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Fanta
isies
3
Preacuteface
La toile et le papier La plume et son roseau chantant Les couleurs et leurs pinceaux Le regard et la conque ougrave lrsquoon entend le flux et le reflux des oceacuteans Des vers et des couleurs En mecircme page ou bien de lrsquoune agrave lrsquoautre ils sont lagrave face agrave face srsquointerrogeant sans jamais srsquoexpliquer Lrsquoexplication
serait le poison du poegraveme Ici un fleuve qui ne va nulle part lagrave une mer lisseacutes drsquoun bleu intense crsquoest bien elle qui monte se deacutemonte Un peu plus loin au fil de lrsquoouvrage crsquoest lrsquoocre qui srsquoen vient ou le jaune-orangeacute flamboyant aceacutereacute incandescent Explosion sous les feux soleil Et plus loin dans un coin serait-ce un miroir Il srsquoy cache un visage On le croit proche de pleurer Je ne sais pas mais crsquoest ainsi car je le vois je lrsquoaperccedilois tant les yeux de ce visage-lagrave semblent prendre les miens vouloir y plonger mais se retiennent Souvent devant telle œuvre agrave qui lrsquoon rend visite survient une question laquo est-ce moi qui la regarde ou elle qui me cherche me convie mrsquoenvisage raquo Les yeux dans les yeux inondeacute de couleurs je reacutepondrai ici agrave lrsquo instar de Paul Eluard laquo Que voulez-vous nous nous sommes aimeacutes raquo Ce beau livre si bellement livreacute ses mots ses œuvres ne demandent qursquoagrave ecirctre ouverts et agrave nous deacutelivrer A ciel agrave cœur ouvertEt srsquoenroulent et se deacuteroulent cocircte-agrave-cocircte poegraveme et tableau Ils deacutefient deacutevisagent abolissent les frontiegraveres Non pas leacutegende lrsquoun de lrsquoautre mais en eacutecho lrsquoun agrave lrsquoautre ougrave le mot simple sonde ougrave la couleur embrase Car ils se parlent portent la conque agrave lrsquooreille Il nrsquoest que de vaquer degraves lors en longue eacutecoute et drsquoun œil vigilant mais alleacutegeacute page apregraves page jouer le jeu se laisser faire entre son et lumiegravere entamer le voyage Une grand-megravere se souvient calcule son pain apregraves des anneacutees drsquohorreur de manque Il faut vivre pour comprendre Preacutesence-megravere neacutecessaire agrave nos douleurs jamais totalement cicatriseacutees Sa voix comme en attente pregraves drsquoun berceau Mais je devine aussi quelque part qursquoil y aurait carnaval agrave Venise Jrsquoai envie drsquoaller voir Vous savez Lagrave ougrave tout srsquoassemble danse derriegravere les masques ougrave tout finit un jour par se connaicirctre se reconnaicirctre Antonio Vivaldi trinquait hier avec Sydney Bechet assis pregraves de la tombe drsquoIgor Stravinski pas si loin paraicirct-il du pont des amours Qursquoimporte ainsi des siegravecles de grandeur et drsquointense lumiegravere qursquoon nommera laquo baroques raquo ougrave pourraient sans vergogne srsquoinscrire ces pagesCrsquoest un cadeau de rires de larmes de feu de sang Lors je nrsquoinvente rien crsquoest bien ce qui srsquoy trouve ce qui me tient le cœur Sur des routes souvent solitaires mais pas toujours laquo la preuve raquo vous tenez ferme ces poegravemes vocirctres lrsquoœil fixeacute tout lagrave-haut deacutecrochant quelque eacutetoile
Bruno Gaurier
4
Cat
heri
ne S
emon
Du vent dans les branches
le magnolia freacutemissanthellip
Neige rose au sol
Arbres de Judeacutee
Frisson de vert et de mauve
Au-dessus du mur
Marie-Noeumllle Hocircpital
6
Vague agrave lrsquoacircmeOugrave vas-tu donc ainsi fugace et doux nuageFlottant au greacute du vent impalpable lutin
Tu folacirctres discret dans un ciel de satinEt poursuis obstineacute ton peacuterilleux voyage
Tu survoles les toits sans souci des frontiegraveresScintillant au soleil libre comme lrsquooiseauTu frocircles de ton ombre un fragile roseau
Et te mires joueur dans le lit des riviegraveres
Que jrsquoaimerais ainsi savourer la NatureCaresser la montagne embrasser le vallonDans la bise qui mord exciter le mouflonEpheacutemegravere et mutin poursuivre lrsquoaventure
Tu trsquoeacuteloignes moqueur ignorant mon envieUn merle jette au lin son joyeux triolet
Tandis que les abeilles inventent un balletJe te vois trsquoeacuteclipser songeuse mais ravie
Marcelle Betbeder
Ant
oine
Mon
ory
8
ChantsElles chantent le courant de lrsquoeau et de lrsquoairMille larmes de vie rejoignent lrsquoatmosphegravereElles chantent le souffle du feu sur la terre
Mille larmes de vie alimentent la mer
PleursIls pleurent la mort du printemps et de lrsquoeacuteteacuteDes gouttes drsquoeau srsquoeacutevaporent dans lrsquouniversIls pleurent la mort de lrsquoautomne et de lrsquohiver
Une agrave une des gouttes drsquoeau se noient sur terre
Dominique Corbillet
Bar
i Abd
erha
man
n
10
Vin
cent
Cal
i
Festiviteacute
Dissimuleacute derriegravere un costumeLe fantasme ideacuteal ou lrsquoillusion
Drsquoecirctre quelqursquoun drsquoautre pour la coutumeEt srsquoamuser danser sur des flonflons
Un masque pour cacher ce que lrsquoon estMiroir drsquoun reflet de vie quotidienne
Que lrsquoon souhaite suspendre un instantPour respirer et toucher un petit bout drsquoEden
Mille couleurs sur les habits confectionneacutesTabarro bauta et tricorne pour lrsquohomme
Goucirct estheacutetisme chez les dames toutes en beauteacuteLes parures doivent eacutemerveiller au summum
Ce carnaval qui fait recircver est un jeuAucune classe sociale nrsquoest mentionneacuteeNi le sexe ni la religion aucun enjeuSauf la possibiliteacute de mentir sur son
identiteacute
Venise ville de lrsquoamour et du charmeSous son Pont des Soupirs les gondoles font la traverseacutee
Invitant les comeacutediens passionneacutes agrave verser une larmeA ocircter leurs masques et agrave se reacuteveacuteler
Seuls les yeux ne peuvent duper dans cette paradeCar ils sont le reflet de lrsquoacircme de lrsquoecirctre humain hellip
Catherine Richard
12
Mic
kaeumll
Leg
at
sol ensanglanteacute
agrave me couper le souffle ndash
lrsquoeacuterable a expireacute
Les feuilles mortes
sur les ailes du vent
Un voyage enfin
encre de Chine ndash
sur la pointe du pinceau
le parfum de la glycine
tango-tangage ndash
mes hanches devenues houle
noyeacutee dans ton regard
les deux eacutemeraudes
dans la chair brucircleacutee drsquoeacuteteacutendash
les yeux du mendiant
Brigitte Briatte
14
Vin
cent
Cal
i
Les forains
Les papillons aux plumes rouges
Des moineaux aux ailes blanches
Volent dans nos tecirctes drsquoenfant
Clown des mers
les poissons dorment
Dans les tourbillons du manegravege
Avant de lacirccher prise
Sur des sillons de perles
Variation
Un sablier sur la mer
Vidait entre les vagues
Lrsquoeacutetrange incertitude du lendemain
Dominique Joye
16
Sac
ha
Deacuteguisement
Danse sur tes couleurs Arlequin
Enveloppe la foule de ton parfum
Guideacutee par la dentelle drsquoune Marquise
Une femme danse agrave sa guise
Impose son pas de demoiselle
Soulegraveve son blanc jupon de dentelles
Entraicircne avec elle le feu de lrsquoenfer
Magique nuit agiteacutee par le mystegravere
Enflamme tous les ponts de Venise
Nueacutees de folie exquise
Tendre Arlequin et douce Marquise
Sonia Spaeter
18
Bri
gitt
e P
iqua
rd
Passagegravere du vol 38
Tu me faisais de lrsquoœil
Je te faisais du pied
Tu mrsquoas tapeacute dans lrsquoœil
Je trsquoai fouleacute le pied
Tu as tourneacute de lrsquoœil
Et jrsquoai perdu piedhellip
Guillaume Viard
20
Eri
c M
arch
and
Sonnet de soieSoupir de soie ourleacute peacutetille drsquooutremer
Je flotte doucement au sommet de ta vagueLe ressac peut hurler sur tes eaux je divague
Vers des cieux plus cleacutements srsquoenfuit le temps amer
Je te veux brigantin dans les bras de la merLaisse-moi deacuteriver sans peur de la madrague
Sous la nef du soleil lrsquoeacuteclair bleu nuit zigzaguePoseacuteidon deacutetruit un regret doux-amer
A chevaucher le flot sur une fleur drsquoeacutecumeDeacuteferlante drsquoazur ton regard me consume
Viens accoster mon port sur tes rouleaux drsquoargent
Mais lrsquoaquilon surgit suborneur de lumiegravereSeacuteduit lrsquoaventurier reacutecif de mon tourment
Voguer sur lrsquo illusion mourir sur sa criniegravere
Nicole Portay
22
Ale
xand
ra M
ayol
le
Sonnet de sang
Les pantins deacutechireacutes balancent doucementLeurs chairs en habits noirs lorsque le saule pleureTango lent des bouffons seacutepareacutes mais vient lrsquoheure
Des noces vermillon mortel accouplement
Dans mon jardin ruineacute gicirct le renoncementDu recircve poignardeacute qursquoun long sanglot effleure
Ce soir le lien tisseacute srsquoest deacutenoueacute doux leurreDe lrsquoespoir enivreacute du vin de mon tourment
Il nrsquoest pas loin le temps ougrave de feu jrsquoeacutetais reineDe lrsquoaurore au couchant sur ton damier sereine
Quand ton regard mrsquooffrait la couleur du plaisir
Restent les mots de sang drsquoun sonnet deacuterisoireHaillons et oripeaux des tercets du deacutesir
Quand la muse se rit des eacutetreintes sans gloire
Nicole Portay
24
Sac
ha
Grand-megravereLa table et son miroir occupaient en ce temps
Un coin de chaque chambre avec broc gant cuvetteLes ablutions drsquohiver ne duraient pas longtemps
Personne ne musait agrave faire la toilettehellip
Passant pregraves de mon lit elle posait un baiserSur mon front ou ma joue juste sortis de lrsquoombre
Attachait dans le dos les pans du tablierPuis lissait ses cheveux courbeacutee dans la peacutenombre
Quand elle se redressait un serpent poivre et selSe lovait sur sa tecircte en un geste admirableTrois eacutepingles fixaient le chignon rituel
Il faisait de Lucie la grand-megravere immuable
La chaleur mrsquoaccueillait dans lrsquoantique cuisineQuand lrsquoheure eacutetait venue du petit-deacutejeuner Le lait sucreacute de miel le beurre sur la tartine
Ressuscitaient mes sens pour mieux les reacutegaler
Debout pregraves du bahut souvent elle mangeaitAvec un croucircton sec le reste de garbure
Connaissait la valeur que ce peu figuraitNe gaspillait jamais la moindre nourriture
Cette femme savait le prix de la sueurCombien au potager la terre paraicirct basse
Avait connu la faim dans les anneacutees drsquohorreurEn gardait souvenir dans sa deacutemarche lasse
Jrsquoeacutetais trop jeune encore et ne comprenais pasTant de parcimonie qui semblait avarice
Si je jette aujourdrsquohui les reliefs drsquoun repasUne voix quelque part se fait reacuteprobatricehellip
Dominique Corbillet
26
Lyo
nel C
ollo
t
Le nez qui grattejrsquoai le nez qui me gratte
jetord mon nez
sans remuer mainsans quitter la poseagrave la faccedilon drsquoune feacutee
precirct agrave
eacuteternuer
jrsquoai eu tortde regarder vers lui
jrsquoai eu soudaindes raclements
entre le nezet le haut du palais
jrsquoai senti roulerune drocircle de foudre au ventre une
envie de
rire
sans bouger drsquoun passans quitter la pose
je pince mes legravevres fortje concentre mon effort
Afin de contenirCes roulements insistants
Deacutejagrave suintent des bribes drsquoeacuteclatsje
me fissure deacutejagrave
ces larmess en teacutemoignentdans mes yeux plisseacutes
la vessie presseet plieacute le corps
nrsquo en peutplus
drsquo
Se contenir tout en tenant la garde-agrave-vous
La suite est humide au fond du pontalonet ne se deacutecrit donc guegravere
Il libeacutera un rireEt fucirct condamneacute emprisonneacute
Pour attentat aux bonnes maniegraveresCar en pleine place drsquoarmes
Juste au moment du salutIl explosa au nez tordu du geacuteneacuteral
MouduCe dernier dit-on
Fut blesseacute de cet effront tout de mecircmeCrsquoeacutetait peut-ecirctre un abus
Mais pas un obus
Quand le rire est lrsquoarmeEt lrsquooffenseacute lrsquoesprit
Ce nrsquoest pas un drameCar celui qui rit
est aussi coupableque celui qui fait rireconcluons donc que
cet eacuteclat entre eux deuxsitocirct vrillant lrsquoair
ne leur appartient plusaussi
il aurait mieux valu iciagrave preacutesent crsquoest sucircr
qursquoil eacuteternue
Steacutephane Deloy
Se retenir de
28
Jacq
ueli
ne B
erli
n
La petiteSur sa peau luisante et satineacutee
Elle a mis un collier de perles rougesDe ces perles sanguines qui voudraient raconter
Les anneacutees de famine les heures ougrave rien ne bougeAssise au bureau drsquoun jour sans eacutecole
Les journeacutees de pluie sous un toit de tocircleLa chaise sur le bord drsquoune route agrave voir les gens passer
Le cahier gommeacute et reacuteeacutecrit toujours recommenceacuteLes heures de soleil trop chaud agrave travailler
Les soirs beaucoup trop noirs pour pouvoir raconterSous lrsquoampoule ballante lrsquoeffort de la journeacutee
La petite barbote dans son universDrsquoun appareil photo agrave qui elle confie
Les gestes les cambrures et les jolis yeux vertsNul besoin pour elle drsquoapprendre les poses et les deacutefis
Chez elle crsquoest inneacuteElle fuira son icircle qursquoelle a pourtant aimeacuteeSon village bruyant et les vieux fatigueacutes
Assis sous les varangues les yeux et toujours mouilleacutesOugrave les chiens et les poules font bonne communauteacute
Elle sera actrice de bande dessineacuteeFeuilleton qursquoelle suit le soir agrave la teacuteleacute
La petite voyage du haut de ses huit ansDes recircves plein les yeux et la victoire aux dents
Elfe des alizeacutes sa silhouette vole aux vagues enjoueacuteesSes jupons srsquoentortillent aux airs de meringueacute
Elle devient feacuteline dans le vert du regardQursquoelle accroche aux eacutetoiles un soir
De grand deacuteparthellip
Nicole Monin
30
A lrsquoatelierhellip
Depuis de si nombreuses anneacutees Joeumllle artiste peintre et plasticienne anime avec attachement talent deacutelicatesse imagination les personnes en situa-tion de handicap (et souvent de grande deacutependance) auteurs des œuvres livreacutees dans cet ouvrage
Drsquoaucuns la qualifient de laquo feacutee raquo une bonne feacutee qui depuis tout ce temps ouvre portes et fenecirctres agrave la force de la creacuteation qui naicirct vit se propage chez tout ecirctre humain Elle amegravene chacune et chacun de celles et ceux qui prennent part aux ateliers dans plusieurs lieux drsquoaccueil de lrsquoAPF agrave livrer avec la sensibiliteacute et les moyens qui leur sont propres ce jaillissement de creacuteation qui fait la toile lrsquoeacuterige en œuvre la conduit ensuite agrave ecirctre exposeacutee reccedilue contempleacutee meacutediteacutee
Il faut dire que les ateliers ne srsquoen laissent pas compter joie eacuteclats de rire laquo cris raquo parfois ndash et pensons aux poegravemes anciens intituleacutes laquo Cris de Paris raquo ndash dominent la fourmiliegravere parfois lente parfois plus rapide plus violente quand par exemple les roues de certains fauteuils roulants sont mises agrave contributionhellip
Oui bien sucircr il faut adapter mais crsquoest le laquo jeu raquo Il faut le tenir le pinceau Joeumllle le sait elle la premiegravere Appel sera fait degraves lors agrave des professionnels dont crsquoest le meacutetier Une seule question comment cette personne peut-elle se positionner pour donner le meilleur drsquoelle-mecircme dans lrsquoœuvre qursquoelle concocte Les mains les pieds la meacutediation drsquoune licorne poseacutee au front et lrsquo instrument srsquoinvente srsquoadapte suit son cours srsquooublie ndash car crsquoest le geste lrsquoesprit du geste on dit encore laquo la raquo geste qui porte la parolePeindre Lrsquoacte ougrave tant et tout se donne une force qui plombe parfois une leacutegegravereteacute aussi qui eacutelegraveve un rire une solitude une douleur une tristesse Combien de peintres de par le monde nrsquoont-ils pas laquo dit raquo deacutepeint leurs moments de profond deacutesarroi Lrsquoenfermement lrsquo incompreacutehension se faire comprendre quel travail Eh bien Joeumllle elle comprend tout Bien au-delagrave des mots Une simple trace sur la toile et quelque chose est dit Deacutejagrave Drsquoores et deacutejagrave reccedilu entendu Le simple truchement de son regard
Peindre alors un privilegravege Sans doute Mais avec si belle et si bonne amie si belle et bonne accompagnante de creacuteation ce sont des espaces de liberteacute qui srsquoouvrent et des bonheurs qui srsquoeacutechangent se disent se peignent srsquoexposent Tant pour les artistes les auteurs que pour celles et ceux qui viendront aux œuvres seront regardeacutes du coin de lrsquoœil par elles Lrsquoœuvre veille est en veille permanente Et Joeumllle de mecircme
Bruno Gaurieret Sylvaine Ponroy
31
laquo Peindre crsquoest un plaisir raquo
laquo Peindre me permet de voyager
et de rencontrer drsquoautres
techniques raquo
laquo Lrsquoart apaise mes douleurs raquo
laquo Je me sens libre raquo
laquo Peindre est le seul acte
drsquoautonomie de ma vie raquo
laquo Je ne suis pas inutile quand je
peins raquo
laquo Jrsquooublie mes problegravemes raquo
laquo Peindre me procure du
bien-ecirctreraquo
laquo et si jrsquoeacutetais toi je rajouterai un peu de bleu mais crsquoest un conseil hellip raquo
32
Les Cordeacutees 1 premier reacuteseau social au monde puisque eacutetant neacute en 1933 a la volonteacute de partager avec chacun de creacuteer du lien de rompre la solitude et drsquoapporter agrave chacun le sou-tien de lrsquoautre Elles ne sont ni un site de rencontres ni un forum traditionnelhellip Juste des eacutechanges entre chacun
Mais les cordistes peuvent aussi ecirctre poegravetes nouvellistes etc Et lrsquoune drsquoentre-elles propose de creacuteer un concours litteacuteraire en partenariat avec lrsquoassociation laquoRegardsraquo2 afin de se confronter avec le monde artistique et litteacuteraire mais aussi de donner agrave chacun la place qui lui revient dans ce domaine
Ouvert agrave tous les auteurs francophones du monde entier ce concours attribue 15 prix dans des genres litteacuteraires aussi divers que la poeacutesie le conte le texte humoristique la lettre etc
(1) wwwcordeesapfassofr(2) wwwregardsassofr
Yvonne Ollier et Noeumllle Pirony
Remise des prix du concours litteacuteraire des cordeacutees 2015
Alain Rochon Preacutesident de lrsquoAPF remet le prix de La belle cordiegravere agraveYves-Fred Boisset
Remise du prix Callibour par Bruno Gaurier agrave Dominique Corbillet
Eacutecriturehellip
laquoAh Les Cordeacutees Crsquoest agrave chaque foisUn moyen de srsquoeacutevaderOublier son deacutesarroiEt se sentir appreacutecieacute
Ah Les Cordeacutees Si elles nrsquoexistaient pas
Il faudrait les inventer raquo
Alain Stienne
Cette brochure a eacuteteacute reacutealiseacutee dans le cadre drsquoun projet de BTS Communicationet Industries Graphiques agrave Gobelins lrsquoeacutecole de lrsquoimage
Reacutealisation graphique Weiyin CHEN - Nastasia ZIVANOVIC
Impression Charlegravene VINCENT - Manon DUHAYOT
Faccedilonnage Charlegravene VINCENT - Manon DUHAYOT - Weiyin CHEN - Nastasia ZIVANOVIC
Conceptionreacutealisation Sylvaine PONROY Joeumllle BEacuteCARD
Poegravemes Peintures Collectif
Ce projet est destineacute agrave lrsquoassociation APF et nrsquoa pas de but lucratif
ISBN 979- 10- 93207- 15- 5
Nous remercions les eacutelegraveves de lrsquoEacutecole des Gobelins et leur professeur Monsieur Gilles Philippe pour leur eacutecoute et leur professionnalisme qui ont permis la reacutealisation de ce livre dart
ISBN 979- 10- 93207- 15- 5
Interdit agrave la vente
Fanta
isies
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Preacuteface
La toile et le papier La plume et son roseau chantant Les couleurs et leurs pinceaux Le regard et la conque ougrave lrsquoon entend le flux et le reflux des oceacuteans Des vers et des couleurs En mecircme page ou bien de lrsquoune agrave lrsquoautre ils sont lagrave face agrave face srsquointerrogeant sans jamais srsquoexpliquer Lrsquoexplication
serait le poison du poegraveme Ici un fleuve qui ne va nulle part lagrave une mer lisseacutes drsquoun bleu intense crsquoest bien elle qui monte se deacutemonte Un peu plus loin au fil de lrsquoouvrage crsquoest lrsquoocre qui srsquoen vient ou le jaune-orangeacute flamboyant aceacutereacute incandescent Explosion sous les feux soleil Et plus loin dans un coin serait-ce un miroir Il srsquoy cache un visage On le croit proche de pleurer Je ne sais pas mais crsquoest ainsi car je le vois je lrsquoaperccedilois tant les yeux de ce visage-lagrave semblent prendre les miens vouloir y plonger mais se retiennent Souvent devant telle œuvre agrave qui lrsquoon rend visite survient une question laquo est-ce moi qui la regarde ou elle qui me cherche me convie mrsquoenvisage raquo Les yeux dans les yeux inondeacute de couleurs je reacutepondrai ici agrave lrsquo instar de Paul Eluard laquo Que voulez-vous nous nous sommes aimeacutes raquo Ce beau livre si bellement livreacute ses mots ses œuvres ne demandent qursquoagrave ecirctre ouverts et agrave nous deacutelivrer A ciel agrave cœur ouvertEt srsquoenroulent et se deacuteroulent cocircte-agrave-cocircte poegraveme et tableau Ils deacutefient deacutevisagent abolissent les frontiegraveres Non pas leacutegende lrsquoun de lrsquoautre mais en eacutecho lrsquoun agrave lrsquoautre ougrave le mot simple sonde ougrave la couleur embrase Car ils se parlent portent la conque agrave lrsquooreille Il nrsquoest que de vaquer degraves lors en longue eacutecoute et drsquoun œil vigilant mais alleacutegeacute page apregraves page jouer le jeu se laisser faire entre son et lumiegravere entamer le voyage Une grand-megravere se souvient calcule son pain apregraves des anneacutees drsquohorreur de manque Il faut vivre pour comprendre Preacutesence-megravere neacutecessaire agrave nos douleurs jamais totalement cicatriseacutees Sa voix comme en attente pregraves drsquoun berceau Mais je devine aussi quelque part qursquoil y aurait carnaval agrave Venise Jrsquoai envie drsquoaller voir Vous savez Lagrave ougrave tout srsquoassemble danse derriegravere les masques ougrave tout finit un jour par se connaicirctre se reconnaicirctre Antonio Vivaldi trinquait hier avec Sydney Bechet assis pregraves de la tombe drsquoIgor Stravinski pas si loin paraicirct-il du pont des amours Qursquoimporte ainsi des siegravecles de grandeur et drsquointense lumiegravere qursquoon nommera laquo baroques raquo ougrave pourraient sans vergogne srsquoinscrire ces pagesCrsquoest un cadeau de rires de larmes de feu de sang Lors je nrsquoinvente rien crsquoest bien ce qui srsquoy trouve ce qui me tient le cœur Sur des routes souvent solitaires mais pas toujours laquo la preuve raquo vous tenez ferme ces poegravemes vocirctres lrsquoœil fixeacute tout lagrave-haut deacutecrochant quelque eacutetoile
Bruno Gaurier
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Cat
heri
ne S
emon
Du vent dans les branches
le magnolia freacutemissanthellip
Neige rose au sol
Arbres de Judeacutee
Frisson de vert et de mauve
Au-dessus du mur
Marie-Noeumllle Hocircpital
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Vague agrave lrsquoacircmeOugrave vas-tu donc ainsi fugace et doux nuageFlottant au greacute du vent impalpable lutin
Tu folacirctres discret dans un ciel de satinEt poursuis obstineacute ton peacuterilleux voyage
Tu survoles les toits sans souci des frontiegraveresScintillant au soleil libre comme lrsquooiseauTu frocircles de ton ombre un fragile roseau
Et te mires joueur dans le lit des riviegraveres
Que jrsquoaimerais ainsi savourer la NatureCaresser la montagne embrasser le vallonDans la bise qui mord exciter le mouflonEpheacutemegravere et mutin poursuivre lrsquoaventure
Tu trsquoeacuteloignes moqueur ignorant mon envieUn merle jette au lin son joyeux triolet
Tandis que les abeilles inventent un balletJe te vois trsquoeacuteclipser songeuse mais ravie
Marcelle Betbeder
Ant
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ChantsElles chantent le courant de lrsquoeau et de lrsquoairMille larmes de vie rejoignent lrsquoatmosphegravereElles chantent le souffle du feu sur la terre
Mille larmes de vie alimentent la mer
PleursIls pleurent la mort du printemps et de lrsquoeacuteteacuteDes gouttes drsquoeau srsquoeacutevaporent dans lrsquouniversIls pleurent la mort de lrsquoautomne et de lrsquohiver
Une agrave une des gouttes drsquoeau se noient sur terre
Dominique Corbillet
Bar
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Festiviteacute
Dissimuleacute derriegravere un costumeLe fantasme ideacuteal ou lrsquoillusion
Drsquoecirctre quelqursquoun drsquoautre pour la coutumeEt srsquoamuser danser sur des flonflons
Un masque pour cacher ce que lrsquoon estMiroir drsquoun reflet de vie quotidienne
Que lrsquoon souhaite suspendre un instantPour respirer et toucher un petit bout drsquoEden
Mille couleurs sur les habits confectionneacutesTabarro bauta et tricorne pour lrsquohomme
Goucirct estheacutetisme chez les dames toutes en beauteacuteLes parures doivent eacutemerveiller au summum
Ce carnaval qui fait recircver est un jeuAucune classe sociale nrsquoest mentionneacuteeNi le sexe ni la religion aucun enjeuSauf la possibiliteacute de mentir sur son
identiteacute
Venise ville de lrsquoamour et du charmeSous son Pont des Soupirs les gondoles font la traverseacutee
Invitant les comeacutediens passionneacutes agrave verser une larmeA ocircter leurs masques et agrave se reacuteveacuteler
Seuls les yeux ne peuvent duper dans cette paradeCar ils sont le reflet de lrsquoacircme de lrsquoecirctre humain hellip
Catherine Richard
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sol ensanglanteacute
agrave me couper le souffle ndash
lrsquoeacuterable a expireacute
Les feuilles mortes
sur les ailes du vent
Un voyage enfin
encre de Chine ndash
sur la pointe du pinceau
le parfum de la glycine
tango-tangage ndash
mes hanches devenues houle
noyeacutee dans ton regard
les deux eacutemeraudes
dans la chair brucircleacutee drsquoeacuteteacutendash
les yeux du mendiant
Brigitte Briatte
14
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Les forains
Les papillons aux plumes rouges
Des moineaux aux ailes blanches
Volent dans nos tecirctes drsquoenfant
Clown des mers
les poissons dorment
Dans les tourbillons du manegravege
Avant de lacirccher prise
Sur des sillons de perles
Variation
Un sablier sur la mer
Vidait entre les vagues
Lrsquoeacutetrange incertitude du lendemain
Dominique Joye
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Sac
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Deacuteguisement
Danse sur tes couleurs Arlequin
Enveloppe la foule de ton parfum
Guideacutee par la dentelle drsquoune Marquise
Une femme danse agrave sa guise
Impose son pas de demoiselle
Soulegraveve son blanc jupon de dentelles
Entraicircne avec elle le feu de lrsquoenfer
Magique nuit agiteacutee par le mystegravere
Enflamme tous les ponts de Venise
Nueacutees de folie exquise
