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théâtre La lettre du 10 / janvier / février / mars 2003 Le théâtre, de comédie ou de tragédie, porte du sens, qu’on le veuille ou non, car c’est un moyen d’expression qui n’existe qu’au regard d’un public. C’est ce regard des autres, qui, avant tout autre chose, justifie et nourrit la pratique théâtrale. En cela, le théâtre est politique. Vouloir réunir le plus grand nombre de personnes dans un même lieu, pour exprimer devant elles le propos d’un auteur que l’on a fait sien est une ambition merveilleuse, mais qui nécessite un minimum de discernement : dans le choix du public que l’on privilégie (des habitués ou des inconnus, des jeunes ou des moins jeunes), dans le choix du sujet (léger ou grave, particulier ou universel), dans le choix de l’auteur (reconnu ou méconnu), dans les moyens que l’on se donne pour être compris (travailler vite et d’instinct ou réfléchir longuement), comme dans ce que l’on doit retenir de la critique (celle de ses enfants, ou celle du maire, celle de ses amis, celle de la troupe voisine)… Le discernement n’est-il pas, d’ailleurs, d’abord une grande qualité de metteur en scène. Bon… Au travail. Bertrand Chauveau LA LETTRE DU THÉÂTRE AMATEUR DE LA MAISON DE LA CULTURE DE LOIRE- ÉDITORIAL Nous, le public, le théâtre et le discernement… AMATEUR Nous, le public, le théâtre et le discernement…...................................................... p1 A rideaux ouverts sur le théâtre de boulevard ...................................... p2 Commentaires dramaturgiques sur Le Voyage de monsieur Perrichon ............... p4 Animaton & culture de Derval ................................ p5 Amateurs d’Avignon ..................................................... p6 Agenda .................................................................................. p8 S O M M A I R E Voilà : la machine tourne à nouveau à plein régime : ici on joue Agnès Jaoui, là Jean-Noël Fenwick, partout Georges Feydeau. C’est le “run» d’automne… après la trêve des confiseurs on repart pour le “run» d’hiver… jusqu’en avril-mai et les festivals, puis juin et les présentations des travaux des ateliers. Car, à l’instar des troupes, les “ateliers théâtre” fleurissent (nous en connaissons 60 sur le département). Hebdomadaires ou mensuels, débutants ou initiés, ados ou adultes, on se retrouve pour faire du théâtre, sous les méchants néons d’une salle polyvalente ou les cintres obscurs d’un théâtre endormi. On bouge, on se relaxe, on parle, on se regarde… Sur le dépar- tement 1 000 à 1 500 personnes (sans doute… un jour nous prendrons le temps de compter) participent à ces ateliers, portées par des motivations très variées : Rencontrer du monde, vaincre sa timidité, agir, maîtriser des techniques… oui, le théâtre amateur permet ça… comme le foot, la vannerie, les langues étrangères ou le syndicalisme… Ouvrir les yeux, cultiver ses talents, son esprit, son bon goût, exprimer les richesses enfouies au plus profond de nous… oui, le théâtre amateur permet ça… comme la peinture, le chant choral, la littérature ou l’art floral… Mais le théâtre, lui, activité collective et cérébrale, qui sert les hommes, leur intelligence et leur bonheur, ne peut être cantonné à la seule satisfaction des envies ou des besoins propres à ceux qui le pratiquent.

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théâtreLa lettre du N° 10 / janvier / février / mars 2003

Le théâtre, de comédie ou de tragédie, porte du sens, qu’on le veuille ou non, car c’est un moyen d’expression qui n’existe qu’au regard d’un public. C’est ce regard des autres, qui, avant tout autre chose, justifie et nourrit la pratique théâtrale. En cela, le théâtre est politique. Vouloir réunir le plus grand nombre de personnes dans un même lieu, pour exprimer devant elles lepropos d’un auteur que l’on a fait sien est une ambitionmerveilleuse, mais qui nécessite un minimum de discernement : dans le choix du public que l’on privilégie (des habitués ou des inconnus, des jeunes ou des moins jeunes), dans le choix du sujet (léger ou grave, particulier ou universel), dans le choix de l’auteur (reconnu ou méconnu), dans les moyens que l’on se donne pour être compris (travailler vite et d’instinct ou réfléchir longuement), comme dans ce que l’on doit retenir de la critique (celle de ses enfants, ou celle du maire, celle de ses amis, celle de la troupe voisine)…

Le discernement n’est-il pas, d’ailleurs, d’abord une grande qualité de metteur en scène.

Bon… Au travail.

Bertrand Chauveau

L A L E T T R E D U T H É Â T R E A M A T E U R D E L A M A I S O N D E L A C U L T U R E D E L O I R E -

ÉDITORIAL

Nous, le public, le théâtreet le discernement…

A M A T E U R

Nous, le public, le théâtreet le discernement…...................................................... p 1

A rideaux ouvertssur le théâtre de boulevard ...................................... p 2

Commentaires dramaturgiquessur Le Voyage de monsieur Perrichon ............... p 4

Animaton & culture de Derval................................ p 5

Amateurs d’Avignon ..................................................... p 6

Agenda .................................................................................. p 8

S O M M A I R E

Voilà : la machine tourne à nouveau à plein régime : ici on joue Agnès Jaoui, là Jean-Noël Fenwick, partout Georges Feydeau. C’est le “run» d’automne… après la trêve des confiseurs on repart pour le “run» d’hiver… jusqu’en avril-mai et les festivals, puis juin et les présentations des travaux des ateliers.

