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N O M Da Costa

P R É N O M Victor

N A I S S A N C E 1971

I N S T R U M E N T guitare

F O R M A T I O N'Musiarte' de Rio de Janeiro,Conservatoire Royal de Bruxelles

P R O J E T S A C T U E L SVictor da Costa Trio

D I S C O G R A P H I E

Victor da Costa Trio : "Cores de là" (Mogno J015)

A J O U É O U E N R E G I S T R É AV E C

Philip Catherine, Bart De Nolf, Jande Haas, Steve Houben, MarciaMaria, Philippe Laloy, Tricycle,Cacau E Grupo, Marito Correa,Erik Vermeulen, Michel Herr, GinoLattuca, Michael Blass, DeniseBlue, Paolo Loveri, Toine Thys,Paolo Radoni, Weber Iago, IdrissBoudrioua, Dario Galante, OsmarMilito, Adriano Giffoni, Luizão,Rogério Boccato…

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Plus d’infos sur le site : http://www.jazzinbelgium.com

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Propos recueillis par Manuel Hermia

Bruxelles, octobre 2005

Lundis d’Hortense4è trimestre ’05

VICTOR DA COSTAen tournée avec son trio en décembre

MANU HERMIA : BONJOUR VICTOR. CELA FAIT COMBIENDE TEMPS QUE TU ES EN BELGIQUE ?

Victor da Costa / Je suis arrivé en 1993,cela fait 12 ans, mais pendant cette pério-de, je suis retourné vivre 2 ans au Brésil.

M.H.: TU ES VRAIMENT VENU EN BELGIQUE POUR LEJAZZ ?

V.d.C. / Oui et non. Je suis parti du Brésilpour ouvrir mes horizons. Je voulais veniren Europe aussi pour apprendre une autrelangue, pas uniquement étudier le jazz queje jouais déjà depuis 2 ans au Brésil dansun petit groupe. C'était soit l'Europe ou lesEtats-Unis, mais les USA c'était impayablepour moi. J'ai donc visité les ambassadesde pays européens au Brésil, tout ensachant que certains pays avaient tout demême une culture jazz plus développée.Via mon professeur de jazz au Brésil, jeconnaissais déjà des noms de plusieursmusiciens belges, Philip Catherine, RenéThomas et Toots. Le Conservatoire deBruxelles s'est présenté comme la meilleu-re solution pour venir sans être illégal. Jem'y suis inscrit dans l'incertitude, j'aipassé l'examen d'admission, j'ai réussi etje suis resté.

M.H.: CELA FAIT PLUSIEURS ANNÉES MAINTENANT QUETU ES SORTI DU CONSERVATOIRE, QUEL A ÉTÉ TONPARCOURS DEPUIS ?

V.d.C. / Au tout début, je n'avais pas lesréflexes des musiciens professionnels. Cen'était pas ma profession au Brésil où jedonnais uniquement des cours. Je n'avaispas l'habitude de fréquenter les jams, jemanquais d'assurance. Après quelquesannées au Conservatoire, j'ai commencé àjouer toutes les semaines à droite et àgauche. C'est à la fin de mon premierséjour, avant de repartir au Brésil, que j'ai-commencé à jouer plus souvent dans lascène proprement jazz.

M.H.: AVEC TON PROJET ?

V.d.C. / Non, pas vraiment, j'avais déjàmon trio et j'ai fait aussi des concerts enquartet avec piano, mais à ce moment-là,je me cherchais un peu. Pour gagner mavie, je faisais également partie d'autresgroupes, notamment de musique brési-lienne, pour des animations… Cela ne meplaisait pas vraiment musicalement, maisc'était nécessaire. J'ai fait quelquesconcerts en quartet avec piano, cela m'aplu, mais la formule en trio m'attirait plus,pour la liberté et la responsabilité qu'ellepropose. J'ai fait quelques concerts entrio, puis j'ai eu l'occasion de repartir auBrésil. C'est surtout là-bas que j'ai déve-loppé la formule trio guitare/basse/batte-rie, car je jouais toutes les semaines à SaoPaulo avec des musiciens locaux, Luizão,bassiste, et Rogério Boccato, un des raresbatteurs qui joue aussi bien du swing quede la musique brésilienne.

M.H.: C'EST SUITE À CE TRAVAIL EN TRIO AU BRÉSIL,QUE QUAND TU ES REVENU EN BELGIQUE TU AS DÉCI-DÉ D'APPROFONDIR CETTE FORMULE ET D'ENREGIS-TRER ?

