Dictionnaire de Theologie Catholique 03.1 (Vacant, Mangenot)
Theologie de La Vie Consacrée_ Place de La Vie Consacrée Dans l'Eglise
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8/20/2019 Theologie de La Vie Consacrée_ Place de La Vie Consacrée Dans l'Eglise
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CENTRE LASALLIEN AFRICAINCENTRE LASALLIEN AFRICAINCENTRE LASALLIEN AFRICAINCENTRE LASALLIEN AFRICAIN
CELAF INSTITUT
Institut Supérieur de Sciences Pédagogiques et Religieuses
(ISSPR)
Licence I
DEVOIR DE MAISONDEVOIR DE MAISONDEVOIR DE MAISONDEVOIR DE MAISON
Théologie de la Vie consacrée et LaïcatThéologie de la Vie consacrée et LaïcatThéologie de la Vie consacrée et LaïcatThéologie de la Vie consacrée et Laïcat
Rédigé par :
JALOMBI Daodjoah (F. Léger)
Enseignante :
S!r Marie"#as$a%e &RA&BA'O
Aidjan* Mai +,-+
La place de la Vie consacrée dans l’Eglise
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8/20/2019 Theologie de La Vie Consacrée_ Place de La Vie Consacrée Dans l'Eglise
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Soaire
INTRODUCTION .......................................................................................... 1
I. La vie religieuse : un don fait à l’Eglise et essentiel à elle .............. 2
1.1. La consécration religieuse : acte ecclésial. ................................ 3
1.2. La vie consacrée, essentielle à l’Eglise ....................................... 5
II. La vie consacrée : Mémoire évangélique de l’Eglise ....................... 6
2.1. La vie religieuse : Primauté de Dieu et amour des hommes… 6
2.2. La vie religieuse : signe, sacrement.... ......................................... 8
Conclusion ................................................................................................. 10
BIBLIOGRAPHIE ........................................................................................ 11
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INTRODUCTION
La vie religieuse apparue dans l’Eglise au IVème siècle, à la suite de la paix
constantine qui accordait au christianisme une reconnaissance légale, est une
institution dans l’Eglise qui a connu beaucoup de mutations depuis maintenant 4
décennies. Les manifestations relatives à ces mutations se perçoivent aussi bien
dans le vêtement ou l’habitat, que le choix des activités professionnelles ou la
manière quotidienne de vivre dans l’Eglise et dans le monde. Ces mutations
interrogent bien sur le sens et le statut de la vie religieuse au sein de l’Eglise. En
effet, les divers textes du magistère sur la vie religieuse témoignent bien, non
seulement de l’intérêt que la hiérarchie de l’Eglise accorde à cette réalité, mais aussi
des interrogations qu’elle ne cesse de susciter à l’intérieur même de l’Eglise, tout
comme à l’extérieur de celle-ci. Un exemple palpable de ces interrogations est celuique nous rapporte le P. Jésuite Manuel ALCALÀ1 : peu de temps après avoir été élu
Pape, Jean-Paul II, au cours de l’audience avec l’Union des Supérieurs Majeurs, se
demanda si la vie religieuse avait un avenir dans l’Eglise . Une question qui laissa
perplexe le Père ARRUPE, alors Général des Jésuites et président de l’USG, ainsi
que les Supérieurs Généraux présents à l’audience. « Sainteté, répondit le Père
ARRUPE, si nous ne le croyions pas, nous ne serions pas ici ». On ne saurait donc
s’étonner que nous tenions les plus beaux et profonds textes magistériels sur la vieconsacrée de la période postconciliaire du même Pape. Nous citerons ici volontiers
la célèbre exhortation post-synodale Vita consecrata (1996) qui contient de très
belles déclarations sur la vie consacrée, sa place et son rôle dans l’Eglise2. Dans un
certain sens, cette abondante intervention magistérielle, - avec la récente instruction
de la Congrégation pour les Instituts de Vie Consacrée et les Sociétés de Vie
apostolique Repartir du Christ (2002) - constitue aussi la synthèse de tout le parcours
précédemment développé à la suite du Concile Vatican II. Tout cela considéré, il estbon de rappeler aussi les interventions après 1982, qui constituent un autre apport
au chemin de la vie consacrée. Outre la promulgation du nouveau code de Droit
Canonique (1983)3, l’Instruction de la Congrégation The Renewal of the Religious lif e
