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É tat des lieux sur l’accès des étudiants aux soins psychiatriques et psychologiques en Île-de-France. Rapport de la mission effectuée à la demande de l’ARS Île-de-France par le Dr Jean-Christophe Maccotta et le Pr Maurice Corcos. Mai 2017 Département de Psychiatrie de l’Adolescent et du Jeune Adulte de l’Institut Mutualiste Montsouris. Pr Maurice Corcos T 01 56 61 69 23 [email protected] 42, bd Jourdan 75674 Paris cedex 14

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État des l ieux sur l ’accès des étudiants aux soins psychiatriques et psychologiques en Î le-de-France.

Rapport de la mission effectuée à la demande de l’ARS Île-de-France par le Dr Jean-Christophe Maccotta et le Pr Maurice Corcos.

Mai 2017

Département de Psychiatrie de l’Adolescent et du Jeune Adulte de l’Institut Mutualiste Montsouris. Pr Maurice Corcos

T 01 56 61 69 23 [email protected] 42, bd Jourdan 75674 Paris cedex 14

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Table des Matières.Résumé. 5 La population des étudiants en Île-de-France. 7

Statistiques démographiques et évolution. 7 Lieux d’étude et lieux de vie. 7 Spécificité des étudiants. 9

Quelques éléments sur la santé psychique des étudiants en France. 11 La prévalence des troubles. 11 L’accès aux soins. 13

Les études évaluant les programmes de prévention à destination des étudiants. 15 Etat des lieux de l’offre de soins psychologiques et psychiatriques pour les étudiants en Île-de-France. 17

Les Bureaux d’Aide Psychologique Universitaires. 17 Les Services Inter-Universitaires et Universitaires de Médecine Préventive et de Promotion de la Santé 19 La psychiatrie du secteur public et du secteur privé participant au service public. 21 La psychiatrie du secteur privé. 22 Des psychologues et des psychiatres au sein des Grandes Ecoles. 22 Les « points écoutes ». 23

La Cité Internationale Universitaire de Paris. 23 L’Institut Catholique de Paris. 24 Les points écoutes d’APASO dans les résidences du CROUS. 24

L’accompagnement pédagogique et l’orientation vers les soins. 25 Le Bureau Interface professeurs étudiants (B.I.P.E.) de la Faculté de Médecine Pierre et Marie Curie. 25 Le Dispositif d’Accompagnement aux Enseignants (DAE) et le Dispositif d’Accompagnement Renforcé d’Education (DARE) de SciencesPo Paris : 26

L’aide par les Pairs. 27 Le dispositif « Happy Doors » de la LMDE. 27 Le dispositif « NightLine » au sein de Paris Sciences et Lettres (PSL). 28 Le Programme des Etudiants Invité de l’ENS et programmes similaires du RESOME (Réseau Etudes Supérieures et Orientation des Migrant.e.s et des Exilé.e.s). 28

Les réseaux. 29 L’Association Santé Grandes Ecoles (ASGE). 29 Le RÉseau de Soins Psychiatriques et Psychologiques pour les ÉTudiants (RESPPET). 29

L’implication de la Mairie de Paris. 29 Les projets restés sans suites. 30

La maison de santé Paris-Saclay 30 Le Centre Didier Anzieu à l’Université Paris Ouest Nanterre la Défense. 30

Préconisations. 31 La prévention primaire. 34

Les préventions ciblées. 34 Lutte contre la précarité. 35 Lutte contre l’isolement, l’aide à l’intégration et aide sociale. 35 Organisation des études et adaptations pédagogiques, prévention du stress. 36

La prévention secondaire. 37 Cadre général. 37 La demande d’aide, la première rencontre. 37 La chaine d’aide et la place du psychologue ou du psychiatre à l’université. 38 Description du dispositif de prévention secondaire. 39 Proposition d’organisation. 41 La place des SIUMPPS et SUMPPS. 41

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Création progressive des dispositifs. 42 La prévention tertiaire, les soins. 44

L’offre psychiatrique du secteur public et du secteur privé participant au service public. 44 L’offre psychothérapeutique, sans avance de frais. 45 L’offre de soins psychologiques et psychiatriques du secteur privée. 46

La recherche. 48 Les réseaux. 49 La formation. 49

Les investigations à poursuivre. 51 Poursuivre la mission. 51 A propos de l’articulation entre l’enseignement secondaire et supérieur. 51

En conclusion, 53 Synthèse des préconisations. 54 Bibliographie. 56 Annexes. 59

Lettre de Mission. 59 Les membres du Comité de Pilotage de la mission. 60 Les rédacteurs. 60 Les rencontres effectuées. 61 Le dispositif de prévention secondaire de l’Ecole Normale Supérieure à Paris. 62

Description. 62 Objectifs. 63 Avantages. 63 Limites. 64 En conclusion, 64

Le DAE le DARE de SciencesPo Paris. 65 Le BIPE de la Faculté de Médecine Pierre et Marie Curie. 68 Le Centre Didier Anzieu à l’Université Paris Ouest Nanterre la Défense. 70 Un exemple des soins à destination des étudiants proposés par un dispositif soins-études : la clinique Dupré 71 Synthèse des études sur les prévalences des troubles. 74

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État des lieux sur l’accès des étudiants aux soins psychiatriques et psychologiques en Île-de-France.

Résumé.

Un tiers des étudiants montrent des signes de souffrance psychologique.

Les difficultés psychologiques d’un étudiant peuvent entrainer, très rapidement, une rupture de sa trajectoire de vie puis une installation dans un état pathologique. Ces difficultés prennent souvent la forme d’une prolongation d’une problématique psychique de l’adolescence.

Seuls 30 % des étudiants exprimant un mal-être consultent un médecin généraliste, un psychiatre ou un psychologue. Les 70 % qui ne consultent pas, sont freinés par la méconnaissance de la souffrance, des prises en charge possibles, des lieux de soins, et par l’idée que le coût serait trop élevé.

L’offre de soins est le plus souvent insuffisante, de plus, les étudiants et leurs encadrants (enseignants, personnels des écoles et des universités) ne savent pas où s’adresser en cas de difficultés psychologiques. Par manque de moyens et de disponibilités des structures de soins, l’offre de soins est quasi exclusivement orientée vers la prise en charge des états pathologiques constitués.

La prévention des troubles psychologiques et psychiatriques est très peu développée.

Des expériences originales et certaines études internationales commencent à montrer que certains dispositifs sont plus pertinents que d’autres. Même dans les territoires où l’offre de soins pourrait-être considérée comme suffisante, les étudiants consultent peu. Il ne suffit pas de multiplier l’offre de soins, et/ou de la faire connaitre pour favoriser l’accès aux soins psychiques.

Afin d’augmenter le recours aux soins psychiques lorsqu’ils sont nécessaires, il nous semble indispensable « d’aller chercher » les étudiants où ils se trouvent, si possible le plus tôt lors de l’apparition d’une difficulté psychologique ou d’une décompensation psychiatrique. La prévention des troubles psychiques doit être intégrée au parcours de soins, voici une description de la chaine d’aide « idéale » :

- Les points d’entrée doivent être multiples, au sein des structures universitaires, des structures d’hébergement du CROUS et des internats, ils doivent être tenus par des professionnels de santé.

- Chaque professionnel (universitaire, administratif) en contact avec les étudiants est susceptible de percevoir très tôt leurs difficultés, il est le premier maillon de la chaine d’aide. Il doit pouvoir être accompagné lorsqu’il repère un étudiant en souffrance selon une pratique qui respecte la place de chacun, et qui respecte l’étudiant. Cet accompagnement du professionnel doit être réalisé par un psychiatre ou un psychologue qui connait bien la structure universitaire. Nous devons développer une culture du « care » à l’université.

- Le professionnel de la santé psychique intégré à la structure universitaire occupe une place intermédiaire entre l’intérieur et l’extérieur, il doit être en relation avec les structures d’aval, et après une évaluation de l’étudiant, s’occuper de l’adressage à ces structures et en assurer le suivi en position de tiers, d’interface entre les soins et le suivi pédagogique assuré par les enseignants.

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- Les structures d’aval doivent être organisées de façon à pouvoir proposer une palette élargie de soins et recevoir tous les étudiants qui en ont besoin.

La mise en place d’un tel dispositif permettrait une prévention efficace à la fois des troubles psychologiques et psychiatriques, ainsi que de leur aggravation. Il pourrait aussi permettre une réduction des échecs dans les cursus universitaires grâce à des soins très précoces et à l’articulation de ces soins avec l’accompagnement et/ou les adaptations pédagogiques. On peut espérer aussi qu’une prévention efficace des maladies psychiatriques et de leur conséquences sociales permettrait de réduire leurs coûts pour la société.

Dans ce rapport, nous présenterons d’abord des éléments démographiques, puis les éléments sur la santé psychique des étudiants et quelques études scientifiques qui ont évalué des dispositifs de prévention des troubles psychologiques des étudiants. Enfin, nous présenterons l’offre de soins actuelle en mettant en exergue à la fois les dispositifs originaux, fonctionnels et ses insuffisances.

A partir de l’analyse de ces informations, nous présenterons une synthèse des préconisations recueillies auprès des différents acteurs que nous avons rencontrés, en les organisant selon les différents types de prévention :

- La prévention primaire : soutenir les initiatives, en particulier celles portées par les étudiants eux-mêmes, qui luttent, entre autres, contre l’isolement et la précarité des étudiants.

- La prévention secondaire : Il s’agit de mettre en place une hybridation des actions d’aide, d’accompagnement pédagogique puis de soins au sein des structures universitaires.

- La prévention tertiaire : développer l’offre de soin psychologique et psychiatrique pour les étudiants, au niveau des secteurs, des services universitaires de psychiatrie, des services « soins-études », des BAPU et du secteur privé.

Nous préconisons aussi la professionnalisation et le développement de la recherche scientifique et de la formation sur la santé psychique des étudiants.

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La population des étudiants en Île-de-France.

Statistiques démographiques et évolution.

Lors de l’année universitaire 2014-2015, on comptait presque 2,5 millions d’étudiants en France, dont 646 172 (26,15%) en Île-de-France : 332 247 (13,45%) inscrits à Paris, 178 763 (7,24%) inscrits à Versailles et 135 162 (5,47%) inscrits à Créteil . 1

Entre 2008 et 2013, le nombre d’étudiants en Île-de-France a augmenté de 9,3% (590 117 en 2008, 645 071 en 2013) pendant que le nombre d’étudiants en France augmentait de 8,8% (2 234 338 en 2008 et 2 430 069 en 2013) 2

Les projections du Ministère de l’Enseignement Supérieur prévoient une augmentation du nombre d’étudiants de 13,6 % entre 2014 et 2024, soit 335 323 en France . Ce qui représentera environ 87 500 3

étudiants en Île-de-France.

Parallèlement, la population âgée de 15 à 29 ans en Île-de-France baissait de 1,57 % entre 2008 et 2013 (2,464 millions en 2008 et 2,426 millions en 2013). Les prévisions de l’INSEE prévoit une augmentation de 0,83 % de cette même population entre 2014 et 2024 (2,429 millions en 2014 et 2,449 millions en 2024) . 4

Le nombre d’étudiants augmente malgré la stabilité de leur classe d’âge au niveau démographique en Île-de-France.

Lieux d’étude et lieux de vie.

Nous reprenons deux cartes tirées de la note 109 de l’Atelier Parisien d’URbanisme (APUR) : Les étudiants dans la Métropole du Grand Paris - Premiers éléments , montrant pour la première les lieux d’études des 5

étudiants, et pour la deuxième les lieux de vie.

Dans l’étude de l’APUR, en 2012, 504 000 jeunes de 16 à 29 ans ont déclarés être étudiants de l’enseignement supérieur dans la Métropole du Grand Paris.

322 000 (64 %) sont inscrits dans un établissement parisien, dont 146 000 (29%) sur les territoires des 5ème, 6ème, 13ème, 15ème et 16ème arrondissements. La densité en étudiants est la plus forte dans les 5ème et 6ème arrondissements avec respectivement 138 et 114 étudiants inscrits à l’hectare pour une moyenne parisienne de 37. Les 5ème et 13ème arrondissements accueillent 30 000 étudiants chacun.

Cependant, cette étude note qu’un certain nombre de pôle universitaires d’importance se trouvent en dehors de Paris : Nanterre (35 000 étudiants), Saint-Denis (25 000 étudiants) et Créteil (35 000 étudiants). En grande couronne, d’autres centres importants existent : Evry (12 000), Champs-sur-Marne (12 000), Cergy (17 000), Orsay (13 000 étudiants) ou encore Versailles (9 000 étudiants).

Note d’Information 15.08 du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche.1

ATLAS RÉGIONAL ● 2013-2014 du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche.2

Note d’Information 16.01 du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche.3

INSEE - Pyramide des âges et Projection régionales de population à l’horizon 2040.4

APUR (2016) Note 109 - Les étudiants dans la Métropole du Grand Paris - Premiers éléments.5

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Environ 25% des étudiants inscrits dans un établissement du supérieur de la Métropole du Grand Paris résident en dehors de ses limites, soit 116 000 jeunes.

Pour les autres, les lieux de résidences restent très centraux, avec près de 200 000 jeunes qui habitent Paris (46%) et 230 000 dans les autres territoires de la Métropole du Grand Paris.

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La densité d’étudiants habitants est très élevée dans 13 arrondissements parisiens, et un peu moins dans quelques communes limitrophes à l’ouest de Levallois-Perret au Kremlin Bicêtre et à l’est : Saint-Mandé, Vincennes et le Pré-Saint-Gervais

Les étudiants restent donc assez concentrés, même si le mouvement centrifuge va s’accentuer avec la création du campus Paris-Saclay.

Spécificité des étudiants.

A leur arrivée dans les établissements d’enseignement supérieur, les jeunes adultes sont dans une période de réaménagement de leur construction psychique. La nécessité d’abandonner certains investissements pour se concentrer sur un petit nombre voire sur un seul, les renoncements nécessaires au choix d’orientation font des premières années après le bac une période pendant laquelle l’organisation psychique de l’étudiant est mise à rude épreuve. De plus, c’est aussi la période de séparation d’avec le foyer familial, souvent du fait de la nécessité d’aller étudier dans une autre ville, ou par choix d’autonomisation.

Durant cette période, tout change : leurs investissements intellectuels, leur environnement et leurs réseaux relationnels. Les investissements qui ont soutenu leur organisation psychique jusqu’alors, leur semblent disparaitre, s’éloigner ou être remis en cause par leur propre choix ou un choix qui leur a été imposé. Des phases de désorganisation psychique avec plus ou moins de symptômes (dépressions, troubles des conduites alimentaires, toxicomanies, psychoses), parfois très inquiétantes, peuvent apparaitre. Le plus souvent, elles laissent place à des phases de réorganisation avant que de stabilisation, liées à de nouvelles rencontres et/ou de nouveaux investissements.

La question du choix d’orientation, et donc du renoncement aux autres choix, est particulièrement exacerbée de nos jours car elle se combine avec la pression sociale/parentale concernant le parcours idéal afin de pouvoir avoir la meilleure situation professionnelle possible qui devient un élément essentiel de l’identité en temps de crise.

Les conditions de vie des étudiants sont souvent précaires, 24% des étudiants déclarent ne pas avoir de revenus suffisants pour subvenir à leurs besoins, et 26% déclarent avoir des difficultés financières importantes. Ces conditions aboutissent au fait que les étudiants gagnent en autonomie sans toutefois pouvoir devenir indépendants, restant fortement liés matériellement à leurs parents puisque pour 73% des étudiants, la cellule familiale constitue la principale source de revenus. De nombreux étudiants (28%) déclarent exercer une activité rémunérée, et 20% de ceux-ci pensent que cela nuit à leurs études . 6

Les étudiants sont pris dans les rets d’une véritable contradiction, celle d’une autonomisation, qu’ils souhaitent, que la société demande et attend, sans en avoir les moyens matériels, ni le pouvoir de les acquérir. Cette dépendance, non résolue en phase de confrontation à ses idéaux personnels, peut prendre la forme d’une prolongation d’une problématique psychique à l’adolescence.

Ces différentes sources de tension se combinent et provoquent un mal-être chez plus d’un tiers des étudiants.

Par ailleurs, une autre période de la vie estudiantine peut être porteuse d’une grande fragilisation, il s’agit de la fin des études et de la transition avec la vie professionnelle. En effet, nombre d'étudiants décompensent au

LMDE / IFOP, 20116

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moment de quitter le statut étudiant et d'aborder ce qui est convenu d'appeler "la vie active", le devenir adulte. Il s'agit en fait de la sortie de la post-adolescence, qui se révèle parfois pleine de dangers. Il conviendra d’intégrer une attention particulière à cette transition dans la construction des dispositifs de prévention.

Sans études spécifiques, nous ne pouvons parler des étudiants étrangers en Île-de-France qu’en nous référant à notre expérience. L’isolement social est en général plus prononcé. Les différences culturelles, la rupture avec le milieux d’origine, le manque de soutien provoquent souvent des difficultés amenant à un échec universitaire, et parfois à des troubles psychologiques longtemps ignorés du fait de la méconnaissance des réseaux d’aide et de soutien.

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Quelques éléments sur la santé psychique des étudiants en France.

La santé des étudiants, et en particulier la santé psychique, est une préoccupation de plus en plus partagée. Les études de l’OMS parues en mai 2014, de l’Observatoire de la Vie Etudiante (2010, 2013, 2016), des mutuelles étudiantes comme celles de la LMDE (2005, 2008, 2011, 2014) et du réseau EMEVIA (2015) ont alerté le grand public sur l’état de santé des jeunes et des étudiants.

Les études de l’OVE sont les plus alarmistes, la dernière publiée en 2016 montrant :

illustration tirée du dossier de presse de l’OVE

La prévalence des troubles.

Les études scientifiques synthétisées en annexe et les études des mutuelles permettent d’avoir une idée de la prévalence des difficultés psychologiques présentées par les étudiants. Même si les méthodologies, les durées d’observation et les échantillons des différentes études sont assez disparates, nous pouvons en déduire que :

- 27 à 38 % des étudiants présentent un syndrome dépressif léger parfois appelé souffrance dépressive. 7

- 4 à 9 % des étudiants présentent un syndrome dépressif majeur. 8

- 5 à 15 % des étudiants présentent un trouble anxieux. 9

LS Rotenstein & coll. 2016 ; OVE 2016 ; LMDE / IFOP, 2011 ; E. Boujut & coll., 2009 ; Eisenberg & coll., 2007 ; Lafay N. & 7

coll., 2003 P. Verger & coll., 2010 ; E. Boujut & coll., 2009 ; Eisenberg & coll., 2007 ; Lafay N. & coll., 20038

N. Kanuri & coll. 2015 ; P. Verger & coll., 2010 ; Eisenberg & coll., 20079

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- 6,5 à 7,5 % des étudiants présentent un trouble des conduites alimentaires. 10

- 3 à 13 % des étudiants consomment régulièrement de l’alcool. 11

- 3 à 17 % des étudiants consomment régulièrement du cannabis. 12

- 4 à 15 % des étudiants ont ou ont eu récemment des idées suicidaires. 13

- 5 % des étudiants, et 16,5 % de ceux qui présentent un syndrome dépressif majeur, ont effectué une tentative de suicide. 14

- Le suicide est la deuxième cause de mortalité chez les 18-25 ans, et la première si l’on tient 15

compte des accidents et des prises de toxiques.

Le suicide est une cause majeure de décès prématurés : plus de 11 000 décès par suicide ont été enregistrés en France métropolitaine en 2011 et près de 200 000 personnes ont été accueillies aux urgences après une tentative de suicide. Un Observatoire national du suicide a été créé en septembre 2013, son objectif est de mieux connaître cette réalité afin de mieux la prévenir.

Actuellement, les statistiques sur le suicide ne permettent pas d’extraire des données spécifiques concernant les étudiants. Dans le premier rapport de l’Observatoire national du suicide, on relève que chez les jeunes de 8 à 24 ans, les troubles mentaux, et en particulier les troubles dépressifs et psychotiques, sont 7,3 fois plus associés au suicide qu’aux autres décès dans cette tranche d’âge. Ce qui est nettement supérieur à ce qui est mesuré pour les autres classes d’âge. Dans le cadre de la prévention du suicide, il est donc essentiel, à coté des actions sur les autres facteurs de risque, de mettre en place une prévention efficace des troubles mentaux, en particulier chez les adolescents et les jeunes adultes.

A part pour les étudiants en médecine, nous n’avons pas trouvé d’études spécifiques selon les filières universitaires.

L’étude « La santé des étudiants et jeunes médecins » effectuée en 2016 par le Conseil National de l’Ordre des Médecins, si elle est orientée sur la question du Burn Out, nous donne quand même des indications sur cette population. Un quart des étudiants en médecine ayant répondu à cette enquête ont déclaré être en état de santé moyen ou mauvais. Ce taux est particulièrement élevé chez les étudiants de 2ème cycle, puisqu’ils représentent plus de 30% de cette catégorie. 14 % de l’ensemble ont déclaré avoir eu des idées suicidaires.

J. Tong & coll. 2014 ; E. Boujut & coll., 200910

LMDE / IFOP, 2011 ; P. Verger & coll., 2010 ;11

LMDE / IFOP, 2011 ; P. Verger & coll., 2010 ; E. Boujut & coll., 2009 ; LMDE / IFOP, 200512

LS Rotenstein & coll. 2016 ; CNOM, 2016 ; LMDE / IFOP, 2011 ; E. Boujut & coll., 2009 ; LMDE / IFOP, 200513

LMDE / IFOP, 2005 ; Lafay N. & coll., 200314

OMS, 201415

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La consommation de psychotropes en auto-prescription semble problématique dans cette population, en particulier chez ceux qui vont le plus mal :

Taux d’étudiants qui déclarent consommer, en auto-prescription, parfois ou souvent des psychotropes.

