Il était une fois un oisillon tombant de son nid. Est-il poussé par la cohue de ses frères et sœurs, est-il trop faible pour s’y accrocher, s’agit-il d’un accident? Qu’importe, il tombe. Seul au pied de l’arbre, l’oisillon devient rapidement la proie des prédateurs. Heureusement pour lui, une petite taupe le découvre et l’invite à passer l’hiver qui s’annonce dans son terrier, ainsi protégé du monde extérieur encore trop hostile pour lui. Pour suivre la taupe, l’oisillon devra d’abord couper les fils qui le retiennent et l’empêchent de se faufiler dans le tunnel de la nouvelle vie qui l’attend. Il était deux fois. Adopté par cette drôle de famille, l’oisillon apprend à creuser des galeries et s’amuse avec ses frères et sœurs. Mais cela ne dure qu’un temps. Le printemps revenu, il sent qu’il doit partir: ses ailes ont grandi, il est temps qu’il prenne son envol. S’éloignant de la chaleur du foyer souterrain à la recherche de sa propre voie, il rencontre différents animaux qui vont chacun l’aider, à leur manière, dans sa quête d’identité et d’apprentissage du vol: une chauve-souris goguenarde, un ver de terre amical, un coucou qui n’aime pas les enfants et un poisson volubile. Un beau jour, il rencontre des oiseaux migrateurs partant vers le Sud. Va-t-il suivre sa “vraie” famille?

Contenu rédigé par la le TMG création 2016

Dossier pédagogique

Tombé du Nid Théâtre des Marionnettes de Genève Conception et mise en scène : Isabelle Matter 1H - 4H Marionnettes

Nuithonie Petite Salle Plan d’accès sur www.equilibre-nuithonie.ch me 15 novembre 2017 à 10h je 16 et ve 17 à 10h et 14h

durée 50’

Disciplines principales concernées :

Formation générale FG 18

Capacités transversales Collaboration, pensée créatrice

Ethique SHS 12, 15 – 2

Plan d’accès - Contact

Nuithonie Rue du Centre 7 – 1752 Villars-sur-Glâne 026 407 51 41 – contact scolaires : manuela.ostini@equilibre-nuithonie.ch Accès transports publics: Bus no B5 direction Nuithonie, arrêt Cormanon (8 minutes à pied) Site internet TPF: www.tpf.ch Accès voiture: Autoroute Lausanne - Berne, sortie Fribourg Sud.

Fondation Equilibre et Nuithonie La Fondation Equilibre et Nuithonie est composée à la fois d’un théâtre d’accueil et d’un centre de création basés dans le canton de Fribourg. Elle s’articule autour de trois salles dont les capacités sont de 700, 460 et 110 places, de trois studios de répétition, d’un espace d’exposition et de deux ateliers. Elle a pour mission de programmer une saison d’accueil nationale et internationale, tout en soutenant la création théâtrale et chorégraphique régionale et nationale. Equilibre et Nuithonie présentent les arts de la scène dans toute leur diversité : théâtre, danse, musique, opéra, chanson, nouveau cirque, théâtre jeune public, etc.

Arrêt TPF Cormanon

Table des matières

Plan d’accès - Contact ................................................................................................................................................................................. 2

Fondation Equilibre et Nuithonie .................................................................................................................................................................. 2

Le TMG – Théâtre de marionnettes de Genève ........................................................................................................................................... 4

Le spectacle ................................................................................................................................................................................................. 5

La famille, figure polymorphe ....................................................................................................................................................................... 5

Abandon, adoption & adaptation .................................................................................................................................................................. 6

Le rapport filial .............................................................................................................................................................................................. 7

Entretien avec Isabelle Matter, metteure en scène et dramaturge ............................................................................................................... 7

Scénographie ............................................................................................................................................................................................... 9

Marionnettes .............................................................................................................................................................................................. 10

Bibliographie indicative .............................................................................................................................................................................. 11

Pour aller plus loin ................................................................................................................................................................................. 12

Liens au PER et objectifs d’apprentissage ................................................................................................................................................. 13

Activités à faire en classe ........................................................................................................................................................................... 14

Dessiner son arbre généalogique .......................................................................................................................................................... 14

Questions à développer après avoir fait son arbre généalogique: ......................................................................................................... 15

Dossier pédagogique conçu pour les classes de 1 à 4 Harmos. Il est à utiliser comme recueil d’idées à développer autour du visionnement de la pièce de théâtre et est destiné aux enseignants et enseignantes.

