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Synthèse de verres et vitrocéramiques à base de fluoro-phosphates dopés par des ions Yb 3+ , Er 3+ et Tm 3+ pour la luminescence dans le visible Mémoire Andrée-Anne Trudel Maîtrise en chimie Maître ès sciences (M.Sc.) Québec, Canada © Andrée-Anne Trudel, 2015

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Synthèse de verres et vitrocéramiques à base de fluoro-phosphates dopés par des ions Yb3+, Er3+ et Tm3+

pour la luminescence dans le visible

Mémoire

Andrée-Anne Trudel

Maîtrise en chimie

Maître ès sciences (M.Sc.)

Québec, Canada

© Andrée-Anne Trudel, 2015

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Résumé

Depuis leur découverte à la fin des années 1950, les vitrocéramiques n’ont cessé de

conquérir différents domaines d’intérêt. Plus récemment, ces matériaux ont fait leur arrivée

dans le domaine de l’optique et de la photonique notamment pour leur habileté à augmenter

l’intensité des émissions de type up-conversion. En ce sens, ce projet porte sur la

génération de lumière blanche par addition des bandes d’émission, dans le bleu, le vert et le

rouge, obtenues par up-conversion dans des verres et des vitrocéramiques dopés aux ions

de terre rares Yb3+, Er3+ et Tm3+. Durant cette étude, une série de verres et de

vitrocéramiques transparentes fut fabriquée. Des analyses par spectrofluorimétrie

démontrèrent une augmentation du phénomène d’up-conversion, de 10 à 160 fois plus

importante selon les émissions, pour les vitrocéramiques que le verre. De plus, une large

gamme de couleurs émises fut générée en modulant la puissance du laser et le temps de

céramisation.

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Table des matières

Résumé ................................................................................................................................. iii

Liste des tableaux ............................................................................................................... vii

Liste des images .................................................................................................................... ix

Liste des abréviations .......................................................................................................... xi

Remerciements .................................................................................................................. xiii

1. Introduction .................................................................................................................... 1

1.1 Applications des vitrocéramiques en optique ............................................................ 4

1.2 Objectifs .................................................................................................................... 5

2. Verres et vitrocéramiques ............................................................................................. 9

2.1 Définition du verre et de la transition vitreuse .......................................................... 9

2.2 Critères de formation vitreuse ................................................................................. 10

2.3 Définition d’une vitrocéramique ............................................................................. 13

2.4 Théorie de nucléation et de croissance .................................................................... 14

3. Les ions de terre rares et le phénomène d’up-conversion ........................................ 21

3.1 Les ions de terre rares .............................................................................................. 21

3.2 Up-conversion ......................................................................................................... 23

4. Méthodes expérimentales ............................................................................................ 29

4.1 Méthode de synthèse des verres .............................................................................. 29

4.2 Méthode de fabrication des vitrocéramiques ........................................................... 31

5. Caractérisation des verres et vitrocéramiques .......................................................... 33

5.1 Calorimétrie différentielle à balayage ..................................................................... 33

5.2 Spectroscopie UV-visible ........................................................................................ 35

5.3 Spectrofluorimétrie .................................................................................................. 37

5.4 Diffraction de rayons X ........................................................................................... 38

5.5 Microscopie électronique à balayage et à transmission .......................................... 40

6. Résultats et analyse ...................................................................................................... 43

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6.1 Résultats et analyse thermique et optique des verres .............................................. 43

7. Conclusion et perspectives ........................................................................................... 63

7.1 Conclusion ............................................................................................................... 63

7.2 Perspectives ............................................................................................................. 65

Bibliographie ....................................................................................................................... 67

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vii

Liste des tableaux

Tableau 1: Températures de transition viteuse (Tg), de cristallisation (Tx) et du pic de

cristallisation (Tp) ainsi que le ΔT pour chacun des verres de la série

NYBCEr2Yb4Tmx ............................................................................................ 43

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Liste des images

Figure 1: Schéma d'un photodétecteur comprenant des nanocristaux de NaYF4 dopés aux

ions de terres-rares ................................................................................................. 5

Figure 2: Variation de l'enthalpie en fonction de la température ......................................... 10

Figure 3: Représentation d'un réseau vitreux....................................................................... 13

Figure 4: Taux de nucléation et de croissance des cristaux en fonction de la température ..

.............................................................................................................................. 15

Figure 5: Énergie libre du liquide surfondu et du cristal en fonction de la température ..... 15

Figure 6: Schéma de l'évolution de l'énergie libre du liquide surfondu à la formation d'un

germe stable .......................................................................................................... 16

Figure 7: Schéma du rayon critique de formation d'un germe............................................. 17

Figure 8: Schéma de la diffusion des atomes dans le germe ............................................... 17

Figure 9: Représentation de la croissance d'un germe de cristal ......................................... 18

Figure 10: Schéma de l'énergie libre en fonction de l'état du système pour la croissance des

cristaux ................................................................................................................. 19

Figure 11: Diagramme d'énergie simplifié de l'ion erbium (Er3+) ....................................... 22

Figure 12: Diagramme d’énergie simplifié de l’ion thulium (Tm3+) ................................... 22

Figure 13: Schéma représentant le processus d’absorption de photons à partir de niveaux

énergétiques excités. Les flèches rouges représentent les absorptions de photons

et la flèche bleue représente l’émission de type up-conversion. ......................... 24

Figure 14: Schéma représentant le processus de transfert énergétique entre deux ions. Les

flèches rouges point-pointillées représentent l’absorption de photons. Les flèches

rouges pointillées représentent le transfert énergétique et la flèche bleue

représente l’émission de type up-conversion. ...................................................... 26

Figure 15: Schéma représentant le processus de l’avalanche de photons. Les flèches rouges

point-pointillées représentent d’absorption de photons. Les flèches rouge

pointillées représentent le transfert d’énergie entre les ions et la flèche bleue

représente l’émission résultante. .......................................................................... 27

Figure 16: Schéma de la progression thermique du verre durant sa synthèse ..................... 30

Figure 17: Photos de A) du creuset platine/or utilisé dans ce projet, B) du moule en acier

inoxydable, C) du système de polissage utilisé, D) de la scie pour le taillage des

échantillons, E) du verre avant le polissage et F) du verre après le polissage. .... 31

Figure 18: Schéma du thermocouple et des creusets à l'intérieur du four d'un calorimètre

différentiel à balayage .......................................................................................... 34

Figure 19: Graphiques de la 1) température en fonction du temps des deux creusets dans le

four du calorimètre et 2) de la différence de température entre ces deux creusets

lors d'une transition .............................................................................................. 34

Figure 20: Thermogramme d'un verre représentant la température de transition vitreuse

(Tg) et la température de cristallisation (Tx). ...................................................... 35

Figure 21: Spectres d’émissions de type up-conversion de la série de verre NYBC dopé

avec 1 à 4% de TmF3 sous une excitation laser à 975 nm normalisé à 549 nm.

Encadré : Diagramme de chromaticité réalisé à partir des spectres d’émission

pour chacun des verres étudiés ............................................................................. 46

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x

Figure 22: Photos des verres de la série NYBC-x (x variant de 1 à 4 % de TmF3)

lorsqu’illuminés avec la diode laser à 975 nm (puissance de la diode de 30 mW

et focus de 50 mm). .............................................................................................. 46

Figure 23: Spectre de transmission de la série de vitrocéramique en fonction du temps de

céramisation. Encadré : Photos du verre et de la vitrocéramique à 170h. ............ 47

Figure 24: Diffratogrammes in-situ sur poudres du verre et des vitrocéramiques pris à

chaque heure durant 85h. Les quatre régimes de cristallisation sont identifiés i à

iv à droite de l’image. ........................................................................................... 50

Figure 25: Diffractogrammes des rayons X ex-situ du verre et des vitrocéramiques d’1h,

2h, 3h, 6h, 16h et 170h. Les quatre régimes de cristallisation sont identifiés i à iv

à droite de l’image. ............................................................................................... 50

Figure 26: Images de microscopie électronique à transmission (MET) du verre (a), de la

vitrocéramique recuite 1h (b) et celle traitée 2h (c). Images de microscopie

électronique à balayage (MEB) des vitrocéramiques traitées 2h (d), de 6h (e) et

de 170 h (f) à 380 °C. ........................................................................................... 51

Figure 27: Ratios, en base logarithmique, de l’intensité de chacune des bandes d’émission

des vitrocéramiques sur celle du verre en fonction du temps de traitement

thermique des vitrocéramiques, en base logarithmique, avec une excitation laser

à 975 nm à une puissance de 30 mW. .................................................................. 53

Figure 28: Spectres d’émission de type up-conversion réalisés sur le verre en fonction de

la puissance de la diode laser. Encadré : Graphique log-log de l’intensité de

chacune des bandes d’émission en fonction de la puissance d’excitation. .......... 54

Figure 29: Spectres d’émission de type up-conversion enregistrés sur la vitrocéramique de

170h en fonction de la puissance de la diode laser. Encadré : Graphique log-log

de l’intensité de chacune des bandes d’émission en fonction de la puissance

d’excitation. .......................................................................................................... 55

Figure 30: Diagramme d’énergie simplifié des ions Yb3+, Er3+ et Tm3+ présentant les

différentes voies possibles d’excitation et de relaxation via des transitions

radiatives (émissions) et non-radiatives ............................................................... 58

Figure 31: Diagramme de chromaticité illustrant l’évolution de la couleur perçue par l’œil

humain des verres et vitrocéramiques tridopées Yb/Er/Tm en fonction de la

puissance d’excitation laser à 975 nm et du temps de traitement thermique à

380°C. ................................................................................................................... 61

Figure 32: Photographies du verre et des vitrocéramiques traitées 2h et 170h à 380°C sous

une excitation laser de 975 nm à une puissance de 15 et 40mW. ........................ 61

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Liste des abréviations

CR Relaxation croisée

DSC Calorimétrie différentielle à balayage

E1 Premier niveau d’énergie excité

E2 Deuxième niveau d’énergie excité

ESA Absorption d’un photon à partir d’un niveau d’énergie excité

ETxE Transfert énergétique vers l’ion erbium

ETxT Transfert énergétique vers l’ion thulium

GSA Absorption d’un photon à partir du niveau d’énergie

fondamental

G Niveau d’énergie fondamental

ITO Oxyde d’indium-étain

MEB Microscopie électronique à balayage

MET Microscopie électronique à transmission

MEHPPV Poly[2-methoxy-5-(2-ethylhexyloxy)-1,4-phenylenevinylene] RX Rayons X

Tf Température de fusion

Tg Température de transition vitreuse

Tp Température du pic de cristallisation

TPA Transfert d’énergie après l’absorption de deux photons par

deux ions

Tx Température de cristallisation

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Remerciements

Durant mon projet de maîtrise, j’ai eu la chance de découvrir un nouveau domaine qui

m’était totalement inconnu auparavant : les verres. Aussi, vers la fin de mon périple, j’ai

réalisé que cette aventure m’avait permis non seulement d’acquérir de nouvelles techniques

et notions à caractère scientifique, mais aussi d’évoluer sur le plan personnel. En ce sens,

ceci n’aurait pu se produire si certaines personnes n’avaient pas joué un rôle majeur dans la

réalisation de mes travaux de maîtrise.

J’aimerais premièrement remercier le professeur Younès Messaddeq de m’avoir donné la

chance de réaliser ce merveilleux projet sur les verres et les vitrocéramiques. Ce dernier

m’a permis de découvrir un domaine que je n’aurais peut-être jamais eu la chance de

connaître autrement. J’aimerais aussi remercier le professeur Messaddeq pour ses judicieux

conseils durant ces deux dernières années qui m’ont permis de faire évoluer mon projet.

Ensuite, j’aimerais remercier Yannick Ledemi pour son aide tout au long de mes travaux de

maîtrise. C’est grâce à lui que j’ai pu être initiée à la fabrication des verres et des

vitrocéramiques. Aussi, son expérience dans le domaine des verres et ses conseils m’ont

permis de résoudre de nombreux dilemmes techniques. Je pense sincèrement que les

résultats obtenus n’auraient pas été les mêmes sans son aide.

Aussi, j’aimerais remercier tous les membres du groupe de recherche et du COPL que j’ai

côtoyés durant mes études à la maîtrise. Vous avez contribué à rendre mes deux années

études merveilleuses en égayant mes journées chacun à votre manière.

Finalement, j’aimerais remercier ma famille et mes amis qui m’ont soutenue dans les

moments les plus joyeux comme dans ceux les plus difficiles.

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1. Introduction

Les vitrocéramiques sont, depuis leur découverte à la fin des années 1950, des matériaux de

choix dans plusieurs domaines très différents les uns des autres. Leur intérêt repose sur la

combinaison des propriétés des verres, en particulier leur faible coût de production lié à

leur facilité de mise en forme, avec celles des monocristaux et/ou céramiques. Ensemble,

ces deux matériaux aux structures et propriétés différentes donnent lieu à la formation d’un

matériau composite aux propriétés uniques qui lui sont propres, c’est-à-dire absentes du

verre ou de la céramique pris individuellement, tels que des propriétés thermiques,

biologiques, électriques, mécaniques et optiques.

Les propriétés thermiques des vitrocéramiques ont joué un rôle important dans le début de

la commercialisation de ce matériau. Lors de la découverte de la première vitrocéramique

par S.D. Stookey en 19571, ce dernier travaillait alors pour la compagnie Corning Glass

Works. Suite à cet évènement, la compagnie décida de commercialiser le produit sous le

nom Pyroceram qui donna lieu à la division CorningWare composée de plats et de plaques

de cuisson à base de cette vitrocéramique2. Une des propriétés importantes dans le succès

de ce produit est la résistance aux chocs thermiques. Ceci est majoritairement dû au

coefficient d’expansion thermique qui est très faible, de l’ordre de 1 x 10-7 °C-1, voire nul et

même négatif pour certaines compositions.

Les propriétés de biocompatibilité et de bioactivité ont aussi contribué grandement à

l’intérêt des recherches scientifiques portant sur les vitrocéramiques. En effet, en contrôlant

la composition des vitrocéramiques, il est possible de leurs donner un caractère

biocompatible et même bioactif dans le but de recréer le plus possible la structure et les

propriétés des os du corps humain composés de cristaux d’hydroxyapatite et de fibres de

collagène. Une des premières synthèses de vitrocéramiques pour des applications

biologiques fut réalisée par le groupe de Kokubo en 19823. Cette expérience consistait en la

cristallisation de β-wollastonite dans une matrice MgO-CaO-SiO2-P2O5. Les résultats

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2

préliminaires étaient prometteurs, mais l’apparition de fissures durant le processus de

cristallisation limitait les applications. La solution à ce problème fut découverte par le

même groupe de recherche quelques années plus tard4 en ajoutant une faible quantité de

CaF2 et en broyant et pressant de fines particules du verre avant la cristallisation. Ensuite,

durant le traitement thermique, il y avait densification de la vitrocéramique et

cristallisations successives de la fluoroapatite et de la wollastonite résultant en un matériau

homogène sans fissures ni pores. Par la suite, dans les années 1990, plusieurs groupes de

recherche en biomatériaux s’intéressèrent aux vitrocéramiques à base de fluoroapatite et

hydroapatite. Les applications visées pour ces matériaux sont les substituts de comblement

osseux et dentaire et les revêtements de prothèses5.

