,images des gorges liant beauté du cadre naturel et activités aquatiques, les thèmesnature et eau prédominent et semblent être des axes majeurs du développement del'activité touristique dans les gorges de l'Ardèche.

Cette tendance s’observe alors dans les motivations des touristes à venir en Ardèche. Ainsi, 75 % des touristes interrogés mettent en avant la beauté du cadre, l’environnement, 50 % d’entre eux ont évoqué l’idée de baignade, de profiter des plaisirs de l’eau comme ressort touristique expliquant leur venue dans les gorges de l’Ardèche et près de 21 % y sont expressément pour effectuer la descente des gorges de l’Ardèche3.

Dow

nloa

ded

by [

Uni

vers

ity o

f W

ater

loo]

at 2

0:04

29

Oct

ober

201

4

Page 15: Tourisme Et Dynamiques Territoriales : L’émergence « D’un Territoire Des Gorges De L’ardèche »

247Tourisme et dynamiques territoriales

© 2007 – Presses de l’Université du QuébecÉdifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Québec, Québec G1V 2M2 • Tél. : (418) 657-4399 – www.puq.ca

Tiré de : Loisir et société / Society and Leisure, vol. 30, no 1, François de Grandpré et Bernard Py (dir.). Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés.

tableau 1

Motivations des touristes à venir en Ardèche, campagne d’entretiens de l’été 2004, M. Duval

Motivations à venir en Ardèche Pourcentage du totalPour la beauté du cadre, de la nature, de l’environnement 75,0 %Pour les activités autour de l’eau, la baignade 50,0 %Pour le climat 45,8 %Pour trouver le calme, la tranquillité 40,0 %Pour découvrir une nouvelle région 29,2 %Par habitude 23,3 %Proximité par rapport au lieu de résidence 21,7 %Pour faire la descente en canoë 20,8 %Pour le dépaysement 15,8 %Pour la diversité des activités 11,7 %Pour visiter un site en particulier 9,2 %Pour venir visiter des proches 6,7 %Pour retrouver le camping 5,8 %Pour l’accueil, l’ambiance 5,0 %Pour visiter des villages typiques 4,2 %Pour découvrir les produits locaux 3,3 %Autre 1,7 %Total (soit 120 entretiens semi-directifs) 100,0 %

La possibilité de répondre plusieurs modalités à cette question explique la configuration de ces résultats. En moyenne, les réponses ont été de l’ordre de 4,3 modalités de réponse par individu (512 citations pour 120 individus).

Cadre naturel et plaisirs de l’eau semblent être intimement liés, se renvoyant mutuellement l’un à l’autre. Ainsi, sur 100 individus ayant avancé la beauté du cadre comme l’une des motivations à venir en Ardèche, 54 ont aussi évoqué la présence de l’eau et les activités de baignades. Le résultat inverse va dans le même sens, puisque sur 100 personnes ayant mentionné la présence de la ressource en eau comme motivation à venir en Ardèche, 81 ont par ailleurs exprimé l’idée de beauté du cadre et d’un environnement agréable.

Ces imbrications ténues se retrouvent dans les discours des touristes qui renvoient allégrement à l’un ou l’autre de ces deux thèmes majeurs :

« Moi, j’aime vraiment beaucoup la nature et j’ai pas mal d’amis qui m’ont recommandé l’Ardèche, en me disant que je ne serai pas déçu par les paysages. Et, en même temps, le fait de faire du canoë, c’est un bon moyen pour découvrir des paysages » (ind. 34) ; « On avait envie de changer d’air, de voir des jolis paysages tout en pouvant se baigner et en étant surs de trouver du soleil » (ind. 53) ; « J’avais envie de pouvoir

Dow

nloa

ded

by [

Uni

vers

ity o

f W

ater

loo]

at 2

0:04

29

Oct

ober

201

4

Page 16: Tourisme Et Dynamiques Territoriales : L’émergence « D’un Territoire Des Gorges De L’ardèche »

248 Mélanie duval

© 2007 – Presses de l’Université du QuébecÉdifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Québec, Québec G1V 2M2 • Tél. : (418) 657-4399 – www.puq.ca

Tiré de : Loisir et société / Society and Leisure, vol. 30, no 1, François de Grandpré et Bernard Py (dir.). Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés.

allier des activités comme la baignade à une nature verte où il n’y a pas la foule » (ind. 75) ; « Les gorges de l’Ardèche, c’est un peu un Aqualand naturel. On peut faire du canoë, et en même temps se baigner, tout en étant dans un cadre naturel magnifique » (ind. 91).

De manière transversale, on retrouve alors le slogan « eau, soleil, nature », slogan alimenté par le développement de la descente des gorges. Liée à l’invention du Pont d’Arc en tant que curiosité naturelle, cette activité devient, en effet, un des fers de lance de la communication touristique, et ce, dès les années 1910 !

« La descente de l’Ardèche (4 à 8 heures suivant le niveau des eaux) est l’excursion la plus admirable qu’on puisse imaginer et de laquelle on garde un inoubliable souvenir. Le bateau, que le guide dirige avec précaution, s’avance tantôt sur des bas fonds à la surface calme et tran-quille, tantôt sur des galets à fleur d’eau sur lesquels il ne glisse que poussé par un des bateliers obligé de se mettre à l’eau, tantôt, enfin, saisi par un courant rapide il est emporté avec une rapidité vertigineuse à travers des récifs et des rochers dont le sang-froid et l’expérience du pilote parviennent seuls à la préserver » (Syndicat d’initiative du Vivarais, 1907, AD07, fonds Vals-les-Bains).

Par la suite, cette activité prendra toute son ampleur dans les années 1950, où de nouveaux matériaux et procédés de fabrication permettront d’ef-fectuer cette descente en canöé-kayak et non plus en barque comme c’était encore le cas. En 1958, un premier loueur déclare au registre du commerce d’Aubenas la création d’une location de canoës. Actuellement, à l’échelle de la seule commune de Vallon-Pont-d’Arc, ce ne sont pas moins d’une tren-taine de loueurs qui exercent, ce chiffre atteignant la cinquantaine lorsque l’on considère l’ensemble de la partie en aval de l’Ardèche (depuis Vogüé jusqu’à Saint-Martin-d’Ardèche). D’un point de vue économique, l’AFIT estime qu’autour de ce volet « canoë » se développe une activité touristique qui représente 77 % du chiffre d’affaires touristique de l’ensemble de cette zone, soit environ 46 millions d’euros (AFIT, 2000, p. 31). L’importance de cette activité est telle qu’elle induit en retour une nouvelle dénomination de cet espace couramment appelé « La Mecque du canöé-kayak » ! Cette réalité paratoponymique souligne ce processus d’identification entre l’im-portance de cette activité touristique et l’espace touristique dans lequel elle se déploie.

Dès lors, la fréquentation touristique des gorges de l’Ardèche se carac-térise essentiellement par une concentration spatiotemporelle associant berges de la rivière Ardèche et saison estivale. Ainsi, le Comité dépar-temental du tourisme estime que « selon les années, entre 50 et 60 % de l’activité touristique [des gorges] se déroule sur les mois de juillet et août » (CDT, 2003), auquel il convient d’ajouter l’affluence touristique des week-ends printaniers organisée autour de la descente des gorges en canoë. Devant

Dow

nloa

ded

by [

Uni

vers

ity o

f W

ater

loo]

at 2

0:04

29

Oct

ober

201

4

Page 17: Tourisme Et Dynamiques Territoriales : L’émergence « D’un Territoire Des Gorges De L’ardèche »

249Tourisme et dynamiques territoriales

© 2007 – Presses de l’Université du QuébecÉdifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Québec, Québec G1V 2M2 • Tél. : (418) 657-4399 – www.puq.ca

Tiré de : Loisir et société / Society and Leisure, vol. 30, no 1, François de Grandpré et Bernard Py (dir.). Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés.

ce constat, les acteurs du secteur touristique cherchent alors à allonger la saison touristique, tout en diffusant ces flux touristiques à l’échelle des pla-teaux environnants (Conseil général de l’Ardèche, 2000).