Le TMG – Théâtre de marionnettes de Genève Reconnu comme l’un des rares théâtres européens exclusivement dédié à la création marionnettique, le TMG entend promouvoir et soutenir le développement des arts de la marionnette dans leur grande diversité. Proposant des spectacles au public dès 2 ans et jusqu’à l’âge adulte, il est aussi l’un des plus intergénérationnel des théâtres. Le Théâtre des Marionnettes de Genève est né en 1929, sous l’impulsion de Marcelle Moynier, personnalité créative et persévérante de la vie genevoise. Tenant place dès les années 40 dans le salon d’un hôtel particulier de la vieille ville de Genève où l’on avait construit une salle pouvant accueillir jusqu’à 80 personnes, cette compagnie devenue théâtre s’est très vite distinguée par son exigence artistique. Dans les années 70, la technique de la marionnette à tige vient rejoindre celle du fil qui était exclusivement pratiquée jusqu’alors. En 1980, Nicole Chevallier succède à Marcelle Moynier avec qui elle a collaboré durant de nombreuses années, et prend la tête du TMG jusqu’en 1991. Elle préside au déménagement de la rue Constantin à la rue Rodo où la salle de spectacle expressément construite pour la troupe est inaugurée en 1984. Elle assure ainsi le relais entre l’histoire et l’avenir de l’institution. En 1991, c’est l’américain John Lewandoski qui prend les rênes de la maison. En complicité régulière avec Irina Niculescu, il élargit encore le théâtre à l’accueil de troupes étrangères, et diversifie les techniques de manipulation. De 2002 à 2015, le TMG connaît une nouvelle impulsion sous la direction du dynamique Guy Jutard qui ouvre le théâtre à toutes les formes des arts de la marionnette, et qui le place au rang de l’un des théâtres les plus fréquentés de Genève, toutes générations confondues. Depuis 2015, c’est Isabelle Matter qui reprend la direction de ce théâtre foisonnant et ouvert sur le monde, reconnu et apprécié par son public, par ses pairs et par les autorités municipales et cantonales.

Distribution Conception et mise en scène : Isabelle Matter assistée de : Aude Bourrier Coaching marionnettes à fils : Liviu Berehoï Interprétation : Olivier Carrel et Anne-Laure Luisoni (Maud Faucherre à la création) Marionnettes : Judith Dubois Scénographie : Khaled Khouri Construction : Mathias Brügger Habillage du décor : Leah Babel, Miriam Kerchenbaum et Khaled Khouri Univers sonore et musical : Frédérique Jarabo Lumières : Philippe Maeder Régie : Carole Martin Photos : Carole Parodi

PRODUCTION: Théâtre des Marionnettes de Genève

Création 2016 Théâtre des marionnettes de Genève Marionnettes à fils, marionnettes de table, comédiens

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Le spectacle La traversée de plusieurs éléments - air, terre et eau - permet à la fable d’aborder avec délicatesse et pudeur les dimensions liées à la résilience, cette faculté à surmonter les épreuves et à en tirer le meilleur. Mais elle évoque aussi la difficulté à trouver sa place dans le vaste le monde à travers l’adoption. La marionnette à fils excelle à traduire les métaphores et situations mettant en jeu filiation, lien, et appartenance à une communauté. Dans un parcours ludique et vital à travers différents épisodes vécus comme autant de scènes qui se relient entre elles pour reconstituer l’histoire d’une vie, Tombé du Nid dévoile que nous sommes autant adoptants qu’adoptés en composant nous-mêmes nos familles d’accueil. Des images efficaces, des gestes éloquents et un texte épuré explorent de manière simple et profonde la figure de la famille, de la fratrie, de nos origines et de ce qui permet de construire notre identité.