1Exemple que nous tirons nous-même de: Frère Àlvaro Rodrìguez Echeverrìa, Associés pour, ensemble,chercher Dieu, suivre Jésus-Christ et travailler pour son Règne. Notre vie religieuse, Lettre pastorale aux Frèresdes Ecoles chrétiennes, Rome, Salesiano Pio XI, Décembre 2005, Pp 21-222 Le caractère ecclésial de la Vie consacrée dans ce document se trouve dans les numéros allant de 41 à 71.3 Cf. La vie consacrée Livre II, 3ème partie
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(Eléments essentiels) de la même année, s’attache à souligner, à presque 20 ans de
la promulgation de Perfectae Caritatis , les éléments constitutifs du renouveau. Les
directives, qui ont valeur d’instruction, promulguées par la Congrégation pour les
Instituts de Vie Consacrée et les Sociétés de Vie apostolique, Potissimum
Institutioni , de 1990, dans laquelle toute la réflexion sur la vie selon les Conseils
évangéliques est élaborée dans le cadre de la formation. Tous ces documents
revêtent une importance toute particulière. En 1992, est promulgué par Jean-Paul II
le Catéchisme de l’Eglise Catholique qui contient une synthèse théologique sur la vie
consacrée4. Le document La vie fraternelle en Communauté présenté par la
Congrégation pour les Instituts de Vie Consacrée et les Sociétés de Vie apostolique
le 2 février 1994 a eu de son côté aussi une grande résonance. L’Instruction de la
Congrégation pour les Instituts de Vie Consacrée et les Sociétés de Vie apostoliqueRepartir du Christ regroupe toutes les réflexions autour des thèmes toujours décisifs
aujourd’hui concernant la qualité de la vie consacrée tels que l’identité théologico-
ecclésiale, la mission spécifique, la formation, la primauté de la vie spirituelle, la
spiritualité de communion. Certainement cette ampleur d’intervention du Magistère
ecclésial au sujet de la vie consacrée est un signe de l’attention affectueuse pour ces
fils appelés à la suite du Christ chaste, pauvre et obéissant. Toutefois, c’est aussi le
symptôme d’une certaine préoccupation pour le chemin de renouveau initié par leConcile Vatican II et qui se poursuit non sans difficultés et interrogations ; renouveau
qui est lié en définitive à la place-rôle de ce style de vie dans l’Eglise. Face à cette
masse considérable de documents, notre devoir se présentera en des termes
nécessairement synthétiques. Il s’articulera en deux grands points : dans un premier
temps, la vie religieuse vue comme « don de Dieu à son Eglise » et dans un second,
comme un élément de la « mémoire évangélique de l’Eglise ».
I. La vie religieuse : un don fait à l’Eglise et essentiel à elle.
Le Concile Vatican II, surtout la Constitution dogmatique sur l’Eglise « Lumen
Gentium » en son chapitre VI a défini la vie religieuse comme un don fait à l’Eglise.
Par une telle affirmation, le Concile entendait souligner la dimension ecclésiale de la
vie religieuse. C’est une véritable révolution et un appel à se regarder comme fruit de
l’amour de Dieu pour son Eglise que le Concile adresse aux personnes consacrées
4 Cf. Numéros. 914-933 et 944-945
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quand il déclare que la vie religieuse est un « don divin que l’Eglise a reçu de son
Seigneur, et que par sa grâce elle conserve toujours 5 ». Dans le même sens, le Père
DE HAES écrit admirablement : « Si la vie religieuse existe dans l’Eglise qui est
entièrement sous la mouvance de l’Esprit, c’est parce que Dieu l’a suscitée et que
l’Eglise l’a progressivement instituée. La vie consacrée est un des plus précieux
trésors de l’Eglise, un héritage qu’il ne faut pas dilapider 6». Ainsi, ce n’est plus celui
qui est appelé à la vie religieuse qui est le premier bénéficiaire du don, mais l’Eglise
parce qu’avant tout, la vie religieuse « n’est pas une réalité isolée et marginale, mais
elle intéresse toute l’Eglise » et aussi parce qu’elle « est placée au cœur même » de
celle-ci7. La vie religieuse n’est donc que, pour l’Eglise à laquelle elle est donnée par
Dieu. La conséquence d’une telle affirmation est aussi de taille que l’affirmation elle-
même, en ce sens que le Religieux n’est plus consacré par et pour lui-même, sinoncela n’aura aucun sens, mais il l’est « dans et pour l’Eglise »8.