V.d.C. / Oui, quand je suis revenu, je mesuis dit qu'il fallait quand même que j'aiquelque chose à montrer, un disque à faireécouter… J'ai re-contacté Bart De Nolf etJan de Haas, avec qui j'avais jouéquelques fois avant de repartir, pour enre-gistrer une démo chez Gino d'Agostino, uncopain à moi. C'était bien pour montrer letravail du trio, mais pas encore assez bonpour un disque.

M.H.: DANS LA FORMULE DU TRIO, TU MENTIONNAIS LALIBERTÉ ET LA RESPONSABILITÉ, QUEL EST EXACTE-MENT LE RÔLE DE LA GUITARE QUE TU AFFECTIONNESEN TRIO ?

V.d.C. / C'est prendre les décisions aumoment même. Par exemple, la décision

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sur un morceau de ne jouer qu'une lignemélodique, comme dans un trio avec souf-fleur, ou de jouer des accords coordonnésavec une mélodie ou tout simplementd'improviser avec des accords. Ca c'est auniveau stylistique. Mais la responsabilité,c'est aussi être le leader et l'assumer.

M.H.: TU JOUES DES STANDARDS ET DES COMPOSI-TIONS PERSONNELLES. AS-TU UNE MANIÈRE PARTICU-LIÈRE D'ABORDER TES COMPOSITIONS ? TU LESPENSES DIRECTEMENT POUR LE TRIO ?

V.d.C. / On joue de moins en moins destandards. On a commencé comme cela,mais maintenant c'est principalement descompositions. En fait, je compose sanspenser à la formule. J'arrive avec les com-positions toutes prêtes et on travaille unpeu les structures ou les arrangements sinécessaire.

M.H.: ET L'ESPRIT DES COMPOSITIONS EST BIEN INTÉ-GRÉ PAR LE GROUPE ?

V.d.C. / Maintenant oui, mais au début ilfallait que j'explique un peu ce que je vou-lais.

M.H.: QUELLE EST TA DÉMARCHE TANT DE GUITARISTEQUE DE COMPOSITEUR ? TU AS DES RÉFÉRENCES AUX-QUELLES TU ESSAIES DE RESSEMBLER OU NE PAS RES-SEMBLER ?

V.d.C. / Je n'évite rien, je cherche. Natu-rellement, je compose dans le style demusique brésilienne, j'imagine déjà desrythmes brésiliens au-dessus de lamusique. J'ai moins de facilité à composerpour une rythmique swing. Si je composeplus naturellement, ce sont généralementdes harmonies plus complexes qui sortent.Parfois, je me force à ne pas le faire, etj'essaie de chercher la simplicité et déve-lopper un bon thème sur une structureharmonique plus simple.

M.H.: COMMENT TE POSITIONNES-TU ENTRE CES DEUXMUSIQUES EN TANT QUE MUSICIEN BRÉSILIEN AUDÉPART ?

V.d.C. / Certains collègues me disent queje devrais faire plus de musique brésilien-ne, mais honnêtement pour moi, à part lerythme qui est différent, la conceptiond'improvisation que je recherche est lamême pour ces deux musiques, même siles rythmes brésiliens sont plus stricts etoffrent moins de libertés que le jazz auniveau des placements rythmiques. Maissi je peux improviser et m'exprimer, quece soit sur un thème brésilien ou jazz, ça

m'est un peu égal. Cependant, maintenantque je suis en Europe depuis plus long-temps, je prends énormément de plaisir àjouer le jazz brésilien. Je le découvre d'uneautre manière et j'ai de plus en plus enviede le jouer.

M.H.: CETTE MUSIQUE EST TRÈS RICHE, HARMONIQUE-MENT IL N'Y A PAS BEAUCOUP DE DIFFÉRENCE AVEC LEJAZZ, C'EST LA MÊME LOGIQUE.

V.d.C. / Harmoniquement, la musique bré-silienne n'a rien n'a envier au jazz et enplus, c'est une musique populaire.

M.H.: QU'EST CE QUI TE DONNE ENVIE DE RETOURNERÀ CETTE MUSIQUE, EST-CE CE CÔTÉ POPULAIRE ?

V.d.C. / Il y a une magie mélodique et har-monique qui me plaît beaucoup. J'ai deplus en plus envie aussi de jouer desmusiques brésiliennes qui ne sont pasinfluencées spécifiquement par le jazz,comme la musique du nord-est du Brésilqui est moins développée harmonique-ment que celles de Rio, de Sao Paulo,comme la bossa nova, la samba jazz…Cela s'explique peut-être par une certainemagie ou nostalgie… Je ne sais pas.

M.H.: CETTE DOUBLE CULTURE, COMMENT LA VIS-TU ?

V.d.C. / Parfois, c'est un peu embêtant,car les gens attendent de moi que je joueuniquement la musique de mon pays.J'adore aussi le jazz be bop, cela m'a tou-jours intéressé, mais j'ai parfois du mal àmonter ce genre de projets.

