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Terminale Scientifique Histoire,2ème partie : Les relations internationales de 1947 à nos jours Chapitre 1 La guerre froide 1947-1991 En donner d’abord une définition : une confrontation qui va se jouer sur tous les fronts, idéologique, géopolitique, économique, scientifique et culturel mais aussi sportif et spatial entre deux blocs réunis autour des deux Supergrands ou superspuissances, les Etats-Unis et l’URSS ? Cet affrontement fut indirect, donc « froid ». Quelques nuances cependant : le conflit ne fut pas froid partout (pas de tropisme européen), il fit des millions de morts en Asie. La guerre froide fut un phénomène mondial (une étape de la mondialisation). Noter que l’histoire de la guerre froide est-en train de s’écrire : des controverses sur son interprétation et sur sa périodisation. Problématique Sur quelles visions du monde les deux Grands s’opposent-ils ? Pourquoi l’affrontement entre les Etats-Unis et l’URSS n’a-t-il pas dégénéré en une nouvelle guerre mondiale ? I. Deux modèles concurrents (cf cours sur les modèles) Introduction : (sur les modèles) Un modèle idéologique : une construction théorique du meilleur des régimes économico-politiques qui s’offre à l’imitation. Ecart souvent considérable entre l’abstraction du modèle et la réalité concrète dudit régime. Revenir sur l’année 17, qui marque la naissance ou l’affirmation de ces modèles (intermède mondialiste des Etats-Unis ; révolution d’Octobre) Après 1945, une hétérogénéité du système planétaire due à la rivalité entre des idéologies étatiques viscéralement opposées,

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Terminale ScientifiqueHistoire,2ème partie : Les relations internationales de 1947 à nos jours

Chapitre 1La guerre froide 1947-1991

En donner d’abord une définition : une confrontation qui va se jouer sur tous les fronts, idéologique, géopolitique, économique, scientifique et culturel mais aussi sportif et spatial entre deux blocs réunis autour des deux Supergrands ou superspuissances, les Etats-Unis et l’URSS ? Cet affrontement fut indirect, donc « froid ». Quelques nuances cependant : le conflit ne fut pas froid partout (pas de tropisme européen), il fit des millions de morts en Asie. La guerre froide fut un phénomène mondial (une étape de la mondialisation). Noter que l’histoire de la guerre froide est-en train de s’écrire : des controverses sur son interprétation et sur sa périodisation.

Problématique Sur quelles visions du monde les deux Grands s’opposent-ils ? Pourquoi l’affrontement entre les Etats-Unis et l’URSS n’a-t-il pas dégénéré en une nouvelle guerre mondiale ?

I. Deux modèles concurrents (cf cours sur les modèles)

Introduction : (sur les modèles) Un modèle idéologique : une construction théorique du meilleur des

régimes économico-politiques qui s’offre à l’imitation. Ecart souvent considérable entre l’abstraction du modèle et la réalité concrète dudit régime.

Revenir sur l’année 17, qui marque la naissance ou l’affirmation de ces modèles (intermède mondialiste des Etats-Unis ; révolution d’Octobre)

Après 1945, une hétérogénéité du système planétaire due à la rivalité entre des idéologies étatiques viscéralement opposées, puisque le marxisme-léninisme suppose la destruction du capitalisme comme condition d’avènement du socialisme.

Les deux modèles se réclament de la démocratie, mais se disent démocratiques selon deux conceptions opposées, celle de l’Ouest implique la concurrence (pluralisme politique, concurrence économique), celle de l’Est (on parle de « démocratie populaire ») se Prévaut de l’égalité sociale (par l’abolition de la propriété et l’étatisation des moyens de production)

A. Le modèle américain

(a) un modèle politique : commentaire d’un organigramme Constitution de 1787. Vie politique US marquée par une incroyable faiblesse

de la participation aux élections, en dépit d’un très vivant patriotisme constitutionnel. Deuxième élément, le fédéralisme : 50 Etats fédérés souverains en ce qui concerne l’environnement, la politique scolaire, la législation pénale (38/50 Etats ont conservé la peine de mort). C’est l’Etat fédéral qui accorde des subventions : moyen de pression sur les Etats. Le pouvoir fédéral est concentré à Washington, bureau ovale de la Maison Blanche et salle du Congrès au Capitole. D’autres institutions : le FBI, la Fed, la Cour Suprême, le Pentagone

Périodiquement, la Constitution américaine est modifiée par des amendements : 27 (le 26e sous Nixon abaisse la majorité électorale, le XIIIe en 1865 abolit l’esclavage, évoquer le Bill of Rights de 1790-1791 qui rassemble les dix premiers amendements.

La vie politique est rythmée par le bipartisme : ce système est encouragé par le scrutin majoritaire. Autrefois implanté dans le Sud esclavagiste, aujourd’hui le Parti démocrate est soutenu par les minorités ethniques et tous les bénéficiaires du système de protection sociale (rappeler résultats des dernières élections présidentielles), tandis que le Parti républicain a ses bastions dans le Middle West et dans la bourgeoisie conservatrice du Nord-Est ; sa base, ce serait plutôt les clases moyennes « blanches ». Partis qui sont avant tout des machines électorales ; programmes le plus souvent peu marqués idéologiquement. Rôle des lobbies dans le financement des campagnes (spots télévisés etc.)

Régime présidentiel fondé sur une séparation stricte des pouvoirs. Président élu pour quatre ans, mandat renouvelable une fois, nomme les secrétaires (les ministres), les hauts fonctionnaires. N’est pas responsable devant le Congrès. Président est chef des armées et chef de la diplomatie. Des rapports avec le Congrès strictement réglementés, peut user d’un droit de veto suspensif (suspendu par un nouveau vote positif à la majorité des deux tiers). Congrès est formé de deux chambres, chambre des représentants (nombre d’élus proportionnel à la population d’un Etat), et le Sénat (deux élus par Etat). Le Congrès vote les lois et le budget. Peut mettre en place des commissions spécialisées sur certains sujets ou de diligenter des enquêtes. Des blocages fréquents quand la majorité du Congrès n’est pas favorable au président. Mais globalement la guerre froide a renforcé les prérogatives du président (National Security Council, la NASA)

Contestations de l’exécutif dans les années 1960/1970 : assassinat de Kennedy, scandales à répétition sous Kennedy, Johnson et Nixon, scandale du Watergate et procédure d’impeachment. Leurs successeurs considérés comme des personnalités faibles : Ford, Carter. Il revient à Reagan d’avoir restaurer l’autorité présidentielle.

(b) Un modèle économique et social   : chanson America de West Side Story (1957). Commentaire d’un document

* Une société basée sur le libéralisme, l’esprit d’initiative, de la libre-entreprise. Des lois antitrusts pour garantir la libre concurrence : Sherman Act, évoquer cas de Rockfeller, de Bell, de Microsoft* Emprise de l’Etat modeste : des prélèvements obligatoires relativement faibles, poids des financements publics surtout décisifs pour le complexe militaro-industriel. Globalement le privé l’emporte sur le public, exemple de l’éducation. Etat-providence voulu par Roosevelt dans le cadre du New Deal, devait être consolidé par Truman (Fair Deal) mais refus du Congrès de voter les crédits en 1946. C’est sous les présidences démocrates de Kennedy et de Johnson que se mettent en place les projets Medicare et Medicaid (1965, 1967). Etat-Providence démantelé sous la présidence Reagan (1981-1989). Près de 40 millions de personnes n’ont absolument aucune couverture sociale. le désengagement de l’Etat n’a rien de linéaire. S’est accéléré à partir de Reagan (« le gouvernement n’est pas la solution de nos problèmes, il est le problème », discours inaugural du 20 janvier 1981).* La séduction qu’a pu exercer le modèle américain est celui de l’American Way of Life dont a pu rêver l’ensemble des classes moyennes des pays industrialisés jusqu’à la mondialisation

Texte : 4 questions posées1. L’extrait de cette comédie musicale présente deux points de vue contradictoires sur le

modèle américain. A la version idéalisée des jeunes filles qui voient en l’Amérique une « terre promise » répond celle plus désenchantée des garçons. Dans le propos des jeunes portoricaines, on peut reconnaître deux traits essentiels du modèle, intimement liés l’un et l’autre.

