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PREFACE

Il n'y a guère de ville musulmane en Algériesur laquelle on ail autant écrit que surTlemcen. Son histoire, son épigraphie, sonarchéologie, ont déjà fait l'objet d'asseznombreuses publications. Parmi elles, il fautciter en première ligne les ouvrages de l'abbéBarges. A la suite d'un voyage accompli danscette ville au lendemain de l'entrée destroupes françaises (septembre-octobre 1846 ,ce savant s'éprit pour Tlemcen d'un véritableamour. La majeure partie de son œuvred'arabisant fut dès lors consacrée à l'étude del'antique capitale zei-yànide. Ses notes devoyage ont été réunies par lui clans sonouvrage intitulé : Tlemcen, ancienne capitaledu royaume de ce nom 1 . Ce livre, malgré delégères erreurs, que la brièveté du séjour faitpar l'auteur dans la cité de Yarmoràsen rendfort excusables, est rempli de documents

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intéressants, de précieuses observationspersonnelles, il

1. Tlemcen, ancienne capitale du royaume dece nom (sa topographie, son histoire,description de ses principaux monuments,anecdotes, légendes et récits divers),souvenir d'un voyage. Paris, 1859.

a surtout l'immense avantage de nousretracer de Tlem-cen un tableau qui, sur biendes points, bêlas ! n'appartient déjà plus qu'àl'histoire. En 1852, Barges avait publié sonHistoire des Beni-Zeiyân * ; en 1887, il donnale Complément de l'Histoire des Beni-Zeiyân- ; entre-temps il avait consacré deuxbrochures l'une à l'étude du grand sainttlemcenicn, Sidi Bou-Médyen 3 , l'autre à unessai sur le commerce de Tlemcen avec leSoudan au moyen âge' 1 .

D'une importance presque égale aux travaux

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de l'abbé Barges sont ceux de Ch. Brosselard,qui habita Tlemcen pendant de longuesannées (il y fut sous-préfet de 1853 à 18(32).Entouré de lettrés musulmans, dans lasociété desquels il se plaisait fort, ce bonarabisant débrouilla, avec une rare sagacité,l'épigraphic llemccnienne. Les inscriptionsde Tlemcen, publiées par lui avecd'abondants commentaires, offrent desdocuments de premier ordre à quiconqueveut étudier l'archéologie et l'histoire de celleville 5 .

L'intérêt architectural des monumentstlemceniens

1. Histoire des Beni-Zeiyân, vois de Tlemcen,par l'imam Cidi Abou-Abd Allah-Mohammedlbn Abd'el-Djelylel-Tenessy, traduit del'arabe. Paris, 18S2; Sur el-Tenessy (-J- 1494899 de l'hégire), cf. Journal asiatique,novembre-décembre 1851, p. 586 et ss.;

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Barges, complément de l'Histoire des Beni-Zeiyân, p. 319 et ss.

'J. Complément deVRistoire des Beni-Zeiyân,rois de Tlemcen. Paris, 1887.

3. Vie du célèbre marabout Cidi Abou-Médien. Paris, 1884.

i. Mémoire sur les relations commerciales deTlemcen avec le Soudan sous le règne desBeni-Zeiyân (Extrait de Berue de l'Orient).Paris, 1853.

5. Tombeaux des Emirs Béni Zeiyân et deBoabdil. Paris, 1S1C (Extrait du .tournaiasiatique) ; — les Inscriptions arabes deTlemcen, dans lievue Africaine, 1858 à 1861.

n'échappa pas à Duthoit, qui fut inspecteurdes monuments historiques en Algérie de1871 à 1880. 11 a laissé sur eux, dans unrapport, d'importantes observations

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accompagnées de croquis, de dessins et deplans. C'est là une source importante derenseignements dont il importe détenircompte dans une élude d'ensemble del'architecture tlemcenienne '.

11 convient de mentionner aussi une bonnemonographie de Piesse, continuée par Canal,dans la Revue de F Afrique française -.

Dans la masse des descriptions moinsscientifiques que pseudo-littéraires inspiréespar Tlemeen à des visiteurs d'un jour, il fautsignaler les jolies pages qu'Ary Renan aconsacrées à ses monuments dans la Gazettedes Beaux-Arts* et les articles moinsestimables parus dans le Tour du inonde etsignés de Lorral '.

Enfin une large part est faite aux édificestlemceniens dans la bonne étude d'ensembleque Basset a publiée sur le Développement

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historique de Part maghribin dans Y Algériepar ses monuments ■'.

De ces publications, les unes, comme lesouvrages de Barges, tirées à un nombre assezrestreintd'exemplaires, sont aujourd'huidevenues fort rares; les autres sont éparsesdans diverses revues ou dans des collections

1. Archives des Missions scientifiques. 3"série, t. I, 1873. p. 305 etsuiv.

2. Revue de l'Afrique française, 1888, n"39-."i."î reunis en volume 1899.

3. Gazettedes Beaux-Arts, 111" part., t. VII, p.383-400; t. IX. 177-193.

4. Tour du Monde,IHlij, p. 300-68. — Citonsaussi E. Barclay, The Mosques of Tlemeendans F.nyl. illustred Magazine, février 1802.

5. L'Algérie par ses monuments : 11,

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domination arabe. Paris, 1900.

comme les Archives des Missionsscientifiques, difficilement accessibles aupublic. Il a paru qu'une étude d'ensemble surles monuments tlemceniens ne serait pasinutile; et M. le directeur des Beaux-Arts abien voulu nous en confier l'entreprise. Aussibien il nous restait peut-être à faire quelquechose de plus que nos devanciers. Leprincipal intérêt des édifices tlemceniensréside, comme nous espérons le montrerplus loin, dans l'évidente parenté qui les unitaux monuments andalous. Que l'on songe,d'autre part,que GiraultdePrangey,dontYEssiti sur V architecture des Mores 'demeure le meilleur manuel d'archéologiemusulmane occidentale, ignoraitentièrement les monuments de ïlemcen, etl'on comprendra que, sur ce terrain, uneétude comparative restait à faire; nousl'avons tentée dans cet ouvrage.

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L'introduction paraîtra peut-être démesurée.Après mûre réflexion, nous avons jugé àpropos de grouper au début du livre, dans untableau d'ensemble, les observa-lions d'ordreun peu général sur le style, la construction,la décoration, que nous a suggérées l'étudeindividuelle des monuments tlemceniens. Dela sorte cette introduction peut êtreconsidérée comme un essai de petit précis del'art arabe maghribin ; et sur bien des points,dans le reste de l'ouvrage, nous n'avons euqu'à y renvoyer.

Les dessins qui illustrent ce livre sontl'œuvre de l'un

I. Essai sw l'architecture des Arabes el desMores en Espagne, en Sicile et en Barbarie.Paris, 1841.

de nous. Ils ont été exécutés tout exprès enprésence des monuments pendant les mois

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de mai, juin et juillet 1902. Un petit nombred'entre eux seulement a été emprunté auxrelevés des édifices tlemceniens, qui figurentdans les dossiers des monumentshistoriques. Des photographies, quelques-unes sont l'œuvre de M. S. Gsell, et de M. lecapitaine Bertillon, que nous remercionsvivement de cette communication dedocuments. Nous sommes redevables de laplus grande partie à nos amis, MM. Chantronet Perdi'izet, professeurs au collège deTlemcen. Avec une bonne grâce infatigable,ils ont mis à notre disposition leur talent dephotographes, et c'est au cours de noscommunes promenades archéologiques àtravers les rues de Tlemcen et les chemins desa banlieue que les clichés reproduits dansles planches de cet ouvrage ont été réunis. Cesont pour nous, qu'il nous soit permis de ledire, non seulement des documents, maisaussi de bons souvenirs.

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Nous devons enfin remercier toutparticulièrement M. S. Gsell, professeur àl'Ecole des Lettres d'Alger, dont lacomplaisance nous a épargné les soucismatériels de la reproduction phototypique,de la correction des épreuves de l'illustration.Four tout cequi concerne celte partie del'ouvrage il a prêté un continuel secours ànotre inexpérience, et nous lui en avons unebien vive gratitude.

Tlemcen, octobre 1902.

William et Georges Marçais.

INTRODUCTION

A mi-hauteur de la pente qui descend duDjebel Terni, enveloppée de massifsséculaires d'oliviers, de figuiers et de téré-liintlies, ayant à ses pieds le lapis changeantdes vallées de la Tafna et de la Safsaf,Tlemcen, « la bien gardée de Dieu », occupe

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une des plus admirables positions que puissechoisir un faiseur de villes. Au Sud, elle a lacouronne des plateaux rocheux ; au Nord,elle domine la plaine semée de villages, demarabouts et que ferme très loin la lignesouple des hauteurs. A l'Ouest, s'élèvent aumilieu des champs de vignes les ruinesgrandioses d'El-Mansourah la guerrière ; àl'Est, au liane de la montagne, se groupe lepetit bourg sacré d'El-Eubbâd où dort le saintle plus vénéré du Maghrib.

Les chants populaires composés enl'honneur de la vieille cité sont innombrables; et les écrivains d'école ont assemblé, pourdécrire son charme, toutes les fleurs de larhétorique arabe. Suivant Yahya-ben-Khaldoun : «Elle est semblable à une jeunefiancée sur son lit nuptial. Les palais deTlemcen éclipsent le Khawernaq, font rougirEr-Roçâfa, et se moquent d'es-Sedir 1 .

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1. Le Khawernaq el le Sedir étaient des palaisdes mis de Hira, cr-Roçtifa des palaisabbassides dont la splendeur esl devenueproverbiale dans la littérature arabe.

Les vallées fleuries qui l'entourent sontpleines do sources, étin-celantes commelalame qu'on tire du fourreau. » Et, aprèsavoir épuisé les hyperboles, il citesuccessivement les poètes Abou-Abdallah-ben-Khemîs, El-Hâdj-ben-Abou-Jemâa, Ibn-Khafadja, Abou-Obaïd qui tous chantentàl'envi les grâces de la perle du Maghrib 1 .Plus robuste et plus substantielle est la prosenaïve de Jean Temporal, le traducteur deJean-Léon dit Léon l'Africain, qui la visita auxvi" siècle : « Telonsin, dit-il, est une grandeet royale cité. Du temps du roi Abou-Tesfin,elle parvint jusques au nombre de seize millefeux, et si elle était acGrue en grandeur, ellen'était pas moindre en civilité et honnêtefaçon de vivre... Tous les marchands et

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artisans sont séparés en diverses places etrues, comme nous avons dit de la cité de Fez.Mais les maisons ne sont pas si belles ni de(elle étoffe et cou-tanges. Outre cela, il v a debeaux temples et bien ordonnés. Puis setrouvent cinq collèges d'une belle structureornés de mosaïques et d'autres ouvragesexcellents dont les aucuns furent édifiés parles rois de Telensin et les autres par les roisde Fez... Il s'y trouve davantage un grandnombre d'hôtelleries à la mode africaine,entre lesquelles il en est deux où logentordinairement les marchands genevois etvénitiens. Et sont les muraillesmerveilleusement hautes et fortes donnantentrée par cinq portes très commodes et bienferrées, joignant lesquelles sont les loges desofficiers, gardes, et gabel-liers. Hors la villese voient de belles possessions et maisons, làoù les citoyens ont accoutumé en temps d'étédemeurer pour le bel ébat qu'on y trouve,pour ce qu'outre la plaisance et belle assiette

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du lieu, il y a des puits et fontaines

l. Bagkyat-er-Rouioâd (manuscrit de laMédersa de Tlemcen. n° Il . fol. 27; Barges,Complément <li> l'Histoire des Béni Zeiyân,p. 511 et suiv.

vives d'eau douce et fraîche. Puis, au dedansle pourpris de chacune possession, sonidestreilles de vignes qui produisent des raisinsde diverses couleurs et d'un goût fort délicatavec des cerises de toutes sortes et en sigrande quantité que je n'en vis jamais tanten lieu où je me sois trouvé.

Les habitants de Telensin sont divisés enquatre parties, écoliers, marchands, soldatset artisans. Les marchands sont pécunieux,opulents en possession, hommes justesayanten singulière recommandation laloyauté et honnêteté de leurs affaires, etprenant merveilleusement plaisir à tenir la

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cité garnie, en sorte (pie, pour y faireconduire la marchandise, se transportent aupays des noirs'.Les artisans sont fortdisposetbien pris de leurs personnes, menant unetrès plaisante vie et paisible, et n'ont d'autrechose qui leur revienne mieux que de sedonner du bon temps. Les soldats du roi sonttous gens d'élite, et soudoyés suivant qu'onles sent suffisants et mettables, tellementque le moindre d'entre eux touche 300ducats par mois... Les écoliers sont fortpauvres et demeurent aux collèges avec unetrès grande misère ; mais, quand ils viennentà être docto-rés, on leur donne quelqueoffice de lecteur ou de notaire, ou bien ils sefont prêtres. Les marchands et citoyens vonthonorablement vêtus, et le plus souventmieux en ordre que ceux de Fez, parce qu'àvrai dire ils sont plus magnifiques et libéraux2 . »

Ce tableau séduisant n'est malheureusement

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plus conforme en beaucoup de points à lavérité actuelle. Où sont « les cinq collègesd'une belle structure » où enseignèrent SidiSenousi, le

1. Cf.. sur le commerce de TIemcen avec lespays «lu Soudan, Barges, ouvrage cité, p. ir,note 4.

2. Description <le V Afrique, tierce partie dumonde, écrite par Jean-Léon 1 Africain,édition Schefer, Paris, 1898, 111, p. 20-29.

chérif Abou-Abdallah, Sîdi Ben-Merzouq El-hafid, et le grand historien des Berbères Abder-Rahmân-Ben-Khaldoun, et tant

de cliikhs si savants et si respectables 1 ? Oùest la Médersa Tâchfinîya dont le beauportail de mosaïque s*élevait naguère encoresur remplacement de la place d'Alger actuelle2 ? Mais il est trop tard pour se plaindre,pour déplorer le vandalisme des maitresde

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Tlemcen pendant les trois derniers siècles. Ilfaut se contenter d'admirer ce qui subsiste dela « grande et royale cité» et de conserverjalousemeni ces restes si intéressants parleur valeur d'art et leur importancehistorique.

Tout d'abord il nous parait indispensable deretracer dans ses grandes lignes le passéhistorique de Tlemcen. Nous le ferons bienentendu au seul point de vue qui nousoccupe. Il ne s'agit pas ici de mettre enlumière le rôle exact que tint cette ville dansl'histoire générale de l'Afrique mineuredepuis la conquête musulmane, mais dedresser simplement, en suivant le cours desâges, le bilan de ce que Tlemcen doit degloire architecturale à chacun de ses anciensmaîtres.

Agadir jusqu'à la conquête almoravide et à lafondation de Tagrdrt. — Tlemcen est la

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Pomaria romaine. La ville antique étaitsituée sur le plateau où est aujourd'huiAgadir, Le nom de Pomaria a été relevé dansplusieurs inscriptions trouvées sur cetemplacement 3 . On ignore ce qu'étaitexacte-

1. Cf., sur les écoles de Tlemcen smis lesDéni Zeiyàn, le chapitre xiv de Barges,Tlemcen, ancienne capitale du royaume de cenom.

2. Cf., sur cel édifice, infrà, p. 27. note 2.

3. Cf. Barges, Tlemcen. capitule du royaumede ce nom. p. 17.'j ; — I. Kli.il-doun, Histoiredes Berbères (traduction), III. p. 323: —Audollent, Sur un groupe d'inscriptions dePomaria (Tlemcen) eu Mauritaniecésarienne (Mélanges Rossi. Publications deV Ecole française de Home, 1892. p. 127-135); — C. /. /.., vin, 9906-9908, 9955-9960;

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— consulter aussi avec précaution Canal,Pomaria-Tlemcen sous la domina/ionromaine (extrait du Bulletin de géographie etd'archéologie d'Oran, 1889).

INTRODUCTION U

mont la localité à l'époque <lc la conquêtemusulmane. Sun sol n'a pas fournid'antiquités romaines ou byzantines demarque. Les incursions de la premièreinvasion arabe durent passer sur Tlemcencomme sur le reste de l'Afrique mineure sansy laisser de traces sérieuses. Au témoignaged'Ibn-Khaldoun, elle aurait été conquise parA.bou'1-Mohâdjir, lieutenanl d'I >qba-ben-Nâfi, et, en souvenir do ce lointainévénement, une source tlemcenienne auraitporté encore, à l'époque du grand historien,le nom de Aïn-El-Mohâdjir 1 . Rappelonsaussi pour mémoire une tradition locale quifait do l'un dos saints les plus anciens do la

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ville, Sidi Wahhâb, un compagnon duprophète venu à la suite d'Oqba a la conquêtedu Maghrib et mort à Tlemcen-. A l'époquehéroïque du Khâridjisme, Tlemcen apparaîtcomme le siège (Tune petite principautéçofrite avec, pour imam, Abou-Qorra. Mais,en 790 (174 do l'hégire . elle est conquise parIdris I er . C'est au nom de ce prince qu'estattachée la première mention historiqued'une construction d'édifice à Tlemcen. «Idris, dit l'auteur du Qartds, entra sans coupférir ii Tlemcen, donna Vamdn au peuple etédifia une belle mosquée qu'il orna d'unechaire sur laquelle il fit graver ces mots : «Au nom de Dieu le clément, lemiséricordieux. Cette mosquée a

1. Histoire des Berbères (traduction), III. p.331. Aujourd'hui l'on ne connaît plus Ain-El-Mohndjir ; toutefois une source située dansla montagne au-dessus de Mansourah portele nom de Aïn-El-Mo.ljer, et la tradition

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locile veut que l'empreinte des pas d'uncompagnon du Prophète soit marquée toutauprès.

2. Le nom de.ee personnage dont la qoubbaest très vénérée se trouve écrit dans lestextes Wahb-ben-Monebbih [par exempleBostân, nuire manuscrit, p. tint : il y a là unecurieuse confusion populaire avec le Juifconverti. compagnon du prophète qui portece nom (Cf. Doutté, les Marabouts, p. 66.noies ~i. S ; — sur Wahb-ben-Monebbih :Chauvin, Recension égyptienne 'les Mille etune Nuits, :U-.'i2. 51-58); — rappelons aussila légende locale qui f:iit d'Agadir une desstations du fabuleux voyage de Moïse et deRhidhr : elle esl abondamment étudiée apudBasset, Nedromah et les Traras, XXI.

été élevée par les ordres de l'imam Idrîs-ben-Abdallah-ben-Hosaïn'. »

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Il importe de ne pas oublier qu'à celteépoque, Tlemcen, c'est Agadir, et rien deplus-, et des monuments tlemceniens celuidont l'édification première remonte le plusloin dans le passé se trouverait doue être lamosquée d'Agadir. Elle suliit au reste defréquentes restaurations, reçut de nombreuxcompléments dans la suite des âges. Idris IIy aurait retravaillé vingt-cinq ans après safondation ; les Omeyyades de Cordoue, lesBeni-Zeiyân y ajoutèrent ou y firent desréparations. Sous la domination Idrîside,Tlemcen Agadir) devint probablement unesorte de place avancée vis-à-vis de Tiaret laKhâridjite. La forte position du lieuengageait a s'y établir solidement. Aux âgessuivants, nous en voyons le commandementconfit'' par les Idrisides de Fâs à leurscousins les descendants de Solaïmân-ben-Abdallah. Dès cette époque lointaine,Tlemcen apparaît comme nue dépendanced'un empire marocain. Elle est la vassale de

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Fâs. 11 en sera presque continuellement demême jusqu'au jour où Yarmoràsen,débarrassé de la tutelle almohade, érigera laville en capitale d'un royaume indépendant.Mais cette longue tradition de vassalitépèsera lourdement sur les destinées deTlemcen. Fréquemment, ses voisins del'Ouest s'efforceront de la faire descendre deson nouveau rang, et de rétablir son antiquedépendance vis-à-vis deFâsetdeMarrâkecb.

1. Roudh-el-Qartâs (traduction Beaumier), p.11; — Histoire des Berbères [traduction), 11,p. 560; —Barges Complément de l'Histoiredes lieni Zeiyân, 535 536.

2. Le nom d'Agadir parait bien répondre àl'arabe djedâr, unir, endroit fortifié ; mais,comme on l'a remarqué, l'emprunt de ce molpar le berbère à une langue sémitique es1antérieur à la conquête arabe. 11 fautprobablement songer au phénicien gadir (cf.

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Barges, Tlemcen. ancienne capitale duroyaume de ce nom, p. 153; — Basset,Nedromah et les Tracas. XI, note 4).

La dynastie des Idrîsides ne tarda pas à êtrebattue en brèche par deux puissances rivales,les Omeyyades de Cordoue et les Fatimides.La branche de la famille idrîside fixée àTlemcen gouverne tantôt sous l'une, tantôtsous l'autre de ces suzerainetés. Puis, à lachute définitive des descendants d'Idris I er ,elle est remplacée dans le commandementde la ville par une famille d'émirs Maghràwa,les Beni-Khàzer, de la grande race berbèredes Zenata. Ces princes acceptentl'investiture des Omeyyades de Cordoue 1 .

Nous possédons des descriptions trèssommaires de Tlemcen au ix c siècle, laisséespar des voyageurs et des géographes arabes.Us la dépeignent comme une ville peuplée,dans une banlieue fertile, déjà construite et

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entourée d'un mur. Suivant Ibn-Haouqal(vers 950 de l'ère chrétienne), le mur est enbrique ; suivant El-Yaqoûbi (vers 967 de l'èrechrétienne), il est en pierre et il est double-.En 973, Tlemcen est prise et saccagée parBologgin e/.-Ziri, lieutenant des Fatimidesdans le Maghrib ; ses habitants sonttransportés à Achîr 3 .

Mais la ville se relève de ses ruines avec legouvernement des émirs Maghràwa, connussous le nom de Beni-Yala 4 . Préludant à sonrôle de future capitale, elle peut êtreconsidérée alors comme le siège dugouvernement du Maghrib central. Au xi csiècle, elle voit venir jusqu'il elle les hordesnomades de nouveaux envahisseurs, la tribuHilâlienne des Zighba. Mais

1. Cf., pour toule celte période de l'histoire deTlemcen, I. Khaldoun, Histoire des Berbères,III, 335, :;3i; ; — Roudh-el-Qartâs , p. 113.

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2. Ibn-Haouqal (éd. de Goeje . 63 : — El-Yaqoûbi (éd. de Goeje), texte 17 ; traduction,116, 111.

3. Cf. Lbn-Khaldoun, Histoire des Berbères,II, p. 10 : — Fournel, la Conquête del'Afrique. II. p. 363.

4. Cf., sur cette dynastie tlemcenienne,Histoire des Berbères, III, 26y-272.

El-Bekri, qui écrit a cette époque i lniiT-lOSO), la dépeint comme une ville prospèreet forte. Il y signale un reste de populationchrétienne (?) et donne le nom de cinq deses portes 1 . L'emplacement de deux aumoins peut facilement être déterminé : lapremière, la porte de Wahb, qui avait reçu lenom du vieux saint tlemcenien Sidi Wahb(Sîdi Wahhàb, cf. sit/trà, p. 11 . était situéeauprès de son tombeau, au Nord du petitbois de Sidi Yaqoùb ; mention en est faite

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dans des textes bien postérieurs 2 ; laseconde, l&porte de la montée (Bâb El-Aqba), était encore debout, il y a vingt ans.Située au levant d'Agadir, elle dominait letombeau de Sidi Dâoudi. Ce personnage, le «maître du pays » avant Sidi Bou-Médyen,appartient lui-même au V e siècle 3 . Sacoupole dut être édifiée pour la première foisà cette époque. Mais il n'y a plus riend'antique à discerner dans le petitmonument actuellement debout, auquel estattaché le nom du saint. Semblable ;ibeaucoup de qouhbas tlemceniennes, il a dûsubir, au cours des siècles, de fréquentesrestaurations. Conquête almoravide. —Fondation de Tagrdrt. — A la fin du xi" siècle,Tlemcen change de maîtres. Dès 1079, leprince almoravide Yousouf-ben-Tàchfinenvoie son général Mazdali contre la capitalemaghrawienne. En 1001, il vient lui-mêmerenouveler l'attaque, prend la ville, et soumetà son pouvoir tout leMaghrib central.

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Suivant une pratique dont l'histoire despeuples musulmans otfre de nombreuxexemples, il commença d'édifier une villenouvelle k l'endroit où s'était dressé son

1. El-Bekri, Description de l'Afriqueseptentrionale (éd. de SlaneJ, p. "G.

2. « La tombe de Sidi Yaqoùb, bien connue,et où les vœux sont exaucés, est située à laporte de Wahb-ben-Monebbih » (Bosldn,notre manuscrit. 601, in fine).

3. Abou-Jafar Ahmed ed-Dàoudi mourut en402 de l'hégire (1011 de 1ère chrétienne 1 .Cf. Index librorum quos a magistris didieitAbu ISequer Ben Khair Ed. Codera), 1, p. 87.

camp ; ce fut sur le vaste plateau, situé al'Ouest d'Agadir, à l'emplacement même dela ville moderne. Cette cité almora-viile,Tagrârt, est la véritable ancêtre de laTlemcen actuelle 1 . De sou berceau, Agadir,

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la ville se transporta une première fois versl'Ouest au xi" siècle, par ce curieux procédé.Au xiv e siècle, elle sera sur le point île subirun nouveau et semblable déplacement, avecla construction de Mansourah. Nous ren-voyonssurce point au chapitre consacré auxruines de cette localité. — Agadir prise, lanouvelle cité de Tagrârt demeura le siègeofficiel du Gouvernement. Les Almoravides yédifièrent un château-fort, qu'il fautprobablement identifier avec le Qaçr el-qadîm~. Tagrârt devait croître de plus enplus au fur et à mesure qu'Agadir déclinait,et survivre à cette dernière. Il semble certainqu'à la fin de la dynastie almoravide elleavait pris assez d'importance pour qu'onsongeât à y édifier une grande mosquée. Ladate de 1136 (530 de l'hégire), relevée surune inscription de la mosquée cathédrale deTlemcen, montre qu'on avait travaillé,à cetteépoque, aune partie essentielle de l'édifice, lacoupole du mihrâb 3 .

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Conquête almohade. —Tlemcen, après avoirété un des boulevards de l'empirealmoravide, vit la chute de cet empire. Ellefut le théâtre delà bataille décisive quel'almohade victorieux, Abd-el-Moumin, livraau dernier almoravide, Tâchfîn-

1. Tagrârt, dit Lbn-Rhaldoun, signifie camp(Malialla) en Berbère; — conf., pour lafondation de Tagrârt, Ibn-Khaldoun, II, p. 7U; III, p. 272; — Barges, Complément, p. 514(le passage de la Baghyat-er-Rouxoâd, traduitpar Barges à cet endroit, ne figure dansaucun des manuscrits que nous avonsexaminés).

2. Cf., sur le Quçr el-Qadîm : Brosselard,Tombeaux des Emirs Béni Zeiydn,

p. ;i3.

3. Cf. Brosselard. les Inscriptions de TlemcenRevue africaine, décembre 1858, p. 86, 81);

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— Barges. Tlemcen, ancienne capitale de cenom, p. 435; — sur d'autres traces de laconquête almoravide dans le pays deTlemcen, cf. Basset, Nedromah et les Tracas,p. 22 (inscription votive du temps).

ben-Ali. Les Almohades avaient établi etfortifié leur camp dans la gorge qui ouvre leplateau rocheux dominant la ville au Sud (es-Sakhratein, les deux rochers). Tagrârt, puisAgadir furent prises, et Tâchfin-ben-Alis'enfuit versOranoù il trouva la mort (1145)LAbd-el-Moumin, maître de la ville, la dévastad'abord ; puis, peu après, il fit relever lesremparts d'Agadir, augmenter ceux deTagrârt, et travailla a la Grande Musquée' ? .Ses successeurs l'imitent, accroissent etfortifient le vaste périmètre des murailles,surtout à l'époque de la lutte contre les BéniGhânya (^ 1185-1223). Yaqout, qui écril àl'époque almohade, donne île Tlemcen ladescription suivante : « Tlimsân (un Tnini-

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sân) est formée de deux villes voisines,entourées de murs el distantes l'une del'autre d'un jet de pierre. L'une est ancienne.l'autre nouvelle. La nouvelle, tracée par lesAlmoravides, s'appelle Tagrârt; c'est là querésident L'armée, les fonctionnaires etdiverses classes de gens. La vieille ville,Agadir est habitée par la masse du peuple 3 .» Les derniers Almohades

1. Cf. Histoire des Berbères, II, p. 85, p. 117 elss. (Tlemcen, dans ce texte, est biendistinguée de Tagrârt); III. p. 337; — Boudh-el-Qarlds, p. 206, 267 (suivant ce texte, lesAlmoravides, après la prise de Tagrârt, seseraient maintenus à Agadir jusqu'en 1149;— cf. l'exacte discussion de Barges à cetégard, ap. Tlemcen. ancienne capitale, etc..183, Isi

2. Cf. Histoire îles Berbères. 111, p. 337; —Roudh-el^Qarlâs, p. 269, où il es1 'lit qu'Abd

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el-Moumin bdlit la grande mosquée deTlemcen ; par là s'expliquerait ce fait que,dans l'inscription commémorative datée de530 de l'hégire, le nom de l'almoravide alorsrégnant ait été effacé (Cf. Harpes, Tlemcen.ancienne capitale, p. 435, el infrà : GrandeMosquée).

3. Yaqout, Modjam el-Boldân, p. S7U, S'il ; —sur les constructions des murs de Tlemcen àl'époque almohade, Barges, Tlemcen,ancienne capitale, p.187, 188.

Une juxtaposition toute semblable à celle deTagrârt et d'Agadir est encore visible à Fàs,composée île deux villes, séparées entre ellespar un oued et munies toutes deux d'uneenceinte : Fâs-el-Bâli el Fâs-Djadid. Fàs-el-Bâli (l'ancienne) est une agglomérationpopulaire, Fàs-Djadîd (la neuve) ne contient,outre le mettait, que la qasbah et lesrésidences des fonc- . tionnaires.

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retravaillèrent vraisemblablement à laGrande Mosquée. La coupole primitive dutombeau de Sîdi Bou-Médyen à El-Eubbâdfut l'œuvre <lu quatrième <le ces princes,Mohammed en-Nâcer 1 .

Les Abd-e.l-Wâdites; Tlemcen, capitale. —C'est à l'époque almohade que s'installèrentdans le pays de Tlemcen les ancêtres des pluscélèbres de ces futurs maîtres. La grandefamille berbère zenatienne des Abd-el-Wâd,refoulée du Sahara par l'invasion hilâlienne,remonta vers le Nord et vint s'établir dans lapartie occidentale du département actueld'Oran 2 . A la même époque, leurs frèresennemis, les Beni-Mérîn, venaient occuper lepays qui va de la Molouya à Fâs.

D'abord gouverneurs du pays de Tlemcenpour lesAlmohades, les Emirs abd-el-wâdites, au déclin de cette dynastie,s'affranchissent de toute suzeraineté, ("est

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Yarmorâsen-ben-Zeiyânqui accomplit cetacte d'indépendance. Tlemcen devientcapitale; un royaume du Maghrib centralapparaît dans l'histoire, à la lete duquel lessuccesseurs de Yarmoràsen se succèdentpendant près de trois siècles. Ibn Khaldounrésume en ces ternies l'avènement deTlemcen à une fortune plus haute : «Tlemcen est la capitale du Maghreb central,la métropole protectrice des tribuszenatiennes qu'elle est toujours prête aabriter dans son sein... Pendant les guerresd'Ibn-Ghânya, elle a vu tomber autour d'ellesde nombreuses forteresses, Qaçr-Adjiça,Zerqa, El-Khadhra, Metîdja, etc.. Depuis lors,ces

1. Cf. infrù : les Monuments de Sîdi Bou-Médixe; — Brosselard, les Inscriptionsarabes de Tlemcen [Revue africaine,décembre 18S9, p. 83); — Barges, I le île CidiBou-Médine, introduction.

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2. Le nom même des AJbd-el-Wàd demeurejusqu*à nouvel ordre inexplicable.

Cf.. sur les origines de cette tribu. Histoiredes Berbères, 111, 302, 326 et sniv.; —Barges, Complément de l'Histoire des BéniZeiyàn, 1-3, 540 et suiv. : — l'arbregénéalogique par lequel ees Berbèresprétendaient se rattacher .i la famille duprophète apud Barges, Histoire des BéniZeiyàn, 146, 147.

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villes sont restées désertes. Ou n'y trouveplus un seul foyer habité, on n'y entend plusle chant du coq. Tlemcen, au contraire, atoujours vu sa prospérité augmenter, sesquartiers s'étendre, ses maisons, solidementconstruites en briques et en tuiles, s'élever ets'agrandir. Les entants de Yarmorâsen-ben-Zeiyân, l'ayant prise pour siège île leur

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empire, y bâtirent de beaux palais et descaravansérails pour les voyageurs... Elle pritl'aspect d'une vraie capitale musulmane,siège d'un Kba-lifat 1 . » La tentative deYarmoràsen ne va pas, du reste, sansrencontrer d'obstacles. Ses quarante-quatreans de règne se passent en grande partie àrepousser les attaques de ses voisins de l'Estet de l'Ouest. Ces derniers surtout, lesMérinides, sous les successeurs deYarmoràsen, chercheront à ramener lenouvel empire sous la suzeraineté de Fâs etde Marrakech. Ils y réussirontmomentanément au cours du xiv° siècle, et,pendant vingt-cinq ans, ils seront maîtres deTlemcen. Cet interrègne mérinide coupe endeux parties distinctes l'histoire de ladynastie des Beni-Zeiyân.

I,<i première dynastie zeiyânide. — Ondistingue généralement la première brancherégnante des Beni-Zeiyân sous le nom de

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dynastie Abd-el-Wâdite. Ces monarquesconstruisirent beaucoup à Tlemcen. Lefondateur, Yarmoràsen, éleva le minaret dela Grande Mosquée. A l'histoire de cetteconstruction se rattache une anecdotecélèbre que l'on trouvera plus loin (Cf. infrà:Grande Mosquée). La coupole qui recouvrele tombeau de l'imâm Mohammed Ben-Merzouq, ;i l'angle Sud-Ouest du bâtiment,date de la même époque; et, suivant latradition, Yarmoràsen lui-même aurait étéinhumé tout auprès-. En

1. Histoire des Berbères, III, p. 339, 340.

2. Cf. liargos. Complément de l'Histoire deslïeni Zeii/ùn, p. iti ; —Brosselard,

même temps qu'il travaillait à la grandemosquée de Tagràrt, le monarque Abd-el-Wâdite n'oublia pas celle du vieil Agadir, lienfit réparer le dôme et le minaret 1 . Ce

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dernier, tel qu'il subsiste jusqu'à nos jours,nous offre très vraisemblablement l'œuvrede Yarmorâsen. Ce prince travaillaactivement aux remparts de la partieoccidentale de la Aille, dont les continuellesincursions de l'ennemi rendaient nécessairele renforcement 2 . Enfin les textesmentionnent qu'après la construction duminaret de la Grande Mosquée, Yarmorâsenabandonna le vieux château (El-Qaçr El-Qadim) pour des raisons de convenancepersonnelle et alla jeter dans la partieméridionale de la ville les fondations d'unnouvel édifice royal. C'est du Méchouar qu'ils'agit très vraisemblablement 3 . Cette œuvrearchitecturale de Yarmorâsen ne l'ut point,au reste,le fruit delà paix; c'est au milieu deguerres continuelles que le premier îlesBeni-Zeiyân accomplit ses desseins defondateur de capitale. A deux reprises, il dutévacuer Tlemcen, et le voyageur El-Abderi,qui visita la ville en 088, nous en trace un

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tableau assez triste : <■ Cette cité est trèsbelle ;i voir, dit-il, et contient de magnifiqueschoses ; mais ce sont des habitations sanshabitants, des maisons sans propriétaires,des lieux que personne ne visite. Les nuagespleurent les malheurs de la ville en versantleurs eaux, et les colombes sur les arbresdéplorent sa destinée en poussant desgémissements 4 . »

Tombeaux des Emirs Déni Zeiu<in. p. 137,13K ;— le Wali Abou'l-hasan Mi Ben-en-Nejjâriyâ aurait déjà été enterré à cetle place(Barges, op. laud., p. 17).

1. Cf. Barges, Histoire des Béni Zeiyân,XXXVII ; — Complément, p. '.K

2. Marges, Complément, p. 9.

3. Cf. Bosltln (noire manuscrit), p. 415; —Brosselàrd, Tombeaux des Emirs DéniZeiyân, p. ii3.

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4. Er-Rihla el Magkribîya, traductionCherbonnean [Revue africaine et coloniale,avril 1880, p. 288).

Si pénibles qu'aient été ces débuts deL'empire zeiyânide, il n'en reste pas moinsqu'il eut la chance d'avoir un fondateur quirégna près d'un quart de siècle; dès sanaissance, le droit à la vie du nouveauroyaume s'affirma ainsi énergiquement. —Les successeurs de Yarmorâsen continuentd'embellir leur capitale au milieu des mêmesembarras. Le siècle quedure la dynastie Abd-el-Wâdite nous apparaît comme une époquede vie très intense, sous l'impulsion demonarques guerriers, bâtisseurs, protecteursdes arts et des sciences, braves et violents,souvent diplomates médiocres, mais animésd'une rare et tenace continuité de vues. Entredeux guerres, ils poursuivent l'œuvrearchitecturale du fondateur; et ces guerres

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ne sont pas toujours des razzias, de simplesséries d'escarmouches. Elles mettent parfoisen péril l'existence même de la cité abd-el-wâdite : telle celle qui eut pour épilogue lefameux siège de Tlemcen, et à laquelle estliée l'histoire de la fondation d'El-Mansourah(Cf. infrà : El-Mansotjeah). Deux ans avantle commencement de ce suge. sous le règned'Abou-Saîd Otsmân, est élevé l'oratoire deBel-Hassen, la plus richement décorée desmosquées tlemceniennes 1296) *. Quelquesannées après la délivrance du siège, le sultanAbou-Hammou t'ait construire la médersa, lazâwiya, la mosquée d'Oulàd-El-Imàm (vers1310) -'. et la mosquée du Méchouar, dansson palais " aussi grand que bien des villes »(1317 ; 717 de l'hégire . Son successeur Abou-Tâchfin, prince artiste, versé lui-même

1. Cf. Brosselard, les Inscriptions de Tlemcen(Revue africaine, février 18S9, p. 161 etsuiv.); — et infrà: Mosquée de Sini Bel-

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Hassen.

2. Cf. Barges, Hisloiredes BeniZeiyân, p. i:i :— Complément, p. 58, 63; — Brosselard,Inscriptions arabes de Tlemcen [Revueafricaine, février 1859, p. 168 : — etinfrà:Mosquéi d'Oulàd El-Imàm.

3 Cf. Ibn-Khaldoun, Histoire des Berbè>-es,III, 396, 391; — Brosselard, Insi riptionsarabes île Tien', en [Revue africaine, mai1860, p. 2ii>, 217.

( CO

INTRODUCTION "21

lans l'art du dessin, passe plus que tout autrepour avoir ntribué à embellir sa capitale Cesont surtout des édifices civils que leshistoriens lui attribuent, des palais comme leddr-es-soroûr, le ddr-abî-fihr, le ddr-el-moitlk l . Aucun n'es! parvenu jusqu'à nous.

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Seule la Médersa Tàchfînîya, qui fut suuœuvre, était encore debout au milieu dusiècle dernier, et ne fut complètementdémolie que vers 1876. Dans son dernierétat, selon toute vraisemblance, elle offraitsurtout l'importante restauration qu'ellesubit environ cent ans après sa construction,sous le règne d'Aboli'1-Abbas Ahmed-'. Entretemps, Abou-Tàchl'in t'aisaii élever leminaret de la grande mosquée d'Alger (1323;723 de l'hégire) 3 . Enfin il parait bien que legrand bassin, situe au Couchant de Tlemcen,sous les murs modernes de la ville, doitégalement être considéré comme son œuvre4 .

1. Cf. Barges, Histoire des Béni Zeiydn, p. 10 ;— Complément, p. 70, avei d'intéressantsrenseignements sur les goûts artistiquesd'Abou-Tàchfïn.

2. La Médersa Tàchfinîya portait aussi le

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nom de Medersa Djadîda [Médersa neuve) ;— cf., sur sa construction, Rargès, Tlemcen,capitale du royaume de ce nom, p. 331, 332 ;— Histoire des lirai Zeiydn, p. 17, 1S:Complément, p. 77 ; sur sa restauration parAboul-Abbâs Ahmed, Histoire des BéniZeiyân, p. 128 ; — les constructions dont lesrestes de cel édifice faisaient partie étantfrappées d'alignement, lors du redressementdelà place Saint-Michel (place d'Algeractuelle), Duthoit demanda.eu Is7:;. uncrédit de 1.500 lianes pour l'enlèvement etl'encaissement des mosaïques qui endécoraient l'entrée Archives îles Missionsscientifiques, III 1 série, t. I. p. 325 . On eutrouvera une aquarelle signée Danjoy auMusée de Cluny (faite >ur le relevé- île(''.ollifiuon. r.ui-ri \atcur des monumentshistoriques à Tlemcen . des photographies e1des relevés dans les dossiers des monumentshistoriques (département d'Oran : desphotographies à la bibliothèque de l'École

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des Beaux-Arts Vues d'Afrique, a" 1403-83 duCatalogue . Des fragments de mosaïques enprovenant figurent dans 1rs collections duMusée de Cluny et du Musée de Tlemcen.

3. Cf. Rargès. Complément, p. 7i. 75; —Reoue de l'Orient avril 1857 . p. 261 et suiv. :— Devoulx, Edifices religieux de l'ancienAlger, p. '.'4 ; Colin, Cur-pus des inscriptionsarabes de l'Algérie, I. Département d'Alger, p.6 et suiv.

4. Cf. Barges Histoire des Béni Zeiyân, p. 46;— Tlemcen, capitale du royaume de ce nom.p. 330 et suiv. : — au--i infrà : Enceikte deTlemcen.

Ces! dans la quinzième année du règned'Abou-Tâch-fin que tomba la dynastie abd-el-wâdite, première branche dos Beni-Zeiyân.Le 27 de Ramadhân 737 (.1" mai 1337), aprèsun siège de deux ans, Tlemcen est prise

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d'assaut par le mérinide Abou'l-Hasen ;Abou-Tâchfîn succombe dans une Luttesuprême en défendant le Méchouar. Pendantvingt-cinq ans, Tlemcen va obéir aux princesde la dynastie zenatienne occidentale '.

L'interrègne mérinide. — Tlemcen n'eut pas àsouffrir de ses nouveaux maîtres. Pendant Lequart de siècle qu'ils y régnèrent, ils Ladotèrent de ses plus beaux monuments.Toutefois il paraîtra remarquable que. suit àdessein, soit par hasard, la ville même n'eutpas de pari aux fastueuses constructions desBeni-Merin; tout au plus réaménagèrent-ilspeut-être le vieux château (El-Qaçr El-Qadim),qui semble avoir été presquetoujours la demeure de leurs gouverneurs.Mais ce fut, pour ainsi dire, la banlieue deTlemcen, qui obtint leur prédilection depriaces bâtisseurs. Les trois annexesarchitecturales de Tlemcen, Mansourah, SidiBou-Médine et Sidi'l-Halwi sont leur œuvre.

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— Mansourah, œuvre des Mérinides, estantérieure à leur occupation de Tlemcen.L'histoire de la fondation, de la constructionde son enceinte et de sa mosquée se rattacheau premier siège de Tlemcen (1299; 698 del'hégire). On la trouvera plus loin rapportéeet discutée (Cf. infrà : El-Mansourah). Maisil parait certain que nombred'embellissements apportés à «Tlemcen laNeuve », comme on appela El-Mansourah,ne datent que de l'interrègne mérinide. La

1. Sur la chute de ladyuastie abd el-wàdite, cf.Histoire îles Berbères, IV. 210--224 ; III, 108et suiv.; — Barat--. Histoire des Béni Zeiyân,p. 53 ; — Complément, p. 71.

construction d'un palais somptueux, unerestauration probable de sa mosquée furentl'œuvre d'Abou'l-Hasen Ali (vers 1348; 7 4-7de l'hégire).— Bou-Médine doit auxMérinides trois des édifices dont elle se fait

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gloire : la mosquée, la médersa, le petitpalais. On peut dire qu'ils furent lesvéritables créateurs

de celte localité (Cf. infrà : Sidi Bou-Médine,p. 228 et suiv.). Enfin, sept années après SidiBou-Médyen, le Pôle, le Secours suprême, lepatron par excellenc : de leur nouvelleconquête, un autre saint Tlemcenien trèsvénéré se vit aussi consacrer un oratoireparles magnifiques vainqueurs (Cf. infrà:Mosquée de Sidi'i.-Hamvi).

Restauration dr la branche cadette des Abd-el-Wâdites. — Dynastie Zeiyânide.— Dès1349, les princes abd-el-wâditesAbou-Tsàbitet Abou-Saîd avaient réussi momentanémentà reprendre au gouverneur mérinide lacapitale de leurs ancêtres. Mais ils n'avaientpu s'y maintenir contre les armestriomphantes du mérinide Allou-Inàn. Aussine faut-il compter la restauration véritable

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des descendants de Yarmorâsen que de 1359(760 de l'hégire). A cette date, Abou-Hammou Mousa II, petit-fils de Abou-Zaïd,frère cadet du deuxième sultan abd-el-wâditeAbou-Saîd Otsmân, réussit à reprendredéfinitivement Tlemcen aux Mérinides'. Ladynastie issue de cette restauration estdistinguée sous le nom particulier dedynastie zeiyânide. Cette royauté de labranche cadette des Beni-Zeiyân est loind'égaler en gloire celle de la branche ainée.Elle dura deux cents ans ; mais l'histoire desvingt-cinq princes qui s'y succèdent offrepresque sans interruption le triste spectaclede meurtres,

i. Abou-Tsâbil et Abou-Saîd sontgénéralement comptés par les historiensparmi les souverains effectifs; — cf., sur leurhistoire et sur la reprise de Tlemcen parAbou-Hammou II : Barges, Histoire des BéniZeii/ân, p. .'iïl à 08: — Complément, p. 122-

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146 : — Ibn Khaldoun, Histoire des Berbères,III. 420-438.

•_>1 INTRODUCTION

d'usurpations, d'appels à l'étranger. Deuxseulement des monarques zeiyânides, lerestaurateur de la dynastie, Abou-HammouII, et Abou'l-Abbâs Ahmed, le treizièmesouverain, ont dos règnes un peulongs. Lesautres ne demeurent guère sur le trône quequelques années, certains quelques mois.L'impuissance du malheureux royaumezeiyânide à vivre avec quelque grandeur semanifeste par les continuelles interventionsd'abord des Mérinides, qui se considèrenttoujours comme suzerains «les monarquestlemceniens, et des Hafcides de Tunis, plustard des Espagnolset iU^ Turcs, jusqu'aujour où, sous le cimeterre de ces derniersvenus, la dynastie zeiyânide s'éteintdéfinitivement. Naturellement, dans celte

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précarité du pouvoir, 1rs constructions sonlrares; le nombre des monuments zeiyânidesest fori restreint ei leur importancemédiocre. Le premier îles princes zeiyânides,Abou-Hammou IL fut, ii beaucoup d'égards,le plus .glorieux. Son secrétaire ethistoriographe Yahya-ben-Khaldoun, frèredu grand historien des Berbères Abder-Rahmân-ben-Khaldoun, nous aabondamment renseigné sur son long règne1 . Abou-Hammou II, né et élevé enAndalousie, s'efforça de réunir à sa cour dessavants ei des littérateurs. 11 composa lui-même de nombreuses poésies et un traitépolitico-littéraire sur l'art de régner'-. Enbutte

1. Yahya Ben-Khaldoun, né à Tunis en 1333,mourut assassiné par l'ordre d'A.bou-Tâchfln, fils d'Ahou-Hammou 11, en 137!) : ila laissé une histoire de la dynastie abd-el-wâdite intitulée Baghyat er-rouwâd fîakhbâr

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el-Moloukmin Beni-Abd-al-Wâcl. Il en existedes manuscrits à la Bibliothèque Nationale, àla Bibliothèque d'Alger et dans un certainnombre de bibliothèques particulières del'Algérie (la première partie, Médersa deTlemcen, n* 11). On trouvera une biographiede l'auteur et une analyse de l'ouvrage apudBarges, Complément, p. 201-211. Barges alargement utilisé la Baghyal-er-Rouwâd pour-es travaux sur l'histoire de Tlemcen. M. Bel,professeur à la Médersa de Tlemcen, pré-pare actuellement une édition de cetouvrage, avec traduction et noies.

aux intrigues de sou fils Abou-Tâchfin et auxretours offensifs des Mérinides, il réussit àse maintenir (rente ans sur le trône jusqu'àce qu'un parricide vînt mettre fin à ses jours1389 ; 7!tl de l'hégire . Yahya-ben-Khaldounnous a laissé de précieux renseignements surla capitale zeiyânide à l'époque d'Abou-Hammou*. D'une masse de descriptions

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enthousiastes et île poèmes hyperboliquesen l'honneur de la cité, il reste à retenir queTlemcen avait alors cinq portes facilementidentifiables. Le périmètre de Tlemcen, à lafin du xiv" siècle, peul par là être à peu prèsexactement déterminé (cf. infrà : Enceinte deTlemcen . L'œuvre architecturale d'Abou-Hammou comprend d'abord la restaurationde partie de l'enceinte, et du Méchouar,ruinés par le mérinide Abou'l-Abbâs en 789 2, et surtout la construction de la médersa, dela mosquée, et de la qoubba de Sidi Brâhîm 3. Ces deux derniers monuments sont seulsdebout aujourd'hui. L'histoire de leurfondation sera exposée plus loin cf. infrà:Mosqoée de Sîdi Brâhîm). Il tant mentionnerencore parmi les œuvres d'Abou-Hammou laconstruction d'une bibliothèque attenante ala Grande Mosquée 4 . Enfin un certainnombre de petits oratoires tlemceniensdoivent

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plément, chap. vm, ix ; — Brosselard,Tombeaux des Emirs Béni Zeiydn, p. 38-70(avec l'épitaphé retrouvée de ce prince).L'ouvrage politico-littéraire d'Abou-Hammou11 a été traduit en espagnol par MarianoGaspar, professeur d'arabe à l'Université deGrenade (El Collar île Perlas, Saragosse,1899 . d'après l'Edition de Tunis de 1862.

1. Cf. Barges, Complément, p. .">I4 el suiv..Tlemcen, ancienne capitale p. 196 et suis.

2. Abou Tàchfîn II compléta cette œuvre, cf.Ibn Khaldoun. Histoire des Berbères, p. 4SI).

3. Cette médersa est désignée par les textessous le nom de Médersa Yaqou-bt;/a, cf.Barges, Histoire </c* Béni Zeiydn, rois deTlemcen, p. 79, 80 ; — Com-1 lément, p. 159el suiv. : — Brosselard, Tombeaux des EmirsBéni Zeiydn, p. 10, 11. 17.

4. Cf. Brosselard, les Inscriptions de Tlemcen

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[Revue africaine, Aè-rembre lSuS. p. 90).

•26 INTRODUCTION

appartenir à l'époque de la restaurationzeiyânide, au règne d'Abou-Hammou ou àcelui de ses successeurs. Mais le témoignagehistorique de l'activité architecturale,apparemment médiocre des premiersZeiyânides, nous fait défaut, et il fautdescendre jusqu'au régne d'Abou 1-AbbâsAhmed, le treizième de ces princes, pourtrouver la mention certaine de constructionsd'édifices. Abou'l-Abbas restaura la médersaTâchfinîya 1 . A la suite d'un soulèvementpopulaire inspiré par l'un île ses neveux,Abou-Zeiyân Mohammed, il tit, au dire del'historien Tenesi, élever les murailles duMéchouar, « ce qui causa grandementdommage aux propriétaires voisins, dont ondut abattre les maisons 2 H. ("est égalementà ce prince qu'il faut attribuer la construction

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de l'oratoire, aujourd'hui ruiné (à l'exceptiondu minaret) du petit village de Sîdi-Lahsen,dans la banlieue orientale de Tlenicen. Il futconsacré à la mémoire de son ami etconseiller, le pieux Sidi Lahsen Ben-Makhlouf er-Râchidi, après la mort de cepersonnage 3 . A la même époque sembleappartenir le minaret de la petite mosquéeduDerb-Msoufa, à Tlenicen, qui porte le nomdu Chîkb Senousi. Ce savant, mort à la fin duXV e siècle, y enseignait déjà de son vivant.Enfin il n'y a guère à attribuer auxZeiyânides postérieurs que la constructionde la qoubba de Chikh Senousi. Ce petitédifice fut élevé, très vraisemblablement,quelques années après la mort, du grandthéologien, vers 1490-15O0' 1 . C'est à cetteépoque que Léon l'Africain visita Tlenicen eten laissa la description, qu'on a pu lire entête de cette étude (cf. suprà, p. 8, 9).

1. Barges, Histoire des Béni Zeiyân, p. 12*.

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2. /</., p. 133; — Complément, p. 297.

3. Cf. Brosselard, Tombeaux des Emivs BéniZeii/on.p. 89; — Barges, Complément, p. 346.

La domination turque à Tlemcen. — LesTurcs furent les derniers maîtres de Tlemcenavant nous. Il est à noter que les chérifsmarocains, héritiers des traditionsmérinides, cherchèrent à deux reprises àrattacher, par la conquête, Tlemcen à leurempire. Ils furent victorieusement repousséspar les soldats de l'Ojàq. La vieille capitale,désormais simple annexe dubeylik d'Oran,subit entre les mains de ces nouveauxmaîtres une profonde décadence. Elle sedépeupla, son enceinte se réduisit, desquartiers entiers tombèrent en ruines.Lorsque nos troupes entrèrent à Tlemcenpour la première fois, un cinquième au plusde la ville primitive était encore habité 1 .L'extrême négligence des nouveaux

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occupants laissa sans entretien la plupart desédifices. Le Méchouar, citadelle de lagarnison tlemcenienne, conserva sonenceinte de murs; mais beaucoup desconstructions que contenait cette véritableville tombèrent à terre 2 . Les dégradai ionsde Sidi'I-Halwi, du petit palais de Sidi Bou-Médine, d'Oulàd el-Imâm doivent dater decette époque. Tlemcen fut simplement pourles Turcs une place de garnison. Leuroccupation n'y a point laissé de souvenirsépi-graphiques ou archéologiques. Dans lamasse variée des inscriptions tlemceniennes,funéraires, votives, dédicatoires, on n'a pasrelevé, à notre connaissance, une seuleinscription turque, alors qu'Alger en offre ungrand nombre 3 . Le seul monument dequelque importance qui soit l'œuvre desTurcs

\. Déjà au xvnr siècle, cf. Shaw, Voyage dansla Régence d'Alger (traduction Mac Carlhy.

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Paris, 1830), p. "2't3 : — Barges, Tlemcen,capitale du royaume de ce nom, p. 202; — deLorral, Voyage à Tlemcen (dans Tour duMonde. 1875, p. 310).

2. Cf. Barges, Tlemcen, capitale du royaumede ce nom, p. 385.

3. Réunies dans le Corpus des inscriptions del'Algérie ; 1, Département d'Alger (Paris,1901).

•28 INTRODUCTION

nous semble la qoubba de Sîdi Bou-Médyen.On pont, affirmer que, dans son dernier état,la plus grande partie de colle qoubba est nueœuvre turque. Une inscription qui figure surla porte d'entrée du tombeau donne la datede 1208 (1793 de l'ère chrétienne), et le nomdu bey d'Oran Mohammed El-Kebir 1 . Larestauration de la coupole en bôifa delàmédersa de Sîdi Bou-Médine doit également

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dater de cet âge. Une tradition rapportée parBarges attribuai! la construction même del'édifice au bey Mohammed 2 . Une antretradition, recueillie par nous de la bouche devieux Boumédinois, rapporte à ce mêmepersonnage l'aménagement, actuellementsubsistant, de la maison de l'oukil;ce1 édificeaurait été auparavant une zâwiya pour lespèlerins. Enfin les deux tombeaux de SnliAbdallah Ben-Mançour et de SîdiMohammed Ben-Ali, à Aïn-el-Hout, sontégalement datés par les inscriptions l'un de1804 (1218 h.; — beylicat de Mostafa El-Manzali), l'antre de 1761 (1174h.; beylicatd'Ibrahim El-Miliani) 3 .

C'est, comme on le voit, aux Almoravides,aux Almohades, aux Abd-el-wâditesetsurtout auxMérinides de Fâsque Tlemcendoit ses embellissements successifs. Endehors de la Grande Mosquée, lesmonuments Uemceniens appartiennent pour

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la

plupart ;'t l'époque qui va des dernièresannées du xiu" siècle au milieu du xiv'.Contemporains des grands monuments deGrenade, ils forment un groupe se rattachantii la période do plein épanouissement dustyle andalous, lui-même rejeton vi-

1. Cf. Brosselard, les Inscriptions arabes deTlemcen (Revue a p ricaine, décembre 1859,p. s ;. Sx .

>. Cf. Barges, Tlemcen, capitale du royaumede ce nom, p. 310.

:(. Cf. Brosselard, les Inscriptions arabes deTlemcen [Bévue africaine, janvier !S(i2, p. 16,17, 18).

goureux de l'art arabe. Cette époque, quivoyait en France s'élever les savantesarchitectures de Saint-Urbain de Troyes, de

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Saint-Nazaire de Carcassonne et de Saint-Ouen de Rouen, ('■tait aussi marquée, dansla péninsule ibérique et dans le Maghrib, parl'apparition des plus beaux spécimens de cetart ingénieux ci fragile que les Orientaux yavaient transporté avec eux.

Les origine* étrangères de Vart arabe <fOrient. —■ A vrai dire, lors delà conquête del'Espagne (709), l'art arabe n'avait pas [irisnettement conscience de lui-même : ilmanquait de formules traditionnelles etd'ouvriers.

Les premières mosquées d'Orient avaient eule plus souvent, pour architectes, non desArabes, mais des artistes ayant déjà fait leurspreuves, dans le pays récemment conquis oudans les pays voisins. Il n'est pasjisipfauvieux sanctuaire préislamique de la Kabadont une tradition curieuse ne veuille fairel'œuvre d'un architecte copte venu

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d'Alexandrie. C'aurait été, d'autre part, unchrétien d'Egypte, qui construisit la premièremosquée d'Amrben-El-Aci àFostàt (El-JâmiEl-atiq), un chrétien encore, qui bâtit lamosquée-d'Ahmed ben-Touloun au Caire, en879 1 . Les Perses aussi furent souventemployés connue architectes. « Quand lesArabes, dit Uni Khaldoun, eurent cesséd'observer les préceptes stricts de leurreligion, et quand le goût d'une vie luxueuseet de la domination les eut pris, ils apprirentdes Perses subjugués les arts etl'architecture, et bâtirent des édificessomptueux- ». Enfin et surtout les Grecseurent un rôle important dans la formationde ce qui devait être l'art arabe. Le calife El-

I. Cf. Corbett lîey. The life and wor/cs ofAhmad ibn Tiihin (dnns Journ. of Roy. asiat.Society, 1S9I) ; — Maqrizi, texte arabe, II. J63; — sur les inllucnces de l'art copte sur l'artmusulman d'Egypte, cf. Gayet, l'Art arabe, ]■.

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'Jii et suiv.

•J. Prolégomènes, texte Quatremère, 11. p.231, ±:!J : Traduction, 11, :H4.

Waliil. fils d'Abd-el-Malik, fit venir douzecents ouvriers de Cons-tantinople pourreconstruire la mosquée de Damas.Longtemps les Omeyyades eurent auprèsd'eux des maîtres byzantins qui formèrentdes disciples arabes '. — Parfois lessouverains musulmans se contentèrent dedésaffecter les temples des religionsvaincuespour lesaccommoder au nouveauculte : l'Eglise Saint-Jean de Damas enfournit un exemple célèbre. Très souventaussi des morceaux d'architecture étaientarrachés aux édifices existants pour êtreutilisés dans les mosquées 2 .

L'art arabe en Espagne et dans l'Afrique duNord. — Ces collaborations, ces emprunts se

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continuèrent dans le Magbrib et en Espagnequand les Arabes en furent maîtres. Oqbaben N à fi construit la mosquée de Cairouan,et c'est « une véritable forêt de colonnes àchapiteaux antiques de toutes provenances 3». Pour élever le palais de Zahra, près deCordoue (commencé en 936), Abd-er-Rahmân III réunit les architectes et lesartistes les plus habiles de Bagdad, de Cons-tantinople et d'autres lieux. 4 Dans ce mêmepalais, on trouvait des colonnes empruntéesaux édifices d'Asie Mineure, d'Italie, à uneéglise chrétienne de Sfax, des cuves demarbre, apportées de Jérusalem par unpersonnage que les historiens arabesdésignent sous le nom de « Rabi l'évèque ' ».De fré-

1. L'emploi d'ouvriers byzantins pour laconstruction des mosquée- de Damas, îleJérusalem et île Méiline est mentionné parla plupart des historiens arabes; nous nous

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contentons de renvoyer à lbn Khaldnun,Prolégomènes, traduction, 11. 2t>s, 375 ; —Cf. Bayet, l'Art byzantin, p. 288 et ss.

2. Au vu" sièele de l'hégire encore, un portailenlevé à une église des croisés à Saint-Jean-d'Acre est transporté au Caire et incorporé àla madrasa de Malik Nàçir (Cf. Maqrizi 11,382 ; Prisse d'Avennes. l'Art arabe, pi.XXXIV).

3. Cf. Sala.lin, la Mosquée de Sidi Okba àCairouan, Paris, 1899. p. 50, 58 et suiv.

4. Giraull de Prangey, Essaisur l'architecturedes Arabes, p. 53.

5. Cf. Vlaqqari, Analectes sur l'histoire et lalittérature des Arabes d'Es-

quents rapports existent entre les califes îleCordoue et les empereurs de Byzance '.L'examen des monuments moresques

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d'Espagne des vm e , ix c et X e siècles enmontre nettement les effets.

Première période, arabo-byzantine' 1 . — Leplus noble représentant de cette premicrepériode est le vénérable édifice de lamosquée de Cordoue (commencée en 786),l'ancêtre de toutes les mosquées d'Espagneet du Maghrib. Il faut citer, à côté, unemosquée de Tolède, maintenant église Del-Cristo de la Luz (965), îles bains publics àGrenade et à Barcelone, enfin quelquesfragments du cloître de Tarragone.

Les caractères qui distinguent cette premièrepériode sont, outre l'emploi de matériaux, desystèmes d'appareillage et de charpenteantiques, la forme des arcades généralementen fer à cheval, souvent découpées enfestons, ne présentant jamais l'ogive, quiétait cependant en usage dans lesmonuments d'Egypte contemporains,

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l'emploi du dôme hémisphérique qui venaitde Byzance, la forme des chapiteaux, copiesgrossières de types corinthiens etcomposites, l'emploi dans les arcades desvoussoirs colorés ou alternativement lisseset colorés, enfin le style des décorsgarnissant les surfaces, palmettes, entrelacs,tout à fait semblables à ceux qu'on observesur les monuments byzantins de Constan-tinople, de Ravenne et de Venise.

L'influence byzantine, très reconnaissabledans les monuments d'architecture, est peut-être plus tangible encore, dans

pagne, I p. ''<~ï. :i":i; Description de l'alcazarde Ez-Zahra d'après Conde et Murphy, ap.Girault de Prangey, p. 51 et ss.

1. Cf. Dozy, Histoire des Musulman*;d'Espagne, III, p. 93.

i. Nous empruntons cette commode division

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en trois périodes au bon livre de Girault dePrannev.

les produits de l'art industriel espagnol, quine se distinguent guère 1 , que par desinscriptions arabes, des objets analoguesd'art byzantin.

Deuxième période. — Transition. — Unepériode de transition, où l'art aralieoccidental se dégage lentement de l'imitationbyzantine, remplit les deux siècles quisuivent (xf et xii e ), période assez malconnue par suite du petit nombre desmonuments étudiés. L'énigmatique chapellede Villa-Viciosa à Cordoue, la tour de laGiralda et quelques parties anciennes del'Alcazar de Séville, tels sont, les spécimensdont l'examen a pu jusqu'ici servir auxarchéologues ii déterminer les caractères decelle phase intéressante. Il faut y ajouter lespalais Siciliens de la Cuba et de la Zisa, qui

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datent vraisemblablement du xn° siècle,époque de l'occupation normande. « Denouvelles recherches..., disait Girault dePrangey, pourront compléter, un jour, lesnotions qu'il a été possible de recueillir surles édifices de celte époque intermédiaireentre Cordoue et Grenade -' ». C'est duMaroc surtout, qu'il faut attendre, à notreavis, les documents les plus importants surcette période intéressante de l'architecturemaghribine. Les grandes mosquées de Fàs etde Mar-râk ch, sinon dans leur ensemble, aumoins dans leurs parties principalessemblent dater de cette époque. Tous ceuxqui s'intéressent à l'art musulman d'Occidentdoivent impatiemment

1. Au Louvre, une boite en ivoire, sculptéepourEl-Moghtra, Bis d'Abder-Rahmân esltoute byzantine de style. — Le goûl desœuvres byzantines se prolongea bien aprèsque les musulmans eurent produit eux-

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mêmes des oeuvres originales. A l'Alhambra,on conserve une cuve rectangulaire enmarbre, d'un travail purement byzantin ;c'est un présent fail ;i11 roi de Grenade, etdont l'inscription arabe en caractères cursifsporte la date de 704 de l'hégire (1304 de I èrechrétienne

2. Essai sur l'architecture des Arabes, p. 207.

désirer le jour où paraîtra une descriptioncomplète, appuyée d'une illustrationabondante, de la Kotoubîya de Marrakech, dela Qarawiyîn de Fâs, de la tour de Hassan àRbât '. Enfin, parmi les monuments qu'ontrouvera étudiés plus loin, la GrandeMosquée de Tlemcen, qui fut construite vers1136, nous offre un document de premièreimportance. Encore toute imprégnée detradition byzantine, elle marque cependant,comme nous tenterons de le montrer, un pasen avant vers une formule d'art plus libre et

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plus raffiné.

Troisième période. — Art moresque. — C'està Grenade qu'eut lieu l'éclosion de cet art à lafois léger et touffu, fragile et foisonnant, quiintéresse et séduit davantage parl'ingéniosité du détail que par la compositiond'ensemble, à qui manqua le plus souvent lesentiment de la grandeur d'aspect et le soucide la noblesse de la matière.

L'Alhambra en est le modèle le plus achevé.Les princes artistes des Beni'l-Ahniar, ayantl'ait de Grenade le siège de leur empire,transformèrent en un palais de rêve la vieillecitadelle, dont dès le xi e siècle Sawar ibn-Hamdoun el-Qaisi avait jeté les premiersfondements. Le père de la dynastie,Mohammed ech-Chîkh commença l'œuvre,et, pendant deux siècles, ces successeurs ytravaillèrent, ajoutant des salles,

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1. Cl'. Sur les constructions elagrandissements successifs de la Qarawiyîn,(jaillis, p. 65-92; — Kitdb el-lstiqçû, I. p. 77.— Sur les constructions des Maghrâ-wiens etdes Aimoravides à Fâs, Qarlâs, p. 152,199; —Istiqçâ, I. p. 109. — Sur la construction delàKotoubîya, ïstiqçâ, I. 151; — Sur lesconstructions de l'Almohade El-Mansour,Qarlâs,^. 323 (Ce prince fit bâtir les troistours célèbres : le' minant de la K.otoubîya,la tour 'le Hassan à Rbât, et la Giralda deSévilte: suivant la tradition, elles seraientl'œuvre d*un même architecte) : — aussihliqçd, I, ISO; — et W. Marçais, SixInscriptions arabes du Musée de Tlemcen(dans Bulletin archéologique, 1902, p. 546).— On doitattendre beaucoup de lapublication des matériaux amassés par M.Edmond Doutté, pendant ses séjours auMaroc île 1901 et 1902.

3

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des portes, une mosquée, des bains, desjardins intérieurs, enrichissant le décor,inscrivant tour à tour leurs noms et leursdevises dans l'éblouissant revêtement desmurs 1 . — Plus encore que l'Alhambra,l'Alcazar de Séville subit des modificationssous ses maîtres successifs. Un examen unpeu attentif de ce palais montre qu'il peutdifficilement servir pour étudier l'évolutiondu style. L'homogénéité de ses garnitures,qui, si nous les comparons à celles desmonuments d'une date plus certaine,semblent rattacher celui-ci aux dernièresannées du xm e siècle, n'est en effetqu'apparente. Un goût archéologique curieuxpoussa ses possesseurs chrétiens à lerestaurer presqu en entier dans le stylemoresquede cette époque. Plusieurs sallesportent dans un cartouche, en caractèrescou-fiques d'une belle allure, l'inscriptionsuivante : « Gloire à notre maître le sultandon Pedro 3 . » Un tel <• truquage », s'il jette

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un jour intéressant sur les prolongements del'influence arabe, sur les rapports sans haineétablis entre vainqueurs et vaincus, sur ledilettantisme très moderne des princesespagnols de la fin du xiv" siècle, doit faireprudemment rejeter tous les renseignementsarchéologiques qu'on pourrait puiser àl'Alcazar.

Déjà la note sommaire, mais précise, que cesavant a fait paraître dans le JournalAsiatique sur la mosquée de Tin-Mil,retrouvée par lui, peut être considéréecomme un document fort important(janvier-février 1902). Nous lui sommespersonnellement redevables de lacommunication de bonnes photographies duminaret de la Kotoubiya.

1. Cf. Owen Joins et Jules Goury, Plans,élévations, sections and détails of Alkambra,1842, p. 1 et suiv. ; — aussi Almeyro

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Cardenas, Inscripciones arabes de Granada,1879, passim; — Simonet, Descripcion delreino de <>ra-nada, 1860, p. 41 ; — l'articleGranada de Dozy, dans AllgemeineEncyclopœ-die de Brockhaus.

2. Izzoun limaoulâna ssoltdn don l'edro ; —cf. Amador de los Rios. Inscripciones arabesde Se villa, p. 44 et suiv. avec la bibliographieantérieure de la question.

Il semble bien que les monuments deTlemcen aient été, moins que ceuxd'Espagne, soumis aux courants de la mode.C'est que nous n'avons pas à faire dans la citémaghribine à des palais que chaque maîtres'efforce d'accommoder au goût du jour oii àses convenances personnelles. Lesrésidences royales de Tlemcen ont disparutour à tour, le Mé-chouar abd-el-wâdite,comme le château mérinide de Mau-sourah 1. Ce qui nous reste à étudier, ce sont des

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mosquées, de proportions réduites,auxquelles on n'a guère touché après leurfondation. Chaque monarque préfère enélever une autreà côté de celle de sonprédécesseur, et s'acquérir par cette œuvre,toute personnelle, des mérites auprès deDieu. Chez un peuple resté fidèle à lareligion musulmane, assez respectueux destraditions, ayant, d'ailleurs perdu touteinitiative créatrice, toute habileté artistique,les édifices religieux oui pu subsister etparvenir jusqu'à nous, attaqués par le tempssans doute, mais n'ayant pas eu trop àsouffrirdes hommes, ruinés parfois, maisrarement déformés par des embellissementsmaladroits.

On ne trouve pas ici de ces œuvres de <<recherche » comme la plupart de noscathédrales gothiques, oit se sente le travaillent et inquiet, l'apport laborieux desgénérations successives. Les mosquées de

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Tlemcen semblent plutôt des conceptions deprinces artistes et croyants, vite réalisées pardes ouvriers habiles. Leurs dimensionsgénéralement restreintes, la simplicité duplan, la commodité des matériaux employés,tout

1. Cf. suprà, p. 21, 23, 27; le seul spécimen îlerésidence royale qui subsiste à Tlemcen estun monument très ruiné, et de très modestesdimensions; c'est celui que nous étudieronsplus loin, sous le nom de Petit palais d'ElEi'bbad; son état d'extrême délabrement faitqu'il est de second ordre pour l'étude del'archéologie tlemcenienne.

facilitait la promptitude de l'exécution etassurait par conséquent l'homogénéité dustyle.