Néanmoins, il faut reconnaître aux textes conciliaires leur manque de clarté sur
l’identité même de la vie religieuse : « Compte tenu de la constitution divine et
hiérarchique de l’Eglise, cet état n’est pas un intermédiaire entre la condition des
clercs et celle des laïcs, mais dans les deux conditions des fidèles sont appelés par
Dieu à jouir dans la vie de l’Eglise d’un don particulier, et, chacun à sa façon, à servir
à sa mission de salut 9». Cette absence d’une définition spécifique et claire ajoutée à
l’appel à la sainteté de tous les fidèles participerait à la crise de la vie religieuse si les
choses sont mal comprises. Crise en ce sens que la vie religieuse apparaissait pour
certains comme une vocation inachevée, incomplète et, partant n’offre pas d’attrait
particulier, de pertinence.
1.1. La consécration religieuse : acte ecclésial.
Le mot « consécration » a certes ses ambiguïtés tant elle renvoie à des réalités
nombreuses dans l’Eglise, mais il a l'immense avantage de situer la vocation
religieuse au cœur de la vocation chrétienne : le baptême est consécration,
l'ordination au ministère est consécration, le mariage, on l'oublie trop souvent, est
5 LG 43 ; VC 1.6 DE HAES René, La vie consacrée dans la pensée de l’Eglise in « Le charisme de la vie consacrée. Actes de laquinzième semaine théologique de Kinshasa (14 au 20 avril 1985) », p. 1057 VC 3.8
VC 29-349 LG 43
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consécration d'un couple à la construction de cette petite église, qu'est un foyer
chrétien ; lors du rite eucharistique, il y a consécration… Ainsi, en contexte chrétien,
« le verbe consacrer ne peut avoir qu’un sujet : l’Esprit Saint. C'est l'Esprit qui
consacre, qui sanctifie et il le fait en ordonnant au Royaume 10 ». De ce fait, la
consécration est un acte ecclésial parce que fait dans l’Eglise mue par l’Esprit Saint
dont c’est le temps. Elle est donc seule habileté par son ministère et son autorité à la
valider, l’authentifier suivant les conditions matérielles qu’elle exige11 puisqu’avant
tout, c’est Dieu lui-même qui appelle, consacre, envoie et sauve : « la vie religieuse
est générosité divine, don de la toute-puissance de la miséricorde et de la fidélité de
Dieu (au sens biblique, intraduisible, de la hesed we emet ). Elle représente, au sein
de l’Eglise pérégrinante, et par là au sein du monde des hommes, un signe, un
sacrement, de la puissance du Dieu et Père de Jésus Christ 12 ». Même si lesSupérieur(e)s Majeur(e)s ont pris des dispositions pour que les premiers vœux en
raison de leur temporalité se fassent au noviciat et non sur une paroisse ; ces
premiers vœux se font toujours lors d’une célébration eucharistique13 en présence
d’un ministre ordonné, représentant légal de l’Eglise hiérarchique, et des fidèles
chrétiens, témoins de cet engagement. Le rituel des professions religieuses, après
l’appel des candidats, exprime clairement le caractère ecclésial de l’acte qu’ils vont
poser par cette question que pose le ministre ordonné à ces derniers: « Quedemandez-vous à Dieu et à son Eglise ?14 ». C’est donc l’Eglise qui accueille
l’offrande de la personne qui se consacre et la présente à Dieu. L’action de l’Eglise a
un rôle premier : sans que ce soit un sacrement, elle produit une action consécrante
de l’Eglise qui continue par la présence de Celui qui est le premier sacrement :
Jésus-Christ. Etant l’action de l’Eglise, sacrement du Christ, elle donne à la
consécration sa valeur objective et efficace. Elle est donc une vraie consécration
comme celle que l’Eglise réalise dans la célébration d’un sacrement : les consacrés
sont de vrais consacrés par l’institution de l’Eglise15.HAUSMAN l’exprime en ces
termes : « Dans l’acte de profession liturgique, l’Eglise accueille l’offrande du
10 RONDET Michel , L’appel à la vie religieuse, p.311 Lire à cet effet CIC 654-65812 TILLARD J.-M.-R., les religieux au cœur de l’Eglise. Problèmes de vie religieuse, p.3613 Sacrosanctum Concilium 8014 Il n’est exclu que cette question change d’une congrégation à une autre mais toujours est-il que cette questionmontre bien que la consécration n’est pas un acte individuel mais communautaire, ecclésial.15 LG 45 et Voir aussi : Mgr MUKENG-a Kalond, Enracinement biblique de la vie religieuse in « Le charisme
de la vie consacrée. Actes de la quinzième semaine théologique de Kinshasa (14 au 20 avril 1985) », le point‘’A- Première racine : Eglise, Peuple consacré (I P 2, 9-10 ; Ep 1, 3-14)’’, page 91.