D’une part, le modèle américain repose sur l’égalité des chances, c’est-à-dire sur le liberté d’initiative et la compétition entre les individus : « Tout est libre en Amérique », « Libre d’être ce que tu veux être ». Le modèle politique repose depuis 1787 sur la même Constitution complétée au fil de temps par 27 amendements qui concourent à assurer le respect des droits et des libertés individuelles dans cette démocratie libérale. Ensuite, le dynamisme économique américain est intimement lié au modèle du capitalisme libéral. La propriété privée est un droit sacré. La primauté de l’initiative individuelle, l’esprit de concurrence et la recherche du profit commandement le fonctionnement de la vie économique. Personne ne croit à la lutte des classes. Chaque Américain est en effet persuadé que s’il travaille d’arrache pied et si la chance lui sourit, il gagnera plus d’argent et deviendra, qui sait, un nouveau Rockfeller. L’idée liberté est donc intimement liée à celle de la réussite sociale, comme l’exprime la phrase : « Ici tu es libre et fier », sous-entendu : fier d’avoir réussi. Et dans la société américaine, les riches offrent le modèle de la réussite sociale : cette réussite est donc synonyme de prospérité matérielle. La foi dans les vertus du système est confortée par la puissance économique du pays qui entre dans la société d’abondance après la Seconde Guerre mondiale. La vigoureuse croissance de l’économie américaine trouve une répercussion dans les paroles de la chanson : « Partout des gratte-ciels en Amérique ! »  « Un boom des industries en Amérique ! ». Le baby boom de l’après guerre se prolonge ; l’urbanisation s’intensifie, les villes s’étalent : le dynamisme de la civilisation suburbaine symbolisent la domination des classes moyennes : « On construit de grands appartements ! » ou « J’aurai un appart’ avec terrasse ! ».  L’abondance, le confort marquent la vie quotidienne. La publicité stimule les achats à crédit, donc les affaires (« Acheter à crédit est si chouette »). Confiants dans l’avenir, les Américains, impatients de profiter des biens matériels, n’hésitent pas à s’endetter : « Des Cadillac pour tous en Amérique ! », « J’aurai ma machine à laver ! »

Au total, le modèle américain a de quoi séduire : « La vie est sympa en Amérique ! », elle est même « formidable » : l’hédonisme est aussi un trait distinctif de la société américaine après 1945.

2. Si ce rêve a de quoi séduire il comporte aussi une face cachée. Les garçons mettent l’accent sur la pauvreté : acheter mais « à condition de payer ». Plus qu’en Europe, où les Etats providence développent précocement une politique d’assistance maladie et chômage, la société américaine compte nombre de laissés pour compte. La société d’abondance ne concerne donc pas tous les Américains (« Que crois-tu avoir à laver ? »). L’urbanisation accélérée provoque aussi une grave crise urbaine : les classes moyennes se réfugiant dans les banlieues, havres de paix au terme de la journée de travail, les vieux centre-villes se dégradent et les familles pauvres, surreprésentées dans les minorités raciales, s’y entassent (« à douze dans une pièce en Amérique ! ») : c’est la « ghettoïsation » qui débouchera sur des affrontements violents dans nombre de grandes villes américaines dans les années 1960. Enfin, les garçons dénoncent le mythe du « Melting Pot » : les Etats-Unis ne sont décidément pas une Terre promise puisque la vie n’est « sympa » que « si tu es Blanc en Amérique » et l’égalité des chances dénoncée comme une illusion : il vaut mieux « perdre [son] accent » si l’on veut être sûr de trouver du travail.

3. Les critiques des garçons sont évidemment justifiées, à condition de préciser que malgré ses revers le modèle américain ne perd cependant pas sa puissance attractive. Cependant, en dépit de l’abondance, la pauvreté frappe de 30 à 40 millions d’Américains sur une population de 183 millions en 1960. La surreprésentation des pauvres dans les minorités raciales est indéniable. Dans le Sud des Etats-Unis, la ségrégation raciale exerce ses ravages à l’encontre de la minorité noire. Jusqu’au milieu des années 1960, elle y est légale et elle se maintiendra après, inégalement, dans les coutumes. Bien que l’esclavage eût été aboli en 1865, Noirs et Blanc vivent séparés, jamais égaux (doctrine déclaré légale par la Cour Suprême en 1896) ; dans les hôpitaux, les écoles, les bâtiments publics, les transports. Les mariages mixtes sont interdits dans la plupart des Etats du Sud. Et pourtant la Cour Suprême a déclaré anticonstitutionnel le principe « égal mais séparé » en 1954 : séparer les « races » à l’école, c’est instituer l’inégalité entre les enfants et donc empêcher l’égalité des chances. Dans les années 1950, le pasteur Martin Luther King avec des libéraux blancs, mène campagne pour que les Noirs soient des citoyens à part entière et appelle les Américains à la réconciliation (discours de Washington, août 1963, I have a dream). Touchés les premiers par la crise urbaine, les jeunes Noirs se satisfont de moins en moins de la stratégie de non violence de leurs aînés, surtout après l’assassinat de King en 1968. Les premières émeutes raciales éclatent en 1965 à Los Angeles et les années suivantes, la guérilla urbaine, prônée par les Black Panthers, s’étend à d’autres grandes villes.

4. Les années 1960 sont celles d’une prise de conscience de la pauvreté et de la discrimination. Le retour au pouvoir des démocrates dans les années 60 est marqué par la volonté de faire reculer les « nouvelles frontières » de la pauvreté et de la discrimination : sous les présidences J.F. Kennedy et L.B. Johnson, des systèmes de soins et de protection sociales (Medicare et Medicaid) sont créés. Le combat des noirs pour la conquête de leurs droits civiques débouche sur l’instauration de la discrimination positive (Affirmative Action), le vote du Civil Rights Act (1964) et du Voting Act (1965).

C Des évolutions dans la structure et la capacité de séduction de ce modèle   : l’exemple de Kennedy et de la New Frontier

Discours de J.F.Kennedy, « La Nouvelle Frontière », 15 juillet 1960 (commentaire d’un document d’Histoire)

1. John Fitzgerald Kennedy, issue d’une famille catholique irlandaise très aisée, est député démocrate puis sénateur du Massachusetts. Aux élections présidentielles de 1960, il l’emporte de justesse sur son adversaire, le républicain Nixon. Premier président catholique des Etats-Unis, il est à 43 ans le symbole de l’Amérique démocrate. Il est assassiné à Dallas le 22 novembre 1963 dans des circonstances toujours mal élucidées.

Ce texte est un extrait du discours que prononça Kennedy devant la Convention du parti démocrate au moment où il reçut l’investiture pour les élections présidentielles de novembre 1960. Le système politique américain repose sur le bipartisme : deux partis, démocrate et républicain, dominent presque sans partage la vie politique. Les militants des deux grands partis, avant la campagne présidentielle, désignent dans chaque Etat leurs délégués à la convention nationale. Lors de la convention, une plate-forme électorale est adoptée. Les délégués élisent le candidat à la présidence et le candidat à la vice-présidence qui forment le « ticket » (ici, Kennedy-Johnson). Ce texte s’adresse donc aux militants du parti démocrate : comme tout discours de campagne, Kennedy dresse dans un premier temps un bilan très critique de la présidence républicaine d’Eisenhower pour proposer dans une deuxième temps, sa vision personnelle, « la nouvelle frontière », afin de reformer après une campagne interne acharnée l’unité de son camp autour de sa candidature.

2. « La frontière joue un rôle considérable dans l’imaginaire collectif américain. L’idéal du pionnier s’avançant toujours plus loin vers l’Ouest souligne l’élan et l’optimisme américain. Face à un milieu difficile, hostile, les plus aptes à réussir sont ceux qui sont les plus travailleurs et qui savent prendre des risques. L’achèvement de la transformation de tout le territoire en Etats (Arizona en 1912) marque la fin de la frontière » (dir. J.M. Lambin, Hachette, 2004, p.81). Kennedy, dans ce discours, réactualise un mythe toujours vivant pour les électeurs américains.

