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Jean-Louis Tripon LE SURHOMME : NIETZSCHE EN AVAIT RÊVÉ, NOUS L’AVONS RÉALISÉ Essai 1

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Jean-Louis Tripon

LE SURHOMME : NIETZSCHE EN AVAIT RÊVÉ, NOUS

L’AVONS RÉALISÉEssai

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LE SURHOMME : NIETZSCHE EN AVAIT RÊVÉ, NOUS L’AVONS RÉALISÉ

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DU MÊME AUTEUR

CRÉER POUR ÊTRE, Essai d’ontologie expérimentale, Sophon, 1990.

A LA DÉCOUVERTE DE NOTRE VIE MENTALE, philosophie opérative, avec la collaboration de l’artiste Alexandre Beridze, Sydney Laurent, 2018.

ATARAX, Roman, Baudelaire, 2018.

SCIENCE DE LA VIE MENTALE, tomes 1 et 2, téléchargeables dans le site www.sefome-académie.fr, 2017 et 2018.

COURS DE L’ACADÉMIE SÉMANTIQUE ET FONCTIONS MENTALES, cycle annuel de cours de mentalisme DMS, téléchargeable dans le site www.sefome-academie.fr, 2018.

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© Jean-Louis Tripon – Publications de l’Académie Sémantique et Fonctions Mentales 2018

Le code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

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« Etre et non être : ces états procèdent d’une même origine.Seuls leurs noms diffèrent. Ils sont issus d’une obscurité.

Approfondir cette obscurité,Voilà la porte de tous les merveilleux mystères. »

Lao-Tseu, Tao tö king, Chapitre I.

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SOMMAIRE

11… 1. Introduction. Le surhomme chez Nietzsche, Homère, A. C. Clarke et A. E. Van Vogt. Présentation des parties de l’ouvrage

31… 2. Les dérives du développement personnel Une fonction mentale un peu spéciale – Un peu d’histoire - Les religions – Les sectes – Des pratiques mystiques douteuses – Les présupposés des écoles de développement personnel – Gestion saine de la foi.

57… 3. Monisme et dualisme. Des positions métaphysiques Dualisme cerveau/mental.. Le physicalisme : Une théorie non avérée abusive. Le dualisme : Doctrine des deux natures universelles Interface physique/mental : le centriole – Nous sommes des êtres de sens – Dualisme ou idéalisme ?

77… 4. L’homo conceptuel. De la confusion. Incohérences et indigence Historique de l’évolution de la pensée humaine – L’Orient et l’Occident. . La situation des sciences humaines Philosophie – Sémantique et linguistique – Psychologie – Sociologie – Economie – Science politique – Les neurosciences – L’intelligence artificielle et la robotique.. Le mentalisme

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105… 5. La nécessité d’un nouveau modèle de l’esprit humain Cadres de représentations – Nécessité de changer de cadre conceptuel.. Nos qualia Objectif du sujet et subjectif du sujet – De la conscience.. Le rôle des rêves. Le rêve lucide Opératif de rêve lucide dirigé – messages de l’analytique en métacontexte intermédiaire.

127… 6. Des bases sémantiques saines. Une langue Les concepts des théories linguistiques.. Le mot n’existe pas. La sémantique. Le langage est impropre pour penser Afin de mieux exprimer notre pensée dans un langage.. Pensez en infralingue

159… 7. Une autre vision de l’homme et du vivant. Un état mental évolutif. Neuf fonctions mentales Notre être singulier – Notre monde mental non physique – Nos fonctions mentales sont les sources de nos sèmes et de nos qualia – La conscience 5 – La mémoire n’est pas une fonction mentale – La remémoration 1 – La motrice 4 – La pathologique 3 – L’énergie 8 – La concentration 6 – La volontaire 7 – L’analytique 2 – Le joker 9.. Nos structures Mentales Nos structures universelles et superficielles.. Le surhomme le plus probable

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191… 8. L’homo perceptuel mental. L’état intermédiaire : L’ermite. Un surhomme supramental ataraxique Principe philosophique : L’homme est un être du faire et non du savoir – Eternelle présence de notre être singulier – se trouver -multipolarité.. La perception de la réalité mentale. La pensée holistique Notre image kinesthésique – La pensée holistique – Sèmes de notre être – Représentations et décentration.. L’empathie. L’ataraxie

219… 9. Perspectives et réalisations en cours. L’Académie Sémantique et Fonctions Mentales La méthode de développement mental DMS – Croyances – Coaching – Thérapies brèves DMS.. Autres projets Utilisation de l’hypnose à une fin d’apprentissage – Création d’une langue formelle – Comment devenir ataraxique ?