Car, à l’instar des troupes, les “ateliers théâtre” fleurissent (nous en connaissons 60 sur le département). Hebdomadaires ou mensuels, débutants ou initiés, ados ou adultes, on se retrouve pour faire du théâtre, sous les méchants néons d’une salle polyvalente ou les cintres obscurs d’un théâtre endormi.

On bouge, on se relaxe, on parle, on se regarde… Sur le dépar-tement 1000 à 1500 personnes (sans doute… un jour nous prendrons le temps de compter) participent à ces ateliers, portées par des motivations très variées :

• Rencontrer du monde, vaincre sa timidité, agir, maîtriser destechniques… oui, le théâtre amateur permet ça… comme le foot, la vannerie, les langues étrangères ou le syndicalisme…

• Ouvrir les yeux, cultiver ses talents, son esprit, son bon goût, exprimer les richesses enfouies au plus profond de nous… oui, le théâtre amateur permet ça… comme la peinture, le chantchoral, la littérature ou l’art floral…

Mais le théâtre, lui, activité collective et cérébrale, qui sertles hommes, leur intelligence et leur bonheur, ne peut être cantonné à la seule satisfaction des envies ou des besoins propres à ceux qui le pratiquent.

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2N° 10 ■La lettre du théâtre amateur janvier / février / mars 2003

Le théâtre de boulevard

Avec six pièces de Georges Feydeau et deux d’Eugène Labiche à l’affiche, le “boulevard” des originestient cet hiver la dragée haute au boulevard contemporain chez les troupes amateurs du département.Et la MCLA n’est pas en reste avec L’Affaire de la rue de Lourcine et Le Voyage de monsieur Perrichon, de Labiche, présentés à l’Espace 44 en janvier et septembre derniers. Fort heureusement, les metteurs en scène n’ont pas que cela à se mettre dans l’esprit, mais, devant cet engouement, qui ne se dément pas, il nous a semblé bon de consacrer quelques pages de notre “lettre” à ce genre théâtral au public infatigable : “Le théâtre de boulevard».

Nous empruntons d’abord une présentation générale à Michel Corvin, rédacteur du Dictionnaire encyclopédique du théâtre Larousse. Puis nous reproduisons les “Commentaires dramaturgiques sur Le Voyage de monsieur Perrichon” rédigés par Yannick Mancel pour le second “carnet de la MCLA” consacré à Labiche.

A rideaux ouverts sur le théâtre de boulevardPerçu aujourd’hui comme une entre-

prise de pur divertissement teinté d’érotisme où le mécanisme élémen-

taire de la chasse au plaisir est pimenté de surprises (coups de théâtre) et de jeux de langage (mots d’auteur), le théâtre de boulevard a connu pendant sa période de plus grande vitalité (avant la Seconde Guerre Mondiale) une dimension satirique, voir politique qui faisait de lui une forme dramatique à part entière.

L’âge d’orLe boulevard, comme esthétique, est issu des boulevards de l’ancien Paris (du Temple dit Boulevard du Crime) où se jouaient pour un public populaire pantomimes et mélodrames. Les bouleversements sociaux, les clivages géographiques et la spécialisation des publics ont laissé au boulevard, tel qu’il est conçu à partir du second Empire, la part du divertissement représentée par le vaudeville et la comédie d’intrigue. Plus tard encore, sous la IIIe république, vaudeville et boulevard se distingueront sans que jamais d’ailleurs les cloisons soient étanches. En revanche, le boulevard élargit alors sa juridiction du côté du drame avec les Bataille, Brieux, Hervieu, Capus et surtout Bernstein : ils font du boulevard sérieux, issu de la tradition bien française de l’analyse psychologique. Mais il n’y a pas de dif-férence de nature entre les deux formes de boulevard : l’un et l’autre recourent aux moyens de la rhétorique, pour provoquer, l’un l’émotion par l’emphase et le pathos, et l’autre emporter la conviction par le rire. Des deux côtés on a affaire à une dramaturgie démonstrative qui ne saurait se satisfaire d’une simple intrigue, qu’elle soit plaisante ou dramatique. Encore que le théâtre d’intrigue soit la tentation du

boulevard gai comme le mélodrame est la tentation du boulevard sérieux. Mais le naturalisme dont l’influence, sourde ou directe, a marqué tous les écrivains nés à la littérature avant 1900 sert d’antidote au mélodrame comme au vaudeville.

Mélange de gratuité et de sérieux allant du vaudeville et de la comédie d’intrigue (T. Bernard, de Flers et Caillavet, Verneuil) à la satire sociale (Courteline, Renard, Deval) en passant par l’analyse psychosociale de cas dramatiques (Bernstein, Bataille), le théâtre de boulevard a connu jusqu’aux années trente une période de faste : la production est intense (une cinquantaine de pièces sont montées chaque saison à Paris), les directeurs de théâtre sont des brasseurs d’affaires et de célébrités mon-daines, les vedettes (C. Boyer, V. Boucher, Y. Printemps) sont adulées et imposent leur loi. Le public est infatigable. Le théâtre

de boulevard est une fête.