3. D’emblée Kennedy se situe dans la lignée de ses deux grands prédécesseurs démocrates, Roosevelt (président de 1933 à 1945) et Truman (président de 1945 à 1953). Il critique implicitement l’absence d’audace de la présidence d’Eisenhower, dont son concurrent direct, Richard Nixon (futur président de 1969 à 1974), fut le vice-président. Selon Kennedy, le pouvoir fédéral a manqué de réactivité et de réponse face à des problèmes aussi différents que le chômage agricole et ouvrier face à la hausse de la productivité, la crise urbaine et la ghettoïsation des espaces centraux dans les grandes villes, le problème de la ségrégation dans les Etats du Sud (malgré l’arrêt de la Cour Suprême de 1954 condamnant le principe « égal mais séparé », décision courageuse qui n’a pas été relayée par le pouvoir exécutif jugé « timoré »), ou encore le problème des retraites et de l’assurance maladie en un temps où l’amélioration de la vie quotidienne prolonge l’espérance de vie.

Dans son discours de campagne, Kennedy dénonce les dysfonctionnements d’une société en pleine transformation qui a perdu ses repères et est en passe d’oublier ses valeurs. Kennedy constate que le modèle américain, pourtant engagé dans une rude concurrence face à l’Union Soviétique, est en voie d’essoufflement et a perdu de son dynamisme originel qui lui a chaque fois permis de surmonter les crises qu’il a traversées.

4. La « nouvelle frontière » doit se comprendre comme une tentative de relance du rêve américain, comme une volonté d’ajournement du modèle afin de renouveler sa capacité à séduire. Il ne s’agit pas pour autant de rompre avec le passé, bien au contraire, mais d’adapter l’esprit pionnier à la résolution de problèmes politiques et sociaux internes. Si Kennedy prône la rupture avec la présidence républicaine, c’est pour renouer avec le destin manifeste des Etats-Unis et avec les valeurs historiques, comme en témoignent les allusions au passé lointain ou proche (New Deal, Fair Deal), qui constituent le socle de la démocratie américaine. Ce programme avait donc tout pour convaincre un électorat, séduit par le dynamisme de ce jeune candidat, capable de réveiller un imaginaire collectif et de proposer de nouveaux défis à l’ensemble de la société.

Parmi les propositions du candidat, on notera que Kennedy entend mettre en œuvre la détente avec l’URSS ; pour autant la compétition n’est pas terminée : les Soviétiques qui ont pris de l’avance dans la conquête spatiale doivent être rattrapés. D’autre part, les allusions au New Deal et au Fair Deal sont assez explicites, il s’agit de relancer l’Etat providence aux Etats-Unis afin de permettre un meilleur partage des fruits de la croissance. Enfin, l’Etat fédéral se doit d’assurer l’égalité des chances, à la base du modèle américain, et mener une politique volontariste pour réduire « les poches d’ignorance et de préjugés » : le candidat s’engage ici contre la politique de ségrégation menée par les Etats du Sud et à réduire les fractures socio-spatiales de la société américaine (remarquons la prudence dans le vocabulaire, nombre de démocrates, comme Johnson, étaient issus des Etats du Sud…). [Ici, un développement sur la ségrégation est souhaitable].La mort prématurée de Kennedy l’a empêché de réaliser tout son programme ; mais il serait absurde de ne pas prendre en compte dans le bilan de son action la présidence Johnson (1963-1968), lequel s’est largement inscrit, dans le climat d’unanimité qui a suivi les événements de Dallas, dans la continuité de son prédécesseur. En politique étrangère, même s’il a fallu surmonter la très grave crise des fusées en 1962, c’est Kennedy, fort de l’ascendant qu’il a acquis, qui instaure la Détente avec les Soviétiques. Lors d’un célèbre discours à Berlin-Ouest en 1963, il marque des points dans la compétition idéologique qui oppose Etats-Unis et Union Soviétique. Le programme Apollo permettra enfin à un Américain en 1969 de fouler le premier le sol de la lune. Si le bilan en politique étrangère est avantageux, en revanche, les résultats doivent être nuancés sur le plan interne. La ségrégation légale est abolie sous Johnson (Civil Rights Act et Voting Act en 64 et 65) mais les quartiers noirs s’enflamment entre 1965 et la fin des années 1960, et la ségrégation persistera longtemps encore dans les mœurs ; surtout, la fracture sociale entre Noirs et Blancs ne sera pas réduite. Les programmes Medicare et Medicaid ont certes relancé l’Etat providence mais celui-ci demeure en retrait face au modèle européen ; de fortes inégalités sociales ont persisté.

Le moment Kennedy n’en a pas moins constitué la tentative la plus aboutie et la plus intéressante pour relancer un modèle en passe de s’essouffler. Cependant, la guerre du Vietnam sera l’occasion d’une contestation multiforme (minorités raciales, femmes, étudiants et même homosexuels, donnant naissance à une contre-culture originale et féconde par ailleurs) de la société capitaliste au tournant des années 1960 et 1970. Et il convient de rappeler que le début de l’engagement des Etats-Unis au Vietnam date précisément de la période Kennedy. Il faudra attendre les années Reagan pour relancer à nouveau le rêve américain.

B. Le modèle soviétique

A. Un système politique rigide (voir un organigramme) Officiellement, l’URSS est un pays fédéral (créé en 1922), un Etat

multinational –inscrit dans les Constitutions successives de 1924, de 1936…) composée progressivement de quinze républiques fédérées (comme la Russie). En réalité, les pouvoirs de décision appartiennent toujours à la Russie, qui se trouve à la tête d’un « empire ». Premier paradoxe, donc : une puissance anti-colonialiste et cependant… impérialiste !

Deuxième originalité, le monopole du PCUS (éviter de parler d’Etat-Parti). Car le rôle du Parti a évolué tout au long de la période. Au sommet de l’appareil de l’Etat, on trouve le Soviet suprême, assemblée de 1500 délégués, convoqués qqs jours par an ; ce Soviet désigne un Praesidium de 37 membres ; le président de Praesidium fait office de chef de l’Etat mais a peu de pouvoirs. En fait, toutes les structures de l’Etats sont doublées par celles du Parti. Ce sont les organes supérieurs du Parti, le Comité central et le Politburo qui déterminant la politique soviétique. A la tête du PCUS, le secrétaire général, un seul homme, qui détient la réalité pour ne pas dire la totalité des pouvoirs. Suffrage universel biaisé : candidat unique coopté par le Parti ! Et les règles de fonctionnement du Parti obéissent à la règle du centralisme démocratique : la ligne générale définie au sommet de la pyramide se transmet par capillarité à tous les échelons du Parti. Du sommet on désigne les candidats du Parti à tous les échelons ; par conséquent, le PCUS représente la seule voie d’ascension sociale, le secrétaire général entretient un réseau de clients, de fidélités, les apparatchiks.

B. Les pesanteurs économiques et sociales du «   modèle   » soviétique (commentaire d’un document d’Histoire)

Un article du journal Le Monde (1981) : « Monsieur Brejnev se préoccupe des difficultés dans le secteur de l’alimentation »

1. Ce document est un article du quotidien français de référence, Le Monde. Prudemment, le journal rend compte des discussions publiques du PCUS, réuni en plénum, sous la férule de Leonid Brejnev, son secrétaire général depuis 1964 et chef de l’Etat (Président du Praesidium du Soviet Suprême d’URSS) de 1977 à sa mort en 1982 : en 1981, les dirigeants soviétiques, sans remettre en cause le modèle économique soviétique, admettent leurs difficultés à administrer une économie complexe où l’agriculture connaît une situation de plus en plus délicate. En réalité, derrière l’immobilisme du brejnévisme finissant, l’URSS traverse une crise profonde où la sclérose du système politique se conjugue à l’impossible réforme de l’économie.

