Theologie de La Vie Consacrée_ Place de La Vie Consacrée Dans l'Eglise

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      CENTRE LASALLIEN AFRICAINCENTRE LASALLIEN AFRICAINCENTRE LASALLIEN AFRICAINCENTRE LASALLIEN AFRICAIN

    CELAF INSTITUT

    Institut Supérieur de Sciences Pédagogiques et Religieuses

    (ISSPR)

    Licence I

    DEVOIR DE MAISONDEVOIR DE MAISONDEVOIR DE MAISONDEVOIR DE MAISON

    Théologie de la Vie consacrée et LaïcatThéologie de la Vie consacrée et LaïcatThéologie de la Vie consacrée et LaïcatThéologie de la Vie consacrée et Laïcat 

    Rédigé par :

    JALOMBI Daodjoah (F. Léger)

    Enseignante :

    S!r Marie"#as$a%e &RA&BA'O

     Aidjan* Mai +,-+

     La place de la Vie consacrée dans l’Eglise

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    Soaire

    INTRODUCTION .......................................................................................... 1

    I. La vie religieuse : un don fait à l’Eglise et essentiel à elle .............. 2

    1.1. La consécration religieuse : acte ecclésial. ................................ 3

    1.2. La vie consacrée, essentielle à l’Eglise ....................................... 5

    II. La vie consacrée : Mémoire évangélique de l’Eglise ....................... 6

    2.1. La vie religieuse : Primauté de Dieu et amour des hommes…  6

    2.2. La vie religieuse : signe, sacrement.... ......................................... 8

    Conclusion ................................................................................................. 10

    BIBLIOGRAPHIE ........................................................................................ 11

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    INTRODUCTION 

    La vie religieuse apparue dans l’Eglise au IVème siècle, à la suite de la paix

    constantine qui accordait au christianisme une reconnaissance légale, est une

    institution dans l’Eglise qui a connu beaucoup de mutations depuis maintenant 4

    décennies. Les manifestations relatives à ces mutations se perçoivent aussi bien

    dans le vêtement ou l’habitat, que le choix des activités professionnelles ou la

    manière quotidienne de vivre dans l’Eglise et dans le monde. Ces mutations

    interrogent bien sur le sens et le statut de la vie religieuse au sein de l’Eglise. En

    effet, les divers textes du magistère sur la vie religieuse témoignent bien, non

    seulement de l’intérêt que la hiérarchie de l’Eglise accorde à cette réalité, mais aussi

    des interrogations qu’elle ne cesse de susciter à l’intérieur même de l’Eglise, tout

    comme à l’extérieur de celle-ci. Un exemple palpable de ces interrogations est celuique nous rapporte le P. Jésuite Manuel ALCALÀ1 : peu de temps après avoir été élu

    Pape, Jean-Paul II, au cours de l’audience avec l’Union des Supérieurs Majeurs, se

    demanda si la vie religieuse avait un avenir dans l’Eglise . Une question qui laissa

    perplexe le Père ARRUPE, alors Général des Jésuites et président de l’USG, ainsi

    que les Supérieurs Généraux présents à l’audience. « Sainteté, répondit le Père

    ARRUPE, si nous ne le croyions pas, nous ne serions pas ici  ». On ne saurait donc

    s’étonner que nous tenions les plus beaux et profonds textes magistériels sur la vieconsacrée de la période postconciliaire du même Pape. Nous citerons ici volontiers

    la célèbre exhortation post-synodale Vita consecrata   (1996) qui contient de très

    belles déclarations sur la vie consacrée, sa place et son rôle dans l’Eglise2. Dans un

    certain sens, cette abondante intervention magistérielle, - avec la récente instruction

    de la Congrégation pour les Instituts de Vie Consacrée et les Sociétés de Vie

    apostolique Repartir du Christ  (2002) - constitue aussi la synthèse de tout le parcours

    précédemment développé à la suite du Concile Vatican II. Tout cela considéré, il estbon de rappeler aussi les interventions après 1982, qui constituent un autre apport

    au chemin de la vie consacrée. Outre la promulgation du nouveau code de Droit

    Canonique (1983)3, l’Instruction de la Congrégation The Renewal of the Religious lif e