237… 10. Conclusions. L’état actuel de l’humanité. Perspectives de l’espèce humaine Le plus probable.

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1. INTRODUCTION

L’idée du surhomme est ancienne, naturelle, et hante sans doute depuis toujours l’esprit de l’homme comme l’objectif ultime du dépassement de soi

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1. Introduction

Le surhomme chez Nietzche, Homère, A. C. Clarke et A. E. Van

Vogt Dans Ainsi parlait Zarathoustra Frédéric Nietzsche évoque sa conception du surhumain. Je dois avouer que je n’ai guère apprécié ce texte que je considère n’être qu’un recueil de mauvaises poésies en prose, emphatiques, mêlant l’irrationnel et la démesure. Il faut sans doute le lire en allemand pour le goûter à sa juste valeur, cependant l’esthétique littéraire n’était probablement pas le premier objectif de son auteur et les traductions sont assez fiables pour juger de la qualité d’un écrit. Je n’ai lu que très peu d’ouvrages de Nietzsche, deux ou trois, pas plus, et je dois dire que je n’en ai rien retenu, sinon peut-être « Dieu est mort ». Mais ça, depuis Epicure et Lucrèce, nous le savions déjà, et de plus c’est faux puisque ce qui ne peut naître ne peut pas mourir, les divinités ne sont que des fantasmes toxiques dans les esprits des hommes, donc cela ne m’a pas encouragé à en lire davantage. Pour revenir au personnage de Zarathoustra, il ne m’apparaît pas être l’image d’un surhomme, plutôt tout le contraire : un sous homme ayant régressé jusqu’à une sorte de bête, même pas digne d’un animal, gonflé de sa propre personne avide de puissance et de pouvoir, une caricature d’ignorant qui se traîne impuissant de page en page éructant ses sottises. Comment Zarathoustra pourrait-il être un surhomme ? Il ne sait rien faire, le pauvre, sinon parler et se vanter dans une totale incohérence des idées et une inintelligence dramatique des choses. Plongé dans la confusion du dialogue entre le je, le moi et le soi, c’est de plus un misogyne pour qui les femmes n’existent que pour le repos du guerrier et s’occuper des enfants qu’on leur a pondu. Il présente tous les traits d’un pervers

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narcissique incapable de maîtriser ses émotions et ses passions, c’est un faux sage, un gourou de pacotille, un charlatan qui ignore tout de lui-même, un type vraiment pas fréquentable. Quand j’étais jeune, à la sortie de l’adolescence, j’ai été captivé par un autre personnage, un véritable surhomme celui-là : l’Ulysse d’Homère, remis en chants avec brio dans la langue grecque au vingtième siècle par Nikos Kazantzaki avec un vers parfait de dix-sept pieds qui résonne des légendes des temps anciens. Ce qui fait d’Ulysse un surhomme, ce n’est pas tant sa force physique, quoiqu’il en ait pour bander son arc, c’est son intelligence diabolique. Le rusé sait se sortir de toutes les situations et même des pires, mais cela ne lui suffit pas de triompher des circonstances aléatoires, pour lui c’est un challenge permanent. Alors que sa femme Pénélope défait la nuit la toile qu’elle a tissée le jour, lui défie tous les jours les dieux de l’olympe pour qu’ils le mettent à de nouvelles et terribles épreuves. Il est dans l’aspiration permanente du dépassement de ses propres limites et comme il a largement franchi le niveau des autres hommes, se confronter à eux ne peut plus rien lui prouver, donc il est parti jouer dans la cour des dieux. Pourtant Ulysse ne dispose pas des pouvoirs extraordinaires des demi-dieux, il n’utilise que les capacités mentales ordinaires, les vices et les vertus des hommes, un mélange de séduction, de manipulation, de mensonge, de ruse, de raison et de sagesse, mises au service d’un savoir-faire immédiat, sa thètis, et il gagne à tous les coups. Ulysse reste donc un humain qui s’est hissé à la surhumanité par l’excellence de son faire, grâce auquel son conseil est recherché de tous les grecs et qu’il en impose à son équipage. Le second aspect de sa surhumanité, c’est quoiqu’il arrive, et à tout instant, sa confiance sans limite en lui-même et en sa capacité à résoudre des problèmes, source de son immense orgueil. Sa personnalité et l’objectif de vie qu’il a choisi en fait un solitaire en rupture avec la société des hommes. Cependant, s’il a besoin de son équipage pour s’accomplir et qu’il l’entraîne dans ses aventures dangereuses, il est soucieux de la survie de ses marins et met un point d’honneur à les sauver des pires traquenards dans lesquels ils sont tombés, sans doute plus par calcul que par compassion car il ne

