texte, mise en scène Wajdi Mouawad - La Colline...Eleni Karaindrou et ses vingt musiciens et voix...

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lundi 17 décembre à 19h et à 21h au Grand Théâtredurée 1h

Pour le concert du solstice d’hiver, La Colline invite la compositrice Eleni Karaindrou et ses vingt musiciens et voix à interpréter la musique originale de Tous des oiseaux, dans le décor du spectacle.

direction musicale et composition Eleni Karaindrouavec Iro Seira premier violon, Savina Yannatou chant,Vangelis Christopoulos hautbois, Alexandros Botinis violoncelle,Stella Gadedi fl ûte, Dinos Hadjiiordanou accordéon,Eleni Karaindrou piano, Socratis Sinopoulos lyre, Nikos Paraoulakis ney, Stefanos Dorbarakis canonaki,Girogos Kontoyannis percussionaccompagnés d’un orchestre à cordes son Giorgos Karyotis

La musique du spectacle, parue chez ECM New Series en novembre 2018, est en vente à la librairie du théâtre.

Très proche de la création théâtrale, Eleni Karaindrou a signé les musiques de 53 pièces de théâtre et plusieurs ballets ainsi que les musiques de 23 longs-métrages, parmi lesquels de nombreux fi lms de Theo Angelopoulos depuis 1983, comme Eleni qui lui vaut une nomination au prix Félix ou L’Éternité et un Jour qui remporte la Palme d’or en 1998.

tarifs place 20 ¤, dès 8 ¤ avec la carte Colline

Tous des oiseauxtexte et mise en scène Wajdi Mouawad

avecJalal Altawil WazzanJérémie Galiana du 5 au 28 déc. Daniel Séjourné les 29 et 30 déc. Eitan Victor de Oliveira le serveur, le rabbin, le médecin…Leora Rivlin LeahHelene Grass les 5 et 6 déc. Judith Rosmair du 7 au 30 déc. NorahDarya Sheizaf Eden, l’infi rmièreRafael Tabor EtgarRaphael Weinstock DavidSouheila Yacoub du 5 au 12 / du 20 au 30 déc. Nelly Lawson du 13 au 19 déc. Wahida

assistanat à la mise en scène pour la création Valérie Nègreassistanat à la mise en scène pour la reprise Valérie Nègre et Oriane Fischerdramaturgie Charlotte Farcet conseil artistique François Ismertconseil historique Natalie Zemon Davis musique originale Eleni Karaindrou scénographie Emmanuel Cloluslumières Éric Champoux son Michel Maurer costumes Emmanuelle Thomas assistée d’Isabelle Flosimaquillage, coiffure Cécile Kretschmar traduction allemand et préparation des surtitres Uli Menketraduction anglais Linda Gaboriau traduction arabe Jalal Altawil traduction hébreu Eli Bijaoui suivi du texte Audrey Mikondo

production La Colline – théâtre national

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Grand Théâtredu 5 au 30 décembre—du mardi au samedi à 19h30 et le dimanche à 15h30spectacle en allemand, anglais, arabe, hébreu surtitré en français durée 4h entracte inclus

régie générale Stefan McKenzie Main régie lumières Gilles Thomain, Diane Guérin technicien lumières Olivier Mage régie son Sylvère Caton régie vidéo Igor Minosa, Ludovic Rivalan machinerie Franck Bozzolo, Sébastien Dupont, Yann Leguern, Dimitri Lenin, Harry Toi accessoires Isabelle Imbert, Guislaine Naizot habillage Mélanie Joudiou, Isabelle Flosi maquillage, coiffure Judith Scotto régie des surtitres Katharina Bader et Uli Menke

construction du décor atelier de La Colline – théâtre nationalDidier Kuhn, Mickaël Franki, Grégoire de Lorgeril, Yannick Loyzanceet Takumi Nariyoshi, Frédéric Goyard-Terzian, Guillaume Leroy, Rolan Zimmermann, Charlotte Collet, Jézabel D’Alexis, Anne-Gaëlle Rouget, Thomas Kuroda, Jean-Michel Maurin, Roberta Chiarito

musique originale du spectacle enregistrée dans les studios Sierra recordings à Athènes

remerciementsà l’équipe de la bibliothèque de l’Institut national d’histoire de l’art – salle Labrouste, site Richelieu de la Bibliothèque nationale de France, à la Schaubühne am Lehniner Platz, au Festival de Stratford (Ontario), au cours Florent, à Elinor Agam Ben-David, Saleh Bakri, Michaël Charny, Sigal Cohen, Olivier Guez, Pierre Krolak-Salmon, Claire Lasne Darcueil