    1Exemple que nous tirons nous-même de: Frère Àlvaro Rodrìguez Echeverrìa,  Associés pour, ensemble,chercher Dieu, suivre Jésus-Christ et travailler pour son Règne. Notre vie religieuse, Lettre pastorale aux Frèresdes Ecoles chrétiennes, Rome, Salesiano Pio XI, Décembre 2005, Pp 21-222 Le caractère ecclésial de la Vie consacrée dans ce document se trouve dans les numéros allant de 41 à 71.3 Cf. La vie consacrée Livre II, 3ème partie 

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    (Eléments essentiels) de la même année, s’attache à souligner, à presque 20 ans de

    la promulgation de Perfectae Caritatis , les éléments constitutifs du renouveau. Les

    directives, qui ont valeur d’instruction, promulguées par la Congrégation pour les

    Instituts de Vie Consacrée et les Sociétés de Vie apostolique, Potissimum

    Institutioni , de 1990, dans laquelle toute la réflexion sur la vie selon les Conseils

    évangéliques est élaborée dans le cadre de la formation. Tous ces documents

    revêtent une importance toute particulière. En 1992, est promulgué par Jean-Paul II

    le Catéchisme de l’Eglise Catholique qui contient une synthèse théologique sur la vie

    consacrée4. Le document La vie fraternelle en Communauté   présenté par la

    Congrégation pour les Instituts de Vie Consacrée et les Sociétés de Vie apostolique

    le 2 février 1994 a eu de son côté aussi une grande résonance. L’Instruction de la

    Congrégation pour les Instituts de Vie Consacrée et les Sociétés de Vie apostoliqueRepartir du Christ  regroupe toutes les réflexions autour des thèmes toujours décisifs

    aujourd’hui concernant la qualité de la vie consacrée tels que l’identité théologico-

    ecclésiale, la mission spécifique, la formation, la primauté de la vie spirituelle, la

    spiritualité de communion. Certainement cette ampleur d’intervention du Magistère

    ecclésial au sujet de la vie consacrée est un signe de l’attention affectueuse pour ces

    fils appelés à la suite du Christ chaste, pauvre et obéissant. Toutefois, c’est aussi le

    symptôme d’une certaine préoccupation pour le chemin de renouveau initié par leConcile Vatican II et qui se poursuit non sans difficultés et interrogations ; renouveau

    qui est lié en définitive à la place-rôle de ce style de vie dans l’Eglise. Face à cette

    masse considérable de documents, notre devoir se présentera en des termes

    nécessairement synthétiques. Il s’articulera en deux grands points : dans un premier

    temps, la vie religieuse vue comme « don de Dieu à son Eglise » et dans un second,

    comme un élément de la « mémoire évangélique de l’Eglise ».

    I. La vie religieuse : un don fait à l’Eglise et essentiel à elle.

    Le Concile Vatican II, surtout la Constitution dogmatique sur l’Eglise « Lumen

    Gentium » en son chapitre VI a défini la vie religieuse comme un don fait à l’Eglise.

    Par une telle affirmation, le Concile entendait souligner la dimension ecclésiale de la

    vie religieuse. C’est une véritable révolution et un appel à se regarder comme fruit de

    l’amour de Dieu pour son Eglise que le Concile adresse aux personnes consacrées

    4 Cf. Numéros. 914-933 et 944-945 

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    quand il déclare que la vie religieuse est un « don divin que l’Eglise a reçu de son

    Seigneur, et que par sa grâce elle conserve toujours 5 ». Dans le même sens, le Père

    DE HAES écrit admirablement : « Si la vie religieuse existe dans l’Eglise qui est

    entièrement sous la mouvance de l’Esprit, c’est parce que Dieu l’a suscitée et que

    l’Eglise l’a progressivement instituée. La vie consacrée est un des plus précieux

    trésors de l’Eglise, un héritage qu’il ne faut pas dilapider  6». Ainsi, ce n’est plus celui

    qui est appelé à la vie religieuse qui est le premier bénéficiaire du don, mais l’Eglise

    parce qu’avant tout, la vie religieuse « n’est pas une réalité isolée et marginale, mais

    elle intéresse toute l’Eglise  » et aussi parce qu’elle « est placée au cœur même  » de

    celle-ci7. La vie religieuse n’est donc que, pour l’Eglise à laquelle elle est donnée par

    Dieu. La conséquence d’une telle affirmation est aussi de taille que l’affirmation elle-

    même, en ce sens que le Religieux n’est plus consacré par et pour lui-même, sinoncela n’aura aucun sens, mais il l’est « dans et pour l’Eglise  »8.