Architectes et ouvriers. — On ne sauraitrelever avec trop de soin les noms

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d'architectes et d'artistes musulmans fournispar les textes épigraphiques et historiques.Utilisés avec réserve et critique, ils peuventconstituer de bons documents pour l'histoireencore obscure de l'art arabe '.Malheureusement dans le Maghrib, commeen Orient. les renseignements précis sur lapersonne des constructeurs et desdécorateurs sont extrêmement rares. Unetradition nous fournit le nom incertain del'architecte qui aurait élevé à la fois la tourîle Rbàt, la Giralda, et le minaret de laKotoubîya. Un texte historique nousmentionne l'auteur des boules dorées quidécoraient la Giralda; et là s'arrêtent nosinformations sur les artistes almohades 2 .Particulièrement, pour ce qui concerne lesédifices tlemceniens, c'est de quelques textesépars, que l'on peut établir sur l'ori-^ ginedes artistes mérinides ou abd-el-wâdites,d'assez fragiles conjectures. Le nom mêmeque nous fournit l'inscription com-

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mémorative tracée à la coupole de la GrandeMosquée n'est pas celui de l'architecte ; c'est,comme il arrive le plus souvent, celui del'intendant des travaux, du fonctionnaire«sous la surveillance 3 duquel on a élevél'édifice. »

Pour ce qui concerne la période abd-el-wâdite, il faut tou-

1. Cf. Van Berchem. Matériaux pour uncorpus, p. 47, note 3; 5, note 1.

2. Cf. Qarlds, p. 323. 234;— Girmilt dePrangey, dit d'après Ibn-Saîd : • C'esl desprovinces d'Andalousie que les émirsAlmohades Youçouf et Yaqoub-Ël-Mansourfirent venir des architectes pour toutes lesconstructions qu'ils elevereni à Maroc, aliliat. à Fez,à Mansouriah. »(Essai surVarchileclure des

Irabes, p. 116. — Sur les ouvriers et artistes

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employés par les Almohades, voir aussi lesobservations de Goldziher, ap. Materialen :urKenntniss (1er Almohaden bewegung A. h. M<;., 18S7. p. LOS ,

•'!. Alù yad, mot à mot /«// /" main, cf., surcette expression. Van Ber-eliein. Matériauxpour un corpus, p. S4, S5.

tefois considérer comme assez important lepassage suivani d'Ibn-Khaldoun : «Al'époque d'Abou-Hammou I er e1 de son filsAbou-Tâchfîn, les arts étaient très peuavancés à TIemcen,

parce que le peuple, qui avait t'ait de cetteville le siège de son empire, conservaitencore la rudesse de la vie nomade; aussi cesprinces durent s'adresser à Abou'l-Walîd,seigneur de l'Andalousie, afin de se procurerdes ouvriers et des artisans. Le souverainespagnol, maître d'une nation sédentaire

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chez laquelle les arts avaient nécessairementt'ait beaucoup de progrès, leur envoya lesarchitectes les plus habiles de son pays.TIemcen s'embellit alors île palais tellementbeaux que depuis on n'a jamais rien puconstruire de semblable 1 . » Cerenseignement vient jeter une clarténouvelle sur l'étroite parenté qu'un examenarchéologique révèle entre les monumentsgrenadins et les édifices abd-el-wâdites.D'après un autre historien, Abou Tàchfinaurait employé à ses coûteuses constructionsdes milliers d'esclaves chrétiens ? tantarchitectes, que maçons, faïenciers, doreurset peintres'. Enfin, l'on verra plus loin ; . quedes carreaux de faïence, figurant dans

un monument abd-el-wâdite, la mosqu luMéchouar, sont

sûrement de fabrication andalouse. Lespremiers souverains de la dynastie

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tlemcenienne auraient donc tiré de labrillante Espagne à la fois des équipesd'ouvriers et des matériaux pour ladécoration des édifices de leur capitale. Ils nefurent jamais cependant que des souverainsdu Maghrib, tandis que leurs frères ennemis,les Mérinides, furent des monarques à la

1. Histoire des Berbères, III, p. 480.

2. Barges, Complément de l'histoire de Beni-Zeiyân, p. 69, 10: — Histoire des Beni-Zeiyân,p. 46.

3. Cf. infrà : Mosquée do Mécbouar.

fois africains et andalous. Aussi parait-illégitime de présumer que la collaborationd'artistes espagnols n'est pas étrangère à laréelle beauté des monuments dont cesderniers princes dotèrent Tlemcen conquise.Une inscription du minaret de Nedromahfournit le nom d'un architecte de cette

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époque. Malheureusement ce nom est delecture incertaine et L'ethnique quil'accompagne est difficilement identifiable 1 .Un autre texte épigraphique tlemcenien,nous fait connaître un artiste d'ordresecondaire de la période mérinide. C'estl'inscription funéraire du sculpteur sur boisqui construisit le minbar de la mosquée deSidi Bou-Médine. Ce personnage est qualifiéde el-Djaziri, el-Marrâkchi, c'est-à-dire né àAlgérisas et fixé par la suite à Marrakech.C'était donc un andalous d'origine 2 . Quantau nom d'Ahmed el-Lamti qui figure sur unecolonne de la mosquée de Sîdi'l-Halwi, il fautrésolument renoncer à suivre Brosselardlorsqu'il propose de voir dans ce personnagele sculpteur de la colonne portant son nom etdu chapiteau qui la surmonte''. Un examenattentif nous a révélé la présence, sur le fûtdelà colonne, d'un cadran solaire. C'est cecadran et non la colonne qu'Ahmed el-Lamtia signé. L'inscription où figure son nom,

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nous offre un intéressant spécimentlemcenien de coufique astronomique, et unfac-similé en sera donné plus loin 4 .Mentionnons encore la curieuse légenderapportée par Barges et qui fait venird'Espagne le revêtement de bronze desportes de Sidi Bou-

1. Cf. Basset, Nedromah et les Trams, p. 28,21 ; noie 1.

2. Cf. W. Marçais, Six inscriptions arabes duMusée de Tlemcen {Bulletin archéologique,11)02, p. S4i cl suiv.).

3. Cf. Brosselard, les Inscriptions arabes deTlemcen {Revue africaine, août 1860, p.324).

i. Cf. infrà : Mosquée de Sîdi'l-Halwi.

Médine. Peut-être L'imagination populairen'a-t-elle fait à ce propos qu'embellir

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d'incidents merveilleux une vieille traditionrelative à l'origine andalouse de ceremarquable travail'.

Ce n'est guère que dans la période de pleinedécadence, à l'époqueturqueetà celle d'Abd-el-Kader, que l'on rencontre des signaturesd'artistes sur des monuments tlemceniens.Dans le décor de plâtre, qui orne l'entrée dutombeau de Sidi Bou-Mi'dven, est inscrit lenom de El-Hâchemi Çarmachîq, avec la datede 1208 de l'hégire (1793). Ce personnageappartenait vraisemblablement à une familled'ouvriers d'art turcs, fixés à Tlemcen ; carnous retrouvons les noms de deux autresÇarmachiq sur des inscriptions d'unemosquée de Mascara, avec cette mentionqu'ils sont originaires de Tlemcen '-'. Enfinl'ouvrier en bois qui fit le minbar de lamosquée de Sidi Brâhîm en 1832 (121-8 H.) aégalement signé son œuvre ; il s'appelaitBen-Ferfara, et c'est à lui encore que la

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tradition attribue la chaire de la mosquée deSidi Bou-Médine édifiée par l'ordre d'Abd-el-Kader vers 1843 :! .

Le Plan. — Le plan du temple tlemcenien,c'esi celui qu'on retrouve en Orient commeen Espagne, à la mosquée d'Amr comme à lamosquée de Cordoue, avec ses éléments vrai-

1. Cf. Barges, Tlemcen, ancienne capitule duroyaume de ce nom. p. 297, 298. L'on ne doitbien entendu attacher aucune importance àune autre légende, qui fait collaborer unarchitecte juif ou chrétien à la constructiondu minaret de Mansourah ; c'est uneinvention toute moderne destinée àexpliquer la chute de la moitié du minaret etla conservation de l'autre moitié (cf. Bévueafricaine, mai lStio. p. 311).

2. Cf. lirosselard. les Inscriptions arabes deTlemcen (Revue africaine, décembre 1859, p.

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87, 88);— Ch. Leclerc, Inscriptions arabes deMascara (Bévue africaine, octobre 1859, p.43. 46).

3. Cf. lirosselard, Tombeaux des Emirs Beni-Zeiyân, p. 50, n. 1, et Bulletin archéologique,1902, p. 546.

semblablement dérivés de la basiliquebyzantine 1 . La porte principale, placée leplus souvent dans le grand axe dumonument, donne entrée dans le çah?i, sorteA'atrium rectangulaire* bordé sur trois facespar des portiques aune ou plusieurs nefs. Aumilieu se trouve le mîdha, le phiala byzantin,où de l'eau courante sert aux ablutionsrituelles. Du côté du <<ihn opposé à la porte,s'ouvrent des nefs parallèles, qui constituentla véritable salle de prière 2 . Ces nefs sont,dans les mosquées antérieures au xv'' siècle,perpendiculaires au mur de» la façadeprincipale. Percé dans le mur du fend,

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suivant le grand axe, se trouve ce qui tientlieu de sanctuaire, dans ces temples sansmystères et sans idoles, le mihrdb. séried'abside atrophiée, indiquant aux fidèles ladirection de la Kaba de La Mecque, le pôle dumonde musulman. C'est là que se placel'imâm dirigeant la prière des fidèles. Unecoupole précède presque toujours la niche dumihrâb, qui fait extérieurement saillie sur lemur du fond. Parfois, une seconde coupoles'élève au centre de la salle de prière, dans lanef médiane, plus

1. Cf., sur l'origine des éléments constitutifsde la mosquée: Van Berchem, Notes d'an i p.20 et suiv. : — Matériaux pour un corpusinscriptio-numarabicarum, p 536. —Danslesmosquées «le l'Afriquedu Non), l'influencetoute syrienne de la madrasa et de son plancruciforme ne se fait jamais sentir. Lamosquée garde son plan primitif jusqu'à laconquête ottomane, qui l'ait apparaître de

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rares spécimens de la mosquée à coupolessuccessives (par exemple la Mosquée de luPêcherie a Alger . [Vautre part, la médersa duNord de l'Afrique, dont un intéressantspécimen sera étudié plus loin (Cf. Médersaue sini boi -Mi i'inf . n'a aucun rapport &\ ecla madrasa orientale des Ayyou-ldtes. C'estun édifice sui generis dont il Faut chercherles éléments d'abord dans la mosquée elle-même, puis vraisemblablement dans leszâwiya et les ribât : nous reviendrons plusloin sur cette question.

2. A Tlemcen, les nefs sont di signées sous lenom assez impropre de ma bhi elaqwds, <■ce qui est entre les arcades ». Les nomsclassiques de baldt et de biihou sont tout àfait inusités (Cf. leur emploi dans les textesap. Dozy, Supplément aux Dictionnairesarabes, p. 3, 123 . Une travée s'appelle çaff <>rangée», parce que chacune d'elles esloccupée dans la prière par un rang de fidèles.

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large que les autres, ('cite disposition,fréquente en Orient, rappelle Sainte-Sophiede Constantinople.

L'établissement de la coupole précédant lemihrâb nécessite un plan carré inférieur. 11eu résulte que la travée qui longe le mur dufond doit être égale, en largeur, à la nefmédiane, généralement plus large que lesautres nefs. En plan, la rencontre de la travéedu fond et de la nef médiane engendre laforme T, dont on a signalé l'analogie avec laforme en tau des églises chrétiennesprimitives '. Cette disposition ne devait rienavoir, au reste, de traditionnel ni d'obligé. Ilest en effet curieux de remarquer que, visibledans les mosquées tnérinides, elle ne seretrouve pas dans le plus ancien des templestlemceniens; nous décrirons, en étudiant cetédifice, la tricherie qui a permis de négligercelle égalité (cf. infrà Grande Mosquée.)

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Orientation des mosquées. — Nous nesaurions aborder ici d'une façon générale ladélicate question de l'orientation îlesmosquées. L'histoire de la qibla dans lesdifférents pays que soumit successivement laconquête musulmane mériterait sûrementl'honneur d'une sérieuse monographie, pourlaquelle les historiens, les géographes, etsurtout les traditionnistes offriraientd'importants documents. Nous marqueronssimplement d'une façon sommaire, quelquespoints concernant l'orientation des oratoirestlemceniens.

La tradition veut que remplacement de leursmihrâb ait été déterminé par l'observationdes astres et plus particulièrement de laconstellation d'Orion (El-Jaouzd) 2 . Il s'enfaut de beau-

1. Gf.Saladin, la Mosquée de Sidi-Okba, p. 38,39, 40.

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i. Indiquée en efl'et par les textes de droitcomme un des points de repère pour lafixation de la qibla dans le Maghrib (Cf. El-Bannàni sur Abd-el-Bâqi sur Sidi-Khalil,édition du Caire, 1307, I, p. 186, in fine).

coup que ce procédé primitif ait assurél'unité de l'orientation dans les mosquéestlemceniennes. D'un édifice a un autre, ladirection de la qîbla est assez variable. Elleva du Sud-Sud-Est à l'Est-Sud-Est. Il nesemble pas cependant, pour la plupart desédifices religieux, que les sultans mérinidesou abd-el-wâdites aient été gênés dansl'orientation de leurs constructions nouvellespar la présence de constructions voisinespréexistantes. Les mosquées de Mansourah,de Sîdi'l-Halwi, de Sidi Bou-Médine, parexemple, ont été élevées, pour ainsi parler,en rase campagne, ce qui n'empêche pas quechacune d'elles nous offre une orientationdifférente. Aucun obstacle de cette nature ne

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parait non plus avoir existé pour la plupartdes oratoires situés à l'intérieur delà ville.Dans tous les cas, le souci d'une orientationun peu exacte aurait pu alors donner l'idéed'un procédé constructif qui se rencontreparfois en Egypte : la disposition oblique dumihrdb dans la muraille 1 . Or cettedisposition ne se rencontre dans aucune desmosquées tlemceniennes. L'axe du mihrdb yest invariablement perpendiculaire au murqui contient sa niche, ("est donc que le soucidont nous parlons n'a point existé chez lesconstructeurs tlemceniens. Plus tard, il estvrai, des scrupules sont nés. Des voyageursont dénoncé l'orientation inexacte desmosquées maghribines 2 , et aujourd'hui iln'est pas rare que de pieux musulmans,lorsqu'ils font la prière à la

1. Cf., sur l'orientation des mosquéeségyptiennes, Van Berchem, Solesd'archéologie. I, p. 90, note 3; — Matériaux

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pour un Corpus, p. "i, note 1; — Ravaisse,Essai sur l'histoire et la topographie duCaire. I, p, 42:;. note 1.

2. Dans une glose manuscrite sur Sidi-Khalildue au chikh Mohammed-ben-Abd-er-Rahmàn El-Tlimsàni (xir siècle de l'hégire],il est dit ironiquement que « les maghribinsont deux qibla, une vers laquelle ils prient, etl'autre vers laquelle ils font le pèlerinage».

Grande Mosquée de TIemcen, ne se tournentlégèrement vers la gauche du mihrâb '.

Ii'uno façon sommaire nous pouvonsdistinguer comme il suit l'orientation desprincipales mosquées tlemceniennes : Sud-Sud-Est la Grande Mosquée, la mosquée deBou-Médine, la mosquée de Sîdi Brâhîm;Sud-Est les mosquées de Bel-Hassen,d'Oulâd el-Imàm, de Sîdi'l-Halwi, de SidiLahsen; Est-Sud-Est la mosquée de

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Mansourah, et aussi les oratoires ruinésd'Eubbâd es-Sefli, y compris probablement lemonument que l'on désigne courammentsous le nom de Qoubba de Sidi Bou-Ish.'iqet-Tayyâr.

Nous donnons ce classement rapide sansnous hasarder à en tirer aucune conjecture.En outre nous appellerons qibli, ou Sud, lecôté de la qibla,jaoufi ou Nord, le côté opposéà la qibla, gharbi ou occidental, le côté situéadroite du mihrâb puni- un observateur quifait face à sa niche, charqi ou oriental, le côtésitué à gauche. Ces désignations, si peuexactes qu'elles soient, au point de vue d'unedétermination rigoureuse de l'orientation, seretrouvent au reste dans des textes relatifsaux mosquées tlemceniennes '-'.

Mobilier. — C'est dans la salle de prière quese trouve le minbar, chaire del'imàm, sorted'escalier de bois adossé au mur du fond 3 ,

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généralement à droite du mihrâb, le sedda[banc)

1. Il en serait de même, nous assure-t-on, à laQarawiyin de Fàs, ei même à la prière duvendredi, le mosamma avertirait à haute voixles fidèles de se tourner légèrement à gauchedu mihràh ; il serait important, dans uneétude sur les édifices religieux marocains, denoter exactement l'orientation des mihrâbs.

2. Par exemple, la table des habous de SidiBel-Hassen [Cf. Revue africaine, février1S.j9, p. 163 .

3. Il est parfois mobile et peut, à volonté, êtrerepoussé dans une loge ménagée dans le murpour le recevoir. Il en est ainsi à la GrandeMosquée de TIemcen (Comp. Doutté, ap.Journal asiatique, Janvier 1902, p. 160).

du haut duquel le mosammi reproduit pourles fidèles éloignés les attitudes de l'imâm, et

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leur « fait parvenir » sa prière 1 . Le sedda,dont nous ne trouverons que deux exemplesà Tlemcen, est généralement composé d'unplancher surélevé, auquel un escalier demieaccès, et qui porte une lialustrade sur sesquatre faces; il est ici placé dans l'axe dumonument 2 et occupe toute la nef centrale.C'est, là enfin qu'on trouvait la maqçoura,enceinte permettant aux sultans de faire laprière en sûreté 3 . Toutes ces piècesd'ameublement ne sont d'ailleurs pointindispensables, et ne se rencontrent (piedans les mosquées où l'on (-('délire le servicesolennel du vendredi.

L'ameublement des mosquéestlemceniennes est, comme

1. Lis noms de sedda et de mosammi sontemployés dans le Maghrib; en Egyptien lesedda porte le nom de dikka, el le mosammirelui plus conforme à la technologie rituelle

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de moballigh (Cf. Lane, Modern Egyptians,

I. lui. .

2. Cette position médiane du sedda n'est pasnécessaire. A la mosquée d'Amr, au Caire, ilest placé à droite de l'axe en regardant lemihràb. A la mosquée de Cordoue. il se pi.orrait que la chapelle Villa-Viciosa, élevéed'environ :: mètres au-dessus du sol, etcontiguë à la coupole centrale, mais à gauchede celle-ci, ait été construite pour remplir cerôle, après que la mosquée elle-même eut étéaugmentée vers la gauche, d'un certainnombre de nefs.

3. A Tlemcen, il n'y a plus une seulemaqçoura en place; celle de la grandemosquée existait encore il y a trente ans. etun important fragment en a été transportéan musée de la ville. Il date de l'époquealmoravide et porte une inscription d'un type

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curieux, intermédiaire entre le caractèrearrondi et le caractère rectangulaire, que l'unde nous a publiée (Cf. Bulletinarchéologique, 1902, p. ;;î,S à 551). — Le nomde maqçoura [m. à m. partie séparée) reçoit,au reste, bien d'autres applications. EnEgypte, il en est arrivé à désigner toute lasalle principale de prière, et aussi la grille dehuis ou de métal qui entoure les sarcophagesde saints (Cf. Lane, Modéra Êgyplians, 1, p.299,

II. p. 340). A Cairouan, nous le trouvons dèsune époque ancienne donne à une partie dela mosquée réservée aux félonies el isolée dureste de l'édifice (Cf. El-Bekri, p. 21 ; Saladin,la Mosquée de Sidi Okba, p. 21,70). Il en estde même aujourd'hui à Tlemcen. Enfin nousdirons plus loin quelques mots des rapportsde la maqçoura avec la « chambre de prêche».

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on le voit, fort sommaire, et en outre, il esttrès peu artistique. Les ouvrages de boiserien'occupent pas un rang d'honneur dans lavieille cité abd-el-wâdite. On n'y trouve parexemple aucun spécimen de ces beauxpupitres à Coran [Koursi] qui font l'orgueilde certaines mosquées égyptiennes 1 . Lesedda est fruste; les minbar sont simples,massifs, ei font triste figure à côté de la bellechaire de style byzantin de la mosquée deCairouan "-'. Cependant, au dire de vieillardsde Sîdi Bou-Médine, la mosquée de cettelocalité possédait encore, au siècle dernier,un minbar mérinide précieusement sculptéet incrusté d'ivoire 1 . Il aurait été nus enpièces dans les troubles qui suivirent lapremière apparition des troupes françaises àTlemcen.

Dépendances. — Des dépendancesd'importance variable s'ajoutent à cestemples : d'abord le minaret (dans toute

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l'Afrique du nord çaouma), la tour du haut delaquelle le moneddin lance cinq fois par jourla profession de lui musulmane et l'appel à laprière. Accolé à l'un des murs de la musquée,souvent au mur de façade' 1 , le minarettlemcenien est toujours construit sur plancarré, et rappelle la Giralda de Séville. \'\\parapet entoure la plate-forme. Il estgénéralement crénelé de nierions en trapèzesdentelés 5 . Un édifice terminal, également

1. Cf. Gayet, l'Art arabe, p. 229 et suivantes,liourgoin. Précis de l'Art arabe. LaMenuiserie, PI. 79, 80, 81, 93 et 9:,.

2. Cf. Saladin. la Mosquée de Sîdi-Okba, p.104 et suiv.

3. C p. la description du minbar de laQarawiyin ap. Qartâs, p. 79: Léon

l'Africain, II, p. 75.

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4. .Via grande mosquée de Tlemcen, aumilieu du mur Nord comme il était àCordoue, à Séville (?) et à Cairouan Cf.Saladin. la Mosquée de Sidi-Okba, p. 1 .

•j. Cette forme de nierions est extrêmementancienne. On trouve déjà des formesanalogues à l'acropole de Snze. dans l'Arabieméridionale, etc. Cf. de Landberg, Etude surles dialectes de l'Arabie méridionale : 1.Uadramoul, p. 100,

carré, sorte de campanile décoré de faussesarcade- e< percé de la porte de l'escalier,s'élève au milieu de la plate-for nie 1 . 11 estsurmonté d'ornements de cuivre, couronnesajourées, boules et croissants 2 . Construitgénéralement i n dernier lieu, le minaretn'apparaît pas comme une dépendanceessentielle delà mosquée. 11 semble bien quela Grande Mosquée de Tlemcen s'en soitpassée pendant prés de soixante-dix ans; de

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même la mosquée Qarawiyin à Fàs, laKotoubiva a Marrakech et la GrandeMosquée d'Alger, n'eurent des minarets quede longues années après leur fondation\

Une autre dépendance, qui, elle aussi, n'esten usage que

no t e l : _p erro t et Chipiez: Hist.de l'Art,III. p. 263etss.] : Les murs extérieurs de lamosquée de Cordoue sont entièrementcouronnés de motifs semblables. Voici,d'autre part, ce qu'en dit Saladin pour laTunisie : « L'apparition des merlons en dentsde scie sur les couronnements des crêtes neme parait pas devoir être antérieure à la findu ix* siècle ou au commencement du x<. enTunisie du moins. >> Musquée de Sidi-Okba,p. 13.

1. Barges prétend que la chambre qui occupeparfois cet édifice terminal est l'habituelle

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demeure du moueddin [Tlemcen, anciennecapitale du royaume de ce nom. p. 439). Cerenseignement est tout à fait fantaisiste. Lachambre placée au sommet d'un des plusgrands minarets que nous ayons a étudier a

dénient I mètre de côté ! Elle sertsimplement à abriter le moueddin. pendantl'appel à la prière, les jours de pluie: on yrenferme aussi divers accessoires,notamment l'étendard Manc qui flotte levendredi au sommet du minaret

2. Les croissants datent de l'époque turque :quant aux boules de cuivre ou d'or, leuremploi dans le Maghrib est assez ancien. Lesboules [lafâfih, littéralement pommes) quicouronnaient le sommet de la Giralda sontcélèbres dans les chroniques arabes (cfRoudh-el-Qartâs, p. 323; — Kilâb el-Istiqça, I.p. 180). Les boules du minaret de la grandemosquée d'Alger, sont mentionnées avec

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éloge dans l'inscription commémorative dece monument Cf. Corpus des Inscriptionsarabes de l'Algérie. 1, G et "). Le minaret de laQarawiyin fut surmonté de l'épée d'idris 11Roudh-el-Qartâs, p. 10 . (in attribue parfoisaux boules des minarets ou à des ornementsmétalliques qui surmontent les dôme- île-mosquées Jes vertus magiques ,Cf. uncurieux passage du Qartâs, p. 1>. 73, et Léonl'Africain. 1. 199 . Les couronnes ajouréessont parfois d'un travail assez délicat. Nousdonnons plus loin le fac-similé del'inscription qui décore l'une d'elles,provenant de la Grande Mosquée de Tlemcin

(Cf. in/.. Pu- 23).

::. Cf. Qartâs, p. 69; Istigça, I. p. 1SU: Corpus.Alger, loc. rit.

dans les mosquées cathédrales, est la «

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chambre du prêche ». Appuyée au mur dufond derrière le mihrâb, dont elle enveloppeeu quelque sorte la saillie, cette salle. 1ressimple, en appentis, communique avec lamosquée par une petite porte percée àgauche du mihràb. C'est de cette petitechambre 1 que sort le prédicateur, lorsqu'àl'office solennel du vendredi il se dispose àmonter au minbar pour prononcer le sermonprescrit par la loi religieuse. Un curieuxpassage d'El-Bekri autoriserait presque à envoir l'origine dans une extériorisation de lamagçoura*; et de fait à Tlemcen, cette salleest fréquemment appelée maqçoura 3 , maisson nom le plus courant est « chambre desmon-' . C'est qu'a Tlemcen une coutume plusou moins ancienne'veut que, auxenterrements qui ont heu le vendredi et lesjours de grandes fêtes, on introduise lebrancard funèbre dans cette salle pour quel'imam fasse sur le cadavre la prière desfunérailles. C'est la une pratique légèrement

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hétérodoxe, peu compatible avec la puredoctrine màlikite lj . mais fortementenracinée.

Il va sans dire que c'est le plan théoriqued'une mosquée complète que nous venons dedétailler. Mais il s'en faut que tous ceséléments soient toujoims réunis : nous enétudierons,

1. Cette salle est mentionnée dans les textessou? le nom de dâr el-Khitdha. Cf. Kharcbisur Khalil édition du dire. 1307 de l'hégire), I.p. -443. 1. 14: comp. Boston notre ms., p. 71.1. S.

2. Cf. El-Bekri. p. 24. in principio.

3. Elle sert aussi de sacristie; on y met à labridivers accessoires fort simples, utiles auservice du culte conip. Journal asiatique,septembre 1848. p. 257 .

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i. Bit El-Djanâiz; c'est le nom que lui donnetoujours Duthoit dans son Rapport.

"i. La prière des funérailles faite à la GrandeMosquée est déjà mentionnée pour despersonnages tlemceniens du ix' siècle del'hégire Cf. Boston, notre ms.. p. 89 et 302).

6. L'introduction dus morts dans la mosquéeest. en principe, rejetée dans

et non des moins riches au point de vueornemental, qui n'ont pas de çahn, ni deportiques ; d'autres n'ont pas de minaret. Ilsemble que l'élément indispensable de cestemples soit, avec la salle où l'on t'ait laprière en commun, la niche indiquant lafjihla; nous verrons cependant qu'elle nepeut servir aies caractériser nettement, caron la rencontre dans des édifices dedestination toute autre, médersa, qoubba destombeaux, elc.

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Dépendances extérieures. — Les alentoursimmédiats de la mosquée tlemceniennedoivent être considérés comme dépendancesdu sanctuaire lui-même. Fréquemment unacte de //a/tous en consacre le caractèrereligieux et imprescriptible. II en est ainsi,par exemple, à Sidi Bou-Médine, où l'acte defondation delà mosquée place au nombre deses haboas le reste du terrain demeuré libreautour d'elle après sa construction 1 . (Vterrain est occupé par un chemin droitqui.l'ait le tour de l'édifice et permet l'accèsde ses différentes portes. Des arcades partantdu mur de la mosquée vont joindre la massedu roc qui la surplombe. Un chemin dumême genre existe autour de Sidi'l-Hahvi, etun autre existait sur trois faces de la GrandeMosquée. Du côté Est de ce derniermonument, il subsiste aujourd'hui encoreune pittoresque allée à arcades dont il seraparlé plus loin (Cf. infrà, Grande Mosquée).Pour d'autres oratoires de moindre

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importance, il n'a jamais existe autour dechemin de

le rite mâlikite Cf. Kharchi sur Khalil, 11, p. il; —Zorqâni sur le Mowatla, II. p. 14, 15); lesMusulmans tlemceniens scrupuleux font, aureste, remarquer que, à la rigueur, la •chambre des morts » extérieure à lamosquée n'en fait pa partie. A Alger, il yavait, tlans le voisinage immédiat desmosquées-cathédrales, mais séparé d'elles,un oratoire funèbre appelé moçalla (Cf.Devoulx, Édifices religieua </■• l'Ancienllgei; p. 96, 97),

i. Cf. lirosselard, les Inscriptions arabes îleTlemcen {Revue africaine, août 1859, p. il:!et 416).

dégagement, niais les constructions voisines,parfois adossées aux murs mêmes de lamosquée, faisaient très souvent partie de ses

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habous. Elles offraient un logement auxfonctionnaires de l'oratoire, moueddin,imam, etc., ou encore, les revenus en étaientaffectés au service du culte. 11 en est ainsi,par exemple, à la mosquée de Bel-Hassen età celle du chikli Senousi'.

Les alentours de la mosquée peuvent encoreêtre occupés par diverses dépendances. Nousreparlerons plus loin des tombeaux vénèresqui s'élèvent dans le voisinage immédiat decertains oratoires tleniceniens. Pour lemoment, nous devons citer en premièreligne, parmi les annexes extérieures desmosquées, les latrines publiques[motahherât). Ces édifices comprennentessentiellement une cour centrale carrée, àciel ouvert ou recouverte d'un dôme. Autoursont disposés des bassins rectangulairespour l'ablution, des logettes-cabinetsd'aisance avec un bassin carré de petitesdimensions, une ou plusieurs loges munies

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d'un bassin de dimensions moyennes pour leghos/, c'est-à-dire la lotion rituelle générale{naqâir).

1. Cf. Brosselard, les Inscriptions arabes deTlcmcen (Revue africaine, février 1839, p.163; septembre 1861, p. 32o). — Au mur Sudde la Grande Mosquée, étaient aussiadossées îles boutiques, constituées enhabous au profit de la mosquée. — Unexposé des idées musulmanes sur le harîm,c'est-à-dire sur l'espace non bâti qui joint unédifice et en dépend (cf. Lisân El-Arab, XV, p.14), fournirait la matière d'une intéressanteétude. 11 faudrait suivre dans le droit et dansla coutume locale l'histoire du hartm, harîmbédouin de la tente (et aussi des arbres), puisharim du puits et de l'abreuvoir, harîmcitadin de la maison, et enfin harîm de»édifices religieux. Les traités de droitcontiennent, à cet égard, au chapitre desTerres mortes, d'importants renseignements.

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Pour ce qui concerne les alentoursimmédiats des oratoires, il faut remarquerque, lorsque la place manque dans l'intérieurd'une mosquée-cathédrale, les fidèlespeuvent valablement faire la prière duvendredi dans les rues contiguës et dans lesboutiques adossées aux murs de l'édifice.C'est donc que ces alentours sont considéréscomme faisant partie de la mosquée (Cf.l'intéressant passage de la glose d'El-Bannànisur Abd-el j Bàqi, sur Khalil: le Caire, 1307 del'hégire, II, p. .'i.'i).

4

De l'eau courante alimente abondammentces divers bassins 1 . En outre le tout secomplète parfois d'une fontaine publiqueextérieure. Les anciennes latrines de laGrande Mosquée ont disparu : ellesoccupaient un espace assez considérable, auNord de l'édifice, sur un emplacement qui

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fait aujourd'hui partie de la rue de la Paix.Les latrines de Sidi Bou-Médine et de Sidi'l-Halwi subsistent encore dans leur étalprimitif et seront étudiées plus loin. A SidiLahsen, d'après le témoignage oral de vieux;habitants du village, un édifice ruiné, situé àl'Est du minaret subsistant, et séparé dureste de la mosquée par l'étroit chemin d'underb (impasse), contenait des latrines, unefontaine publique placée sous une voûte, etau premier étage une école. C'était à peu prèsla disposition classique d'un édifice fréquenten Égj'pte, le Sabîl-Kouttâb (fontaine-école)2 . Remarquons a ce propos qne l'institutionde la fontaine publique n'a jamais joué, hTlemcen, le rôle important qu'elle a tenu enOrient ; . Sans doute un certain nombred'anciennes fontaines ont pu disparaîtredepuis la conquête ; mais, au dire de vieuxTlemceniens que nous avons consultes, lesfontaines publiques ont toujours été peunombreuses dans leur

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1. Comp. Léon l'Africain, H. p. iiC.

2. Cf. Van Berchem, Matériaux pour unCorpus, p. 432 i — 11 faut rapprocher encorede la fontaine-école égyptienne un édificealgérien maintenant disparu et qui portait lenom de « zàwiya » de la Grande Mosquée(Cf. Devoulx, Édifiera religieux de l'AncienAlger, p. 123 et 83).

3. A Tlemcen, le nom habituel de la fontaineest seqqùija. pluriel sqdqi. (De Goeje,Glossaire de Beladsori, seqâyà); — l'autremot maghribin sebbâla, qu'il fautvraisemblablement rapprocher du sabil desdialectes orientaux (littéralement « celle quiabreuve pour l'amour de Dieu ») est employépar les seuls Juifs : ce serait donc que, dansles idées populaires reflétées par le langagecourant, « l'abreuvement des Musulmans »n'est pas considéré ici comme l'œuvreagréable à Dieu par excellence (Cf., sur

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l'évolution du mot sabil, Van Berchem,Matériaux pour un Corpus, p. 230; —Goldziher, Mohammedanische Sludien, 11.390, 391).

ville et rarement ornées de pompeusesinscriptions dédicatoires. C'est que nousavons à faire ici à une cité montagnarde, oùpresque chaque maison possède un puitsd'eau vive. Les princes et les gouverneurstlemceniens n'ont donc pas eu à assurer, pardes fondations officielles,l'approvisionnement en eau de leurs sujets etde leurs administrés 1 .

Proportions. — Les proportions adoptéespour les mosquées sont assez constantes ettrès simples. Si, en suivant l'axe qui va duJaonf (côté Nord) à la qibla, l'on additionnela largeur de la première nef ii la longueur dela cour, on obtient une distance égale à laprofondeur de la salle de prière, moins le

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mihrâb. La cour seule est égale à la salle deprière moins la coupole du fond. Le centre dela mosquée se trouve donc assez exactementplacé en avant des premiers piliers de la nef,à l'endroit où un renfoncement, découpédans le pavage surélevé de cette nef, indiquela position du mihrâb aux fidèles placés dansla cour.

Les nefs dont le nombre est fort variable — ilva de trois jusqu'à treize, — ne sont pas enlargeur inférieures à 2 m ,70, et supérieuresà 4 m ,60. Cette persistance des largeursréduites, pour ainsi dire indépendante desdimensions totales de l'édifice, et qui seconstate aussi bien dans les mosquées quedans les monuments civils, pro-

1. Rappelons cependant qu'El-Bekri déjàmentionne l'adduction de l'eau à Tlemcenpar des travaux d'art (Description del'Afrique, p. 12). A Alger, les fontaines à

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inscriptions sont très nombreuses, mais ellesdatent toutes de l'époque turque, et ontgénéralement des inscriptions turques(Corpus des inscriptions de l'Algérie, I, n°*"Ï1, 18, 79, 80, etc.). C'est que les gens del'Ojàq étaient pénétrés des idées de l'Orientmusulman sur l'institution des fontaines fisabîli 'llah. Il serait intéressant de relever 1rsinscriptions des fontaines publiques de Fàs,qui, nous assure-t-on, sont nombreuses, etd'examiner soigneusement leurs dates.

vient vraisemblablement des exigences de lacharpente, Je

la rareté des dois de grande taille et derésistance suffisante. Les pins longues piècesne dépassent pas 5 mètres de long, et les plusgrosses 20 centimètres au carré.

Matériaux. — Les matériaux sont :

D'abord le bois, généralement cèdre ou tuya,

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que l'on trouve, simplement équarri dans lescharpentes, sculpté, gravé et formant en desassemblages de très savantes combinaisonsdans les solivages apparents, dans lesauvents et les portes, ou posé brut, en brinsminces, dans les plafonds de maisonsprivées, ou bien encore noyé dans le corpsdes maçonneries en longrines, constituantun chaînage qui consolide les murs.

Le pisé (tàbia), ciment t'ait d'argile, de sable,de chaux et de débris de toutes sortes, battusur place dans des caisses d'environ 0"',8Ûde hauteur. Il prend avec le temps laconsistance d'une pierre très dure, et sesruines forment des chicots d'un seul blocrégulièrement criblés de trous. Ces trous ontété laissés par les ais qui réunissaient lesparois du moule. Un enduit de plâtrerecouvranl les surfaces intérieures etextérieures les dissimulait aux veux ; cetenduit tombé, ils apparaissent, intriguant

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fort les touristes par leur symétrie '.

La terre cuite sous son triple aspect debrique, de tuile et de terre émaillée.

Les briquet' ont ordinairement 0 m ,-26 delong, 0 m ,12 de

1. Cf. Une intéressante description de lafabrication du ldbia,ap. Ibn-KhaldounProlégomènes, H, p. 372; — cf. aussi, Du/y,Supplément aux dictionnaires arabes, II, p.65, 6C. — L'emploi de ce genre de «construction compacte »est extrêmementancien; les Phéniciens s'en sont courammentservi. Sur le pisé à Cartilage, et. Perrot etChipiez, Hist. île l'Art, I. III. p. 363, el suiv.

l. La brique crue, si employée en Orient etdans le Maghrib oriental, ne

INTRODUCTION !>3

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large à peine, 0 m ,04 d'épaisseur. Les jointsont environO m ,03, mais ils s'augmententsuivant les besoins de l'appareillage.

Les tuiles creuses sont des portions de cônetrès allongé; elles sont souvent rouvertesd'un émail vert à base d'oxyde de cuivre.

La terre émaillée joue un rôle importantdans la décoration extérieure ; elle forme cequ'on a assez improprement appelé lamosaïque de faïence, combinaison demorceaux vernissés, de tons différents,découpés suivant un dessin et encastrés lesuns dans les autres 1 . Ces morceaux,probablement moulés, cuits, puis couverts etrecuits avec l'émail, sont ajustés ensuite à lalime et posés selon le carton sur des plansconvenablement dressés ; ils sont enfinassemblés et reliés entre eux d'un bonmortier de sable et de chaux ; ils formentainsi de grandes plaques de 0 m ,05 environ

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d'épaisseur, que l'on fixe sur la paroi àdécorer par des broches d'osou deboisscelléesdansles joints. La terre estd'unrouge assez sombre; les émaux dont ilssont cou-

paratt pas avoir joué un grand rôle dans leMaghrib occidental et en Andalousie; le piséen tient lieu. *

1. Ary Renan donne du procédé cettedescription minutieuse : «C'est comme si ondécoupait une lettre grasse, un A, parexemple ; chacun voit qu'il resterait un petittriangle isolé : ce petit triangle, faisant partiedu fond, sera coloré de la même couleur quele fond; quant aux deux jambages et à labande transversale, il serait peut-êtredangereux de les tailler d'une seule pièce ; onles scindera en trois segments: et, comme onaura ménagé dans le fond une rainure dedimension égale, on pourra recomposer la

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lettre A en ses quatre morceaux, dont troisnoirs et un blanc... [Gaz. des Beaux-Arts,1893 t. 1, p. 188). — En réalité, dansl'exemple choisi, le trapèze ayant pour petitcôté la bande transversale de l'A et pourcôtés non parallèles la base des deuxjambages constituerait probablement uncinquième morceau; mais si les rainuresvéritables sont rares, les anneaux évidésdans une plaque pour être ensuite remplispar un fragment d'un ton différent serencontrent assez fréquemment. On pourrad'ailleurs constater, par l'examen des figures,que, dans ce travail, analogue à celui quenécessite le montage en plomb d'un vitrail,les marqueteurs tlemceniens n'ont pasreculé devant les coupes les plus délicates.

verts sont de nombre limité, maisde tonalitéfranche et d'un admirable effet. Le blanc estd'une belle pâte, demi-mate, légèrementverdâtre, très peu craquelée. Le brun de

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manganèse est généralement employé trèsépais, de manière à former un ton presquenoir. Le jaune est un jaune de fer assezimpur, donnant une ocre verdâtre etmouchetée où les craquelures sontfréquentes. Le vert de cuivre est de valeur etde ton très variables; dans le même décor onle rencontre, très sombre et très profond, outrèsclair et se rapprochant soit du céladon,soit du bleu turquoise. Le bleu de cobalt estassez rare; il ne semble pas avoir étéemployé à Tlemcen avant la seconde moitiédu xiv e siècle ; il est clair et assez pur.

Le plâtre, revêtement habituel des mursarabes, passé au balai ou rayé simplement detraits horizontaux simulant un appareillage ;à l'intérieur, il est appliqué en épaisseur surune couche de mortier et retenu par desclous carrés à tête large ; parfois moulé etrapporté par morceaux 1 , parfois taillés surplace d'après un dessin préalablement établi-

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, repercé de défoncements allant de quelquesmillimètres à plus de cinq centimètres deprofondeur. Il semble moins fin que celui durevêtement des palais espagnols.

1. Girault de Prangey cite une des salles del'Alhambra, la salle des Aben-cerages, dont,suivant une tradition, on aurait refait leplafond à stalactites, ruiné presqu'en entier,à l'aide des anciens moules fortuitementconservés. — 11 semble bien qu'à Tlemcenles ornements de quelque relief aient étécoulés à part, puis plaqués sur les fonds. Lamosquée d'Oulàd-el-Imàm présente la tracede colonnettes, tombées par la suite, avec lesiulailles préparées pour accrocber cesplaquages. Nous renvoyons d'ailleurs auchapitre consacré à ce petit sanctuaire; on ytrouvera un assez curieux procédé serapportant à la technique du plâtre.

•2. Ibn Khaldoun décrit ainsi le travail du

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plâtre sculpté : « Le plâtre est délayé dansl'eau, puis, quand il a pris corps, mais qu'ilest encore humide, on façonne cette massesur un modèle donné avec des ébauchoirs enfer, jusqu'à ce qu'il ait pris du poli et unaspect agréable {Prolégomènes, p. 321, t. 11.

La pierre est assez rare. Elle est représentéepar quelques blocs de grand appareil, le plussouvent empruntés aux monumentsantiques, quelques chapiteaux de grès, plusfréquemment par des chapiteaux et des fûtsde colonnes taillés dans un beau marbreonyx transparent et chaud, que les sultansabd-el-wâdites et mérinides tiraientvraisemblablement des carrières d'Aïn-Taqbalet'.

Formes extérieures. —■ Le minaret carré, lestoits plats surmontant chaque nef, telles sontles formes extérieures des mosquéestlemceniennes. Nous sommes ici dans une

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cité montagnarde, les pluies et les neiges n'ysont pas rares, elles doivent pouvoirs'écouler au versant des toits de tuiles; donc,ainsi qu'à Grenade et à Marrakech, peu dedômes de plâtre; les coupoles s'indiquentextérieurement par des pavillons à quatrescroupes; les nefs ont aussi des combles enpyramide. Seuls, certains tombeaux sontcouverts par des dûmes hémisphériques ou àpans coupés, forme consacrée de la qoubba-.Notons aussi que des bains et des latrinespubliques présentent également des dômespercés par des jours.

L'emploi habituel du pisé, et surtout de labrique et du plâtre, matériaux commodes, àla fois portatifs, légers, et offrant, quand ilssont bien liés, des masses d'une cohésion

Traduction, II, p. 373). C'est de l'emploi deces ébauchoirs en fer, bien connus de tousles artistes qui travaillent le plâtre, que vient

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vraisemblablement le nom de Naqcli hadîdasculpture au fer), donné au revêtement deplâtre. Sur ce nom, cf. Dozy, Supplément auxdictionnaires arabes, I, 236; Beaussier,Dictionnaire arabe, p. 6S7. A Tlemcen,simplement hadîda [Ndqch étant sous-entendu' 1 .

t. C'est du marbre assez semblable à celui del'Alhambra, qui provoquait si justementl'admiration d'Henri Regnault Cf.Correspondance, p. 306 et ss.).

2. Le mot quubba s'emploie indifféremmentpour désigner tous les genres de coupoles :coupoles de tombeaux, coupoles de mihràbs,coupoles de porches ;Cf. Van Berchem;Matériaux pour un corpus, isS, note in fine).

BC INTRODUCTION

suffisante, ne devaient pas orienter lesArabes vers les problèmes de la ci

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instruction. Quelques formules simples,empruntées aux Byzantins et médiocrementappliquées, firent tous les frais de l'anatomieîles édifices.

Construction. — Nous avons dit plus haut lacomposition des murs de pisé et de briques.Parfois les assises horizontales de cesdernières sont interrompues par des rangsen diagonale, parfois par des lits demoellons. Plus souvent on trouve cesmoellons chargeant le sommet seul audépart des voûtes.

Le plus simple des solivages employés est,dans les bâtiments privés,la juxtaposition derondins de bois reposant sur les deux mursparallèles et recevant directement la chaux etle béton soigneusement pilonné desterrasses.

Dans les édifices publics, les voûtes les plus

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employées sont la voûte en berceau et lavoûte d'arête, formée de la pénétration d'unevoûte cylindrique longitudinale par uneseule ou par plusieurs voûtes cylindriquesperpendiculaires. Parfois des rondins de boisalignés au sommet des murs, parallèlement àl'axe des berceaux, semblent servir desommier à l'amor-cement de ces berceaux.

Nefs, couloirs, escaliers sont généralementcouverts suivant ces deux modes classiques.

Nous avons vu qu'il était rare que les toitsfussent à deux pentes seulement. Il est, parconséquent, peu fréquent de voir cesberceaux buter contre un mur de pignon.Une portion de voûte cylindrique les terminesouvent aux deux extrémités. Un revêtis deplâtre les garnit intérieurement. Ce genre devoûte allongée et surbaissée se rapprochebeaucoup de la construction des coupoles ouqoubbas.

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Celles-ci sont à pans coupés ou circulaires,appareillées par assises. Exceptionnellementon trouveàla Grande Mosquée de Tlemcenune de ces coupoles primitives forméesdecintres entrecroisés, dont la mosquée deCordoue, et surtout l'église del Cristo de laLuz à Tolède présentent de si curieuxexemples (fig. 19).

C'est la demi-voûte d'arête qui formeordinairement la trompe d'encorbellementsur laquelle reposent les coupolestleinceniennes (fig. 1) '.

La légèreté des matériaux qui composent lesvoûtes en berceau et le faible écartement îlesmurs goutterots, font que ces voûtesn'exercent pas de poussées bienconsidérables. La couverture de tuile est pluslourde, mais il résulte de la disposition desnefs parallèles qu'elles se contrebutent lesunes les autres, el que, loin de s'additionner,

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leurs poussées se neutralisent. Il n'est besoinde lutter que contrôla poussée des chargesdes nefs extrêmes. Des contreforts, parfoismême dos arceaux, réunissant la mosquéeaux édifices voisins, sont, vraisemblablementdans ce but, dressés contre les mursextérieurs. Il convient de remarquerd'ailleurs que, de même qu'à Sidi Oqba et àCordoue, ces contreforts ne correspondentpas toujours aux points où la butée des arcsen rendait l'établissement logique.

Des tirants, peut-être même un chaînage debois noyé dans les murs, achèvent deconsolider la construction.

1. Le petit monument, dont nous donnons iciune vue intérieure, est un de ceux que l'onrencontre à El-Eubbàd es-Sefli (Voir, surrelie agglomération, in/'., PI. XVI etcontexte). Uniquement formé d'une coupoleportée par quatre piles réunies entre elles

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par des arceaux, il présente une curieuseanalogie avec l'édicule achéménide deFérachbad (Cf. M. Dieulal'oy, l'Art antique delu Perse, t. IV, p. 17, fig. 56 et 57).

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Charpentes. —Comme pour les voûtes, letype des charpentes

est emprunté aux monuments antiques.Extrêmement simples, elles offrent, avec lesfermes romaines dont les vestiges nous sontparvenus,une très grande analogie '. Cesfermes sont, en raison de la faible dimensiondes pannes, assez rapprochées les unes desautres. Rarement des entraits s'assemblent àla base des arbalétriers,mais des entraitsretroussés consolident la charpente etsupportent un plan décoratif de caissonsformant plafonnage.

Parfois les sommets des chevrons sontsimplement réunis entre eux par deschevilles ou des clous, leurs pieds noyés dansla maçonnerie sans sablière ni patins. Lavolige seule maintient tout le chevronnagedans son plan.

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Ce genre de charpente, peu compliqué,devint par la suite de moins en moins savant.Nous montrons ici (fig. 2) un comble deqoubba datant de l'occupation turque. Il estassez élevé au-dessus de l'extrados. Les boissont à peine équarris, les assemblages, malfaits, sont maintenus par des clous. Ausommet se réunissent huit arbalétriers : unpour chaque arêtier, un pour le milieu dechaque croupe.

Quand on les compare aux Occidentaux dumoyen âge on peut, sans être taxé desévérité, juger les Arabes de médiocresconstructeurs, empruntant à autrui desformules dont ils ne semblent pluscomprendre le véritable but, en créant eux-mêmes d'autres, dont ils ne tirent aucunparti logique pour concourir à la stabilité deleurs édifices.

Les preuves qui peuvent appuyer ce

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jugement se rencontrent à chaque pas dansl'examen de leur technique.

On sait l'heureux usage que les Gothiquesfirent de l'arc

1. Entre autres, le temple de Sbeitla(Tunisie), cité par Saladin [Conférence surl'Art musulman, faite à l'Union s'/ndicale desArchitectes français, p. 12).

brisé, comment ils modifièrent l'arc romanen en faisant deux

»

tronçons distribuant logiquement lespoussées. Or, cet arc exista de tout tempschez les Arabes ; mais ils ne s'en servirentjamais que comme d'une forme décorative,sans modifier en L'adoptant leurs procédéshabituels de construction.

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L'encorbellement h stalactites qu'ilsempruntèrent aux

Fie. "2. — Aogle d'un comble de qoubba{époque turque

Persans ne fût pour eux, on Occident dumoins, même lorsqu'ils le reproduisaient enpierre, qu'un moyen de décor. Quant aux

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ouvrages en bois do faibles dimensions, voicice qu'en dit Viollet-le-Duc : « Los ouvragesde bois des Arabes, des Orientaux ont aumoins conservé la formule traditionnelle

de la véritable menuiserie, et si les artisansn'en comprennent pas et n'en savent plusappliquer la structure, du moins ils en ontrespecté l'apparence'. » Nous constaterons, àpropos des plafonds de Sidi'l-Hahvi, lajustesse de celle appréciation.

Mais si les artistes musulmans ne furent quede piètres constructeurs, il convient dereconnaître qu'ils furent, en revanche, desdécorateurs de premier ordre. Sans s'attarderà la recherche des matières rares, sans viseraux tours de force de l'habileté technique,sans laisser leur esprit s'égarer auxinventions d'une symbolique compliquée, ilsdépensèrent libéralement leur scienced'ornemanistes purs, de calligraphes élégants

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et souples. Sur des supports maladroitementédifiés, ils appliquèrent, avec des clous et ilumortier, un » maquillage » toujoursséduisant, étonnant parfois de richesse et degrâce facile.

C'est ce qui, pensons-nous, suffira àexpliquer la place importante réservée àl'ornementation dans le texte et l'illustrationde la présente étude.

Les arcs. — Nous l'avons vu plus haut, lacourbure donnée aux arceaux ne fut jamaispour les Arabes le résultat d'unraisonnement de constructeur, mais plutôtune fantaisie d'ornemaniste. Les différentesformes qu'ils adoptèrent, en Occident dumoins, ne s'exclurent pas les unes les autres,elles furent parallèlement employées oureparurent les unes après les autres, suivantle goût du jour. Nous en donnerons ici uneénumération rapide.

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1. Viollet-le-Duc, Dictionnaire raisonné deVarchileclure française. Article : Menuiserie,t. VI, p. 352.

L'arc brisé parait avoir été le premiercintrage des monuments égyptiens 1 ; on enrencontre à la mosquée d'Anir el dans lesplus vieilles mosquées du Caire. L'arcoutrepassé, celui auquel on a donné le nomcaractéristique d'arc en fer à cheval, ainsi(pie l'arc en plein cintre ne semble avoir t'aitson apparition que plus tard. L'arcoutrepasse- ne fut d'ailleurs jamais beaucoupemployé en Orient. Des innombrablescintrages qu'on y rencontre (arc brisé simple3 reposant sur deux encorbellements, arcbrisé rectiligne, are trilobé, arc dentelé, arcsurbaissé, arc en accolade, etc.), l'arc enfer àcheval est, pour ainsi dire, l'un des moinsfréquents. Le xiv" siècle nous en a cependantlaissé quelques rares exemples à la mosquéeTekich, à la mosquée du cliikh Hakem, le

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xv% à la mosquée Qâitbey.

En Espagne, dès la période byzantine (vm e ,ix'' etx c siècle), nous rencontrons l'arcoutrepassé; il ne comporte jamais de brisure.On y voit également apparaître l'arcadedécoupée en grands lobes ou festons 4(notons que la ligne joignant les centres deces découpures circulaires donne un arcsensiblement brisé).

La mosquée de Cordoue présente unecombinaison extrème-

1. Cf. Gayet, l'Art arabe, p. 30.

2. Nous ne rechercherons pas ici l'origine decet arc, qui devait jouer un rôle siconsidérable dans l'architecture maghribine.On lui a signalé des ancêtres byzantins(Basilique de Dana, édifice d'Urgub, cf. FranzPacha. der Baukunst des islam; — grandebasilique de liouwaiha dans la Syrie centrale,

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cf. Van Berchem, Matériauxpour un Corpus,I, p. 288, note 1); d'autre part, Dieulafoy noteun curieux rapprochement de cet arc avecplusieurs cintres du palais de Firouz-Abâd[l'Aii antique de la Perse, IV, p. 'ôl el fig. 26).

3. C'est le profil engendré par un arc decourbe terminé à chaque extrémité par unetangente. On lui donne généralement le nomd'arc persan Cf. Van Berchem, Notesd'archéologie, I, p. 23).

4. Sur la construction des festons à l'aide debriques saillantes et d'un garni de mortier.Cf. Choisy, llisl. de l'architecture, t. II, p. 93.

ment curieuse d'arcs en festons. Du sommetde ces arcs partent d'autres arcs égalementdécoupés, qui s'entrecroisent avec des pleinscintres supérieurs, laissant entre eux degrands espaces ajourés'.

La période qui suit ixi" et xn c siècle emploie,

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avec l'arc lobé, l'arc outrepassé plein cintre etbrisé. La Puerta del Sol de Tolède présente àla fois un premier fer ;i cheval ogival et unsecond en plein cintre. Nous trouverons lestrois modes île cintrage réunis à la GrandeMosquée de Tlemcen (Cf. PI. V).

Enfin, la période arabe moresque adoptetoutes les variétés d'arcades. A l'Alhambra,on trouve surtout l'arc plein cintre surhausséporté par des encorbellements.

Dans le Maghrib, il semble bien que l'arcoutrepassé ait, de tout temps, dominé. L'on yrencontre cependant l'arc non outrepassé; ilest réservé pour quelques petits cintrages,fenêtres ou arcatures décoratives. Le xiii c etle xiv c siècle y employèrent le 1er à chevalplein cintre ou brisé presqueindifféremment. A peine peut-on établir que,dans le même monument, le plein cintrecouvre des écartements plus larges que l'arc

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ogival; mais cette remarque n'a rien derigoureux.

L'arc d'ouverture des mibràbs est, depréférence, en plein cintre et tracé ;i l'aided'une seule ouverture de compas. Nousdéterminerons, en étudiant les plusimportants, la disposition des claveauxdécoratifs qui les accompagnent.

La plupart des arc brisés semblent trèslibrement traces. Quelques-uns pourtant seconstruisent d'après des formules trèssimples : nous reproduisons deux d'entreelles. L'un {fig. 3),

t. Voir in/'rà. figure '.) en A, le schéma decette disposition. Le problème à résoudreétait celui-ci: obtenir un grande hauteur avecdes colonnes de dimension fixe,puisqRempruntées à des monumentsétrangers.

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qui fait partie d'une grande porte mérinide,se sert de deux ares de cercle, et estappareillé par claveaux rayonnant autourd'un centre placé au-dessous des centres deconstruction. L'autre (fig. ':-), qui s'ouvredans les nefs d'une mosquée, ne fait encoreintervenir que deux centres, niais intervertitles ouvertures de compas dans la partiesupérieure et inférieure des branches qui lacomposent (0, centre de l'arc Al) et de larentrée BC; 0', centre de AU el de DE). Lesbriques sont appareillées par lits horizontauxpresque jusqu'à la moitié des arcs, parclaveaux rayonnants au dessus. Parfois untriangle

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Fiu. ::.

Fig. 4.

de briques horizontales G fait au sommetnue véritable clef.

Pour établir ces arcs, il est bien probablequ'on ne lit jamais

usage de cintres arrondis; voici, d'ailleurs, leprocédé encore

employé par les maçons arabes. Lue planche

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horizontale est fichée clans deux joints versla naissance; des briques sont posées auxextrémités; une seconde planche, posée surces briques; et l'on élève ainsi, en les ('(ayanttant bien que mal,

des étages successifs qui vont se rétrécissantjusqu'au sommet. La courbe, ii peu prèsdessinée par les briques, est régularisée avecdu mortier.

L'angle des brisures est extrêmementvariable : l'ogive est parfois très aiguë, etnous rencontrerons, à la mosquéede SidiBou-Médine, des arcs brisés qui ne sedistinguent du plein cintre que par unedéformation supérieure à peine sensible.

Enfin, il n'est pas jusqu'à l'arc lobé etentrecroisé de Cor-doue qui ne soitreprésenté dans les édifices du xiv r siècle.Nous étudierons tout à l'heure les curieuses

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formules ornementales auxquelles il donnanaissance (Cf. infrà, fig. 9).

V encorbellement à stalactites '. — De mêmeque la découpure des arcs, la stalactite, unedes formes les plus caractéristiques del'architecture musulmane, peut n'êtreconsidérée que comme un motif ornemental,n'intéressant en rien l'anatomie des édifices.

Ce genre de relief, dont l'élément primitif, la(rompe, semble d'origine persane, a pour butde décorer un encorbellement quelconque.Son emploi le plus logique fut de substituerau pendentif sphérique un certain nombre detrompillons ménageant une transition entrele carré inférieur et un plan circulaire.

En Orient, les constructeurs fatimitesn'employèrent (pie les quatre trompesd'angle pour porter la coupole. A l'époque desA\ voulûtes et sous les premiers Mamelucks,

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on superposa deux ou trois étages de petitestrompes, faisant successivement passer ducarré it l'octogone, de l'octogone au polygoneà seize côtés, etc. Le type du pendentif arabeétait dès lors fixé -'.

1. Alvéoles serait peut être préférable,stalactites désignant parfois spécialementl'aiguille pendante qui, nous le verrons,n'existe pas à Tlemcen.

2. Cf. R. Phèné Spiers, la ]'oûte stalactite(clans V Architecture, 18SS, p. 591 ets.). VanBerchem, .Sûtes d'archéologie, 1, p. 76, 77.

S

Cependant cette solution n'était pas encoretrouvée lors de la conquête d'Espagne. Ilfallut aux constructeurs byzantins, et pluslard aux constructeurs arabes, se livrer deleur c6té à des expériences et des recherches,ou suivre pasàpas les artistes orientaux dans

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leurs acquisitions successives.

La première apparition d'encorbellements àstalactites qu'on ait pu jusqu'ici observer enOccident semble être ceux îles palaissiciliens de la Zisa et de la Cuba, qui neremontent guère qu'au xn c siècle '. Là, ceprocédé, qui devait être, entre les mains desartistes du xni" et du xiv e siècle, si fécond enressources décoratives, s'exprime déjà trèsperfectionné. Un simple rapprochement del'exemple que nous en offre le palais de laCuba- avec les angles de la coupole placée enavant du mihrâb, à la Grande Mosquée deïlemcen (fig. 19), permettra, croyons-nous,de reconnaître dans l'encorbellementmaghribin une ébauche maladroite, il estvrai, mais d'autant plus curieuse dupendentif à stalactites.

Cet encorbellement, dont la parenté avec lesniches angulaires de Cordoue est évidente,

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ne remplit encore qu'imparfaitement le butpoursuivi. Comme à Cordoue, des portionshorizontales sans ornement s'avancent enporte-à-faux au-dessus de la corniche duplan carré ; mais deux petites trompes,flanquant des plans incurvés y remplacent laniche polyédrique de la mosquée espagnole.On saurait difficilement imaginer unencorbellement formé par la superpositiond'éléments semblables à cette niche, tandisque les éléments qui s'indiquent dans la

1. Ed. Doutté signale au-dessus du tambour,précédant le mihràb, nue coupole àpendentifs nid d'abeilles) dans la mosquéed'Uni Toumert, à Tin-Mal (xir siècle) : ceserait dune une des plus anciennesd'Occident.

2. Cf. Girault de Prangey, Essai surl'architecture des Arabes, PI. 12 et 13.

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INTRODUCTION

67

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Fio. o. — Vue perspective d'une voûte àstalactites.

mosquée maghribine pouvaient, en semultipliant, couvrir dos coupoles entières.

Les décorateurs fclemceniens n'en firentd'ailleurs pas un si constant usage que lesartistes d'Andalousie. Ceux-ci en garnirentdes coupoles, des voûtes, des douelles, encomposèrent des impostes et des chapiteaux'. Le grand porche de Sidi Bou-Médine,plusieurs niches de mihrâbs, les consoles dubalcon deMansourah, quelques pans coupésd'habitations particulières, telles sont lesapplications qu'on en trouve à Tlemcen.

Ces pendentifs son! assez habilement tracés,comme on pourra sVn rendre compte par lesfigures 5, 29, 38. Il est curieux de remarquer«pie l'élémenl essentiel en est souvent uneréduction de la demi-voûte d'arête, qui, nous

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l'avons vu, sert à établir la plupart îlescoupoles tlemceniennes. Cette trompe,répétée et alternant avec des consolesrectangulaires, constitue le groupemenl leplus généralemenl adopté. On n'y voit jamaisintervenir la stalactite proprement dite : leparallélipi-pède rattaché seulement par sonsommet à laparoiet pendant au centre d'ungroupe do coupolettes rayonnantes.

La mouluration. — Une des parties les plusessentielles du décor en relief est lamouluration. Les Arabes n'en firent jamaisun très grand usage; elle l'ut toujours chezeux très limitée et très simple. En Egypte,cependant, on rencontre le tore, le quart derond, le cavet, le talon, le talon renversé, ladoucine et le listel. Dans le Magrib, l'arsenaldes moulures est extrêmement réduit. Onpeut dire qu'à Tlemcen la seule moulureemployée est, avec la plate-bande et le listel,le cavet

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1. Sur le tracé des stalactites consulter (>.Jones, VAlhambra; et Bourgoin, Précis del'ail Arabe, passii».

nu ou décoré d'inscriptions, parfois accosté,dans sa partie avançante, d'un grain d'orgeplus ou moins profond.

Les colonnes. — C'est dans les colonnes quese révèle surtout cette pauvreté de lamouluration ; elle est, dans les monumentstleniccniens particulièrement sensible. 11semble bien que la plupart d'entre elles n'aitjamais eu de base. Le plus souvent lacolonne repose sans intermédiaire sur le sol;parfois un empattement lui sert de support ;mais les exemples qu'on en peut observersont d'origine douteuse et correspondent malavec le fût qui les surmonte. De plus ces fûts,toujours cylindriques, ne portent jamaiscette succession de gorges et de boudins quiprécède l'astragale dans les colonnettes de

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l'Alhambra, ni ces bagues sculptées queprésentent les colonnes aghlebites oufatimites de Cairouan 1 . L'astragale faitpartie du chapiteau et est d'une extrêmesimplicité.

Le chapiteau tlemcenien. —■ Ses origines. —Dérivé de cette décomposition du chapiteaucorinthien qui fut le chapiteau byzantin, lechapiteau moresque ne fut d'abord qu'unecopie grossière de celui-ci. Il semble bien eneffet que les artistes musulmans sedécidèrent seulement à en sculpter eux-mêmes lorsque la « carrière » que leuroffraient les édifices de leurs prédécesseursse fut à peu près épuisée. La partie primitivede la mosquée de Cordoue ne comporteguère que des chapiteaux de provenancesétrangères d'une incroyable diversité deforme et d'exécution. Les huit nefsorientales, postérieures de plus d'un siècleau premier périmètre, contiennent des

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chapiteaux de deux types distinctsrégulièrement alternés, qui semblent bienavoir été exécutés sur place pour l'emploi

1. Cf. Saladin, la Mosquée de Sidi Olcba, fin.30, 38, 4G.

qu'As remplissent encore aujourd'hui, maisqui restent comme des contrefaçons assezmaladroites de types empruntés auxcolonnades voisines.

Tous deux ont adopté ce caractère de blocépannelé, de « préparation " de metteur aupoint en vue d'une exécution plus complète,qui se rencontre déjà dans les sculpturesornementales de basse époque. Dans l'un,trois rangs de feuilles d'acanthe, droites,enveloppent complètement la corbeilleprimitive; de gros disques d'angle, souvenirsdes fines volutes corinthiennes, s'échappententre les feuilles supérieures. Un tasseau

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qua-drangulaire, s'avançant directementsous le tailloir, marque seul la place dufleuron, qui s'étalait au dessus dans lesmodèles arecs et romains, el qui, dans le typeA {fig. 6) 1 , est orné d'une dernière feuilled'acanthe.

Dans l'autre, dont la formule se rattache auxtypes B s et C 3 , deux rangs de feuillesseulement; les volutes forment toujours lesangles, mais l'espace compris entre elles estoccupé par un lourd quart de rond sansornements, élargissement byzantin durebord de la corbeille.

Ce deuxième type, que l'on peut étudier à laGrande Mosquée de Tlemcen {fig. 17), sesimplifia encore avant de donner naissance àune formule originale. Le type D 4 , qui estune

1. Ce chapiteau byzantin fait partie de la

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première nef occidentale île la mosquée deCordotie, maintenant occupée par deschapelles.

2. Ce chapiteau byzantin fait égalementpartie de la première travée occidentale de lamosquée de Cordoue.

3. Ce chapiteau, qu'il faut très certainementconsidérer comme une œuvre arabe, est unde ceux qui supportent la chapelle ViUa-Viciosa. 11 offre cette particularité que toutela partie engagée sous la chapelle n'est pasachevée et qu'il présente à la fois les deuxcaractères de cette époque : la sculpture trèsmaigre et L'épannelage.

4. Ce chapiteau d'onyx, de dimensions trèsréduites, est au musée de Tlemcen. Toute lapartie postérieure était engagée.

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Fui. 6. — Origines du chapiteau Tlemcenien.

œuvre arabe, ne porte plus qu'un rang defeuilles scindées entre elles, formantcouronne au bas de la corbeille. Dansl'exemple E 1 , des fentes médianes partantde l'astragale ont transformé l'anciennecouronne d'acanthe en un méandre continus'incur-vant à son sommet.

Dès lors ce grand méandre vertical devientl'élément essentiel du chapiteau moresque.Il peu!, comme h la Cour des lions, se briseret former entrelacs; il reste toujoursreconnaissable. Dans les parties hautes deSainte-Marie-la-Blanche à Tolède, il forme àlui seul (ont le chapiteau. Dans les types quenous rencontrerons à Tlemcen, unrenflement médian, s'épaississant sous lacourbe <lu somme! comme une nervureprincipale (Voir type C et/à/. 17), vient

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préciser clairement son origine.

Un autre ornement des plus persistantsdérive de ces bouquets de feuilles,présentées de profil, divisées en deux,accostant, d'une part, l'axe du chapiteaucorinthien et se collant, d'autre part, sous lesvolutes angulaires, dont l'exemple A donneune représentation schématique. Cesbouquets deviennentavecl'interprétationarabe des palmesdécoratives qui s'échappent du méandreinférieur. Le type F1 nous les montre déjàgarnissant de leur longue portion le glacisqui joint le haut et le lias de la corbeille, deleur portion courte formant,parunaccouplement, un fleuron médian, motif trèscourant des décors arabes. Les chapiteaux del'Alhambra et les chapiteaux tlem-ceniensprésentent presque tous de curieusesvariations sur ce thème initial.

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1. Ce chapiteau d'onyx est au musée deTlemcen. La manière dont il était engagésemblerait indiquer qu'il soutenait un arc demirhab.

2. Ce chapiteau d'onyx est au musée deTlemcen; les fonds en sont peints et lesfaibles modelés soulignés avec une couleurnoire.

Une modification importante de proportionet déforme différencie le chapiteaumoresque du type primitif. Avec le xui"siècle, le galbe tronconique delà corbeille, dela « cloche », suivant l'expression anglaise, acomplètement disparu. Le chapiteau arabeest maintenant formé de deux parties biendistinctes, superposées: l'une inférieure,cylindrique, l'autre supérieure, portion decube à peu près deux fuis plus large queliante. Notons que le chapiteau tlemcenieiiest presque toujours inscrit dans un cube

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partait.

La corbeille corinthienne ue se trahit plusque par une survivance du rebord supérieur,("est un turban, sorte de tore large ef aplatiqui, assez rare en Espagne, se rencontrefréquemment à Tlemcen, surtout dans leschapiteaux mérinides, et est le plus souventcouvert d'inscriptions 1 . Notons que lessculpteurs maghribins se sont généralementpeu souciés que les tronçons de ces turbansse raccordent entre eux pour former uncercle complet.

hs enroulements s'échappant du turban oupassant au dessus, comme dans le chapiteauionique; rappellent les volutes angulaires.

Ainsi, lorsque l'art du praticien se futperfectionné, que les califes n'eurent plusbesoin de recourir à la main-d'œuvrechrétienne, au lieu de retourner vers une

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imitation plus précise desmodèles anciens,ou d'en donner, comme le firent lessculpteurs gothiques français, uneinterprétation naturaliste, les décorateursarabes, dans un esprit tout différent,conservèrent la formule, mais en lui donnantune signification purement orne-

1. Ces inscriptions, souvent historiques, sontpresque invariablement en caractères cursifs.On en pourra cependant voir une au muséede Tlemcen, qui porte une sentence pieuse etest en caractères coufiques.

mentale, sans paraître se souvenir jamais desobjets réels qu'ils déformaientinconsciemment.

La décoration bas-relief extérieure etintérieure. — La décoration des chapiteaux,parfois très riche, est presque toujoursméplate, elle habille la forme sans la

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défoncer. Il est facile d'y noter l'éloignementpersistant des artistes arabes pour tous lesmodelés profonds, soit que la vigueur del'éclairage leur ait fait craindre les ombresfortes qui tachent violemment les surfaces etdétruisent l'harmonie de l'ensemble, soitplutôt que les prescriptions religieuses quileur interdisaient la sculpture des corpshumains aient orienté leurs goûts et leursrecherches vers d'autres ressourcesdécoratives.

Cette prédominance de ce qu'on a appeléYesprit de découpage sur V esprit de modelése manifeste le plus clairement dans le décorde brique, qui constitue avec ses filets et sesentrelacs la garniture logique des extérieurs1 , le décor de pierre sculptée, tel qu'on lerencontre àMansourah, et dans le décor deplâtre.

Issu de traditions byzantines dont les traces

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sont encore visibles en Egypte et en Syrie,lerevêtement de plaire, naqch hadîda, futrarement employé par les artistes égyptiens ;quelques mosquées (mosquée d'Hassan,mosquée de Kalaoun) en présententcependant d'intéressants spécimens. Il étaitréservé à l'école andalouse et magribine d'enfaire la matière d'une décorationprodigieusement riche et ingénieuse.Cairouan 2 ,

1. Sur le gaufrage des façades par les reliefsde brique dans quelques villages tunisiens,cf. Cagnat et Saladin, Voyage en Tunisie,dans le Tour du Momie, 1886, II. 202.

2. Saladin signale aux douelles de Bàb-Lalla-lîejana des ornements sculptés trèsanalogues au Naqch hadida et qui dateraientde 12S4. Il n'en donne malheureusement pasde croquis [la Mosquée de Sidi-O/cba, p. 82).

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INTRODUCTION l'3

Tuais, où l'art des gypsoplastes est encorecultivé à l'heure actuelle, l'Andalousiesurtout, où la décoration de stuc a joué unrôle considérable, le Maroc, où l'on connaîtdes portes à Marrakech et à Mékinez,Fâsdont la mosquée Qarawîyin passe pourun des chefs-d'œuvres de l'art moresque,Tlemcen enfin, comme nous le verrons plusloin, montrent les ressources infinies decette matière plastique par excellence, qui,fort heureusement, a pu, malgré sa fragilité,traverser des siècles et parvenir jusqu'à nous.