La famille, figure polymorphe

De l’Antiquité à nos jours, la notion et la définition de la famille ont largement évolué, allant tantôt dans le sens d’un élargissement, tantôt dans le sens d’une restriction, que ce soit pour des questions de protection de l’enfant, d’héritage, de droit parental ou encore de reconnaissance. Les récents soulèvements en France contre le mariage pour tous ont révélé à quel point la famille cristallise une vision profonde des liens qui régissent une société. La reconnaissance du mariage homosexuel marque la volonté de différencier l’union juridique du besoin de reproduction biologique, mais soulève encore de très fortes résistances. On comprend donc à travers ces tensions sociales que la famille, à la fois changeante et universelle, représente bien plus que de simples liens de parenté. Elle est aussi le symbole de la transmission et de la cohésion sociale. Pour Serge Hefez (La fabrique de la famille, 2016) la famille se situe au point d’équilibre entre la verticalité des transmissions ancestrales et l’horizontalité d’une société en mouvement: entre les relations héritées – la filiation - et les relations vécues dans le présent - les relations charnelles - . Cette approche, en plus d’offrir une image claire des différentes composantes d’un groupe humain, a le mérite de donner à voir que la famille se situe exactement à cette intersection, point de cristallisation des tensions. Qu’on l’aime ou qu’on la haïsse, la famille nous précède, nous survit et nous concerne tous. Dans Tombé du Nid, nous abordons la famille comme faisant inévitablement de nous des êtres complexes, mais aussi les familles, au pluriel, en tant que groupes auxquels nous nous attachons biologiquement. Cette ouverture - l’oisillon peut-il être élevé par des taupes? - pose la question de la famille de sang et de la famille de cœur, de la nécessité ou non d’être élevé par ses semblables. Donnée biologique, la famille est aussi une véritable construction sociale surtout quand une adoption vient désarticuler et recomposer une famille traditionnelle.

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Abandon, adoption & adaptation « La résilience est un processus constamment possible, à condition que la personne en cours de développement rencontre un objet signifiant pour elle. »

Boris Cyrulnik, Les Vilains petits canards Abandon Tombé du Nid commence avec la chute de l’oisillon qui se retrouve seul et abandonné au pied de l’arbre, incapable d’y remonter. C’est volontairement que nous laissons ouverte la question du pourquoi. S’agit-il d’un rejet volontaire de son groupe familial, d’un accident ? Nous avons expressément choisi de ne pas répondre à cette question : Tombé du nid s’attache à la phase de l’adoption et à la phase de reconstruction qui la constitue. Pour nombre d’enfants adoptés, cette question du pourquoi reste souvent mystérieuse. Nous souhaitons avant tout nous concentrer directement sur le sentiment de solitude et de manque de ressources affectives du petit oiseau, des émotions que des enfants dès 4 ans ont déjà pu rencontrer ou éprouver, même dans des situations beaucoup moins radicales que celles évoquées dans le spectacle. Adoption Les situations adoptives sont aussi nombreuses qu’il existe d’individus. Dans notre spectacle, nous avons choisi de traiter de l’accueil volontaire d’un enfant dans une nouvelle famille. L’adoption est toujours à envisager selon deux points de vue, celui de l’adopté, l’enfant, et celui de l’adoptant, les parents et les frères et sœurs, ce qui rend la thématique pertinente et universelle : en tant qu’adultes, nous avons été enfants et nous sommes peut-être devenus parents et en tant qu’enfants, nous sommes fortement dépendants de notre rapport à la famille, qu’elle soit présente ou non. Tombé du Nid met l’accent sur la figure de l’adopté. Malgré le fait que l’oisillon ne parle pas, ou très peu, nous arrivons à comprendre ses sentiments, ses peurs et ses appréhensions grâce aux situations jouées - les repas, le coucher- et aux interventions subtiles et poétiques des narrateurs. Adaptation L’adoption requiert une formidable faculté d’adaptation de part et d’autre. La famille qui reçoit un enfant venu d’ailleurs doit s’adapter à ce nouveau venu qu’elle ne connaît pas, mais surtout, le jeune enfant coupé de son milieu “naturel” doit entrer dans un monde nouveau. Aux différences culturelles peuvent s’ajouter des différences de catégories sociales, de capacités économiques ou encore de générations. “Nous sommes tous des adoptés, nous sommes tous des adoptants” disait Françoise Dolto. En ce sens, l’enfant adopté doit également apprivoiser sa nouvelle famille pour que l’adoption soit effective. Pour rendre visible et immédiate la tâche souvent énorme mais néanmoins possible que peut représenter l’adaptation d’un enfant dans une nouvelle famille, nous avons choisi de faire évoluer notre oisillon d’un milieu à l’autre: aérien, souterrain, aquatique. Des existences peuvent s’y dérouler de manières très différentes, mais on y retrouve toujours le même visage de la vie.