Les propriétés de conductivité ionique ont aussi contribué, à plus petite échelle, à l’intérêt

des recherches scientifiques pour les vitrocéramiques. En effet, les chercheurs essaient de

combiner les coefficients d’expansion thermiques très faibles des vitrocéramiques avec les

propriétés de conductivité ionique caractéristiques de certains verres contenant des ions

mobiles dans leurs structures tels que Li+.6 Les premières expériences à ce sujet portèrent

sur des verres de silicates ou d’aluminosilicates dont les phases cristallines comportaient du

lithium. Malheureusement, les résultats furent plutôt décevants comparativement à ceux des

verres correspondants. Cependant, la structure de la matrice vitreuse peut être facilement

modifiée en changeant légèrement la composition et/ou les proportions des différents

composants du verre. Ainsi, en changeant la structure, la mobilité des ions peut elle aussi

être modifiée et optimisée. Donc, les recherches les plus récentes à ce sujet portent plutôt

sur ce dernier aspect autant pour la conductivité des verres que des vitrocéramiques.7

Les propriétés mécaniques sont très importantes pour le développement des

vitrocéramiques. Comme mentionné précédemment, ces matériaux possèdent plusieurs

propriétés intéressantes. Cependant, sans les excellentes propriétés mécaniques des

vitrocéramiques, l’intérêt pour ce type de matériau ne serait pas le même. En effet, les

faibles coefficients d’expansion thermique, la biocompatibilité, la bioactivité et la

conductivité ionique sont amplifiés par les résultats de force à la rupture et de dureté qui

sont de loin supérieurs à ceux des verres correspondants. Il y a que très peu de matériaux

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3

qui ont d’aussi bonnes propriétés mécaniques en plus de toutes les autres propriétés

mentionnées précédemment. Généralement, les valeurs moyennes de force à la rupture et de

dureté sont respectivement d’environ 100-250 MPa et 1-2,5 MPa∙m1/2 pour une

vitrocéramique tandis que pour un verre, elles sont d’environ 50-70 MPa et 0,7 MPa∙m1/2

respectivement8. Aussi, des études plus spécifiques furent menées pour améliorer le plus

possible ces propriétés par George Beall et ces collègues. Ils réussirent à produire une

vitrocéramique SiO2- Li2O-Al2O3-K2O-P2O5-ZrO2-ZnO-La2O3 dont la force à la rupture

était de 450-740 MPa et la dureté d’environ 3.13 MPa∙m1/2.9 Aujourd’hui, plusieurs

considèrent que les propriétés mécaniques des vitrocéramiques ont atteint un maximum,

donc les recherches se tournent plutôt vers la réduction du stress résiduel à l’interface

cristal-verre.10

Dans le domaine de l’optique, plusieurs recherches ont été menées ces dernières années

pour générer des vitrocéramiques transparentes. En effet, en contrôlant la température et le

temps de céramisation, il est possible de faire croître de très petits cristaux à l’intérieur de

la matrice vitreuse, de l’ordre du nanomètre. Selon la théorie de Rayleigh,

𝐼 𝛼 𝐼0𝑟6

𝜆4 |𝑀2−1

𝑀2+2|

2

(1)

où I est l’intensité de la lumière diffusée, I0 est l’intensité de la lumière incidente, r est le

rayon de la particule, c’est-à-dire un cristallite dans ce cas présent, λ est la plus petite

longueur d’onde du domaine visé et M est la différence entre l’indice de réfraction du

cristal et du verre. Selon cette théorie, la taille des cristaux doit être beaucoup plus petite

que la plus petite longueur d’onde du domaine visé pour avoir un matériau transparent.

Aussi, la différence d’indice de réfraction entre le milieu cristallin et le milieu vitreux doit

être la plus petite possible. En général, on considère que le diamètre des cristaux doit être

de l’ordre du dixième de la longueur d’onde, soit environ 40 nm pour un matériau dont le

domaine de transparence est dans le visible, si la différence d’indice de réfraction entre les

cristaux et le verre est plus petite que 0.3.11

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4

1.1 Applications des vitrocéramiques en optique

Comme discuté dans les paragraphes précédents, les vitrocéramiques possèdent de

nombreuses propriétés pouvant être exploitées dans plusieurs domaines. En optique, les

applications pour ce matériau sont, pour le moment, limitées et peu connues, mais tendent à

prendre de l’importance et à se diversifier.

Une application très importante des vitrocéramiques en optique est l’amplification des

signaux de télécommunications à 1300 nm et 1550 nm. Ceci est possible grâce à un dopage

des vitrocéramiques avec le praséodyme (Pr), qui peut émettre à 1300 nm, et l’erbium (Er) ,

qui peut émettre autour 1550 nm. Le groupe de recherche de Dejneka12 travailla à mettre au

point une composition avec d’excellentes propriétés optiques pour ce type d’application. Le

système de SiO2-Al2O3-Na2O-LaF3 se révéla être le plus prometteur. En effet, l’énergie de

phonon de cette matrice vitreuse est basse ce qui limite les pertes dues aux relaxations non-

radiatives. De plus, la transparence des vitrocéramiques était excellente, car les cristaux

avaient des tailles variant de 7 à 33 nm et la durabilité chimique était de loin supérieure à

celle des verres et vitrocéramiques à base de fluorure.

Une autre application des vitrocéramiques en optique est le développement de

photodétecteurs dans le domaine du proche infrarouge. Celle-ci met en valeur une propriété

de ce matériau soit l’augmentation de l’intensité des émissions de type up-conversion par

rapport au verre correspondant. L’up-conversion est un phénomène physique au cours

duquel des niveaux d’énergie excités, dont l’énergie excède celle des photons absorbés,

sont peuplés Les photodétecteurs classiques sont fabriqués à partir de points quantiques

dopés et incorporés dans une matrice de polymères conjugués. Le groupe de Sun13 travailla

sur une alternative aux points quantiques pour le même type d’application, car le jumelage

point quantique et polymère conjugué était ardu afin d’obtenir une photodétection optimale.

Ce groupe de recherche arriva à la conclusion que les nanocristaux dopés aux ions de terre

rares étaient un type de matériau envisageable pour cette application. Pour ce faire, un

matériau composite formé d’un mélange de nanocristaux de NaYF4 dopés aux ions

ytterbium et erbium et de poly[2-methoxy-5-(2-ethylhexyloxy)-1,4-phenylenevinylene]

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(MEHPPV) fut synthétisé. Ensuite, ce dernier était connecté à une électrode d’aluminium et

une autre d’oxyde d’indium-étain. Le tout était recouvert d’une couche verre à une des

extrémités. Le schéma du photodétecteur est présenté à la figure 1. Le fonctionnement de ce

dernier repose sur l’absorption de la lumière dans le proche infrarouge par les dopants des

nanocristaux. Ensuite, ces derniers émettent dans le domaine du visible suite aux transferts

énergétiques entre les ions ytterbium et erbium. Puis, sous l’effet de la lumière dans le

domaine du visible, un courant électrique photoinduit est transporté au travers du polymère

jusqu’aux électrodes. Les tests effectués par le groupe de Sun démontrèrent que cette

alternative était efficace pour le processus de photodétection, mais que l’efficacité d’up-

conversion devait être améliorée.

Figure 1: Schéma d'un photodétecteur comprenant des nanocristaux de NaYF4 dopés aux

ions de terre-rares13

1.2 Objectifs

Les vitrocéramiques ont de nombreux avantages par rapport aux semi-conducteurs, aux

métaux de transition et aux monocristaux dopés aux ions de terre rares pour la modulation

de l’intensité d’émission autant dans le domaine de l’ultraviolet, du visible et de

l’infrarouge. Elles peuvent apporter de très bonnes propriétés mécaniques, une bonne

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transparence dans le domaine visé, une facilité de mise en forme et un coût de production

faible. Une des propriétés des vitrocéramiques est l’augmentation de l’intensité de

luminescence de type up-conversion. Durant l’étape de céramisation du matériau, les ions

de terre rares qui sont répartis de manière homogène dans la matrice vitreuse se rapprochent

les uns des autres et, dans certains cas, sont incorporés dans la phase cristalline. Ceci a pour

effet de réduire la distance entre ces atomes ce qui facilite les transferts énergétiques entre

les ions de terre rares et, donc, augmente l’efficacité d’émission de type up-conversion.

Cette propriété des vitrocéramiques pourrait permettre le développement de source

lumineuse et/ou de source laser pouvant être modulée. C’est pour cette raison que de

nombreux groupes de recherche ont accordé un intérêt particulier à ce type de matériau.

Le premier groupe à s’être intéressé aux vitrocéramiques est celui d’Auzel en 1975.14 Leur

travaux portaient sur un système de fluorogermanate dopé avec des ions Yb3+, Er3+ et Tm3+.

Avec cette expérience, ce groupe de recherche fut le premier à démontrer une amplification

du phénomène optique d’up-conversion dans des vitrocéramiques par rapport au verre

correspondant. Malgré cette découverte, les vitrocéramiques formées étaient opaques et les

cristaux à l’intérieur de celles-ci avaient des tailles élevées. Ainsi, ce groupe arrêta ces

recherches autour du phénomène d’up-conversion et aucun autre article ne fut publié sur ce

sujet. Par la suite, dans les années 1990, plusieurs groupes commencèrent à s’intéresser aux

matériaux dopés aux ions de terre rares pour des applications en optique notamment le

phénomène d’up-conversion. Celui de Wang et d’Ohwaki15 fut le premier groupe à

rapporter la fabrication d’une vitrocéramique transparente dans le domaine du visible sur un

système de fluoroaluminosilicate présentant une augmentation de l’intensité d’émission de

type up-conversion. Ce groupe fut aussi un des premiers à proposer que les ions de terre

rares étaient incorporés dans la phase cristalline.

Suite aux développements dans le domaine des vitrocéramiques et autour du phénomène

d’up-conversion, le projet présenté ci-dessous a été élaboré. Dans le cadre de celui-ci,

l’objectif principal est de synthétiser des vitrocéramiques à partir d’une matrice vitreuse

composée de NaPO3-YF3-BaF2-CaF2 dopée avec des ions de terre rares soient l’ytterbium

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(Yb), l’erbium (Er) et le thulium (Tm). Celles-ci sont fabriquées dans le but de générer une

lumière blanche par la combinaison de bandes d’émission dans le bleu, le vert et le rouge.

Pour ce faire, la matrice vitreuse devra subir un traitement thermique, dont la température et

le temps de céramisation doivent aussi être prédéterminés, pour la génération de cristaux

dispersés de manière homogène dans le volume du verre. Ces derniers doivent être d’une

taille suffisamment petite pour pouvoir conserver une bonne transparence dans le matériau.

Par la suite, les vitrocéramiques ont été caractérisées par calorimétrie différentielle à

balayage (DSC), spectroscopie UV-Visible, rayons X (RX), microscopie électronique à

balayage (MEB), microscopie électronique à transmission (MET) et spectrofluorimétrie.

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2. Verres et vitrocéramiques

2.1 Définition du verre et de la transition vitreuse

Selon la définition proposée par Zarzycki16, un verre est un solide non-cristallin présentant

le phénomène de transition vitreuse. Deux concepts sont très importants dans cette

définition; le premier est que les verres ne présentent pas d’arrangement périodique à

longue distance contrairement aux cristaux. Ceci peut être démontré par la prise du

diffractogramme des rayons X. Sur ce dernier, les cristaux auront des raies assez fines et

distinctes les unes des autres. Pour un verre, le diffractogramme ressemblera plutôt à un

halo très peu représentatif. Le deuxième concept important dans cette définition est que

tous les verres présentent le phénomène de transition vitreuse. Ainsi, en plus des verres

inorganiques, comme la silice (SiO2), d’autres solides répondent à ces critères comme les

verres organiques et les verres métalliques.

La transition vitreuse peut, quant à elle, être expliquée par la variation d’enthalpie en

fonction de la température, comme illustrée à la figure 2. À haute température, au-dessus de

la température de fusion, le verre est dans un état liquide, la viscosité de ce dernier est

faible et l’enthalpie du système est élevée. À mesure que la température diminue, la

viscosité du liquide augmente et l’enthalpie du système diminue. À la température de

fusion, contrairement au cas d’un cristal, il n’y a pas de discontinuité dans la courbe de

l’enthalpie en fonction de la température. À ce moment, le verre passe d’un état liquide à un

état de liquide surfondu. L’enthalpie du système continue de diminuer alors que la viscosité

augmente, pour atteindre une valeur autour 1013 poises à la température de transition

vitreuse (Tg). À cet instant, le matériau passe de l’état de liquide surfondu à l’état de solide

vitreux. À des températures plus basses, l’enthalpie du système continue de diminuer, mais

moins rapidement; la pente du graphique de celle-ci en fonction de la température est moins

prononcée (voir figure 2). Au niveau de la thermodynamique, la transition vitreuse n’est

pas une transformation du 1er ordre ni du 2e ordre. En effet, dans le premier cas, la dérivée

Page 24: Synthèse de verres et vitrocéramiques à base de fluoro ...

10

de l’enthalpie en fonction de la température n’est pas infinie en un point, comme c’est le

cas dans le cas de la sublimation ou de la fusion. Ce n’est pas non plus une transformation

du 2e ordre, car la dérivée seconde ne peut être infinie en un point. Ainsi, il faut plutôt voir

la transition vitreuse comme un processus durant lequel les éléments sont figés dans une

structure semblable à celle d’un liquide plutôt qu’une transformation. De plus, il faut

toujours considérer la température de transition vitreuse comme une gamme de température

plutôt qu’une température fixe. Ceci est dû au fait que la Tg est une transition dynamique et

peut varier en fonction de la vitesse de refroidissement du matériau. Ainsi, si le

refroidissement se fait rapidement, la température de transition vitreuse sera un peu plus

élevée que pour une vitesse de refroidissement plus lente.

Figure 2: Variation de l'enthalpie en fonction de la température17

2.2 Critères de formation vitreuse

William Houlder Zachariasen est un physicien célèbre pour ses travaux dans le domaine

des verres au courant du 20e siècle. En 1932, il publia un article intitulé « The Atomic

Arrangement in Glass »18 qui eut un impact important dans ce domaine de recherche. Dans

Page 25: Synthèse de verres et vitrocéramiques à base de fluoro ...

11

ce dernier, Zachariasen développa une série de critères pour expliquer pourquoi certains

oxydes peuvent former des verres tandis que d’autres non. Au départ, ces réflexions sur le

sujet commencèrent par une série de règles :

1. Le nombre d’oxygènes autour d’un atome (A) doit être faible.

2. Aucun oxygène ne doit être partagé par plus de deux atomes A.

3. Les polyèdres du réseau vitreux doivent être liés par leurs sommets et non leurs

arêtes ou faces.

