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1 EBATS DE SENS 63 Les carnets de brouillon de la galerie Sens Intérieur «La vie est un brouillon qu’on ne mettra jamais au propre» Wolinski ACTUALITÉS DU MOMENT Août 2020 Allée du grand port, impasse des Artisans Port Cogolin 83310 Cogolin (Golfe de Saint-Tropez) Latitude : 43,266378 Longitude : 6,576717 www.sensinterieur.com [email protected] Tel : 06 45 14 47 92 GALERIE SENS INTÉRIEUR ENTRE LES TERRITOIRES DU SPECTACLE & DE L’ INTIME Saison d’été 2020 Exposition collective du 10 juillet au 25 septembre 2020 « Quelques autonomes splendeurs » Dialogue d’artistes, échange de regards, partage de talents : une esthétique de la rencontre ! Nos EBATS de SENS N°58-59-60 et 61 vous ont présenté la substance de l’exposition « Quelques autonomes splendeurs ». Le N°62 vous décrivait « Le Bruit du Temps », et commentait l’une des oeuvres de cet espace, une « boîte » de Lou Dubois. Ce N°63 est consacré au dialogue qui s’est établi entre une artiste peintre, Alina Cocière, et l’un de ses collectionneurs, Jean-Pierre Lang, lui même artiste dans un tout autre domaine que la peinture : la chanson ! Jean-Pierre Lang, auteur, compositeur et interprète, suit l’oeuvre d’Alina depuis plus de dix ans, et décrit ce parcours de peinture à l’aune de sa propre sensibilité … une sorte de synesthésie entre son et couleur ! Nous pénètrerons aussi dans l’intimité de l’atelier d’Alina Cocière, non point par indiscrétion, mais pour mieux s’immerger dans son environnement créatif, et cela grâce à l’oeil d’un autre artiste renommé, Christophe Jacrot, réalisateur et photographe. Ce nouvel EBATS de SENS veut se nourrir de ces confrontations, ces interférences, ces fructueux dialogues, échanges de regards, partages de talents entre plusieurs formes d’expression artistique. Cela peut prendre la forme d’un « jardin secret » comme pour l’écrivain Alain Vircondelet (voir notre EBATS de SENS N°58 en pages 10 et 11). Cela peut être, comme pour notre EBATS de SENS N°62 sur Lou Dubois, entre différentes sensibilités artistiques autour d’un genre, le surréalisme. A cette croisée de talents, il y a là une véritable esthétique de la rencontre ! Aussi, place aux peintures d’Alina Cocière, aux mots de Jean- Pierre Lang et aux photographies de Christophe Jacrot. Trois belles rencontres pour nos lecteurs ! Bruno BERNARD

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EBATS DE SENS 63 Les carnets de brouillon de la galerie Sens Intérieur

«La vie est un brouillon qu’on ne mettra jamais au propre» Wolinski

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Allée du grand port, impasse des ArtisansPort Cogolin

83310 Cogolin (Golfe de Saint-Tropez)

Latitude : 43,266378 Longitude : 6,576717

[email protected]

Tel : 06 45 14 47 92

GALERIE SENS INTÉRIEUR

ENTRE LES TERRITOIRES DU SPECTACLE

& DE L’ INTIME

Saison d’été 2020 Exposition collective

du 10 juillet au 25 septembre 2020 « Quelques autonomes splendeurs »

Dialogue d’artistes, échange de regards, partage de talents : une esthétique de la rencontre !

Nos EBATS de SENS N°58-59-60 et 61 vous ont présenté la substance de l’exposition « Quelques autonomes splendeurs ».

Le N°62 vous décrivait « Le Bruit du Temps », et commentait l’une des oeuvres de cet espace, une « boîte » de Lou Dubois.

Ce N°63 est consacré au dialogue qui s’est établi entre une artiste peintre, Alina Cocière, et l’un de ses collectionneurs, Jean-Pierre Lang, lui même artiste dans un tout autre domaine que la peinture : la chanson !