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juge les hommes qu’en fonction de leur utilité à servir ses desseins. Ainsi, il délaisse volontairement sa femme Pénélope parce qu’elle ne fait plus partie de ses plans et n’hésite pas à la tromper sans aucun remord, mais la morale familiale est sauve car il sera tué par son fils Télégonos, qu’il a eu de la magicienne Circé, suite à une méprise. Les super héros en costume de carnaval du magazine américain Marvel comics, extraterrestres et X-men, seraient à classer dans les demi-dieux grecs et non dans les surhommes car ils manifestent des pouvoirs extraordinaires et irréalistes comme de voler, de soulever des masses gigantesques, de lancer du feu et de la glace. Ils viennent d’ailleurs et n’ont rien d’humain, suggérant un monde magique et illusoire. Il est aussi à noter que leurs pouvoirs sont uniquement physiques, qu’ils n’ont pas de dimension psychologique, et qu’ils s’inscrivent dans la culture comportementaliste moniste physicaliste dominant la civilisation occidentale au cours du vingtième siècle. Ils ne représentent aucun intérêt pour notre sujet, et les guerriers et robots de l’espace des mangas japonais sont pires, car en lisant une page nous en avons lu mille, reproduisant sempiternellement les mêmes combats stupides. Il en est tout autre avec certaines œuvres de science fiction. La première que je retiens c’est 2001 l’odyssée de l’espace d’Arthur C. Clarke, où après avoir désactivé Carl 9000, l’ordinateur de bord du vaisseau Explorateur 1 envoyé en mission vers Saturne, qui avait assassiné tous ses compagnons, le héros David Bowman en suivant un mégalithe noir censé contenir toute la connaissance d’une haute civilisation mythique, traverse une porte des étoiles qui le plonge au delà des galaxies dans un espace virtuel où une chambre l’attend pour accomplir sa transformation en surhomme. Le fait qu’il revienne en bébé dans une capsule amniotique vers la terre avec tous les pouvoirs extraordinaires d’un maître du monde et qu’il élimine par la pensée les charges atomiques envoyées pour le détruire est assez banal, il fallait bien achever ce roman d’une façon ou d’une autre. Ce qu’il faut retenir c’est que ce surhomme naît de l’homme après une transformation de sa nature mentale, sa nature physique étant secondaire, dans un lieu hors du monde. Que cette transformation,

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qui le mène par l’évolution d’un état de l’humain à un autre, est fastidieuse, nécessite un long apprentissage cognitif hors de toute culture connue des hommes. Qu’il n’y a pas de continuité entre ces deux états, donc que le surhomme constitue une nouvelle espèce, sans appartenance ni devoir envers la précédente, sinon le vague souvenir d’en être issu, qui s’inscrit dans la logique universelle du développement du vivant, qu’elle n’en est qu’une étape qui sera probablement suivie d’autres et donc, qu’elle ne pouvait pas être différente de ce qu’elle est. Que ce surhomme porte en lui tout le potentiel de son espèce, qu’il est destiné à se reproduire et à supplanter la précédente car dans le genre homo, ainsi que le passé nous l’a montré, il n’y a pas de place pour deux espèces concurrentes sur terre. La seconde que j’ai retenue, c’est le roman Le monde des Non-A de Alfred Elton Van Vogt inspiré des travaux du sémanticien Alfred Korzybski publiés dans Science and Sanity. Gilbert Gosseyn, le personnage principal de ce conte philosophique, acquiert des pouvoirs mentaux exceptionnels grâce au Jeu de la Machine, un super ordinateur géant chargé de former et de sélectionner l’élite dirigeante d’une société humaniste philosophiquement évoluée, résolument dualiste athée. Nous y trouvons les ingrédients de la formation de surhommes dans le sanctuaire de la Cité des Jeux. L’accent est mis sur la sémantique selon la thèse justifiée de Korzybski que le langage est la cause principale de l’identification, de l’aliénation et des pathologies mentales des hommes, et que l’apprentissage d’une sémantique saine est la clé de l’évolution mentale de l’espèce. Cependant les travaux de Korzybski n’ont pas pleinement abouti. En particulier, que si la carte ne représente pas le territoire, cette analogie ne s’applique pas à la sémantique, car en sémantique il n’y a pas de carte, les mots n’existant pas, il n’y a que des signes et le sens incommunicable que chacun leur affecte. Nous pouvons en outre regretter son obsession maladive contre le philosophe Aristote qu’il charge de tous les maux de la planète. Ce qui est nouveau dans ce roman c’est la définition de l’homme comme un être sémantique, dont la chair est le sens et les os les sources du