Les années trente marquent un tournant où la personnalité de nouveaux dramaturges se conjugue avec l’évolution des mœurs pour amener le boulevard à couvrir un champ si vaste que les catégories drama-turgiques et thématiques précédemment inventoriées se révèlent largement ino-pérantes. Les Pagnol et les Bourdet sont plus mordants, plus amers, plus lucides que leurs aînés, moins soucieux d’aller au-devant des désirs du public : les futi-lités d’avant-guerre ne leur suffisent plus, d’autant qu’un certain nombre de thèmes, à cause précisément de la guerre, s’épuisent et, perdant toute valeur de scandale, per-dent tout intérêt dramatique : par exemple les relations sexuelles pré ou para-conju-gales, les conflits d’autorité interfamiliale. La crise économique de 1930 fait éclater les vieilles structures et Bourdet n’est pas

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3 La lettre du théâtre amateur ■N° 10janvier / février / mars 2003

faisant s’interpénétrer, jusqu’à la perte de leurs différences, le rêve et le vécu, le scénique et l’objectif. Achard ouvre encore une autre voie au boulevard : celle de la fan-taisie poussée jusqu’au fantasme. C’est de ce côté-là que s’orientera M. Aymé, sans rien renoncer de sa virulence polémique et de son anarchisme latent.

A partir de quoi, comparativement, l’évolution récente du boulevard paraît plutôt une régression : les dramaturges tantôt exploitent avec adresse des thèmes, actuels dans l’anecdote, mais dépourvus de force du fait d’un humanisme édulcoré et souvent grognon, quand ils ne se contentent pas de débrouiller pour le simple plaisir du jeu une intrigue reposant sur quelques données indifféremment,

psychiques ou sociales (Barillet et Grédy, Sauvajon, Camoletti). Seule F. Dorin fait preuve de réelle subtilité et d’un sens aigu du théâtre en renvoyant au boulevard sa propre image aussi bien dans ses thèmes que dans ses formes. Jeu très intellec-tuel, bien propre à éveiller la méfiance du public, si Dorin n’avait l’habileté de recourir à des vedettes fêtées et d’enrober ses hardiesses de quelques concessions.

Une dramaturgie de l’effetAussi le boulevard ne saurait-il être qu’une forme hybride dont le territoire mal déli-mité a l’avantage d’accueillir aussi bien la comédie (de mœurs, légère, satirique ou de caractère) que le drame (social et psychologique). Leurs caractéristiques communes, malgré la différence de ton, sont thématiques d’abord : le boulevard ne s’intéresse aux hommes que sous l’angle de leur vie privée ; le domaine exploité est celui de l’amour, du couple, de la famille, soit du social quotidien. Le particulier seul mobilise le boulevard mais le particulier à l’usage du plus grand nombre. Là réside le didactisme : dans un constant désir de tirer de l’anecdote une perspective d’ensemble sur l’état de la société ou des leçons de conduite pour la vie de tout un chacun. Attitude doublement paradoxale puisque, à première vue, le boulevard comique ne songe qu’à faire rire et le boulevard sérieux qu’à présenter des études de cas, intéressants à proportion de leur caractère exceptionnel.

Que le boulevard fasse rire ou pleurer, la pièce est réussie si elle est “bien faite». Formule un peu magique, comme d’une recette dont on ignorerait le secret et qui relève de critères moins dramaturgiques que sociologiques : une pièce est “bien

faite» si elle va au-devant du spectateur par ses procédures insistantes d’étroite rationalité (tout doit s’expliquer et s’ex-pliciter au boulevard), de progressivité (le conflit linéaire une fois posé en termes nets et simples est emporté dans un mouvement, régulier ou accéléré mais toujours perceptible et qui achemine les personnages vers une fin imparable), de clarté : les personnages sont des types aux traits marqués sinon génériques qui permettent de savoir immédiatement “à qui on a affaire». Le tout est surindiqué à coups de redondance et de procédés rhétoriques (gradation et concentration des effets, antithèses et hyperboles). Le “clou» résidant dans la (ou les) scène(s) à faire, sorte de “climax” de la tension dramatique ou de l’explosion comique.

Mais le grand boulevard ne serait rien sans son langage, et dans son langage, sans ses “mots d’auteur «, mots qui témoignent de la présence diffuse mais permanente de l’écrivain, assez habile pour mener constamment un double jeu de langue, le second étant évidemment le plus impor-tant, à la fois par sa charge érotique et par la connivence qu’il établit avec le public. Ces mots, il y en a de toutes sortes : des calembours, des à-peu-près, des glisse-ments du sens propre au sens figuré, des détournements de formules toutes faites ou proverbiales, des effets de rime, des symétries rythmiques et syntaxiques, en somme tous les procédés propres à pro-voquer un dédoublement du sens ou, par recours à la forme maxime, ramassée et sentencieuse, à transmettre la “sagesse», généralement paradoxale et coquine, de l’auteur (Guitry y est passé maître).

Largement déconsidéré comme contenu depuis que le théâtre a élargi sa juridic-tion jusqu’au métaphysique (théâtre de l’absurde) et comme forme depuis que le langage a cessé d’être le moteur privilégié de l’action scénique, le boulevard n’a de chance de renouvellement que s’il accen-tue, grâce à de grands acteurs comme J. Poiret, J. Lefebvre, J. Maillan, J. Villeret, J. Dufilho, sa dimension de jeu et de gratuité ironique.