Jean-Pierre Lang, auteur, compositeur et interprète, suit l’oeuvre d’Alina depuis plus de dix ans, et décrit ce parcours de peinture à l’aune de sa propre sensibilité … une sorte de synesthésie entre son et couleur !

Nous pénètrerons aussi dans l’intimité de l’atelier d’Alina Cocière, non point par indiscrétion, mais pour mieux s’immerger dans son environnement créatif, et cela grâce à l’oeil d’un autre artiste renommé, Christophe Jacrot, réalisateur et photographe. Ce nouvel EBATS de SENS veut se nourrir de ces confrontations, ces interférences, ces fructueux dialogues, échanges de regards, partages de talents entre

plusieurs formes d’expression artistique.

Cela peut prendre la forme d’un « jardin secret » comme pour l’écrivain Alain Vircondelet (voir notre EBATS de SENS N°58 en pages 10 et 11). Cela peut être, comme pour notre EBATS de SENS N°62 sur Lou Dubois, entre différentes sensibilités artistiques autour d’un genre, le surréalisme.

A cette croisée de talents, il y a là une véritable esthétique de la rencontre !

Aussi, place aux peintures d’Alina Cocière, aux mots de Jean-Pierre Lang et aux photographies de Christophe Jacrot. Trois belles rencontres pour nos lecteurs !

Bruno BERNARD

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Cf. : EBATS de SENS N°60 et 61 sur l’exposition « Quelques autonomes splendeurs » . Ils peuvent être consultés sur le site www.sensinterieur.com , sous l’onglet « EBATS de SENS ».

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20 Alina Cocière vu par

Chère Alina, Recevoir un nouveau tableau chez soi est une véritable fête. C'est un peu comme de recevoir un nouvel ami que l'on considère beaucoup, un voyageur exceptionnel, un nouveau compagnon de route...On l'attendait impatiemment. Enfin il est là. On le place dans les meilleures conditions possibles. On n'en finit plus de le recevoir. On se met à son écoute. C'est le cas de ta toile. Elle a beaucoup de choses à nous dire. Elle les dit avec son langage, qu'il faut aussi comprendre et découvrir. Alina, ton œuvre nous ravit et nous surprend. Nous n'en sommes qu'au début de son récit... Elle est déjà en elle-même tout un voyage à découvrir et j'avoue que je n'ai jamais eu avec une toile une relation aussi dense. Je l'avais pressenti chez toi en observant un certain nombre de tes œuvres : toutes ont un point commun qui est la marque de ta surprenante signature : elles laissent entrevoir un monde extrêmement structuré, mais dont seul celui qui le regarde peut identifier précisément les architectures, les paysages, les perspectives, les personnages, les images intenses suivant une sorte de clé de lecture qui lui serait propre. Pourtant, ces architectures, les paysages, perspectives et personnages existent bel et bien sur la toile… Chacune de tes œuvres demande à celui qui la regarde un mouvement intime d'accommodation, une sorte de mise au point autant optique que mémorielle qui précise ses images. Cette

accommodation implique profondément son propre vécu, ses propres images, secrètes mais concrètes. La passerelle qui unit les narrations de la toile et les images enfouies en nous qui la regardons passe par une « impression » , au sens où c'est une émotion qui devient médiatrice; mais c'est aussi une impression au sens graphique, car ces architectures, paysages, perspectives et personnages existent bel et bien sur la toile. Mais ils sont comme grattés, effacés en eux-mêmes au point de n'être que suggérés, comme ces cités enfouies qui ne figurent sur les photos aériennes que comme des lignes affleurantes un peu plus sombres que la terre environnante… Comme je te l'ai peut-être dit, ma lecture du monde relève en quelque sorte d'une approche anthropologique. Je sais combien chaque homme - et chaque société - à besoin d'un véritable récit mythologique pour avoir droit à une paix individuelle ou sociale. Nous portons tous en nous les mille images de nos rêves, de nos peurs, de nos attentes, de nos admirations, de nos beautés, de nos formes idéales, des architectures essentielles, des visages signifiants ou de nos cauchemars… Nos sommes le siège d'un nombre incalculable de références optiques lourdes de sens et d'affect. On croit ces images oubliées, mais elles hantent notre légende intime. Elles sont simplement en attente de réminiscence. Mais nous ne les voyons jamais peintes ou figurées; elles nous appartiennent intimement. Les arts sont là pour tenter de les préciser. Pourtant, le réalisme figuratif les tuerait, l'abstraction les anéantirait; une chronologie des démystifierait...