Tendre Arlequin et douce Marquise
Sonia Spaeter
18
Bri
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Passagegravere du vol 38
Tu me faisais de lrsquoœil
Je te faisais du pied
Tu mrsquoas tapeacute dans lrsquoœil
Je trsquoai fouleacute le pied
Tu as tourneacute de lrsquoœil
Et jrsquoai perdu piedhellip
Guillaume Viard
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Sonnet de soieSoupir de soie ourleacute peacutetille drsquooutremer
Je flotte doucement au sommet de ta vagueLe ressac peut hurler sur tes eaux je divague
Vers des cieux plus cleacutements srsquoenfuit le temps amer
Je te veux brigantin dans les bras de la merLaisse-moi deacuteriver sans peur de la madrague
Sous la nef du soleil lrsquoeacuteclair bleu nuit zigzaguePoseacuteidon deacutetruit un regret doux-amer
A chevaucher le flot sur une fleur drsquoeacutecumeDeacuteferlante drsquoazur ton regard me consume
Viens accoster mon port sur tes rouleaux drsquoargent
Mais lrsquoaquilon surgit suborneur de lumiegravereSeacuteduit lrsquoaventurier reacutecif de mon tourment
Voguer sur lrsquo illusion mourir sur sa criniegravere
Nicole Portay
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Sonnet de sang
Les pantins deacutechireacutes balancent doucementLeurs chairs en habits noirs lorsque le saule pleureTango lent des bouffons seacutepareacutes mais vient lrsquoheure
Des noces vermillon mortel accouplement
Dans mon jardin ruineacute gicirct le renoncementDu recircve poignardeacute qursquoun long sanglot effleure
Ce soir le lien tisseacute srsquoest deacutenoueacute doux leurreDe lrsquoespoir enivreacute du vin de mon tourment
Il nrsquoest pas loin le temps ougrave de feu jrsquoeacutetais reineDe lrsquoaurore au couchant sur ton damier sereine
Quand ton regard mrsquooffrait la couleur du plaisir
Restent les mots de sang drsquoun sonnet deacuterisoireHaillons et oripeaux des tercets du deacutesir
Quand la muse se rit des eacutetreintes sans gloire
Nicole Portay
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Grand-megravereLa table et son miroir occupaient en ce temps
Un coin de chaque chambre avec broc gant cuvetteLes ablutions drsquohiver ne duraient pas longtemps
Personne ne musait agrave faire la toilettehellip
Passant pregraves de mon lit elle posait un baiserSur mon front ou ma joue juste sortis de lrsquoombre
Attachait dans le dos les pans du tablierPuis lissait ses cheveux courbeacutee dans la peacutenombre
Quand elle se redressait un serpent poivre et selSe lovait sur sa tecircte en un geste admirableTrois eacutepingles fixaient le chignon rituel
Il faisait de Lucie la grand-megravere immuable
La chaleur mrsquoaccueillait dans lrsquoantique cuisineQuand lrsquoheure eacutetait venue du petit-deacutejeuner Le lait sucreacute de miel le beurre sur la tartine
Ressuscitaient mes sens pour mieux les reacutegaler
Debout pregraves du bahut souvent elle mangeaitAvec un croucircton sec le reste de garbure
Connaissait la valeur que ce peu figuraitNe gaspillait jamais la moindre nourriture
Cette femme savait le prix de la sueurCombien au potager la terre paraicirct basse
Avait connu la faim dans les anneacutees drsquohorreurEn gardait souvenir dans sa deacutemarche lasse
Jrsquoeacutetais trop jeune encore et ne comprenais pasTant de parcimonie qui semblait avarice
Si je jette aujourdrsquohui les reliefs drsquoun repasUne voix quelque part se fait reacuteprobatricehellip
Dominique Corbillet
26
Lyo
nel C
ollo
t
Le nez qui grattejrsquoai le nez qui me gratte
jetord mon nez
sans remuer mainsans quitter la poseagrave la faccedilon drsquoune feacutee
precirct agrave
eacuteternuer
jrsquoai eu tortde regarder vers lui
jrsquoai eu soudaindes raclements
entre le nezet le haut du palais
jrsquoai senti roulerune drocircle de foudre au ventre une
envie de
rire
sans bouger drsquoun passans quitter la pose
je pince mes legravevres fortje concentre mon effort
Afin de contenirCes roulements insistants
Deacutejagrave suintent des bribes drsquoeacuteclatsje
me fissure deacutejagrave
ces larmess en teacutemoignentdans mes yeux plisseacutes
la vessie presseet plieacute le corps
nrsquo en peutplus
drsquo
Se contenir tout en tenant la garde-agrave-vous
La suite est humide au fond du pontalonet ne se deacutecrit donc guegravere
Il libeacutera un rireEt fucirct condamneacute emprisonneacute
Pour attentat aux bonnes maniegraveresCar en pleine place drsquoarmes
Juste au moment du salutIl explosa au nez tordu du geacuteneacuteral
MouduCe dernier dit-on
Fut blesseacute de cet effront tout de mecircmeCrsquoeacutetait peut-ecirctre un abus
Mais pas un obus
Quand le rire est lrsquoarmeEt lrsquooffenseacute lrsquoesprit
Ce nrsquoest pas un drameCar celui qui rit
est aussi coupableque celui qui fait rireconcluons donc que
cet eacuteclat entre eux deuxsitocirct vrillant lrsquoair
ne leur appartient plusaussi
il aurait mieux valu iciagrave preacutesent crsquoest sucircr
qursquoil eacuteternue
Steacutephane Deloy
Se retenir de
28
Jacq
ueli
ne B
erli
n
La petiteSur sa peau luisante et satineacutee
Elle a mis un collier de perles rougesDe ces perles sanguines qui voudraient raconter
Les anneacutees de famine les heures ougrave rien ne bougeAssise au bureau drsquoun jour sans eacutecole
Les journeacutees de pluie sous un toit de tocircleLa chaise sur le bord drsquoune route agrave voir les gens passer
Le cahier gommeacute et reacuteeacutecrit toujours recommenceacuteLes heures de soleil trop chaud agrave travailler
Les soirs beaucoup trop noirs pour pouvoir raconterSous lrsquoampoule ballante lrsquoeffort de la journeacutee
La petite barbote dans son universDrsquoun appareil photo agrave qui elle confie
Les gestes les cambrures et les jolis yeux vertsNul besoin pour elle drsquoapprendre les poses et les deacutefis
Chez elle crsquoest inneacuteElle fuira son icircle qursquoelle a pourtant aimeacuteeSon village bruyant et les vieux fatigueacutes
Assis sous les varangues les yeux et toujours mouilleacutesOugrave les chiens et les poules font bonne communauteacute
Elle sera actrice de bande dessineacuteeFeuilleton qursquoelle suit le soir agrave la teacuteleacute
La petite voyage du haut de ses huit ansDes recircves plein les yeux et la victoire aux dents
Elfe des alizeacutes sa silhouette vole aux vagues enjoueacuteesSes jupons srsquoentortillent aux airs de meringueacute
Elle devient feacuteline dans le vert du regardQursquoelle accroche aux eacutetoiles un soir
De grand deacuteparthellip
Nicole Monin
30
A lrsquoatelierhellip
Depuis de si nombreuses anneacutees Joeumllle artiste peintre et plasticienne anime avec attachement talent deacutelicatesse imagination les personnes en situa-tion de handicap (et souvent de grande deacutependance) auteurs des œuvres livreacutees dans cet ouvrage
Drsquoaucuns la qualifient de laquo feacutee raquo une bonne feacutee qui depuis tout ce temps ouvre portes et fenecirctres agrave la force de la creacuteation qui naicirct vit se propage chez tout ecirctre humain Elle amegravene chacune et chacun de celles et ceux qui prennent part aux ateliers dans plusieurs lieux drsquoaccueil de lrsquoAPF agrave livrer avec la sensibiliteacute et les moyens qui leur sont propres ce jaillissement de creacuteation qui fait la toile lrsquoeacuterige en œuvre la conduit ensuite agrave ecirctre exposeacutee reccedilue contempleacutee meacutediteacutee
Il faut dire que les ateliers ne srsquoen laissent pas compter joie eacuteclats de rire laquo cris raquo parfois ndash et pensons aux poegravemes anciens intituleacutes laquo Cris de Paris raquo ndash dominent la fourmiliegravere parfois lente parfois plus rapide plus violente quand par exemple les roues de certains fauteuils roulants sont mises agrave contributionhellip
Oui bien sucircr il faut adapter mais crsquoest le laquo jeu raquo Il faut le tenir le pinceau Joeumllle le sait elle la premiegravere Appel sera fait degraves lors agrave des professionnels dont crsquoest le meacutetier Une seule question comment cette personne peut-elle se positionner pour donner le meilleur drsquoelle-mecircme dans lrsquoœuvre qursquoelle concocte Les mains les pieds la meacutediation drsquoune licorne poseacutee au front et lrsquo instrument srsquoinvente srsquoadapte suit son cours srsquooublie ndash car crsquoest le geste lrsquoesprit du geste on dit encore laquo la raquo geste qui porte la parolePeindre Lrsquoacte ougrave tant et tout se donne une force qui plombe parfois une leacutegegravereteacute aussi qui eacutelegraveve un rire une solitude une douleur une tristesse Combien de peintres de par le monde nrsquoont-ils pas laquo dit raquo deacutepeint leurs moments de profond deacutesarroi Lrsquoenfermement lrsquo incompreacutehension se faire comprendre quel travail Eh bien Joeumllle elle comprend tout Bien au-delagrave des mots Une simple trace sur la toile et quelque chose est dit Deacutejagrave Drsquoores et deacutejagrave reccedilu entendu Le simple truchement de son regard
Peindre alors un privilegravege Sans doute Mais avec si belle et si bonne amie si belle et bonne accompagnante de creacuteation ce sont des espaces de liberteacute qui srsquoouvrent et des bonheurs qui srsquoeacutechangent se disent se peignent srsquoexposent Tant pour les artistes les auteurs que pour celles et ceux qui viendront aux œuvres seront regardeacutes du coin de lrsquoœil par elles Lrsquoœuvre veille est en veille permanente Et Joeumllle de mecircme
Bruno Gaurieret Sylvaine Ponroy
31
laquo Peindre crsquoest un plaisir raquo
laquo Peindre me permet de voyager
et de rencontrer drsquoautres
techniques raquo
laquo Lrsquoart apaise mes douleurs raquo
laquo Je me sens libre raquo
laquo Peindre est le seul acte
drsquoautonomie de ma vie raquo
laquo Je ne suis pas inutile quand je
peins raquo
laquo Jrsquooublie mes problegravemes raquo
laquo Peindre me procure du
bien-ecirctreraquo
laquo et si jrsquoeacutetais toi je rajouterai un peu de bleu mais crsquoest un conseil hellip raquo
32
Les Cordeacutees 1 premier reacuteseau social au monde puisque eacutetant neacute en 1933 a la volonteacute de partager avec chacun de creacuteer du lien de rompre la solitude et drsquoapporter agrave chacun le sou-tien de lrsquoautre Elles ne sont ni un site de rencontres ni un forum traditionnelhellip Juste des eacutechanges entre chacun
Mais les cordistes peuvent aussi ecirctre poegravetes nouvellistes etc Et lrsquoune drsquoentre-elles propose de creacuteer un concours litteacuteraire en partenariat avec lrsquoassociation laquoRegardsraquo2 afin de se confronter avec le monde artistique et litteacuteraire mais aussi de donner agrave chacun la place qui lui revient dans ce domaine
Ouvert agrave tous les auteurs francophones du monde entier ce concours attribue 15 prix dans des genres litteacuteraires aussi divers que la poeacutesie le conte le texte humoristique la lettre etc
(1) wwwcordeesapfassofr(2) wwwregardsassofr
Yvonne Ollier et Noeumllle Pirony
Remise des prix du concours litteacuteraire des cordeacutees 2015
Alain Rochon Preacutesident de lrsquoAPF remet le prix de La belle cordiegravere agraveYves-Fred Boisset
Remise du prix Callibour par Bruno Gaurier agrave Dominique Corbillet
Eacutecriturehellip
laquoAh Les Cordeacutees Crsquoest agrave chaque foisUn moyen de srsquoeacutevaderOublier son deacutesarroiEt se sentir appreacutecieacute
Ah Les Cordeacutees Si elles nrsquoexistaient pas
Il faudrait les inventer raquo
Alain Stienne
Cette brochure a eacuteteacute reacutealiseacutee dans le cadre drsquoun projet de BTS Communicationet Industries Graphiques agrave Gobelins lrsquoeacutecole de lrsquoimage
Reacutealisation graphique Weiyin CHEN - Nastasia ZIVANOVIC
Impression Charlegravene VINCENT - Manon DUHAYOT
Faccedilonnage Charlegravene VINCENT - Manon DUHAYOT - Weiyin CHEN - Nastasia ZIVANOVIC
Conceptionreacutealisation Sylvaine PONROY Joeumllle BEacuteCARD
Poegravemes Peintures Collectif
Ce projet est destineacute agrave lrsquoassociation APF et nrsquoa pas de but lucratif
ISBN 979- 10- 93207- 15- 5
Nous remercions les eacutelegraveves de lrsquoEacutecole des Gobelins et leur professeur Monsieur Gilles Philippe pour leur eacutecoute et leur professionnalisme qui ont permis la reacutealisation de ce livre dart
ISBN 979- 10- 93207- 15- 5
Interdit agrave la vente
Fanta
isies
4
Cat
heri
ne S
emon
Du vent dans les branches
le magnolia freacutemissanthellip
Neige rose au sol
Arbres de Judeacutee
Frisson de vert et de mauve
Au-dessus du mur
Marie-Noeumllle Hocircpital
6
Vague agrave lrsquoacircmeOugrave vas-tu donc ainsi fugace et doux nuageFlottant au greacute du vent impalpable lutin
Tu folacirctres discret dans un ciel de satinEt poursuis obstineacute ton peacuterilleux voyage
Tu survoles les toits sans souci des frontiegraveresScintillant au soleil libre comme lrsquooiseauTu frocircles de ton ombre un fragile roseau
Et te mires joueur dans le lit des riviegraveres
Que jrsquoaimerais ainsi savourer la NatureCaresser la montagne embrasser le vallonDans la bise qui mord exciter le mouflonEpheacutemegravere et mutin poursuivre lrsquoaventure
Tu trsquoeacuteloignes moqueur ignorant mon envieUn merle jette au lin son joyeux triolet
Tandis que les abeilles inventent un balletJe te vois trsquoeacuteclipser songeuse mais ravie
Marcelle Betbeder
Ant
oine
Mon
ory
8
ChantsElles chantent le courant de lrsquoeau et de lrsquoairMille larmes de vie rejoignent lrsquoatmosphegravereElles chantent le souffle du feu sur la terre
Mille larmes de vie alimentent la mer
PleursIls pleurent la mort du printemps et de lrsquoeacuteteacuteDes gouttes drsquoeau srsquoeacutevaporent dans lrsquouniversIls pleurent la mort de lrsquoautomne et de lrsquohiver
Une agrave une des gouttes drsquoeau se noient sur terre
Dominique Corbillet
Bar
i Abd
erha
man
n
10
Vin
cent
Cal
i
Festiviteacute
Dissimuleacute derriegravere un costumeLe fantasme ideacuteal ou lrsquoillusion
Drsquoecirctre quelqursquoun drsquoautre pour la coutumeEt srsquoamuser danser sur des flonflons
Un masque pour cacher ce que lrsquoon estMiroir drsquoun reflet de vie quotidienne
Que lrsquoon souhaite suspendre un instantPour respirer et toucher un petit bout drsquoEden
Mille couleurs sur les habits confectionneacutesTabarro bauta et tricorne pour lrsquohomme
Goucirct estheacutetisme chez les dames toutes en beauteacuteLes parures doivent eacutemerveiller au summum
Ce carnaval qui fait recircver est un jeuAucune classe sociale nrsquoest mentionneacuteeNi le sexe ni la religion aucun enjeuSauf la possibiliteacute de mentir sur son
identiteacute
Venise ville de lrsquoamour et du charmeSous son Pont des Soupirs les gondoles font la traverseacutee
Invitant les comeacutediens passionneacutes agrave verser une larmeA ocircter leurs masques et agrave se reacuteveacuteler
Seuls les yeux ne peuvent duper dans cette paradeCar ils sont le reflet de lrsquoacircme de lrsquoecirctre humain hellip
Catherine Richard
12
Mic
kaeumll
Leg
at
sol ensanglanteacute
agrave me couper le souffle ndash
lrsquoeacuterable a expireacute
Les feuilles mortes
sur les ailes du vent
Un voyage enfin
encre de Chine ndash
sur la pointe du pinceau
le parfum de la glycine
tango-tangage ndash
mes hanches devenues houle
noyeacutee dans ton regard
les deux eacutemeraudes
dans la chair brucircleacutee drsquoeacuteteacutendash
les yeux du mendiant
Brigitte Briatte
14
Vin
cent
Cal
i
Les forains
Les papillons aux plumes rouges
Des moineaux aux ailes blanches
Volent dans nos tecirctes drsquoenfant
Clown des mers
les poissons dorment
Dans les tourbillons du manegravege
Avant de lacirccher prise
Sur des sillons de perles
Variation
Un sablier sur la mer
Vidait entre les vagues
Lrsquoeacutetrange incertitude du lendemain
Dominique Joye
16
Sac
ha
Deacuteguisement
Danse sur tes couleurs Arlequin
Enveloppe la foule de ton parfum
Guideacutee par la dentelle drsquoune Marquise
Une femme danse agrave sa guise
Impose son pas de demoiselle
Soulegraveve son blanc jupon de dentelles
Entraicircne avec elle le feu de lrsquoenfer
Magique nuit agiteacutee par le mystegravere
Enflamme tous les ponts de Venise
Nueacutees de folie exquise
Tendre Arlequin et douce Marquise
Sonia Spaeter
18
Bri
gitt
e P
iqua
rd
Passagegravere du vol 38
Tu me faisais de lrsquoœil
Je te faisais du pied
Tu mrsquoas tapeacute dans lrsquoœil
Je trsquoai fouleacute le pied
Tu as tourneacute de lrsquoœil
Et jrsquoai perdu piedhellip
Guillaume Viard
20
Eri
c M
arch
and
Sonnet de soieSoupir de soie ourleacute peacutetille drsquooutremer
Je flotte doucement au sommet de ta vagueLe ressac peut hurler sur tes eaux je divague
Vers des cieux plus cleacutements srsquoenfuit le temps amer
Je te veux brigantin dans les bras de la merLaisse-moi deacuteriver sans peur de la madrague
Sous la nef du soleil lrsquoeacuteclair bleu nuit zigzaguePoseacuteidon deacutetruit un regret doux-amer
A chevaucher le flot sur une fleur drsquoeacutecumeDeacuteferlante drsquoazur ton regard me consume
Viens accoster mon port sur tes rouleaux drsquoargent
Mais lrsquoaquilon surgit suborneur de lumiegravereSeacuteduit lrsquoaventurier reacutecif de mon tourment
Voguer sur lrsquo illusion mourir sur sa criniegravere
Nicole Portay
22
Ale
xand
ra M
ayol
le
Sonnet de sang
Les pantins deacutechireacutes balancent doucementLeurs chairs en habits noirs lorsque le saule pleureTango lent des bouffons seacutepareacutes mais vient lrsquoheure
Des noces vermillon mortel accouplement
Dans mon jardin ruineacute gicirct le renoncementDu recircve poignardeacute qursquoun long sanglot effleure
Ce soir le lien tisseacute srsquoest deacutenoueacute doux leurreDe lrsquoespoir enivreacute du vin de mon tourment
Il nrsquoest pas loin le temps ougrave de feu jrsquoeacutetais reineDe lrsquoaurore au couchant sur ton damier sereine
Quand ton regard mrsquooffrait la couleur du plaisir
Restent les mots de sang drsquoun sonnet deacuterisoireHaillons et oripeaux des tercets du deacutesir
Quand la muse se rit des eacutetreintes sans gloire
Nicole Portay
24
Sac
ha
Grand-megravereLa table et son miroir occupaient en ce temps
Un coin de chaque chambre avec broc gant cuvetteLes ablutions drsquohiver ne duraient pas longtemps
Personne ne musait agrave faire la toilettehellip
Passant pregraves de mon lit elle posait un baiserSur mon front ou ma joue juste sortis de lrsquoombre
Attachait dans le dos les pans du tablierPuis lissait ses cheveux courbeacutee dans la peacutenombre
Quand elle se redressait un serpent poivre et selSe lovait sur sa tecircte en un geste admirableTrois eacutepingles fixaient le chignon rituel
Il faisait de Lucie la grand-megravere immuable
La chaleur mrsquoaccueillait dans lrsquoantique cuisineQuand lrsquoheure eacutetait venue du petit-deacutejeuner Le lait sucreacute de miel le beurre sur la tartine
Ressuscitaient mes sens pour mieux les reacutegaler
Debout pregraves du bahut souvent elle mangeaitAvec un croucircton sec le reste de garbure
Connaissait la valeur que ce peu figuraitNe gaspillait jamais la moindre nourriture
Cette femme savait le prix de la sueurCombien au potager la terre paraicirct basse
Avait connu la faim dans les anneacutees drsquohorreurEn gardait souvenir dans sa deacutemarche lasse
Jrsquoeacutetais trop jeune encore et ne comprenais pasTant de parcimonie qui semblait avarice
Si je jette aujourdrsquohui les reliefs drsquoun repasUne voix quelque part se fait reacuteprobatricehellip
Dominique Corbillet
26
Lyo
nel C
ollo
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Le nez qui grattejrsquoai le nez qui me gratte
jetord mon nez
sans remuer mainsans quitter la poseagrave la faccedilon drsquoune feacutee
precirct agrave
eacuteternuer
jrsquoai eu tortde regarder vers lui
jrsquoai eu soudaindes raclements
entre le nezet le haut du palais
jrsquoai senti roulerune drocircle de foudre au ventre une
envie de
rire
sans bouger drsquoun passans quitter la pose
je pince mes legravevres fortje concentre mon effort
Afin de contenirCes roulements insistants
Deacutejagrave suintent des bribes drsquoeacuteclatsje
me fissure deacutejagrave
ces larmess en teacutemoignentdans mes yeux plisseacutes
la vessie presseet plieacute le corps
nrsquo en peutplus
drsquo
Se contenir tout en tenant la garde-agrave-vous
La suite est humide au fond du pontalonet ne se deacutecrit donc guegravere
Il libeacutera un rireEt fucirct condamneacute emprisonneacute
Pour attentat aux bonnes maniegraveresCar en pleine place drsquoarmes
Juste au moment du salutIl explosa au nez tordu du geacuteneacuteral
MouduCe dernier dit-on
Fut blesseacute de cet effront tout de mecircmeCrsquoeacutetait peut-ecirctre un abus
Mais pas un obus
Quand le rire est lrsquoarmeEt lrsquooffenseacute lrsquoesprit
Ce nrsquoest pas un drameCar celui qui rit
est aussi coupableque celui qui fait rireconcluons donc que
cet eacuteclat entre eux deuxsitocirct vrillant lrsquoair
ne leur appartient plusaussi
il aurait mieux valu iciagrave preacutesent crsquoest sucircr
qursquoil eacuteternue
Steacutephane Deloy
Se retenir de
28
Jacq
ueli
ne B
erli
n
La petiteSur sa peau luisante et satineacutee
Elle a mis un collier de perles rougesDe ces perles sanguines qui voudraient raconter
Les anneacutees de famine les heures ougrave rien ne bougeAssise au bureau drsquoun jour sans eacutecole
Les journeacutees de pluie sous un toit de tocircleLa chaise sur le bord drsquoune route agrave voir les gens passer
Le cahier gommeacute et reacuteeacutecrit toujours recommenceacuteLes heures de soleil trop chaud agrave travailler
Les soirs beaucoup trop noirs pour pouvoir raconterSous lrsquoampoule ballante lrsquoeffort de la journeacutee
La petite barbote dans son universDrsquoun appareil photo agrave qui elle confie
Les gestes les cambrures et les jolis yeux vertsNul besoin pour elle drsquoapprendre les poses et les deacutefis
Chez elle crsquoest inneacuteElle fuira son icircle qursquoelle a pourtant aimeacuteeSon village bruyant et les vieux fatigueacutes
Assis sous les varangues les yeux et toujours mouilleacutesOugrave les chiens et les poules font bonne communauteacute
Elle sera actrice de bande dessineacuteeFeuilleton qursquoelle suit le soir agrave la teacuteleacute
La petite voyage du haut de ses huit ansDes recircves plein les yeux et la victoire aux dents
Elfe des alizeacutes sa silhouette vole aux vagues enjoueacuteesSes jupons srsquoentortillent aux airs de meringueacute
Elle devient feacuteline dans le vert du regardQursquoelle accroche aux eacutetoiles un soir
De grand deacuteparthellip
Nicole Monin
30
A lrsquoatelierhellip
Depuis de si nombreuses anneacutees Joeumllle artiste peintre et plasticienne anime avec attachement talent deacutelicatesse imagination les personnes en situa-tion de handicap (et souvent de grande deacutependance) auteurs des œuvres livreacutees dans cet ouvrage
Drsquoaucuns la qualifient de laquo feacutee raquo une bonne feacutee qui depuis tout ce temps ouvre portes et fenecirctres agrave la force de la creacuteation qui naicirct vit se propage chez tout ecirctre humain Elle amegravene chacune et chacun de celles et ceux qui prennent part aux ateliers dans plusieurs lieux drsquoaccueil de lrsquoAPF agrave livrer avec la sensibiliteacute et les moyens qui leur sont propres ce jaillissement de creacuteation qui fait la toile lrsquoeacuterige en œuvre la conduit ensuite agrave ecirctre exposeacutee reccedilue contempleacutee meacutediteacutee
Il faut dire que les ateliers ne srsquoen laissent pas compter joie eacuteclats de rire laquo cris raquo parfois ndash et pensons aux poegravemes anciens intituleacutes laquo Cris de Paris raquo ndash dominent la fourmiliegravere parfois lente parfois plus rapide plus violente quand par exemple les roues de certains fauteuils roulants sont mises agrave contributionhellip
Oui bien sucircr il faut adapter mais crsquoest le laquo jeu raquo Il faut le tenir le pinceau Joeumllle le sait elle la premiegravere Appel sera fait degraves lors agrave des professionnels dont crsquoest le meacutetier Une seule question comment cette personne peut-elle se positionner pour donner le meilleur drsquoelle-mecircme dans lrsquoœuvre qursquoelle concocte Les mains les pieds la meacutediation drsquoune licorne poseacutee au front et lrsquo instrument srsquoinvente srsquoadapte suit son cours srsquooublie ndash car crsquoest le geste lrsquoesprit du geste on dit encore laquo la raquo geste qui porte la parolePeindre Lrsquoacte ougrave tant et tout se donne une force qui plombe parfois une leacutegegravereteacute aussi qui eacutelegraveve un rire une solitude une douleur une tristesse Combien de peintres de par le monde nrsquoont-ils pas laquo dit raquo deacutepeint leurs moments de profond deacutesarroi Lrsquoenfermement lrsquo incompreacutehension se faire comprendre quel travail Eh bien Joeumllle elle comprend tout Bien au-delagrave des mots Une simple trace sur la toile et quelque chose est dit Deacutejagrave Drsquoores et deacutejagrave reccedilu entendu Le simple truchement de son regard
Peindre alors un privilegravege Sans doute Mais avec si belle et si bonne amie si belle et bonne accompagnante de creacuteation ce sont des espaces de liberteacute qui srsquoouvrent et des bonheurs qui srsquoeacutechangent se disent se peignent srsquoexposent Tant pour les artistes les auteurs que pour celles et ceux qui viendront aux œuvres seront regardeacutes du coin de lrsquoœil par elles Lrsquoœuvre veille est en veille permanente Et Joeumllle de mecircme
Bruno Gaurieret Sylvaine Ponroy
31
laquo Peindre crsquoest un plaisir raquo
laquo Peindre me permet de voyager
et de rencontrer drsquoautres
techniques raquo
laquo Lrsquoart apaise mes douleurs raquo
laquo Je me sens libre raquo
laquo Peindre est le seul acte
drsquoautonomie de ma vie raquo
laquo Je ne suis pas inutile quand je
peins raquo
laquo Jrsquooublie mes problegravemes raquo
laquo Peindre me procure du
bien-ecirctreraquo
laquo et si jrsquoeacutetais toi je rajouterai un peu de bleu mais crsquoest un conseil hellip raquo
32
Les Cordeacutees 1 premier reacuteseau social au monde puisque eacutetant neacute en 1933 a la volonteacute de partager avec chacun de creacuteer du lien de rompre la solitude et drsquoapporter agrave chacun le sou-tien de lrsquoautre Elles ne sont ni un site de rencontres ni un forum traditionnelhellip Juste des eacutechanges entre chacun
Mais les cordistes peuvent aussi ecirctre poegravetes nouvellistes etc Et lrsquoune drsquoentre-elles propose de creacuteer un concours litteacuteraire en partenariat avec lrsquoassociation laquoRegardsraquo2 afin de se confronter avec le monde artistique et litteacuteraire mais aussi de donner agrave chacun la place qui lui revient dans ce domaine