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Le rapport filial Dans filiation, il y a fil… Les images de la langue française sont ici des éléments précieux que nous développons sur scène, dans le souci de matérialiser ce qui pourrait n’être que discours. Ce fil, dans certaines expériences de vie, est coupé. Il est celui qui nous relie à nos parents biologiques, à notre histoire héritée; il est ce fameux fil de la verticalité chez Hefez. Chez certains enfants, le fil est coupé: abandonnés, orphelins, laissés pour compte, ils vivent une histoire dont ils ne connaissent pas tout, une histoire où un fil fondamental n’est plus relié à sa source… A quoi se rattacher pour se reconstruire? Tout est question de liens. Dans Tombé du Nid, l’adoption n’est pas explicitement nommée, mais on raconte l’histoire de ces nouveaux liens qui se font et se défont, des histoires qui se nouent ou se dénouent, des fils que l’on coupe pour pouvoir vivre ailleurs, plus librement.

Entretien avec Isabelle Matter, metteure en scène et dramaturge Propos recueillis par Bertrand Tappolet, janvier 2016. Bertrand Tappolet: D’où vous est venue l’idée d’un oisillon tombé du nid et parcourant les différents éléments (terre, air, eau) ?

Isabelle Matter: Elle est tirée d’une histoire familiale réelle. La famille d’accueil avait le sentiment d’avoir accompli un geste bienveillant en accueillant un enfant venu d'un pays lointain. En apparence, il semblait heureux dans sa nouvelle famille. Mais personne ne s’était rendu compte de quel nid il était tombé, ni à quels sacrifices il avait dû consentir pour s’intégrer à sa nouvelle vie familiale. Les incompréhensions culturelles ajoutées à celles de la langue avaient été surmontées par le jeu, l'amour et la tendresse, mais une zone d'ombre appartenait secrètement à ce nouveau frère, à ce nouveau fils. Cette zone d’ombre a grandi avec lui. A l'adolescence, certaines rencontres ont parsemé son chemin d'étapes délicates, d'expériences dangereuses. Mais, malgré un mal de vivre tenace qu'il trimballait au fond de lui, par sa dimension solaire, curieuse, positive et joyeuse, il a permis à sa nouvelle famille de vivre des moments magnifiques.

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BT: A vous suivre, nous sommes tous à la fois adoptés et adoptants. Vous interrogez ainsi la notion de famille qui a évolué au cours de l’histoire.

IM: Si une chose semble faire l'unanimité parmi les chercheurs en sciences sociales et humaines aujourd'hui, c'est de reconnaître qu'il n'existe aucun consensus sur une définition universelle de la famille. Et pourtant, cette notion se retrouve presque partout. Pour nombre de sociologues, ethnologues ou anthropologues, telle Françoise Héritier par exemple, la famille n'est pas sujette à des lois naturelles, elle est une construction de l'esprit, une construction purement sociale. La révolution industrielle et l'accélération des changements sociaux qui l'accompagnent jusqu'à nos jours ont profondément bouleversé la réalité et l'acception de la notion de famille: famille nucléaire, famille élargie, famille monoparentale, famille hétéro- ou homosexuées, famille recomposée. Cette réalité s'interroge et s'adapte sans cesse. Dans le cadre d'une adoption, l’idée de choix intervient : le parent adoptant (ad optare : « à choisir » en latin) a choisi d'inscrire dans la filiation un enfant qui n'est pas biologiquement le sien. C'est une filiation sociale. Mais l'enfant adopté va aussi, de façon plus ou moins consciente devoir répondre de ce choix : considérera-t-il cette nouvelle famille comme pleinement sienne? BT: Comment se présente l’esthétique des marionnettes ?