2.2. Les grottes touristiques comme point d’ancrage pour une diffusion des flux touristiques ?

Dans cette perspective, les plateaux situés de part et d’autre de la rivière Ardèche présentent un certain nombre de sites touristiques pouvant servir d’assise à cette stratégie de diffusion spatiotemporelle.

fIgure 4

Principaux sites touristiques aux environs des gorges de l’Ardèche

L'Ar dèche

L'A rdèche

L'Ardèc he

LeR

ne

LeR

ne

LaBea u

me

L'

Ib

ie

Ch

assezac

Le Rieussec

Vallon-Pont-d'Arc

SalavasSaint-Remèze

Bidon

Saint-Martin-d'Ardèche

Bourg-Saint-Andéol

Saint-Just

Laval-Saint-Roman

Orgnac-l'Aven

Barjac

Labastide-de-Virac

Vagnas

Aubenas

Grospierres Lagorce

Ruoms

Gras Saint-Montan

Pierrelatte

Saint-Paul-le-Jeune

Saint-Marcel-d'Ardèche

Saint-Julien-de-Peyrolas

Aiguèze

Pont-Saint-Esprit

Bessac

Saint-Christol-de-Rodières

Goudargues,Bagnols-sur-Cèze

Viviers

GARD

DROME

ARDECHE

Gras

Le Pontd'ArcLe Pontd'Arc

Routeprincipale

Coursd'eau principal

Site classé du Pont d'Arc1982

Réserve naturelledes Gorges de l'Ardèche1980

Voieferrée

Duval M.2006

Limitesdépartementales

Espacebâti

Eléments de localisation

Panoramas depuisla route touristique

Grotte touristique

0 1 km 2 km 3 km

N

Principaux sites touristiques aux environs des Gorges de l'Ardèche

Anciennevoie ferrée

Principaux sites touristiquesVinimage

ExpositionGrotte ChauvetExpositionGrotte Chauvet Musée de

la lavande

Muséede la Vie

Châteaudes Roure

ArdècheLamas

Musée/lieu culturel

ExpositionMax Ernst

Route touristique desGorges de l'Ardèche1969

L'avend'Orgnac

et muséerégionalde préhistoire

L'avend'Orgnacet muséerégionalde préhistoire

Grottesde Saint-Marcel

Grotte desTunnels

Grotte desHuguenots

Grotte desTunnels

Grotte desHuguenots

Aven deMarzal

Grotte dela MadeleineMaison de la réserve

Grotte dela MadeleineMaison de la réserve

Aven - Grottede La Forestière

Parmi la diversité des sites touristiques, la densité du type « grotte touristique » marque singulièrement cet espace. Au nombre de sept, celles-ci totalisent un volume de plus de 240 000 touristes par an4, l’aven d’Orgnac comptabilisant à lui seul 120 000 entrées. Initié par la mise en tourisme des grottes de Saint-Marcel, ce produit « tourisme souterrain » n’a eu de cesse de se structurer au cours du xxe siècle.

Dow

nloa

ded

by [

Uni

vers

ity o

f W

ater

loo]

at 2

0:04

29

Oct

ober

201

4

Page 18: Tourisme Et Dynamiques Territoriales : L’émergence « D’un Territoire Des Gorges De L’ardèche »

250 Mélanie duval

© 2007 – Presses de l’Université du QuébecÉdifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Québec, Québec G1V 2M2 • Tél. : (418) 657-4399 – www.puq.ca

Tiré de : Loisir et société / Society and Leisure, vol. 30, no 1, François de Grandpré et Bernard Py (dir.). Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés.

Découvert en 1935, ouvert au public en 1939, l’aven d’Orgnac est la pre-mière de ces grottes à se doter d’une organisation touristique, avec système de billetterie, aménagement de l’aven et des abords du site, etc. (Gauchon, Duval et Biot, accepté 2007). Cette offre touristique sera rapidement com-plétée par l’ouverture de la grotte des Tunnels (1947) et de l’aven de Marzal (1950). Puis, à la suite de l’ouverture de la route touristique, deux nouvelles grottes viendront étoffer cette offre touristique : la grotte de la Madeleine (1969) et le réaménagement des grottes de Saint-Marcel (1989).

Pour autant, ce dynamisme autour du tourisme souterrain ne participe que de manière relative à la diffusion spatiotemporelle des flux touristiques actuellement concentrés autour de la rivière Ardèche. Visités lors de vacan-ces passées dans les gorges, ces sites ne fonctionnent pas comme des ressorts touristiques motivant à eux seuls un séjour aux alentours des gorges ; on se situe ici dans une logique différente de celle observée en Dordogne, où, le tourisme dans la vallée de la Vézère repose essentiellement sur la mise en valeur de grottes préhistoriques touristiques (Biot, 2006). En ce sens, on visite une grotte ardéchoise parce que « c’était celle qui était le mieux vendue dans le guide du routard », parce qu’« on n’était pas loin », ou encore pour des conditions météorologiques : « Par rapport à la température, on a préféré des grottes, et comme hier, il faisait encore 35 degrés à l’ombre, on s’est dit que les sites découverts, on les éviterait d’où les grottes… », « Comme ce matin le temps n’était pas trop engageant, on s’est dit qu’on allait visiter une grotte » (extraits de la campagne d’enquête de l’été 2004).

2.3. Diversification de l’offre touristique et de modification des pratiques touristiques

Dans cette logique de diffusion des flux touristiques actuellement concentrés dans les gorges, on assiste à une stratégie de mise en tourisme des richesses culturelles des gorges (cf. Figure 4). Cette dynamique touristique s’inscrit dans une volonté plus générale de modifier progressivement les pratiques touristiques à l’œuvre dans cet espace, conséquence implicite de la décou-verte de la grotte Chauvet en 1994. En effet, dans ce contexte « nature et baignade » des gorges de l’Ardèche, la découverte de cette grotte dans la Combe d’Arc vient offrir de nouvelles perspectives pour le développement touristique de cette région. Peu à peu, la volonté d’utiliser cette découverte pour modifier les modalités de fréquentation touristique de cet espace s’af-firme, notamment par la réalisation d’un fac-similé (pour des raisons de conservation, la grotte ne sera jamais ouverte au grand public).

Dow

nloa

ded

by [

Uni

vers

ity o

f W

ater

loo]

at 2

0:04

29

Oct

ober

201

4

Page 19: Tourisme Et Dynamiques Territoriales : L’émergence « D’un Territoire Des Gorges De L’ardèche »

251Tourisme et dynamiques territoriales

© 2007 – Presses de l’Université du QuébecÉdifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Québec, Québec G1V 2M2 • Tél. : (418) 657-4399 – www.puq.ca

Tiré de : Loisir et société / Society and Leisure, vol. 30, no 1, François de Grandpré et Bernard Py (dir.). Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés.