Ouvert agrave tous les auteurs francophones du monde entier ce concours attribue 15 prix dans des genres litteacuteraires aussi divers que la poeacutesie le conte le texte humoristique la lettre etc
(1) wwwcordeesapfassofr(2) wwwregardsassofr
Yvonne Ollier et Noeumllle Pirony
Remise des prix du concours litteacuteraire des cordeacutees 2015
Alain Rochon Preacutesident de lrsquoAPF remet le prix de La belle cordiegravere agraveYves-Fred Boisset
Remise du prix Callibour par Bruno Gaurier agrave Dominique Corbillet
Eacutecriturehellip
laquoAh Les Cordeacutees Crsquoest agrave chaque foisUn moyen de srsquoeacutevaderOublier son deacutesarroiEt se sentir appreacutecieacute
Ah Les Cordeacutees Si elles nrsquoexistaient pas
Il faudrait les inventer raquo
Alain Stienne
Cette brochure a eacuteteacute reacutealiseacutee dans le cadre drsquoun projet de BTS Communicationet Industries Graphiques agrave Gobelins lrsquoeacutecole de lrsquoimage
Reacutealisation graphique Weiyin CHEN - Nastasia ZIVANOVIC
Impression Charlegravene VINCENT - Manon DUHAYOT
Faccedilonnage Charlegravene VINCENT - Manon DUHAYOT - Weiyin CHEN - Nastasia ZIVANOVIC
Conceptionreacutealisation Sylvaine PONROY Joeumllle BEacuteCARD
Poegravemes Peintures Collectif
Ce projet est destineacute agrave lrsquoassociation APF et nrsquoa pas de but lucratif
ISBN 979- 10- 93207- 15- 5
Nous remercions les eacutelegraveves de lrsquoEacutecole des Gobelins et leur professeur Monsieur Gilles Philippe pour leur eacutecoute et leur professionnalisme qui ont permis la reacutealisation de ce livre dart
ISBN 979- 10- 93207- 15- 5
Interdit agrave la vente
Fanta
isies
6
Vague agrave lrsquoacircmeOugrave vas-tu donc ainsi fugace et doux nuageFlottant au greacute du vent impalpable lutin
Tu folacirctres discret dans un ciel de satinEt poursuis obstineacute ton peacuterilleux voyage
Tu survoles les toits sans souci des frontiegraveresScintillant au soleil libre comme lrsquooiseauTu frocircles de ton ombre un fragile roseau
Et te mires joueur dans le lit des riviegraveres
Que jrsquoaimerais ainsi savourer la NatureCaresser la montagne embrasser le vallonDans la bise qui mord exciter le mouflonEpheacutemegravere et mutin poursuivre lrsquoaventure
Tu trsquoeacuteloignes moqueur ignorant mon envieUn merle jette au lin son joyeux triolet
Tandis que les abeilles inventent un balletJe te vois trsquoeacuteclipser songeuse mais ravie
Marcelle Betbeder
Ant
oine
Mon
ory
8
ChantsElles chantent le courant de lrsquoeau et de lrsquoairMille larmes de vie rejoignent lrsquoatmosphegravereElles chantent le souffle du feu sur la terre
Mille larmes de vie alimentent la mer
PleursIls pleurent la mort du printemps et de lrsquoeacuteteacuteDes gouttes drsquoeau srsquoeacutevaporent dans lrsquouniversIls pleurent la mort de lrsquoautomne et de lrsquohiver
Une agrave une des gouttes drsquoeau se noient sur terre
Dominique Corbillet
Bar
i Abd
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n
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Vin
cent
Cal
i
Festiviteacute
Dissimuleacute derriegravere un costumeLe fantasme ideacuteal ou lrsquoillusion
Drsquoecirctre quelqursquoun drsquoautre pour la coutumeEt srsquoamuser danser sur des flonflons
Un masque pour cacher ce que lrsquoon estMiroir drsquoun reflet de vie quotidienne
Que lrsquoon souhaite suspendre un instantPour respirer et toucher un petit bout drsquoEden
Mille couleurs sur les habits confectionneacutesTabarro bauta et tricorne pour lrsquohomme
Goucirct estheacutetisme chez les dames toutes en beauteacuteLes parures doivent eacutemerveiller au summum
Ce carnaval qui fait recircver est un jeuAucune classe sociale nrsquoest mentionneacuteeNi le sexe ni la religion aucun enjeuSauf la possibiliteacute de mentir sur son
identiteacute
Venise ville de lrsquoamour et du charmeSous son Pont des Soupirs les gondoles font la traverseacutee
Invitant les comeacutediens passionneacutes agrave verser une larmeA ocircter leurs masques et agrave se reacuteveacuteler
Seuls les yeux ne peuvent duper dans cette paradeCar ils sont le reflet de lrsquoacircme de lrsquoecirctre humain hellip
Catherine Richard
12
Mic
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Leg
at
sol ensanglanteacute
agrave me couper le souffle ndash
lrsquoeacuterable a expireacute
Les feuilles mortes
sur les ailes du vent
Un voyage enfin
encre de Chine ndash
sur la pointe du pinceau
le parfum de la glycine
tango-tangage ndash
mes hanches devenues houle
noyeacutee dans ton regard
les deux eacutemeraudes
dans la chair brucircleacutee drsquoeacuteteacutendash
les yeux du mendiant
Brigitte Briatte
14
Vin
cent
Cal
i
Les forains
Les papillons aux plumes rouges
Des moineaux aux ailes blanches
Volent dans nos tecirctes drsquoenfant
Clown des mers
les poissons dorment
Dans les tourbillons du manegravege
Avant de lacirccher prise
Sur des sillons de perles
Variation
Un sablier sur la mer
Vidait entre les vagues
Lrsquoeacutetrange incertitude du lendemain
Dominique Joye
16
Sac
ha
Deacuteguisement
Danse sur tes couleurs Arlequin
Enveloppe la foule de ton parfum
Guideacutee par la dentelle drsquoune Marquise
Une femme danse agrave sa guise
Impose son pas de demoiselle
Soulegraveve son blanc jupon de dentelles
Entraicircne avec elle le feu de lrsquoenfer
Magique nuit agiteacutee par le mystegravere
Enflamme tous les ponts de Venise
Nueacutees de folie exquise
Tendre Arlequin et douce Marquise
Sonia Spaeter
18
Bri
gitt
e P
iqua
rd
Passagegravere du vol 38
Tu me faisais de lrsquoœil
Je te faisais du pied
Tu mrsquoas tapeacute dans lrsquoœil
Je trsquoai fouleacute le pied
Tu as tourneacute de lrsquoœil
Et jrsquoai perdu piedhellip
Guillaume Viard
20
Eri
c M
arch
and
Sonnet de soieSoupir de soie ourleacute peacutetille drsquooutremer
Je flotte doucement au sommet de ta vagueLe ressac peut hurler sur tes eaux je divague
Vers des cieux plus cleacutements srsquoenfuit le temps amer
Je te veux brigantin dans les bras de la merLaisse-moi deacuteriver sans peur de la madrague
Sous la nef du soleil lrsquoeacuteclair bleu nuit zigzaguePoseacuteidon deacutetruit un regret doux-amer
A chevaucher le flot sur une fleur drsquoeacutecumeDeacuteferlante drsquoazur ton regard me consume
Viens accoster mon port sur tes rouleaux drsquoargent
Mais lrsquoaquilon surgit suborneur de lumiegravereSeacuteduit lrsquoaventurier reacutecif de mon tourment
Voguer sur lrsquo illusion mourir sur sa criniegravere
Nicole Portay
22
Ale
xand
ra M
ayol
le
Sonnet de sang
Les pantins deacutechireacutes balancent doucementLeurs chairs en habits noirs lorsque le saule pleureTango lent des bouffons seacutepareacutes mais vient lrsquoheure
Des noces vermillon mortel accouplement
Dans mon jardin ruineacute gicirct le renoncementDu recircve poignardeacute qursquoun long sanglot effleure
Ce soir le lien tisseacute srsquoest deacutenoueacute doux leurreDe lrsquoespoir enivreacute du vin de mon tourment
Il nrsquoest pas loin le temps ougrave de feu jrsquoeacutetais reineDe lrsquoaurore au couchant sur ton damier sereine
Quand ton regard mrsquooffrait la couleur du plaisir
Restent les mots de sang drsquoun sonnet deacuterisoireHaillons et oripeaux des tercets du deacutesir
Quand la muse se rit des eacutetreintes sans gloire
Nicole Portay
24
Sac
ha
Grand-megravereLa table et son miroir occupaient en ce temps
Un coin de chaque chambre avec broc gant cuvetteLes ablutions drsquohiver ne duraient pas longtemps
Personne ne musait agrave faire la toilettehellip
Passant pregraves de mon lit elle posait un baiserSur mon front ou ma joue juste sortis de lrsquoombre
Attachait dans le dos les pans du tablierPuis lissait ses cheveux courbeacutee dans la peacutenombre
Quand elle se redressait un serpent poivre et selSe lovait sur sa tecircte en un geste admirableTrois eacutepingles fixaient le chignon rituel
Il faisait de Lucie la grand-megravere immuable
La chaleur mrsquoaccueillait dans lrsquoantique cuisineQuand lrsquoheure eacutetait venue du petit-deacutejeuner Le lait sucreacute de miel le beurre sur la tartine
Ressuscitaient mes sens pour mieux les reacutegaler
Debout pregraves du bahut souvent elle mangeaitAvec un croucircton sec le reste de garbure
Connaissait la valeur que ce peu figuraitNe gaspillait jamais la moindre nourriture
Cette femme savait le prix de la sueurCombien au potager la terre paraicirct basse
Avait connu la faim dans les anneacutees drsquohorreurEn gardait souvenir dans sa deacutemarche lasse
Jrsquoeacutetais trop jeune encore et ne comprenais pasTant de parcimonie qui semblait avarice
Si je jette aujourdrsquohui les reliefs drsquoun repasUne voix quelque part se fait reacuteprobatricehellip
Dominique Corbillet
26
Lyo
nel C
ollo
t
Le nez qui grattejrsquoai le nez qui me gratte
jetord mon nez
sans remuer mainsans quitter la poseagrave la faccedilon drsquoune feacutee
precirct agrave
eacuteternuer
jrsquoai eu tortde regarder vers lui
jrsquoai eu soudaindes raclements
entre le nezet le haut du palais
jrsquoai senti roulerune drocircle de foudre au ventre une
envie de
rire
sans bouger drsquoun passans quitter la pose
je pince mes legravevres fortje concentre mon effort
Afin de contenirCes roulements insistants
Deacutejagrave suintent des bribes drsquoeacuteclatsje
me fissure deacutejagrave
ces larmess en teacutemoignentdans mes yeux plisseacutes
la vessie presseet plieacute le corps
nrsquo en peutplus
drsquo
Se contenir tout en tenant la garde-agrave-vous
La suite est humide au fond du pontalonet ne se deacutecrit donc guegravere
Il libeacutera un rireEt fucirct condamneacute emprisonneacute
Pour attentat aux bonnes maniegraveresCar en pleine place drsquoarmes
Juste au moment du salutIl explosa au nez tordu du geacuteneacuteral
MouduCe dernier dit-on
Fut blesseacute de cet effront tout de mecircmeCrsquoeacutetait peut-ecirctre un abus
Mais pas un obus
Quand le rire est lrsquoarmeEt lrsquooffenseacute lrsquoesprit
Ce nrsquoest pas un drameCar celui qui rit
est aussi coupableque celui qui fait rireconcluons donc que
cet eacuteclat entre eux deuxsitocirct vrillant lrsquoair
ne leur appartient plusaussi
il aurait mieux valu iciagrave preacutesent crsquoest sucircr
qursquoil eacuteternue
Steacutephane Deloy
Se retenir de
28
Jacq
ueli
ne B
erli
n
La petiteSur sa peau luisante et satineacutee
Elle a mis un collier de perles rougesDe ces perles sanguines qui voudraient raconter
Les anneacutees de famine les heures ougrave rien ne bougeAssise au bureau drsquoun jour sans eacutecole
Les journeacutees de pluie sous un toit de tocircleLa chaise sur le bord drsquoune route agrave voir les gens passer
Le cahier gommeacute et reacuteeacutecrit toujours recommenceacuteLes heures de soleil trop chaud agrave travailler
Les soirs beaucoup trop noirs pour pouvoir raconterSous lrsquoampoule ballante lrsquoeffort de la journeacutee
La petite barbote dans son universDrsquoun appareil photo agrave qui elle confie
Les gestes les cambrures et les jolis yeux vertsNul besoin pour elle drsquoapprendre les poses et les deacutefis
Chez elle crsquoest inneacuteElle fuira son icircle qursquoelle a pourtant aimeacuteeSon village bruyant et les vieux fatigueacutes
Assis sous les varangues les yeux et toujours mouilleacutesOugrave les chiens et les poules font bonne communauteacute
Elle sera actrice de bande dessineacuteeFeuilleton qursquoelle suit le soir agrave la teacuteleacute
La petite voyage du haut de ses huit ansDes recircves plein les yeux et la victoire aux dents
Elfe des alizeacutes sa silhouette vole aux vagues enjoueacuteesSes jupons srsquoentortillent aux airs de meringueacute
Elle devient feacuteline dans le vert du regardQursquoelle accroche aux eacutetoiles un soir
De grand deacuteparthellip
Nicole Monin
30
A lrsquoatelierhellip
Depuis de si nombreuses anneacutees Joeumllle artiste peintre et plasticienne anime avec attachement talent deacutelicatesse imagination les personnes en situa-tion de handicap (et souvent de grande deacutependance) auteurs des œuvres livreacutees dans cet ouvrage
Drsquoaucuns la qualifient de laquo feacutee raquo une bonne feacutee qui depuis tout ce temps ouvre portes et fenecirctres agrave la force de la creacuteation qui naicirct vit se propage chez tout ecirctre humain Elle amegravene chacune et chacun de celles et ceux qui prennent part aux ateliers dans plusieurs lieux drsquoaccueil de lrsquoAPF agrave livrer avec la sensibiliteacute et les moyens qui leur sont propres ce jaillissement de creacuteation qui fait la toile lrsquoeacuterige en œuvre la conduit ensuite agrave ecirctre exposeacutee reccedilue contempleacutee meacutediteacutee
Il faut dire que les ateliers ne srsquoen laissent pas compter joie eacuteclats de rire laquo cris raquo parfois ndash et pensons aux poegravemes anciens intituleacutes laquo Cris de Paris raquo ndash dominent la fourmiliegravere parfois lente parfois plus rapide plus violente quand par exemple les roues de certains fauteuils roulants sont mises agrave contributionhellip
Oui bien sucircr il faut adapter mais crsquoest le laquo jeu raquo Il faut le tenir le pinceau Joeumllle le sait elle la premiegravere Appel sera fait degraves lors agrave des professionnels dont crsquoest le meacutetier Une seule question comment cette personne peut-elle se positionner pour donner le meilleur drsquoelle-mecircme dans lrsquoœuvre qursquoelle concocte Les mains les pieds la meacutediation drsquoune licorne poseacutee au front et lrsquo instrument srsquoinvente srsquoadapte suit son cours srsquooublie ndash car crsquoest le geste lrsquoesprit du geste on dit encore laquo la raquo geste qui porte la parolePeindre Lrsquoacte ougrave tant et tout se donne une force qui plombe parfois une leacutegegravereteacute aussi qui eacutelegraveve un rire une solitude une douleur une tristesse Combien de peintres de par le monde nrsquoont-ils pas laquo dit raquo deacutepeint leurs moments de profond deacutesarroi Lrsquoenfermement lrsquo incompreacutehension se faire comprendre quel travail Eh bien Joeumllle elle comprend tout Bien au-delagrave des mots Une simple trace sur la toile et quelque chose est dit Deacutejagrave Drsquoores et deacutejagrave reccedilu entendu Le simple truchement de son regard
Peindre alors un privilegravege Sans doute Mais avec si belle et si bonne amie si belle et bonne accompagnante de creacuteation ce sont des espaces de liberteacute qui srsquoouvrent et des bonheurs qui srsquoeacutechangent se disent se peignent srsquoexposent Tant pour les artistes les auteurs que pour celles et ceux qui viendront aux œuvres seront regardeacutes du coin de lrsquoœil par elles Lrsquoœuvre veille est en veille permanente Et Joeumllle de mecircme
Bruno Gaurieret Sylvaine Ponroy
31
laquo Peindre crsquoest un plaisir raquo
laquo Peindre me permet de voyager
et de rencontrer drsquoautres
techniques raquo
laquo Lrsquoart apaise mes douleurs raquo
laquo Je me sens libre raquo
laquo Peindre est le seul acte
drsquoautonomie de ma vie raquo
laquo Je ne suis pas inutile quand je
peins raquo
laquo Jrsquooublie mes problegravemes raquo
laquo Peindre me procure du
bien-ecirctreraquo
laquo et si jrsquoeacutetais toi je rajouterai un peu de bleu mais crsquoest un conseil hellip raquo
32
Les Cordeacutees 1 premier reacuteseau social au monde puisque eacutetant neacute en 1933 a la volonteacute de partager avec chacun de creacuteer du lien de rompre la solitude et drsquoapporter agrave chacun le sou-tien de lrsquoautre Elles ne sont ni un site de rencontres ni un forum traditionnelhellip Juste des eacutechanges entre chacun
Mais les cordistes peuvent aussi ecirctre poegravetes nouvellistes etc Et lrsquoune drsquoentre-elles propose de creacuteer un concours litteacuteraire en partenariat avec lrsquoassociation laquoRegardsraquo2 afin de se confronter avec le monde artistique et litteacuteraire mais aussi de donner agrave chacun la place qui lui revient dans ce domaine
Ouvert agrave tous les auteurs francophones du monde entier ce concours attribue 15 prix dans des genres litteacuteraires aussi divers que la poeacutesie le conte le texte humoristique la lettre etc
(1) wwwcordeesapfassofr(2) wwwregardsassofr
Yvonne Ollier et Noeumllle Pirony
Remise des prix du concours litteacuteraire des cordeacutees 2015
Alain Rochon Preacutesident de lrsquoAPF remet le prix de La belle cordiegravere agraveYves-Fred Boisset
Remise du prix Callibour par Bruno Gaurier agrave Dominique Corbillet
Eacutecriturehellip
laquoAh Les Cordeacutees Crsquoest agrave chaque foisUn moyen de srsquoeacutevaderOublier son deacutesarroiEt se sentir appreacutecieacute
Ah Les Cordeacutees Si elles nrsquoexistaient pas
Il faudrait les inventer raquo
Alain Stienne
Cette brochure a eacuteteacute reacutealiseacutee dans le cadre drsquoun projet de BTS Communicationet Industries Graphiques agrave Gobelins lrsquoeacutecole de lrsquoimage
Reacutealisation graphique Weiyin CHEN - Nastasia ZIVANOVIC
Impression Charlegravene VINCENT - Manon DUHAYOT
Faccedilonnage Charlegravene VINCENT - Manon DUHAYOT - Weiyin CHEN - Nastasia ZIVANOVIC
Conceptionreacutealisation Sylvaine PONROY Joeumllle BEacuteCARD
Poegravemes Peintures Collectif
Ce projet est destineacute agrave lrsquoassociation APF et nrsquoa pas de but lucratif
ISBN 979- 10- 93207- 15- 5
Nous remercions les eacutelegraveves de lrsquoEacutecole des Gobelins et leur professeur Monsieur Gilles Philippe pour leur eacutecoute et leur professionnalisme qui ont permis la reacutealisation de ce livre dart
ISBN 979- 10- 93207- 15- 5
Interdit agrave la vente
Fanta
isies
8
ChantsElles chantent le courant de lrsquoeau et de lrsquoairMille larmes de vie rejoignent lrsquoatmosphegravereElles chantent le souffle du feu sur la terre
Mille larmes de vie alimentent la mer
PleursIls pleurent la mort du printemps et de lrsquoeacuteteacuteDes gouttes drsquoeau srsquoeacutevaporent dans lrsquouniversIls pleurent la mort de lrsquoautomne et de lrsquohiver
Une agrave une des gouttes drsquoeau se noient sur terre
Dominique Corbillet
Bar
i Abd
erha
man
n
10
Vin
cent
Cal
i
Festiviteacute
Dissimuleacute derriegravere un costumeLe fantasme ideacuteal ou lrsquoillusion
Drsquoecirctre quelqursquoun drsquoautre pour la coutumeEt srsquoamuser danser sur des flonflons
Un masque pour cacher ce que lrsquoon estMiroir drsquoun reflet de vie quotidienne
Que lrsquoon souhaite suspendre un instantPour respirer et toucher un petit bout drsquoEden
Mille couleurs sur les habits confectionneacutesTabarro bauta et tricorne pour lrsquohomme
Goucirct estheacutetisme chez les dames toutes en beauteacuteLes parures doivent eacutemerveiller au summum
Ce carnaval qui fait recircver est un jeuAucune classe sociale nrsquoest mentionneacuteeNi le sexe ni la religion aucun enjeuSauf la possibiliteacute de mentir sur son
identiteacute
Venise ville de lrsquoamour et du charmeSous son Pont des Soupirs les gondoles font la traverseacutee
Invitant les comeacutediens passionneacutes agrave verser une larmeA ocircter leurs masques et agrave se reacuteveacuteler
Seuls les yeux ne peuvent duper dans cette paradeCar ils sont le reflet de lrsquoacircme de lrsquoecirctre humain hellip
Catherine Richard
12
Mic
kaeumll
Leg
at
sol ensanglanteacute
agrave me couper le souffle ndash
lrsquoeacuterable a expireacute
Les feuilles mortes
sur les ailes du vent
Un voyage enfin
encre de Chine ndash
sur la pointe du pinceau
le parfum de la glycine
tango-tangage ndash
mes hanches devenues houle
noyeacutee dans ton regard
les deux eacutemeraudes
dans la chair brucircleacutee drsquoeacuteteacutendash
les yeux du mendiant
Brigitte Briatte
14
Vin
cent
Cal
i
Les forains
Les papillons aux plumes rouges
Des moineaux aux ailes blanches
Volent dans nos tecirctes drsquoenfant
Clown des mers
les poissons dorment
Dans les tourbillons du manegravege
Avant de lacirccher prise
Sur des sillons de perles
Variation
Un sablier sur la mer
Vidait entre les vagues
Lrsquoeacutetrange incertitude du lendemain
Dominique Joye
16
Sac
ha
Deacuteguisement
Danse sur tes couleurs Arlequin
Enveloppe la foule de ton parfum
Guideacutee par la dentelle drsquoune Marquise
Une femme danse agrave sa guise
Impose son pas de demoiselle
Soulegraveve son blanc jupon de dentelles
Entraicircne avec elle le feu de lrsquoenfer
Magique nuit agiteacutee par le mystegravere
Enflamme tous les ponts de Venise
Nueacutees de folie exquise
Tendre Arlequin et douce Marquise
Sonia Spaeter
18
Bri
gitt
e P
iqua
rd
Passagegravere du vol 38
Tu me faisais de lrsquoœil
Je te faisais du pied
Tu mrsquoas tapeacute dans lrsquoœil
Je trsquoai fouleacute le pied
Tu as tourneacute de lrsquoœil
Et jrsquoai perdu piedhellip
Guillaume Viard
20
Eri
c M
arch
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Sonnet de soieSoupir de soie ourleacute peacutetille drsquooutremer
Je flotte doucement au sommet de ta vagueLe ressac peut hurler sur tes eaux je divague
Vers des cieux plus cleacutements srsquoenfuit le temps amer
Je te veux brigantin dans les bras de la merLaisse-moi deacuteriver sans peur de la madrague
Sous la nef du soleil lrsquoeacuteclair bleu nuit zigzaguePoseacuteidon deacutetruit un regret doux-amer
A chevaucher le flot sur une fleur drsquoeacutecumeDeacuteferlante drsquoazur ton regard me consume
Viens accoster mon port sur tes rouleaux drsquoargent
Mais lrsquoaquilon surgit suborneur de lumiegravereSeacuteduit lrsquoaventurier reacutecif de mon tourment
Voguer sur lrsquo illusion mourir sur sa criniegravere
Nicole Portay
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Ale
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ra M
ayol
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Sonnet de sang
Les pantins deacutechireacutes balancent doucementLeurs chairs en habits noirs lorsque le saule pleureTango lent des bouffons seacutepareacutes mais vient lrsquoheure
Des noces vermillon mortel accouplement
Dans mon jardin ruineacute gicirct le renoncementDu recircve poignardeacute qursquoun long sanglot effleure
Ce soir le lien tisseacute srsquoest deacutenoueacute doux leurreDe lrsquoespoir enivreacute du vin de mon tourment
Il nrsquoest pas loin le temps ougrave de feu jrsquoeacutetais reineDe lrsquoaurore au couchant sur ton damier sereine
Quand ton regard mrsquooffrait la couleur du plaisir
Restent les mots de sang drsquoun sonnet deacuterisoireHaillons et oripeaux des tercets du deacutesir
Quand la muse se rit des eacutetreintes sans gloire
Nicole Portay
24
Sac
ha
Grand-megravereLa table et son miroir occupaient en ce temps
Un coin de chaque chambre avec broc gant cuvetteLes ablutions drsquohiver ne duraient pas longtemps
Personne ne musait agrave faire la toilettehellip
Passant pregraves de mon lit elle posait un baiserSur mon front ou ma joue juste sortis de lrsquoombre
Attachait dans le dos les pans du tablierPuis lissait ses cheveux courbeacutee dans la peacutenombre
Quand elle se redressait un serpent poivre et selSe lovait sur sa tecircte en un geste admirableTrois eacutepingles fixaient le chignon rituel
Il faisait de Lucie la grand-megravere immuable
La chaleur mrsquoaccueillait dans lrsquoantique cuisineQuand lrsquoheure eacutetait venue du petit-deacutejeuner Le lait sucreacute de miel le beurre sur la tartine
Ressuscitaient mes sens pour mieux les reacutegaler
Debout pregraves du bahut souvent elle mangeaitAvec un croucircton sec le reste de garbure
Connaissait la valeur que ce peu figuraitNe gaspillait jamais la moindre nourriture
Cette femme savait le prix de la sueurCombien au potager la terre paraicirct basse
Avait connu la faim dans les anneacutees drsquohorreurEn gardait souvenir dans sa deacutemarche lasse
Jrsquoeacutetais trop jeune encore et ne comprenais pasTant de parcimonie qui semblait avarice
Si je jette aujourdrsquohui les reliefs drsquoun repasUne voix quelque part se fait reacuteprobatricehellip
Dominique Corbillet
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Lyo
nel C
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Le nez qui grattejrsquoai le nez qui me gratte
jetord mon nez
sans remuer mainsans quitter la poseagrave la faccedilon drsquoune feacutee
precirct agrave
eacuteternuer
jrsquoai eu tortde regarder vers lui
jrsquoai eu soudaindes raclements
entre le nezet le haut du palais
jrsquoai senti roulerune drocircle de foudre au ventre une
envie de
rire
sans bouger drsquoun passans quitter la pose
je pince mes legravevres fortje concentre mon effort
Afin de contenirCes roulements insistants
Deacutejagrave suintent des bribes drsquoeacuteclatsje
me fissure deacutejagrave
ces larmess en teacutemoignentdans mes yeux plisseacutes
la vessie presseet plieacute le corps
nrsquo en peutplus
drsquo
Se contenir tout en tenant la garde-agrave-vous
La suite est humide au fond du pontalonet ne se deacutecrit donc guegravere
Il libeacutera un rireEt fucirct condamneacute emprisonneacute
Pour attentat aux bonnes maniegraveresCar en pleine place drsquoarmes
Juste au moment du salutIl explosa au nez tordu du geacuteneacuteral
MouduCe dernier dit-on
Fut blesseacute de cet effront tout de mecircmeCrsquoeacutetait peut-ecirctre un abus
Mais pas un obus
Quand le rire est lrsquoarmeEt lrsquooffenseacute lrsquoesprit
Ce nrsquoest pas un drameCar celui qui rit
est aussi coupableque celui qui fait rireconcluons donc que
cet eacuteclat entre eux deuxsitocirct vrillant lrsquoair
ne leur appartient plusaussi
il aurait mieux valu iciagrave preacutesent crsquoest sucircr
qursquoil eacuteternue
Steacutephane Deloy
Se retenir de
28
Jacq
ueli
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La petiteSur sa peau luisante et satineacutee
Elle a mis un collier de perles rougesDe ces perles sanguines qui voudraient raconter
Les anneacutees de famine les heures ougrave rien ne bougeAssise au bureau drsquoun jour sans eacutecole
Les journeacutees de pluie sous un toit de tocircleLa chaise sur le bord drsquoune route agrave voir les gens passer
Le cahier gommeacute et reacuteeacutecrit toujours recommenceacuteLes heures de soleil trop chaud agrave travailler
Les soirs beaucoup trop noirs pour pouvoir raconterSous lrsquoampoule ballante lrsquoeffort de la journeacutee
La petite barbote dans son universDrsquoun appareil photo agrave qui elle confie
Les gestes les cambrures et les jolis yeux vertsNul besoin pour elle drsquoapprendre les poses et les deacutefis
Chez elle crsquoest inneacuteElle fuira son icircle qursquoelle a pourtant aimeacuteeSon village bruyant et les vieux fatigueacutes
Assis sous les varangues les yeux et toujours mouilleacutesOugrave les chiens et les poules font bonne communauteacute
Elle sera actrice de bande dessineacuteeFeuilleton qursquoelle suit le soir agrave la teacuteleacute
La petite voyage du haut de ses huit ansDes recircves plein les yeux et la victoire aux dents