    Néanmoins, il faut reconnaître aux textes conciliaires leur manque de clarté sur

    l’identité même de la vie religieuse : « Compte tenu de la constitution divine et

    hiérarchique de l’Eglise, cet état n’est pas un intermédiaire entre la condition des

    clercs et celle des laïcs, mais dans les deux conditions des fidèles sont appelés par

    Dieu à jouir dans la vie de l’Eglise d’un don particulier, et, chacun à sa façon, à servir

    à sa mission de salut  9». Cette absence d’une définition spécifique et claire ajoutée à

    l’appel à la sainteté de tous les fidèles participerait à la crise de la vie religieuse si les

    choses sont mal comprises. Crise en ce sens que la vie religieuse apparaissait pour

    certains comme une vocation inachevée, incomplète et, partant n’offre pas d’attrait

    particulier, de pertinence.

    1.1. La consécration religieuse : acte ecclésial.

    Le mot « consécration » a certes ses ambiguïtés tant elle renvoie à des réalités

    nombreuses dans l’Eglise, mais il a l'immense avantage de situer la vocation

    religieuse au cœur de la vocation chrétienne : le baptême est consécration,

    l'ordination au ministère est consécration, le mariage, on l'oublie trop souvent, est

    5 LG 43 ; VC 1.6 DE HAES René, La vie consacrée dans la pensée de l’Eglise in « Le charisme de la vie consacrée. Actes de laquinzième semaine théologique de Kinshasa (14 au 20 avril 1985) », p. 1057 VC 3.8

     VC 29-349 LG 43

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    consécration d'un couple à la construction de cette petite église, qu'est un foyer

    chrétien ; lors du rite eucharistique, il y a consécration… Ainsi, en contexte chrétien,

    « le verbe consacrer ne peut avoir qu’un sujet : l’Esprit Saint. C'est l'Esprit qui

    consacre, qui sanctifie et il le fait en ordonnant au Royaume 10  ». De ce fait, la

    consécration est un acte ecclésial parce que fait dans l’Eglise mue par l’Esprit Saint

    dont c’est le temps. Elle est donc seule habileté par son ministère et son autorité à la

    valider, l’authentifier suivant les conditions matérielles qu’elle exige11  puisqu’avant

    tout, c’est Dieu lui-même qui appelle, consacre, envoie et sauve : « la vie religieuse

    est générosité divine, don de la toute-puissance de la miséricorde et de la fidélité de

    Dieu (au sens biblique, intraduisible, de la hesed we emet ). Elle représente, au sein

    de l’Eglise pérégrinante, et par là au sein du monde des hommes, un signe, un

    sacrement, de la puissance du Dieu et Père de Jésus Christ 12  ». Même si lesSupérieur(e)s Majeur(e)s ont pris des dispositions pour que les premiers vœux en

    raison de leur temporalité se fassent au noviciat et non sur une paroisse ; ces

    premiers vœux se font toujours lors d’une célébration eucharistique13 en présence

    d’un ministre ordonné, représentant légal de l’Eglise hiérarchique, et des fidèles

    chrétiens, témoins de cet engagement. Le rituel des professions religieuses, après

    l’appel des candidats, exprime clairement le caractère ecclésial de l’acte qu’ils vont

    poser par cette question que pose le ministre ordonné à ces derniers: « Quedemandez-vous à Dieu et à son Eglise ?14 ». C’est donc l’Eglise qui accueille

    l’offrande de la personne qui se consacre et la présente à Dieu. L’action de l’Eglise a

    un rôle premier : sans que ce soit un sacrement, elle produit une action consécrante

    de l’Eglise qui continue par la présence de Celui qui est le premier sacrement :