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religieux et elle la présente à Dieu. Le supérieur, au nom de l’Eglise, reçoit ces vœux
et avec eux, la volonté du futur profès de se dédier à Dieu au service de l’Eglise par
l’incorporation dans telle forme ecclésiale particulière (car on est toujours religieux
dans tel institut, membre de tel institut séculier, vierge consacrée dans tel diocèse,
etc.) 16».
1.2. La vie consacrée, essentielle à l’Eglise.
Avec le concile Vatican II, on a compris que « la profession des conseils
évangéliques appartient inséparablement à la vie et à la sainteté de l’Eglise 17» pour
dire que l’état de vie qui en résulte trouve sa place dans la constitution de l’Eglise.
Cette place dans la constitution de l’Eglise fait de la vie consacrée un constituant
nécessaire et unique en son genre. Le Pape Jean-Paul II, remontant plus loin,l’exprime bien dans le numéro 29 de Vita consecrata en ces termes: « la vie
religieuse, présente dès les origines, ne pourra jamais faire défaut à l’Eglise, en tant
qu’élément constituant et irremplaçable qui en exprime la nature même ». Le
commentaire qu’ajoute le Pape insinuerait donc qu’il n’y a pas d’Eglise sans vie
consacrée. Il existe donc un lien étroit entre l’Eglise et la vie consacrée : l’Eglise ne
peut se développer sans l’apport de la vie consacrée parce que là où elle fait défaut,
le témoignage ecclésial est plus faible parce que « privé de dons spirituels, de lieuxréservés à la recherche de Dieu, d’activités apostoliques et de méthodes pastorales
spécifiques.... 18». Nous percevons ainsi que cette position fait dépasser l’origine de
la vie religieuse aux simples besoins circonstanciels de la communauté ecclésiale et
la situe à un niveau plus élevé. En d’autres termes la vie religieuse ne serait pas née
seulement des urgences évangéliques particulières (aide caritative, enseignement
pour combattre l’ignorance des enfants pauvres, évangélisation d’une catégorie
sociale...) auxquelles ont répondu généreusement des fondateurs et des fondatrices.Si tel était le cas, l’émergence des organismes humanitaires de plus en plus
spécialisés dans tous les champs d’action où travaillent les religieux et religieuses
entrainerait indubitablement la mise à l’écart des instituts religieux ou leur disparition.
Les circonstances historiques ont certes donné naissance à des familles religieuses
dans l’Eglise mais leur fondement relève de la volonté même du Christ. C’est dans
16 HAUSMAN N., Où va la vie consacrée ? Essai sur son avenir en Occident , p. 9217
LG 44 et VC 2918 VC 48
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ce sens que « la mission ecclésiale de la vie consacrée » devrait résister à l’épreuve
du temps et des circonstances sociales qui entraînent, en même temps dans le
sillage opposé, la disparition progressive de certaines formes de vie consacrées19.
En clair, l’Eglise ne serait plus elle-même sans la vie consacrée parce qu’elle (la vie
consacrée) appartient à sa vie et à sa sainteté ; parce qu’elle (l’Eglise) « ne peut
absolument pas renoncer 20» à elle (la vie consacrée) : « La vie religieuse se
rapporte donc à la sainteté de l’Eglise comme à son essence même 21».
II. La vie consacrée : Mémoire évangélique de l’Eglise
Nous voulons ouvrir ce point par les propos du Père RONDET qui nous dit bien
succinctement les rapports existant entre la vie religieuse, l’Evangile et l’Eglise :
« L'Eglise vit de l'Evangile : en s'en nourrissant, mais aussi en l'actualisant. C'est
dans la mesure où elle écrit aujourd'hui l'Evangile qu'elle est fidèle à sa mission.