Elfe des alizeacutes sa silhouette vole aux vagues enjoueacuteesSes jupons srsquoentortillent aux airs de meringueacute
Elle devient feacuteline dans le vert du regardQursquoelle accroche aux eacutetoiles un soir
De grand deacuteparthellip
Nicole Monin
30
A lrsquoatelierhellip
Depuis de si nombreuses anneacutees Joeumllle artiste peintre et plasticienne anime avec attachement talent deacutelicatesse imagination les personnes en situa-tion de handicap (et souvent de grande deacutependance) auteurs des œuvres livreacutees dans cet ouvrage
Drsquoaucuns la qualifient de laquo feacutee raquo une bonne feacutee qui depuis tout ce temps ouvre portes et fenecirctres agrave la force de la creacuteation qui naicirct vit se propage chez tout ecirctre humain Elle amegravene chacune et chacun de celles et ceux qui prennent part aux ateliers dans plusieurs lieux drsquoaccueil de lrsquoAPF agrave livrer avec la sensibiliteacute et les moyens qui leur sont propres ce jaillissement de creacuteation qui fait la toile lrsquoeacuterige en œuvre la conduit ensuite agrave ecirctre exposeacutee reccedilue contempleacutee meacutediteacutee
Il faut dire que les ateliers ne srsquoen laissent pas compter joie eacuteclats de rire laquo cris raquo parfois ndash et pensons aux poegravemes anciens intituleacutes laquo Cris de Paris raquo ndash dominent la fourmiliegravere parfois lente parfois plus rapide plus violente quand par exemple les roues de certains fauteuils roulants sont mises agrave contributionhellip
Oui bien sucircr il faut adapter mais crsquoest le laquo jeu raquo Il faut le tenir le pinceau Joeumllle le sait elle la premiegravere Appel sera fait degraves lors agrave des professionnels dont crsquoest le meacutetier Une seule question comment cette personne peut-elle se positionner pour donner le meilleur drsquoelle-mecircme dans lrsquoœuvre qursquoelle concocte Les mains les pieds la meacutediation drsquoune licorne poseacutee au front et lrsquo instrument srsquoinvente srsquoadapte suit son cours srsquooublie ndash car crsquoest le geste lrsquoesprit du geste on dit encore laquo la raquo geste qui porte la parolePeindre Lrsquoacte ougrave tant et tout se donne une force qui plombe parfois une leacutegegravereteacute aussi qui eacutelegraveve un rire une solitude une douleur une tristesse Combien de peintres de par le monde nrsquoont-ils pas laquo dit raquo deacutepeint leurs moments de profond deacutesarroi Lrsquoenfermement lrsquo incompreacutehension se faire comprendre quel travail Eh bien Joeumllle elle comprend tout Bien au-delagrave des mots Une simple trace sur la toile et quelque chose est dit Deacutejagrave Drsquoores et deacutejagrave reccedilu entendu Le simple truchement de son regard
Peindre alors un privilegravege Sans doute Mais avec si belle et si bonne amie si belle et bonne accompagnante de creacuteation ce sont des espaces de liberteacute qui srsquoouvrent et des bonheurs qui srsquoeacutechangent se disent se peignent srsquoexposent Tant pour les artistes les auteurs que pour celles et ceux qui viendront aux œuvres seront regardeacutes du coin de lrsquoœil par elles Lrsquoœuvre veille est en veille permanente Et Joeumllle de mecircme
Bruno Gaurieret Sylvaine Ponroy
31
laquo Peindre crsquoest un plaisir raquo
laquo Peindre me permet de voyager
et de rencontrer drsquoautres
techniques raquo
laquo Lrsquoart apaise mes douleurs raquo
laquo Je me sens libre raquo
laquo Peindre est le seul acte
drsquoautonomie de ma vie raquo
laquo Je ne suis pas inutile quand je
peins raquo
laquo Jrsquooublie mes problegravemes raquo
laquo Peindre me procure du
bien-ecirctreraquo
laquo et si jrsquoeacutetais toi je rajouterai un peu de bleu mais crsquoest un conseil hellip raquo
32
Les Cordeacutees 1 premier reacuteseau social au monde puisque eacutetant neacute en 1933 a la volonteacute de partager avec chacun de creacuteer du lien de rompre la solitude et drsquoapporter agrave chacun le sou-tien de lrsquoautre Elles ne sont ni un site de rencontres ni un forum traditionnelhellip Juste des eacutechanges entre chacun
Mais les cordistes peuvent aussi ecirctre poegravetes nouvellistes etc Et lrsquoune drsquoentre-elles propose de creacuteer un concours litteacuteraire en partenariat avec lrsquoassociation laquoRegardsraquo2 afin de se confronter avec le monde artistique et litteacuteraire mais aussi de donner agrave chacun la place qui lui revient dans ce domaine
Ouvert agrave tous les auteurs francophones du monde entier ce concours attribue 15 prix dans des genres litteacuteraires aussi divers que la poeacutesie le conte le texte humoristique la lettre etc
(1) wwwcordeesapfassofr(2) wwwregardsassofr
Yvonne Ollier et Noeumllle Pirony
Remise des prix du concours litteacuteraire des cordeacutees 2015
Alain Rochon Preacutesident de lrsquoAPF remet le prix de La belle cordiegravere agraveYves-Fred Boisset
Remise du prix Callibour par Bruno Gaurier agrave Dominique Corbillet
Eacutecriturehellip
laquoAh Les Cordeacutees Crsquoest agrave chaque foisUn moyen de srsquoeacutevaderOublier son deacutesarroiEt se sentir appreacutecieacute
Ah Les Cordeacutees Si elles nrsquoexistaient pas
Il faudrait les inventer raquo
Alain Stienne
Cette brochure a eacuteteacute reacutealiseacutee dans le cadre drsquoun projet de BTS Communicationet Industries Graphiques agrave Gobelins lrsquoeacutecole de lrsquoimage
Reacutealisation graphique Weiyin CHEN - Nastasia ZIVANOVIC
Impression Charlegravene VINCENT - Manon DUHAYOT
Faccedilonnage Charlegravene VINCENT - Manon DUHAYOT - Weiyin CHEN - Nastasia ZIVANOVIC
Conceptionreacutealisation Sylvaine PONROY Joeumllle BEacuteCARD
Poegravemes Peintures Collectif
Ce projet est destineacute agrave lrsquoassociation APF et nrsquoa pas de but lucratif
ISBN 979- 10- 93207- 15- 5
Nous remercions les eacutelegraveves de lrsquoEacutecole des Gobelins et leur professeur Monsieur Gilles Philippe pour leur eacutecoute et leur professionnalisme qui ont permis la reacutealisation de ce livre dart
ISBN 979- 10- 93207- 15- 5
Interdit agrave la vente
Fanta
isies
10
Vin
cent
Cal
i
Festiviteacute
Dissimuleacute derriegravere un costumeLe fantasme ideacuteal ou lrsquoillusion
Drsquoecirctre quelqursquoun drsquoautre pour la coutumeEt srsquoamuser danser sur des flonflons
Un masque pour cacher ce que lrsquoon estMiroir drsquoun reflet de vie quotidienne
Que lrsquoon souhaite suspendre un instantPour respirer et toucher un petit bout drsquoEden
Mille couleurs sur les habits confectionneacutesTabarro bauta et tricorne pour lrsquohomme
Goucirct estheacutetisme chez les dames toutes en beauteacuteLes parures doivent eacutemerveiller au summum
Ce carnaval qui fait recircver est un jeuAucune classe sociale nrsquoest mentionneacuteeNi le sexe ni la religion aucun enjeuSauf la possibiliteacute de mentir sur son
identiteacute
Venise ville de lrsquoamour et du charmeSous son Pont des Soupirs les gondoles font la traverseacutee
Invitant les comeacutediens passionneacutes agrave verser une larmeA ocircter leurs masques et agrave se reacuteveacuteler
Seuls les yeux ne peuvent duper dans cette paradeCar ils sont le reflet de lrsquoacircme de lrsquoecirctre humain hellip
Catherine Richard
12
Mic
kaeumll
Leg
at
sol ensanglanteacute
agrave me couper le souffle ndash
lrsquoeacuterable a expireacute
Les feuilles mortes
sur les ailes du vent
Un voyage enfin
encre de Chine ndash
sur la pointe du pinceau
le parfum de la glycine
tango-tangage ndash
mes hanches devenues houle
noyeacutee dans ton regard
les deux eacutemeraudes
dans la chair brucircleacutee drsquoeacuteteacutendash
les yeux du mendiant
Brigitte Briatte
14
Vin
cent
Cal
i
Les forains
Les papillons aux plumes rouges
Des moineaux aux ailes blanches
Volent dans nos tecirctes drsquoenfant
Clown des mers
les poissons dorment
Dans les tourbillons du manegravege
Avant de lacirccher prise
Sur des sillons de perles
Variation
Un sablier sur la mer
Vidait entre les vagues
Lrsquoeacutetrange incertitude du lendemain
Dominique Joye
16
Sac
ha
Deacuteguisement
Danse sur tes couleurs Arlequin
Enveloppe la foule de ton parfum
Guideacutee par la dentelle drsquoune Marquise
Une femme danse agrave sa guise
Impose son pas de demoiselle
Soulegraveve son blanc jupon de dentelles
Entraicircne avec elle le feu de lrsquoenfer
Magique nuit agiteacutee par le mystegravere
Enflamme tous les ponts de Venise
Nueacutees de folie exquise
Tendre Arlequin et douce Marquise
Sonia Spaeter
18
Bri
gitt
e P
iqua
rd
Passagegravere du vol 38
Tu me faisais de lrsquoœil
Je te faisais du pied
Tu mrsquoas tapeacute dans lrsquoœil
Je trsquoai fouleacute le pied
Tu as tourneacute de lrsquoœil
Et jrsquoai perdu piedhellip
Guillaume Viard
20
Eri
c M
arch
and
Sonnet de soieSoupir de soie ourleacute peacutetille drsquooutremer
Je flotte doucement au sommet de ta vagueLe ressac peut hurler sur tes eaux je divague
Vers des cieux plus cleacutements srsquoenfuit le temps amer
Je te veux brigantin dans les bras de la merLaisse-moi deacuteriver sans peur de la madrague
Sous la nef du soleil lrsquoeacuteclair bleu nuit zigzaguePoseacuteidon deacutetruit un regret doux-amer
A chevaucher le flot sur une fleur drsquoeacutecumeDeacuteferlante drsquoazur ton regard me consume
Viens accoster mon port sur tes rouleaux drsquoargent
Mais lrsquoaquilon surgit suborneur de lumiegravereSeacuteduit lrsquoaventurier reacutecif de mon tourment
Voguer sur lrsquo illusion mourir sur sa criniegravere
Nicole Portay
22
Ale
xand
ra M
ayol
le
Sonnet de sang
Les pantins deacutechireacutes balancent doucementLeurs chairs en habits noirs lorsque le saule pleureTango lent des bouffons seacutepareacutes mais vient lrsquoheure
Des noces vermillon mortel accouplement
Dans mon jardin ruineacute gicirct le renoncementDu recircve poignardeacute qursquoun long sanglot effleure
Ce soir le lien tisseacute srsquoest deacutenoueacute doux leurreDe lrsquoespoir enivreacute du vin de mon tourment
Il nrsquoest pas loin le temps ougrave de feu jrsquoeacutetais reineDe lrsquoaurore au couchant sur ton damier sereine
Quand ton regard mrsquooffrait la couleur du plaisir
Restent les mots de sang drsquoun sonnet deacuterisoireHaillons et oripeaux des tercets du deacutesir
Quand la muse se rit des eacutetreintes sans gloire
Nicole Portay
24
Sac
ha
Grand-megravereLa table et son miroir occupaient en ce temps
Un coin de chaque chambre avec broc gant cuvetteLes ablutions drsquohiver ne duraient pas longtemps
Personne ne musait agrave faire la toilettehellip
Passant pregraves de mon lit elle posait un baiserSur mon front ou ma joue juste sortis de lrsquoombre
Attachait dans le dos les pans du tablierPuis lissait ses cheveux courbeacutee dans la peacutenombre
Quand elle se redressait un serpent poivre et selSe lovait sur sa tecircte en un geste admirableTrois eacutepingles fixaient le chignon rituel
Il faisait de Lucie la grand-megravere immuable
La chaleur mrsquoaccueillait dans lrsquoantique cuisineQuand lrsquoheure eacutetait venue du petit-deacutejeuner Le lait sucreacute de miel le beurre sur la tartine
Ressuscitaient mes sens pour mieux les reacutegaler
Debout pregraves du bahut souvent elle mangeaitAvec un croucircton sec le reste de garbure
Connaissait la valeur que ce peu figuraitNe gaspillait jamais la moindre nourriture
Cette femme savait le prix de la sueurCombien au potager la terre paraicirct basse
Avait connu la faim dans les anneacutees drsquohorreurEn gardait souvenir dans sa deacutemarche lasse
Jrsquoeacutetais trop jeune encore et ne comprenais pasTant de parcimonie qui semblait avarice
Si je jette aujourdrsquohui les reliefs drsquoun repasUne voix quelque part se fait reacuteprobatricehellip
Dominique Corbillet
26
Lyo
nel C
ollo
t
Le nez qui grattejrsquoai le nez qui me gratte
jetord mon nez
sans remuer mainsans quitter la poseagrave la faccedilon drsquoune feacutee
precirct agrave
eacuteternuer
jrsquoai eu tortde regarder vers lui
jrsquoai eu soudaindes raclements
entre le nezet le haut du palais
jrsquoai senti roulerune drocircle de foudre au ventre une
envie de
rire
sans bouger drsquoun passans quitter la pose
je pince mes legravevres fortje concentre mon effort
Afin de contenirCes roulements insistants
Deacutejagrave suintent des bribes drsquoeacuteclatsje
me fissure deacutejagrave
ces larmess en teacutemoignentdans mes yeux plisseacutes
la vessie presseet plieacute le corps
nrsquo en peutplus
drsquo
Se contenir tout en tenant la garde-agrave-vous
La suite est humide au fond du pontalonet ne se deacutecrit donc guegravere
Il libeacutera un rireEt fucirct condamneacute emprisonneacute
Pour attentat aux bonnes maniegraveresCar en pleine place drsquoarmes
Juste au moment du salutIl explosa au nez tordu du geacuteneacuteral
MouduCe dernier dit-on
Fut blesseacute de cet effront tout de mecircmeCrsquoeacutetait peut-ecirctre un abus
Mais pas un obus
Quand le rire est lrsquoarmeEt lrsquooffenseacute lrsquoesprit
Ce nrsquoest pas un drameCar celui qui rit
est aussi coupableque celui qui fait rireconcluons donc que
cet eacuteclat entre eux deuxsitocirct vrillant lrsquoair
ne leur appartient plusaussi
il aurait mieux valu iciagrave preacutesent crsquoest sucircr
qursquoil eacuteternue
Steacutephane Deloy
Se retenir de
28
Jacq
ueli
ne B
erli
n
La petiteSur sa peau luisante et satineacutee
Elle a mis un collier de perles rougesDe ces perles sanguines qui voudraient raconter
Les anneacutees de famine les heures ougrave rien ne bougeAssise au bureau drsquoun jour sans eacutecole
Les journeacutees de pluie sous un toit de tocircleLa chaise sur le bord drsquoune route agrave voir les gens passer
Le cahier gommeacute et reacuteeacutecrit toujours recommenceacuteLes heures de soleil trop chaud agrave travailler
Les soirs beaucoup trop noirs pour pouvoir raconterSous lrsquoampoule ballante lrsquoeffort de la journeacutee
La petite barbote dans son universDrsquoun appareil photo agrave qui elle confie
Les gestes les cambrures et les jolis yeux vertsNul besoin pour elle drsquoapprendre les poses et les deacutefis
Chez elle crsquoest inneacuteElle fuira son icircle qursquoelle a pourtant aimeacuteeSon village bruyant et les vieux fatigueacutes
Assis sous les varangues les yeux et toujours mouilleacutesOugrave les chiens et les poules font bonne communauteacute
Elle sera actrice de bande dessineacuteeFeuilleton qursquoelle suit le soir agrave la teacuteleacute
La petite voyage du haut de ses huit ansDes recircves plein les yeux et la victoire aux dents
Elfe des alizeacutes sa silhouette vole aux vagues enjoueacuteesSes jupons srsquoentortillent aux airs de meringueacute
Elle devient feacuteline dans le vert du regardQursquoelle accroche aux eacutetoiles un soir
De grand deacuteparthellip
Nicole Monin
30
A lrsquoatelierhellip
Depuis de si nombreuses anneacutees Joeumllle artiste peintre et plasticienne anime avec attachement talent deacutelicatesse imagination les personnes en situa-tion de handicap (et souvent de grande deacutependance) auteurs des œuvres livreacutees dans cet ouvrage
Drsquoaucuns la qualifient de laquo feacutee raquo une bonne feacutee qui depuis tout ce temps ouvre portes et fenecirctres agrave la force de la creacuteation qui naicirct vit se propage chez tout ecirctre humain Elle amegravene chacune et chacun de celles et ceux qui prennent part aux ateliers dans plusieurs lieux drsquoaccueil de lrsquoAPF agrave livrer avec la sensibiliteacute et les moyens qui leur sont propres ce jaillissement de creacuteation qui fait la toile lrsquoeacuterige en œuvre la conduit ensuite agrave ecirctre exposeacutee reccedilue contempleacutee meacutediteacutee
Il faut dire que les ateliers ne srsquoen laissent pas compter joie eacuteclats de rire laquo cris raquo parfois ndash et pensons aux poegravemes anciens intituleacutes laquo Cris de Paris raquo ndash dominent la fourmiliegravere parfois lente parfois plus rapide plus violente quand par exemple les roues de certains fauteuils roulants sont mises agrave contributionhellip
Oui bien sucircr il faut adapter mais crsquoest le laquo jeu raquo Il faut le tenir le pinceau Joeumllle le sait elle la premiegravere Appel sera fait degraves lors agrave des professionnels dont crsquoest le meacutetier Une seule question comment cette personne peut-elle se positionner pour donner le meilleur drsquoelle-mecircme dans lrsquoœuvre qursquoelle concocte Les mains les pieds la meacutediation drsquoune licorne poseacutee au front et lrsquo instrument srsquoinvente srsquoadapte suit son cours srsquooublie ndash car crsquoest le geste lrsquoesprit du geste on dit encore laquo la raquo geste qui porte la parolePeindre Lrsquoacte ougrave tant et tout se donne une force qui plombe parfois une leacutegegravereteacute aussi qui eacutelegraveve un rire une solitude une douleur une tristesse Combien de peintres de par le monde nrsquoont-ils pas laquo dit raquo deacutepeint leurs moments de profond deacutesarroi Lrsquoenfermement lrsquo incompreacutehension se faire comprendre quel travail Eh bien Joeumllle elle comprend tout Bien au-delagrave des mots Une simple trace sur la toile et quelque chose est dit Deacutejagrave Drsquoores et deacutejagrave reccedilu entendu Le simple truchement de son regard
Peindre alors un privilegravege Sans doute Mais avec si belle et si bonne amie si belle et bonne accompagnante de creacuteation ce sont des espaces de liberteacute qui srsquoouvrent et des bonheurs qui srsquoeacutechangent se disent se peignent srsquoexposent Tant pour les artistes les auteurs que pour celles et ceux qui viendront aux œuvres seront regardeacutes du coin de lrsquoœil par elles Lrsquoœuvre veille est en veille permanente Et Joeumllle de mecircme
Bruno Gaurieret Sylvaine Ponroy
31
laquo Peindre crsquoest un plaisir raquo
laquo Peindre me permet de voyager
et de rencontrer drsquoautres
techniques raquo
laquo Lrsquoart apaise mes douleurs raquo
laquo Je me sens libre raquo
laquo Peindre est le seul acte
drsquoautonomie de ma vie raquo
laquo Je ne suis pas inutile quand je
peins raquo
laquo Jrsquooublie mes problegravemes raquo
laquo Peindre me procure du
bien-ecirctreraquo
laquo et si jrsquoeacutetais toi je rajouterai un peu de bleu mais crsquoest un conseil hellip raquo
32
Les Cordeacutees 1 premier reacuteseau social au monde puisque eacutetant neacute en 1933 a la volonteacute de partager avec chacun de creacuteer du lien de rompre la solitude et drsquoapporter agrave chacun le sou-tien de lrsquoautre Elles ne sont ni un site de rencontres ni un forum traditionnelhellip Juste des eacutechanges entre chacun
Mais les cordistes peuvent aussi ecirctre poegravetes nouvellistes etc Et lrsquoune drsquoentre-elles propose de creacuteer un concours litteacuteraire en partenariat avec lrsquoassociation laquoRegardsraquo2 afin de se confronter avec le monde artistique et litteacuteraire mais aussi de donner agrave chacun la place qui lui revient dans ce domaine
Ouvert agrave tous les auteurs francophones du monde entier ce concours attribue 15 prix dans des genres litteacuteraires aussi divers que la poeacutesie le conte le texte humoristique la lettre etc
(1) wwwcordeesapfassofr(2) wwwregardsassofr
Yvonne Ollier et Noeumllle Pirony
Remise des prix du concours litteacuteraire des cordeacutees 2015
Alain Rochon Preacutesident de lrsquoAPF remet le prix de La belle cordiegravere agraveYves-Fred Boisset
Remise du prix Callibour par Bruno Gaurier agrave Dominique Corbillet
Eacutecriturehellip
laquoAh Les Cordeacutees Crsquoest agrave chaque foisUn moyen de srsquoeacutevaderOublier son deacutesarroiEt se sentir appreacutecieacute
Ah Les Cordeacutees Si elles nrsquoexistaient pas
Il faudrait les inventer raquo
Alain Stienne
Cette brochure a eacuteteacute reacutealiseacutee dans le cadre drsquoun projet de BTS Communicationet Industries Graphiques agrave Gobelins lrsquoeacutecole de lrsquoimage
Reacutealisation graphique Weiyin CHEN - Nastasia ZIVANOVIC
Impression Charlegravene VINCENT - Manon DUHAYOT
Faccedilonnage Charlegravene VINCENT - Manon DUHAYOT - Weiyin CHEN - Nastasia ZIVANOVIC
Conceptionreacutealisation Sylvaine PONROY Joeumllle BEacuteCARD
Poegravemes Peintures Collectif
Ce projet est destineacute agrave lrsquoassociation APF et nrsquoa pas de but lucratif
ISBN 979- 10- 93207- 15- 5
Nous remercions les eacutelegraveves de lrsquoEacutecole des Gobelins et leur professeur Monsieur Gilles Philippe pour leur eacutecoute et leur professionnalisme qui ont permis la reacutealisation de ce livre dart
ISBN 979- 10- 93207- 15- 5
Interdit agrave la vente
Fanta
isies
12
Mic
kaeumll
Leg
at
sol ensanglanteacute
agrave me couper le souffle ndash
lrsquoeacuterable a expireacute
Les feuilles mortes
sur les ailes du vent
Un voyage enfin
encre de Chine ndash
sur la pointe du pinceau
le parfum de la glycine
tango-tangage ndash
mes hanches devenues houle
noyeacutee dans ton regard
les deux eacutemeraudes
dans la chair brucircleacutee drsquoeacuteteacutendash
les yeux du mendiant
Brigitte Briatte
14
Vin
cent
Cal
i
Les forains
Les papillons aux plumes rouges
Des moineaux aux ailes blanches
Volent dans nos tecirctes drsquoenfant
Clown des mers
les poissons dorment
Dans les tourbillons du manegravege
Avant de lacirccher prise
Sur des sillons de perles
Variation
Un sablier sur la mer
Vidait entre les vagues
Lrsquoeacutetrange incertitude du lendemain
Dominique Joye
16
Sac
ha
Deacuteguisement
Danse sur tes couleurs Arlequin
Enveloppe la foule de ton parfum
Guideacutee par la dentelle drsquoune Marquise
Une femme danse agrave sa guise
Impose son pas de demoiselle
Soulegraveve son blanc jupon de dentelles
Entraicircne avec elle le feu de lrsquoenfer
Magique nuit agiteacutee par le mystegravere
Enflamme tous les ponts de Venise
Nueacutees de folie exquise
Tendre Arlequin et douce Marquise
Sonia Spaeter
18
Bri
gitt
e P
iqua
rd
Passagegravere du vol 38
Tu me faisais de lrsquoœil
Je te faisais du pied
Tu mrsquoas tapeacute dans lrsquoœil
Je trsquoai fouleacute le pied
Tu as tourneacute de lrsquoœil
Et jrsquoai perdu piedhellip
Guillaume Viard
20
Eri
c M
arch
and
Sonnet de soieSoupir de soie ourleacute peacutetille drsquooutremer
Je flotte doucement au sommet de ta vagueLe ressac peut hurler sur tes eaux je divague
Vers des cieux plus cleacutements srsquoenfuit le temps amer
Je te veux brigantin dans les bras de la merLaisse-moi deacuteriver sans peur de la madrague
Sous la nef du soleil lrsquoeacuteclair bleu nuit zigzaguePoseacuteidon deacutetruit un regret doux-amer
A chevaucher le flot sur une fleur drsquoeacutecumeDeacuteferlante drsquoazur ton regard me consume
Viens accoster mon port sur tes rouleaux drsquoargent
Mais lrsquoaquilon surgit suborneur de lumiegravereSeacuteduit lrsquoaventurier reacutecif de mon tourment
Voguer sur lrsquo illusion mourir sur sa criniegravere
Nicole Portay
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Ale
xand
ra M
ayol
le
Sonnet de sang
Les pantins deacutechireacutes balancent doucementLeurs chairs en habits noirs lorsque le saule pleureTango lent des bouffons seacutepareacutes mais vient lrsquoheure
Des noces vermillon mortel accouplement
Dans mon jardin ruineacute gicirct le renoncementDu recircve poignardeacute qursquoun long sanglot effleure
Ce soir le lien tisseacute srsquoest deacutenoueacute doux leurreDe lrsquoespoir enivreacute du vin de mon tourment
Il nrsquoest pas loin le temps ougrave de feu jrsquoeacutetais reineDe lrsquoaurore au couchant sur ton damier sereine
Quand ton regard mrsquooffrait la couleur du plaisir
Restent les mots de sang drsquoun sonnet deacuterisoireHaillons et oripeaux des tercets du deacutesir
Quand la muse se rit des eacutetreintes sans gloire
Nicole Portay
24
Sac
ha
Grand-megravereLa table et son miroir occupaient en ce temps
Un coin de chaque chambre avec broc gant cuvetteLes ablutions drsquohiver ne duraient pas longtemps
Personne ne musait agrave faire la toilettehellip
Passant pregraves de mon lit elle posait un baiserSur mon front ou ma joue juste sortis de lrsquoombre
Attachait dans le dos les pans du tablierPuis lissait ses cheveux courbeacutee dans la peacutenombre
Quand elle se redressait un serpent poivre et selSe lovait sur sa tecircte en un geste admirableTrois eacutepingles fixaient le chignon rituel
Il faisait de Lucie la grand-megravere immuable
La chaleur mrsquoaccueillait dans lrsquoantique cuisineQuand lrsquoheure eacutetait venue du petit-deacutejeuner Le lait sucreacute de miel le beurre sur la tartine
Ressuscitaient mes sens pour mieux les reacutegaler
Debout pregraves du bahut souvent elle mangeaitAvec un croucircton sec le reste de garbure
Connaissait la valeur que ce peu figuraitNe gaspillait jamais la moindre nourriture
Cette femme savait le prix de la sueurCombien au potager la terre paraicirct basse
Avait connu la faim dans les anneacutees drsquohorreurEn gardait souvenir dans sa deacutemarche lasse
Jrsquoeacutetais trop jeune encore et ne comprenais pasTant de parcimonie qui semblait avarice
Si je jette aujourdrsquohui les reliefs drsquoun repasUne voix quelque part se fait reacuteprobatricehellip
Dominique Corbillet
26
Lyo
nel C
ollo
t
Le nez qui grattejrsquoai le nez qui me gratte
jetord mon nez
sans remuer mainsans quitter la poseagrave la faccedilon drsquoune feacutee
precirct agrave
eacuteternuer
jrsquoai eu tortde regarder vers lui
jrsquoai eu soudaindes raclements
entre le nezet le haut du palais
jrsquoai senti roulerune drocircle de foudre au ventre une
envie de
rire
sans bouger drsquoun passans quitter la pose
je pince mes legravevres fortje concentre mon effort
Afin de contenirCes roulements insistants
Deacutejagrave suintent des bribes drsquoeacuteclatsje
me fissure deacutejagrave
ces larmess en teacutemoignentdans mes yeux plisseacutes
la vessie presseet plieacute le corps
nrsquo en peutplus
drsquo
Se contenir tout en tenant la garde-agrave-vous
La suite est humide au fond du pontalonet ne se deacutecrit donc guegravere
Il libeacutera un rireEt fucirct condamneacute emprisonneacute
Pour attentat aux bonnes maniegraveresCar en pleine place drsquoarmes
Juste au moment du salutIl explosa au nez tordu du geacuteneacuteral
MouduCe dernier dit-on
Fut blesseacute de cet effront tout de mecircmeCrsquoeacutetait peut-ecirctre un abus
Mais pas un obus
Quand le rire est lrsquoarmeEt lrsquooffenseacute lrsquoesprit
Ce nrsquoest pas un drameCar celui qui rit
est aussi coupableque celui qui fait rireconcluons donc que
cet eacuteclat entre eux deuxsitocirct vrillant lrsquoair
ne leur appartient plusaussi
il aurait mieux valu iciagrave preacutesent crsquoest sucircr
qursquoil eacuteternue
Steacutephane Deloy
Se retenir de
28
Jacq
ueli
ne B
erli