Parmi ceux qui déclarent avoir un état de santé mauvais ou moyen et déclare avoir eu des idées suicidaires (n=578 sur 7858) plus d’un tiers déclare consommer de l’alcool tous les jours ou plusieurs fois par semaine.

LS Rotenstein & coll. (2016) ont effectué une méta-analyse de 195 études portant sur 129 123 étudiants en médecine dans 47 pays. Ils ont démontré que 27,2 % (de 9,3 % à 55,9 %) des étudiants présentaient une dépression et que 11,1 % (de 7,4 % à 24,2 %) déclaraient des idées suicidaires.

Ces prévalences, chez les étudiants en médecine, sont tout à fait similaires à celles relevées chez l’ensemble des étudiants.

Donc une part non négligeable des étudiants présentent des difficultés psychologiques qui, même lorsqu’elles sont «légères», ont un coût important pour l’individu et la société. En effet, tous les troubles à cet âge peuvent avoir des conséquences importantes sur la trajectoire de vie de l’étudiant et provoquer un échec universitaire voire une désorganisation psychique plus importante.

L’accès aux soins.

Certaines études se sont intéressées à l’accès aux soins. Seul un nombre restreint des étudiants en souffrance accèdent à des soins psychologiques ou psychiatriques. Les études françaises relèvent un taux de consultation maximum de 30 % chez ceux qui présentent une difficulté psychologique, c’est dire que 16

70 % des étudiants en souffrance ne consultent pas.

De plus, fait majeur en terme de risque de chronicité, seuls 23,3 % des étudiants présentant des troubles psychiatriques sévères ont bénéficié d’une consultation spécialisée . 17

P. Verger & coll. (2010) montrent que 30,5 % parmi ceux qui présentent un trouble psychiatrique consultent un professionnel de la santé (16,7 % un généraliste et 17,8 % un psychologue ou un psychiatre), et encore plus inquiétant, seulement 35 % de ceux présentant les troubles les plus sévères consultent (19,6 % un généraliste et 23,3 % un psychologue ou un psychiatre).

Etat de santé Mauvais ou Moyen et Idées suicidaires

Etat de santé Mauvais ou Moyen

Etat de santé Bon ou Excellent

Ensemble

Anxiolytiques 36,8 % 20 % 7,4 % 11 %

Antidepresseurs 20,7 % 10 % 2,2 % 4 %

Somnifères 26,5 % 19 % 6 % 9,2 %

P. Verger & coll., 2010 ; E. Boujut & coll., 2009 ; LMDE / IFOP, 201116

P. Verger & coll., 2010 ;17

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L’étude de la LMDE (2011) montre d’une part que le taux de consultation n’est que de 16 % parmi ceux en situation de «  mal être  », essentiellement auprès des généralistes, mais aussi que seulement 8  % des étudiants connaissent les Bureaux d’Aide Psychologique Universitaires.

L’étude de LS Rotenstein & coll. (2016) déjà cité plus haut, montre que seulement 15,7 % des étudiants en médecine présentant une dépression auraient bénéficié d’une prise en charge.

Une étude américaine, effectuée par Eisenberg & coll. (2007), montre des taux d’accès aux soins plus élevés : de 16 à 63 % en fonction de la pathologie. Les étudiants présentant des troubles anxieux consultent en plus grand nombre. Ces auteurs montrent que les freins à l’accès aux soins sont essentiellement liés aux représentations des difficultés psychologiques et à l’absence de disponibilité des étudiants. Il n’y a pas de frein financier car les soins psychiatriques de première intention sont gratuits et bien repérés dans l’Université où a été effectuée cette étude.

Pour Eisenberg & coll., les représentations conscientes sous-tendant la résistance à aller consulter un psychiatre ou un psychologue sont les suivantes :

- « Le stress est normal à l’université » : 51 %, - « Ne pense pas avoir besoin de soins » : 45 %, - « Les symptômes disparaîtront tout seuls » : 37 %, - « N’a pas le temps » : 32 %, - « Ne pense pas que quelqu’un pourrait comprendre ses difficultés » : 20 %, - « S’inquiète de ce que les autres vont penser de lui » : 20 %.

Dans l’enquête nationale Conditions de vie des étudiants en 2013 de l’Observatoire de la Vie Etudiante, les renoncements aux soins (tous soins confondus) représentent 27,2 %, et ont comme raisons principales :

- « J'ai préféré attendre que les choses aillent mieux d’elles-mêmes » : 54,9 % - « Je n’en avais pas les moyens financiers » : 48,6 % - « Je me suis soigné par moi-même » : 46,5 % - « Mon emploi du temps ne me le permettait pas » : 35,4 %

Les freins aux consultations psychologiques ou psychiatriques sont multiples. La méconnaissance des troubles, les représentations liées à la psychiatrie, le sentiment honteux de ne pas « y arriver » comme les autres, de ne pas répondre à l’injonction de réussite portée par la société et aussi, en France, la méconnaissance des réseaux de soins et les conditions financières ne permettent pas une prise en charge suffisamment adéquate. Contrairement aux Etats Unis, les soins sont très difficiles d’accès en France, même pour les étudiants en grande souffrance.

Donc, étant donné qu’environ un tiers des étudiants présentent au moins un trouble modéré, et tenant compte du fait qu’il s’agit d’une extrapolation, sur l’ensemble des inscrits (645 000) dans l’enseignement supérieur en Île-de-France, il y aurait 215 000 (33 %) étudiants en souffrance avec un risque d’aggravation, et 150 500

(70 %) d’entre eux n’accèderait pas à des soins dans ce moment crucial de leur construction identitaire personnelle et sociale.

État des lieux sur l’accès des étudiants aux soins psychiatriques et psychologiques en Île-de-France. # / #14 74

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Les études évaluant les programmes de prévention à destination des étudiants.

Nous n’avons pas retrouvé d’études françaises s’intéressant aux dispositifs de prévention à destination des étudiants. Probablement car ceux-ci, contrairement à ce qui existe dans les pays anglo-saxons, sont encore embryonnaires et disparates. De plus la recherche scientifique sur la population des étudiants n’est pas encore organisée en France.

Aux Etats-Unis, en Angleterre et en Australie, les universités ont développé depuis de nombreuses années des centres de soins intégrés aux campus, avec des actions de prévention.

Il est très difficile d’évaluer l’intégralité d’un dispositif de prévention. Deux articles récapitulent les études 18

anglo-saxonnes qui ont évalué un programme de prévention des troubles psychiques auprès des étudiants durant leurs premières années d’études («  higher education students  »). Toutes les études rapportées concernent des programmes de prévention cognitivo-comportementaux, d’éducation à la santé ou de relaxation. La plupart des programmes sont effectués en groupe, les évaluations s’effectuant sur de petits échantillons.

N. Reavley & coll. (2010) ne trouvent pas de preuve probante d’une efficacité des différents programmes de prévention. En revanche, C.S. Conley & coll. (2013), intégrant aussi des études faites sur les lycéens, les classent par ordre décroissant d’efficacité : interventions axées sur les habiletés (si la pratique est supervisée), puis interventions axées sur les compétences et enfin programmes d’éducation à la santé mentale. En d’autres termes, les interventions prévoyant des rencontres avec un professionnel sont plus efficaces.

N. Reavley & coll. (2013) ont mené une étude dont l’objectif était d'évaluer si une intervention d’éducation à la santé, améliorant les connaissances en santé mentale des étudiants, pouvait faciliter la demande d'aide psychologique et réduire la détresse psychologique ainsi que l'abus d'alcool chez les étudiants d'une université du campus de Melbourne, en Australie. Les interventions comprenaient des emails, des affiches, des événements sur le campus, des fiches techniques ou livrets et des cours de formation en premiers soins de santé mentale. Il n’ont trouvé aucun effet sur la détresse psychologique et la consommation d'alcool. Ils concluent que, même si l’éducation et la sensibilisation peuvent jouer un rôle dans l'amélioration des connaissances des étudiants sur la santé mentale, ce n’est pas suffisant pour amener les étudiants à consulter, ni à améliorer leur état psychologique. Ils proposent des interventions plus personnalisées et intensives.

D. Thompson & coll. (2012) ont évalué sur un petit nombre d’externe en médecine de l’Université d’Hawaï (USA) l’impact sur les symptômes dépressifs et les idées suicidaires d’un programme consistant en une amélioration des propositions de consultation d’aide individuelle et de thérapie, des cours magistraux sur les troubles psychologiques et leurs facteurs de risque, une campagne de sensibilisation sur la prévalence des troubles dépressifs et sur les idées suicidaires. Sur leur échantillon de 44 étudiants, 26 (59,1 %) présentaient des symptômes dépressifs, 13 (30,2 %) rapportaient avoir des idées suicidaires la première année. Après une année d’application de ce programme, l’évaluation faite sur 58 étudiants montrait que 14 (24,1 %) rapportaient des symptômes dépressifs et un seul (3 %) rapportait avoir des idées suicidaires. Les différences sont significatives.

N. Reavley & coll., 2010 ; C.S. Conley & coll., 2013. 18

État des lieux sur l’accès des étudiants aux soins psychiatriques et psychologiques en Île-de-France. # / #15 74

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Seule cette dernière étude a inclus le renforcement d’une offre de soins et la facilitation de l’accès aux soins dans son programme, associées aux autres actions spécifiques pour des étudiants en médecine, même si l’échantillon est de petite taille, elle montre un effet positif de ces actions.

LT Wasson & coll. (2016) ont effectué une méta-analyse des études ayant évalué les effets sur le bien-être des étudiants en médecine, des adaptations du cadre pédagogique et des programmes de prise en charge de leurs difficultés psychologiques. Ils concluent ceci : « Il est essentiel d'aborder les problèmes de santé mentale avec un programme formel qui inclut les services de prise en charge, et un programme pluridisciplinaire visant à améliorer la sensibilisation, à réduire la stigmatisation et à améliorer l'accès aux professionnels de la santé mentale. Cela semble être une approche efficace et est associé à des taux de dépression et d'idées suicidaires plus faible.  » Quant aux soins proprement dits, ils relèvent que les étudiants en médecine ont déclaré avoir préféré l'aide d'un spécialiste de la santé mentale, de leur famille ou des amis plutôt que venant du personnel de la faculté de médecine. Ils ont déclaré préférer accéder aux services de santé mentale dans un autre lieu que le bureau des affaires étudiantes.

LT Wasson & coll. (2016) notent aussi que la mise en place de programmes de réduction du stress ont montré des effets positifs dans plusieurs études, même si certaines n’ont pas montré une persistance de ces effets positifs à moyen terme. Ils relèvent aussi que quelques études ont montré que la mise en place de tutorats a permis une amélioration du bien-être des étudiants en médecine.

Ces études semblent montrer que les interventions de prévention sans rencontre duelle ou en petit groupe avec un professionnel n’ont que peu d’effet sur l’accès aux soins et sur la santé psychique des étudiants.

État des lieux sur l’accès des étudiants aux soins psychiatriques et psychologiques en Île-de-France. # / #16 74

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Etat des lieux de l’offre de soins psychologiques et psychiatriques pour les étudiants en Île-de-France.

L’offre de soins psychologiques et psychiatriques est quasi-exclusivement orientée vers la prise en charge des pathologies constituées. Les préventions primaire et secondaire sont peu développées alors que l’ensemble des praticiens en santé mentale savent l’importance de celles-ci pour éviter aggravation des troubles, toxicomanie, suicide et désinsertion socio-professionnelle.

Les points d’entrée dans le parcours de soins sont peu repérés par les étudiants ou les enseignants et les personnels administratifs en contact avec eux.

Avec le temps dont nous disposions pour effectuer cette mission, nous avons été contraint de limiter nos rencontres. Nous avons fait le choix de ne rencontrer que les équipes des quatre plus importants SIUMPS et SUMPS. Étant depuis de nombreuses années membre de l’ASGE et du réseau RESPETT, nous avions une connaissance très précise des dispositifs en grandes écoles, et des BAPU, nous avons décidé de ne rencontrer individuellement que la directrice du BAPU Luxembourg, les autres professionnels de ces structures ont été vus au cours des réunions des réseaux. Nous avions sélectionné aussi trois directions d’universités afin de recueillir leur point de vue, mais une nous a renvoyé sur le SUMPS et les deux autres ne nous ont pas répondu, et nous n’avons pas pu prendre le temps d’en contacter d’autres. Nous n’avons rencontré qu’une mutuelle étudiante car elle proposait un dispositif innovant pour la prévention des difficultés psychologiques. Nous nous sommes aussi intéressé aux autres dispositifs originaux.

Les membres du comité de pilotage ont, en plus de leur soutien, apporté de nombreuses suggestions et préconisations qui ont été intégrées à ce rapport, nous les en remercions chaleureusement.

Nous remercions aussi les personnes qui nous ont aidé dans la rédaction du rapport, citées en annexe.

Vous trouverez en annexe la liste des personnes rencontrées (p. 55) ainsi que la liste des membres du comité de pilotage (p. 54).

Les Bureaux d’Aide Psychologique Universitaires.

Ils sont au nombre de six en région parisienne :

- Le BAPU Luxembourg situé dans le 5ème arrondissement de Paris, il est géré par la Croix Rouge Française,

- Le BAPU Pascal situé dans le 5ème arrondissement de Paris, avec une antenne à la Cité Internationale Universitaire de Paris (14ème), il est géré par la Fondation Santé des Étudiants de France,

- Le BAPU Claude Bernard situé dans le 5ème arrondissement de Paris, a eu une antenne dans le 20ème qui n’est plus active depuis 2012, a une antenne dans le 16ème, il est adossé à un CMPP, et géré par l’Association du Centre Claude Bernard de Paris,

- Le BAPU de la Grange Batelière situé dans le 9ème arrondissement de Paris, il est adossé à un CMPP, et géré par l’Association de Réadaptation Psychopédagogique et Scolaire,

- Les BAPU du Val-de-Marne situés à Cachan, Créteil et Saint-Maur, ils sont adossés à des CMPP, et gérés par l’Association de Prévention Soins et Insertion,

État des lieux sur l’accès des étudiants aux soins psychiatriques et psychologiques en Île-de-France. # / #17 74

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- Le BAPU Claparède, Centre de consultation et de traitement Henri Sauguet, situé à Neuilly-sur-Seine, il est adossé à un CMPP, une unité petite enfance, et géré par l’institut Edouard Claparède.

D’après les données de leurs rapports d’activité, leur file active cumulé pour l’année 2015 est d’environ 1400 étudiants et le nombre d’acte de 25 000 environ. La majorité des étudiants s’adressant à eux viennent spontanément (jusqu’à 80% pour certains BAPU).

Ils sont tous saturés, et ont un délai d’attente pour une première consultation compris entre 1 et 3 mois tout au long de l’année. Même si certains proposent des prises en charge psychiatriques et la mise en place d’un consultant, ils ne proposent le plus souvent que des psychothérapies.

L’expérience de la psychothérapie psychanalytique en institution des professionnels des BAPU est riche et pourrait être plus souvent mise à profit pour étayer nos connaissances à propos de la psychopathologie des jeunes adultes.

Même si le nombre d’étudiants qui y sont pris en charge est relativement faible, les BAPU sont souvent décrits par les autres acteurs comme un maillon essentiel de la prise en charge des étudiants, en particulier car les soins y sont proposés sans avance de frais.

Cependant, les critiques qui leur sont adressées sont nombreuses : - « Il est difficile de leur adresser des patients, les délais sont trop long » - « Les contacts entre professionnels sont difficiles, ils ne se placent qu’en tant que psychothérapeutes et

ne souhaitent pas échanger avec les autres professionnels. » - « Ils n’ont que peu de liens avec les universités. » - « Ils ne proposent que des psychanalyses, ce n’est pas adapté pour certains étudiants. »

Nous notons un paradoxe : seulement 8 % des étudiants connaissent l’existence des BAPU , mais tous 19

sont saturés et l’essentiel de leurs patients viennent d’eux mêmes. Nous en déduisons que la demande de soins psychothérapeutiques est très importante, et que seuls les étudiants qui ont la capacité de trouver les informations et qui n’ont pas trop de représentations négatives de la psychologie et de la pathologie mentale arrivent à consulter.

La clinique Dupré a créé en 2012 un centre de psychanalyse (centre Henri Danon-Boileau) qui sans avoir le statut de BAPU permet à un public adolescent, et notamment étudiants, non hospitalisés à Dupré, d’être suivi en psychothérapie et psychanalyse.

LMDE / IFOP, 201119

État des lieux sur l’accès des étudiants aux soins psychiatriques et psychologiques en Île-de-France. # / #18 74

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Les Services Inter-Universitaires et Universitaires de Médecine Préventive et de Promotion de la Santé

L’Île-de-France compte deux Services Inter-Universitaires de Médecine Préventive et de Promotion de la Santé (SIUMPPS), et neuf Services Universitaires de Médecine Préventive et de Promotion de la Santé (SUMPPS).

Nous avons rencontré les équipes ou les représentants des quatre premiers cités ci dessous :

Le SIUMPPS Sorbonne Université reçoit les étudiants des universités suivantes : - Paris II, Université Panthéon Assas, - Paris IV, Université Paris Sorbonne, - Paris VI, Université Pierre et Marie Curie - Sciences et Médecine.

Cela représente environ 75 000 étudiants, il dispose de 3 ETP de psychologues, répartis sur9 personnes, et de 0,1 ETP de psychiatre.

Ce n’est pas un centre de santé.

Le SIUMPS Paris Descartes reçoit les étudiants des universités et écoles suivantes : - Paris I, Université Panthéon-Sorbonne, - Paris III, Université Sorbonne Nouvelle, - Paris V, Université Paris Descartes, - Paris VII, Université Paris Diderot, - Paris IX, Université Paris Dauphine, - SciencesPo, - Ecole des Beaux Arts, - EHESS, - INALCO.

Cela représente environ 120 000 étudiants, il dispose de 4,1 ETP de psychologue, répartis sur 8 personnes, et de 0,4 ETP de psychiatre.

C’est un centre de santé.

Le SUMPPS de l’université Paris sud reçoit les étudiants de 9 IUT et UFR sur 3 départements (91,92 et 94). Cela représente environ 32 000 étudiants, il dispose de 0,7 ETP de psychologue réparti sur 2 personnes, 0,2 ETP sur le site d’Orsay et 0,1 ETP sur chacun des 5 autres sites.

Ce n’est pas centre de santé.

Le SUMPPS de l’Université Paris-Nanterre propose ses services aux 33 000 étudiants de l’université. Il dispose de 0,6 ETP de psychologue, pour une personne, et va recruter un psychiatre pour 0,1 ETP.

C’est un centre de santé depuis 2000, ce sont les médecins généralistes qui sont amenés à prendre en charge les patients dans ce cadre.

Les autres services sont :

- le SUMPPS de l’Université Paris VIII pour 22 000 étudiants.

État des lieux sur l’accès des étudiants aux soins psychiatriques et psychologiques en Île-de-France. # / #19 74

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- le SUMPPS de l’Université Paris-Est Créteil Val de Marne pour 25 000 étudiants. - le SUMPPS de l’Université Paris XIII pour 21 000 étudiants. - le SUMPPS de l’Université Paris-Est Marne-la-Vallée (UPEM) pour 11 000 étudiants. - le SUMPPS de l’Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines pour 16 000 étudiants. - le SUMPPS de l’Université d’Evry-Val-d’Essonne pour 10 000 étudiants. - le SUMPPS de l’Université de Cergy-Pontoise pour 15 000 étudiants.

Les SIUMPPS et SUMPPS sont peu connus des étudiants, seul un tiers des étudiants en licence ont effectué leur visite obligatoire et seulement 2 % des étudiants malades consultent les centres de santé des SUMPPS . La place des troubles psychologiques dans leurs actions de prévention et dans leurs 20

offres de soins sont limitées et très disparates.

Les effectifs de psychologues et de psychiatres semblent corrects dans les deux SIUMPPS, mais très bas dans les SUMPPS. Cependant, les positionnements sont très variés, allant de la proposition d’entretiens de « dépistage  », de bilans psychologiques complets, à de véritables thérapies analytiques. Tous font part d’un accroissement important des demandes ces dernières années.

Hormis pour un service, ils ne semblent pas avoir de liens institutionnels avec les enseignants, les directions d’études et l’administration de l’université concernant les difficultés psychologiques des étudiants.

Ils décrivent tous des difficultés d’articulation avec les structures d’aval, que ce soit avec les BAPU du fait de leur saturation, de leur accueil ou les services de psychiatrie. Ils regrettent l’absence de structures psychiatriques dédiées aux étudiants. Les bonnes expériences de collaboration avec un secteur, avec une structure publique ou privée sont toujours basées sur des initiatives et rencontres individuelles de deux professionnels, et ont beaucoup de mal à s’institutionnaliser.

Ces services nous sont apparu isolés des réseaux de soins psychologiques et psychiatriques existants, surtout lorsqu’ils ne sont pas spécifiques pour les étudiants.

Nous avons eu des informations contradictoires concernant la constitution en centre de santé. Certains défendent cette idée, avec comme argument principal la gratuité des soins pour l’étudiant. Mais d’autres en pensant aux spécificités de fonctionnement d’une consultation psychiatrique, à la nécessité de recevoir tout patient en faisant la demande, étudiants ou non, à l’absence de moyens supplémentaires y étaient opposés pour les soins psychiatriques.

Les actions de prévention sont essentiellement basées sur les consommations de tabac, alcool et drogues. Certains commencent à mettre en place des programmes d’information et d’éducation à la santé sur les modèles de la prévention somatique qui ne nous semble pas opérant pour les troubles psychologiques . Des 21

« Étudiants Relais Santé » sont aussi mis en place.

