Texte de présentaion

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Concert Jeunes Talents – Conservatoire de Paris (cnsmdp) le lundi 4 avril 2011 à 19 h au musée national de la Marine Programme Ludwig van Beethoven (1770 – 1827) Trio n°5 (« Des esprits ») en ré majeur, op. 70 n°1 Allegro vivace e con brio Largo assai ed espressivo Presto Johannes Brahms (1833 – 1897) Trio pour piano et cordes n° 1 en si majeur, op. 8 Allegro con brio Scherzo Adagio Allegro Distribution Trio Paul Klee : Jae-Won Lee, violon Tristan Cornut, violoncelle François Lambret, piano Étudiants au Conservatoire de Paris (cnsmdp) Classes de musique de chambre Notes sur le programme De Beethoven à Brahms : les lettres de noblesse du Trio pour piano, violon et violoncelle Si Haydn et Mozart ont composé plusieurs trios pour piano, violon et violoncelle, c’est bien Beethoven qui donne ses lettres de noblesse au genre. 1 Avant lui, le trio avec piano était considéré comme un genre domestique destiné aux amateurs. Beethoven émancipe le violoncelle qui ne faisait généralement que doubler la main gauche du piano. Il recherche l’équilibre entre les voix sans accorder la primauté au violon, comme chez Haydn, ou au piano, comme chez Mozart. Poursuivant la voie ouverte par Beethoven, Brahms fait du trio un véritable dialogue entre trois solistes virtuoses et lui confère une dimension quasi symphonique. Ludwig van Beethoven, Trio n°5 (« Des esprits ») en ré majeur opus 70 n°1 C’est à l’automne 1808 que Beethoven compose le Trio n° 5 en ré majeur à Vienne. Si la situation politique de l’Autriche n’est guère brillante après trois défaites militaires face à Napoléon, l’activité culturelle bat son plein, surtout dans la capitale. Le paysage intellectuel est dominé par la figure d’August Wilhelm Schlegel dont les réflexions sur la littérature deviennent rapidement des textes fondateurs de l’esthétique romantique. Pour Beethoven, il s’agit d’une période de grande créativité au cours de laquelle il finit de composer les Cinquième et Sixième symphonies op. 67 et 68, ainsi que sa Troisième sonate pour violoncelle op. 69. Cette atmosphère propice à la création est liée à la figure bienveillante de la Comtesse Maria von Erdödy, amie intime du compositeur à laquelle sont dédiés les deux trios pour piano de l’opus 70. La Comtesse l’héberge chez elle et l’introduit auprès du mécénat aristocratique viennois. Le Trio n°5 en ré majeur opus 70 n°1 suit le schéma traditionnel de la sonate : deux mouvements vifs encadrant un mouvement lent central. Le premier mouvement, Allegro vivace con brio, établit une complémentarité entre énergie et lyrisme. Il s’ouvre sur un premier thème fortissimo, en gammes descendantes staccato brisées par des sauts ascendants. S’y enchaîne un deuxième noté piano, dolce et legato, de caractère chantant. Un dernier thème piano se compose d’une série de gammes legato, ponctuées par des harmonies suaves. Le Largo assai ed espressivo est d’une grande puissance expressive d’esthétique préromantique. Les effets de trémolos, les contrastes violents de dynamiques et le chromatisme campent une atmosphère fantastique. Selon la légende, ce mouvement lent aurait été inspiré par un projet d’opéra que Beethoven composait alors sur un livret tiré de la tragédie de Shakespeare Macbeth, d’où son surnom de trio « des esprits ». 2

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Notes sur le programme

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Concert Jeunes Talents – Conservatoire de Paris (cnsmdp) le lundi 4 avril 2011 à 19 h au musée national de la Marine Programme Ludwig van Beethoven (1770 – 1827) Trio n°5 (« Des esprits ») en ré majeur, op. 70 n°1 Allegro vivace e con brio Largo assai ed espressivo Presto Johannes Brahms (1833 – 1897) Trio pour piano et cordes n° 1 en si majeur, op. 8 Allegro con brio Scherzo Adagio Allegro Distribution Trio Paul Klee : Jae-Won Lee, violon Tristan Cornut, violoncelle François Lambret, piano Étudiants au Conservatoire de Paris (cnsmdp) Classes de musique de chambre Notes sur le programme De Beethoven à Brahms : les lettres de noblesse du Trio pour piano, violon et violoncelle

Si Haydn et Mozart ont composé plusieurs trios pour piano, violon et violoncelle, c’est bien Beethoven qui donne ses lettres de noblesse au genre. 1

Avant lui, le trio avec piano était considéré comme un genre domestique destiné aux amateurs. Beethoven émancipe le violoncelle qui ne faisait généralement que doubler la main gauche du piano. Il recherche l’équilibre entre les voix sans accorder la primauté au violon, comme chez Haydn, ou au piano, comme chez Mozart. Poursuivant la voie ouverte par Beethoven, Brahms fait du trio un véritable dialogue entre trois solistes virtuoses et lui confère une dimension quasi symphonique.