Le théâtre de boulevard

BIBLIOGRAPHIELe théâtre de boulevard

Ciel mon mari !d’Olivier Barrot

Gallimard

Le théâtre de boulevardde Michel Corvin

PUF - Que sais-je

Les cités du théâtre d’artde Stanislavski à Strehler

Editions théâtrales

le seul (il sera relayé par Anouilh, Aymé et Marceau) à dénoncer la fragilité d’une société qui suinte le mensonge et les faux-semblants, alors qu’une éthique de retour à la nature et aux vertus simples est en train de naître avec le Front Populaire. Le théâtre de boulevard rit jaune et la plaisan-terie gaillarde fait place au sarcasme (A. Savoir, Steve Passeur). Du coup, il devient difficile d’enrégimenter dans le bataillon du boulevard les nouveaux écrivains, tout autant qu’il devient difficile pour le public de retrouver son paysage culturel familier. Menacé par le cinéma, le boulevard s’in-quiète mais la vraie raison de sa défaveur (qui se fera sentir surtout après la Seconde Guerre Mondiale) tient au divorce, entre les dramaturges et les spectateurs qui, restés fidèles à leurs anciens “patrons» (un Guitry traversera vaillamment toute la période de l’entre-deux-guerres), s’étonnent et désertent.

Un nouveau boulevard ?

Le concept de boulevard se dilue au bénéfice d’individualités fortes qui n’ont de compte à rendre à personne même si, pour une part, leur écriture reste tributaire d’une dramaturgie de l’effet. C’est le cas d’Anouilh et d’Achard : les contenus changent, la forme reste, pourrait-on dire. Ce n’est vrai que par-tiellement car, en estompant les frontières entre l’imaginaire et le réel, en rendantsuspecte l’illusion scénique et du coup impossible la prise sur le monde connaissa-ble, psychologique et social, Achard attire le boulevard dans une voie qu’empruntera avec talent A. Roussin : celle de l’interro-gation du théâtre sur lui-même, sur son aptitude diabolique à brouiller le jeu de la vérité en faisant quelque chose de rien, en

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Cela dit, n’en déplaise à Boileau, nous sommes en présence d’une pièce extrêmement bien construite et, pour attirer une dernière fois l’attention de notre lecteur sur cet aspect mésestimé du théâtre de Labiche, nous reproduirons, avec son aimable autorisation, le schéma actantiel proposé par Richard Monod :

4N° 10 ■La lettre du théâtre amateur janvier / février / mars 2003

Répliques

En matière de règles d’écriture, Le Voyage de monsieur Perrichon reflète tout l’hybridité formelle du genre comique en France au XIXe siècle. L’exclamation de Flaubert « C’est du Molière ! » nous

inciterait effectivement à rattacher le théâtre de Labiche, en dépit des deux siècles d’écart, à certaines conventions de la dramaturgie classique. Le Voyage de monsieur Perrichon n’y échappe pas, qui tire son ressort initial de deux situations traditionnelles concomitantes, très enracinées dans le fonds comique hérité du XVIIe siècle :

1. L’égarement d’un chef de famille dont le principal travers moral, en l’occurrence la vanité, dégénère en une obsession pouvant aller jusqu’à l’aveuglement absolu, à la dénégation de toute réalité objective et concrète, au point de gravement compromettre l’ordre et la sécurité de la cellule familiale.

2. Un projet matrimonial, précisément contrecarré par cette folie galopante du chef de famille, qui divise pour un temps l’harmonie du couple parental et introduit un grand désordre dans le confort routinier de la vie bourgeoise.

La dernière des péripéties, en l’occurrence l’imprudent aveu surpris par Perrichon (IV, 8), ramène le malheureux égaré à la sagesse et au bon sens : cependant que s’opère un spectaculaire retour à l’ordre, l’amour et lajeunesse, comme chez Molière, finissent donc par triompher des caprices dangereux et malsains d’un père abusif.

Toutefois, la révolution romantique des années trente a considérablement ébranlé les modèles séculaires de la dramaturgie classique. On sait, d’après sa lettre du 12 février 1835 à son ami Alphonse Leveaux, combien Eugène Labiche avait été bouleversé par la première représentation de Chatterton, le drame d’Alfred de Vigny, à la Comédie Française. Le Voyage de mon-sieur Perrichon conserve la trace de ces libertés revendiquées au nom de Shakespeare par Stendhal ou Victor Hugo. L’unité de lieu, la première, est pulvérisée : à quatre actes, correspondent quatre décors différents (une gare, une auberge, un salon, un jardin). Un intervalle d’au moins huit jours, correspondant à un séjour chez des amis grenoblois sur le chemin du retour, sépare l’acte III de l’acte II (III, 2).

Quant à l’unité d’action, elle est, elle aussi, bien malmenée ; on aurait plutôt affaire ici à deux lignes narratives distinctes qui se chevauchent, se recoupent et s’entrelacent :

1. La compétition matrimoniale engagée dès le premier acte entre les deux prétendants (1, 9),

2. Les aventures parallèles, d’abord tout à fait indépendantes, du comman-dant qui, à partir de l’incident du registre et de la rencontre d’Armand (II, 8), rejoignent l’intrigue principale et lui réinsufflent une seconde série de péripéties…