Des actions de prévention du suicide sont organisées selon des modèles qui restent à questionner, comme le fait de «  convoquer  » un étudiant signalé par un enseignant sans qu’il ait été informé de ce signalement. Ou encore par la formation d’étudiants chargés de repérer ceux qui pourraient passer à l’acte sur

Rapport d’information fait au nom de la commission des affaires sociales du Sénat par le groupe de travail sur la sécurité 20

sociale et la santé des étudiants. 12 décembre 2012 N. Reavley & coll., 2010 ; N. Reavley & coll., 2013 ; C.S. Conley & coll., 2013.21

État des lieux sur l’accès des étudiants aux soins psychiatriques et psychologiques en Île-de-France. # / #20 74

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le modèle du « Réseau de sentinelles  » à l’Université Laval de Québec, (à la différence qu’au Canada, ces sentinelles sont des professionnels de l’université).

Seul un service a évoqué une activité de recherche sur les difficultés psychologiques des étudiants, il s’agit d’un sondage dans le cadre d’un projet IDEX. Il est vrai que cela fait partie de leurs missions, cependant il nous parait difficile, à la vue de leurs effectifs, qu’ils puissent effectuer seuls une activité de recherche suivant les critères internationaux.

Enfin, beaucoup s’accordent à dire qu’il est très difficile de proposer des soins psychologiques ou psychiatriques au sein de l’université. Bien souvent la prise en charge, surtout psychothérapeutique, est mise en difficulté par la confusion entre les espaces de soins et les espaces d’enseignement, d’apprentissage, parfois par le manque de discrétion, et enfin souvent par une trop courte durée de prise en charge.

La psychiatrie du secteur public et du secteur privé participant au service public.

A notre connaissance, hormis trois exceptions à Paris : - L’unité d’hospitalisation dans le service du Pr Isabelle Ferrand (Hôpital Cochin), qui a développé un

accueil spécifique pour les étudiants (cette unité est transférée sur le site de l’Hôtel Dieu à Paris en Mai 2017),

- Le Centre d’évaluation pour Jeunes Adultes et Adolescents (C'JAAD) du Service Hospitalo-Universitaire du Pr Odile Krebs (Hôpital Sainte-Anne) qui propose des évaluations diagnostiques pour les jeunes adultes étudiants ou non, essentiellement axées sur la détection précoce des troubles psychotiques,

- L’accueil Jeunes Adultes au sein du CMP du Secteur N°18 de Psychiatrie Adulte (16ème arrondissement nord) service du Dr Bertrand Garnier, qui reçoit des étudiants, même non domiciliés sur le secteur.

Les autres services de psychiatrie du secteur public n’ont pas d’offre de soins spécifiques. Ils prennent en charge les étudiants lorsqu’ils arrivent jusqu’à eux, en particulier pour des hospitalisations. Les centres médico-psychologiques, souvent saturés, ne sont souvent pas adaptés pour recevoir des étudiants qui présentent des troubles modérés.

Les Maisons des Adolescents reçoivent des patients âgés au maximum de 18 ans, mais, face à la demande, certaines réfléchissent à revenir sur cette limite.

Trois établissements privés participant au service public, proposent des soins aux étudiants :

- La Fondation Santé des Etudiants de France (FSEF) dispose de plusieurs établissements en France proposant des hospitalisations en soins-études, ces structures sont saturées en Ile-de-France et affichent un délai d’admission d’environ un an. Elle gère également 5 dispositifs « relais » à Sceaux (clinique Dupré), Paris 13° (clinique G. Heuyer), Melun (centre de Neufmoutiers), La Courneuve et Cergy (centre de Bouffémont) permettant aux étudiants d’accéder à des consultations psychologiques et consultations psychopédagogiques, individuelles et pluridisciplinaires, des médiations thérapeutiques groupales , des ateliers pédagogiques spécifiques individuels ou en groupe,

État des lieux sur l’accès des étudiants aux soins psychiatriques et psychologiques en Île-de-France. # / #21 74

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des orientations thérapeutiques vers le réseau local de soins, une aide à l’élaboration du projet universitaire et professionnel, en lien avec les CIO. La FSEF a aussi un projet de centre de soins pluridisciplinaires qui comprendra une consultation psychiatrique dans le 5ème arrondissement de Paris. Elle gère un des BAPU de Paris. Elle accompagne le projet « Happy Doors » de la LMDE.

- Le département de Psychiatrie de l’Adolescent et du Jeune Adulte de l’IMM, dirigé par le Pr Maurice Corcos, historiquement Hôpital de la Cité Universitaire et toujours voisin de celle-ci, dispose d’une consultation psychiatrique à destination des étudiants depuis janvier 2014, et développe des partenariats avec les Grandes Ecoles (ENS, Mines ParisTech), participe à l’accompagnement des projets NightLine de PSL, du Programme des Etudiants Invités de l’ENS et des programmes DAE et DARE de SciencesPo Paris.

- Le Centre René Capitant, structure de psychiatrie adulte située dans le 5ème arrondissement de Paris, (regroupant un hôpital de jour, un CMP et un unité de thérapie familiale) développe depuis 2016 une consultation psychiatrique et une offre psychothérapeutique psychanalytique à destination des étudiants. Il participe à l’encadrement du projet « Happy Doors » de la LMDE.

Les dispositifs « Happy Doors », NightLine de PSL, Programme des Etudiants Invités de l’ENS et programmes DAE et DARE de SciencesPo Paris sont décrits en détail plus bas.

La psychiatrie du secteur privé.

Les établissements d’hospitalisation privés ne disposent pas d’offre spécifique.

Certains psychiatres et psychologues exerçant en cabinet privé ont développé une pratique spécifique, du fait d’intérêts propres et d’une expérience professionnelle auprès des adolescents et des jeunes adultes, souvent en lien direct avec certains acteurs rencontrés, mais sans que ce réseau soit bien identifié et partagé.

Des psychologues et des psychiatres au sein des Grandes Ecoles.

Les Grandes Écoles, et les structures universitaires tendant vers ce modèle, du fait de leur petite taille, développent une relation étroite avec leurs étudiants. Les enseignants et dirigeants sont souvent témoins des difficultés psychologiques des étudiants, en particulier lorsque les étudiants sont logés au sein du campus de l’école, ce qui les rend particulièrement sensibles à ces questions.

Certaines grandes écoles de la région parisienne se sont dotées d’une consultation pour les problématiques psychologiques, essentiellement par le recrutement de psychologues. Les différents intervenants présents dans les grandes écoles le sont grâce à des initiatives individuelles des directions, avec des statuts souvent précaires. Ils ont des approches et des pratiques diverses. Ils sont tous présents à temps très partiel sauf à l’école Polytechnique qui dispose d’un service de psychologie.

Certaines disposent d’un.e psychiatre : l’Ecole Normale Supérieure (ENS) Paris, l’ESCP Europe Business School, et Sciences Po Paris.

D’autres disposent d’un.e psychologue : l’Ecole Centrale Paris, l’Ecole Normale Supérieure de Cachan, l’ENSTA, ESSEC Business School, HEC, Institut d’Optique Graduate School, SKEMA Business School, Ecole Nationale de la Statistique et de l’Administration Economique.

État des lieux sur l’accès des étudiants aux soins psychiatriques et psychologiques en Île-de-France. # / #22 74

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L’Ecole Polytechnique dispose d’un service de psychologie, qui du fait de l’isolement de l’école sur le plateau de Saclay, propose des thérapies et des suivis au long court.

Mines ParisTech, dispose d’une psychologue et des conseils d’un psychiatre.

La plupart des intervenants dans les grandes écoles sont membres de l’Association Santé Grandes Ecoles (ASGE) créée en 2008.

Depuis 13 ans, l’auteur de ce rapport a développé un dispositif de prévention secondaire des difficultés psychologiques à l’ENS Paris. Nous assurons, au sein de l’école, un accompagnement des étudiants vers les soins à l’extérieur de l’école, mais aussi le travail de liaison avec les enseignants et les personnels administratifs. Il effectue un travail de sensibilisation concernant les difficultés psychologiques et les maladies psychiatriques, ainsi que l’animation du dispositif « aider un étudiant à se faire aider », c’est à dire l’accompagnement de toute personne qui s’inquiète pour un étudiant, et qui a besoin de conseils pour amener l’étudiant à des soins. Ce modèle de prévention secondaire est décrit en détail en annexe (p. 56).

Lors de la création de ce dispositif, nous avons été très étonné de constater que les étudiants de l’ENS consultaient très longtemps après le début des difficultés, parfois lorsque celles-ci s’étaient aggravées de manière importante. En effet, il s’agit d’une population particulièrement privilégiée, de part son capital intellectuel, mais aussi de part ses origines sociales (familles en majorité CSP+). De plus l’ENS est situé dans le 5ème arrondissement de Paris, bénéficiant de l’installation de trois BAPU à moins de 5 minutes à pied, et de la deuxième densité la plus importante (après le 14ème arrondissement de Paris) en psychiatres et psychologues du secteur privé. Nous ne nous attendions pas à noter autant de difficultés dans l’accès aux soins psychologiques et psychiatriques pour cette population. La présence du psychiatre à l’intérieur de l’ENS a permis, après plusieurs années, de réduire de manière importante pour de nombreux étudiants, les délais d’accès aux soins.

Il n’existe pas d’études spécifiques concernant les étudiants des grandes écoles, elles restent à entreprendre. L’impression clinique de l’ensemble des intervenants est qu’il n’y a pas de différence importante avec les étudiants, on retrouve toutes les difficultés liées au prolongement du processus de l’adolescence, à l’autonomisation et aux études (exigence de résultats, incertitudes concernant les trajectoires professionnelles futures), mais aussi toutes les pathologies psychiatriques débutant dans cette classe d’âge. La seule particularité notable se rencontre chez certains étudiants issus des filières les plus sélectives qui semblent avoir mis les processus développementaux de l'adolescence « en sommeil  » au cours de leurs classes préparatoires, et se retrouvent en difficulté une fois confrontés à la vie en école. Les difficultés d’accès aux soins sont similaires à celles mise en évidence par les différentes études citées plus haut, doublées, pour certains, par la honte de ressentir un malaise alors qu’ils ont intégré une école prestigieuse, et par la confrontation de leur idéal à la réalité sociale.

Les « points écoutes ».

La Cité Internationale Universitaire de Paris.

La Cité internationale Universitaire de Paris (CIUP) accueille environ 12 000 étudiants, chercheurs, artistes et sportifs chaque année. Une priorité est donnée aux étudiants inscrits en master, doctorat et post-doctorat. Les

État des lieux sur l’accès des étudiants aux soins psychiatriques et psychologiques en Île-de-France. # / #23 74

Page 24: État des lieux sur l’accès des étudiants aux soins ......État des lieux sur l’accès des étudiants aux soins psychiatriques et psychologiques en Île-de-France. Rapport de

résidents sont majoritairement des étudiants (environ 90 % des effectifs) d’origines étrangères (75 %) de plus de 140 nationalités. Un quart des résidents sont de nationalité française.

La CIUP dispose d’un Relais social international qui propose des actions de prévention collective sur la santé étudiante, un accompagnement social, une première consultation psychologique (d’accueil, d’évaluation et d’orientation, ou un soutien ponctuel) et la possibilité d’un suivi en psychothérapie (partenariat avec le BAPU Pascal).

L’Institut Catholique de Paris.

L’Institut Catholique de Paris (ICP) a mis en place depuis quatre ans un accueil psychologique pour les étudiants de l’ICP ou venant de l’extérieur.

Il est organisé et géré par l’École des Psychologues Praticiens (PsychoPrat), assuré par 16 étudiant.e.s en cinquième année de psychologie, chacun.e. à temps très partiel. Ces étudiant.e.s sont recrutés par un « mini-concours » et sont supervisé.e.s par la directrice de PsychoPrat.

La prise en charge est limitée à 5 ou 6 séances, puis, si cela est nécessaire, l’étudiant est adressé à un soignant du réseau propre à PsychoPrat, le plus souvent en consultation privée.

Les demandes principales concernent des moments de vulnérabilité lors des transitions. La demande est décrite comme exponentielle.

Ces étudiant.e.s animent aussi des ateliers sur le stress, les attentats, ou sur le thème : « Se connaitre pour mieux choisir ».

Ce dispositif s’appuie sur le modèle de l’aide par les pairs et de « préparation aux soins ».

Les points écoutes d’APASO dans les résidences du CROUS.

L’Association pour la Prévention, l’Accueil, le Soutien et l’Orientation (APASO) propose des points écoutes dans des résidences CROUS.

Une première permanence a été créée à la demande de la LMDE en 2011 à Evry (3h/sem), puis en novembre 2012 à Paris, dans la résidence CROUS de Ménilmontant financée au départ par la ville de Paris, avec un soutien matériel du CROUS. Progressivement des financements supplémentaires ont été obtenus de l’ARS Ile-de-France et actuellement à Paris, 11h de permanence par semaine sont proposées sur 3 lieux : 2 dans des résidences CROUS et 1 à la maison des initiatives étudiantes de Bastille.

La demande est assez forte, l’attente pour une nouvelle consultation est d’environ 1 mois. La majorité des demandes sont spontanées grâce aux actions de communications (site internet en particulier), des orientations se font par le service social du CROUS,

Le maintien de ce type d’initiative est difficile car le type de financement, assuré par plusieurs institutions, rend le dispositif précaire. De plus, ce genre de travail est à la croisée du soin et de la prévention, ce qui n’aide pas pour les recherches de financements.

État des lieux sur l’accès des étudiants aux soins psychiatriques et psychologiques en Île-de-France. # / #24 74

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L’accompagnement pédagogique et l’orientation vers les soins.

La perception des difficultés psychologiques et/ou le souci que l’on peut se faire pour l’étudiant commence dès la rencontre avec les enseignants. Certains psychologues ou psychiatres dans les grandes écoles travaillent en étroite collaboration avec les équipes enseignantes ou administratives de leur structure. Nous pouvons considérer que la rencontre pédagogique est le premier maillon de la chaine d’aide de l’étudiant présentant des difficultés psychologiques. Car bien souvent celles-ci se traduisent très tôt par des difficultés dans le parcours universitaire en particulier par des difficultés d’apprentissage, ou un absentéisme.

Nous pouvons citer deux dispositifs qui, partant d’un accompagnement pédagogique, permettent une adaptation pédagogique et donc une prévention des difficultés, mais aussi une orientation vers des soins si nécessaire.

Le Bureau Interface professeurs étudiants (B.I.P.E.) de la Faculté de Médecine Pierre et Marie Curie.

Le BIPE propose des interventions pour favoriser le bon déroulement des études de médecine et le bien-être des étudiants, sous la forme d’un tutorat individuel et d’actions collectives. Il est dirigé par une psychiatre.

• Des tuteurs enseignants reçoivent de manière confidentielle, afin de proposer des conseils et interventions personnalisées : - avoir des conseils pour les études et de l’internat - aider à mettre en place les projets d'études et professionnels - avoir un entretien d'aide à l'orientation - aider à développer des méthodes d'apprentissage adaptées - aider en cas de problèmes en stage - aider à gérer le stress et à déterminer les outils qui seraient utiles - aider en cas de difficultés sociales, de problèmes de santé…

• Des interventions en groupes sont proposées avec "Apprendre à apprendre", "Être bien dans ses études et les réussir", les groupes de discussions inter-stages : - développements des méthodes d'apprentissage, - gestion du temps de travail, - gestion du stress - amélioration de la qualité de vie (sommeil...) - être bien dans son stage et mieux apprendre à partir du stage.

• Une interface étudiants-enseignants est en place pour discuter de projets innovants en pédagogie et aider à détecter des dysfonctionnements pédagogiques, en coordination avec le Conseil des études : les réunions de promotion. Elles sont proposées deux fois par année pour chaque promotion.

• Des conférences-débats sont organisées chaque année, elles visent : - être bien dans ses études et les réussir - à donner une vision globale des différentes carrières en médecine : Médecins, quels métiers

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• Avec le Doyen de la faculté, un forum des carrières est organisé chaque année, pour les DFASM1, DFASM2 et DFASM3 : il permet de rencontrer des médecins ayant des spécialités et des modes d'exercice différents (privé/public, hospitalier, ambulatoire, etc).

• Les tuteurs peuvent adresser à la psychiatre les étudiants les plus en souffrances afin d’évaluer leurs difficultés psychologiques, et de les orienter vers des soins. Les étudiants peuvent aussi prendre rendez-vous directement avec elle.

Ce dispositif complet avec un « guichet d’entrée  » unique sur les questions pédagogiques, de bien être, de souffrance dans les études nous semble très intéressant.

Vous trouverez une description détaillée de ce dispositif en annexe (p. 62).

Les aspects et les enjeux de l’accompagnement vers les soins psychiques en terme de confidentialité, de partage des informations avec la gestion du secret médical, de liens entre l’intérieur de la structure universitaire et les soins à l’extérieur ont amené la psychiatre responsable du BIPE, à une position très proche de ce qui a été développé à l’Ecole Normale Supérieure (Cf description en annexe p. 56).

Le Dispositif d’Accompagnement aux Enseignants (DAE) et le Dispositif d’Accompagnement Renforcé d’Education (DARE) de SciencesPo Paris :

Ces deux dispositifs complémentaires ont été créés par le pôle handicap de SciencePo Paris.

Le DAE (Dispositif d’Accompagnement aux Enseignants) vise à accompagner sur le plan pédagogique les enseignant.e.s de SciencesPo, qui accueillent dans leurs effectifs des étudiant.e.s atteint.e.s de troubles cognitifs ou psychiques.

Il a également pour vocation d’améliorer l’information et la sensibilisation des équipes pédagogiques pour une meilleure prise en charge des étudiant.e.s concernées.

De manière générale, il s’inscrit dans la politique de l’établissement en matière d’innovation pédagogique (pédagogie active, outils multimédias, etc.) afin d’accroître les standards d’enseignement, pour lesquels les difficultés soulevées par les troubles cognitifs et psychiques sont un levier de réflexion très saillant sur les modalités de transmission et d’évaluation des savoirs.

Le DARE (Dispositif d’Accompagnement Renforcé d’Education) permet d’accompagner individuellement les étudiant.e.s en grande difficulté dans leur parcours scolaire, du fait d’un « Handicap psychique » reconnu ou de difficultés psychologiques transitoires.

Il est proposé en seconde intention (après une première réponse par les services existants) dans des situations pour lesquelles un accompagnement renforcé et multiforme apparaît nécessaire et utile face à un risque élevé de fragilisation durable des études, de décrochage ou d’abandon de scolarité.

Vous trouverez une description détaillée de ces dispositifs en annexe.

Le pôle santé de SciencesPo ne participe qu’à la marge à ces dispositifs. Nous pensons, qu’au-delà des positions concernant le concept de Handicap et des possibilités de compensation au décours des études, il est très dommageable pour les étudiants que l’articulation ne puisse mieux se faire.

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L’aide par les Pairs.

Les étudiants aussi se mobilisent pour répondre aux difficultés psychologiques de leurs pairs, une de leur mutuelle a aussi créé un dispositif s’appuyant sur eux.

Le dispositif « Happy Doors » de la LMDE.

La Mutuelle Des Étudiants (LMDE) fait depuis longtemps le constat du mal-être des étudiants, en particulier grâce à ses Enquêtes Nationales sur la Santé des Étudiants publiées très régulièrement, qui montrent de plus une dégradation de l’état de santé général des étudiants tout au long de leurs études.

Une des réponses proposée est le Projet d'accompagnement à l'autonomie en santé des jeunes : « Happy Doors ».

Il consiste en un binôme d’étudiants qui fait du porte à porte dans les résidences CROUS, entre 19h et 22h, pour informer et proposer de l’aide :

- sur les démarches administratives, - sur les réseaux de soins, - pour se soucier de l’état de santé de l’étudiant, - pour rompre l’isolement.

Cette expérimentation financée par la ville de Paris a débuté en janvier 2017, un bilan sera fait en juin 2017. Cinq résidences du CROUS sont concernées (soit 467 étudiants) dans le 13ème, le 18ème et le 20ème arrondissements de Paris, avec forte proportion d’étudiants étrangers.

Les premiers étudiants relais sélectionnés ont entre 22 et 27 ans, ils sont rémunérés par la LMDE. Ils bénéficient de plusieurs modules de formation :

- Formation à la méthode « aller vers » par la LMDE, - Module sur le système de santé par le service social du CROUS, - Module pour apprendre à repérer les signes de dépression et à gérer les situations de détresse par

l’équipe du SIUMPPS Sorbonne Université et par l’équipe du Centre René Capitant.

Ils sont accompagnés par la LMDE avec un reporting pour chaque intervention, et bénéficient d’une supervision et d’un échange de « bonnes pratiques » de 3 heures toutes les 6 semaines, assurés par l’équipe du Centre René Capitant.

Un réseau de partenaires pour les adressages a été constitué : - APASO, accompagnement psychologique et social, - Centre René Capitant, prise en charge psychiatrique ou psychothérapeutique, - Département de psychiatrie de l’adolescent et du jeune adulte de l’IMM, prise en charge psychiatrique, - Fondation Santé des Étudiants de France, - Service social du CROUS. - Le SIUMPPS Sorbonne Université, qui propose une convocation « prétexte ».

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Le dispositif « NightLine » au sein de Paris Sciences et Lettres (PSL).

NightLine est un projet qui a pour but d’écouter et de soutenir les étudiants en difficulté psychologique ou pour d'autres problèmes personnels. Il s’agit d’un groupe de bénévoles ayant suivi une formation pour recevoir des appels et discuter par chat avec des étudiants de PSL (ComUE regroupant 26 structures universitaires, dont : l’EHESS, l’ENS, MINES ParisTech, l’Université Paris-Dauphine, soit 22 000 étudiants).