Le spectacle a été créé le 17 novembre 2017 à La Colline et a reçu le Grand Prix – meilleur spectacle théâtral et le prix de la meilleure création d’éléments scéniques 2018 de l’Association professionnelle de la critique.

—Le texte de la pièce a paru aux Éditions Leméac/Actes Sud-Papiers en mars 2018.

e 2018

sur la route

Théâtre national populaire, Villeurbanne du 28 février au 10 mars 2018

Équinoxe – Scène nationale de Châteauroux les 24 et 25 septembre 2018

ThéâtredelaCité, CDN de Toulouse Occitanie du 30 septembre au 6 octobre 2018

Le Grand T – Théâtre de Loire-Atlantique, Nantes du 12 au 19 octobre 2018

Théâtre national de Bretagne, Rennes du 7 au 10 novembre 2018

Les Quinconces – L’espal – Scène nationale du Mans les 16 et 17 novembre 2018

The Cameri Theatre of Tel-Aviv, Israël du 27 au 30 novembre 2018

La Filature – Scène nationale de Mulhouse les 16 et 17 janvier 2019

Le Carreau – Scène nationale de Forbach et de l’Est mosellan les 7 et 8 février 2019

TNBA – Théâtre national de Bordeaux en Aquitaine du 14 au 18 février 2019

Palais des Beaux-Arts de Charleroi, Belgique les 23 et 24 février 2019

Le Tangram – Scène nationale d’Évreux-Louviers les 5 et 6 mars 2019

Les Salins – Scène nationale de Martigues les 14 et 15 mars 2019

Théâtre du Nord – Centre dramatique national Lille Tourcoing Hauts-de-France

du 22 au 27 mars 2019

La Comédie de Clermont-Ferrand – Scène nationale du 3 au 5 avril 2019

MC2: Grenoble – Scène nationale du 11 au 16 mai 2019

Festival TransAmériques 13e édition, Montréal, Canada du 22 au 27 mai 2019

Carrefour international de théâtre, Québec, Canada le 3 juin 2019

TEAT Champ Fleuri, La Réunion les 6 et 7 septembre 2019

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carnet de création d’Emmanuel Clolus

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Une maladie incurable

Un proverbe ancien affi rme que les poissons qui vont dans l’eau ignorent l’existence de l’eau. Ce n’est qu’une fois arrachés hors de l’eau que l’eau se met à exister pour eux, dans la nécessité de leur survie.

Ainsi en a-t-il été pour moi et de la détestation.

Malgré l’amour dont j’ai été entouré, malgré les soins et les attentions de parents d’autant plus merveilleux que rien ne les préparait à affronter la tempête qui a dévasté leur existence, je dois dire que j’ai grandi dans la détestation, j’ai baigné dans la détestation, j’ai respiré l’air de la détestation, alors que j’ignorais tout de la détestation. Je dis cela sans rancune, sans reproche, sans révolte, je dis cela en avançant pas à pas, avec la plus grande sincérité dont je suis capable, conscient des sacrifi ces qui ont été faits par tant de parents pour donner à leurs enfants le meilleur d’eux-mêmes. Cependant, je suis bien forcé de reconnaître les vents contraires qui ont souffl é depuis ma naissance, ces vents aux noms que nous sommes de plus en plus nombreux à partager : guerre, voyage, découverte, exil, art, amour et mort. Et l’un des vents, parmi les plus puissants qui ont longtemps souffl é, fut celui de la détestation. Or, ce sentiment de la détestation est en étroite relation avec l’écriture.