Ce revêtement, parfois très légèrementmodelé, présente plusieurs niveaux et faitintervenir des défoncements profonds, quien soulignent fortement la composition.Cependant il n'accuse presque jamais unesaillie sensible sur le nu du mur. Nous enexcepterons néanmoins un motif curieux des

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écoinçons de mihrabs. C'est un bouton deforme variable, sorte de cône arrondi, parfoisspirale, et qu'une coquille ornementaleremplace au minaret de Mansourah.L'origine évidente s'en retrouve a la mosquéede Cordoue, dans les reliefs du même genreque présentent les portails latéraux.

Le décor à faible relief extérieur et intérieurse complète par le décor méplat polychrome,dont le premier n'est souvent que le supportet l'encadrement.

Polychromie. — Céramique. — Nous avonsétudié plus haut cette marqueterie en terreèmaillée dite mosaïque de faïence, au pointde vue de la technique de sa fabrication; ilconvient d'examiner sommairement lestraditions auxquelles on peut la rattacher, etle rôle que lui firent jouer les décorateursmaghribins.

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Il est assez difficile de préciser quelle en estl'origine véritable. Une hypothèse assez bienétablie rattache l'emploi

architectural de la mosaïque de faïence àl'influence byzantine.

Cet emploi dériverait, non de l'industriecéramique, mais de la mosaïque de pierres etde pâtes colorés. On sait le goût quemontrèrent les Romains pour les pavagescomposés de petits fragments cubiques demarbre ou de tout autre matière suffisa-meni résistante ; des panneaux ainsi formésservirent aussi au revêtement des murs etdes plafonds. Le portique de Saint-Laurent,près de Rome, d'autres encore en présententde curieux spécimens. Ce genre de décorétait une sorte de spécialité des artistesbyzantins ; les nems à'optis alexandrinum,d'opiis grsecum, grageaniemn, par lesquelson le désignait, est, à cet égard, significatif.

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Les ouvriers grecs en expédiaient desfragments tout préparés, ou setransportaient eux-mêmes dans lesdifférentes contrées pour l'exécuter surplace. Lorsque les Musulmans envahirentpour la première fois la Palestine, ilstrouvèrent l'église de Bethléem ornée de cequ'ils appellent fsifsa. Ce mot, diminutif defasfasa, est une adaptation du grecJ/7)Œ(i>aiç (constructions en petitscailloux') 1 . L'empereur de Byzance auraitfourni à El-Walid une certaine quantité defsifsa pour la construction de la mosquée deDamas-, et en Occident, l'enduil qui couvreencore le cadre du miliràb à la mosquée deCordoue aurait été envoyé de Constantinopleà Abd-er-Rhamàn III par l'empereur RomainIIP.

Cette décoration multicolore du mihrâb et dela coupole dé Cordoue pourrait bien avoir eupour succédané naturel un nou-

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1. Cf. Fraœnkel, Aramàische Fremdwô'rter, p.60. Ce nom est complètement inconnu dansle Maghrib; niais Ibn-Khaldoun cite lafasfasa à côté des zeltj et les fragments demarbre et nacre, comme la matière dont onorne les murailles [Prolégomènes, II, 233; —traduction, 11, 2'G.)

2. Cf. Ibn-Batoutah, Voyages, I. p. 199. :;. cf.Idrlsi (traduct. Jaubert), II, p. no.

veau genre de décor plus simple commetechnique, la mosaïque de découpure, et seperpétuer, sans grande modification, dans leprocédé des qîrdti, dont nous parlerons toutà l'heure.

Une seconde hypothèse attribuerait l'emploidu décor de faïence à des influencesorientales continues.

Il semble bien qu'il faille, en Orient,rattacher à de ires anciennes traditions

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l'usage des revêtements céramiques, et plusspécialement des combinaisons qu'engendrela terre émaillée. Nous trouvons la (raced'une technique assez voisine des mosaïquesde faïence, en Egypte, à l'époque de RamsèsIII, dans le palais de Tell el-Yahoudi 1 . Onconnaît, d'autre part, les belles façades debriques émaillées que nous a laissées laPerse antique 2 . Pour ce qui est de la Persemusulmane, Ait Renan, empruntant lesobservations faites sur place par Dieulafoy,retrace ainsi les phases qu'y traversa cettefabrication :

» ... D'abord il n'yeut qu'un dessin de briquessur champ, sans émail; — sous lesSeldjoucides, apparaissent des rehauts debleu turquoise appliqués sur les tranches desbriques ; — à partir de 1350, la palettes'enrichit, les couleurs se multiplient, ouintercale clans les frises des briques carréessur lesquelles sont ménagées, en relief, des

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lettres émaillées afin de simuler, sans grandedépense, le travail exécuté jusqu'alors enmosaïque... Bientôt on néglige la brique crue,on fait abus de

1. « Le noyau de la bâtisse était en calcaire eten albâtre ; mais les tableaux, au lieu d'êtresculptés comme à l'ordinaire, étaient en unesorte de mosaïque où la pierre découpée et laterre vernissée se combinaient à parties pres-qu'égales. » (Maspéro, Archéologieégyptienne, p. 256).

■2. Cf. Dieulafoy, l'Acropole île Suze: leurexamen technique ojiitd Th. Deck, laFaïence, p. 2".

*8 INTRODUCTION

briques émaillées et, par économie, onsubstitue les carreaux à la mosaïque* ».

Tels furent les divers âges du revêtement

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céramique dans les mosquées persanes. Il enfut sensiblement de même dans les paysmusulmans occidentaux, et on aurait tort decroire avec Ary Renan que « l'Espagne, leMaghrib et le Maroc aient utiliséconcurremment, presque simultanément, lamosaïque et le carreau de faïence, ladécadence do l'invention arrivant en mêmetemps que l'invention elle-même ». Il estfacile, au contraire, d'observer en Occidentun développement parallèle, de retrouver lespremières combinaisons de la brique nonémaillée, incrustant la pierre calcaire creuséeà cet eifet, aux portails latéraux de lamosquée de Cordoue, ou émergeant dumortier et de la maçonnerie dansl'inscription liminaire de l'église del Cristo dela Luz, d'en suivre le progrès logique avec lesgrands disques noirs de la Giralda, isolés aumilieu de la pierre rose, le pleinépanouissement avec les marqueteriesmulticolores des lambris espagnols et des

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portails Tlem-ceniens, enfin la décadence,c'est-à-dire le carreau et les contrefaçonsévidentes du décor mosaïque, commençantpar la juxtaposition des émaux sur unemême plaque et aboutissant au carreau defaïence, tel que nous les pourrons étudierdans les pavements de Sidi Bou-Médine.

Une discussion complète de ces originessortirait du cadre de cette étude ;contentons-nous de remarquer ici que lamosaïque de faïence apparaît d'abordnettement dans le Maghrib comme un modede décor extérieur, par fragments

1. Ary Renan, Gazette des Beaux-Arts, 189.'t,t. I, p. 191-92; — d'apivs .1. Dieulafoy, lal'erse.

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Introduction :9

réduits, étroitement relié au gaufrage debrique dont nous avons parlé plus haut (cf.suprà, p. 74).

Avec le xin* siècle, l'emploi dut s'engénéraliser rapidement '. L'industriecéramique prit vers cette époque undéveloppement énorme. L'Andalousiecomptait de nombreuses fabriques quiexpédiaient leurs produits jusqu'en Orient.Bien des questions encore se posentrelativement aux débuts de cette industrie.Les procédés d'émaillagc, d'ailleurs fortsimples, furent-ils transmis, par une voieinconnue, des artistes de la Perse 2 ? Doit-onles attribuer, ainsi que la technique desfaïences à reflets, à des ouvriers emmenés encaptivité par les galères des chevaliers deRhodes et qui. de Lindos, auraient propagé

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leurindus-trie dans la péninsule ibérique, àValence, à Malaga, à Manisès? L'Egypte, oùle décor de faïence joue à la même époqueun certain rôle dans l'ornementation desmonuments, eut-elle quelque influence surle développement de la céramiqueandalouse? Ce sont autant de points obscursdans la question générale si intéressante et simal connue encore des rapports de l'Orientet de l'Occident musulmans au moyen âge.D'autre part, les mêmes ateliers menèrent-ilsde front deux genres différents defabrication? Produisirent-ils parallèlementles plaques polychromes, les vases, les platsà reflets et les fragments unico-lores où sedécoupaient les pièces de mosaïque 3 ? Lepetit

1. Le Qartâs signale le début du xiv" siècle(règne du Mérinide Slimàn ben, Abdallah)comme l'époque où l'on commença àemployer les revêtements de faïence dans la

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construction des demeures particulières(Boudh-el-Qarlâs, traduction Beaumier, p.5o7j.

2. Ibn-Batoutah visitant Mechhed-Ali estfrappé de l'analogie du qachâni avec le zelidjmaghribin (Cf. Ibn-Batoutah. Voyages, I, p.415), or le qachâni est bien connu ; ce motdésigne des tuiles et carreaux de faïenceémaillée de diverses couleurs fabriquées àQàchàn, en Perse (Cf. Dozy, Dictionnaire, II,p. 295-296 : — sur les faïenceries de Qàchàn,Mercier, Deuxième Voyage, p. 210).

nombre des textes, la perpétuelle confusionqui existe entre la faïence à émail stannifèreet ;t décors peints et la terre couverte dans lamasse d'un seul émail opaque outranslucide, ne permettent aucuneaffirmation à ce sujet.

Nous présenterons ici quelques observations

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sur les dénominations qu'on attribue àTlemcen aux différentes variétés de lacéramique monumentale. La plaque defaïence à décor polychrome, plus rarementmonochrome sans décor, est appelée zelîj.C'est une adaptation de l'espagnol azulejoprobablement dérivé lui-même du motazul,bleu 1 . Ce dernier nom indique assez le rôlejoué dans le décor primitif parla couleurbleue, si commode à employer et sirésistante à la cuisson. Zelîj ne s'applique enprincipe qu'il la tuile carrée d'assez grandesdimensions 0,20 côté) recouverte d'unenduit de couleur. Toutefois, commeaujourd'hui encore, le mosaïste marocaintaille sa mosaïque dans de larges tuilesmonochromes, il arrive que le nom de zelîjest allusivement donné à la mosaïque elle-même. Une première sorte de mosaïque trèssimple est composée de petits canes defaïence de différentes couleurs (0 m,025decôté). On en fabrique aujourd'hui

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encore àïétouan; l'un denousena rapporté' decette ville de jolis échantillons. Ce sont enquelque sorte des zelîj monochromes etréduits; on leur donne le nom de qirdti'.Disposés côte à cote, ils forment despanneaux où alternent le blanc, le

métallique dans le:? lambris mosaïques del'Alcazar de Séville, permettrait de lesupposer.

1. Xelij est marocain; â Tlemcen, on ditplutôt zellâij; — Simonet, Glosa-riodevocesiberieas, propose, plutôt que azul. le mot bas-latin asarotum, mo-saïque p. 623 .

2. .l/i. Dozy, Dictionnaire, II. p. 330,carreaux, de terre cuite rouge: l'explicationétymologique de ce mot nous paraîtdouteuse; on ne saurait guère songer ;ï qîrât,carat, ce qui donnerait à qirâti le sens demorceau du poids d'un carat : la racine qaral

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signifie, au reste, couper en menusmorceaux.

brun, le vert, ou des bandeaux qui cernentles surfaces par des filets d'un seul ton,formés de petits rectangles allongés. Gesvéritables damiers de qîrâti peuvent être lespremiers spécimens apparus de la mosaïquede faïence magbribine. Mais il faut noterqu'ils ornent seuls le minaret d'un desoratoires tlemceniens relativement les plusrécents, la mosquée de Sidi Bràhim. Le décorformé par cette juxtaposition de petitsmorceaux de céramique se complique ; ildonne des croix, des polygones étoiles, desdisques et des uvales. Puis, enfin, à la belleépoque de l'architecture tlernceniene, ilaborde les délicats méandres de l'entrelacscurviligne, les dessins précis de l'entrelacsgéométrique. La mosaïque de faïence, traitéealors d'après les procédés d'ajustage décritsprécédemment, est distinguée — mais non

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absolument ; alors encore, on l'appelle qîrâti— sous le nom particulier de qortobi, « lacordouane », ce qui indique clairement qu'onlui attribue une origine anda-louse'.

D'autre part, il est remarquable que,contrairement à ce qu'on observe en Orient,la couleur bleue, au nom espagnol delaquelle se rattacherait le terme même dezelîj, ne se trouve pas, au Maghrib du moins,dans les plus anciens revêtements de

1. Le passage suivant de Léon l'Africain,relatif à une médersa uiérinide deMarrakech, nous semble donner ladescription d'une ornementationcomprenant simultanément, le qîrâti, leqortobi et le zelij : «Ce lieu est enrichi debelles mosaïques : et où il n'y a pas demosaïques, le pan des murailles est revêtupar dedans de certaines pierres cuites enlosaw/es en/aillées, avec feuil-layes subtils

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et autres ouvrages diversifiés, mesmement lasalle où l'on soûlait lire et les allées toutescouvertes, étant le niveau de ce qui restedécouvert tout pavé à carreaux émaillés quis'appellent ezzuleira, comme l'on en useencore dans le-; Espagnesv (Léon l'Africain,Description de l'Afrique. I, p.200, 201). Lemême auteur, dans sa description desmaisons de Fàs. distingue la mosaïque quiorne les murs, et « certaine brique àl'antique diaprée et variée de couleur enforme de vases de majclique -. qui pare lescours 1. p. 66. G". 12 .

mosaïque. Les vieux minarets d'Agadir ot doTlemcen n'en comportent pas. Les façadesmérinides elles-mêmes, qui marquent le pluscomplet épanouissement de cet art queL'Occident ait peut-être connu, ne se serventde l'émail bleu qu'avec la plus grandeparcimonie. Ce n'est que plus tard qu'il jouedans les lambrissâmes et les parements un

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rôle important, sans toutefois teiiirla placedu brun de manganèse, du blanc, du vert decuivre, et du jaune de fer, qui complètentavec lui la palette du céramiste arabe.

Sa résistance, presque inattaquable auxintempéries, faisait de la mosaïque defaïence le revêtement tout désigné desextérieurs. Aussi est-ce sur les portails et surles minarets, où elle forme des écoinçons,des cadres, des frises, qu'à Tlemcen on larencontre surtout, soit employée parfragments isolés ou par groupes réduitss'incrustant dans un appareil de brique, dansun enduit, voire même dans la pierre taillée àcet effet, formant des peints brillants dans lasurface mate qui les entoure, soit en bletsd'un seul ton soulignant les lignesd'architecture, soit enfin en panneauxcomplets composés d'entrelacs, de dessinsgéométriques ou d'inscriptions se détachantLe plus souvent sur fend blanc.

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L'école arabe d'Occident ne compte pas,croyons-nous, de plus beaux et dépluscomplets spécimens de ce genre de décorcomme garniture extérieure que lesmonuments tlemceniens. en particulier lesœuvres mérinides. La gamme des tons estréduite; mais les émaux sont d'une bellepâte, plus belle, moins creuse, nous a-t-ilparu, que celle des monuments espagnols. Ledessin des cartons est parfaitementapproprié à la matière. L'ornement n'y estplus seulement géométrique, car l'entrelacscurviligne y remplit des façades entières.

Il y avait là une difficulté d'exécutionexigeant de* ouvriers habiles et soigneux. Lacommodité du décor géométrique arépétition résulte en effet du uonibre trèsrestreint des calibres donnés à l'ouvrier, quin'a qu'a tailler mécaniquement 1rs fragmentsde terre émaillée, sans avoir à suivre unecombinaison d'ensemble '.

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Dans les garnitures intérieures, la mosaïqueest plus rare à Tlemcen et semble avoir faitassez tardivement son apparition. Nousnoterons cependant quelques exemples deces lambris ii décor géométrique qui sont sifréquents en Andalousie. On verra lesfragments de deux d'entre eux au Musée dela ville. Ils proviennent l'un du Méchouar,l'autre de la Médersa Tach-finiya, untroisième se trouve à la Qoubba de SidiBrâhim. — Rarement aussi on s'en est serviconnue pavage. Le palais de M.insourah, lepetit palais d'El-Eubbâd, le Méchouar et laMédersa Taclil'iniva en présentaientcependant îles spécimens fort intéressants.

Il va sans dire que cette décoration estpresque invariablement méplate. On connaîtcependant les revêtements de moulures et destalactites dans les monuments égyptiens,ceux des colonnes engagées de l'Alhambra(salle du Jugement) ; nous en noterons un

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emploi très heureux comme enveloppes depetits chapiteaux au minaret de Sidi bel-Hassen.

La céramique est également représentée àTlemcen par des carreaux de pavement àestampages et par des carreaux à décormulticolore sur émail stannifère. Beaucoupd'entre eux sont d'époque récente; quelques-uns semblent d'une fabrication assezarchaïque. Nous les étudierons en mêmetemps que les édi-

1. Il est des revêtements composés à l'aided'une seule forme, par exemple aux bains del'Alhambra ; cf. aussi infrà, Minaret de laMosqi ee nu Méchouar.

fices auxquels ils appartiennent (Cf. Qoubbade Sioi Bou-Médine,

MOSQUÉE DU MÉCHOUAE, (JOUBBA ETMOSQUÉE DE SilH BrÀHÎm).

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Peinture. — La céramique ne fut pas la seuleà compléter par les colorations vives lecharme du décor extérieur et intérieur. Desfragments qu'on peut observer sur le minaretde Sîdi Bou-Médine e1 au musée de la Villemontrent des traits de couleur brun rougepeints sur un enduit crémeux, couleurmaigre d'un aspect analogue à certainsdécors de poteries antiques et qui sembled'une très grande solidité. Mais c'est surtoutà l'intérieur que la polychromie jouait unrôle important : les plafonds de bois, lesportes étaient décorés de motifs peints; lerevêtement île plâtre était suit rehaussé, soi!complètement couver! de tons simples quiont presqu'entièrement disparu 1 . Le rouge,le bleu, le vert olive-, tels furentvraisemblablement les couleurs ipiienrichissaieni le décor blanc; on les retrouveencore dans les fonds 3 .

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11 faut peut-être y ajouter l'or, qui y jouaitson rôle ainsi qu'à l'Alhambra; mie traditionencore existante semble y autoriser. Mais,dans ce cas, comme en plusieurs autres,l'archéologue prudent doit se tenir en gardecontre l'imagination musulmane et le miragedes temps disparus.

« Tlemcen a perdu sa couleur », dit AryRenan 4 . Cela esi possible. La ville n'acependant pas eu autant à souffrir que Tuniset Cairouan de la propreté arabe et dupassage pério-

1. L'u texte qualifie le mihrâb de la GrandeMosquée de mihrâb vert (Cf. Bostdn, notremanuscrit, p. 88, t. 3).

2. Sur cette décoration polychrome des murs,justement qualifiée par A. Renan «tapisverticaux, tentures inamovibles», et lestentures véritables [kaïlis qui en sont

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vraisemblablement l'origine, cf. In Mosquéede Sidi-Okba, p. 24, et la citation d'En-Nowaïri.

3. On en retrouve aussi dans des chapiteauxi\c marbre.

4. Gazelle des Beaux-Arts, année \HK. I. I, p.183

dique à la chaux. 11 est. d'autre part,vraisemblable que ses salles de prière neconnurent jamais les somptueuses paruresdes monuments andalous : l'écaillage discretde la croûte calcaire, l'examen des quelquesparties laissées intactes ne nous ont paspermis une telle supposition.

Quoi qu'il en soit, on peut dire que lesintérieurs maghribins avec leur pavage, leurslambris de céramique ou leur garniture denattes aux colorations chaudes, leurspanneaux de plâtre rehaussés de quelques

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tonalités franches et claires, enfin leurplafond de cèdre brodé de motifs délicats,devaient constituer des ensemblespolychromes puissants et harmonieux, dontles restes que nous contemplons ne nouspeuvent donner qu'une faible idée.

Nous étudierons maintenant les élémentsdécoratifs, les formes linéaires qui entrèrentdans la composition des ornements gravés etméplats. Nous nous efforcerons dedéterminer les thèmes primitifsqu'empruntèrent les artistes arabes, etd'indiquer, en nous aidant dequelquescroquis, le genre de variations qu'ilsexécutèrent sur ces thèmes. Les élémentspeuvent être groupés en trois familles :l'écriture, la géométrie ou entrelacs rectiligneet l'entrelacs curviligne.

L'Ecriture. — Dans la difficile étude qu'ilreste à faire de l'histoire de l'écriture arabe, il

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faudra soigneusement distinguer lapaléographie des manuscrits de l'épigraphiedes monuments et des monnaies. Chacuned'elles a évolué à part. Tandis que les plusanciens documents tracés sur papyrus nousmontrent un caractère franchement arrondi', les plus anciens documents gravés dans lemétal ou sur la pierre, nous offrent uncaractère rigide,

1. Cf. Silvestre de Sacy, dans Mémoires del'Académie des Inscriptions et

volontiers carré, qui, comme on l'aremarqué, semble indiquer la recherche d'untype monumental d'écriture, distinct du typemanuscrit 1 . Cette écriture monumentale etmonétaire, d'aspect rigide, à laquelle on adonné le nom impropre d'ailleurs «l'écriturecoitfique, se fixe en Orient vers l'époque del'Omeyyade Abd-el-Mâlik (705)'. Elle règnejusque vers le milieu du ix' siècle. En Egypte,

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les inscriptions du miqyâs de Rôda (fit/. 7),en Espagne des inscriptions delà mosquée deCordoue, du cloître de Tarragone, de lafaçade del Cristo de la Lu/, de Tolède, enTunisie des inscriptions du rempart deSousse et du cimetière de Bâb-es-Selin deCairouan appartiennent à cette période 3 ;mais l'épigraphie tlemcenienne ne fournilaucun spécimen de coufique primitif; peut-être le Maroc en revèlera-t-il un jour.Certaines des inscriptions précitéesindiquent déjà, il faut le remarquer, unetendance ornementale qui, très sobre encore,se manifeste cependant par la forme donnée,l'importance arbitrairement attribuée àcertaines lettres : arrondissement du Noitnfinal, croisement du Lam-Alif, etc.

Durant les siècles qui suivent, cette tendances'accentue singulièrement. L'épigraphie, quidans l'architecture arabe-byzantine étaitpour ainsi dire isolée du reste de

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l'ornementation, à mesure que le style arabese dégage de l'influence grecque, se lie plusvolontiers à l'arabesque qui l'entoure,

Belles-Lettres, IX, X, 1832) ; — et les plusrécents travaux de Karabacek,Palœographische Ergebnisse ausdenarabischen Papyrus Erzherzog Itainer.

1. CI". Van Berchem, Notes d'archéologie, I,p. in.

2. Cf. Clerniont-Ganneau, Journal asiatique,8° série, t. IV, p. 172.— Recueil d'archéologieorientale, p. 201, pi. XI.

3. Cf. Vsn Berchem, Matériaux pour unCorpus, pi. XIV; — Notes d'archéologie, I, p.114; 11, p. 9; — Basset et Iloudas, Épigraphietunisienne, pi. I et II, p. lHet 23.

4. Cf. van Berchem, Notes d'archéologie, I, p.115; — Matériaux pour un Corpus, p. 8.

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INTRODUCTION

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Fio. 7. — Spécimens d'écriture monumentale.

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elle tend à devenir arabesque elle-même, elleemprunte au décor floral ses motifs et satournure. La tête du Kaf se divise en feuilledouble, le Ain rappelle parfois le fleuron quimarque le départ des palmes, la fin desgroupes de caractères s'allonge et s'arronditen ligatures et en départs de rinceaux. C'estla nouvelle variété de coufique connue sousle nom assez impropre de qarmatique, etpour lequel on a proposé la dénominationmeilleure de caractère angulaire fleuri. Ilapparaît pour la première fois en Tunisie en341 ; puis, transporté peut-être parlesFatimites en Egypte, il remplit toute leurépigraphie. En Tunisie, il prend au reste, au v° siècle de l'hégire (xi e siècle de l'èrechrétienne) une allure d'une extraordinairefantaisie. Si l'on compare l'inscriptionfunéraire de la Seiyidet el-Jâmi de Cai-rouanà l'inscription almoravide de Nedromah quidate de la même époque -, où auxinscriptions du mihràb de la Grande

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Mosquée de Tlemcen qui lui sontpostérieures de plus d'un siècle, on trouve lecarmatique tunisien singulièrement touffu ;et d'ailleurs, dans son efflorescenceexhubérante, il demeure inférieur aux typesmaghribins occidentaux, plus sobres, d'undéveloppement plus classique et plusdiscipliné.

L'épigraphie tlemcenienne offre desspécimens de qarmatique sur bois, surpierre, et enfin sur plâtre. Ces derniers sontde beaucoup les plus nombreux. Comme dejuste, ils offrent généralement des types plusraffinés, et plus délicatement fleuris que lespremiers 3 . La facilité d'emploi de la matièredoit en être la cause. A deux exceptions près,que nous signalerons plus loin, ce ne sontpas des inscriptions historiques. Le cou-

1. Cf. Hondas et Basset, Épigraphietunisienne, pi, 111, p. 24, 23.

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2. Cf. Houdas et Basset, Epigraphietunisienne, pi. V, p. 27 ; — Basset, Nedromahet les Trarus, p. 22, 23, et PI.

3. Cf. Van Berchem, Notes d'arc/iéologie, p.119.

tique fleuri tlemcenien n'offre que desinscriptions pour ainsi dire ornementales,versets du Coran, sentences pieuses, etc. LaGrande Mosquée qui appartient à lapremière moitié du xin'' siècle présente troisvariétés curieuses d'inscriptions qar-matiques sur plâtre. L'une se découpe sur unfond dépouillé de tout ornement. La secondedont on trouvera les caractères reproduits iciest sobrement accompagnée de quelquesrinceaux. Ses lettres y sont assez déformées ;cependant elles conservent encore les figuresprimitives; la coupe en biseau qui termineles lettres semble une influence de l'écrituremanuscrite, tracée au qalam. La troisième de

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ces inscriptions qui forme le cadre du mihrâbprésente une disposition caractéristique : lesdeux cinquièmes de la bande qu'elle occupesont réservés à la partie inférieure, la plusexpressive de la lettre, et le fond n'y porteaucun décor ; les autres sont garnisd'entrelacs foisonnants, et les hampes deslettres longues qui y montent indiquent destendances purement ornementales. Lesommet de ces hampes remplace le plussouvent le biseau primitif par une palmedouble qui s'inscrit presque dans la mêmefigure géométrique.

Le xm e siècle nous montre un nouveauprocessus de l'épi-graphie monumentaletlemcenienne. Comme dans les palaisandalous, de petits groupes de caractèrescoufiques, reproduisant des sentences dequelques mots deviennent un élément favoride l'ornementation murale. Avec cet emploinouveau, le qarmatique joue un rôle

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important dans les revêtements de plâtre. Cen'est pas que la longue bande de coufiquefleuri disparaisse alors des monumentstlemceniens. On la retrouve à sa placed'honneur, encadrant le cintre des mihrâbsdans les mosquées de cette époque. Bienmieux, l'une des seules inscrip-

tions coufiquos tlemceniennes ayant uncaractère historique date de la fin du xm csiècle. Elle s'étale dans deux bandeaux deplâtre, précieusement fouilles, aux deuxcôtés du mihrâb de la mosquée deBel-Hassen. Mais il est visible que le but cherchépar l'artiste dans les inscriptions coufiquesde cet âge est moins d'édifier et d'instruire,que de plaire aux yeux. Le souci ornementaltient alors le premier rang. L'inscription,avec ses déformations conventionnelles elledécor floral qui l'enveloppe de toute part,devient souvent une sorte de logogriphesavant, indéchiffrable pour la grande

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majorité des fidèles. L'arabesque quil'avoisine et probablement aussi ladécoration calligraphique des manuscrits del'époque sont les sources des nouvellesformes. Les mosquées de Sidi Bel-Hassen etd'Oulâd El-Im.iiu présentent îles exemplesadmirables de ce coufique fleuri, du mêmestyle que celui qui règne à l'Alhambra et àl'Alcazarde Séville. Les caractères les plusfréquents en sontla stylisation lancéolée desanciens biseaux, l'allongement arbitraire desgrandes lettres dont les hampes vontrejoindre le bord supérieur, se brisent etforment en se juxtaposant des borduresquasi-régulières suivant le cadre du panneau,enfin L'entrelacs à angle droit ou diagonalanalogue à celui de la lettrine byzantine '.

Les artistes mérinides ne font qu'exécuter denouvelles variations sur ce thème. Onrencontre assez fréquemment dans leursmonuments une forme de cintre dentelé

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reposant sur deux Lam ou deux Ali/' choisisrégulièrement dans la phrase. Elle sembleune représentation schématique de l'arc enfer à cheval, ou même de la qoubba à toitplat. Sidi'l-Halwi et

1. On en trouvera d'importants fragmentsdans la partie de cette étude consacrée à laMoSQUÉK Uel-Hassex.

Mansourah nous fournissent en outre, decette époque, de beaux

spécimens de coufique sur pierre et sur bois,robustes et moins tourmentés que Le typedes inscriptions de plâtre 1 .

Il est intéressant de noter que, de même quel'élément floral s'était fortement combinéavec le trait coufique, de même le traitscriptural donna naissance à quelquesformes qui prirent place dans l'arabesque.Elles sont dépourvues de toute signification,

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n'accompagnent plus aucun caractère; maison ne saurait en chercher l'origine en dehorsde l'ornementation épigraphique desmonuments ou calligraphique desmanuscrits 2 .

Parallèlement au caractère coufique, lesdécorateurs tlem-ceniens se servirent ducaractère cursif arrondi. En Egypte sonadoption comme type habituel desinscriptions monumentales ayant uncaractère historique est liée au triomphe desAvvoubites sur les Fatimites 3 . A partir duvi" siècle de l'Hégire, le coufique fleuri neretrace plus que des sentences pieuses, desversets coraniques ; il est purementornemental. En Occident, le caractèrearrondi se montre, il la même époque, dansles inscriptions monumentales avec une rareperfection; ainsi la bande dédicatoire quicourt sur le tambour de la coupole du niihràbà la Grande Mosquée de Tlemcen, datée de

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530 de l'Hégire,

1. De cette époque date le seul exemple queprésentent les monuments tlemceniens decette curieuse variété de coufique appeléecoufique quadran-gulaire : nous en parleronsen décrivant le monument auquel ilappartient. Cf. infrà Mosquée de Sini bou-Médine, le Minaret.

•1. Non seulement l'élément coufiqueimprégna toute La décoration arabed'Occident, mais son influence eut desprolongements inattendus dansI'architeclure gothique. Saladin (Conférencefaite à l'Union syndicale des architectesfrançais, p. Ki) parle des portes de lacathédrale du Puy et de celles de la Voulte-Chïlhac, « où se trouvent des ornementspresque scrupuleusement copiés sur lesinscriptions coufiques».

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3. Cf. Van Berchem, yoles d'archéologie, 1. p.11"/, 118; — Matériaux pour un Corpus, IV.

est d'une belle écriture arrondie 1 //y. S).L'inscription sur bois de la maqçoura de cettemême mosquée datée de 533 offre un typecurieux, intermédiaire entre le carré etl'arrondi 2 . Mais sur des inscriptionsfunéraires du début du vu" siècle, lecaractère arrondi s'affirme avec des formestrès élégantes 3 ; et aux siècles su i van tstoutes les inscriptions historiques abd-el-wâdites et mérinides appartiennent à ce type: habons de Sidi Bel-Hassen, d'Oulâd-el-Imâm, de Bou-Médine, inscriptionsdédicatoires de Mansourah, de Sidi Bou-Médine, de Sidi'l-Hahvi, de la bibliothèqued'Abou-Hammouà la Grande Mosquée 4 . —Le seul type en usage fut. sans grandevariation de style, ce qu'on a appelé le typeandalous ; c'est celui des monumentssévillans et grena-

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Fig. S. — Fragment île l'inscriptiondédicatoire delà Grande Mosquée.

dins, celui de la fameuse inscription del'Alhambra : « Lâghâlib illà 'liait ■>. Leneskhi oriental ne se montre jamais àTlemcen; il apparut par contre il Alger àl'époque turque. Quant à la vieille écriturecursive barbaresque, elle ne devint jamais, àpropre-

1. A la même époque, le caractère arrondiapparait sur les monnaies d'Abd-El-Mouminl'Almohade, — Cf. Codera y Zaidin, Tratadode numismàtica arà-bico-Espaiin/ii. pi. XXII.

2. Publiée par l'un île nous (Bulletin duComité historique de l'Afrique du Nord,1902, p. 548, 541); on trouvera un fac-similé

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de quelques mots de cette inscription fig. 2i.

3. Par exemple, dans l'cpitaphe d 'Abou-AbdaJlah-Mohammed-ben-Jafar-ben-Samoun f 610), publiée par l'un de nous[Bulletin du Comité archéologique, 1902, p.538 .

4. Cf. Brosselard, les Inscriptions arabes deTlemcen (Bévue africaine, décembre 1858, p.90:.

ment parler, une écriture monumentale ;mais elle se rencontre d'assez bonne heuredans l'épigraphie funéraire et y règnedéfinitivement à partir du xv' siècle. — Lesinscriptions cur-sives jouent un rôle trèsimportant dans les monuments tlem-ceniens. De dimensions extrêmementvariables, parfois elles forment, autour deschamps d'arabesques ou même des largesbandes coufiques, de longues bordures de

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versets coraniques ; parfois, elle occupent encourtes sentences pieuses des disques ou despolygones au centre des panneaux. Le fondest rarement garni d'un rinceau continu. Plussouvent des fleurons détachés, des vergettes,de petits ornements en forme deV sontchargés de combler les vides.

L'élément géométrique. — Ses origines. —Les questions relatives aux origines del'élément géométrique sont encore entouréesde beaucoup d'obscurité. Les décors persansde l'école parthe 1 , quelques fragments demonuments coptes 2 , quelques sculpturesSyriennes 3 , les pavements mosaïques desvieilles églises de Rome ei de Salonique, lesbroderies et les dentelles primitives arabes 4, telles sont les différentes sources qu'onttour à tour proposées les archéologues. Quoiqu'il en soit, il semble bien qu'aucun peuplen'ait, avant les Arabes, fait de ce genre dedécor la formule initiale de tout un style.

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Tous les arts se sont plus ou moins servis del'ornement géométrique : le carré, lequadrillage, le cercle, ont de tout tempsrevêtu des surfaces ou composé des bordures; il est possible même que, dans les premiersmonuments arabes, il ait joué un

I. Cf. Dieulafoy, l'Art antique de la l'erse, I. V,p. 30-153. J. Cf. Monuments coptes duMusée de Boulaq, pi. 111. XXVI, XLIXLXXM1, LXXX111. 3. Cf. de Vogué. SyrieCentrale, p. 89. PI. 43. i. Cf. Saladin.Conférence faite à l'I nion syndicale desArchitectes.

;il INTRODUCTION

rôle accessoire à côté de l'élément floral et del'élément épi-graphique ; mais il appartenaità l'art musulman définitivement constituéd'en faire sa formule préférée et comme sacaractéristique.

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« Élégance et complexité par des involutionsgéométriques plus ou moins distinctes oumêlées, et construites avec symétrie. Desfigures abstraites, la flexion linéaire et unesorte de croissance organique : en d'autrestermes, des thèmes purement géométriquesque la graphique traduit par des épures, etque la technique met en œuvre en yenfermant la matière, tel est le fondsessentiel de l'art arabe 1 . »

Cependant, si les tendances naturellementabstraites de leur esprit, leur amour de lacomplication mathématique, leur éloi-gnemeni religieux pour toute représentationde corps animés poussèrent les Arabes àcultiver ce genre d'inspiration, les exigencesde la matière employée entrèrent au débutpour une part notable dans son adoption. Lamenuiserie, la charpente à petits bois,l'assemblage des briques et des fragmentsdécoupés dans la terre émaillée, le

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découpage des claires-voies dans les taillesde pierres ou les revêtements de stuc, tellesdurent être les premiers problèmes dont larésolution sollicita l'emploi du décorgéométrique.

Uentrelacs réctiligne. — Ses applications. —C'est dans le réseau des claires-voies qu'ilapparaît d'abord, en Occident, à la GrandeMosquée île Cordoue. Au minbar de SidiOkba (vers 894) qui appartient à la mêmepériode, nous le trouvons égalementgarnissant les rectangles ajourés 3 . Dans cesdeux

1. J. Bourgoin, les Eléments de l'Art arabe,Paris, 1n'ï9. Avant-Propos.

2. Cf. Saladin, Mosquée de sidi Okba, pi.XXVI et XXYIl, les Panneaux, il, '23, 31, 32,33, 35. 38, 4t. 42.

monuments, il revêt nettement le caractère

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d'entrelacs recti-ligne, qu'il ne perdit jamaiscomplètement : l'artiste, qui s'est servi d'unlarge ruban légèrement modelé, voire mêmeslriéen manière de cordelettes, le fait passeralternativement en dessus et en dessous desdifférentes portions de lui-même qu'il croise.Cet enchevêtrement régulier ne fut pastoujours conservé dans le décor de plâtre; onne considéra souvent le trait que comme unmoyen de limiter les surfaces ; mais ilsubsista toujours dans la mosaïque defaïence, où la bande blanche dessinait, lestraits de l'épure.

L'époque de transition n'eu l'ait pas encoreun usage très constant. Ala Grande Mosquéede Tlemcen, les meneaux, qui maintenaientprobablement jadis les fragments de verrescolorés, sont encore les seules parties dumonument où la combinaison géométriques'étale bien franchement : partout ailleurs ledécor floral joue le principal rôle. Dans les

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palais de Sicile, une plus grande place lui estréservée. La figure du polygone étoile formépar le croisement de deux carrés (seulefigure géométrique qui se rencontre sur lesparois de la Grande Mosquée maghribine) ydonne lieu ii des combinaisons fort simples,mais où se manifeste nettement la tendancearabe'.

Il était réservé au xm" et au xiv" siècle dedonner à ce genre d'ornement undéveloppement extraordinaire. A Tlemcen,les plafonds de bois, les caissons de plâtre,les revêtements de bronze des portes, lesclaires-voies et surtout les mosaïques defaïence permettent à l'imaginationmathématique des décorateurs do se donnerlibre carrière.

La formule la plus fréquemment employéeest, sur plan carré,

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t. Giraull de Prangey, Essai sur l'architecturedes Arabes, PI 12. N° 5.

la rosace rayonnant autour d'une étoile àseize et vingt-quatre pointes. L'étoile à huit,à dix-huit et à nombre de pointes impair nese rencontre pas. Celle à douze et à vingtpointes apparaît assez tardivement. L'étoileprimitive à huit pointes et les combinaisonsqu'elle engendre se retrouvent dans presquetoutes les frises de plâtre 1 .

Le revêtement de plâtre des trumeaux et desmurs se servit (railleurs très peu del'ornemenl géométrique proprement dit; lediagramme le plus communément en usageest une juxtaposition de losanges curvilignesou île motifs se raccordant en sautoir, quin'est point à proprement parler unecombinaison géométrique et dont nousessaierons plus loin de rechercher l'origine.

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La mosaïque de fa'ience eut, en revanche,comme nous l'avons dit, souvent recours audécor géométrique. Il composa depuis lacombinaison d'une ou de deux formesjusqu'à la grande rosace de constructionsavante. Il convient d'ailleurs de noter que ledécor ainsi formé conserve son caractèreoriginal en restant ci infini ». Rien ne limitel'extension des lignes et la « cristallisation »des motifs. Le panneau qu'il compose n'apas, comme certains panneaux del'Alhambra, un axe et des arrêts nécessaires.Seuls les besoins de l'architecture et lesgrandes lignes d'une composition d'ensembletrès voulue imposent des bornes augroupement polygonal.

L'entrelacs curviligne. — Nous l'avons vu, ledécor géomé-

I. C'est une combinaison analogue à celle<|iic l'on remarque au niinbarde Snli Okba

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(Saladia. loc. cit., pi. XXVII) dans le panneautriangulaire correspondant au numéro 73 duschéma. Le décor de ce panneau tranchenettement avec le décor byzantin des autres ;c'est probablement celui-là que désignel'auteur comme comportant « le caractère del'ornementation arabe proprement dite», etrajouté lors de la restauration du minbar.

trique semble dériver de l'entrelacsrectiligne. Parla, il se rattache au genre dedécor que l'on désigne parfois plusparticulièrement du ternie vagueà!arabesque : nous voulons parler de toutecette famille d'ornements dont l'entrelacscurviligne est le point de départ, niais dansLequel l'involution linéaire s'enrichit et secomplique, le plus souvent, de formesaccessoires, épigraphiques < m florales, quien défigurent complètement l'épureprimitive 1 . Parmi ces ornements, nousdistinguerons d'après les formes qui les ont

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engendrées, et pour en faciliter l'étude, deuxgroupes distincts : l'un que nous appelleronsentrelacs architectural, l'autre entreluesfloral.

L'entrelacs architectural. — L'origine dupremier groupe est la ligne découpée enlobes ou en festons : soil composée deportions de circonférences semblables, sejuxtaposant les unes aux autres, soit desuccessions de courbes et de raccordementsrectilignes, formant des groupesrégulièrement répétés. Ces deux genres delignes trouvent leur première expressiondans les formes architecturales. Celui-là,dans l'arcade lobée, telle qu'on la rencontre àCordoue (fig. 9, A), celui-ci dérivenaturellement de l'emploi de la stalactite. Lasection d'un encorbellement decoupolettespar un plan (//y. 9, El donne cecontour à festons ou à lambrequins que nousvenons de décrire. Tous deux eurent une

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curieuse descendance dans le décor extérieuret intérieur des monuments du Maghrib etd'Andalousie.

Décor extérieur. — L'arc festonné, nousl'avons montré plus haut, fut abandonnéd'assez bonne heure, dans le Maghrib

1. Cette étroite parenté est nettement miseen lumière par le minbar de Skli Okba où lescombinaisons angulaires, les entrelacscurvilignes purement géométriques et lesentrelacs curvilignes à prolongement florauxse trouvent réunis (Voir, par exemple, pi.XXXII, les Panneaux, 61, 62, 63, 64).

7

du moins. Le xui" siècle ne l'employa ]>luscomme cintrage, mais il continua à tenir uneplace fort honorable dans les faibles reliefsdu décor de brique. C'est lui que nousretrouvons comme première bordure de bon

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nombre d'arcades méri-nides. Il se répète,s'enrichit d'un double ou triple entrelacs etsert de cloison aux fragments déterrevernissée (C) '. Déplus, il est, avec ladécoupure à lambrequins, le point de départdes décors les plus caractéristiques desextérieurs arabes : l'arca-ture et le réseau. Eneffet, si les architectes byzantins, qui('levèrent les charpentes de Cordoue surdeux étages d'arceaux entrecroisés, n'eurentpas, à proprement parler, d'imitateurs, c'estvraisemblablement à eux que les décorateursarabes doivent le décor ingénieux et logiquedont ils revêtirent tous les minaretsd'Occident. Cet entrecroisement reparaîtdans les galeries d'arcades aveugles (B) dontla Puerta del Sol de Tolède, la Giralda et laKotoubîya de Marrakech offrent les plusanciens exemples. L'élément ordinaire en estl'arc lobé. 11 reparait aussi, agrandi et-multiplié, dans le réseau des grandessurfaces rectangulaires. L'élément en est

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alors la ligne festonnée ou à lambrequins.Partant d'un arc inférieur, qui en rappelleclairement l'origine, ils donnent naissance àune superposition de losanges mi-curvilignesmi-rectilignes (F). Les minarets mérinidesont donné de cette formule de trèsingénieuses applications. Comme on le voit,ces losanges offrent l'avantage d'êtrejuxtaposables, la moitié de la figureprésentant en creux le contour que l'autremoitié' présente eu plein.

i. Ce n'est là qu'une variation somptueusesur le motif habituel des façades arabes duCaire : le galon pourtournant l'archivolte,suivant le cadre rectangulaire du tympan etse nouant aux axes des arceaux. Sur l'originevraisemblable de ce décor, Cf. de Vogue.Syrie Centrale, p. 134 et PI. 128.

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Fia. 9. — L'entrelacs curviligne architectural.

Le plus souvent l'intérieur en est meublé parla retombée des arcs supérieurs et par unfleuron terminal des arcs inférieurs.Constamment employé dans les minarets, ceréseau ne se rencontre guère dans les autresrevêtements extérieurs. Nous en trouveronscependant un exemple à laMédersa de SidiBou-Médine et une interprétation en

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mosaïque de faïence au portail de lamosquée (fig. 46).

Décor intérieur. — Ces deux thèmes,transportés dans la décoration intérieure, setraduisirent dans le plâtre par des ornementsd'échelle plus réduite et d'un caractère pluscompliqué. L'arc lobé constitua, comme auxportails de brique, la première garniture desgrands arceaux des nefs, voire même de lacirconférence inférieure des coupoles.Parfois repoussé tout au bord des cintres, illes découpa en petites dents régulières quidonnèrent naissance au gaufrage desdouelles (D) ou au cotelage des coupoles(1)'). L'Albambra et le petit palais d'El-Eubbâd présentent des spécimens de cedécoupage. Quant à la succession delambrequins et au réseau qu'il engendraitdans le décor extérieur, nous croyons enretrouver un souvenir dans le décor régulierà losanges curvilignes, qui constitue un des

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remplissages les plus constamment usitésdans les revêtements de plâtre.

Il semble bien, en effet, qu'il apparaisse peudéformé dans les panneaux ajourés quigarnissent les tympans de l'Albambra et del'Alcazar. On en pourra voir ici (Gj uneinterprétation très simple remarquée dans lasalle du Jugement. C'est un trait gravé sansdécor accessoire, qui reproduit visiblement letrait initial des grands réseaux. A Tlemcen,nous en trouverons de nombreusesapplications. Quoique très enrichi etaffectant les formes les plus diverses, il estcependant assez reconnais-

sable; il alterne dans les écoinçons avecl'entrelacs floral; il revêt les grandes surfacesdes murs.

Dans ce nouvel emploi, il se mélangeintimement avec la flore. Nous avons noté,

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en parlant des réseaux de brique, les fleuronscouronnant la soudure des lambrequins. Lesvieux minarets qui subsistent à Séville, laGiralda, le clocber de San Marcos, s'ornentde ramifications végétales découpées dans laterre cuite. Cette assimilation des deuxfamilles de décor, déjà visible dans lerevêtement extérieur, devint plus complètedans les compositions de plâtre. Nonseulement, en effet, les fleurons et lespalmes y meublent les losanges superposés,mais ces losanges deviennent eux-mêmesornements floraux, leurs courbes ne sontplus que le diagramme de construction queles longues feuilles détachées de leur tigeviennent revêtir (H). Nous verrons tout àl'heure comment cet entrelacs architectural,converti en palme, se déforme en mêmetemps que la palme elle-même au contactdel'écriture,

Entrelaça floral. — Nous étudierons

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maintenant le deuxième groupe : l'ornementfloral proprement dit.

Dans tout décor floral arabe, il convientd'examiner deux parties distinctes de lacomposition : d'une part, l'épure deconstruction et, de l'autre, le motif qu'ellesupporte, l'entrelacs curviligne et l'élémentvégétal, la tige et la feuille.

On le sait, la décoration musulmane est l'artle moins naturaliste qui soit. Lesprescriptions religieuses, qui interdisaient lareprésentation humaine, laissaient auxartistes arabes libre carrière relativement àl'imitation des plantes. Or ils ne s'avisèrentjamais de copier aucune des formesvégétales qui les entouraient ; leur seul butfut de garnir les surfaces de combinaisonssavantes, prétex-

tant la répétition des formes peu variées de

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la flore ornementale.

La disposition byzantine que présentent lesclaveaux en mosaïque du mirhâb deCordoue, une tige médiane portant desrameaux opposés, convenait mal à cet emploi; les exemples d'un tel point de départ rigidesuivant l'axe sont fort rares dans lesmosquées Tlemceniennes 1 . En revanche, lerinceau, également en usage dans les décorsbyzantins, eut, en s'im-plantant dans l'artarabe, des applications très nombreuses ettrès diverses, soit que, d'un seul jet, il formâtla nappe des éeoinçons, soit qu'en plusieurstronçons s'enchevétrant les uns aux autres ilmeublât des surfaces régulières.

On trouvera un certain nombre dediagrammes joints à ceci (fig. 10). Tous sontempruntés à l'analyse d'ornementsreproduits dans la suite de cette étude. Cesont la spire simple (A), la spire à deux

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enroulements contraires (Bet C), le rinceau(D) et les combinaisons auxquelles il donnelieu : l'entrelacs formé par deux rinceauxcourant suivant une même direction (E) pardeux rinceaux courant dans deux directionsopposées (F), la direction étant donnée par ladisposition des brandies secondaires et leurinclinaison sur la tige principale. Notons que,lorsque cette tige se montre dans tout sondéveloppement, elle porte un bouquetterminal à ses deux extrémités, ce qui achèvede lui enlever tout caractère naturaliste. 11faut donc les considérer comme de libresfantaisies ornementales, tenant autant de lagéométrie que de la flore. Comme telles,elles sont d'une composition sinon claire, dumoins ingénieuse et logique. Les pointsd'attache ne sont généralement pas

1. Voir cependant un exemple isolé derameaux souples partant d'une tige médianerigide (fig. 26).

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dissimulés ; les rapprochements sontsouvent marqués par des ligaturesdécoratives qui suppriment les parallélismesdésa-

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Fig. 10. — L'entrelacs curviligne floral. —Diagrammes de construction.

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gréables ; les croisements de tiges sont aussitrès clairement

exprimés ; dans certains ornements, ilss'encadrent dans l'enroulement des palmesou dans les fleurons d'axe [fig. 33, 48, 72).

Restait à adapter sur ce support flexible lemotif végétal proprement dit. Ce fut encorel'art byzantin qui fournit ce second élément.Une seule plante, croyons-nous, constituapresque exclusivement la flore des décorsarabes, et par ses curieuses déformationsengendra la garniture des entrelacscurvilignes : ce fut la feuille ornementale parexcellence de toute l'antiquité classique,L'acanthe, plus spécialement l'acantheépineuse, employée de tout temps par lesGrecs et qui fut, ii partir du v' siècle, d'unusage constant dans les édifices romains '.

On ne doit point s'étonner de voir une telle

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palme s'adapter ii une tige si peu faite pourelle et dont la tournure mince et souplerappelait si mal le port naturel de la plante àlaquelle elle appartenait'-. Les décorsbyzantins présentent déjà des exemplesd'acanthe ou de tronçons d'acanthe portéspar des tiges flexibles formant rinceau (fig.H) 3 . On le sait d'ailleurs, les sculptures deschapiteaux de la décadence en font unefeuille extrêmement longue et amaigrie [fig.12 A) 4 . Le limbe y est presque réduit à laseule épaisseur des nervures. Les groupes dedigitations ainsi obtenus sont, dans lessculptures de Cordoue, séparés entre eux pardes intailles plus larges

1. Cf. Saladin. Mosquée île Sidi-Okba, p. 66.

2. Notons que l'acanthe, sans grandedéformation, compose aussi des bordures depalmes parallèlement disposées, se suivantsans être rattachées à une tige; on en

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trouvera un exemple dans le cadre desfragments de voussures reproduit ici (fig.13). Elle conserva très longtemps ce rôle : lescintres de Snli Bou-Médine en présententencore.

3. Nous devons la communication de cerinceau à M. Gabriel Millet. Il provient de labasilique de Mistra, qu'il a récemmentétudiée.

4. Cette feuille est empruntée à un chapiteaude Sainte-Sophie de Constan-tinople.

ol arrondies, qui représentent l'œilletintermédiaire de la feuille primitive (B). Cesintailles ne furent plus bientôt que des trous,alternant avec des stries profondes. A laGrande Mosquée de Tlemcen, c'est cet aspectqu'elles revêtent ; la feuille a de pluscomplètement modifié sa silhouettegénérale. En effet, si l'on y trouve un

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exemple d'acanthe peu déformée (fig. ^0) etprésentée de face, la palme la plusgénéralement employée est présentée deprofil, divisée en deux parties d'inégalegrandeur (C) ou formant un seul faisceau ets'échappant alors d'un bourgeon inférieursemblable à deux cotylédons ajourés (C).Cependant c'est toujours la même feuilleavec ses stries régulières et sesreprésentations schématiques d'œillets. ASainte-Marie-la-Blanche de Tolède, elleremplit son rôle classique en formant lescrosses des chapiteaux octogones (D), dontla parenté avec les chapiteaux théodosiensn'est point douteuse.

Cette feuille eut le sort de presque tous lesemprunts faits aux décors byzantins (Cf.suprà, Chapiteaux); elle alla, s'écar-tanttoujours de plus en plus de la nature, sefaisant de plus en plus conventionnelle etornementale. A l'Alhambra,on remarque des

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feuilles où nervure principale, nervuressecondaires, oeillets intermédiaires seretrouvent, mais complètement défigurés parune libre interprétation décorative (E).ATlemcen, au xiv° siècle, les œilletsdisparaissent, il n'y a plus que des

Rinceau byzantin.

lOfi

INTROIirCTU'N

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Fio. 12. — L'entrelacs curviligne Dorai. —Spécimens de palmes.

nervures (F), et la palme, ainsi simplifiée,réduite, et généralement isolée de sa tige,sert de remplissage. Elle forme alors avec sestraits gravés sur un fond souvent repercé unevaleur forte au milieu des méplats quil'avoisinent.

Cependant cette acanthe, si conventionnellequ'elle puisse paraître, devait se déformerencore. On s'habitua à ne plus considérerdans la palme que la figure géométriquedans laquelle elle s'inscrivait. De très bonneheure, parallèlement à la feuille sillonnéed'intailles, les décorateurs arabesemployèrent une feuille lisse qui n'étaitqu'une simplification de la première. Lesdeux variétés de feuilles gravées que noussignalions à la Grande Mosquée fournissent

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deux types différents facilementreconnaissables. La palme divisée en deuxparties engendre une palme plate, un peuplus longue et plus souple, mais de mêmegalbe et remplissant le même rôle (G '. Lapalme présentant un seul faisceau denervures donne naissance à une sorte detriangle isocèle, s'adaptant à la tige par lemilieu de son petit coté (G'). Le bourgeoninférieur primitif s'y révèle encore par unepetite intaille angulaire et un trou simulantl'œillet.

Ces deux feuilles s'enroulent librementsuivant les besoins du décorateur; mais il estbien rare que la courbe n'enveloppe paslogiquement le bord interne de la feuille,c'est-à-dire, le côté qui, dans le prototypebyzantin, était suivi par la nervure médiane.

Parfois ces palmes étaient garnies de décorsfantaisistes qui

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1. Nous n'ignorons pas le rapprochement quel'on a voulu établir entre ces palmes et lafeuille de lotus. Il n'est pas impossible quel'ornement égyptien ail influé sur la tournuredonnée à la palme double ; mais la parentéde celle-ci avec la feuille d'acanthe noussemble trop évidente pour que nousadoptions complètement cette opinion reçue.

en changeaient complètement l'aspect.Sainte-Marie-la-Blanche en montre déjà desexemples ; nous en signalerons de fort joliesinterprétations, à la mosquée de Sidi Bel-Hassen (fit/. 32 D, F). Certaines même, dansce dernier édifice, présentent desrecoupements qui en modifient d'unemanière assez sensible la forme initiale[même fig. E).

Avec la période mérinide, ces curieusesvariétés sont presque complètementabandonnées. La feuille longue et plate

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subsiste seule et constitue l'élément floralessentiel ; la feuille large, courte et gravéeétant, comme nous l'avons vu. réservée pourles remplissages. C'est elle dont le galbellexible décore les panneaux entiers ; elletermine la tige grêle des rinceaux ; elle formeles motifs d'axe. En effet il n'y a pas, àproprement parler de fleuron dans toute laflore magliribine 1 . Le fleuron n'est que lerapprochement de deux palmes doublesaffrontées (H). Les deux pétioles étantparfois réunis par une ligature, il en résulteune forme assez analogue à la ileur-de-lys.Isolée de son support, elle circonscrit leslosanges curvilignes des grandes surfaces.Quatre ou huit palmes doubles sontnécessaires à cet emploi. La pointe de lalongue portion s'appuyant sous la courteportion de palme d'au-dessus, leur réunionengendre les festons successifs dont nousavons essayé de déterminer l'origine (fig. 9,H).

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Cependant, avec le milieu du xiv" siècle, cetélément essentiel des décors arabess'abâtardit et se défigure encore. Le limbes'amincit et devient de plus en plussemblable au trait scriptu-

1. Nous noterons à la mosquée de Sidi Bel-Hassen (fig. 32 A, C) un motif d'axe curieux,sorte de représentation schématique ducalice byzantin, d'où s'échappent les rinceauxdans le panneau A. Le pied de raquette, quisupporte parfois les deux palmes affrontées(fig. 58 il), n'est, à son tour, qu'unedéformation du pied de ce calice.

rai qui l'environne. Toute l'ornementationd'ailleurs subit cette dégénérescence. Onpeut dire qu'elle est surtout caractérisée parl'appauvrissement des surfaces en relief, d'oùrésulte le développement plus considérabledes fonds; l'amincissement des pleinsdéterminant V élargissement des rides. Nous

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en constaterons de très manifestes exemplesà la mosquée de Sidi Bou-Médine et plusencore à la qoubba de Sidi Brâhîm.

Cette dégénérescence fut très rapide :cinquante ans à peine séparent ce dernierédifice de la mosquée de Sidi IJel-Hassen,qui marque peut-être l'efllorescencecomplète du style arabe occidental. Ce futencore assez pour laisser d'excellentesœuvres, témoignant d'une imaginationpleine île ressources, donnant l'illusion de larichesse et de l'originalité, à l'aide dequelques formules très simples empruntéesà un art étranger.

Nous avons essayé de le montrer : en fait,tous les éléments mis en œuvre ettransformés par les artistes maghri-bins setrouvent en germe, sinon clairementexprimés, ;'i Cordoue, dans la grandemosquée d'Occident. D'autre part, cette

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analyse, nous le sentons, est incomplète ettrop systématique. Toute recherche relative àla civilisation du Maghrib doit tenir comptedes échanges et des rapports constants quil'unissaient avec l'Orient. L'étude desmonuments d'Egypte pourrait donner lieu iiquelques rapprochements intéressants. Nousne la croyons cependant pas indispensable.L'art d'Andalousie et celui du Maghribsemblent avoir constitué un groupe à part ets'être simultanément développés.

S'ilnousa semblé évident que la comparaisondes monuments de Cordoue, Tolède, Sévilleet Grenade devait à chaque instant éclairerune étude des monuments tleniceniens, il nenous parait pas moins certain que laconnaissance de ces derniers

peut, en plus d'un point, servir à mieuxcomprendre les édifices d'Andalousie. Laplupart, en effet, offrent l'avantage d'être

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datés d'une manière certaine et d'avoir étépeu remaniés. Alors qu'il est très difficile dedémêler dans les palais espagnols l'apportdes générations successives, chacune desmosquées maghribines représente pour ainsidire une étape de l'art moresque, une date deson perfectionnement ou de sadégénérescence. Elles deviennent donc desdocuments archéologiques de premier ordre,utilisables non seulement pour l'étude desédifices andalous, mais encore de ceux deSicile et de ceux que les explorations futuresnous révéleront dans les villes marocaines.

Ce ne sont point que des documentsarchéologiques. Tous ceux pour qui leschoses d'art ne sont pas indifférentes etvaines seront séduits par la grâce attique deleurs proportions et l'élégance un peu mièvrede leur parure ornementale. On l'a dit avantnous et mieux que nous, la Grande Mosquée,Bel-Hassen, Mansourah, Sidi Bou-Médine ne

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sont pas des frères indignes de l'Alhambra etde l'Alcazar. Mais nous croyons devoirinsister sur le charme et l'intérêt que lesmonuments maghribins empruntent à setrouver ainsi présentés dans leur vrai cadre,au milieu d'une civilisation toute semblableà celle qui les vit éclore. Les palais deScvilleet de Grenade, que des restaurationstant soit peu indiscrètes ont rendus souventplus riches qu'harmonieux, apparaissentcomme de somptueuses curiosités,banalisées par le tourisme, incomprises dumonde qui a continué de vivre autour d'elles.Les mosquées de Tlem-cen ont presquetoutes pour cadre les petites rues arabestoutes grouillantes de leur foule blanche.

Ce cadre, nous le savons, va disparaissantchaque jour ; le souci artistique duGouvernement ne peut protéger desquartiers entiers qui valent surtout par leurensemble, et dont la conservation ne

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s'impose pas. D'autre part, une tendancefâcheuse pousse les habitants français àdébarrasser leur ville des seules choses qui yattirent encore des visiteurs et à faire de lacité royale des Beni-Zeiyân la rivale d'unesous-préfecture quelconque de la mère-patrie. C'est là, croyons-nous, un mauvaiscalcul, en même temps qu'une œuvre indignedelà civilisation que nous représentons. Maisil semble bien qu'il faille prendre son partides vandalismes inutiles; Tlemcen arabe,comme le vieil Alger, s'amoindrira de plus enplus et succombera sous la pioche et lecordeau des vainqueurs.

Elle restera cependant, longtemps encore, unpays d'élection pour les pèlerins d'art. A laville musulmane dépecée survivront, nousl'espérons du moins, d'autres merveilles quine sauraient être cataloguées dans cetteétude ; nous voulons parler de cesproductions naturelles de la terre et du ciel

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maghribins, de ces aspects nobles etcharmants qui nous ont nous-mêmesséduits, et qu'il nous semble préférable delaisser aux autres le plaisir de découvrir àleur tour.

ENCEINTE DE TLEMCEN. - LE GRANDBASSIN LE MÉCHOUAR. - AGADIR

Ce qui reste aujourd'hui à étudier desanciens ouvrages dé-fensifs de Tlemcen secompose : I" d'une enceinte principale dont iln'esl pas trop malaisé de restituer le tracé ;2° d'avant-murs, d'ouvrages avances dont ilesi fort difficile de faire une étude exacte.Avec les guerres dont, au xn", au xin\ au xiv'siècles, Tlemcen fut le théâtre et souventl'enjeu, l'appareil de défense de la places'agrandit, et dut singulièrement secompliquer. Les textes mentionnentfréquemment qu'elle reçut des fortificationsnouvelles, mais sans se montrer explicites

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sur l'importance et l'utilité de ces ouvrages.En t'ait, aujourd'hui, les abords de la placeseul parsemés de vieux murs, de tours[bordj) écroulées. L'esprit populaire en a étéfrappé' et c'est un dicton courant que »Tlemcen avait sept murailles, sept enceintesel que ses habitants ne dormaient ni jour ninuit 1 ». En présence de ces ruines de pisé,de cons-

1. Nous l'avons souvent entendu citer;Walsin-Esterhazy le donne commeprovenant «d'une chronique arabe» (?)(Cf.De lu Domination turque dans l'anciennerégence d'Alger, p, 103 . Le fondateur delàdynastie abd-el-'wàdite aurait lui-mêmeconseille:- à son (ils de fortifier sa capitale elde se fier à la valeur il'' ses murs, plutôt quede se risquer en rase campagne (Cf. Histoiredes Her-bères, III, p. 369 .

LES MONt'MENÏN ARABES DE ÎLEMCËtf

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Fig. 13. — Plan de Tlemcen.

l'enceinte DE TLËMCÈN llS

truction et d'aspect uniformes, il nous estpresque impossible d'établir le plan généraldu système de défense de la place, etd'attribuer à chacun des maîtres qui s'ysuccédèrent la part qui lui revient dans lafortification tlemcenienne.

Nous avons dit plushautque le plateaud'Agadir fut le siège de la Tlemcen primitive,et nous avons rapporté la sommairedescription laissée par El-Yaqoûbi et Ibn-Haouqal de la muraille qui l'entourait '. Lepremier la déclare en pierre, le second enbrique cuite. Cette singulière divergence nedoit pas trop surprendre. Pour nous, il estdouteux qu'elle fut en brique,

co e le veut Ibn-Haouqal. Il est possiblequ'elle fut en pierre.

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à l'image des murs romains qu'elleremplaçait; mais, si quelque hypothèse estlégitime en l'espèce, nous croirionsvolontiers qu'elle était, de même que laplupart desouvrages mili-litaires d'Espagneet du Maghrib, laite de pisé très dur, etentièrement revêtue d'un enduit de chauxqui empêchait d'en connaître la véritablecomposition. Seuls, les portes et quelquespoints importants, pouvaient être bâtis enbrique ou en pierre de grand appareilempruntée aux vieilles constructionsromaines.

An x'' siècle, El-Bekri, en nous donnant laliste des portes, permet de déterminer ii peuprès le périmètre oriental d'Agadir. La villeavait cinq entrées : trois au Midi, Bâb-el-Hammâm, Bâb-Wahb, Bâb-El-Khoukha, uneà l'Ouest Bâb-Abî-Qorra, une ,à l'Est Bâb-El-Aqba. Nous ne savons rien de trois d'entre

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elles. Retenons simplement que l'une portaitle nom du vieux chef Çofrite Abou-Qorra,peut-être parce qu'elle avait été construitepar lui ; qu'une autre s'appelait Bâb-El-Khoukha, ce qui signifie « la poterne 2 », etrenvoyons à ce que nous avons

1. Cf. suprà, p. 13.

dit plus haut de Bâb-Wahb, et de Bâb-El-Aqba « la porte de la Montée ' ». Cettemontée, avec la muraille qui la couronneencore, fui la limite extrême de Tlemcen versl'Est, et la ville, en se déplaçant, s'en éloignatoujours davantage. Il es! remarquable,d'autre part, qu'aucune ouverture ne futpercée dans l'enceinte Nord de la ville. C'estque, de ce côté, le plateau d'Agadir offrait unescarpement qui en rendait l'accès difficile.

Nous avons dit plus haut dans quellesconditions se créa la ville nouvelle de Tagrârt

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2 . Désormais le périmètre de Tlemcen étaitau moins doublé. Aussi voyons-nous sesmaîtres successifs se préoccuper de la mettreen état de défense. Les destructionspartielles, dent la ville eut à souffrir au coursdes guerres du xn c siècle, occasionnèrent denouveaux travaux, un renforcement de sesouvrages militaires 3 .

Au début de la dynastie abd-el-wâdite, la villeavait vraisemblablement atteint les limitesoccidentale et septentrionale qu'elle nedevait pas dépasser. Nous savons en effetque Yarmorâsen construisit les ouvragesdéfensifs de Bâb-Kechchout qui occupail hpeu près l'emplacement actuel de la Perte deFez; que, d'autre part, passanl ses troupesenrevue auprès de lidb-el-Qermâdin (encoredebout au Nord-( luest de la ville) '*, il

d'aulfe part, qu'ù Cairouan, Bàb-El-Khoukhaest un passage fort étroit, accessible a un

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seul homme de front, et pratiqué dansl'épaisseur des murs de la ville, suivant untracé sinueux reproduisant la figure d un Z;qu'il se rappelle avoir passe par nu cheminanalogue â travers les remparts île l'ancienMv.it. à l'entrée actuelle de la rue de la Lyre;ces poternes, ajoute-t-il, sont généralementplacées entre deux portes de la ville,éloignées l'une de l'autre : c es1 un raccourcipour les piétons seuls. Cf. infrà, p. 124, note1.

1 ( :i'. suprà, p. 11.

■2. Cf. suprà, p. 14 et 15.

:i. cl. Complément de l'histoire Beni-Zeiyàn,p. il.

i. Histoire des Berbères, III. p. 353.

fut victime d'une tentative d'assassinat de lapart de la milice chrétienne. A l'Orient,

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Tlemcen conservait toujours la premièreenceinte d'Agadir.

Cinquante ans après, Yahya-ben-Khaldounnous donne le nom de cinq portes de la ville :Bâb-el-Jiâd au Midi, Bâb-el-Aqba au Levant,Bâb-el-Halwi et Bâb-el-Qermâdin au Nord,Bâb-Kechchoui au Couchant 1 . Nousindiquerons leur situation respective enétudiant le pourtour de l'enceinte. 11convient de noter qu'à peu près vers le mêmetemps Abou'1-Feda parle de treize portes 2 .Peut-être est-ce qu'il l'ait entrer dans ledécompte les portes intérieures quiétablissaient communication entre TagràrtetAgâdir, et aussi des poternes, qui devaientpercer un périmètre de murs aussiconsidérable 3 .

Quoi qu'il en soit, le témoignage de Yahya-ben-Khaldoun, qui vécut de longues années àTlemcen, doit être sans aucun doute préféré;

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il nous montre une seule enceinte entourantdeux quartiers qui, par leur réunion, formentune ville unique 4 .

A partir de cette époque, il est vraisemblableque cette

t. Cf. Barges, Complément de l'histoire îlesBeni-Zeiydn, p. olii.

2. Cf. Abou'1-Feda (traduct. Reinaud . |>.189; — Tlemcen, ancienne capitale, etc , p.198.

3. De f.iit, les textes citent fréquemmentd'autres portes; d'abord Bàb-Zir, qui existaitencore . ; i l'entrée à Tlemcen des troupesfrançaises, et étail percée clins le rempartoriental de Tlemcen, donnant une sortie versAgadir; puis Bàb-el-Bonoud, Bàb-es-Çarf,Bâb-Ilàn, qui pouvaient être des poternes oudes portes de quartiers et' Histoire des Beni-Zeiydn, LXX, LXX1 . Bàb-Ali, également citée

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par Tenesi pour l'époque de Yarmorâsen (Cf.Histoire des Beni-Zeiydn, p. 13 doitvraisemblablement être identifiée avec laporte de Sidi'l-Halwi ; elle prtl le nom de cepersonnage, après qu'il eut été enterréauprès d'elle (Cf Tlemcen, ancienne capitale,p. ils ; les textes lui donnent encore le nomde Bàb-ez-Zàwiya. Babel lladid qui, dans ledernier état des remparts arabes, éfait unedes grandes portes de Tlemcen, esl déjà citéepar des textes contemporains de Yahya-ben-Khaldoun, (Complément tic l'Histoire desBeni-Zeiydn, p. Soi Revue africaine août1859, p. il.". . —Léon l'Africain donne encorecinq portes à Tlemcen, qui, à - ipoque, n'étaitplus que Tagràrt [Cf. suprà, p. 8).

i. Corn p. El-Abderi, ap. Revue africaine etcoloniale, avril 1S6U. p. :iss

vaste superficie ne fit que décroître. Il étaitdifficile de pourvoir d'un nombre suffisant

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de défenseurs l'énorme périmètre desmurailles : Ibn-Khaldoun raconte que déjàYarmorâsen, avant attendu sous Tlemcenl'année d'Abou-Zakâria, et se voyantrepoussé par le corps îles archers, pensatrouver le salut en se réfugiant dans la ville,mais que, n'ayant pas assez de monde pourgarnir les remparts, il ne put empêcherl'ennemi d'y prendre lui-même position ; ilfut alors forcé de sortir par la porte delàMontée, et, la trouée faite, de s'enfuir vers ledésert 1 . Cependant l'examen direct deslieux montre que l'excellente positionstratégique d'Agadir devait faire hésiter lessultans à abandonner le périmètre orientalprimitif, alors même que le quartier qu'ildéfendait était peu à peu déserté 2 .Dominant au Sud la vallée peu large, maisassez profonde, de l'Oued Metchkàna,suivant à l'Est et au Nord la crête du plateau,les remparts d'Agadir avec leurs tours etleurs travaux avancés opposaient aux engins

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du xiii c siècle une sérieuse résistance. Ilnous faut maintenant étudier ce systèmedéfen-sif d'après les vestiges qui en sontdemeurés à Tlemcen.

De même que l'architecture religieuse,l'architecture militaire des Arabes d'Occidentparait avoir des origines byzantines. Dans lafortification byzantine, une premièreenceinte, composée de tours carrées etbarlongues et de courtines reliant les toursconstituait le -.liyzz. Un avant-mur, séparédelà courtine d'un quart de la hauteur decette dernière, portait le nom de -zz'.v:/}z\j.c/.. A cette double enceinte s'enajoutait une autre, formée par un fossé, ~.-xzzzz_, et parle talus des terres rejetées

t. Cf. Histoire des Berbères. III, p. 345.

2. Rappelons qu'au témoignage du Qartàs le*Almoravides chassés île T&gràrt purent eiu-

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ore se maintenir quatre ans dans Agadir (Cf.Roudh-el-Qar-fis, p. 261).

mi y: l -.'.-.i'-/}-\).y.. Les tours étaientbarlongues, faisan! un faible relief sur lacourtine, ou carrées ei placées dans lespositions importantes de la défense, auxangles des places, auprès des portes. Cesmaîtresses I 's s'appelaient spsupi 1 .

Cette disposition habituelle des citadellesbyzantines influença fortement la vieillearchitecture militaire arabe du Nord de laSyrie. L'enceinte fatimide du Caire construitepar Bedr El-Djamali es1 encore toutebyzantine d'allure 2 ; et il semble bien que lesystème «le fortification des Templiers, àl'époque des croisades, ait empruntébeaucoup d'éléments h celle vieille école ; .lui Occident, les villes d'Espagne, Cordoue,Grenade, Séville, Almunecar, celles duMaghrib, Tlemcen et Mansourah permettent

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d'étudier des systèmes de défense trèsanalogues.