Ce projet est créé sur le modèle des dispositifs similaires qui existent en Irlande, en Grande-Bretagne, en Allemagne. Vous pouvez trouver les informations détaillées sur le site du dispositif Irlandais : http://niteline.ie

Il s’appuie sur quatre principes  fondamentaux : le service est anonyme, confidentiel, sans jugement et non directif.

Ouvert sur des horaires de soirées et de début de nuit (21h00 à 2h00), le dispositif permet une écoute à des horaires pendant lesquels aucun autre dispositif n’est ouvert. Dans les autres pays, les étudiant.e.s qui appellent pensent que leur problème n'est pas suffisamment important pour aller voir un professionnel. Dans certains cas, les appelant.e.s arrivent à la conclusion qu'ils ou elles doivent aller voir un professionnel, et à leur demande, les bénévoles fournissent les informations relatives aux services d’écoute, d’accompagnement ou de soins disponibles pour l’appelant.e..

Les bénévoles sont formés à l’écoute et à l’accompagnement selon un programme déjà utilisé dans les autres pays, et doivent être accompagnés régulièrement pour discuter des appels difficiles et  apprendre comment mieux y répondre.

Un premier partenariat devrait être conclu avec le Département de Psychiatrie de l’adolescent et du jeune adulte de l’IMM pour effectuer cet accompagnement, et d’autres structures ont été contactées.

Le Programme des Etudiants Invité de l’ENS et programmes similaires du RESOME (Réseau Etudes Supérieures et Orientation des Migrant.e.s et des Exilé.e.s).

Le programme d’étudiant invité (PEI) de l’Ecole Normale Supérieure est destiné aux étudiants (ou chercheurs, professeurs, intellectuels étrangers réfugiés), demandeurs d’asile, exilés en procédure de demande d’asile, et étudiants migrants en incapacité de poursuivre leurs études supérieures dans leur pays d’origine en raison de persécutions ethniques, politiques, religieuses ou raciales, de catastrophe économique ou écologique, de leur orientation sexuelle, de la guerre ou des conflits.

La participation donne accès au campus de l'ENS, à des cours intensifs de français dispensés par des étudiants de l'ENS, aux cours dispensés à l’ENS en auditeur libre, à un accompagnement pour la reconstruction d’un projet d’étude.

Le PEI repose sur la formation d’un trinôme, avec un étudiant de l’Ecole et un tuteur parmi les professeurs : - Le partenariat (binôme) : chaque étudiant invité est mis en relation avec un étudiant de l’Ecole, dont le

rôle sera de l’aider avec les cours de français, de lui faire visiter l’Ecole, de lui expliquer comment elle fonctionne, de répondre à ses questions, de lui montrer les différents cours auxquels il ou elle pourra participer en fonction de son domaine d’étude  ; mais aussi de lui faire découvrir l’  «  atmosphère étudiante » de l’Ecole (clubs, soirées de l’Ecole).

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- Le tutorat  : avec un professeur de la discipline concernée, pour aider le ou la candidat dans son projet d’étude.

A coté de la constitution d’un réseau de soins somatiques et psychiques pour les étudiants invités, les bénévoles ont mis en place une possibilité de soutien pour eux-mêmes, lorsqu’ils sont confrontés à des situations difficiles. D’abord constitué par un accueil individuel informel au sein du pôle Santé de l’ENS, cet accompagnement devrait s’institutionnaliser grâce un partenariat avec le département de psychiatrie de l’IMM.

Les réseaux.

L’Association Santé Grandes Ecoles (ASGE).

Nous avons déjà parlé de l’Association Santé Grandes Ecoles (ASGE) créée en 2008 par la plupart des intervenants dans les grandes écoles. Elle permet des échanges sur les spécificités des populations d’étudiants des Grandes Écoles, ainsi que des échanges cliniques très enrichissants.

Le RÉseau de Soins Psychiatriques et Psychologiques pour les ÉTudiants (RESPPET).

Un autre réseau s’est constitué en 2008, le réseau RESPPET, (RÉseau de Soins Psychiatriques et Psychologiques pour les Etudiants) proposant d’inclure tous les acteurs de la prise en charge psychiatrique et psychologique des étudiants à Paris et en Ile-de-France, certains membres de l’ASGE y participent activement.

C’est un réseau particulièrement actif, qui permet des échanges entre des professionnels d’inspirations théoriques très variées. Il est animé avec le souci de maintenir une approche intégrative des soins psychiques aux étudiants. Actuellement, la quasi totalité des structures recevant des étudiants y sont représentées.

L’implication de la Mairie de Paris.

La ville de Paris, par l’intermédiaire de Mme Marie-Christine Lemardeley (Adjointe à la Maire de Paris, chargée de toutes les questions relatives à l'enseignement supérieur, la vie étudiante, la recherche) est très impliquée dans un certain nombre de dispositifs à l’intention des étudiants.

Elle finance une partie des points écoutes de l’APASO, le dispositif Happy Doors de la LMDE.

Chaque mois de septembre, la ville de Paris organise, en collaboration avec le CROUS, le forum étudiant de rentrée sur le parvis de l’hôtel de ville, rassemblant des informations sur le logement, sur les aides sociales, mais aussi sur l’accès aux soins.

La possibilité de créer des consultations psychiatriques dans les centres de santé de la mairie en collaboration avec les secteurs de psychiatrie adulte et une possibilité d’ouverture aux étudiants, est à l’étude.

Des réflexions pour éviter l’isolement sont aussi menées : colocation étudiante, travail sur les résidences, lieu de vie, rapprochement lieu de vie / lieu d’étude.

Mais parfois se pose la légitimité d’un financement par la ville de Paris des actions d’accompagnement des étudiants qui sont à l’interface entre la prévention et le soin.

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Les projets restés sans suites.

La maison de santé Paris-Saclay

Un projet « Santé Mutualisé des Étudiants de Paris Saclay », dont nous avons seulement entendu parlé, a été proposé aux structures membres de l’Université de Paris-Sacaly, mais il semblait ne proposer que la création d’une maison de santé financée par les acteurs universitaires, déconnectée des acteurs locaux et du SUMPPS Paris Sud.

Le Centre Didier Anzieu à l’Université Paris Ouest Nanterre la Défense.

Dominique Cupa, directrice de l’Equipe d’Accueil CLInique PSYchanalyse Développement - (CLIPSYD, EA 4430) a porté de 2007 à 2013 le projet du Centre Didier Anzieu à l’Université Paris Ouest Nanterre la Défense. Partant du triple constat que les étudiants étaient en grande souffrance psychique, que les recherches sur ces souffrances et leurs prises en charge étaient quasiment inexistantes, mais aussi qu’il n’existait pas de formations spécifiques à la psychologie et à la psychopathologie des jeunes adultes, elle a proposé un centre avec un triple objectif : Soins Psychiques, Recherche et Formation.

Bien qu’ayant rencontré un interêt important de la part des différents acteurs, ce projet n’a pas pu être réalisé.

Vous trouverez en annexe une description détaillée du projet (p. 64).

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Préconisations.

Afin de rendre plus lisible l’offre de prévention et de soins à l’intention des étudiants, nous proposons une organisation selon les trois types de préventions : primaire, secondaire et tertiaire . 22

Même si il existe un continuum entre les trois types de prévention, en particulier dans le domaine psychologique ou les soins peuvent être considérés comme une prévention secondaire ou tertiaire selon les cas, il nous a semblé que les objectifs des différentes initiatives des personnes rencontrées étaient souvent confuses sur ce point.

Nous pensons indispensable d’avoir une vision globale, de définir des principes généraux et des modèles d’intervention clairs, même si tous ne pourront être réalisés sur tous les territoires, pour la prévention et la prise en charge des difficultés psychologiques des étudiants. Ceci permettrait d’éviter que certaines initiatives d’apparence pragmatique viennent s’ajouter au « mille feuille » institutionnel existant, et produire une sorte de stérilisation conjointe.

Le développement des actions de prévention secondaire et primaire est essentielle pour répondre à l’enjeu des difficultés psychiques des étudiants.

En effet, le coût global des maladies psychiatriques pour l’ensemble de la population en France est évalué à 109 milliards d’euros par an, dont 13 milliards pour les seules dépenses d’assurance maladie . On peut 23

penser que la prévention de ces maladies permettrait de faire baisser ce coût en évitant un certain nombre d’évolutions péjoratives.

Le rapport de la mission d’information sénatoriale sur la situation de la psychiatrie des mineurs en France (2017), citant le rapport «  Mental health promotion and mental illness prevention: the economic case  » du Department of Health de Londres, précise que d’un point de vue médico-économique, il a été démontré que la prévention sous ses différentes formes permet des économies par rapport à l’absence de réponse adaptée.

Cette prévention passe par la prise en compte des facteurs favorisant les difficultés psychiques et la prise en charge précoce des difficultés psychologiques modérées, qui sont souvent banalisées. En effet, même si pour la plupart des patients, les difficultés seront passagères, elles peuvent constituer pour d’autres des modes d’entrée dans des parcours psychiatriques.

Par ailleurs, de nombreux témoignages aussi tirés de notre expérience, montrent que de nombreuses fois les difficultés psychologiques d’un étudiant sont très tôt perçues par l’entourage universitaire, qui ne

Définies selon le glossaire de la Banque de Données en Santé Publique (BDSP) : 22

 - Prévention primaire : Actions visant à réduire la fréquence d'une maladie ou d'un problème de santé dans une population saine, par la diminution des causes et des facteurs de risque. L'incidence correspond à l'apparition de nouveaux cas.  - Prévention secondaire : Actions visant à la détection et au traitement précoce d'une maladie ou d'un problème de santé. La prévention secondaire consiste à identifier la maladie ou le problème de santé à son stade le plus précoce et à appliquer un traitement rapide et efficace pour en circonscrire les conséquences néfastes.  - Prévention tertiaire : Actions visant à réduire la progression et les complications de la maladie avérée ou d'un problème de santé. Elle consiste en mesures destinées à réduire les incapacités, les invalidités et les inconvénients et à améliorer la qualité de vie. La prévention tertiaire constitue un aspect important des soins médicaux et de réhabilitation.

Rapport de la Cour des comptes : L’organisation des soins psychiatriques : les effets du plan « psychiatrie et santé 23

mentale » (2005-2010), 2011 ; Etude de l’institut Montaigne et de la fondation Fondamental : Prévention des maladies psychiatriques : pour en finir avec le retard français. 2014.

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sachant ni accompagner psychologiquement l’étudiant ni vers qui se tourner, «  préfère  » ne pas voir les premiers signes. De plus, même lorsqu’il propose un adressage vers les BAPU ou les services de Médecine Préventive, le début du parcours de soin est souvent décrit comme un « parcours du combattant ». Les premières occasions de faire entrer un étudiant dans un parcours de soutien et de soins psychologiques sont souvent ratées, et ce n’est que lorsque les troubles s’aggravent que l’étudiant peut être pris en charge.

Par ailleurs, nous avons vu dans la première partie, qu’il est essentiel, dans le cadre de la prévention du suicide, de mettre en place une prévention efficace des troubles mentaux, en particulier chez les adolescents et les jeunes adultes.

Nous ne pensons pas qu’il suffirait de former les enseignants à repérer les difficultés psychologiques pour optimiser l’accès aux soins psychiques des étudiants. Nos propositions s’articulent autour de l’idée de multiplier les possibilités de rencontres pouvant amener un étudiant vers un accompagnement, un soin psychologique ou psychiatrique. Il s’agit de multiplier les points d’entrée dans les dispositifs d’aide, mais aussi renforcer la collaboration des différents acteurs de la chaine d’aide commençant avec les pairs, l’enseignant et finissant avec le psychiatre, afin d’arriver à l’objectif de prévenir et prendre en charge très précocement la souffrance psychique des étudiants. Il s’agit d’effectuer une sorte d’hybridation entre les accompagnements pédagogique, social et psychologique.

Le psychologue ou le psychiatre à l’intérieur de la structure universitaire doit être un des maillons de la chaine d’aide qui doit s’organiser sous la forme d’un compagnonnage, avec un chevauchement des champs d’intervention de chacun, mais aussi une définition claire de la place de chacun afin qu’il n’y ait pas de confusion.

Enfin, nos préconisations tiennent compte de ce qui nous a semblé problématique dans les dispositifs existants :

- A propos des Étudiants Relais, nous nous demandons qu’elle est la responsabilité légale et éthique de l’institution qui met des volontaires en situation de « repérer » et d’accompagner des personnes en grande difficulté psychologique. Il nous semble y avoir un équilibre à trouver entre encourager le lien social, l’entraide, la bienveillance, la sollicitude dans une communauté, et faire de certains de ses membres, non professionnels, des auxiliaires de soins.

- A propos de la confusion entre les espaces de soins et des études, de soins et de vie privée, nous avons noté des prises en charges psychothérapeutiques longues à l’université (non guidées par l’isolement de la structure universitaire), des soignants ou des professionnels enseignants ou administratifs se lançant dans des accompagnements en dehors des cadres de soins ou éducatifs et parfois empiétant sur l’espace privé de l’étudiant.

- A propos des communications entre les différents corps de métiers (enseignants administration, assistantes sociales, psychologues des SUMPPS, psychologues et psychiatres extérieurs) qui sont parfois inexistantes concernant les difficultés psychologiques des étudiants, nous avons remarqué que les contacts avec les SUMPPS / SIUMPPS ou les BAPU sont souvent réduits du fait de l’absence de liens réels, du fait des positionnements de certaines structures de soins mais aussi du fait de leur saturation en lien parfois avec un manque de moyens.

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- A propos de la position du psychiatre ou psychologue à l’université et du travail pluridisciplinaire, nous avons observé qu’il pouvait y avoir une absence totale d’échange avec les équipes enseignantes, ou au contraire une communication ne respectant pas les règles minimales du secret professionnel et médical, des adressages sur des réseaux « mono-théoriques » ou exclusivement de connaissances proches, sans tenir compte des spécificités de l’étudiant, ainsi que des «  auto-adressages » en cabinet privé.

- A propos des stagiaires qui sont mis dans cette position particulière d’accueil des étudiants avec l’argument qu’étant plus proche d’eux en âge, les étudiants auraient plus de facilité à les consulter. Il ne nous semble pas que ce soit le cas, par contre il nous semble nécessaire d’avoir une expérience clinique importante pour pouvoir effectuer ce travail d’évaluation, d’accompagnement et de soins dans cette position si particulière.

- A propos des orientations théoriques des dispositifs et des recherches qui sont beaucoup trop souvent uniques. Il nous semble indispensable de dépasser les clivages, tout à fait délétères pour la prise en charge des difficultés psychologiques des étudiants et renforcer dans tous les domaines les orientations intégratives.

- A propos de la présence des dispositifs innovants exclusivement à Paris, même si les lieux de vie et d’étude des étudiants sont très concentrés, en particulier à Paris, il nous semble nécessaire de prioriser le développement des futurs dispositifs en banlieue.

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La prévention primaire.

La prévention primaire n’est pas uniquement du ressort des soignants, mais ils participent à la mise en place de la Promotion de la Santé telle que définie par la Charte d’Ottawa . 24

Concernant les étudiants, ils peuvent, avec les autres acteurs, peser pour que les élaborations de politiques pour la santé, tiennent compte des spécificités de cette population, comme la précarité croissante.

Les soignants mieux intégrés aux universités pourront aussi favoriser les actions du deuxième axe de la Charte, la création d’environnements favorables, en accompagnant l'évolution des modalités pédagogiques, et les modifications environnementales.

Le troisième axe de la Charte d’Ottawa, le renforcement de l’action communautaire est essentiel même si la communauté des étudiants est déjà très mobilisée.

Concernant le quatrième axe de la Charte, l’acquisition d'aptitudes individuelles, s’il est évident que la lutte contre la stigmatisation favorise l’acceptation des étudiants présentant des difficultés psychologiques ou des handicaps psychiques au sein de la communauté, nous avons vu que des études montraient qu’une intervention d’éducation à la santé, améliorant les connaissances en santé mentale des étudiants, n’avait aucun effet sur l’accès au soin. L’expérience clinique d’un certain nombre de praticiens tend à confirmer ce fait. C’est la raison pour laquelle nous préconisons une plus grande intégration du soignant au sein de la structure universitaire, pour l’acquisition d’aptitudes individuelles puisse se faire dans le cadre de la rencontre précoce avec le soignant et dans le cadre de la rencontre entre les enseignants et les soignants.

Pour le cinquième axe de la Charte, la réorientation des services de santé, beaucoup de travail reste à faire, en particulier en terme d’ajustement, de formation clinique et de recherche.

Un certain nombre d’actions plus précises peuvent être recommandées :

Les préventions ciblées.

Comme le recommande le Plan National de Vie Etudiante , les actions de prévention ciblées (tabac, alcool, 25

binge drinking, cannabis, drogues,..) devront être mieux orientées en fonction des comportements et déterminants de santé, et confiés en priorité aux étudiants eux-mêmes, à leurs associations, et à leurs mutuelles.

En particulier, il nous semble que ces préventions ciblées, devront être intégrée dans la promotion du « bien-être », du « bien-vivre », du « bien étudier » pour cette population parfois non réceptive aux messages de prévention ciblés sur une conduite.

Préconisation N° 1 : Réorienter les préventions ciblées vers une promotion du «  bien-être », du « bien vivre » et du « bien étudier ».

Charte d’OTTAWA (1986)24

Plan National de Vie Etudiante, 201525

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Lutte contre la précarité.

La précarité peut être un facteur majeur de décompensation anxieuse et dépressive chez les étudiants, il est essentiel que les politiques de soutien financier et d’aménagement du territoire (construction de logements au plus prés des centres universitaires) soient développées en direction des étudiants.

Les assistantes sociales ont un rôle pivot, au niveau individuel, dans la lutte contre cette précarité. Encore faut-il qu’elles en aient les moyens matériels.

Préconisation N° 2 : Inciter à la mise en oeuvre de politiques luttant contre la précarité des étudiants, en particulier celles donnant des moyens d’agir aux assistantes sociales au contact des étudiants.

Lutte contre l’isolement, l’aide à l’intégration et aide sociale.

Il nous semble nécessaire de favoriser le développement d’initiatives favorisant le contact entre les étudiants, apportant une aide à l’intégration, une aide sociale et luttant contre les facteurs d’isolement. Nous pouvons citer les dispositifs comme NightLine de PSL, Happy Doors de la LMDE, et le programme PEI porté initialement par des étudiants de l’ENS. Il nous semble aussi nécessaire d’y associer les services sociaux des CROUS et des universités ainsi que leurs services chargés de la vie étudiante.

Les journées d’accueil organisées par la Mairie de Paris, par la Cité Universitaire Internationale, ou par les universités sont aussi un bon moyen de créer une dynamique d’échange.

Une coordination de ces actions aux multiples financements nous parait nécessaire à une échelle régionale, en effet ces dispositifs ne sont, à notre connaissance, disponibles qu’à Paris. Elle permettrait aussi de mieux les articuler avec le reste de la chaine d’aide et d’accompagnement.

De plus, tous ces projets à la croisée de l’accompagnement social et psychologique nécessitent d’être accompagnés par des cliniciens aguerris lorsque s’opère un glissement vers l’accompagnement. En effet, pour les étudiants qui sont rencontrés ou qui font appel à ces dispositifs, il faut prévoir un parcours de soins repéré et disponible. Pour les étudiants et/ou professionnels qui assurent ces accompagnements sociaux et psychologiques il faut prévoir des espaces d’échanges entre pairs, mais aussi un véritable dispositif d’accompagnement psychologique (supervision), pas seulement une formation initiale et éventuellement de soins individuels.

Il nous semble essentiel que ces dispositifs ne soient pas pensés comme un moyen de «  repérer  » des symptômes de souffrance psychique, c’est à dire qu’il faut éviter de mettre les intervenants en position de « diagnostiquer », mais de les penser comme des occasions de rencontres avec la possibilité d’une aide sociale, à l’orientation, ou psychologique. En ce sens, la mise en place des étudiants relais santé pour les problématiques de santé psychique doit être pensée de manière spécifique. En particulier, une réflexion

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légale et éthique est à mener avant de mettre des volontaires en situation d’accompagner des personnes en difficulté psychologique.

Préconisation N° 3 : Soutenir, coordonner et accompagner les dispositifs de lutte contre l’isolement, d’aide à l’intégration et d’aide sociale, à destination des étudiants, en particulier ceux mis en place par leurs pairs.

Organisation des études et adaptations pédagogiques, prévention du stress.

Un certain nombre de décompensations anxieuses peuvent être liées aux conditions imposées aux étudiants par les Universités, en plus des professionnels les prenant en charge faisant remonter les observations, les Bureau des Élèves doivent être les interlocuteurs privilégiés pour interroger les conditions d’études.

Un mouvement existe aux États-Unis afin de développer des outils peu couteux grâce aux nouvelles technologies (applications de smartphones, programmes de prévention sur le web) afin de dépister et parfois de traiter les troubles psychologiques débutants. Les études évaluant ces dispositifs montrent des résultats contradictoires. Si dans certains domaines, comme l’éducation à la santé, les programmes axés sur le bien-être et le bien-vivre des étudiants, l’utilisation des nouvelles technologies nous semble pertinente, il nous semble que l’utilisation de ces outils en lieu et place de la rencontre avec l’autre (l’accompagnant, l’enseignant, le soignant), représente une déshumanisation de l’aide qui serait préjudiciable pour l’étudiant.

Par ailleurs, des initiatives comme les programmes DAE et DARE de SciencesPo Paris, pourrait être très utiles à généraliser. Il s’agit de l’une des premières marches de l’accompagnement, non seulement des étudiants présentant des difficultés psychiques mais aussi de l’ensemble des étudiants. Ceci permettrait aux pôles handicap des universités de mieux prendre en compte les spécificités des étudiants présentant de lourdes difficultés psychiques, et permettrait de renforcer leurs liens avec les équipes de psychologues ou psychiatres.