IM: Nous avons cherché à rendre palpable le processus formidable d'adaptation dont est capable l'être humain. Nous l'avons transposé dans une fable animalière avec le passage entre différents milieux : l'air, sous la terre, et l'eau, comme autant de milieux sociaux très différents que la vie nous impose parfois de traverser. Les marionnettes vont clairement jouer le jeu de l’anthropomorphisme. Malgré leurs formes animales, elles ont un visage humain, leur conférant ainsi des allures de chimères inspirées notamment par d'anciennes gravures de biologie. Leurs différences d'espèces sont traduites tant dans leurs corps et la matière qui les composent, qu’au niveau de la technique de manipulation. Les oiseaux sont ainsi des marionnettes à fils dont le corps aérien est tout en transparence. Les taupes sont opaques et à manipulation directe (marionnettes sur table), alors que le monde aquatique s’exprime par le fil, le flottement étant assimilé au vol pour l'oisillon. La technique est ici fondamentale. Le choix de la marionnette à fils est essentiel pour traduire en gestes et images la notion de filiation. L'oisillon seul au bas de son arbre devra, pour survivre, accepter l'invitation de la famille taupe et entrer dans le terrier. Mais comment pénétrer dans un terrier lorsqu'on a des fils qui relient au ciel ? La marionnette devra ainsi opérer un choix radical, et au printemps, lorsque l'appel du vol se fera sentir, elle pourra peut-être trouver autour d'elle, à travers de nouvelles rencontres, de l'aide pour renouer les fils. BT: La recherche se développe aussi autour de l'espace.

IM: Dans notre parabole animalière, l’adoption et l’adaptation à différents milieux, peut paraître un défi aussi important pour un enfant que pour notre oisillon de passer de l’air à la terre et à l’eau. Cependant, l'oisillon ne perd jamais complètement la trace du monde d'où il vient, ni de celui qu'il a traversé. Notre identité ne se construit-elle pas en intégrant nos provenances, nos expériences et nos différents besoins? Le lien entre ces trois éléments se manifeste autour d'un arbre de vie, qui est aussi généalogique. C’est l’arbre qui accueille le nid duquel chute l’oisillon. A sa base, se creusent les galeries des taupes. Ses racines se nourrissent à l’humidité d’un petit lac qui attirera l’oisillon. Il y aura effectivement un mélange de matières terreuses et d’espaces translucides. Les différentes expériences de vie traversées par l'oisillon seront traitées sous formes de scènes isolées, qui assemblées permettent de constituer son arbre de vie à lui.

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Scénographie La scénographie, imaginée par Khaled Kouri, est conçue comme un agencement de boîtes dans lesquelles les différentes scènes vont se jouer. Le lien entre ces boîtes, en plus de délimiter les espaces aériens, terreux et aquatiques, est la figure de l’arbre qui plonge ses racines jusque très profondément dans la terre. Les boîtes, par d’ingénieux procédés techniques se rejoignent ou s’assemblent et ouvrent de nouveaux espaces lorsqu’on les change d’orientation ou qu’on les empile les unes sur les autres. Eclairées de manière indépendantes, elles offrent des petits espaces d’animation qui permettent de faire des zooms, de changer d’échelle et de mettre en valeur certains éléments, comme le coucou qui rythme la vie quotidienne, ou l’œuf aperçu comme un souvenir lointain, un rêve qui brille dans la nuit mystérieuse de l’imaginaire de l’oisillon. Trois espaces, trois éléments, trois couleurs Dans Tombé du Nid, nous retrouvons trois espaces principaux qui sont chacun marqués par un élément et une couleur particulière. Le monde terrestre, le sol sur lequel il tombe au tout début de la pièce et où il reviendra par la suite, est dans les teintes chaudes d’un ocre-rouge. Le monde souterrain de sa famille d’adoption - les taupes - est bleu, couleur céleste par excellence, contre toute attente. Un anthropomorphisme assumé fait apparaître du mobilier “humain” tel qu’une table, une chaise, un petit hamac, une lampe ou des toilettes bleues. Le monde aquatique dominé par notre volubile poisson maître-nageur Raymond, lui, est vert. Ces distinctions de couleur et d’éléments accentuent les limites de ces espaces et les transitions entre eux, comme autant de pas à franchir en matière d’adaptation. L’arbre généalogique et les racines “Tout homme est tiraillé entre deux besoins, le besoin de la Pirogue, c'est-à-dire du voyage, de l'arrachement à soi-même, et le besoin de l'Arbre, c'est-à-dire de l'enracinement, de l'identité, et les hommes errent constamment entre ces deux besoins, cédant tantôt à l'un tantôt à l'autre ; jusqu'au jour où ils comprennent que c'est avec l'Arbre qu'on fabrique la Pirogue.“