n
La petiteSur sa peau luisante et satineacutee
Elle a mis un collier de perles rougesDe ces perles sanguines qui voudraient raconter
Les anneacutees de famine les heures ougrave rien ne bougeAssise au bureau drsquoun jour sans eacutecole
Les journeacutees de pluie sous un toit de tocircleLa chaise sur le bord drsquoune route agrave voir les gens passer
Le cahier gommeacute et reacuteeacutecrit toujours recommenceacuteLes heures de soleil trop chaud agrave travailler
Les soirs beaucoup trop noirs pour pouvoir raconterSous lrsquoampoule ballante lrsquoeffort de la journeacutee
La petite barbote dans son universDrsquoun appareil photo agrave qui elle confie
Les gestes les cambrures et les jolis yeux vertsNul besoin pour elle drsquoapprendre les poses et les deacutefis
Chez elle crsquoest inneacuteElle fuira son icircle qursquoelle a pourtant aimeacuteeSon village bruyant et les vieux fatigueacutes
Assis sous les varangues les yeux et toujours mouilleacutesOugrave les chiens et les poules font bonne communauteacute
Elle sera actrice de bande dessineacuteeFeuilleton qursquoelle suit le soir agrave la teacuteleacute
La petite voyage du haut de ses huit ansDes recircves plein les yeux et la victoire aux dents
Elfe des alizeacutes sa silhouette vole aux vagues enjoueacuteesSes jupons srsquoentortillent aux airs de meringueacute
Elle devient feacuteline dans le vert du regardQursquoelle accroche aux eacutetoiles un soir
De grand deacuteparthellip
Nicole Monin
30
A lrsquoatelierhellip
Depuis de si nombreuses anneacutees Joeumllle artiste peintre et plasticienne anime avec attachement talent deacutelicatesse imagination les personnes en situa-tion de handicap (et souvent de grande deacutependance) auteurs des œuvres livreacutees dans cet ouvrage
Drsquoaucuns la qualifient de laquo feacutee raquo une bonne feacutee qui depuis tout ce temps ouvre portes et fenecirctres agrave la force de la creacuteation qui naicirct vit se propage chez tout ecirctre humain Elle amegravene chacune et chacun de celles et ceux qui prennent part aux ateliers dans plusieurs lieux drsquoaccueil de lrsquoAPF agrave livrer avec la sensibiliteacute et les moyens qui leur sont propres ce jaillissement de creacuteation qui fait la toile lrsquoeacuterige en œuvre la conduit ensuite agrave ecirctre exposeacutee reccedilue contempleacutee meacutediteacutee
Il faut dire que les ateliers ne srsquoen laissent pas compter joie eacuteclats de rire laquo cris raquo parfois ndash et pensons aux poegravemes anciens intituleacutes laquo Cris de Paris raquo ndash dominent la fourmiliegravere parfois lente parfois plus rapide plus violente quand par exemple les roues de certains fauteuils roulants sont mises agrave contributionhellip
Oui bien sucircr il faut adapter mais crsquoest le laquo jeu raquo Il faut le tenir le pinceau Joeumllle le sait elle la premiegravere Appel sera fait degraves lors agrave des professionnels dont crsquoest le meacutetier Une seule question comment cette personne peut-elle se positionner pour donner le meilleur drsquoelle-mecircme dans lrsquoœuvre qursquoelle concocte Les mains les pieds la meacutediation drsquoune licorne poseacutee au front et lrsquo instrument srsquoinvente srsquoadapte suit son cours srsquooublie ndash car crsquoest le geste lrsquoesprit du geste on dit encore laquo la raquo geste qui porte la parolePeindre Lrsquoacte ougrave tant et tout se donne une force qui plombe parfois une leacutegegravereteacute aussi qui eacutelegraveve un rire une solitude une douleur une tristesse Combien de peintres de par le monde nrsquoont-ils pas laquo dit raquo deacutepeint leurs moments de profond deacutesarroi Lrsquoenfermement lrsquo incompreacutehension se faire comprendre quel travail Eh bien Joeumllle elle comprend tout Bien au-delagrave des mots Une simple trace sur la toile et quelque chose est dit Deacutejagrave Drsquoores et deacutejagrave reccedilu entendu Le simple truchement de son regard
Peindre alors un privilegravege Sans doute Mais avec si belle et si bonne amie si belle et bonne accompagnante de creacuteation ce sont des espaces de liberteacute qui srsquoouvrent et des bonheurs qui srsquoeacutechangent se disent se peignent srsquoexposent Tant pour les artistes les auteurs que pour celles et ceux qui viendront aux œuvres seront regardeacutes du coin de lrsquoœil par elles Lrsquoœuvre veille est en veille permanente Et Joeumllle de mecircme
Bruno Gaurieret Sylvaine Ponroy
31
laquo Peindre crsquoest un plaisir raquo
laquo Peindre me permet de voyager
et de rencontrer drsquoautres
techniques raquo
laquo Lrsquoart apaise mes douleurs raquo
laquo Je me sens libre raquo
laquo Peindre est le seul acte
drsquoautonomie de ma vie raquo
laquo Je ne suis pas inutile quand je
peins raquo
laquo Jrsquooublie mes problegravemes raquo
laquo Peindre me procure du
bien-ecirctreraquo
laquo et si jrsquoeacutetais toi je rajouterai un peu de bleu mais crsquoest un conseil hellip raquo
32
Les Cordeacutees 1 premier reacuteseau social au monde puisque eacutetant neacute en 1933 a la volonteacute de partager avec chacun de creacuteer du lien de rompre la solitude et drsquoapporter agrave chacun le sou-tien de lrsquoautre Elles ne sont ni un site de rencontres ni un forum traditionnelhellip Juste des eacutechanges entre chacun
Mais les cordistes peuvent aussi ecirctre poegravetes nouvellistes etc Et lrsquoune drsquoentre-elles propose de creacuteer un concours litteacuteraire en partenariat avec lrsquoassociation laquoRegardsraquo2 afin de se confronter avec le monde artistique et litteacuteraire mais aussi de donner agrave chacun la place qui lui revient dans ce domaine
Ouvert agrave tous les auteurs francophones du monde entier ce concours attribue 15 prix dans des genres litteacuteraires aussi divers que la poeacutesie le conte le texte humoristique la lettre etc
(1) wwwcordeesapfassofr(2) wwwregardsassofr
Yvonne Ollier et Noeumllle Pirony
Remise des prix du concours litteacuteraire des cordeacutees 2015
Alain Rochon Preacutesident de lrsquoAPF remet le prix de La belle cordiegravere agraveYves-Fred Boisset
Remise du prix Callibour par Bruno Gaurier agrave Dominique Corbillet
Eacutecriturehellip
laquoAh Les Cordeacutees Crsquoest agrave chaque foisUn moyen de srsquoeacutevaderOublier son deacutesarroiEt se sentir appreacutecieacute
Ah Les Cordeacutees Si elles nrsquoexistaient pas
Il faudrait les inventer raquo
Alain Stienne
Cette brochure a eacuteteacute reacutealiseacutee dans le cadre drsquoun projet de BTS Communicationet Industries Graphiques agrave Gobelins lrsquoeacutecole de lrsquoimage
Reacutealisation graphique Weiyin CHEN - Nastasia ZIVANOVIC
Impression Charlegravene VINCENT - Manon DUHAYOT
Faccedilonnage Charlegravene VINCENT - Manon DUHAYOT - Weiyin CHEN - Nastasia ZIVANOVIC
Conceptionreacutealisation Sylvaine PONROY Joeumllle BEacuteCARD
Poegravemes Peintures Collectif
Ce projet est destineacute agrave lrsquoassociation APF et nrsquoa pas de but lucratif
ISBN 979- 10- 93207- 15- 5
Nous remercions les eacutelegraveves de lrsquoEacutecole des Gobelins et leur professeur Monsieur Gilles Philippe pour leur eacutecoute et leur professionnalisme qui ont permis la reacutealisation de ce livre dart
ISBN 979- 10- 93207- 15- 5
Interdit agrave la vente
Fanta
isies
14
Vin
cent
Cal
i
Les forains
Les papillons aux plumes rouges
Des moineaux aux ailes blanches
Volent dans nos tecirctes drsquoenfant
Clown des mers
les poissons dorment
Dans les tourbillons du manegravege
Avant de lacirccher prise
Sur des sillons de perles
Variation
Un sablier sur la mer
Vidait entre les vagues
Lrsquoeacutetrange incertitude du lendemain
Dominique Joye
16
Sac
ha
Deacuteguisement
Danse sur tes couleurs Arlequin
Enveloppe la foule de ton parfum
Guideacutee par la dentelle drsquoune Marquise
Une femme danse agrave sa guise
Impose son pas de demoiselle
Soulegraveve son blanc jupon de dentelles
Entraicircne avec elle le feu de lrsquoenfer
Magique nuit agiteacutee par le mystegravere
Enflamme tous les ponts de Venise
Nueacutees de folie exquise
Tendre Arlequin et douce Marquise
Sonia Spaeter
18
Bri
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e P
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Passagegravere du vol 38
Tu me faisais de lrsquoœil
Je te faisais du pied
Tu mrsquoas tapeacute dans lrsquoœil
Je trsquoai fouleacute le pied
Tu as tourneacute de lrsquoœil
Et jrsquoai perdu piedhellip
Guillaume Viard
20
Eri
c M
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Sonnet de soieSoupir de soie ourleacute peacutetille drsquooutremer
Je flotte doucement au sommet de ta vagueLe ressac peut hurler sur tes eaux je divague
Vers des cieux plus cleacutements srsquoenfuit le temps amer
Je te veux brigantin dans les bras de la merLaisse-moi deacuteriver sans peur de la madrague
Sous la nef du soleil lrsquoeacuteclair bleu nuit zigzaguePoseacuteidon deacutetruit un regret doux-amer
A chevaucher le flot sur une fleur drsquoeacutecumeDeacuteferlante drsquoazur ton regard me consume
Viens accoster mon port sur tes rouleaux drsquoargent
Mais lrsquoaquilon surgit suborneur de lumiegravereSeacuteduit lrsquoaventurier reacutecif de mon tourment
Voguer sur lrsquo illusion mourir sur sa criniegravere
Nicole Portay
22
Ale
xand
ra M
ayol
le
Sonnet de sang
Les pantins deacutechireacutes balancent doucementLeurs chairs en habits noirs lorsque le saule pleureTango lent des bouffons seacutepareacutes mais vient lrsquoheure
Des noces vermillon mortel accouplement
Dans mon jardin ruineacute gicirct le renoncementDu recircve poignardeacute qursquoun long sanglot effleure
Ce soir le lien tisseacute srsquoest deacutenoueacute doux leurreDe lrsquoespoir enivreacute du vin de mon tourment
Il nrsquoest pas loin le temps ougrave de feu jrsquoeacutetais reineDe lrsquoaurore au couchant sur ton damier sereine
Quand ton regard mrsquooffrait la couleur du plaisir
Restent les mots de sang drsquoun sonnet deacuterisoireHaillons et oripeaux des tercets du deacutesir
Quand la muse se rit des eacutetreintes sans gloire
Nicole Portay
24
Sac
ha
Grand-megravereLa table et son miroir occupaient en ce temps
Un coin de chaque chambre avec broc gant cuvetteLes ablutions drsquohiver ne duraient pas longtemps
Personne ne musait agrave faire la toilettehellip
Passant pregraves de mon lit elle posait un baiserSur mon front ou ma joue juste sortis de lrsquoombre
Attachait dans le dos les pans du tablierPuis lissait ses cheveux courbeacutee dans la peacutenombre
Quand elle se redressait un serpent poivre et selSe lovait sur sa tecircte en un geste admirableTrois eacutepingles fixaient le chignon rituel
Il faisait de Lucie la grand-megravere immuable
La chaleur mrsquoaccueillait dans lrsquoantique cuisineQuand lrsquoheure eacutetait venue du petit-deacutejeuner Le lait sucreacute de miel le beurre sur la tartine
Ressuscitaient mes sens pour mieux les reacutegaler
Debout pregraves du bahut souvent elle mangeaitAvec un croucircton sec le reste de garbure
Connaissait la valeur que ce peu figuraitNe gaspillait jamais la moindre nourriture
Cette femme savait le prix de la sueurCombien au potager la terre paraicirct basse
Avait connu la faim dans les anneacutees drsquohorreurEn gardait souvenir dans sa deacutemarche lasse
Jrsquoeacutetais trop jeune encore et ne comprenais pasTant de parcimonie qui semblait avarice
Si je jette aujourdrsquohui les reliefs drsquoun repasUne voix quelque part se fait reacuteprobatricehellip
Dominique Corbillet
26
Lyo
nel C
ollo
t
Le nez qui grattejrsquoai le nez qui me gratte
jetord mon nez
sans remuer mainsans quitter la poseagrave la faccedilon drsquoune feacutee
precirct agrave
eacuteternuer
jrsquoai eu tortde regarder vers lui
jrsquoai eu soudaindes raclements
entre le nezet le haut du palais
jrsquoai senti roulerune drocircle de foudre au ventre une
envie de
rire
sans bouger drsquoun passans quitter la pose
je pince mes legravevres fortje concentre mon effort
Afin de contenirCes roulements insistants
Deacutejagrave suintent des bribes drsquoeacuteclatsje
me fissure deacutejagrave
ces larmess en teacutemoignentdans mes yeux plisseacutes
la vessie presseet plieacute le corps
nrsquo en peutplus
drsquo
Se contenir tout en tenant la garde-agrave-vous
La suite est humide au fond du pontalonet ne se deacutecrit donc guegravere
Il libeacutera un rireEt fucirct condamneacute emprisonneacute
Pour attentat aux bonnes maniegraveresCar en pleine place drsquoarmes
Juste au moment du salutIl explosa au nez tordu du geacuteneacuteral
MouduCe dernier dit-on
Fut blesseacute de cet effront tout de mecircmeCrsquoeacutetait peut-ecirctre un abus
Mais pas un obus
Quand le rire est lrsquoarmeEt lrsquooffenseacute lrsquoesprit
Ce nrsquoest pas un drameCar celui qui rit
est aussi coupableque celui qui fait rireconcluons donc que
cet eacuteclat entre eux deuxsitocirct vrillant lrsquoair
ne leur appartient plusaussi
il aurait mieux valu iciagrave preacutesent crsquoest sucircr
qursquoil eacuteternue
Steacutephane Deloy
Se retenir de
28
Jacq
ueli
ne B
erli
n
La petiteSur sa peau luisante et satineacutee
Elle a mis un collier de perles rougesDe ces perles sanguines qui voudraient raconter
Les anneacutees de famine les heures ougrave rien ne bougeAssise au bureau drsquoun jour sans eacutecole
Les journeacutees de pluie sous un toit de tocircleLa chaise sur le bord drsquoune route agrave voir les gens passer
Le cahier gommeacute et reacuteeacutecrit toujours recommenceacuteLes heures de soleil trop chaud agrave travailler
Les soirs beaucoup trop noirs pour pouvoir raconterSous lrsquoampoule ballante lrsquoeffort de la journeacutee
La petite barbote dans son universDrsquoun appareil photo agrave qui elle confie
Les gestes les cambrures et les jolis yeux vertsNul besoin pour elle drsquoapprendre les poses et les deacutefis
Chez elle crsquoest inneacuteElle fuira son icircle qursquoelle a pourtant aimeacuteeSon village bruyant et les vieux fatigueacutes
Assis sous les varangues les yeux et toujours mouilleacutesOugrave les chiens et les poules font bonne communauteacute
Elle sera actrice de bande dessineacuteeFeuilleton qursquoelle suit le soir agrave la teacuteleacute
La petite voyage du haut de ses huit ansDes recircves plein les yeux et la victoire aux dents
Elfe des alizeacutes sa silhouette vole aux vagues enjoueacuteesSes jupons srsquoentortillent aux airs de meringueacute
Elle devient feacuteline dans le vert du regardQursquoelle accroche aux eacutetoiles un soir
De grand deacuteparthellip
Nicole Monin
30
A lrsquoatelierhellip
Depuis de si nombreuses anneacutees Joeumllle artiste peintre et plasticienne anime avec attachement talent deacutelicatesse imagination les personnes en situa-tion de handicap (et souvent de grande deacutependance) auteurs des œuvres livreacutees dans cet ouvrage
Drsquoaucuns la qualifient de laquo feacutee raquo une bonne feacutee qui depuis tout ce temps ouvre portes et fenecirctres agrave la force de la creacuteation qui naicirct vit se propage chez tout ecirctre humain Elle amegravene chacune et chacun de celles et ceux qui prennent part aux ateliers dans plusieurs lieux drsquoaccueil de lrsquoAPF agrave livrer avec la sensibiliteacute et les moyens qui leur sont propres ce jaillissement de creacuteation qui fait la toile lrsquoeacuterige en œuvre la conduit ensuite agrave ecirctre exposeacutee reccedilue contempleacutee meacutediteacutee
Il faut dire que les ateliers ne srsquoen laissent pas compter joie eacuteclats de rire laquo cris raquo parfois ndash et pensons aux poegravemes anciens intituleacutes laquo Cris de Paris raquo ndash dominent la fourmiliegravere parfois lente parfois plus rapide plus violente quand par exemple les roues de certains fauteuils roulants sont mises agrave contributionhellip
Oui bien sucircr il faut adapter mais crsquoest le laquo jeu raquo Il faut le tenir le pinceau Joeumllle le sait elle la premiegravere Appel sera fait degraves lors agrave des professionnels dont crsquoest le meacutetier Une seule question comment cette personne peut-elle se positionner pour donner le meilleur drsquoelle-mecircme dans lrsquoœuvre qursquoelle concocte Les mains les pieds la meacutediation drsquoune licorne poseacutee au front et lrsquo instrument srsquoinvente srsquoadapte suit son cours srsquooublie ndash car crsquoest le geste lrsquoesprit du geste on dit encore laquo la raquo geste qui porte la parolePeindre Lrsquoacte ougrave tant et tout se donne une force qui plombe parfois une leacutegegravereteacute aussi qui eacutelegraveve un rire une solitude une douleur une tristesse Combien de peintres de par le monde nrsquoont-ils pas laquo dit raquo deacutepeint leurs moments de profond deacutesarroi Lrsquoenfermement lrsquo incompreacutehension se faire comprendre quel travail Eh bien Joeumllle elle comprend tout Bien au-delagrave des mots Une simple trace sur la toile et quelque chose est dit Deacutejagrave Drsquoores et deacutejagrave reccedilu entendu Le simple truchement de son regard
Peindre alors un privilegravege Sans doute Mais avec si belle et si bonne amie si belle et bonne accompagnante de creacuteation ce sont des espaces de liberteacute qui srsquoouvrent et des bonheurs qui srsquoeacutechangent se disent se peignent srsquoexposent Tant pour les artistes les auteurs que pour celles et ceux qui viendront aux œuvres seront regardeacutes du coin de lrsquoœil par elles Lrsquoœuvre veille est en veille permanente Et Joeumllle de mecircme
Bruno Gaurieret Sylvaine Ponroy
31
laquo Peindre crsquoest un plaisir raquo
laquo Peindre me permet de voyager
et de rencontrer drsquoautres
techniques raquo
laquo Lrsquoart apaise mes douleurs raquo
laquo Je me sens libre raquo
laquo Peindre est le seul acte
drsquoautonomie de ma vie raquo
laquo Je ne suis pas inutile quand je
peins raquo
laquo Jrsquooublie mes problegravemes raquo
laquo Peindre me procure du
bien-ecirctreraquo
laquo et si jrsquoeacutetais toi je rajouterai un peu de bleu mais crsquoest un conseil hellip raquo
32
Les Cordeacutees 1 premier reacuteseau social au monde puisque eacutetant neacute en 1933 a la volonteacute de partager avec chacun de creacuteer du lien de rompre la solitude et drsquoapporter agrave chacun le sou-tien de lrsquoautre Elles ne sont ni un site de rencontres ni un forum traditionnelhellip Juste des eacutechanges entre chacun
Mais les cordistes peuvent aussi ecirctre poegravetes nouvellistes etc Et lrsquoune drsquoentre-elles propose de creacuteer un concours litteacuteraire en partenariat avec lrsquoassociation laquoRegardsraquo2 afin de se confronter avec le monde artistique et litteacuteraire mais aussi de donner agrave chacun la place qui lui revient dans ce domaine
Ouvert agrave tous les auteurs francophones du monde entier ce concours attribue 15 prix dans des genres litteacuteraires aussi divers que la poeacutesie le conte le texte humoristique la lettre etc
(1) wwwcordeesapfassofr(2) wwwregardsassofr
Yvonne Ollier et Noeumllle Pirony
Remise des prix du concours litteacuteraire des cordeacutees 2015
Alain Rochon Preacutesident de lrsquoAPF remet le prix de La belle cordiegravere agraveYves-Fred Boisset
Remise du prix Callibour par Bruno Gaurier agrave Dominique Corbillet
Eacutecriturehellip
laquoAh Les Cordeacutees Crsquoest agrave chaque foisUn moyen de srsquoeacutevaderOublier son deacutesarroiEt se sentir appreacutecieacute
Ah Les Cordeacutees Si elles nrsquoexistaient pas
Il faudrait les inventer raquo
Alain Stienne
Cette brochure a eacuteteacute reacutealiseacutee dans le cadre drsquoun projet de BTS Communicationet Industries Graphiques agrave Gobelins lrsquoeacutecole de lrsquoimage
Reacutealisation graphique Weiyin CHEN - Nastasia ZIVANOVIC
Impression Charlegravene VINCENT - Manon DUHAYOT
Faccedilonnage Charlegravene VINCENT - Manon DUHAYOT - Weiyin CHEN - Nastasia ZIVANOVIC
Conceptionreacutealisation Sylvaine PONROY Joeumllle BEacuteCARD
Poegravemes Peintures Collectif
Ce projet est destineacute agrave lrsquoassociation APF et nrsquoa pas de but lucratif
ISBN 979- 10- 93207- 15- 5
Nous remercions les eacutelegraveves de lrsquoEacutecole des Gobelins et leur professeur Monsieur Gilles Philippe pour leur eacutecoute et leur professionnalisme qui ont permis la reacutealisation de ce livre dart
ISBN 979- 10- 93207- 15- 5
Interdit agrave la vente
Fanta
isies
16
Sac
ha
Deacuteguisement
Danse sur tes couleurs Arlequin
Enveloppe la foule de ton parfum
Guideacutee par la dentelle drsquoune Marquise
Une femme danse agrave sa guise
Impose son pas de demoiselle
Soulegraveve son blanc jupon de dentelles
Entraicircne avec elle le feu de lrsquoenfer
Magique nuit agiteacutee par le mystegravere
Enflamme tous les ponts de Venise
Nueacutees de folie exquise
Tendre Arlequin et douce Marquise
Sonia Spaeter
18
Bri
gitt
e P
iqua
rd
Passagegravere du vol 38
Tu me faisais de lrsquoœil
Je te faisais du pied
Tu mrsquoas tapeacute dans lrsquoœil
Je trsquoai fouleacute le pied
Tu as tourneacute de lrsquoœil
Et jrsquoai perdu piedhellip
Guillaume Viard
20
Eri
c M
arch
and
Sonnet de soieSoupir de soie ourleacute peacutetille drsquooutremer
Je flotte doucement au sommet de ta vagueLe ressac peut hurler sur tes eaux je divague
Vers des cieux plus cleacutements srsquoenfuit le temps amer
Je te veux brigantin dans les bras de la merLaisse-moi deacuteriver sans peur de la madrague
Sous la nef du soleil lrsquoeacuteclair bleu nuit zigzaguePoseacuteidon deacutetruit un regret doux-amer
A chevaucher le flot sur une fleur drsquoeacutecumeDeacuteferlante drsquoazur ton regard me consume
Viens accoster mon port sur tes rouleaux drsquoargent
Mais lrsquoaquilon surgit suborneur de lumiegravereSeacuteduit lrsquoaventurier reacutecif de mon tourment
Voguer sur lrsquo illusion mourir sur sa criniegravere
Nicole Portay
22
Ale
xand
ra M
ayol
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Sonnet de sang
Les pantins deacutechireacutes balancent doucementLeurs chairs en habits noirs lorsque le saule pleureTango lent des bouffons seacutepareacutes mais vient lrsquoheure
Des noces vermillon mortel accouplement
Dans mon jardin ruineacute gicirct le renoncementDu recircve poignardeacute qursquoun long sanglot effleure
Ce soir le lien tisseacute srsquoest deacutenoueacute doux leurreDe lrsquoespoir enivreacute du vin de mon tourment
Il nrsquoest pas loin le temps ougrave de feu jrsquoeacutetais reineDe lrsquoaurore au couchant sur ton damier sereine
Quand ton regard mrsquooffrait la couleur du plaisir
Restent les mots de sang drsquoun sonnet deacuterisoireHaillons et oripeaux des tercets du deacutesir
Quand la muse se rit des eacutetreintes sans gloire
Nicole Portay
24
Sac
ha
Grand-megravereLa table et son miroir occupaient en ce temps
Un coin de chaque chambre avec broc gant cuvetteLes ablutions drsquohiver ne duraient pas longtemps
Personne ne musait agrave faire la toilettehellip
Passant pregraves de mon lit elle posait un baiserSur mon front ou ma joue juste sortis de lrsquoombre
Attachait dans le dos les pans du tablierPuis lissait ses cheveux courbeacutee dans la peacutenombre
Quand elle se redressait un serpent poivre et selSe lovait sur sa tecircte en un geste admirableTrois eacutepingles fixaient le chignon rituel
Il faisait de Lucie la grand-megravere immuable
La chaleur mrsquoaccueillait dans lrsquoantique cuisineQuand lrsquoheure eacutetait venue du petit-deacutejeuner Le lait sucreacute de miel le beurre sur la tartine
Ressuscitaient mes sens pour mieux les reacutegaler
Debout pregraves du bahut souvent elle mangeaitAvec un croucircton sec le reste de garbure
Connaissait la valeur que ce peu figuraitNe gaspillait jamais la moindre nourriture
Cette femme savait le prix de la sueurCombien au potager la terre paraicirct basse
Avait connu la faim dans les anneacutees drsquohorreurEn gardait souvenir dans sa deacutemarche lasse
Jrsquoeacutetais trop jeune encore et ne comprenais pasTant de parcimonie qui semblait avarice
Si je jette aujourdrsquohui les reliefs drsquoun repasUne voix quelque part se fait reacuteprobatricehellip
Dominique Corbillet
26
Lyo
nel C
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Le nez qui grattejrsquoai le nez qui me gratte
jetord mon nez
sans remuer mainsans quitter la poseagrave la faccedilon drsquoune feacutee
precirct agrave
eacuteternuer
jrsquoai eu tortde regarder vers lui
jrsquoai eu soudaindes raclements
entre le nezet le haut du palais
jrsquoai senti roulerune drocircle de foudre au ventre une
envie de
rire
sans bouger drsquoun passans quitter la pose
je pince mes legravevres fortje concentre mon effort
Afin de contenirCes roulements insistants
Deacutejagrave suintent des bribes drsquoeacuteclatsje
me fissure deacutejagrave
ces larmess en teacutemoignentdans mes yeux plisseacutes
la vessie presseet plieacute le corps
nrsquo en peutplus
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Se contenir tout en tenant la garde-agrave-vous
La suite est humide au fond du pontalonet ne se deacutecrit donc guegravere
Il libeacutera un rireEt fucirct condamneacute emprisonneacute
Pour attentat aux bonnes maniegraveresCar en pleine place drsquoarmes
Juste au moment du salutIl explosa au nez tordu du geacuteneacuteral
MouduCe dernier dit-on
Fut blesseacute de cet effront tout de mecircmeCrsquoeacutetait peut-ecirctre un abus
Mais pas un obus
Quand le rire est lrsquoarmeEt lrsquooffenseacute lrsquoesprit
Ce nrsquoest pas un drameCar celui qui rit
est aussi coupableque celui qui fait rireconcluons donc que
cet eacuteclat entre eux deuxsitocirct vrillant lrsquoair
ne leur appartient plusaussi
il aurait mieux valu iciagrave preacutesent crsquoest sucircr
qursquoil eacuteternue
Steacutephane Deloy
Se retenir de
28
Jacq
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La petiteSur sa peau luisante et satineacutee
Elle a mis un collier de perles rougesDe ces perles sanguines qui voudraient raconter
Les anneacutees de famine les heures ougrave rien ne bougeAssise au bureau drsquoun jour sans eacutecole
Les journeacutees de pluie sous un toit de tocircleLa chaise sur le bord drsquoune route agrave voir les gens passer
Le cahier gommeacute et reacuteeacutecrit toujours recommenceacuteLes heures de soleil trop chaud agrave travailler
Les soirs beaucoup trop noirs pour pouvoir raconterSous lrsquoampoule ballante lrsquoeffort de la journeacutee
La petite barbote dans son universDrsquoun appareil photo agrave qui elle confie
Les gestes les cambrures et les jolis yeux vertsNul besoin pour elle drsquoapprendre les poses et les deacutefis
Chez elle crsquoest inneacuteElle fuira son icircle qursquoelle a pourtant aimeacuteeSon village bruyant et les vieux fatigueacutes