Des programmes comme le BIPE de la faculté de médecine Pierre et Marie Curie, dispositif allant de la prévention primaire à la prévention secondaire, pourrait inspirer la création de services similaires dans les autres facultés de médecine afin de répondre aux difficultés spécifiques et croissantes présentées par les étudiants et internes en médecine.

La position du psychiatre ou psychologue dans ces dispositifs doit constituer un appui, une façon de diffuser la pratique d’un accompagnement pluridisciplinaire et surtout permettre un lien fort avec la dimension suivante, la prévention secondaire.

Préconisation N° 4 : Favoriser le développement des échanges entre les enseignants, les étudiants et les soignants au sein de l’Université à propos de la constitution des adaptations pédagogiques tenant compte du stress et des impacts psychiques liés aux conditions d’études.

État des lieux sur l’accès des étudiants aux soins psychiatriques et psychologiques en Île-de-France. # / #36 74

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La prévention secondaire.

Cadre général.

Il nous parait essentiel que la première étape des soins puisse être proposée très précocement au plus près du début de la désorganisation de l’étudiant afin de lui permettre de se réorganiser et reprendre les commandes de sa trajectoire, évitant l’installation rapide d’une relation morbide à son entourage de par l’auto-engendrement et l’auto-renforcement de sa conduite pathologique.

Particulièrement en psychiatrie, le soin précoce est une prévention, et la prévention peut nécessiter un accompagnement long sans que cela soit un soin psychiatrique ou même psychothérapeutique. Il est dommageable que le clivage entre prévention et soin soit autant marqué du coté administratif, les limites en termes de temps n’ont pas de sens pour acter le clivage soins / prévention en psychologie. Cette séparation ne peut se faire que sur le type d’accompagnement proposé et non sur sa durée, d’où la nécessité de bien définir les cadres d’intervention, les objectifs de chaque dispositif afin que les professionnels y intervenant puissent y rester pertinents.

Nous nous écartons d’un modèle purement médical, qui porte selon nous une dimension normative, niant l’individualité de chacun et la dimension maturative de certaines crises, voire la partie féconde et créative de certains patients structurés de manière particulièrement fragile.

Les difficultés psychologiques ne peuvent pas être appréhendées avec le seul modèle médical, la psychiatrisation des symptômes d’une crise développementale peut-être tout aussi dommageable que de ne pas les prendre en compte.

Le terme de crise doit être compris au sens systémique du terme c’est-à-dire un état réversible temporaire, une rupture d’équilibre relationnel du sujet avec lui-même et/ou son environnement. C’est un moment d’extrême instabilité qui doit trouver une issue dans un changement au risque de voir se développer un trouble psychiatrique. Même si elle peut être bruyante la crise reste réversible si les changements interviennent et ne peut se réduire à l’expression symptomatique d’une maladie mentale caractérisée.

La mise en place de « repérages » uniquement symptomatiques ne feraient qu’inscrire l’étudiant dans un statut de malade anonymisé, alors que la plupart du temps l’intervention précoce permet d’éviter une évolution péjorative.

La demande d’aide, la première rencontre.

En plus de leurs camarades, de nombreux professionnels à l’université sont quotidiennement en contact avec les étudiants : les enseignants, les personnels administratifs. D’autres sont en contact avec eux lorsqu’un problème d’un autre ordre que psychologique survient : les directeurs des études, les assistantes sociales, les services d’orientation, les services handicap.

Les signes des souffrances psychologiques apparaissent sous d’autres formes et la plainte de l’étudiant peut s’adresser à n’importe quel adulte présent auprès de lui, soit sous la forme d’une demande d’aide claire, soit masquée. Le décrochage, les difficultés d’apprentissage, l’épuisement face à la charge de travail, sont souvent les seuls signes de difficulté qui recouvrent bien souvent des processus complexes à risque d’aggravation si l’accompagnement adéquat et pluridisciplinaire n’est pas proposé.

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Il nous semble que la prévention secondaire des troubles psychologiques ne peut s’effectuer que dans le cadre d’une facilitation du recours au psychiatre et/ou au psychologue et en sensibilisant tous les acteurs des structures d’enseignement aux difficultés psychologiques que peuvent rencontrer les étudiants, non pas en les formant à un quelconque repérage diagnostic.

La chaine d’aide et la place du psychologue ou du psychiatre à l’université.

L’ensemble des professionnels de l’université en contact avec les étudiants doivent constituer une chaine d’aide. Il s’agit d’effectuer une sorte d’hybridation entre les accompagnements pédagogique, social et psychologique. Chacun étant vigilant à rester dans son champ de compétence, mais les échanges répétés avec les autres professionnels, et l’intégration des psychiatres ou psychologues dans la structure universitaire permettent un recouvrement partiel de ces champs et une facilitation des passages de l’un à l’autre, avec une complémentarité que l’on ne retrouve pas dans les organisations trop clivées.

De plus, le psychiatre ou psychologue doit avoir une expérience importante de la psychopathologie et une pratique toujours active, afin de pouvoir proposer une analyse psychologique fine et pertinente, dépassant le simple relevé de symptômes, prenant en compte toute la dynamique psychique de l’étudiant et de son environnement, que ce soit lors des échanges avec les équipes enseignantes et administratives, ou lors de la rencontre avec l’étudiant.

La présence d’un soignant au sein même de la structure universitaire permet de proposer aux étudiants une expérience de mobilisation psychique ou une première marche facile d’accès vers un parcours de soins, mais aussi la création d’une sorte de compagnonnage permettant un travail commun respectant la position de l’autre au bénéfice de l’étudiant. (cf la description du dispositif de l’ENS décrit en annexe).

Par exemple, l’enseignant rencontrant un élève en difficulté, pourra grâce à l’expérience acquise lors des échanges réguliers avec le service social, le psychologue ou psychiatre de l’établissement, travailler l’adressage de l’étudiant au maillon suivant de la chaine d’aide.

Chaque professionnel de l’université, en contact avec l’étudiant peut devenir un point d’entrée dans le parcours d’aide, d’accompagnement ou de soins.

Dans le cadre des troubles psychiatriques plus graves, la facilitation d’une prise en charge précoce permet, dans une certaine mesure, de réduire les conséquences de la maladie, en particulier l’installation dans la chronicité et la désinsertion socio-professionnelle.

Il ne s’agit pas de proposer des soins classiques, psychothérapeutiques ou psychiatriques, au sein de la structure universitaire, même si parfois l’accompagnement peut durer de nombreux mois. Ce dispositif ne devra pas être basé sur l’idée que quelques consultations d’évaluation suffiraient à faire un « repérage », un diagnostic et limiter en nombre les possibilités de recevoir les étudiants.

Il s’agit pour nous d’une véritable démarche de soins, au sens du «  care  » par opposition au « cure » (entendu comme traitement d’une pathologie constituée), d’un accompagnement afin de prendre soin. Il s’agit pour les soignants d’être au bon endroit au bon moment pour un individu et de permettre à l’étudiant de modifier sa trajectoire de vie pour éviter l’écueil de l’aggravation des troubles psychiques. En cela, l’étudiant est particulièrement fragilisé par rapport à d’autres populations car il dispose d’assez peu de

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temps pour éviter les conséquences universitaires d’une difficulté psychologique transitoire. Il s’agit de prendre en compte à la fois le devenir psychique et l’avenir socioprofessionnel de l’étudiant. Il ne s’agit pas forcément de l’aider à réussir dans la voie dans laquelle il est déjà engagé, mais de lui permettre de réaménager ses investissements psychiques afin qu’il puisse dessiner sa propre trajectoire.

En particulier, une attention accrue peut être portée aux moments de transition, qui sont souvent des éléments de fragilisation pour l’étudiant, grâce au travail de compagnonnage du psychologue ou psychiatre intégré à la structure universitaire. Ces périodes de transition sont à la fois communes à toutes les structures comme le début des études, leur fin avec le passage à la vie active, mais peuvent être aussi spécifiques à une filière particulière, comme le passage de l’agrégation pour les normaliens, la période de la thèse pour d’autres, la sélection en Master pour certains, l’internat pour les étudiants en médecine, le «  service militaire  » pour les polytechniciens,…

Les identités scolaires et personnelles sont entremêlées à cette période de la vie, l’accompagnement psychique ou premier soin permet bien souvent la reprise des capacités cognitives, et surtout la capacité de se penser soi-même. Le psychologue ou le psychiatre en position d’accompagnement peut commencer à accompagner le mouvement de désidéalisation et un deuil des études afin d’éviter le deuil de soi-même. Le psychiatre ou psychologue expérimenté sera attentif, non pas uniquement aux symptômes, mais aussi à la structuration ou évolution vers un handicap réversible ou non. En évitant la réponse unique, stéréotypée, symptomatique, il pourra proposer à l’étudiant présentant un moment de déstructuration, un parcours de soin et un parcours d’étude permettant de préserver à la fois l’identité personnelle et l’identité scolaire de celui-ci, aussi grâce aux liens avec les autres maillons de la chaine d’aide,

Description du dispositif de prévention secondaire.

Ce travail nécessite une grande intégration des différents chainons d’aide et en nous basant sur l’expérience à l’ENS Paris, et sur le BIPE de la faculté de médecine Pierre et Marie Curie, nous proposons la mise en place de partenariats entre les services de soins spécialisés dans la prise en charge des adolescents et des jeunes adultes et les structures d’enseignement qui permettra l’intégration d’un psychologue ou d’un psychiatre au sein de la structure universitaire et devra proposer :

- Une articulation entre les différents chainons d’aide dans la structure : les pairs, les enseignants, les services de la scolarité, les pôles handicap, les commissions pédagogiques, les SIUMPPS et SUMPPS,…

- Une activité de conseil et de formation auprès des directions pour la mise en place et/ou le développement d’actions de prévention primaire et secondaire des troubles psychologiques, suivant les dernières avancées de ces domaines (cf chapitre sur les études évaluant les dispositifs de prévention).

- La mise en place d’une consultation psychologique ou psychiatrique, au sein de la structure universitaire, à destination des étudiants, pour proposer des consultations, des accompagnements et des orientations vers des structures de soins si nécessaire. Cette consultation devra être assurée par un professionnel ayant une grande expérience de la psychopathologie des adolescents et des jeunes adultes, et ayant une pratique de soins ailleurs qu’à l’université. Un premier accueil sans

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rendez-vous pourrait être assuré par les infirmières déjà en place dans certaines structures et/ou dans les SIUMPPS et SUMPPS.

- L’articulation entre les services de soins extérieurs prenant en charge un étudiant et les services d’adaptation et de suivi pédagogique de la structure universitaire. En effet, qui dit prévention secondaire dit déjà possibilité de prise en charge en dehors de la structure universitaire. Même si certaines situations de crises peuvent se dénouer à la faveur de quelques entretiens et du soutien des différents acteurs au sein de la structure universitaire, il n’en reste pas moins que l’adressage à des structures de soins externes reste fréquent. Nous reviendrons sur ce thème dans le chapitre de la prévention tertiaire, mais soulignons déjà la nécessité  de cette articulation et aussi d’un recensement lisible (site internet, et flyers disponibles dans les structures d’enseignement) des différentes structures de soins existantes pour les étudiants, ainsi que le nécessaire développement d’un accueil spécifique pour les étudiants au sein des structures de soins extérieures publiques voire privées par convention.

- L’animation de groupes de parole et de conférences à destination des étudiants sur des thèmes en lien avec la psychopathologie du jeune adulte, ou les difficultés d’apprentissage (suivant le modèle « Apprendre à apprendre » du BIPE)

- L’organisation de groupes de réflexion pour les équipes de l’université en contact avec les étudiants, afin de les aider à penser la place de chacun dans le dispositif d’aide ainsi que l’animation du dispositif d’accompagnement pour permettre aux personnels «d’aider un étudiant à se faire aider » (Cf le dispositif de l’ENS Paris).

- Un soutien et une formation des personnels confrontés aux difficultés psychiques importantes des étudiants et à des situations de crise, en particulier dans les structures disposants d’internat (où se passe la plupart des passages à l’acte suicidaire de leurs étudiants) ou dans les résidences CROUS.

- La présentation du dispositif aux étudiants lors des réunions de rentrée.

- Un relais pour les équipes en charge des recherches scientifiques, afin de permettre et soutenir les recherches, mais aussi participer à la démarche d’évaluation du dispositif.

- Si les équipes enseignantes le souhaite, la mise en place du tutorat pédagogique sur le modèle du BIPE.

- Si les pôles handicap le souhaite, aide au développement de dispositifs similaires au DAE et au DARE de SciencesPo Paris.

- Animer le réseau de soin public et privé, généraliste inclus, présent autour de la structure universitaire à travers le réseau RESPPET.

Il nous semble indispensable que ceci soit porté par une structure de soins, pour éviter l’isolement du psychiatre ou psychologue assurant ce travail. Par ailleurs, ce professionnel devra être localisé au sein même de la structure, ou des structures s’il intervient sur plusieurs. Dans ce modèle, c’est aux psychologues et psychiatres de se déplacer pour « aller vers » les étudiants.

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Proposition d’organisation.

Un mouvement de regroupement des structures universitaires s’opère avec les créations récente des COMUE dans le cadre des projets IDEX. La contractualisation entre les structures universitaires et les structures de soins pourraient se faire à ce niveau de regroupement.

Cependant, d’un point de vue clinique et afin de rendre ce dispositif pertinent et efficace, il faudrait que les interventions d’un psychiatre ou psychologue (sur 0,5 ETP maximum) se fasse au niveau des UFR ou d’un petit regroupement d’UFR, au sein des grandes écoles et des autres structures, et non pas au niveau de l’université ou d’une COMUE comme les SUMPPS actuellement. Au sein de chaque COMUE, il faudrait le développer en regroupant certaines structures au niveau d’un territoire. Ces regroupements pourraient se faire sur la base de 15 000 à 20 000 étudiants, c’est l’échelle qui nous semble la plus pertinente pour pouvoir développer des liens directs entre les équipes enseignantes et administratives et le psychiatre ou psychologue, tout en lui permettant de garder une activité clinique (0,5 ETP au minimum) ailleurs que dans ce dispositif.

Les besoins globaux en termes de ressources humaines, psychologues et psychiatres confondus peuvent être estimés entre 16 et 22 ETP pour toute l’Île-de-France. En effet, en se basant sur les ratios à l’ENS et du dispositif BIPE, nous estimons qu’il faut 0,1 ETP de psychologue ou psychiatre pour 3000 à 4000 étudiants. Il faudra affiner cette estimation et réfléchir à la répartition entre psychiatre et psychologue en fonction des spécificités de chaque UFR, écoles et autres structures universitaires. De plus il nous semble nécessaire de prévoir 3 à 4 ETP de psychiatre supplémentaire pour l’encadrement du dispositif au niveau des Universités ou des COMUE.

Il faudrait aussi implanter ce dispositif, avec le même positionnement, dans les plus grandes résidences universitaires du CROUS, avec des liens fort avec les services sociaux du CROUS et les encadrants des résidences.

Une étude des territoires et des structures présentes permettrait de définir les ressources existantes qui pourraient être mobilisées, sur le modèle de ce que propose le Plan National de Vie Etudiante : la mise à disposition de psychiatres et psychologues par les services de soins pour ces dispositifs ; et celles qui seraient à créer.

Concernant le portage administratif de ces partenariats, nous proposons donc une contractualisation entre les COMUE et les services de soins sous l’égide de l’ARS Île-de-France, sur le modèle du dispositif santé-Protection Judiciaire de la Jeunesse ÉTAPE (www.etape.info), permettant la création de ce que l’on pourrait appeler les «  Équipes des Transitions Adolescentes et de Prévention des Exclusions pour étudiants » (ÉTAPE.étu).

La place des SIUMPPS et SUMPPS.

Du fait des logiques institutionnelles différentes entre les approches de préventions médicales et psychologiques, notre modèle présente une organisation en dehors des SIUMPPS et SUMPPS, cependant pour les Universités il serait intéressant, comme le propose le Plan National de Vie Etudiante, de s’appuyer sur les SIUMPPS, et de transformer leur offre d’accueil ou de soins psychologiques selon ce modèle. Il nous semble aussi nécessaire que ces nouveaux «  pôles psychiatriques et psychologiques  » des SUMPPS aient une autonomie d’organisation.

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La contractualisation avec un service de soins permet de renforcer la possibilité d’un enrichissement des pratiques, mais aussi de rompre le relatif isolement des SIUMPPS par rapport aux structures de soins « de droit commun ». Par ailleurs, ces échanges permettrait de mieux diffuser les dernières avancées de la recherche, en particulier de différencier les approches de prévention médicale et psychologique qui doivent avoir des logiques différentes.

Il serait intéressant qu’une charte de bonnes pratiques concernant cette position particulière entre l’accompagnement et le soin dans les structures universitaires soit définie.

Pour éviter la confusion des espaces de soins et d’enseignement, et si le SIUMPPS ou SUMPPS est porteur de cette démarche de prévention secondaire, il nous ne parait pas pertinent, pour la prise en charge psychologique ou psychiatrique, que ce SIUMPPS ou SUMPPS continue à être un centre de santé, proposant des soins. Afin de clarifier pour les étudiants, comme pour les professionnels la position du psychologue ou psychiatre au sein de la structure universitaire, il est nécessaire de bien différentier les soins, qui doivent se passer en dehors de l’université, de l’accompagnement en position de tiers, entre l’intérieur et l’extérieur, qu'occupe le psychiatre ou le psychologue dans ce type de dispositif à l’intérieur de l’université.

Par ailleurs, il nous semble nécessaire que si c’est un psychiatre dépendant d’un SIUMPPS ou SUMPPS qui est en charge de la prévention secondaire, de ce travail d’interface et d’accompagnement, il ne soit pas aussi le médecin du SUMPPS désigné par la CDAPH pour la mise en place des aménagements pour le handicap psychique. Nous pensons que cette fonction doit rester au sein des SIUMPPS ou SUMPPS, en coordination avec les relais ou pôles handicap des structures universitaires.

Création progressive des dispositifs.

Même si les besoins matériels pour la création des « Équipes des Transitions Adolescentes et de Prévention des Exclusions pour les ÉTUdiants (ÉTAPE.étu)  » ne sont pas trop importants pour une échelle régionale, nous risquons d’être confronté à la pénurie de soignant. C’est la raison pour laquelle nous pouvons recommander la mise en place des dispositifs transitoires permettant une montée en charge progressive.

Lors de la création d’une première équipe au sein d’une COMUE, si l’ensemble des besoins humains pour le dispositif intégral ne sont pas couvert, c’est à dire un mi-temps de présence de psychologue ou psychiatre au sein de la structure universitaire pour 15 000 à 20 000 étudiants, nous proposons que les professionnels en place, puisse en plus de leur affectation et avec le soutien de la structure de soins qui a contractualisé avec la COMUE, proposer deux dispositifs complémentaires aux structures de la COMUE qui ne bénéficieraient pas directement de la présence d’un psychiatre ou psychologue :

- la possibilité pour les premiers membres de l’équipe «  ÉTAPE.étu  » de se déplacer auprès des structures de la COMUE pour l’évaluation de la situation d’un étudiant. Comme une équipe mobile, cependant ceci ne peut pas être pensé comme un mode d’intervention au long cours, car cela ne permet pas le développement du « compagnonnage » ou de «  l’hybridation des pratiques » dont nous parlions plus haut.

- prévoir un dispositif téléphonique de permanence permettant de répondre aux besoins d’avis des enseignants, des personnels de l’université confrontés aux difficultés psychologiques d’un étudiant, assuré soit au sein d’une COMUE soit pour des territoires plus larges comme le dispositif « Fil Santé Jeunes ». Cependant, nous nous confronterions rapidement à l’écueil de l’absence de filière de soins

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bien définie, contrairement à ce qui existe pour les collégiens et les lycéens, nous nous retrouverions dans une situation où l’appel, le conseil, se heurterait à une impossibilité de prise en charge. Nous privilégions l’idée, dans ce cas-là, de pouvoir accompagner l’étudiant et l’enseignant au sein même de la structure universitaire.

Dans un second temps, un tel dispositif de veille téléphonique, à visée informative sur les parcours de soins, de même que des outils de communication : sites internet, applications de smartphone, communication classique dans les universités pourrait être très utile en complément des présences de psychiatres ou psychologues au sein des structures universitaires. Cela nécessiterait un travail important de recensement des dispositifs existants dans et autour de chaque structure universitaire qui pourrait être assuré par le PSYCOM.

Préconisation N° 5 : Création des partenariats entre les structures de soins et les structures universitaires (COMUE) amenant à la création des dispositifs de prévention secondaire : les « Équipes des Transitions Adolescentes et de Prévention des Exclusions pour les étudiants (ÉTAPE.étu) ».Pierre angulaire d’un dispositif de prévention des difficultés psychologiques des étudiants, il s’agit d’effectuer une sorte d’hybridation entre les accompagnements pédagogique, social et psychologique grâce à l’intégration d’un psychiatre ou d’un psychologue au sein de la structure universitaire.La présence d’un soignant au sein même de la structure universitaire permet d’aller vers les étudiants en difficulté et de leur proposer une expérience de mobilisation psychique ou une première marche facile d’accès vers un parcours de soins dans le réseau de soins d’aval. Cela produit aussi la création d’une sorte de compagnonnage entre les différents professionnels de l’Université, qui constituent la chaine d’aide et d’accompagnement de l’étudiant, et permet un travail commun respectant la position de l’autre au bénéfice de l’étudiant.

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La prévention tertiaire, les soins.