4. Au moins trois sommets d’un polyèdre doivent être partagés avec d’autres

polyèdres.

Par la suite, Zachariasen s’intéressa à la stœchiométrie des oxydes pouvant former des

verres. Il détermina que les oxydes de type AO et A2O ne peuvent former de verre tandis

que les oxydes de type A2O3, AO2, A2O5, AO3 et A2O7 forment des réseaux vitreux. Ainsi,

il remarqua que ces derniers formaient soit des triangles, des tétraèdres ou des octaèdres.

Donc, il ajouta un critère à sa série :

5. Les nombres d’oxygènes autour de A doivent être de 3 ou 4.

Cependant, ces critères sont élaborés pour des verres formés à partir d’un seul oxyde. Par la

suite, Zachariasen s’intéressa donc à la formation de verre à partir de mélanges d’oxydes.

Ainsi, il modifia ces premières règles :

1. L’échantillon doit contenir suffisamment de cations entourés par des tétraèdres ou

des triangles d’oxygènes.

2. Les tétraèdres ou les triangles doivent être reliés par les sommets.

3. Certains oxygènes ont des liens avec deux cations et ne peuvent former de

nouveaux liens avec d’autres cations.

Page 26: Synthèse de verres et vitrocéramiques à base de fluoro ...

12

Il donna le nom de « cations formateurs de réseau » aux ions capables, en association avec

des oxygènes, de former un réseau vitreux.

C’est à partir des travaux de Zachariasen qu’une classification des différents ions et de leurs

rôles dans un réseau vitreux a été élaborée. Celle-ci comprend trois grandes catégories : les

formateurs, les modificateurs et les intermédiaires.

Les ions formateurs, comme le phosphore et le silicium, ont comme caractéristique de

pouvoir former des réseaux vitreux à eux seuls. Lorsque jumelés avec des atomes

d’oxygène, ils forment des polyèdres, généralement de coordinations 3 ou 4. Les liens entre

les différents polyèdres sont créés par les oxygènes qui peuvent faire deux liens avec des

ions formateurs de verres. Ces derniers sont appelés oxygènes pontants.

La deuxième catégorie comprend les ions modificateurs du réseau vitreux. Ceux-ci sont

principalement les éléments des familles des alcalins et des alcalino-terreux. Lorsqu’ajoutés

aux verres, ils brisent les liens des oxygènes pontants qui deviennent alors non-pontants.

Ceci a pour effet de diminuer la température de transition vitreuse et la viscosité du verre.

La dernière catégorie regroupe les ions intermédiaires comme l’aluminium (Al), le tellure

(Te) et le titane (Ti). Ceux-ci agissent soit comme formateurs soit comme modificateurs

tout dépendant de la composition du verre. Certains ions peuvent aussi jouer les deux rôles

grâce à leurs multiples états de coordination.

Il existe plusieurs autres systèmes de classification comme celui de Goldschmidt19 basé sur

le rayon ionique, celui de Smekal20 basé sur le type de liaison (covalente, ionique,

métallique et les interactions de van der Waals) et celui de Stanworth21 basé sur le degré de

covalence de la liaison M-O, mais les critères de classification de Zachariasen sont ceux qui

sont les plus utilisés.

Page 27: Synthèse de verres et vitrocéramiques à base de fluoro ...

13

2.3 Définition d’une vitrocéramique

Les vitrocéramiques sont des matériaux composites dans lesquels une ou plusieurs phases

cristallines croissent dans une matrice vitreuse. À partir de cette définition, plusieurs termes

importants peuvent être identifiés. Premièrement, les vitrocéramiques sont des matériaux

composites ce qui signifie qu’elles constituent une combinaison de deux composants, plus

précisément les céramiques et les verres. Ainsi, les vitrocéramiques ont été développées

pour combiner les propriétés intéressantes des verres, soient la facilité de mise en forme et

la transparence, avec les propriétés mécaniques provenant des phases cristallines. Comme

mentionné précédemment, les vitrocéramiques possèdent aussi des propriétés qui sont

propres à ce matériau et à la nature de leurs phases cristallines. Donc, comparativement aux

céramiques traditionnelles et aux verres, ces propriétés peuvent être modulées en contrôlant

la taille et le nombre des cristaux. Ensuite, une caractéristique importante pour qu’un

matériel soit considéré comme une vitrocéramique est que le développement de ou des

phases cristallines doit être contrôlé. En effet, la cristallisation doit se produire

simultanément dans le volume du matériau et les cristaux d’une même phase cristalline

doivent croître uniformément. La quantité de cristaux dans une vitrocéramique dépend du

temps de céramisation et de la et/ou des phases cristallines, mais le volume occupé par ces

Figure 3: Représentation d'un réseau vitreux22

Page 28: Synthèse de verres et vitrocéramiques à base de fluoro ...

14

derniers peut, théoriquement, varier de 1 à 99 %. Une vitrocéramique est considérée comme

telle tant qu’elle conserve une partie vitreuse et une autre cristalline.

Pour créer une vitrocéramique, au départ, un verre doit être préalablement synthétisé. Ce

dernier doit comprendre tous les éléments nécessaires pour faire croître la phase cristalline

désirée. Par la suite, le matériau est placé sans un four à une température comprise entre la

température de transition vitreuse (Tg) et la température de cristallisation (Tx). Dans cette

gamme de température, le verre est dans un état viscoélastique ce qui permet la nucléation

et la croissance des cristaux.

2.4 Théorie de nucléation et de croissance

La formation d’une vitrocéramique passe principalement par deux processus dans la

gamme de température entre Tg et Tx : la nucléation et la croissance des cristaux.

La nucléation est le processus par lequel il y a formation de germes. Ces derniers sont

appelés nuclei. Il existe deux types de nucléation : homogène et hétérogène.23 La nucléation

homogène est un évènement stochastique. Ainsi, un nucleus a autant de probabilités de se

former dans n’importe quelle partie du matériau. La nucléation hétérogène, quant à elle, se

crée à partir de sites préférentiels comme des impuretés, des bulles, des défauts dans le

matériau, des interfaces et des agents de nucléation.

La croissance des cristaux consiste en la croissance des germes qui peuvent être de

différentes natures. Elle est limitée par la diffusion des composants dans le verre.

Page 29: Synthèse de verres et vitrocéramiques à base de fluoro ...

15

Figure 4: Taux de nucléation et de croissance des cristaux en fonction de la température23

L’énergie de nucléation comprend deux contributions : une partie thermodynamique et une

partie cinétique.

Pour la contribution thermodynamique, celle-ci est basée principalement sur le fait qu’il y a

une variation de l’énergie libre lors de la formation d’un cristal par rapport au liquide

surfondu.

Figure 5: Énergie libre du liquide surfondu et du cristal en fonction de la température23

Ainsi,

∆𝐺𝑣 = 𝐺𝑐 − 𝐺𝑙 < 0 (2)

Page 30: Synthèse de verres et vitrocéramiques à base de fluoro ...

16

Donc, la nucléation est gouvernée par la diminution de l’énergie libre entre le liquide

surfondu et le germe, ce qui est thermodynamiquement favorable et à l’augmentation de

l’énergie de surface qui est la barrière d’énergie à surmonter pour la nucléation.

La diminution de l’énergie libre est donnée par :

∆𝐺𝑣 𝑥 𝑣𝑜𝑙𝑢𝑚𝑒 𝑑′𝑢𝑛 𝑛𝑢𝑐𝑙𝑒𝑢𝑠 𝑠𝑝ℎé𝑟𝑖𝑞𝑢𝑒 (4𝜋𝑟3

3) (3)

La barrière d’énergie de surface est donnée par :

𝑇𝑒𝑛𝑠𝑖𝑜𝑛 𝑑𝑒 𝑠𝑢𝑟𝑓𝑎𝑐𝑒 (𝛾) 𝑥 𝑎𝑖𝑟𝑒 𝑑𝑒 𝑠𝑢𝑟𝑓𝑎𝑐𝑒 (4𝜋𝑟2) (4)

Ainsi, la nucléation est donnée par :

𝑊 = 4𝜋𝑟2𝛾 + 4𝜋

3𝑟3∆𝐺𝑣 (5)

Donc, en combinant la barrière d’énergie d’activation, dominée par la tension de surface,

avec la diminution de l’énergie libre par la création d’un nucleus par rapport au liquide

surfondu, il est possible de déterminer le rayon critique d’un germe :

𝑟∗ = −2𝛾

∆𝐺𝑣 (6)

Figure 6: Schéma de l'évolution de l'énergie libre du liquide surfondu à la

formation d'un germe stable23

Page 31: Synthèse de verres et vitrocéramiques à base de fluoro ...

17

𝑊∗ = 16𝜋

3

𝛾3

∆𝐺𝑣2 (7)

Si le rayon est plus petit que le rayon critique (r*), la nucléation est dominée par l’énergie

de surface, donc le germe ne sera pas stable et va se dissoudre. Si le rayon est plus grand

que le rayon critique, le germe va croître, car l’énergie libre du système diminue.

Pour les considérations cinétiques, il est important de déterminer la fréquence de saut d’un

atome dans le cristal.

Figure 7: Schéma du rayon critique de formation d'un germe23

Figure 8: Schéma de la diffusion des atomes dans le germe23

Page 32: Synthèse de verres et vitrocéramiques à base de fluoro ...

18

La fréquence du saut d’un atome dans le germe de taille critique est donnée par :

𝜈′ = 𝑆∗𝜈𝑒−∆𝐺𝐷𝑘𝑇 (8)

où ν est la fréquence de vibration du réseau.

Donc, le taux de nucléation est égal aux nombres de particules de taille critique multiplié

par la fréquence avec laquelle elles deviennent supercritiques.

𝐼 =𝑑𝑁

𝑑𝑡= (𝑁𝑡𝑒(−

𝑊∗

𝑘𝑇)) + (𝑠∗𝜈𝑒(−

Δ𝐺𝑑𝑘𝑇

)) (9)

Après simplification,

𝐼𝑠𝑡(𝑇) = 𝐼0𝑒(−𝑊∗+Δ𝐺𝑑

𝑘𝑇) (10)

où Ist représente le taux de nucléation à l’équilibre et I0 le taux de nucléation initial.

Ensuite, le taux de croissance cristalline est limité par deux facteurs : l’efficacité de la

diffusion à l’interface du liquide et du cristal et le nombre de sites à l’interface qui peut

incorporer des atomes.

Figure 9: Représentation de la croissance d'un germe de cristal23

Page 33: Synthèse de verres et vitrocéramiques à base de fluoro ...

19

Les transferts diffusifs peuvent être calculés en multipliant la distance pour que la diffusion

s’opère, la fréquence de vibration atomique et la probabilité que la diffusion s’effectue :

𝜐𝑙→𝑐 = 𝜆𝜈𝑒−Δ𝐺𝑑𝑘𝑇 (11)

𝜐𝑐→𝑙 = 𝜆𝜈𝑒−Δ𝐺𝑑−Δ𝐺𝑣

𝑘𝑇 (12)

où λ est la distance interatomique et ν est la fréquence de vibration atomique.

Figure 10: Schéma de l'énergie libre en fonction de l'état du système pour la croissance des

cristaux23

Ainsi, la vitesse de diffusion est la différence entre les deux :

𝑉 = 𝜆𝜈𝑒−Δ𝐺𝑑𝑘𝑇 [1 − 𝑒

Δ𝐺𝑣𝑘𝑇 ] (13)

Donc, le taux de croissance des cristaux est donné par :

𝐶(𝑇) = 𝑓𝜆𝜈𝑒−Δ𝐺𝑑𝑘𝑇 [1 − 𝑒

Δ𝐺𝑣𝑘𝑇 ] (14)

Page 34: Synthèse de verres et vitrocéramiques à base de fluoro ...
Page 35: Synthèse de verres et vitrocéramiques à base de fluoro ...

21

3. Les ions de terre rares et le phénomène d’up-conversion

3.1 Les ions de terre rares

Les ions de terre rares sont aussi appelés ions lanthanides. Cette famille d’éléments s’étend,

dans le tableau périodique, du lanthane (La) au lutécium (Lu). Les propriétés particulières

de ces ions proviennent principalement du blindage des orbitales 4f qui sont, pour la

plupart, totalement remplies, par les orbitales 5s2 et 5p6. Ainsi, les électrons de valences

sont peu perturbés par l’environnement externe et leurs transitions électroniques produisent

des raies fines et intenses.24 Dans le cas des émissions de type up-conversion, spécialement

celles suivant un transfert d’énergie entre deux ions, certains ions de terre rares ont des

caractéristiques, comme la différence entre les niveaux d’énergie et la probabilité

d’absorption d’un photon à une certaine longueur d’onde, les démarquant des autres pour

les rôles de donneurs et d’accepteurs d’énergie.

Les ions accepteurs d’énergie sont ceux qui vont recevoir l’énergie des ions donneurs et

ainsi être excités à un niveau d’énergie supérieur avant de se relaxer, de manière radiative

ou pas. D’une part, ces ions doivent posséder des niveaux d’énergie résonants. En effet, la

différence d’énergie entre chaque niveau d’énergie excité et entre le premier niveau

énergétique excité et le niveau fondamental doit être suffisamment proche pour faciliter les

absorptions de photons et les transferts d’énergie. Aussi, le taux de relaxation non-radiative

diminue exponentiellement en augmentant la différence d’énergie entre le niveau

fondamental et le premier niveau d’énergie excité.25 Donc, en considérant ces deux

caractéristiques importantes pour les ions donneurs d’énergie dans le transfert de type up-

conversion, les ions de terre rares les plus efficaces pour ce rôle sont l’erbium (Er3+) et le

thulium (Tm3+). Par exemple, l’ion erbium a une différence d’énergie d’environ 10 350

cm-1 entre les niveaux 4I11/2 et 4I15/2 (voir figure 30 pour un diagramme des niveaux

énergétiques) tandis que celle entre les niveaux d’énergie 4F7/2 et 4I11/2 est d’environ 10 370

cm-1.26 Comme ces différences énergétiques sont semblables, il est possible de produire une

Page 36: Synthèse de verres et vitrocéramiques à base de fluoro ...

22

émission de type up-conversion à l’aide de ces niveaux résonants avec la même source laser

monochromatique. Pour l’ion thulium, les différences d’énergie entre les niveaux 3H5 et 3H6

et celle entre les niveaux 3F2 et 3F4 sont très semblables ce qui permet des émissions de type

up-conversion avec cet ion.

Figure 11: Diagramme d'énergie simplifié de l'ion erbium (Er3+)26

Figure 12: Diagramme d’énergie simplifié de l’ion thulium (Tm3+)26

Page 37: Synthèse de verres et vitrocéramiques à base de fluoro ...