Dans cette actualisation de l'Evangile, nos fondateurs et nos fondatrices, ont joué un
rôle important. Ils ont reçu de Dieu une sensibilité évangélique particulière qui leur a
permis d'incarner l'Evangile dans l'esprit de leur temps, en consonance avec les
besoins spirituels de leur époque. L'Evangile aujourd'hui c'est Jésus et les Douze,
mais c'est aussi François, Vincent de Paul, Dominique... Que serait l'Evangile sans
eux? 22 »
2.1. La vie religieuse : Primauté de Dieu et amour des hommes…
Saurait-on dire qu’on se consacre pour l’être simplement ? Non, parce qu’on se
consacre pour une mission dans l’Eglise. La consécration rime forcément avec
mission dans le contexte de la vie religieuse. Si la vie religieuse est une vie
consacrée, livrée, offerte à l'action de l'Esprit, dans une communauté, c'est toujours
au service de la mission de l'Eglise par l’actuation d’un charisme particulier qu’a reçuun fondateur ou une fondatrice. C'est bien pour annoncer Jésus-Christ, pour rendre
l'Evangile vivant qu'Antoine vend ses biens, partage les fruits aux pauvres et va vivre
à l'écart une vie de prière et de charité ; c’est pour la même cause que François
d’Assise se dépouille de tout et choisit entre son père et l’Eglise, la partie qui l’ouvrait
19 C’est ce que nous rappelle VC 6320 VC 105. Lire aussi le Numéro 2 de l’allocution du Pape Jean-Paul II aux supérieurs généraux du 24 novembre1978: “....sans la vie consacrée...,l’Eglise ne serait pas pleinement elle-même” 21
MARTELET G., Sainteté de l’église et vie religieuse, p. 10722 RONDET Michel , L’appel à la vie religieuse, p.4
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à la charité. C'est bien pour témoigner de Jésus-Christ que l'engagement religieux
est, dès le début, un engagement public qui prend l'allure d'une profession de foi au
Christ, Chemin, Vérité et Vie, au Royaume, comme trésor unique et perle précieuse
qui mérite une abnégation pareille. C'est pour annoncer la Bonne Nouvelle du
Royaume que la vie religieuse s'est peu à peu structurée autour de la triade :
pauvreté, charité, obéissance. Ces conseils ne sont pas en fait une fin en soi mais
des moyens pour vivre la charité à l’image du Christ ; charité qui est une réponse aux
appels du monde en détresse : « Les religieux et les religieuses de toute espèce
sont, par toute leur existence, depuis la façon de vivre la profession de pauvreté-
chasteté-obéissance jusqu’à l’engagement en pleine masse humaine, inscrits dans le
mystère de l’option de Dieu pour les pauvres, qui constitue la trame de la mission de
Jésus et de l’Eglise. Vie et agir sont ici en osmose constante 23 ». Mais au-delà desces appels du monde à répondre, s’engage dans la vie consacrée, toute personne
en quête d’abord de Dieu24. Et comme le Christ est indispensable pour atteindre le
Père, il faut d’abord et avant tout se conformer à Lui qui n’a rien voulu faire d’autre
que la volonté de son Père. C’est donc à son appel, que les religieux répondent en
choisissant la vie consacrée comme « chemin de vie et de liberté qui est signe pour
tous de la prééminence du lien au Christ 25». La vie religieuse, dans ce sens,
« évoque la nécessité pour l’Eglise de vivre pleinement et exclusivement vouée à sonEpoux dont elle reçoit tout bien 26». Les adverbes « pleinement » et
« exclusivement » montre bien que Dieu prime dans toute la vie du consacré comme
dans celle de l’Eglise ; et la vie consacrée est très évocatrice pour le reste du peuple
de Dieu de cette part qui revient à Dieu.