Assis sous les varangues les yeux et toujours mouilleacutesOugrave les chiens et les poules font bonne communauteacute
Elle sera actrice de bande dessineacuteeFeuilleton qursquoelle suit le soir agrave la teacuteleacute
La petite voyage du haut de ses huit ansDes recircves plein les yeux et la victoire aux dents
Elfe des alizeacutes sa silhouette vole aux vagues enjoueacuteesSes jupons srsquoentortillent aux airs de meringueacute
Elle devient feacuteline dans le vert du regardQursquoelle accroche aux eacutetoiles un soir
De grand deacuteparthellip
Nicole Monin
30
A lrsquoatelierhellip
Depuis de si nombreuses anneacutees Joeumllle artiste peintre et plasticienne anime avec attachement talent deacutelicatesse imagination les personnes en situa-tion de handicap (et souvent de grande deacutependance) auteurs des œuvres livreacutees dans cet ouvrage
Drsquoaucuns la qualifient de laquo feacutee raquo une bonne feacutee qui depuis tout ce temps ouvre portes et fenecirctres agrave la force de la creacuteation qui naicirct vit se propage chez tout ecirctre humain Elle amegravene chacune et chacun de celles et ceux qui prennent part aux ateliers dans plusieurs lieux drsquoaccueil de lrsquoAPF agrave livrer avec la sensibiliteacute et les moyens qui leur sont propres ce jaillissement de creacuteation qui fait la toile lrsquoeacuterige en œuvre la conduit ensuite agrave ecirctre exposeacutee reccedilue contempleacutee meacutediteacutee
Il faut dire que les ateliers ne srsquoen laissent pas compter joie eacuteclats de rire laquo cris raquo parfois ndash et pensons aux poegravemes anciens intituleacutes laquo Cris de Paris raquo ndash dominent la fourmiliegravere parfois lente parfois plus rapide plus violente quand par exemple les roues de certains fauteuils roulants sont mises agrave contributionhellip
Oui bien sucircr il faut adapter mais crsquoest le laquo jeu raquo Il faut le tenir le pinceau Joeumllle le sait elle la premiegravere Appel sera fait degraves lors agrave des professionnels dont crsquoest le meacutetier Une seule question comment cette personne peut-elle se positionner pour donner le meilleur drsquoelle-mecircme dans lrsquoœuvre qursquoelle concocte Les mains les pieds la meacutediation drsquoune licorne poseacutee au front et lrsquo instrument srsquoinvente srsquoadapte suit son cours srsquooublie ndash car crsquoest le geste lrsquoesprit du geste on dit encore laquo la raquo geste qui porte la parolePeindre Lrsquoacte ougrave tant et tout se donne une force qui plombe parfois une leacutegegravereteacute aussi qui eacutelegraveve un rire une solitude une douleur une tristesse Combien de peintres de par le monde nrsquoont-ils pas laquo dit raquo deacutepeint leurs moments de profond deacutesarroi Lrsquoenfermement lrsquo incompreacutehension se faire comprendre quel travail Eh bien Joeumllle elle comprend tout Bien au-delagrave des mots Une simple trace sur la toile et quelque chose est dit Deacutejagrave Drsquoores et deacutejagrave reccedilu entendu Le simple truchement de son regard
Peindre alors un privilegravege Sans doute Mais avec si belle et si bonne amie si belle et bonne accompagnante de creacuteation ce sont des espaces de liberteacute qui srsquoouvrent et des bonheurs qui srsquoeacutechangent se disent se peignent srsquoexposent Tant pour les artistes les auteurs que pour celles et ceux qui viendront aux œuvres seront regardeacutes du coin de lrsquoœil par elles Lrsquoœuvre veille est en veille permanente Et Joeumllle de mecircme
Bruno Gaurieret Sylvaine Ponroy
31
laquo Peindre crsquoest un plaisir raquo
laquo Peindre me permet de voyager
et de rencontrer drsquoautres
techniques raquo
laquo Lrsquoart apaise mes douleurs raquo
laquo Je me sens libre raquo
laquo Peindre est le seul acte
drsquoautonomie de ma vie raquo
laquo Je ne suis pas inutile quand je
peins raquo
laquo Jrsquooublie mes problegravemes raquo
laquo Peindre me procure du
bien-ecirctreraquo
laquo et si jrsquoeacutetais toi je rajouterai un peu de bleu mais crsquoest un conseil hellip raquo
32
Les Cordeacutees 1 premier reacuteseau social au monde puisque eacutetant neacute en 1933 a la volonteacute de partager avec chacun de creacuteer du lien de rompre la solitude et drsquoapporter agrave chacun le sou-tien de lrsquoautre Elles ne sont ni un site de rencontres ni un forum traditionnelhellip Juste des eacutechanges entre chacun
Mais les cordistes peuvent aussi ecirctre poegravetes nouvellistes etc Et lrsquoune drsquoentre-elles propose de creacuteer un concours litteacuteraire en partenariat avec lrsquoassociation laquoRegardsraquo2 afin de se confronter avec le monde artistique et litteacuteraire mais aussi de donner agrave chacun la place qui lui revient dans ce domaine
Ouvert agrave tous les auteurs francophones du monde entier ce concours attribue 15 prix dans des genres litteacuteraires aussi divers que la poeacutesie le conte le texte humoristique la lettre etc
(1) wwwcordeesapfassofr(2) wwwregardsassofr
Yvonne Ollier et Noeumllle Pirony
Remise des prix du concours litteacuteraire des cordeacutees 2015
Alain Rochon Preacutesident de lrsquoAPF remet le prix de La belle cordiegravere agraveYves-Fred Boisset
Remise du prix Callibour par Bruno Gaurier agrave Dominique Corbillet
Eacutecriturehellip
laquoAh Les Cordeacutees Crsquoest agrave chaque foisUn moyen de srsquoeacutevaderOublier son deacutesarroiEt se sentir appreacutecieacute
Ah Les Cordeacutees Si elles nrsquoexistaient pas
Il faudrait les inventer raquo
Alain Stienne
Cette brochure a eacuteteacute reacutealiseacutee dans le cadre drsquoun projet de BTS Communicationet Industries Graphiques agrave Gobelins lrsquoeacutecole de lrsquoimage
Reacutealisation graphique Weiyin CHEN - Nastasia ZIVANOVIC
Impression Charlegravene VINCENT - Manon DUHAYOT
Faccedilonnage Charlegravene VINCENT - Manon DUHAYOT - Weiyin CHEN - Nastasia ZIVANOVIC
Conceptionreacutealisation Sylvaine PONROY Joeumllle BEacuteCARD
Poegravemes Peintures Collectif
Ce projet est destineacute agrave lrsquoassociation APF et nrsquoa pas de but lucratif
ISBN 979- 10- 93207- 15- 5
Nous remercions les eacutelegraveves de lrsquoEacutecole des Gobelins et leur professeur Monsieur Gilles Philippe pour leur eacutecoute et leur professionnalisme qui ont permis la reacutealisation de ce livre dart
ISBN 979- 10- 93207- 15- 5
Interdit agrave la vente
Fanta
isies
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Bri
gitt
e P
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Passagegravere du vol 38
Tu me faisais de lrsquoœil
Je te faisais du pied
Tu mrsquoas tapeacute dans lrsquoœil
Je trsquoai fouleacute le pied
Tu as tourneacute de lrsquoœil
Et jrsquoai perdu piedhellip
Guillaume Viard
20
Eri
c M
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Sonnet de soieSoupir de soie ourleacute peacutetille drsquooutremer
Je flotte doucement au sommet de ta vagueLe ressac peut hurler sur tes eaux je divague
Vers des cieux plus cleacutements srsquoenfuit le temps amer
Je te veux brigantin dans les bras de la merLaisse-moi deacuteriver sans peur de la madrague
Sous la nef du soleil lrsquoeacuteclair bleu nuit zigzaguePoseacuteidon deacutetruit un regret doux-amer
A chevaucher le flot sur une fleur drsquoeacutecumeDeacuteferlante drsquoazur ton regard me consume
Viens accoster mon port sur tes rouleaux drsquoargent
Mais lrsquoaquilon surgit suborneur de lumiegravereSeacuteduit lrsquoaventurier reacutecif de mon tourment
Voguer sur lrsquo illusion mourir sur sa criniegravere
Nicole Portay
22
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xand
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ayol
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Sonnet de sang
Les pantins deacutechireacutes balancent doucementLeurs chairs en habits noirs lorsque le saule pleureTango lent des bouffons seacutepareacutes mais vient lrsquoheure
Des noces vermillon mortel accouplement
Dans mon jardin ruineacute gicirct le renoncementDu recircve poignardeacute qursquoun long sanglot effleure
Ce soir le lien tisseacute srsquoest deacutenoueacute doux leurreDe lrsquoespoir enivreacute du vin de mon tourment
Il nrsquoest pas loin le temps ougrave de feu jrsquoeacutetais reineDe lrsquoaurore au couchant sur ton damier sereine
Quand ton regard mrsquooffrait la couleur du plaisir
Restent les mots de sang drsquoun sonnet deacuterisoireHaillons et oripeaux des tercets du deacutesir
Quand la muse se rit des eacutetreintes sans gloire
Nicole Portay
24
Sac
ha
Grand-megravereLa table et son miroir occupaient en ce temps
Un coin de chaque chambre avec broc gant cuvetteLes ablutions drsquohiver ne duraient pas longtemps
Personne ne musait agrave faire la toilettehellip
Passant pregraves de mon lit elle posait un baiserSur mon front ou ma joue juste sortis de lrsquoombre
Attachait dans le dos les pans du tablierPuis lissait ses cheveux courbeacutee dans la peacutenombre
Quand elle se redressait un serpent poivre et selSe lovait sur sa tecircte en un geste admirableTrois eacutepingles fixaient le chignon rituel
Il faisait de Lucie la grand-megravere immuable
La chaleur mrsquoaccueillait dans lrsquoantique cuisineQuand lrsquoheure eacutetait venue du petit-deacutejeuner Le lait sucreacute de miel le beurre sur la tartine
Ressuscitaient mes sens pour mieux les reacutegaler
Debout pregraves du bahut souvent elle mangeaitAvec un croucircton sec le reste de garbure
Connaissait la valeur que ce peu figuraitNe gaspillait jamais la moindre nourriture
Cette femme savait le prix de la sueurCombien au potager la terre paraicirct basse
Avait connu la faim dans les anneacutees drsquohorreurEn gardait souvenir dans sa deacutemarche lasse
Jrsquoeacutetais trop jeune encore et ne comprenais pasTant de parcimonie qui semblait avarice
Si je jette aujourdrsquohui les reliefs drsquoun repasUne voix quelque part se fait reacuteprobatricehellip
Dominique Corbillet
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Lyo
nel C
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Le nez qui grattejrsquoai le nez qui me gratte
jetord mon nez
sans remuer mainsans quitter la poseagrave la faccedilon drsquoune feacutee
precirct agrave
eacuteternuer
jrsquoai eu tortde regarder vers lui
jrsquoai eu soudaindes raclements
entre le nezet le haut du palais
jrsquoai senti roulerune drocircle de foudre au ventre une
envie de
rire
sans bouger drsquoun passans quitter la pose
je pince mes legravevres fortje concentre mon effort
Afin de contenirCes roulements insistants
Deacutejagrave suintent des bribes drsquoeacuteclatsje
me fissure deacutejagrave
ces larmess en teacutemoignentdans mes yeux plisseacutes
la vessie presseet plieacute le corps
nrsquo en peutplus
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Se contenir tout en tenant la garde-agrave-vous
La suite est humide au fond du pontalonet ne se deacutecrit donc guegravere
Il libeacutera un rireEt fucirct condamneacute emprisonneacute
Pour attentat aux bonnes maniegraveresCar en pleine place drsquoarmes
Juste au moment du salutIl explosa au nez tordu du geacuteneacuteral
MouduCe dernier dit-on
Fut blesseacute de cet effront tout de mecircmeCrsquoeacutetait peut-ecirctre un abus
Mais pas un obus
Quand le rire est lrsquoarmeEt lrsquooffenseacute lrsquoesprit
Ce nrsquoest pas un drameCar celui qui rit
est aussi coupableque celui qui fait rireconcluons donc que
cet eacuteclat entre eux deuxsitocirct vrillant lrsquoair
ne leur appartient plusaussi
il aurait mieux valu iciagrave preacutesent crsquoest sucircr
qursquoil eacuteternue
Steacutephane Deloy
Se retenir de
28
Jacq
ueli
ne B
erli
n
La petiteSur sa peau luisante et satineacutee
Elle a mis un collier de perles rougesDe ces perles sanguines qui voudraient raconter
Les anneacutees de famine les heures ougrave rien ne bougeAssise au bureau drsquoun jour sans eacutecole
Les journeacutees de pluie sous un toit de tocircleLa chaise sur le bord drsquoune route agrave voir les gens passer
Le cahier gommeacute et reacuteeacutecrit toujours recommenceacuteLes heures de soleil trop chaud agrave travailler
Les soirs beaucoup trop noirs pour pouvoir raconterSous lrsquoampoule ballante lrsquoeffort de la journeacutee
La petite barbote dans son universDrsquoun appareil photo agrave qui elle confie
Les gestes les cambrures et les jolis yeux vertsNul besoin pour elle drsquoapprendre les poses et les deacutefis
Chez elle crsquoest inneacuteElle fuira son icircle qursquoelle a pourtant aimeacuteeSon village bruyant et les vieux fatigueacutes
Assis sous les varangues les yeux et toujours mouilleacutesOugrave les chiens et les poules font bonne communauteacute
Elle sera actrice de bande dessineacuteeFeuilleton qursquoelle suit le soir agrave la teacuteleacute
La petite voyage du haut de ses huit ansDes recircves plein les yeux et la victoire aux dents
Elfe des alizeacutes sa silhouette vole aux vagues enjoueacuteesSes jupons srsquoentortillent aux airs de meringueacute
Elle devient feacuteline dans le vert du regardQursquoelle accroche aux eacutetoiles un soir
De grand deacuteparthellip
Nicole Monin
30
A lrsquoatelierhellip
Depuis de si nombreuses anneacutees Joeumllle artiste peintre et plasticienne anime avec attachement talent deacutelicatesse imagination les personnes en situa-tion de handicap (et souvent de grande deacutependance) auteurs des œuvres livreacutees dans cet ouvrage
Drsquoaucuns la qualifient de laquo feacutee raquo une bonne feacutee qui depuis tout ce temps ouvre portes et fenecirctres agrave la force de la creacuteation qui naicirct vit se propage chez tout ecirctre humain Elle amegravene chacune et chacun de celles et ceux qui prennent part aux ateliers dans plusieurs lieux drsquoaccueil de lrsquoAPF agrave livrer avec la sensibiliteacute et les moyens qui leur sont propres ce jaillissement de creacuteation qui fait la toile lrsquoeacuterige en œuvre la conduit ensuite agrave ecirctre exposeacutee reccedilue contempleacutee meacutediteacutee
Il faut dire que les ateliers ne srsquoen laissent pas compter joie eacuteclats de rire laquo cris raquo parfois ndash et pensons aux poegravemes anciens intituleacutes laquo Cris de Paris raquo ndash dominent la fourmiliegravere parfois lente parfois plus rapide plus violente quand par exemple les roues de certains fauteuils roulants sont mises agrave contributionhellip
Oui bien sucircr il faut adapter mais crsquoest le laquo jeu raquo Il faut le tenir le pinceau Joeumllle le sait elle la premiegravere Appel sera fait degraves lors agrave des professionnels dont crsquoest le meacutetier Une seule question comment cette personne peut-elle se positionner pour donner le meilleur drsquoelle-mecircme dans lrsquoœuvre qursquoelle concocte Les mains les pieds la meacutediation drsquoune licorne poseacutee au front et lrsquo instrument srsquoinvente srsquoadapte suit son cours srsquooublie ndash car crsquoest le geste lrsquoesprit du geste on dit encore laquo la raquo geste qui porte la parolePeindre Lrsquoacte ougrave tant et tout se donne une force qui plombe parfois une leacutegegravereteacute aussi qui eacutelegraveve un rire une solitude une douleur une tristesse Combien de peintres de par le monde nrsquoont-ils pas laquo dit raquo deacutepeint leurs moments de profond deacutesarroi Lrsquoenfermement lrsquo incompreacutehension se faire comprendre quel travail Eh bien Joeumllle elle comprend tout Bien au-delagrave des mots Une simple trace sur la toile et quelque chose est dit Deacutejagrave Drsquoores et deacutejagrave reccedilu entendu Le simple truchement de son regard
Peindre alors un privilegravege Sans doute Mais avec si belle et si bonne amie si belle et bonne accompagnante de creacuteation ce sont des espaces de liberteacute qui srsquoouvrent et des bonheurs qui srsquoeacutechangent se disent se peignent srsquoexposent Tant pour les artistes les auteurs que pour celles et ceux qui viendront aux œuvres seront regardeacutes du coin de lrsquoœil par elles Lrsquoœuvre veille est en veille permanente Et Joeumllle de mecircme
Bruno Gaurieret Sylvaine Ponroy
31
laquo Peindre crsquoest un plaisir raquo
laquo Peindre me permet de voyager
et de rencontrer drsquoautres
techniques raquo
laquo Lrsquoart apaise mes douleurs raquo
laquo Je me sens libre raquo
laquo Peindre est le seul acte
drsquoautonomie de ma vie raquo
laquo Je ne suis pas inutile quand je
peins raquo
laquo Jrsquooublie mes problegravemes raquo
laquo Peindre me procure du
bien-ecirctreraquo
laquo et si jrsquoeacutetais toi je rajouterai un peu de bleu mais crsquoest un conseil hellip raquo
32
Les Cordeacutees 1 premier reacuteseau social au monde puisque eacutetant neacute en 1933 a la volonteacute de partager avec chacun de creacuteer du lien de rompre la solitude et drsquoapporter agrave chacun le sou-tien de lrsquoautre Elles ne sont ni un site de rencontres ni un forum traditionnelhellip Juste des eacutechanges entre chacun
Mais les cordistes peuvent aussi ecirctre poegravetes nouvellistes etc Et lrsquoune drsquoentre-elles propose de creacuteer un concours litteacuteraire en partenariat avec lrsquoassociation laquoRegardsraquo2 afin de se confronter avec le monde artistique et litteacuteraire mais aussi de donner agrave chacun la place qui lui revient dans ce domaine
Ouvert agrave tous les auteurs francophones du monde entier ce concours attribue 15 prix dans des genres litteacuteraires aussi divers que la poeacutesie le conte le texte humoristique la lettre etc
(1) wwwcordeesapfassofr(2) wwwregardsassofr
Yvonne Ollier et Noeumllle Pirony
Remise des prix du concours litteacuteraire des cordeacutees 2015
Alain Rochon Preacutesident de lrsquoAPF remet le prix de La belle cordiegravere agraveYves-Fred Boisset
Remise du prix Callibour par Bruno Gaurier agrave Dominique Corbillet
Eacutecriturehellip
laquoAh Les Cordeacutees Crsquoest agrave chaque foisUn moyen de srsquoeacutevaderOublier son deacutesarroiEt se sentir appreacutecieacute
Ah Les Cordeacutees Si elles nrsquoexistaient pas
Il faudrait les inventer raquo
Alain Stienne
Cette brochure a eacuteteacute reacutealiseacutee dans le cadre drsquoun projet de BTS Communicationet Industries Graphiques agrave Gobelins lrsquoeacutecole de lrsquoimage
Reacutealisation graphique Weiyin CHEN - Nastasia ZIVANOVIC
Impression Charlegravene VINCENT - Manon DUHAYOT
Faccedilonnage Charlegravene VINCENT - Manon DUHAYOT - Weiyin CHEN - Nastasia ZIVANOVIC
Conceptionreacutealisation Sylvaine PONROY Joeumllle BEacuteCARD
Poegravemes Peintures Collectif
Ce projet est destineacute agrave lrsquoassociation APF et nrsquoa pas de but lucratif
ISBN 979- 10- 93207- 15- 5
Nous remercions les eacutelegraveves de lrsquoEacutecole des Gobelins et leur professeur Monsieur Gilles Philippe pour leur eacutecoute et leur professionnalisme qui ont permis la reacutealisation de ce livre dart
ISBN 979- 10- 93207- 15- 5
Interdit agrave la vente
Fanta
isies
20
Eri
c M
arch
and
Sonnet de soieSoupir de soie ourleacute peacutetille drsquooutremer
Je flotte doucement au sommet de ta vagueLe ressac peut hurler sur tes eaux je divague
Vers des cieux plus cleacutements srsquoenfuit le temps amer
Je te veux brigantin dans les bras de la merLaisse-moi deacuteriver sans peur de la madrague
Sous la nef du soleil lrsquoeacuteclair bleu nuit zigzaguePoseacuteidon deacutetruit un regret doux-amer
A chevaucher le flot sur une fleur drsquoeacutecumeDeacuteferlante drsquoazur ton regard me consume
Viens accoster mon port sur tes rouleaux drsquoargent
Mais lrsquoaquilon surgit suborneur de lumiegravereSeacuteduit lrsquoaventurier reacutecif de mon tourment
Voguer sur lrsquo illusion mourir sur sa criniegravere
Nicole Portay
22
Ale
xand
ra M
ayol
le
Sonnet de sang
Les pantins deacutechireacutes balancent doucementLeurs chairs en habits noirs lorsque le saule pleureTango lent des bouffons seacutepareacutes mais vient lrsquoheure
Des noces vermillon mortel accouplement
Dans mon jardin ruineacute gicirct le renoncementDu recircve poignardeacute qursquoun long sanglot effleure
Ce soir le lien tisseacute srsquoest deacutenoueacute doux leurreDe lrsquoespoir enivreacute du vin de mon tourment
Il nrsquoest pas loin le temps ougrave de feu jrsquoeacutetais reineDe lrsquoaurore au couchant sur ton damier sereine
Quand ton regard mrsquooffrait la couleur du plaisir
Restent les mots de sang drsquoun sonnet deacuterisoireHaillons et oripeaux des tercets du deacutesir
Quand la muse se rit des eacutetreintes sans gloire
Nicole Portay
24
Sac
ha
Grand-megravereLa table et son miroir occupaient en ce temps
Un coin de chaque chambre avec broc gant cuvetteLes ablutions drsquohiver ne duraient pas longtemps
Personne ne musait agrave faire la toilettehellip
Passant pregraves de mon lit elle posait un baiserSur mon front ou ma joue juste sortis de lrsquoombre
Attachait dans le dos les pans du tablierPuis lissait ses cheveux courbeacutee dans la peacutenombre
Quand elle se redressait un serpent poivre et selSe lovait sur sa tecircte en un geste admirableTrois eacutepingles fixaient le chignon rituel
Il faisait de Lucie la grand-megravere immuable
La chaleur mrsquoaccueillait dans lrsquoantique cuisineQuand lrsquoheure eacutetait venue du petit-deacutejeuner Le lait sucreacute de miel le beurre sur la tartine
Ressuscitaient mes sens pour mieux les reacutegaler
Debout pregraves du bahut souvent elle mangeaitAvec un croucircton sec le reste de garbure
Connaissait la valeur que ce peu figuraitNe gaspillait jamais la moindre nourriture
Cette femme savait le prix de la sueurCombien au potager la terre paraicirct basse
Avait connu la faim dans les anneacutees drsquohorreurEn gardait souvenir dans sa deacutemarche lasse
Jrsquoeacutetais trop jeune encore et ne comprenais pasTant de parcimonie qui semblait avarice
Si je jette aujourdrsquohui les reliefs drsquoun repasUne voix quelque part se fait reacuteprobatricehellip
Dominique Corbillet
26
Lyo
nel C
ollo
t
Le nez qui grattejrsquoai le nez qui me gratte
jetord mon nez
sans remuer mainsans quitter la poseagrave la faccedilon drsquoune feacutee
precirct agrave
eacuteternuer
jrsquoai eu tortde regarder vers lui
jrsquoai eu soudaindes raclements
entre le nezet le haut du palais
jrsquoai senti roulerune drocircle de foudre au ventre une
envie de
rire
sans bouger drsquoun passans quitter la pose
je pince mes legravevres fortje concentre mon effort
Afin de contenirCes roulements insistants
Deacutejagrave suintent des bribes drsquoeacuteclatsje
me fissure deacutejagrave
ces larmess en teacutemoignentdans mes yeux plisseacutes
la vessie presseet plieacute le corps
nrsquo en peutplus
drsquo
Se contenir tout en tenant la garde-agrave-vous
La suite est humide au fond du pontalonet ne se deacutecrit donc guegravere
Il libeacutera un rireEt fucirct condamneacute emprisonneacute
Pour attentat aux bonnes maniegraveresCar en pleine place drsquoarmes
Juste au moment du salutIl explosa au nez tordu du geacuteneacuteral
MouduCe dernier dit-on
Fut blesseacute de cet effront tout de mecircmeCrsquoeacutetait peut-ecirctre un abus
Mais pas un obus
Quand le rire est lrsquoarmeEt lrsquooffenseacute lrsquoesprit
Ce nrsquoest pas un drameCar celui qui rit
est aussi coupableque celui qui fait rireconcluons donc que
cet eacuteclat entre eux deuxsitocirct vrillant lrsquoair
ne leur appartient plusaussi
il aurait mieux valu iciagrave preacutesent crsquoest sucircr
qursquoil eacuteternue
Steacutephane Deloy
Se retenir de
28
Jacq
ueli
ne B
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n
La petiteSur sa peau luisante et satineacutee
Elle a mis un collier de perles rougesDe ces perles sanguines qui voudraient raconter
Les anneacutees de famine les heures ougrave rien ne bougeAssise au bureau drsquoun jour sans eacutecole
Les journeacutees de pluie sous un toit de tocircleLa chaise sur le bord drsquoune route agrave voir les gens passer
Le cahier gommeacute et reacuteeacutecrit toujours recommenceacuteLes heures de soleil trop chaud agrave travailler
Les soirs beaucoup trop noirs pour pouvoir raconterSous lrsquoampoule ballante lrsquoeffort de la journeacutee
La petite barbote dans son universDrsquoun appareil photo agrave qui elle confie
Les gestes les cambrures et les jolis yeux vertsNul besoin pour elle drsquoapprendre les poses et les deacutefis
Chez elle crsquoest inneacuteElle fuira son icircle qursquoelle a pourtant aimeacuteeSon village bruyant et les vieux fatigueacutes
Assis sous les varangues les yeux et toujours mouilleacutesOugrave les chiens et les poules font bonne communauteacute
Elle sera actrice de bande dessineacuteeFeuilleton qursquoelle suit le soir agrave la teacuteleacute
La petite voyage du haut de ses huit ansDes recircves plein les yeux et la victoire aux dents
Elfe des alizeacutes sa silhouette vole aux vagues enjoueacuteesSes jupons srsquoentortillent aux airs de meringueacute
Elle devient feacuteline dans le vert du regardQursquoelle accroche aux eacutetoiles un soir
De grand deacuteparthellip
Nicole Monin
30
A lrsquoatelierhellip
Depuis de si nombreuses anneacutees Joeumllle artiste peintre et plasticienne anime avec attachement talent deacutelicatesse imagination les personnes en situa-tion de handicap (et souvent de grande deacutependance) auteurs des œuvres livreacutees dans cet ouvrage
Drsquoaucuns la qualifient de laquo feacutee raquo une bonne feacutee qui depuis tout ce temps ouvre portes et fenecirctres agrave la force de la creacuteation qui naicirct vit se propage chez tout ecirctre humain Elle amegravene chacune et chacun de celles et ceux qui prennent part aux ateliers dans plusieurs lieux drsquoaccueil de lrsquoAPF agrave livrer avec la sensibiliteacute et les moyens qui leur sont propres ce jaillissement de creacuteation qui fait la toile lrsquoeacuterige en œuvre la conduit ensuite agrave ecirctre exposeacutee reccedilue contempleacutee meacutediteacutee
Il faut dire que les ateliers ne srsquoen laissent pas compter joie eacuteclats de rire laquo cris raquo parfois ndash et pensons aux poegravemes anciens intituleacutes laquo Cris de Paris raquo ndash dominent la fourmiliegravere parfois lente parfois plus rapide plus violente quand par exemple les roues de certains fauteuils roulants sont mises agrave contributionhellip