Jean-Pierre Lang Oeuvre d’Alina Cocière, de la série « Reflets d’eaux fortes » de 2010, huile sur toile de 115x195 cm,

propriété de Jean-Pierre Lang.

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20 … / … Dans ton œuvre, tu sollicites, par un cheminement sans précédent me semble-t-il dans l'histoire de la peinture, notre aptitude proprement neurale à restituer nos images légendaires intimes, personnelles, dans un luxe de précisions, d'architectures, d'éclairages, de situations géographiques qui laissent pantois. Elles ne relèvent pas spécialement des épouvantes ou des peurs ancestrales, mais d'associations complexes, où se retrouvent aussi bien des paysages de bonheur, des villages paisibles ou non, des visages fugitifs croisés aux portes de l'oubli, des fortifications imaginaires, des forêts nordiques, mais aussi de noirs sortilèges, dans un climat d'apparitions improbables, de risques obscurs, disons plutôt guettés par une sorte d'entropie de la mémoire optique… On y retrouve, discrètement convoquées, les couleurs irréelles des peintres légendaires tels Pieter Brueghel, Joachim Patinier, Jérôme Bosch, dont les lointains évoquaient toutes les températures de l'âme humaine, de la pâleur crayeuse des montagnes imaginaires aux rougeoiements incarnés des violences humaines… L'angle de vue que tu adoptes - en langage cinématographique on dirait « un grand ensemble en contre plongée » - associé aux vastes dimensions que tu affectionnes, permet un survol onirique de vastes scènes humaines où tout peut arriver, où tout arrive en effet, comme si l'œil d'un aigle découvrait soudain dans le vaste paysage les anecdotes particulières de son propre destin. Par un travail d'échelles différentes, doublé d'un jeu incroyablement maîtrisé de contrastes imperceptibles, ou celui des transparences, on y sent, comme en suspens, des narrations multiples qui apparaissent ou disparaissent avec l'éclairage. La réalité devient subitement lisible entre paradis et enfer. Par la magie d'une suggestion forte, l'œil y retrouve immanquablement ce qu'il avait enfoui au fond de sa mémoire. Du coup, je vois une grande vallée dans l'oblique qui partage la toile en deux. Est-ce un ruisseau, une rivière ? Si oui, c'est donc bien un village, qui dans la même échelle, montre son enchaînement de toits et même son église, dont la flèche projette une ombre rectiligne dans la paix du soir. Est-ce donc ce pays où, une fraction de seconde,