Mon enfance durant, j’ai appris, à mon insu, mot à mot, peu à peu, au fi l des jours, à détester l’Autre. J’ai appris à haïr l’Autre, j’ai appris à fêter et danser aux malheurs qui frappaient l’Autre.Chrétien maronite, j’ai été élevé dans la détestation de ce qui n’était pas chrétien maronite et s’il est vrai que la culture de mon pays m’a appris l’hospitalité et le sens de l’accueil, elle m’a appris aussi à choisir avec qui être hospitalier et accueillant et avec qui ne pas

Comme l’eau écrase le plongeur qui a gagné le fond de l’océan, le silence écrase l’homme tandis qu’il est en train de regarder ce qui le sidère.—Pascal Quignard, L’Enfant d’Ingolstadt

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Ainsi, au cœur des étés les plus merveilleux, j’ai grandi dans la haine du palestinien, source de tous nos malheurs, raisons principales et absolues de la guerre qui a ravagé le pays. Dégoût, mépris et répugnance, ont été les sentiments qui traversaient les non-dits dès lors qu’il était question d’eux et, ce bus mitraillé en bas de notre immeuble de Aïn-el-Rémané, allait, à jamais, sceller ce pacte de détestation envers leur peuple. Dans le délire des alliances inter-milices qui auront lieu tout au long de la guerre, jamais le palestinien n’a cessé d’être vu, aux yeux d’une grande majorité de maronites, comme le germe à exterminer, à chasser, pour sauver les chrétiens et leur redonner leur dignité. Ainsi s’exprimait-on dans le salon des exilés, à New York, Paris, Londres, Le Caire ou Abidjan. J’ai été élevé dans la méfi ance des musulmans, qu’ils soient chiites ou sunnites et j’ai grandi dans la misère de l’antisémitisme, faisant des juifs, ceux-là si indignes de confi ance, des menteurs, des profi teurs, qui ont assassiné notre Christ, ont usurpé les terres et contrôlent le monde par leur argent et leur malignité.

Enfant, j’ai dansé à la mort de Kamal Joumblatt et, plus tard, les massacres de Sabra et Chatila n’ont pas été un événement majeur pour ceux et celles avec lesquels je partageais mon quotidien. Et malgré le sang qui coulait, et bien que ce sang ait été, parfois, répandu par ceux qui partageaient la même confession que la mienne, j’ai entendu des conversations pleines de colères de gens qui ont tout perdu et qui, démunis, ne trouvaient pas d’autres solutions que de rabattre sur l’Autre leurs haines et leurs ressentiments nés des injustices dont ils s’estimaient, à tort ou à raison, les victimes.

On a planté en moi la graine de la détestation, si profondément, avec tant d’engrais et un tel savoir-faire, que cette graine ne pourra jamais être extraite de l’endroit où elle a germé. J’appartiens à une culture qui a su, avec un talent remarquable, depuis des siècles,

l’être. Elle m’a donc appris, à travers ce choix, à développer une exclusion délibérée dans le geste de recevoir l’étranger. Car si tout étranger a le visage de l’Autre, l’Autre n’a pas toujours visage humain.

J’ai grandi, depuis mon plus jeune âge, dans les récits des massacres perpétrés au XIXe siècle par les druzes contre les gens de ma confession. « Tu te souviens, et tu t’en souviendras jusqu’à la fi n de tes jours, de la manière avec laquelle ils nous ont égorgés, femmes, enfants et vieillards, la manière avec laquelle ils ont bu notre sang, ri en brûlant nos églises et violant nos femmes, et si tu n’es pas sage, si tu ne termines pas ton repas, le druze viendra dans ton sommeil t’égorger ». Le druze, ce premier Autre, ce premier effroyable visage, que l’on m’a appris à craindre et à détester. J’ai grandi dans la répugnance des arabes, de ceux-là que mes parents appelaient les arabes, ces réfugiés qui, un jour, sont venus s’installer pas très loin de notre quartier et dont personne ne savait raconter l’histoire.– « Ne joue pas avec cet enfant, c’est un arabe.– Et nous maman, que sommes-nous ?– Nous ne sommes pas des arabes.– Que sommes-nous ?– Des phéniciens ».