L’enchevêtrement de ces deux lignes qui, au premier abord, peut apparaître comme tout à fait gratuit, va cependant, selon un procédé très caracté-ristique du vaudeville, servir le développement de la pièce en lui four-nissant des rebondissements imprévus et cocasses dont l’imbroglio ne cessera qu’avec le dénouement. On notera aussi avec intérêt l’acuité du parallélisme thématique entre les deux actions puisque, comme par un phénomène de miroir inversé, tandis que les deux jeunes gens courent après l’amour dans l’intrigue principale, le commandant, quant à lui, tente de le fuir dans l’intrigue secondaire ; dans le même ordre d’idées, on peut ajouter qu’à la “lutte loyale et amicale», toute “platonique» engagée entre Daniel et Armand dans l’action n°1, répond dans l’action n°2 la menace d’un duel authentique dont la vocation dramaturgique première est d’abord de développer à l’acte IV les fanfaronnades bouffonnes et la poltronnerie du personnage principal. N’oublions pas en effet que dans la comédie de mœurs, l’intrigue, même si elle fait encore l’objet du plus grand soin, doit avant tout rester au service de ce qui demeure l’objec-tif premier, à savoir la densité du portrait, du tableau, de la caricature, dont la réussite doit être la plus achevée et la plus percutante possible. C’est encore ce qui justifie la présence récurrente de Majorin, qui ne se rattache à l’intrigue que de façon très secondaire, mais dont la fonction d’observateur sournois et de commentateur mal intentionné parachève la vision qui nous est proposée de Perrichon.

Commentaires dramaturgiquessur Le Voyage de monsieur Perrichon

6 Majorin 7 le commandant

1 Monsieur Perrichon

2 Madame Perrichon

3 Henriette

4 Daniel Savary 5 Armand Desroches

Un tel tableau appelle quelques brefs commentaires :

L’amour4 et 5 courent après l’amour, tandis que 7 tente de le fuir,1 et 2 s’opposent sur le choix du gendre,1, qui n’écoute que sa vanité, préfère 4,2, au nom du bon sens et de l’amour, préfère 5.

L’argent6 et 7, moins riches, ont des ennuis d’argent,4 est entrepreneur de transports et 6 est son petit actionnaire,5 est banquier et 7 est son client à découvert.

Les conflitsEntre 1 et 6, conflit de jalousie et rapports d’argent (6 est le débiteur de 1),Entre 1 et 7, conflit “orthographique” (culturel ?) et affaire d’honneur,4 et 5 sont amis et rivaux pour la main de 3.

La rigueur formelle d’un tel schéma suffit à montrer, s’il en était encore besoin, combien les relations à la fois simples et complexes unissant les personnages les uns aux autres forment un ensemble équilibré et précis, dans lequel on pourrait déjà déceler un des aspects essentiels du genre : nous voulons parler de cette prédilection nettement affirmée par les vaudevillistes du XIXe siècle pour tous les effets comiques fondés sur des phénomènes de symétrie, d’écho ou de répétition, prédilection qui trouvera bientôt dans les gags du cinéma muet un prolongement inattendu.

« Les personnages sont mécanisés par des effets de géométrie, parallélisme ou symétrie », remarque encore Richard Monod. Citons pour exemple les deux entrées successives, comme calquées l’une sur l’autre, de Daniel et d’Armand (I, 3 et 4), les deux retours de promenade dans l’affolement général (II, 3 et 10), les deux récits emphatiques, parodiquement baptisés “de Théramène” (II, 10 et III, 7), les trois réflexions du mari concernant l’humeur de sa femme quand elle n’a pas bu son café (I, 2, 5 et 6), les trois entrées de Majorin claironnant à chaque fois sa fierté d’avoir trouvé une nouvelle occasion de s’évader du bureau(I, 1; III, 5 et IV, 2) ou encore les trois lettres anonymes adressées au préfet pour l’informer de l’heure et du lieu du duel (III, 11, 12 et 13).

Yannick Mancel

Yannick Mancel, professeur d’histoire du théâtre et

de dramaturgie à l’université de Lille, est connu de certaines

troupes du département pour avoir animé une conférence sur

“Deschamps-Deschiens ou les bricolages de la petite bourgeoisie

ordinaire” à l’occasion de la “rencontre d’artistes” sur

La Cour des grands à l’Espace 44 en avril dernier.

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5 La lettre du théâtre amateur ■N° 10janvier / février / mars 2003

C’est une jeune compagnie, soucieuse de fidéliser son public tout en sortant des sentiers battus du répertoire, que nous rencontrons aujourd’hui.

Dans quelles circonstances votre troupe a-t-elle vule jour ?

Pascal Lehec : En 94-95, autour d’envies de théâtre d’une bande d’amis qui pour certains avaient déjà joué, notamment dans la troupe dervalaise disparue La Noisille. Nous avons commencé modeste-ment, en interprétant des sketches devant un public d’invités, dans les salles à manger spacieuses decertains, ou dans des hangars d’entreprises !

Et comment votre travail a-t-il évolué ?

Toujours au gré de coups de cœur : à la lecture de pièces ou lors de représentations amateurs ou professionnelles auxquelles nous nous rendons dans les quelques théâ-tres du nord du département. Le choix final est toujours collectif, et nous nous entendons généralement bien pour retenir des textes abordant des sujets de société, qui nous parlent et qui sont susceptibles de parler à notre public. Nous alternons les pièces plus ou moins grinçantes, pour faire réfléchir, réagir… Cela nous vaut d’être parfois alpagués par la partie de notre public qui vient toujours avant tout pour se détendre. Ainsi nous avons joué Portrait de famille de Denise Bonal, puis Vol en piqué dans la salle de Karl Valentin, Ne coupez pas mes arbres de William Douglas Home, Du vent dans les branches de Sassafras de René de Obaldia, Minuit chrétien de Tilly, et enfin cette année une pièce policière de Frédéric Dard Les Brumes de Manchester.

Comment travaillez-vous ?