Ainsi, dès 1995, le maire de Vallon-Pont-d’Arc « espère que la culture génère désormais à Vallon une évolution économique et sociale » (A.A., 14/02/1995, p. 4). À l’échelle départementale, « la nouvelle fréquentation et les nouvelles clientèles induites par l’espace de restitution, accompagnés en corollaire de demandes de prestations différentes (nuitées en hôtel, réser-vations) seront l’occasion de requalifier l’offre locale et départementale » (Conseil général de l’Ardèche, 2000, p. 72). Le développement de cette dimension culturelle apparaît alors comme un moyen « d’élever » le secteur touristique, tant les exploitants que les touristes eux-mêmes, l’idée sous-jacente étant « à patrimoine exceptionnel, tourisme exceptionnel ».

Aujourd’hui, alors que les vestiges archéologiques de la basse Ardèche sont connus depuis fort longtemps, on assiste à une relecture des richesses de ce patrimoine historique. Cette prise de conscience revêt plusieurs aspects, allant de la réorientation de la communication du Comité départemental du tourisme avec l’affichage systématique du slogan « Un Grand Voyage dans le Temps » sur ses plaquettes de documentation au projet d’un sentier de la préhistoire actuellement piloté par les services culturels du conseil général.

À une échelle locale, cette même déclinaison au niveau de Vallon-Pont-d’Arc (lequel communique depuis peu autour de « Vallon-Pont-d’Arc, Cité de toutes les Passions ») met tant en avant la Culture (reproduction des lionnes de la grotte Chauvet), et le Patrimoine (photographie du château de Vallon), tandis que le sport (Benoît Peschier, médaille d’or de canoë à Athènes en 2004), et la nature (Le Pont d’Arc, Grand Site de France) ne sont présentés que dans un second temps. (cf. Image 2)

Cependant, au-delà de ces essais de diversification portés par diffé-rents acteurs territoriaux, le tourisme des gorges de l’Ardèche reste princi-palement organisé autour des plaisirs de l’eau dans un paysage « naturel » aux dimensions vertigineuses. Ce phénomène n’est pas sans soulever plu-sieurs problèmes tels que le développement d’équipements touristiques en zone inondable, des conflits d’usage entre les différents acteurs utilisant la rivière, ou encore l’exploitation abusive et la pollution de la ressource en eau (Duval, 2006). Ces dynamiques touristiques ont amené les porteurs de divers projets d’aménagement du territoire à s’interroger, de manière globale, sur le fonctionnement de ce secteur touristique. In fine, la manière dont ces projets prennent en compte les caractéristiques structurelles et fonctionnelles du fait touristique fonctionne comme témoin des dynamiques liant tourisme et territoire.

Dow

nloa

ded

by [

Uni

vers

ity o

f W

ater

loo]

at 2

0:04

29

Oct

ober

201

4

Page 20: Tourisme Et Dynamiques Territoriales : L’émergence « D’un Territoire Des Gorges De L’ardèche »

252 Mélanie duval

© 2007 – Presses de l’Université du QuébecÉdifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Québec, Québec G1V 2M2 • Tél. : (418) 657-4399 – www.puq.ca

Tiré de : Loisir et société / Society and Leisure, vol. 30, no 1, François de Grandpré et Bernard Py (dir.). Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés.

Image 2

Panneau (1 m 50 Õ 1 m) affiché à l’entrée sud de Vallon-Pont-d’Arc, mise en place durant l’été 2006

Cliché : M. Duval, 05/02/2007.

Dans le cadre de notre démonstration, nous centrerons notre étude sur la conduite de deux projets majeurs : l’Opération Grand Site (OGS) signée en 1993 ainsi qu’une démarche contractualisante actuellement en cours : le Pôle d’Excellence Rurale (PER). Situés à dix années d’intervalle, ces deux projets présentent des approches différentes de cette réalité touristique, soulignant en cela l’évolution de la prise en compte du secteur touristique par les acteurs de ce territoire. En ce sens, l’étude des objectifs de ces deux projets majeurs met en exergue cette dynamique dialectique et évolutive dans laquelle s’inscrivent ces rapports tourisme-territoire.

En retour, ces projets participent alors, notamment par des périmètres d’intervention, à l’émergence d’un territoire des gorges de l’Ardèche, « “cette sémiotisation de l’espace”, […] ces “arrangements territoriaux” qui naissent

Dow

nloa

ded

by [

Uni

vers

ity o

f W

ater

loo]

at 2

0:04

29

Oct

ober

201

4

Page 21: Tourisme Et Dynamiques Territoriales : L’émergence « D’un Territoire Des Gorges De L’ardèche »

253Tourisme et dynamiques territoriales

© 2007 – Presses de l’Université du QuébecÉdifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Québec, Québec G1V 2M2 • Tél. : (418) 657-4399 – www.puq.ca

Tiré de : Loisir et société / Society and Leisure, vol. 30, no 1, François de Grandpré et Bernard Py (dir.). Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés.

des articulations et des combinaisons de signes à différentes échelles, [et qui] constituent ce que Raffestin appelle le processus “d’écogénèse territoriale” » (Raffestin, 1986, cité par Di Méo, 2000, p. 40).

3. Le territoire des gorges de l’Ardèche : entre projets d’aménagement « touristique », flux touristiques et réalité politico-administrative

3.1. L’Opération Grand Site des gorges de l’Ardèche (1993)

En ce sens, l’OGS conduite à l’échelle des gorges de l’Ardèche apparaît comme l’un des premiers projets se saisissant de cette dimension touristique. Cette politique, instaurée par le ministère de l’Environnement, tente « de réhabiliter et de mettre en valeur certains sites, parmi les plus célèbres, dont l’état de conservation et de préservation est indigne de leur valeur patrimo-niale et de leur renommée » (Ministère de l’Environnement, 1993, p. 10). Cette opération se définit comme « une démarche originale concernant les sites classés, reconnus d’intérêt national voire universel […] Celle-ci vise à corriger certains dysfonctionnements observés sur des sites classés et faisant l’objet de fréquentation touristique considérée comme importante » (Duval et Gauchon, 2007).

Signée en 1993 entre les ministères de l’Environnement et du Tourisme, d’une part, et le Syndicat intercommunal de la vallée de l’Ardèche (gestion-naire de la réserve naturelle à cette époque), « l’Opération “Grand Site” – Sites protégés du Pont d’Arc et des Gorges de l’Ardèche – Charte de mise en valeur » a comme objectifs de : « 1/ prévenir les impacts de la fréquentation, 2/ réhabiliter les lieux et les conditions d’accueil, 3/ valoriser le patrimoine paysager, les richesses naturelles et archéologiques » (Ministère de l’Envi-ronnement, 1993, p. 15).

Il s’agit essentiellement de modifier les caractéristiques structurelles et fonctionnelles du secteur touristique en vue de satisfaire les exigences alors naissantes du développement durable. Spatialement, ces actions sont envisa-gées « en priorité sur les espaces protégés (Site Classé et Réserve Naturelle), mais également sur des zones ou des actions périphériques intéressantes dans la mesure où elles ont un lien direct avec la mise en valeur des espaces protégés » (Ibid., p. 11). Centré autour du périmètre de la réserve et du site classé du Pont d’Arc, ce zonage présente une zone complémentaire, appe-lée « zone périphérique » ou « zone tampon » au gré de l’évolution du projet (cf. Figure 5), sans toutefois avoir une existence officielle et légale, comme le permet pourtant le code de l’environnement. Ce nouveau périmètre propose en cela une extension du territoire de compétence du Syndicat de gestion des gorges de l’Ardèche (SGGA).