    Jésus-Christ. Etant l’action de l’Eglise, sacrement du Christ, elle donne à la

    consécration sa valeur objective et efficace. Elle est donc une vraie consécration

    comme celle que l’Eglise réalise dans la célébration d’un sacrement : les consacrés

    sont de vrais consacrés par l’institution de l’Eglise15.HAUSMAN l’exprime en ces

    termes : « Dans l’acte de profession liturgique, l’Eglise accueille l’offrande du

    10 RONDET Michel ,  L’appel à la vie religieuse, p.311 Lire à cet effet CIC 654-65812 TILLARD J.-M.-R., les religieux au cœur de l’Eglise. Problèmes de vie religieuse, p.3613 Sacrosanctum Concilium 8014 Il n’est exclu que cette question change d’une congrégation à une autre mais toujours est-il que cette questionmontre bien que la consécration n’est pas un acte individuel mais communautaire, ecclésial.15 LG 45 et Voir aussi : Mgr MUKENG-a Kalond, Enracinement biblique de la vie religieuse in « Le charisme

    de la vie consacrée. Actes de la quinzième semaine théologique de Kinshasa (14 au 20 avril 1985) », le point‘’A- Première racine : Eglise, Peuple consacré (I P 2, 9-10 ; Ep 1, 3-14)’’, page 91.

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    religieux et elle la présente à Dieu. Le supérieur, au nom de l’Eglise, reçoit ces vœux

    et avec eux, la volonté du futur profès de se dédier à Dieu au service de l’Eglise par

    l’incorporation dans telle forme ecclésiale particulière (car on est toujours religieux

    dans tel institut, membre de tel institut séculier, vierge consacrée dans tel diocèse,

    etc.) 16».

    1.2. La vie consacrée, essentielle à l’Eglise.

    Avec le concile Vatican II, on a compris que « la profession des conseils

    évangéliques appartient inséparablement à la vie et à la sainteté de l’Eglise  17» pour

    dire que l’état de vie qui en résulte trouve sa place dans la constitution de l’Eglise.

    Cette place dans la constitution de l’Eglise fait de la vie consacrée un constituant

    nécessaire et unique en son genre. Le Pape Jean-Paul II, remontant plus loin,l’exprime bien dans le numéro 29 de Vita consecrata  en ces termes: « la vie

    religieuse, présente dès les origines, ne pourra jamais faire défaut à l’Eglise, en tant

    qu’élément constituant et irremplaçable qui en exprime la nature même  ». Le

    commentaire qu’ajoute le Pape insinuerait donc qu’il n’y a pas d’Eglise sans vie

    consacrée. Il existe donc un lien étroit entre l’Eglise et la vie consacrée : l’Eglise ne

    peut se développer sans l’apport de la vie consacrée parce que là où elle fait défaut,

    le témoignage ecclésial est plus faible parce que « privé de dons spirituels, de lieuxréservés à la recherche de Dieu, d’activités apostoliques et de méthodes pastorales

    spécifiques.... 18». Nous percevons ainsi que cette position fait dépasser l’origine de

    la vie religieuse aux simples besoins circonstanciels de la communauté ecclésiale et

    la situe à un niveau plus élevé. En d’autres termes la vie religieuse ne serait pas née

    seulement des urgences évangéliques particulières (aide caritative, enseignement

    pour combattre l’ignorance des enfants pauvres, évangélisation d’une catégorie

    sociale...) auxquelles ont répondu généreusement des fondateurs et des fondatrices.Si tel était le cas, l’émergence des organismes humanitaires de plus en plus

    spécialisés dans tous les champs d’action où travaillent les religieux et religieuses

    entrainerait indubitablement la mise à l’écart des instituts religieux ou leur disparition.