23

Les ions donneurs d’énergie sont ceux qui transfèrent l’énergie consécutivement à

l’absorption d’un photon vers l’ion accepteur. Toutefois, la présence de ces ions n’est pas

obligatoire pour observer une émission de type up-conversion. En effet, les ions, comme

l’Er3+ et le Tm3+, peuvent agir à la fois comme donneur et accepteur d’énergie. L’émission

de type up-conversion est cependant moins efficace dans ce cas. Une des caractéristiques

qui font d’un ion de terre rare un bon ion donneur d’énergie consiste en une forte

probabilité d’absorption dans le domaine du proche infrarouge.26 Le processus classique

d’up-conversion consiste en l’absorption de photons dans cette zone pour ensuite émettre

dans le domaine du visible. Un des meilleurs ions donneurs d’énergie est l’ytterbium

(Yb3+), car il possède une section efficace d’absorption plus élevée que les autres

lanthanides autour de sa bande d’absorption (980 nm). Aussi, la transition entre le niveau

d’énergie fondamental et le premier niveau d’énergie excité (2F7/2→2F5/2) coïncide avec

plusieurs niveaux d’énergie des principaux ions accepteurs d’énergie comme l’Er3+, le

Tm3+ et l’Ho3+. Ainsi, l’ion ytterbium (Yb3+) est souvent l’ion donneur d’énergie dans les

couples donneur-accepteur pour l’émission de type up-conversion par transfert d’énergie.

3.2 Up-conversion

L’up-conversion ou conversion ascendante est un phénomène physique au cours duquel des

niveaux d’énergie excités, dont l’énergie excède celle des photons absorbés, sont peuplés.

Cette étape est suivie par une émission à une longueur d’onde plus courte que celle utilisée

pour exciter le matériau.27 La fréquence des photons émis est donc plus grande que celle

des photons absorbés, d’où le terme « up-conversion ». Habituellement, la source

lumineuse incidente émet dans le proche infrarouge et les émissions de type up-conversion

ont lieu dans le visible. Ce processus lumineux peut se produire de trois façons : par

l’absorption de photons à partir d’un niveau énergétique excité, par transfert énergétique

entre deux ions et par avalanche de photons. Dans ces trois processus, l’absorption de

photons se réalise successivement et non simultanément.

Page 38: Synthèse de verres et vitrocéramiques à base de fluoro ...

24

Pour l’absorption de photons à partir de niveaux énergétiques excités, tout prend forme à

l’intérieur d’un même ion. Le principe de celle-ci fut proposé initialement en 1959 avec

l’idée de construire un compteur de photons dans le domaine de l’infrarouge.28 Un

diagramme des différentes transitions de ce processus lumineux est présenté à la figure 13.

D’une part, l’ion absorbe un premier photon à partir du niveau d’énergie fondamental (G).

Il se retrouve alors excité à un premier niveau d’énergie (E1). Par la suite, l’ion absorbe un

deuxième photon, de même énergie que le premier ou d’une énergie différente si une

deuxième source lumineuse est utilisée, pour être excité à un deuxième niveau d’énergie

(E2). Puis, à ce moment, l’ion excité retourne au niveau d’énergie fondamental en émettant

à une longueur plus courte que la longueur d’onde d’excitation. Ce processus a pour

avantage d’être indépendant de la concentration des ions de terre rares Cependant, dans le

cas de l’utilisation d’une seule source laser, peu d’ions de terre rares ont des niveaux

d’énergies également espacés ce qui limite le nombre d’ions pouvant être utilisés et la

polyvalence de cette méthode.29

Figure 13: Schéma représentant le processus d’absorption de photons à partir de niveaux

énergétiques excités. Les flèches rouges représentent les absorptions de photons et la flèche

bleue représente l’émission de type up-conversion.26

Le transfert énergétique entre deux ions de type up-conversion se réalise, comme son nom

l’indique, par un transfert d’énergie entre deux ions voisins. Au départ, ces deux ions sont

excités de leur niveau d’énergie fondamental (G) au premier niveau d’énergie excité (E1)

par l’absorption de photons de même énergie. Par la suite, l’ion donneur transfère son

Page 39: Synthèse de verres et vitrocéramiques à base de fluoro ...

25

énergie à l’ion accepteur et retourne au niveau fondamental sans émettre. Simultanément,

l’ion accepteur est promu au deuxième niveau énergétique excité (E2). À partir de ce point,

il retourne à son niveau d’énergie fondamental en émettant à une longueur plus courte que

la longueur d’onde des photons absorbés au début du processus.26 Jusqu’au milieu des

années 1960, les chercheurs pensaient que l’ion receveur d’énergie était à l’état

fondamental lorsque le deuxième ion transférait son énergie. Cependant, suite à ces

recherches, F. Auzel proposa que l’ion receveur d’énergie devait déjà être à un niveau

d’énergie excité au moment où il recevait l’énergie provenant de l’autre ion.30 Aussi, il

proposa que le nombre de photons étant impliqués dans les transferts énergétiques

pouvaient être supérieurs à deux. Mis à part le processus décrit dans les lignes précédentes,

d’autres transferts énergétiques entre ions peuvent survenir donnant lieu à des émissions

lumineuses de longueurs d’ondes plus courtes que celle de la source. D’abord, le premier

processus débute par l’excitation de l’ion donneur d’énergie. Par la suite, ce dernier

transfert son énergie à l’ion accepteur, mais, à ce moment, celui-ci est au niveau d’énergie

fondamental. Ce transfert permet de propulser l’ion à un premier niveau d’énergie. Ceci est

suivi d’une absorption de photon permettant d’atteindre un deuxième niveau d’énergie

supérieur. Puis, le retour au niveau fondamental permet l’émission à une longueur d’onde

plus courte que celle absorbée initialement. Un autre processus possible est caractérisé par

deux transferts d’énergie consécutifs permettant d’atteindre des niveaux énergétiques

supérieurs desquels l’émission à une longueur d’onde plus courte est réalisable. Ensuite, il

est aussi possible que plusieurs ions coopèrent ensemble afin d’élever un de ceux-ci à des

niveaux supérieurs excités. En ce sens, deux ions, initialement à des niveaux excités,

transfèrent tour à tour ou simultanément leur énergie à un troisième ion qui sera excité à un

niveau d’énergie supérieur. À partir de ce dernier, l’émission à une longueur d’onde plus

courte que celle de la source sera réalisable.29

Page 40: Synthèse de verres et vitrocéramiques à base de fluoro ...

26

Figure 14: Schéma représentant le processus de transfert énergétique entre deux ions. Les

flèches rouges point-pointillées représentent l’absorption de photons. Les flèches rouges

pointillées représentent le transfert énergétique et la flèche bleue représente l’émission de

type up-conversion.26

L’avalanche de photons est le troisième processus pouvant produire l’up-conversion. Celui-

ci débute par l’absorption d’un photon par un ion à partir de son niveau énergétique

fondamental. Cette absorption n’est cependant pas en résonance avec le premier niveau

excité et est donc très faible. Par la suite, il y a absorption d’un deuxième photon par le

même ion à partir du premier niveau excité (E1) vers le deuxième niveau excité (E2). Puis,

il se produit un transfert d’énergie dû à la relaxation non-radiative croisée entre l’ion excité

au deuxième niveau et un autre ion se trouvant au niveau d’énergie fondamental. Il en

résulte que les deux ions se retrouvent au premier niveau d’énergie excité (E1). À partir de

ce moment, les deux ions peuvent facilement être excités au deuxième niveau d’énergie

(E2) et émettre, à une longueur d’onde plus courte que la longueur d’onde d’absorption de

départ, en retournant au niveau fondamental d’énergie.26

Page 41: Synthèse de verres et vitrocéramiques à base de fluoro ...

27

Figure 15: Schéma représentant le processus de l’avalanche de photons. Les flèches rouges

point-pointillées représentent d’absorption de photons. Les flèches rouges pointillées

représentent le transfert d’énergie entre les ions et la flèche bleue représente l’émission

résultante.26

Les trois processus produisant le phénomène d’up-conversion possèdent des efficacités très

différentes. L’absorption de photons à partir de niveaux énergétiques excités est le

processus le moins efficace. L’avalanche de photons est, quant à elle, très efficace, mais ce

processus dépend de la puissance de la source lumineuse incidente et sa réponse, c’est-à-

dire la lumière émise, peut être longue considérant les cycles d’absorption/relaxation.

Finalement, le transfert énergétique entre deux ions offre une réponse rapide après

l’excitation, n’est pas dépendant de la puissance de la source incidente et est très efficace

lorsque les concentrations d’ions accepteurs et d’ions donneurs sont bien contrôlées.31

Dans ce projet, ce processus sera celui principalement observé pour l’émission de type up-

conversion.

Page 42: Synthèse de verres et vitrocéramiques à base de fluoro ...
Page 43: Synthèse de verres et vitrocéramiques à base de fluoro ...

29

4. Méthodes expérimentales

4.1 Méthode de synthèse des verres

Comme mentionné précédemment, les vitrocéramiques sont, la plupart du temps, obtenues

par cristallisation contrôlée d’un verre qui doit donc être préalablement synthétisé. Dans le

cadre de ce projet, la composition choisie est 40% NaPO3-30% YF3-20% BaF2-10% CaF2-

4% mas. YbF3- 2% mas. ErF3- x% mas. TmF3. Cette composition a été choisie, car les

verres de fluorophosphates présentent de nombreuses caractéristiques uniques. En effet, ces

derniers offrent un large domaine de vitrification, c’est-à-dire qu’ils forment facilement des

verres.32 Ensuite, ils sont reconnus pour posséder une grande solubilité des ions de terre-

rares.33 Aussi, ils ont une bonne durabilité chimique par rapport à plusieurs autres

compositions34 et leur énergie de phonon est basse ce qui limite la relaxation non-radiative

des niveaux d’énergie excités.35 Dans la composition choisie, le « x » représente la

concentration de TmF3 variant d’un verre à l’autre, passant de 0 à 4 % massique. Les

concentrations de chacun des composants sont en pourcentages molaires sauf pour les trois

ions de terre rares dont les pourcentages sont sous forme massiques. Pour la synthèse de

verres, d’une part, tous les produits sous forme de poudres présents dans la composition

prédéterminée sont pesés dans les quantités voulues avec une précision de ± 1 mg. Par la

suite, les poudres sont placées dans un creuset préalablement choisi en fonction du

traitement thermique déterminé pour ce type de verre. Pour ce projet, le creuset utilisé était

en platine/or, car cet alliage était préférable dans la gamme de températures pour la fusion

du verre. Ensuite, le creuset est placé au four. Pour les verres que nous avons synthétisés, le

traitement thermique consistait en une déshydratation/séchage des poudres à 500°C pendant

30 min, une fusion à 1100°C pendant 30 min et un dernier plateau thermique à 1000°C

pendant 30 min pour l’homogénéisation du verre en fusion et pour augmenter la viscosité

avant la coulée. Un graphique représentant les températures et la durée des paliers du

traitement thermique est présenté à la figure 16. Ensuite, la coulée a lieu dans un moule en

acier inoxydable. Celui-ci doit préalablement être chauffé à la température de recuit pour

Page 44: Synthèse de verres et vitrocéramiques à base de fluoro ...

30

éviter un refroidissement trop rapide et une rupture du matériau par choc thermique. Une

fois le verre coulé dans le moule, le verre passe d’un état liquide à solide vitreux. Puis, le

moule est placé dans un four à la température de recuit pour une durée de 6 heures suivi

d’un refroidissement lent, environ 1°C/min, jusqu’à la température de la pièce. Cette étape

permet de réduire le stress résiduel à l’intérieur du verre. Pour ce projet, la température de

recuit est 280°C. Par la suite, le verre peut être démoulé et poli. Puis, un deuxième recuit

est effectué sur le verre, à une température très près de la température de transition vitreuse,

pour enlever tout stress résiduel qui pourrait être encore présent. Cette étape n’est pas

essentielle, mais permet la taille du verre de manière précise et réduit le nombre d’éclats de

verre qui pourraient se former durant cette étape. Finalement, le verre est taillé en plusieurs

petites pièces permettant de réaliser plusieurs essais de céramisation sur le même

échantillon.

Figure 16: Schéma de la progression thermique du verre durant sa synthèse

0100200300400500600700800900

10001100

0 25 50 75 100 125 150 175

Tem

ratu

re (

°C)

Temps (min)

Schéma de la progression thermique du verre durant sa synthèse

Page 45: Synthèse de verres et vitrocéramiques à base de fluoro ...

31

Figure 17: Photos de A) du creuset platine/or utilisé dans ce projet, B) du moule en acier

inoxydable, C) du système de polissage utilisé, D) de la scie pour le taillage des

échantillons, E) du verre avant le polissage et F) du verre après le polissage.

4.2 Méthode de fabrication des vitrocéramiques

Une fois le verre formé, recuit, poli et taillé, les vitrocéramiques peuvent être préparées.

Une courbe d’analyse thermique du matériau doit être réalisée afin de déterminer la

température de transition vitreuse (Tg) et la température de cristallisation (Tx). La

température de synthèse des vitrocéramiques se situe généralement entre ces deux

températures. Plus la température choisie est élevée, plus la cristallisation de la

vitrocéramique sera difficile à contrôler. Inversement, une température près de la Tg

engendrera une cristallisation très lente dans le matériau. Ainsi, la température choisie doit

tenir compte de ces paramètres pour pouvoir contrôler facilement la cristallisation sans que

celle-ci ne prenne trop de temps avant d’apparaître. Pour ce projet, la température pour le

traitement thermique des vitrocéramiques est 380°C. Cette dernière se situe plus près de la

température de transition vitreuse (345°C) que de la température de cristallisation (407°C)

pour favoriser la nucléation afin de créer plusieurs nuclei qui pourront ensuite croître

légèrement afin de générer des cristaux de taille nanométrique pour que le matériau garde

A B C

D E F

Page 46: Synthèse de verres et vitrocéramiques à base de fluoro ...

32

une bonne transparence. Ensuite, une pièce de verre est placée dans un four préalablement

chauffé à la température choisie. En plus de la détermination de la température optimale, le

four utilisé doit permettre une homogénéisation de la température à l’intérieur de ce dernier

pour pouvoir répéter l’expérience. En ce sens, le four utilisé comprenait une ventilation

intérieure permettant de répartir également la température choisie dans tout l’espace du

four. Plusieurs traitements ont été réalisés à la température de céramisation durant

différentes durées variant de 0 à 170 h.

Plusieurs techniques ont été développées pour déterminer la température et le temps

optimaux de céramisation des vitrocéramiques. Par exemple, le groupe de recherches de

Calvez36 utilisa une de celles-ci pour la fabrication de vitrocéramiques à base de chalco-

halogénures. Cette dernière consistait à faire plusieurs traitements sur un même échantillon

de verre à une température fixe dont les durées variaient. Par la suite, les échantillons sont

analysés par DSC et celui qui obtient le pic de cristallisation le plus élevé permet de

déterminer le temps optimal de céramisation. Le même principe est utilisé pour la

température optimale en fixant la durée du traitement thermique.

Page 47: Synthèse de verres et vitrocéramiques à base de fluoro ...