Ces ouvrages sent presque exclusivement enpisé soigneusement battu, formant degrandes assises, que séparent parfois des litsde sable ou de chaux. Rarement la base, faitede moellons, présente un fruit, assez faibled'ailleurs ; on en trouve cependant desexemples dans l'enceinte Nord-Est deCordoue, et aux tours de Bâb-el-Qermâdîn, àTlemcen. 11 ne semble pas qu'en Occident lesmusulmans se soient servi de mâchicoulis;les matériaux dont ils disposaient enrendaient au reste la construction difficile,Dans l'enceinte principale correspondant au -zîysz, les courtines et les tours portaient unchemin de ronde pris sur l'épaisseur desmurs et un crénelage très simple. Lesnierions devaient avoir le [dus souvent uncouronnement en glacis établi sur uni 1assise de briques, ainsi qu'en

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1. Cf. sur l'architecture militaire byzantine,Texier, Architecture byzantine, p. :,-.

i. Cf. Van Ben'hem. Notes d'archéologie, I. p.61.

'■'. Cf. Rey, Élude sur les monuments del'architecture militaire des Croisés, introd., p.14.

présentent encore les remparts des villesmarocaines : quant aux créneauxproprement dits (c'est-à-dire les videscompris cuire les merlons), ils portent, àMansourah et à Séville, une proéminencemédiane, laissant deux petites échan-cruresentre elles et les merlons 1 . A Tlemcen, il neparait pas que les courtines aient renfermé, àl'intérieur, de réduits, chambres de tir oudégagements, sous les chemins de ronde,comme on en rencontre dans l'enceintefatimide du Caire. — Les leurs, qui ont un

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faible commandement sur les courtines,sont, à de très rares exceptions prés, carréesou barlongues 2 . Ces dernières n'eurentpeut-être, au début que l'importance decontreforts consolidant les murs, ainsi qu'enen peut juger, à Grenade, dans la vieilleenceinte de TAlbavcin. Nous étudierons, àpropos de Mansourah, quelle était ladisposition intérieure de celles qui faisaientpartie de l'enceinte. Pour Tlemcen, nousdevons signaler plus spécialement les toursisolées, qui, à l'exemple des tours de guetromaines et grecques, protégeaient un pointfaible ou surveillaient la campagne voisine.

Le r.ç,z-.i ; :/i.;\>.y. byzantin se retrouvenettement indiqué dans les fortificationsd'Andalousie. C'est, un avant-mur éloigné de3 à 4 m ,50 du mur principal, ayant environle tiers de la hauteur de ce dernier, municomme lui d'un chemin de ronde et d'uncrén.elage, et suivant assez exactement le

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contour de la courtine et des toursflanquantes. Ces dispositions que l'onobserve dans l'enceinte Sud-Est de Cordoue,dans l'enceinte Nord de Séville, avaient pourbut d'opposer à l'assié-

1. A Séville, les merlons sont en outre percésde trois en trois, à la base, d'une meurtrière.

2. Conip. Van Berchem, Notes d'archéologie,I, p. 'M. 5". 66.

geanl une première ligne de défense, deretarder l'attaque directe dos murs par lesmachines de guerre et les tentatives d'assaut.Sa faible élévation n'eu faisait pas uneposition bien

redoutable \ r les assiégés, quand l'ennemis'en étaii rendu

maître. Il fortifiait donc d'une manièreefficace l'enceinte d'une ville dont l'assiette

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était peu au-di ssus de la campagneavoisinante.

Tel n'était pas le cas à Tlemcen : ses maîtresavaient fait suivre a l'enceinte, au moins àl'Orient et au Nord, toutes I- -sinuosités d'unplateau < scarpé. L'avant-mur devenait alorsd'un établissement difficile et n'offrait plusque '1'' médiocres avantages. Nous pensonsqu'il existait cependant. Déjà El-Yaqoûbiparle d'une double enceinte entourant Agadir1 ; et nous croyons, d'autre part, qu'on peu!reconnaître dans les ruines d'ouvragesavancés qui sèment les abords de la place lesvestiges d'un succédané du -z;-.v;/y.\>-j.byzantin. Seulement les dispositionsprimitives de cet avant-mur avaient étébeaucoup modifiées. Reporté au pied del'escarpement, éloigné parfois d'une centainede mètres du mur principal, de hauteurpresque égale, ayant son chemin de ronde ettours de flanquement, il constitua une

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première enceinte qui, le plus souvent,utilisa comme fossé un vallonnementnaturel.

Cette préoccupation d'occuper lesescarpements pour empêcher l'ennemi (Yyprendre position, et d'établir ses machines deguerre et ses contrevallations, poussa mêmepeut-être les Tlemceniens à donner surcertains points a leur ville deux enceintesavancées, écartées entre elles de près de 100mètres, et présentant a l'assiégeant un front

1. Cf. El-Yaqoûbi édit. de Goeje), texte p. 17:traduction p. 116, 117.

extrêmement étendu. Mais, à cel égard, 1examen des ruines qui jalonnent le voisinageimmédiai de Tlemcen ne peut prêter, nous lerépétons, qu'à des hypothèses. Ces douxlignes d'ouvrages avancés coopérèrent-elles,à une même époque, ii la défense do la ville?

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L'une, au contraire, remplaca-t-ellcl'autre,ruinée el abandonnée? C'est ce quel'on ne sauraitdéci-der catégoriquement.

Quoiqu'il en soit, il semble certain que laconstruction des avant-murs ne fui jamaismotivée par un accroissement de la villeproprement dite: l'agglomération demeura, àde très rares exceptions près, en deçà delàpremière enceinte ; c'est immédiate nt endehors de cette enceinte que sont placés les

ii in il m 'aux de saim - protecteurs desportes, que nous étudierons plus lard, et cestombeaux furent vraisemblablement lesseuls édifices élevés dans cette sorte de zonemilitaire s'étendant entre le périmètre réelde Tlemcen et la courtine des ouvragesavancés.

Nous avons parlé d'Agadir et de l'enceinteorientale. L'oued Metchkâna lui servait de

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fossé sur une partie de son parcours. Elles'en éloignait non loin de Bâb-El-Aqba pourcouronner le plateau supérieur. L'oued, encet endroit, devenait plutôt un danger qu'unedéfense naturelle 1 . lies ennemis pouvaient,protégés par l'escarpement, s'approcher desmurs, et, suivant la vallée, tenter un coup demain sur la ville. Pour prévenir

1. Nous sommes redevables de cetteobservation à M. Lemaire, capit tine du génieà Tlemcen, qui, pour toute ci tte partie denotre étude, nous a fourni d'utilesrenseignements. — L'occupation sur unegrande longueur du ravin de l'ouedMetchkâna, parait avoir été le principal sourides maîtres de Tlemcen, pour ce quiconcerne 1 i fortification de l'Est et du suitEst de la place : les remparts dominaient s.mcours sur près de 2 kil miètres, et. comme onle verra, deux pointes avancéesl'accompagnent encore au Sud et au Nord

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Est, là où l'enceinte le quittait,

ces éventualités, des tours de guet assezrapprochées l'une de l'autre et réunies entreelles par une courtine, puis plus écartées etisolées dans la campagne, commandent lecours de l'oued, et, postes avancés,surveillent toute la plaine de la Safsaf et leshauteurs qui l'entourent.

La porte de la Montée Bâb-el-Aqba), quisemble avoir joué un rôle important dansl'histoire militaire de ïlemcen, était encoredebout dans les premiers temps del'occupation française. Son soubassement,fait de pierres de grand appareil empruntéesà des murs antiques, étail couronné d'unearcade de brique en fer achevai brisé. Deuxtours ayani également un soubassement depierre la flanquaient à droite ei à gauche '.

L'enceinte se continuai! au Nord, en

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couronnant le bord du plateau, renforcée parl'avant-mur sensiblement parallèle aupremier. Vers le milieu d'Agadir, une galerievoûtée se détachait perpendiculairement del'enceinte supérieure, c'est-à-dire dans unedirection Sud-Nord. Elle était percée, à l'Est,d'une porte encore visible à laquelle unerampe en pente douce permettait d'arriver.Cette galerie formait ainsi un passage coudédonnant vraisemblablement accès dans laville. La voûte, continuée jusqu'à l'extrémitéde la galerie, portail sans doute une plate-forme qui surveillait le chemin d'arrivée et lepied îles murs. L'enceinte supérieure étaitelle-même, à la hauteurde cette galerie,surmontée d'une tour assez élevée, quipermettait d'inspecter les abords. T T nimportant fragment de cette tour subsisteencore:

1. Dans les derniers temps, cette porte étailplus génévalrineiil appelée Bàb Sidi'd-

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Dàoudi, d'après le nom du vieux saintTlemcenien dont elle avoisi-naitle tombeau(cf. sa description, ap. Barges, '/'/< mcen,ancienne i apitale, etc., p. 167); il en existedes photographies dans 1rs collections desMonuments historiques et de l'École desBeaux-Arts. De Lorral en donne un dessinexécuté d'après une photographie (Tour duMonde, IS'j. p. 314).

on l'appelle aujourd'hui Chonqâr bdb-er-Rowâh le fragment île bâb-er-Rowâh) '.

Le mur avancé, don! on retrouveçà et là destraces dans les jardins du lias Agadir, devait,en s'écartanl un peu du murprin-cipal,traverser le chemin de SîdPl-Harwi cl passertangentiel-lement au village en le laissant àl'intérieur. Trois vestigesde tours marquentce périmètre extérieur, éloigné d'unecentaine de mètres de l'enceinte véritable.

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Avant d'arriver à l'angle Sud-Ouesl de la villeun trouvait l'endroit appelé El-Monia, oùavait eulieu l'attentai contreYar-morâsen,mentionné plus haut, ei l'entrée appeléeBâb-El-Qer-niàdiu. Des vestiges importants decette porte subsistent encore ils secomposent d'un pan de mur médian de I2 m,5( i percé d'une ouverture assez étroite, etflanqué à l'Est el a l'Ouest de deux tourscarréesde 6 mètres de côté. Deux nouvellestours irrégulières, laissant doux passagesentre elles et le corps central, continuent, desdeux côtés, l'enceinte. En arrière de cepremier mur et ass\ métriqnement posées,se trouvent deux hautes tours rondes etpleines. Deux murs, partant des tours,remontent vers la ville : celui de limite allaitjoindre l'angle d'un bâtiment transversalvoûté, corps de garde ou casemate barrant lefond du couloir. Le passage n'était libre qu'àl'extrémité du murde gauche. Enfin undernier mur, dont un angle seulsub-siste,

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encadrait le bâtiment transversal. Les murs,les bordj sont en pisé, et leur base est enmoellon. Notons en passant que, dans lepisé, l'on rencontre de nombreux fragmentsdepote-

1. Nous croyons bien avoir là un exemple trèsre naissable 'I'' poterne

i oukha, ci.suprà,^. U5, note 2 ; l'accès enétait coudé, suivant un principe i|ui s'estconservé jusqu'à nos jours, dans laconstruction des entrées de demeuresarabes, et qui a inspiré, en Egypte e1 enSyrie, la disposition de la bâchoura cf. VanBerchem, Nott ■ a art éologie, I. p. 42, 4j note.

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rie; leur présence, rapprochée du nom mêmede Bàb-el-Qermâ-din, qui signifie c porte destuiliers » semblerait indiquer que ce lieuétait antérieuremenl occupé par-uneindustrie céramique 1 .

Quel était le véritable but de cel ensemble detravaux? De que] danger, de quels retardsembarrassait-il la marché d'un assié-geanlfaisant irruption dans la ville? Quel cheminle constructeur entendait-il lui imposer? Sil'on en croil les souvenirs de vieuxTlemceniens, la petite porte médiane e1 lepassage Ouest n'exis-taienl pas. Seul lepassage L-i étail ouvert,directement protégépar la tour ronde qui lui faisaitface. On peutsupposer que la seule route possible étaitalorsle couloir compris entre les deux toursel les murs qui leur font suite. L'apparenced'un chemin de ronde subsistant au sommet«les murs et extérieur à ce passage rend

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probable cette interprétation. Quoi qu'il ensoit, la porte El-Qermàdîn devait constituerpour l'époque un ensemble de fortifications1res sérieuses, autant pourprotéger lavillecontre un coup de l'orée que pourfaciliter une sortie des assiégés.

Sur le front occidental, la double enceinte secontinuait. Le mur principal suivait assezexactement le rempart actuel, d'abordextérieurement, puis intérieurement,laissant le Grand Bassin en dehors, et étaitpercée peu après par la porte Kech-cbout •'.

1. A côté de Bâb-el-Qermâdîn, i|iii est laleçon la plus courante dans 1rs ui-s. de laBaghyal-er-Rouusdd que nous avonsconsultés, on trouve encore Bâb el Qermddi,ou Bdb El-maqerrnadïn cf. liistoiredesBerbères, III, p. 353 ; Ël-qermadlr ap., Piesseel Canal, 80; de Lorral l'appelle «la forteressede Toubiana » ; il a vraisemblablement pris

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le mot «Tobbâna », nom générique dubastion muni d'artillerie, qui lui était fournipar un informateur, pour le m iin même del'ouvrage donl uous nous occupons ici (cf.Tour du Monde, 1875, p. 336 - — Cette porte,située en dehors de 1 angle Nord-Ouest desmurs actuels, est prise, dans notrephotographie, de la route qui mène aucimetière Israélite.

2. On trouve dans les textes les leçons •Kechchout, Gechchout et R'ech-chouta • : lapremière est la plus fréquente, et c'est celleque nous avons

Le Sahndj-el-Kebir, bassin rectangulaireayant 200 mètres de long sur 100 de large ei3 mètres de profondeur, est resté puni-lesarchéologues une énigme difficilemeniexplicable.

Azéma de Montgravier y voit un ouvrage des

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Romains 1 . D'autres l'attribuent avec plus deraison à Abou-ïâchfin ei fixent la date de saconstruction entre les années 718 ei 737.L'abbé Barges imagine que ce fuiuuiqueineni la une fantaisie de sultandésirant se procurer des réjouissancesmondaines et s'offrir aux portes de Tlemcenle spectacle de coûteuses h.hi-machies'-.Celle explication, qu'il convient d'ailleurs derapprocher de l'attribution analogue faite parAlmegro Cardenas au grand étang del'Alcazar Genil, nous semble assezdifflcilemeni acceptable 3 . Nous inclinonsplutôi a penser que cet énorme bassin, demême que les réservoirs plus petits que l'onrencontre a l'Esi aux abords de la ville' 1 , auNord et au Sud disséminés dans lacampagne, de même que le Sahridj deMarrakech, son ancêtre d'un siècle, futcreusé et revêtu de pisé peur assurer a laculture de la banlieue une abondante

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entendue île ia bouche même de viensTlemceniens.Le m'in de cette porte es1expliqué populairement par une curieuselégende de sacrifice de construction ; I mi denous la donnera ailleurs. C'esl par BàhICechchout que les Mérinides entrèrent âTlemcen, en 13S7. « Le passage, dit lbn-Khaldoun,qui donne entrée dans la ville ducôté du couchant, et qui avait une porte àchaque extrcmilé. s"emplit de cadavres à telpoint qu'à peine pouvait-on passer sous lavoùle» (Histoire des Berbères, IV. 222; III. 41 u . C'esl auprès d'elle encore que fut mis àmort le sultan Abou-Abdallah Mohammed,en 1430 (cf. Complément île l' Insinue i/esBeni-Zeiyân, p. 288 . Sur nuire plan, elle estdésignée par sun dernier nom de Uàb-Sidi-Boudjeruà.

I. Excursion archéologique d'Oran àTlemcen, p. 11.

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■2. Cf. Tlemcen, ancienne capitale, etc., p.350, 356; c'était déjà l'explication i|ii i iidonnait la tradition populaire i l'époque oùShaw visita Tlemcen (Voyage dans laRégence d'Alger, traduction Mac-Carthy, p.243 .

.: Cf. Inscripciones arabes de Granada,p, ISO.nota.

4. Généralement appelé «Sahridj er-Rebeut■> cf. Tlemcen, ancienne capitule, [i. 153 .

provision d'eau. On sait Le soin que lesArabes ont apporté aux travaux d'irrigation :la campagne tlemcenienne est tout entièresillonnée d'aqueducs, de conduits,parseméedeciternes, plus ou moinsprofondes; il y avait là non une vainerecherche de luxe, mais une exigence vitale,et le maître d'une agglomération aussiconsidérable que Tlemcen ne devail rien

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ménager pour y satisfaire.

Ce réservoir étail alimenté par des sources deLalla-Setti. Los restes d'un véritable châteaud'eau se rencontrent à la hauteur du GrandBassin, en dessus de la route actuelle deMaghnia. Suivant une tradition assezrépandue, Aroudj, étant entré en vainqueurdans Tlemcen, aurait t'ait noyer dans leSahridj les derniers membres de la famillesouveraine des Beni-Zeiyân '.

L'enceinte avancée, traversant la routed'Hennaya, enfermait l'ancien cimetière juif,et, courant parallèlement au mur principal,laissait a l'intérieur le grand bassin. Desruines importantes, incorporées en partieaujourd'hui à dos habitations européennes,semblent avoir constitué, à 150 mètresenviron de celle seconde enceinte, untroisième périmètre muni de tours assezélevées. Elle domine du côté de Mansourah

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une dépression naturelle, peut-être ancien litd'un oued desséché. C'est vraisemblablementà ce groupe d'ouvrages qu'il Faut rattacher lechâteau-fnrt d'Imàma, qu'Otsmàn leMérinide détruisit, en 689 de I liégire, sanspouvoir atteindre a l'enceinte principale deTlemcen '-.

Le point le plus faible de la place était sansdoute le iront

I. cf. Tlemcen, ancienne capitale, etc., \> 337;— Bi'osselard, Tombeaux des émirs Beni-Zeiyân, p. 1-7, 128.

■2. Cf. Histoire des Berbères, IV. p, [30 inprinc; — Imànui est à environ I il) 1 '1res :i11N'uni a lue: t île Tlemcen.

Sud. Là, la ville, abandonnant à l'Est l'ouedMetcbkâna, se trouvai! dominée par la crêtede Lalla-Sclti. C'était là pourl'as-siégeani uneposition de choix ; c'était de la brèche voisine

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d'Es-Sakhratein qu'Abd-el-Moumin s'étaitprécipité sur l'armée almoravide; et biensouvent les Tlemceniens durent voir, sur lacôtequi descend d'El-Qala à Mansourah,prendre position les troupes marocaines. Desérieux travaux de défense étaientnécessaires pour conjurer le danger. I.'extension du périmètre des murs etl'édification de la citadelle de Tlemcen tirentde celte face une îles mieux défendues del'enceinte.

A l'extrémité orientale, une pointe de l'avant-mur accompagnai! vers le Sud le cours del'oued Metchkâna; sur la côte, un bord)dominait la ville, et pouvait servir àsurveiller les mouvements de l'ennemi 1 .Enfin un avant-mur, précédé d un fossecreusé de main d'homme, quittait l'ouedMetchkâna à la hauteur du cimetièrechrétien et courait vers l'Ouest jusqu'à lahauteur de l'angle Sud-Ouest du rempart

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actuel. Un bord] important le limitait à sonextrémité occidentale. Celte première lignede défense s'opposait aux assiégeants, à centmoires environ de l'enceinte principale, etdevait considéra-

I. Il a été réparé par e génie militaire en1842. Outre qu'elle occupe une positionimportante, cette tour protège les moulinséchelonnés sur la côte

d El-Qala : elle permit il assurer auxpremiers temps de I occupation fn se

l'appro' i ii iinemenl en farine de la ville. Lesrapports du génie militaire la désignentgénéralement sous le uom de tour desMoulins (communication de M. le capitaineLemaire . La cote d*El-Qala parait de touttemps avoir été considérée comme un pointstratégique important. Son nom est peut-êtrel'abréviation de celui de ■ qala il Ibn-Jàhil »,

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cité par El-Bekri : •■ Au sml de Tlemcen setrouvi la qala d'Ibn-Jàhil, fortifiée, riche eneau et en fruits, et coriligue à la montagne deTerni. » Édition de Slane, p, 77 . Mais il fautse g i; ii i de suivre Barges h rsqu il vi niplacer à El-Qala la citadelle de Temzez-dekt'm l'AlmohadeEs-Said assiégea YarmoràsenTlemcen, ancienne capitale, p. I" I . mac l 1Temzezdeckl est, suivant lbn-Khaldoun,située dans la montagne .•m Sud d'OujdaHistoire des Berbères, III. p. 348 ; elle estdécrite par Léon l'Africain et Marmol (Léon IAfricain. III. p. 8; — Marmol, II, J-i .

blement resserrer leur champ d'action. Unépisode, raconté par Ibn-Khaldoun, précisecette disposition : « Le sultan mérinideAbou'l-Hasen avait coutume de faire chaquematin une inspection personnelle île sespostes d'attaque. Il s'avançait à cheval, et ;'iquelque dislance de son escorte. Abou-Tâchfin résolut de s'emparer de la personne

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de son ennemi et plaça à cet effet deshommes en embuscade. Quand le sultan futarrivé à l'endroit situé entre la ville et lamontagne, les hommes de l'embuscadefurent sur le point de le saisir; même leursmeilleurs coureurs allaient l'atteindre, quandon s'aperçut au camp mérinide de ce qui sepassait. Aussitôt tout le monde monta àcheval; on s'élança au secours du prince parbandes et séparément. Ses fils Abou-Abd-er-Rahmân et Abou-Màlik, les plus intrépidescavaliers, se mirent en selle et accoururentavec le reste des rrïérinides. De toute part,ces guerriers se précipitèrent en avantcommodes faucons sur leur proie. Lestroupes abd-el-wâdites sorties de Tlemcenprirent la fuite et tombèrent par mégardedans un fossé où une foule de monde futécrasée. Plus de guerriers y succombèrentnue dans le conflit qu'ils voulaient éviter'. »

Bien en arrière de cet avant-mur se dressait

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l'enceinte même de la ville. Vers son centre,appuyé comme le castellum des citésromaines à une partie de l'enceinteprincipale, et pénétrant dans l'intérieur deTlemcen. se trouvait le quadrilatère duMéchouar-, Nous dirons plus loin (GrandeMosquée)

1. Histoire des Berbères, IV. p. 222; 111. p.411.

2. «Méchouar», qui signifiait à l'origine«salle du conseil », désignait en Andalousieet dans le Maghrib un palais-citadelle Cf.Dozy, Supplément aux Dictionnaires arabes,I, p. SOU). Dans le sens de salle du conseil, lemol ne parait pas inconnu aux dialectesorientaux (Cf. Van Berchei», Matériaux pourmi corpus,p. 585, note 3 .

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dans quelles circonstances Yarmoràsen en

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jeta les premiers fondements. Sessuccesseurs y apportèrent de nombreuxembellissements. La ceinture de hautesmurailles, qui l'entoure aujourd'hui encore,fut, au témoignage d'El-Tenesi, l'oeuvred'Abou'l-Abbàs Ahmed 1 . Mais on n'en doitpas conclure qu'avant ce prince la résidenceroyale de Tlemçen fut dépourvue defortifications. Des 717, elle pouvait être, ainsique le raconte Ibn-Khaldoun, en mêmetemps qu'un palais, une sorte de prison ;Abou-Hammou I er y retint près de lui desotages pris aux rebelles de Médéah '-'. Au xvtc siècle, Léon l'Africain le vit encore trèsflorissant : « Du côté du midi est assis lepalais royal ceint de hautes murailles enmanière de forteresse, et par dedans embellide plusieurs édifices et bâtiments avec beauxjardins et fontaines. 11 a deux portes, dontl'une regarde vers la campagne, et l'autre —là où demeure le capitaine du château — ducoté de la cité 3 . » Marmol en fait une

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description identique et donne, en outre, lesnoms des deux portes, la première se seraitappelée Bâb Gied, et la seconde Bàb Gàdir 4 .— Avec la domination turque, le Méchouarsubit une profonde décadence. Les pavillonsqui ornaient L'intérieur furent à peu prèsdétruits lors de la révolte des Tlemcenienscontre le bey Hasan, en 1670 5 . Seule lahaute enceinte subsista,

1. Cf. suprà, p. 2ti.

2. Cf. Histoire îles Berbères. III. p. 397.

3. Cf. Léon l'Africain, 111. p. 25. —Tout lechapitre xvi de Tlemcen, capitule, etc., estconsacré à la description du Méchouar et àrénumération des merveilles qu'il contenait.

4. Cf. Marmol, III, 330; ces noms nousparaissent impossibles à identifier, ou plutôtnous croirions volontiers à une confusion deMarmol avec deux portes de l'enceinte : Bàb-

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el-Jiàd et Bàb-Agàdir (la porte de la Montéeportait parfois ce dernier nom).

5. Cf. Tlemcen, ancienne capitale, p. 3S.'J.

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dégradée, mais capable d'abriter encoreefficacement les maitres de la citadelle. Eucas de danger, toute la population

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qouloughli, d'origine turque, pouvait ytrouver asile, et en même temps coopérer àsa défense. C'est ce qui arriva encore en1832, quand le sultan du Maroc voulus'emparer de Tlemcen, et, en 1830,lorsqu'Abd-el-Kader se fut rendu maitre dureste de la ville. Des maisons particulièresoccupaient toute la partie Nord du rectangle ;le palais, les jardins et la mosquée étaientsitués dans les parties Sud et Est. En 1842, legénie militaire trouva l'intérieur duMéchouar encombré de ruines ; il déblaya,abattit des masures, rasa ce qui restait del'ancien palais, et construisit à la place desbâtiments destinés à divers services del'armée. Il conserva l'emplacement des deuxportes, mais en élargit l'accès 1 ; il restaurasérieusement l'enceinte, fort endommagée.Aujourd'hui, crénelée à l'européenne, percéede meurtrières, munie d'échauguettes, ellen'offre plus grand chose d'intéressant àl'archéologue, qui étudie la fortification

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arabe du Maghrib.

Vers le Sud-Est, l'enceinte principaleprolongeant le mur extérieur du Méchouar,allait rejoindre l'enceinte avancée au lieuqu'on appelle aujourd'huiBit-er-Rich. Elle alaissé, comme vestiges, trois tours en pisésituées à l'intérieur de la ville, a 40 mètresenviron des nouveaux remparts (Voir PI. II),et des fragments de courtine dans les jardinsqui s'étendent entre la muraille actuelle, laroute de Bel-Abbès, et le chemin de Sidi Bou-Médine. D'après nos conjectures, c'est a Bit-er-Rîch

t. Dans leur dernier état, celle qui donne surla ville portait le nom Iîàb-el-Méchouar, etcelle qui donne sur la campagne de Bàb-et-Tsouitsa : la tour actuelle qui surmonte lapremière fut bâtie par le génie militaire, en1843; elle ne date pas de l'époque arabe,comme le veut de Lorral Tlemcen, p. 30-2).

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que devait être située anciennement une desportes méridionales de la ville, Bâb-el-Jiâd'.Un groupe de tours et une épaisse murailledont il reste d'importants fragmentsdéfendait là un pont jeté sur l'ouedMetchkàna. D'autre part une tour placéeàquelques mètres de l'oued Metchkàna. et àli>0 mètres environ des nouveaux remparts(elle portait dans son dernier état le nom deBordj-Qchâqech), faisait partie de l'en-'ceinte avancée. Un chemin couvert,aujourd'hui à ciel ouvert, mais encore voûtéau moment de l'entrée, à Tlemcen, destroupes françaises, mettait encommunication cette tour avec l'enceinteprincipale située en arrière.

De Bit-er-Rich, l'enceinte traversait la routeactuelle de Bel-Abbès. Elle passait par desterrains maintenant occupés par la gare; desfragments importants, incorporés dans leshabitations européennes voisines, le long de

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l'oued Metchkàna, en sont encore visibles.Elle fermait Agadir, en allant rejoindre lepérimètre oriental au-dessous du cimetièrede Sidi-Yaqoub. C'estlà que, selon nosconjectures, était située l'ancienne porte deWahb. L'enceinte Sud-Est d'Agadir était-elledouble? les vestiges subsistant nepermettent pas de l'affirmer. Le voisinageimmédiat de l'escarpement de l'ouedMetchkàna rendait d'ailleurs difficile

1. cf. Une explication du nom de Bit-er-Rieh.ap. de Lorral, TourdU Monde, 1815, p. 'Ai.Elle ne nous a pas été confirméepersonnellement; niais elle parait fortplausible, de ce l'ait que des rites sacrificielsanalogues à ceux décrits par de Lorral secélèbrent encore couramment dans certainssanctuaires tlemceniens. D'autre pari, destextes nous parlent des cimetières d'Ain-Wânzouta et d'El-Merdj en dehors et à côtéde Bâb-el-Jiâd (Bostân, notre manusc , ps.

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70, 110, 248, 471); or ces cimetières sont bienconnus aujourd'hui encore; ils sont situés à150 mètres environ au Sud-Est de Bil-er-Rich. Il semble, d'après la description qu'endonne Mohamed-ben-Yousef-el-Qaisi dansune pièce de vers en l'honneur de Tlemcen,qu'on aboutissait à Bàb-el-Jiàd par des ruestortueuses [Complément de /'Histoire desBeni-Zei-ifiin, [i. j48.

l'établissement d'un avant-mur. Cependantles traces de deux enceintes sont encorevisibles à Sidi Yaqoub : l'une, en avant,contourne le plateau de ce cimetière ensuivant l'oued ; l'autre, à l'Ouest, en arrière,parsème de ses débris une petite crête,aujourd'hui couverte de jardins.

Au début de la dynastie Abd-el-Wâdite,Agadir était encore fort peuplée 1 . Elledéclina rapidement dans la suite, au fur et àmesure que Tagrârt augmentait. A l'époque

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des derniers zeiyâ-nides, les textes nous enparlent comme d'un quartier solitaire, et àpeu près abandonné 2 . Dévastée encore aucours des guerres sanglantes qui précédèrentl'occupation des Turcs, Agadir cessa d'êtrehabitée. Sous la domination des successeursd'Aroudj, ses habitants rentrèrent dansTagrârt ou se retirèrent au Maroc. Peu à peules cultures maraîchères remplirent lesintervalles des ruines. Seule la mosquée avecson minaret, et une partie de l'enceinteorientale et septentrionale subsista; mais oncessa d'y réparer les brèches que le temps youvrait chaque jour. La Tagrârt primitivedevint tout Tlemcen :i .

Au moment de l'entrée à Tlemcen destroupes françaises, l'enceinte occupaitsensiblement l'emplacement que couvreaujourd'hui le rempart en pierres de taille,commencé parle génie militaire en 1852 4 .Les avant-murs, les ouvrages extérieurs

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1. Rappelons que Yarmoràsen jugea utiled'élever un minarel à sa mosquée (Cf. suprà,p. 19).

2. «Le chikh Sidi Lahsen {■{■ 14j3) allas'établir dans le quartier solitaire d'Agadir»[Complément de l'Histoire des Beni-Zeiyân,p. 323); au xvii" siècle, l'auteur du Bostàn,parlant d'un personnage enterré auprès deBàb-Zîr, qui faisait communiquer Tlemcenavec Agadir, dit : « Sa tombe est à l'intérieurde Tlemcen, c'est-à-dire « de la ville»(Bostân, notre manuscrit, ]>. 4"in ; c'estdonc qu'Agadir n'est plus qu'une banlieue.

::. i :f. Tlemcen, ancienne capitale, etc., p. 119,180; Ez-Ziàni, ap. Complément de l'histoireîles Beni-Zeiyân, p. 537.

4. Nous avons personnellement consulté devieux Tleniceniens; en outre.

étaient à peu de chose près aussi ruinés

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qu'ils le sont maintenant, et nul n'y prétaitplus attention. A l'Est, un mur isolait la villedu quartier ruiné d'Agadir; à quelques 50mètres de lui, une ligne de décombrescourait parallèlement; peut-êtrereprésentait-elle les restes de l'enceinteoccidentale primitive d'Agadir 1 , celle où,avant la fondation de Tagrârt, s'ouvrait laporte d'Abî-Qorra. Sur la face septentrionale,trois portes s'ouvraient; la première, Bàb-Sidi'1-Halwi, ou Bâb-ez-Zàwiya dominait lepetit village de Sidi'l-Halwi ; une autre pluspetite, Bâb-Sour-el-Hammàm était située unpeu au couchant de la porte du Nordactuelle; enfin, Bâb-el-Qertnâdîn, dont nousavons parlé plus haut, occupait l'angle Nord-Ouest de la cité; des casernes ieyolddchl'aviusinaient. Sur la face occidentale, ontrouvait deux portes : l'une Bâb-es-Sâqa, étaitplacée à droite de la porte d'Oran actuelle;l'autre était la vieille Bàb-Kechchout; elleportait aussi le nom de Bâb-Sidi-Boudjemâ

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ou encore le nom pittoresque de BAb-el-.lorlila, porte de la Balançoire ; ce dernierlui venait des cadavres de malfaiteurs, qui,victimes de la justice sommaire desgouverneurs turcs, s'y balançaient souvent.Deux saillants la flanquaient, où étaientinstallées des batteries turques (tob-bâna).Sur la face méridionale, on rencontraitsuccessivement le bordj Zafrani (nous enavons fait la tour Safranet!) et le bordj SidiBou-Izâr; ils sont encore debout; puis Bâb-el-Hadid, un peu à gauche de la porte actuelledes Carrières. Enfin, une petite poterneombragée d'un mûrier, et qui en recevait lenom de Bàb-et-Tsouitsa (porte du Mûrier)donnait un accès

M. le capitaine Lemaire nous a communiquédivers renseignements puisés par lui dans lesarchives du génie. 1. Comp. Tlemcen,ancienne capitale, etc., p. 153.

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étroit ot tortueux dans le Méchouar 1 . Laface orientale était percée de quatre portes:Bâb-Taqarqârêt, était située ii l'angle Sud-Estde l'enceinte actuelle, à 100mètres de l'ouedMetchkàna; et en face du bordj el-Qchaqech :Bâb-el-Jiàd reportée bien au Nord-Est de sonemplacement primitif, s'ouvrait un peu àgauche de la porte actuelle de Sidi Bou-Médine • ; enfin, successivement, Bâb-er-Rebeut (entre les portes actuelles de SidiBou-Médine et de l'Abattoir), Bâb-es-Souîqa.sur l'emplacement de la porte de l'Abattoir)et Bâb-Zîr (à la hauteur du village de SidiLahsen) donnaient accès dans la ville àtravers la longue ligne du rempart oriental.

1 . Cf. stiprà, 131.

2. Le quartier qui avoisine la porte actuellede Sidi Bou-Médine porte encore le nom deHouma Bàb-el-Jiàd, on trouvera un dessinreprésentant liàb-el-Jiàd dans son dernier

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état ap. Piesse et Canal, Tlemcen. p. 11.

MINARET DAGADIR

Nous avons dit plus haut dans quellesconditions Idrîs I er édifia la mosquéed'Agadir, El-Jâmi El-Alùj (la vieillemosquée), comme on l'appelle parfois. Sonfils IdrîsII y retravailla, et la dota d'unechaire. Suivant le Qartds, un voyageur du xi csiècle de l'hégire aurait encore vu au sommetdu minbar d'Agadir un morceau de bois oùétaient graves ces mots : « Construit parlesordres de l'imàm Idrîs-ben-Idris-ben-Abdallah dans le mois de Moharrem 199 1 ."Quant auminaret, il fut, selon El-Tenesi,l'œuvre de Yarmorâsen. Il paraîtraextraordinaire que, pendant quatre siècles,cette mosquée cathédrale d'une villeimportante fût demeurée sans minaret : ausurplus le terme « bandn, construire,qu'emploie El-Tenesi 2 , a une signification

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extrêmement lâche. 11 pont s'appliquer à uneréédification, aussi bien qu'à une fondation ;et peut-être que la

1. Cf. Roudh-el-Qartâs, p. 60.

■>. Ed-dourr œal-Iqyân (manuscrit de laMédersa de Tlemcen', fol. 60.

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A. FontemoiïiL r , F.Jiteur, Par»!

iRET D'AGADIR

base du minaret, faite de pierres do grandappareil empruntées à des constructionsromaines, nous offre les derniers vestigesd'un minaret primitif, antérieur àYarmorâsen, et partiellement reconstruit parlui.

La Jâmi El-Atîq suivit le sort d'Agadir. Ellecessa d'être fréquentée au fur et à mesureque le vieux quartier qui l'entourait étaitdéserté. On y disait encore la prière duvendredi au xv" siècle, sous le règne d'Abou'l-Abbâs Ahmed 1 . Même le Bostân mentionnele savant Ali-ben-Yahya Es-Salaksini, quimourut en 1564, comme avant été imâm dela mosquée d'Agadir ; ce personnage y faisaiten outre des cours très fréquentés -'. Mais,avec la domination turque, Agadir fut

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définitivement ruiné, et sa mosquée n'eutvraisemblablement plus de fidèles. Peut-êtrecontinua-t-on encore, au xvn* siècle, d'yréciter le Coran 3 ; c'est une pratique pieusequi persiste dans les mosquées après qu'onn'y célèbre plus le culte '•. A l'entrée destroupes françaises à Tlemcen, la Jâmi El-Atiqne présentait plus qu'un amas de décombres(prou fit disparaître. Le minaret seul subsisteencore.

Ce minaret est situé dans un champ, à 15mètres environ d'un chemin qui descend dela porte actuelle de l'Abattoir à la vieilleroute de Safsaf. D'après les renseignementsque nous avons recueillis, il était, comme lesminarets de la Grande Mosquée de Tlemcen,de Sidi Bou-Médine et de Sîdi'l-Halwi,

1. Cf. Complément de l'Histoire des Benî-Zeiydn.

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■2. Bostân, nuire manuscrit, p. 296-299; Ali-ben-Yahya était,à ce qu'indique le texte, à lafois moueddin et iinàm à la mosquée, ce quisemble indiquer, que ce sanctuaire n'avaitplus aucune importance.

3. Cf. Habous de la mosquée de ChikhSenousi, ap. Revue africaine, septembre1861, p. 332, I. 13.

4. Il en est encore ainsi dans certainesmosquées ruinées de Bou-Médine; comp.Doutté, ap. Journal asiatique, janvier 1902, p.161 ; in fine.

situé au Nord de la mosquée. Sa base, jusqu'àune hauteur de 6 mètres, est formée debelles pierres, empruntées à desconstructions ou à des tombeaux romains.Plusieurs portent des inscriptions latines '.Au-dessus de ce soubassement s'érige unetour de brique dont les cotés sont ornés de

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faibles défon-eements, garnis d'arcatures etde réseaux, et percés de fenêtres étroiteséclairant l'escalier. Le décor varie peu sur lesquatre faces. On rencontre d'abord, enpartant du bas, un petit rectangle garni, soitd'une arcade festonnée portant sur deuxpilastres de brique, soit de deux arcadeslobées reposant sur une colonnette médianemonolithe et couronnée d'un chapiteau àcrosses simplement épannelées. Descolonnettes semblables soutiennent les arcslobés des grands réseaux supérieurs,composés de diagonales lobées sansornements, ou à lambrequins et décorésrégulièrement de fleurons en terre cuiteinscrustés d'émail vert. Une bande debriques forme ceinture et précède la galeriesupérieure. Celle-ci est formée de cinqarcades lobées portant sur des colonnes sanschapiteaux. Des nierions à redanscouronnent la plate-forme. L'édiculeterminal porte un arc à feston, et un petit

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réseau. Des ins-crustations de plaques verteset un cadre à décor étoile en complètent lerevêtement.

Un escalier de cent vingt-trois marches,portant sur un noyau central, permet l'accèsà la plate-forme. Les rampes en sontcouvertes, dans les trois premières volées,par des dalles

1. Cf. .*»/>. p. 10, note 3. — Tlemcen,ancienne capitale, p. lîir» et suiv. : nous nesaurions, bien entendu, souscrire àl'amusante remarque de Barges, qui louel'architecte musulman «d'avoir fait preuved'intelligence en plaçant dans le mur desinscriptions latines, de manière à pouvoirêtre lues » (p. 163*. — Voir Cagnat et Saladinap. Voyage en Tunisie. Tour du Monde 1885II. p. 318, un exemple analogue.

MINARET DACtÂDIR J39

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romaines et dans le reste de l'escalier, pardes voûtes d'arêtes en brique.

Ce minaret, classique de plan et decomposition, et de proportions trèsélégantes, était très probablement revêtu enentier d'un enduit à la chaux.

GRANDE MOSQUÉE

Une inscription cursive qui se déroule sur lacorniche du tambour de la coupole, à laGrande Mosquée de Tlemcen, nous fournit ladate la plus ancienne qu'on puisse assigner àla construction de cet édifice. Cetteinscription est ainsi conçue : « Au nom duDieu clément et miséricordieux. Que Dieubénisse Mohammed, sa famille et leur donnele salut ! L'ordre d'exécuter cet ouvrage' estémané de l'Emir très illustre... Que Dieufortifie son pouvoir, augmente l'aide qu'il luiprête, et perpétue son règne! Ceci a été

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achevé sons la direction du jurisconsulte trèsillustre et cadi très généreux Abou'1-Hasen-Ali-Ben-Abd-er-Rahmân-ben-Ali que Dieufasse durer sa gloire. L'ouvrage a été achevéen Djoumâda second de l'année 530 2 . » —-

1. Mimmd nmara In Amalihi;— cf. sur cetteformule, de Saulcy ap. Journal asiatique,avril 1839, p. Vu et suiv. : — Van Berchem,Notes d'archéoloyie,

I, [i. 19, Ilote 2.

■>. Publiée et traduite par Brosselard [lesInscriptions arabes île Tlemcen [Bévueafricaine, décembre 1858 | et BargesTlemcen, ancienne capitale, etc., p. 133, 130).Apres vérification, nous adoptons la lecturede Brosselard, et nuire traduction nediffèreque 1res peu de la sienne: on trouver,!reproduit le fac-similé de la date de eetteinscription p. 112, fig. S . D'autre part,

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Brosselard (fie». A fric., dëc. 18fi8. p. 85confond la Grande Mosquée de Tlemcen(Tagràrt) avec celle d'Agadir, quand ilattribue sa fondation première à Idris-ben-Abdallah.

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D'autre part, une inscription gravée sur lepourtour de la porte en bois de l'anciennemaqçoura, nous donne la date de Rama-dhânr>3".î ! . Ces deux dates, correspondant auxannées H35 et 1138 de l'ère chrétienne, nousreportent au règne d'Ali-ben Yousef, l'avant-dernier desAlinoravides ( 1 li 16-1142). Ceprince, grand guerrier et bon administrateur,affermit en Espagne la dominationmusulmane. C'est sous son régne qu'apparutle mahdi almohade Ibn-Toumert, dont lesuccesseur Abd-el-Mou-min devaitconsommer la ruine des Almoravides.

« Une particularité qui frappe tout d'abord ala lecture de cette inscriptioncommémorative, a dit Brosselard, c'est que lenom du prince fondateur, qui s'y trouvaitoriginairement mentionné, a disparu sous leciseau 3 . » Il en est bien ainsi : entre les

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mots « le très illustre » (El-Adjall) et « queDieu fortifie... » (Avvada'llàh) se remarqueune lacune d'environ 5n centimètres. Bargesa présumé, avec beaucoup de sagacité, que lemutilateur devait être l'almohade Abd-el-Moumin, qui s'empara de Tlemcen en 537,après en avoir chassé Tàchfîn-ben-Ali. Ilaurait cherché k faire disparaître de laGrande Mosquée de Tlemcen, le souvenirdes Almoravides exécrés ''. Peut-

1. Publiée par l'un de nous (Bulletinarchéologique de l'Afrique du Mord, p. 548-551); on trouvera le fac-similé d'un fragmentde cette inscription, la date de 533 et « lamosquée cathédrale de Tlemcen » //</. 24.

2. Prise île la place d'Alger, notrephotographie d'ensemble montre la petiteqoubba octogonale de Sidi Merzouq, sixpignons des nefs de la salle de prière, à droitele pavillon couvrant la coupole qui précède le

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miliràb, en arrière-plan, le sommet duminaret.

3. Revue africaine, décembre 1858, p. 87.

i. Tlemcen. ancienne capitale elc, 436 ; maisil nous est impossible de le suivre quand,après réflexion, « il se souvient d'avoir lu lui-même sur place •>, dans la lacune, les motsrajoutés El-amdjad maoulâna Abd-el-Moumin le très louable notre seigneur AbJ-el-.\Ioumin.) Nous avons sous les yeux unephotographie agrandie de l'inscription de laGrande Mosquée, et il ne nous est permis derien démêler dans la partie mutilée del'inscription. — Cf. des

être obéissait-il aussi non seulement à lahaine, mais à des scrupules religieux,hostiles à la pompe toute mondaine desinscriptions commémoratives 1 . Par làs'expliquerait ce fait singulier, qu'effaçant le

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nom d'Ali-ben-Yousef, il ait laissé intacte ladate de 530, qui nous permet de restituer lemérite de la construction de la GrandeMosquée à son véritable auteur. — Il estpossible que, d'autre part, Abd-el-Mouminlui-même ait travaillé it la mosquée-cathédrale de Tlemcen. Le Qartàs prétendqu'il la bâtit, et le terme vague de banyân(construction), dont il se sert, s'appliqueégalement à une fondation, à unerestauration, à un agrandissement-. Maisrien ne vient corroborer ce renseignementdouteux. Dans tous les cas, il parait certainque le vaste édifice, richement décoré àl'intérieur, attendit soixante-dix ans encoreavant d'avoir un minaret. Ce fut Yarmorâsen-ben-Zeiyân, le fondateur de la dynastie abd-el-wâdite, qui, au dire de Tenesi et de Yahyaben-Khal-doun, éleva le minaret delà GrandeMosquée 3 . De fait, l'analogie de style decette tour avec celle du minaret d'Agadir, queles historiens attribuent au même prince,

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permet bien de crohe à une originecommune. D'après une tradition célèbre,l'illustre sultan zeiyânide aurait refusé d'yfaire inscrire son nom, et aurait répondu auxconseilleurs la phrase berbère : « IssenetsRebbi », « Dieu le saura' 1 ». On dit encoreque Yarmorâsen, s'apercevant que sanouvelle construction avait vue sur les

exemples de mutilations d'inscriptionsanalogues ap. Van Berchem, Matériaux pourun Corpus, p. 163 et suiv., p. 314, 315.

1. Cf. Doutté, Mission au Maroc (Journalasiatique, janvier 1902, p. 161J.

2. Cf. Roudh-el-Qartâs, p. 269; Tlemcen,ancienne capitale, etc., p. 437.

3. Cf. Histoire des Benî-Zeiydn, p. 22; —Complément, p. 9.

4. Cf. Histoire des Benî-Zeiydn, XXXVII; —

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dans Tenesi, la réponse de Yarmorâsen estrapportée en arabe (Ed-Oourr wal-lqyàn,manuscrit de la Médersa de Tlemcen, f° .'J9verso).

dépendances du Qaçr-el-qarfim voisin,abandonna définitivement cette résidenceroyale, et alla jeter dans la partie méridionalede la ville, les fondations d'un nouveaupalais, le Méchouar 1 .

Plus tard, d'autres dépendances vinrent aucours des règnes successifs s'ajouter àl'édifice principal : une bibliothèque placée àdroite du mihràb, construite par Abou-Hammou II en 760 (1359 après J.-C.) 2 , uneautre bibliothèque, datant du règne deMoulai Abou-Zeiyân (1394-1399) et qui setrouvait à la partie antérieure du monument3 . Enfin des tombeaux vénérés avoisinent lesanctuaire : l'un, à l'angle Sud-Ouest, est uneqoubba à dôme polygonal, qui recouvre les

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restes de Moham-med-ben-Merzouq,d'Abou'1-Hasen-ben-En-Nejjàriya, et peut-être de Yarmoràsen lui-même ; c'est le seuldébris de ce qui fut jadis comme la nécropoledes Beni-Zeiyàn 4 . A l'Est de la GrandeMosquée, se trouve la chambre sépulcrale deSidi Ahmed Bel-Hasen El-Ghomàri, àlaquelle est adjoint un hospice indigène 5 .

Plan. — Le plan de la Grande Mosquée estsimple et clas-sique. La cour (çahn) est uncarré d'à peu près 20 mètres de coté (PL V)11 , flanqué à l'Est et à l'Ouest de portiquescouverts

1. Cf. Brosselard, Tombeaux des émirs Benî-Zeiydn, p. 53.

2. Cette bibliothèque, qui existait encore il ya cinquante ans (Cf. Tlemcen, anciennecapitale, etc., p. 431, 432; Brosselard, ap.Revue africaine. décembre 1858, p. 90), a

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disparu dans les remaniements que leservice des Monuments historiques a faitsubir à la Grande Mosquée. L'inscription surbois qui surmontait sa porte ;Cf. Brosselard.loc. cil.) est encore en place.

3. Cf. Histoire des Benl-Zeiyân, p. 98.

4. Cf. Brosselard, Tombeaux des émirs Beni-Zeiyân, p. 54, 137 et suiv.; —■ Tlemcen,ancienne capitale, p. 430, 431.

3. Cf. infrà. [i. 160-161.

6. Notre photographie présente, au premierplan, le bassin aux ablutions; au fond, quatredes arcades qui s'ouvrent sur la salle deprière, montrant l'emploi simultané dequatre genres ditlèrents de découpure. Adroite, à la base de la grande arcade quiprécède la nef médiane, on remarquel'échan-

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ii trois et quatre nefs. Au Nord, un portiquetransversal à quatre travées enveloppe leminaret. Nous avons peine à croire que cettedisposition soit originelle, et. que les deuxgaleries qui flanquent la tour du côté de lafaçade principale aient fait partie de l'ancienplan. La proportion ordinaire des mosquées,observée dans la mosquée de Cordoue, quifait de la première arcade de la salle de prièrele milieu de l'ensemble, suivant l'axe,l'habitude de placer le minaret en bordure oumême saillant sur la tare principale, laprésence d'un mur isolant les

deux galeries indiquent suffisamment oùs'arrêtait primitivement la Grande Mosquée.

Il convient de remarquer aussi, en mêmetemps que l'absence d'ouvertures, ladéformation imposée au plan naturel sur laface occidentale de cette partie, déformationqui entraîna sans doute le changement d'axe

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pour la cour tout entière, et même le Légergauchissement de l'arcature qui la borde al'Ouest 1 . Il semble bien qu'une telledisposition résulte du voisinage d'un

Fig. 14. — Plan de la Grande Mosquée.

crure prolongeant le niveau du çahn pourindiquer la qibla aux fidèles placés dans cellepartie de la Mosquée. J. Une irrégularitéanalogue se remarque à la Mosquée de Sidi

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Okba.

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édifice important, difficilement attaquable,antérieur à la nm>-quée, auquel celle-ci duts'accoler, tout en en respectant l'ordonnance.Ce pan coupé indique vraisemblablement laplace et l'orientation du Qaçr el-qadîm, dont

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la mosquée d'Ali ben-Yousef ne fut d'abordqu'une sorti.' de dépendance.

La salle de prière est formée de treize nefsperpendiculaires au mur du mihrâb etportées par six rangs do piliers, la plupartsoutenant dos arcs plein cintre en ferachevai; quelques-uns, dans la partieorientale portent dos arcs brisés. Les nefsont toutes 3 m ,20 de largeur; seule la nefmédiane a 4 m ,60. L'intérieur de la salle, quiforme un rectangle assez exactement deuxfois plus large que profond, présente un totalde 60 pieds droits et de deux colonnes.

lieux coupoles situées dans le grand axe,l'une précédant le mihrâb, la seconde aucentre de la salle, derrière le sedda, ontnécessité l'emploi d'arcades transversalesétablissant un tambour inférieur.

Pour la coupole du mihrâb, cette arcade se

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limite à la nef médiane, sans se continuerpar une travée complète parallèle au mur dufond. De plus, un rapprochement progressifdes saillants supportant les arcs de la grandenef fait que, de 4 m ,60, sa largeur du côté duçahn, elle est réduite, en arrivant à la qibla, a3 ra ,50, distance de la dernière rangée depieds droits au mur du fond; il en résulte quela forme T, visible a Sidi Okba et dans lesmosquées mérinides, n existe pas à laGrande Mosquée 1 .

Deux des arcs transversaux, ainsi que latravée entière qui, partageant la salle deprière de l'Est ;i l'Ouest, interrompt les

1. i If. supvd, p. 41.

J4è Les moxcmexîs arabes de tlemcen-

combles des nefs, et supporte un ckéneau îlebriques, sont découpés suivant de grandsfestons circulaires. Trois grandes portes

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donnent, en plus de l'entrée de la faceantérieure, accès dans la Mosquée par le côtéoriental 1 . Deux petites portes à droite et àgauche du mihrâb font communiquer avec lasalle de prêche ; deux autres portes plusécartées permettent d'entrer par le mur dufond 2 .

Lis coupoles et le mihrâb(Pl. VI). — Lacoupole centrale est creusée de largescannelures rayonnantes. Celle qui précède lemihrâb est polygonale. Le point de départdes pans qui la forment est une suited'arcades trilobées icelles des angles formanttrompes et décorées de stalactitesembryonnaires). Des cintres étroits, secroisant plusieurs fois au sommet, séparentles pans entièrement ajourés. Le tambourcarré sur lequel elle est établie a pourcorniche un large cavet oit court eucaractères andalous l'inscription dédicatoiredont nous avons plus haut donne la

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traduction.

Une fenêtre en plein cintre vient au dessous,garnie par une claire voie à décorgéométrique. Elle interrompt une faussegalerie formée d'arceaux trilobés posant surdes pilastres à chapiteau trapézoïde. Sous lagalerie lobée règne une bordure quienveloppe tout le cadre du mihrâb. Une frisevient ensuite ou des acanthes vues de profilalternent avec des acanthes vues de face,puis une bande de caractères couflquesdessine le rectangle intérieur où s'inscritl'are du mihrâb,

1. Une quatrième porte, à l'extrémité Nord-Ouest, donnait autrefois accès dans l.i partiede l'édifice actuellement occupée par laMahakma du cadi.

L'installation du ce prétoire à cetemplacement, pris sur le portique Nord de la

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mosquée, esl toute récente.

•2. Celle qui est située à gauche du mihrâb(en lui Faisant face porte exté rieurementune inscription moderae peinte sur bois,publiée par lîiôssclard (Revue africaine,décembre 1858, p. 92).

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A. Foniemoincr Editeur, Paris

Phototypie Berthatuï

MIHRÂB de la grande mosquée

C'est un plein cintre en fer à cheval portantsur deux colon-nettes engagées. Desreprésentations de voussoirs sculptésalternent avec des portions lisses d'unelargeur à peu | rès égale ;'i celle desvoussoirs [fig. 15). Deux arcs de cercle leslimitent : le cercle enveloppant, déforméàsapartie inférieure, est découpé en largesfestons. Ces voussoirs tayonnent autour d'uncentre unique placé sur la corde qui soutendl'arc d'ouverture, au sommet du tailloir descolonnettes.

Deux panneaux rectangulaires décorenl lacimaise; ils sont bordés par des inscriptionscoufiques, el garnis, comme les quatre

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écoinçons qui cantonneni l'arc du mihrâb,d'un décor

Fig. I». — Voussoirs sculptés du mihrâb.

floral foisonnant. Si l'on en croit le Bostân,tout le mihrâb était primitivement peint envert '('['. suprà, p. 84).

La coupole du mihrâb est intaillée de grossescannelures; elle repose sur un polyèdre hhuit pans. Cinq d'entre eux forment la niche;ils sont interrompus à la hauteur de lanaissance de l'arc par une inscription

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coufique [fig- 21): trois fenêtres en pleincintre, garnies d'entrelacs lloraux ajourés,décorent les pans du fond i/ir/. 2'2 .

Charpentes. — Comme l'était primitivementla mosquée de Cordoue, la Grande Mosquéede Tlemcen est couverte par des charpentesapparentes. Les fermes, d'un modèleextrêmement simple et très inspiré desfermes romaines à entraits, y son! forirapprochées les unes des autres; de légèressculptures décorent les blochets et lesconsolettes qui les soutiennent.

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Fie. Ui. — Vue perspective des charpentes <iela nef centrale.

Notre croquis [fiff. 16), emprunté a lacollection des Monuments historiques,reproduit les fermes de la nef médiane; dansles autres nefs, les chevrons reparaissent au-dessous de la panne basse.

Le style. — Le style du décor est encorefortement imprégné de l'influence byzantine,

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et l'on peut dire que chaque élc-

meni * 111 revêtement de plâtre révèle uneimitation voisine encore du décor mosaïqueet sculpté de la mosquée de Cordoue ou lacommunauté des origines.

Chapiteaux. — Nous avons essayé déjàd'indiquer la lente formation du chapiteauarabe de Grenade et de Mansourah. La placedes chapiteaux de la Grande Mosquée \fuj.17 et 18) es! facile it déterminer dans letableau dressé plus haut [fig. (S). Trèsanalogue à ceux des nefs orientales deCordoue, les deux spécimens de Tlern-cen,qui portent encore la double couronned'acanthe, montrent déjà le granddéveloppement pris par le reboi supérieur dela corbeille prêt à devenir le turban àinscription. Un seul détail les différencie deschapiteaux de Cordoue : c'est le pa-rallélipipède attaché aux deux disques

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angulaires du premier [fig. 17) et dont lesvolutes du second [fig. 18 portent uneinterprétation significative '.

Fig. n. — Grand chapiteau.

1. Il y a un autre chapiteau à la GrandeMosquée, placé dans la portion Nord-Ouestdes portiques de la cuir. Il est d'un modèletrès archaïque. De galbe Ironconique, il est

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revêtu presque complètement de feuilleslisses

(50 LES MONUMENTS ARABES DETLEMCEN

Lr s/i//r ihi décor <!<■ plâtre. -- La divisiondes coupoles en larges canneluresrayonnantes s'observe ;i Cordoue, dans lesnielles angulaires, au croisement supérieurdes cintres (la grande coquille monolithe endonne peut-être ou l'idée initiale, ou uneingénieuse déformation ').

La Grande Mosquée présente un trèsintéressant exemple de ces coupoles surnervures [fig. 19) dont les origines et lesrapports avec la croisée d'ogive françaisedemeurent encore si obscurs 2 , ('estvraisemblablement une ossature de bois qui

soutient ces cintres et les vingt-quatre pansajourés qui les réunissent. Un pavillon carré

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la surmonte.

Nous avons parlé plus haut-" desencorbellements qui soutiennent les anglesde cette coupole. Ébauches maladroitesencore, parce qu'elles ne suppriment pascomplètement les grandes portions vides enporte-à-faux sur le tambour inférieur, ellesconstituent, croyons-nous, un document depremier ordre

Fig. 18.

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Petit chapiteau du tnihràb et détail dunevolut

imbriquées. Nous en observerons un assezsemblable dans une des petites mosquées deTlemcen (cf. Mosqi ki: de Bàiî-Zir).

t. Sur les coupoles en forme de coquille enOrient : Van Berchem, Xoles d'archéologie.II, p. 21.

2. Cf. Choisy, Histoire de l'Architecture, t. Il,p. 9S, 99; — supra, p. 57.

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Fig. 19. — Vue perspective d'un pan de lacoupole. A départ d'une nervure (vue deprofil).

pour qui veut étudier l'histoire de lastalactite dans l'architecture arabeoccidentale. — La fausse galerie à arcadestrilobées qui couronne lemihrâb se retrouvepresque identique à Cordoue niais ici leschapiteaux simplifiés adoptent nettement laforme trapézoïde des impostes byzantins.

La frise d'acanthe (fuj. 20), qui règne endessous de la petite fenêtre, présente cetteparticularité que cinq feuilles vues de face yalternent avec dix groupes île feuilles vues deprofil, el que les feuilles de face présentent àleur sommet incurvé un relief sensible surtout le reste de la décoration. T'nrapprochement avec la frise sculptée dumihrâb de Cordoue 1 , elle-

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Fio. 20. — Frise d'acanthe au-dessus dumihrâb.

même déformation probable de la rornicl e àmodillons, indiquera l'origine de ces reliefset de cette alternance. Un secondrapprochement avec une bordure dusoubassement du même mihrâb - montreraun emploi analogue des feuillages formantvoûte au-dessus des feuilles affrontées.

Connue à ( 'onloue, un décor floral remplitles claveaux [fiff- 15)

1. Girault de Prangey, Essai sur l'architecture

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des Mores (PI. 1. n° 10).

2. Ibiri.. fi;/, n- G et 13.

rayonnant autour d'un point pris h lanaissance de lare. Mais il n'y a plus ici derameaux s'échappanl d'une tige médiane ; laplante se courbe selon un rinceau pluspurement ornemental, qui est encore loincependant de l'entrelacs axé de Sîdi Bel-Ilasson et de Sidi Bou-Médine.

Les plaques de la cimaise ne sont qu'uneréduction des grands panneaux de marbrequi, à Cordoue, descendent jusqu'au sol de lamosquée 1 .

Élément épigraphique. — L'épigraphieoccupe une place importante dans ladécoration de la Grande Mosquée. Nousavons déjà décrit (p. 89) les inscriptionscoufiques qu'on y rencontrait : l'une à petitscaractères, assez archaïque, mais

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manifestant cependant par des fiorituresterminales des tendances décoratives;l'autre, que nous reproduisons ici en entier(fig. 21), s'accompagne d'un rinceau trèsmaigre ; la troisième enfin qui, laissant toutesa clarté à la base des lettres, détache sapartie supérieure sur un ornement floraltouffu. Une seule inscription cursive, mais laplus importante au point de vue historique,court sur la corniche du tambour (p. 92, fig.8).

L'élément géométrique. — Le rôle réservé àla géométrie est encore très restreint. Laclaire-voie médiane présente seule un décorpurement géométrique que nousrencontrerons à Sîdi Bel-Hassen, l'axe étant,dans son nouvel emploi, dévié de 30° (fig.31). Il convient également de noter l'étoile àhuit pointes. Elle décore les angles du cadrecouflque et entre dans la composition d'unebordure plus mince, où elle alterne avec un

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polygone curviligne à six pointes. Ces deuxfigures se retrouvent, à peine déformées etgarnies de remplissages analogues au

I. Sur l'origine présumée de ces lambris, cf.Dieulafoy, l'Art antiqve de la Perse, t. V. p.102-103 et 153.

LES MONUMENTS ARABES DE

TLKMCEN'

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palais de laCuba 1 ; mais, dans le monumentsicilien, elles entrent dans un décor àrépétitions plus savant et plus purementarabe.

Bien qu'encore limité comme surface ettimide comme forme, le décor géométriquejoint au décor floral et au décor graphique,s'annonce comme devant jouer, dans le décor

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Fig. 11. — Fragment ilu décor garnissant unedes fenêtres (Intérieur du miliràb).

méplat des plâtres, le rôle des ornements enrelief qui surchargeaient les moulures de ladécadence romaine : (lenticules, iivrs, rais decœur, perles et pirouettes. Rien de tout

1. Cf. Girault de Prangey, Essai sur

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l'architecture, PI. Il', n* 3, 4 et 5.

cela à la Grande Mosquée, mais desinscriptions coufiques et cursives, deux longsrubans se croisant régulièrement, deschapelets de fleurettes e1 de boutons aplatis,dos palmes étalées parallèlement (fig. 15)ouces successions de crosses lisses dont nosdécorateurs romans ont fait un si constantusage (fig. 19).

Vêlement floral. —Le décor floral a pris à laGrande Mosquée de Tlemcen la place la plusimportante. Disons tout de suite que la florede Cordoue y apparaît extrêmementappauvrie et ayant t'ait un pas de plus versl'interprétation purement ornementale. Lafeuille d'acanthe, presque seule, en fait tousles frais, divisée en deux portions inégales ons'échappant en une seule palme d'unbourgeon initial, parfois revêtant une l'ormede fleuron imbriqué, qui, nousle verrons (fig.

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15, 20, 68), remplit toujours le même rôleque la palme à nervures. Le modelé s'est trèssimplifié; il n'est plus formé que de striesprofondes et des trous circulaires de la basseépoque byzantine.

Quelques pastilles trouées en leur centres'appliquant sur les tiges grêles, quelquesfleurettes vues de face, à quatre ou huitpétales, parfois séparées par desreprésentations schématiques d'étamines,complètent la flore. La feuille lisse ne semanifeste encore que par quelques rameauxcourant dans l'inscription cursive dedédicace, par la tournure donnée auxbordures à crosses dont nous parlions plushaut, peut-être aussi par les décors gravésdes ares lobés de la grande nef.

Ameublement. — L'ameublement de laGrande Mosquée se compose des piècesnécessaires pour assurer les besoins du culte

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d'une mosquée-cathédrale. Il est fort pauvre;le minbar, le sedda, placé dans la nefmédiane, enavant de la coupole du cintre, lekoursi du moderrès n'ont aucune valeurartistique. Les lampes sont de date récente ;seul un grand lustre, appendu

a la coupole centrale, mérite quelqueattention. C'est, suivant la tradition, un desnombreux présents que le sultan Yarmo-râsen fit à sa mosquée de prédilection, relieoù il aimait ii venir prier et discuter sur îlessujets édifiants avec les savants docteurs deson temps. C'est une couronne de lumière de8 mètres de circonférence, en bois de cèdre,revêtue de lames de cuivre repercées. Troisautres cercles plus petits, étages et rejointspar des pièces de bois inclinées, forment unesorte de cône aplati. Un cylindre en cuivremassif orné de trois boules porte ii smisommet des anneaux pour le suspendre. Saforme archaïque et la tradition qui le

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concerne en font un objet fort intéressant '.

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Fh. j:;. — Décor de la couronne 'le cuivreMinarel

De ce lustre il convient de rapprocher unecouronne de

cuivre (//'/. 23)-' gravé et repercé' quisurmontait, il y a quelques années encore, leminaret d'Yarmorâsen et qui

1. Comp.au lustre de Cairouan.au lustre

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mérinide de la mosquée de Taza [Roudh-el-Qartas, p. 570 . el au luslre primitif de laQarawiyin [M., p. 8o . Signalons aussi unlustre conservé à la mosquée de Nédromah,de forme plus compliquée et de datevraisemblablement plus récente.

2. Arrachée par des ouvriers qui posaient desfils électriques, elle fut pieusement recueilliepar Si Mohammed ben-Kalfate qui en a faitdon ■ m Musée de la ville.

esl peut-être ancienne. Elle est (l'une facturefruste, assez semblable à celle du lustre. Lel'ail qu'elle porte la sentence cursive : « El-youmn wal-iqbdl », v Le bonheur et le succès», qui nous apparaît comme l'épigraphe «passe-partoui » des industries d'arlespagnoles Cf. in/'., p. 315etss.),nousinduiraii a penser qu'elle sortait dequelqu'atelier d'Andalousie. Ce inséraitd'ailleurs pas le seul travail de cuivre de cette

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origine. (Cf. MOSQUÉE de Sun Bou-MÉDiXE,p.258etss.J. Le grand lustre enproviendrait-il également? On ne peut surces points de détail se permettre que desconjectures.

Les clôtures qui ferment la salle de prièresont d'un âge dif-

l'h. 24. — Inscription de la Maqçouri

ficile ii déterminer. Elles sont assez bienconstruites et habilement décorées depanneaux à claire-voie 1 .

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La mosquée avait nue magçoura. C'est elleque désigne vraisemblablement ce passageîle l'abbé Largos : « Le sanctuaire il désigneainsi le mihrâb) est séparé du reste dutemple par une balustrade en bois que nousfranchissons pour visiter les

1. Sur ik's claires-voies analogues à Si<tiOkba. cf. Saladin, la Mosquée 'le Sidi-Okba p.53), "ii ce travail est comparé à celui desmoucharabiés du Caire.

autres parties du monument. » Cette clôtureservit peut-être île maqçoUra à l'époqueturque : mais il est assez probable qu'elle enremplaçait une autre plus ('levée et plusriche. Celte maqçoura primitive a étéretrouvée dans une autre partie de lamosquée et se trouve maintenant au muséeîle la ville, ("est une clôture île bois à troispans, faite de claires-voies et île panneaux àpetits cadres assez habilement emmanchés

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et dont les dispositions contrariées offrentles combinaisons caractéristiques de lamenuiserie arabe. Une arcade en fer a cheval,reproduisant assez bien, dans sesproportions, l'ouverture du mihrâb, servaitde porte à cette enceinte: une inscriptionformant un ruban pourtournant le cintre, luiassigne la date de 533 de l'hégire, trois ansaprès L'édification de la coupole //'/. 24). Uncadre surélevé entoure la partie supérieurede cette porte; il est également composé depetits panneaux et surmonté de nierions àredans découpés et sculptés.

Le minaret. — Bien qu'il ait un siècle et demide moins que h- mosquée, le minaret n'enest pas moins un des plus anciens duMaghrib. C'est le plus élevé de la ville et il asa place marquée à plusieurs pages del'histoire. Sa fondation par Yarmoràsendonne lieu à la curieuse légende rapportéeplus haut. En 789 (1387 J.-C), Abou-

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Hammou étant rentré dans sa ville dévastéepar Abou'l-Abbâs, son fils Abou-Tachfinyaccourt, s'installe en maître dans le palais dusultan. Celui-ci se réfugie dans le minaret dela Grande Mosquée 1 . Ayant appris où seradiait sou père, le fils révolté va l'y chercherlui-même et, versant des larmes, seréconcilie avec lui.

I. Sur l'emploi possible des minarets commeréduit? fortifiés, et. Saladin. Mosquée deSidi-Okba, p. 8" : — et aussi Van Berchem,Noies d'archéologie, 1. f 34.

Ce minaret est décoré sur ses quatre facesd'un grand panneau rectangulaire garnid'unréseau de briques. Ce réseau, orné defleurons marqués d'un émail vert, repose surune arcade en fera cheval que portent deuxcolonnettes monolithes semblables ;i cellesd'Agadir. Une galerie d'arcades lobées règneau dessus. Le campanile est décoré d'un

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défoncement avec réseau incrusté de terreémaillée verte. Le cadre porte une garniturede mosaïque très simple blanche et verte.

Cent trenlc marches donnent accès à la plate-forme supérieure. Les volées d'escalier quitournent autour du noyau centra] sontcouvertes par des voûtes d'arête.

D'autres dépendances augmentent encore lasuperficie de la Grande Mosquée. Lesanciennes latrines s'étendaient au Nord etoccupaient une partie de l'espace aujourd'huiouvert par la rue de la Paix; une belle cuverectangulaire de marbre onyx en a ététransportée au musée de la ville. Le terre-plein compris entre le mur Nord de lamusquée et ces latrines était occupé pardivers bassins d'ablutions; il était en partierecouvert de \eiites reposant sur des arcades.Les latrines actuelles, qui datent de quelquesannées, sont situées au Nord-Ouest de la (

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irande Mosquée.

A la partie Est, se trouve un hôpitalmusulman joint au tombeau du Soufi vénéréAhmed Bel-Hasen El-Ghomâri -,'- 1466 .

« Elles se répandent au loin, les vertus de cesanctuaire, pareilles au rayon de 1 aurore ouà l'éclat îles astres, qui guident les pas duvoyageur. Si quelque malheur te frappe,cherches-en le remède auprès de ce soleil denoblesse et de science, Ahmed'. »

1. Cf. Brosselard, Revue africaine, décembre1858, p. S)3, 94; — Tlemcen, anciennecapitale, p. 440 — le Bostân (notremanuscrit, p. 58 et suiv.) consacre à ce saintpersonnage une longue notice ; il lut enterré,dit-il, dans une cellule qu'il habitait, auprèsde la Grande Mosquée.

Ainsi parle le distique inscrit sur le linteaude la porte orientale.

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En face du tombeau, quatre grands vasessont disposés contre le mur orientalextérieur de la Grande Mosquée, enfoncésdans un massif de maçonnerie et couronnésd'une margelle. Le gardien du tombeau lesremplit chaque jour de l'eau d'un puits voisinde la chambre sépulcrale du saint. Ellesoffrent au passant une boisson bénie.

Des arceaux rejoignent le marabout au murde la mosquée. Ils sont percés, aux anglessupérieurs, d'ajours géométriques, motifsfréquents dans les maisons arabes. Unetreille reliant les arceaux fait à ce passageune voûte légère et motivante, sous laquelleHotte presque toujours le parfum du djâoui,l'encens arabe que l'on brûle au tombeau. Etsans cesse des femmes, des mendiants, îlesinfirmes, viennent chercher dans cetendroitreposant, en même temps que desconsolations morales, un abri contre la

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chaleur du jour.

il

BAINS DES TEINTURIERS

HAMMAM ES-SEBHAGHIN

Bien qu'aucun document historique nevienne déterminer l'âge de ce petitmonument, le style très archaïque desdispositions architecturales et des fragmentsde sculpture qu'on y observe permet,croyons-nous, de le rattacher à la premièrepériode de l'art tlemcenien.