2. La planification soviétique consiste à assigner des objectifs de production impératifs pour chaque secteur et chaque unité de production (entreprise,

usine, kolkhoze etc.). Un organisme d’Etat, le Gosplan, fixe les objectifs à atteindre et surveille l’application du plan. En conformité avec l’idéologie marxiste-léniniste, la direction du PCUS a entrepris dès 1917 la collectivisation des biens et des moyens de production. L’inefficacité du système et l’état dramatique du pays après successivement la Première Guerre mondiale, les révolutions de 17 et la guerre civile entre Blancs et Rouges de 1917 à 1921, avaient conduit Lénine à accepter une libéralisation partielle mais non négligeable de l’économie ; c’est le temps de la NEP (Nouvelle Politique Economique). Avec Staline, un grand tournant est pris à partir des années 27-28 afin d’accélérer la construction du « socialisme dans un seul pays » : une économie planifiée très centralisée succède donc à une économie de marché (1er plan quinquennal, 1928-1932). Le secteur privé est pratiquement inexistant à partir des années 1930 : la principale victime de l’étatisation des moyens de production demeure la société rurale, confrontée à la collectivisation forcée des terres à partir de 1929 qui a désorganisé durablement l’agriculture soviétique.

3. L’organisation des campagnes soviétiques repose sur les kolkhozes et les sovkhozes. Les kolkhozes sont des coopératives de production. Les revenus des paysans dépendent des ventes à l’Etat de leur production. Depuis 1935, le kolkhozien dispose d’un lopin de terre individuel d’un demi hectare. Les sovkhozes sont des entreprises d’Etat prioritaires pour l’allocation de crédits et de matériels. Les paysans sont des employés salariés.

La collectivisation brutale des années 1930 a fait disparaître tout esprit d’initiative dans les campagnes, acculant ce secteur à la stagnation. L’agriculture soviétique à la mort de Staline peine à retrouver ses niveaux de production de 1913. Certes, du point de vue du pouvoir, l’objectif principal est atteint ; dans le cadre du kolkhoze, les paysans sont contraints de livrer leur récolte à des prix très bas, fixés par l’Etat qui peut ainsi approvisionner la main-d’œuvre industrielle et citadine. Mais cette ponction compromet tout progrès : le lien entre le paysan et sa terre a été rompu, le kolkhozien travaille avec négligence dans les champs collectifs et consacre son énergie au petit lopin individuel où la productivité est nettement plus élevée.Pour des raisons idéologiques, la priorité du régime est allée à l’industrie lourde : son développement est considérée comme vitale pour l’indépendance économique et la puissance militaire du pays. D’autre part, la classe ouvrière doit constituer le fer de lance de la construction du socialisme. Les trois premiers plans d’avant guerre confirment cette orientation. Le IVe Plan (1946-1950), après la Seconde Guerre mondiale, verra l’industrie lourde accaparer près de 9/10e des investissements ! Il faut attendre un nouveau Plan, celui de 1959, pour voir l’accent mis sur le développement des industries de consommation, du logement et de l’agriculture, secteurs jusque là négligés. Grâce à Khrouchtchev dont le souci est d’améliorer le quotidien des Soviétiques, le kolkhozien verra son sort s’améliorer graduellement : il peut jouir de la sécurité sociale et des retraites et à partir de 1969, il recevra même un salaire mensuel. Pour accroître la production agricole, Khrouchtchev lance des grands projets, tels que la mise en valeur des terres vierges du Kazakhstan et le développement systématique de la culture du maïs. Mais ces initiatives

échouent, à cause des pesanteurs bureaucratiques, de la terrible sécheresse de 1963 (les meilleures terres d’URSS, en Ukraine ou au Kazakhstan connaissent régulièrement des périodes de sécheresse) et des bases techniques très fragiles de ces opérations. Néanmoins sous Brejnev, la production de céréales augmentera sensiblement, malgré les irrégularités dues aux rigueurs climatiques, grâce au regroupement des kolkhozes et à l’ « industrialisation des campagnes » auquel le texte fait allusion (la réforme semble donne des résultats partiels dans certaines régions). Mais, malgré ces tentatives, l’URSS ne parvient toujours pas à l’autosuffisance et reste tributaire des importations et notamment des importations américaines ; or, depuis l’invasion de l’Afghanistan en décembre 1979 par l’Armée rouge, les Etats-Unis ont décidé un embargo.

4. Depuis le choc pétrolier, les plans quinquennaux donnent la priorité à l’exploitation extensive (= gaspillage et dégradation de l’environnement) des immenses richesses de Sibérie : hydrocarbures, métaux précieux. L’URSS est obligé d’exporter des matières premières pour maintenir le niveau de vie des Soviétiques : le produit des exportations permet d’importer des céréales ou des produits alimentaires de première nécessité. Le vieillissement de l’appareil productif, la démotivation de plus en plus grande des travailleurs, l’accroissement des dépenses militaires qui grève les finances soviétiques, autant de facteurs qui entraînent un essoufflement de la productivité dès les années 1960 : l’URSS rate sa 3e révolution industrielle et la société soviétique marquée par la surveillance policière et la pénurie ne sera jamais une société de l’information et de l’abondance. Au sujet de la démotivation, en 1965 est adoptée une réforme des entreprises : il s’agissait d’introduire dans leur système de gestion des critères de profit et d’intéressement des travailleurs. Mais cette tentative s’enlise en raison de la passivité des travailleurs, peu intéressés par des primes médiocres alors que les magasins sont vides. En 1979 est instauré un système de primes (pouvant aller jusqu’à 50% du salaire !) récompensant le sens de l’initiative. Mais cette réforme arrive un peu tard…Si le système politique est caractérisée par l’immobilisme, comme en témoigne l’âge des dirigeants (gérontocratie au sein de l’appareil du PCUS, plus de 70 ans de moyenne d’âge au Politburo au début des années 1980), les années Brejnev sont marquées par de profondes mutations sociales qui préparent les bouleversements politiques des années 1980. La société est en effet de plus en plus urbaine et éduquée (traduction : diminution du taux de natalité et achèvement de le transition démographique) : une société civile se développe dans les années 1970, avec sa culture parallèle, bien différente de l’idéologie officielle. Cette société civile oscille entre la résignation et la dissension. L’immense majorité des soviétiques adhèrent en façade à un régime qui assure la sécurité de l’emploi et un confort minimal. Dans la réalité, la montée de l’alcoolisme, la hausse du taux de mortalité (!!!), les files d’attente devant les magasins vides, l’exaspération devant les privilèges de la Nomenklatura, le réveil du sentiment religieux et des nationalités (fondamental, car il prépare l’éclatement de l’Empire en 1990-1991) témoignent bien de la distance prise par l’opinion publique vis-à-vis d’un régime moribond. Une infime minorité

entre en dissidence, à partir des années 1960 : elle réclame le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales que garantissent la Constitution soviétique ou les accords d’Helsinki que l’URSS a signés en 1975. Il s’agit d’intellectuels, de prêtres orthodoxes, de Juifs souhaitant émigrer en Israël Les dissidents agissent dans la transparence en invoquant la légalité : grâce à des personnalités comme Alexandre Soljenitsyne, Prix Nobel de Littérature en 1970, ou Andreï Sakharov, Prix Nobel de la Paix en 1975, les dissidents deviennent célèbres dans le monde entier. La répression s’abat sur eux, impitoyablement : leur célébrité seule leur épargne la mort. Les dissidents connaîtront l’enfermement dans les hôpitaux psychiatriques, l’assignation à résidence, au mieux l’exil (comme Soljenitsyne, déchu de sa citoyenneté en 1974 et exilé aux Etats-Unis).

Conclusion : en URSS, depuis la révolution d’Octobre 1917, l’Etat encadre étroitement toute la société. La surveillance ne se relâche pas sous Brejnev ; néanmoins, les évolutions sociales et les échecs répétés du modèle soviétique, notamment sur le plan économique, ont entraîné une désaffection de l’opinion publique vis-à-vis du régime. Les années Brejnev préparent l’éclatante revanche de la société sur l’Etat et le rejet du modèle par les soviétiques dans les années 1980.