    Les circonstances historiques ont certes donné naissance à des familles religieuses

    dans l’Eglise mais leur fondement relève de la volonté même du Christ. C’est dans

    16 HAUSMAN N., Où va la vie consacrée ? Essai sur son avenir en Occident , p. 9217

     LG 44 et VC 2918 VC 48

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    ce sens que « la mission ecclésiale de la vie consacrée  » devrait résister à l’épreuve

    du temps et des circonstances sociales qui entraînent, en même temps dans le

    sillage opposé, la disparition progressive de certaines formes de vie consacrées19.

    En clair, l’Eglise ne serait plus elle-même sans la vie consacrée parce qu’elle (la vie

    consacrée) appartient à sa vie et à sa sainteté ; parce qu’elle (l’Eglise) « ne peut

    absolument pas renoncer  20» à elle (la vie consacrée) : « La vie religieuse se

    rapporte donc à la sainteté de l’Eglise comme à son essence même  21».

    II. La vie consacrée : Mémoire évangélique de l’Eglise

    Nous voulons ouvrir ce point par les propos du Père RONDET qui nous dit bien

    succinctement les rapports existant entre la vie religieuse, l’Evangile et l’Eglise :

    « L'Eglise vit de l'Evangile : en s'en nourrissant, mais aussi en l'actualisant. C'est

    dans la mesure où elle écrit aujourd'hui l'Evangile qu'elle est fidèle à sa mission.

    Dans cette actualisation de l'Evangile, nos fondateurs et nos fondatrices, ont joué un

    rôle important. Ils ont reçu de Dieu une sensibilité évangélique particulière qui leur a

    permis d'incarner l'Evangile dans l'esprit de leur temps, en consonance avec les

    besoins spirituels de leur époque. L'Evangile aujourd'hui c'est Jésus et les Douze,

    mais c'est aussi François, Vincent de Paul, Dominique... Que serait l'Evangile sans

    eux? 22 »

    2.1. La vie religieuse : Primauté de Dieu et amour des hommes…

    Saurait-on dire qu’on se consacre pour l’être simplement ? Non, parce qu’on se

    consacre pour une mission dans l’Eglise. La consécration rime forcément avec

    mission dans le contexte de la vie religieuse. Si la vie religieuse est une vie

    consacrée, livrée, offerte à l'action de l'Esprit, dans une communauté, c'est toujours

    au service de la mission de l'Eglise par l’actuation d’un charisme particulier qu’a reçuun fondateur ou une fondatrice. C'est bien pour annoncer Jésus-Christ, pour rendre

    l'Evangile vivant qu'Antoine vend ses biens, partage les fruits aux pauvres et va vivre

    à l'écart une vie de prière et de charité ; c’est pour la même cause que François

    d’Assise se dépouille de tout et choisit entre son père et l’Eglise, la partie qui l’ouvrait

    19 C’est ce que nous rappelle VC 6320 VC 105. Lire aussi le Numéro 2 de l’allocution du Pape Jean-Paul II aux supérieurs généraux du 24 novembre1978: “....sans la vie consacrée...,l’Eglise ne serait pas pleinement elle-même” 21

     MARTELET G., Sainteté de l’église et vie religieuse, p. 10722 RONDET Michel ,  L’appel à la vie religieuse, p.4

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    à la charité. C'est bien  pour témoigner de Jésus-Christ que l'engagement religieux

    est, dès le début, un engagement public qui prend l'allure d'une profession de foi au

    Christ, Chemin, Vérité et Vie, au Royaume, comme trésor unique et perle précieuse

    qui mérite une abnégation pareille. C'est pour  annoncer la Bonne Nouvelle du

    Royaume que la vie religieuse s'est peu à peu structurée autour de la triade :

    pauvreté, charité, obéissance. Ces conseils ne sont pas en fait une fin en soi mais

    des moyens pour vivre la charité à l’image du Christ ; charité qui est une réponse aux

    appels du monde en détresse : « Les religieux et les religieuses de toute espèce

    sont, par toute leur existence, depuis la façon de vivre la profession de pauvreté- 

    chasteté-obéissance jusqu’à l’engagement en pleine masse humaine, inscrits dans le

    mystère de l’option de Dieu pour les pauvres, qui constitue la trame de la mission de