mon cœur avait un jour rêvé de s'installer à jamais, quelque part en France ? Je le reconnais à son innocence intacte. Derrière, plus loin, surgissent des falaises de calcaire mais l'échelle change sournoisement et dans la structure surgit la régularité de fenêtres, de balcons peut-être, une sorte d'immeuble en filigrane comme englouti dans un autre monde sensoriel. Pourquoi, plus loin, apparaissent trois personnages, vêtus de capes et portant chapeaux florentins, dans un colloque pictural? Je sais les avoir déjà vus ailleurs, peut-être dans un conte de Boccaccio. Pourquoi, dans la transparence d'un lac lointain, cette petite ferme fait-elle face à une forêt profonde où surgissent des pins verts sombre parmi les feuillus grisonnants de l'automne ? Je pourrais ainsi, sur ce seul tableau, te raconter mille choses, à l'infini...Ton pinceau les a-t-il voulues vraiment, ou a-t-il joué les ambiguïtés à l'extrême, au point de rendre plusieurs lectures réalistes simultanées ? A-t-il le génie de la préexistence de la réalité ? Je le crois à présent… N'est pas fou celui qui lit sa propre histoire dans l'oeuvre d'un artiste ! Tout au contraire. Les artistes sont des passeurs, ni plus ni moins. Avant tout. Mais rares, infiniment rares, sont les artistes capables de précéder aussi complètement les mécanismes de la reconstitution des images, affectives ou symboliques, que nous portons en nous. À partir des bases concrètes d'une écriture picturale rigoureuse, où le hasard n'a rien à faire, mais où la beauté est une récompense totale, commence le travail du passeur. En observant cette curieuse caractéristique de ton œuvre, si complètement réussie dans sa fonction de révélateur de réminiscences, d'activateur de mémoire signifiante, je prédis pour toi une œuvre de grande importance. Te voilà sur l'épaule des géants… J'espère seulement, en te disant tout cela, ne pas troubler la libre expression de ton talent, mais bien plutôt de te préciser la relation particulière que tu crées entre tes œuvres et ceux qui ont la chance d'entrevoir leur extraordinaire «  fonctionnement ». Martine et moi t'embrassons, avec nos meilleures pensées…

Jean-Pierre Lang 2010

Jean-Pierre Lang : Auteur, compositeur, interprète de chansons, il a écrit pour Marcel Amont, Richard Anthony, Carlos, Dalida, Michel Delpech, Michel Fugain, Johnny Hallyday, Véronique Jannot, Lenny Kuhr, Marie Laforêt, Enrico Macias, Gérard Palaprat, Ginette Reno, Sylvie Vartan … Il a été auteur et compositeur de Parlez moi de lui (1973) pour Nicolle Croisille et Pierre Bachelet a été compositeur et chanteur d’environ 180 textes de Jean-Pierre Lang, dont Les Corons (1982). Jean-Pierre Lang a également composé « d’Amour et d’Amitié » qui a été le premier succès international de Céline Dion.

En 2011, Vladimir Cosma fait appel à lui pour les textes de l’opéra Marius et Fanny, tiré de l’oeuvre de Marcel Pagnol. Cette oeuvre connaît un succès immédiat. Roberto Alagna a ainsi déclaré au sujet de cet opéra : « Des imbéciles ont dit que c’était une opérette. Pas du tout, c’est un très grand opéra, très difficile à chanter. Cosma a fait un très grand travail, il y a ici du Puccini ». La carrière de Jean-Pierre Lang fut récompensée par de nombreuses distinctions, dont le prix Vincent-Scotto, le Grand Prix de la Chanson française, l’Oscar de la Chanson française, etc.

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Les 3 oeuvres de « La Bataille de San Romano » (1456) de Paolo Uccello …

L’Oeuvre d’Alina Cocière ... en 2020

… réinterprétée par Alina Cocière de différentes façons

Ci-contre, une première version de La

Bataille de San Romano (oeuvre originale de gauche)

Huile sur toile 114x145 cm

L’oeuvre originale de Paolo Uccello est à la National

Gallery à Londres

Ci-dessous, une seconde version de La

Bataille de San Romano (oeuvre originale de gauche)

Huile sur toile Diptyque 2x80x80 cm

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« La bataille de San Romano » (1456) de Paolo Uccello …

L’Oeuvre d’Alina Cocière ... en 2020

… réinterprétée par Alina Cocière de différentes façons

Ci-contre, une première version de La

Bataille de San Romano (oeuvre originale du centre)

Huile sur toile 114x145 cm

L’oeuvre originale de Paolo Uccello est au Musée du

Louvre à Paris

Ci-dessous, une seconde version de La

Bataille de San Romano (oeuvre originale du centre)

Huile sur toile Diptyque 2x80x80 cm

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« La Bataille de San Romano » (1456) de Paolo Uccello …

L’Oeuvre d’Alina Cocière ... en 2020

… réinterprétée par Alina Cocière de différentes façons

Ci-contre, une première version de La

Bataille de San Romano (oeuvre originale de droite)

Huile sur toile 114x145 cm

Ci-dessous, une seconde version de La

Bataille de San Romano (oeuvre originale de droite)

Huile sur toile Diptyque 2x80x80 cm

L’oeuvre originale de Paolo Uccello est à la Galerie des

Offices à Florence.