Oui bien sucircr il faut adapter mais crsquoest le laquo jeu raquo Il faut le tenir le pinceau Joeumllle le sait elle la premiegravere Appel sera fait degraves lors agrave des professionnels dont crsquoest le meacutetier Une seule question comment cette personne peut-elle se positionner pour donner le meilleur drsquoelle-mecircme dans lrsquoœuvre qursquoelle concocte Les mains les pieds la meacutediation drsquoune licorne poseacutee au front et lrsquo instrument srsquoinvente srsquoadapte suit son cours srsquooublie ndash car crsquoest le geste lrsquoesprit du geste on dit encore laquo la raquo geste qui porte la parolePeindre Lrsquoacte ougrave tant et tout se donne une force qui plombe parfois une leacutegegravereteacute aussi qui eacutelegraveve un rire une solitude une douleur une tristesse Combien de peintres de par le monde nrsquoont-ils pas laquo dit raquo deacutepeint leurs moments de profond deacutesarroi Lrsquoenfermement lrsquo incompreacutehension se faire comprendre quel travail Eh bien Joeumllle elle comprend tout Bien au-delagrave des mots Une simple trace sur la toile et quelque chose est dit Deacutejagrave Drsquoores et deacutejagrave reccedilu entendu Le simple truchement de son regard
Peindre alors un privilegravege Sans doute Mais avec si belle et si bonne amie si belle et bonne accompagnante de creacuteation ce sont des espaces de liberteacute qui srsquoouvrent et des bonheurs qui srsquoeacutechangent se disent se peignent srsquoexposent Tant pour les artistes les auteurs que pour celles et ceux qui viendront aux œuvres seront regardeacutes du coin de lrsquoœil par elles Lrsquoœuvre veille est en veille permanente Et Joeumllle de mecircme
Bruno Gaurieret Sylvaine Ponroy
31
laquo Peindre crsquoest un plaisir raquo
laquo Peindre me permet de voyager
et de rencontrer drsquoautres
techniques raquo
laquo Lrsquoart apaise mes douleurs raquo
laquo Je me sens libre raquo
laquo Peindre est le seul acte
drsquoautonomie de ma vie raquo
laquo Je ne suis pas inutile quand je
peins raquo
laquo Jrsquooublie mes problegravemes raquo
laquo Peindre me procure du
bien-ecirctreraquo
laquo et si jrsquoeacutetais toi je rajouterai un peu de bleu mais crsquoest un conseil hellip raquo
32
Les Cordeacutees 1 premier reacuteseau social au monde puisque eacutetant neacute en 1933 a la volonteacute de partager avec chacun de creacuteer du lien de rompre la solitude et drsquoapporter agrave chacun le sou-tien de lrsquoautre Elles ne sont ni un site de rencontres ni un forum traditionnelhellip Juste des eacutechanges entre chacun
Mais les cordistes peuvent aussi ecirctre poegravetes nouvellistes etc Et lrsquoune drsquoentre-elles propose de creacuteer un concours litteacuteraire en partenariat avec lrsquoassociation laquoRegardsraquo2 afin de se confronter avec le monde artistique et litteacuteraire mais aussi de donner agrave chacun la place qui lui revient dans ce domaine
Ouvert agrave tous les auteurs francophones du monde entier ce concours attribue 15 prix dans des genres litteacuteraires aussi divers que la poeacutesie le conte le texte humoristique la lettre etc
(1) wwwcordeesapfassofr(2) wwwregardsassofr
Yvonne Ollier et Noeumllle Pirony
Remise des prix du concours litteacuteraire des cordeacutees 2015
Alain Rochon Preacutesident de lrsquoAPF remet le prix de La belle cordiegravere agraveYves-Fred Boisset
Remise du prix Callibour par Bruno Gaurier agrave Dominique Corbillet
Eacutecriturehellip
laquoAh Les Cordeacutees Crsquoest agrave chaque foisUn moyen de srsquoeacutevaderOublier son deacutesarroiEt se sentir appreacutecieacute
Ah Les Cordeacutees Si elles nrsquoexistaient pas
Il faudrait les inventer raquo
Alain Stienne
Cette brochure a eacuteteacute reacutealiseacutee dans le cadre drsquoun projet de BTS Communicationet Industries Graphiques agrave Gobelins lrsquoeacutecole de lrsquoimage
Reacutealisation graphique Weiyin CHEN - Nastasia ZIVANOVIC
Impression Charlegravene VINCENT - Manon DUHAYOT
Faccedilonnage Charlegravene VINCENT - Manon DUHAYOT - Weiyin CHEN - Nastasia ZIVANOVIC
Conceptionreacutealisation Sylvaine PONROY Joeumllle BEacuteCARD
Poegravemes Peintures Collectif
Ce projet est destineacute agrave lrsquoassociation APF et nrsquoa pas de but lucratif
ISBN 979- 10- 93207- 15- 5
Nous remercions les eacutelegraveves de lrsquoEacutecole des Gobelins et leur professeur Monsieur Gilles Philippe pour leur eacutecoute et leur professionnalisme qui ont permis la reacutealisation de ce livre dart
ISBN 979- 10- 93207- 15- 5
Interdit agrave la vente
Fanta
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le
Sonnet de sang
Les pantins deacutechireacutes balancent doucementLeurs chairs en habits noirs lorsque le saule pleureTango lent des bouffons seacutepareacutes mais vient lrsquoheure
Des noces vermillon mortel accouplement
Dans mon jardin ruineacute gicirct le renoncementDu recircve poignardeacute qursquoun long sanglot effleure
Ce soir le lien tisseacute srsquoest deacutenoueacute doux leurreDe lrsquoespoir enivreacute du vin de mon tourment
Il nrsquoest pas loin le temps ougrave de feu jrsquoeacutetais reineDe lrsquoaurore au couchant sur ton damier sereine
Quand ton regard mrsquooffrait la couleur du plaisir
Restent les mots de sang drsquoun sonnet deacuterisoireHaillons et oripeaux des tercets du deacutesir
Quand la muse se rit des eacutetreintes sans gloire
Nicole Portay
24
Sac
ha
Grand-megravereLa table et son miroir occupaient en ce temps
Un coin de chaque chambre avec broc gant cuvetteLes ablutions drsquohiver ne duraient pas longtemps
Personne ne musait agrave faire la toilettehellip
Passant pregraves de mon lit elle posait un baiserSur mon front ou ma joue juste sortis de lrsquoombre
Attachait dans le dos les pans du tablierPuis lissait ses cheveux courbeacutee dans la peacutenombre
Quand elle se redressait un serpent poivre et selSe lovait sur sa tecircte en un geste admirableTrois eacutepingles fixaient le chignon rituel
Il faisait de Lucie la grand-megravere immuable
La chaleur mrsquoaccueillait dans lrsquoantique cuisineQuand lrsquoheure eacutetait venue du petit-deacutejeuner Le lait sucreacute de miel le beurre sur la tartine
Ressuscitaient mes sens pour mieux les reacutegaler
Debout pregraves du bahut souvent elle mangeaitAvec un croucircton sec le reste de garbure
Connaissait la valeur que ce peu figuraitNe gaspillait jamais la moindre nourriture
Cette femme savait le prix de la sueurCombien au potager la terre paraicirct basse
Avait connu la faim dans les anneacutees drsquohorreurEn gardait souvenir dans sa deacutemarche lasse
Jrsquoeacutetais trop jeune encore et ne comprenais pasTant de parcimonie qui semblait avarice
Si je jette aujourdrsquohui les reliefs drsquoun repasUne voix quelque part se fait reacuteprobatricehellip
Dominique Corbillet
26
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Le nez qui grattejrsquoai le nez qui me gratte
jetord mon nez
sans remuer mainsans quitter la poseagrave la faccedilon drsquoune feacutee
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eacuteternuer
jrsquoai eu tortde regarder vers lui
jrsquoai eu soudaindes raclements
entre le nezet le haut du palais
jrsquoai senti roulerune drocircle de foudre au ventre une
envie de
rire
sans bouger drsquoun passans quitter la pose
je pince mes legravevres fortje concentre mon effort
Afin de contenirCes roulements insistants
Deacutejagrave suintent des bribes drsquoeacuteclatsje
me fissure deacutejagrave
ces larmess en teacutemoignentdans mes yeux plisseacutes
la vessie presseet plieacute le corps
nrsquo en peutplus
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Se contenir tout en tenant la garde-agrave-vous
La suite est humide au fond du pontalonet ne se deacutecrit donc guegravere
Il libeacutera un rireEt fucirct condamneacute emprisonneacute
Pour attentat aux bonnes maniegraveresCar en pleine place drsquoarmes
Juste au moment du salutIl explosa au nez tordu du geacuteneacuteral
MouduCe dernier dit-on
Fut blesseacute de cet effront tout de mecircmeCrsquoeacutetait peut-ecirctre un abus
Mais pas un obus
Quand le rire est lrsquoarmeEt lrsquooffenseacute lrsquoesprit
Ce nrsquoest pas un drameCar celui qui rit
est aussi coupableque celui qui fait rireconcluons donc que
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ne leur appartient plusaussi
il aurait mieux valu iciagrave preacutesent crsquoest sucircr
qursquoil eacuteternue
Steacutephane Deloy
Se retenir de
28
Jacq
ueli
ne B
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La petiteSur sa peau luisante et satineacutee
Elle a mis un collier de perles rougesDe ces perles sanguines qui voudraient raconter
Les anneacutees de famine les heures ougrave rien ne bougeAssise au bureau drsquoun jour sans eacutecole
Les journeacutees de pluie sous un toit de tocircleLa chaise sur le bord drsquoune route agrave voir les gens passer
Le cahier gommeacute et reacuteeacutecrit toujours recommenceacuteLes heures de soleil trop chaud agrave travailler
Les soirs beaucoup trop noirs pour pouvoir raconterSous lrsquoampoule ballante lrsquoeffort de la journeacutee
La petite barbote dans son universDrsquoun appareil photo agrave qui elle confie
Les gestes les cambrures et les jolis yeux vertsNul besoin pour elle drsquoapprendre les poses et les deacutefis
Chez elle crsquoest inneacuteElle fuira son icircle qursquoelle a pourtant aimeacuteeSon village bruyant et les vieux fatigueacutes
Assis sous les varangues les yeux et toujours mouilleacutesOugrave les chiens et les poules font bonne communauteacute
Elle sera actrice de bande dessineacuteeFeuilleton qursquoelle suit le soir agrave la teacuteleacute
La petite voyage du haut de ses huit ansDes recircves plein les yeux et la victoire aux dents
Elfe des alizeacutes sa silhouette vole aux vagues enjoueacuteesSes jupons srsquoentortillent aux airs de meringueacute
Elle devient feacuteline dans le vert du regardQursquoelle accroche aux eacutetoiles un soir
De grand deacuteparthellip
Nicole Monin
30
A lrsquoatelierhellip
Depuis de si nombreuses anneacutees Joeumllle artiste peintre et plasticienne anime avec attachement talent deacutelicatesse imagination les personnes en situa-tion de handicap (et souvent de grande deacutependance) auteurs des œuvres livreacutees dans cet ouvrage
Drsquoaucuns la qualifient de laquo feacutee raquo une bonne feacutee qui depuis tout ce temps ouvre portes et fenecirctres agrave la force de la creacuteation qui naicirct vit se propage chez tout ecirctre humain Elle amegravene chacune et chacun de celles et ceux qui prennent part aux ateliers dans plusieurs lieux drsquoaccueil de lrsquoAPF agrave livrer avec la sensibiliteacute et les moyens qui leur sont propres ce jaillissement de creacuteation qui fait la toile lrsquoeacuterige en œuvre la conduit ensuite agrave ecirctre exposeacutee reccedilue contempleacutee meacutediteacutee
Il faut dire que les ateliers ne srsquoen laissent pas compter joie eacuteclats de rire laquo cris raquo parfois ndash et pensons aux poegravemes anciens intituleacutes laquo Cris de Paris raquo ndash dominent la fourmiliegravere parfois lente parfois plus rapide plus violente quand par exemple les roues de certains fauteuils roulants sont mises agrave contributionhellip
Oui bien sucircr il faut adapter mais crsquoest le laquo jeu raquo Il faut le tenir le pinceau Joeumllle le sait elle la premiegravere Appel sera fait degraves lors agrave des professionnels dont crsquoest le meacutetier Une seule question comment cette personne peut-elle se positionner pour donner le meilleur drsquoelle-mecircme dans lrsquoœuvre qursquoelle concocte Les mains les pieds la meacutediation drsquoune licorne poseacutee au front et lrsquo instrument srsquoinvente srsquoadapte suit son cours srsquooublie ndash car crsquoest le geste lrsquoesprit du geste on dit encore laquo la raquo geste qui porte la parolePeindre Lrsquoacte ougrave tant et tout se donne une force qui plombe parfois une leacutegegravereteacute aussi qui eacutelegraveve un rire une solitude une douleur une tristesse Combien de peintres de par le monde nrsquoont-ils pas laquo dit raquo deacutepeint leurs moments de profond deacutesarroi Lrsquoenfermement lrsquo incompreacutehension se faire comprendre quel travail Eh bien Joeumllle elle comprend tout Bien au-delagrave des mots Une simple trace sur la toile et quelque chose est dit Deacutejagrave Drsquoores et deacutejagrave reccedilu entendu Le simple truchement de son regard
Peindre alors un privilegravege Sans doute Mais avec si belle et si bonne amie si belle et bonne accompagnante de creacuteation ce sont des espaces de liberteacute qui srsquoouvrent et des bonheurs qui srsquoeacutechangent se disent se peignent srsquoexposent Tant pour les artistes les auteurs que pour celles et ceux qui viendront aux œuvres seront regardeacutes du coin de lrsquoœil par elles Lrsquoœuvre veille est en veille permanente Et Joeumllle de mecircme
Bruno Gaurieret Sylvaine Ponroy
31
laquo Peindre crsquoest un plaisir raquo
laquo Peindre me permet de voyager
et de rencontrer drsquoautres
techniques raquo
laquo Lrsquoart apaise mes douleurs raquo
laquo Je me sens libre raquo
laquo Peindre est le seul acte
drsquoautonomie de ma vie raquo
laquo Je ne suis pas inutile quand je
peins raquo
laquo Jrsquooublie mes problegravemes raquo
laquo Peindre me procure du
bien-ecirctreraquo
laquo et si jrsquoeacutetais toi je rajouterai un peu de bleu mais crsquoest un conseil hellip raquo
32
Les Cordeacutees 1 premier reacuteseau social au monde puisque eacutetant neacute en 1933 a la volonteacute de partager avec chacun de creacuteer du lien de rompre la solitude et drsquoapporter agrave chacun le sou-tien de lrsquoautre Elles ne sont ni un site de rencontres ni un forum traditionnelhellip Juste des eacutechanges entre chacun
Mais les cordistes peuvent aussi ecirctre poegravetes nouvellistes etc Et lrsquoune drsquoentre-elles propose de creacuteer un concours litteacuteraire en partenariat avec lrsquoassociation laquoRegardsraquo2 afin de se confronter avec le monde artistique et litteacuteraire mais aussi de donner agrave chacun la place qui lui revient dans ce domaine
Ouvert agrave tous les auteurs francophones du monde entier ce concours attribue 15 prix dans des genres litteacuteraires aussi divers que la poeacutesie le conte le texte humoristique la lettre etc
(1) wwwcordeesapfassofr(2) wwwregardsassofr
Yvonne Ollier et Noeumllle Pirony
Remise des prix du concours litteacuteraire des cordeacutees 2015
Alain Rochon Preacutesident de lrsquoAPF remet le prix de La belle cordiegravere agraveYves-Fred Boisset
Remise du prix Callibour par Bruno Gaurier agrave Dominique Corbillet
Eacutecriturehellip
laquoAh Les Cordeacutees Crsquoest agrave chaque foisUn moyen de srsquoeacutevaderOublier son deacutesarroiEt se sentir appreacutecieacute
Ah Les Cordeacutees Si elles nrsquoexistaient pas
Il faudrait les inventer raquo
Alain Stienne
Cette brochure a eacuteteacute reacutealiseacutee dans le cadre drsquoun projet de BTS Communicationet Industries Graphiques agrave Gobelins lrsquoeacutecole de lrsquoimage
Reacutealisation graphique Weiyin CHEN - Nastasia ZIVANOVIC
Impression Charlegravene VINCENT - Manon DUHAYOT
Faccedilonnage Charlegravene VINCENT - Manon DUHAYOT - Weiyin CHEN - Nastasia ZIVANOVIC
Conceptionreacutealisation Sylvaine PONROY Joeumllle BEacuteCARD
Poegravemes Peintures Collectif
Ce projet est destineacute agrave lrsquoassociation APF et nrsquoa pas de but lucratif
ISBN 979- 10- 93207- 15- 5
Nous remercions les eacutelegraveves de lrsquoEacutecole des Gobelins et leur professeur Monsieur Gilles Philippe pour leur eacutecoute et leur professionnalisme qui ont permis la reacutealisation de ce livre dart
ISBN 979- 10- 93207- 15- 5
Interdit agrave la vente
Fanta
isies
24
Sac
ha
Grand-megravereLa table et son miroir occupaient en ce temps
Un coin de chaque chambre avec broc gant cuvetteLes ablutions drsquohiver ne duraient pas longtemps
Personne ne musait agrave faire la toilettehellip
Passant pregraves de mon lit elle posait un baiserSur mon front ou ma joue juste sortis de lrsquoombre
Attachait dans le dos les pans du tablierPuis lissait ses cheveux courbeacutee dans la peacutenombre
Quand elle se redressait un serpent poivre et selSe lovait sur sa tecircte en un geste admirableTrois eacutepingles fixaient le chignon rituel
Il faisait de Lucie la grand-megravere immuable
La chaleur mrsquoaccueillait dans lrsquoantique cuisineQuand lrsquoheure eacutetait venue du petit-deacutejeuner Le lait sucreacute de miel le beurre sur la tartine
Ressuscitaient mes sens pour mieux les reacutegaler
Debout pregraves du bahut souvent elle mangeaitAvec un croucircton sec le reste de garbure
Connaissait la valeur que ce peu figuraitNe gaspillait jamais la moindre nourriture
Cette femme savait le prix de la sueurCombien au potager la terre paraicirct basse
Avait connu la faim dans les anneacutees drsquohorreurEn gardait souvenir dans sa deacutemarche lasse
Jrsquoeacutetais trop jeune encore et ne comprenais pasTant de parcimonie qui semblait avarice
Si je jette aujourdrsquohui les reliefs drsquoun repasUne voix quelque part se fait reacuteprobatricehellip
Dominique Corbillet
26
Lyo
nel C
ollo
t
Le nez qui grattejrsquoai le nez qui me gratte
jetord mon nez
sans remuer mainsans quitter la poseagrave la faccedilon drsquoune feacutee
precirct agrave
eacuteternuer
jrsquoai eu tortde regarder vers lui
jrsquoai eu soudaindes raclements
entre le nezet le haut du palais
jrsquoai senti roulerune drocircle de foudre au ventre une
envie de
rire
sans bouger drsquoun passans quitter la pose
je pince mes legravevres fortje concentre mon effort
Afin de contenirCes roulements insistants
Deacutejagrave suintent des bribes drsquoeacuteclatsje
me fissure deacutejagrave
ces larmess en teacutemoignentdans mes yeux plisseacutes
la vessie presseet plieacute le corps
nrsquo en peutplus
drsquo
Se contenir tout en tenant la garde-agrave-vous
La suite est humide au fond du pontalonet ne se deacutecrit donc guegravere
Il libeacutera un rireEt fucirct condamneacute emprisonneacute
Pour attentat aux bonnes maniegraveresCar en pleine place drsquoarmes
Juste au moment du salutIl explosa au nez tordu du geacuteneacuteral
MouduCe dernier dit-on
Fut blesseacute de cet effront tout de mecircmeCrsquoeacutetait peut-ecirctre un abus
Mais pas un obus
Quand le rire est lrsquoarmeEt lrsquooffenseacute lrsquoesprit
Ce nrsquoest pas un drameCar celui qui rit
est aussi coupableque celui qui fait rireconcluons donc que
cet eacuteclat entre eux deuxsitocirct vrillant lrsquoair
ne leur appartient plusaussi
il aurait mieux valu iciagrave preacutesent crsquoest sucircr
qursquoil eacuteternue
Steacutephane Deloy
Se retenir de
28
Jacq
ueli
ne B
erli
n
La petiteSur sa peau luisante et satineacutee
Elle a mis un collier de perles rougesDe ces perles sanguines qui voudraient raconter
Les anneacutees de famine les heures ougrave rien ne bougeAssise au bureau drsquoun jour sans eacutecole
Les journeacutees de pluie sous un toit de tocircleLa chaise sur le bord drsquoune route agrave voir les gens passer
Le cahier gommeacute et reacuteeacutecrit toujours recommenceacuteLes heures de soleil trop chaud agrave travailler
Les soirs beaucoup trop noirs pour pouvoir raconterSous lrsquoampoule ballante lrsquoeffort de la journeacutee
La petite barbote dans son universDrsquoun appareil photo agrave qui elle confie
Les gestes les cambrures et les jolis yeux vertsNul besoin pour elle drsquoapprendre les poses et les deacutefis
Chez elle crsquoest inneacuteElle fuira son icircle qursquoelle a pourtant aimeacuteeSon village bruyant et les vieux fatigueacutes
Assis sous les varangues les yeux et toujours mouilleacutesOugrave les chiens et les poules font bonne communauteacute
Elle sera actrice de bande dessineacuteeFeuilleton qursquoelle suit le soir agrave la teacuteleacute
La petite voyage du haut de ses huit ansDes recircves plein les yeux et la victoire aux dents
Elfe des alizeacutes sa silhouette vole aux vagues enjoueacuteesSes jupons srsquoentortillent aux airs de meringueacute
Elle devient feacuteline dans le vert du regardQursquoelle accroche aux eacutetoiles un soir
De grand deacuteparthellip
Nicole Monin
30
A lrsquoatelierhellip
Depuis de si nombreuses anneacutees Joeumllle artiste peintre et plasticienne anime avec attachement talent deacutelicatesse imagination les personnes en situa-tion de handicap (et souvent de grande deacutependance) auteurs des œuvres livreacutees dans cet ouvrage
Drsquoaucuns la qualifient de laquo feacutee raquo une bonne feacutee qui depuis tout ce temps ouvre portes et fenecirctres agrave la force de la creacuteation qui naicirct vit se propage chez tout ecirctre humain Elle amegravene chacune et chacun de celles et ceux qui prennent part aux ateliers dans plusieurs lieux drsquoaccueil de lrsquoAPF agrave livrer avec la sensibiliteacute et les moyens qui leur sont propres ce jaillissement de creacuteation qui fait la toile lrsquoeacuterige en œuvre la conduit ensuite agrave ecirctre exposeacutee reccedilue contempleacutee meacutediteacutee
Il faut dire que les ateliers ne srsquoen laissent pas compter joie eacuteclats de rire laquo cris raquo parfois ndash et pensons aux poegravemes anciens intituleacutes laquo Cris de Paris raquo ndash dominent la fourmiliegravere parfois lente parfois plus rapide plus violente quand par exemple les roues de certains fauteuils roulants sont mises agrave contributionhellip
Oui bien sucircr il faut adapter mais crsquoest le laquo jeu raquo Il faut le tenir le pinceau Joeumllle le sait elle la premiegravere Appel sera fait degraves lors agrave des professionnels dont crsquoest le meacutetier Une seule question comment cette personne peut-elle se positionner pour donner le meilleur drsquoelle-mecircme dans lrsquoœuvre qursquoelle concocte Les mains les pieds la meacutediation drsquoune licorne poseacutee au front et lrsquo instrument srsquoinvente srsquoadapte suit son cours srsquooublie ndash car crsquoest le geste lrsquoesprit du geste on dit encore laquo la raquo geste qui porte la parolePeindre Lrsquoacte ougrave tant et tout se donne une force qui plombe parfois une leacutegegravereteacute aussi qui eacutelegraveve un rire une solitude une douleur une tristesse Combien de peintres de par le monde nrsquoont-ils pas laquo dit raquo deacutepeint leurs moments de profond deacutesarroi Lrsquoenfermement lrsquo incompreacutehension se faire comprendre quel travail Eh bien Joeumllle elle comprend tout Bien au-delagrave des mots Une simple trace sur la toile et quelque chose est dit Deacutejagrave Drsquoores et deacutejagrave reccedilu entendu Le simple truchement de son regard
Peindre alors un privilegravege Sans doute Mais avec si belle et si bonne amie si belle et bonne accompagnante de creacuteation ce sont des espaces de liberteacute qui srsquoouvrent et des bonheurs qui srsquoeacutechangent se disent se peignent srsquoexposent Tant pour les artistes les auteurs que pour celles et ceux qui viendront aux œuvres seront regardeacutes du coin de lrsquoœil par elles Lrsquoœuvre veille est en veille permanente Et Joeumllle de mecircme
Bruno Gaurieret Sylvaine Ponroy
31
laquo Peindre crsquoest un plaisir raquo
laquo Peindre me permet de voyager
et de rencontrer drsquoautres
techniques raquo
laquo Lrsquoart apaise mes douleurs raquo
laquo Je me sens libre raquo
laquo Peindre est le seul acte
drsquoautonomie de ma vie raquo
laquo Je ne suis pas inutile quand je
peins raquo
laquo Jrsquooublie mes problegravemes raquo
laquo Peindre me procure du
bien-ecirctreraquo
laquo et si jrsquoeacutetais toi je rajouterai un peu de bleu mais crsquoest un conseil hellip raquo
32
Les Cordeacutees 1 premier reacuteseau social au monde puisque eacutetant neacute en 1933 a la volonteacute de partager avec chacun de creacuteer du lien de rompre la solitude et drsquoapporter agrave chacun le sou-tien de lrsquoautre Elles ne sont ni un site de rencontres ni un forum traditionnelhellip Juste des eacutechanges entre chacun
Mais les cordistes peuvent aussi ecirctre poegravetes nouvellistes etc Et lrsquoune drsquoentre-elles propose de creacuteer un concours litteacuteraire en partenariat avec lrsquoassociation laquoRegardsraquo2 afin de se confronter avec le monde artistique et litteacuteraire mais aussi de donner agrave chacun la place qui lui revient dans ce domaine
Ouvert agrave tous les auteurs francophones du monde entier ce concours attribue 15 prix dans des genres litteacuteraires aussi divers que la poeacutesie le conte le texte humoristique la lettre etc
(1) wwwcordeesapfassofr(2) wwwregardsassofr
Yvonne Ollier et Noeumllle Pirony
Remise des prix du concours litteacuteraire des cordeacutees 2015
Alain Rochon Preacutesident de lrsquoAPF remet le prix de La belle cordiegravere agraveYves-Fred Boisset
Remise du prix Callibour par Bruno Gaurier agrave Dominique Corbillet
Eacutecriturehellip
laquoAh Les Cordeacutees Crsquoest agrave chaque foisUn moyen de srsquoeacutevaderOublier son deacutesarroiEt se sentir appreacutecieacute
Ah Les Cordeacutees Si elles nrsquoexistaient pas
Il faudrait les inventer raquo
Alain Stienne
Cette brochure a eacuteteacute reacutealiseacutee dans le cadre drsquoun projet de BTS Communicationet Industries Graphiques agrave Gobelins lrsquoeacutecole de lrsquoimage
Reacutealisation graphique Weiyin CHEN - Nastasia ZIVANOVIC
Impression Charlegravene VINCENT - Manon DUHAYOT
Faccedilonnage Charlegravene VINCENT - Manon DUHAYOT - Weiyin CHEN - Nastasia ZIVANOVIC
Conceptionreacutealisation Sylvaine PONROY Joeumllle BEacuteCARD
Poegravemes Peintures Collectif
Ce projet est destineacute agrave lrsquoassociation APF et nrsquoa pas de but lucratif
ISBN 979- 10- 93207- 15- 5
Nous remercions les eacutelegraveves de lrsquoEacutecole des Gobelins et leur professeur Monsieur Gilles Philippe pour leur eacutecoute et leur professionnalisme qui ont permis la reacutealisation de ce livre dart
ISBN 979- 10- 93207- 15- 5
Interdit agrave la vente
Fanta
isies
26
Lyo
nel C
ollo
t
Le nez qui grattejrsquoai le nez qui me gratte
jetord mon nez
sans remuer mainsans quitter la poseagrave la faccedilon drsquoune feacutee
precirct agrave
eacuteternuer
jrsquoai eu tortde regarder vers lui
jrsquoai eu soudaindes raclements
entre le nezet le haut du palais
jrsquoai senti roulerune drocircle de foudre au ventre une
envie de
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sans bouger drsquoun passans quitter la pose
je pince mes legravevres fortje concentre mon effort
Afin de contenirCes roulements insistants
Deacutejagrave suintent des bribes drsquoeacuteclatsje
me fissure deacutejagrave
ces larmess en teacutemoignentdans mes yeux plisseacutes
la vessie presseet plieacute le corps
nrsquo en peutplus
drsquo
Se contenir tout en tenant la garde-agrave-vous
La suite est humide au fond du pontalonet ne se deacutecrit donc guegravere
Il libeacutera un rireEt fucirct condamneacute emprisonneacute
Pour attentat aux bonnes maniegraveresCar en pleine place drsquoarmes