Nos deux premières mise en scène étaient collectives, mais nous avons vite atteint les limites de cette méthode. Nous avons

alors cherché un metteur en scène que nous avons trouvé chez les Saltimbanques, nos voisins de la Grigonnais, en la personne d’Yvonnick Audion, qui accompagne maintenant notre travail depuis cinq ans. Nous jouons en novembre, et commençons à répéter en mars, d’abord une fois pas semaine, puis deux fois à partir de juin et avant une coupure estivale. Nous sommes une quinzaine de comédiens à tourner sur les distributions. Il peut aussi nous arriver de faire appel à des comédiens de troupes voisines et amies.

De quels moyens disposez-vous ?

Presque rien : quelques costumes et unlecteur mini-disc. Notre budget est très étriqué, car si nous disposons d’une petite subvention municipale et d’une salle pour nos répétitions, nous jouons dans la salle des fêtes toute neuve dont la location absorbe la plus grande partie de nos recettes. C’est une belle salle, avec une bonne acoustique et une grande scène agréable, mais peu équipée pour le théâtre. Nous louons projecteurs et jeu d’orgue, et le système D prévaut pour les décors, conçus par nos deux techniciens, mais à la réalisation desquels chacun peut s’as-

socier. Faute de local propre à la troupe les décors sont entreposés chez les uns les autres.

Avez-vous des projets en cours ?

Oui, notamment celui de pérenniser lesdifférents ateliers de formation mis en place pour les jeunes il y a trois ans. Mais cette pérennisation souffre de notre incertitude budgétaire. Nous réfléchissons aussi à l’éventualité de monter en 2003 unspectacle plus léger, afin de pouvoir le tourner dans les salles voisines, ce qui pré-senterait de nombreux avantages : moins de frais de création, le plaisir de tourner et de rencontrer un nouveau public, moins de frais de location de salle.

Malgré ces difficultés, quelles réussites motivent la troupe ?

Outre le plaisir permanent de se retrou-ver, de travailler ensemble et de jouer, le fait d’accueillir 5 à 600 spectateurs, dont des jeunes, avec un répertoire sortant du théâtre de boulevard ou du vaudeville, est

Animation & culture de Derval

En compagnie de…

ANIMATION & CULTUREMairie - 44590 DERVAL

Contact : Pascal Lehec 06 74 49 11 22

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6N° 10 ■La lettre du théâtre amateur janvier / février / mars 2003

Avignon

…Immersion totale, rythme effréné… sans jamais aucun sentiment de fatigue ou de saturation… Pendant une semaine j’ai vécu théâtre, pensé théâtre, rêvé théâtre. Et c’est après, quand j’ai commencé à prendre du recul, à faire défiler les spectacles vus, à intégrer certaines réflexions et analyses, que mon appréciation a vraiment mûri. J’ai réalisé que ce spectacle qui m’avait paru long (5 heures !) m’avait profon-dément marqué, que cette chorégraphie si déroutante m’avait laissé des images inoubliables… Et j’ai alors compris, à tra-vers un exercice de mise en scène, que le choix du lieu peut être déterminant… et j’ai réalisé que tant de discussions et d’échanges critiques m’aideraient à pré-ciser mes choix et mes envies de metteur en scène…

Denis AngibaudThéâtrémolo

St-Philbert-de-Grand-Lieu

…C’est une formidable expérience que de vivre 24h/24 avec des personnes très différentes, mais qui partagent la même passion du théâtre… Les débats d’après spectacle m’ont toujours beaucoup éclairée, et aidée à comprendre et à apprécier…

Marie-Noëlle FerayMJC – La Baule

… Un bouillonnement de spectacles, d’idées, de rencontres, de rires… L’impression d’avoir couru d’un lieu à l’autre, d’un moment à l’autre, pour tout emmagasiner, tout absorber… enfin presque tout… nous avons su éviter l’indigestion… La formule proposée sur place était intéressante, car elle a donné une homogénéité à notre démarche dans la jungle des propositions… Et le temps passé chaque jour à discuter des spectacles vus en commun, quelles leçons…

Catherine BoucetLa Cavale - Treillières

…Le côté le plus formateur de cette semaine aura été pour moi la multiplicité et la richesse des échanges, avec les profession-nels (auteurs, critiques, metteurs en scène, comédiens) mais aussi entre nous, stagiai-res… Ces échange ont permis de dépasser le simple stade du ressenti que l’on exprime, pour aller chercher bien plus loin, dans l’intention de l’auteur, du metteur en scène, de l’adaptateur… Ils nous ont aussi permis d’analyser notre fonctionnement d’ama-teurs, nous donnant envie d’approfondir notre relation au théâtre…

… La rencontre avec J.P. Siméon, auteur, critique, et journaliste, comme entrée en matière, a été très intéressante pour com-prendre le festival (ainsi que la Maison du Off, ou la Maison Jean Vilar) et ne pas trop se perdre dans l’abondance de propositions…

Pascal LehecAnimation & Culture

Derval

… Habitué du festival en solo, la participa-tion en groupe m’est apparue comme une excellente solution pour se construire un parcours dans la jungle du festival… Quant à nos discussions animées, elles furent toujours d’un grand intérêt…

Pierre RefféL’Emporte-PièceSaint-Herblon

… Ce qui m’a semblé le plus formateur, c’est le dialogue et l’échange sur les spec-tacles que l’on venait de voir… donner ses impressions, et se détacher de son propre regard de spectateur pour découvrir celui des autres…

Nicolas Janneau

Du 12 au 19 juillet dernier la Maison de la Culture a organisé un “stage-séjour” à Avignon, au plus chauddu festival… Il étaient onze metteurs en scène amateurs de onze coins du département, à arpenter le pavé avignonnais, de jour comme de nuit, sous le soleil ou les averses, programme en main, cigales en tête !