33

5. Caractérisation des verres et vitrocéramiques

5.1 Calorimétrie différentielle à balayage

La calorimétrie différentielle à balayage, ou differential scanning calorimetry (DSC) en

anglais, est une technique d’analyse thermique. Elle permet de mesurer l’évolution

thermique d’un échantillon notamment en déterminant les températures de transition

vitreuse (Tg), de cristallisation (Tx) et de fusion.

Le principe de cette technique d’analyse repose sur le dégagement ou l’absorption de

chaleur associée à un changement d’état ou de phase. En effet, au départ, l’échantillon est

placé dans un creuset sur un thermocouple. Un deuxième creuset, vide, est placé sur le

porte-échantillon du thermocouple comme référence. Ce système est ensuite entouré d’un

four. Le choix du four et du type de creuset dépend de la gamme de température visée.

Dans le cadre de ce projet, le four utilisé était à base de carbure de silicium pouvant

atteindre des températures jusqu’à 1500°C.37 Cependant, le creuset utilisé était formé

d’aluminium ce qui limitait la température maximale pouvant être atteinte (environ 600°C).

Toutefois, pour l’échantillon analysé, à cette température, la plupart des transitions

déterminantes pour ce projet avaient été observées. Ensuite, le four commence à chauffer

l’enceinte où se trouvent les creusets et le thermocouple. Lors d’une transition de phase,

l’échantillon absorbe (processus endothermique) ou dégage une quantité de chaleur

(processus exothermique). Ainsi, la différence de chaleur entre le creuset de référence et le

creuset contenant l’échantillon change. Ceci se traduit par l’apparition d’un pic

endothermique ou exothermique sur le thermogramme.38 Le processus de fusion est illustré

par un pic endothermique, car l’échantillon absorbe de la chaleur durant celui-ci.

Inversement, la cristallisation est un processus exothermique ce qui se traduit par un

dégagement de chaleur. La transition vitreuse, quant à elle, ne se caractérise pas par

l’apparition d’un pic sur le thermogramme, mais par un saut par rapport à la ligne de base.

Page 48: Synthèse de verres et vitrocéramiques à base de fluoro ...

34

Figure 18: Schéma du thermocouple et des creusets à l'intérieur du four d'un calorimètre

différentiel à balayage38

Figure 19: Graphiques de la 1) température en fonction du temps des deux creusets dans le

four du calorimètre et 2) de la différence de température entre ces deux creusets lors d'une

transition38

1 2

Page 49: Synthèse de verres et vitrocéramiques à base de fluoro ...

35

Dans le cadre de ce projet, l’appareil utilisé pour l’obtention de thermogrammes est un

Netzsch DSC Pegasus 404F3 et les mesures ont été réalisées à une vitesse de 10K/min.

L’incertitude sur les valeurs obtenues pour chacune des transitions de phases est donnée à ±

2°C. La détermination de la température de transition vitreuse (Tg), de cristallisation (Tx)

et, lorsqu’il est possible, de la température de fusion est essentielle pour la fabrication de

verres et de vitrocéramiques. Pour ce faire, à partir du thermogramme, les différentes

températures des transitions sont identifiées par la rencontre de deux tangentes provenant

d’un point avant le début de la transition et d’un autre après le début du processus. Un

exemple est donné à la figure 20. La détermination de ces températures permet de définir la

température à laquelle les vitrocéramiques seront réalisées, car celle-ci doit se trouver entre

la Tg et la Tx pour pouvoir bien contrôler la cristallisation.

Figure 20: Thermogramme d'un verre représentant la température de transition vitreuse

(Tg) et la température de cristallisation (Tx).

5.2 Spectroscopie UV-visible

La spectroscopie ultraviolet-visible est une technique de caractérisation d’échantillons

gazeux, liquides ou solides dans le domaine des longueurs d’onde de l’ultraviolet (175 à

400 nm), du visible (400 à 750 nm) et du proche infrarouge (750 à 1200 nm). Elle se base

Page 50: Synthèse de verres et vitrocéramiques à base de fluoro ...

36

sur la propriété des molécules d’absorber la lumière à certaines longueurs d’onde

spécifiques.

L’appareil utilisé, appelé spectromètre UV-visible, mesure l’intensité de la lumière qui

passe au travers de l’échantillon. Pour cette expérience, l’appareil utilisé était un

spectromètre à doubles faisceaux Cary 500 Varian. Cette mesure est comparée à celle de

l’intensité de la lumière, dans les mêmes conditions, mais sans l’échantillon. Ainsi, la

quantité de lumière qui traverse l’échantillon dépend de plusieurs paramètres comme le

coefficient d’absorption linéaire et l’épaisseur de l’échantillon. Cette relation est

représentée dans la loi de Beer-Lambert :

𝐼 = 𝐼0𝑒−𝛼𝑥 (15)

où I est l’intensité de la lumière passant au travers de l’échantillon, I0 est l’intensité de la

lumière sans l’échantillon, α est le coefficient d’absorption linéaire et x est l’épaisseur de

l’échantillon. Dans le cadre de ce projet, tous les échantillons avaient une épaisseur de 1,5

mm. Ensuite, le rapport de ces deux mesures, appelé transmittance, peut être obtenu :

𝑇 = 𝐼

𝐼0 (16)

Cette valeur peut être transformée en pourcentage de transmission et en absorbance.

𝑃𝑜𝑢𝑟𝑐𝑒𝑛𝑡𝑎𝑔𝑒 𝑑𝑒 𝑡𝑟𝑎𝑛𝑠𝑚𝑖𝑠𝑠𝑖𝑜𝑛 = 𝑇 𝑥 100 (17)

𝐴𝑏𝑠𝑜𝑟𝑏𝑎𝑛𝑐𝑒 (𝐴) = − log(𝑇) (18)

La spectroscopie ultraviolet-visible permet aussi de visualiser la coupure de transmission

dans le domaine de l’ultraviolet. Elle correspond à la différence d’énergie entre la bande de

valence et la bande de conduction. Lorsque l’échantillon est illuminé par des longueurs plus

courtes que la coupure de transmission, l’énergie est complètement absorbée par transition

entre les deux bandes et la transmission est nulle. Pour des longueurs d’onde plus élevées

que la coupure de transmission, l’énergie des photons n’est pas assez élevée pour que la

Page 51: Synthèse de verres et vitrocéramiques à base de fluoro ...

37

transition entre la bande de valence et la bande de conduction s’effectue. Alors, la lumière

passe à travers l’échantillon sans être absorbée.

5.3 Spectrofluorimétrie

La spectrofluorimétrie est une technique d’analyse qui mesure la fluorescence d’un

échantillon liquide ou solide. Elle se base sur le fait que certains matériaux peuvent

absorber une quantité de lumière à certaines longueurs d’onde et réémettre à des longueurs

d’onde spécifiques, en général, plus élevées que celles de la source incidente.

L’appareil utilisé pour ces analyses est un fluorimètre à doubles monochromateurs. Son

principe de fonctionnement est le suivant : la lumière de la source d’excitation passe par un

monochromateur pour ensuite frapper l’échantillon. À ce moment, une quantité de lumière

est absorbée par l’échantillon et celui-ci réémet à une longueur d’onde différente. La

lumière de fluorescence est, par la suite, captée à un angle de 90° par rapport au faisceau

d’excitation et passe par un deuxième monochromateur avant d’atteindre le détecteur.

Dans le cadre de ce projet, le fluorimètre a été utilisé pour mesurer les émissions de type

up-conversion. L’appareil utilisé était un Nanolog Horiba Jobin Yvon. La source

d’excitation était une diode laser externe montée à 975 nm reliés à l’échantillon par une

fibre optique standard monomode (SMF28). Cette dernière était reliée à un collimateur et à

une lentille de focale de 18,4 mm. La diode laser était contrôlée par un contrôleur. Ce

dernier a aussi permis la réalisation d’une étude en contrôlant la puissance de la diode. Le

détecteur utilisé était un tube photomultiplicateur (PMT) fonctionnant de 250 à 850 nm.

L’échantillon de verre ou de vitrocéramique était maintenu en place sur plaque munie d’un

espacement central placée à 30° par rapport à la direction du faisceau d’excitation. Cet

angle a été préféré, car c’est avec ce dernier que le plus grand nombre de photons était

capté par le détecteur.

Page 52: Synthèse de verres et vitrocéramiques à base de fluoro ...

38

Figure 16 : Photos du spectrofluorimètre Nanolog Horiba Jobin Yvon et des différentes

composantes utilisées : a) le contrôleur de la diode, b) le connecteur de la fibre optique

reliant la diode laser au compartiment à échantillon, c) le porte-échantillon, d) vue de haut

du compartiment à échantillon et du trajet du faisceau laser et e) le détecteur

5.4 Diffraction de rayons X

La diffraction des rayons X est une technique d’analyse d’échantillons à l’état solide. Elle

permet d’identifier des phases cristallines et la caractérisation précise de la matière. Elle est

le plus souvent utilisée avec des solides cristallins qui ont des arrangements atomiques

répétitifs et permettent la diffraction des ondes électromagnétiques. Pour les solides non-

cristallins, comme les verres, celles-ci sont plutôt diffusées et l’analyse par diffraction des

rayons X ne donne pas beaucoup d’informations sur la structure du matériau.

A

))

)

B

C D

E

Page 53: Synthèse de verres et vitrocéramiques à base de fluoro ...

39

Les rayons X sont utilisés pour leur longueur d’onde spécifique, de l’ordre de l’angström,

soit le même ordre de grandeur que les distances interatomiques. Au départ de l’analyse, les

rayons X atteignent les plans du solide cristallin. À ce moment, le nuage électronique des

atomes est perturbé et il y a diffraction des ondes électromagnétiques. Ainsi, comme les

réseaux cristallins possèdent plusieurs plans et que chaque plan comprend plusieurs atomes,

plusieurs ondes seront diffractées par tous ces atomes et celles-ci interfèreront les unes avec

les autres. Dans le cas où les interférences sont destructives, il n’y aura pas de signal de

sortie, mais, dans le cas où les interférences sont constructives, ceci donnera lieu à un pic

de diffraction. Les directions de diffraction où l’interférence est constructive sont données

par la loi de Bragg:

2𝑑𝑠𝑖𝑛𝜃 = 𝑛𝜆 (19)

où d est la distance entre deux plans du réseau cristallin, θ est la moitié de l’angle entre le

faisceau incident et le faisceau réfléchi, n est l’ordre de diffraction et λ est la longueur

d’onde du rayon X. À partir des pics de diffraction, il est possible de déterminer la

géométrie et les paramètres de mailles du réseau cristallin.

Pour ce projet, la diffraction des rayons X a été utilisée pour déterminer la nature des

cristaux à l’intérieur des vitrocéramiques. Deux types d’expérience ont été menées : une

diffraction des rayons X in-situ et une autre ex-situ. Pour les deux analyses, la diffraction

des rayons X a été réalisée sur des poudres. Pour les rayons X in-situ, celles-ci ont été

placées dans une chambre fermée Anton Paar (modèle HTK1200N, Graz, Austria) dont la

température a été amenée à 380°C à une vitesse de 10 K/min. Les résultats ont été

enregistrés avec un X-ray Bruker Advance D8 équipé d’un détecteur linéaire Vantec-1 sur

la gamme 2θ de 15-70° avec un saut de 0,0245° (4s/saut). Un diffractogramme des rayons

X a été mesuré toutes les heures pendant 85h afin d’illustrer l’évolution des phases

cristallines dans la vitrocéramique.

Page 54: Synthèse de verres et vitrocéramiques à base de fluoro ...

40

5.5 Microscopie électronique à balayage et à transmission

La microscopie électronique à balayage (MEB) et la microscopie électronique à

transmission (MET) sont des techniques d’imagerie à haute résolution basées sur

l’interaction entre l’échantillon et un faisceau d’électrons produits par l’appareil.

La microscopie électronique à balayage (MEB), ou scanning electron microscopy (SEM) en

anglais, utilise la surface de l’échantillon pour son interaction matière-électrons. Au départ,

un faisceau d’électrons est projeté sur l’échantillon à analyser. Lorsque ces électrons

entrent en contact avec les électrons des atomes de l’échantillon, il y a éjection d’un ou

plusieurs électrons appelés électrons secondaires. Il y a aussi les électrons rétrodiffusés qui

proviennent du faisceau incident et qui sont diffusés dans le sens contraire à leur direction

originale. Puis, il y a les électrons Auger qui sont dus, initialement, à l’éjection d’un

électron dans une couche électronique interne. Lorsque ceci se produit, un autre électron

d’une couche électronique à l’extérieur de cette dernière va être transféré à la position

vacante en émettant une certaine quantité d’énergie. Celle-ci peut alors être transférée à un

autre électron qui sera éjecté. Celui-ci est appelé électron Auger.39 Tous les électrons sont

par la suite captés par un détecteur qui transforme cet impact en signal électrique.

L’intensité du signal dépend principalement de la nature de l’échantillon et de son

rendement en électrons. Ainsi, en balayant l’échantillon avec le faisceau d’électrons, il est

possible d’obtenir une image des différents composants de l’échantillon.

La microscopie électronique à transmission (MET), ou transmission electron microscopy

(TEM) en anglais, est basée sur la transmission d’un faisceau d’électrons au travers de

l’échantillon. De la même manière que pour le MEB, l’analyse débute par la projection

d’un faisceau d’électrons sur l’échantillon. À ce moment, ces derniers interagissent avec le

matériau selon la densité, l’épaisseur et la nature de celui-ci. Le résultat est la formation

d’une image contrastée par la différence de densité et/ou de composition chimique mesurée

par le détecteur.

Page 55: Synthèse de verres et vitrocéramiques à base de fluoro ...

41

Pour ce projet, la MEB et la MET ont été utilisées pour produire des images des cristaux

contenus dans les vitrocéramiques. Celles-ci ont par la suite été utiles pour appuyer les

résultats obtenus par diffraction des rayons X. Pour les analyses par microscopie

électronique à balayage, l’équipement utilisé était un microscope FEI Quanta 3D équipé

d’un canon à électron de type « Field Emission » (FEG). Pour réaliser ces dernières, les

échantillons ont été fracturés afin de pouvoir sonder autant la surface de l’échantillon que

l’épaisseur de ce dernier. Pour les analyses par microscopie électronique à transmission,

l’équipement utilisé était un microscope Philips CM20 équipé d’un détecteur Oxford

d’analyse dispersive en énergie (EDS). Pour ce faire, les échantillons ont été broyés dans

une solution d’éthanol et une goutte de celle-ci a été placée sur un dispositif de cuivre

recouvert d’une couche de carbone.

Page 56: Synthèse de verres et vitrocéramiques à base de fluoro ...
Page 57: Synthèse de verres et vitrocéramiques à base de fluoro ...