Pour faire bref, nous dirons avec HAUSMAN que la vie consacrée « constitue une
sorte d’herméneutique ecclésiale des acta et passa du Christ, en particulier par son
rapport à la forme de vie qu’il choisit pour lui-même et que la Vierge sa Mère
embrassa 27». C’est seulement dans ce sens qu’elle est susceptible de « maintenir
23 TILLARD J.-M.-R., Appel du Christ…Appels du monde. Problèmes de vie religieuse, p.8124 PC 5. Lire aussi CHITTISTER J., Le feu sous les cendres. Une spiritualité pour la vie religieusecontemporaine, Pp.96-97 où elle raconte une belle histoire sur les motivations des novices entrant dans la viereligieuse et quelle devait être la première motivation. Elle emploie l’expression « chercheurs de Dieu » pourdésigner les religieux !25 HAUSMAN N., Où va la vie consacrée ? Essai sur son avenir en Occident , p. 9426 VC 34.27
HAUSMAN N., op. cit., p. 95 (Les mots soulignés dans la citation sont mis en italique dans le livre pourinsister sur leur sens).
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vive chez les baptisés la conscience des valeurs fondamentales de l’Evangile 28».
2.2. La vie religieuse : signe, sacrement....
En approfondissant la réflexion sur le rôle de la vie religieuse dans l’Eglise, le concile
Vatican II a pu préciser son service mieux son ministère, sa mission, sa fonction, sa
signification sponsale. C’est, en effet, la référence à l’union sponsale du Christ et de
l’Eglise qui fondera la nécessité pour la vie religieuse d’être un ministère pour l’Eglise
toute entière. Cet aspect ministériel de la vie religieuse a fermé la tendance à
concevoir la vie religieuse comme le lieu où l’on ferait plus sûrement son salut par la
pratique des conseils évangéliques. Il a été relayé par l’ecclésiologie de communion,
née de la réflexion conciliaire et approfondie ultérieurement qui s’est répercutée dans
la réflexion sur les relations entre les diverses vocations dans l’Eglise. Tout ceci pourdire que ce ministère de la vie religieuse ne la met pas au dessus des autres états de
vie reconnus dans l’Eglise29.
Cependant, le Concile en mettant l’accent sur le ministère de la vie religieuse dans
l’Eglise a employé dans les numéros 44 et 46 de Lumen Gentium , des mots et
verbes forts significatifs : signe efficace, témoigne, manifeste, imite, montre, atteste,
annonce, représente …. Ces mots et verbes ont permis de définir la mission
primordiale de la vie religieuse, sous-entendue aussi son ministère, en fonction du
peuple de Dieu afin de lui permettre d’être ce qu’il est surtout en temps de crise. La
vie religieuse est ainsi présentée non seulement comme un lieu, une instance de
discernement au service du peuple de Dieu appelant à une réalité plus grande, mais
aussi comme un signe résumant en lui toutes les dimensions de la vie de Jésus : «La
vie consacrée constitue en vérité une mémoire vivante du mode d'existence et
d'action de Jésus comme Verbe incarné par rapport à son Père et à ses frères. Elle
est tradition vivante de la vie et du message du Sauveur 30 ». D’où l’invitation du
Concile aux religieux pour que par eux, « l’Eglise montre vraiment chaque jour mieux
aux fidèles, le Christ, contemplant sur la montagne, ou annonçant aux foules le
Royaume de Dieu, ou guérissant les malades et les blessés, et convertissant les
pécheurs à une vie meilleure, ou bénissant les enfants et faisant du bien à tous, mais
28 VC 3329
RdC 1330 VC 22
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toujours obéissant à la volonté du Père qui l’a envoyé 31».
Derechef, une des dimensions fondamentales de la vie religieuse qui fait d’elle un
signe parlant de l’Evangile invitant les hommes (de l’intérieur de l’Eglise ou non) à
s’aimer au-delà des différences naturelles et culturelles est: la communauté. Ellerassemble des hommes de cultures, de langues, d’éducations et de natures diverses
pour vivre un seul idéal à l’image des premières communautés chrétiennes. La
communion qui en résulte ne peut laisser indifférent parce qu’elle rappelle avant tout
que « l’Eglise est mystère de communion 32». Cela a été exprimé par le chapitre II de
vita consecrata intitulé « Signum fraternitatis » et sous-titré en français « La vie
consacrée, signe de communion dans l’Eglise ». On y trouve quelques
développements concernant la vie fraternelle, la signification de la vie consacrée
dans le mystère de l’Eglise communion et son rôle dans l’Eglise universelle tout
comme l’Eglise locale33. En conséquence, on recommande aux personnes
consacrées d’être « expertes en communion et d’en pratiquer la spiritualité 34».