Les actions de prévention secondaire sont importantes, mais elles ne doivent pas aboutir à une difficulté de prise en charge dans le réseau de soins lorsqu’elle est nécessaire. Car alors cette prévention ne sert à rien, voire est même plutôt délétère car le patient expérimente qu’il n’y a pas de réponse adéquate à ses difficultés du côté du soin, et ne pourra pas facilement s’adresser à nouveau à un professionnel du soin, même si son état s’aggrave.

C’est souvent le cas actuellement, car l’offre de soins psychologiques pour les jeunes adultes est complètement sous dimensionnée, peu repérée et souvent inaccessible financièrement pour les étudiants. Les différents professionnels exerçant en grande école ou à l’université nous ont fait part de leurs difficultés à adresser des étudiants vers des soins psychologiques ou psychiatriques sans avance de frais.

Par ailleurs, il nous semble que le premier accueil des étudiants dans le dispositif de soins est trop marqué par l’orientation théorique. Une adaptation de cet accueil est nécessaire et pourrait faire l’objet de formations initiales et continues des professionnels du soin.

L’offre psychiatrique du secteur public et du secteur privé participant au service public.

Nous recommandons :

- de développer au moins deux ou trois centres de consultations psychiatriques en Île-de-France spécifiquement dédiés aux jeunes adultes, en particulier étudiants. Si possible au sein de services universitaires afin de pouvoir développer la recherche, et éventuellement avec des lits d’hospitalisation dans des unités existantes ou nouvelles spécifiquement dédiées aux jeunes adultes. Nous ne recommandons pas la création de «  centres experts  » tel que ceux qui existent pour certaines pathologies, car notre démarche pluridisciplinaire est basée sur l’idée d’un compagnonnage et non sur la transmission d’une «  expertise  » recommandant le bon «  traitement  » après une évaluation ponctuelle, mais aussi car être étudiant, même en difficulté, n’est pas une maladie.

- de développer l’offre d’hospitalisation soins-études du type de celle proposée par la Fondation Santé des Étudiants de France, qui nous semble une évidence pour le soin aux étudiants atteint des troubles les plus graves, mais qui n’est pas développée à la hauteur des besoins.

- de favoriser l’accueil spécifique des étudiants au sein des secteurs de psychiatrie infanto-juvénile ou de psychiatrie d’adultes qui ont une forte concentration d’étudiants (présence d’une université, de résidences étudiantes) sur leur territoire, vu l’état de saturation des secteurs cela nécessitera surement un renforcement de leurs équipes et moyens afin d’accueillir cette «  nouvelle  » population dans de bonnes conditions. Par exemple, avec deux mesures qui peuvent être combinées :

- permettre aux étudiants d’avoir une «  double adresse sectorielle  » : leur domicile et leur université,

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- permettre aux secteurs de continuer une prise en charge des étudiants même s’ils ont déménagé ou changé d’université, ceci permettant d’éviter les ruptures de prise en charge liées à la grande mobilité des étudiants.

Préconisation N° 6 : Création de deux ou trois centres de consultations psychiatriques pour étudiants, si possible au sein de services universitaires (pour faciliter la recherche) ayant une expérience des adolescents ou des jeunes adultes, avec une offre complémentaire d’hospitalisation pour les jeunes adultes en général.

Préconisation N° 7 : Développer l’offre de « Soins-Études » du type de celle proposée par la Fondation Santé des Etudiants de France, afin de pouvoir prendre en charge de manière pluridisciplinaire les étudiants atteint des troubles psychiatriques les plus graves.

Préconisation N° 8 : Favoriser l’accueil et la prise en charge des étudiants dans les CMP de psychiatrie infanto-juvénile ou adulte, souhaitant s’intéresser aux jeunes adultes, proches des grands centres universitaires.

L’offre psychothérapeutique, sans avance de frais.

Les BAPU, porteurs d’une longue expérience, transmettant une pratique institutionnelle d’une grande richesse doivent être renforcés et repensés pour devenir plus intégratifs, par exemple en menant une réflexion sur :

- la place du consultant au sein des BAPU en s’inspirant des thérapies bifocales telles qu’elles ont été 26

développées pour les adolescents, - les thérapies psychanalytiques brèves, - la proposition de consultations psychiatriques et la gestion des semi-urgences. - l’intégration d’autres types de psychothérapies (TCC,…). Bien sur, cette intégration pose le

problème de la compatibilité des fonctionnements institutionnels suivant les psychothérapies proposées.

- plus de souplesse administrative lorsque l’étudiant perd son statut d’étudiant, afin que le suivi puisse continuer quelques mois si nécessaire. En particulier lorsque la perte du statut est lié à un abandon d’étude, et non à une fin programmée.

Il nous semble essentiel, comme pour toutes les prises en charge, que les psychothérapies se passent en dehors des centres universitaires.

« La thérapie bifocale fait intervenir deux thérapeutes, chacun dans un temps et un lieu différents. L’écoute de l’un (le 26

consultant psychiatre) prend plus particulièrement en compte “ la réalité externe ” (médicale, scolaire, sociale) du patient et celle de l’autre (le psychothérapeute) se prêtera à celle de la “ réalité interne ” » (Corcos, 1999).

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Comme nous, deux rapports recommandent la création de nouveaux BAPU, cependant nous pensons que 27

ces nouveaux BAPU ne devront pas être situés à l’intérieur des universités, une étude de leur implantation est à faire, afin de les positionner près des lieux de vie et/ou d’étude des étudiants.

Préconisation N° 9 : Etudier l’opportunité de créer un ou deux nouveaux BAPU et favoriser, le développement et la transformation des BAPU existants.

L’offre de soins psychologiques et psychiatriques du secteur privée.

Les nombreux praticiens, psychiatres et psychologues, qui prennent en charge les étudiants dans leurs cabinets, pourraient grandement bénéficier des échanges dans le cadre d’un réseau de soins. Ce travail de réseau permettrai aussi de favoriser l’adressage à ces professionnels à partir des équipes « ÉTAPE.étu » présentent dans les structures universitaires.

Ceci pourrait se faire au travers d’une charte de bonne pratique à laquelle les praticiens intéressés pourraient adhérer, précisant notamment que les tarifs de consultations se doivent d’être raisonnables pour cette population souvent déjà en difficulté sur ce plan, l’intégration dans un réseau de soins pour les étudiants afin d’échanger régulièrement et de pouvoir solliciter des aides identifiées tant sur le plan des soins que sur le plan social.

Ceci nous parait d’autant plus important qu’un autre moment de fragilisation importante des étudiants se situe souvent à la fin des études et à l’entrée dans une vie active parfois peu évidente. Il est alors primordial qu’un accompagnement déjà engagé pendant les études puisse se poursuivre un temps dans des conditions accessibles pour ces jeunes diplômés.

La prise en charge par la sécurité sociale de consultations chez les psychologues cliniciens, sur le modèle du Pass-Santé Jeune, pourrait être un outil pragmatique pour mettre en place rapidement une possibilité de prise en charge. Cependant, pour les étudiants, cela poserait un problème d’accompagnement des professionnels, en effet ce qui sera possible pour ce dispositif grâce à l’appui des Maisons des Adolescents, ne le sera pas pour les étudiants, car il n’existe pas de réseau suffisamment développé pour les professionnels s’occupant des étudiants.

Nous proposons qu’un dispositif de prise en charge des consultations chez des psychologues soit créé avec un certain nombre de limites :

- Afin d’éviter un effet d’aubaine, il faudrait le réserver aux étudiants les plus précaires, - Cela prendrait la forme d’une enveloppe budgétaire à disposition des BAPU et des structures

psychiatriques utilisable uniquement quand les structures psychothérapeutiques sans avance de frais sont saturées. Les professionnels de ces structures resteraient le référent de la prise en charge et assureraient le rôle du consultant dans un cadre de thérapie bifocale, telle que décrite pour les adolescents.

Rapport de la Mission Bien-être et Santé des Jeunes, 2016 et Plan National de Vie Etudiante, 201527

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- Il n’y aurait pas de limite en terme de nombre de séances, mais la pertinence de la prise en charge financière devra être révisée chaque année.

- Une étude préalable sera à faire pour déterminer s’il ne serait pas plus économique de renforcer les personnels des BAPU, et/ou d’en créer des nouveaux.

La place des généralistes nous semble complètement clivé, si quelques échanges sur la base des rencontres personnelles existent entre les psychologues et les psychiatres travaillant auprès des étudiants et les généralistes exerçant dans le même secteur, ils sont peu nombreux, et il semble qu’il y ait deux réseaux de soins parallèles.

Nous pourrions nous inspirer de ce qui a été fait dans les réseaux de prise en charge des toxicomanies afin d’intégrer les généralistes, les psychologues et les psychiatres, dont les cabinets de consultation sont proches des grands centres universitaires, au réseau de prévention et de prise en charge des difficultés psychologiques des étudiants.

Préconisation N° 10 : Création d’un dispositif similaire au Pass-Santé Jeune pour les étudiants : prise en charge par la sécurité sociale de thérapies effectuées auprès de psychologues en secteur privé, sous conditions.

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La recherche.

Comme nous l’avons vu, peu d’études scientifiques ont été effectuées en France. La recherche concernant les troubles psychiques des jeunes adultes et des étudiants en particulier est à développer, tout comme l’évaluation des programmes de prévention et de prise en charge. Les études quantitatives sous formes de questionnaires, comme celles des mutuelles, ont le mérite de nous alerter sur l’état de santé des étudiants. Mais elles nous donnent assez peu d’indications sur les difficultés psychologiques des étudiants et ne nous permettent pas de concevoir des dispositifs de prévention et de soins.

L’enjeu est important. Les évolutions démographiques et sociétales influent sur la constitution et l’expression symptomatique, comme sur les modalités d’accès aux soins. Une représentativité actualisée des troubles psychiques des étudiants semble indispensable pour guider avec justesse les programmes de santé publique. De plus, il semble indispensable de mieux expliciter la spécificité des troubles sur cette période charnière, ainsi que ses aspects dynamiques et son intrication avec l’investissement scolaire, tant ont évolué les modalités de construction identitaire et de relation à l’autre ces dernières décennies (rôle central des réseaux sociaux, informatisation des supports pédagogiques, place du religieux…).

Par ailleurs, les modalités d’accès au soin restent compliquées en santé mentale dans tous les pays. Au moment des études supérieures, le processus de séparation-autonomisation ainsi que les autres phénomènes cités plus haut fragilisent d’autant l’accès aux soins. La construction d’un dispositif de prévention primaire, secondaire et tertiaire de qualité n’implique pas seulement des moyens quantitatifs, mais la création de dispositifs originaux intégrant et dépassant ces entraves aux soins, suivant les spécificités des contextes estudiantins dans lesquelles ils s’inscrivent. L’investigation des processus entravant ou favorisant l’accès aux soins semble centrale afin de co-construire des dispositifs de prévention adaptés, dont nous avons vu quelques exemples. De même que des recherches-actions auront un grand bénéfice à être construits en amont de l’ouverture ou dans la poursuite des dispositifs de soin, afin de rendre compte de son efficience, d’adapter le dispositif de soin de façon dynamique en fonction des résultats de ces évaluations, et de diffuser des pratiques aux effets thérapeutiques effectifs.

Ainsi, d’une part, une recherche de qualité dans ce domaine ne peut faire l’économie d’un ancrage clinique fort; intégrant donc la participation de cliniciens aux équipes de recherche. D’autre part, une recherche à haut degré de scientificité est aujourd’hui rendue possible par l’évolution des critères de recherche au niveau international. Cela implique que les projets de recherches soient construits au sein des structures expérimentées afin d’assurer le respect des guidelines internationales dans ce domaine (Laboratoires de recherche affiliées aux Unité de recherche INSERM en lien avec les structures universitaires de soins).

Enfin, pour optimiser la qualité des soins, il semble important de pouvoir bénéficier des apports théoriques et empiriques des différents grands courants qui structurent aujourd’hui la prise en charge en santé mentale  : approches neuro-cognitives et thérapies cognitivo-comportementales  ; neurobiologie et thérapies médicamenteuses  ; éclairage psychopathologique et thérapies d’inspiration psychanalytique adaptées à la clinique des patients rencontrés  ; apports des travaux ethnopsychiatriques et des dispositifs spécifiques proposées ; approches systémiques…

Ainsi, il nous semble urgent de proposer rapidement quelques axes de recherches, qui évolueront selon les résultats initiaux et réalités de terrain rencontrées :

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- des études de méthodologie mixte sur la santé psychique des étudiants et leur accès aux soins psychologiques : avec un volet quantitatif épidémiologique permettant une représentativité des différents troubles psychiques, isolément et cumulés, ainsi que de leur accès aux soins ; complété par un volet qualitatif sur les trajectoires des étudiants, explorant par entretiens individuels semi-structurés les processus de décompensation psychique et leur rétablissement, relevant respectivement les facteurs aggravant et/ou aidant, leurs représentations (façon dont les étudiants y donnent sens) et la construction de stratégies pour faire face.

- une recherche mixte (quantitative et qualitative) permettant de mesurer l’impact des difficultés psychologiques sur l’échec universitaire et d’en expliciter les processus et facteurs précipitants et/ou protecteurs.

- une recherche action intégrée aux dispositifs de prévention et de soin, respectueuse des enjeux éthiques, afin d’expliciter les processus thérapeutiques engagés dans chaque dispositif et d’en mesurer les effets.

Préconisation N° 11 : Favoriser la recherche scientifique sur les difficultés psychologiques des étudiants et des jeunes adultes.

Les réseaux.

Le réseau RESPPET, (Réseau de Soins Psychiatriques et Psychologiques pour les Etudiants) est très actif et porte une approche intégrative des soins aux étudiants, il nous parait essentiel qu’ils puissent être soutenu. Il pourrait être à la fois un lieu d’échange et de formation pour les psychologues, psychiatres, généralistes et assistantes sociales travaillant auprès des étudiants dans les différentes structures ou en ville.

Nous proposons sa transformation en un Réseau de Santé régional, tel que définis par le Code de la Santé Publique (articles L6321 et D6321), afin de pouvoir bénéficier de subventions et engager des actions de plus grande envergure, avec une assurance de pérennité pluri-annuelle.

Préconisation N° 12 : Transformer le Réseau de Soins Psychiatriques et Psychologiques pour les Etudiants (RESPPET) en Réseau de Santé Régional.

La formation.

La spécificité de l’accompagnement des jeunes adultes n’est pas ou très peu enseignée en formation initiale des soignants : ni dans le processus de maturation psychique spécifique de cet âge (exposé ci-dessus), ni dans son articulation avec l’investissement scolaire spécifique de cette période.

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Une sensibilisation à ces problématiques par un module spécifiquement dédié semble indispensable à introduire dans la formation initiale de l’ensemble des professionnels de santé (infirmiers, médecins, psychologues, …).

Par la suite, dans la formation des internes en psychiatrie, il semble indispensable d’introduire une formation spécifique dans le socle commun. En effet, ce type de problématique se situe à l’articulation entre la fin des prises en charge pédopsychiatriques adolescentes et du début des prises en charge psychiatriques adultes ; ce qui est probablement à l’origine d’une part des difficultés dans la spécificité de la prise en charge. En effet, les questionnements maturatifs et leur lien spécifique avec les études en font une population à part des patients de secteurs de psychiatrie adulte classiques. L’ensemble des futurs pédopsychiatres comme des futurs psychiatres adultes doit donc valider un séminaire sur cette question avant de la valider la fin de leur diplôme d’étude spécialisées.

De même pour les psychologues cliniciens qui seront amenés à travailler en psychiatrie, la validation d’un séminaire spécifique semble incontournable ; idéalement complété par un stage où cet aspect est supervisé.

Pour les étudiants infirmiers, dans la même réflexion qui indique la nécessité d’une spécialisation de la pratique (donc une qualification complémentaire) pour ceux qui souhaitent travailler en psychiatrie, la validation d’un séminaire spécifique des problématiques des étudiants apparaît indispensable.

Pour l’ensemble des éducateurs (spécialisés et PJJ) dont la pratique est dirigée vers la jeunesse, la spécificité d’un enseignement dédiés aux enjeux de cette phase de la vie permettra d’accompagner plus efficacement les jeunes les plus vulnérabilisés par la vie, vers les responsabilités et défis à assumer à l’âge adulte, malgré une enfance souvent douloureuse ; dans le cadre d’un contrat jeune majeur par exemple.

Enfin, situés au cœur de l’articulation interdisciplinaire, les assistants sociaux amenés à travailler avec des étudiants, ou ceux qui s’engagent en santé mentale, un enseignement doit être dédié aux enjeux à cette période de la vie, à de la multiplicité des réseaux potentiellement mobilisables.

Par ailleurs, pour les médecins, infirmiers, psychologues et travailleurs sociaux qui sont amenés à travailler : - soit spécifiquement dans des centres de prises en charge en psychiatrie estudiantine (tels que les soins

étude par exemple) - soit dans des établissements de l’enseignement supérieur (certains BTS et prépas sont insérés dans

des lycées par exemple), des SIUMPPS ou SUMPPS, ou tout autre service cité plus haut. La validation d’un diplôme de type « diplôme universitaire » qui approfondi cette problématique de la santé mentale des étudiants apparaît comme une priorité, pour accompagner avec finesse la spécificité de leurs problématiques. Une telle qualification permettra notamment d’aborder :

- la finesse clinique qu’implique une intervention en santé mentale dans cette tranche d’âge où les enjeux de stigmatisation, de déni, réticence ou crainte des soins semblent plus importants encore, où la frontière entre vie scolaire et vie privée reste floue, et où les enjeux familiaux (sociaux, religieux, économique, transgénérationnels…) restent déterminants dans les choix du jeune même s’ils agissent plus silencieusement, etc…

- les questions d’éthique du soin pluridisciplinaire, - la prévention des troubles psychologiques et la finesse que requiert cette approche préventive, - les nouveaux dispositifs d’intervention en position de tiers,

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- les dispositifs inter-institutionnels pluridisciplinaires, l’ouverture et la souplesse que requiert ce type de travail, dans le respect et le partenariat avec les différents corps de métiers (ex  : travail médecin/enseignant), etc…

- les compétences requises pour le travail en réseau, etc…

Préconisation N° 13 : Développer la formation sur les spécificités psychologiques et psychopathologiques des étudiants, des jeunes adultes, et sur les dispositifs de prévention pluridisciplinaires et inter-institutionnels.

Les investigations à poursuivre.

Poursuivre la mission.

Nous avons manqué de temps pour rencontrer largement les professionnels des secteurs de psychiatrie infanto-juvénile ou de psychiatrie adulte et donc identifier ceux qui, en dehors de notre réseau, commencent à s’intéresser aux jeunes adultes.

Il y a une réflexion à avoir concernant l’organisation des soins sur le plateau de Saclay, qui va voir s’installer, du fait de l’arrivée de nombreuses structures universitaires et de recherche, au moins 50 000 étudiants, 10 000 doctorants et 25 000 personnels d’ici 10 ans. Le SUMPS Paris-Sud n’est absolument pas préparé à recevoir cette population. Nous n’avons pas pu rencontrer l’administration de l’Université de Paris-Saclay qui nous a renvoyé vers le SUMPPS Paris-Sud.

Une étude fine des structures universitaires, par UFR, est à faire pour pouvoir explorer la possibilité de création rapide de partenariat entre les structures universitaires et les services de soins pour la création des dispositifs de prévention secondaire « ÉTAPE.étu ».

A propos de l’articulation entre l’enseignement secondaire et supérieur.

Un clivage institutionnel existe entre le lycée et l’université, même si l’ensemble est sous la responsabilité des Recteurs d’Académie, qui portent le titre de Chanceliers des Universités. Du point de vue des étudiants, mais aussi des soignants il paraissent être deux mondes totalement séparés hormis pour les classes préparatoires aux grandes écoles.

Même si le passage du secondaire au supérieur est un moment mutatif fort pour les jeunes, un marqueur du passage de l’adolescence à l’âge adulte, il nous semble nécessaire, d’un point de vue de la prévention des difficultés psychologiques de lier un peu plus les dispositifs d’intervention.

Les problématiques adolescentes et d’accès aux soins des lycéens sont très similaires à celles des étudiants, il nous semble nécessaire d’initier un état des lieux plus précis, et de pouvoir s’inspirer des expériences inter-institutionnelles dans l’enseignement supérieur ou dans le monde de la protection de l’enfance afin d’orienter et développer les dispositifs déjà existant pour les lycées.

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L’ensemble des rapports récents, le Rapport de la Mission Bien-être et Santé des Jeunes de la Pr Marie-Rose Moro et de Jean-Louis Brison, le Rapport sur la Stratégie quinquennale de l’évolution de l’offre médico-sociale volet handicap psychique du Secrétariat d’État chargé des personnes handicapées et de la lutte contre l’exclusion (dans sa fiche action N°4) et enfin le Rapport de la Mission sénatoriale d'information sur la situation de la psychiatrie des mineurs en France, recommandent, pour les adolescents, le repérage et l’intervention précoce pour la prévention des difficultés psychologiques et pour lutter contre le risque d’une évolution vers le handicap psychique.

Le premier en demandant le renforcement des Maisons des Adolescents, une réforme du corps des psychologues scolaires et la possibilité d’une consultation rapide et prise en charge par la sécurité sociale chez les psychologues, le deuxième par le développement d’équipes mobiles pluridisciplinaires de repérage des troubles, et le troisième en demandant, entre autres évolutions de la pédopsychiatrie, de favoriser la possibilité d’intervention de psychiatre du secteur au sein des structures scolaires.

Tout en respectant les places de chacun, et en particulier les dispositifs de la médecine scolaire, il nous semblerait intéressant de pouvoir enrichir les pratiques par des dispositifs « d’hybridation » tels que ceux que nous avons décrits pour les étudiants, voire qu’ils soient communs. Beaucoup de choses existent, comme le travail autour des décrocheurs, mais souvent sur le modèle de commissions « cas complexes » qui nous semble permettre une fluidification des parcours de soins moins importante que le travail pluridisciplinaire régulier et quasi quotidien.