Située dans le quartier Nord-Est de la ville,au bord d'une ruelle étroite et tortueuse quiréunit la rue de Mascara à la rue Khaldoun, ilconserve toujours son ancienne destination,et voit chaque jour, comme au temps desBeni-Zeiyàn, de nombreux habitués venirs'étendre en devisant sur les couchettes de sa

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salle de repos. Aux salutaires effets du «médecin muet 1 » s'ajoutent, suivant lacroyance populaire, d'inappréciablesbénédictions célestes. Le pieux Sidi Bel-Hasen El-Ghoniàri le fréquentait. On montreencore la place où il

1. El-Tabib el-abkam, c'est par cettepériphrase qu'à Tlemcen on désignecouramment le bain maure.

s'asseyait d'ordinaire ; et ce saint personnageest devenu comme un génie protecteur dumonument 1 .

Aujourd'hui, il nous apparaît mutilé, ayantreçu des aménagements sensiblementdifférents de sa disposition primitive.Cependant il n'est pas impossible dereconstituer approximativement le plangénéral de l'édifice, au moment de sonentière splendeur. Du côté Nord, un

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vestibule A précède l'établissement; c'est unesalle voûtée, munie de banquettes, et donttoute une partie a été consacrée àl'installation sans doute récente de latrines.De ce vestibule, on pénètre dans une sallecarrée B, de 5 mètres de côté. Suivant laformule habituelle, une coupole couvre cettesalle. Elle est établie sur des colonnesmonolithes, el est flanquée de quatregaleries voûtées. Deux de ces galeries sontrelevées de 0"',68 au-dessus du pavé central,et deux marches y donnent accès. Cette salle,dont une double vasque rafraîchitl'atmosphère, correspond hVapodyteriumdes Latins 2 . C'est là que l'on quitte sesvêtements et que l'on vient, après le bain, sereposer et s'étendre sur des matelas disposésà cet effet dans les galeries surélevées. Al'Alhambra, cet apodyterium est revêtu d'unedécoration exubérante : quatre colonnes ysupportent une tribune, peut-être réservée àdes musiciens, et des alcôves pro-

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1. Sur Sidi Bel-Hasen Et-Ghomâri, cf. suprù,p. ItiO, note 1. Ce bain est aujourd'huifréquemment désigné sous le nom deHammam sidi Bel-llasen. — D'autreslégendes ont cours sur cet établissement, tesfemmes prétendent qu'un jinn s'y montredans la piscine d'eau froide sous la formed'une couleuvre inotl'ensive (Cf., sur lafréquentation des bains maures parles jinn,le curieux passage d'Ali-Bey El-Abbàsi.Voyages en Asie el en Afrique, Paris, 1814, I,p. 126; — sur la croyance aux jinn serpents,Goldziher, Mohammeda-nisclie Studien, II,p. 343.)

2. Sur les dispositions générales des thermesromains d'Afrique, cf. Gsell, les Monumentsantiques de V Algérie, I. chap. vin.

fondes, garnies de mosaïques de faïences'enfoncent h quelque hauteur du sol, surdeux faces de la salle 1 .

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ce

D

A

Fie. '25. — Plan du bain des Teinturiers.

Une porte ouverte à gauche donneimmédiatement accès dans

1. Cf. la description îles bains de l'Alhambra,ap. Girault de Prangey, |i. 158 et ss.; —OwenJones, l'Alhambra, PI. XXVI.

l'étuve, le caldarium antique. Cette porte estdouble ; elle conserve la température del'étuve et l'isole de la chambre de repos.L'étuve, la plus longue salle de l'édifice,porte, comme une des salles intermédiairesde Grenade, une colonnade à chaqueextrémité et se trouve ainsi divisée en troisparties d'inégale grandeur : la première C, au

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Nord, a 2 m ,50 environ de longueur; sur samuraille occidentale, elle montre la traceencore visible d'une porte, aujourd'huibouchée, dont nous verrons tout à l'heure ladestination primitive; sa muraille orientaleest percée d'un cabinet assez profond 1 . Ladeuxième partie C, centrale, la plus grandedes trois, présente en (3, pénétrant dans lamuraille Est, un vaste réservoir d'eauchaude. L'eau y est amenée par un conduitcourant dans la muraille, au fur et à mesurequ'elle s'élève de la chaudière, placée en -;sous le dallage de l'étuve 2 . En outre, destrous percés dans la muraille à quelquescentimètres au-dessus du conduit, laissentpénétrer dans la salle la vapeur d'eau qui s'enéchappe. Cette partie centrale de la salle estainsi de beaucoup la plus chaude. Enfin, unetroisième partie C", de dimensions plusréduites que C, est à moitié occupée par unecuve carrée «, où une canalisation amène del'eau froide 3 . C'est dans cette salle que le

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1. Ce cabinet porte le nom maintenantgénéralisé de maqçûura (cf. suprù, p. 44 note3) ; il est réservé à ceux qui veulent procéderà des soins de toilette intime, ou encore àceux qui craignent la trop grande chaleur ducentre de l'étuve; ce sont des renfoncementssemblables que Laugier deTassy, dans sonamusante description d'un bain maured'Alger, qualilie de «cabinets d'une chaleurmodérée, où l'on frotte et lave les personnesen particulier» (Histoire du Royaumed'Alger, p. 189).

2. Cette place de la chaudière est la même àl'Alhambra et dans tous les bains maurestlemceniens ; de môme Léon l'Africain parlede l'étuve des bains de Fàs en ces termes : «De là, on passe dans une autre aisance, là oùl'on sue très bien, qui est le lieu où est lachaudière emmuraillée. » (Description del'Afrique, 11, p. 80.)

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3. Pour prendre des bains froids, comme onl'a prétendu des piscines de

Kayyâs, masseur arabe, masse, frotte au gantde crin et arrose d'eau chaude le corps dubaigneur.

Trois autres salles plus petites complètent lebâtiment, pièces accessoires, fréquentes dansles bains maures, et qui n'ont pas unedestination bien précise ; essentiellement cesont des chambres de repos', mais lasimplicité des mœurs arabes les transformegénéralement en dépôts de matériel. L'uneest placée en D au Nord de Vapodyteriumentre le vestibule et l'étuve; une autre est auMidi, en E. Une troisième, au Nord-Ouest, enF, présente une disposition curieuse : uneentrée sur plan carré précède un cabinetbarlong, qui, sur une face, porte deuxcolonnes engagées, sur l'autre deux nichesrectangulaires assez profondes qui peuvent

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servir de resserres'-.

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Une chose frappe tout d'abord lorsqu'onexamine l'actuelle disposition de ce bainmaure. C'est l'absence complète de la salleintermédiaire entre Yapodyterium et l'étuve,de la chambre tiède, succédanée dutepidarium romain, qui était cependant unélément invariable du hammam maghribin 3.

l'AIhambra (?) Il est remarquable que deuxmarches donnent accès au bord de cettecuve, comme à Valveus des anciens bains dePonipeï (Cf. Daremberg etSaglio,Dictionnaire des Antiquités, t. I, p. 656.)

1. « Et il y a certaines logettes haussées decinq ou six marches, là où sont les lieuxréputés pour se dépouiller et étuver sesvêtements. » (Léon l'Africain, Description del'Afrique, lue. cit.

2. Aujourd'hui ces niches sont sans emploi;

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suivant la tradition, elles auraient étédestinées à ceux qui, pour quelque raison, nevoulaient pas faire connaître leur présencedans le bain (!). En fait, c'étaient trèsprobablement de simples vestiaires, pour lesclients distingués auxquels on réservaitl'accès particulier du cabinet F.

3. Elle existe à l'Alliambra ; Laugierde Tassyet Léon l'Africain, dans leurs descriptions,parlent, l'un d'une « chambre intermédiaired'une chaleur modérée»; l'autre, d'unechambre où l'on entre en sortant de lachambre froide, et un peu plus chaude que lapremière. A Tlemcen. la chambre tiède n'estplus en usage dans aucun hammam. Chosecurieuse, dans un bain assez moderne, situérue de Lamoricière, la chambre tiède existeparfaitement entre

Nous croyons qu'à l'origine cette chambretiède existait dans le Hammam es-sebbâghin.

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L'examen attentif des voussures, la présence,dans le mur Ouest de la partie C de l'étuve,d'une trace de porte nous a convaincu que lebain avait primitivement la dispositionsuivante : le vestibule A et la petite chambreD qui lui est contigué formaient une seule etmémo salle, et cette salle était le tepidarium: on pénétrait deYapo-dyterium dans letepidarium par la porte î ou parla portée;puis du tepidarium dans l'étuve par la porte9, aujourd'hui murée. D'autre part, l'entréemême du bain se trouvaitvraisemblablement située au fond de lachambre E, qu'aujourd'hui des maisons deconstruction récente avoisinent à l'extérieur;cette chambre jouait ainsi le rôle devestibule. Le bain avait encore d'autresdépendances. Sur la ruelle, en G, une sallebasse et non voûtée sert aujourd'hui encorede dépôt de combustible; au dessus, deschambres de premier étage (maçriya)auraient constitué les logements du

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personnel du bain; d'autre part, du murextérieur, en x et y, partent des amorces devoûtes, encore parfaitement visibles, et dontles berceaux devaient couvrir, en avant duvestibule actuel, une autre salle (contenantpeut-être îles latrines). Enfin des chapiteaux,maintenant sans emploi, conservés dansYapodyterium, indiquent que le Hammames-sebbâghin connut jadis des proportionsplus étendues, des dépendances plusnombreuses et une splendeur plus grande.

Toutes les salles qui composent cet édificeétaient éclairées par des trous régulièrementménagés dans les voûtes et où

Yapodyterium et l'étuve; mais elle ne reçoitpassa destination primitive, et sertsimplement de passage et de lieu dedébarras; les latrines lui sont contiguës ; cf.aussi ijifra. Bains de SiDi Bou-Médine, p.28!.

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s'adaptaient des conduits en poteriegrossière, comme on en peut encore observerà l'Alhambra, sortes de tubes émaillés de vertdont la section forme un polygone étoile. Lesvoûtes en berceau portaient presque toutesdes garnis de plâtre-Dans la grande sallecarrée (apodyterium), une portioncylindrique pénètre perpendiculairement lemilieu des côtés. La coupole ' qui occupe lecentre est portée par douze colonnes trapuesgroupées trois par trois au centre du carré.Ces groupes ont pour but de substituer auplan carré un plan polygonal composé dehuit arceaux en fer à cheval outrepassé, surlesquels repose la coupole. La colonned'angle, de même hauteur (pie les autres,porte deux petits arcs en plein cintresurhaussé qui la réunissent aux colonnes dupolygone intérieur, et permettent d'établir lademi-voûte d'arête habituelle au qoubbas(lemceniennes. Un troisième arc, enjambantla galerie du pourtour, en supporte les

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berceaux. Seize arceaux convergentsconstituent les grandes cannelures de lacoupole, qui, comme le reste de l'édifice,était régulièrement criblée de jours en étoile.An dehors, les voûtes s'accusent, comme àl'Alhambra, non par des toits, mais par desdômes informes revêtus d'une épaisse croûtede mortier et de plâtre.

La disposition de la salle carrée est trèsanalogue à

celle des vieux bains de Palma de Majorque,qui devait jouer exactement le même rôle 2 .Dans le monument baléare, cependant, lesdouze colonnes établissent immédiatementle plan

1. Notre photographie, prise dansVapodylerium, montre nu premier plan lavasque et le bassin de pierre, plus loin troiscolonnes d'angle et la demi-voûte d'arête sur

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laquelle est établie la coupole ; au fond, àgauche, les nattes et couvertures disposéespour le repos des baigneurs (les jours quiéclairent cette partie n'existaient pasprimitivem ni : à droite, longeant le comptoirdu patron de bains, le couloir menant auvestibule actuel A.

2. Cf. Giraultde Prangey, Essai surl'architecture des Arabes, p. 58 et PI. 11.

PI. Vil

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A. Fontemoîng, Editeur, Paris

Phototype Berthaud

INTÉRIEUR DU BAIN D] [TUR1ERS

circulaire, sans qu'il y ait transition par unplan polygonal intermédiaire.

Les chapiteaux de pierre sent d'un style trèsarchaïque. Sculptés dans un cube de 0 m ,32de côté, ils s'adaptent sans ressaut et sansastragale au fût des colonnes monolithes.Bien que la couronne d'acanthes épanneléesqui les entoure ne porte pas de fenteinférieure, la disposition de leurs volutesangulaires les rattache au type secondaire F 1. Ces volutes ne sont pas parallèles a ladiagonale. Elles se séparent en deux pourgarnir les quatre faces, qui tendent à devenirindépendantes les unes des autres. Lesimpostes qui les surmontent et qui leur sont

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à peu prés égales comme hauteur, semblenlmoins faites pour les couronner que pourménager l'encorbellement des arcs. Ellessont taillées et divisées suivant le plan de cesarcs et rappellent les dispositions adoptéespour celles des nefs de Cordoue.

t. Introduction, fig. G.

MOSQUÉE DE SIDI BEL-HASSEN

MUSEE

Cette mosquée occupe une place d'honneurdans la série des monuments tlemceniens ;elle a, de plus, le grand avantage d'être datéeavec précision par deux inscriptions qu'ellerenferme. La première est gravée en beauxcaractères andalous sur une plaque d'onyxvert, encastrée dans la paroi Ouest de samuraille. Elle a été publiée et traduite parBrosselard'-. Elle contient le texte deshabous de la mosquée, et indique en outre

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que l'édifice a été construit en 696 (1296 del'ère chrétienne), pour l'émir Abou-AmerIbrahim, fils du sultan Abou-YahyaYarmorâsen ben-Zehân, après son décès.L'autre, qui s'étale en coufique fort orné surdeux panneaux déplâtre sculpté, aux deuxcôtés du mihrâb {fig. 30), reproduitexactement le même

1. Cette mosquée, après avoir servi d'écolearabe française, a été récemment convertieen salle du musée. Les belles mosaïques defaïence à décor géométrique qu'on peut voir,dans notre photographie, appliquées contreles murs, proviennent du palais duMéchouar. — Une vue extérieure de l'édificealors qu'il était aménagé en école, des vuesintérieures et un plan assez peu exact ont étépubliés avec une notice par Raguenet {Petitsédifices historiques, août 1S95).

■2. Cf. Les Inscriptions arabes de Tlemcen

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(Revue africaine, février 1859), p. 162 et suiv.

renseignement. Cette mosquée date donc desdébuts de la dynastie abd el-wâdite,exactement du règne du sultan Abou-SaidOtsmân (1283-1303)'. L'émir Abon-Amer, filsde Yarmorâsen, dont ces inscriptionscontiennent le nom, est un personnagehistoriquement très bien connu. Ibn-Khaldoun nous renseigne sur son rôlepolitique, et ajoute que, dans diversesentreprises il acquit de grandes richesses-. Anotre avis, la curieuse formule « bâtie pourl'émir Abou-Âmer après son tirer* », indiqueclairement que l'édifice fut élevé,conformément à une dispotiontestamentaire du prince, et pour lui assurerdans l'antre vie les mérites attachés à lafondation d'une mosquée.

Cependant cette mosquée ne porte pas sonnom. C'est que dans l'orthodoxe capitale des

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Beni-Zeiv.in, les siècles ont presqueconstamment donné le pas à la gloirereligieuse des savants et des saints sur lagloire politique des monarques et des émirs3 . De fréquentes substitutions de noms pourles édifices en sont résultées. Quant aupersonnage vénéré dont aujourd'huil'oratoire bâti pour l'émir Abou-Amer portele nom, il n'est pas connu avec certitude. Lestextes sont naturellement muets sur ceschangements de dénominations, opérés parlapiété populaire, et dont l'évolution a dû êtrefort lente. Brosselard présume qu'il s'agitd'Abou'l-Hasan (Bel-Hasson) Ben-Yakhlef et-Tenesi, qui fleurit sous le règne d'Abou-SaidOtsmân 4 ; nous nous rallions à cetteopinion très plausible.

Le plan. —Le plan général, très simple,s'indique â l'exté-

1. Serait-ce la mosquée «située en face de

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liàb el-13onoud » dont Yahya ben-Khaldounmentionne la construction précisément en1296? {Complément, p. 31, in princ).

■2. Cf. Histoire des Berbères, 111. p. 366,368, 399, 100.

3, Comp. Brosselard, Tombeaux des émirsBeni-Zeiyân, p. 13.

1. lierue africaine, février 1830, p. Il'.ti; — surce personnage : Histoire des Beni-Zeiyân, p.25; — le Bostân (notre manuscrit, p. 129).

rieur par trois toits de tuile parallèles,accostés à l'angle Sud-Est par le minaret. Al'intérieur, deux rangées de colonnes d'onyx,réunies entre elles par des arcades en fer àcheval, divisent en trois nefs la salle deprière.

Bien qu'elle ne comporte pas lesdépendances habituelles de ce genre

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d'édifice, la cour 1 , le bassin, les portiques,nous avons peine à croire que le plan primitifen fut très différent du plan actuel. Sesproportions mêmes semblent peuconciliables avec les dispositions ordinairesdes mosquées maghribines. De plus l'actedehabous parle de six boutiques placéescontre le mur Nord et dont la porte donne dumême côté. Un tel voisinage laisse peu deplace pour une porte centrale dans l'axe desnefs. — Selon toute apparence, il faut y voir,plutôt qu'un temple destiné' ii recevoir lesfidèles d'un quartier commerçant, un petitoratoire luxueux (adjoint peut-être à quelqueétablissement préexistant'-).

Les arcades, au nombre de six et les quatremurs de ce petit monument étaiententièrement revêtus d'une décorationsculptée somptueuse et délicate, maintenantbien attaquée par le temps, victime de lanégligence des beys et, il faut bien le dire, du

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vandalisme îles premiers occupants français,qui le choisirent comme magasin à fourrages: .

Le mihrâb. — Le mihrâb, dont l'ouverturen'est à la base

1. Une courette fort simple et contenant deslatrines et des bassins à ablutions existaitautrefois à l'Ouest île l'édifice, àl'emplacement aujourd'hui occupé par lesarrière-salles du musée.

2. Barges, qui ne la visita pas intérieurement,propose de l'identifier avec l'oratoire de taMédersa Yaqoubiya (Tlemcen, anciennecapitale, p. 387), mais nous savonsaujourd'hui que l'oratoire de la MédersaYaqoubiya était la mosquée île Sîdi-Bràhiin.

3. Cf. Brosselard, Revue africaine, février1259, p. 102. — Dans son arljcle sur Tlemcen,paru en 1893, Ary Renan réclamait la

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restauration entière de « ee petit écrin, lamosquée de lielhacen». et sa transformationen musée.

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A. Fontemoing, Editeur, Paris

I'iiototvpie Be i

MIHRÀB DE LA MOS DE SÎDI BELHASSEN

que de l m ,13, est une merveille de fantaisieet de goût. La petite voûte à stalactites de laniche repose sur de minces colonnettes,engagées aux angles du plan polygonal. Lescolon-nettes s'appuient sur la corniche quirègne à la naissance de l'arc d'ouverture. Cetarc est un fer à cheval plein cintre quesoutiennent deux colonnes d'onyx engagées.Un admirable encadrement l'entoure qui,revêtant le mur à partir de l m ,60 du sol, secompose de la manière suivant!' :

Une première bordure circulaire simulantdos claveaux est inscrite entre l'arcd'ouverture et un second arc de cercle plusgrand dont le centre est placé au-dessus du

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premier. Le centre d'appareillage dosclaveaux n'est plus ici placé ;i la naissance del'arc, mais au milieu de la ligne des centres.Une deuxième bordure en forme de cavetportant une inscription cursive encadre lecintre dans un rectangle large et forme aveclui quatre écoinçons inégaux. Ces écoinçonssont garnis d'arabesques; les deux plusgrands (ceux de la partie supérieure) sontornés à leur centre de deux boutons spirales,rappelant certains coquillages. Une troisièmebordure se compose de

bandes d'inscriptions coufiques 1 eidacéesd'arabesques et de carrés à décorgéométrique marquant les angles. Troisfenêtres

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Fig. 26.

Décor flanquant 1rs fenêtres du inihrâb.

1. Les trois derniers versets de la sourate VII,habituels sur les mihrâbs.

en plein cintre garnies de combinaisons

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géométriques repercées à jour forment undeuxième étage, qui se relie au premier pardeux nouvelles bordures étroites et garniesd'inscriptions cur-sives.

Les murs. —- Le décor des arcs de lacolonnade a presque entièrement disparu.De fausses arcades dentelées assez bienconservées décorent les murs ; les écoinçonsen sont revêtus de motifs à répétitioninscrits dans des losanges (fit/. 27), oud'arabesques a feuilles lisses et larges. Depetites fenêtres eu plein cintre lessurmontent, garnies de combinaisonsgéomé-

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Fin. 27. — Décor de murs.

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triques; un décor régulier remplit les vides{fig. W'i C)\ des inscriptions cursivesforment bordure. Une frise géométriquecourt tout autour de la salle.

Le plafond. — Un plafond de cèdre, dont il nesubsiste que quelques mètres, garnissait lacharpenterie des nefs. Il est d'un travailingénieux et logique. Nous étudierons àSidi'l-

Halwi un spécimen plus complet de ce modede décoration.

Le style. — La composition des panneaux,celle du mihrâb surtout, suit, comme on levoit, la formule généralement adoptée, etque la Grande Mosquée présente déjà. Cettecomposition est, comme le plan même dumonument, élégante de proportion etclairement distribuée. Quant aux élémentsqui remplissent les surfaces, ils témoignent

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d'un art savant et subtil, presquecomplètement libéré de toute influencebyzantine, d'une invention pleine desouplesse et de ressource. Cet oratoire desBeni-Zeiyân, l'un îles plus anciensmonuments de Tlemcen et l'ancêtre depresque toutes les parties subsistantes del'Alcazar et de l'Alhambra, porte la traced'une culture artistique qui ne sera guèredépassée. Non seulement il mérite d'êtreétudié en lui-même, comme l'une des plusséduisantes créations de l'art musulman,mais il offre encore à l'archéologue unexemple important, sans remaniement, et dedate certaine, des détails de la belle époquemoresque. C'est d'ailleurs de tous lesmonuments de Tlemcen celui qui serapproche le plus des palais espagnols : ledécor épigraphique et la flore établissent leurévidente parenté 1 .

L'arabesque y est foisonnante à l'excès, et

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plus peut-être que dans aucun autremonument du Maghrib et de l'Andalousie. Lagarniture des larges bandes de la cimaise yest formée de trois niveaux différents demotifs épigraphiques ou de palmes ; mais cestrois guipures se superposent sans semélanger; chacune d'elles conserve d'un boutà l'autre son caractère propre, son épaisseuret son modelé, et l'inscription couflque quien est le prétexte reste au dessus nette etlisible.

i. Cf. suprà, Introduction (p. 37 . ce qui a étédit dus ouvriers demandés en Espagne.

Les chapiteaux. — Les chapiteaux de stuc,plus largos que ceux que l'on rencontregénéralement à l'Alhambra, ne sont pourtantpas sans analogie avec eux, avec ceux surtoutde la cour de l'Alberca et de la salle qui laflanque ;i l'Ouest. — Ils sont de deuxmodèles différents : le premier \fuj. 28),

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décoré de l'invariable méandre inférieur etd'enroulements de palmes

Fig, 28. — Grand chapiteau supportant lesarceaux des nefs.

lisses entourant une coquille centrale,

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supporte les grands arceaux de la nef; lesecond, plus petit, où les feuilles ciselées îlenervures et d'ornements entourent, outre lacoquille centrale, un court fragment debandeau, surmonte les colonnes

engagées du mihrâb. Tous deux sont d'unstyle touffu et inférieur, commecomposition, à ceux <pie produira l'écoleméri-

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Fig. 29. — Coupole du mihrâb.

nide, voire même aux robustes créations quiles ont précédées.

La proportion est sans élégance,l'ordonnance confuse, les

12

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éléments y ont des valeurs égales etmonotones, et le principe de leurscombinaisons, malgré des reliefs assezhabilement ménagés, y est difficilementlisible. Ce principe n'est qu'undéveloppement du thème primitif : rencontreet combinaison de deux; gerbes de rinceaux,l'une s'échappant île la palme enveloppantedes angles, l'autre s'écartanl simplement ducentre, mi jaillissant du bandeau, dont nousavons essayé plus haut de déterminerl'origine. La coquille qui en décore l'axe, quenous retrouvons plusieurs fois employéedans le décor de plâtre, qui réapparaît mêmedans quelques décors mérinides, est parmiles motifs les plus usités des ornementsespagnols.

Ln coupole. — La coupole à stalactites partd'un plan octogonal pour arriver à unecoupolette supérieure à seize cannelures.Elle a beaucoup de ressemblance avec celle

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des monuments de Grenade cl de Séville,mais ne fait cependant pas intervenir,comme la plupart de ces dernières, lerectangle recourbé. L'étude en sera facile,grâce au relevé géométral que nous donnonsd'après Duthoit (Jig. 2'.)) et il la vueperspective d'un des angles d'après notrecroquis [fig. 5).

Elément épigraphiqne. — On trouveraégalement jointe à cette étude lareproduction de fragments épigraphiques[fig. 30). Le comique y est d'un style trèsornemental, voisin des exemples que l'onrencontre à l'Alhambra et à l'Alcazar. Lesformules de bénédiction v sont employéescomme motifs décoratifs avec uneingéniosité qui ne sera jamais dépassée.Parfois elles forment des ornementsdécentre et se mêlent à l'entrelacs floral('•coinçons) '/'.'/• ~~ • 33 B) parfois ellesservent en se répétant de bordures

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découpées (arcades près du mihrâb); parfoiselles sont, le point de départ de réseauxdivisant les surfaces (claveaux, bordures dosfenêtres au dessus du mihrâb).

MOSQUEE DE situ BEL-HASSEN

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Fin. :ï0. — Fragments d'inscriptionscoufiques.

tx premières lignes sonl empruntées aucadre de in ni Lb. les deux dernières àl'inscription dédîcatoire de la cimaise.

Élément géométrique. — La géométrie joueun rôle assez important dans le décor. Lesfrises, les angles de bordure, où l'onrencontre Le vieux polygone étoile à huitpointes et les combinaisons qu'il engendre,mais où apparaissent aussi les rosaces iiseize pointes, les petites fenêtres supérieuressurtout [fig.3i et 32), suit complètementajourées, soit simulées par des talilrs deplâtre décorées de réseaux en relief et où les

surfaces peintes al-/•*/ V V ternent avec lesnoirs

des défoncements, les fins quadrillagesrepercés remplaçant le croisement régulier

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des rubans de la Grande Mosquée à l'en tourdes panneaux, tels sontles judicieux emploisde la combinaison géométrique, auxquelsvient s'ajouter le décor mosaïque du minaret.Elément floral. — Le décor lloral est

l'ii.. .'il. — Garniture dr fenêtre

celui par qui la parenté de notre petitemosquée avec les monuments andalous se

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décèle de la manière la plus frappante.L'élément invariablement employé n'estencore ici que la

1. Le même dessin géométrique se rencontredéjà dans une claustra de la Grande Mosquéeau-dessus du niihràb. L'axe vertical en estalors la ligne pointillée indiquée dan? laligure.

palme simple ou double; mais, au lieu de seprésenter, découpée par des nervures commeà la Grande Mosquée, ou lisse comme dansles monuments mérinides, elle est souventornée de remplissages variés, de divisions,sans l'apport avec ses divisions naturelles, etdont les décors espagnols offrent à chaquepas des exemples.

Nous présentons ici {fig. 33) trois spécimensde ces palmes à ornements. C'est d'abord (F)une palme divisée par des recoupements de

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palmes secondaires s'échap-pant le plussouvent de la nervure principale ; une autre(D) porte une succession régulière de petitesdents en triangle qui, suivant généralementle bord extérieur, indiquent le souvenir desdécoupures delà feuille. Une troisième (E)qui se rencontre déjà à Sainte-Marie-la-Blanche de Tolède,

est revêtue de rinceaux dont l'élémentprincipal semble être le trèfle à trois ouquatre feuilles arrondies (un examen un peuattentif de la flore de Cordoue en montrerait,croyons-nous, l'origine). Une quatrièmepalme assez souvent

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Fig. 32.

Garniture de fenêtre.

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Fie 33. — A. décor'd'un trumeau: B, r motifcoufique d°un]]écoinçon; C, motif

t;arinssant les murs; DEF, exemple (lepalmes.

employée n'est qu'une interprétationornementale de la t"« uille de la GrandeMosquée. Cette dernière feuille, déformation

évidente de l'acanthe byzantine.se rencontreaussi, niais très réduite et servant toujoursde remplissait- fuj. 21). Quant à la feuillelisse, sans occuper la place que lui réserventles décorateurs mérinides, elle jouecependant un rôle fort honorable à coté desfeuilles à décor mentionnées plus haut {fig.26,27,33).

Le minaret. — Le minaret est d'une hauteurmédiocre, mais d'unejolie proportion.Comme son ancêtre de la Grande Mosquée,

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il ne se décore que d'un grand réseaud'arcades à festons soutenues par deuxpilastres embryonnaires et deux colonnettesengagées, d'une galerie supérieure formée dotrois arcades lobées semblablement poséessuides colonnettes. Le décor céramique entrois tons (vert, brun, blanc) est formé decombinaisons très simples qui semblentcaractéristiques

des minarets de cette époque et dont la baseest le damier a losanges. On y trouve aussides fragments incrustés dans le reseau debrique. Enfin les éléments les plus curieuxde cette décoration sont les seize petitschapiteaux qui soutiennent les aies fig. 34) ;ils sont revêtus de mosaïque de faïence,modelant et dessinant l'astragale, leméandre, les volutes et même

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Fie. 31. — Chapiteau en mosaïque de faïenceau tiers de rexéculion .

184 LES MONUMENTS ARABES DETLEMCEN

la ligature médiane ; ils constituent un décorlogique d'un charmant effet et l'un des seulsexemples de céramique habillant des reliefsque l'Occident nous ait laissés '.

1. Nous devons la communication du dessin

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géométral que nous en donnons à SiMohammed-Ben-Kairate, qui a su rendre aupetit minaret de Bel-Hassen sa parurecéramique, très endommagée par le temps,

'. ;

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A. Fontemoing, éditeur, Paris

Phutoiv pie Berthaud

MOSQUÉE D'OULÂD EL-IM

MOSQUÉE D'OULÀD-EL-IMÀM'

La mosquée d'Oulâd-El-Imâm n'est datée paraucune inscription. Mais nous n'enconnaissons pas moins l'époqueapproximative de sa construction première.Des textes nous renseignent à cet égard. Ellefut édifiée par Abou-Hammou I er , commeannexe du premier collège tlemcenien dontl'histoire ait gardé le souvenir [El-Médefsael-qadîma)' 1 , on peut, selon touteprobabilité, placer sa construction auxenvirons de l'année 710. Elle aurait étéspécialement fondée, pour deux frères,professeurs, nommés l'un Abou-Zeid Abd-er-Rahmân et l'autre Abou-Mousa Isa. Ces deuxpersonnages, originaires de Brekch, auprès

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de Tenès, s'étant fixés à Tlemcen, y devinrentles conseillers écoutés des princes abd-el-wâdites. Yahya-ben-Khaldoun nous apprend« qu'Abou-Hammou leur fit l'accueil le plusdistingué et leur fit construire, près de Bàb-Kechchout, en dedans des remparts de laville, le collège qui

1. Notre photographie montre l'élégantminaret du quartier Qouloughli; à droite, lestrois pignons indiquent les trois nefs quicomposent à elles seules le modeste oratoire.

2. Cf. Tlemcen, ancienne capitale, p. 326 etsuiv.

porte leur nom 1 .» Cette dénomination demédersa Oulâd el-Jmâm (collège des fils del'Imâm), donnée à l'établissementconcurremment avec celle de médersaqadîma (vieux collège), s'explique par ce faitque le père des deux savants était imâm de

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Brekch, leur ville natale. Aboud-Zeid mouruton 1312, et Abou-Mousa en 131-7, sous ladomination mérinide. Ils avaient su s'attirerla considération et la faveur des nouveauxmaîtres de Tlemcen. La tradition veut qu'ilsaient été enterrés à l'intérieur du collège quiporte leur nom' 2 .

Brosselard a cru retrouver des tables dehabous de la mosquée et de la médersad'Oulâd-El-Imam 3 ; mais il semble bienqu'il se soit trompé. Les inscriptionsauxquelles nous faisons allusion sont, ànotre avis, des tables de la médersaYaqoubiva, et non de la médersa d'Oulâd-El-Imâm. Nous exposerons, en étudiant lamosquée de Sidi Brâhîm, les raisons surlesquelles nous fondons cette opinionpersonnelle, en contradiction avec celle denotre devancier.

La médersa d'Oulâd-El-Imâm a

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complètement disparu aujourd'hui. Elledevait occuper le terrain situé au bord et ;'tl'Ouest de la mosquée. Cette dernière seule àsurvécu; elle est fort délabrée, mais vautmieux cependant que ce qu'en ont dit ceuxqui l'ont étudiée avant nous. Postérieured'une quinzaine d'années à la mosquée deSidi Bel-Hassen, la mosquée d'Oulâd-El-Imâm se rattache à la même période de l'artmaghribin et témoigne, dans sa ruineactuelle, d'une inspiration analogue, pleinede science et de goût.

1. Cf. Complément île l'Histoire îles Beni-Zeiydn^ p. 58; on y trouve une biographiedes deux personnages en question; — cf.aussi Histoire des Berbères, III, 386, 412 ; IV,223; — et liusliin (notre manuscrit, p. 321 etsuiv ).

2. Cf. Complément de l'Histoire des Beni-Zeiydn, p. 6a.

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3. Cf. les Inscriptions arabe» de Tlemcen{Revue africaine, février 1859, p. 169 etsuiv.),

Comme à Siili Bel-Hassen il n'y eutvraisemblablement jamais ici ni çahn, niporte monumentale adjoints à la salle deprière, et le plan a dû peu varier. Cependantdes remaniements importants, dont nousindiquerons plus loin les signes presqueindiscutables, ont pu en modifier, à uneépoque voisine de sa fondation lesdispositions premières. La seule entrée estsur le liane Nord de la salle. Cette dispositionest toute récente; Barges vit encore la portedonnant sur l'enclos qui avoisine la mosquéeau Couchant, en face du mihrâb 1 . Quatrearceaux en plein cintre s'appuvant sur le murdu mihrâb, sur le mur opposé et sur deuxpieds droits médians divisent la salle en troisnefs irrégulières et dépourvues de toutcaractère artistique. Une colonne d'onyx dont

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telle ne fut point sans doute la destinationprimitive est engagée dans l'angle Nord-Ouest près de la porte qui s'ouvre surl'escalier du minaret. Seul le décor très ruinédu mihrâb et le haut du mur opposétrahissent l'ancienne splendeur de ce petitédifice.

Le mihrâb, que trois petites fenêtres en pleincintre surmontent, suivant la classiquedisposition, montre les restes d'unencadrement dont la composition de plâtre,très fine, très riche et très serrée rappelle labelle création d'Abou-Said Otsmàn.L'intérieur de la niche, couverte d'unecoupole à stalactites se terminant par unecoupolette à seize cannelures, est établie surl'habituel plan octogonal. Mais elle présentecette particularité que deux arcatures àcolonnettes s'y superposent pour porterl'encorbellement: celle d'en haut, quidisparait poulie spectateur placé dans les

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nefs, bordée de découpages analogues à ceuxde Sîdi Bel-Hassen, celle d'en bas bordée parla

1. Cf. la description sommaire qu'il donne dece petit monument dans Tlemcen, anciennecapitale de ce nom, p. 32"!.

disposition de palmes dont Sîdi Bou-Médinenous offrira un exemple.

De l'examen de rette superposition. île laprésence d'un cintre de maçonnerieinemployé, supérieur au cintre actuel, ilrésulte nue toute une partie du mihrâb a étéabaissée à une époque quelconque. Si onobserve, d'autre part, que le niveau toutentier de la mosquée est en contre bas desterrains avoisinants, on s'explique cetabaissement du mihrâb.

Mais comment expliquer le besoin lui-mêmed'agrandir un tel monument en hauteur et

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l'idée d'en descendre le niveau plutôt qued'en surélever les combles? Seul le respectpour l'œuvre d'un âge disparu, joint au désird'augmenter la magnificence d'une fondationpieuse, nous semblent pouvoir motiver unetelle accommodation. Comme on le sait, eneffet, les mosquées de cette époque necomportent qu'une décoration de charpenteset de plâtre dans les parties hautes; enabaissant le sol, on laissait cette décorationintacte.

Restait cependant le mihrâb, dont cetabaissement entraînait un grave changementde proportion. Comment faire pour luiconserver l'harmonieux rapport de sesdimensions premières, sans attaquer uncadre dont on ne savait plus créerl'équivalent, qui restait comme une œuvreinimitable de vieux artistes disparus? Laforte cohésion des plâtres arabes en donnaitle moyen. Ce cadre, détaché pièce par pièce

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du mur auquel il adhérait, et un nouveaucintre semblable au premier, établi à lamême distance du sol, c'est-à-dire 0 m ,82 endessous de l'ancien niveau, on réappliqua labordure circulaire à claveaux ', les écoinçons,le cavet à inscription enrsive, les trois bandes

1. Voirpour la composition dece cadre la PI.VIII etla description typique c|ui lacommente, p. 173.

d'inscriptions couflques avec les carrés deleurs angles; puis, dans le vide laissé entre lerevêtement et la garniture des fenêtressupérieures, on établit un panneau nouveaude 0 m ,82 de haut, décoré tant bien que malsuivant le goût du jour. Cette décoration (fig.35) n'est d'ailleurs point d'un mauvais style ;elle est formée d'entrelacs floraux analoguesà ceux dos petits cintres du portail de SidiBou-Médine ou de certains revêtements del'Alhambra; mais ce rapprochement avec les

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fermes et délicats

Fig. SU. — Décor du panneau intercalé(Cadre du mihrâb).

ornements du petit mihrâb, tout ruiné qu'ilse présente à nous, ne lui est pas favorable :la ligne est un peu molle et l'enlacementsans tenue ; de plus il est de ces garnitures àrépétition sans axe et sans arrêts que la

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bonne époque n'emploie que pour lesgrandes surfaces et qui n'intervient jamaisdans la

composition d'un motif central, tel qu'uncadre de mihrâb.

La mosquée n'est postérieure que dequatorze ans à celle de Sidi Bel-Hassen; lesmêmes caractères généraux s'y retrouvent :l'écriture couflque y est sensiblement dumême style ; le même rôle y est donné auxmonogrammes et aux sentences; on yretrouve la coquille, et la palme à rinceaux defeuilles arrondies y court semblablementdans l'inscription du cadre rectangulaire.

A quelle époque faut-il attribuer la réfectiondu mihrâb ? Le style du rectangle et desarcades simulées dans la niche sembleappartenir, ainsi que nous l'avons vu, aumilieu du xiv c siècle. Peut-être faut-il

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attribuer les modifications que nous venonsde signaler au plus glorieux des zeiyânides, lerestaurateur Abou-Hatn-mou II; peut-êtrecependant faut-il en reculer la date jusqu'aurègne d'Abou'l-Abbâs Ahmed. A cet égard, lestextes et la tradition sont (''gaiement muets.Quoi qu'il en soit de l'époque de cesremaniements, on doit rendre justice auxartistes qui l'exécutèrent, et reconnaître que,tout en sachant encore eux-mêmes fort bientracer un entrelacs et modeler le plâtre, ilseurent le respect d'une manifestation d'artplus parfaite, et se gardèrent d'en détruire lecharme par une indiscrète restauration.

Le minaret qui accompagne cette salle deprière est élégant et pourvu d'une bonnedécoration céramique en trois tons, vert,brun et blanc. Le blanc est d'une très jolietonalité vcrdàtre, qui contribue beaucoup àl'harmonie générale. La base descombinaisons employées est, comme à Sidi

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Bel-Hassen, le damier à losanges. Vn premierpanneau est formé d'une arcade festonnéeportant des écoinçons de mosaïque verts etblancs. Un second panneau de deux arcadeslobées est entouré d'un cadre à

décor vert, blanc et brun ; c'est le seulexemple que nous connaissions de ce genrede décor. Une bande semblable à celle de SîdiBel-Hassen forme ceinture à la base de lagalerie supérieure. Quatre nierions ornentles angles de la tour, (pie couronne uncampanile très simple.

EL-MANSOURAH

A environ 5 kilomètres Ouest de Tlemcen, laroute de Tlemcen ;'i Maghnia traverse untrès vaste ensemble de ruines, périmètre demurailles, mosquée, qasbah. Ce sont lesdébris de la ville mérinide de Mansourah.Cette cité éphémère — elle vécut soixante

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ans à peine — eut son origine dans un siègemémorable que Tlemcen soutint à la fin duxnr" siècle et au commencement du xiv e . Ilnous parait hou, avant d'en décrire et d'enétudier les ruines, de rappeler brièvementson histoire.

En G98, le sultan mérinide Abou-Yaqoub, àla tête d'une nombreuse armée, vint s'établirdans la grande plaine qui s'étend entreTlemcen et le col du Juif. Il dressa son campà l'endroit connu sous le nom de « Rendez-vous d'Ibn-Çaïqal' ». A plusieurs reprisesdéjà, en 689, en 695, en 697, il avait menacéla capitale abd-el-wâdite. Les fortes muraillesde la ville lui avaient opposé une résistanceinsurmontable. Cette fois, il résolut d'envenir h bout par la famine, la bloquaétroitement, l'emprisonna dans un ensembled'ouvrages de circon-

1. Cf. Complément de l'Histoire des Beni-

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Zeiyan, p. 35; les exemplaires de la Baghyater-Rouwâd, que nous avons consultés,portent « le hameau d'ibn Çaïqal ».

vacations, et reçut la soumission de tout lepays environnant. Tlemcen était réduite à sespropres ressources et ne pouvait rienattendre du dehors : « Un esprit, un êtreinvisible, dit Ibn-Khaldoun, aurait eu delàpeine ii pénétrer dans la ville. » Elle ne serendait pas cependant, et le siège devait seprolonger huit ans. A l'approche de l'hiver, lesultan mérinide se tit bâtir une demeureroyale dans son camp; en face, il jeta lesfondements d'une mosquée pour lui et sonarmée ; autour, des habitations de soldais, defonctionnaires royaux s'élevèrent, et le toutfut défendu par une muraille. Celte villeimprovisée reçut le nom de El-Mahalla El-Mançoura, « le camp victorieux ». Deux ansaprès, son importance s'étant accrue, lesultan la tit ceindre d'un vaste périmètre de

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murs, et la cité mérinide, dressée en face dela vieille capitale abd-el-wâdite assiégée,s'appela alors « Tlemcen-la-Neuve ». « Ce futen l'an 702, dit Ibn-Khaldoun, que le sultantit bâtir l'enceinte de murs, et qu'il formaainsi une ville admirable, tant par sonétendue et sa nombreuse population que parl'activité de son commerce et la solidité deses fortications. Elle renfermait des bains,des caravansérails, ainsi qu'une mosquée oùl'on célébrait la prière du vendredi, et dont leminaret était d'une hauteur extraordinaire.Cette ville reçut de son fondateur le nom deEl-Mançoura. De jour en jour, elle vit saprospérité augmenter, ses marchés regorgerde denrées et de négociants venus de tous lespays. Aussi prit-elle bientôt le premier rangparmi les villes du Maghrib '. » — Pendant cetemps la ville investie souffrait de toutes leshorreurs de la famine. Nous ne nousétendrons pas sur les récits très détaillés quenous ont

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1. Cf., sur toute celte partie de l'histoire deTlemcen. Histoire des Berbères, III. p. 1 il etsuiv.

13

laissés les auteurs arabes de cette périodedramatique de l'histoire tlemcenienne 1 . Ilsuffira de dire que, quatre ans plus tard,Tlemcen, à la dernière extrémité, ayantperdu nombre de ses défenseurs, allaitsuccomber, lorsque le poignard d'un assassinla sauva. Abou-Yaqonb fut tué à Man-sourahpar un de ses esclaves. Son petit-fils Abou-Tsàbit Omar, impatient de s'assurer lapossession du trône qui lui était contestée,se hâta de lever le siège et île regagner Fâs 2 .Avant de partir, il conclut la paix avec lesultan abd-el-vvâdite Abou-Hammou; uneclause du traité réglait le sort de « Tlemcen-la-Neuve ». Suivant Yahya ben-Khaldoun,elle demeurait, aux portes île la capitale abd-

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el-wâdite, vassale des Mérinides; lessouverains de Tlemcen devaient la respecteret laisser s'y établir ceux qui le désireraient.Ce récit n'est pas en complet accord avec ceque dit Abd-er-Rahmàn ben-Khaldoun del'abandon de Mansourah par les Mérinides;cet auteur prétend que Abou-Tsàbit Omarchargea un de ses vizirs de présider àl'évacuation de la place, que les habitants laquittèrent successivement classe par classe,et qu'en se retirant le vizir laissa Mansourahcomplètement vide 3 .

Cette histoire de fondation de ville ;iremplacement d'un camp, si étrange qu'elleparaisse, n'est pas un fait isolé dans lesannales des peuples musulmans. Dès lespremiers âges de

1. On trouvera les principaux épisodes dusiège de Tlemcen parfaitement racontés ap.Brosselard, Revue africaine, juin 1859, p. 323

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et suiv. ; — aussi Tombeaux des Emirs Bkni-Zeiyân, p. 32, 33.

2. Une bataille entre Abou-Tsàbit Omar, etson concurrent Abou-Sàliui. faillit même êtrelivrée sous les murs de Mansourah. Le corpsd'Abou-Yaqoub aurait d'abord été enterré àMansourah, puis plus tard transporté àChella (Cf. Histuirc des Berbères, IV. p. 16aet suiv.).

3. Cf. Bardés, Tlemcen, ancienne capitale, p.2Sli : Histoire des Berbères, IV. p. 173.

EL-MANSOURAH l'Jo

l'Islam, Fostât ^le vieux Caire) n'aurait,suivant une tradition constante, pas eu uneautre origine. Tagràrt elle-même, l'ancêtre dela Tlemcen moderne, s'éleva à la place où lesAlmo-ravides, assiégeant Agadir, avaientdressé leurs tentes. Deux exemples fournispar l'histoire du Maghrib, au siècle même qui

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vit naître Mansourah, doivent toutparticulièrement être rappelés ici. En 720,Ibn-Ali El-Kordi, général d'Abou-Tâchfîn,faisant le siège de Bougie, choisit unemplacement nommé Soûq El-Khemis, yrassembla des ouvriers, les lit aider par sespropres soldats et, dans l'espace île quarantejours, acheva la construction d'une nouvelleville, qui reçut le nom de Teni-zezdekt. En733, le futur restaurateur de Mansourah,Abou'l-Hasen le Mérinide, investissantSidjilmessa, employa une foule d'ouvriers ilconstruire une ville sous les murs de la place! . Pour s'expliquer ces singulièresfondations, il faut considérer que, d'une part,la composition des armées maghri-bines, aumoyen âge, en rendait l'entreprise utile, que,de l'autre, la commodité des matériauxemployés en facilitait l'exécution. Une arméemérinide ou abd-el-wâdite peut en quelquesorte apparaître comme une réunion desmalas. Dans beaucoup de contingents, les

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combattants marchaient accompagnés deleurs familles. Une population demarchands, de fournisseurs divers venaitencore s'adjoindre à cette foule disparate; etdans un siège qui devait durer plusieursannées, l'on comprendra (pie la constructiond'abris fixes, à l'endroit où avait été dressé lecamp, apparaissait comme une nécessité depremier ordre 3 . Ces abris, véritablesgourbis de plâtre, de terre prise sur place etbattue

1. Cf. Histoire des Berbères, 111, p. 40o ; IV,p. 215.

en pisé, pouvaient couvrir, en des tempsextraordinairement courts, de vastes espaces,et leur groupement prenait l'aspect d'unevéritable ville improvisée. Au reste, ilsdisparaissaient plus rapidement encore.Temzezdekt, dont le nom a été cité plus haut,fut renversée en une heure par Abou-Yahya

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Abou-Bakr. Mansourah elle-même, aprèsl'évacuation d'Abou-Tsâbit Omar en 706, futsi sérieusement ruinée par les Abd-el-W'âdites que, sept ans après, le MérinideAbou-Said, revenant assiéger Tlemcen, n'yétablit pas tout d'abord son camp 1 . AryRenan a 1res bien vu, selon nous, le caractèrede la Mansourah primitive, et l'a justementcomparée à la première Cairouan : «L'assiégeant eut tout juste le loisir de bâtirl'admirable périmètre de murailles qui existeencore, d'y élever une mosquée et quelquespalais. Le reste de l'espace dut être occupépar un vaste camp, des marchés en plein air,des tentes, des abris légers, qui étaient d'uneconstruction rapide et dont la destructionavait lieu en un jour 2 . » Selon toutevraisemblance, les choses durent bien sepasser ainsi ; mais l'imagination populaire nese contenta pas de cette réalité trop modeste,et fit de Mansourah une cité merveilleusesortie en une nuit de terre sur le geste d'un

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sultan orgueilleux 3 . A notre avis, Ibn-Khal-doun lui-même, dans sa brillante descriptionde Tlemcen-la-Neuve, que nous avonsdonnée plus haut, s'est laissé fortement

le Mérinide commença à construire deslogements pour ses troupes (Histoire desBerbères, III, 37.'i).

1. 11 l'établit au melab (hippodrome), situébeaucoup plus prés de la ville, bon loin, selonles renseignements fournis par les textes, del'endroit où s'élève aujourd'hui la qoubba deBaba-Safir.

2. Cf. Gazelle des Beaux-Arts, 1091, 1, p. 371.

3. Elle attribua au Mérinide le surnom de «sultan noir », donna aux chevaux de sonarmée des fers d'or, cloués de clous d'argent.Cette légende du « sultan unir» a été étudiéed'une façon complète par Basset, ap.Nedromah et les Traras, p. 204 à 212.

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influencer par cette conception populaire.Nous ne croyons pas que Abou-Yaqoub, lejour où il fit battre et mettre en place lepremier bloc de pisé pour son palaisd'hivernage de Mansourah, eut le desseinarrêté de construire une ville nouvelle. Lerécit des historiens permet de distinguerplusieurs phases dans le développement, sirapide qu'il fut, de la cité mérinide. Jusqu'en702, elle n'est qu'un camp, « le campvictorieux », avec une mosquée et quelquesédifices importants destinés à abriter lesultan et les chefs mérinides contre lesrigueurs de l'hiver tlemcenien. A cetteépoque, par la construction d'un murd'enceinte considérable, elle devient une villeet prend le nom de « Tlemcen-la-Neuve ».Cet accroissement subit d'importance ducamp mérinide peut très bien être expliquépar une cause économique : Tlemcen, sièged'un immense trafic, point de départ et

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d'arrivée de nombreuses caravanes, estsubitement fermée au négoce par un blocusétroit. Il est tout naturel que, pendant lesannées que dura le siège, Mansourah,heureusement, située, libre d'accès, se soitsubstituée, comme grand marché duMaghrib central, à la vieille capitale abd-el-wâdite ; et cette soudaine prospéritécommerciale, mise à profit par un monarqueambitieux, transforme le camp de la veille enune véritable cité.

La mosquée, dont le minaret ruiné domine laroute de Maghnia, le périmètre des muraillesnous offrent-ils des monuments de laMansourah primitive? Malgré l'affirmationcatégorique des historiens, le fait demeureau moins douteux. Tout d'abord, nous savonsque l'enceinte démantelée par les Abd-el-Wàdites fut réparée trente ans plus tard,pendant ou après le second siège de Tlemcenpar Abou'l-Hasen. Quelle fut, au juste,

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l'importance du démantèlement et, par suite,de la restauration? On ne sau-

rait guère le dire. D'autre pari, il estremarquable qu'une inscription gravée sur lecadre de pierre du portail du minaret, si elleattribue la fondation de la mosquée à Abou-Yaqoub, qualifie ce monarque de « défunt ' »; et, par là même, elle montre que la partie del'édifice qui la porte fut, sinon construite, dumoins sérieusement retravaillée à uneépoque postérieure. Cette époque ne peutêtre que celle d'Abou'l-Hasen, le conquérantde Tlemcen. Le fait que, dans sa courteexistence, Mansourah a été le camp de deuxprinces appartenant à la même dynastie,qu'elle les a vus travailler tous deux à sesédifices, a provoqué une confusion fortexplicable dans les récits de ceux qui ontretracé son curieux développement 2 ; et, iln'est en somme pas facile de démêler, danscet ensemble de ruines, ce qui appartient à la

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fondation d'Abou-Yaqoub ou à larestauration d'Abou'l-Hasen. Nous arrivonsmaintenant à la deuxième période del'histoire de Mansourah.

D'après les conventions passées entre Abou-Tsâbit Omar, et l'Abd-el-wâdite Abou-Hammou, Mansourah devait être respectéeaprès le départ des Mérinides. Cette clausedu traité ne dut être observée que pendantquelques années. Aussitôt que la bonneharmonie se rompit de nouveau entre lessultans de Tlemcen et ceux de Fâs,Mansourah fut systématiquement démoliepar les premiers' 1 ; les ouvrages defortification, qui pouvaient fournir un pointd'appui redoutable à l'assaillant, au cas d'unnouveau siège de Tlemcen, durentparticulièrement

1. Cf. Brosselard, les Inscriptions arabes deTlemcen. ap Revue africaine.

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juin 1859, p. :;:!;;, 336.

2. C'est ainsi que Shaw en attribue laconstruction première à Abou'l-Hasen(traduction Mac Carthy, p. 244 ; — Cf. ladiscussion de Barges, qui relève l'erreur decet auteur op. Tlemcen. ancienne capitale, p.253).

3. Cf. Histoire des Berbères. IV, 173; —Histoire des Beni-Zeiyân, p. 38.

avoir à souffrir de la part dos monarquesabd-el-wâdites ; et de fait, lorsque, en 735,Abou'l-Hasen petit-fils d'Abou-Yaqouh vintrenouveler contre la capitale abd-el-wâditel'entreprise de son aïeul, son premier soinfut de relever ce qui avait été jeté à terre desconstructions de Mansourah 1 . C \monarque, entré en vainqueur à Tlemcen, en737, n'abandonna pas son camp pour sanouvelle conquête. Il fit de Mansourah la

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ville officielle, le siège du gouvernementmérinide sur le Maghrib central et revintpersonnellement s'y installer aussitôt aprèsla prise de la capitale abd-el-wâdite. Cesultan semble même avoir eu une viveprédilection pour la cité nouvelle fondée parson aïeul. Il y résida presquecontinuellement jusqu'à ces entreprisesmalheureuses en Ifriqiya, vers 748. A ceteffet, il s'y fit construire un palais, le palaisde la Victoire, avec de vastes dépendances,des jardins, des pièces d'eau. Le toui devaitformer une véritable qasbah, où un trésorconsidérable était amassé 2 . C'est à ce princequ'il faut vraisemblablement attribuer lacréation du quartier oriental de la ville, dontles restes offrent encore un ensemble assezimportant de ruines. D'autre part nous avonsdit qu'il retravailla, selon toutevraisemblance, à la grande mosquée.

Les somptueux ouvrages d'onyx, dalles,

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colonnes, chapiteaux, bassins à ablutions,qui ont été retrouvés dans les ruines de cetédifice, datent bien plutôt de son époque quede celle d'Abou-Yaqoùb. Il fit de grandsefforts pour donner à Mansourah lecaractère d'une véritable cité et en mêmetemps

1. Tous les historiens arabes disentqu'Abou'l-Hasen bâtit Mansourah, ce quisemble indiquer une restauration complètede la ville Cf. Histoire des Berbères, IV, p.221 ; Histoire des Beni-Zeiyân, p. 53 ; —Complément, p. 71).

2. Cf. Histoire des Berbères, IV, 213, in fine:— sur le palais de la Victoire, Brosselard,Revue africaine, juin 18o9, p. 337, 338.

qu'il augmentait le nombre et l'importancede ses monuments, il se préoccupait d'yattirer une population fixe '. De fait, Man-

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sourah est parfaitement qualifiée de ville,dans des textes de son époque'-. Oncaractériserait assez bien le développementde Tlemcen-la-Neuve, dans sa très courteexistence, en disant qu'il fut spontané bienplus que voulu à l'époque d'Abou-Yaqoub, etessentiellement voulu à l'époque d'Abou'l-Hasen. Cette oeuvre quasi artificielle, trèspropre à flatter les goûts bâtisseurs dumonarque qui l'avait entreprise, ne pouvaitguère au reste lui survivre. Déjà lesuccesseur d'Abou'l-Hasen, Abou-Inàn Fâres,rappelé vers le Maghrib occidental par lesévénements politiques, abandonna larésidence de Tlemcen-la-Neuve. Le palais dela Victoire n'a plus d'Iiôte royal; peut-êtremême est-il, avant son complet achèvement,dépouillé de quelques-unes de ses colonnesau profit des nouvelles constructions d'Abou-Inàn (cf. in/'., p. 292 et ss.). La restaurationdes Beni-Zeivan devait consommer la ruinede Mansourah.

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Les descendants de Yarmorâsen, enremontant sur le trône, frappèrent la citémérinide d'un arrêt de mort.Systématiquement, ils ruinèrent cette villevoisine rivale do leur capitale, qui auraitperpétué le souvenir de l'abaissement de leurdynastie. Le démantèlement des murs, ladestruction du palais de la Victoire,probablement aussi de la mosquée, fut enprincipe

i. «Le chikh Sidi Lahsen racontait que samère, d'origine masmoudienne, était venues'établir dans la région de Tlemcen, à la suitedu sultan Abou'l-Hasen. Elle habitait la villeque ce sultan avait, lait construire pendant lesiège, cl qui portait le nom de Mansourah ; lechikh ajoutait que, lorsqu'il se promenait,enfant, avec sa mère dans les ruines deMansourah.elle lui disait : «C'est ici, monfils, qu'était située la maison où nousdemeurions à l'époque où celle ville était

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encore habitée. » (Cf. Boslân, notremanuscrit, p. 170; — Complément del'Histoire des Beni-Zeiyân, p. 322.)

2. Par exemple, dans le habous de Sidi Bou-Médine (Cf. Brosselard, les Inscriptionsarabes de Tlemcen. àp. Revue africaine, août1859, p. 415).

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l'œuvre de la main des hommes. Le temps nefit que l'achever en amenant les restes deTlemcen-la-Neuve au point de dégradationoù nous les voyons aujourd'hui. La charruefutpasséesur

son sol. Dès l'époque de Tenesi, elle étaitredevenue, sur une grande partie de sasuperficie, à l'état de champs cultivés 1 . Enoutre, Mansourah fut exploitée, aux âgespostérieurs, comme une véritable carrière demarbre taillé. La qoubba de Sîdi Bou-Médine,

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la mosquée du Méchouar, la GrandeMusquée, probablement aussi la qoubba deSidi Brâhîm reçurent leur part des dalles, descolonnes, des chapiteaux d'onyx de lamusquée de Mansourah, et du palais de laVictoire. Il n'est pas jusqu'à l'églisecatholique qui, de nos jours, ne se soitenrichie des dépouilles de la cité mérinide :la cuve des fonts baptismaux a été tailléedans un bloc d'onyx vert provenant dutemple musulman fondé par Abou-Yaqoub.

t. — EXCEINTE DE MANSODKAH. —RUINES DE LA QASBAH

L'enceinte. — Une muraille de pisé entouraitMansourah 2 . Elle avait l m ,50 d'épaisseur àsa base et se rétrécissait au sommet pourformer, à l'intérieur de la ville, un chemin deronde continu. Des créneaux lasurmontaient. Comme l'enceinte deTlemcen, elle était flanquée sur tout son

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pourtour, l'après

1. Cf. Histoire des lieni-Zeii/iin. p. 53;Complément de l'Histoire des Beni-Zeiynn,p. 35.

2. On trouvera des descriptions deMansourah rip. Barges. Tlemcen capitule, p.249 etsuiv. ; —Brosselard, les Inscriptionsarabes de Tlemcen [Revue africaine, juinIS.'5'.I. ; — de Lorral. Tle • Tour du Monde,1875 . p. 301 et suiv. — Notre vuepanoramique est prise de la route de Sebdou.On distingue au second plan à droite lesmaisons du village français, à gauche la facepostérieure du minaret.

•202 LES MONUMENTS ARABES DETLEMCKN

la coutume byzantine, d'environ quatre-vingts tours carrées ou barlongues, ayant surla courtine un assez faible commandement.

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L'espace compris entre ces tours flanquantesétait assez variable. Comme la déclivité duterrain était très sensible, des rampes,réunissant les tronçons du chemin de ronde,rachetaient les différences de niveau '.

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Fig. 36. — Construction d'une tour deflanquement.

11 n'y a pas trace de mur avancé; il estdifficile de croire à l'existence d'un fosséfaisant le tour de la ville;

1. Comp. une restauration de la citadellebyzantine de Haïdra, ap. Cagnat etSaladin,Voyage en Tunisie (Tour du Monde, 1886, II,p. 229.)

seule la face orientale semble utiliser unescarpement naturel. Sur cette même face,qui regarde Tlemcen, nous avons noté unarrière-mur très épais suivant l'enceinteprincipale, à quelques mètres seulement enarrière, et s'en rapprochant parfois. Peut-êtreest-ce là un vestige d'un mur primitif, raséaprès la première disparition des Mérinides.

Les tours barlongues, qui étaient les plusnombreuses, étaient accolées à l'extérieur du

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mur. Elles avaient 7 mètres de façade et 3 m,75 de côté. Un certain nombre d'entre ellesprésentent la trace des dispositionsintérieures suivantes [fig. 36). Un murmédian, perpendiculaire à la courtine,s'élevant ;i une hauteur variable, porte deuxvoûtes en berceau qui recouvrent ainsi deuxpetites salles sensiblement carrées. Ceprocédé, en usage dans les bâtiments civilsromains et auquel on a donné le nom deconstruction cellulaire, avait pour but, moinsd'aménager deux salles de rez-de-chaussée,que d'assurer la solidité des tours et d'établirun étage supérieur capable de supporter lalourde charge des combattants et desmunitions. La plupart d'entre elles nelaissent pas supposer l'existence de porteinférieure donnant dans la ville. Le seulaccès possible de la plateforme était lechemin de ronde des courtines. Peut-être,dans certains cas, quelques marchesseulement permettaient-elles de monter de

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ce chemin de ronde à celui qui couronnait lestours. Parfois aussi les tours ayant uncommandement plus sensible sur lescourtines, et le premier étage étant établiseulement aux deux tiers de la tour, avait-onrecours à la disposition que la vieilleenceinte de Séville permet encore d'observer.Dans une des tours flanquantes de cetteenceinte, un escalier de quelques marches,s'élevant du chemin de ronde et suivi par lecrénelage, donne accès dans une salle voûtée

par une porte cintrée, percée à la gorge de latour (le mur y étant en briques et plus minceque le mur extérieur); un escalier accolé à laparoi intérieure monte de cette salle à laterrasse du sommet. Une dispositionanalogue se devine dans une tour del'enceinte d'Agadir. Telle pouvait être celle debon nombre de tours flanquantes deMansourab, (pie le chemin de ronde y tintlieu ou non de terrasse supérieure.

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Les tours carrées, de 7 mètres de côté et plushautes que les précédentes, sont en petitnombre. Ce sont les tours placées aux anglesdes murs : elles sont alors pénétrées par euxet présentent intérieurement les traces d'unesalle basse voûtée et parfois d'un escalierintérieur (tour E), établissant unecommunication entre le chemin de ronde etl'intérieur de la place.

Ce sont aussi quatre tours rapprochées parpaires (deux se trouvent vers le milieu de laface Sud, deux vers le milieu de la faceNord). Elles nous semblent ainsi placéespour accoster deux des portes de la ville. Lestours H et B présentent à l'intérieur desdispositions identiques. Une porte bassesubsistant à l'angle dans la tour B, etdécoupée suivant un arc surbaissé, y donneaccès. Une rampe établie sur neuf portionsde voûtes en berceau permettait d'arriver auchemin de ronde. Cette rampe devait

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s'appuyer sur un noyau central, qui acomplètement disparu. Dans la tour C,d'extérieur semblable, nous n'avons puretrouver ces dispositions intérieures.Mansourab avait donc deux portes, une auNord et l'autre au Sud. Elle en avaitvraisemblablement deux autres à l'Est et àl'Ouest, aux endroits même oit passeactuellement la route de Tlemcen à Maghnia.Un pan de tour carrée subsiste h l'Ouest. Al'Est, les vestiges de deux mursperpendiculaires, intérieurs au murd'enceinte et dont l'un porte à son sommet

un départ de voûte en brique, semblentindiquer l'existence

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Fig. 37. — Plan de Mansourah.

d'une entrée monumentale. Elle étaitflanquée de deux corps

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de bâtiments rectangulaires protégeant unpassage de 14 mètres de long et d'une largeurdifficilement appréciable. A quelques mètresde cette entrée dans l'enceinte de la ville, ontrouve un pont en brique qui, datant desMérinides, précise le point où passait laroute. Ce pont, très bien construit, porte unparapet de pisé ; sa voûte n'a pas moins de 35mètres de longueur. Le carrefour, quis'étalait au dessus, était entièrement revêtud'un pavage horizontal portant sur un lit depisé extrêmement dur.

L'intérieur de la ville. — Si nous remontonsle cours du ruisseau qui y passe et qui,descendant des hauteurs de Lalla Setti, vacouper la muraille Sud au tiers oriental de salongueur, nous avons sur notre droite unchemin qui conduit non loin de la porte duSud. Ce chemin, qui fut longtemps la routede Sebdou, était muni d'un pavage irrégulierqui, encore visible sur une bonne partie de

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son parcours, rappelle assez exactementment celui qu'on observe dans les grandesvilles marocaines (Cf. PI. XI). Il a près de 5mètres de large; les pierres sont de nature,de forme et de dimensions très variables. Uncanal de pisé, peut-être primitivementrecouvert, le suit pendant un certain temps.Des pans de mur également en pisésubsistent, à gauche dominant la vallée duruisseau, à droite s'élevant dans les champsqui avoisinent le village actuel. Ils indiquentl'existence d'un quartier oriental assezcompact et assez peuplé. Il estmalheureusement difficile de préciser ladestination primitive des groupes de ruinesqu'on y trouve.

A quelque distance adroite, une maisontransformée en ferme présente une courintérieure ftanquée, sur trois faces, de salless'ouvrant chacune par deux arcs trapus sansélégance, mais solidement établis. Une

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conduite d'eau, datant probablement de

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A. Fontemoing. Editeur, Paris

Phototypie betthaud

CHEMIN PAVÉ A MANSOURAH

l'occupation mérinide, alimente encore uneciterne octogonale placée à l'extérieur desbâtiments, peut-être fontaine publique, peut-être entourée par le prolongement d'un murqu'on rencontre plus bas et destinée à l'usageexclusif des maîtres du logis.

Au Nord de ce bâtiment, à l'angle Sud-Est duvillage actuel, on rencontre un ensemble deruines couvrant environ un demi-hectare deterre. Des fouilles occasionnées par lestravaux agricoles et quelques recherchesentreprises par Brosselard, ont permis d'endéterminer sinon le plan, du moins ladestination primitive. — Là s'élevait le palaisde la Victoire, qu'Abou'I-Hasen Ali fitconstruire en l'an 745, huit ans après la prise

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de Tlemcen ! .

Ainsi que la plupart des Qasbahs d'Espagneet du Maghrib, la Qasbah des sultansmérinides, à la fois résidence royale etcitadelle, était placée sur une éminencenaturelle, que des terrassements avaientvraisemblablement surélevée et taillée à picdu côté du Nord. Une tour en ruiness'avançant sur l'escarpement parait endéfendre les abords.

Deux bassins rectangulaires devaient enorner les cours. Le premier, près del'escarpement septentrional, a été en partiecomblé, et il est difficile d'en connaître lasuperficie. Le second, situé au Sud-Ouest dupremier, mais dans une direction parallèle,avait environ 9 mètres de large sur '.35mètres de long. La surface creusée était doncsensiblement égale à celle de l'Alberca deGrenade. Des tuyaux de poterie

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l'alimentaient. Le fond en était revêtu decarreaux de faïence, que fit enlever, il y a unedizaine d'années, le propriétaire actuel duterrain.

1. Cf. Brosselard, les Inscriptions arabes deTlemcen, ap. Hevue africaine, juin 185a.

Sur sa face orientale cette piscine était sansdoute bordée par une galerie couverte; neufintailles destinées à recevoir des colonnes s'yremarquent encore et des fûts d'onyx ont étéretrouvés non loin de là. Un mur de pisécourt à quelque distance au Sud. Il secontinue vers l'Est par un quadrilatère, sallehypostyle ou patio, dont tout un côté adisparu et qui est placé dans l'axe même dupremier bassin. Le mur Sud, qui a 13 mètres,porte la trace de quatre chapiteaux engagés.Un escalier montait, croyons-nous, le long dela face Est, qui est, en outre, percée d'uneporte. Dans l'axe de cette salle et du premier

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bassin, on remarque encore plusieursespaces enclos de pisé. Une suite demurailles courant du Sud au Nord sembleformer la limite orientale de cet ensemble deconstructions.

C'est dans ces ruines que fut découvert lechapiteau du musée de la ville qui, semblableà un des chapiteaux de la Qoubba de SidiBou-Médine, porte comme lui l'inscriptionsuivante: « Louange à Dieu, maître del'univers ! La vie à venir est à ceux qui lecraignent. — La construction de celledemeure fortunée, palais de la Victoire, a étéordonnée par le serviteur de Dieu, Ali, émirdes Musulmans, fils de notre maître l'émirdes Musulmans Abou-Said, fils de Yaqoub,fils d'Abd-el-Haqq. Elle a élé achevée enl'année sept cent quarante-cinq (745). Dieunous fasse connaître ce que cette annéerenferme de bien ! . »

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Il est presque impossible de coordonner avecquelque certitude ces renseignements,fournis par l'examen direct des lieux ; d'autrepart, des fouilles méthodiques semblent bientardives.

1. Cf. Brosselard, Hevue africaine, juin 1859,p. 3:i7.

Nous l'avons vu, le défrichement du sol de laville mérinide < ; t;iit commencé avantmême qu'un siècle fût passé sur lesmonuments qui avaient fait sa gloire 1 .Seules, quelques rues, quelques travauxd'irrigation toujours utilisables, quelquesmurs de palais plus malaisés à abattre, lamosquée enfin durent être respectés par lesnouveaux occupants. L'agglomération desdemeures particulières dut disparaître bienvite sans laisser nulle trace.

Le quartier sud-oriental est celui où les

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ruines sont les plus nombreuses et les plusimportantes : il y avait sans doute là unquartier officiel groupé autour du palaisroyal. En tenant compte des habitudesarabes, on peut même voir, dans ce terrainretranché derrière le lit du ruisseau,l'emplacement choisi par le sultan mérinidepour y dresser sa tente. Au Nord de la routede Tlemcen, aucune ruine n'a subsisté,hormis celles d'un canal solidementconstruit en pisé, quelques fragments demarbre ou de mosaïque s'y rencontrentencore sous la charrue et la pioche. On auraittort d'en conclure que cette région étaitdéserte ; elle fut peut-être spécialementréservée aux marchands et aux artisans quivinrent, à la suite dos armées conquérantes,s'établir dans Tiemcen-la-Neuve.

/>'. — Travaux d'investissement

A cette époque de l'histoire de Tlemcen, à la

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construction des remparts de Mansourah,camp retranché des armées méri-nides, serattache un des problèmes les plus difficilesà éclaircir de ces recherches archéologiques.Nous voulons parler dos

1. Conf. steprà, p. 200-201.

11

•21(1 LES MONUMENTS ARABES DETLEMCEN

travaux d'investissement : postes avancés,fossés et murs de contrevallation, grâceauxquels les sultans marocains [jurent, àplusieurs reprises, isoler la capitale abd-el-wâdite, et venir ;i bout de ses défenseurs.Alors que les textes sont unanimes à relaterleur existence, que certains mêmes nousrenseignent avec précision sur lesdispositions adoptées et les services qu'on enattendait, il est curieux de constater que

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l'examen direct des lieux n'en révèle aucunetrace et que, de toutes les constructionsstratégiques qui entourent Tlemcen, ileux outrois seulement peuvent raisonnablementêtre attribués aux assiégeants.

Les travaux d'investissement devaientformer, pour les Byzantins et pour lesArabes, une des parties essentielles de lapolyorcétique. A Tlemcen, il semble bienque, dès le premier blocus, les sultansmérinides y aient eu recours. Ibn-Khaldounleur assigne un double but. Le premier estd'isoler la ville du monde extérieur etd'empêcher les tribus alliées ou sujettes i\'\l'aire parvenir les ravitaillements et lesrenforts. Le second n'apparaît que plus tard,lors du troisième siège dont Abou'l-Hasenvoulait précipiter l'issue. C'est d'opposer surtout le périmètre aux défenseurs desmurailles des adversaires à poste lixe qui lesoccupent et les retiennent, en même temps

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qu'ils couvrent sur un point précis uneattaque plus vive tentée par des troupesmobiles.