Ainsi, l’identité, se forgeant, soit par la négative soit par l’inexistant, se construisait en opposition avec ce qui lui était différent. Nul dans cette famille n’était méchant pourtant, nul dans cet entourage n’était malveillant, mais la plupart d’entre eux transmettaient ce qui leur avait été transmis par leurs parents. Comment, dans la situation de plus en plus tendue politiquement à laquelle personne ne comprenait grand-chose, pouvaient-ils résister à la tentation de reproduire les mêmes schémas de détestations ?

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Donne la parole à celui que tu as détesté.

Seul remède possible. Comment faire autrement sinon ? Comment faire si l’on ne veut pas participer à l’addition des injustices, des meurtres et des violences ? Cette addition qui n’a de cesse, depuis un demi-siècle, de nous élever les uns contre les autres, sang contre sang, chair contre chair ? Comment faire pour résister ? Comment faire si l’on veut aller à l’encontre de soi ?—Wajdi Mouawad

On n’a pas trouvé encore une manière de raconter le passé aux enfants sans les faire chier, et si on les traumatise, c’est parce qu’on veut qu’ils soient traumatisés, on n’accepterait pas qu’ils s’en sortent ! Alors on a inventé ce mot, “transmission”, on leur dit “transmission” parce que “assassinat”, ça ne se dit pas, on leur dit “mémoire, bagages des ancêtres, responsabilité du passé” et on les tue !Parce qu’on a de la peine, un chagrin noir sans fi n ! Comment expliquer sinon qu’on n’apprend rien ? Que de génération en génération on recommence ?—Tous des oiseaux

transmettre, de génération en génération, le goût de la méfi ance. C’est ainsi. C’est comme une maladie incurable. Je dois le savoir. Je ne dois pas oublier comment la détestation, cette détestation fut mon eau. Il a fallu un fi let pour que j’en sois extrait. L’exil fut ce fi let et c’est une contradiction. L’exil n’est pas une victoire. Qui, par choix, voudrait quitter sa terre natale si cette terre est un lieu de joie ? C’est cette expérience pourtant à laquelle je dois d’avoir vu cette détestation qui m’habitait, cette maladie incurable et, la voyant, la réalisant, la diagnostiquant, lui trouver un visage hideux, contraire à tout ce que je désirais être. C’est grâce à l’exil qui vous arrache à vous-même, que j’ai réalisé que je n’étais pas celui que je croyais être. Raciste, haineux, sectaire. J’étais cela. Malgré la littérature, malgré le théâtre, malgré la langue nouvelle, malgré l’art et la culture. J’étais devenu exactement ce que cette guerre voulait que je devienne, sa nourriture, sa fange.

Comment parvenir à défaire cela ? Quel médicament prendre ? Pour désapprendre ? Pour arrêter le déroulé d’un tapis qui nous entraîne de plus en plus loin ? Il a fallu retourner le crayon. Cette question est celle du sens accordé aujourd’hui à la parole. Si parole il y a, que devrait-elle être puisque, pendant longtemps, la parole fut l’outil de cette détestation. Elle ne connaît qu’elle. La détestation est son réfl exe. Grâce aux comédiens avec lesquels j’ai travaillé, grâce à des professeurs, grâce à des œuvres littéraires, grâce aux contextes différents qu’offraient les paysages de la société française et, plus tard, ceux de la société québécoise, j’ai été forcé de déplacer le centre de cette parole et de raconter des histoires et d’écrire des textes en donnant la parole à ceux et celles que l’on m’avait appris à détester. Incendies c’est cela. Anima c’est cela. Tous des oiseaux aussi. Cette tentative-là. Faire des pièces et des romans des histoires dont les héros avaient les traits de ceux et celles qui ont été l’objet de ma détestation.

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Toutes les deux ou trois générations, lorsque la mémoire s’étiole et que les derniers témoins des massacres précédents disparaissent, la raison s’éclipse et des hommes reviennent propager le mal. —Olivier Guez, La Disparition de Josef Mengeleca

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Tu ne peux pas imposer ta vérité.—Tous des oiseaux