43

6. Résultats et analyse

6.1 Résultats et analyse thermique et optique des verres

Au départ, une série de verre de composition NaPO3-YF3-BaF2-CaF2 dopée avec 2%

massique d’ErF3, 4% massique d’YbF3 et un pourcentage massique variant de 1 à 4 % de

TmF3 a été synthétisée dans le but de générer une lumière blanche par superposition de

bandes d’émission de type up-conversion dans le rouge, le bleu et le vert.40 La composition

du verre et l’effet de la concentration d’Er3+ et Yb3+ sur les émissions de type up-

conversion avaient déjà été étudiés dans des travaux antérieurs41 afin de déterminer la

quantité optimale de ces composants pour obtenir une émission de type up-conversion

maximale sans toutefois saturer le verre d’ions de terre rares. Une fois les verres fabriqués,

les courbes DSC ont été enregistrées pour chacun de ces échantillons. Les températures

relevées sont présentées dans le tableau 1.

Tableau 1: Températures de transition vitreuse (Tg), de cristallisation (Tx) et du pic de

cristallisation (Tp) ainsi que le ΔT pour chacun des verres de la série NYBCEr2Yb4Tmx

Concentration

de TmF3

(% mas.)

Tg

(°C)

Tx

(°C)

Tp

(°C)

ΔT =

Tx-Tg

(°C)

± 2°C ± 2°C ± 2°C ± 4°C

0 345 407 420 62

1 362 418 430 56

2 360 410 422 50

3 361 409 420 48

4 360 407 417 47

D’une part, on remarque que la température de transition vitreuse augmente subitement

après l’ajout du thulium ce qui laisse croire que ce dernier s’intègre dans le réseau vitreux.

Page 58: Synthèse de verres et vitrocéramiques à base de fluoro ...

44

Par la suite, la Tg ne varie plus en continuant d’augmenter la quantité de thulium. Aussi, la

température de cristallisation et le ΔT diminue à mesure que la quantité de thulium

augmente. Pour la Tx, même si au départ, entre 0 et 1% massique, cette dernière augmente,

par la suite, elle diminue. Donc, plus la quantité de TmF3 augmente, moins d’énergie sera

nécessaire pour déstabiliser le réseau et plus facilement le verre cristallisera. Le même effet

est interprété à partir des variations du ΔT qui diminue à mesure que la quantité de thulium

augmente. En effet, ce paramètre représente la stabilité thermique du verre vis-à-vis la

cristallisation. Ainsi, plus le ΔT diminue, plus le verre cristallisera facilement par voie

thermique. Pour fabriquer une vitrocéramique, l’étape de la cristallisation est essentielle,

mais lorsque le ΔT d’un verre est trop faible, ce dernier risque de cristalliser de manière

non-contrôlée durant la synthèse du verre. Une vitrocéramique serait alors impossible à

réaliser puisque le verre serait déjà partiellement cristallisé avant l’étape de la cristallisation

contrôlée de la vitrocéramique. Inversement, si le ΔT d’un verre est très grand, ce dernier

sera très stable thermiquement vis-à-vis de la cristallisation et donc potentiellement plus

difficile à cristalliser pour former une vitrocéramique transparente. Dans le cadre de ce

projet, la série de verre a pu être facilement synthétisée sans l’apparition de cristallisation

non-contrôlé durant l’étape de fabrication du verre et les vitrocéramiques ont cristallisées

de manière homogène dans tout le volume du matériau.

Ensuite, les spectres d’émission d’up-conversion ont été pris sur cette série de verre (figure

21). Ces derniers ont été enregistrés entre 370 et 850 nm avec une excitation laser à 975

nm. Les spectres ont été normalisés à 549 nm, car cette bande d’émission est caractéristique

de l’ion Er3+ et les deux autres ions ne contribuent pas à celle-ci. De plus, ceci a permis de

mieux illustrer l’effet de la variation de la quantité d’ion Tm3+ sur l’émission dans la région

du rouge et du bleu. Ainsi, dans ces spectres, six bandes d’émission ont été observées : les

bandes à 520, 540, 667 et 810 nm sont dues aux transitions des niveaux excités 2H11/2, 4S3/2,

4F9/2 et 4I9/2 vers le niveau fondamental, soit 4I15/2, de l’ion Er3+. Deux autres bandes, à 478

et 795 nm, sont, quant à elles, dues aux transitions des niveaux 1G4 et 3H4 vers le niveau

fondamental 3H6 de l’ion Tm3+. De plus, pour ce dernier, deux bandes d’émission à 450 et

651 nm ont été attribuées aux transitions des niveaux 1D2 et 1G4 vers le niveau excité 3F4.

Un schéma des différents niveaux d’énergie pour chacun des ions sera présenté plus loin

Page 59: Synthèse de verres et vitrocéramiques à base de fluoro ...

45

dans le texte (figure 30). Donc, en augmentant la quantité d’ions Tm3+ dans les verres, il est

possible de remarquer sur les spectres d’émission deux phénomènes : une diminution de

l’intensité relative de la bande dans le bleu à 478 nm et une légère augmentation de celle de

la bande dans le rouge à 651 nm. Il faut noter que cette augmentation et cette diminution de

l’intensité sont relatives, car les spectres ont été normalisés. Ces phénomènes pourraient

s’expliquer par le fait que lorsque la quantité de thulium est augmentée dans le matériau, les

processus de transfert d’énergie demandant un peu moins d’énergie, à l’origine de

l’émission dans le rouge, sont favorisés par rapport à ceux demandant le plus d’énergie

pour peupler les niveaux amenant à l’émission dans le bleu.

Par la suite, comme les intensités de chacune des bandes d’émission, dans le rouge, le bleu

et le vert, changent en fonction de la concentration d’ions de terre rares à l’intérieur des

verres, les spectres d’émission ont été utilisés pour générer des diagrammes de

chromaticité. Ces derniers sont utiles afin de rendre compte de ce que l’œil humain perçoit

réellement en présence de plusieurs bandes d’émission dans le visible. La partie des

spectres de 380 à 720 nm a été utilisée, car cette gamme de longueurs d’onde représente le

domaine visible pour l’être humain et les diagrammes de chromaticité ont été générés par le

logiciel Spectra Lux42. Les résultats pour chacun des verres ont été compilés dans l’encadré

de la figure 21. Ainsi, il est possible de voir que plus la quantité de Tm3+ est élevée, plus la

couleur résultant de l’addition des bandes d’émission s’approche du blanc, ce qui était un

des objectifs de départ du projet, à savoir la génération de la lumière blanche. Cette

constatation peut aussi être corroborée par les photos prises de chacun des échantillons de

verre lorsqu’illuminés par la diode laser à 975 nm (puissance de la diode de 30 mW, focus

de 50 mm) (figure 22). Donc, en tentant compte de ces résultats, le verre dopé avec 4%

massique de Tm3+ a été préféré pour la suite du projet.

Page 60: Synthèse de verres et vitrocéramiques à base de fluoro ...

46

400 450 500 550 600 650 700 750 800 850

0.0

0.5

1.0

1.5

2.0

2.5

0.0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8

0.0

0.1

0.2

0.3

0.4

0.5

0.6

0.7

0.8

0.9

NYBC-4

y

x

NYBC-1

Inte

nsity n

orm

aliz

ed

at 5

49

nm

(a

.u.)

Wavelength (nm)

x = 1

x = 2

x = 3

x = 4

Figure 21: Spectres d’émissions de type up-conversion de la série de verre NYBC dopé

avec 1 à 4% de TmF3 sous une excitation laser à 975 nm normalisé à 549 nm. Encadré :

Diagramme de chromaticité réalisé à partir des spectres d’émission pour chacun des verres

étudiés

Figure 22: Photos des verres de la série NYBC-x (x variant de 1 à 4 % de TmF3)

lorsqu’illuminés avec la diode laser à 975 nm (puissance de la diode de 30 mW et focus de

50 mm).

NYBC-1 NYBC-2 NYBC-3 NYBC-4

Page 61: Synthèse de verres et vitrocéramiques à base de fluoro ...

47

6.2 Analyse et résultats des vitrocéramiques

Une fois la composition de la matrice vitreuse sélectionnée, une série de vitrocéramique a

été réalisée à partir de celle-ci. Le traitement thermique a été mené à une température de

380°C pour une durée variant de 0 à 170h. Par la suite, un spectre de transmission dans le

domaine de l’ultraviolet, du visible et du proche infrarouge a été effectué sur la série de

vitrocéramiques. Les spectres enregistrés sont présentés sur la figure 23.

Figure 23: Spectre de transmission de la série de vitrocéramique en fonction du temps de

céramisation. Encadré : Photos du verre et de la vitrocéramique à 170h.

Dans la figure 23, on observe que la transparence du matériau diminue à mesure que la

durée du traitement thermique augmente. Ceci est dû aux pertes par diffusion des cristaux à

l’intérieur des vitrocéramiques dont le nombre et la taille augmentent plus la durée du

traitement thermique est longue. Selon la théorie de Rayleigh,

𝐼 𝛼 𝐼0𝑟6

𝜆4 |𝑀2−1

𝑀2+2|

2

(1)

Page 62: Synthèse de verres et vitrocéramiques à base de fluoro ...

48

plus le rayon des cristaux augmente, plus l’intensité de la lumière diffusée sera importante.

Cette diminution de la transparence se traduit par deux phénomènes présents sur les

spectres de transmission; premièrement, la coupure de transmission dans l’ultraviolet se

déplace de 308 à 576 nm à 50 % de transmission pour le verre, donc 0 h de céramisation, et

la vitrocéramique à 170 h. Aussi, l’allure du spectre change avec la durée du traitement

thermique de la vitrocéramique. En effet, il y a courbure du spectre dans la région de

l’ultraviolet-visible. De plus, la ligne de base du spectre diminue de 90 à 83% entre le

verre et la vitrocéramique à 170 h. Les différents pics d’absorption dans le domaine du

visible sont dus aux transitions dans les ions de terre rares présents dans le matériau. De

plus, même après 170 h de traitement thermique sur l’échantillon, la vitrocéramique garde

toujours une bonne transparence par rapport au verre comparativement aux essais

précédents de céramisation qui avaient été menés avec la même matrice vitreuse, mais

dopée seulement avec l’Er3+ et l’Yb3+ dans un projet antérieur41. Plusieurs composantes

entrent en jeux pour expliquer cette transparence comme la différence d’indice de

réfraction. En effet, la différence d’indices de réfraction entre celui de la partie vitreuse et

celui de la phase cristalline joue un rôle considérable dans la transparence d’un matériau

selon la théorie de Rayleigh. Les indices de réfraction pour les phases cristallines sont

1,434 nm pour CaF2,43 1,430 pour NaYF4

44 et 1,48 pour Ca1-xYxF2+x(x=0,25)45 et celui pour

la matrice vitreuse est 1,538. Ainsi, comme la différence d’indices est faible, l’effet sur la

transparence de la vitrocéramique est important. Aussi, la taille des cristaux joue aussi un

rôle important dans la transparence du matériau. De ce fait, une analyse par diffraction des

rayons X a été effectuée afin d’étudier les différentes phases cristallines et des analyses par

microscopie électronique ont été menées pour déterminer la taille des différents cristaux.

Deux types de diffractogrammes ont été obtenus par diffraction des rayons X : un ex-situ et

un autre in-situ. D’une part, dans la figure 24, c’est-à-dire le diffractogramme in-situ, il est

possible de voir que le matériau est dans un état vitreux, car la courbe ne présente aucun pic

de diffraction à 0h. Ensuite, au cours de la cristallisation, entre 1h et 85 h, quatre régimes

distincts ont été identifiés (i à iv). Le premier régime se situe entre 1 et 3 h de

cristallisation. Durant ce processus, quatre pics intenses croient rapidement à 2θ = 28°, 32°,

46° et 54°. Le maximum d’intensité de ces pics est atteint rapidement, après la première

Page 63: Synthèse de verres et vitrocéramiques à base de fluoro ...

49

heure, et reste constant durant les trois premières heures ce qui laisse croire que cette phase

cristalline se forme rapidement au début du traitement thermique. Ces quatre pics révèlent

la présence d’une ou plusieurs phases cristallines isomorphes de type fluorite soient :

NaYF4, CaF2 et Ca1-xYxF2+x. Celles-ci ont une structure cristalline cubique. Des études plus

approfondies seront nécessaires pour identifier la phase cristalline exacte. Le deuxième

régime de cristallisation qui prend place entre 3h et 18h donne lieu à l’apparition de quatre

nouveaux pics à 2θ = 27°, 31°, 44,5° et 52,5° alors que l’intensité des quatre pics du

premier régime tend à diminuer. Cette tendance pourrait être associée à la phase cristalline

Ba0.92Tm0.04Y1Yb1.11F8.29 qui possède une structure cubique face centrée. Pour le troisième

régime, qui se situe entre 18h et 40h, trois pics de faible intensité apparaissent à 2θ = 22,5°,

29,5° et 36°. Ces derniers ne sont pas présents dans le diffractogramme ex-situ (figure 25)

ce qui suggère qu’une cristallisation de surface est survenue durant la diffraction des rayons

X in-situ effectuée sur des poudres. Pour le quatrième régime, se déroulant après plus de

40h de cristallisation, l’intensité des quatre premiers pics du départ continue de décroître et

plusieurs nouveaux pics font leur apparition à 2θ = 26,3°, 30,5° et 43°. Ceux-ci pourraient

être attribués à la phase cristalline Ba4Yb3F17 de structure rhomboédrique et/ou à CaY2O4

de structure orthorhombique. De manière générale, les résultats obtenus avec les

diffractogrammes in-situ et ceux ex-situ sont concordants à l’exception de la cristallisation

de surface observée à partir du troisième régime de cristallisation. Ceci est dû à la manière

dont les diffractogrammes ont été réalisés qui est différente. Pour l’expérience in-situ, le

verre a été premièrement mis sous forme de poudre pour ensuite être soumis au traitement

thermique pour former une vitrocéramique. Dans l’expérience ex-situ, les vitrocéramiques

avaient préalablement été fabriquées pour ensuite être broyées. Ainsi, comme la surface

spécifique des poudres dans l’expérience in-situ est beaucoup plus grande que celle de la

pièce de verre devenue vitrocéramique dans l’expérience ex-situ, les pics du troisième

régime dus à la cristallisation de surface sont apparus sur le diffractogramme in-situ, mais

n’ont pu être détectés durant la diffraction ex-situ.

Page 64: Synthèse de verres et vitrocéramiques à base de fluoro ...

50

Figure 24: Diffratogrammes in-situ sur poudres du verre et des vitrocéramiques prit à

chaque heure durant 85h. Les quatre régimes de cristallisation sont identifiés i à iv à droite

de l’image.

Figure 25:Diffractogrammes des rayons X ex-situ du verre et des vitrocéramiques d’1h, 2h,

3h, 6h, 16h et 170h. Les quatre régimes de cristallisation sont identifiés i à iv à droite de

l’image.

Page 65: Synthèse de verres et vitrocéramiques à base de fluoro ...

51

Par la suite, une analyse par microscopie électronique à balayage (MEB) et par microscopie

électronique à transmission (MET) a été réalisée afin d’illustrer les résultats obtenus par

diffraction des rayons X. Sur la figure 26 a), il est possible d’observer l’absence de cristaux

sur l’image prise par MET du verre. Dans les images de la figure 26, de b) à f), prises sur

les vitrocéramiques, des cristaux sont observables pour chacune d’entre elles. Leurs formes

diffèrent beaucoup d’une à l’autre, résultant des différentes structures des phases

cristallines de chacun des régimes de cristallisation. Ces dernières sont aussi dispersées de

manière homogène dans la matrice vitreuse et leur taille est d’environ 100 nm autant dans

la vitrocéramique traitée 1h que pour celle traitée 170h.