C. Des évolutions limitées (= un modèle incapable de rebondir) (a)Le renforcement de la dictature stalinienne (1945/1953)

Immense prestige de Staline lui permet au lendemain de la guerre de renforcer l’emprise de la dictature. Terreur intensive : libéralisation relative du temps de guerre abandonnée, clergé réduit au silence, paysans astreints à la collectivisation, intellectuels assignés à suivre la ligne définie par Jdanov (condamnation du « formalisme » de Chostakovitch et de Prokofiev, théorie de Lyssenko, officielles jusqu’en 1965, qui impose une génétique officielle : rejet des travaux de Mendel, selon Lyssenko, les caractères acquis peuvent se transmettre, par une éducation « socialiste » il est possible de génération en génération de créer cet homme nouveau que le régime réclame.Une forme de racisme s’exerce à l’encontre de peuples non russes, accusés de collaboration avec l’ennemi allemand : les Allemands de la Volga, les Tatars du Crimée, les Tchétchènes (environ 400 000 déportés), les Baltes… Des déportations en masse vers les camps de Sibérie.Des complots imaginaires, fruits de la paranoïa de Staline, sont dénoncés : complot des blouses blanches en 53, neuf médecins juifs suspectés d’avoir assassiné Jdanov et de vouloir tuer Staline. La presse officielle de déchaîne (antisémitisme). L’entourage est étroitement surveillé : Joukov exilé, Molotov disgracié (raconter anecdote au sujet de la mort de Staline). Pour les opposants ou supposés tels, le Goulag, entre 5 à 12 millions de personnes au moment de l’apogée du système concentrationnaire.

(b)Le réformisme de Khrouchtchev (1953-6/1964)

Il faudra attendre 1956 et le XXe congrès de février pour qu’une véritable rupture s’opère. Rapport K. lu à huis clos mais qui filtre en raison d’une indiscrétion d’un communiste polonais. Dénonciation des crimes et du culte de la personnalité (en donner des exemples).Ambiguïté de K. : communiste devenu antistalinien, il ne rejette pas en bloc le stalinisme. Une brèche est cependant ouverte : sur la plan culturel, publication de Soljénitsyne en 1962, cinéma soviétique, une critique culturelle permise, même si Pasternak essuie les foudres du Politburo (Prix Nobel de littérature en 1958). Quelques ouvertures sur la plan social et économique mais elles se font toutes dans le cadre du PCUS : ni la planification centralisée, ni la collectivisation forcée, encore moins le monopartisme ne sont remis en cause. Et si K. récuse le culte de la personnalité, il a fait assassiner Beria en 1953 et a écarté sans ménagement ses principaux rivaux ; de plus, soigne sa côte de popularité, en dépit de la dénonciation du culte de la personnalité de Staline. Dans les démocraties populaires, la répression s’abat à Berlin-Est en 1953 (puis Mur de Berlin en 1961), en Hongrie en 1956 ; la Pologne est étroitement surveillée.En URSS, ce réformisme déplaît aux apparatchiks, à la nomenklatura : elle démet K. en 1964. Tous les secteurs de la population en veulent à K. : a fait naître l’espoir et n’est pas allé au bout des réformes…Au final, déstalinisation surtout symbolique (en donner des exemples)

(c) L’immobilisme du système sous Brejnev (1964/1982)Brejnev se met sans états d’âme au service de la nomenklatura. Accapare tous les pouvoirs. Cumule les fonctions de chef de l’Etat et de secrétaire général du PCUS. Immobilisme du système : contestation des dissidents, qui remet en cause la bureaucratie sinon l’idéologie communiste elle-même. Physicien Sakharov et écrivain Soljénitsyne. Contestation des dissidents relayée à l’extérieur notamment en France : URSS embarrassée à cause des accords d’Helsinki en 1975. Le modèle soviétique a perdu largement de son attractivité depuis le Printemps de Prague (n’est pas une référence pour la jeunesse révoltée de mai 1968).Sclérose du système se vérifie à la mort de Brejnev : gérontocratie, Andropov meurt en 84, Tchernenko en 1985. Quand Gorbatchev prend la tête du pays, une économie grevée par les dépenses militaires, les structures archaïques, diminution de l’espérance de vie, augmentation de la mortalité infantile, alcoolisme, démotivation complète, révolte couverte des nationalités opprimées etc. (Voir livre d’Emmanuel Todd, La Chute finale, 1976)

Bien rappeler aux élèves la fascination exercée par le modèle communiste, au moins jusqu’aux années 1960. Pas de jugement rétrospectif : rappeler le culte de Staline par les communistes français. Montrer aussi que le modèle soviétique est concurrencé par le modèle chinois et par les dissidences du marxisme dans la jeunesse occidentale des années 1960.

II. Emergence et constitution d’un système de guerre froide

A. La rupture de la grande alliance et les premières crises La dégradation des relations entre les États-Unis et l'URSS, entamée en 1945, s'accélère rapidement. Les ennemis vaincus, les oppositions idéologiques s'affirment de nouveau et des conflits d'intérêts surgissent. Le maintien de l'Armée rouge dans les territoires d'Europe de l'Est qu'elle a libérés et la puissance des partis communistes dans cette région inquiètent les Anglo-Saxons (non respect de la « Déclaration sur l’Europe libérée » signée à Yalta par les Soviétiques) : dans un discours prononcé à Fulton en mars 1946, Churchill dénonce le «rideau de fer» qui se serait abattu entre l'Ouest et l'Est de l'Europe. Etude du discours de Churchill, page 37 (répondre aux questions). De leur côté, les Soviétiques réclament l'interdiction de la bombe atomique qui confère aux États-Unis une puissance nouvelle : campagne pacifique orchestrée par les partis communistes ; mentalité « obsidionale » de l’URSS (obsidional : du latin oppidum : qui se sent assiégé). Les tentatives de l'URSS pour imposer à la Turquie son contrôle sur les Détroits en 1946 et le développement de la guérilla communiste en Grèce en 1947 décident les Américains à accorder leur soutien à ces deux pays. Dynamisme du communisme dans le monde : Chine, guerre d’Indochine, Europe centrale et orientale, PC puissants en France et en Italie.

(1)La contre-offensive américaine : la doctrine de l’endiguement.Pas de fatalisme ! Rappeler que l’administration Truman est divisée : Byrnes, le secrétaire d’Etat, prêche la vigilance tandis qu’Henry Wallace, secrétaire au Commerce, est partisan d’une entente avec l’URSS ; ce dernier démissionne en 1946. Le 12 mars 1947, le président Harry Truman énonce la doctrine du « containment » : lire le texte page 100. Les États-Unis sont décidés à prendre la tête du « monde libre » pour endiguer l'avancée communiste. Dans ce but, le 5 juin, le secrétaire d'État George Marshall propose aux Européens un plan d'aide économique (voir p. 99). Rappelez que l’été 1945 (en août), le prêt-bail a cessé brutalement sur décision du président Truman. L'offre est acceptée par les pays d'Europe occidentale mais refusée par les pays d'Europe de l'Est sous la pression des communistes (exemple de la Tchécoslovaquie, qui dans un premier temps accepte, puis refuse sous la pression de Moscou). Douze milliards de dollars de prêts et de dons vont ainsi être répartis entre les nations bénéficiaires par un organisme créé en 1948, véritable embryon de la construction européenne occidentale : l'Organisation européenne de coopération économique (OECE).