Dès le mois de Chabân de l'année 698(1299), Abou-Yaqoub entoure la ville d'unmur de contrevallation, bordé en dedans d'unfossé très profond. 11 établi! des corps degarde aux portes et aux autres ouvertures decette enceinte 1 .

Il va sans dire que l'un des premiers soinsdes tlemceniens après la disparition destroupes inérinides dut être de fairedisparaître ces ouvrages menaçants. Il estdouteux, nous l'avons vu, qu'ils aient remplià l'égard de Mansourah les clauses du traitéqui les forçaient à la conserver. Semblableengagement ne les liait pas vis-à-vis desconstructions stratégiques de leurs ennemis;il est donc plus douteux encore qu'ils lesaient laissé subsister, alors qu'ils réparaient

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leurs propres murailles et raffermissaient àl'extérieur leur puissance morale par descampagnes fructueuses et des alliances.

Vingt-huit ans après, Abou'l-Hasen dutvraisemblablement recommencer denouveaux ouvrages. Ibn-Khaldoun nousdonne à diverses reprises desrenseignements certains surleursdispositions et leur but. Non seulement ilnous dit que Tlemceri, fut entouré d'unecirconvallation et d'un fossé profond, « desorte qu'un esprit même aurait eudclapeineay entrer», non seulement il ajoutequ'Abou'l-Hasen en faisait lui-même le tourchaque matin pour réparer les brèches etsurveiller les postes, mais encore il préciseque ce mur d'enceinte abritait des catapulteset autres machines de guerre, qu'il était enavant flanqué détours, dont chacune avait enface d'elle une tour de la ville. » Du haut deces édifices, nous dit-il, les archers inérinides

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lancèrent des traits sur les archers abd-el-wâdites et les obligèrent à s'occuperuniquement de leur propre sûreté, pendantque les assiégeants bâtissaient d'autres toursplus rapprochées de la ville et assez élevéespour en dominer les remparts. De cettemanière ils poussèrent en avant jusqu'à ceque leurs dernièies tours couronnèrent lacontrescarpe de la place. Les coml at-tants setrouvèrent enfin tellement rapprochés qu'ilspurent se battre du haut de leurs tours kcoups d'épée. On fit alors

avancer des catapultes, et on les tira sur laville avec un effet prodigieux 1 ».

Nous ne rechercherons pas ici les difficultéspresque insurmontables que présentait, surbeaucoup de points du périmètre, lamanœuvre si soigneusement décrite parcepassage de l'historien. Ces tours de la ville,que « dominaient » les tours assiégeantes,

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faisaient sans doute partie de l'avant-mur quirègne au bas des escarpements, ou en suitintérieurement la crête. Ces derniers travaux,forcément hâtifs, durent être d'ailleurs lespremiers à disparaître, lors de la restaurationzeiyànide. -Quant au grand mur muni deportes et de fossés qui enveloppait la villedans un cercle plus large, il dut subir lemême sort. Jamais, en tout cas, nous n'avonscru pouvoir le reconnaître dans une desdoubles ou triples enceintes dont lestronçons subsistent encore. Non seulement,en effet, ces enceintes dominent un fossé ouun vallonnement naturel extérieur à la ville,mais encore toutes les tours qui lesflanquent regardent la campagne, et lechemin de ronde, lorsqu'il subsiste, suitintérieurement le crénelage.

Les seuls ouvrages militaires qui se puissentattribuer aux assiégeants sont, ou de rarestours isolées dans la campagne, qui purent

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devenir par la suite pour les assiégés despostes avancés utiles, ou des travaux ayantpour but moins l'investissement de Tlemcenque la défense et l'embellissement de Man-sourah, et que leur éloignement rendait peudangereux.

Au nombre des premiers, il faut peut-êtresignaler quelques tours en avant d'Agadir,une tour dans la plaine au Nord de Tlemcen,non loin du chemin d'Ain el-Hout, entin etsurtout

1. Histoire des Berbère*. IV, p. 221, 222; cf.Complément de l'Histoire des Beni-Zeiyân, p.71.

ileux tours cariées dominant la ville au Suitsur un massif rocheux taillé à pic; l'une, qui a4 m ,50 de côté, est élevée au bord duplateau; l'autre, qui a 5 mètres, est placée unpeu en arrière 1 . La position stratégique

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qu'elles occupent était une des plusmenaçantes pour les assiégés. Ce plateau,l'endroit appelé Es-Sakhratein et les pentesde Lalla-Setti, devaient être des postes dechoix pour l'établissement des arméesennemies. C'était là qu'Abd-el-Moumin avaitétabli son camp; avec les guerres mérinides,la banlieue Sud-Ouest de la ville dut secouvrir d'ouvrages militaires de toutessortes.

C'est aussi dans cette région que se plaçaientdeux enclos dont les auteurs arabes ontconservé le souvenir et que, pour mémoire,nous mentionnerons ici. Nous voulons parlerdu Moçalla et du Mel'ab.

Le Mêlait, hippodrome, était situé au bas dela côte qui descend de Lalla-Setti, à peu prèsà mi-chemin de Tlemcen et de Mansourah.Une pièce de vers du poète Mohammed Ben-Yousef-el-Qaïsi l'Andalou indique clairement

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cette position. « En montant sur la hauteurvoisine. d'El-Fouwara, tu apercevras à tespieds la noble Tlemcen. Lorsque, dans lasoirée, le soleil s'incline vers l'Occident,descends lentement vers le Moçalla. Passe enrevue du regard les nombreux cavaliers quisillonnent le vaste hippodrome, car, chaqueaprès-dinée, des bandes de chevaux courentsur cette large esplanade 2 . »

C'est là qu'Abou-Sakl établit son camplorsqu'il vint mettre

1. Ce sont bordj El-Menâr et bordj Ez-Zûwiya(Cf. Brosselard, Revue africaine, juin 1859, p.339).

2. Cf. Complément de l'Histoire des Beni-Zeiyân, p. oo0-5al ; nous avons modifié latraduction de Barges d'après le manuscrit dela Baghyat er-Rouvcùd de la Médersa deTlemcen.

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le siège devant Tlemcen, en 71 i '. Ces!également à la Qoub-bat el-Mel'ab qu'Abou-Inân s'avança à la tête d'un cortège splendidepour faire reconnaître au peuple sasuzeraineté 2 .

Le Moçalla était plus rapproché de la villenouvelle. Des ruines importantes en sontparvenues jusqu'à nous. C'est unquadrilatère de murs assez élevés, percés deportes. Il y en a deux à l'Est, deux à l'Ouest.Au Nord, l'enceinte a dû être entamée par uneffondrement du terrain. Il était égalementmuni de deux portes. Ces portes, très enruines, indiquent la trace d'une lionnedécoration de briques et de mosaïque à émailvert. Au Sud, dans l'axe du monument, estbâtie une habitation moderne qui interromptle mur. Elle marque probablement la placed'une arcade ou d'une abside quelconqueindiquant la qibla, l'orientation étant lamême que celle de la grande mosquée de

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Mansourah. Les moçalla sont, en effet, desoratoires découverts à quelque distance desgrandes agglomérations, et où lesMusulmans, aux deux fêtes principales del'année, se réunissent pour prier 3 . Ces lieuxde prière semblent construits de préférencedans les endroits élevés. Tunis avait un vieuxmoçalla d'où l'on découvrait la plaine deSidjoun 4 .

Directement au-dessous du Moçalla, àgauche de la route actuelle de Tlemcen àMaghnia, et à 500 mètres en avant del'enceinte de Mansourah, s'élève une belleporte en briques, haute de 9 mètres et ayant4 m ,50 d'ouverture. Les deux cintres

1. Cf. Histoire des Berbères, IV, p. 190.

2. Ibiil., p. 213.

3. Itrosselard (Revue africaine, juin 1S59, p.338) considère les ruines du Moçalla comme

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celle d'un ancien ouvrage militaire. Latradition et l'examen de l'édifice et de sonorientation indiquent nettement ladestination que nous lui attribuons ici.

4. Cf. Histoire i/es Berbères, IV. p. 2Î1.

qui l'encadrent sont réunis entre eux par unplafonnage formé de rondins. La courbe, enfer à cheval et légèrement brisée, est forméede deux arcs de cercles seulement, sansdéformation inférieure. Ces arcs, bienappareillés, reposent sur deux corbeaux enpierre. Les faces ne semblent pas avoircomporté d'autres ornements que lessimples défoncements produits par ladisposition des briques, qui entourentchaque cintre d'écoin-çons et de plates-bandes. Les parois en étaient d'ailleursrevêtues de plâtre, comme tous les mursd'enceinte, et le décor pouvait s'en compléterd'une double couronne de mer-Ions, ainsi

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qu'en porte l'arcade qui précède Sîdi'l-Halwi.

Quel pouvait être le but de ce petit édifice?Certains archéologues y ont vu un arc detriomphe élevé par les sultans meri-nides ;d'autres, l'une des portes du premier mur decircon-vallation dont Abou-Yaqoub enserrala ville abd-el-wâdite '. Le nom de Porte del'Armée (Bâb-el-Khemîs) 2 , qu'on lui donne,est assez peu explicite. Nous avons peine àcroire qu'elle fit partie des travauxd'investissement, car le mur qui en partait, etdont nous pouvons encore suivre la tracevers le Sud. après avoir été presque rejoindrele Moçalla, loin de se rapprocher de Tlemcen,fait un coude vers l'enceinte de Mansourah.Ce mur est simple, sans chemin de ronde nicréneau, et mesure à peine 5 mètres de haut.Ses proportions et son éloignement n'enfaisaient pas un engin bien redoutable pourla cité assiégée, ni bien sérieux pour lasécurité de la ville nouvelle. Comme travail

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d'attaque ou de défense, il répond mal ausoin artistique que semble indiquer la portequi l'interrompt. D'autre partj bi destinationpurement somptuaire qu'on a voulu assi-

I. Cf. Brosselard, loc. cit.,p. 338: — de I.orral.p. 307.

2 Cf. Dozy. Supplément aux dictionnairesarabes. 1, p. 404. 40Ù.

gner à cotte porte nous parait peuadmissible, et nous renonçons à résoudre,quant à présent, ce problème archéologique.

C. — Mosquée de Mansourah

Des fouilles pratiquées à différentes reprisesdans l'enceinte de la mosquée amenèrent ladécouverte de grandes colonnes cylindriquesd'onyx, de chapiteaux sculptés d'un très beaustyle, de larges vasques ii ablutions ; ellespermirent en même temps de déterminer

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assez exactement quel aurait été le planprimitif.

Une galerie simple longeant le mur de façadeet deux galeries à trois nefs flanquaient lacour intérieure, qui formait un carré parfait.Les arcades qui entouraient la cour étaientportées par des pieds droits, celles quidivisaient les nefs latérales, par descolonnes. Treize nefs divisaient la salle deprière ; huit rangées de colonnes parallèlesau mur du mihrâb la coupaienttransversalement. Une coupole précédait lemihrâb, et deux petites portes, placées l'uneà sa droite, l'autre à sa gauche, donnaientaccès dans une salle des morts 1 . Deuxportes plus larges, flanquant le mihrâb,faisaient communiquer le fond de lamosquée avec l'extérieur. Quatre portessemblables s'ouvraient dans chacun desmurs latéraux, enfin doux autres setrouvaient sur la façade, à droite et à gauche

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du minaret. Ces portes, dont il reste peu dechose, étaient, au dire de l'abbé Barges,toutes construites en pierre de (aille et

1. Dans notre photographie, le grand mur depisé indique le quadrilatère de la salle desmorts, enveloppant en son centre un petitmur de brique qui dessine le mihrâb.

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solidement cimentées. Un petit canal faitencore extérieurement le tour de lamosquée, à quelques mètres des murs 1 .

Le plan, comme on le voit, n'est pas sansanalogie avec ceux de la première mosquéede Cordotie et delà Grande Mosquée deTlenicen. La principale originalité de ce plan,

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c'est la position médiane du minaret, quiporte à sa base l'entrée principale de lamosquée. Ce minaret est en moellon siliceuxde grand appareil. La moitié intérieure s'estécroulée, l'autre subsiste, soutenue par descontreforts h redans construits parl'administration française 2 .

Quatre systèmes de décoration sesuperposent ici, comme sur la façade d'unecathédrale. Au lias, s'ouvre la portemonumentale. L'encadrement en est forméde quatre défoncements successifs : lepremier inscrit l'ensemble de la compositiondans un rectangle large de 8 mètres. Il estgarni d'une bordure qui porte en caractèresandalous l'inscription dédicatoire, et de deuxécoinçons chargés d'arabesques, et ornés enleur centre d'une coquille en relief. Ledeuxième et le troisième sont deux arcsdentelés. Le quatrième est une restaurationmoderne : c'est un arc sans dentelures don!

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la retombée s'appuie sur deux colonnesd'onyx. Ce portail, qui fait une base splendideà la décoration du minaret, évoque par sesriches arceaux concentriques le souvenir desportails romans et de leurs voussures.(Notons que les deux arceaux subsistantssont en plein cintre, et que la forme du fer àcheval n'y est pas sensible, ce qui augmenteencore l'analogie 3 ).

1. Cette description est faite d'après le planrelevé par Lefebvre. architecte (Collectiondes Monuments historiques); Barges décritaussi les ruines delà mosquée de Mansourahap. Tlemcen, ancienne capitale, p. 253, 254.

2. Ces travaux furent exécutés, en 1877, surla proposition de Dnthoit.

3. Il nous semble qu'une très grande analogieexiste entre la composition

•21S LES MONUMENTS ARABES DE

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TLEMCEN

L'étage qui vient au dessus est garni dansfoute sa longueur d'un merveilleux balconétabli sur des stalactites malheureusementprivées des colonnettes engagées qui lessupportaient, et d'une arcade découpée enfestons. Ceci est encore une particularité dumonument mérinide. Dans les exemplesd'ailleurs rares de minarets, que nous aientlaissé l'art arabe occidental de cette époqueet des époques antérieures, le balcon surpendentifs n'existe pas : les fenêtres de laGiralda ne portent point de balcon decréation musulmane, la Kotoubîya deMarrakech présente au même étage unefausse arcade festonnée sans balcon. Pour enretrouver les origines, il faut examiner lesminarets circulaires ou octogonaux d'Egypte,tels que ceux de la mosquée El-Beibarsiva oude la mosquée El-Azhar.

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Ce balcon était, à Mansourah, remplacé surles autres faces de la tour par deuxdéfoncements étroits ornés de fenêtres àarcades lobées surmontées d'un panneauréticulé : motif dont on retrouve à la mêmeplace l'analogue dans la Giralda.

Plus haut, la décoration se continue par ungrand panneau réticulé reposant sur deuxarcades ogivales non outrepassées, rappelantceux de la Giralda (dans le minaret espagnol,il y a deux panneaux semblables l'un au-dessus de l'autre). Une division médianereposant sur un petit arc de décharge part dubas et s'arrête aux trois quarts de ce panneau; elle est percée de fenêtres étroites.

de ce portail et celle d'une porte de la qasbahde Marrakech donnée par La Martinière dansla Grande Encyclopédie (article Maroc), maisla reproduction en est malheureusementtrop réduite pour que nous puissions rien

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affirmer à cet égard. — M. Ed. Doutté al'obligeance de nous communiquer unephotographie de l'entrée principale de laqasbah de Marrakech. Son examen précisepour nous l'analogie de composition et destyle qui existe entre ce beau portail, celui dela mosquée de Mansourah et la Puerta delVino.

feL-MANSOURAH

210

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Fig. 38. — Fragment du balcon du Minaret.Vue de face des stalactites et profil des

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consoles des extrémités.

L'étage supérieur est formé, comme au vieuxminaret de la musquée de Cordoue 1 , à laGiralda, à la Kotoubiya et en général ii tousles minarets occidentaux, d'une faussegalerie dont les arcs brisés et les finescolonnettes rappellent les arcaturesgothiques qui décorent la façade descathédrales.

La couronne de la tour est tombée. Il n'estrien resté des créneaux de la plate-forme etde l'édifice terminal que surmontait, suivantla tradition, des boules d'or pesant 700dinars. Cependant, telle qu'elle nous estparvenue, cette grande ruine. qui mesureencore 40 mètres de liant, nous apparaîtcomme un des plus magnifiques spécimensde l'art musulman.

L'aspect imposant de ses proportions, la

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claire ordonnance de ses masses décoratives,un parti pris robuste et libre dans la facturede ses détails, tout contribue à donner à cemonument une place à part dans la série desœuvres de l'art magh-ribin. La belle pierrerose de grand appareil dont il est bâtiexcluait d'ailleurs toute mièvreried'exécution. Il semble même (pie l'emploi decette matière ait fait sortir les artistes arabesde leur habituelle timidité, et l'on estpresque tenté, en voyant le minaret deMansourah, de rejeter sur la pauvreté desmatériaux qu'ils employèrent le plussouvent, le reproche que nous leur faisionsau début de cette étude, de ne point avoirconçu l'aspect monumental et la vraiegrandeur d'ensemble.

Nous avons indiqué, en en décrivantl'ordonnance, les analogies qu'il présentaitavec ses deux ancêtres du Maroc etd'Andalousie. La proportion générale en est

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sensiblement la même, la silhouette en al'habituelle rectitude des monuments arabesd'Occident, tout l'intérêt étant concentré surle décor

1. Morales. Antigûedades de Espana,Cordoba, p. 54.

PI.}

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A I -'nntemoin

MINARET DE MANSOURAH

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A. lontcinoiny, Editeur, Paris

PI)otot\ fie Berthaud

PORTAIL DE LA MO£ _jUÉE DE MA RAH

des surfaces; celui-ci nous semble d'unecomposition plus variée et plus originale.Aux réseaux, aux arcatures, aux fenêtres quiforment l'ornement classique des minaretsviennent s'ajouter le portail et le grandbalcon qui joue ici le rôle d'auvent abritantune entrée principale. L'arabesque quienrichit cette base est traitée de façon touteautre que les ornements du haut. Elle estheureusement proportionnée à l'emploiqu'elle remplit et à la distance de vision duspectateur.

Le décor floral, de même que le décorépigraphique qui raccompagne se découpe,méplat, sur un faible défoncement. La

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couleur et le grain de la pierre, la facture,l'élément même des arabesques, rappellenttrès exactement la Puerta del Yino deGrenade, qui est sensiblementcontemporaine de notre monument.

Cet aspect a d'ailleurs été bien défiguré par letemps; les quatre faces de la tour étaient, aumoment de leur splendeur, incrustéesd'émaux dont il ne subsiste que quelquesfragments. Réservant les reliefs de la pierrerose pour garnir les grandes surfaces,l'artiste arabe s'en était servi pour enchâsserdans les bordures des plaques de faïencedécoupées qui rétablissaient le plan primitif.Il réalisait ainsi, sur une grande étendue, untravail analogue à celui de l'orfèvre françaisdu xn" siècle exécutant un émail champlevé,la pierre jouant sur le minaret le rôle ducuivre dans la plaque d'email. Les quel,piesmorceaux qui en restent dans les réseauxlatéraux et dans les cintres du portail portent

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un ton vert et un brun de manganèse trèsprofond qui prend, sous certains aspects, debeaux reflets bleuâtres.

Nous étudierons a Sidi'l-Hahvi deschapiteaux semblables à ceux qui décoraientles nefs de la mosquée (Cf. infrà, p. 294 .

Les encorbellements du balcon sont divisésen sept groupes retombant sur descoloimettes engagées. Les superpositions decinq étages de coupolettes y alternent avecdes superpositions de quatre. Desblochets,réunis entre eux et aux deux consoles desextrémités, devaient supporter une plate-forme de bois.

L'élément floral des sculptures méplates seréduit uniquement à la palme longue et lisse,généralement divisée en deux. Le motif enrelief qui marque le centre des écoinçonsrappelle beaucoup la j almette romaine ;

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nous croyons cependant y voir, ainsi quedans les coupolettes côtelées quiinterviennent dans les stalactites du balcon,une déformation de la coquille telle qu'ellese présente à Cordoue ou à Sidi Bel-Hassende Tlemcen.

Le décor coufique, dont on trouvera ici unfragment [fig. Ils . présente, avec unentrelacs diagonal analogue à celui de lîel-Hassen, la forme du cintre dentelé que l'ontrouve déjà dans la même mosquée et dontnous étudierons à Sidi Bou-Médine de 1resingénieuses applications 1 .

L'escalier intérieur de pente très doucetournait autour d'un noyau creux reposantsur le portail; partie de cet escalier étaitencore debout il y a trente ans ; on n'avaitdonc pas fait usage du plan incliné qui seretrouve dans les grands minarets duMaghrib, la Kotoubiya de Marrakech et la

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Giralda de Séville.

1. Barges {Tlemcen, ancienne capitale, p.253) dit <|ue l'inscription coufique duportail reproduit la profession de fuimusulmane; la seule inscription coufiqueque nous connaissions à la lourdeMansourah est. plusieurs fois répétée, celleque nous donnons ici. Nous la lisons: «El-hamdou lillâh», <• Louange à Dieu ».

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SIDI BOU-MËDINE

A. — Le bodrg d'El-Eubbâd

Le petit bourg d'El-Eubbâd, situé sur leversant Nord de la montagne du Mefroûch, àenviron 2 kilomètres Sud-Ouest de Tlemcen,est signalé par tous les textes comme uneintéressante annexe architecturale de cetteville. Il contient en effet trois ou quatremonuments fort importants 1 . 11 estgénéralement appelé par les EuropéensSidiBou-Médine, du nom de l'illustrepersonnage (Sidi Bou-Médyen) qui y estenterré et lui vaut sa gloire artistique; mêmeparmi les indigènes, l'appellation de SidiBou-Médyen tend aujourd'hui à prévaloir surcelle plus ancienne d'El-Eubbâd.

Dans les dialectes maghribins, « EL-Eubbâd» est le pluriel de « Abed », qui signifie «homme pieux ». Un ribât ou cloître

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musulman, situé non loin du village actuel,et mentionné par les textes ii une époquerelativement ancienne, aurait porté le nomde <• ribât El-Eubbàd 2 » (le cloître des genspieux), de là,

1. Dans notre vue d'ensemble, prise du boisd'oliviers que domine El-Kubbàd el-Fouqi,on distingue, resserrés dans un groupe, enavant les ruines du petit palais (D). plushaut, en allant de gauche à droite, la coupoledes latrines publiques F . le pavillon de tuilecouvrant la qoubba de Sidi Bou-Médyen I! .immédiatement au dessus, le portail et teminaret de la mosquée (C , ù droite, laMédersa E avec sa porte sombre el son cadredécoratif.

.'. i> m- le récit de la mort de Sidi Bou-Médyen, la rdbta d'EL-Eubbàd Cf.

par la suite, la dénomination abrégée d'El-

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Eubbàd, appliquée à cette partie de labanlieue tlemcenienne. Telle est l'éty-mologie généralement adoptée 1 du nomd'El-Eubbâd, et il faut reconnaitre qu'elle estassez satisfaisante. Cependant nous nedevons pas passer sous silence qu'au centredu village actuel une petite qoubba carrée estdésignée sous le nom de tombeau de Sîdi'l-Eubbâd. Elle est située sur un tertre,ombragée par un beau mûrier, et entourée detombes fort, anciennes, disparaissant dans lesol. Elle ne renferme aucune inscription, etnulle mention de Sîdi'l-Eubbâd ne serencontre à notre connaissance dans lestextes. Mais les gens de Sidi Bou-Médineracontent volontiers que Sîdi'l-Eubbâd est lepremier venu des « hommes de Dieu » dansleur pays si riche en saints à tous les âges,qu'il était avant Sidi Bou-Médyen, le maître(maoulâ) de la localité, et qu'il lui avaitdonné son nom. Nous enregistrons cettecroyance populaire, recueillie de la bouche

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même de vieux Eubbâdois à simple titre decuriosité. En fait, Sîdi'l-Eubbâd semble bienun de ces smicli ignoti, dont le Maghrib est laterre bénie, et qui portent des désignationsfort vagues rappelant simplement leursmérites religieux : « El-Abed », le pieux, >•El-Imâm » l'imâm, etc 2 . Correctement il

Barges, l'<> du célèbre Marabout t'it/i AbouMédien, \>. i>3 :— Brosselard, Revueafricaine, décembre 1859, p. 82 ; Bostân,notre manuscrit, p. 232); le fondateur de lasecte almohade, fit une retraite dans unoratoire (mesjid) situé en dehors île Tlemcenet qu'on appelle El Eubbâd (El-Marràkchi,p.131); c'est vraisemblablement du ribàt d'El-Eubbàd qu'il est question ici (Cf. Harpes,Tlemcen. ancienne capitale, )). 305-309).

1. Cf. Barges Tlemcen, ancienne capitale, y.312; — Brosselard ap, Bévue africaine, août1S59, p. 401). 11 faut rapprocher ici le nom

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d'El-Eubbàd porté par une localité de labanlieue de Fàs; Léon L'Africain la cite sousla forme Hubbed et eu dit : «et fui bâli parun hermite qui, parle populaire de Fez, étaitestimé saint » (Description de l'Afrique, II. p.192V

2. Cf. Basset, introduction de Nedromah clles Tracas: — Doutté, tes Marabouts, p. 53 etsuiv. ; — Goldziher, Moh. Studien, II, p, 353.

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devrait peut-être s'appeler SîdTl-Abbâd, «Monseigneur le Très Pieux ». Latransformation de son nom en celui de Sidi'l-Eubbàd serait alors due à un phénomèned'étymologie populaire, et inspiréeprécisément par le désir de faire de ce pieuxinconnu le patron éponvme de la localité.

Les textes du xm c siècle distinguent deuxquartiers d'El-Eubbâd, Eubbâd es-Sefli(inférieur) et Eubbâd el-Fouqi (supérieur) 1 .Le premier est aujourd'hui complètementruiné. L'emplacement, depuis plusieurssiècles déjà, en est occupé par un cimetière

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parsemé de qoubbas, de débris deconstructions 2 . On y remarque notammentune ruine isolée, qui se dresse sur le bord duchemin de Tlemcen à El-Eubbâd el-Fouqi.C'est un minaret découronné de son édificeterminal et même de l'arcature supérieure,qui devait précéder la plate-forme. Un seulréseau de briques orne chacune de ses faces;il est établi sur deux arcades et compose delambrequins à losanges extrêmementsimples, sans fleurons ni ornementsaccessoires. Quelques fragments de faïencevert clair indiquent la trace d'un tilet suivantintérieurement le cadre des panneaux. Unepetite porte s'ouvranl sur la face Sud etl'amorce d'un mur, montrent que la mosquéedont il faisait partie présentait unedisposition et une orientation semblable àcelle de la mosquée actuelle de Sidi Bou-Médine. Au xm c siècle, cette mosquée étaitencore debout, et entourée d'habitationsparticulières. La table de habous de la

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mosquée de Sidi Bou-

). Par exemple le h.ibous de la mosquée deSidi Bou-Médine [Revue africaine, loc. cit., p.414, 416 et 402.)

2. Noire photographie montre une desqoubbas de brique et les pierres funé" rairesqui peuplent maintenant Eubbâd es-Sefli: ausecond plan, à droile, le minaret qui en aconservé le nom. et les ruines de pisé quifaisaient sans doute partie de la mosquée.

15

Médine (745 de l'hégire) mentionne « douxmaisons sises au Nord delà mosquéed'Eubbâd es-Sefli J ». Nous croyons que cequartier inférieur, aujourd'hui disparu, fui lenoyau primitif de la localité d'El-Eubbâd. Ildevait former un village peu aggloméré,coupé de jardins, de vergers, assez semblableà ce que nous offrent aujourd'hui les petits

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villages arabes d'Ou-zidàn et d'Aïn-el-hout, ets'étendant sous cette forme jusqu'auxenvirons de la source d'Ain Wânzouta, situéeà moitié route à peu près de Tlemcen auvillage actuel d'Eubbâd el-Fouqi. Tout auprèsd'Ain Wânzouta, à gauche du chemin, lessubs-tructions d'une petite mosquée sontencore parfaitement visibles ; le mihrâb y esttrès reconnaissais. Quatre autres oratoiresd'Eubbâd es-Sefli peuvent encore êtreparfaitement déterminés. Dans l'enceinteruinée de l'un d'eux, s'élève la qoubba duchikh Senousi (Cf. infrà, p. 340); un autre,dent plusieurs arcades sont encore debout,est généralement désigné comme la qoubbade Sidi Bou-IshâqetTayyâr (Cf. infrà, p. 282).Un autre était la mosquée d'Eubbâd es-Seflidont le minaret, encore subsistant, a étésignalé plus haut. Les ruines du quatrième,enfin, sont situées non loin du tombeau deSidi Ali Ben-Meguîm, sur un chemin quidescend à gauche de Sidi Bou-Ishâq et-

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Tayyâr. Tous, hormis peut-être la mosquéed'Eubbâd es-Selli, avaient une mêmeorientation Est-Sud-Est. Quant ;il'emplacement du vieux ribât d'El-Eubbâd,nous n'avons pu le déterminer. Brosselardfait allusion à ses ruines 2 , mais n'indiquenullement où il les place. Des pans de murs,et même de tours, apparaissent au Sud-Ouest du village actuel, et tout près de lui, ausommet d'un plateau abrupt ; tout prèsencore

1. Cf. Hevue Africaine, loc. cit., p. 41 i, I. 15.

2. Hevue africaine, loc. cit., p. 402.

de la Médersa, au cœur d'Eubbâd el-Fouqi,l'arcature assez élégante d'un portailmonumental se montre, incorporéeaujourd'hui dans une demeure particulière 1; faut-il identifier une de ces ruines avec lerili.it qui donna au pays son nom? Nous ne le

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prétendons pas, et la tradition est muette surce point. D'autre part, les fortifications deTlemcen, à l'époque où le village d'Eubbâdes-Seili existait encore, s'avançaient vers leNord-Est h 200 mètres de la limite actuelle,jusqu'au Bit er-rich'. El-Eubbâd es-Sefli setrouvait ainsi un faubourg fort peu éloignéde la ville.

El-Eubbâd el-Fouqi, disposé en étages auflanc de la montagne, à l'Orient d'Eubbâd es-Selli, subsiste seul aujourd'hui. Sonemplacement dut être primitivement occupépar un cimetière. « Nous vivons avec lesmorts dans nos maisons », disent volontiersles Eubbâdois. De fait, les tombes serencontrent partout dans le village,parsèment les cours intérieures des maisons,affleurent sous les pas au niveau des ruellesétroites. Ce flanc de colline, avant de porterun village, devait servir de nécropole, d'abordaux gens du ribât El-Eubbâd, [mis à la foule

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nombreuse des bons musulmans qui, selonla coutume aussi bien sonnite que chiite,venaient chercher pour leur sommeil éternella bénédiction attachée au voisinage despieux ascètes. La montagne d'El-Eubbâd,disent les textes, était déjà, bien avant SidiBou-Médyen, le lieu de sépulture des walis,des piliers de la foi 3 . Suivant sesbiographes, ce

1. C'est elle qu'on voit au premier plan de Lavue de la mosquée donnée ap. Gazette desBeaux-Arts, lS9i, I, p. 181.

2. Cf. suprà, p. 131.

3. Cf. Boston, notre manuscrit, p. 232; SidiAbd-es-Selàm et-Tounsi, qui repose dans laqoubba de Sidi Bou-Médyen, Sidi Abdallahbcn-Ali passent pour avoir déjà été enterré,avant Sidi Bou-Médyen, sur la colline d'El-Eub-

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dernier personnage, étant en route pourTlemcen, aperçu I d'Aïn-Taqbalet la collined'El-Eubbâd, et s'écria : « Qu'il ferait bondormir en cette terre bénie du sommeiléternel », et c'est en accomplissement de cevœu suprême que son corps fut transporté etenterré' à la place qu'il occupe aujourd'hui.

Ce fut précisément l'inhumation de Sidi Bou-Médyen dans cette terre bénie quidétermina, d'après nos conjectures, lepeuplement d'El-Eubbâd el-Fouqi. Lacoupole élevée sur le tombeau du pôle, duSecours suprême, dès le règne de l'Al-niohade Mohammed-en-Nâcer (fin du xn"siècle), devint très vite le but de visitespieuses d'un bout à l'autre du Maghrib ; etles alentours du tombeau se peuplèrent deshabituelles annexes qu'on rencontre auprèsdes lieux de pèlerinage. Il y eut des zâwiyaspour héberger les étrangers, des demeures deserviteurs du saint, ou de dévots qui

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voulaient s'assurer les grâces de sonvoisinage '. Peu a peu, les maisons sepressèrent au-dessus des tombes, etcouvrirent en rangs serrés les premièrespentes de la montagne; toutefois, à l'époquedes Méri-nides, l'emplacement sur lequel futbâtie la grande mosquée d'El-Eubbâd étaitencore, en partie au moins, un jardin : . Laconstruction de cette mosquée et de laMédersa voisine accéléra encorel'accroissement d'El-Eubbâd el-Fouqi. Dotéed'édifices considérables, cette localité devintle véritable centre de population, audétriment d'El-Eubbâd es-Sefli qui, dans lecours des âges, fut abandonné et tomba enruines. Elle eut plusieurs

bâd (Cf. Revue africaine, décembre 1259, p.89; — Tlemcen, ancienne capitale, p. 273,214).

1. Ceci est à rapprocher de l'origine île la

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localité égyptienne de Khànqâh, dont le noma à peu prés la même signification que celuid'El-Eubbâd (Cf. van Berchem, Matériauxpour un corpus, p. 377, 378).

2. Cf. Habous de la mosquée de Sidi Bou-Médine, aji. Revue africaine, aoit 1859, p.416.

mosquées, ruinées aujourd'hui; l'une,notamment, était placée sous le patronage deSîdi'l-Haouwâri, le grand saint d'Oran;l'autre, d'un saint local, Sidi Brâhîm en-Naâr.L'abondance de l'eau courante y facilital'établissement de diverses industries ; elleétait encore florissante au xvi° siècle, et nouscroyons utile de rapporter ici la pittoresquedescription qu'en fait Léon l'Africain : «Hubbed est une petite <-it< ; comme unbourg, distante de Tlemcen environ un milleet demi du côté du midi, édifiée en unemontagne, bien peuplée et fort civile, et

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garnie de plusieurs artisans, mémement deteinturiers de draps. Là se voit un temple et,au dedans, un sépulcre d'un saint bienconnu, pour lequel voir il faut descendreplusieurs marches de degrés, et est fortvénéré par les habitants et voisins de cettecité, lesquels y dressent leurs vœux, faisantplusieurs aumônes eu l'honneur d'iceluy, etl'appellent Sidi Bou-Médian. Il y a encorefort beau collège et hôpital pour recevoir lesétrangers, qui furent bâtis par aucuns mis deFez, de la maison de Mérin, comme il se peutvoir encore par certaines tables de marbresur lesquelles leurs noms sont gravés 1 . »

El-Eubbâd déclina avec Tlemcen sous ladomination turque. Il eut aussi à souffrir dela conquête française. Aujourd'hui, il formeun petit bourg, fort aggloméré, entouré d'uneceinture de beaux jardins. Beaucoup de sesmaisons menacent ruine; d'autres sonttombées complètement et n'ont pas été

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relevées. On n'y trouve plus guère, commeindustrie, que quelques rares métiers àtisser. Par contre, il voit toujours despèlerins monter sa ruelle principale, quiconduit droit au tombeau de Sidi

I. Description de l'Afrique, éd. Schefer, III. p.32; — cf. Marmol. l'Afrique, II. p. 355.

Bou-Médyen. Mais ils y séjournent peu, etredescendent généralement à Tlemcenpasser la nuit. Le cimetière de cette localitéla domine à un étage supérieur de lamontagne, comme Eubbâd el-Fouqi autemps où il était champ des morts, dominaitEubbâd es-Selli habité. Comme centre depopulation, ce bourg dépérit visiblement, etil ne vit plus guère (pie du souvenir de sagloire passée; mais celle de ses monuments,restaurés et entretenus par les soins duComité des monuments historiques,demeure entière. Il est temps de les étudier.

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H. — QOOBBA DE Silil BOD-MÉDINE

Ce fut certainement là le noyau primitifautour duquel vinrent se grouper tous lesmonuments d'Eubbâd supérieur (mosquée,palais, bains publics et médersa). Élevé parMohammed en-Nâcer, un Almohade, dansles dernières années du xii c siècle, surl'emplacement que Sidi Bou-Médyen avaitchoisi pour son sommeil éternel, ce tombeause trouve être l'ancêtre de tous lesmonuments de Tlemcen, la Grande Mosquéeexceptée ; il est même antérieur d'unetrentaine d'années aux premièresconstructions de l'Alhambra et devraitprésenter un spécimen du plus grand intérêt,caractérisant une période mal connue.Malheureusement, ce qui est vrai desmosquées de Tlemcen, cette unité deconception, cette homogénéité de style, queles générations suivantes respectent, sesouciant peu de remanier un sanctuaire

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existant et préférant en élever un autre quiattestera leur piété, n'est plus exact pour lestombeaux. On ne déplace pas un lieu depèlerinage, force est

au nouveau venu de marquer lé culte qu'il luirend en amplifiant, en embellissant l'édificeprimitif. Que pouvons-nous, dans celui-ci,attribuer à son véritable fondateur? Que sub-siste-t-il qui date de la fin du xu" siècle?Peut-être le plan général de la qoubba et dela cour qui la précède. L'escalier, la petitenécropole avoisinante, sontvraisemblablement do création plus récente'.Le tombeau d'un ami de Dieu devient Lecentre d'un cimetière de prédilection pour lesgénérations suivantes. Son voisinage, comme« l'égout des toits » des églises chrétiennesest une bénédiction pour les morts. Pour cequi est

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Kio. 39. — Plan de la qoubba de Sidi Dou-Médine.

de l'ornementation, qui, sans modifier leplan initial, a complètement changé l'aspectde l'édifice, elle appartient à des âges trèsdifférents. Yarmoràsen ben-Zeiyân y travailla; Abou'l-Hasen AlileMérinide,en fondant lamosquée, y apporta de très impor-

1. Comp. pour les qoubbas vénérées du Caire.Van Berchem, Matériaux pour un Corpus, p.63 et 397.

2. Cependant déjà l'Almohade es-S.iid aurait

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été enterré auprès du « Secours suprême»par ordre de son vainqueur Yarmoràsen(Histoire des Berbères, 111. p. 250) ; leZeiyânide Abou'l-Abbùs Ahmed (f 866 del'hégire) y aurait aussi son tombeau(Complément de l'Histoire des Beni-Zeiyân,p. 349).

•2.32 LES MONUMENTS ARABES DETLEMCEN

tants remaniements, enfin la dominationturque y marqua beaucoup plus récemmentson empreinte. Un incendie l'ayant assezgravement endommagé, il subit, à la fin duxvm e siècle, d'importantes restaurations,("est même à ce point de vue un des seulsmonuments de Tleracen où l'on puissereconnaître la trace de cette époque dedécadence, qui couvrit Alger de sesproductions.

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La qoubba proprement dite est, suivant leplan consacré en Orient comme en Occident,une chambre carrée surmontée d'unecoupole 1 . Des défoncements à arcade en ferà cheval-occupent les quatre murs intérieurs; ils sont percés chacun dans la partiesupérieure par une petite fenêtre terminéeeu accolade, et garnie de treillisgéométriques en plâtre. Des fenêtres pluspetites s'ouvrent au dessus. Le muroccidental est percé d'une porte égalementen arc brisé outrepassé. La coupole quicouvre cette chambre est établie sur douzepans décorés de vingt-quatre petites arcadesplein cintre, d'où partent une combinaisonde divisions géométriques aboutissant à uneétoile de vingt-quatre pointes. A l'extérieur,cette coupole s'indique par un toit à quatrecroupes couvert en tuiles vernissées vertes.

La décoration qui garnit le cadre de la portedu coté de la cour est l'œuvre d'un artiste

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turc, comme l'atteste l'inscription poétiquesuivante : « Louange à Dieu! Celui qui aordonné L'embellissement de ce caveau béni,consacré à la sépulture du Chîkh Sidi Bou-Médyen (Puissions-nous avec la grâce deDieu nous le rendre favorable!) est leserviteur de Dieu le

]. on trouvera des descriptions de la qoubbado Sidi Bou-Médine »/>. Barges, Tlemcen,ancienne capitule, p. 269 et sniv. ; —Brosselard, Revue africaine, décembre 1859,p. 83 et suiv. ; — de Lorral, Tlemcen, 327.328; — Aiy Renan, Gazette des Beaux-Arts,1893, 1. p. 178. 179.

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•234 LES MONUMENTS ARABES DETLEMCEN

seigneur Mohammed Bey. Que Dieu fortifieson pouvoir, lui accorde son aide protectriceet lui donne le paradis pour demeureéternelle ! Année mil deux cent huit. —Arrête ton regard sur ces perles rares etprécieuses que tu vois Briller autour d'uncou charmant. Celui qui en a formé Le collierest un jeune amoureux; son nom : ElHàchmi-ben-Çarmachiq ' ». Cette datecorrespond à Tannée 1793 de l'èrechrétienne. C'est probablement à Çarmachîqque l'on doit attribuer la décorationintérieure ; elle est de facture empâtée etmaladroite, fortement inspirée des décorsarabes, combinaison de losanges festonnésanalogues à ceux que nous rencontreronstout à l'heure à la Médersa, mais décorés enpartie, suivant le goût turc, d'élément floraux

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disposés sur une tige droite. La coupole estgarnie de polygones points en différents tons[fig. 10), les plus grands décorés de motifsfloraux ; les tons employés sont le blanc, lerouge, le jaune, l'orangé, le bleu et le vert.Des vitraux, les uns assez puissants, bleus,verts clairs, rouges, qui semblent colorésdans la masse, d'autres d'un ton plusdouteux, orangés et vieux rouges,garnissaient les fenêtres. Un lambris-sage enfaïence revêt tout le bas ; il est composé decarreaux de 0 m ,13, les uns à décor en deuxtons, bleu sur blanc rosé, les autres à décorpolychrome où se rencontrent les bleus, leviolet de manganèse, le vert de cuivre et lejaune, caractéristiques des fabricationsitaliennes-'. Un pavement de date récentegarnit toute la chambre sépulcrale, quicontient, derrière une cloison de bois,entourés de tentures, d'étendards, d'œufsd'autruches, de lustres, de cierges, detableaux votifs

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1. Cf. Brosselard, Hei'ite africaine, décembre1 S."iy, p. X7 et suivantes; — sur Çarmachiq,cf. supra, p. 39.

2. Ils datent sûrement de l'époque turque, etc'est bien à tort qu'AryRenan veut les faireremonter à l'époque de Yarmoràsen,

de toute nature, les deux catafalques de SidiBou-Médyen l'An-dalou et de Sidi Abd-es-Selàm le Tanisien.

Un petit cloître carré, sorte d'atriumtétrastyle, précède le tombeau. Les colonnesd'onyx en sont surmontées d'arcades en fer àchevaJ plein cintre. Ces colonnes et leurschapiteaux (fig. il et 44) proviennent, ainsique l'indique l'inscription relevée sur leturban de deux d'entre eux., du palais de laVictoire 1 iju'Abou'l-Hasen avait fait élever àMansourah, Qsson< décorés, suivant troismodèles différents, et de dimensions

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variables. Dans tous on retrouve une portionsupérieure carrée garnie de reliefs faibles, etenveloppée à sa base de palmes divisées,qu'une ligature médiane réunit deux pardeux, et une portion cylindrique où courentles grands méandres infléchis au sommet.Deux d'entre eux portent des bandeauxcouverts d'inscriptions. Les courbes de cesbandeaux sont aplaties et ne se continuentpas sur les différentes faces pour former unrende unique;

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Fig. 41.

Chapiteau d'onyx.

1. « La construction de cette demeurefortunée, palais de la Victoire, a été ordonnéepar le serviteur de Dieu, Ali. Emir desmusulmans, fils de notre maître l'Emir desmusulmans Abuu-Said fils de Yaqoub. filsd'Abd-El-Haqq, eu 745 •> (Cf. Revueafricaine, juin 1859, p. 337 .

•236 LES MONUMENTS ARABES DETLEMCEN

trois d'entre eux portent des enroulementsde palmes rappelant la volute. Le chapiteaude l'angle Sud-Est est une réduction desgrands chapiteaux de la mosquée deMansourah (fig. 71).

Le pavement est compose d'élémentsdisparates, la plupart de date assez récente,

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quelques-uns de modèles archaïquescurieux. Vers l'angle Nord-Est, on rencontre,très endommagés parle frottement, de petitcarreaux de6 à 10centimètres, h faible relief,estampés et couverts d'un ('mail translucidevert ou d'une ocre verdâtre (fig'. 1-2 et i-3). 11nous semble difficile d'eu préciserexactement l'origine, mais le style du décorlierai qui les garnit porte la marqueincontestable de l'inspiration turque. On enretrouve de semblables dans quelquesparties du çahn de la mosquée 1 , ei le muséede TIemcen en possède île nombreuxspécimens.

Nous signalerons aussi, près du pilier Nord-Ouest un unique fragment de grand carreauémaillé d'une fabrication très défectueuse ;le décor géométrique, à bandes blancheslimitant des polygones diversement colores,est formé d'émaux tout semblables auxcouvertes de la mosaïque. Des filets,

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simplement laissés sans couverte, ont pourbut d'empêcher le mélange des émaux.Malgré l'imperfection ou plutôt à cause del'imperfection même de l'exécution quiprovient surtout de l'inégale fusibilité desémaux employés, ce fragment nous semblefort intéressant. 11 n'est pas le seul où sepuisse noter colle tendance ;i remplacer lamosaïque des belles époques par le carreaupolychrome, d'un emploi plus facile. Ontrouvera au Musée de Cluny des fragmentsd'origine espagnole d'une tech-

I. Ary Renan les signale ap. Gazette desBeaux-Arts, 1893, p. 179; il parle mis-i ..A'engobes \ émail ombrant dessinant decapricieux méandres obtenus en deux tonspar de patientes réserves». Nous n'avons rienvu de semblable.

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nique plus perfectionnée : l'un où lecéramiste a employé un procédé identique,un autre où un émail noir fixe forme cloisonentre les différents émaux. On en pourraégalement étudier un au musée de Tlemcenoù les couleurs sont enfermées dans une trèslégère dépression préalablement creusée ouestampée dans le carreau, la cloison de terreformant un trait clair alentour. C'est là,comme on le voit, un procédé analogue à

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celui des azalejos d'Andalousie. Enfin l'ontrouvera sur les marches de l'escalier de laqoubba un décor polygonal peint

sur émail stannifère cerné de traits au bleude cobalt. Tel est probablement le dernierstade de cette « contrefaçon » du décorgéométrique en mosaïque de faïence 1 .

Près du puits sacré 2 , dont la margelled'onyx s'est profondément intaillée au lenttravail de la chaîne, une arcade s'ouvre quidonne accès à différents niveaux dans deuxpetits cimetières, l'un à ciel ouvert, l'autresorte de chambre pavée, et à un escalier dehuit marches qui monte à la cour extérieurede la mosquée. Le plafond de bois qui lecouvre, ainsi que

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lue. 41. — Chapiteau d'onyx.

1. Cf., sur cette contrefaçon, Introduction, p."iS.

2. L'eau passe pour avoir des vertusmiraculeuses. Cf., pour les sourcesmiraculeuses dans l'islam, Goldziher, Moh.Sludien, p. 345 et suiv.

l'auvent donnant sur la cour, que l'auventextérieur qui protège la porte sur la rue du

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village et la porte d'entrée du sépulcre, sontrevêtus de peintures d'un bon effet datantvraisemblablement de l'occupation turque.On y trouve des combinaisons géométriquesdécorant les panneaux ou les caissonscentraux, des bordures et des arcades ornéesde motifs floraux (fig. 15) qui, retrouvés surdes pierres tombales appartenant

Fiu. 4j. — Spécimens des décors peints.

aux dernières aimées du xvin 0 siècle ',permettent d'assigner

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une date certaine à cette partie dumonument. A la même époque encoresemblent appartenir les deux colonnettes debois peint, à cliapiteaux corintbiens qui, auxdeux côtés de la porte extérieure dutombeau, supportent l'auvent.

1. Notamment sur celle du Caïd Slimàn ben-Mohammed El-Rourdi (Cf.Bros-selard,Revue africaine, décembre 1859. p. 110).

('. - - Mosquée de Sioi bou-Médine

Le porche. — Une grande arcade en fer àcheval, déformée an somme! par une brisurenon exprimée, forme le cadre somp-tnenx duporche monumental de la mosquée 1 . Onzeinarches permettent l'accès du niveau de ceporche et font h cette arcade une basemajestueuse. L'écartement des pieds droitsest de 3 mètres et la distance du sol de lacour au liant du cintre dépasse 7 mitres. Un

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triple lésion île briques divise le cadre endeux parties : rime, formée par une largebordure circulaire pourtournantle cintre etprolongée au-dessous de sa naissance,pendant plus d'un mètre; l'autre formée pardeux écoinçons. La garniture de ce cadre estfaite d'arabesques en mosaïque de faïence àquatre tons, blanc, brun, vert et jaune de fer,et bordée par un filet vert. L'élément qui lescompose est la palme-double formant unentrelacs, régulièrement répété, suivant unaxe médian pour le tronçon vertical qui ornebipartie des pieds droits (fig. iii . suivahi desaxes rayonnant au centre d'appareillage pourla bordure du cintre. Une bande courant au-dessus de cel encadrement rectangulaireporte sur fond blanc, en beaux caractèresandalous, l'inscription suivante : » Louangeau Dieu unique : l'érection de cette mosquéebénie a été ordonnée par notre maître lesultan serviteur de Dieu, Ali, fils de notreseigneur le sultan Abou-Said Otsinân, fils de

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notre maître le sultan Abou-YousefYaqoub,fîlsd'Abd-el-Haqq, — que

1. Notre nu* 1 esl prise iles terrasses quirejoignent la maison de l'oukil au tombeau(lu Saint

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A. Fontemoîng, Editeur, Par

Phototypie Berthaud

PORTAIL DE LA MOSQUÉE DE SÏDI-BOU-MÉDYEN

Jeu/ne

S1DI BOU-MEDINE 2U

Dieu le fortifie et lui accorde son secours —en l'année 739 » (1389 de 1ère chrétienne 1 ).

Un décor géométrique de briques incrustéesde plaques d'émail brun et de filets vertsconstitue, avec ses cinq rosaces rayonnantesautour d'étoiles à huit pointes, une friserobuste à ce portail. Un auvent de tuiles lacouronne, porté par une série de consolettesgéminées. La douelle de l'arcade porte unrevêtement régulier blanc jaune et brun. Surle cavet d'encorbellement se lit l'inscription

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suivante : « Fondé par notre maître Abou'l-Hasen serviteur de Dieu, Ali». La bande quila porte est formée de six plaques de terrecuite primitivement vernissée au

!*□

S/a

Fig. i'' — Décor en mosaïque de faïence.(Garniture des pieds-droits.)

brun de manganèse, que l'on a enlevé auburin dans les fonds, de manière à détacherl'ornement sur la terre rosée [fig. 47). Ceprocédé s'observe dans certains monumentsd'Orient et du Maroc 2 .

1. Brosselard, les Inscriptions arabes deTlemcen [Revueafricaine, août 1859, p. 403);à l'époque oïi Barges visila Tlemcen,L'inscription commémorative disparaissaitencore sous un badigeon de chaux datant de

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l'époque turque (Cf. Tlemcen, anciennecapitale, p. 291 .

2. A Tauris. dans un monument, l'émail bleuturquoise a ainsi été enlevé

Les degrés de l'escalier, en briques posées dechamp 1 , occupent aux doux tiers la l'aieprofonde du porche. Une petite porte s'ouvredans chacun des murs latéraux; celle dedroite donne accès dans une chambrepouvant servir de dortoir à des pèlerins, cellede gauche sur un escalier qui monte à la salled'école coranique. Au fond s'ouvre la porte dela mosquée proprement dite.

La décoration de plâtre ne commence qu'à lm ,70du sol; c'est une des créations les [dusheureuses que nous aient laissées les gvpso-plastes maghribins. Elle se ce nnposc ;idroite et il gauche de deux étages de pclilspanneaux (fit/. 48, 57) inscrits dans de fines

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arcades; elle se continue

Fi... 47. Décor céramique de la douelle(Porche), en haut par une grande

coupole ;i stalactites. Une d mille bordure lalimite en lias et firme l'encadrement desdeux petites portes ; l'une île ces bordures,dont on trouvera

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(J. Dieulal'ov. la Perse, ap. Tour du Monde,1883, I, p. 30). Au Louvre, on peut voir unrevêtement provenant du palais de Tanger,dont la bordure esl également en brun el sedétache sur le tond de terre.

L. On peut voir un escalier semblable à laPuerta del Sol de Tolède, qui présente île trèsingénieux emplois de la brique.

S1DI BUC-MEDINE

2i3

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n I

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A. l-ontemoing, Editeur, Paris

(Vu du ÇAHN)

un fragment reproduit ici (fig. 55), jiorte uneinscription coufique d'un très beau style.

De massifs vantaux de cèdre revêtus deplaques de bronze repercé séparent ce porchede la mosquée 1 . Le tambour dans lequel ilss'ouvrent porte comme frise une répétitionen grands caractères andalous del'inscription dédicatoire du portail 2 {fig. mA).

La mosquée: Plan, dimensions. — Deuxnouveaux degrés permettent d'accéder au solde la mosquée proprement dite. La cour, quimesure lu'",20 de longueur sur l m ,35 delarge, est entourée de portiques à une seulenef. Les deux galeries flanquant le tamboursont relevées de l m ,75 au-dessus du niveau

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de la cour et portent de petites balustradesde bois ; on les dit réservées aux femmes.

Cinq nefs divisent la salle de prière, large de19 mètres et profonde de 15, par desarcatures perpendiculaires au mur du fond,l'es nefs ont une largeur de 3 m ,10; la nefprincipale a 3 m ,50. Les arcs sont portés,comme ceux des portiques de la cour, par despieds droits 3 ; une coupole précède leniibràb. Une

1. Notre photographie présente au premierplan le pavage du çahn en briques, à gaucheun des battants de la porte de bronze (fig.58), plus loin le pavage de tuiles vernisséesdu porche, formant la dernière marche del'escalier, le beau décor de plâtre sculptégarnissant les murs et, encadrant la petiteporte latérale (fig. 48, 55,, le départ desstalactites de la voûte, la garniture enmosaïque de faïence du cadre intérieur et de

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la douelle de l'arcade principale (fig. il), enfinl'arrière-plan montre, de l'autre coté de lacour, l'auvent abritant l'entrée du tombeau, àdroite, l'angle de la qoubba.

2. Avec quelques variantes : « Ceci a étéédifié par l'ordre de notre maître, l'émir desmusulmans, le serviteur de Dieu. Ali, fils denotre maître, émir des musulmans qui a livréle bon combat dans le sentier de Dieu Abou-Said Ots-màn, fils de notre maître le princedes musulmans, qui a livré le bon combat...»;elle couvre trois des faces du tambour; sur laquatrième, le plâtre est tombé.

3. Les deux piliers de droite et de gauche dela nef centrale, en avant du mihràb, portentenchâssées les tables des habous de lamosquée, l'une datant

porte placée à droite donne accès dans lasalle des morts. Quatre fenêtres éclairent la

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nef transversale du fond, en plus desouvertures qui couronnent le niihrâb et fontpour ainsi dire partie de son cadre, deuxs'ouvrent dans les murs latéraux, deux autresdans le mur du fond de charpie côté dumihrâb. Deux grandes portes latérales fontcommuniquer la salle de prière avecl'extérieur.

Les nefs sont, ainsi que la plupart desdépendances de l'édifice, couvertes deplafonds portant des revêtis de plâtre,formant des caissons d'une grande variété deformes. Les combles et les toits de tuiles quiles couvrent ont été relevés,

NatuajudUl''

NiH*i# ^titaiMiÈ,. \muia# 1 ' Al tpà» N %111 rt#' Zh

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Km.. .".0. — Fragment d<- plafond :'icaissons.

par l'Administration française, de 0 m ,75,pour isoler les plafonds, qui étaientgravement endommagés par l'humidité.L'auvent de tuiles sur maçonnerie qui fait letour du çahn marque la place du toit primitif.Le sommet de ces plafonds est élevé de

de l'époque ilu fondateur, le MérinideAbou'l-Hasen, l'autre «lu temps du ZeiyânideAbou-Abdallah Et-Tsàbiti (commencementdu xvi° siècle) (Cf. Rros-selard, Rente

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africaine, août lS.'ill, p. 110-419;— Barges,Tlemcen, ancienne capitale, p. 301 et suiv.).

Pi. '

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A. Foniemoing, Editeur, Pari!

Phototype BertliauJ

ADES DE LA SALLE DE (Mosquse de SidiBou-Médyen)

SIIH BOC-MEDINE -247

près de 7 mètres au-dessus du sol. Lesarceaux, dont les pieds droits ont 2 n, ,65d'écartement, comptent 2 m ,lû du sommet àla naissance du cintre. L'encorbellemenf enforme de cavet a 0 m ,20 de haateur.

La salle île prière se trouve établie sur unetranchée pratiquée dans la pente rocheuse dela colline; un passage de 4 mètres environdemeure libre dans cotte tranchée, à l'Est, auSud et à. l'Ouest de la salle de prière, etpermet de circuler autour de l'édifice. Descôtés de l'Est et de l'Ouest, îles arceaux jetés

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sur ce passage jouaient le rôle de contrefortsextérieurs, et peut-être aussi permettaientl'établissement de treilles ; le passage étaitainsi transformé en un petit cloître à toit deverdure, analogue à celui qu'on trouve àl'Orient delà Grande Mosquée. A l'Ouest, ;il'entrée île ce cloître, une voûte d'arêtereliant deux arceaux couvrait la sortie de laporte latérale de la salle de prière ; une petitechambre, dépendance de la musquée, faisaitface a la porte et était adossée à la masserocheuse qui sert de base à la Médersa. Unegalerie couverte faisait suite ii cette cliainliresur toute la longueur du passage, et bordaitle cloître de l'Ouest, en face de la mosquée.Les portes en arcades largement ouvertes lafaisaient directement communiquer avec lecloître. Avec le temps, et par l'effet de lanégligence turque, les terres, les rocherséboulés avaient partiellement obstrué cepassage ménagé autour de la salle de prière.Les arcades des contreforts tombaient en

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ruine. L'administration des Monumentshistoriques apporta, vers 1876, de sérieuxremaniements à ce cloître extérieur de lamosquée de Bou-Médine. Il abattit lescontreforts du côté oriental, boucha du côtéoccidental les portes qui ouvraient la galeriecouverte, déblaya le chemin, et par destravaux de soutènement

empêcha de nouveaux éboulements de laparoi rocheuse qui domine la tranchée. Lepassage fut rétabli dans un état assezanalogue, à ces quelques modifications près,à ce qu'il avait dû être primitivement. Lesarcades extérieures de l'Ouest existent doncseules aujourd'hui, ainsi que la voûte d'arêtequi couvre, de ce ci'ilé, la sortie de la portelatérale. L'écartement des arcades y est de3"',50'.

Composition du décor. ■ — Les arcs des nefset du cloître, dont la brisure n'est qu'une

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déformation supérieure, sont enveloppés parun cercle plus grand, dentelé et soutenu pardeux colonnettes engagées [fig. 54 . Lestrumeaux portent

IHHHBHREh

Fig. 51. — Frise de plâtre.

des motifs à répétition. Quant aux écoinçons,les garnitures de rinceau, parées en leurcentre de disques à inscriptions cursives, yalternent avec un décor régulier toujours bâtisur le thème du réseau formé parsuperposition de palmes.

Le mihrâb est composé suivant le plan déjàdécrit ; on y trouve le cintre à claveaux, lesécoinçons, qui y portent un

i. Un dessin du clpitre extérieur de Sidi Bou-

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Médine (partie orientale disparue?) ligureup. l'iesse et Canal, Tlemcen, p. 17.

motif centra] en relief semblable à celui deSidi Bel-Hassen, les inscriptions couflquesdu cadre et de la cimaise et les trois fenêtresà claires-voies géométriques. La niche portela coupole à stalactites sur les arceauxhabituels. La coupole qui précède le mihrâbest ajourée et garnie de vitraux colorés,jaunes, bleus, verts et rouges. Elle se relie auplan carré non par l'encorbellementordinaire, mais par un plan horizontal jetésur l'angle et décoré d'un défoncementprofond. La fragilité de cette coupole a dûd'ailleurs nécessiter des réparations fré-

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Fig. 52. — l-'rise île plâtre.

quentes ; le style des reperçages semble detrès basse époque et apparenté au style turcdes revêtements de la qoubba.

Ajoutons enfin que les murs de la mosquéesont entièrement garnis à partir de l m ,60,d'un décor régulier très simple et analogue àun des motifs de Sidi Bel-Hassen, et que desfrises géométriques de deux types différentscourent au haut de tous les panneaux (fu/.51 et 52).

Chapiteaux. -— Les deux seules colonnes

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d'onyx de la mosquée, qui portent l'arc dumihrâb, sent munies de chapiteaux d'unegrande élégance de forme et d'exécution trèshabile. Ils

•250 LES MONUMENTS ARABES DETLEMCEX

offrent cotte différence avec les chapiteauxde la même époque que les reliefs en sontplus forts, les profils plus souples et plushardis, la silhouette générale plus nettementaccusée. Ils

comportent d'ailleurs les éléments essentielsdes types primitifs;

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Fie. 53. — Chapiteau du inihr.il).

on v retrouve l'astragale spiralée, le méandreà crochet, les palmes et les volutes d'angle, leturban et le tasseau qua-drangulairesupérieur. Le tailloir, très large, se reliedirecte-

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A. Fontcmoing, Editeur, Paris

Phototypie Berthaud

MIHRÂB DE LA MOSQUÉE DE SiDI BOU-MÉDYEN

mont au reste du chapiteau ; comme lui, ilest recouvert de fins décors en reliefrehaussés de couleur. La courbe descrochets, l'importance et la disposition dosvolutes, dont l'axe est perpendiculaire auxdiagonales du tailloir, rattachent bien plutôtces chapiteaux mérinides aux vieux types duxn" siècle qu'à ceux des édifices deMansourah. Ils se distinguent encore plusnettement des chapiteaux de l'Alhambraparle galbe général, la proportion de leursdifférentes parties et la compréhension dumodelé. C'est donc là une des créations lesplus originales et les plus heureuses de l'arlarabe occidental. Le style des ornements

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superficiels les rattache, d'ailleurs, d'unemanière étroite au décor du reste de lamosquée et l'inscription du turban leurassigne une date indiscutable. » Cemonument, dit le chapiteau de droite, estl'œuvre qu'a commandé de faire notre maîtrel'émir des musulmans Abou'l-Hasen, fils denotre maître l'émir des musulmans Abou-Yaqoub. » Et le chapiteau de gauche ajoute :« Ce qu'il a ambitionné, c'est de se rendreagréable au Dieu tout-puissant, et il espèreen sa récompense magnifique. Que Dieu, àcause de cette œuvre, daigne lui réserver sesgrâces les plus efficaces et lui donner la placela plus haute '. »

Il convient de mentionner également ici lespetits chapiteaux de plâtre des colonnettesengagées qui font partie du décor des cintres(fig. 54). Ils présentent une simplificationcurieuse et assez fréquemment employée duchapiteau moresque. Ils se composent d'un

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méandre inférieur très long et de deuxpalmes doubles enveloppant une feuillesimple. Leur comparaison avec un chapiteaubeaucoup plus grand (B) du Tocadorde laReine à

l. Cf. Brosselard, Revue africaine, 18S9, p.40.'j.

l'Alhambra, fera connaître les dispositionsqu'ils schématisent. On pourra aussi enrapprocher un ornement de plâtre (A) qui,dans les monuments mérinides, remplit despanneaux entiers et

dont on chercherait en

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Fie. 54. — Décor des cintres.

vain l'analogue dans tous les autres décors ■

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floraux.

Les stalactites. — La mosquée de Sîdi Bou-Médine présente, avec la voûte de sonporche, l'exemple le plus important i|iii suità Tlemcen de la coupole en ruche d'abeilles.Préparée par l'encorbellement de quelquescoupolettes qui s'isolent de la massesupérieure par une frise méplate, elleprésente les dispositions ordinaires de cesgenres de décor. Elle fait intervenir lerectangle décoré ; mais on n'y trouve pas lastalactite proprement dite, rattachée par si msommet seulement

à la construction générale. Elle a eu fort àsouffrir des passages à la chaux qui ontempâté la ciselure de ses arêtes et ont fait

disparaître en partie le décor gravé, peut-êtrepeint, qui l'enrichissait. Cependant elle metencore dans l'ombre chaude de la baie la

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voûte somptueuse de ses facettes où sejouent 1rs reflets du pavé.

Décor épigraphique. — L'élémentépigraphique tient une place très importantedans le décor de plâtre. Non seulementl'écriture cursive forme de longues et mincesbordures à l'en-tour de presque tous lespanneaux 1 , niais encore elle s'étale en deplus grandes proportions .////. 56, A) et avecun caractère plus décoratif sur le tambourd'entrée, où elle reproduit l'inscriptiondédicatoire. Un rinceau très élégant court au-dessous des lettres du type andalous, dont latournure rappelle avec beaucoup de bonheurla liberté du qalam.

Le coufique fleuri y est représenté parplusieurs exemples intéressants, au décor dumihrâb, et sur les murs latéraux du portailoù il se mêle intimement au décor floral,formant de larges bandes de 0 m ,27 de haut.

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Ce dernier spécimen est un des plus beauxdécors épigraphiques que nousaientlaissésles artistes mérinides. Nous endonnons un fragment ici [fig, 55). Il secompose de deux lignes superposées : laligne d'en haut, on petits caractères, répètedeux fois la formule : « Louange à Dieu » ; laligne du bas, en caractères plus grands etplus sobres, complète par la mention « pourses bienfaits», une seule fois

1. Elle reproduit une formule Tort simple etextrêmement fréquente sur les monumentsd'Andalousie : El-moulkoud-daîmou lillii/iEl-izzou'l-gâimou lilliili : « L'empire durableest à Dieu, la gloire stable est à Dieu »(Amador de los Rios, Inscripeiones deSevilla, p. 135, 2 in. 243, etc. ; —AlmagroCardenas, Inscripcion.es de.Granada, 10. 149, 113, etc. ; le mur oriental dela mosquée de l.i Pêcherie, à Alger, est aussiorné d'une inscription analogue : « L'empire

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durable est à Dieu; l'opulence stable est àDieu», non comprise par l'auteur du Corpusdes inscriptions arabes de l'Algérie. 1. 54). ATlemcen, elle ligure sur tous les monumentsmérinides.

LES MONUMENTS ARABES DE TLEMi'EN

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exprimée ; et ces deux lignes sont disposéesde telle sorte que la ligne d'en haut sert acelle du bas de couronnement régulier. Cettevariété de coufique apparaît déjà à Sidi Bel-Hassen en de courts fragments. L'Alhambraen présente quelques exemples importants(cour de l'Alberca, irise de la cour des Lions,etc.): enfin, nous devons signaler l'analogiede ce motif décoratif de Bou-Médine avec unde ceux du patio de las Don-cellas à l'Alcazarde Séville, qui reproduit dans la mêmedisposition une eulogie à peu prés identique1 . Les artistes méri-nides firent de cesgroupements scripturaux de très ingénieusesapplications en des décors étendus. Ce genrede coufique, que nous appellerionsvolontiers coufique architectural, sedistingue du coufique à entrelacs de Sidi Bel-Hassen et d'Oulâdel-Imâm par l'introductionde formes rappelant l'arcade dentelée et lestoits ii lieux versants. On remarquera aussi

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le fleuron médian surmontant les Lams onles Alifs et qui résulte de la soudure depalmes affrontées telles qu'elles seprésentent à Sidi Bel-Hassen (fiff. 30).

Décor géométrique. — Le revêtement deplâtre ne réserve pas une grande place à lagéométrie : les claires-voies et les frises,auxquelles viennent s'ajouter les plafonds etleurs caissons, tels sont les seuls emploisqu'on en observe. Nous verrons tout àl'heure que le décor de bronze et lacéramique y trouvent au contraired'abondantes formules décoratives.

Décor floral. — La mosquée de Sidi Bou-Médine marque un nouvel appauvrissementde la flore ornementale arabe. Il n'y a plus icide palmes décorées, comme dans les édificesde la fin du xiu e siècle. On peut dire que lafeuille lisse, divisée en

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1. Cf. Amador de los Rios, Inscripcionesarabes de Seoilla. n" 11, p. 130, avec uneplanche reproduisant le cartouche del'inscription.

LES MONUMENTS ARABES DE TLEMCEN

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Fio. 56. — Décors déplâtre.

A. Frise du tambour d'entrée. — B. Motifgarnissant les murs. — C. Décor

de trumeau. — D. Petite bordure (cadre dumihràb).

deux lobes inégaux ou sans découpage etmarquée parfois d'un sillon angulaire qui endésigne l'origine, est devenue l'uniqueélément îles entrelacs curvilignes. Elle est leplus souvent assujettie à une tige très longueet très souple, et tend, en s'amaigrissant, às'assimiler au trait de l'écriture ornementale.L'exemple ci-joint (fig. 57) mettra en lumièreces rapprochements curieux et les

échanges qu'ils occasionnent. Parfois uneligature réunit deux feuilles, parfois untroisième lobe inférieur, se détachant de labase de la feuille, donne lieu à une souduremédiane. Les figures t8 et 56 donnent un

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exemple de cette soudure et de la réunionqui l'a engendrée. A côté de la feuille lisse, ilfaut mentionner la feuille courte à nervures,toujours détachée de son pied, et servantinvariablement de remplissage [fig. 51, 52).Cependant, si le nombre des éléments

floraux est extrêmement restreint, si lesformes initiales qui décorent les surfaces seréduisent à deux ou trois, il convientd'admirer d'autant plus les ressources del'imagination décorative, qui a su varier lescombinaisons au point d'écarter

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Fig. 57. — Décor en plâtre (Porche)

âo8 LES MONt'MEXTS ARABES DETLEMCEN

toute monotonie de cette répétitionincessante. Tel semble être en effet le butdes gypsoplastes maghribins, et nous

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signalerons à ce propos un ingénieuxprocédé employé par eux pour introduire lavariété dans les multiples reproductions dumême motif. On peut l'observer aux rosaces(fig. 55), qui, dans le porche, marquentl'angle des tronçons coufiques déjà décrits.Ce procédé, analogue à celui qu'employèrentles miniaturistes dans le coloriage desmanuscrits, consiste à varier un mêmedessin plusieurs fois répété, par le reperçage,dans un exemplaire, de certaines parties quel'on a réservées dans un autre, ce qui déplaceles noirs et change complètement l'effet del'ornement. Les portes de bronze (fig. 58). ■—Suivant l'abbé Barges, les portes de bronzeavaient été, jusqu'à 2 mètres du sol,dépouillées de leurs revêtements par dessoldats français. Une habile restauration leura rendu leur splendide aspect primitif. Destringles, se croisant suivant de grandesrosaces à quatorze pointes, se détachent surdes plaques repercées d'entrelacs floraux. De

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petits fragments soudés servent au treillisformé par ces entrelacs, de transparentscolorés. La jolie légende qui veut que cesportes, promises au sultan mérinide commerançon d'un captif chrétien, et confiées auflot, soient venues par cette voie d'Espagnejusqu'au rivage maghribin, bien qu'elle neporte naturellement pas le caractère d'unegrande authenticité, semble attribuer à cetravail une origine étrangère. Il est curieux,en effet, de constater qu'à part le grand lustreet la couronne de la Grande Mosquée, à partquelques pentures, quelques marteaux deporte de faible dimension, quelques clousassez adroitement ciselés, on ne retrouve àTleincen aucun spécimen de cet art qui exigeune longue pratique et une grande habiletétechnique. Si, d'autre part, on

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B*@KSa

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Fin. 58. — Portes de bronze.