Mythe mélanésien, île du Vuanatu Dans notre scénographie, chaque boîte est une étape traversée dans la vie de notre oisillon pour se construire. Dans chacune, on retrouve, d’une manière ou d’une autre, un morceau d’arbre. L’arbre duquel il est tombé, l’arbre sous lequel il a été recueilli, l’arbre duquel il s’est éloigné pour grandir, l’arbre vers lequel il reviendra. Cet arbre, dont on n’aperçoit jamais la cime, va nous apparaître reconstitué par ces bribes de vie uniquement à la fin de la pièce, lorsque les boîtes seront assemblées. Chaque parcours de vie est unique. Si certains apparaissent peut-être décousus, accidentés, ils n’en constituent pas moins une image que l’on peut saisir dans celle d’un arbre de vie. Dans notre spectacle, l’arbre de vie est constitué par toutes les étapes et épreuves qu’a dû traverser l’oisillon pour pouvoir connaître sa vraie nature.

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Marionnettes Les oiseaux : du fil au lien Comment mieux aborder la question de la filiation que par le biais de la marionnette à fils? Nous avons souhaité explorer cette configuration particulière de la manipulation, où le manipulateur se situe au-dessus du personnage. Cette position qui rend tout mouvement de la marionnette dépendant d’une source supérieure, parfois invisible lorsque le manipulateur est caché, parfois à vue, est aussi une belle métaphore de notre rapport à la vie. Ne laisse-t-elle pas transparaître que nous sommes tous animés par des sources visibles ou invisibles? Que ce soit des blessures imprimées dans notre subconscient, des manques affectifs, des schémas relationnels, des héritages culturels, des habitudes acquises socialement, ou encore des forces mystérieuses, ne sommes-nous pas mus par des dimensions qui nous dépassent souvent, et dans l’enfance tout particulièrement ? Toutes ces sources, à savoir notre histoire, notre patrimoine, notre milieu environnant peuvent être des facteurs qui déterminent nos actions. Dans Tombé du Nid, les fils sont comme le cordon ombilical qui relie l’oisillon à son histoire verticale, d’autant plus verticale qu’est haute la branche de laquelle il est tombé. Les matériaux utilisés pour réaliser les marionnettes des oiseaux sont faits de transparences: voiles cousus sur des armatures, dessins brodés au fil, tout rappelle la légèreté et la délicatesse du monde aérien. Un parallèle subtil avec le monde de l’enfance et son innocence, mais aussi avec ce personnage encore sans blessures et sans marques, toile blanche sur laquelle il va écrire son histoire au gré des différentes rencontres. Les taupes : de la chaleur de la terre La famille taupe est la famille du réconfort, de la chaleur du refuge pour celui qui vit une perte. Cette famille un peu turbulente représente une vraie terre d’accueil, dans tous les sens du terme. C’est également un nouveau milieu auquel il faut s’adapter: le sous-terre. Les taupes sont des marionnettes de table, manipulées directement par l’arrière. Cette manipulation leur confère davantage de vivacité, mais représente aussi pour l’oisillon un défi physique: comment pénétrer dans ce nouvel espace auquel il est inadapté? Nous avons figuré cette adaptation en utilisant une double marionnette pour l’oisillon: en coupant symboliquement ses fils pour accéder à ce nouveau terrier, il devient une marionnette de table, mais une marionnette de table différente des autres. Les poissons : l’eau source de liberté L’univers aquatique est le dernier milieu traversé par l’oisillon dans la quête de ses origines. Une rencontre bénéfique et inattendue avec Raymond le poisson maître-nageur lui permettra de connaitre les premières sensations du vol, en s’exerçant dans l’eau, un élément rassurant qui l’empêche de se blesser dans son apprentissage. Pour suggérer la familiarité du mouvement du vol avec le flottement dans l’eau, nous avons également utilisé la marionnette à fils pour les poissons, et une transparence un peu plus opaque pour les matériaux. Ressemblances Bien que les marionnettes de ce spectacle soient constituées de matériaux très divers selon le milieu qu’elles représentent et qu’elles fassent appel à des techniques de manipulation bien spécifiques, elles présentent toutes un point commun : leur anthropomorphisme. Avec leurs visages humanisés et leur mode de vie qui nous ressemble – mobilier, vaisselle, habitudes – elles mettent en valeur des traits communs. Enfin, au-delà des différences, la première chose qui doit frapper le spectateur, c’est la ressemblance entre ces différentes espèces.