(2) La riposte soviétiqueL'URSS appelle à mobiliser les forces communistes contre ce qu'elle qualifie de

« manœuvre impérialiste »: en septembre 1947, lors de la réunion en Pologne des dirigeants des partis ,communistes européens, Andreï Jdanov, secrétaire du PCUS, annonce que l'URSS prend la tête des «forces anti-impérialistes ». Un mois plus tard, le Kominform est fondé pour coordonner cette lutte. L'Europe est désormais scindée en deux camps, l'un socialiste, l'autre capitaliste. Exclusion des ministres communistes du gouvernement en France en 1947

Au cours de l’année 1947, l’expression « guerre froide » se popularise ; en donner une définition

(3)La première crise de Berlin (1948-1949)Donner un fond de carte aux élèves. Montrer carte page 102.Les modalités d'occupation et d'administration de l'Allemagne par les quatre vain-queurs sont l'occasion du premier affrontement entre les deux camps. En juin 1948, à la conférence de Londres, Américains, Britanniques et Français fusionnent leurs zones appelées à bénéficier de l'aide Marshall (la Trizone). Dénonçant une violation des accords de Potsdam, l'URSS décide de bloquer l'accès ferroviaire et terrestre à Berlin-Ouest avec l'espoir de faire tomber l'ensemble de l'ancienne capitale dans la zone soviétique. Mais, mis en échec par un pont aérien, Staline lève le blocus onze mois plus tard. La crise débouche sur la division de l'Allemagne en deux États: la République fédérale d'Allemagne puis la République démocratique allemande.

(4) La guerre de Corée (1950-1953) Au même moment, le communisme progresse en Asie : le ler octobre 1949, Mao

Zedong proclame la République populaire de Chine ; en juin 1950, les troupes de la Corée du Nord, où les Soviétiques ont favorisé la mise en place d'un régime communiste, envahissent la Corée du Sud pro-occidentale. Les États-Unis obtiennent l'envoi, sous la bannière de l'ONU, de troupes commandées par le général MacArthur. Après une guerre de mouvement (1950-1951), les deux parties se neutralisent : une guerre de position (1951-1953) qui renvoie les deux parties au point initial. La guerre fait 595000 victimes (dont 50000 Américains). En juillet 1953, l'armistice de Panmunjom stabilise le front sur le 38e parallèle. Montrer la carte page 79. Un conflit qui se termine par un statu quo ante.

Conclusion : la course aux armements et la bipolarisationLes États-Unis et l'URSS, dotée de la bombe A en 1949, développent leurs arsenaux atomiques (voir p. 90). Simultanément, des dispositifs d'alliances militaires s'organisent. Le Pacte Atlantique, signé le 4 avril 1949, place le Canada et 10 États européens sous le parapluie nucléaire américain et donne naissance à l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN). À l'est, l'URSS signe des accords militaires avec chaque démocratie populaire avant de les rassembler en 1955 dans le pacte de Varsovie.

B. Les illusions de la coexistence pacifique

La mort de Staline, le 5 mars 1953, semble ouvrir une ère nouvelle. La même année, l'armistice de Panmunjom met fin à la guerre en Corée. En juillet 1954, les accords de Genève, qui marquent le retrait de la France d'Indochine, reconnaissent le gouvernement communiste d'Hô Chi Minh au nord du 17" parallèle (cf. cours sur la décolonisation). En Europe, l'URSS accepte le traité de paix avec l'Autriche en 1955. Khrouchtchev adopte en effet une attitude plus conciliante avec l'Occident; en 1956, il affirme vouloir appliquer «1a politique léniniste de coexistence pacifique des différents États ». Rappeler que Staline avait envisagé ce tournant, donc mort de Staline n’explique pas tout.

Cependant, en dépit de l’ouverture qu’affiche Khrouchtchev, deux des crises les plus importantes de la guerre froide eut lieu au temps où il exerçait un leadership incontesté en URSS. Il est vrai qu’après les fortes tensions des années précédentes, les années 1953-1958 furent considérées comme une première détente. Désormais la densité des rencontres et des échanges serait le baromètre des relations Est-Ouest, scrutées en termes mécaniques (tension-détente) ou thermodynamqiues (refroidissement-réchauffement) ; enfin, les représentants des grandes puissances se reparlent directement (voyage de Khrouchtchev aux Etats-Unis en 1959). Toutefois le dialogue était et resterait biaisé : chaque camp savait qu’à terme ses objectifs étaient incompatibles avec ceux de l’adversaire, puisqu’il s’agissait de la disparition du régime politique de l’autre. La plupart des crises furent provoquées par de mauvaises perceptions réciproques, malgré tous les efforts entrepris de renseignement et d’analyse. Enfin, les deux Supergrands ne doivent pas paraître faibles envers leurs alliés. Renforcement des blocs de part et d’autre : la RFA entre dans l’OTAN en 54, de l’autre côté création du pacte de Varsovie en 1955. Premières secousses reprennent dès 1958 au sujet de la question allemande, toujours irrésolue.

Exemple de la seconde crise de BerlinÀ partir de novembre 1958, la tension en Europe est ravivée : Khrouchtchev

exige que Berlin-Ouest soit rattachée à la RDA ou, à défaut, qu'elle devienne une ville libre et neutre, ce qui impliquerait que les Alliés renoncent à leur droit d'occupation. K. propose un règlement de la question allemande sur le même modèle que celle de l’Autriche. Les États-Unis résistent. Dans la nuit du 12 au 13 août 1961, le gouvernement de la RDA décide la construction d'un mur qui rend impossible la libre circulation entre les deux Allemagne. L'hémorragie de réfugiés de l'Est cherchant à l'Ouest une vie meilleure cesse. Le « mur de la honte » matérialise la coupure de l'Europe en deux. Donner à lire à la maison le texte de Kennedy.

Exemple de la crise des fusées de Cuba (à développer avec les documents de la page 92-93)

La crise qui éclate à Cuba met le monde au bord du conflit nucléaire. L'arrivée au pouvoir de Fidel Castro en 1959 menace les intérêts américains dans l'île. À la réforme agraire et à la nationalisation des raffineries de pétrole décidées par Castro répondent des mesures de rétorsion commerciale et le soutien des États-Unis aux exilés anti-castristes qui tentent de reprendre le pouvoir (débarquement

de la baie des Cochons en avril 1961). Castro se rapproche de l'URSS, qui décide d'installer sur l'île des rampes de lancement de missiles. La découverte de ces installations déclenche en octobre 1962 la crise la plus grave de la guerre froide. Le président Kennedy exige le démantèlement du dispositif et donne l'ordre à la marine américaine d'intercepter tout navire transportant des armes. Finalement, l'URSS cède, mais elle obtient le démantèlement des fusées américaines en Turquie et l'assurance que les États-Unis n'interviendront pas à Cuba.

III. L’évolution du système de guerre froide et sa disparition

A. L’évolution de la température de la guerre froide   : milieu des années 1950 au milieu des années 1970, de la «   Coexistence pacifique   » à la Détente.

Le volontarisme de Khrouchtchev et de Kennedy personnalisa l’affrontement. Les crises des années 1958-1962 (Mur de Berlin) et Cuba avaient montré la nécessité de l’apprentissage des règles de la bipolarité et de la gestion des crises, afin d’éviter de se retrouver au bord du gouffre nucléaire

(a) Une cogestion du monde de plus en plus contestée* Un pacte tacite permet à chacun des deux Grands de faire régner

l'ordre dans son camp. En 1956, quand les Soviétiques écrasent l'insurrection hongroise, les Américains n'interviennent pas. Idem en 1961 lors de la construction du mur de Berlin Les protestations du Tiers-Monde naissant contre la bipolarité du monde n'entament en rien cette situation.