A, Schéma de la combinaison géométrique ;B, Décor des tringles; C, Heurtoir;

D et D', types de clous ; E F G 11. spécimensde remplissages.

examine un travail espagnol analogue, laPuerta del Pardon de la cathédrale deCordoue par exemple, on trouve ses vantauxrevêtus d'une combinaison simple deparallélogrammes à six cotes, décorés demotifs estampés dans le bronze. Ces motifssont de styles fort hétérogènes ; on yrencontre des entrelacs arabes, un écussonchrétien, des imitations de sentences cou-fiques, enfin l'inscription espagnole : «

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Sereedificarojiafio 1539. » Celte indicationépigraphique, venant à l'appui de ce (pie ditMaqqari des vieilles portes de la mosquée deCordoue 1 , établit peut-être l'existenceantérieure d'une oeuvre se rapprochant desportes actuelles comme composition, sinonsemblable comme exécution, dont les portesde Sîdi Bou-Médine nous donnent une idéeassez exacte, et dans laquelle l'estampagepouvait bien être remplacé par le reperçageet la ciselure. Le rapprochement desheurtoirs qui les décorent avec ceux de lamosquée magh-ribine {fig. 58 C) indique uneinspiration très proche parente, etprobablement une origine commune. Onsait, d'ailleurs, par les poignées d'épées, lescasques et les boucliers moresques, le degréde perfection auquel les artistes d'Espagneétaient parvenus dans l'art de ciseler et degraver les métaux. Il se peut que lespanneaux qui nous occupent ne soientqu'une belle œuvre de plus sortie de leurs

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mains et que la légende n'ait pascomplètement menti.

Quoi qu'il en soit, la disposition géométriquechère aux artistes de Tlemcen, le style desremplissages, qui présentent une grandeanalogie avec le décor de plâtre avoisinant, etla parfaite convenance des proportions avecle reste de l'édifice

1. « Elles sont toutes recouvertes <le cuivrejaune merveilleusement travaillé»[Analectes de Vhistoire d'Espagne, I, 361, mfine ; —Cf. Murales, Anligiiedades de Espana,au chapitre Côrdoba, p. 5 S cl suiv.

semblent indiquer que, si le travail ne fut pasexécuté sur place, il le fut du moins d'aprèsun carton soigneusement établi par ledécorateur maghribin '. Le minaret. —S'élevant au dessus de l'ensemble des

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Fig. S9. — Angle de corniche au pavillon de lacoupole.

pavillons qui couvrent les nefs, le porche etles coupoles [fig. 59), le minaret, parl'élégance de ses proportions, la variétéintroduite dans les classiques dispositions deses garnitures, enfin la richesse durevêtement céramique qui en décore le

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sommet, nous apparaît comme, un des plusjolis spécimens subsistants de ce genred'édifice.

La composition en est très simple. Toute labase étant engagée

1. Le revêtement de portes en bronze serencontre, au reste, dans d'autres édificesmérinides (Cf. Léon l'Africain, éd. Schefer,11. p. 75, in principio).

dans les dépendances de la mosquée(chambre des pèlerins , la décoration necommence qu'au tiers de sa hauteur totaleavec une arcade festonnée. Elle se continuepar un réseau

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Fig. 60. — A et B. Spécimens de réseauxgarnissant les pans du minaret. C.Inscription en coufique quailrangulaire.

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d'arcs entrecroisés. Ces deux formesconsacrées de tous les minarets d'Espagne etdu Maghrib affectent, sur les différentesfaces, de curieuses modifications [fig. 60 AB). L'arc inférieur

qui enveloppe les fenêtres donnant jour àl'escalier présente, au Nord, une intéressantedisposition d'arcades lobées rayonnantes,dont on retrouve l'analogue a la Kotoubîyade Marrakech. Le réseau, que des fragmentsde céramique incrustés dans la maçonnerieparsemaient de fleurons brillants,cloisonnait un champ revêtu d'enduit oùcouraient des ornements peints en brunrouge. Quelques morceaux, visibles à la base,permettent de supposer quelle pouvait êtrel'élégance sobre d'un panneau ainsi décoré.

Il convient de signaler, sur le mur de lamosquée enveloppant la base de la tour, unornement carré (fig. 60 C) composé de

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morceaux de terre émaillée verte incrustésdans la brique. C'est le seul exempletlemcenien et probablement un des raresexemples occidentaux de ce genre dedécoration épigraphique si fréquent enOrient appelé coitfique quadran-gulaire 1 .Nous le lisons: Bibarakati Mohammed «Parla bénédiction de Mohammed ».

Une frise en mosaïque de faïence composée,pour chaque côté, de quatre rosaces (fig. 61)on plutôt de trois rosaces entières accostéesde deux demi-rosaces se continuant sur lesautres faces, remplace au sommet la faussegalerie habituelle des minarets espagnols etmaghribins. L'entrelacs des filets blancslimitant les surfaces où le noir domine, niaisoù se rencontre aussi le vert et le jaune defer, forme une étoile à vingt-quatre pointes,entourée de lignes brisées qui l'inscriventdans un carré.

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Il nous semble difficile de déterminer lepoint de départ d'une telle substitution.Peut-être la connaissance plus complète des

1. Cf. Bulletin de l'Institut égyptien, 1881, p.100; 1890, p. 61 ; — Van Berchem, Matériauxpour un «Corpus», p. 139, et pi. XXX. n" 2.

monuments du Maroc nous révéler a-t-ellè laconception voisine qui donna l'idée de cedécor, ou même les premiers essais qu'on enfit 1 . L'histoire des emplois de la céramiquecomme

J. 06

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Fie 61. — Grande rosace en mosaïque defaïence.

revêtement extérieur présente encore biendes lacunes. Le grand portail de Sîdi Bou-

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Médine montre bien que les artistes

i. Sur la reproduction d'une porte de Chella(époque mérinide), qui figure dans la GrandeEncyclopédie à l'article Maroc, nous croyonsdiscerner un

cadre fait de grandes rosaces semblables àcelles de Sidi Bou-Médine.

mérinides étaient en possession d'unetechnique très perfectionnée quand ilsarrivèrent à Tlemcen. Cette virtuosité lesentraîna sans doute à remplacer, sur leminaret, un élément consacré, classique, parun élément nouveau, moins solide et moinslogique que le premier. L'événement aprouvé, en effet, qu'un revêtement ainsiexposé aux intempéries et non maintenu surles côtés par des cloisons ou des rebordssaillants devait se désagréger peu h peu et sedétacher du mur qui le portait. Peut-être le

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minaret qui nous occupe fut-il l'occasiond'une tentative. Mansourah ne comportepoint de décor semblable; nous leretrouverons au minaret de Sîdi'l-Haftvi,mais déjà sensiblement modifié commecomposition.

Une rangée de nierions couronne le corpsprincipal de la tour; ils portaient eux-mêmesun décor de mosaïque bien attaqué par letemps. Enfin, l'édifice terminal présente,dans l'encadrement de son petit arc dentelé,un joli revêtement céramique d'entrelacsfloraux en deux Ions : brun sur blanc.

Trois boules de cuivre, dont la plus grosse estdorée et mesure l m ,50 de circonférence,surmontent ce campanile. La tailleimposante de ces boules et l'aspect brillantde l'une d'elles ont donné lieu à diverseslégendes, sur leur origine, leur valeur et leurmiraculeuse intangibilité, qui leur attirent le

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respect des âmes simples, tout en lesprotégeant contre l'audace improbable desmalfaiteurs.

D. — Petit palais d'El-Eubiîàd

Placées en contre-bas de la qoubba, formantpour ainsi dire le degré inférieur de cettesuperposition d'édifices qui gravissent lapente du Mefrouch, se trouvent les ruinesd'un petit monument civil que l'on désigne,dans le pays, sous le nom de « Dâr es-Soltân», maison du Sultan. Cette construction datevraisemblablement de la même époque quela mosquée et la Médersa ; c'est sans doute làun des embellissements que les princesmérinides apportèrent à leur pèlerinagepréféré ; mais il nous semble assez difficilede préciser quelle put en être la destinationprimitive '.

Il se compose d'un corps de logis occidental

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formé d'un pa/io A muni d'un bassinrectangulaire et bordé, au Nord et au Sud,par deux portiques couverts donnant accèschacun dans trois chambres : deux petites àdroite et à gauche, une grande très allongéeau fond. Deux autres chambres s'ouvrent àl'Est et à l'Ouest du pa/io, divisées, ainsi quela grande chambre Sud, par des arcatures quiménagent, aux deux bouts de la pièce, dessortes d'alcôves ou de retraits, fréquentsdans les habitations arabes. La partieméridionale est munie de latrines et delavabos ; des conduits, pratiqués dansl'épaisseur des murs et sous le pavement dessalles, y amènent l'eau 2 .

1. Il n'est fait dans les textes aucune mentionde cet édifice: il était inconnu, enfoui sousune couche de terre et de décombres, jusqu'àce que des fouilles faites, en 1885, 1886, parle Service des Monuments historiques enrévélassent l'existence.

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2. Notre photographie montre le grand patiooccidental A; au premier plan, le bassinrectangulaire, à droite une des salleslatérales avec son départ de

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SiM BOU-MKDIN'E

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Un couloir communiquant avec le patiodonne accès, à gauche, sur un escalier B quidescend à deux petites chambres voûtéesayant toutes doux l m ,70 sur 2 m ,10, et àune troisième dont l'accès est impossible.Ces petites salles étaient vraisemblablementaffectées à l'installation de bains de vapeur;on y voit encore des conduits pour lesfumigations. Le couloir fait aussicommuniquer le patio A avec un secondcorps de logis très endommagé et ayantnécessité <U'^ travaux de soutènement. Il secompose d'une cour centrale C entourée dequatre ou cinq salles. Un escalier flanquantla salle placée au Sud permettait de monter àune chambre supérieure.

Un troisième corps de logis fait suite à cecorps central; nous y trouvons un nouveaupatioB plus petit que le premier, flanqué dé(rois côtés par des portiques couverts, ducôté de la plaine, par une grande chambie.

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Le départ d'une voûte flanquant cettedernière salle indique que là ne s'arrêtail pasle palais, niais qu'un nouveau corps de logisle prolongeait vers l'Orient.

Tel qu'il nous esl parvenu, ce monumentprésente plus d'une dizaine de chambres,dont quelques-unes ont près de 12 mètres delong et dont pas une ne dépasse 3 mètres enlargeur. Presque partout subsistent les tracesd'une ornementation somptueuse. Onrencontre des pavements de mosaïque defaïence à décor géométrique dans plusieursendroits du grand patio. Les salles, dont laconstruction fait intervenir à la fois le pisé etles assises de briques, sont couvertes par desvoûtes en berceau. Elles semblent avoir étéentièrement revêtues

berceau et. des restes de sa décoration deplaire; au fond, précédant l'entrée de lagrande chambre adossée à la colline, la

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galerie couverte avec ses arcs en plein cintreet ses piles carrées.

SÎDI BOU-MÉDINE t69

d'arabesques de plâtre d'un style très fourniet très élégant. L'échelle en est beaucoupplus réduite que celle des décors de lamosquée et de la Médersa, et bien appropriéeà l'intérieur d'un petit édifice privé. Unentrelacs foisonnant et axe suivant labissectrice de l'angle supérieur garnit lesécoinçons des arceaux. Les motifsépigraphiques ou géométriques ordinairesforment les frises; les grandes surfaces desmurs et des plafonds portent les habituelslosanges à palmes superposées. L'inscriptioncursive qui court en bordure reproduitl'eulogie constamment répétée dans lesmonuments mérinides : « L'empire durableest à Dieu, la gloire stable est a Dieu 1 . » Lesarcades sont bordées par des motifs réguliers

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gaufrant les douelles de plis horizontaux. Cegenre de décor, qui ne se rencontre presquejamais à Tlemcen, est fréquent dans lespalais espagnols ; l'Alhambra en présente detrès analogues. La forme dos arcs en pleincintre, non outrepassé, accentue cetteressemblance.

L'emploi de cette courbure, le décor trèsriche des arcades, l'existence de pavementsmosaïques, l'affectation évidemment civilede ce petit palais lui font une place à partdans la série des monuments tleniceniens.Faut-il y voir la résidence spéciale d'unsultan mérinide, sorte de maison des champsoù il venait se reposer des tracas duGouvernement, en même temps qu'il ypouvait plus à loisir vaquer au soin de sadévotion? Ne faut-il pas y voir plutôt un petitpalais destiné aux princes étrangers, sorte dezàwiya pour les pèlerins de distinction ?L'état de délabrement de l'édifice d'une part,

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le silence des textes de l'autre, ne permet icique des conjectures.

i. Cf. suprà, p. ~i3. rmle.

E. — MÉDERSA DE SÎDI BOO-MÉDINE

La Madrasa, école de droit, d'exégèsecoranique et de théologie semble bien, enOrient, une création propre delà dynastieayyoubide. L'évolution politique de cetteinstitution et révolution archéologique,connexe, du genre d'édifice qu'elle a faitapparaître, ont été clairement esquissées parVan Berchem 1 . C'est sensiblement à lamême époque que se montre, dans l'Afriquedu Nord, la Médersa, qui porte le même nom(déformé par l'accentuation particulière îlesdialectes maghribins) et répond au mêmebut. La fin de la période almohade, le débuides dynasties mérinides et abd-el-wâditesvoient se multiplier les fondations de ces

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sortes de collèges '-. Ce n'est pas à dire qu'ilfaille décidément considérer la Médersamaghribine comme une imitation de laMadrasa égyptienne.

Le collège maghribin de droit et de théologiepeut avoir son prototype dans l'écoleannexée ;i la zdwiya. Une histoire un peuexacte de L'évolution de ce dernier mot restea faire. La zdwiya, dans le Maghrib, apparaîtcomme une institution sui generis, tenant àla fois, comme on l'a dit, de l'université et dumonastère1 , mais qu'il ne faudrait pasassimiler au

1. Cf. Van Berchem. Matériaux pour uncorpus, p. 253 et suiv.; ce ne sont que desemprunts à un travail général sur l'évolutionde la madrasa que l'auteur annonce pourl'avenir.

2. Cf., sur les collèges abd-el-wàdites, le

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chapitre xiv de Tlemcen, capitule etc.; — surlus médersas mérinides, Kitàb El-Istiqça, 11,p. 21, 30, î>4; — aussi l'édition Schefer deLéon l'Africain. II. p. 72,73, 438 cl 139;— surla médersa de Grenade, Almagro Cardenas,Inscripciones </<■ Granada, p. 203 cl suiv.

3. Cf. Daumas, lu Kabylie, p. 60; — aussiDevoulx. Édifices religieux de l'ancien Alger,p. lu cl suiv.

Khângâh, à la Tekki/'', au couvent dederviches de l'Orient, produit du mysticismepersan. Les textes la placent fréquemmentsur le même rang que le ribât, qui lui, nousreporte, quant à son origine, jusqu'auxpremiers siècles de l'islam'. Zâwiya et ribdtsont, dans le Maghrib, devenus à peu prèssynonymes, et le premier terme a fini parsupplanter entièrement le second, au pointde subsister seul aujourd'hui-. La zâwiya estun lieu de réunion de dévots qui veulent

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vivre à l'écart du monde, parfois un endroitde pèlerinage; on y prie, on y récite le Coran,on y fait des cours ; des étrangers de passageet des étudiants qui y font séjour trouventégalement à s'y loger. Ce sont là autant demanifestations parallèles de la vie religieusede l'islam. La mèdersa qui fleurit sous lesmonarques de Fàs et de Tlemcen.successeurs des Almohades touillés, n'estpeut-être qu'une « officialisation » de cetteécole de zâwiya; dans les nouveaux collèges,dont la vanité ou la piété des sultansmaghribins accroîtra d'année en année lenombre, les étudiants, soumis à une règle,vivant en commun comme les gens dezâwiya, ne seront plus entretenus par lacharité privée, mais toucheront sur lesrevenus royaux, sur ceux des biens que lamunificence royale ;i immobilisés au profitde l'établissement, leur provision de farine,d'huile, de charbon, etc. C'est le chef de l'Etatqui accordera l'admission dans le collège

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fondé par lui 3 et à une époque où lesrouages administratifs des empiresmaghribins se compliquent, c'est parmi les

1. Sur l'évolution du mot ribàt dans leMaghrib, cf. Doutté, les Marabouts, p. 29 etsuiv.

2. Comp. l'évolution des termes désignantdes édifices religieux en Egypte, a/). VanBerchem, Matériaux pour un Corpus, 1, 12i,note l.

3. C'est ce qui ressort de l'histoire del'admission de Ben-Zekri à la médersa de SidiBou-Médine, rapportée u/>. Complément deVhistoire des Beni-Zeiyân, p. 361.

anciens étudiants des médersas, les faqîhnourris de fortes études musulmanes, queles princes choisiront leurs cadis, leurs vizirs,leurs conseillers écoutés'.

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Au point de vue architectural, c'est encore àla zâwiya et au ribât que l'ait songer ladisposition de l'édifice de la médersa. Le plancruciforme qui caractérise essentiellement lamai/rasa égyptienne parait ici tout àfaitinconnu- : uni' cour carrée, une grande salleau fond, à la fois pour les cours et la prière,sur les côtés des cellules pour les pèlerins etles étudiants, telle est la dispositionclassique des zdwii/a, telle est déjà celle del'antique ribât de Sousse :; : telle est enfincelle de la Médersa niérinide de Sidi Bou-Médine, qui reste, jusqu'au jour où uneétude exacte aura été faite des grandesmédersas marocaines, un spécimen uniqueet par suite fort important des collègesmaghribins du moyen âge ■'*.

1. D'autre part, cette création ne paraît pasavoir été envisagée avec bienveillance partous : un auteur du vm" siècle de l'hégire seplaint que la construction des médersas ait

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fait disparaître la science (Bosldn, notremanuscrit, p. 324 .

2. Cf.. sur l'évolution architecturale del'édifice de la madrasa égyptienne, VanBerchem, Matériaux pi,m- un Corpus, p. 533et suiv. : — l'emploi du plan cruciforme,inspiré, en Egypte, parle désir de permettredans un même édifice l'enseignement de lajurisprudence suivant les quatre écolesorthodoxes, n'a pas sa raison d'être dans leMaghrib, où l'école màlikite a seule desadeptes au moyen Age.

3. Cf., sur le ribât de Soussc, Hondas etbasset, Êpigraphie tunisienne, p. 12 et suiv.;— dans l'intérêt de l'archéologie maghribine.il serait à souhaiter qu'une étude exacte decet important monument fût vite entreprise.

4. Le plan de la médersa de Bou-Médine doitaussi être rapproché de celui de la mosquée :

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la salle du fond correspond à la salle deprière, la cour carrée au çahn, les rangées decellules des deux cotés aux cloîtres latérauxintérieurs; la salle du fond est au restepourvue d'un mihrdb, comme une salle deprière; en Egypte, la madrasa, très différentedans son principe de la mosquée, l'influencepeu à peu et arrive à se confondre avec elle ;dans le Maghrib, il se peut que la mosquéeait. dès l'origine, fait sentir son influence surle plan de la Médersa.

S1DI BOU-MEDIXE

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JP Mètres

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Fie 63. — l'Iau de la Médersa.

Cette médersa de Sidi Bou-Médine estpostérieure de huit années à la mosquée ;elle fut, comme ce dernier monument,l'œuvre d'Abou'l-Hasen le Mérinide, etparticipa aux mêmes libéralités, dont la listeest soigneusement dressée sur la table dehabous mentionnée précédemment '. Elleeut des professeurs célèbres, le Khatîb ibnMerzouq, le chîkh Senousi ; elle abrita enfinpendant quelque temps dans ses murs legrand Abd-er-Rahmàn Ibn-Khaldoun •'.

Située sur une éminence, ;i l'Ouest de la sallede prière de la mosquée, et séparée de celtesalle par le passage étroit du cloitreextérieur, elle est le dernier étage de cettesuperposition de monuments qui,commençant au petit palais, s'échelonne surle liane de la colline. Un grand escalier dequinze marches y donne accès. Sur la

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terrasse à laquelle on parvient, s'ouvre uneporte monumentale garnie d'un décor enfaïence élégant et robuste (fig. Oi). Le grandcadre qui l'entoure est composé par unerépétition de losanges festonnés analogues àceux des minarets. Des plaques vernisséesbrun et vert s'y incrustent dans un réseau debriques. Deux écoinçons à décorgéométrique en mosaïque sont limités par cecadre et par un double feston enveloppant lefer à cheval de l'entrée 3 .

L'atrium dans lequel on pénètre est bordésur ses quatre faces par une galerie couverteétablissant une circulation au premier étage.Seize cellules s'ouvrent sur ce portique et surune arrière-cour qui flanque à l'Est lebâtiment du fond. Douze autres s'ouvrentsur la galerie du premier étage, auquel on

1. Cf. lierne africaine, août 1859, p. HO elsuiv.; — Léon l'Africain, III. p. 32. — Histoire

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des berbères, 1, p. 48.

•1. Cf. Prolégomènes, I, LVI.

'à. Kilo parait analogue à une porte deMcquinez. dont une reproduction figure danslu Grande Encyclopédie, à l'article Maroc.

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\ I ontemoilig éditeur, I

Photolypie Berlliaud

PORTAIL DE LA MÉDERSA DE i iTEN

accède par un escalier placé à gauche de laporte d'entrée. Ces cellules, demeures destolbas étudiant à la Médersa, sont disposéessur un plan presque invariable. Elles ont 2 m,85 de largeur et 2 mètres de profondeur. Laporte cintrée en fer à cheval brisé a 0°',77d'ouverture ; une petite fenêtre percée au-dessus de cette porte éclaire l'intérieur. Uneniche cintrée, large de 0 m ,37, est creusée àhauteur d'appui pour la lampe et les livres del'étudiant.

Un couloir couvert par de petites voûtesbarlongues se trouve à droite de l'entrée. Ilfait communiquer la cour principale avec lapetite cour des latrines. Ces latrines sont

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d'une proportion élégante et d'unedistribution logique. Une arcade centraleabrite un bassin ; huit logettes s'ouvrentautour, séparées entre elles par des murs derefend, ne montant pas jusqu'au haut. Uncanal d'adduction non couvert creusé dans lemur du fond les alimente d'eau vive. Leplafond est formé par des voûtes d'arête.

Au fond de la cour principale, ornée devasques rectangulaires s'élève le bâtimentessentiel de la médersa, à la fois salle decours et de prière. Il estcarré et couvert d'unegrande coupole de bois s'indiquant àl'extérieur par l'habituel toit de tuiles vertes.Un mihràb s'ouvre dans le mur du fond. Six

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Fig. ti4. — Fragment du cadre du portail.

fenêtres liantes éclairent cette salle. Elleétait entièrement revêtue d'une somptueusedécoration de plâtre dont seul un demi-pande mur a subsisté.

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Elle se compose d'une frise de plâtre à décorpolygonal

Fig. 03. — Décor de plâtre. Losange desgarnitures. — A. Raccord avec le cuire

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supérieur

encadré par des bandes d'inscriptionscursives, d'arcades et de panneaux garnisd'arabesques. Cette ornementation offrenaturellement beaucoup d'analogie avec cellede la mosquée, qui

lui est antérieure de huit années. Les motifsgéométriques d'angles reproduisent assezexactement les rosaces des portes de bronze[fig. 58) ; mais il semble que l'influence desmonuments andalous s'y fasse plusdirectement sentir par l'accentuation donnéeaux reliefs, la tournure de certainsornements conventionnels et par leséléments de la flore. Le losange festonné quenous reproduisons ici (fig. 65) remplace lasuperposition de palme des décorstlemceniens (fig. 9, H) par un profil demoulures qui rappelle le décor des tympansajourés de l'Alhambra et de l'Alcazar. Le

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décor floral se sert de la palme à œillets et ànervures, encore munie de sa tige. On yrencontre aussi la palme à garniture derinceaux de Sîdi Bel-Hassen et des palaisespagnols.

Une frise de bois court au-dessous de lacoupole; elle porte sculpté en caractèresandalous, un poème en l'honneur dufondateur:

« Louange à Dieu maître de l'univers !

« Celui qui m'a fondée, afin de perpétuerdans mon sein la religion de l'islam, est leprince des musulmans, Abou'l-Hasen, dontles éminentes qualités sont au-dessus deslouanges les plus pompeuses que le soufflepoétique peut inspirer; — Imâm dont lesmérites ne sauraient se décrire si l'on songeii tous les actes qu'il a accomplis en vue de lareligion;—fils d'Abou-Said, possesseur îles

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dignités les plus hautes. Il a réjoui par maconstruction les yeux des hommes; — soncréateur l'a nommé Ali, il l'a élevé, en effet,au rang suprême, et lui a donné la sciencecertaine de la foi; — il s'est servi de lui pourmanifester par des œuvres pieuses lagrandeur de la religion, et la religion sera sonsoutien. — Mois de Rabi second de l'aunéesept cent quarante-sepi.

« Puisse son bonheur durer toujours ! Soubut a été d'ouvrir un asile aux sciences. —Que Dieu exauce les désirs qu'il forme pourlui complaire et qu'il lui soit à jamais en aide1 . »

La coupole circulaire, dont le sommet estformé de plusieurs défoncements successifs,rayonne autour d'une étoile à quarante-huitpointes. Les baguettes cintrées qui lacomposent, après avoir donné lien àplusieurs combinaisons géométriques,

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viennent reposer sur quatre portionshorizontales également garnies par desemmanchements de bois formant treillis.Elle parait dater de l'époque turque.

Les gens de Bou-Médine déclarèrent àBarges que la Médersa toute entière étaitl'œuvre du bey Mohammed el-Kebir ; ce chefy fit peut-être exécuter quelquesrestaurations, en même temps qu'il confiait àCarmachiq la réfection de la qoubba. Mais,au moment où les troupes françaisesentrèrent à Tlemcen, la Médersa était dansun état d'extrême délabrement, et elle ne futrestaurée par le service des Monumentshistoriques qu'à une date assez récente 2 .

F. — Maison de l'oukîl

Suivant une tradition que nous avonsrecueillie de la bouche de vieux Eubbâdois, lamaison actuelle de l'oukil de Sidi Bou-

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Médine, attenante à la partie Nord-Ouest dela mosquée, aurait été, jusqu'à la fin du xvnie siècle unezâwiya pour les pèlerins,

1. Cf. Reuue africaine, août 1859, p. 408. 409.

2. Cf. Barges, Tlemcen, ancienne capitale, p.310;— de Lorral, Tlemcen* p. 328.

et aurait connu une disposition intérieuretoute différente 1 ; c'est le bey Mohammedel-Kebir qui aurait substitué aux petitescellules, qui occupent d'ordinaire les côtés dela cour des zâwiva, les grandes piècescomposant aujourd'hui le logement de l'oukildu tombeau. Le service des Monumentshistoriques y a beaucoup retravaillé à desdates récentes, et aujourd'hui cet édificen'offre plus le caractère que d'une simplemais assez élégante demeure arabe.

La porte donne sur la cour qui sépare lamosquée du tombeau. Un vestibule suivi de

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couloirs formant coude protège le logis.L'atrium, muni d'un petit bassin octogonal,est abrité par une treille. Des portiques lebordent de trois côtés, établissant unecirculation au-dessus. Les chambres donnentsur ces portiques. Elles sont, comme tous lesappartements tlemceniens, peu profondes ettrès longues, dépassant à peine 2 mètresdans un sens et atteignant plus de 10 mètresdans l'autre. Les extrémités reçoivent lescaisses, les couvertures, les coussins quiconstituent la partie la plus importante dumobilier arabe. C'est dans la partie médiane,la plus voisine de la porte, que se trouventles défoncements ménageant dansl'épaisseur du mur des banquettes, desretraits, des niches pour les bougies, leslivres, les objets d'un usage journalier. Leplafond de ces chambres devait se composer,suivant la coutume, de rondins trèsrapprochés portant sur les deux longs murs.

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Il n'y a pas de logement au premier étage,mais une circu-

1. La zàwiya d'El-Eubbàd est citée par lestextes (Cf. Histoire des Berbères, IV, 212) ;c'est -vraisemblablement cet édifice quedésigne Marmol comme « un hôpital pourrecevoir les étrangers» (Léon l'Africain, III,p. 32; — Marmol, l'Afrique, II, p. 355;. Bargess'enquit de cet établissement et ne putobtenir aucun renseignement de ses guides(Tlemcen. ancienne capitale, p. 311).

lation déjà mentionnée, et des terrasses àdifférents niveaux couvrant les chambres, lepassage d'entrée, et allant, en contournant lacour, rejoindre la coupole du tombeau.

De l'autre côté du couloir voûté, qui, del'extérieur, donne passage dans la courséparant la mosquée du tombeau, l'on trouveaujourd'hui une cour avec quelques

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bâtiments en ruines. C'étaient, d'après lesrenseignements recueillis par nous, deslogements annexes de la zâwiya; en outre unescalier, partant de cette cour donne accès àdeux petites maçnya qui surmontent lepassage voûté. Elles servent encore delogement aux rares pèlerins qui veulentpasser la nuit auprès du saint, ei sont ainsiles derniers restes de la zâwiya d'El-Eubbâd.

('•. — Latrines et bains publics

A l'Orient de la mosquée et séparés d'elle parune ruelle assez large, se trouvent, deslatrines et des bains publics. Ce sont les lieuxde purification rituelle, annexes naturellesdu sanctuaire, et ils datentvraisemblablement de la même époque.

Les latrines, qui occupent la partie Nord dece pâté de constructions, ont leur entrée aumilieu du mur Ouest, sur lamelle. Elles ont

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10 m ,50 de long sur 8 mètres de large. Al'intérieur, un carré central de 4 m ,50 estsurmonté d'une coupole. Dos demi-voûtesd'arête faisant, comme d'ordinaire, passer ducarré à l'octogone, permettent rétablissementde ce dôme circulaire. Le pourtour estoccupé, contre le mur Est, par de longsbassins d'ablution, alimentés d'eau courante,contre les murs Nord et Sud et des deuxcotes de la porte par des logettes cabinets

d'aisance, suivant l'habituelle disposition desédifices de ce genre. Les plafonds et lacoupole sont percés de jours et ornés defrustes caissons géométriques, rosaces etpolygones étoiles. Les bains publics ontégalement leur entrée sur la ruelle. Elledonne par un court, passage coudé dans unesalle couverte d'un dôme. Cette salle, leclassique apodyterium, a (i mètres de longsur 8 de large et se trouve contiguë au murSud des latrines. Elle est extrêmement

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simple, et nul relief n'orne sa coupole percéede jours. Par une large porte ouverte au Sud-Est de Yapodyternim, on pénètre dans unepremière salle.

Fig. 66. — Plan lies latrines publiques.

puis de là dans une seconde, parallèle à lapremière et située à l'Est, et enfin dans unetroisième parallèle aux deux premières. Cestrois salles ont une même longueur de 8mètres. La troisième seule a conservé sonaffectation primitive d'étuve. Les deuxpremières, munies de bassins et de piscines,ne servent plus que de débarras. Mais ellesétaient assurément destinées, la première à

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jouer le rôle de frigidarium, et la deuxièmecelui de tepidarium. Des voûtes en berceau,traversées par des tubes en poteries couvrentces trois salles parallèles.

LES MONUMENTS ARABES DE TLEMCEN

H.

Marabout de sîdi boc-jshàq et-tayyàr

Les ruines énigmatiques de ce petitmonument occupent un tertre près d'unesource, à gauche et aux trois quarts de larente qui, à travers d'anciens cimetières,conduit à Sîdi Bou-Médine. On peut lesconsidérer comme une annexe de ce village.Elles remontent vraisemblablement au débutdu xiv'' siècle et l'édifice dont elles sont lesrestes dut faire partie d'Eubbâd es-Sefli. Cesruines se composent d'abord de quatrearcades en briques, groupées de manière àformer un quadrilatère. Une cinquième

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arcade s'appuyant au pilier

Sud-Est du quadrilatère, indique l'existenceantérieure d'un second quadrilatèreprolongeant à l'Est le premier; dessubstructions de murs dessinent encore lecarré sur les trois autres faces. D'autre part,une amorce d'arcade parfaitement visible aumilieu de la face Ouest du pilier Sud-Ouestfait supposer qu'un troisième quadrilatèreprolongeait vers l'Ouest le monument. Enfin,à l'extrémité Est de la cinquième arcade,maintenant isolée, un mur de 3 mètres parttransversalement dans la direction du Sud.Un pignon presque intact le surmonte, etune porte basse le perce;

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Fig. 67. — Plan du marabout de Sidi Bou-lshàq et-Tayyàr.

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l'arcade bi'isée de celte porle est décorée surla face extérieure par une succession de trèsjolies découpures à festons et à lambrequinsindiquant une bonne époque de l'artmoresque; les arcades du monument, qui ontl'orientation Est-Ouest, sont brisées; cellesqui ont l'orientation Sud-Nord sont en pleincintre.

L'eau d'une fontaine, adjacente aux ruinesdes substructions qui dessinent lequadrilatère oriental, s'écoule dans des

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bassins de pierre grossièrement creusés.

Quelle put être la destination primitive de cepetit édifice, qui passe, d'après la tradition,pour contenir les restes de Sidi-Bou-Ishâq et-Tayyâr '. Fut-il tombeau ou oratoire? Laprésence de pierres tumulaires dans lequadrilatère, qu'une coupole pouvaitrecouvrir semblerait s'accorder avec cettetradition. Mais le niveau assez élevéqu'occupent aujourd'hui les châhed dontnous parlons ne permet pas de supposerqu'ils soient ceux du saint en l'honneur dequi fut élevé le monument. On peut affirmer,dans tous les cas, qu'il y eut là une de sessuperpositions de sépultures dont lesexemples sont si fréquents. Mais,l'importance des dépendances pourrait fairevoir dans ces ruines les restes d'un petitoratoire-'; les tombes, aujour-

1. Le Bostân (notre manuscrit, p. 112), dit de

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ce personnage « Ibrahim le secours suprême,c'est-à-dire Abou-Ishàq et-Tayyàr, est un desplus grands saints. 11 mourut avant la fin duvu" siècle de l'Hégire. Son tombeau à El-Eubbâd est fort visité et bien connu par cefait que les vœux formés auprès de lui sontexaucés. » Le nom A'Et-Tayyâr « le volant »aurait été donné à ce personnage parce qu'ilavait la faculté surnaturelle de voler en l'air(Cf. Gold-zihcr. Moham. Studien, II, p. '294).D'autre part, Brosselard (Bévue africaine,août 1S39, p. 413, note 2), le confond mal àpropos avec Abou-lsliàq-lbrâhim-et-Tenesimort sous le règne d'Abou-Said Otsmàn etsur lequel on peut consulter Histoire desBeni-Zeiyân (p. 23 et suiv.).

2. Le Bostân c-ilc une mosquée de Sidi't-Tayyàr mais sans autre indication (notremanuscrit, p. 189).

d'hui apparentes, occuperaient le sol d'une

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ancienne mosquée '. Les substructions dumur oriental du deuxième quadrilatèreoffrenl une échancrure fort visible: nemarquerait-elle pas l'em-placement d'unancien mihrâb, orienté à l'Est-Sud-Estcomme ceux des anciennes chapellesd'Eubbâd es-Sefli? D'autre part, Duthoit ditque l'arc oriental (il désignevraisemblablement par là la petite portebasse du mur transversal à pignon) faisaitcommuniquer la salle couverte avec unecour. La position de la fontaine, affectéeprimitivement aux ablutions, se trouveraitainsi expliquée.

Mentionnons, enfin, la présence, dans unchamp situé à quelques mètres au Sud-Estde cet édifice, de ruines en pisé qui nousrévèlent l'existence à cette place d'unbâtiment assez considérable.

Des fouilles seules, en amenant la

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découverte de débris ou d'inscriptions,pourraient fixer définitivement sur le plan etl'emploi primitif de ce petit monument.

1. Cùinp. Doutté, ap. Journal asiatique, [W)'l,p. 180.

PI. XXV

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A, Foniemoing, hditcur, Tari

I'hoion pie BculiauJ

MOSQUÉE DE SiDl' LHA (Côté Sud)

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A I ontemoing, Editeur, I

Phototypie lîerthaud

MOSQUÉE DE SÎDI' LH • (Côté Nord)

MOSQUÉE DE SIDI'L-HALWI

La légende du saint tlemcenien Sîdi'l-Halwi aété racontée par Brosselard dans nn récitplein de pittoresque et de vie 1 . Nous ne lereproduirons pas ici. Aujourd'hui la tombeduwalî s'élève h 100 mètres ii peine del'angle Sud-Est de l'enceinte de la ville ; c'estun modeste édicule carré ; recouvert d'untoit de tuiles et ombragé d'un gros caroubier.A ses pieds, au bas de la colline, se dressel'oratoire que les Méri-nides élevèrent à lagloire du saint personnage, et autour segroupe le petit village qui porte son nom.D'autre part, les textes font fréquemmentmention d'une zàwiya et d'une mé-dersa

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attenantes à la mosquée de Sldi'l-Halwi 2 ;mais ils sont muets sur la date et sur l'auteurde ces fondations, dont rien au reste nesubsiste plus aujourd'hui.

Postérieure d'environ quatorze ans a lamosquée de Sidi Bou-Médine, placée commeelle sur une pente assez forte et s'encastrantdans une tranchée creusée de maind'homme, la

1. Cf. Revue africaine, février 1860, p. 161 etsuiv. ; - cf. aussi Tlemcen, ancienne capitale,p. -413 et suiv.

•2 Bosldn (noire manuscrit!, p. 46, 64, 61, 68,74. etc.; dans son dernier état. I, porte delàville qui dominait le village de Sidil-Halwiétait f.équemment dénommée Uàb-ez-Zà«iya.

mosquée de Sidi'l-Halwi est élevée sur unplan analogue et presque dans les mêmes

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proportions. Une sorte d'arc de triomphecouronné de nierions marque l'entrée duterre-plein qui s'étend devant la façade. Unperron extérieur de six marclies précède laporte principale placée dans le grand axe dumonument. Le minaret s'élève à l'angle decette façade en saillie sur le côté Ouest.

Le portail, s'il n'a pas le grand aspectdécoratif du porche de Sidi Bou-Médine,emprunte cependant un caractère d'éléganceclassique à son sobre cadre de céramique,malheureusement bien endommagéaujourd'hui, ainsi qu'au bel auvent sculptéqui le couronne encore. Il ne reste rien desfaïences qui décoraient le cintre. Il était sansdoute revêtu, comme celui de Sidi Bou-Médine, d'arcades dentelées et d'écoinçons àarabesques géométriques et florales 1 . Lesparties subsistantes ne commencent qu'avecle cadre rectangulaire. Partant à la hauteurde l'encorbellement de l'arc en fer à cheval, il

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est formé d'entrelacs et de rosacesgéométriques en mosaïques de faïence,blanc, vert, brun, bleu et jaune. Une bandemince le surmonte où court l'inscriptiondédicatoire en caractères anda-lous. La voicitelle que l'a relevée Brosselard: » Louange àDieu unique ! Celui qui a fait élever cettemosquée bénie est notre maître le Sultan...fils de notre maître le Sultan Abou'l-HasenAli, fils de notre maître le Sultan Abou...Otsmân, tils de notre maître Abou-YousefYaqoub ben Abd-el-Haqq. Que Dieu fortifieson bras victorieux. — Année sept centcinquante-quatre (754)'-. » Deux lacunesproduites par l'écaillage des

1. Un projet de restauration de ce portail aété exposé au Salon de 1899. par M. Rattier,architecte.

2. Cf. Revue africaine, août 1860. p. 322.

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émaux ne gênent heureusement pasl'archéologue dans l'attribution dumonument. La date de fondation suffit pourl'attribuer au sultan mérinide Fâres (749-759= 1348-1358).

Une frise plus large règne au-dessus forméede quatre rosaces octogonales découpéesdans l'émail noir et incrustées dans le réseaude la maçonnerie. Elles sont semblables àcelles de

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Fin. 68. — Console de l'auvent et détails despalmes.

Sidi Bou-Médine, mais s'en distinguentcependant par l'absence de filets A'erts. Unebranche du cadre du bas vient rattacher cettefrise au reste de la composition. Deuxsaillants, partant de fond et décorés aussi de

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rosaces, montent jusqu'aux blochets sculptésqui soutiennent l'extrémité de l'auvent.

Celui-ci s'avance, en outre, sur treizeconsoles d'un travail délicat, qui s'appuientelles-mêmes sur une bande ornée d'un motifd'un faible relief et portant en son milieuune inscription couflque 1 . De semblablesmotifs se rencontrent dans les monumentsespagnols du même âge : la grande porte del'Alcazar, la porte extérieure de la mosquée àl'Alhambra, et celle de la cour de l'Alberca enoffrent des exemples; mais jamais, peut-être,l'imagination des artistes arabes n'avait tirémeilleur parti de cette formule décorative.

Le çahn a 10"',lu de long e1 10 ra ,60 de large.Il est bordé de nefs simples perlées sur despieds droits. La salle de prière, qui a 13 m ,68sur 17 m ,50, es! divisée par cinq nefs ayantchacune 3 mètres de large, a l'exception de lanef médiane, qui a 3 m ,35. Les quatre

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travées d'arcades intérieures sont portées pardeux rangs de colonnes d'onyx, dont lahauteur, y compris le chapiteau, est de 2mètres. Une travée transversale coupe lesnefs, parallèlement au mur du mihràb. Ladisposition des fenêtres du fond, celle de lachambre des morts, celle des grandes porteslatérales reproduisent l'ordonnance de SidiBou-Médine. Les arcs sont des ogives en ferà cheval. Leur brisure est plus sensible quecelle des arcs de Sidi Bou-Médine. Celui quiferme la nef médiane est très écrasé.

Toutes les nefs sont couvertes par desplafonds de bois à assemblage apparent. Lacoupole, qui d'ordinaire précède le mihrâb,est remplacée par un plafond carré plus élevéque les autres et s'accuse extérieurement parun toit de tuile ;i quatre croupes ayant unassez fort commandement sur les toits des

1. La même qui rè^ne à l'intérieur de la

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mosquée, tout autour du plafond (Cf. infrà./ii/, ~ï .

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Fig. 69. — Plan de la mosquée de Sidi'1-ilal-svi.

(Non- avons omis <l:in> notre plan de lamosquée de Sidi'l-Hahvi de représenter lachambre des

morts. Cette chambre à laquelle "ii ai le parla petite porte placée à 1 Est du mihràlemesure

intérieurement 3',50 sur 6",10.)

nefs 1 . Le cadre du mihrâb a perdu toutedécoration. Les arca-tures reposant sur lescolonnes en sont dépourvues aussi; seuls lescintres du cloître et les arcs transversaux quis'appuient sur les pieds droits portent unbeau revêtement de bordures circulaires,d'écoinçons et de frises. La voûte du mihrâbest à stalactites; l'arc repose sur deuxcolonnes d'onyx, dont les chapiteaux, copiés

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sur ceux qui, àSîdi Bou-Médine, remplissentle même emploi, portent un turban où l'onpeut lire les deux inscriptions suivantes:Chapiteau de droite: « Mosquée du tombeau,du chîkh aimé de Dieu, et l'élu de sa grâce El-Halwi, que la miséricorde divine soit avec lui! » Chapiteau de gauche : « L'ordre d'édifiercette mosquée bénie est émané du serviteurde Dieu, celui qui met sa confiance dans leTrès-Haut, Fâres, prince des croyants -'. » Ilsoffrent ces particularités d'avoir été privés deleurs volutes angulaires, soit par unvandalisme inexplicable, soit par la chuteaccidentelle d'un pan de mur voisin, et d'êtrede plus des chapiteaux dégagés et completsdont les faces postérieures sont en partieenfoncées dans le mur.

Les chapiteaux des nefs sont d'un modèleunique et d'un très beau style. Les colonnes,d'un admirable onyx, translucide et veiné,sont un peu courtes, mais soigneusement

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taillées, et les chapiteaux s'y adaptentparfaitement. Sur les deux premières,Brosselard, après avoir fait gratter lebadigeon de plâtre qui les recouvrait, put lirel'inscription suivante : « Fait par Ahmed, filsde Mohammed El-Lamti dans le mois IA del'année

1. Notre photographie (PI. XXV), prise parderrière et au-dessus de la mosquée, montrela disposition des toits de ces nefs. Lepavillon précédant le mihrâb, les deux toitsen pyramide qui le flanquent, les toits desnefs, réunis au fond parle toit de la premièrenef du çahn, enfin, à droite, le toit du portail.

2. Cf. Brosselard, Revue africaine, août 1860,p. 326.

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Fio. 70. — Cadran solaire.

D'MZ » (onzième mois de l'année 717,d'après le compul en lettres usité dans leMaghrib 1 ). Mais il eut tort, à notre avis, deconclure que cette mention s'appliquait auxcolonnes elles-mêmes. Sur l'une d'elles, eneffet, nous avons remarqué un cadran solairedont les légendes sont exactement du mêmecaractère et de la même main quel'inscription dont nous parlons, et pour nous,il n'est pas douteux que la signature d'El-Lamti s'applique, non à la colonne elle-même, mais au cadran solaire ; l'ensembleconstitue à nos yeux un curieux spécimen dece caractère carré qui se montre sur lesinstruments d'astronomie jusqu'à uneépoque relativement récente, et qu'on a assezjustement dénommé coufique astronomique2 . Nous en donnons ici le fac-similé [fig. 70).Brosselard remarque, en outre, (pie la

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mosquée de Sîdi'l-Halwi ne date que de 7,"ii,que l'inscription en question lui est doncantérieure de sept années, et il en conclutque les colonnes qui la portent devaientprimitivement avoir une affectationdifférente. Il rappelle que c'est en 745qu'Abou'l-Hasen fit commencer le palais dela Victoire à Mansourah, et conclut que cescolonnes, primitivement destinées àl'achèvement ou à l'agrandissement de cepalais, et n'ayant pu y être employées, furentutilisées par le fils d'Abou'l-Hascn pourl'embellissement de la mosquée qu'il faisaitbâtir 3 . Cette hypothèse nous parait fortplausible et,

1. Cf. Revue africaine, août 1860, p. 323, 324.

2. Cf., sur le coufique astronomiquequelquefois aussi appelé coufique grêle, VanBerchem, Noies d'archéologie, II, p. 16; —Matériaux pour un Corpus, p. 179 et pi. V, n

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°3; — Dolphin, l'Astronomie au Maroc, oùl'auteur révèle la présence du caractère carrésur des instruments d'astronomie jusqu'àune époque moderne; par contre, le cadransolaire de Cairouan, daté de 123S de l'hégire(1850), est en caractères arrondis (Cf.Iloudas et Basset, Épigraphie tunisienne, p.23).

3. Cf. Revue africaine, août 1360, p. 324.

dans le même sens, nous ajouteronsquelques remarques : d'abord que le cadransolaire se trouve actuellement placé dans unendroit que le soleil n'éclaire jamais ; c'estdonc que les colonnes qui le portent ne sontpas là où elles devaient primitivement être;qu'en outre, un cadran solaire ne pouvant,

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Fio. "1. — Chapiteau.

dans un édifice, occuper qu'une placespécialement déterminée, on doit penser queces colonnes ne furent pas seulement

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destinées à l'embellissement d'un portiqueen projet, mais

qu'elles y furent vraisemblablement misesen place et ne furent enlevées que dans lasuite.

Les chapiteaux de ces colonnes sontsemblables à ceux qu'on a retrouvés dansl'intérieur de la mosquée de Man-sourah et àdeux des spécimens du tombeau de Sidi Bou-Médine qui. nous l'avons vu. mit la mêmeprovenance. Des décors légers y séparent lesméandres; le turban sans inscriptionapparaît dans un triangle limité par lasuperposition de palmes doubles qui, dans lerevêtement de plâtre, constitue le losange sisouvent employé; des palmes partant del'angle, comme dans l'exemple reproduit plushaut (ftg. 54), remplacent les volutesprimitives. Ce faible relief est admirablementadapté à la forme et ii la matière. Lorsqu'on

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leur compare les chapiteaux de la mosquéede Sidi Bel-Hassen, on est tenté de juger lemonument, qu'éleva un demi-siècle avantAbou-Saîd Otsmân ben-Zciyàn, œuvre dedécadence, et ces indices d'un art plusrobuste et plus pur, que les Mérinidesauraient apporté avec eux, nous fontregretter davantage l'ignorance oii noussommes des merveilles semblables que leMaroc doit contenir.

Quand eut lieu l'érection de ces colonnes etl'abandon des résidences de Mansourah? Acoté de ce petit problème chronologique s'enpose un autre dont la solution est peut-êtreconnexe à celle du premier. D'où vient qu'iciles arcades que soutiennent les colonnessont sans ornements, alors que le décor trèsriche des autres parois, les assemblages desplafonds, les chapiteaux du niihràb, toutdénonce le soin qu'apporta le sultanmérinide à l'édification de ce temple? Faut-il

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voir dans ces colonnes un apport ultérieurecette édification, apport qui aurait nécessitéune réfection totale des arcades? Cessurfaces

ne durent-elles pas, soit pour un effet voulu,soit par suite d'une interruption prématuréeîles travaux, se passer toujours d'ornement?Le décor primitif tomba-t-il, ainsi que celuiqui, nous n'en doutons pas, encadrait lemihrâb, désagrégé par l'humidité, victime del'imprévoyance de l'édilité turque? Cettedernière explication doit sans doute êtrepréférée. De semblables dégradations nesont pas rares. Nous eu avons vu desexemples à Sidi P.el-Hassen et à la Médersade Sîdi Bou-Médine; et, au

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Fig. 72. — Décor de plâtre. Bordure de cintre.

reste, le mauvais état de conservation duportail de Sidi'l-Halwi montre que cemonument eut particulièrement à souffrir.Le goût des intérieurs frustes est, d'autrepart, peu conforme aux habitudes arabes. Lesultan Fàres ne mourut, étranglé des mainsde son ministre, que cinq ans après

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l'édification

de la mosquée. C'était plus qu'il n'en fallaitpour achever les travaux.

Enfin, l'hypothèse d'une restaurationimportante des arcades laisserait supposer laréfection des plafonds qu'elles supportaient.Or ces plafonds, par l'élégance de leur forme,l'ingéniosité de leur (-(imposition, portent lamarque indiscutable d'une très bonneépoque d'art.

U semble donc for! probable que colonnes etchapiteaux furent incorporées à la mosquéede Sîdi'l-Halwi au jour même de safondation. Il en résulte que l'on ne peutguère assigner aux demeures royales deMansourah qu'un maximum de sept

ans d'existence. Du temps même des Mé-rinides, elles furent abandonnées, et lesfragments qui les meublaient dispersés dans

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des constructions nouvelles. C'est peut-être àcette même époque que la cour du tombeaude Sîdi Bou-Médine en reçut sa part. Décorde bois. — Frise. — Plafonds. — Une planchesculptée forme frise (fig. 74). L'inscriptioncoufique qui la décore est ainsi conçue : El-Ghibta el-Mottasila wall-Baraka el-Kdmilawas-Sà'âda: » La prospérité continue, labénédiction parfaite et la félicité. » Ellefigure également au dessous des consoles duportail, et des eulogies analogues, sont fortcommunes

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Fig. 73.

Décor de plâtre.

dans les monuments andalous 1 . Le style enest ferme, assez, proche de celui desinscriptions sur plâtre de Bou-Médine, maisplus fruste et plus large, comme il convient àune matière moins délicate et plus rebelleque le plâtre, et à un ornement destiné à êtreplacé assez haut.

Des tirants, gravés de petits motifs simples,sont engagés dans les murs parallèles au-dessous de cette frise. La charpenteprimitive, composé > d'arbalétriers réunispar des entraits retroussés, est revêtue d'unfaux solivage composé d'entrecroi-

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Fio. 74. — Frise de bois à inscription.

seinents apparents de baguettes plates encèdre, se coupant à angle droit oudiagonalement 2 , s'assemblant à mi-bois et à

tenons et mortaises. Quelques baguettestournées, quelques plaques de bois enclavéesdans ces assemblages ou en complé-

1. A l'Alhambra, cf. Almegro Cardenas. p. 33,125, 169, etc.; à l'Alcazar de Sêville. cf.Amador de los Rios. 131, 147, 230.

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2. Voir np. Constantin L'hde, Baudenkmaelerin Spanien und Portugal,

lîerlin, 1892. p. 27. un rapprochementcurieux des treillis formés par ces pièces debois avec le treillis des huttes Kirgis étudiéespar Dieutafoy.

LES MONUMENTS ARABES DE TLEMCEN

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Fio. 15. — A, B, garnitures des plafonds. — C.entrait.

MOSQUÉE DE SiDI L-HALWI

•209

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Fio. 76. — A. Il, garniture des plafonds. — C,arête. — D, spécimen d'emmanchement.

tant l'apparence, quelques motifs peints enblanc et noir sur les planches qui forment lefond des caissons polygonaux, de sobresgravures sur les pièces de bois complètentl'ornementation. Ce genre de décor, d'unelogique plus mensongère que réelle, qui fait

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appel à des artifices de construction indignesd'une menuiserie bien comprise, se trouveassez fréquemment employé dans lesédifices du Magbrib et de l'Espagne. Le ununiment de Tolède connu sous le nom deTailler del Moro, quelques maisons deGrenade et du Maroc, la mosquée de SîdiBel-Hassen en présentent des exemples 1 .Celui que nous étudions ici en est un desplus ingénieux.

Le Minaret. — Le minaret accolé au muroccidental rappelle beaucoup celui de SidiBou-Médine. Comme la base en est dégagée,la décoration de ses faces se prolonge plusbas que le bord du toit de la mosquée. Sesfaces Nord et Sud présentent un premierdéfoncement rectangulaire orné par unedouble arcature à lambrequins et ménageantdeux écoin-çons à décor étoile en mosaïquede faïence. Un second défoncement,reproduit sur les quatre faces, est occupé par

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une arcade festonnée semblable à celle deSidi Bou-Médine. Elle est encore accostéed'écoinçons à combinaison géométrique. Descadres céramiques entourent ces deuxdéfoncements. Un grand réseauàlambrequins décoré de fleurons règne audessus. Enfin, on voit encore, sur une desfaces, les vestiges d'une frise analogue à celledu minaret d'El-Eubbâd, mais qui s'endifférencie

1. Léon l'Africain parle d'une médersamérinide de Fâs dont «le couvert est fait enbeau compartiment de menuiserie trèsexcellente et bien ornée». Description del'Afrique, II, p. 74. —Aux xv", XVI 0 et xvii"siècles le goût des plafonds de menuiseriearabe était encore 1res marqué en Espagne.Citons à ce propos un traité : «Compendioi/el arte île Carpïnteria » publié par DiegoLopez Arenas, à Séville en 1632.

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cependant en ce que les quatre rosaces qui lacomposent, ne se sectionnent pas aux angleset se déploient en entier sur toute la largeur.L'édifice terminal, très endommagé, portaitaussi un réseau de briques incrustées.

Latrines publique*. — En face du minarets'ouvre la porte de latrines publiques abritéepar un joli auvent analogue à celui de lamosquée et qui, quoique très abîmé, permeld'étudier plus aisément les motifs sculptés.

On y retrouve la frise coufique reproduisantl'inscription de la mosquée. Directement surcette frise portent les neufs blochets faits deplanches simples posées de champ et lesblochets extrêmes de trois planches jointivessimulant une poutre de fort équarrissage. Lacouverture de brique repose directement surces blochets.

Le décor de bois qu'on y trouve, quoique

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mettant en oeuvre les mêmes éléments quele décor de plâtre, leur donne uneinterprétation un peu différente. Nous avonsnoté [fig. 68) deux fleurons faisant partie del'ornementation; l'un se compose des palmesstriées qui persistèrent dans les bas-reliefsde bois, l'autre garnit la même surfaced'imbrications également bien appropriées ilce genre de technique. Ce dernier motif, dontl'origine est déjà visible à la Grande Mosquéede Tlemcen (cf. p. 156), semble un équivalentdécoratif du premier : il joue toujours lemême rôle.

Les dispositions intérieures sontsensiblement les mêmes qu'à Sidi Bou-Médine, elles s'indiquent extérieurement parun dôme à douze pans, percé de jours àcheval sur les angles, s'élevant du milieud'un monument rectangulaire. Ce dôme estintérieurement orné de polygone» étoiles etde rosaces, modelés dans le plâtre.

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MOSQUÉE ET QOUBBA DE SIDI BRÀHIM

Les édifices connus aujourd'hui sous lesnoms de mosquée et de qoubba de SîdiBrâhîm nous offrent les derniers restes d'unevaste fondation due au restaurateur de ladynastie zeiyânide, Abou-Hammou MousaII. A un mausolée élevé en l'honiieur de sesoncles Abou-Saîd, Abou-Tsâbit et de son pèreAbou-Yaqoub, ce prince annexa, suivant unepratique dent l'Egypte offre de nombreuxexemples 1 , une zâwiya, une mé-dersa et unoratoire. Le tout, réuni dans une mêmeenceinte, entouré de jardins, était connusous le nom de Médersa Yaqou-biya (du nomd'Abou-Yaqoub) et ''ouvrait l'emplacementcompris entre les rues actuelles de SîdiHrâbim, Ximenès etHaedo'-'. Des biensnombreux furent immobilisés au profit derétablissement ; des tables de marbrepubliées par Brosselard, comme

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1. Par exempte, les madrasas-mausolées deMalik Achraflnâ) et de Malik Achraf Qàit-BeyCf. Franz-Pacha, die Baukunsl des Islam, p.114: — Gayet, l'Art arabe, p. 203 et suiv. ; —Van lierchem. Matériaux pour un Corpus,394 et suiv. ; 431 et suiv.).

2. Cf. Barges, Complément île l'Histoire desBeni-Zeiyân, p. 159, 160; — Tlemcen,ancienne capitale, p. 334, 33o ; l'extrait de laBaghyat-er-Rouwàd cité dans ce dernierouvrage et où il est question «d'un oratoireavec un minaret incrusté de faïence», n'a étéretrouvé par nous dans aucun desmanuscrits i|ue nous avons consultés.

concernant la rnédersa d'Oulàd-el-Imâm,nous fournissent sûrement la liste deshabous de la Médersa Yaqoubiya 1 . Dans lasuite, les abords de la mosquée et de lamédersa devinrent un cimetière royal: puis, àl'époque turque, la médersa tomba en ruines;

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la mosquée et la qoubba subsistèrent seuleset, par un de ces changements dedésignations fréquents dans l'Afrique duNord, prirent le nom du saint SidiBrâhim el-Maçmoudi qui, quatre-vingts ans après lafondation, avait été enseveli dans l'enceintede la médersa" 2 . Les ruines de la médersan'ont été déblayées qu'à une époque récente.Barges, en 1846, vit encore dans le voisinagede la mosquée un portail monumental enbriques, portant les trois premiers versets dela Soura » la Victoire 3 . » Il ne songea pas,au reste, à identifier les restes d'édifice qu'ilavait sous les yeux avec la médersaYaqoubiya 4 .

I. Revue africaine, février 1859, p. 169 etsuiv.: ces tables de marbre datées de 163 etde 765sont relatives à la z.ïwiya, a lamédersa, à la mosquée qui avoisinent letombeau du père d'Abou-Hammou II: il n'y adonc pas de doute possible; en outre, dans

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un des manuscrits de la Baghyat-er-Rouwàd.nous relevons le passage suivant, sûrementinterpolé par un copiste,mais qui n'enfournit pas moins d'intéressantsrenseignements : « En 763. Abou-Hammoucommença à construire la zàwiya et lamédersa, connue sous le nom de médersaYaqoubiya, du nmii de son père Abou-Yaqoub. Il immobilisa à son profit denombreux immeubles, comme il estmentionné sur deux tables de marbre placéesà la porte de la médersa : aujourd'hui onconnaît cette fondation sous le nom detombeau du wali Sidi Ibrahim El-Maçmoudi;elle est le lieu de sépulture de nombreuxsaints, de savants et de sultans».

2. Cf. Tombeaux des Emirs Beni-Zeiyân, p. 13et suiv. : Brosselard y raconte comment, dansles fouilles qu'il pratiqua sur cetemplacement, il découvrit les tombeauxd'une partie des Beni-Zeiyân; sur la vie de

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Sidi liràhiin El-Maçmoudi {-[- 804 = 1401),cf. Complément de l'Histoire des Reni-Zeiyân, p. 259 et suiv. : et Extrait de laTakmilel ed-Dibâdj, ap. Annales de la Sociétéarchéologique de Constantine, IS'.ij.

3. Cf. Tlemcen, ancienne capitale, etc., p. 391.

4. Il voulait que la médersa Yaqoubiya eûtété attenante à la mosquée de Bel-Hassen(op. laud., p. 337).

Mosquée de SiDi Bràhïm

Le plan de la mosquée est copié sur le planclassique des monuments de la belle époquemérinide. Les dispositions archi-tectoniquessont les mêmes. La porte principale est auNord; deux autres portes latérales ouvrent lapremière travée de la salle de prières, l'une àl'Est, l'autre à l'Ouest. Elles n'ont rien demonumental. L'arcature qui borde le çahnporte sur tout son pourtour l'auvent établi

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sur des consolettes de maçonnerie. La sallede prière est composée de cinq nefs forméespar doux rangées de pieds droits, soutenantdes arcades brisées sans aucun décor. Elle a19 mètres de large sur 15 mètres deprofondeur. Les nefs extrêmes de droite et degauche sont couvertes de voûtes d'arête.

Le mihrâb est précédé d'une coupole, décoréde grandes cannelures convergentessemblables à celles que présente la GrandeMosquée. Trois fausses fenêtres lesurmontent. La petite coupole intérieure està huit pans et sans ornements. Le cadre dumihrâb, où l'on remarque le croissant turc,est garni de plaques de faïence, à fond lustrévariant de l'ocre claire au rouge sombre, et àdessins floraux bleus, jaunes, blanc et vert.Le lustre du fond rappelle les produits deGubbio et de Pessaro; on en trouved'analogues à Alger sur les monumentsdatant de l'époque turque. Le mihrâb est

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flanqué de deux ouvertures,l'une à droite oùs'enfonce le mim bar, l'autre à gauche quidonnait entrée dans la salle de

prêche maintenant disparue 1 . Cettedernière est fermée par une porte assezélégante dont le battant et le cadre sontgarnis de petits panneaux, de cordelières, defeuillages avec lleu-rons dans le goût turc, depentures de cuivre fort minces surtransparents d'étoffe, enfin d'une inscriptionen caractères maghribins. Celle-ci nousindique que les sculptures sur bois furentexécutées dix-huit jours avant la tin du moisde Rejeb 1247 par Sàlim Bou-Djenân Ben-Ferfara. Le minbar, de facture semblable,porte la date de Chabân 1 *J iT et le nom deMohammed Ben-Hasen Ben-Ferfara. Celtedate (1831-1832) nous

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Fig. 17, — Carreaux de faïence à. reflets

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métalliques.

reporte à la fin de l'époque turque. Le nomde Ben-Ferfara était porté par deux artistescousins, dont les vieux Tlenice-niens ontgardé le souvenir et i|iii travaillèrent pour lecompte d'Abd-El-Kàder 2 . Les œuvres qu'ilsnous ont laissées, d'une exécution assezmaladroite, se rattachent, à cinq siècles dedistance,

t. Elle a été abattue lorsque le passage quifait communiquer la rue Xime-nès avec larue de Sidi Brahim derrière la mosquée a étéélargi. ■1. Cf. supni, Intr., p. 'VJ : — etTombeaux des Emirs B»ni-Zeiydn,p. 50. note1.

20

à l'école qui sculpta la maqçoura île laGrande Mosquée, l'auvent et la frise de Sidi'l-Halwi. Le bois y est traité comme le plâtre; le

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décor sans modelé sensible se découpe surun faible défoncement.

La mosquée de Sidi Brâhîm, primitivementsimple oratoire annexe d'une médersa,devint avec le temps mosquée-cathédrale;elle était le lieu de réunion, pour la prièresolennelle du vendredi, des qouloughli, quihabitaient les quartiers voisins. Elle a doncune sedda fort simple. Aujourd'hui encore,ou y dit la Khotba, et l'on y fait la prière eucommun.

Dans le çahn, deux bassins servent auxablutions : l'un porte une vasque dont le piedest une colonnette d'onyx avec chapiteaud'un type assez archaïque; Brosselard réussità y déchiffrer ii la loupe le nom d'Abou-Hammou; mais, depuis trente ans, l'eau acoulé dessus mut et jour, et nous n'avons puaujourd'hui rien y lire '. Diverses bases,diverschapiteaux épars dans le çahn proviennent

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apparemment des édifices disparus, dont lamosquée n'était (prune annexe.

Le minaret, placé à l'angle Nord-Ouest dumonument et en saillie sur la l'ace Ouest, estde bailleur moyenne, assez trapu, deproportions peu élégantes. Son décor est fortsimple. C'est d'abord sur les quatre faces, autiers environ de la bailleur, une arcature àgrands lobes encadrée dans un panneau debriques; une bande de faïence de lucentimètres de largeur environ, et formée deqiràti- blancs, bruns, verts et jaunes disposésen damier, surmonte ce premier étage dedécoration. Un grand panneau de treillis àlambrequins dont l'entrecroisement s'appuiesur quatre colonnettes vient au dessus: desfleurons de faïence

\. Cf. Tombeaux des L'iuirs llt'iii-Zeiyht. p.12. 2. Cf. Supin, lnlr..|i. su Si.

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verte incrustée dans la brique en relèvent lacouleur générale. Enfin l'étage supérieur estformé d'un panneau de quatre arcades fortfrustes, se détachanl sur un fond Jemosaïque en damier de qiràti blanc, brun etjaune. Des nierions crénèlent la plate-forme.L'édifice terminal ne porte aucun ornement.L'ensemble donne une impression derudesse et d'inhabileté; e! cette œuvre dedécadence, si l'on ne connaissait sa date,pourrait passer pour une œuvre de début.

II. — QOCBBA DE SiDI lÏRÀHJM

Elle est située sur un petil tertre à quelquesmètres à l'Ouesl de la mosquée. L'entrée, auNord, donne sur une cour carrée de 5",0.") decôté; sur les quatre faces, des galeriescouvertes euh lurent cette cour, établies surdes arcs en fer à cheval brisé qui retombentsur quatre colonnes trapues de l'",15dehauteur et de i",55 de circonférence. Selon

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toute apparence, ces colonnes, simples fûtscylindriques en onyx bien poli, pro-vieuneiiides ruines de Mansourahet ont été coupéesen deux.

La qoubba qui l'ait suite est une chambrecarrée de dimensions identiques à celles delàcour. Le cadre de la porte a dii recevoir, à uneépoque assez récente, un remaniementcomplet. Le haut en est, du côté île la cour,inscrit dans un panneau revêtu de faïence.

A l'intérieur, la chambre sépulcrale est, surchacune de ses laces, défoncée par unearcade en fer à cheval déformée au sommetsuivant une brisure à peine sensible. Desarabesques garnissent les écoinçons quiflanquent ces arcades : au centre

de chacun d'eux se trouve une coquillecirculaire à cannelures rayonnantes. Uneinscription cursive borde les rectangles

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d'encadrement et les panneaux qui lesséparent; elle porte un texte coranique quede maladroites restaurations ont en partiedéfiguré 1 . Les panneaux intercalaires sontgarnis de décors géométriques ménageant aupolygone de départ deux genres

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Fiu. 78. — Décor de plâtre, garniture de?murs.

de motifs défoncés : nu motif ornemental etdes sentences en lettres cursives. Cessentences courtes sont du genre des phrasessacramentelles El-izzou lillâh, la majesté es!à Dieu ;

1. Ce sont les derniers versets de la Soura V,« la Table >•.

El-Amrou lillâh le commandement est àDieu. Un lambris [fig. 80) de 0 m ,82de haut,en mosaïque de faïence, blanc, brun, jaune etvert garnit la base des murs. Une frise courtau-dessus des panneaux: c'est le décorgéométrique habituel de cette partie durevêtement ; le polygone étoile, qui occupeles centres, porte un motif ornementalalternant avec un motif coufique. Au dessusrègne un fond où se trouvent des décors à

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répétition copiés sur ceux de Sidi Bel-Hassenet de Sîdi Bou-Médine. A cette hauteur, deuxpetites fenêtres en plein cintre garnies declaires-voies à combinaisons géométriquespercent chaque mur.

La coupole à huit pans, sans aucun décor, estétablie sur les demi-voûtes d'arête ordinairesdes qoubbas tlemceniennes.

Cette qoubba présente un des seulsspécimens qui nous soit parvenu de l'art dela restauration zeiyânide après le départdéfinitif des Mérinides. Moins que les autresqoubbas elle eut à subir des restaurationsdurant le cours des siècles qui suivirent.L'élégant revêtement de plâtre dont l'avaitdoté son fondateur nous estvraisemblablement parvenu intact. Seules lesplaques de faïence qui décorent la porte sontdes apports ultérieurs ; elles sont de toutpoint semblables à celles du mihrâb de la

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mosquée.

Le style. — Le décor de plâtre présente unegrande variété de formes en même tempsqu'il témoigne d'un appauvrissement évidentdu style et de la technique. L'épigraphie faitune grande place à l'écriture cursive ; lecoufique ne s'y rencontre plus eninscriptions d'une certaine étendue; iln'existe plus qu'à l'état de motif purementornemental de faible dimension.

La géométrie y joue un rôle assez important :c'est ici le premier et le seul exemple queprésentent les monuments tlemceniens dedécor géométrique employé dans les grandes

surfaces et formant l'ornement principald'un revêtement. Le thème n'est pas nonplus du genre de cenx que nous avonsrencontrés dans les monuments déjà étudiés.C'est (fig. 78) une combinaison de rosaces à

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douze pointes sur plan trigone. Semblableornement se remarque à Grenade, àl'Alhambra et

ii l'extérieur du couvent de Zafra près duDaro. Quant à la composition des lambris, sielle n'est point de celles ipie l'on rencontreordinairement dans les revêtements demosaïque, elle fait, du moins, intervenirl'étoile à huit pointes, qui est fréquente dansles décors de plâtre. t'es lambris sont lesseuls spécimens de cet emploi de la faïenceque nous possédions encore. Il en existaitd'autres, et de plus beaux, à la mé-7\vl J^vllT/s dersa Tâchfinîya et probablement auMéchouar. Ces deux édifices étant démolis,nous n'en pouvons voir que des fragmentsconservés au Musée delà ville.

La flore est très simple. A part la coquillecirculaire des écoinçons et une petite Heur àsix pétales présentées de face et d'un dessin

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naïf dans les arabesques de ces mêmesécoinçons, l'élément unique est la palmeordinaire des décors mérinides, mais perdantde plus en plus le caractère qui la rattachaitau règne végétal : elle n'est jamais gravée denervures intérieures,

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Fig. 79. — Décor de plâtre ;'i ornementconfirme.

le limbe et le pétiole se confondent ; elles'assimile de plus en plus au trait del'écriture.

Il est, en somme, facile de constater danstoute celle ornementation, en même tempsqu'une assez grande prodigalité de thèmesdifférents, quelques-uns textuellementempruntés aux monuments antérieurs, unappauvrissement du style qui révèle uneépoque de décadence ; la courbe s'abâtardit,le relief devient uniforme, tout modelédisparait.

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Fig. SO. — Lambris en mosaïque de faïence.

Si le décor de plâtre présente un aspectpauvre et monotone, la part donnée à ladécoration peinte semble en revanche bienplus grande. Ce ne sont plus ici seulementdes tons simples couvrant les fonds, ce sontdes petits motifs qui meublent les espacesvides devenus plus importants alors que lesornements

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sculptés se rétrécissaient. Nous avons relevé(fîg. 78) un exemple de ces « garnitures»,c'est un décor vermicide noir analogue à ceuxqui décorent les plafonds de Sidi'l-Hahvi el àceux qu'employèrent les céramistesespagnols. Ajoutons qu'un ton rouge dans letrait des entrelacs, un ton bleu dans le fonddes polygones étoiles complètentheureusement la polychromie des panneaux.

MOSQUÉE DU MÉCHOUAR

Nous avons rapporté, en nous occupant del'enceinte du Méchouar, à quellescirconstances se rattachait la fondation de lamosquée qu'il contenait. Ce fut, d'après Ibn-Khaldoun, Abou Hammou Mousa I er qui enposa les premières fondations. Elle devraitdonc être sensiblement contemporaine de lamosquée Oulàd-el-Imâm. Nous n'avonscependant pas cru devoir la rapprocherchronologiquement de l'étude consacrée à ce

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petit oratoire. Nous ne croyons en effet avoirdevant les yeux que peu de chose de lacréation abd-el-wâdite primitive. Ce temple,faisant partie d'une citadelle souventattaquée, dépendant d'une résidence royale,dut subir, au cours des guerres et desrévolutions, des dommages et desrestaurations nombreuses. La salle de prièredut même être réédifiée pendantl'occupation turque, le décor détruit, le plancomplètement bouleversé, le sol surélevé 1 .Sa transformation en magasin annexe del'hôpital militaire, puis en chapellecatholique, acheva de lui enlever tout intérêtartistique.

1. Elle reçut des colonnes provenant deMaiisourah, telle, par exemple, celleconservée au Musée de la ville et portant surle fût une inscription pieuse publiée parBrosselard {Revue africaine, mai 1860, p.242 et suiv.).

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Le minaret est de style plus pur, et s'il a reçu,dans le courant ilu xiv' siècle, peut-être àl'époque de la restauration zeiyânide, denotables embellissements, la proportion, lacomposition générale, la dispositionessentielle ont dû s'en conserver ii peu prèsintactes: un rapprochement avec le minaretd'Oulâd-el-Itnàm indique bien uneinspiration analogue.