Dow

nloa

ded

by [

Uni

vers

ity o

f W

ater

loo]

at 2

0:04

29

Oct

ober

201

4

Page 22: Tourisme Et Dynamiques Territoriales : L’émergence « D’un Territoire Des Gorges De L’ardèche »

254 Mélanie duval

© 2007 – Presses de l’Université du QuébecÉdifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Québec, Québec G1V 2M2 • Tél. : (418) 657-4399 – www.puq.ca

Tiré de : Loisir et société / Society and Leisure, vol. 30, no 1, François de Grandpré et Bernard Py (dir.). Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés.

Dans la perspective d’expliciter les liens entre tourisme et territoire, ce programme d’aménagement met en avant les points suivants : 1) en cherchant à corriger des phénomènes perçus comme des « dysfonctionnements » par certains acteurs, ce projet d’aménagement atteste en retour de l’importance du tourisme à l’échelle de cet espace ; 2) la proposition comme périmètre d’intervention d’une « zone périphérique », englobant les gorges et pour partie les plateaux karstiques environnants, centre la réflexion autour des gorges, apportant par là même de la matière à la définition progressive d’un territoire des gorges de l’Ardèche… une assise spatiale reprise aujourd’hui avec la mise en œuvre d’une nouvelle politique contractualisante en milieu rural : « les Pôles d’Excellence Rurale ».

3.2. Le Pôle d’excellence rurale (PER)

À l’appel d’offre lancée en 2005 par la DIACT (Délégation interministérielle à l’aménagement et la compétitivité des territoires, anciennement DATAR), le SGGA présente un projet intitulé « Pôle d’excellence rurale, le territoire des Gorges de l’Ardèche », autour de la thématique dominante « tourisme et patrimoine ».

Dans cette perspective, la dimension touristique est au cœur de la justification et des objectifs de ce nouveau programme. La présentation de ce projet insiste alors particulièrement sur l’histoire du développement touristique de cette région, mettant en avant la prégnance de ce secteur : « L’importance de ce tourisme est devenue fondamentale pour tout le sud du département où l’industrie traditionnelle est en difficulté, les activités de service encore peu développées et l’agriculture en déprise et majoritai-rement orientée vers la viticulture. Le bassin d’emploi de la ville d’Aubenas dans lequel s’insère ce territoire figure parmi les plus fragiles de la région Rhône-Alpes » (p. 4).

En positionnant l’évolution de cet espace autour du fait touristique, ce projet joue ainsi sur deux registres complémentaires : 1) un registre éco-nomique : il s’agit ainsi de s’assurer de la viabilité économique de ce secteur qui, pour bon nombre de communes avoisinantes des gorges de l’Ardèche, est un secteur structurant de leur économie ; 2) un registre « représentations et images » : il est alors question de donner à voir « un espace politique-ment acceptable », répondant en cela aux prérogatives du développement durable.

En retour, ce projet informe et alimente l’émergence progressive d’un territoire dit « des gorges de l’Ardèche ». Ne serait-ce qu’au plan du titre de ce projet, c’est, à notre connaissance, la première fois que l’expression « territoire des gorges de l’Ardèche » est employée. Dans cette dynamique

Dow

nloa

ded

by [

Uni

vers

ity o

f W

ater

loo]

at 2

0:04

29

Oct

ober

201

4

Page 23: Tourisme Et Dynamiques Territoriales : L’émergence « D’un Territoire Des Gorges De L’ardèche »

255Tourisme et dynamiques territoriales

© 2007 – Presses de l’Université du QuébecÉdifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Québec, Québec G1V 2M2 • Tél. : (418) 657-4399 – www.puq.ca

Tiré de : Loisir et société / Society and Leisure, vol. 30, no 1, François de Grandpré et Bernard Py (dir.). Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés.

territoriale, les sites qualifiés de « sites patrimoniaux structurants » font figure de points d’ancrage et d’articulation de ce territoire : route touristique des gorges, aven d’Orgnac, aires de baignade et d’activités nautiques en amont et en aval des gorges, réserve naturelle des gorges de l’Ardèche apparaissent alors comme autant de marqueurs de ce processus d’écogénèse territoriale. Quant aux limites de ce territoire revendiqué par les acteurs de ce projet, celles-ci présentent une nouvelle extension du territoire de compétence du syndicat de gestion (cf. Figure 5). Le PER met alors en avant un « territoire de référence […] constitué de treize communes rurales, regroupées au sein du Syndicat de Gestion des Gorges de l’Ardèche » (p. 1), élargissant en cela les statuts initiaux du SGGA qui jusqu’alors exerçait ses compétences « a) de plein droit sur les parties de territoire des communes membres classés en Réserve Naturelle ou sites Natura2000, ainsi que sur une zone d’intervention comprenant les communes ou parties de communes se rattachant à l’envi-ronnement naturel des gorges de l’Ardèche ; b) à la demande d’un Conseil Municipal ou d’un Conseil Communautaire sur l’ensemble du territoire des communes et communautés de communes membres » (Sous-préfecture de Largentière, 26 mars 2004).

La mise en place de ce nouveau projet de territoire PER témoigne d’une double évolution de la prise en considération du tourisme à l’échelle des gorges de l’Ardèche. Dans un premier temps, il ne s’agit plus de corriger les dysfonctionnements observés dans la fréquentation touristique de certains lieux, mais de s’appuyer sur des sites touristiques existants en vue de faire émerger une cohérence territoriale. Cette dynamique positive se double d’une extension du périmètre d’intervention, lequel s’étend progressivement à l’ensemble des communes situées sur les plateaux karstiques environnants (cf. Figure 5).

Cependant, la question des interactions entre ce territoire naissant et son environnement se pose. À cet égard, celui-ci interfère avec l’organisation du secteur touristique dans la partie située en amont des gorges. Dans cette perspective, les indicateurs statistiques relatifs à la structure et au fonction-nement de l’activité touristique des communes situées de part et d’autre de la rivière, entre Voguë et la confluence avec le Rhône, laissent transparaître des dynamiques spatiales que le découpage actuel de ce territoire des gorges de l’Ardèche par le PER ne prend que partiellement en considération.

Dow

nloa

ded

by [

Uni

vers

ity o

f W

ater

loo]

at 2

0:04

29

Oct

ober

201

4

Page 24: Tourisme Et Dynamiques Territoriales : L’émergence « D’un Territoire Des Gorges De L’ardèche »

256 Mélanie duval

© 2007 – Presses de l’Université du QuébecÉdifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Québec, Québec G1V 2M2 • Tél. : (418) 657-4399 – www.puq.ca

Tiré de : Loisir et société / Society and Leisure, vol. 30, no 1, François de Grandpré et Bernard Py (dir.). Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés.

fIgure 5

Projets d’aménagement et émergence d’un territoire dit « des gorges de l’Ardèche »

0 3 km

N

GARD

DROME

ARDECHE

Routeprincipale

Coursd'eau principal

Voieferrée

Limitesdépartementales

Espacebâti

Périmètre de gestion duSGGA, 1997

Projets d'aménagement et émergence d'un territoire dit "des Gorges de l'Ardèche"