* Les deux Grands s’entendent aussi pour affirmer leur suprématie sur les vieilles puissances, comme va le montrer la crise de Suez de 1956. Le 26 octobre 1956, la France et le Royaume-Uni déclenchent, avec l'aide d'Israël, une opération militaire pour s'opposer à la nationalisation de la Compagnie du canal de Suez décidée par le nouveau dirigeant égyptien, Nasser. Le 5 novembre, le gouvernement soviétique se dit « résolu à recourir à l'emploi de la force pour écraser les belligérants ». Cet ultimatum est d’autant pris au sérieux que la France n’a pas la Bombe à l’époque (d’ailleurs, la crise de Suez pousse la France à l’acquérir, ce sera chose faite sous De Gaulle en 1960). Les États-Unis, qui ne veulent pas couvrir une opération de reconquête coloniale, font pression sur leurs alliés et jouent la livre sterling à la baisse. Les troupes doivent se retirer, remplacées par les premiers Casques bleus. La crise de Suez achève de ruiner l'influence des Européens au Moyen-Orient au profit des États-Unis et de l'URSS.* La crise de Cuba a provoqué une prise de conscience des dangers que fait courir à la planète la course aux armements. Paradoxalement, elle relance la Détente, la plus longue de la période (1962-1979). Dès 1963, une liaison directe, le « téléphone rouge », est installée entre la Maison-Blanche et le Kremlin. D’autre part, multiplication des rencontres au sommet entre les deux Supergrands, avec au cœur des discussions directes, l’arms control (la maîtrise des armements) après la crise de Cuba… Le développement des échanges commerciaux entre l'Est et l’Ouest est spectaculaire. L'URSS a besoin des céréales américaines et des technologies occidentales. Les États-Unis, concurrencés par la CEE et le Japon, y trouvent un nouveau marché. Exemple spectaculaire de l’ouverture de la RPC à partir de 1978.* En fait, les grandes puissances promouvaient le statu quo. La détente permettait en effet aux deux Grands d’essayer de reprendre la main dans un monde où ils étaient de plus en plus contestés, à la fois dans le tiers-monde, dans leur camp, dans leurs propres sociétés- dans le tiers-monde ; cf. cours sur la décolonisation. A la conférence de Bandung

en 1955 suit le mouvement des non-alignés créés en 1961 à la conférence de Belgrade : l’arrogance des deux Grands y est dénoncé de plus en plus la critique se focalisera sur le néo-colonialisme américain. D’autant que le Tiers-Monde devient le champ privilégié de l’affrontement Est-Ouest (ailleurs, le jeu n’est pas ouvert, exemple de l’Europe où la situation est bloquée ; en revanche, dans le Tiers-Monde, les lignes peuvent encore bouger puisque de nouveaux Etats naissent de la décolonisation). Donner l’exemple de la guerre qui oppose le Nord-Vietnam communiste, soutenu par l'URSS, au Sud-Vietnam, appuyé par les Etats-Unis car c’est le plus meurtrier des conflits du Tiers-Monde. Les soldats américains, engagés à partir de 1965, s'enlisent dans une «sale guerre» malgré les bombardements importants et le recours massif aux armes chimiques. La désapprobation d'une partie de l'opinion américaine et internationale amène le président Nixon à entamer des négociations à partir de 1968. Les accords de Paris de janvier 1973 signent le retrait américain; mais la guerre se poursuit, aboutissant en 1975 au triomphe des communistes dans toute la péninsule indochinoise. De plus, ne pas oublier que les Etats-Unis soutiennent les pires dictatures en Amérique du Sud pour faire rempart au communisme (exemple du Chili où la CIA permet à Pinochet de prendre le pouvoir en 73). - dans leur propre camp : Chine conteste ouvertement le modèle soviétique après la déstalinisation ; chinois refusent de s’associer à la politique de désarmement et critiquent ouvertement l’URSS. De graves tensions frontalières eurent même lieu entre les deux pays en 1969. Modèle chinois séduit davantage la jeunesse en Occident que le modèle soviétique, jugé conservateur et cynique (discrédit jeté sur le modèle soviétique par les interventions répétées de l’URSS pour faire régner l’ordre communiste en Europe centrale, Budapest en 56, Mur de Berlin en 61, Prague en 68, Pologne en 80… )Retour spectaculaire de la Chine dans les relations internationales dans les années 70 : en 72 reconnaissance des Etats-Unis (Nixon et Kissinger) prennent à revers l’URSS, la « diplomatie triangulaire » (Chine revient au Conseil de sécurité et s’ouvre à l’économie de marché à l’époque de Deng Xiaoping : « peu importe que le chat soit gris ou noir, du moment qu’il attrape les souris »). A l’Ouest, les critiques viennent de la France (politique singulière du général de Gaulle). On s’achemine vers un monde multipolaire.- dans leurs sociétés : crise du modèles américain dans les années 60-début 1970, crise larvée puis très profonde du modèle soviétique dans les années 1970-1980). Une partie de la jeunesse, ulcérée par l’impérialisme américain (la CIA intervient directement dans la vie politique, exemple de l’Italie) et prenant ses distances avec le communisme institutionnel bascule dans le terrorisme dans les années 1970 (Italie, Allemagne de l’Ouest).

(b) Persistance du rapport de force et déplacement de la compétition : Exemple de la concurrence technologique et spatiale

Le dialogue ne signifie pourtant pas que les deux Grands renoncent à faire triompher les idéologies qu'ils défendent. Les relations internationales restent fondées sur l'équilibre de la terreur entretenu par la possession de l'arme nucléaire. Jusqu'au milieu des années 1950, les États-Unis conservent la

supériorité, ils menacent leurs adversaires de représailles massives en cas d'agression. En 1957, le lancement de Spoutnik révèle à l'Occident les progrès technologiques de l'URSS. Les États-Unis répliquent par la création de la NASA (agence spatiale américaine). La conquête de l'espace s'inscrit dans la logique de la course aux armements; de part et d'autre, on fabrique toujours plus de missiles, de plus en plus sophistiqués. A ce jeu-là, les Américains l’emportent puisque le programme Apollo lancé par le président Kennedy (annoncé dans son discours de la New Frontier) envoie un américain sur la lune en 1969. Avec la Détente, le sport va devenir ainsi le terrain le plus visible de la compétition entre Est-Ouest : le maillot de la RDA apparaît à partir de 1965 (dopage), diplomatie du ping pong (1971, Chine et Etats-Unis) ou au contraire boycott (on le verra, années 80 : Moscou et Los Angeles). (c)) La limitation des armes nucléaires

Les stratèges américains abandonnent la théorie des représailles massives pour celle de la riposte graduée. L'URSS accélère son effort militaire pour atteindre la parité avec les États-Unis. Mais le coût de plus en plus élevé des programmes militaires et la crainte de voir augmenter le nombre de pays détenant la bombe atomique conduisent les deux Grands à négocier des accords pour contrôler le développement de l'arme nucléaire.Les premiers traités signés en 1963 et 1968 visent à limiter les essais nucléaires et à empêcher la prolifération. La Chine et la France, nouvelles puissances nucléaires, ne le signent pas, manifestant ainsi leur refus de l'ordre imposé par les Grands. Deux puissances refusent la domination du condominium américano-soviétique. La Chine est alors en rupture totale avec l'URSS à laquelle des incidents de frontières l'opposent entre 1962 et 1969. La France, sous la présidence du général de Gaulle, entend mener une politique indépendante, que manifeste aussi son retrait du commandement intégré de l'OTAN en 1966. Cependant, la concertation entre les Etats-Unis et l'URSS se poursuit avec la signature des accords SALT 1 par Nixon et Brejnev en 1972.

(d) La normalisation des relations Est-Ouest en EuropeLe nouveau climat profite surtout à l'Europe. À partir de 1969, le chancelier de1a RFA, Willy Brandt, pratique l'ostpolitik. En 1970, il signe avec l'URSS, puis la Pologne, des accords qui garantissent les frontières héritées de la Seconde Guerre mondiale. En 1972, RFA et RDA se reconnaissent mutuellement, ce qui leur permet d'entrer l'année suivante à l'ONU. Une Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe adopte en 1975 à Helsinki un acte qui confirme l'inviolabilité des frontières des États et affirme l'attachement des États participants aux droits de l'homme. Helsinki consacre le statu quo, l’URSS voit confirmées ses nouvelles frontières de 1945 ; c’est un triomphe en apparence pour la diplomatie soviétique ; en réalité, les Soviétiques, en s’engageant au respect des libertés fondamentales, vont donner une légitimité à la contestation intérieure des dissidents, relayée à l’étranger par les opinions publiques occidentales. Il n’est pas exagéré de dire que le modèle soviétique, contesté à la fin des années 60, est discrédité à la fin

des années 70 (déclin électoral du parti communiste français s’amorce à ce moment là).