M.H.: EST-CE QUE AU FIL DU TEMPS TU SENS UNE INTÉ-GRATION DE TES DIFFÉRENTS BAGAGES MUSICAUX, AUPOINT QU'EN TANT QUE GUITARISTE TU NE SAIS PLUSDISSOCIER TES INFLUENCES ?

V.d.C. / Je manque de recul pour m'enrendre compte, d'autant plus que je consi-dère qu'il n'y a pas vraiment de diffé-rences, à part le langage en soi, lesaccents rythmiques, la manière de phra-ser… Quand j'improvise, quelle que soit lamusique, je me sens le même. J'ai juste unpeu plus de nostalgie quand je joue de lamusique brésilienne.

M.H.: AS-TU DES RÉFÉRENCES GUITARISTIQUES BRÉSI-LIENNES ?

V.d.C. / Oui, Hélio Delmiro, il n'est pas dutout connu ici, mais il est un grand guita-riste de jazz au Brésil. Toninho Horta, unguitariste et grand compositeur. Il y en ad'autres, méconnus ici malheureusement,

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mais qui sont de très bons instrumen-tistes, comme Alexandre Carvalho. Quandils viennent en Europe, c'est souventcomme accompagnateurs et ils n'ont pasl'occasion de montrer tout leur talent...

M.H.: IL Y A QUAND MÊME UNE GRANDE CULTURE DELA GUITARE AU BRÉSIL, EST-CE QU'IL Y A UNE TECH-NIQUE OU UNE APPROCHE DIFFÉRENTE DE L'INSTRU-MENT PAR RAPPORT À L'ÉDUCATION MUSICALE ICI ?

V.d.C. / Il n'y a pas vraiment d'éducationmusicale là-bas. Cela se fait de manièreorale. La guitare sèche au Brésil, tout lemonde en joue un peu. C'est tellementpopulaire et il y a tellement de bons ins-trumentistes, que peut-être cela pousse lesgens à être conscients du côté technique.Quand j'étais adolescent, indépendam-ment du style que je jouais, il fallait bosserla technique, sinon ce n'était pas bon. Heu-reusement, il n'y a pas que ça…

M.H.: C'EST VRAI QUE LES GUITARISTES BRÉSILIENS ENEUROPE ONT UNE TRÈS BONNE TECHNIQUE, TOI, NEL-SON VERAS…

V.d.C. / Nelson, je ne le connaissais pasau Brésil, mais j'ai eu l'occasion de l'écou-ter et de jouer avec lui cette été en Corselors d'un concert avec Marcia Maria. J'aiété tellement impressionné, que cela m'amême poussé à changer ma méthode detravail. Tout le monde m'avait parlé de luidans sa démarche jazz. Moi, je l'ai décou-vert dans un contexte de musique brési-lienne, bossa, samba jazz… C'était vrai-ment magnifique, j'étais bouleversé. J'airencontré très peu de musiciens aussidoués.

M.H.: QUELS SONT TES PROJETS ACTUELS ?

V.d.C. / Pour l'instant, c'est m'occuper demes enfants… En 2004, j'ai sorti mondisque en trio, mon premier fils avait déjàpresque 1 an. Quand le deuxième est né,cela m'a pris beaucoup plus de temps à lamaison et je n'ai pas pu me consacrercomme je le voulais à mon trio. Mainte-nant, je souhaite monter un groupe demusique brésilienne, pas uniquement jazz,avec un peu d'improvisation, mais avecd'autres aspects aussi. Je veux chercherd'autres formules, mais je n'ai pas encoremis ça sur papier. En décembre, on varejouer avec le trio dans le cadre du JazzTour. Je suis content de reprendre lesconcerts. Après la sortie du disque, on afait quelques dates, puis cela s'est arrêté.On a vite fait le tour en Belgique.

M.H.: TU JOUES EN SIDEMAN DANS D'AUTRES PRO-JETS?

V.d.C. / J'ai eu l'honneur d'être invité cetété pour jouer au Blue Note Festival auxcôtés de Philip Catherine, Peter Hertmans,Pierre van Dormael et Quentin Liégeoisdans le Guitare Orchestra. On va probable-ment encore jouer quelques morceauxpour la clôture de l'Audi Jazz. J'ai aussijoué quelques fois avec Marcia Maria cetteannée, de la samba jazz, avec Jan de Haas,Anne Wolf, Théo De Jong. C'est génial,parce que ça tombait juste au moment ouj'avais envie de jouer plus de cettemusique.

M.H.: ET BIEN MERCI À TOI VICTOR, ET AU PLAISIR DET'ENTENDRE.