Eléments de localisation Périmètres d'intervention

Périmètre des communescomprises dans le P.E.R.2006

Duval M.2006

Site classé du Pont d'Arc1982

Réserve naturelledes Gorges de l'Ardèche1980

Périmètre OGS,1993

Saint-Montan

Larnas

L'Ar dèche

L'A rdèche

LeR

ne

L'Ibi e

Largentière

Grospierres

Sampzon

Labeaume

Le Rieussec

LaLi

gne

Chasse

zac

L'A rdèche

LeRh

ône

Vallon-Pont-d'Arc

Salavas

Saint-Remèze

Bidon

Saint-Martin-d'Ardèche

Bourg-Saint-Andéol

Saint-Just

Laval-Saint-Roman

Orgnac-l'Aven

Barjac

Labastide-de-Virac

Vagnas

Aubenas

Ruoms

Viviers

Pierrelatte

Bessac

Saint-Paul-le-Jeune

Saint-Marcel-d'Ardèche

Saint-Julien-de-Peyrolas

Aiguèze

Pont-Saint-Esprit

Saint-Christol-de-Rodières

Villeneuve-de-Berg

Pradons

Chauzon

Lagorce

Saint-Maurice-d'Ibie

Goudargues,Bagnols-sur-Cèze

Gras

3.3. Organisation du secteur touristique à l’échelle du sud-Ardèche : apparition de nouvelles dynamiques territoriales

En ce sens, une projection des communes ayant ou non le statut de communes touristiques souligne un certain nombre de phénomènes spatiaux à l’œuvre aux alentours des gorges de l’Ardèche (cf. Figure 6). Initialement réglementé par la loi du 24 septembre 1919, le statut de communes touristiques permet ainsi aux communes suscitées de percevoir une taxe de séjour. Dès lors :

Dow

nloa

ded

by [

Uni

vers

ity o

f W

ater

loo]

at 2

0:04

29

Oct

ober

201

4

Page 25: Tourisme Et Dynamiques Territoriales : L’émergence « D’un Territoire Des Gorges De L’ardèche »

257Tourisme et dynamiques territoriales

© 2007 – Presses de l’Université du QuébecÉdifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Québec, Québec G1V 2M2 • Tél. : (418) 657-4399 – www.puq.ca

Tiré de : Loisir et société / Society and Leisure, vol. 30, no 1, François de Grandpré et Bernard Py (dir.). Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés.

Les communes habilitées à percevoir la taxe sont : les stations classées et les communes bénéficiant de la dotation supplémentaire accordée aux communes touristiques ou thermales et aux communes bénéficiant d’une importante fréquentation touristique journalière ; les communes littorales ; les communes de montagne ; les communes recevant la dota-tion touristique de la DG [dotation générale de fonctionnement] et les communes connaissant une forte fréquentation touristique et, de ce fait, recevant la dotation particulière de la DGF, les communes qui réalisent des actions de promotion en faveur du tourisme (Py, 1996, p. 64).

Dans cette perspective, l’attribution d’une dotation supplémentaire vient reconnaître l’importance du secteur touristique à l’échelle de l’orga-nisation d’une commune. Considérant la répartition des communes ayant ce statut à l’échelle des gorges de l’Ardèche et de ses environs, on observe alors un phénomène similaire à celui précédemment observé, à savoir l’ex-tension progressive de l’activité touristique aux extrémités amont et aval des gorges.

La juxtaposition de ces dynamiques touristiques au territoire défini par le PER laisse ainsi apparaître un certain nombre d’incohérences. Du fait de leur appartenance au Syndicat de gestion des gorges, des communes comme Bidon ou encore Le Gras, situées en rive gauche de la réserve de l’Ar-dèche et ayant peu d’accès direct à la rivière, s’inscrivent dans le « territoire PER », alors même qu’elles ne possèdent qu’un nombre limité d’infrastruc-tures touristiques et ne bénéficient pas, de ce fait, du statut de communes touristiques (Bidon et Gras : 12 lits touristiques par km2). À l’inverse, des communes touristiques comme Sampzon (633 lits touristiques par km²) ou encore Ruoms (498 lits touristiques par km²) se situent à la marge de ce territoire avancé par le PER !

Cette confrontation entre le découpage proposé par le PER, issu d’une politique contractuelle État-Département, et la réalité de la fisca-lité touristique à l’échelle de cette région sud-Ardèche laisse craindre des dysfonctionnements futurs, lesquels seront vraisemblablement accentués par la définition récente des territoires de compétence des communautés de communes, interlocuteur résultant de la politique de décentralisation française.

Dow

nloa

ded

by [

Uni

vers

ity o

f W

ater

loo]

at 2

0:04

29

Oct

ober

201

4

Page 26: Tourisme Et Dynamiques Territoriales : L’émergence « D’un Territoire Des Gorges De L’ardèche »

258 Mélanie duval

© 2007 – Presses de l’Université du QuébecÉdifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Québec, Québec G1V 2M2 • Tél. : (418) 657-4399 – www.puq.ca

Tiré de : Loisir et société / Society and Leisure, vol. 30, no 1, François de Grandpré et Bernard Py (dir.). Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés.

3.4. À la croisée des territoires de compétence : régions, départements et communautés de communes

À la limite de deux régions françaises − Rhône-Alpes et Languedoc-Roussillon − et de trois départements − Ardèche, Drôme et Gard − la gestion de cet espace des gorges de l’Ardèche se traduit, sur le plan institutionnel, par une multitude d’acteurs. À titre d’exemple, le comité consultatif de la réserve naturelle se compose de 50 membres (contre en moyenne 20 per-sonnes dans le cas d’autres réserves naturelles françaises), chaque organisme ou service de l’État ayant son doublon Ardèche-Gard. Depuis peu, cette surabondance institutionnelle se double de nouvelles entités : les commu-nautés de communes.

Créée par la loi Administration territoriale de la République (loi ATR) du 6 février 1992 et modifiée par la loi relative au renforcement et à la simplification de la coopération intercommunale (loi Chevènement) du 12 juillet 1999, la communauté de communes est un établissement public de coopération intercommunale (EPCI) à fiscalité propre, ce qui lui donne la capacité de prélever des taxes et redevances pour exercer les compétences que les communes lui ont transférées.

À l’échelle du département ardéchois, on compte 38 EPCI, 25 d’entre eux ayant été créés depuis 2000, dont 3 aux alentours des gorges de l’Ardèche : la communauté de communes du Rhône aux Gorges de l’Ardèche (décembre 2003, 10 communes), la communauté de communes des Gorges de l’Ardèche, terre des Hommes, de la Pierre et de l’Eau (février 2005, 15 communes), la communauté de communes des Grands Sites des Gorges de l’Ardèche (décembre 2005, 3 communes). Trois EPCI auxquels il convient de rajouter celui en vigueur du côté gardois : la communauté de communes de Valcézard (janvier 2001, 16 communes).

Le territoire prôné par le PER se trouve ainsi à la croisée d’EPCI allant de 3 à 16 communes, aux objectifs et aux moyens de gestion distincts. Ainsi, la communauté de communes du Rhône aux Gorges de l’Ardèche, située en aval de la rivière Ardèche, définit comme projets principaux le renforcement des réseaux d’alimentation en eau et la création d’un parc éolien sur le terri-toire de la commune de Bidon, tandis que les communes regroupées dans la communauté des Gorges de l’Ardèche, Terre des Hommes, de la Pierre et de l’Eau (en amont des gorges) affichent un projet territorial de développement essentiellement axé autour de la dimension touristique de ces communes. En ce sens, elle rejoint le programme de la communauté de communes de Valcézard qui axe son développement économique sur le développement du tourisme… autour de la Cèze et non de Ardèche ! Quant à la communauté de communes des Grands Sites des Gorges de l’Ardèche, celle-ci se situe

Dow

nloa

ded

by [

Uni

vers

ity o

f W

ater

loo]

at 2

0:04

29

Oct

ober

201

4

Page 27: Tourisme Et Dynamiques Territoriales : L’émergence « D’un Territoire Des Gorges De L’ardèche »

259Tourisme et dynamiques territoriales

© 2007 – Presses de l’Université du QuébecÉdifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Québec, Québec G1V 2M2 • Tél. : (418) 657-4399 – www.puq.ca

Tiré de : Loisir et société / Society and Leisure, vol. 30, no 1, François de Grandpré et Bernard Py (dir.). Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés.

davantage dans une politique de revitalisation du milieu rural, notamment par des actions en faveur du maintien des services à l’échelle communale : crèche, centres aérés, maintien des agences postales.