    Jésus et de l’Eglise. Vie et agir sont ici en osmose constante 23  ». Mais au-delà desces appels du monde à répondre, s’engage dans la vie consacrée, toute personne

    en quête d’abord de Dieu24. Et comme le Christ est indispensable pour atteindre le

    Père, il faut d’abord et avant tout se conformer à Lui qui n’a rien voulu faire d’autre

    que la volonté de son Père. C’est donc à son appel, que les religieux répondent en

    choisissant la vie consacrée comme « chemin de vie et de liberté qui est signe pour

    tous de la prééminence du lien au Christ  25». La vie religieuse, dans ce sens,

    « évoque la nécessité pour l’Eglise de vivre pleinement et exclusivement vouée à sonEpoux dont elle reçoit tout bien  26». Les adverbes « pleinement » et

    « exclusivement » montre bien que Dieu prime dans toute la vie du consacré comme

    dans celle de l’Eglise ; et la vie consacrée est très évocatrice pour le reste du peuple

    de Dieu de cette part qui revient à Dieu.

    Pour faire bref, nous dirons avec HAUSMAN que la vie consacrée « constitue une

    sorte d’herméneutique ecclésiale des acta et passa du Christ, en particulier par son

    rapport à la forme de vie qu’il choisit pour lui-même et que la Vierge sa Mère

    embrassa  27». C’est seulement dans ce sens qu’elle est susceptible de « maintenir

    23 TILLARD J.-M.-R., Appel du Christ…Appels du monde. Problèmes de vie religieuse, p.8124  PC 5. Lire aussi CHITTISTER J.,  Le feu sous les cendres. Une spiritualité pour la vie religieusecontemporaine, Pp.96-97 où elle raconte une belle histoire sur les motivations des novices entrant dans la viereligieuse et quelle devait être la première motivation. Elle emploie l’expression « chercheurs de Dieu » pourdésigner les religieux !25 HAUSMAN N., Où va la vie consacrée ? Essai sur son avenir en Occident , p. 9426 VC 34.27

     HAUSMAN N., op. cit., p. 95 (Les mots soulignés dans la citation sont mis en italique dans le livre pourinsister sur leur sens).

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    vive chez les baptisés la conscience des valeurs fondamentales de l’Evangile  28».

    2.2. La vie religieuse : signe, sacrement....

    En approfondissant la réflexion sur le rôle de la vie religieuse dans l’Eglise, le concile

    Vatican II a pu préciser son service mieux son ministère, sa mission, sa fonction, sa

    signification sponsale. C’est, en effet, la référence à l’union sponsale du Christ et de

    l’Eglise qui fondera la nécessité pour la vie religieuse d’être un ministère pour l’Eglise

    toute entière. Cet aspect ministériel de la vie religieuse a fermé la tendance à

    concevoir la vie religieuse comme le lieu où l’on ferait plus sûrement son salut par la

    pratique des conseils évangéliques. Il a été relayé par l’ecclésiologie de communion,

    née de la réflexion conciliaire et approfondie ultérieurement qui s’est répercutée dans

    la réflexion sur les relations entre les diverses vocations dans l’Eglise. Tout ceci pourdire que ce ministère de la vie religieuse ne la met pas au dessus des autres états de

    vie reconnus dans l’Eglise29.

    Cependant, le Concile en mettant l’accent sur le ministère de la vie religieuse dans

    l’Eglise a employé dans les numéros 44 et 46 de Lumen Gentium , des mots et

    verbes forts significatifs : signe efficace, témoigne, manifeste, imite, montre, atteste,

    annonce, représente …. Ces mots et verbes ont permis de définir la mission

    primordiale de la vie religieuse, sous-entendue aussi son ministère, en fonction du

    peuple de Dieu afin de lui permettre d’être ce qu’il est surtout en temps de crise. La

    vie religieuse est ainsi présentée non seulement comme un lieu, une instance de

    discernement au service du peuple de Dieu appelant à une réalité plus grande, mais

    aussi comme un signe résumant en lui toutes les dimensions de la vie de Jésus : «La

    vie consacrée constitue en vérité une mémoire vivante du mode d'existence et

    d'action de Jésus comme Verbe incarné par rapport à son Père et à ses frères. Elle

    est tradition vivante de la vie et du message du Sauveur 30   ». D’où l’invitation du