Au programme de chaque jour : du théâtre, beaucoup, beaucoup… (programme page suivante)

• Une pièce vue en commun (plus une, deux, trois ou quatre autres, selon les budgets et la fatigue),pour le plaisir…

• Une rencontre, avec un auteur, un metteur en scène, un critique ou un comédien (plus une, ou deux autres, selon les centres d’intérêt), pour se comprendre mieux…

• Un temps d’atelier, autour d’un auteur entendu la veille, d’un croquis de metteur en scène, d’un bout de texte trouvé sur un coin de table, pour se mettre en question…

• Une assemblée critique, autour du spectacle vu en commun, pour affûter son regard, et apprendre à argumenter son jugement.

Quelques participants livrent ici leurs réactions et leurs sentiments à l’issue d’une semaine hors du temps…

Amateurs d’Avignon

Les Comédiens du Bois-GeffrayLa Haie-Fouassière

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7 La lettre du théâtre amateur ■N° 10janvier / février / mars 2003

Avignon

A U P R O G R A M M E

Ils ont rencontré

J.P. Siméon, auteur, critique, pour “Quelques repères pour seretrouver dans le festival» • Philippe Coutant, Directeur de la MCLA, au Grenier à Sel • André Salzet, interprète du Joueur

d’échecs • Alain Neddam, sur l’adaptation Texte-Théâtre-Danse • Pipo Delbono, metteur en scène de Guerra

Ils ont vu

Le Cirque de la Licorne création par le Théâtre de la Licorne (59) • Le Joueur d’échecs d’après Stefan Sweig par le Populart Théâtre

(92), MeS Y. Kerboul • Le Quatuor d’Alexandrie (In) d’après Lawrence Durell par le T.N. Lille-Tourc Nord PdC, MeS Stuart Seide • Jean-Louis, Thérèse, Marx et les autres de R. De Vos et

J.P. Siméon par la Cie CRAC (44), MeS M. Hervouët • Derrière chez moi de Daniel Soulier, par le Soleil rouge (IdeF), MeS

Daniel Soulier • Erratum N°1 (In, La Chartreuse), de et par le groupe Merci, (Toulouse), MeS Solange Oswald • Les Philosophes

(In), inspiré de l’œuvre de Bruno Schulz, conception Joseph Nadj • Guerra (In) de Pipo Delbono • Jour de fête repas-spectacle par

le Théâtre du Trèfle (Poitiers), MeS M.C. Morland

Ils ont participé à

Atelier et regard critique sur Le Cirque de la Licorne • Discussion sur Le Quatuor d’Alexandrie • Atelier autourdes dessins de Joseph Nadj • Atelier autour des textes de

Lawrence Durell • Regard critique sur Jean-Louis, Thérèse, Marx et les autres • Atelier MeS et regard critique sur Derrière chez

moi • Visite à la maison Jean Vilar • Regard critiquesur Les Philosophes • Atelier MeS • Regard critique sur Guerra

et présentation du travail des ateliers

Fiches de lecture de Philippe Coutant

Les sensations insolentesde Pierre DebaucheEdition “le bruit des autres”253 pages - 1520

Un homme de théâtre, et pas des moindres, PierreDebauche a la gentillesse de nous donner son âme.

Les « sensations insolentes » – sous-titrées « quelques poèmes pour les acteurs » – devraient être lus par tous les apprentis comédiens, tant nous y découvrons que cet art est un engagement total.

Metteur en scène directeur et professeur d’art dramatique, l’auteur n’est pas avare en réflexions et secrets de théâtre.Toute la pensée de Pierre Debauche vient de la scène, son regard sur le monde est bien face au public. Utilisant à la fois poésie et aphorismes, il nous embarque dans un délire envoûtant et délectable qui nous fait l’espace d’une lecture oublier que le monde est dur.

Un livre à lire, relire, feuilleter, consulter, bref à toujours avoir à portée de la main ou plutôt des yeux.

Griffonneriesde Jacques LivchineEditions les Solitaires Intempestifs295 pages - 14

Si vous voulez connaître les neuf catégories de spectateursde théâtre et les six raisons de ne pas aller au théâtre,alors lisez vite le formidable journal de bord débridé de Jacques Livchine, fondateur du théâtre de l’Unité.

Il nous raconte, avec humour, férocité, désinvolture et beaucoup d’anecdotes, son aventure de directeur de Scène Nationale à Montbéliard qu’il avait dénommée le Centre d’art et de Plaisanterie qui a réveillé, un temps, les Montbéliardais et les usines Peugeot. Il y a créé de nombreux spectacles burlesques comme Mozart au chocolat et inventé une succession de choses inédites comme le Sponeck ou la brigade d’intervention théâtrale.

En plus, si vous aimez le livre vous pouvez tout de suitelire la suite sur le site de la compagnie : www.theatredelunité.com

Avignon 2002, collage par Nathalie Jallaisde “La Boîte à Sardines” Saint-Nazaire.