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Bibliographie indicative

Littérature jeunesse, 3 à 5 ans: Notre petit lapin, Kes Gray, illustration Mary McQuillan, éd. Gautier-Languereau Un album qui aborde avec tendresse et humour le sujet délicat de l’adoption. Jusqu’à présent, Timothée était un petit lapin qui vivait parfaitement heureux entre ses deux parents, Marguerite et Sergio, mais aujourd’hui, ses parents ont la lourde tâche de lui annoncer qu’ils ne sont pas ses vrais parents. Timothée tombe des nues parce qu’il n’avait jamais remarqué que sa maman était une vache et son papa un cheval, il croyait appartenir à n’importe quelle famille de lapins. Il prend soudain conscience de sa différence et le supporte mal, mais grâce aux paroles simples et rassurantes de Marguerite et Sergio, le petit lapin comprendra que le plus important est de se sentir bien dans une vraie famille, quelle qu’elle soit. Le texte sait se mettre à la portée des tout petits, par des mots simples et justes et les réactions du petit lapin sont à la fois drôles et touchantes. Une famille pour duvet, Anne-Marie Chapouton, illustration Amélie Dufour, éd. Bayard Jeunesse Fanny et Pistache, un couple de lapins, se désolent. Ils n’ont pas d’enfants. Ils ont pourtant un terrier accueillant, ils vivent dans un milieu dynamique et sûr. Rien n’y fait. Fanny pleure, elle ne sera jamais maman. Pistache propose une solution : solliciter la maison des petits lapins donnés. Madame Brioche et Mademoiselle Houpette veillent sur le destin de nombreux bébés lapins abandonnés. L’histoire décrit rapidement mais avec précision les mécanismes de l’adoption: les rencontres, les délais, les hésitations sont sensibles aussi bien dans le texte que dans les images. Dans un langage très compréhensible, le récit d’Anne-Marie Chapouton parcourt l’ensemble de la question, depuis les raisons du choix des futurs parents jusqu’à l’intégration de l’enfant adopté. Anika, Le jour où la famile s’est agrandie, texte et illustration Sabine Cotte, éd. Rue du monde Août 2003, Basile et ses parents s’envolent pour l’Inde où ils vont chercher la petite Anika de dix-neuf mois qu’ils adoptent. Du premier regard au dernier tampon sur le passeport, cet album relate ce moment, formidable et fort entre tous, de la rencontre entre les parents et la petite découvrant sa future famille. Cette aventure intime est présentée en toute simplicité, en toute sincérité. Cet album est un témoignage, dont sont issus les dessins, celui de l’expérience vécue par l’auteur - illustrateur lors de l’adoption réelle de la fillette, celui d’un voyage inoubliable.

Eric cherche un papa, Dagmar Garbe, illustration Marie-José Sacré, éd. Bilboquet Marie-José Sacré met en scène des animaux pour expliquer aux enfants les petites difficultés de la vie. Ici, sur un texte de Dagmar Garbe, voici un petit hérisson, nommé Eric, qui vit seul avec sa maman. Mais quelque chose lui manque : il désire très fort avoir un papa. Au zoo, Eric cherche alors parmi les animaux ; girafe, marmotte ou perroquet. Toutes ses tentatives échouent. Découragé, sur le chemin du retour, il fera la rencontre de Monsieur Hérisson qui acceptera d’être son papa. Un album joliment symbolique autour de l’adoption, des familles recomposées et de la solitude enfantine. Etangs, texte et illustration Sabine de Greef, éd. Pastel La vie autour d'un étang reculé. Un couple de grenouilles s'ennuie. Un jour, un oiseau blanc apporte une bonne nouvelle : la toute petite grenouille tant attendue arrivera bientôt. Le thème de l’adoption est ici traité avec tendresse et émotion.