Juste au moment du salutIl explosa au nez tordu du geacuteneacuteral
MouduCe dernier dit-on
Fut blesseacute de cet effront tout de mecircmeCrsquoeacutetait peut-ecirctre un abus
Mais pas un obus
Quand le rire est lrsquoarmeEt lrsquooffenseacute lrsquoesprit
Ce nrsquoest pas un drameCar celui qui rit
est aussi coupableque celui qui fait rireconcluons donc que
cet eacuteclat entre eux deuxsitocirct vrillant lrsquoair
ne leur appartient plusaussi
il aurait mieux valu iciagrave preacutesent crsquoest sucircr
qursquoil eacuteternue
Steacutephane Deloy
Se retenir de
28
Jacq
ueli
ne B
erli
n
La petiteSur sa peau luisante et satineacutee
Elle a mis un collier de perles rougesDe ces perles sanguines qui voudraient raconter
Les anneacutees de famine les heures ougrave rien ne bougeAssise au bureau drsquoun jour sans eacutecole
Les journeacutees de pluie sous un toit de tocircleLa chaise sur le bord drsquoune route agrave voir les gens passer
Le cahier gommeacute et reacuteeacutecrit toujours recommenceacuteLes heures de soleil trop chaud agrave travailler
Les soirs beaucoup trop noirs pour pouvoir raconterSous lrsquoampoule ballante lrsquoeffort de la journeacutee
La petite barbote dans son universDrsquoun appareil photo agrave qui elle confie
Les gestes les cambrures et les jolis yeux vertsNul besoin pour elle drsquoapprendre les poses et les deacutefis
Chez elle crsquoest inneacuteElle fuira son icircle qursquoelle a pourtant aimeacuteeSon village bruyant et les vieux fatigueacutes
Assis sous les varangues les yeux et toujours mouilleacutesOugrave les chiens et les poules font bonne communauteacute
Elle sera actrice de bande dessineacuteeFeuilleton qursquoelle suit le soir agrave la teacuteleacute
La petite voyage du haut de ses huit ansDes recircves plein les yeux et la victoire aux dents
Elfe des alizeacutes sa silhouette vole aux vagues enjoueacuteesSes jupons srsquoentortillent aux airs de meringueacute
Elle devient feacuteline dans le vert du regardQursquoelle accroche aux eacutetoiles un soir
De grand deacuteparthellip
Nicole Monin
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A lrsquoatelierhellip
Depuis de si nombreuses anneacutees Joeumllle artiste peintre et plasticienne anime avec attachement talent deacutelicatesse imagination les personnes en situa-tion de handicap (et souvent de grande deacutependance) auteurs des œuvres livreacutees dans cet ouvrage
Drsquoaucuns la qualifient de laquo feacutee raquo une bonne feacutee qui depuis tout ce temps ouvre portes et fenecirctres agrave la force de la creacuteation qui naicirct vit se propage chez tout ecirctre humain Elle amegravene chacune et chacun de celles et ceux qui prennent part aux ateliers dans plusieurs lieux drsquoaccueil de lrsquoAPF agrave livrer avec la sensibiliteacute et les moyens qui leur sont propres ce jaillissement de creacuteation qui fait la toile lrsquoeacuterige en œuvre la conduit ensuite agrave ecirctre exposeacutee reccedilue contempleacutee meacutediteacutee
Il faut dire que les ateliers ne srsquoen laissent pas compter joie eacuteclats de rire laquo cris raquo parfois ndash et pensons aux poegravemes anciens intituleacutes laquo Cris de Paris raquo ndash dominent la fourmiliegravere parfois lente parfois plus rapide plus violente quand par exemple les roues de certains fauteuils roulants sont mises agrave contributionhellip
Oui bien sucircr il faut adapter mais crsquoest le laquo jeu raquo Il faut le tenir le pinceau Joeumllle le sait elle la premiegravere Appel sera fait degraves lors agrave des professionnels dont crsquoest le meacutetier Une seule question comment cette personne peut-elle se positionner pour donner le meilleur drsquoelle-mecircme dans lrsquoœuvre qursquoelle concocte Les mains les pieds la meacutediation drsquoune licorne poseacutee au front et lrsquo instrument srsquoinvente srsquoadapte suit son cours srsquooublie ndash car crsquoest le geste lrsquoesprit du geste on dit encore laquo la raquo geste qui porte la parolePeindre Lrsquoacte ougrave tant et tout se donne une force qui plombe parfois une leacutegegravereteacute aussi qui eacutelegraveve un rire une solitude une douleur une tristesse Combien de peintres de par le monde nrsquoont-ils pas laquo dit raquo deacutepeint leurs moments de profond deacutesarroi Lrsquoenfermement lrsquo incompreacutehension se faire comprendre quel travail Eh bien Joeumllle elle comprend tout Bien au-delagrave des mots Une simple trace sur la toile et quelque chose est dit Deacutejagrave Drsquoores et deacutejagrave reccedilu entendu Le simple truchement de son regard
Peindre alors un privilegravege Sans doute Mais avec si belle et si bonne amie si belle et bonne accompagnante de creacuteation ce sont des espaces de liberteacute qui srsquoouvrent et des bonheurs qui srsquoeacutechangent se disent se peignent srsquoexposent Tant pour les artistes les auteurs que pour celles et ceux qui viendront aux œuvres seront regardeacutes du coin de lrsquoœil par elles Lrsquoœuvre veille est en veille permanente Et Joeumllle de mecircme
Bruno Gaurieret Sylvaine Ponroy
31
laquo Peindre crsquoest un plaisir raquo
laquo Peindre me permet de voyager
et de rencontrer drsquoautres
techniques raquo
laquo Lrsquoart apaise mes douleurs raquo
laquo Je me sens libre raquo
laquo Peindre est le seul acte
drsquoautonomie de ma vie raquo
laquo Je ne suis pas inutile quand je
peins raquo
laquo Jrsquooublie mes problegravemes raquo
laquo Peindre me procure du
bien-ecirctreraquo
laquo et si jrsquoeacutetais toi je rajouterai un peu de bleu mais crsquoest un conseil hellip raquo
32
Les Cordeacutees 1 premier reacuteseau social au monde puisque eacutetant neacute en 1933 a la volonteacute de partager avec chacun de creacuteer du lien de rompre la solitude et drsquoapporter agrave chacun le sou-tien de lrsquoautre Elles ne sont ni un site de rencontres ni un forum traditionnelhellip Juste des eacutechanges entre chacun
Mais les cordistes peuvent aussi ecirctre poegravetes nouvellistes etc Et lrsquoune drsquoentre-elles propose de creacuteer un concours litteacuteraire en partenariat avec lrsquoassociation laquoRegardsraquo2 afin de se confronter avec le monde artistique et litteacuteraire mais aussi de donner agrave chacun la place qui lui revient dans ce domaine
Ouvert agrave tous les auteurs francophones du monde entier ce concours attribue 15 prix dans des genres litteacuteraires aussi divers que la poeacutesie le conte le texte humoristique la lettre etc
(1) wwwcordeesapfassofr(2) wwwregardsassofr
Yvonne Ollier et Noeumllle Pirony
Remise des prix du concours litteacuteraire des cordeacutees 2015
Alain Rochon Preacutesident de lrsquoAPF remet le prix de La belle cordiegravere agraveYves-Fred Boisset
Remise du prix Callibour par Bruno Gaurier agrave Dominique Corbillet
Eacutecriturehellip
laquoAh Les Cordeacutees Crsquoest agrave chaque foisUn moyen de srsquoeacutevaderOublier son deacutesarroiEt se sentir appreacutecieacute
Ah Les Cordeacutees Si elles nrsquoexistaient pas
Il faudrait les inventer raquo
Alain Stienne
Cette brochure a eacuteteacute reacutealiseacutee dans le cadre drsquoun projet de BTS Communicationet Industries Graphiques agrave Gobelins lrsquoeacutecole de lrsquoimage
Reacutealisation graphique Weiyin CHEN - Nastasia ZIVANOVIC
Impression Charlegravene VINCENT - Manon DUHAYOT
Faccedilonnage Charlegravene VINCENT - Manon DUHAYOT - Weiyin CHEN - Nastasia ZIVANOVIC
Conceptionreacutealisation Sylvaine PONROY Joeumllle BEacuteCARD
Poegravemes Peintures Collectif
Ce projet est destineacute agrave lrsquoassociation APF et nrsquoa pas de but lucratif
ISBN 979- 10- 93207- 15- 5
Nous remercions les eacutelegraveves de lrsquoEacutecole des Gobelins et leur professeur Monsieur Gilles Philippe pour leur eacutecoute et leur professionnalisme qui ont permis la reacutealisation de ce livre dart
ISBN 979- 10- 93207- 15- 5
Interdit agrave la vente
Fanta
isies
28
Jacq
ueli
ne B
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La petiteSur sa peau luisante et satineacutee
Elle a mis un collier de perles rougesDe ces perles sanguines qui voudraient raconter
Les anneacutees de famine les heures ougrave rien ne bougeAssise au bureau drsquoun jour sans eacutecole
Les journeacutees de pluie sous un toit de tocircleLa chaise sur le bord drsquoune route agrave voir les gens passer
Le cahier gommeacute et reacuteeacutecrit toujours recommenceacuteLes heures de soleil trop chaud agrave travailler
Les soirs beaucoup trop noirs pour pouvoir raconterSous lrsquoampoule ballante lrsquoeffort de la journeacutee
La petite barbote dans son universDrsquoun appareil photo agrave qui elle confie
Les gestes les cambrures et les jolis yeux vertsNul besoin pour elle drsquoapprendre les poses et les deacutefis
Chez elle crsquoest inneacuteElle fuira son icircle qursquoelle a pourtant aimeacuteeSon village bruyant et les vieux fatigueacutes
Assis sous les varangues les yeux et toujours mouilleacutesOugrave les chiens et les poules font bonne communauteacute
Elle sera actrice de bande dessineacuteeFeuilleton qursquoelle suit le soir agrave la teacuteleacute
La petite voyage du haut de ses huit ansDes recircves plein les yeux et la victoire aux dents
Elfe des alizeacutes sa silhouette vole aux vagues enjoueacuteesSes jupons srsquoentortillent aux airs de meringueacute
Elle devient feacuteline dans le vert du regardQursquoelle accroche aux eacutetoiles un soir
De grand deacuteparthellip
Nicole Monin
30
A lrsquoatelierhellip
Depuis de si nombreuses anneacutees Joeumllle artiste peintre et plasticienne anime avec attachement talent deacutelicatesse imagination les personnes en situa-tion de handicap (et souvent de grande deacutependance) auteurs des œuvres livreacutees dans cet ouvrage
Drsquoaucuns la qualifient de laquo feacutee raquo une bonne feacutee qui depuis tout ce temps ouvre portes et fenecirctres agrave la force de la creacuteation qui naicirct vit se propage chez tout ecirctre humain Elle amegravene chacune et chacun de celles et ceux qui prennent part aux ateliers dans plusieurs lieux drsquoaccueil de lrsquoAPF agrave livrer avec la sensibiliteacute et les moyens qui leur sont propres ce jaillissement de creacuteation qui fait la toile lrsquoeacuterige en œuvre la conduit ensuite agrave ecirctre exposeacutee reccedilue contempleacutee meacutediteacutee
Il faut dire que les ateliers ne srsquoen laissent pas compter joie eacuteclats de rire laquo cris raquo parfois ndash et pensons aux poegravemes anciens intituleacutes laquo Cris de Paris raquo ndash dominent la fourmiliegravere parfois lente parfois plus rapide plus violente quand par exemple les roues de certains fauteuils roulants sont mises agrave contributionhellip
Oui bien sucircr il faut adapter mais crsquoest le laquo jeu raquo Il faut le tenir le pinceau Joeumllle le sait elle la premiegravere Appel sera fait degraves lors agrave des professionnels dont crsquoest le meacutetier Une seule question comment cette personne peut-elle se positionner pour donner le meilleur drsquoelle-mecircme dans lrsquoœuvre qursquoelle concocte Les mains les pieds la meacutediation drsquoune licorne poseacutee au front et lrsquo instrument srsquoinvente srsquoadapte suit son cours srsquooublie ndash car crsquoest le geste lrsquoesprit du geste on dit encore laquo la raquo geste qui porte la parolePeindre Lrsquoacte ougrave tant et tout se donne une force qui plombe parfois une leacutegegravereteacute aussi qui eacutelegraveve un rire une solitude une douleur une tristesse Combien de peintres de par le monde nrsquoont-ils pas laquo dit raquo deacutepeint leurs moments de profond deacutesarroi Lrsquoenfermement lrsquo incompreacutehension se faire comprendre quel travail Eh bien Joeumllle elle comprend tout Bien au-delagrave des mots Une simple trace sur la toile et quelque chose est dit Deacutejagrave Drsquoores et deacutejagrave reccedilu entendu Le simple truchement de son regard
Peindre alors un privilegravege Sans doute Mais avec si belle et si bonne amie si belle et bonne accompagnante de creacuteation ce sont des espaces de liberteacute qui srsquoouvrent et des bonheurs qui srsquoeacutechangent se disent se peignent srsquoexposent Tant pour les artistes les auteurs que pour celles et ceux qui viendront aux œuvres seront regardeacutes du coin de lrsquoœil par elles Lrsquoœuvre veille est en veille permanente Et Joeumllle de mecircme
Bruno Gaurieret Sylvaine Ponroy
31
laquo Peindre crsquoest un plaisir raquo
laquo Peindre me permet de voyager
et de rencontrer drsquoautres
techniques raquo
laquo Lrsquoart apaise mes douleurs raquo
laquo Je me sens libre raquo
laquo Peindre est le seul acte
drsquoautonomie de ma vie raquo
laquo Je ne suis pas inutile quand je
peins raquo
laquo Jrsquooublie mes problegravemes raquo
laquo Peindre me procure du
bien-ecirctreraquo
laquo et si jrsquoeacutetais toi je rajouterai un peu de bleu mais crsquoest un conseil hellip raquo
32
Les Cordeacutees 1 premier reacuteseau social au monde puisque eacutetant neacute en 1933 a la volonteacute de partager avec chacun de creacuteer du lien de rompre la solitude et drsquoapporter agrave chacun le sou-tien de lrsquoautre Elles ne sont ni un site de rencontres ni un forum traditionnelhellip Juste des eacutechanges entre chacun
Mais les cordistes peuvent aussi ecirctre poegravetes nouvellistes etc Et lrsquoune drsquoentre-elles propose de creacuteer un concours litteacuteraire en partenariat avec lrsquoassociation laquoRegardsraquo2 afin de se confronter avec le monde artistique et litteacuteraire mais aussi de donner agrave chacun la place qui lui revient dans ce domaine
Ouvert agrave tous les auteurs francophones du monde entier ce concours attribue 15 prix dans des genres litteacuteraires aussi divers que la poeacutesie le conte le texte humoristique la lettre etc
(1) wwwcordeesapfassofr(2) wwwregardsassofr
Yvonne Ollier et Noeumllle Pirony
Remise des prix du concours litteacuteraire des cordeacutees 2015
Alain Rochon Preacutesident de lrsquoAPF remet le prix de La belle cordiegravere agraveYves-Fred Boisset
Remise du prix Callibour par Bruno Gaurier agrave Dominique Corbillet
Eacutecriturehellip
laquoAh Les Cordeacutees Crsquoest agrave chaque foisUn moyen de srsquoeacutevaderOublier son deacutesarroiEt se sentir appreacutecieacute
Ah Les Cordeacutees Si elles nrsquoexistaient pas
Il faudrait les inventer raquo
Alain Stienne
Cette brochure a eacuteteacute reacutealiseacutee dans le cadre drsquoun projet de BTS Communicationet Industries Graphiques agrave Gobelins lrsquoeacutecole de lrsquoimage
Reacutealisation graphique Weiyin CHEN - Nastasia ZIVANOVIC
Impression Charlegravene VINCENT - Manon DUHAYOT
Faccedilonnage Charlegravene VINCENT - Manon DUHAYOT - Weiyin CHEN - Nastasia ZIVANOVIC
Conceptionreacutealisation Sylvaine PONROY Joeumllle BEacuteCARD
Poegravemes Peintures Collectif
Ce projet est destineacute agrave lrsquoassociation APF et nrsquoa pas de but lucratif
ISBN 979- 10- 93207- 15- 5
Nous remercions les eacutelegraveves de lrsquoEacutecole des Gobelins et leur professeur Monsieur Gilles Philippe pour leur eacutecoute et leur professionnalisme qui ont permis la reacutealisation de ce livre dart
ISBN 979- 10- 93207- 15- 5
Interdit agrave la vente
Fanta
isies
30
A lrsquoatelierhellip
Depuis de si nombreuses anneacutees Joeumllle artiste peintre et plasticienne anime avec attachement talent deacutelicatesse imagination les personnes en situa-tion de handicap (et souvent de grande deacutependance) auteurs des œuvres livreacutees dans cet ouvrage
Drsquoaucuns la qualifient de laquo feacutee raquo une bonne feacutee qui depuis tout ce temps ouvre portes et fenecirctres agrave la force de la creacuteation qui naicirct vit se propage chez tout ecirctre humain Elle amegravene chacune et chacun de celles et ceux qui prennent part aux ateliers dans plusieurs lieux drsquoaccueil de lrsquoAPF agrave livrer avec la sensibiliteacute et les moyens qui leur sont propres ce jaillissement de creacuteation qui fait la toile lrsquoeacuterige en œuvre la conduit ensuite agrave ecirctre exposeacutee reccedilue contempleacutee meacutediteacutee
Il faut dire que les ateliers ne srsquoen laissent pas compter joie eacuteclats de rire laquo cris raquo parfois ndash et pensons aux poegravemes anciens intituleacutes laquo Cris de Paris raquo ndash dominent la fourmiliegravere parfois lente parfois plus rapide plus violente quand par exemple les roues de certains fauteuils roulants sont mises agrave contributionhellip
Oui bien sucircr il faut adapter mais crsquoest le laquo jeu raquo Il faut le tenir le pinceau Joeumllle le sait elle la premiegravere Appel sera fait degraves lors agrave des professionnels dont crsquoest le meacutetier Une seule question comment cette personne peut-elle se positionner pour donner le meilleur drsquoelle-mecircme dans lrsquoœuvre qursquoelle concocte Les mains les pieds la meacutediation drsquoune licorne poseacutee au front et lrsquo instrument srsquoinvente srsquoadapte suit son cours srsquooublie ndash car crsquoest le geste lrsquoesprit du geste on dit encore laquo la raquo geste qui porte la parolePeindre Lrsquoacte ougrave tant et tout se donne une force qui plombe parfois une leacutegegravereteacute aussi qui eacutelegraveve un rire une solitude une douleur une tristesse Combien de peintres de par le monde nrsquoont-ils pas laquo dit raquo deacutepeint leurs moments de profond deacutesarroi Lrsquoenfermement lrsquo incompreacutehension se faire comprendre quel travail Eh bien Joeumllle elle comprend tout Bien au-delagrave des mots Une simple trace sur la toile et quelque chose est dit Deacutejagrave Drsquoores et deacutejagrave reccedilu entendu Le simple truchement de son regard
Peindre alors un privilegravege Sans doute Mais avec si belle et si bonne amie si belle et bonne accompagnante de creacuteation ce sont des espaces de liberteacute qui srsquoouvrent et des bonheurs qui srsquoeacutechangent se disent se peignent srsquoexposent Tant pour les artistes les auteurs que pour celles et ceux qui viendront aux œuvres seront regardeacutes du coin de lrsquoœil par elles Lrsquoœuvre veille est en veille permanente Et Joeumllle de mecircme
Bruno Gaurieret Sylvaine Ponroy
31
laquo Peindre crsquoest un plaisir raquo
laquo Peindre me permet de voyager
et de rencontrer drsquoautres
techniques raquo
laquo Lrsquoart apaise mes douleurs raquo
laquo Je me sens libre raquo
laquo Peindre est le seul acte
drsquoautonomie de ma vie raquo
laquo Je ne suis pas inutile quand je
peins raquo
laquo Jrsquooublie mes problegravemes raquo
laquo Peindre me procure du
bien-ecirctreraquo
laquo et si jrsquoeacutetais toi je rajouterai un peu de bleu mais crsquoest un conseil hellip raquo
32
Les Cordeacutees 1 premier reacuteseau social au monde puisque eacutetant neacute en 1933 a la volonteacute de partager avec chacun de creacuteer du lien de rompre la solitude et drsquoapporter agrave chacun le sou-tien de lrsquoautre Elles ne sont ni un site de rencontres ni un forum traditionnelhellip Juste des eacutechanges entre chacun
Mais les cordistes peuvent aussi ecirctre poegravetes nouvellistes etc Et lrsquoune drsquoentre-elles propose de creacuteer un concours litteacuteraire en partenariat avec lrsquoassociation laquoRegardsraquo2 afin de se confronter avec le monde artistique et litteacuteraire mais aussi de donner agrave chacun la place qui lui revient dans ce domaine
Ouvert agrave tous les auteurs francophones du monde entier ce concours attribue 15 prix dans des genres litteacuteraires aussi divers que la poeacutesie le conte le texte humoristique la lettre etc
(1) wwwcordeesapfassofr(2) wwwregardsassofr
Yvonne Ollier et Noeumllle Pirony
Remise des prix du concours litteacuteraire des cordeacutees 2015
Alain Rochon Preacutesident de lrsquoAPF remet le prix de La belle cordiegravere agraveYves-Fred Boisset
Remise du prix Callibour par Bruno Gaurier agrave Dominique Corbillet
Eacutecriturehellip
laquoAh Les Cordeacutees Crsquoest agrave chaque foisUn moyen de srsquoeacutevaderOublier son deacutesarroiEt se sentir appreacutecieacute
Ah Les Cordeacutees Si elles nrsquoexistaient pas
Il faudrait les inventer raquo
Alain Stienne
Cette brochure a eacuteteacute reacutealiseacutee dans le cadre drsquoun projet de BTS Communicationet Industries Graphiques agrave Gobelins lrsquoeacutecole de lrsquoimage
Reacutealisation graphique Weiyin CHEN - Nastasia ZIVANOVIC
Impression Charlegravene VINCENT - Manon DUHAYOT
Faccedilonnage Charlegravene VINCENT - Manon DUHAYOT - Weiyin CHEN - Nastasia ZIVANOVIC
Conceptionreacutealisation Sylvaine PONROY Joeumllle BEacuteCARD
Poegravemes Peintures Collectif
Ce projet est destineacute agrave lrsquoassociation APF et nrsquoa pas de but lucratif
ISBN 979- 10- 93207- 15- 5
Nous remercions les eacutelegraveves de lrsquoEacutecole des Gobelins et leur professeur Monsieur Gilles Philippe pour leur eacutecoute et leur professionnalisme qui ont permis la reacutealisation de ce livre dart
ISBN 979- 10- 93207- 15- 5
Interdit agrave la vente
Fanta
isies
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laquo Peindre crsquoest un plaisir raquo
laquo Peindre me permet de voyager
et de rencontrer drsquoautres
techniques raquo
laquo Lrsquoart apaise mes douleurs raquo
laquo Je me sens libre raquo
laquo Peindre est le seul acte
drsquoautonomie de ma vie raquo
laquo Je ne suis pas inutile quand je
peins raquo
laquo Jrsquooublie mes problegravemes raquo
laquo Peindre me procure du
bien-ecirctreraquo
laquo et si jrsquoeacutetais toi je rajouterai un peu de bleu mais crsquoest un conseil hellip raquo
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Les Cordeacutees 1 premier reacuteseau social au monde puisque eacutetant neacute en 1933 a la volonteacute de partager avec chacun de creacuteer du lien de rompre la solitude et drsquoapporter agrave chacun le sou-tien de lrsquoautre Elles ne sont ni un site de rencontres ni un forum traditionnelhellip Juste des eacutechanges entre chacun
Mais les cordistes peuvent aussi ecirctre poegravetes nouvellistes etc Et lrsquoune drsquoentre-elles propose de creacuteer un concours litteacuteraire en partenariat avec lrsquoassociation laquoRegardsraquo2 afin de se confronter avec le monde artistique et litteacuteraire mais aussi de donner agrave chacun la place qui lui revient dans ce domaine
Ouvert agrave tous les auteurs francophones du monde entier ce concours attribue 15 prix dans des genres litteacuteraires aussi divers que la poeacutesie le conte le texte humoristique la lettre etc
(1) wwwcordeesapfassofr(2) wwwregardsassofr
Yvonne Ollier et Noeumllle Pirony
Remise des prix du concours litteacuteraire des cordeacutees 2015
Alain Rochon Preacutesident de lrsquoAPF remet le prix de La belle cordiegravere agraveYves-Fred Boisset
Remise du prix Callibour par Bruno Gaurier agrave Dominique Corbillet
Eacutecriturehellip
laquoAh Les Cordeacutees Crsquoest agrave chaque foisUn moyen de srsquoeacutevaderOublier son deacutesarroiEt se sentir appreacutecieacute
Ah Les Cordeacutees Si elles nrsquoexistaient pas
Il faudrait les inventer raquo
Alain Stienne
Cette brochure a eacuteteacute reacutealiseacutee dans le cadre drsquoun projet de BTS Communicationet Industries Graphiques agrave Gobelins lrsquoeacutecole de lrsquoimage
Reacutealisation graphique Weiyin CHEN - Nastasia ZIVANOVIC
Impression Charlegravene VINCENT - Manon DUHAYOT
Faccedilonnage Charlegravene VINCENT - Manon DUHAYOT - Weiyin CHEN - Nastasia ZIVANOVIC
Conceptionreacutealisation Sylvaine PONROY Joeumllle BEacuteCARD
Poegravemes Peintures Collectif
Ce projet est destineacute agrave lrsquoassociation APF et nrsquoa pas de but lucratif
ISBN 979- 10- 93207- 15- 5
Nous remercions les eacutelegraveves de lrsquoEacutecole des Gobelins et leur professeur Monsieur Gilles Philippe pour leur eacutecoute et leur professionnalisme qui ont permis la reacutealisation de ce livre dart
ISBN 979- 10- 93207- 15- 5
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Les Cordeacutees 1 premier reacuteseau social au monde puisque eacutetant neacute en 1933 a la volonteacute de partager avec chacun de creacuteer du lien de rompre la solitude et drsquoapporter agrave chacun le sou-tien de lrsquoautre Elles ne sont ni un site de rencontres ni un forum traditionnelhellip Juste des eacutechanges entre chacun
Mais les cordistes peuvent aussi ecirctre poegravetes nouvellistes etc Et lrsquoune drsquoentre-elles propose de creacuteer un concours litteacuteraire en partenariat avec lrsquoassociation laquoRegardsraquo2 afin de se confronter avec le monde artistique et litteacuteraire mais aussi de donner agrave chacun la place qui lui revient dans ce domaine
Ouvert agrave tous les auteurs francophones du monde entier ce concours attribue 15 prix dans des genres litteacuteraires aussi divers que la poeacutesie le conte le texte humoristique la lettre etc
(1) wwwcordeesapfassofr(2) wwwregardsassofr
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Remise des prix du concours litteacuteraire des cordeacutees 2015
Alain Rochon Preacutesident de lrsquoAPF remet le prix de La belle cordiegravere agraveYves-Fred Boisset
Remise du prix Callibour par Bruno Gaurier agrave Dominique Corbillet
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laquoAh Les Cordeacutees Crsquoest agrave chaque foisUn moyen de srsquoeacutevaderOublier son deacutesarroiEt se sentir appreacutecieacute
Ah Les Cordeacutees Si elles nrsquoexistaient pas
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Alain Stienne
Cette brochure a eacuteteacute reacutealiseacutee dans le cadre drsquoun projet de BTS Communicationet Industries Graphiques agrave Gobelins lrsquoeacutecole de lrsquoimage
Reacutealisation graphique Weiyin CHEN - Nastasia ZIVANOVIC
Impression Charlegravene VINCENT - Manon DUHAYOT
Faccedilonnage Charlegravene VINCENT - Manon DUHAYOT - Weiyin CHEN - Nastasia ZIVANOVIC
Conceptionreacutealisation Sylvaine PONROY Joeumllle BEacuteCARD
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Ce projet est destineacute agrave lrsquoassociation APF et nrsquoa pas de but lucratif
ISBN 979- 10- 93207- 15- 5
Nous remercions les eacutelegraveves de lrsquoEacutecole des Gobelins et leur professeur Monsieur Gilles Philippe pour leur eacutecoute et leur professionnalisme qui ont permis la reacutealisation de ce livre dart
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ISBN 979- 10- 93207- 15- 5
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ISBN 979- 10- 93207- 15- 5
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