Ludwig van Beethoven, Trio n°5 (« Des esprits ») en ré majeur opus 70 n°1

C’est à l’automne 1808 que Beethoven compose le Trio n° 5 en ré majeur à Vienne. Si la situation politique de l’Autriche n’est guère brillante après trois défaites militaires face à Napoléon, l’activité culturelle bat son plein, surtout dans la capitale. Le paysage intellectuel est dominé par la figure d’August Wilhelm Schlegel dont les réflexions sur la littérature deviennent rapidement des textes fondateurs de l’esthétique romantique. Pour Beethoven, il s’agit d’une période de grande créativité au cours de laquelle il finit de composer les Cinquième et Sixième symphonies op. 67 et 68, ainsi que sa Troisième sonate pour violoncelle op. 69. Cette atmosphère propice à la création est liée à la figure bienveillante de la Comtesse Maria von Erdödy, amie intime du compositeur à laquelle sont dédiés les deux trios pour piano de l’opus 70. La Comtesse l’héberge chez elle et l’introduit auprès du mécénat aristocratique viennois.

Le Trio n°5 en ré majeur opus 70 n°1 suit le schéma traditionnel de la sonate : deux mouvements vifs encadrant un mouvement lent central. Le premier mouvement, Allegro vivace con brio, établit une complémentarité entre énergie et lyrisme. Il s’ouvre sur un premier thème fortissimo, en gammes descendantes staccato brisées par des sauts ascendants. S’y enchaîne un deuxième noté piano, dolce et legato, de caractère chantant. Un dernier thème piano se compose d’une série de gammes legato, ponctuées par des harmonies suaves. Le Largo assai ed espressivo est d’une grande puissance expressive d’esthétique préromantique. Les effets de trémolos, les contrastes violents de dynamiques et le chromatisme campent une atmosphère fantastique. Selon la légende, ce mouvement lent aurait été inspiré par un projet d’opéra que Beethoven composait alors sur un livret tiré de la tragédie de Shakespeare Macbeth, d’où son surnom de trio « des esprits ». 2

Le dernier mouvement Presto offre une fin joyeuse, malgré quelques notes de nostalgie, notamment dans les cadenze solistes du piano. Il y a un véritable jeu théâtral entre les instruments qui se traduit par une écriture déclamatoire et imitative.

Johannes Brahms, Trio pour piano et cordes n°1 en si majeur, op. 8

Brahms fait partie de ces compositeurs éternels insatisfaits allant jusqu’à détruire tout un pan de leur production dans leur quête d’un absolu esthétique. L’héritage de Beethoven pesant lourdement sur ses épaules, c’est une chance que nous soit parvenue cette œuvre de jeunesse. Après avoir passé des vacances dans sa famille à Hambourg, Brahms se lance dans la composition du trio en février 1854. Mais la composition est rapidement interrompue par une terrible nouvelle : Robert Schumann, son protecteur et ami, vient de faire une tentative de suicide. Brahms se rend alors à Düsseldorf pour aider la famille Schumann. C’est dans ce contexte de trouble qu’il termine de composer le trio. Trente-huit ans plus tard, le vieux Brahms remanie le trio à l’invitation de son éditeur, « non pour lui poser une perruque, mais juste pour lui donner un coup de peigne ».

Le Trio pour piano et cordes en si majeur, op. 8, est en quatre mouvements. A la division tripartite de la sonate est ajouté un scherzo. De manière assez originale, le parcours tonal de l’œuvre commence en majeur et se termine en mineur. Le premier mouvement, Allegro con brio, de grande ampleur, développe toute une richesse d’idées thématiques. Son caractère lyrique et expressif évoque le Lied. Le scherzo, dans un tempo Allegro molto, s’inscrit dans la verve dramatique beethovenienne. Il est lancé par un rythme incisif d’anapeste, élément germinal de tout le mouvement. L’Adagio est en trois parties. Il commence et se termine par une mélodie de choral au caractère recueilli, en dialogue entre le piano et les cordes. Une partie centrale plus expressive met en valeur le lyrisme du violoncelle. L’Allegro final est agité et dramatique. L’écriture du piano en arpèges, le rythme de trochée, les jeux de contretemps et le chromatisme tourmenté rappellent l’esprit romantique schumannien de la forme et du langage.

© Katia-Sofia Hakim Étudiante au Conservatoire de Paris (cnsmdp)

Classe de culture musicale

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