Entre périmètres d’intervention, réalité du fait touristique et décou-page administratif, une juxtaposition de territoires aux périmètres et aux compétences distincts se dessine, caractérisée par une multiplication des instances de conseil et de décision et par un effet d’emboîtement peu lisible de ces différentes entités spatiales (cf. Figure 6).

fIgure 6

Le territoire des « gorges de l’Ardèche », entre dynamiques touristiques et découpages administratifs

Rochecolombe

Saint-Montan

Largentière

LaLig

ne

LeRh

ône

Bourg-Saint-Andéol

Laval-Saint-Roman

Aubenas

Viviers

Pierrelatte

Bessac

Pont-Saint-Esprit

Saint-Christol-de-Rodières

Villeneuve-de-Berg

Villeneuve-de-Berg

Pradons

Chauzon

Saint-Maurice-d'Ardèche

Pradons

Chauzon

BalazucBalazuc Saint-Maurice-d'Ardèche

Lanas

Goudargues,Bagnols-sur-Cèze

Larnas

L'Ar dèche

LeR

ne

L'Ibi e

Grospierres

Sampzon

Labeaume

Le Rieussec

Chasse

zac

L'A rdèche

Vallon-Pont-d'Arc

Salavas Saint-Remèze

Bidon

Saint-Martin-d'Ardèche

Saint-Just

Orgnac-l'Aven

Barjac

Labastide-de-ViracVagnas

Ruoms

Saint-Paul-le-Jeune

Saint-Marcel-d'Ardèche

Saint-Julien-de-Peyrolas

Aiguèze

Vogüé

Lagorce

Saint-Maurice-d'Ibie

Gras

Larnas

L'Ar dèche

LeR

ne

L'Ibi e

Grospierres

Sampzon

Labeaume

Le Rieussec

Chasse

zac

L'A rdèche

Vallon-Pont-d'Arc

Salavas Saint-Remèze

Bidon

Saint-Martin-d'Ardèche

Saint-Just

Orgnac-l'Aven

Barjac

Labastide-de-ViracVagnas

Ruoms

Saint-Paul-le-Jeune

Saint-Marcel-d'Ardèche

Saint-Julien-de-Peyrolas

Aiguèze

Vogüé

Lagorce

Saint-Maurice-d'Ibie

Gras

Gorges de l'Ardèche,Terre des Hommes, de la Pierre et de l'Eau

Grands Sites des Gorges de l'Ardèche

Du Rhône aux Gorges de l'Ardèche

Valcézard

L'A

rdè che

L'A

rdè che

0 3 km

N

GARD

DROME

ARDECHE

Duval M.2006

L' Ardèche

L' Ardèche

Routeprincipale

Coursd'eau principal

Site classé du Pont d'Arc,1982

Réserve naturelledes Gorges de l'Ardèche, 1980Voie

ferrée

Limitesdépartementales

Espacebâti

Découpage des différentescommunautés de communes

Périmètre des communescomprises dans le P.E.R., 2006

Communes bénéficiant dela dotation touristique

Un territoire dit "des Gorges de l'Ardèche :entre tourisme , politique contractualisanteet découpages administratifs

Dow

nloa

ded

by [

Uni

vers

ity o

f W

ater

loo]

at 2

0:04

29

Oct

ober

201

4

Page 28: Tourisme Et Dynamiques Territoriales : L’émergence « D’un Territoire Des Gorges De L’ardèche »

260 Mélanie duval

© 2007 – Presses de l’Université du QuébecÉdifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Québec, Québec G1V 2M2 • Tél. : (418) 657-4399 – www.puq.ca

Tiré de : Loisir et société / Society and Leisure, vol. 30, no 1, François de Grandpré et Bernard Py (dir.). Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés.

Conclusion : les gorges de l’Ardèche : un territoire touristique ?

Dès lors, le positionnement ambigu, voire multiple, des acteurs territoriaux à l’échelle des gorges de l’Ardèche, s’explique au regard de l’histoire du déve-loppement du tourisme de cette région. Dans un mouvement de va-et-vient entre préservation et valorisation touristique des gorges (Duval, 2007), la gestion du tourisme s’est essentiellement centrée autour des gorges, alors même que la création de la réserve sanctuarise cet espace en gelant la construction de nouvelles infrastructures touristiques, lesquelles se sont développées aux deux extrémités amont et aval. Dès lors, sous couvert de gérer les flux touristiques descendant les gorges, la création de cette réserve a participé au déplacement progressif du tourisme à ses extrémités.

Aujourd’hui, le territoire de compétence du SGGA, acteur majeur du développement touristique de cette région grâce au portage du Pôle d’Excellence Rurale, ne tient que partiellement compte de ces nouvelles dynamiques. Un décalage renforcé, dans le contexte de la décentralisation, par la mise en place de quatre communautés de communes dont le décou-page et les objectifs respectifs viennent scinder le semblant d’unité jusqu’ici observé autour de la réserve naturelle des gorges (cf. Figure 7).

Au regard des éléments conceptuels exposés au début de cet article, les gorges de l’Ardèche font figure de territoire touristique en gestation ; cette dynamique est aujourd’hui alimentée par la mise en place du PER, lequel s’emploie à faire émerger une cohérence territoriale en s’appuyant sur des sites touristiques structurant. Pour asseoir la lisibilité de ce territoire tou-ristique, il semblerait opportun de définir une structure de gestion ad hoc dont le périmètre de gestion s’étendrait de Vogüé à Saint-Martin-d’Ardèche ou, s’appuyant sur l’existence du syndicat de gestion des gorges de l’Ardèche, d’étendre les compétences territoriales de ce dernier ainsi que son périmètre d’intervention. Une démarche d’autant plus nécessaire du fait des rapports de force existant à la fois de manière horizontale entre les différentes com-munes de cet espace et verticale, entre les échelons locaux/ départementaux et les différents services de l’État…

Dow

nloa

ded

by [

Uni

vers

ity o

f W

ater

loo]

at 2

0:04

29

Oct

ober

201

4

Page 29: Tourisme Et Dynamiques Territoriales : L’émergence « D’un Territoire Des Gorges De L’ardèche »

261Tourisme et dynamiques territoriales

© 2007 – Presses de l’Université du QuébecÉdifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Québec, Québec G1V 2M2 • Tél. : (418) 657-4399 – www.puq.ca

Tiré de : Loisir et société / Society and Leisure, vol. 30, no 1, François de Grandpré et Bernard Py (dir.). Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés.

fIgure 7

Dynamiques spatiales, implications territoriales et jeu de superposition autour des gorges de l’Ardèche

Dynamiques spatiales et création d'unterritoire touristique autour de la réservenaturelle des gorgesde l'Ardèche et dusite classé du Pont d'Arc

Superpostion des dynamiquestouristiques et administratives

Objet géographique patrimonialisé etressort touristique majeur

Dynamiques spatiales,implications territorialeset jeu de superposition autourdes gorges de l'Ardèche