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sens, clairement indépendant du corps et du cerveau qu’il dirige. Les tomes suivants de cette trilogie du cycle du Non-A ne présentent guère d’intérêt car nous y retrouvons les thèmes, et ils renouent avec l’univers magique et fantastique de la science fiction classique ayant inspiré Star-Treck, comme la téléportation par la pensée, la réincarnation du héros dans d’autres corps et la lutte victorieuse d’une société libertaire, où chacun agit spontanément sans concertation avec les autres, contre un empire extraterrestre galactique plus puissant en nombre et en armement qui a envahi leur planète avec l’intention de les détruire. Comme ni Arthur C. Clarke, ni A. E. Van Vogt n’ont atteint l’état de surhomme, ils sont incapables l’un comme l’autre de le décrire, comme de conter précisément le processus et les étapes de cette transformation. Leur imagination se contente de rester dans des généralités qui nous laissent sur notre faim d’en savoir davantage. Nous essaierons d’en faire plus dans cet ouvrage.

Présentation des parties de l’ouvrage

Les dérives du développement personnel Le mythe du surhomme est depuis longtemps présent dans l’esprit des hommes, et pas seulement le mythe mais aussi la réalité de l’aspiration au dépassement de leur état d’incomplétude,… qui les anime, ainsi qu’en témoignent les écoles de mystères, les ordres initiatiques, l’alchimie, les illuminés, l’attraction que représente l’ésotérisme et l’occulte, et d’une façon générale tous les mouvements mystiques qui, au-delà de la simple recherche spirituelle de la grâce, promettent l’accession à un état supérieur de plénitude et de sérénité transcendant la condition humaine ordinaire. Ces quêtes de purification, de rédemption et de transmutation de l’être, autrefois réservés à une élite cultivée et aisée, ont explosées au vingtième siècle avec la vague New Age aux Etats-Unis d’Amérique, mêlant recherche du bien être, spiritualité et psychothérapie, sans doute favorisées par la satisfaction des besoins

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matériels immédiats d’un plus grand nombre et le rejet du modèle socio économique dominant. Dans le champ sémantique, une continuité floue réunit tous ces concepts à des ressentis chargés d’émotions, ce qui en fait des nuances du même concept de spiritualité, même si l’idée de surhomme reste imprécise et le terme rejeté par de nombreuses personnes comme amoral. Il est indéniable que nous sommes ici en présence d’une forte composante de la réalité humaine, plus ou moins assumée ou rejetée par l’ensemble des individus, donc d’un point d’appui et d’un bras de levier, qui pourra servir aussi bien à la personne en lui donnant la puissance de résoudre ses problèmes et de se hisser au-delà de sa condition naturelle insatisfaisante, qu’à d’autres pour l’exploiter à son insu. Le problème c’est que, compte tenu de l’ignorance et de la confusion formelle qui caractérise l’état humain à ce stade de son évolution, il n’existe pas dans cette civilisation, et même dans les écoles de spiritualité les plus renommées, de trajectoire connue qui puisse le mener à l’étape suivante, il faudrait pour cela qu’il ait vécu ce qu’il aspire à vivre, ce qui est rigoureusement impossible. De ce fait, ce vaste domaine qui s’étend de la spiritualité à la psychothérapie et aux médecines parallèles, est exposé aux grands vents de toutes les pratiques douteuses, des plus inoffensives mais inutiles, aux plus malsaines voire toxiques, aux dérives sectaires dont l’une des pire est l’Église de Scientologie de Ron Hubbard, aux croyances les plus incongrues, aux pseudosciences rajoutant de la confusion à celle qui existe déjà, et aux poudres de perlimpinpin des gourous de tous poils qui vivent de la crédulité et des faiblesses des autres. Aussi, il convient de s’armer de la plus grande prudence et de la plus grande rationalité, pour mener à bien sa barque dans ces eaux nauséabondes.

Monisme et dualisme Depuis plus d’un siècle et malgré les échecs successifs du béhaviorisme comportementaliste, du matérialisme réductionniste puis éliminativiste, les sciences, et en particulier les neurosciences et la psychologie cognitive expérimentale, sont monistes physicalistes.