B. Les années de guerre fraîche

Progressivement, on passe d’un monde bipolaire à un monde pas tout à fait multipolaire mais qui s’est prodigieusement complexifié : - émergence de la Chine et tentatives d’affirmation du Tiers-

Monde- ensuite, une région focalise l’attention : le Moyen-Orient,

acteur de plus en plus important dans les relations internationales (pays de l’OPEP jouent la carte du choc pétrolier)

- multiplication des conflits périphériques qui échappent de plus en plus au contrôle des deux grands

4 guerres israélo-arabes ou encore exemple de l’ Asie du Sud-Est : 73 accords de Paris qui entraînent le retrait des Américains (« vietnamisation » du conflit prôné par Nixon et Kissinger). Le Sud Vietnam tombe aux mains du Nord en 75 (Saigon devient Hô Chi Minh Ville). Khmers rouges prennent le pouvoir au même moment au Cambodge (pays sous influence chinoise) ; un génocide contre les ennemis de classe qui provoque une intervention du Vietnam (allié de l’URSS) en 78 puis une intervention de la Chine contre le Vietnam ! Bien faire noter que cette région est en guerre depuis 1940 : Vietnamiens contre Japonais, Vietnamiens contre Français, Vietnamiens entre eux, Vietnamiens contre Américains, Vietnamiens contre Khmers rouges, Vietnamiens contre Chinois et bien sûr URSS contre Chine etc…Les deux Grands parviennent-ils vraiment à contrôler un monde qui deviendrait trop vaste, trop grand pour eux ?

Surtout, l’année 1979 est marquée par deux crises très graves au Moyen-orient (en Iran et en Afghanistan) qui révèlent toutes deux les faiblesses des deux Supergrands. En premier lieu, la proclamation de la république islamique en Iran (qui entraîne un 2eme choc pétrolier).L’ayatollah Khomeiny renvoie dos à dos les deux Supergrands, document à étudier absolument : Hachette page 180, message de Khomeiny : « Ni Est, ni Ouest ». Humiliation : affaire des 52 otages américains. Etats-Unis et Européens poussent Saddam Hussein à entrer en guerre contre l’Iran : une guerre de 8 ans qui fera 1 million de morts !

En Afghanistan, l’URSS avait aidé au coup d’Etat prosoviétique de 1978. Mais très vite la situation se dégrade : résistances, notamment celle des islamistes (aidés en sous-main par les Américains qui pourtant

sont hostiles à l’islamisme iranien !!) Protestations internationales : enlisement rapide de l’Armée rouge qui connaîtra là une défaite (motivations de l’URSS).

Montrer les signes d’affaiblissement des Etats-Unis : politique (Watergate), économique (dévaluation Nixon et crise), diplomatique (guerre du Vietnam, affaire des otages…). Diplomatie idéaliste de Jimmy Carter laisse l’URSS marquer des points : en Afrique (Ethiopie, Angola, Mozambique), en Amérique latine (influence cubaine, avec le Nicaragua), poussée au Moyen Orient (Yémen, invasion de l’Afghanistan) : la Détente profite aux Soviétiques. Voir carte dans le manuel.Réaction de Carter en 1980 : boycott des JO (transparent), embargo (mais l’URSS achète des céréales au monde libre : Canada, Australie et même UE), pas de ratification de Salt II. C’est la fin de la Détente. Les électeurs américains ne pardonneront pas à Carter, nettement battu par Ronald Reagan en novembre 1980 « America is back ». Il assure que les Etats-Unis soutiendront partout « les combattants de la liberté » et qualifie l’URSS d’ « empire du mal » (relance de la guerre idéologique). Reagan revient à la doctrine du containment : il fait intervenir la CIA au Nicaragua, intervient directement contre Grenade en 1983, finance l’opposition en Pologne et soutient les efforts de Jean-Paul II. Surtout, il va relancer la course aux armements, obligeant l’URSS à suivre, jusqu’à l’asphyxie : explosion du budget militaire américain : projet d’IDS (bouclier ; transparent), crise des euromissiles où Américains et Européens décident de répliquer à l’installation en 1977 de fusées SS-20 pointées sur l’Europe de l’Ouest par le déploiement de Pershing II à partir de 1983 dans plusieurs pays d’Europe : émotion des pacifistes en Europe.

C. La fin de la guerre froide

(a) La nouvelle donne soviétique : Perestroïka et GlasnostDocuments 2 et 3 page 116 : répondre aux questions (il s’agit de définir les nouvelles orientations de la diplomatie soviétique et le projet de réforme du modèle soviétique)Insister sur les motivations de Gorbatchev : modernisation économique indispensable, donc diminuer la part des dépenses militaires et se rapprocher des Occidentaux pour transfert de technologies. Modernisation économique indispensable = émotion suscitée par la catastrophe de Tchernobyl. Parallèlement une libéralisation incontestable de la société soviétique. Popularité internationale de Gorbatchev. En 1986, les rencontres reprennent entre Américains et Soviétiques : les négociations aboutiront au spectaculaire traité de Washington en 1987 qui doit aboutir dans un délai de trois ans au démantèlement en Europe des missiles de moyenne et de courte portée. La Détente est de retour. Dans le même temps désengagement de Gorbatchev en Europe orientale qui inquiète les dirigeants brejnéviens ou rassure au contraire la Pologne et la Hongrie. Gorbatchev suspend toute aide militaire extérieure en 1988. Fin de l’expansionnisme soviétique (retrait d’Afghanistan en 1989) pour se replier stratégiquement sur l’Empire et le glacis d’Europe centrale et orientale.

(b)La fin du communisme en Europe

Le réformisme gorbatchévien suscite des espoirs à l’Est. Dans un premier temps, Gorbatchev ne veut pas s’ingérer dans les affaires intérieures des démocraties populaires : des régimes très conservateurs et sanguinaires se maintiennent jusqu’en 1989, sauf en Pologne et en Hongrie. La Pologne est un laboratoire de la perestroïka : en juin 1989 des élections conduisent des non communistes au pouvoir, une première depuis 1945 ! En Hongrie, une décision capitale : ouverture du rideau de fer avec l’Autriche en 1989. Des Allemands de l’Est affluent en RFA durant l’été 1989. En RDA, la vieille garde est contestée : slogan, « Wir sind das Volk » avec les manifestations quotidiennes d’octobre 1989, qui commencent à Leipzig. Les foules soutiennent Gorbatchev qui au cours d’un voyage en octobre fait pression sur le gvt est allemand : les conservateurs seront remplacés dans les jours qui suivent. Le 4 novembre, 1 million de Berlinois dans les rues. Le 9 novembre, le nouveau gvt est allemand prend la décision d’ouvrir le mur : la foule, lassée de faire la queue, prend le mur d’assaut. Les autorités laissent faire. En quelques semaines, le communisme s’effondre dans toutes les démocraties populaires (l’Albanie restera communiste jusqu’en 1992) : seul en Roumanie des violences éclateront (exécution des époux Ceaucescu).

La réunification allemande est possible : en mars 1990, les élections libres en RDA sont remportées par les partis ayant fait campagne pour une réunification rapide (le SED fait moins de 20% des voix). Union monétaire en juillet, puis signature du traité de Moscou (traité 2 + 4) en septembre 1990 : la guerre froide est terminée. Le 3 octobre, réunification allemande

(c) L’implosion de l’URSSFaillite des réformes de Gorbatchev : le système soviétique désorganisé sans être complètement libéralisé. L’opinion publique n’adhère pas à la politique de Gorbi. Suivant l’exemple des démocraties populaires, les trois Etats baltes proclament leur indépendance dans le cours de l’année 1990. Des élections libres dans chaque république : concurrence des pouvoirs, fédéral et nationaux, notamment depuis l’élection de Boris Eltsine en juin 91 comme président de Russie. Coup d’Etat manqué de la vieille garde communiste en août 1991 provoque la chute du communisme : Gorbatchev « prisonnier », c’est Eltsine qui organise la résistance au putsch. Accélération de l’Histoire : indépendances de presque toutes les républiques, interdiction du PCUS. Fondation de la CEI en décembre : démission de Gorbatchev le 25 décembre 1991 (texte page 133)