    Concile aux religieux pour que par eux, « l’Eglise montre vraiment chaque jour mieux

    aux fidèles, le Christ, contemplant sur la montagne, ou annonçant aux foules le

    Royaume de Dieu, ou guérissant les malades et les blessés, et convertissant les

    pécheurs à une vie meilleure, ou bénissant les enfants et faisant du bien à tous, mais

    28 VC 3329

     RdC 1330 VC 22

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    toujours obéissant à la volonté du Père qui l’a envoyé  31».

    Derechef, une des dimensions fondamentales de la vie religieuse qui fait d’elle un

    signe parlant de l’Evangile invitant les hommes (de l’intérieur de l’Eglise ou non) à

    s’aimer au-delà des différences naturelles et culturelles est: la communauté. Ellerassemble des hommes de cultures, de langues, d’éducations et de natures diverses

    pour vivre un seul idéal à l’image des premières communautés chrétiennes. La

    communion qui en résulte ne peut laisser indifférent parce qu’elle rappelle avant tout

    que « l’Eglise est mystère de communion  32». Cela a été exprimé par le chapitre II de

    vita consecrata intitulé « Signum fraternitatis  » et sous-titré en français « La vie

    consacrée, signe de communion dans l’Eglise  ». On y trouve quelques

    développements concernant la vie fraternelle, la signification de la vie consacrée

    dans le mystère de l’Eglise communion et son rôle dans l’Eglise universelle tout

    comme l’Eglise locale33. En conséquence, on recommande aux personnes

    consacrées d’être « expertes en communion et d’en pratiquer la spiritualité  34».

    Enfin, la vie consacrée est un signe du Royaume eschatologique présent dans

    l’histoire des hommes et de l’Eglise. Le religieux est pour le monde le témoin des

    réalités eschatologiques annoncées et promises par le Christ35. Par son témoignage,

    les réalités eschatologiques comme la joie, la paix, la charité, la longanimité cessentd’être du ressort d’un futur lointain et problématique pour devenir des faits

    quotidiennement observables et perceptibles dans son être. C’est dans un monde où

    le Royaume de Dieu n’est pas encore achevé que la personne consacrée est

    appelée à témoigner qu’il est déjà présent et qu’il agit. En ce sens, la vie religieuse

    est une épiphanie (dans le sens de manifestation) très significative du Royaume de

    Dieu : « la recherche de la charité parfaite au moyen des conseils évangéliques a sa

    source dans la doctrine et les exemples du Divin Maître, et apparaît comme un

    éclatant du Royaume de Dieu  36».

    31 LG 46. La même idée est reprise par VC 3332 Communionis Notio 3,4,5,6 et LG 433 VC 47-5034 VC 4635

     VC 26, 2736 PC 1

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    JALOMBI Daodjoah (Frère Léger), ISSPR I La place de la vie co!acrée da! l"#gli!e

    $-

    Conclusion

    Au demeurant, nous pouvons affirmer que la place de la vie religieuse dans l’Eglise

    est aussi importante qu’elle l’en appelle à affronter les défis du monde avec elle. Au-

    delà du « don  » qu’elle est pour l’Eglise de la part de Dieu, elle est par essence liée à

    « sa vie et à sa sainteté  ». Ainsi, MARTELET trouve même que les différentes

    appellations ou conceptions de la vie religieuse portent en elles-mêmes, en forme de

    symbole, la vocation à la sainteté de l’Eglise : « Condition privilégiée, institution

    prophétique, réalisation typique, forme concrète exemplaire et surtout état de

    perfection, – formule la plus classique et non pas la moins équivoque – toutes ces

    expressions, dont aucune n’est vraiment satisfaisante, essaient de dire le fait

    traditionnellement reconnu, que dans la vie religieuse se symbolise, en s’y

    condensant, la vocation de toute l’Eglise à la sainteté  37». La vie consacrée est aussi

    essentielle à l’Eglise et ne saurait y être remplacée surtout qu’elle a, à son origine,