Rivière Ardèche

Réserve naturelle etsite classé du Pont d'Arc

Territoire de compétencedu Syndicat de Gestiondes Gorges de l'Ardèche

Définition du Pôled'Excellence Rurale

Axe

dute

mps

Processus interactif évolutif,potentiellement conflictuel

Commune bénéficiant dela dotation touristique

Périmètre des différentesCommunautés de communes

Duval M., 2006

Dow

nloa

ded

by [

Uni

vers

ity o

f W

ater

loo]

at 2

0:04

29

Oct

ober

201

4

Page 30: Tourisme Et Dynamiques Territoriales : L’émergence « D’un Territoire Des Gorges De L’ardèche »

262 Mélanie duval

© 2007 – Presses de l’Université du QuébecÉdifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Québec, Québec G1V 2M2 • Tél. : (418) 657-4399 – www.puq.ca

Tiré de : Loisir et société / Society and Leisure, vol. 30, no 1, François de Grandpré et Bernard Py (dir.). Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés.

nOtes

1. Ce processus d’invention touristique est ici entendu dans la définition qu’en donne notamment Ph. Duhamel, 2003. Parlant de la plage, celui-ci précise que « L’invention touristique consiste alors à voir et à utiliser autrement la plage et surtout à lui conférer des qualités dont elle était dépourvue » (p. 41).

2. Étant donné le poids de l’hôtellerie de plein air dans l’offre touristique globale des hébergements marchands à l’échelle de cet espace, nous considérons l’évolution de ce type d’infrastructures d’accueil comme représentative de la tendance générale de l’évolution de l’offre globale (Comité départemental du tourisme, 2004). Dans un souci d’exhaustivité, il faudrait ajouter la part du secteur non marchand, représenté ici par la part croissante des résidences secondaires.

3. Objectifs et cadre opératoire de l’enquête réalisée lors de l’été 2004 : Cette enquête cherche à comprendre les relations liant les touristes à leur espace vacan-cier, via leurs pratiques touristiques et leurs perceptions de leur environnement touristique. Cent vingt entretiens semi-directifs ont été réalisés, respectant le principe de redondance propre aux analyses qualitatives. Les traitements ont nécessité l’élaboration d’une grille de lecture, laquelle alterne questions fermées et ouvertes. Cette alternance permet de structurer les données recueillies tant d’un point de vue quantitatif que qualitatif. Ce travail alimente notre réflexion à plusieurs niveaux : de manière sectorielle, celle-ci nous renseigne sur les prati-ques touristiques, sur les motivations à venir en Ardèche et sur les modes de perceptions des gorges de l’Ardèche. Croisant ces différentes entrées, elle permet de dresser une classification des touristes fréquentant cet espace touristique. Cette approche typologique conduit en retour à analyser le rapport à l’espace de ces différents groupes touristiques et à interroger l’émergence d’un territoire touristique.

4. Chiffres de 2005, d’après les exploitants : Aven d’Orgnac : 120 000 ; Aven-Grotte de la Forestière : 6 000 ; Grotte de la Madeleine : 47 000 ; Grottes de Saint-Marcel : 36 000 ; Aven de Marzal : entre 20 et 25 000 ; Grottes des Tunnels et des huguenots : environ 6 000 (billet groupé).

bIblIOgraphIe

A. A. (14 février 1995). Vallon-Pont-d’Arc : Partager les espoirs. Le Dauphiné libéré, 4.

AFIT (2000). Sites naturels, contribution du tourisme à leur gestion et à leur entretien.

Bachimon, Ph. (1995a). La surfréquentation touristique des Gorges de l’Ardèche. Montagnes méditerranéennes, 2, 117-120.

Bachimon, Ph. (1995b). Tourisme de masse – tourisme diffus en espace rural. Exemple de la basse vallée de l’Ardèche. Dans C. Jamot & P. Vitte (sous la direction de), Le tourisme diffus, Actes du colloque de Clermont-Ferrand 1994 (p. 19-33).

Biot, V. (2006). Le tourisme souterrain en France. Karstologia mémoires no 15.Bonnemaison, J. (1981). Voyage autour du territoire. Espace géographique, 4,

249-262.

Dow

nloa

ded

by [

Uni

vers

ity o

f W

ater

loo]

at 2

0:04

29

Oct

ober

201

4

Page 31: Tourisme Et Dynamiques Territoriales : L’émergence « D’un Territoire Des Gorges De L’ardèche »

263Tourisme et dynamiques territoriales

© 2007 – Presses de l’Université du QuébecÉdifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Québec, Québec G1V 2M2 • Tél. : (418) 657-4399 – www.puq.ca

Tiré de : Loisir et société / Society and Leisure, vol. 30, no 1, François de Grandpré et Bernard Py (dir.). Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés.

Boyer, M. (1999). Le tourisme de l’an 2000. Lyon : Presses universitaires de Lyon. Boyer, M. (1982). Le tourisme. Paris : Seuil.Brunet, R. (1990). Le territoire dans les turbulences. Montpellier : GIP Reclus.Colombani, L. (1987). Fréquentation touristique et protection de l’environnement

dans la réserve naturelle des Gorges de l’Ardèche. Thèse de troisième cycle de géographie. Université Lyon III.

Comité départemental du tourisme (2004a). Atlas 2004 des hébergements touristiques en Ardèche, Conseil Général de l’Ardèche.

Comité départemental du tourisme (2004b). 28 sites touristiques Ardèche loisirs et patrimoine [brochure].

Comité départemental du tourisme (2003). Bilan touristique 2003, Conseil Général de l’Ardèche.

Conseil général de l’Ardèche. (2000). Schéma départemental de développement du tourisme.

Corgeu, Y., Jenkins, C. et Gentil, A. (1997). La charte de territoire, une démarche pour un projet de développement durable. Paris : La Documentation française.

Daudé, G. (1986). Tourisme et nature : À travers l’exemple des Gorges de l’Ardèche. Revue géographique Lyon, 61(4), 409-440.

Debarbieux, B. (2003). Territoire. Dans J. Lévy & M. Lussault (sous la direction de), Dictionnaire de la géographie et de l’espace des sociétés (p. 910-912).

Di Méo, G. (2000). Que voulons-nous dire quand nous parlons d’espace ? Dans J. Lévy & M. Lussault (sous la direction de), Logiques de l’espace, esprit des lieux. Paris : Belin.

Du Boys, A. (1992). Album du Vivarais (édition originale de 1842). Les Marches : La Fontaine de Siloé.

Duhamel, P. (2003). Les lieux touristiques. Dans M. Stock (sous la direction de), Le tourisme, Acteurs, lieux et enjeux. Paris : Belin.

Duval, M. (accepté 2007). Ressource touristique et enjeux territoriaux : Évolution et re-définition de la route touristique des gorges de l’Ardèche. Cahiers de géographie, Laboratoire Edytem CNRS UMR 5204.

Duval, M. (2007). Tourism and Preservation Policies in Karst Areas : Comparison Between the Skocjan Caves (Slovenija) and the Ardeche Gorge (France). Acta Carsologica, 35(2), 23-35.

Duval, M. (2006). L’eau comme ressource structurante d’un territoire : Les gorges de l’Ardèche. Dans G. Boëtsch & H. Cortot (sous la direction de), L’homme et l’eau en milieu montagnard (p. 161-175). Les Hautes-Alpes : Parc national des Écrins.

Duval, M. et Gauchon, C. (2007). Analyse critique d’une politique d’aménagement du territoire, les Opérations Grands Sites. Annales de géographie, 654, 35-56.