Figure 26: Images de microscopie électronique à transmission (MET) du verre (a), de la

vitrocéramique recuite 1h (b) et celle traitée 2h (c). Images de microscopie électronique à

balayage (MEB) des vitrocéramiques traitées 2h (d), de 6h (e) et de 170 h (f) à 380 °C.

Les résultats obtenus par diffraction des rayons X et par microscopie électronique à

balayage et à transmission ont permis de confirmer pourquoi même après 170h de

traitement thermique les vitrocéramiques présentaient toujours une bonne transparence dans

le domaine du visible. En effet, cette bonne transparence après de si longs temps de

traitement thermique contrastait avec les résultats obtenus dans des travaux antérieurs où la

a)

d) e)

b) c)

f)

Page 66: Synthèse de verres et vitrocéramiques à base de fluoro ...

52

même matrice vitreuse, mais dopée seulement avec l’ytterbium et l’erbium devenait

rapidement opaque après quelques heures de céramisation.41 Une des raisons pour

expliquer cette différence est la température utilisée ici pour les traitements thermiques des

vitrocéramiques, plus basse que celle utilisée précédemment. En effet, dans les travaux

antérieurs sur cette matrice vitreuse, la température utilisée était 400°C tandis que pour ce

projet, la température utilisée était 380°C.41 Cette baisse de température a permis de limiter

la croissance des cristaux à des dimensions autour de 100 nm ce qui permet de réduire la

diffusion de la lumière dans le domaine du visible pour éviter la perte de transparence du

matériau. Aussi, la taille homogène des cristaux autant pour la vitrocéramique d’1h que

celle de 170 h révèle que la température choisie pour le traitement thermique devait se

situer dans la plage de nucléation des germes plutôt que dans celle de la croissance des

cristaux. En somme, la limitation de la taille des cristaux et la faible différence d’indice de

réfraction entre les principales phases cristallines et la matrice vitreuse ont permis aux

vitrocéramiques de garder une bonne transparence même après 170 h de traitement

thermique.

Ensuite, le ratio de l’intensité maximale de chacune des bandes d’émission des

vitrocéramiques sur celle des verres en fonction du temps de traitement thermique effectué

sur les vitrocéramiques a été mesuré. Les résultats sont présentés à la figure 27 sur un

graphique dont les axes sont en base logarithmique. Pour l’émission à 406 nm,

l’augmentation de son intensité entre les vitrocéramiques et le verre est très importante,

jusqu’à 170 fois plus élevée. Ensuite, une augmentation d’un facteur de 10 à 35 de

l’intensité est mesurée pour les bandes d’émission à 520, 540 et 651 nm. Ceci est

observable jusqu’à la vitrocéramique de 16h, car, ensuite, le temps de traitement thermique

n’affecte plus de manière significative le ratio d’intensité vitrocéramique/verre. Aussi, ce

ratio n’évolue presque pas pour les bandes d’émission à 478 et 795 nm. Ainsi, seules les

transitions énergétiques provenant de l’ion Er3+ sont affectées par le temps de traitement

thermique des vitrocéramiques tandis que celles provenant de l’ion Tm3+ n’augmentent que

très peu en intensité.

Page 67: Synthèse de verres et vitrocéramiques à base de fluoro ...

53

Figure 27: Ratios, en base logarithmique, de l’intensité de chacune des bandes d’émission

des vitrocéramiques sur celle du verre en fonction du temps de traitement thermique des

vitrocéramiques, en base logarithmique, avec une excitation laser à 975 nm à une puissance

de 30 mW.

Ensuite, une étude de l’émission de type up-conversion en fonction de la puissance du laser

d’excitation a été réalisée sur le verre et la vitrocéramique de 170h. Les résultats sont

présentés dans les figures 28 et 29. Dans le spectre enregistré sur le verre, les six bandes

identifiées auparavant à 478, 520, 540, 651 et 795 nm sont toujours présentes sur ce dernier

et l’intensité de chacune d’entre elles varie en fonction de la puissance de la diode laser

utilisée comme source incidente. Dans l’encadré de la figure 28, la relation entre l’intensité

de chacune des bandes en fonction de la puissance laser est démontrée par un graphique

log-log. En effet, il est établi que l’intensité de l’émission de type up-conversion à une

longueur d’onde donnée est proportionnelle à la puissance d’excitation par la relation

suivante :

𝐼𝑈𝐶 ∝ (𝑃𝑒𝑥𝑐𝑡)𝑛 (20)

1 10 100

1

10

100

Heat-treatment time at 380oC - log(h)

Inte

nsity r

atio

- lo

g(I

GC/I

G)

795 nm

478 nm

450 nm

520 nm

540 nm

651 nm

406 nm

Page 68: Synthèse de verres et vitrocéramiques à base de fluoro ...

54

400 450 500 550 600 650 700 750 800 850

0

50

100

150

200

20 25 30 35 40 45 50

478 nm - Slope = 3.11

520 nm - Slope = 2.49

540 nm - Slope = 2.45

651 nm - Slope = 2.17

795 nm - Slope = 1.99

Inte

nsity (

a.u

.)

Excitation power (mW)

15 mW

20 mW

25 mW

30 mW

35 mW

40 mW

Inte

nsity (

x10

3 C

PS

)

Wavelength (nm)

où n est le nombre de photons impliqués dans le mécanisme d’émission d’up-conversion.46

Ainsi, en réalisant un graphique de type log-log, la pente de la droite linéaire permet de

déterminer ce nombre de photons et celui-ci doit nécessairement être entier. La même

expérience a été exécutée pour la vitrocéramique de 170h. Les mêmes bandes d’émission

ont été identifiées mise à part celle dans le violet provenant de l’ion erbium et qui était trop

peu intense dans les spectres du verre pour être observée. Aussi, l’intensité de toutes les

bandes d’émission était environ 10 fois plus élevée que celle du verre pour la même

puissance laser, comme on peut le voir à partir des valeurs sur l’axe des ordonnées de

chacun des spectres.

Figure 28: Spectres d’émission de type up-conversion réalisés sur le verre en fonction de la

puissance de la diode laser. Encadré : Graphique log-log de l’intensité de chacune des

bandes d’émission en fonction de la puissance d’excitation.

Page 69: Synthèse de verres et vitrocéramiques à base de fluoro ...

55

400 450 500 550 600 650 700 750 800 850

0

250

500

750

1000

1250

1500

1750

2000

2250

20 25 30 35 40 45 50

406 nm - Slope = 2.88

478 nm - Slope = 3.00

520 nm - Slope = 2.37

540 nm - Slope = 2.06

651 nm - Slope = 1.65

795 nm - Slope = 1.96

Inte

nsity (

a.u

.)

Excitation power (mW)

15 mW

20 mW

25 mW

30 mW

35 mW

40 mWIn

ten

sity (

x1

03 C

PS

)

Wavelength (nm)

Figure 29: Spectres d’émission de type up-conversion enregistrés sur la vitrocéramique de

170h en fonction de la puissance de la diode laser. Encadré : Graphique log-log de

l’intensité de chacune des bandes d’émission en fonction de la puissance d’excitation.

Donc, cette étude a permis de déterminer le nombre minimum de photons absorbés et

impliqués dans le processus d’up-conversion pour chacune des bandes d’émission

observées. Les pentes des graphiques log-log, mesurées sur la vitrocéramique de 170h,

pour les émissions dans le violet et le vert et provenant des ions Er3+ étaient respectivement

de 2,88 pour la transition 2H9/2→ 4I15/2 à 406 nm, 2,37 pour la transition 2H11/2→ 4I15/2 à 520

nm et 2,06 pour la transition 4S3/2→ 4I15/2 à 540 nm. Dans le cas du verre, la bande

d’émission dans le violet était trop faible pour être mesurée et des pentes de 2,49 et 2,45 ont

été obtenues pour les émissions à 520 et 540 nm, respectivement. Ceci indique que la

transition énergétique donnant lieu à la bande d’émission dans le violet (pour la

vitrocéramique) est un processus où trois photons sont absorbés tandis que les transitions

énergétiques résultant en une émission dans le vert (pour la vitrocéramique et le verre) sont

Page 70: Synthèse de verres et vitrocéramiques à base de fluoro ...

56

des processus où deux photons sont absorbés. Ces résultats sont cohérents avec ceux

publiés dans la littérature.47-49 Pour la transition 1G4→ 3H6 à 478 nm provenant des ions

Tm3+, les pentes obtenues sont 3,11 pour le verre et 3,00 pour la vitrocéramique. Ainsi,

cette bande d’émission de couleur bleue implique l’absorption de trois photons dans son

processus de transfert d’énergie entre l’ion Yb3+ et l’ion Tm3+. Pour la bande d’émission

dans l’infrarouge à 795 nm provenant de la transition énergétique 3H4→ 3H6 de l’ion Tm3+,

la pente de la courbe log-log obtenue pour le verre est de 1,99 tandis que celle obtenue pour

la vitrocéramique est de 1,96. Donc, l’émission à 795 nm est consécutive à l’absorption de

deux photons d’excitation à 975 nm. L’origine de la bande d’émission à 651 nm reste

ambigüe, car les ions Er3+ et Tm3+ émettent tous les deux dans cette région. Il est

vraisemblable que ces deux ions contribuent à cette bande d’émission via la transition

4F9/2→ 4I15/2 de l’ion Er3+ et la transition 1G4→3F4 de l’ion Tm3+.39, 48 La pente des

graphiques log-log pour cette émission est de 2,17 pour le verre et 1,65 pour la

vitrocéramique, ce qui indique un processus impliquant l’absorption de deux photons.

Aussi, cette étude a permis de prouver que, pour une même puissance du laser d’excitation,

l’intensité de toutes les bandes était plus élevée pour la vitrocéramique par rapport au verre

de même composition. En effet, comme discuté dans les chapitres précédents, l’une des

propriétés clés des vitrocéramiques et recherchée pour ce projet est l’augmentation de la

luminescence par transfert d’énergie de type up-conversion. Lors de l’étape de la

cristallisation, les ions de terre rares sont incorporés dans la phase cristalline et/ou se

rapprochent les uns des autres facilitant ainsi les transferts d’énergie entre les ions et

améliorant par la même occasion le rendement de luminescence. À partir de l’analyse par

diffraction des rayons X, il a été déterminé que les ions de terre rares ytterbium et thulium

étaient incorporés dans une ou plusieurs des phases cristallines des quatre régimes de

cristallisation. Donc, en étant intégrée dans les nanocristaux, la distance entre les ions

devient plus courte en comparaison à la distance moyenne initiale lorsqu’ils étaient

dispersés de manière homogène dans la matrice vitreuse (non-cristallisée). Ainsi, les

transferts d’énergie entre les niveaux électroniques résonants des ions de terre rares sont

favorisés, augmentant l’efficacité d’émission par up-conversion, c’est-à-dire l’émission à

des longueurs d’onde plus courtes. Cependant, selon les analyses rayons X, les ions de terre

Page 71: Synthèse de verres et vitrocéramiques à base de fluoro ...

57

rares commencent à être incorporés dans la phase cristalline à partir du deuxième régime de

cristallisation, soit après 3h de traitement thermique. Pour les durées de traitement

thermique plus courtes, les analyses par diffraction des rayons X n’ont pas permis de

déterminer si les ions de terre rares étaient présents dans la phase cristalline. Cependant, les

spectres de luminescence montrent une augmentation de l’intensité des bandes d’émission

pour les vitrocéramiques ayant subi des traitements thermiques plus courts que 3h. En ce

sens, sans pouvoir affirmer que les ions de terre rares sont incorporés dans la phase

cristalline, ces derniers ont dû se rapprocher les uns des autres au cours du traitement

thermique, réduisant du même coup la distance moyenne entre les ions et favorisant les

transferts énergétiques menant aux émissions de type up-conversion.

Suite à l’attribution des différentes bandes d’absorption et d’émission aux différents ions de

terre rares et à l’étude de l’intensité de chacune des bandes d’émission en fonction de la

puissance du laser d’excitation qui a permis de déterminer le nombre de photons impliqués

dans chacun des transferts d’énergie, un diagramme d’énergie simplifié illustrant les

différentes voies d’excitations et de relaxations a été créé. Les transitions radiatives, c’est-

à-dire les émissions, et les transitions non-radiatives pour les trois ions de terre rares y sont

illustrées. Ce diagramme est présenté à la figure 30. Plusieurs mécanismes y sont présentés,

car plusieurs chemins sont possibles pour atteindre un niveau énergétique donné, mais le

transfert d’énergie entre les ions est le processus prépondérant pour peupler les niveaux

énergétiques les plus hauts. Il est représenté par les acronymes ETxT, x variant de 1 à 4,

pour les transferts de l’ytterbium au thulium et ETxE, x variant de 1 à 4, pour les transferts

de l’ytterbium à l’erbium. Les lettres ET représentent le terme « energy transfer » tandis

que la dernière lettre de l’acronyme représente l’ion vers lequel l’énergie du photon est

transférée. Ensuite, les autres mécanismes présents sur le diagramme sont : (i) l’absorption

d’un photon à partir du niveau d’énergie fondamental identifiée par GSA sur le diagramme

pour « ground state absorption », (ii) l’absorption d’un photon à partir d’un niveau excité

identifiée par ESA pour « excited state absorption » et (iii) la relaxation croisée représentée

par CR pour « cross-relaxation ».

Page 72: Synthèse de verres et vitrocéramiques à base de fluoro ...

58

0

5

10

15

20

25

30

35

Yb3+

-1

ET4E

PUMP

ET2E

ET3E

ET1E

ET4T

ET3T

ET2T

CR

NR

3H

6

3F

4

3H

5

3H

4

3F

2-3

1G

4

1D

2

2F

5/2

2F

7/2

4G

7/2 - 9/24G

11/22H

9/24F

3/2 - 5/24F

7/22H

11/24S

3/2

4F

9/2

4I9/2

4I11/2

4I13/2

Er3+

Yb3+

Energ

y (

x10

3 c

m-1)

Tm3+

4I15/2

450 n

m

475 n

m

651 n

m

770 n

m

800 n

m

406 n

m

450 n

m

478 n

m

520 n

m

540 n

m

665 n

m

805 n

m

NR

ET1T

ES

A1

ES

A2

ES

A3

ES

A4

975 nm PUMP975 nm

GC-170h

GC-2h

Op

tic

al

ba

nd

ga

p

ES

A1

ES

A3

ES

A2

TPA TPA

Figure 30: Diagramme d’énergie simplifié des ions Yb3+, Er3+ et Tm3+ présentant les

différentes voies possibles d’excitation et de relaxation via des transitions radiatives

(émissions) et non-radiatives

Dans ce diagramme, les différentes voies d’excitation pour chacune des émissions autant

pour l’ion Er3+ que l’ion Tm3+ sont illustrées. D’une part, pour les transferts d’énergie,

identifiés ETxT et EtxE sur le diagramme, l’ion Yb3+ est excité du niveau 2F7/2 au niveau

excité 2F6/2. À partir de ce dernier, l’énergie du photon absorbé est transférée vers les ions

erbium et thulium. Pour l’ion Tm3+, pour la bande d’émission dans le rouge à 651 nm, la

voie d’excitation débute par l’excitation du niveau 3H5 par transfert d’énergie ET1T suivi

d’une relaxation non-radiative jusqu’au niveau 3F4. Ensuite, il y a absorption à partir de ce

niveau d’énergie excité (ESA1) vers les niveaux 3F2-3. Le niveau 3F4 était, quant à lui,

excité par transfert d’énergie identifié sur le diagramme par ET2T. Puis, la transition du

niveau 3F2 au niveau fondamental (3H6) donne lieu à une bande d’émission dans le rouge à

651 nm. Ensuite, le niveau 3H4 peut-être excité par relaxation non-radiative à partir des

Page 73: Synthèse de verres et vitrocéramiques à base de fluoro ...