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Agenda

CIRQUE ALREX

Spectacle sous chapiteau• Varades (du 10 au 14/3)

Artistes : le 12 mars à 20hEnfants : le 14 mars à 19h45

JO BITHUME

Spectacle final dans la rue• Plessé (janvier à mai)

Spectacle le 10 mai vers 18h

• Vallet (janvier à mai)Spectacle le 17 mai vers 18h

CHRONIQUES TERRESTRES

• Rezé (du 8/3 au 5/4)Inauguration le 11 mars à partir de 18h

Théâtre amateurSTAGES WEEK-ENDVoix et paroleLes 15 et 16 mars 2003Théâtre musicalLes 5 et 6 avril 2003

STAGE LONGMise en scène

11, 12, 28 janvier, 8 et 9 février 2003

FESTIVAL D’AVIGNONMise en scène

11 au 18 juillet 2003

7ES RENCONTRESDU THÉÂTRE AMATEUR23, 24 et 25 mai 2003au Théâtre d’Ancenis

EXPOSITION10 scénographies pour Hamlet du 13 mars au 19 avril de 15h à 18hà la chapelle de l’Espace 44

RENCONTRESDE THÉÂTRE AMATEUR• les 4, 5 et 6 avril

à la MJC de la BauleRenseignements au 02 40 60 37 15

• les 10, 11 et 12 avrilà l’espace Renaissance de Donges(sélection Loire-Atlantique Festhéa)Renseignements au 02 40 91 00 06

STAGECommedia dell arteproposé par la Cie Balivernesde Château-Thébaud, animé parBel Viaggio les 22 et 23 marsRenseignements au 02 40 04 77 30

IMAGIBUS

• Mauves-sur-Loire – du 15 au 21/1Inauguration le 15/1 vers 18h

• St-Nicolas-de-Redon – du 22 au 28/1Inauguration le 22/1 vers 18h

• Bouée - du 5 au 11/2Inauguration le 5/2 vers 18h

• Sainte-Pazanne – du 12 au 18/2Inauguration le 12/2 vers 18h

• Le Pouliguen – du 12 au 25/3Inauguration le 12/3 vers 18h

• Machecoul – du 2 au 11/4Inauguration le 2/4 vers 18h

• Clisson – du 7 au 19/5Inauguration le 7/5 vers 18h

• Avessac – du 21 au 27/5Inauguration le 21/5 vers 18h

ATELIERS VIDÉO

Projection le samedi 14 juin après-midi à l’Espace 44 de tous les ateliers

• Pannecé, Erbray, Nantes, Le Clion-sur-Mer, Carquefou, Trans-sur-Erdreoctobre à décembre

• Les Sorinières, Boussay, Ruffigné, Sion-les-Mines, Guenrouet, Sévérac, Héric, Louisfert – janvier à avril

POÉSIE SONORE & PLASTIQUE POUR UNE VIDÉO

Projection le samedi 14 juin après-midi à l’Espace 44 de tous les ateliers

• Saint-Nazaire, La Chapelle-des-Marais (octobre à décembre)

• Abbaretz, Saint-Lumine-de-Coutais, Oudon, Nantes (janvier à avril)

IMAGES DE VILLAGES

2 projections vidéo• Couffé (octobre à juin)

Projection les 8/2 et 29/6

• Le Pellerin (octobre à juin)Projection les 25/1 et 18/5

• Pont Saint-Martin (octobre à juin)Projection les 1/2 et 22/6

MONIQUE & SES MACHINES

Spectacle final dans la rue• Orvault (octobre à mai)

Festival des enfants les 24 et 25/5

• Montbert (octobre à mai)Le 28/6

• La Grigonnais (octobre à mai)en attente

Animationjanvier / février / mars 2002

Spectacles• Le Bourgeois gentilhomme

par les Sardines de Conakry du 5 au 8 février – T.U.

• Concha Bonita d’Alfredo Arias du 8 au 21 février – Espace 44

• La Tempêtede Shakespeare du 10 au 26 mars – Espace 44

• Et Dieu dans tout ça ? de Charlie Degotte du 9 au 11 avril – Espace 44

• Shake d’après Shakespeare du 15 au 18 avril – T.U.

• Mangeront-ils ?de Victor Hugo du 12 au 25 mai – Espace 44

• La Nuit des temps…Compagnie Garin Troussebœuf du 15 mars au 16 avril Décentralisation

• Derrière chez moide Daniel Soulier du 28 mars au 12 avril Décentralisation

• SlasticCompagnie Tricicle du 4 au 21 juin Décentralisation

CALENDRIERDES TROUPES

Depuis novembre 2002,le CALENDRIER DES TROUPESest consultable sur le site internet de la MCLA :www.mcla.asso.frrubrique Théâtre amateurCalendrier des troupesIl peut être ainsi mis à jouren permanence.Ceux qui n’ont pas d’accès internet peuvent se procurer une édition papier du calendrier en envoyant au service animation de la MCLA une enveloppe 16 x 22 cm à leur adresse, timbrée à 0,69 .

RENSEIGNEMENTS auprès du Service Animation de La Maison de la Culture de Loire-Atlantique MCLA SERVICE ANIMATION – 6 rue des Roses 44100 Nantes – Tél. 02 40 71 05 30 – Fax 02 40 73 39 23

Site internet : www.mcla.asso.fr – Courriel : [email protected] lettre du théâtre amateur • Journal de la Maison de la Culture de Loire-Atlantique : 10 passage Pommeraye – 44000 Nantes• Directeur de publication : Philippe Coutant • Rédacteur en chef : Bertrand Chauveau • Conception graphique : Studio Le Kwalé• Fabrication : Coiffard éditions • Crédits photographiques : Loisirs & culture de Derval - MCLA.