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En conclusion,

Tous les professionnels rencontrés lors de la réalisation de cette mission, s’accordent à dire que les étudiants sont particulièrement en souffrance psychique et que les dispositifs de prévention et de soins sont en partie inadéquats en Île-de-France.

Le système de soins ne permet pas aux professionnels de faire autre chose que de répondre aux demandes lorsque de grosses difficultés apparaissent. De plus, ils le font de manière imparfaite car il est souvent impossible de proposer les soins en adéquation avec les difficultés présentées par l’étudiant, ce qui est particulièrement difficile à vivre pour les soignants.

Il existe une inégalité d’accès aux soins, provoquée soit par une méconnaissance des difficultés psychologiques dans les structures universitaires, soit par un réseau de soins sous dimensionné même dans le centre de Paris, pour une population traversant une période de la vie particulièrement fragilisante et, pour une partie, en voie de précarisation.

Notre expérience auprès des adolescents et des jeunes adultes nous a appris qu’il était nécessaire d’apporter les propositions d’aide et de soins au plus près des populations, et qu’à la vue des enjeux de cette période de la vie pour la construction des individus, il était dommageable d’attendre que les troubles se constituent. Il est indispensable d’intervenir au plus tôt, non pas en mettant en place un « repérage » des pathologies débutantes qui ne feraient qu’inscrire l’individu dans un statut de malade anonymisé, mais par la proposition d’une expérience de mobilisation psychique et d’une première marche facile d’accès vers un parcours de soins.

C’est la raison pour laquelle, à côté du nécessaire développement de la prévention primaire et des structures de soins, nous insistons sur la nécessité de développer la prévention secondaire au sein des établissements universitaires. Nous pensons que cette place particulière entre les élèves et l’école, entre l’intérieur et l’extérieur, entre le soin et l’accompagnement permet une prévention des difficultés psychologiques et des pathologies psychiatriques particulièrement efficace.

Certes il manque de psychiatres et de moyens financiers pour construire ce type de dispositif d’emblée à grande échelle. Cependant on peut penser qu’une prévention efficace des difficultés psychologiques permettrait de réduire de manière significative le recours aux soins dans le futur. En particulier à un âge ou ces difficultés peuvent, nous seulement entraver une période de vie, mais aussi la construction de la personnalité et de la vie adulte. Il s’agirait donc, dans un premier temps, d’un investissement puis, à moyen terme, une réorientation progressive des moyens du soin vers la prévention sera possible.

La question des échanges entre les professionnels est essentielle, et il est nécessaire de renforcer les possibilités d’échange et de construction de propositions de soins intégrant l’ensemble des grands courants théoriques.

Par ailleurs, il serait tout à fait pertinent que ce modèle d’organisation puisse être proposé aussi pour les lycéens, les problématiques psychologiques, d’accès aux soins, étant tout à fait similaires, ainsi que la nécessité du travail inter-institutionnel pluridisciplinaire au sein de l’éducation nationale.

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Synthèse des préconisations.

Prévention Primaire

Préconisation N° 1 : Réorienter les préventions ciblées vers une promotion du « bien-être », du « bien vivre » et du « bien étudier ».

Préconisation N° 2 : Inciter à la mise en oeuvre de politiques luttant contre la précarité des étudiants, en particulier celles donnant des moyens d’agir aux assistantes sociales au contact des étudiants.

Préconisation N° 3 : Soutenir, coordonner et accompagner les dispositifs de lutte contre l’isolement, d’aide à l’intégration et d’aide sociale, à destination des étudiants, en particulier ceux mis en place par leurs pairs.

Préconisation N° 4 : Favoriser le développement des échanges entre les enseignants, les étudiants et les soignants au sein de l’Université à propos de la constitution des adaptations pédagogiques tenant compte du stress et des impacts psychiques liés aux conditions d’études.

Prévention Secondaire

Préconisation N° 5 : Création des partenariats entre les structures de soins et les structures universitaires (au niveau des COMUE) amenant à la création des dispositifs de prévention secondaire : les « Équipes des Transitions Adolescentes et de Prévention des Exclusions pour les étudiants (ÉTAPE.étu) ».Pierre angulaire d’un dispositif de prévention des difficultés psychologiques des étudiants, il s’agit d’effectuer une sorte d’hybridation entre les accompagnements pédagogique, social et psychologique grâce à l’intégration d’un psychiatre ou d’un psychologue au sein de la structure universitaire.La présence d’un soignant au sein même de la structure universitaire (au niveau des UFR) permet d’aller vers les étudiants en difficulté et de leur proposer une expérience de mobilisation psychique ou une première marche facile d’accès vers un parcours de soins dans le réseau de soins d’aval. Cela produit aussi la création d’une sorte de compagnonnage entre les différents professionnels de l’Université, qui constituent la chaine d’aide et d’accompagnement de l’étudiant, et permet un travail commun respectant la position de l’autre au bénéfice de l’étudiant.

Prévention Tertiaire, les Soins

Préconisation N° 6 : Création de deux ou trois centres de consultations psychiatriques pour étudiants, si possible au sein de services universitaires (pour faciliter la recherche) ayant une expérience des adolescents ou des jeunes adultes, avec une offre complémentaire d’hospitalisation pour les jeunes adultes en général.

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Préconisation N° 7 : Développer l’offre de « Soins-Études » du type de celle proposée par la Fondation Santé des Etudiants de France, afin de pouvoir prendre en charge de manière pluridisciplinaire les étudiants atteint des troubles psychiatriques les plus graves.

Préconisation N° 8 : Favoriser l’accueil et la prise en charge des étudiants dans les CMP de psychiatrie infanto-juvénile ou adulte, souhaitant s’intéresser aux jeunes adultes, proches des grands centres universitaires.

Préconisation N° 9 : Etudier l’opportunité de créer un ou deux nouveaux BAPU et favoriser, le développement et la transformation des BAPU existants.

Préconisation N° 10 : Création d’un dispositif similaire au Pass-Santé Jeune pour les étudiants : prise en charge par la sécurité sociale de thérapies effectuées auprès de psychologues en secteur privé, sous conditions.

La Recherche, les Réseaux, la Formation

Préconisation N° 11 : Favoriser la recherche scientifique sur les difficultés psychologiques des étudiants et des jeunes adultes.

Préconisation N° 12 : Transformer le Réseau de Soins Psychiatriques et Psychologiques pour les Etudiants (RESPPET) en Réseau de Santé Régional.

Préconisation N° 13 : Développer la formation sur les spécificités psychologiques et psychopathologiques des étudiants, des jeunes adultes, et sur les dispositifs de prévention pluridisciplinaires et inter-institutionnels.

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Sénat (2017) Mission d'information sur la situation de la psychiatrie des mineurs en France. (http://www.senat.fr/commission/missions/psychiatrie_des_mineurs/)

Thompson D, Goebert D, Takeshita J. (2010) A program for reducing depressive symptoms and suicidal ideation in medical students. Acad Med. 85:1635-1639

Tong J, Miao S, Wang J, et coll. (2014) A two-stage epidemiologic study on prevalence of eating disorders in female university students in Wuhan, China. Soc Psychiatry Psychiatr Epidemiol 49:499–505

Verger P, Guagliardo V, Gilbert F, et coll. (2010) Psychiatric disorders in students in six French universities: 12-month prevalence, comorbidity, impairment and help-seeking. Soc Psychiat Epidemiol 45:189–199

Wasson LT, Cusmano A, Meli L, et al. (2016) Association between learning environment interventions and medical student well-being: a systematic review. JAMA. doi:10.1001/jama.2016.17573

État des lieux sur l’accès des étudiants aux soins psychiatriques et psychologiques en Île-de-France. # / #58 74

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Annexes.

Lettre de Mission.

État des lieux sur l’accès des étudiants aux soins psychiatriques et psychologiques en Île-de-France. # / #59 74

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Les membres du Comité de Pilotage de la mission.

Cette mission est pilotée par un comité présidé par le Pr Maurice Corcos, Professeur de Psychiatrie, Chef du Département de Psychiatrie de l’Adolescent et du Jeune Adulte de l’Institut Mutualiste Montsouris.

et composé de :

Mme Blandine Charrel, Directeur de la Clinique Dupré à Sceaux, Fondation Santé des Étudiants de France,

Mme Laurence Corvellec, Directrice Générale des Services de l’Ecole Normale Supérieure de Paris,

Dr Thierry Bigot, Psychiatre, Responsable de l’unité d’hospitalisation Jeunes Adultes Hôpital Cochin, Sce du Dr Isabelle Ferrand,

Mr Claude Coquart, Inspecteur Général de l'administration de l'Éducation Nationale et de la Recherche,

Mr Christophe Ferveur, Psychologue, Psychanalyste, Président, depuis le 15 décembre 2016, du réseau RESPPET (Réseau de Soins Psychiatriques et Psychologiques pour les Étudiants), Relais Etudiants Lycéens (Fondation Santé des Etudiants de France).

Dr Roland Havas, Psychiatre, Psychanalyste, ancien Président du réseau RESPPET (Réseau de Soins Psychiatriques et Psychologiques pour les Étudiants).

Les rédacteurs.

Dr Jean-Christophe Maccotta, Psychiatre, Psychanalyste, Responsable de la consultation pour les étudiants du Département de Psychiatrie de l’Adolescent et du Jeune Adulte de l’Institut Mutualiste Montsouris, Responsable de la consultation «  accès aux soins psychiques  » de l’École Normale Supérieure de Paris, membre fondateur et trésorier de l’Association Santé Grandes Ecoles (ASGE), directeur médical d’ÉTAPE (Équipe des Transitions Adolescentes et de Prévention des Exclusions).

Pr Maurice Corcos, Professeur de Psychiatrie, Psychanalyste, Chef du Département de Psychiatrie de l’Adolescent et du Jeune Adulte de l’Institut Mutualiste Montsouris.

avec l’aide de :

- Dr Aude Van Effenterre, Chef de Clinique, Département de Psychiatrie de l’Adolescent et du Jeune Adulte de l’Institut Mutualiste Montsouris.

- Dr Marie-Aude Piot, Psychiatre, Praticien Hospitalo-Universitaire, université Paris Descartes, Inserm U1178, Département de Psychiatrie de l’Adolescent et du Jeune Adulte de l’Institut Mutualiste Montsouris.

- Dr Bérengère Beauquier-Maccotta, Psychiatre, Praticien Hospitalier, Service de Pédopsychiatrie, Hôpital Necker Enfants Malades.

- Dr Christelle Hourantier, Assistante en Psychiatrie, Département de Psychiatrie de l’Adolescent et du Jeune Adulte de l’Institut Mutualiste Montsouris et Hôpital d’Orsay.

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Les rencontres effectuées.

Au cours de cette mission, nous avons rencontré les personnes suivantes :

Le Réseau RESPPET.

L’Association Santé Grandes Ecoles (ASGE).

Dr Mylène Bourennane, Médecin Directrice, SUMPPS de l’Université Paris-Nanterre

Dr Julie Bourgin, Médecin Responsable, Centre d’Evaluation pour Jeunes Adultes et Adolescents (C’JAAD),

Mme Dana Castro, Directrice de l’École des Psychologues Praticiens, supervise les stagiaires psychologue du point d’écoute à l’ICP.

Mr David Delfolie, Enseignant Chercheur, coordinateur des dispositifs DAE et DARE à SciencesPo Paris.

Mme Cécile Delorenzi, Chargée de mission LMDE pour le dispositif Happy Doors.

Mme Alexandra Geberovich, Psychologue - Psychanalyste, Directrice, BAPU Luxembourg.

Mme Elsa Géroult, Responsable Handicap, SciencesPo Paris.

Dr David Jacon, Psychiatre, SIUMPS Paris Descartes

Mme Marie-Christine Lemardeley, Adjointe à la Maire de Paris, chargée de toutes les questions relatives à l'enseignement supérieur, la vie étudiante, la recherche, et son équipe.

Mr Jean-Christophe Pattyn, Psychologue Clinicien, responsable des permanences dans les résidences CROUS de l’association APASO.

Dr Jérôme Pellerin, Médecin Directeur, Centre René Capitant.

Dr Denise Rançon, Médecin Directrice, SUMPPS de l’université Paris sud

Dr Christian Régnier, Médecin Directeur, SIUMPPS Sorbonne Université, avec une partie de son équipe : le Dr Boë, Psychiatre, Mme Lochon et Mr Pereira, Psychologues Cliniciens.

Mme Lucile Vagner, Psychologue Clinicienne, chargée de prévention, Relais Social - Cité Internationale Universitaire de Paris.

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Le dispositif de prévention secondaire de l’Ecole Normale Supérieure à Paris.

Description résumé écrite par le Dr Jean-Christophe Maccotta pour la présentation du dispositif, lors des séminaires du Département de Psychiatrie de l’IMM et de la Maison des Adolescents de Cochin.

Grace à la volonté et au soutien des directions successives, les étudiants de l’ENS bénéficient d’une consultation psychiatrique depuis treize ans. Elle est assurée une demi journée par semaine par le Dr Jean-Christophe Maccotta au sein d’un pôle santé qui dispose d’un médecin de prévention (pour les employés de l’ENS et les normaliens), et de deux infirmières. Les étudiants connaissent bien le pôle santé et y viennent assez facilement, que ce soit pour des troubles somatiques ou des difficultés psychologiques, plus de 70% de l’activité des infirmières auprès des étudiants est consacrée à des plaintes concernant la santé psychique.

L’ENS accueille plus de 2700 élèves et étudiants, dont 930 élèves normaliens ayant le statut de fonctionnaire-stagiaire et 650 doctorants. Plus de 300 étudiants étrangers y suivent un master ou un cycle supérieur. Ceux-ci, en majorité européens, viennent de 46 pays, aux premiers rangs desquels figurent les États-Unis et la Chine.

Description.

Les consultations pour des troubles fréquemment banalisés par les étudiants, leur entourage et les enseignants, permettent souvent, dans le cadre singulier de l’entretien avec le psychiatre, de commencer à aborder les soubassements subjectifs et historiques de ces difficultés.

Le psychiatre à l’intérieur de l’école bénéficie d’une partie du transfert dirigé vers l’institution, transfert sur lequel il pourra s’appuyer pour établir une alliance thérapeutique permettant à l’étudiant de dépasser le conflit actuel. Le transfert dont bénéficie le psychiatre peut être alors transmis au soignant d’aval auquel l’étudiant est adressé. Le travail en réseau est essentiel dans cette configuration afin de faciliter ces mouvements psychiques.

Afin de banaliser auprès des étudiants la présence du psychiatre à l’intérieur de l’ENS, l’offre du pôle santé est présentée lors des réunions de rentrée et des groupes de parole ou des conférences sont organisés sur des thèmes en lien avec la psychopathologie du jeune adulte.

Afin soutenir les membres de la communauté éducative qui font face, dans le cadre de leurs missions, aux difficultés psychologiques des étudiants, nous organisons des rencontres régulières avec eux, en particulier les directeurs des études.

Par ailleurs, nous avons développé un dispositif nommé « aider un étudiant à se faire aider » pour lequel nous recevons n’importe quel membre de la communauté (étudiant, enseignant, membre administratif) ayant des inquiétudes concernant les difficultés d’un étudiant, afin d’évoquer la situation de cet étudiant et de permettre une orientation vers la rencontre du psychiatre à l’ENS et des soins à l’extérieur si nécessaire. Ce dispositif a été quasiment toujours bien accepté par les étudiants en souffrance dont l’entourage est venu nous voir avant qu’ils ne viennent eux-mêmes en consultation.

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La position affirmée de ne pas proposer des soins dans l’école et la perception que le psychiatre est une sorte de « catalyseur  » pour des soins qui se passeront à l’extérieur de l’école permettent aux étudiants de mieux accepter les échanges entre le psychiatre et les autres personnels de l’école à propos de leur situation. Ces échanges, respectant le secret médical, ne se font que lorsqu’ils sont nécessaires et utiles pour l’étudiant. Dans les situations les plus graves, le psychiatre est un relais entre les équipes soignantes de l’étudiant et l’administration, notamment lorsqu’il faut adapter les conditions de la scolarité.

Un réseau externe a été constitué, il permet, par des échanges réguliers, d’orienter sans trop de délai les étudiants. Il est constitué par les centres de consultation à destination des étudiants comme les BAPU, les structures psychiatriques sectorielles hospitalières et de consultation, les structures de soins pour adolescents et jeunes adultes, et un réseau de praticiens exerçant en privé, expérimentés pour cette population.

Objectifs.

Notre travail à l’ENS s’inscrit dans une démarche de prévention secondaire, qui comprend, d’après la définition de l’OMS, «tous les actes destinés à diminuer la prévalence d'une maladie dans une population, donc à réduire la durée d'évolution de la maladie». Elle prend en compte le dépistage précoce et le traitement des premières atteintes.

Il s’agit, pour nous, d’accompagner chaque patient dans sa dimension singulière sans référence à une catégorisation normal/pathologique, afin qu’il puisse être au meilleur de sa «  forme subjective  ». Ceci est particulièrement sensible dans une institution comme l’ENS, qui reste porteuse d’un idéal de pensée libre et de rapport au savoir.

Il ne s’agit donc pas de proposer une psychothérapie ou des soins psychiatriques à l’intérieur de l’école, mais, grâce à quelques consultations produisant une mobilisation psychique, de permettre à l’étudiant de dépasser le blocage actuel et/ou d’accéder à des soins adéquats.

Il ne s’agit pas d’aider l’étudiant à réussir les études qu’il a commencé, mais plutôt de lui permettre de sortir de l’impasse psychique dans laquelle il se trouve.

Avantages.

Le psychiatre fini par être intégré à l’école et le fait de venir le voir n’est plus stigmatisé dans la communauté comme le fait d’être «  fou  ». Il est vu par les étudiants comme une des personnes ressources de l’école à laquelle ils peuvent faire appel lorsqu’ils sont confrontés à des difficultés.

Cette présence permet de faciliter l’accès aux soins. Les liens progressivement développés avec la communauté enseignante permettent un adressage précoce lorsque des difficultés psychologiques apparaissent, même lorsqu’elles paraissent minimes, comme par exemple des simples réactions anxieuses à l’approche d’un choix d’orientation, d’un stage à l’étranger, ou de la préparation d’un concours.

D’autres troubles plus graves surviennent aussi au cours de la scolarité, l’ENS disposant d’un internat, les décompensations graves et les passages à l’acte se passent souvent au sein de l’école. La présence du pôle santé et de la consultation psychiatrique permet de coordonner précocement les prises en charge.

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La présence du psychiatre permet aussi de soutenir les différents personnels de l’ENS qui ont à prendre en charge, dans le cadre de leurs fonctions, les élèves en difficulté.

Limites.

Notre dispositif repose sur une activité artisanale au sens noble du terme, ou chaque entretien est unique, non standardisé. Il n’a pas pour ambition de «  repérer  » toutes les difficultés, ni de contraindre les étudiants «  repérés  » à une prise en charge « obligatoire  » ou «  fortement conseillée  ». Comme pour toute activité de prévention en médecine, se posent des questions éthiques importantes nécessaires à penser pour respecter l’équilibre entre inaction, sollicitude et ingérence.

Un certain nombre d’étudiants en difficulté n’ont aucune demande soins et ne viennent pas nous voir en consultation. Cependant, nous n’adoptons pas une position d’attente du désir de soins, anciennement classique chez les psychanalystes, mais nous essayons par les divers dispositifs proposés de susciter, de faciliter, le recours à un espace de parole et d’écoute au sein de l’école dont le premier maillon se situe entre les tuteurs, les enseignants ou les directeurs des études et l’étudiant.

L’offre de soins pour la population étudiante est relativement variée en particulier à Paris, mais elle est très insuffisante. En particulier, les consultations psychiatriques en tiers payant intégral, trop peu nombreuses, sont très vite saturées. Même en connaissant parfaitement les filières de soins, nous avons parfois des difficultés à adresser les patients lorsqu’une prise en charge psychiatrique ou psychologique est nécessaire.

Il existe des écueils pour le psychiatre ou psychologue en grande école, la population accueillie peut exercer sur lui, comme elle le fait sur n’importe qui, une véritable fascination, peut provoquer de l’envie et, du fait de sa position, le renforcement du voyeurisme. Il peut être très sollicité, en particulier à l’intérieur de l’école, pour livrer une partie de ce qu’il observe, voire être mal accepté car détenteur d’un savoir intime dérangeant. Le psychiatre se doit d’élaborer et de penser cette position en particulier grâce à des échanges avec ses collègues des réseaux de soins.

Le travail avec les directeurs des études est essentiel car, en grande école, ils constituent un des premiers maillons de la chaine de prise en charge des étudiants, et il est nécessaire de les accompagner dans cette tâche lorsqu’ils sont confrontés à des étudiants en souffrance psychologique.

En conclusion,

Il s’agit d’un exercice d’équilibriste pour garder cette place particulière entre les élèves et l’école, entre l’intérieur et l’extérieur, entre le soin et l’accompagnement afin que les interventions auprès des élèves, comme auprès des enseignants et de l’administration puissent continuer à être opérantes.

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Le DAE le DARE de SciencesPo Paris.

Description transmise par Mr David Delfolie, Enseignant Chercheur, coordinateur des dispositifs.

Sciences Po – FNSP

Nouveaux dispositifs 2017

Accompagnement pédagogique – Troubles cognitifs et psychiques

A la suite d’un projet conduit en 2016, dans le cadre du programme « Pédagogies Innovantes » de l’USPC, avec le soutien du PIA, Sciences Po s’est doté en 2017 de deux nouveaux dispositifs d’accompagnement pédagogique dédiés aux troubles cognitifs (troubles des apprentissages, autisme à haut niveau de fonctionnement) et psychiques.