Doux de ces faces ont encore une partie deleur décoration ; colle du Sud est bienconservée. —• Houx panneaux s'ysuperposent; celui du bas, carré, est garni parune arcade soutenant une rangée de losangesà lambrequins, présentant les fleuronshabituels et des incrustations on terrevernissée brun et vert. Le panneau supérieur,percé on son contre d'une fenêtre étroite,porte une arcade double dentelée semblableà celle qui décore le premier panneaud'Oulâd-el-Imâm. La garniture des ('coinçons

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est en mosaïque de faïence brun et blanc [fig.81 D) ; elle offre cette particularité de nefaire intervenir qu'une seule forme dedécoupure. On remarque une combinaisonidentique dans la salle de repos des bains del'Alhambra, qui date de Mohammed Y (1354-1391 ). N'y aurait-il pas lit l'indice d'uneréfection datant de la restauration zeiyânide? Une particularité plus significative peu!préciser la date de retouches plusimportantes.

Le cadre de mosaïque qui, comme a Bel-Hassen et àOulâd-el-Imâm, enveloppai! cespanneaux défoncés, se trouve remplacé parun cadre de faïences ;'i reflet métalliqueportant des ornements ou des inscriptions.L'émail stannifère qui les couvre est d'unblanc fumé présentant dos taches verdâtreset sillonné de grandes craquelures ; lesintempéries l'ont mémo, en certainsendroits, complètement écaillé. Le lustre, qui

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est la seule couleur employée, est de valeuret de ton variables. Parfois semé de tachesocreuses, il va du vert clair au rouge violacé

sombre. Ce décor est tracé avec beaucoup defranchise et d'habileté; la peinture en estmaigre et parfois transparente.

Les plaques d'ornements ont 0 m ,24 sur (r,1S ; elles sont de deux modèles (C^C 2 ),suivant la direction de la bordure à laquelleelles appartiennent. Le motif reproduit est,on traits de 0 n ',02, l'entrecroisement delambrequins formant des losangescurvilignes déjà maintes fois observé ; lesraccords des bandes verticales ethorizontales sont assez mal faits. Il n'y a pasde plaques d'angle; le motif et les deux traitsqui lui servent de bordure ne se retournentpas. Ils sont coupés avec l'extrémité desrangées.

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Les plaques à inscriptions,'au nombre dehuit, ont û m ,39 sur 0 m ,13. L'émail est lemême que celui des premières. Elles portentdes bordures faites de deux traits inégaux,une garniture de rinceaux et enfin descaractères andalous se détachant sur un fondvermicide, assez fin, probablement tracé auqalam; nous en donnons ici un spécimen (B).

La réunion dos mots qu'on y lit n'a paruàBrosselard présenter aucun sens plausible,et il considère cette inscription de lamosquée du Méchouar comme une énigmeindéchiffrable '. Nous ne sommes pas de sonavis. Tout d'abord, les plaques des garnitureslatérales (fiy. 81A ') nous paraissent porterl'eulogie bien connue : El-youmn wal-iqbâl «le bonheur et le succès ». C'est une formuletrès fréquente dans la décorationépigrapbique des monuments andalous 2 .Nous l'avons lu nous-mêmes sur le vase del'Alhambra, sur des poteries hispano-

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moresques, et elle figure encore sur unecouronne en cuivre ciselé provenant duminaret

1. Cf. Revue africaine, mai 1800, p. 248 etsuiv.

2. Parfois avec addition de Wabolough El-dmdl « et la réalisation des désirs» ou dewassa'd fi ikmâl, «etla prospérité parfaite»(Cf. Almegro Car-denas, Inscripciones deOranada, 11, 37, 58, etc.; — Amador de losHios, Ins-cripciones du Sevilla, 134. 135, 140,etc.)

de la Grande Mosquée de Tlemcen, que nousavons signalée plus haut. D'autre part, ilsuffit de renverser l'ordre des deux plaquesde céramique qui forment la seconde moitiéde la bordure supérieure pour obtenir uneautre formule andalouse, très

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Fig. 81. — Décor céramique au minaret deMéchouar.

courante à Séville, à Grenade 1 , et qui est lasuivante : Va tsiqati ya amali anta'l-rajâanta'l-wali ikhtim bikhairin amali. « 0 niaconfiance, 6 mon espérance, c'est toi l'espoir,c'est toi

1. Cf. Amador de los Rios, op. iaud., 135, 15B,174, etc. — Almegro Cardenas, op.laiuL.Zl,U6, 186, etc.

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le protecteur; scelle mes actions par le bien.» Le caractère est d'une élégance un peumolle ; les lettres s'y enchevêtrent et s'y lientmal à propos (fig. SI A" 2 et A : <); cesplaques ont tout le caractère de produits(l'une fabrication courante.

La nature des émaux, la présence du losangepeint, imitation servile du décor classiqueîles extérieurs, l'absence de tout motif qui nesuit de pure origine moresque, la forme despalmes polylobées, tout nous fait supposerque nous avons sous les yeux un produitassez ancien des ateliers espagnolsfabriquant les faïences à reflet. (On sait quele premier renseignement que nous ayonssur ces ateliers est fourni par Ibn Batoutah,et remonte au milieu du xiv" siècle 1 ). Nousne saurions leur attribuer une origine plusprécise. En l'absence du bleu, qui sembleconstant dans les pièces sorties de Malaga,nous y verrions plutôt l'œuvre d'une fabrique

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du royaume de Valence, peut-être Manisès,dont les plaques de revêtementsapparaissent comme une sorte de spécialité.Quoi qu'il en soit, le fait que, dans cellemosquée d'une résidence royale, deux de cesplaques ont été mises en place au rebours deleur ordre naturel, nous semble indiquer quenous sommes en présence d'uneornementation ajoutée à une époque dedécadence où l'inscription était, pour ceuxqui l'ajustaient, parfaitement illisible.

1. Ibn-Batoutah, IV, p. 361.

MOSQUÉE DE SIM SENOUSI

Elle est située dans la rue île Mascara,ancienne rue des Bourreliers (Souq-el-Berada'în), à l'entrée de l'impasse appeléeDerb el-Msoufa à laquelle une voûte donneaccès 1 . L'originalité de ce petit monumentconsiste en ce que sa salle de prière occupe

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un premier étage. Un escalier sous la voûtepermet de monter à cette salle pauvre, nue,et à laquelle des restaurations de 1res liasseépoque ont dû achever d'enlever toutcaractère.

Elle se compose de deux parties gauchementsoudées entre elles. La première forme deuxpetites nefs dont les pieds droits sont réunispar des arcs brisés en fer à cheval. Unecorniche à doucine (moulure qui,nousl'avons vu, ne fut jamais employée parles architectes maghribins pendant la hellepériode de leur art) couronne les nefs. Unecharpente apparente, et des tirants géminésen forment le plafond. De petites fenêtres

1. Ses babous ont été publiés par Brosselardap. Revue africaine, sep-terabre lsoi ; elleporte le nom du grand théologientlemcenien, Sidi Senousi (Cf. infrà, p. 340);mais la mosquée du Derb el-Mesoufa est

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citée par les textes avant sa mort [Bostân,notre manuscrit, p. 15a) et la tradition veutqu'il ail aimé à y venir prier [Revue ofricaine,avril 1859, p. 246 ; septembre 1861, p. 321). '

donnant sur la rue éclairent l'intérieur. Lasalle se prolonge par une seconde partieirrégulière donl loi il caractère artistique estabsent. Un mihràb en plein cintre perce lemur du fond où s'ouvre ('gaiement une petitegalerie à ciel ouvert donnant sur le Derb el-Msoufa.

La partie la plus intéressante de cettemosquée est le minaret qui la surmonte. Lestyle n'en est pas pur, mais les proportionssont élégantes. Trois étages d'arcaturesdentelées ou entrelacées s'y superposent.Une frise formée de cordons de briquescomplète cette ornementation. Notons surl'une des faces quelques plaques de faïencestannifère à décor bleu et jaune incrustées

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dans l'un des cadres d'arcade, seul exemplede ce genre que nous avons observé commedécor extérieur de minaret tlemcenien.

MOSQUÉE DE SIDI LAHSEN

Cette mosquée, située hors de Tlemcen, à200 mètres environ à l'angle Nord-Est del'enceinte actuelle, groupe autour d'elle unpetit village. Elle est consacrée il la mémoiredu pieux Siili Lahsen ben-Makhlouf er-Râchidi morl en 857 V 1 1-53 . et datevraisemblablement de l'époque du sultanAbou'l-Abbàs Ahmed 1 . Cette mosquée esten ruines, comme la plupart îles maisons duvillage qui l'entoure (Cf. PL XXVI). Les toitsqui la Couvraient se sont effondrés et lapoussée des plantes en a disjoint le pavage.Cependant, elle méritait mieux que cet étatd'abandon. Elle faisait partie d'un ensemblede monuments assez intéressants par leurvaleur d'art et les souvenirs qu'ils

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perpétuaient. Elle-même présente les tracesde dispositions architecturales curieuses.

Elle se compose de deux parties : une courrectangulaire pavée est bordée au Nord et auSud par deux galeries couvertes. Elless'ouvrent sur la cour par une large arcade enplein cintre

1. Cf., sur la vie de Sidi Lahsen Er-Kàchidi.Complément de l'Histoire des Beni-Zeiyân, p.321 à 346; — aussi Tombeaux des Émirs desBeni-Zeii/ân, p. 89.

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MOSQUEE DE SIDI LHASEN

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Une élégante vasque de grès quatrilobéeservait aux ablutions rituelles. Dans lepavage qui l'entoure on remarque un petitcarreau à décor estampé couvert d'un émailvert (fîg.82) analogue à ceux qu'on observe àSidi Bou-Médine (Cl', supra,

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Fig. 82. — Carreau de pavement dans la courde la musquée de Sidi Lahsen,

p. 236) et qui semble indiquer unerestauration du même temps, et de la mêmeorigine.

Un mur sépare la cour de la salle de prière.La porte d'entrée de cette salle, qu'abrite unauvent sur consoles gémi-

nées en maçonnerie, est percée dans ce mur,perpendiculaire au mur du mihrâb.

Une restauration qui doit dater de l'époqueturque a remplacé les nefs parallèles au murd'entrée par des travées parallèles au mur dufond. La trace des vieilles charpentes, encorevisible sur la paroi du minaret, indiquenettement cette disposition primitive. Deplus, les deux arcalures actuelles, composéeschacune d'un grand arc plein cintre flanquéde deux arcs plus petits forment par leur

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réunion une grande nef médiane et deux bascôtés. Cette ordonnance, est assez habituelleaux mosquées turques ; on la remarque a lamosquée du Méchouar. Le mihrâb, très peuprofond s'encadre dans un arc brisé.

Le minaret, à l'extrémité orientale du mur dumihrâb, est ici encore la partie la plusintéressante et la mieux conservée. Par lestyle de ses ornements et par les émaux qui ysont employés, on croirait pouvoir l'attribuerà une époque assez ancienne : le grandréseau qui en décore les faces est établi surdes colonnettes monolithes dont leschapiteaux h cros-settes rappellent ceux desplus vieux minarets tlemceniens. Descolonnettes monolithes supportentégalement les arcades dentelées de la galeriesupérieure. Des plaques taillées dans l'émailvert garnissent le réseau losange ducampanile. Enfin, une bande sobre de faïenceverte et jaune complète le décor .de ce petit

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monument.

La porte de la mosquée donne sur une ruellequi constitue la principale entrée du village.De l'autre côté de la ruelle, en face de lamosquée, on trouve la chambre sépulcraleluit simple de Sidi Lahsen; des peintures àdécor floral sur bois, datant de l'époqueturque, couvrent le petit auvent, qui eu

abrite la porte. A l'entrée de la ruelle onremarque les ruines d'un édificesoigneusement construit en pierre, et oùplusieurs arcades sont encore visibles ;c'était, suivant les renseignements à nousfournis par de vieux habitants, les latrines dela mosquée ; une fontaine publique y étaitadjointe, et au premier étage une maçriya oùétait installée une école coranique '.

1. Les textes parlent, en outre, d'une médersade Sidi Lahsen (Boston, notre manuscrit, p.

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21, 28); il nous a été impossible d'endéterminer remplacement.

MOSQUÉE DE SIDI YEDDOUN

C'est une petite mosquée d'époque turque. Al'extérieur

elle offre un minaret très simple flanquantsa face Nord.

Une porte en fer à cheval brisé que surmonteun auvent sur consolettes donne accès dansla salle de prières. Trois travées la coupentparallèlement au mur du mihrâb. Elles secomposent de deux arcs brisés et d'un arc enplein cintre que surmontent des charpentesassez bien conditionnées.

Un tombeau occupe le fond. Il est entourépar une clôture en bois sculpté et décoréedans le goût turc.

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MOSQUÉE DE LALLA GHARÎBA

Voici encore un petit temple dont le point dedépart est un tombeau. Il ne comporte(prune salle très pauvre.

L'unique travée, parallèle au mihrâh secompose de trois arcs; l'arc médian est enplein cintre; les deux autres sont brisés.

La niche du mihràb, de très faibleprofondeur, s'ouvre par une petite arcadeplein cintre. Le tombeau de la sainte estplacé dans un renfoncement du mur opposéau mihrâb '.

Le minaret n'est qu'une tour rouverte par untoit de tuile à quatre croupes, accolée à lasalle de prière et s'élevant peu au-dessusd'elle. Une seule fenêtre percée dans cettetour permet au moueddin d'appeler lesfidèles à la prière.

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1. Cf. Sur la légende de Lalla Ghariba, sur samosquée et les inscriptions de habous qu'ellecontient, Revue africaine, mai 18C2, p. 107 etsuiv.

MOSQUÉE DE SIDIL-BENNÂ

Une cour carrée, flanquée, comme celle «leSidi Lahsen, de deux portiques latéraux,précède la salle de prières. Celle-ci, diviséepar trois travées portant des arceaux en fer àcheval brisé, a subi des restaurations trèsrécentes.

Le minaret orné d'arcatures simples est peinten rouge comme l'était celui du Méchouar.

Rrosselard en attribue la construction au xv csiècle '.

1. Cf. Itei'ue africaine, décembre 1861. p. 32.note 1.

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XVI!

MOSQUÉE DE LALLA ROOYA

De la courette, qu'ombrage une treille portéepar un arceau de maçonnerie, monte unescalier qui conduit à la terrasse du minaret,tour carrée sans ornement et sans édiriceterminal.

La salle de prière présente cette particularitéd'être élevée sur un plan de qoubba bienplutôt que sur le plan habituel desmosquées. Une coupole à douze pans enoccupe le centre, les arcs brisés qui la portentretombent sur quatre pieds droits formant àla base un tambour carre de 3 mètres de côté.Deux nefs couvertes par des plafonds àlambris la flanquent à droite et à gauche. Enavant du mihrâb dont la niche est trèsfaiblement enfoncée, règne une neftransversale. Celle-ci est couverte par une

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voûte d'arête formée, d'après un modèle déjàobservé 1 , d'une voûte en berceau coupéepar un seul demi-cylindre placé dans l'axe dumihrâb. A l'extérieur, la coupole s'indiquepar un toit pointu à huit croupes. Un toit àdeux versants abrite le reste de l'édifice'-.

1. Cf. suprà, p. 168.

2. Les tables de habous de Lalla Rouya ontété publiées par Brosselard, ap. lievueafricaine, mai 1862.

MOSQUÉE BÀB-ZIR

Placée au Nord-Est delà ville, près desremparts, non loin de l'emplacementqu'occupait une des anciennes portes deTagràrt, cette mosquée, en très mauvais état,en remplace vraisemblablement une autrebeaucoup plus vieille et plus riche, dont leshistoriens nous ont conservé le souvenir, etdont nous pouvons retrouver un vestige dans

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la mosquée actuelle. C'est là, nous dit Yahya-Ibn-Khaldoun, qu'un saint de Tlemcenappelé Abou-Mohammed Abdallah, (ilsd'Abd-el-Wâhid, présidait à la prière.

Deux arcatures divisent la salle de prière entrois nefs perpendiculaires au mihràb. Cellede droite est portée par trois colonnes deforme irrégulière, celle de gauche par deuxpieds droits et une colonne engagéesurmontée d'un chapiteau très archaïque. Cechapiteau appartient peut-être à l'édificeprimitif. Il se rapproche beaucoup deschapiteaux antiques des vieilles nefs deCordoue et aussi d'un chapiteau que nousavons signalé dans la partie antérieure de lagrande mosquée de Tlemcen (Cf. supra, p.149 note!). Le galbe général en est un troncde cône renversé ; il porte deux couronnes defeuilles en

imbrication, sans découpures, mais ornées

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d'une nervure principale très apparente;plusieurs palmes minces s'en échappent etvont se réunir en un fleuron médian quiempiète sur un tailloir trapézoïde semblableaux vieux impostes byzantins.

Le petit minaret très simple est décoré detrois étages d'arcades dentelées. Deux bandesde tuiles vertes en complètent le revêtement.

LES QOUBBAS

Le culte des saints est apparu d'assez lionneheure dans l'Islam. Les populationsmusulmanes du Maghrib particulièrementlui ont fait nue place capitale dans leur viereligieuse '. Les tombeaux des personnagesvénérés sont devenus les habituelssanctuaires vers lesquels se tourne, au moinsautanl que vers les mosquées, la piété denombreux fidèles. Les femmes surtout, dansl'Afrique du Nord, n'ont guère d'autre

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religion que la vénération des saints, d'autreculte que la visite pieuse île leurs tombeauxet l'accomplissement des actes quasi-rituels,sacrifices, combustion de bougies et debenjoin, aspersions d'eau de rose, dontl'ensemble constitue la ziyâra. Comme l'aremarqué Edmond Doutté, la densité de cessanctuaires, les uns strictement locaux, lesautres célèbres dans tout le Maghrib, va enaugmentant au fur et à mesure qu'ons'avance davantage vers l'Ouest -. Lacampagne voisine de Tlemcen est parti-

1. L'ouvrage capital pour le culte des saintsdans l'Islam est lf mémoire de Golçlziher, dieHeiligenverehrung im Islam ap. Moham.Studien, 11. p. 275-378 ; pour le Maghribparticulièrement, il faut consulter Doutté. lesMarabouts (extrait de Hernie d'hislore desReligions, 19001.

2. Cf. Doutté, les Marabouts, p. 1 et 8.

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culièrement riche en tombeaux vénérés.Chose curieuse, un seul d'entre eux estattribué par la tradition à un personnage desang royal, celui de la Sultane à Sidi Yaqoûb.Tous les autres contiennent les restesd'ascètes, de savants, de faiseurs de miracles,nullement d'anciens maîtres du pays. «Tlemcen, dit Brosselard, qui a conservé etentretenu avec une sorte d'idolâtrie, à traversles âges, les sépulcres blanchis de sesmarabouts, a perdu jusqu'à la trace destombeaux de ses rois '•. »

La banlieue tlemcenienne tout entière estparsemée de tombeaux de saints. On entrouve non seulement dans les cimetièresanciens ou nouveaux de la ville, mais un peupartout dans la campagne, en pleins champs,au bord des chemins, dans les vergers.Néanmoins, il est à noter que trois sortesd'endroits semblent pour ces sanctuaires desemplacements de prédilection.

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Tout d'abord, le voisinage immédiat desportes de villes est généralement occupé pardes tombes de personnages très vénérés '-.Les cimetières dans l'Islam ontfréquemment été placés aux portes desvilles; la tombe d'un marabout, conservéepar la piété populaire peut marquerl'emplacement d'un ancien champ des morts,abandonné depuis plusieurs siècles. Il peutarriver aussi qu'un saint personnage ait étéinhumé à la porte d'une ville, sans qu'aucuncimetière existât antérieurement à cetteplace, pour assurer à cette porte labénédiction d'un pieux voisinage. Lemarabout est alors une sorte de génieprotecteur de la localité ; la garde de l'entrée,voisine de son tombeau,

1. Tombeaux des Emirs Beni-Zeiydn, p. 7.

2. Les exemples sont innombrables ; c'estainsi que deux portes de Damas se

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disputaient l'honneur de posséder letombeau de Bilâl. le moueddindu prophète(Tahdifi el-asmà, p. 178 ; — cf. id., p. 134,592; — Maqqari, Analectes de l'histoired'Espagne, I, p. 480, in princ, etc. .

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UH'IllI

332 LES MONUMENTS ARABES DETLEMCEN

'•-i confiée à son pouvoir tutélaire. Il doit enécarter l'ennemi et empêcher le malheur depénétrer par elle an cœur de la cité : « Lesultan de Tunis, arrivé devant Tlemcen, dit leBostân, tint conseil avec ses vizirs : « Par où,dit-il, entrerai-je dans la ville? — Par où ilvous plaira, répondirent-ils. —Combien laville a-t-ellede portes? » — Ils lui enindiquèrent le nombre. — Alors il demanda:« Quel est le wali qui protège Bâb-el-Jiâd?—

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C'est, lui répondirent-ils, Sidi Bou-Médyen.— Et Bà el-Aqba? — Sidi Ahmed ed-Dâoudi.— Et Bâb-ez-Zâwiya? Sidi'l-Hahvi. — Et Bâb-el-Qermâdln, qui la protège ? — A walî. — Ehbien donc, leur dit-il, c'est par cette porte-làque j'entrerai. » Et la légende ajoute qu'ilfallut que le wàli encore vivant Sidi Abdallahben-Mançour prit Bâb el-Qermâdin sons saprotection, pour empêcher la perte deTlemcen '. De même, une porte du vieilAgadir avait pour saint protecteur le trèsancien Sidi Wahb enterré auprès d'elle 3 : eil'entrée occidentale de Tlemcen, Bâb-Kechchoui était flanquée intérieurement dutombeau de Sidi Mamar ben-Âliya etextérieurement du tombeau de SîdiBoudjemâ 3 . Au cours des âges, il arrivefréquemment que la porte perd son anciennom, et prend celui de son patron vénéré.Bàb-Wahb est mentionnée à une époque déjàancienne. Bâb-el-Aqba, Bâb-Ali, Bâb-Kechchout, dans leur dernier état, étaient

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couramment désignées sous les noms deBâb-ed-Dâoudi, Bâb-el-Halwi, Bâb Sîdi-Boudjemâ. Parfois il a pu arriver aussi quedes inhumations postérieures faites dans levoisinage immédiat du saint, et « pourrecher-

1. Cf. Boston, notre ms., p. 274 et suiv. : —comp. Reçue africaine, janvier 1862, p. 13.

2. Cf. supra, p. 14.

3. Cf. Sur ce dernier personnage ei sontombeau, Brosselard ap. Heine africaine, mai1860, p. 252-258.

cher sa bénédiction » [tabarrouk) fissentapparaître de petits cimetières aux portes desvilles, dans des endroits jusque-là nonaffectés aux sépultures. Il est naturellementassez difficile de discerner en l'espèce quelest l'antécédent et quel est le conséquent desdeux faits, inhumation du saint, et

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groupement des sépultures dans les paragesde son tombeau. Toujours est-il qu'àTlemcen, deux des cimetières les plusanciens sont situés dans le voisinageimmédiat des qoubbas de vieux saints locaux: la petite nécropole dont les tombeaux deSidi Wahab et de Sîdi Yaqoub sont le centre,et le terrain semé de lombes qui entoure lesanctuaire de Sîdi'd-Dâoudi. C'esi a ces deuxendroits, à mitre avis, que des fouillesauraient le plus de chance de mettre au jourd'anciennes inscriptions funéraires.

En deuxième lieu, les hauteurs sont encoredes endroits souvent affectés ii la sépulturedes saints maghribins. De la colline ou de lamontagne où il esi inhumé, le marabout,comme une vigie, surveille le pays qu'il a àses pieds et le protège. Ceux (jui cheminentdans la plaine se sentent sous sa garde aussilongtemps qu'ils aperçoivent sa blancheqoubba. A Tlemcen, Lalla-Setti, » celle qui

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regarde sur le pays », comme l'appellent leschansons locales, est inhumée sur le plateaurocheux qui, au Sud-Ouest, domine la ville '.Sidi Bou-Médyen a son tombeau vénéré surle versant Nord de la pente du Méfrouch. AAïn-el-hout, Sidi Abdallah ben-Mançour, lepatron de la localité, est également inhumé àmi-tlanc de colline. Enfin le grand saintmusulman Sidi Abd-el-Qader El-Jilâniauquel ses nombreux sanctuaires, situéspour la plupart sur des émi-

1. Cf. Sur cette sainte, Tlemcen anciennecapitale, p. 131, 132, 309; — de Lorral,Tlemcen, p. 309, :no.

nences, a l'ait donner le nom d' « oiseau desvigies ' », a éga lenient un maqâm(monument commémoraiit"-) liant placé, àtrès peu de distance de Tlemcen.

On rencontre enfin, très fréquemment, des

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tombeaux de saints dans le voisinageimmédiat des mosquées. On enterrevolontiers les ascètes et les savants auprèsdes oratoires qu'ils ont fréquentés pendantleur vie. Tel fut le cas de Sidi Mohammedben-Merzouq qui fnt inhumé par l'ordre deYarmorâsen près de l'angle Sud-Ouest de laGrande Mosquée. De l'autre côté de l'édifice,la petite chambre sépulcrale «le Sidi Bel-Hasen El-Ghomàri s'ouvre sur la faceoccidentale de l'hospice d'incurables quiporte le nom de ce saint personnage.Mentionnons encore parmi beaucoupd'autres Sidi Abdallah ben-El-Balad qui fut,disent les textes, enterré auprès du mesjides-çâlih à El-Eubbâd.

Un autre cas également fréquent est celui oùla mosquée est élevée après l'inhumation dusaint auprès de son tombeau, devenu un lieude pieux pèlerinage. L'anathème que latradition fait porter au Prophète lui-même

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contre ceux qui prennent pour oratoires lestombeaux des saints et des hommesvertueux n'a rien pu dans le cours des sièclescontre cette tendance naturelle de lareligiosité humaine 3 . Son tombeau même àMédine est maintenant à l'intérieur d'unemosquée 4 , et dans

1. Cf. Doutté, les Marabouts, p. 65.

2. Oomp., sur le sens do ce mot, VanBerohem, Matériaux pour un corpus, p. 115,note J.

3. La discussion à laquelle cette tradition adonné lieu se trouve ap. Qastal-làni,Commentaire sur Bokhari (édition deBoulaq, 1304 de l'hégire). II, p. 437, 438 ; onpourra consulter aussi Coldziher, Le cultedes ancêtres et le culte des morts ap. Renied'histoire des Religions, 1S84. 11. 356-357.

4. Cf. Qastallani, op. cit., Il, p. 430; — et

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Burton, A pilgrimage to Mecca and Médina,II, p. "Hi

le Maghrib les exemples de celte pieusehérésie sont particulièrement fréquents.Citons à Tlemcen la mosquée de Sidi Bou-Médine qu'une cour étroite sépare seule dela qoubba du saint, la mosquée de SidiLahsen er-Râchidi voisine de la chambresépulcrale de ce personnage, la mosquée deSidi'l-Hahvi dominée par le tombeau du saintéponyme, entin les cas de Lalla-Gharibaet deSidiYeddoun, enterrés sous les voûtes mêmedes oratoires qui portent leur nom.

Les tombeaux vénérés sont d'importance etde genres très divers. Les uns sont le résultatde la collaboration spontanée de nombreuxfidèles. D'autres sont des œuvres plusofficielles, fondations de princes ou degouverneurs. Certains n'ont que des murs enpierres sèches blanchis à la chaux par les

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mains pieuses des femmes qui, chaquevendredi, vont leur rendre visite; ce sont leshawîta. D'autres, maçonnés mais à cielouvert, offrent des enceintes circulaires ourectangulaires, souvent ornées aux quatreangles de merlons grossièrement découpés,ce sont les haquch '. Les plus importantsentin affectent la forme consacrée de laqoubba et en portent le nom.

Cette forme est aussi fréquente dans lestombeaux d'Orient '•'. Au Caire les tourba, ousépulcres, sont recouverts de coupolespointues. A Tlemcen les dômes en sontsphériques ou polygonaux. La forme ovoïdeappartient plutôt au Maghrib oriental. Ledôme est parfois enduit de plâtre, parfoiscouvert d'un

1. Cf. Basset, Nedromah et les Traras, p. 38,note t : — Haouch en Egypte « enclosfunéraire d'une famille » (Van Berchem,

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Matériaux pour un Corpus, 271, note 2).

2. Cf. Van Berchem, Noies d'archéologie, I,73,74;— La qoubba apparaît comme undérivé de la kahjbe syro-byzantine (Cf. deVogiié, Syrie centrale. I, p. il et suiv.).

toit do tuile, comme la qoubba qui, dans lesmosquées, précède le mihrâb. Cette formetraditionnelle a très peu varié ;i travers lesâges. De plus, l'ornementation intérieure desqoubbas,

comme nous l'avons indiqué pour la plusriche d'entre elles, celle de Sidi Bou-Médine,a é(é sans cesse remaniée par les générationssuccessives 1 . Il s'ensuit que les plusvénérées sont celles dont l'état primitif est leplus méconnaissable. L'adoption dans laconstruction de formules consacrées d'unepart, les restaurations constantes et parfoisindiscernables de l'autre, font ipie la grande

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majorité de ces édifices n'offre qu'un trèsmédiocre intérêt archéologique. Aussi nousbornerons-nous à étudier quelques-unesseulement des innombrables qoubbastlemceniennes.

LES TOMBEAUX DE SIDI YAQOUB

Le cimetière connu sous le nom de SidiYaqoub occupe, à quelque distance à l'Est dela ville, un bois de vieux et robustesthérébinthes, sur un plateau en saillie quidomine le cours de l'oued Metchkâna; desdébris de vieux remparts suivent le bord del'escarpement. En réalité, les tombesanciennes qui en bossèlent le sol ont dû segrouper autour du tombeau de Sidi Wahhâhplacé, comme nous l'avons vu, auprès d'uneporte du vieil Agadir.

La Qoubba de Sidi Wahhâb 2 peut doncpasser pour le plus

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1. Cf. sitprà, p. -2o0 et suiv. ; on comparera ace que raconte Ylstiqça de la réédificalion desqoubbas de Idris I" et de Idris II à l'époquede Moulai Ismâïl

Istiqça, IV. p. 16 el 47).

2. Cf., sur ne personnage, suprà, p. 11.

LES QOUBBAS :)37

ancien des sanctuaires qui peuplent cetteterre sacrée ; c'est aujourd'hui encore le pluspopulaire et le plus fréquenté. Il s'ensuit, queles embellissements ont dû peu l'épargner.Jusqu'à quel point le plan primitif a-t-il étémodifié? De quand date l'ordonnanceactuelle? Ne s'est-on borné qu'à l'entretenirpar le périodique passage à la chaux? Il estdifficile de rien affirmer à son sujet.L'enfoncement très visible du sol, à l'endroitqu'occupe l'édicule, montre qu'on a conservéle niveau des premières constructions. Trois

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élégantes arcades en fer à cheval brisé,portées sur des pieds-droits et dont lesécoinçons sont décorés d'ajoursgéométriques, s'ouvrent sur la façade. Untoit abrite l'entrée, flanquée de deux petitesgaleries surélevées. La chambre sépulcraleest couverte par une coupole octogonaleétablie sur les demi-voûtes d'arêtehabituelles. A l'extérieur, cette coupoles'indique par un dôme.

Également beaucoup en dessous du niveauactuel, se trouve le tombeau de Sidi Yaqoub,simple quadrilatère à ciel ouvert de petitsmurs en pierre, ornés aux angles de nierions.Un autre mur, plus vieux, et maintenantruiné, l'entoure à l m ,50 de distance. Il offrecette particularité que dans la faceméridionale s'ouvre la niche d'un mihrâb,orienté en plein Sud, et qui révèle laprésence d'un ancien oratoire'.

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1. Le Boston, qui consacre une notice àl'histoire légendaire de ce personnage,l'appelle du nom sous lequel il est encoreconnu à Tleincen, Sidi Yaqoub et-Tifrisi.D'autre part, l'épitaphe qui existe dans sonItaouch le nomme Aliou-Yaqoub Yousef-ben-Abdallah (Cf. Complément de l'histoire desBeni-Zeiyân, p. 96). Cette épitaphe seraprochainement publiée par M. Bel dans satraduction de la Barjhyat-er-Rouwâd. 11aurait vécu à l'époque de l'abd-el-wàditeAbou-Tàihfin 1". Peut-être le mihràb ruinéqu'on remarque dans le mur Sud de ladeuxième enceinte de son tombeau faisait-ilpartie d'une mosquée où il enseignaitd'ordinaire et où il fut enterré (« il enseignaitaux hommes et au jinn dans sa mosquée »liosldn, notre manuscrit, p. o99, 600). — Cf.encore, sur Sidi Y'aqoub, Doutté, lesMaraoouls, p. 69; de Lorral, Tlemcen (p. 318 ,où

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Au milieu île ce cimetière s'élèvent les ruinesd'un autre monument funéraire (PI. XXVII);c'est celui que l'ondësigne sous le nom de »tombeau de la sultane ». Sur la lui de cenom, et d'une tradition populaire quidésignait le cimetière de Sicli Yaqôub,comme recelant des tombes royales,Brosselard entreprit ii l'intérieur de cesruines des fouilles ' qui amenèrent ladécouverte d'inscriptions sur pierre. L'uneétait l'épi-taphe d'une petite princesse,arrière-petite fille de Yarmoràsen morte en1112 (815 de l'hégire). Il pensa quel'inhumation d'une enfant justifiait mall'importance de ce tombeau, et laconsécration des souvenirs populaires. Lesfouilles poursuivies mirent au jour unfragment d'épitaphe plus ancienne,malheureusement sans nom, mais dont letexte se rapportait évidemment ii une femmede sang royal. « 11 est certain, dit-il, qu'ellemourut antérieurement ;i l'année 81.") de

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l'hégire (1412) et que le monument élevé enson honneur existait à cette date, puisque lapetite princesse dont l'épitaphe a été relatéeplus haut put y être enterrée ■'. » L'examenarehéolo-lique du monument vientcorroborer cette ingénieuse supposition. Lestrois quarts ;i peine sont parvenus jusqu'ànous. Maintenant en contre-lias du terrain avoisinant, il était établi sur plan octogonal etformé d'arcades, découpées chacune en neufgrands lobes. La coupole à hu.i1 pansreposait directement çur les arcs, et n'étaitvraisemblablement pas abritée par un untoit. Peut-être une enceinte moins élevéeisolait-elle l'édicule. C'est le seul exempleque nous ayons de ((oublia sur planoctogonal. Les monuments établis surarcades ouvertes ne

la sépulture de Siili Yaqoub est confondueavec celle de Sidi Wahhàb (lip. 319 . et \V.Marçais, Algerian Jeivs dans Jewish

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Encyclopedia, 1. Cf. Tombeaux des émirsBeni-Zehjân, p. 9.

1. CI', h/., p. I m el suiv,

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se rencontrent guère que dans le cimetièred'Eubbàd es-Sefli, qui, nous l'avons vu, futl'Eubbàd primitif. De plus, la présence decintres Lobés, dont à Tlemcen la GrandeMosquée seule nous offre des exemples,permet d'attribuer a celte ruine un âge assezreculé, peu éloigné de la deuxième moitié duxu" siècle.

QOUBBA DE S1DI D-DAOUDI

Placée à quelques mètres de la vieille roulede Safsaf sur une petite éniinence, la Qoubbade Sidi'd-Dàoudi occupe un espace

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rectangulaire. L'entrée tournée vers lesruines de Bâb el-Aqba est un cintre en fer àcheval brisé qu'entoure une fausse arcade àdouble feston, semblable à celle desmosquées inérinides. Un auvent de tuiles,porté sur des consolettes géminées enmaçonnerie, surmonte ce cadre, complétantl'analogie qu'il offre avec celui des entréeslatérales de Sidi'l-Ilahvi, par exemple. Al'intérieur trois galeries flanquent le plancarré de la coupole au Nord, au Sud et àl'Ouest. Il n'y en a pas à l'Est; mais le murqui, de ce côté, forme le fond de la chambresépulcrale est défoncé par une fausse arcadesemblable à celle des qoubbas de Sidi Bou-Médine et de Sidi Brâhîni- Les pilierssupportent des arcs brisés ; les galeries sontéclairées par six fenêtres munies debarreaux. La coupole à douze pans est percéeà sa base de quatre autres petites fenêtres.Cette coupole est visible à l'extérieur. Un epide terre vernissée verte en surmonte le

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sommet ',

1. Cf., sur Sidi'd-Dàoudi, patron de Tlemcen,avant Sidi Bou-Médyen, suprà p. 14 : une vuede sa qoubba, ap. l'iessc et Canal, Tlemcen,\>. 12.

QOUBBA DE S1DI SENOUSI

Le tombeau du grand théologien Mohammedes-Senousi', s'élève à l'extrémité orientale ducimetière musulman actuel, sur un tertre quidomine un chemin de traverse montant àSidi Bou-Médine. Il occupe l'emplacementd'une ancienne mosquée, dont le mihrâb,orienté à l'Est, est encore parfaitementvisible. Le mur actuel de la qoubba est bâtidans l'alignement même du mur occidentalde cet oratoire ruiné, et leurs axescoïncident. Au Nord, au Sud et à l'Est, lesmurs ruinés de la mosquée, formentenceinte autour du tombeau du saint, et de la

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petite nécropole qui se presse à ses pieds.Des nierions grossiers, de date assez récente,ornent de place en place les débris de cesmurs.

La qoubba s'ouvre au Nord; une treille enombrage l'entrée. Le tombeau lui-même estintérieurement des plus simples ; lecatafalque de Sidi Senousi et celui de sonfrère utérin Sidi Ali et-Tellouti-, occupent lecentre de la coupole, établie sur quatretrompes d'angle. Extérieurement la coupoleest recouverte d'un toit de tuiles vertes àquatre croupes.

1. Cf., sur ce personnage, mort en 1490 (895de l'hégire), Revue africaine, avril 1859 (avecl'épitaphe <pii figure à l'intérieur dutombeau), p. 245 et suiv.; juillet 18fil ; —Journal asiatique, février 1864, p. 175;octobre 1851, p. 109: — Complément del'histoire îles Beni-Zeiyân, p. 360 et suiv.

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2. Cf. Revue africaine, avril 1859. p. 258.

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QOCBBAS D A1N-EI.-HOUT

Le petit village d'Aïn-el-hout, situé à 8kilomètres environ au Nord de Tlemcen, estentièrement peuplé de marabouts qui ont laprétention de descendre de Soleïmân ben-Abdallah, frère d'Idris 1 . La localité renfermeles tombeaux de plusieurs saints vénérés,ancêtres des marabouts actuels. Deuxseulement ont quelque importance au pointde vue architectural, et encore sont-ils d'âge

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assez récent ; des inscriptions qu'ilscontiennent montrent que sous leur formeactuelle, ils datent du xviii' siècle" 2 .

A. — QOUBBA DE SÎDI ABDALLAH BEN-MANÇ0TJR 3

Elle est située sur le liane de la colline, qui, àl'Ouest, domine le village. C'est un bâtimentcarré de 10 mètres de cùté. Sur la face Est.tournée vers le village, un petit perron dequatre marches donne accès à une portebasse, dont un double feston de briqueenveloppe l'arcature brisée. Un petit auvent,couvert de tuiles, et reposant sur de frustesconso-lettes géminées abrite cette entrée.

1. Cf. sur Aïn-el-hout : Guide-Joanne del'Algérie, p. 123; — Barges, Tlemcen,ancienne capitale, etc., p. 240, Doulté, lesAïssaouas à Tlemcen. p. 8.

2. Revue africaine, janvier 1S62, p. 16, 17. 18.

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3. Le Bostàn (notre manuscrit, p. 212-281)consacre une longue notice à ce personnagede la fin du xv" siècle ; on pourra aussiconsulter sur lui Revu e africaine, janvier1862, p. 11-16; — Tombeaux des émirs Beni-Zeiyân, p. 114 et suiv. ; — Complément del'Histoire des Beni-Zeiyân, p. 401, 408.

A l'intérieur, le milieu de l'édicule est occupépar une coupole établie suivant l'habituelprocédé sur demi-voûtes d'arête, et reposantsur quatre arcades brisées. Le catafalque dusaint, entouré d'une grille de fer tontemoderne, occupe le centre, pavé de mauvaisefaïence. L'espace demeuré libre entre lesarcades et les murs extérieurs, et qui permetde circuler autour du catafalque, estrecouvert par des voûtes d'arête '. Huitpetites fenêtres, munies de verres decouleur, éclairent l'intérieur de la qoubba;elles sont garnies de claires-voies en

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polygones étoiles. Diverses excavationspratiquées dans le mur permettent dedéposer de menus objets; un mihrâb fortsimple est creusé dans la face Sud, faisantsaillie ;i l'extérieur. La présence d'un mihrâbdans une qoubba est exceptionnelle àTlemcen. Elle est fréquente, au contraire enOrient; il est bon de rappeler et à cet égard,que la qoubba de Sidi Abdallah ben-Mançourdate de l'époque turque.

Le sommet de la coupole est visible del'extérieur. Un épi de terre vernissée lesurmonte.

B. — QoiBBA DE SiDI MOHAMMED BEN-ALI

La qoubba de Sidi Mohammed ben-Ali'- estsituée à 200 mètres environ au Nord dutombeau de Sidi Abdallah ben-Mançour, et

1, Cette disposition de coupole, entourée

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d'nne circulation, apparente cette qoubbaturque à la qoubba de Sidi'd-Daoudi et à lamosquée de Lalla-ltouya.

2. Cf., sur ce personnage qui appartient à lafin du xviir siècle, Bévue africaine, p. 16 etsuiv.; — Walsin-Esterhazy, De la dominationturque dans l'ancienne province d'Alger, p.187 et suiv.

à la mémo hauteur au liane de la colline (PI.XXX). Un palmier la domine à l'Est. L'entrée,forl simple, es! située au Sud; elle donneaccèsdan&un couloir de 3 m ,50 de long, quiconduit vers l'Ouesi ii une cour de 7 m ,80delong-sur G m ,40cle large. Cette cour estentourée par un portique formé de quatrearcades brisées portées sur des colonnesliasses ri frustes. Le pourtour estgrossièrement recouverl de rondins de bois,d'un lit de roseaux, etpar-dessus, d'uneterrasse. Un mihrâb creuse le mur du Sud ' ;

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et dans celui du Nord s'ouvre la porte de laqoubba. On remarque dans le pavage de lacour, quelques jolis carreaux estampés àcouverte brune, verte ou jaune.

La qoubba est haute, mais fort simple. Elle aH"', 10 do côté. Un catafalque en occupe lecentre. Les murs sont défoncés sur les facesNord, Es! et Ouest de fausses arcadesbrisées. Un pavillon de tuiles vertes recouvrela coupole sphérique 2 .

Extérieurement, adossée au mur Ouest de laqoubba ri au mur Nord du couloir, une petitechambre basse de 3 m ,50 de large, servaitautrefois, parait-il, d'école coranique. Laporte est située a l'Est ; un autre porte,percée dans son mur Sud et aujourd'huibouchée, la faisait communiquer avec lecouloir qui donne accès dans la cour. Elle estrecouverte de rondins de bois, de roseaux, etd'une terrasse; au-dessus d'elle est

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construite, une g/wrfa, chambre de premierétage de 2 mètres de profondeur et de 3 m,50 de largeur, avant sa porte au Sud. Il nesubsiste plus aucun escalier qui permette d'ymonter. Des amorces de murs sur les cotésNord et Ouest de la qoubba montrent que letombeau de Sidi Mohammed ben-Ali eut,jadis,

1. Cf. supra, p. 342.

2. Cette disposition île chambre sépulcrale àmurs défoncés, précédée de l'atriumtétrastyle, apparente cette qoubba auxqoubbas déjà étudiées de Sidi Bou-Médine etde Sidi Brâhim.

d'autres dépendances encore. Un murd'enceinte, aujourd'hui

ruiné, entourait cet ensemble d'édifices.Enfin à 20 mètres environ en avant, du côtéde l'Est, on peut voir les restes d'une citerne

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voûtée, rectangulaire, actuellementtransformée en étable.

INDEX DES NOMS PROPRES

Abd el-Kadeh, 131, 305.

Abd el-Malik, 86.

Abd bl-Moumin, 15, 92 n. 1, 141-142,

213. Abu el-Wàd, 17-18. Voir Beni-Zeiyàn.Abd-er-Rahmàn III, 30, 76. Abdehi (El), 19.Aboi-Abdallah. 10. Aboi-Abdallah ben-Khemis, 8. Aboi-Abdallah Et-Tàbiti, 245 n. 3.Abou-Abdallah Mohammed ben-Jafar,

92. Abol-Ab-der-Rahmàn, 129. Abol-Amer-IbràhIm, 170-171. Aboi-Hammou 1", 20, 34,130, 159, 185,

198, 313. Aboc-Hammou II, 24-25, 190, 202,306. Abou Inàm-Fàrès, 200, 287, 290, 29S.

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Aboul-Abbâs Ahmed, 21, 25-26, 130, 137,

159, 190, 231 n. 2, 320. Abol'l-Hasen Ali, 22-23, 129, 195, 197,

198-199, 200, 207-208, 210-211, 231,

235, 240-241, 244 n. 2 et 3, 251, 274,

275. Aboi'l-Hase.n Ali bex Abd-er ahman bfn

Ali, 140. Abou'l-Hasen Ben-en-Xejjârîya, 19,143 Aboc'l-Mohâdjîr, 11. Abou'l-Walîd, 34.Abûu-Malik {fils d'Abou'l-Husen Ali),

129. Abou-Mùhammed Abdallah, 329.

Aboc-Moosa Isa, 185-186.

Abou-Obaïd, 8.

Abou-Qorra, H.

Abou-Saîd, 302.

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Abol-Saîd Otsmàh, 20, 171, 196.

Aboc-Sàlim, 194 n. 2.

Abou-Tâchpîn, 8, 20, 21. 25, 34, 129,

159, 195, 337. Abou-Tsàbit, 302. Abou-TsàbitOmar, 194, 196, 198. Abol-Yahya Abol-Bakr,196. Abou-Yaqoub le Mérinide, 191-192, 193,

197-198. 199-200. 210, 215. Abou-Yaqoub leZeiyanide, 202, 202

n. 2; — Médersa )aqoubiya, 172 n. 2,

186, 302, 303. Abod-Zakària, 118. Aboi-ZeidAbd-eh-Rahmàx, 185-186. Abou-Zeiyàn(Moulai), 143.

ACHÎR, 13.

Agadir. 10 à 16, 19, 115-116, 117-118, 121-122,

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124, 132, 134, 195, 204, 212, 336; — Mosquéed\ 82, 136-137, 138, 140, 160.

Aghlebite, 69.

Ahmed bfn ToULOl'N, au Caire {mosquée <f>, 29.

Ahmed el-Lamti, 38, 290. 292.

Aïn-el-Hout, 28, 212, 226, 333, 344.

Aïx-Taqbalet, 55, 228.

Aïx-Wànzouta, 132 n. 226.

Alcazar, 32, 34, 79 n. 3, 90, 100, 175, 178, 277,288, 297 n. 1, 316; — Genil, 126 ; — Patio delas Doncellas, 255.

ne.

INDEX DES NOMS PROPRES

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Alexandrie, 29.

Alger, 27, 92, 232, 304; — Grande Mosquéeci', 21, 46, 50 n. 2; — Moç.alla, 48 n.

Alhambra, 32 n. 1, 33-34, 55 n. i, 03. 69 70,90, 92, 90, 100, 105, 175, 189, 230, 251, 269,277, 297 n. 1. 310, 316;

— Salle des Abencérages, 54 n. 1 ;

— Bains de l', 83 n., 163, 164 n., 165 166, 168,314; — Alberca, 176, 178, 207, 255, 288 ; —Puerta del Vino, 221; —Mosquée, 288; —Salle du Jugement, 83, 100 ; — Cour desLions, 25.", ; — Tocador de la Heine, 251 ; —l'ose de l\ 315.

Au Bex-Yaiiya el-Salaksini, 137.

Al.I ben-Yousef, 141-142.

Ai.i el-Kordi (/An), 195.

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Almohade, lii. 28.

Almokavioe, 15-16, 28, 33 n. 1. 141,

195. Almunecar, 119.

Amb [mosquée </'), 29, îO. 44. 62. Aroudj,127. Ayyoubites, 65, 91. Aziiar [El), 218.

B

Bàb-Abi-Qorra, 115. 134.

Bàb-Ali, 117 n. 3.

Baba-SafIr (qoubba), 196 n. 1.

BAb-el-Aqba [ou Il/ibd'-Sidi Daoudi, ou

Bâb-Agddir), 14. 115-116. 117-118,

122-123, 130 n. 4. 332. 339. BAb-el-Bonoud,117 n. 3, 171 n. 1. BAb-el-Hadîd, 117 n. 3, 134.Bàb-el-Hammam, 115. Bàb-el-Giàb, 117. 130

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n. i, 132, 135

n. 2, 332. Bàb-el-Rhemîs, 214-215, 216. Bâb-el-Khoukha, 115. BAb-el-QeumAdîn, 116-117,119, 124-125.

134, 332. BAb-er-Rbeut, 135. BAb-er-Rowàh,124. Bàb-es-Çarf, 117 n. 3.

BAb-es-Sâgâ, 134. BAb-es-Selm, ,S6. BAb-er-Souîqa, 135. BAb-et-Tsouîtsa, 131 n.. 134.BAb-ez-ZAwiya [ou Bâb Sidi'l-Halwi .

117, 131-135. 283 n. 2. 332. BAb-Kechciiout(ou Bâb el-Jorlila <>u

Bâb Sidi Bou-Jema), 116 117, 125-

126, 134, 1S5, 332. BAb-Ilan, 117 n. 3. BAb-Sour-el-HammAm, 134. BAb-ïaqarqAret, 135.BAb-Wahb, 115, 132. BAb-Zîr, 133, 149 n.,328-329. Bagdad, 30.

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Barcelone, 31.

Barges l'abbé), 1, 2, 3, 28, 198, 217.

241 n. 1, 279 n., 303. Batoutah [Ibn). 317.BeibarsIya (mosquée El), 218. Bekri [El),115. Bel-Abbès [route de). 131-132. Benî-GhAnya, 16-17.

IÎEN'i-Kll Azer. 13.

l'.i Ni -Mi-.nix (Voir Mérinide).

BenI-Yala, 13.

BenI-ZeiyÀN, 10 n. 1, 12, 18, 22, 28,

127, 143, 303 n. 1. Bilâl (tombeau de), 331 n.Bît-er-Rîch, 131-132. 227. BologgIn ez-Zîri,13. BostAm, 2X3 n., 332. Bougie, 195.

Brekch (prés Tenés), 185-186. Brosselard, 2.207, 226, 283 n. 1, 286. 290. 292, 306, 315,

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331. 338.

ÇaIqal [rendez-vous d'ibn). 191.

Caire (monuments du), 29-30, 62, 9S, 158n.,231n.l, 335 ; — Enceintes du, 119-120; -Fostdt, 29, 195.

CAIBOUAK, 84, 196, 292 n. 2, 157 n. 1 :Seiyii/at el-.lami, N8.

Çarmachiq, 39, 234. 278.

Cartiiage, 50 n 1.

INDEX DES NOMS PROPRES

347

Chella, 194, n. -2. 264 n. Clunï {musée), 21 n.2. 236.

CONSTASTIKOPLE, lii/zance. 30-31.

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CoBOOUE (mosquée de), 31-32. 40. 45 n. 4,37. G.'!. 65-66, 69-70, n., 75-76, 78. 86. 97,1(12. 109, 144, 148-149. 150, 132-153, 156,169, 181, 217.2211. 222, 328; Chapelle deVilla-Viciosa, 32. 4i,7o; — l'uerla del-Pardon,2.39; — Enceinte de, 119-120.

Ciiisto i>k i.\ Lu/ (église del) 31, 37. 78. 86.

Cuba palais de la), 32. f.fi, 153.

I)

Damas (inosquêe de . 30; — Portes à,

321, n. Dana [basilique de). 62 n. 2. Dàr-abî-Fihr, 21. Dàr-el-Mol'lk, 21. Dàb-es-Soltân.Voir Palais rf'EL-EuB-

u À i >.

UÀR-ES-SoROUR. 21.

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Delphin. 292 n. 2.

Dehb Msolfa, 26, 218. 319.

D.IEBEL TeHNI. 7.

Doutté, 33 n.. 330. DuTnoiT, 3.

E

Eubbài. (El), 7, 223 à 230 ; — Es-Sefli, 43, 57n. 1, 83, 225-226, 227-228, 282, 284, 339 ; —El-Fouqi, 223, 225. 227-228, 229-230; —Palais d\ 27, 35, 100, 266 à 269 ; — Zâwiya d\279. n.. 280 : — Mesjid es-Çâlih, 334.

El-Eubbâd près Fâs, 224, n. 1.

Fàs, 12. 16 n. 3, 17-18 ; — Fontaines à, 50 n. ;— Maisons à, 81 ; — Bains à, 165 n. 2 ; —Médersa à, 300 n.

Fatimite, 65, 69, 88, 91.

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Ferachbad (édieule de), 57 n. 1.

Febfara (ben), 39, 305. Firooz-Abâd (palaisde), 62. Fouwàra (El), 313.

ijiim.nA. 32-33 n., 36, 16 n. 2. 7s. 98,

101, 218, 220. 222. Girault de Pranoky, i, 31n. 2, 32. Grenade (monuments de), 28. .'il 32,

149. Voir (Alhambra) ; — Enceinte,

119: — Albayein, 120; — Maisons à,

300. Gubbki, 304

II

IIàdj-ben-Abou-JemAa El. 8. Hakdo (rue).203. IIafcidf., 24.

Ilvii.it v citadelle d'), 202, n. IIàkkm(mosquée du Chîkh), 62. Uamdoun-el-Qaisi,

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34. Haouqal Ibn- . 13, 115. Hvwn bey), 130.Hassan (tour de , 33, 36. Il \"v\ (mosquéede), 74. Hennaya (route d'), 127.

Ibràhîm ii.-Mii.iani, 28. limis l", 11, 13, 136,336 n. 1. IdbîS II, 12. 136, 336 n. 1. iFRIQlYA,199.

Imàma. 127.

Jàhil (Ibn). 128 n.

Jérusalem, 30; — Mosquée à, 30 n. 1.

K

Kaba. 29.

INDEX DES NOMS PROPRES

KnADRA {El), 17.

Kiiafadja (ién), 8.

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Khaldouh {Ibn), 10-11. il, 22, 29, 118,

129, 171, 19(i, 210-211, 274, 313. Khaldoux(Yahya, 7, 22, 117, 329. Khânqâh, 228 n. 1.Khàridjisme, 11.

KllAVERXAQ, 7.

Khidhr, H n. 2.

Kotoubîya, 33, 36, 46, 98, 218. 22(1. 2*3.

Lalla Ghahîba {mosquée de), 325, 335. LallaRouva {mosquée de), 327, 342n. 1. LallaSf.tti, 127. 206, 213, 333. Laugier de Tassy,165 n. 1, 166 n. 3. Léo.x L'Africain. 8, 26, 128n., 130, 165

n. 2, 166 n.. 229, 300 n. Louvre {musée), 32n. 1, 242 n.

M

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Maghma {roule de), 127, 192, 197. 204, 214.

Maghhàwa, 13, 33 n. 1.

Malaga, 79, 317.

Malik Achraf Qàit-Bey, 302 n. 1.

MaLIK AcHRAF-InAL, 302 n. 1.

Malik Nàcer (madrasa de), 30 n. 2.

Mamellck, 65.

Maxçoub {VAlmohade El-). 33 n., 36 n. 2.

Manisès, 79. 317.

Mansourah, 7, H n. 1, .15, 20, 22, 127-128,192 à 201, 209, 211, 213; — Enceinte de. 119-120, 201 à 206, 214-215; — Qasbali, 33, 83,199-200, 207 à 209, 235; — Mosquée de, 39n. 2, 42-43, 68, 74-75, 91-92, 149, 192, 196-

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197-198, 201, 216 à 222, 236, 251, 265, 294,296, 307, 31:: n.

Maqqari, 259.

Mabmol, 128 n., 130, 279 n.

Marrakech, 12, 18; Porte à, 75; — Médersamérinide à, 81 ; — Qasbah de, 218 n. ; —Sa/irîdj de, 126.

Mascara {mosquée de), 39.

Mascara {rue de), 318.

Mazdali, 14.

Mechhed Ali, 79.

Méchouab, 19, 22. 26-27, 35. 37, 83-84,

129-130, 131, 135, 158, 170 n. 1, 310;

— Mosquée du, 20. 201, 313 à 317, 322,

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326. Médéau, Util. Médersa el-Qadîma {El){ou Médersa

Oulâd el-Imâm), 185-186. Médixe, 30 n. 1.334. Mekixez {porte à), 75. Mel'ar, 196 n. 1,213; — Koubbat-El, 214. Merdj {El), 132 n.Méhixide. 17, 22-23, 24-25, 28, 125 n. 2,

285, 294, 309. Metchkàna [Oued), 118. 122,128, 336. Metîdja, 17.

Mistra (basilique de), 104 n Moçalla, 313-314. Mogbîba (El), 32 n. 1. Mohammed V,314. Mohammed ben Abd-er-Rahmàn et-Tlim-

sàxi, 42 n. Mohammed Bey, 28, 234, 278-279.Mohammed ech-Chïkh, 34. Mohammed e.n-Nàcer, 228, 230. Mohammed ben Yousef el-Qmsi, 132 n. 213. Moïse 11, n. 2. Moma (El),121.

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Mosquée de Tlemcen (Grande), 15-16, 17-18,19, 28, 33, 36, 43-44, 46 il. 2, 47 n 5, 48-49,50, 63, 70, 84 n. 1, 88-89, 91-92, 95, 105, 107,110, 137, 139 à 161, 175, 180, 183, 201, 217,230, 258, 301, 304,306, 316,328,334,339.

MOSTAFA EL-MAXZALI, 28.

N

Nedromah, 38, 88, 157 n. 1.

O

Oqba ben-Nàfi, 11, 30; — Voir Sidi

Okba. Omeyyade, 12-13, 30.

INDEX DES NOMS PROPRES

349

Okan, 16-17, 27.

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Oulâd el-Imâm, 20, 21, 43, 54 n. 1, 90,

92, 185 à (91, 253, 313-314. Ouzîdàn, 22fi.

Palma (bains de), 108.

Pêcherie (mosquée de la), 40 n. 1,

253 n. Pedro (don), 34. Pesaro, 3114. Piesse,3.

POMARIA, 10.

Pompeï (bains de), 166 n.

Puerta del Sul, à Tolède, 63, On, 212

n. 1. Puy (cathédrale du), 91 n.

Q

Qàchàx, 10 n. 2.

Qàitbky (mosquée), 62.

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Qaçr-Adjiça, 17.

Qaçr-el-Qad1m, 15. 10, 143, 145.

Qala (El), 128.

Qarawîyin, à Fus. 33. 43 n. 1 ; — 45

n. 3, 46, 157 n. 1. Qchaqech (Bordj), 132, 135.

R

Rabî l'Évêque, 30. Ravenne, 31.

Renan (An/,, 3, 77-78, 106, 234 n. 2,

236 n. Rhodes, 79. Roçafa (Er), 7. Rôda(Miqyâs de). 86. Romain III (l'empereur),.70.

S

SAFSAF, 7, 123, 137. Sahara. 17.

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SahrîdJ el-Keiiîk (ou grand bassin. 21. 125-126, 127.

Sainte-Marie-la-Blanche, 72, 105, 108,

181. Sainte-Sophie de Constantinople, 41,

104. S.uxt-Jeax-dWcre (église à), 30 n. 2.Saint-Jean-de-Damas, 3(1. Saint-Laurent(près Rome,, 76. Sakhrateïn (Es), 16. 12s,215. Sbeitla (temple de). 50 n. 1. Skui.. ■((roule de), 201 n. 2, 206. Sedîr (Es), 7.Seldjoucide, 77. SÉVILLE (enceinte de), 110-120, 203; —

Mosquée de. 45; — San Marcos, loi;

— Voir Alcazar et Giralda. Sfax (église de),30.

Shaw, 198.

Sicile, 93, 110. Voir Cuba et Zisa.

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SIdj Abdallah ben-Ali, 227 n. 3.

SIdi Abdallah ben-el-Balad, 334.

Sidi Abdallah ben-Mançour, 28, 332-

333, 342. SIdi Abd el-Qauer El.-JÎLÀm, 333.Sim Abd es-Selam-et-Tounsi, 227 n. '.'<.

235. Sim Ahmed Bel-Hasen el-Ghomàri, 143,

160. 162-163 n. 1, 354. SIdi Ahmed ed-DàOUDI, 332. 330, 342

n. I. Sioi AlI-BEN-MeGCÎM, 226. Sidi Ali-et-Tellouti, 340. Sidi bel-Hasex, 20, 43, 49, 83,00, 92.

lOS-100, 110. 153, 170 à 184, 186-187,

100-191, 222, 249, 255, 277. 201-205,

300, 309, 314. Sidi non Isiiàq et-Tayyàr, 43,

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226, 282-

283, 284. Sidi bou-Izàr (bordj), 134. SiDibou-Médten, 2, 14, 223, 227-228,

230, 332-333, 339. Sioi boc-Medine (villageel monuments

de), 22-23, 135-137. Voir El-Eubbdd.

Qoubba de, 17, 28, 39, 78, 84, 201,

208, 223 n., 230 à 239, 294, 321, 336;

— Mosquée de, 38-59, 42-13. 45, 50. 65, 68,84, 91 n. 1, 92, 100, 104,109-110, 137, 153,138, 188-189, 200 n. 2

INDEX DES NOMS PROPRES

22;: n., 2'25 n. 1, 236, 240 à 265, 269,

286-287, 288, 296-297. 300-301, 309,

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333, 340, 343 n. 2; — Médersa de,

100. 223 n., 227, 217. 200-270 à 278,

295; — [lain.i de, 167 n. Sini Bbàhîm, 25, 13.81, 83-84, 172 n. 2,

186, 201-202, 312, 330, 343 n. 2. Sîdi BrâiiîmEN-N'ÀAR, 220. Sîdi d' Dàoudi, 14. Voir Bâbel Aqba. Sn.i Lahsen (Ckîkh), 26, 133 n. 2,200

n. 1, 320; — Village el mosquée, 26,

135, 320 à 323, 326, 335. SîdiVBennâ, 326.Sïdi'l-Halwi, 22. 27, 28, 42-13. i,s. 50,

61, 90, 92, 137, 215, 221-222 n., 265,

285 à 301, 306, 312, 332, 335, 339. Smii'l-Haoiwaiii, 229. Sioi Mam.ui ben-Aliya, 332.Sioi Mohammed ben-àli, 28, 342-313,

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314. .Sun Mohammed ben-Mehzol'q, 10, 18,143,

334. Siui Ooba, 30, 44 n. 3, 45, 69, 74. 94.

96 n., 97 n.. 141-1 il, 158 n. Sn.i Sekousilliikli), 9, 26, 49, 137 n. 2.

226, 211, -J40; — Mosquée, 26, 318-

319. Siut Waiiii ou Waiiiiab, 11, 11, 336. SiuiYAQOUB, 14, 132, 133, 371. 336 ;t

339. Sii.i Yeddoi n, 224-335.

SlU.IILMESSA, 195.

SlDJOVN (près Tunis), 214. Sol.EÏMAX BEN-MOHAMMED EL-Koillil. 239. Sol.EÏMAXBEN-AbDALLAH. 12, 341. SoUQ-EL-KllEMÏS. 195.

Suisse (enceinte de), 86; — ribât de,

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272. Suze (Acropole de), 35, n. 5, 77. Syrie,119. 124 n.

Tachiàn-bkn-Ali, 16, 141.

TÀcurîNiYA [Médersa) 10, 21, 26, 83.

310. Takna, 7.

133,

196. 1,91,

2S3

Tagrârt, 15-16, 116-117. 118 n. 2,

105. Tailler del Mono, 300. Tanger, 211 n. 2.Tarragoxe (cloître ii), 86. Tai iiis, 241 n. 2.Taxa, 157.

Tekich (Mosquée), 62. Tell el-Yahoudi(palais de . 17. Te.M7.E7.dekt (près d'Oujda),

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128 n Temzezdekt près île Bougie . 19:.Texesi (Aboul llasen ben-Yalelef et

130, 136, 171. Texesi (ALou-Iskâq Ibrahim et-)

n. 1. Tétouaxs, 88. Tiaret, 12.

Tixmàl (Musquée drj 31 n., 66 n. Toi meut(Ibn), 111. Tunis, 21, 84; — Sultan de. :;:;:

M nia II a à. 214. Tunisie, 332.

V

liici ii (Edifice à), 62 n. 2 V

Valence, 79, 317.

Vax BerCHEM, 270.

Venise, 31.

Voi i.ie-Ciiiliiac (cathédrale de la), 191.

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W

Walîd El . 50. 76,

X

Ximenès (rue) 302, 305 n. 1.

v

Yaqoibi (El,, 13, 115, 121.

ÏAQurnivA (Médersa). Voir A/iou Yaqotlb.

Yaqout, 16.

INDEX DES NOMS PROPRES

3S1

Yarmobàsen, 12, 17-18. 19-20, IIS. 124.

130, 133 n. 1, 137, 142, 157, 151». 170.

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231, 234, n. 2. 334, 338. YoOSOCF BEN-TÀCHFfoi", 1 i.

/

Zah-.a [couvent île . 310.

ZafrAki [bord]), 134. Zahra [Palais. île . 30.Zi.kiii [ben), 271 n. Zenata, 13. Zf.roa. 17.ZlGHBA, 13. ZlSA, 32. 66.

TABLE DES PLANCHES HORS TEXTE

Pap».

121. — I. — Vieille enceinte de Tlemcen (BàbEl-Qermàdin).

131. — II. — Vieille enceinte de Tlemcen(côté Sud).

136. — III. — Minaret d'Agadir.

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140. — IV. — Vue d'ensemble de la GrandeMosquée (côté Sud).

144. — V. — Çahn de la Grande Mosquée.

146. — VI. — Mihràb de la Grande Mosquée.

168. — VII. — Intérieur du liain desTeinturiers.

112. — VIII. — Mihràb de la mosquée de SidiBel-Hasen.

183. — IX. — Mosquée d'Oulàd el-lmàm.

2111. — X. — Enceinte de Mausourah (côtéOuest).

206. — XI. — Chemin pavé à Mansourah.

216. — XII. — Ruines du Mihràb de lamosquée de Mansourah.

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220. — XIII. — Minaret de Mansourah.

220. — XIV. — Portail de la mosquée deMansourah.

223. — XV. - El-Eubbàd.

223. — XVI. — El-Eubbàd es-Se(li.

210. — XVII. — Portail de la mosquée de SidiBou-Médine.

244. — XVIII. — Portail delà mosquée de SidiBou-Médine (Vue du Çahn)

216. — XIX. — Arcades de la salle de prière(mosquée de Sidi Bou-Médine)

251. — XX. — Mihràb de la mosquée de SidiBou-Médine.

266. — XXI. — Petit palais d'El-Eubbàd(Grand patio).

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214. — XXII. — Portail de la médersa de SidiBou-Médine.

282. — XXIII. — Marabout de Sidi Bou-Ishàqet-Tayyâr.

283. — XXIV. — Mosquée de Sidi'l-Halwi(côté Nord). 285. — XXV. — Mosquée deSidi'l-Halwi (côté Sud). 320. — XXVI. —Mosquée et Village de Sidi Lahsen. 338. —XXVII. — Tombeau de la Sultane à SidiYaqoub. 340. — XXVIII. — Qoubba de SidiSenousi.

340. — XXIX. — Qoubba de Sidi Abdallahben-Mançour.

TABLE DKS ILLUSTRATIONS

INSÉRÉES DANS LE TEXTE

Figcuks. Pages.

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1. — Construction d'une qoubba 58

2. — Angle d'un comble de qoubba (époqueturque 60

3. — Tracé d'un arc Ii4

4. — Tracé d'un arc 64

5. — Vue perspective d'une voûte à stalactites61

6. — Origines du chapiteau tlemcenien 71

7. — Spécimens d'écriture monumentale s7

8. — Fragment de l'inscription dédicatoire dela Grande Mosquée '.il

9. — L'entrelacs curviligne architectural 99

11). — L'entrelacs curviligne floral. —Diagrammes de constructions.. 103

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11. — Rinceau byzantin 105

12. — L'entrelacs curviligne floral. —Spécimens de palmes 106

13. — Plan de Tlemcen 114

14. — Plan de la Grande Mosquée 144

15. — Voussoirs sculptés du mihràb 141

16. — Vue perspective des charpentes de lanef centrale lis

17. — Grand chapiteau lill

1S. - Petit chapiteau du mihràb et détaild'une volute 150

19. — Vue perspective d'un pan de la coupole151

20. — Frise d'acanthe au-dessus du mihràb

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152

21. — Inscription coufique (mihràb de laGrande Mosquée) 154

22. — Fragment du décor garnissant une desfenêtres (intérieur du

mihràb) 155

23. — Décor de la couronne de cuivre(minaret) 151

24. — Inscription de la Maqçoura 158

25. — Plan du bain des Teinturiers 164

26. — Décor flanquant les fenêtres dumihràb (mosquée de Sidi Itel-

Hassen) 173

27. — Décor des murs 174

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28. — Grand chapiteau supportant lesarceaux des nefs 176

29. — Coupole du mihràb 177

Figures. Pages.

30. — Fragments d'inscriptions coufiques 179

31. — Garniture d'une fenêtre 180

32. — Garniture d'une fenêtre 1S1

33. — Décors de plâtre 182

34. — Chapiteau en mosaïque de faïence 183

35. — Décor du panneau intercalé cadre dumihràb de la Mosquée

d'(lulàd el-Imâm) 189

36. — Construction d'une tour deflanquement (enceinte de Mansourah). 202

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37. — Plan de Mansourali 20a

38. — Fragment du balcon du minaret. —Vue de race des stalactites et

profil îles consoles des extrémités 219

39. _ pian «le la qoubba de Sidi Bou-Médine231

40. — Décor de la coupole 233

41. — Chapiteau d'onyx 235

12 cl 13. — Carreaux estampés de pavemenl237

44. — Chapiteaux d'onyx 238

43. - Spécimens des décors peints 239

46. — Décor en mosaïque de faïence(mosquée de Sidi Bou-Médine)... 241

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47. — Décor céramique de la douelle(porche) 242

48. — Décorde plâtre. —Trois motifsgarnissant les murs du porche... 243

49. — Plan de la mosquée de Sidi Bou-Médine 244

50. — Fragment de plafond à caissons 24G

51. — Frise de plaire 248

52. Frise de plâtre 219

53. — Chapiteau du mihràb 2.;i!

54. — Dec. m' des cintres 252

Motif d'angle et inscription coufique Porche)254

56. — Décors de plâtre 256

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57. — Dec m' de plâtre (porche) . 257

58. — Portes de bronze 259

59. — Ane le de corniche au pavillon de lacoupole 261

00. — Spécimens de réseau garnissanl lespans du minaret. — Inscription en coufiquequadrangulaire 232

61. — Grande rosace en mosaïque de faïence264

62. — Plan du petit palais 261

63. — Plan de la Médersa 273

64. — Fragment du cidre du portail .. - 275

65. — Décor de plaire 276

66. — Plan des latrines publiques 281

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67. — Plan du iiiarabnul de Sidi Bou-lshàq et-'fayyàr 282

68. — Console de l'auvent (mosquée deSidi'l-Halwi) 287

69. — Plan de la mosquée de Sidi'l-llalwi 289

"il. — Cadran solaire 291

71. — Chapiteau 293

72. — Décor de plâtre. — Burdure de cinlrc293

73. — Décor de plâtre 296

Figures. Pages.

74. — Frise de bois à inscription 297

75. — Garniture des plafonds 298

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76. — Garniture des plafonds 299

77. — Carre \ de faïenceà reflets métalliquessquée de Sldi-Bràhîm) 30î>

78. — Décor de plâtre, garniture des murs308

79. — Décor de plâtre à unir m eut couflque310

80. - Lambris en mosaïque de faïence 311

81. Décor céramique au minaret duMéchouar 316

— Carreau de pavement dans la cour de lamosquée de S ni i Lahsen. 321

32.

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' H iPITRKS. |', LL ., j_

XVII. — Mosquée de Lalla Rouya 321

XVIII. — Mosquée liàh-Zir 3^,s

XIX. — Les Qoubbas :i::u

Les tombeaux de Sidi Y'aqoub :j :i;

Qoubba de Sidi'd-Daoudi 339

Qoubba de Sidi Senousi ::in

Qoubbas d'Ain el-Hout 3 t i

A. — Qoubba de Sidi Abdallah ben-Mançour3 1

11. — Qoubba de Sidi Mohammed ben-Ali342

Index des noms propres 345

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Table des planches hors texte 352

Table des illustrations insérées dans le texte353

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