Gauchon, C., Duval, M. et Biot, V. (accepté 2007). L’aven d’Orgnac : Identification d’un haut lieu du tourisme souterrain. Cahiers de géographie, Laboratoire Edytem CNRS UMR 5204.

Giraud-Soulavie, J. L. (1780). Histoire naturelle de la France méridionale. Histoire naturelle du Vivarais. Nîmes : Impr. de Belle.

Dow

nloa

ded

by [

Uni

vers

ity o

f W

ater

loo]

at 2

0:04

29

Oct

ober

201

4

Page 32: Tourisme Et Dynamiques Territoriales : L’émergence « D’un Territoire Des Gorges De L’ardèche »

264 Mélanie duval

© 2007 – Presses de l’Université du QuébecÉdifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Québec, Québec G1V 2M2 • Tél. : (418) 657-4399 – www.puq.ca

Tiré de : Loisir et société / Society and Leisure, vol. 30, no 1, François de Grandpré et Bernard Py (dir.). Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés.

Knafou, R., Bruston, M., Deprest, F., Duhamel, P., Gay, J.-C. et Sacareau, I. (1997). Une approche géographique du tourisme. Espace géographique, 3, 193-204.

Laplante, M. (1996). L’expérience touristique contemporaine. Fondements sociaux et culturels. Montréal : Presses de l’Université du Québec.

Marié, M. (1982). Un territoire sans nom, pour une approche des sociétés locales. Paris : Librairie des Méridiens.

Ministère de l’Environnement (1993). Opération « Grand Site », sites protégés du Pont d’Arc et des gorges de l’Ardèche, Charte de mise en valeur.

Ministère de l’Environnement et du Cadre de Vie. (1980). Décret no 80-27 du 14 janvier 1980 portant création de la réserve naturelle des Gorges de l’Ardèche (Ardèche et Gard).

Py, P. (1996). Droit du tourisme (4e éd.). Paris : Dalloz.Raffestin, C. (1986). Écogénèse territoriale et territorialité. Dans F. Auriac &

R. Brunet (sous la direction de), Espaces, jeux et enjeux (p. 175-185). Paris : Éditions Fayard.

Sacareau, I. et Stock, M. (2003). Qu’est-ce que le tourisme ? Dans M. Stock (sous la direction de), Le tourisme, Acteurs, lieux et enjeux. Paris : Belin.

Sous-préfecture de Largentière (2004, 26 mars). Arrêté interpréfectoral approuvant les nouveaux statuts du SIGARN […] qui prend la dénomination de SGGA.

Syndicat de gestion des gorges de l’Ardèche. (2006). Dossier de candidature au Pôle d’Excellence Rurale, le territoire des Gorges de l’Ardèche.

Syndicat d’initiative de Vals et du Vivarais. (1956). Centres de séjour [brochure].

Fonds d’archivesArchives départementales de l’Ardèche (AD07) : fonds Vals-les-Bains, fonds CDT

et notamment le dossier 1305 W 25.Délibérations communales de Vallon-Pont-d’Arc, mairie de Vallon-Pont-d’Arc.

Mélanie duval

Tourisme et dynamiques territoriales : l’émergence » d’un territoire des gorges de l’Ardèche »

résumé

Cet article observe, à l’échelle des gorges de l’Ardèche et des plateaux envi-ronnants, l’émergence de logiques territoriales autour du tourisme. À l’échelle de cet espace, il s’agit d’observer les effets de la montée en puissance de ce secteur économique à forte emprise spatiale au regard de l’affirmation d’un territoire « des gorges de l’Ardèche ».

En ce sens, une approche diachronique du tourisme à l’échelle des gorges de l’Ardèche souligne la trajectoire de cet espace touristique, lequel repose essentiellement sur l’image d’une « Nature Sauvage ». La mobilisa-

Dow

nloa

ded

by [

Uni

vers

ity o

f W

ater

loo]

at 2

0:04

29

Oct

ober

201

4

Page 33: Tourisme Et Dynamiques Territoriales : L’émergence « D’un Territoire Des Gorges De L’ardèche »

265Tourisme et dynamiques territoriales

© 2007 – Presses de l’Université du QuébecÉdifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Québec, Québec G1V 2M2 • Tél. : (418) 657-4399 – www.puq.ca

Tiré de : Loisir et société / Society and Leisure, vol. 30, no 1, François de Grandpré et Bernard Py (dir.). Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés.

tion de cette image à des fins de mise en tourisme alimente en retour des dynamiques spatiales, mobilisées çà et là par différents acteurs. Se pose alors la question d’un territoire « des gorges de l’Ardèche » entre projets d’amé-nagement, caractéristiques du tourisme et contexte de la décentralisation. In fine, ces éléments de réflexion alimentent, de manière plus générale, la notion de territoire touristique.

Mélanie duval

Tourism and territorial dynamics : The emergence of an « Ardèche Gorges territory »

abstract

This paper is an observation of the Ardèche Gorges and its neighbouring plateaux and the emergence of tourism-related territorial logics. Taking this space as a whole, we wish to observe the impacts of the build-up of this geographically wide-ranging economic sector as concerns the claim to the territorial status of the « Ardèche Gorges ».

From this standpoint, a diachronic approach to tourism covering the Ardèche Gorges area emphasizes the trajectory of this tourism space, based essentially on a “Wilderness” image. In exchange, the appropriation of this image for recreational purposes contributes to the spatial dynamics created here and there by different players. We then come to the question of the “Ardèche Gorges territory” as part of a number of characteristic recreatio-nally oriented land-use projects, and within a context of decentralization. In fine, these questions contribute more generally to the notion of a recreational territory.

Mélanie duval

Turismo y dinámicas territoriales : la emergencia « de un territorio de la garganta del Ardèche »

résumén

Este artículo trata de la observación, a la escala de las gargantas del Ardèche y de las mesetas circundantes, de la emergencia de lógicas territoriales alre-dedor del turismo. A la escala de este espacio, es importante de observar los efectos del aumento vertiginoso de este sector económico con una fuerte

Dow

nloa

ded

by [

Uni

vers

ity o

f W

ater

loo]

at 2

0:04

29

Oct

ober

201

4

Page 34: Tourisme Et Dynamiques Territoriales : L’émergence « D’un Territoire Des Gorges De L’ardèche »

266 Mélanie duval

© 2007 – Presses de l’Université du QuébecÉdifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Québec, Québec G1V 2M2 • Tél. : (418) 657-4399 – www.puq.ca

Tiré de : Loisir et société / Society and Leisure, vol. 30, no 1, François de Grandpré et Bernard Py (dir.). Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés.

invasión espacial respecto a la consolidación de un territorio « de las gargantas del Ardèche ».

En este sentido, un enfoque diacrónico del turismo a nivel de las gargantas del Ardèche subraya la trayectoria de este espacio turístico, que reposa esencialmente sobre la imagen de una « Naturaleza Salvaje ». La difu-sión de esta imagen con fines de atraer el turismo alimenta en recompensa las dinámicas espaciales, movilizadas aquí y allá por diferentes actores. Se plantea entonces el problema de un territorio « de las gargantas del Ardèche » entre proyectos de ordenación del territorio, características del turismo y contexto de la descentralización. Al final, estos elementos de reflexión alimentan, de una manera más general, la noción de territorio turístico.

Dow

nloa

ded

by [

Uni

vers

ity o

f W

ater

loo]

at 2

0:04

29

Oct

ober

201

4