Ces dispositifs ont été mis en place avec le concours financier de l’AGEFIPH, signataire d’une convention d’action (comportant notamment des objectifs en termes de transferts à la formation professionnelle) avec la Fondation Nationale des Sciences Politiques (FNSP).

Les deux dispositifs sont coordonnés par un enseignant-chercheur, spécialement formé à « l’accompagnement des besoins spécifiques  », terme retenu par analogie avec certains services proposés, certes selon des modalités et des configurations un peu différentes, dans beaucoup d’universités anglo-saxonnes (special needs).

Sciences Po est le premier établissement supérieur français à se doter de manière intégrée de tels dispositifs.

Un volet parallèle d’expérimentations pédagogiques in situ, ainsi que des échanges réguliers avec des experts extérieurs qualifiés, enrichissent constamment le travail d’accompagnement (bonnes pratiques, recommandations, méthodologies) dans une démarche d’inclusion universelle.

Pour assurer une action transversale efficace, les dispositifs sont gérés au niveau du Secrétariat général de l’établissement, en lien permanent avec les services de la Direction des Etudes et de la Scolarité (Laboratoire de Pédagogie Active, Direction de la Scolarité, Collège Universitaire, Ecoles, etc.).

1) Dispositif d’Accompagnement aux Enseignants (DAE).

Ce dispositif vise à accompagner sur le plan pédagogique les enseignant.e.s, quel que soit leur statut, qui accueillent dans leurs effectifs des étudiant.e.s atteint.e.s de troubles cognitifs ou psychiques.

Il a également pour vocation d’améliorer l’information et la sensibilisation des équipes pédagogiques pour une meilleure prise en charge des étudiant.e.s concernées.

De manière générale, il s’inscrit dans la politique ambitieuse de l’établissement en matière d’innovation pédagogique (pédagogie active, outils multimédias, etc.) afin d’accroître les standards d’enseignement, pour

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lesquels les difficultés soulevées par les troubles cognitifs et psychiques sont un levier de réflexion très saillant sur les modalités de transmission et d’évaluation des savoirs.

Le dispositif se décline en trois niveaux :

- En début de semestre, une information individualisée à chaque enseignant.e. ayant dans ses effectifs un.e. ou plusieurs étudiant.e.s – signalé.e.s administrativement – avec un trouble cognitif ou psychique (renseignements utiles, recommandations générales, ressources d’accompagnement adaptées) ;

- Tout au long du semestre, sur le principe de la hotline, la possibilité d’obtenir – par courriel, par téléphone ou sur rendez-vous – des réponses à des interrogations, des compléments d’information précis, des conseils personnalisés, une aide pour des modifications de supports de cours ou des adaptations d’évaluation et une médiation pour déterminer certains besoins spécifiques avec les étudiant.e.s ;

- La mise en place d’actions ponctuelles d’information et de sensibilisation pour les équipes pédagogiques (communication interne, temps d’échanges pour partager des expériences, propositions de modules courts de formation selon les besoins, etc.).

2) Dispositif d’Accompagnement Renforcé d’Education (DARE).

Le format du dispositif permet d’accompagner individuellement environ une vingtaine d’étudiant.e.s en grande difficulté dans leur parcours scolaire par semestre.

Il est proposé en seconde intention (après une première réponse par les services existants) dans des situations pour lesquelles un accompagnement renforcé et multiforme apparaît nécessaire et utile face à un risque élevé de fragilisation durable des études, de décrochage ou d’abandon de scolarité.

Le dispositif s’adresse cependant à des étudiant.e.s qui relèvent au moins de l’un des critères suivants (non-exhaustifs), interdépendants dans beaucoup de cas, en plus de la condition d’avoir des résultats aléatoires :

- Handicap complexe dont la compensation humaine ou technique n’apporte pas d’effets positifs sur la scolarité ;

- Trouble de santé invalidant (trouble cognitif sévère, trouble psychique, «  handicap social  »)  compliquant fortement la poursuite des études ;

- Situation potentielle de décrochage (absences injustifiées, problèmes disciplinaires, problèmes de comportement, profonde perte de confiance, etc.) ;

- Difficultés d’organisation chroniques provoquant des retards dans les productions à rendre, des obstacles pour respecter certaines obligations et/ou une déstabilisation de l’environnement des études (fatigue extrême, stress, angoisse de performance) ;

- Difficultés méthodologiques et lacunes sévères (orales et/ou écrites) ;

- Difficultés importantes d’orientation professionnelle (démotivation, perte de sens, impossibilité de poursuivre une filière souhaitée, inadaptation du projet choisi, etc.).

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Chaque situation est signalée par les services de la scolarité. Il n’y a pas de saisine du dispositif par les étudiant.e.s.

Après une évaluation de la situation, le coordinateur du dispositif, qui devient un interlocuteur privilégié et de confiance de l’étudiant.e. éligible, propose avec son accord une série de mesures individuelles d’accompagnement ou d’interventions, plus ou moins nombreuses selon les besoins.

Le dispositif concerne tous les aspects de la scolarité et de l’environnement des études, ainsi que le champ extra-universitaire.

L’éventail de ce qui est proposé est large, fait appel à des méthodes adaptées et novatrices sur le plan du soutien scolaire et mobilise des compétences internes diverses. Des prestations extérieures peuvent également être financées à la faveur d’un budget dédié.

Le dispositif fait l’objet d’un suivi et d’une évaluation par un comité (12 membres) qui se réunit à échéances régulières.

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Le BIPE de la Faculté de Médecine Pierre et Marie Curie.

Texte de présentation écrit par la Dr Donata Marra, présidente du BIPE, repris du site internet :

http://bipe.upmc.fr

Bienvenue sur le site du BIPE

L’ouverture de ce site répond à la demande des étudiants et internes en médecine de la faculté de médecine Pierre et Marie Curie, qui souhaitaient avoir un accès en ligne à des conseils des tuteurs du BIPE. Ces conseils proviennent de l’expérience quotidienne des enseignants-tuteurs du BIPE qui rencontrent chaque année près de 200 étudiants et internes. Aucun site ne pourrait remplacer les conseils individualisés que nous sommes amenés à donner lors des RDV, pas plus qu’un site ne pourrait remplacer la participation à des interventions proposées sous la forme de groupes en présentiel. Le site a donc été pensé comme l’un des premiers contacts possibles avant un contact direct avec le BIPE.

Le BIPE est rattaché au doyen de la faculté de médecine Pierre et Marie Curie, le professeur Bruno Riou.

Depuis sa création en 2006, le BIPE s’est développé en s’adaptant progressivement aux besoins identifiés chez nos étudiants. Dans le même état d’esprit, ce site se met en place progressivement et sera appelé à évoluer pour mieux répondre à leurs attentes. Des conseils plus spécifiques aux étudiants d’autres formations en santé seront proposés dans le prolongement de la mise en place du BIPE dans ces formations au sein de notre faculté.

Ce site est en accès libre. Les demandes d’étudiants d’autres facultés et/ou d’autres cursus ayant eu connaissance du BIPE, nous ont incité à ouvrir ce site.

Merci à tous les étudiants et internes qui nous font confiance chaque année depuis plus de dix ans.

Nous espérons que ce site vous sera utile.

Dr Donata Marra, présidente du BIPE et auteure de ce site

Pr Véronique Leblond, Pr Emmanuel Fournier, Pr Sophie Christin-Maitre, Pr Pascale Pradat, Dr Claire Vaylet, Dr Dominique Hasboun, Dr Jean Becchio, Pr Anne-Marie Magnier, Pr Agnes Hartemann, et tous les tuteurs du BIPE.

Présentation du Bureau Interface Professeurs Etudiants (B.I.P.E.)

Le B.I.P.E. est ouvert aux étudiants inscrits à la faculté et aux internes inscrits à la faculté de médecine Pierre et Marie Curie ou en fonction dans les hôpitaux rattachés à la faculté.

Le BIPE est en cours de développement pour les autres étudiants de la faculté de Médecine : • Les étudiants en PACES : une expérimentation avec les parrains-étudiants est en cours. • Les étudiants des autres formations en santé de notre faculté : maïeutique, orthoptie, orthophonie, psychomotricité.

Les objectifs du B.I.P.E.

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Proposer des interventions pour favoriser le bon déroulement des études de médecine et le bien-être des étudiants : Aider à la réussite personnelle des étudiants.

Que propose le B.I.P.E. ?

1. Des tuteurs prennent le temps de vous recevoir de manière confidentielle, afin de vous proposer des conseils et interventions personnalisées:

• avoir des conseils pour vos études et de votre internat • vous aider à mettre en place vos projets d'études et professionnels • avoir un entretien d'aide à l'orientation • vous aider à développer des méthodes d'apprentissage adaptées • vous aider en cas de problèmes en stage • vous aider à gérer le stress et à déterminer les outils qui vous seraient utiles • vous aider si vous avez des difficultés sociales, des problèmes de santé...

2. Des interventions en groupes vous sont proposées avec "Apprendre à apprendre", "Être bien dans ses études et les réussir", les groupes de discussions inter-stages :

• développements des méthodes d'apprentissage, • gestion du temps de travail, • gestion du stress • amélioration de votre qualité de vie (sommeil...) • être bien dans son stage et mieux apprendre à partir du stage

3. Une interface étudiants-enseignants est en place pour discuter de projets innovants en pédagogie et aider à détecter des dysfonctionnements pédagogiques, en coordination avec le Conseil des études : les réunions de promotion. Elles vous sont proposées deux fois par année pour chaque promotion. 4. Des conférences-débat sont organisées chaque année, elles visent :

• Être bien dans ses études et les réussir • donner une vision globale des différentes carrières en médecine : Médecins, quels métiers

5. Avec le Doyen Bruno Riou, un forum des carrières est organisé chaque année, pour les DFASM1, DFASM2 et DFASM3 : il vous permettra de rencontrer des médecins ayant des spécialités et des modes d'exercice différents (privé/public, hospitalier, ambulatoire, etc). Cette année le forum a eu lieu le jeudi 2 mars 2017 à 14h. Comment faire pour participer à des interventions de groupes ?

Plusieurs interventions vous seront proposées dans les enseignements "Apprendre à apprendre" dans le courant de l'année (méthodes de travail, concentration, mémorisation, gestion du stress, du sommeil, etc). Vous recevrez les informations par mail.

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Le Centre Didier Anzieu à l’Université Paris Ouest Nanterre la Défense.

Texte de présentation issu du projet de plaquette créé pour la présentation du centre.

Le Centre Didier Anzieu de soins psychiques a pour mission : - de REPÉRER efficacement les étudiants en souffrance. Le réseau met en place une action permettant

d’aller à la rencontre des étudiants : travail auprès des professeurs et de l’administration, et contact direct avec la population étudiante par des équipes spécialisées (médiateurs et pairs).

- de FACILITER l’accès aux structures de soins pertinentes en s'articulant au réseau pluridisciplinaire des structures existantes dans le 92.

- de TRAITER en prenant en charge d'une part les étudiants inscrits à l’Université Paris Ouest Nanterre La Défense et tous ceux venant des structures universitaires voisines souffrant de troubles psychiques, et d’autre part les jeunes de 18 à 27 ans résidant sur les territoires proches de l’Université en souffrance psychique (Nord 92).

- de faciliter ainsi et d’accompagner la REINSERTION universitaire des étudiants traités.

Le Centre Didier Anzieu de recherches a pour mission : - d’être un OBSERVATOIRE régional de la Santé psychique des étudiants du 92 (en lien avec l'ARS-IdF),

puis EUROPÉEN qui produit des données quantitatives et qualitatives pour permettre : • une meilleure connaissance des troubles spécifiques des jeunes adultes,  • une évaluation de leurs prises en charge psychothérapeutiques,  • un meilleur suivi de leur situation sanitaire (conditions d’accès aux soins)

- d'EVALUER en procédant à un retour évaluatif sur l’impact de son action. Ces données sont un appui aux actions de prévention. Elles viennent également alimenter la réflexion de l’Agence Régionale de Santé d’Île-de-France (ARS-IdF) lors de la mise en place du Schéma Régional de Santé.

Le Centre de formations proposera : - des STAGES pour des étudiants d’autres universités ainsi que des professionnels français et étrangers.

Ces stages serontrvisés par des spécialistes non universitaires  - des FORMATIONS THÉORIQUES INITIALES ET CONTINUES CENTRÉES SUR LE JEUNE ADULTE

dans le domaine de l’anthropologie, la philosophie, la psychologie, la sociologie et les nouvelles techniques de communications (virtualité, média, etc.), le droit et l’économie.

- de participer à la formation de futurs soignants, juristes, économistes … - des formations pratiques sur les techniques de soins psychiques. - des formations à la recherche. Un module d’enseignement concernera la spécificité des recherches sur

cette population dans les différents domaines respectifs.

Une haute exigence éthique pour le Centre, un cadrage éthique précis énonce que : - Les consultants sont des cliniciens qui n’exercent aucune fonction d’enseignement ou administrative à

l’Université. - Les enseignants chercheurs du Laboratoire associé au Centre Didier Anzieu mettent en place et

animent la recherche mais ne rencontrent pas les étudiants inclus dans la recherche. Ils travaillent sur les dossiers anonymisés. Ils ne peuvent pas engager des études avec leurs propres étudiants passés, présents ou potentiels.

- Ouverture aux différentes formes de traitements.

État des lieux sur l’accès des étudiants aux soins psychiatriques et psychologiques en Île-de-France. # / #70 74

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Un exemple des soins à destination des étudiants proposés par un dispositif soins-études : la clinique Dupré

Texte de présentation transmis par Mme Blandine Charrel, Directeur de la clinique Dupré.

Les services ambulatoires de la clinique Dupré (Fondation Santé des Etudiants de France) accessibles aux étudiants

1. Escale Ados : Relais Etudiants-Lycéens-Collégiens

Le relais est une consultation pluridisciplinaire (Psychiatre, Cadre de Santé, psychologues, éducatrice spécialisée, enseignants, médecin généraliste) animée par le Docteur Laurent PINEL. Lieu d’accueil et d’évaluation psychologique et pédagogique pour les jeunes de 11 à 25 ans présentant des difficultés scolaires, familiales, personnelles, psychologiques, sociales, médicales

Evaluation individuelle  Un accueil sans rendez-vous est proposé aux jeunes Puis, suivant indication : • des consultations individuelles ou familiales • des groupes de médiation à visée évaluative proposés pour les jeunes ou pour les familles • des consultations pédagogiques L’intervention est limitée dans le temps. Elle peut se conclure par une proposition d’orientation et d’accompagnement vers des solutions adaptées à chaque situation.

Le Relais est également un lieu ressource pour les professionnels : Echanges et rencontres proposés en soutien aux parents et aux équipes s’occupant d’adolescents (équipes de santé scolaire, socio-éducatives, soignantes, d’animation). Inscription dans le réseau local puisqu’à la demande de la municipalité ou des établissements scolaires et universitaires proches, l’équipe peut intervenir sur des actions ponctuelles ou plus structurelles de soutien.

Accueil sans rendez-vous du lundi au vendredi de 13h à 17h Secrétariat : 01 40 91 50 75 32 Avenue du Président Franklin Roosevelt – SCEAUX Consultations non payantes

2. Consultation d’addictologie

L’unité Addictologie de la clinique Dupré, animée par le Docteur Olivier PHAN, est spécialisée dans le domaine de la prévention, de la formation, et de la prise en charge des jeunes (12-25 ans) présentant des conduites addictives avec et sans substances (cannabis, produits psycho-actifs, écrans). Le centre accueille les jeunes et leurs familles. L’unité est orientée spécifiquement autour de la prise en charge des situations difficiles et sévères d’addiction à l’adolescence au moyen d’outils thérapeutiques adaptés : MDFT (Thérapie Familiale Multidimensionnelle). Cette méthode a été validée dans le domaine des dépendances sévères au cannabis, elle s’avère prometteuse dans les autres addictions, sur les troubles des comportements.

État des lieux sur l’accès des étudiants aux soins psychiatriques et psychologiques en Île-de-France. # / #71 74

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Les prises en charge se font aussi bien auprès des adolescents hospitalisés à la clinique Dupré (activité de liaison addictologie), qu’en consultation externe d’addictologie. Un bilan de consommation et des conduites addictives est effectué. Puis une orientation psychothérapeutique est envisagée en individuel et/ou famille Les jeunes adultes, au même titre que les parents peuvent venir seul en consultation L’équipe poursuit son développement pour mettre en place et valider des programmes de prévention en direction des jeunes. Ces programmes ont pour vocation d’être diffusés au niveau régional et national : • Programme manga Kusa centré sur les émotions et la consommation de cannabis en direction de la Protection Judiciaire et de la Jeunesse et des établissements scolaires • Programme DOKAV « alcool binge drinking » chez les étudiants et lycéens ; • Programme orchidée : prévention des abus d’écrans en partenariat avec l’Education nationale. Le service d’addictologie de la clinique Dupré est l’unité référente MDFT. Elle est en lien avec l’académie européenne MDFT et l’unité INSERM 1108. Elle a pour missions de poursuivre l’évaluation de la MDFT dans d’autres domaines que le cannabis, de former à la MDFT d’autres CJC désignées par la MILDECA/DGS ainsi que des structures de la PJJ.

Secrétariat : 01 40 91 50 02 30 Avenue du Président Franklin Roosevelt – SCEAUX Consultations non payantes

3. Centre de psychanalyse Henri DANON-BOILEAU

Le centre de psychanalyse est animé par le Docteur Georges PAPANICOLAOU Le Centre accueille des adolescents et jeunes adultes de 15 à 25 ans. Il propose aux jeunes qui éprouvent des difficultés avec eux-mêmes ou avec les autres, de rencontrer un psychanalyste. Un lieu et une personne pour parler d’angoisses, de tristesse, de blocages, de difficultés face aux études, de troubles corporels (sommeil, alimentation….), et pour envisager ensemble les modalités d’un travail thérapeutique. Un engagement sur la durée et une présence régulière (une à deux fois par semaine) sont nécessaires. Les prises en charge : Traitement psychanalytique individuel Psychodrame individuel Consultation thérapeutique Les psychanalystes et psychodramatistes du Centre sont tous des professionnels affiliés à l’Association Psychanalytique Internationale (SPP ou APF).

Secrétariat : 01 40 91 51 25 30 Avenue du Président Franklin Roosevelt – SCEAUX Consultations non payantes

État des lieux sur l’accès des étudiants aux soins psychiatriques et psychologiques en Île-de-France. # / #72 74

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4. D’autres lieux de consultation de la Fondation Santé des Etudiants de France) accessibles aux étudiants en Ile-de-France

BAPU Pascal 30, rue Pascal 75005 Paris Tél. : 01 43 31 31 32 E-mail : [email protected]

Antenne BAPU Pascal à la Cité internationale universitaire de Paris 17, bd Jourdan 75014 Paris Tél. : 01 44 16 65 62 E-mail : [email protected]

Relais Etudiants Lycéens 75 60, rue des Grands Moulins 75013 Paris & 14 rue Boileau 75016 Paris Contact : 01 45 83 89 15

Ligne téléphonique « Fil Harmonie » (75 et 77) dédiée aux professionnels des collèges, lycées, universités (administratif, pédagogique, médical, social) pour l’aide à la gestion de situations complexes (informations sur les professionnels utiles, lieux ressources …)

Centre d’évaluation des diagnostics complexes, en soutien des services de MPU, en partenariat avec le réseau des centres experts.

État des lieux sur l’accès des étudiants aux soins psychiatriques et psychologiques en Île-de-France. # / #73 74

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Synthèse des études sur les prévalences des troubles.

Synthèse des études montrant des prévalences des troubles psychologiques ou psychiatriques chez les étudiants

Etude Population Ville / Pays Troubles Dépressifs

Idées Suicidaires

Tentative de Suicide

Troubles Anxieux

Consommation de

substances psycho-actives

TCA

J. Tong (2014)

8444 étudiantes

Universitée de Wuhan, Chine

7,56% (Anorexie Mentale : 1,05%, Boulimie 2,98%, Hyperphagie compulsive : 3,53%)

LMDE / IFOP (2011)

8500 étudiants représentatifs de l’ensembles des étudiants de France

Ensemble des académies de France

38% «Sentiment de tristesse ou de déprime »

12% Idées suicidaires au cours des 12 derniers mois

13% Alcool pour une recherche d’Ivresse 3 % Cannabis régulier

P. Verger (2010)

Echantillon représentatif de 1700 étudiants de 1ère année. (Prévalence sur les 12 mois de l’étude)

Universités du Sud-Est de la France

8,9% EDM 15,7 % 8,1% dont 3,5% Alcool et 6,4% Drogues

E. Boujut (2009)

556 étudiants (62%♀, 38% ♂)

Universités de Bordeaux

27% Dépression Légère 15% Dépression Modérée 3% Dépression sévère

4,3% Tendances suicidaires

8% Canabis 6,6% selon EAT-26 11% Maigre selon leur IMC, 13% en surpoids.

E i s e n b e r g (2007)

5021 étudiants Universités publique du Midwest, USA

3% Dépression et Anxiété 4 % Dépression Majeure 7,6 % Autres Dépression

5 % Dont 2,2% Troubles anxieux seuls, et 3% Dépression et anxiété.

LMDE / IFOP (2005)

9228 étudiants représentatifs de l’ensembles des étudiants de France

15% (la moitié n’en ont parlé à personne)

5% (la moitié n’en ont parlé à personne)

45% « angoissés »

17,3% Cannabis Occasionnel ou régulier.

L a f a y N .(2003)

1521 étudiants (20% en classes préparatoires aux grandes écoles)

Université de Poitiers

3 0 , 8 % d e Symptomatologie Dép ress i ve dont 5,9 % EDM

3,6% de l’ensemble de l’échantillon. (16,5% chez ceux qui présente un EDM)

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