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20 Alina Cocière vu par Jean-Pierre Lang en 2020 Chère Alina, Juste un mot pour te dire combien je suis heureux de voir progresser l’expression de ton immense talent, dans le sens qui m’avait déjà subjugué dans le temps. Passé une période intermédiaire - très colorée - qui m’avait laissé perplexe - tu confirmes aujourd’hui encore plus qu’avant ton extraordinaire sens de la transcription de nos propres images, de nos propres architectures imaginaires. Dans des vues en plongée qui relèvent de Dante, de Bosch, des guerres médiévales etc... 

Tu y manifestes une maîtrise absolument hallucinante et une autorité picturales impressionnante qui est ta signature même. C’est d’ailleurs pour moi la raison de considérer comme superfétatoire - et presque contradictoire à l’originalité fondamentale de ton oeuvre - le moindre affleurement trop manifeste de la figuration dans cette formidable « transfiguration » imaginaire que tu es la seule à réussir pleinement et qui est la marque absolument spécifique de ton art. Je t’embrasse (nous t’embrassons Martine et moi). Jean-Pierre Lang Le 31 juillet 2020

Chère Alina,

J’ai bien reçu de ton ami le projet comportant la lettre que je t’avais écrite à l’époque... Je suis bien sûr d’accord pour sa publication car elle traduit exactement mon sentiment sur ton oeuvre.

Tu la justifies d’autant plus aujourd’hui, car tes oeuvres - que je suis avec attention - continuent plus que jamais à jouer ce rôle incroyable de passeur ...

C’est ton génie à toi et il est unique.

Tableau après tableau, tu deviens plus efficace à nous montrer cette fameuse transfiguration de nos archives intimes mémorielles, de nos paysages rêvés ou craints, de nos figurations ou dé-figurations imaginaires, de nos architectures mentales les plus fantasmagoriques mais toutes dotées d’une réalité propre et d’une intensité émotionnelle que chaque visite du tableau ré-alimente.

En plus, chacun des détails précis de chacune de tes toiles, incroyablement prolixe, nous apparaît

comme une pièce cohérente d’un puzzle plus vaste, qui est celui de la toile tout entière.

Mais il y a plus fort : chaque toile de toi, à son tour, devient elle-même une pièce d’un puzzle encore plus vaste : celui de ton oeuvre toute entière!

En vérité, ton oeuvre nous place devant une mythologie picturale sans précédent dans l’histoire de la peinture, qui n’est ni fantastique, ni figurative, ni abstraite, ni impressionniste, mais qui relève, d’une sorte de « pré-figuratif » et nécessite sans aucun doute d’un qualificatif nouveau dans la nomenclature des Arts...

C’est la marque des grands.

Il faut donc s’y tenir !

Nous t’embrassons.

Jean-Pierre Lang Le 2 août 2020

Les diptyques d’Alina Cocière,

au mur de l’atelier.

Son lieu de vie.

Photos d’Alina Cocière.

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20 Alina Cocière dans son atelier vu par Christophe Jacrot en 2020Christophe Jacrot :

Réalisateur et photographe. Il a signé la réalisation de plusieurs courts métrages dont Lifting (Prix spécial du jury au Festival d’Avoriaz et Prix de la presse au Festival de Chamrousse en 1994) et Soutien de famille (Grand Prix de la jeunesse au Festival de Montecatini en 1994, Grand Prix du Public à Prades en 1996).

En 2000, il réalise un long-métrage Prison à domicile qui offre à Elie Kakou son dernier rôle.

En 2016, il publie Météores aux éditions h’Artpon, livre de ses photographies sur les intempéries en ville. Très remarqué à sa sortie, son auteur aura les honneurs de l’Express, de Chasseur d’Images, de la radio et des plateaux de télévision.