Enfin, la vie consacrée est un signe du Royaume eschatologique présent dans
l’histoire des hommes et de l’Eglise. Le religieux est pour le monde le témoin des
réalités eschatologiques annoncées et promises par le Christ35. Par son témoignage,
les réalités eschatologiques comme la joie, la paix, la charité, la longanimité cessentd’être du ressort d’un futur lointain et problématique pour devenir des faits
quotidiennement observables et perceptibles dans son être. C’est dans un monde où
le Royaume de Dieu n’est pas encore achevé que la personne consacrée est
appelée à témoigner qu’il est déjà présent et qu’il agit. En ce sens, la vie religieuse
est une épiphanie (dans le sens de manifestation) très significative du Royaume de
Dieu : « la recherche de la charité parfaite au moyen des conseils évangéliques a sa
source dans la doctrine et les exemples du Divin Maître, et apparaît comme un
éclatant du Royaume de Dieu 36».
31 LG 46. La même idée est reprise par VC 3332 Communionis Notio 3,4,5,6 et LG 433 VC 47-5034 VC 4635
VC 26, 2736 PC 1
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Conclusion
Au demeurant, nous pouvons affirmer que la place de la vie religieuse dans l’Eglise
est aussi importante qu’elle l’en appelle à affronter les défis du monde avec elle. Au-
delà du « don » qu’elle est pour l’Eglise de la part de Dieu, elle est par essence liée à
« sa vie et à sa sainteté ». Ainsi, MARTELET trouve même que les différentes
appellations ou conceptions de la vie religieuse portent en elles-mêmes, en forme de
symbole, la vocation à la sainteté de l’Eglise : « Condition privilégiée, institution
prophétique, réalisation typique, forme concrète exemplaire et surtout état de
perfection, – formule la plus classique et non pas la moins équivoque – toutes ces
expressions, dont aucune n’est vraiment satisfaisante, essaient de dire le fait
traditionnellement reconnu, que dans la vie religieuse se symbolise, en s’y
condensant, la vocation de toute l’Eglise à la sainteté 37». La vie consacrée est aussi
essentielle à l’Eglise et ne saurait y être remplacée surtout qu’elle a, à son origine,
l’Esprit-Saint dont c’est maintenant le temps après l’avènement du Christ. En tant
que structure charismatique, la vie religieuse ne peut alors être définie qu’à l’intérieur
de l’Eglise appelée à propager l’Evangile jusqu’aux extrémités de la terre. D’où le
privilège qu’a l’Eglise de l’authentifier par sa hiérarchie. Mais tout ce qu’elle est, elle
l’est sous forme de « signe », de « parabole » renvoyant à quelque chose d’autre,
plus précisément aux grandes valeurs évangéliques. De ce fait, ceux qui y entrent,
comme disait C. de FOUCAULD, doivent être des « Evangiles vivants » aux yeux du
monde. Ils le sont, pas parce qu’ils vivent une condition de vie qui est au-dessus de
celle des autres chrétiens (parce que la vie religieuse n’ajoute rien à la vie
chrétienne) mais parce que la radicalité de leur choix de vie, qui témoigne de la
primauté de Dieu et de l’amour inconditionnel des hommes, rend présent dès ici-bas
le Royaume des Cieux inauguré dans le Christ. La vie religieuse en incarnant les
valeurs évangéliques, rame non seulement à contre-courant des valeurs du mondequ’elle sert au nom de l’Eglise, mais elle rappelle aussi à l’Eglise la sollicitude
permanente du Christ pour les pauvres, les exclus, les marginalisés qui sont les
« priorisés » de ce Royaume. Au regard de cette imminente place qu’occupe la vie
religieuse dans l’Eglise, que sera l’Eglise demain quand on sait que les vocations
dans les instituts religieux viennent maintenant à compte-goutte ou se font rares
comme de l’eau au désert ?
37 MARTELET G., Sainteté de l’église et vie religieuse, Pp. 108-109
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8/20/2019 Theologie de La Vie Consacrée_ Place de La Vie Consacrée Dans l'Eglise
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JALOMBI Daodjoah (Frère Léger), ISSPR I La place de la vie co!acrée da! l"#gli!e
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DOCUMENTS MAGISTERIELS
Communionis Notio (CN)
Vita consecrata (VC)
Perfectae caritatis (PC)
Lumen Gentium (Chapitre VI : Les Religieux)Repartir du Christ (RdC)
Potissimum Institutioni (PI)
La vie fraternelle en communauté
The Renewal of the Religious life.