Miguel, c’est moi, texte et illustration Laurence Afano, éd. Alice Jeunesse Laurence Afano a trouvé les mots justes pour parler de l’adoption, en choisissant non pas le point de vue des parents mais celui de l'enfant. Une nuit d’insomnie, un papa et une maman, qui ne le sont pas encore, entendent une petite voix, c’est celle de Miguel qui, à l’autre bout du monde, les appelle. C’est en fait l’histoire d’un enfant qui adopte ses parents racontée tout simplement et illustrée de manière enfantine et néanmoins subtile.

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Pour aller plus loin La fabrique de la famille, Serge Hefez, Valérie Péronnet, Editions Kero,. 2016 Origines, Amin Maalouf, Editions Grasset, 2004 Les vilains petits canards, Cyrulnik Boris, Editions Odile Jacob, 2001

Ressources : Vivre et grandir dans l’adoption: Entre appartenances et quête d'identité, Cécile Delannoy et Catherine Vallée, Editions La Découverte, 2012.

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Liens au PER et objectifs d’apprentissage

Avant, durant ou au plus tard à la fin du projet, l’élève sera amené à :

� Capacités Transversales :

COLLABORATION Prise en compte de l’autre - manifester une ouverture à la diversité culturelle ; - accueillir l'autre avec ses caractéristiques ;

PENSEE CREATRICE Reconnaissance de sa part sensible - faire une place au rêve et à l'imaginaire; - identifier et apprécier les éléments originaux d'une création;

� Formation générale

Ce spectacle est à prendre dans sa globalité. Il poursuit en ce sens l’objectif transversal de tout le plan d’études : le développement personnel. Lien fort avec FG 18 – Se situer à la fois comme individu et comme membre de différents groupes… D : … en identifiant ses caractéristiques personnelles (genre, langue, famille, …). E : … en prenant conscience des différences et des points communs dans les comportements lors de situations familières. F : … en se reconnaissant comme un membre d’un groupe et en prenant conscience de son rôle d’enfant.

� Ethique (le spectacle traite l’altérité, sans connotation religieuse particulière)

SHS 12 - explorer le temps vécu par sa famille (arbre généalogique) SHS 15 - observer, découvrir et réfléchir sur les ressemblances et les différences entre les élèves

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Activités à faire en classe

Dessiner son arbre généalogique L’activité est prévue

☒ avant ☐ pendant ☒ après l’activité culturelle

☐ L’activité est indispensable à la bonne réception du spectacle

Matériel nécessaire: papier, crayons de couleur.

Variante: apporter des photos de soi, de ses parents, de ses frères et sœurs etc. Temps: 40’

Déroulement: l’enseignant/e demande à chaque élève de se dessiner sur des petites cartes au format A6. Ensuite, ils dessinent leur père, leur mère ou toutes les autres personnes qui assurent la parentalité sur des cartes différentes, ainsi que les éventuels frères et sœurs et les grands-parents. Une fois les cartes dessinées, on les assemble et on les colle sur une plus grande feuille pour former un arbre, que l’on peut dessiner et décorer. Comparer et admirer les arbres des autres élèves.

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Questions à développer après avoir fait son arbre généalogique:

L’activité est prévue

☒ avant ☐ pendant ☒ après l’activité culturelle

☐ L’activité est indispensable à la bonne réception du spectacle

• Connaissez-vous les prénoms de vos parents, grands-parents?

• Connaissez-vous les noms de famille de vos parents, grands-parents?

• Savez-vous d’où viennent vos parents, vos grands-parents? De quel village, de quelle région, de quel pays?

• Quelles autres personnes font partie de votre famille ? Comment les nommer ? Où les placer sur les branches ?

TMG-®CaroleParodi – pour toutes les photographies de ce document