59

niveaux 2F2-3. Ceci donne lieu à une bande d’émission dans l’infrarouge à 800 nm. Aussi, le

niveau 1G4 peut, quant à lui, être excité de deux façons : d’une part, par transfert d’énergie

de l’ion ytterbium vers le niveau 3H4 et l’absorption d’un photon à partir de ce niveau

d’énergie excité (ESA2) vers le niveau 1G4 et d’autre part, par le transfert d’énergie de deux

ions Yb3+, identifié par TPA sur le diagramme, qui excite directement le niveau 1G4. La

transition de ce dernier vers le niveau fondamental 3H6 donne lieu à une bande d’émission

de couleur bleue à 475 nm. Finalement, le niveau 1D2 peut être peuplé par l’absorption d’un

photon à partir du niveau excité 1G4 (ESA3). Ce dernier a été excité par un transfert

d’énergie de l’ion ytterbium vers l’ion thulium, identifié ET4T sur le diagramme. La

transition du niveau d’énergie 1D2 vers le niveau d’énergie fondamental donne lieu à une

bande d’émission de couleur bleue à 450 nm.

Pour l’ion Er3+, le niveau 4I11/2 peut être peuplé par un transfert d’énergie de l’ion

ytterbium, identifié ET1E, et une absorption à partir du niveau fondamental 4I15/2 de l’ion

erbium. Ensuite, à partir du niveau 4I11/2, une relaxation non-radiative permet d’exciter le

niveau 4I13/2 qui lorsque suivi d’une absorption à partir d’un état excité (ESA3) permet de

peupler le niveau 4F9/2 et ensuite le niveau 2H9/2 via une seconde absorption à partir d’un

état excité (ESA4). La transition de ce dernier vers le niveau fondamental 4I15/2 mène à la

bande d’émission de couleur violet à 406 nm. Pour la bande d’émission à 450 nm, la voie

d’excitation est sensiblement la même que pour celle à 406 nm mis à part une relaxation

non-radiative permettant de peupler le niveau 4F3/2 à partir du niveau 2H9/2. Ensuite, le

niveau 4F7/2, qui mène à la bande d’émission de couleur bleue à 478 nm, peut être excité de

deux façons : premièrement, par transfert d’énergie, identifié ET1E, ou l’absorption à partir

du niveau fondamental pour peupler le niveau 4I11/2 suivi de l’absorption d’un photon à

partir de ce dernier pour atteindre le niveau 4F7/2 (ESA1); la deuxième voie d’excitation de

ce niveau 4F7/2 est par transfert d’énergie après absorption de photons par deux ions

ytterbium (TPA). Puis, les bandes d’émission dans le vert, à 520 et 540 nm, dans le rouge à

665 nm et dans l’infrarouge à 805 nm sont dues aux transitions à partir des niveaux 2H11/2,

4S3/2, 4F9/2 et 4I9/2 vers le niveau fondamental 4I15/2. Ces niveaux peuvent être excités par

relaxation non-radiative à partir des niveaux 2H9/2, 4F7/2 et 4G7/2-9/2. Ce dernier peut être

peuplé par absorption d’un photon (ESA2) à partir du niveau d’énergie 4F7/2. Le niveau

Page 74: Synthèse de verres et vitrocéramiques à base de fluoro ...

60

4F9/2 peut aussi être peuplé par transfert d’énergie vers le niveau 4I13/2 suivi par une

absorption de photon pour atteindre le niveau 4F9/2.47

Finalement, les spectres d’émission de type up-conversion ont été réalisés pour le verre et

les vitrocéramiques d’1h, 2h, 3h, 16h et 170h à plusieurs puissances laser. Les résultats ont

été transposés sur un diagramme de chromaticité afin d’illustrer l’évolution de la couleur

perçue par l’œil humain en fonction du temps de céramisation et de la puissance

d’excitation laser. Celui-ci est présenté à la figure 31. En réalisant les spectres d’émission,

il a été possible de remarquer que les intensités relatives des bandes d’émission dans le

bleu, le vert et le rouge changeaient en modifiant la puissance du laser d’excitation et le

taux de céramisation des échantillons. Donc, en modulant la puissance du laser pour un

même échantillon, on remarque que la couleur émise correspondante sur le diagramme de

chromaticité évolue. En effet, en augmentant la puissance du laser incident, pour un même

échantillon, les couleurs perçues ont tendance à se déplacer du vert au bleu pour le verre

par exemple. Donc, en augmentant la puissance du laser, c’est-à-dire en introduisant plus de

photons dans le matériau, les processus de transfert énergétique impliquant le plus de

photons, comme ceux donnant lieu aux bandes d’émission dans le bleu, sont favorisés par

rapport à ceux impliquant moins de photons qui mènent aux bandes dans le rouge. Aussi,

en comparant les séries de spectres pour le verre et les vitrocéramiques, il est possible de

remarquer que, pour une même puissance laser, plus le temps de céramisation est long, plus

la couleur perçue se déplace vers les basses longueurs d’onde comme le rouge. En effet, la

série de points sur le diagramme de chromaticité pour le verre se situe autour des couleurs

du bleu et du vert tandis que celle de la vitrocéramique de 170h se situe plutôt dans les

teintes d’orange et de jaune. En somme, en modulant la puissance du laser d’excitation et le

temps de traitement thermique des échantillons, une large gamme de couleurs perçues peut

être générée. Celles-ci vont du bleu au jaune en passant par le rouge en passant et le blanc.

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61

0.0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8

0.0

0.1

0.2

0.3

0.4

0.5

0.6

0.7

0.8

0.9

glass

GC-1h

GC-2h

GC-3h

GC-16h

GC-170h

y

x

P

Figure 31: Diagramme de chromaticité illustrant l’évolution de la couleur perçue par l’œil

humain des verres et vitrocéramiques tridopées Yb/Er/Tm en fonction de la puissance

d’excitation laser à 975 nm et du temps de traitement thermique à 380°C.

Figure 32: Photographies du verre et des vitrocéramiques traitées 2h et 170h à 380°C sous

une excitation laser de 975 nm à une puissance de 15 et 40mW

Page 76: Synthèse de verres et vitrocéramiques à base de fluoro ...
Page 77: Synthèse de verres et vitrocéramiques à base de fluoro ...

63

7. Conclusion et perspectives

7.1 Conclusion

Pour conclure, l’objectif principal de ce projet était de générer une lumière blanche par

addition des bandes d’émission dans le rouge, le vert et le bleue à partir de verres et

vitrocéramiques à base de fluorophosphate dopés aux ions de terre rares Yb3+, Er3+ et Tm3+.

Ce projet a commencé par la fabrication d’une série de verre afin de déterminer la quantité

optimale de thulium dans la matrice vitreuse pour générer une lumière s’approchant le plus

possible du blanc. Ceci a permis de déterminer la composition utilisée pour tout le reste du

projet soit : 40% NaPO3- 30% YF3- 20% BaF2- 10% CaF2- (% mol) dopé avec 4% wt.

YbF3- 2% wt. ErF3- 4% wt. TmF3. À partir de cette dernière, une série de vitrocéramiques a

été préparée par traitement thermique à 380°C, située au-dessus de la température de

transition vitreuse et en dessous de la température de cristallisation, pour différentes durées

de 1h à 170h. Le procédé de fabrication des vitrocéramiques a été optimisé au niveau du

temps et de la température de céramisation permettant d’obtenir des vitrocéramiques ayant

une très bonne transparence dans le domaine du visible même après 170h de traitement

thermique comme le confirment l’inspection visuelle et les spectres de transmission

enregistrés sur ces matériaux. Par la suite, une étude de diffractions de rayons X in-situ et

ex-situ ainsi que des analyses par microscopie électronique à balayage et à transmission ont

mis en lumière plusieurs régimes de cristallisation évoluant avec le temps de traitement

thermique des vitrocéramiques. Ces analyses ont permis d’expliquer, en partie, la

transparence des matériaux par la taille des cristaux qui sont de l’ordre de 100 nm et qui

limite la diffusion de la lumière. Ensuite, une étude de l’intensité de chacune des bandes

d’émission en fonction de la puissance du laser d’excitation a été réalisée afin de

déterminer le nombre de photons impliqués dans les différents mécanismes

d’excitation/peuplement des niveaux électroniques. Ainsi, il a été démontré que les

émissions aux longueurs d’onde les plus courtes, de couleur bleue, impliquaient

l’absorption de trois photons tandis que celles dans le vert et le rouge impliquaient

Page 78: Synthèse de verres et vitrocéramiques à base de fluoro ...

64

l’absorption de deux photons. Par la suite, une étude du ratio de l’intensité de chacune des

bandes d’émission des vitrocéramiques sur celle du verre en fonction du temps de

traitement thermique a été réalisée. Celle-ci a permis d’illustrer l’augmentation de

l’intensité des bandes dans les vitrocéramiques par rapport au verre créée par le

rapprochement des ions de terre rares lors de la cristallisation. En effet, ceci indique que,

dans les vitrocéramiques, la distance entre les ions de terre rares est réduite par rapport au

verre, ce qui favorise les transferts énergétiques pouvant mener à une émission de type up-

conversion. En ce sens, l’analyse par diffraction des rayons X avait montré une

incorporation partielle des ions de terre rares dans certaines phases cristallines. Aussi, cette

étude des ratios d’intensité a démontré que les bandes d’émission dues à l’ion erbium

étaient très affectées par l’augmentation du temps de traitement thermique alors que celles

provenant de l’ion thulium ne présentaient pas d’augmentation importante de l’intensité

lorsque le temps de traitement thermique augmentait. Suite aux études de l’intensité des

bandes en fonction de la puissance laser et de celle du ratio des intensités en fonction du

temps de traitement thermique, un diagramme d’énergie simplifié illustrant les différentes

transitions radiatives et non-radiatives a été réalisé. Sur ce dernier, les bandes d’émission

provenant des ions erbium et thulium sont présentées ainsi que les principales voies

d’excitation qui sont : le transfert d’énergie entre deux ions de terre rares, l’absorption d’un

photon à partir du niveau fondamental, l’absorption d’un photon à partir d’un niveau

d’énergie excité et la relaxation croisée. Finalement, les spectres d’émission de type up-

conversion des vitrocéramiques et du verre ont été transposés sur un diagramme de

chromaticité afin d’illustrer l’évolution de la couleur perçue par l’œil humain par addition

des bandes d’émission dans le bleu, le vert et le rouge. Ainsi, en variant le temps de

céramisation et la puissance du laser d’excitation, une large gamme de couleurs peut être

créée passant du bleu, au vert, à l’orange et au rouge sans oublier le blanc. Ce matériau

pourrait offrir une flexibilité tant au niveau de la gamme d’émission que de la mise en

forme pour des applications d’éclairage ou d’affichage.

Page 79: Synthèse de verres et vitrocéramiques à base de fluoro ...

65

7.2 Perspectives

Au cours de ce projet, plusieurs questions sont restées sans réponses suite aux analyses

structurales par diffraction des rayons X. Ainsi, des travaux seraient nécessaires afin

d’approfondir et de mieux comprendre le processus de cristallisation de ce matériau. D’une

part, une analyse structurale devrait être effectuée afin de déterminer lequel ou lesquels des

trois isomorphes, c’est-à-dire CaF2, NaYF4, Ca1-xYxF2+x, apparaissent durant le premier

régime de cristallisation des vitrocéramiques. Ensuite, des études plus approfondies sont

nécessaires pour déterminer la nature chimique des cristaux aperçus sur les images de

microscopie électronique à balayage et à transmission. En effet, une tentative d’analyse

élémentaire a été réalisée sur les matériaux synthétisés, mais sans succès, car la taille des

cristaux était trop petite. Aussi, une étude devra être réalisée afin de mieux comprendre

l’évolution des cristaux au cours des quatre régimes de cristallisation. Celle-ci aura pour

but de déterminer si les différentes phases cristallines apparaissent successivement ou si

elles se transforment d’un régime de cristallisation à l’autre.

Ensuite, le rendement quantique devrait aussi être calculé afin de déterminer l’efficacité des

émissions étudiées. Le rendement quantique représente le nombre de photons émis par une

voie d’émission spécifique par rapport au nombre de photons projetés sur l’échantillon.

Cette analyse doit être effectuée à l’aide d’une sphère d’intégration, appareil qui n’était pas

à la disposition durant la réalisation de ce projet.

Un autre travail futur par rapport à ce matériau pourrait consister à modifier la matrice

vitreuse afin d’abaisser l’indice de réfraction linéaire de celle-ci pour qu’il se rapproche le

plus possible de ceux des phases cristallines. En effet, l’indice de réfraction du CaF2 est de

1,434, celui du NaYF4 est de 1,430 et celui de la phase cristalline Ca1-xYxF2+x est de 1,48

tandis que l’indice de réfraction de la matrice vitreuse est de 1,538. Ainsi, en modifiant les

composants de la partie vitreuse, son indice de réfraction pourrait se rapprocher de ceux des

phases cristallines principales. Ceci aurait comme effet de produire un matériau cristallin

dont la transparence serait semblable à celle d’un verre et cette modification de la

Page 80: Synthèse de verres et vitrocéramiques à base de fluoro ...

66

composition nominale du verre pourrait également fournir des informations

complémentaires d’un point de vue structural sur le processus de cristallisation.

Finalement, un dernier travail qui pourrait être réalisé sur cette matrice vitreuse est la

fabrication de préformes de verre dans le but de produire, par étirement, des fibres optiques

contenant des nanocristaux et qui pourraient être optiquement actives. Des essais avaient

déjà été effectués en ce sens et ces derniers étaient prometteurs. Le défi dans ce travail sera

de pouvoir contrôler la cristallisation dans les fibres optiques pour ne pas que la taille des

cristaux soit trop grande. Aussi, la faible différence entre la température de cristallisation et

la température de transition vitreuse représente une difficulté pour l’étirage de la fibre.

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