    l’Esprit-Saint dont c’est maintenant le temps après l’avènement du Christ. En tant

    que structure charismatique, la vie religieuse ne peut alors être définie qu’à l’intérieur

    de l’Eglise appelée à propager l’Evangile jusqu’aux extrémités de la terre. D’où le

    privilège qu’a l’Eglise de l’authentifier par sa hiérarchie. Mais tout ce qu’elle est, elle

    l’est sous forme de « signe  », de « parabole  » renvoyant à quelque chose d’autre,

    plus précisément aux grandes valeurs évangéliques. De ce fait, ceux qui y entrent,

    comme disait C. de FOUCAULD, doivent être des « Evangiles vivants  » aux yeux du

    monde. Ils le sont, pas parce qu’ils vivent une condition de vie qui est au-dessus de

    celle des autres chrétiens (parce que la vie religieuse n’ajoute rien à la vie

    chrétienne) mais parce que la radicalité de leur choix de vie, qui témoigne de la

    primauté de Dieu et de l’amour inconditionnel des hommes, rend présent dès ici-bas

    le Royaume des Cieux inauguré dans le Christ. La vie religieuse en incarnant les

    valeurs évangéliques, rame non seulement à contre-courant des valeurs du mondequ’elle sert au nom de l’Eglise, mais elle rappelle aussi à l’Eglise la sollicitude

    permanente du Christ pour les pauvres, les exclus, les marginalisés qui sont les

    « priorisés » de ce Royaume. Au regard de cette imminente place qu’occupe la vie

    religieuse dans l’Eglise, que sera l’Eglise demain quand on sait que les vocations

    dans les instituts religieux viennent maintenant à compte-goutte ou se font rares

    comme de l’eau au désert ?

    37 MARTELET G., Sainteté de l’église et vie religieuse, Pp. 108-109

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    JALOMBI Daodjoah (Frère Léger), ISSPR I La place de la vie co!acrée da! l"#gli!e

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    BIBLIOGRAPHIE

    ANONYME, Textes choisis sur la vie religieuse. Du concile Vatican II au Pape Jean- Paul II , Kinshasa, Editions Saint Paul Afrique, 1985, 112 pages.

    CHITTISTER Joan, Le feu sous les cendres : une spiritualité pour la vie religieusecontemporaine, Québec, Editions Bellarmin, 1998, 374 pages 

    DE HAES René, La vie consacrée dans la pensée de l’Eglise in « Le charisme de lavie consacrée. Actes de la quinzième semaine théologique de Kinshasa (14 au 20avril 1985) », Kinshasa, Imprimerie Saint Paul, 1985, Pp 103-118.

    HAUSMAN Noëlle, Où va la vie consacrée ? Essai sur son avenir en Occident ,Bruxelles, Editions Lessius, 2004, 238 pages.

    MARTELET Gustave, Sainteté de l’église et vie religieuse, Toulouse, Editions Prièreet Vie, 1964, 137 pages.

    Mgr MUKENG-A Kalond, Enracinement biblique de la vie religieuse in «Le charismede la vie consacrée. Actes de la quinzième semaine théologique de Kinshasa (14 au20 avril 1985) », Kinshasa, Imprimerie Saint Paul, 1985, Pp.79-102.

    RONDET Michel, L’appel à la vie religieuse, pris sur http://www.icmf.info (Consulté le2 Mai 2012), 6 pages.

    TILLARD Jean-Marie-Roger, les religieux au cœur de l’Eglise. Problèmes de viereligieuse , Paris, Cerf, 1969, 179 pages.

    TILLARD Jean-Marie-Roger, Appel du Christ…Appels du monde. Problèmes de viereligieuse , Paris, Cerf, 1978, 115 pages.

    DOCUMENTS MAGISTERIELS

    Communionis Notio (CN)

    Vita consecrata (VC)

    Perfectae caritatis (PC)

    Lumen Gentium (Chapitre VI : Les Religieux)Repartir du Christ (RdC)

    Potissimum Institutioni (PI)

    La vie fraternelle en communauté

    The Renewal of the Religious life.