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Selon ces scientistes affirmés, la philosophie et le vocabulaire de la psychologie doivent être remplacés par leur savoir. Les débats font rage au cœur de la philosophie de l’esprit entre monistes et dualistes au sujet des qualia et de l’intentionnalité. Les thèses de certains monistes ont évolués vers un néo dualisme de phénomènes et de propriétés, et non de substance, soit un dualisme de circonstance pour sauver ce qui pouvait encore l’être du matérialisme. Cependant ce n’est qu’une question de termes autrefois tabous, tels que conscience et intention, qui ont vu leur apparition dans le vocabulaire scientifique pour parler du physiquement inexplicable sans résoudre les problèmes de fond. Une théorie émergentiste de la conscience et des fonctions cérébrales supérieures à partir de la complexité du traitement de l’information, est née, marquant le franchissement miraculeux d’un nouveau seuil par principe, qui permet d’assimiler le cerveau à un ordinateur biologique, et sert de base aux recherches sur l’intelligence artificielle et les robots. Nous nageons ici en plein délire de savants fous, comme Monsieur Raymond Kurzweil qui déclare vouloir et espérer upload son cerveau dans un ordinateur. Le plus étonnant c’est que ces thèses, qui témoignent de la naissance d’une nouvelle forme de pensée magique dans les milieux scientifiques, reçoivent un bon accueil dans les médias, à tel point qu’elles sont prises en considération par les intellectuels, les entreprises qui en espèrent des profits, les politiques et les sociologues qui s’inquiètent déjà des conséquences sur l’avenir de nos sociétés. Ces positions physicalistes sont insoutenables à long terme compte tenu des contradictions et des incohérences conceptuelles qu’elles accumulent, et de leur ignorance persistante de nombreux phénomènes mentaux qu’elles sont incapables d’expliquer. D’autant plus que la physique quantique fournit des arguments aux idéalistes pour qui tout est esprit ou conscience, la matière n’étant qu’une illusion. Il est probable que l’échec cuisant prévisible de l’intelligence artificielle sonne le glas définitif de ce scientisme matérialiste. En attendant, les positions des uns et des autres sont bien tranchées et inconciliables, chaque camp affirmant que l’autre se complait dans

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des illusions et refuse d’admettre la réalité des faits scientifiques ou bien celle de nos expériences mentales pures immédiates ressenties, nos qualia. Cette question est plus fondamentale qu’il n’y paraît, car pour devenir un surhomme l’être doit développer des facultés mentales non cérébrales dans un cadre conceptuel qui puisse le permettre, et donc nécessairement dualiste. Le matérialisme et l’identification de l’être singulier à un cerveau qui fait tout, provoquant un insurmontable blocage interdisant une telle évolution pour l’homme. Nous sommes alors forcés de constater qu’il règne actuellement en sciences la même confusion que dans le domaine spirituel.

L’homo conceptuel Depuis la pratique du langage, confirmée par l’invention de l’écriture, il y a environ 5 300 ans en Mésopotamie et en Égypte, puis de l’écriture alphabétique à Byblos vers -1 300 de notre ère, l’homme est rentré au stade de homo conceptuel. Cette étape de l’évolution humaine se caractérise par la pensée verbale altérée par les structures malsaines du langage et par l’addiction aux idées imaginaires de la spéculation intellectuelle débridée dans les sciences humaines. La plupart des gens restent dans le bocal de l’imaginaire propre à leurs croyances, et sont incapables d'en sortir, d'où cette impression de "fantôme errant dans les dédales de son triste sort". La voie vers la perception de notre réalité mentale est étroite et réclame rigueur, cohérence, rationalité et obstination, des vertus que peu possèdent. La culture reste cloitrée dans des présupposés, non conscients de l’être, concernant l’homme et les mondes physiques et psychiques dans lesquels il survit, constituant une chape de plomb aliénante, dont bien peu auront la chance, le courage et l’intelligence d’en sortir. Les religions détournent l’homme de son transcendant personnel qu’il doit échanger contre sa soumission à des idéologies exotiques au profit des prêtres. Les princes le privent de sa liberté en invoquant l’intérêt supérieur des nations, et il doit travailler pour gagner son pain à la sueur de son front.

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La philosophie a vite troqué son amour de la sagesse contre l’amour du savoir, qui est devenu son obsession, et l’homme a oublié qu’il n’était pas un être du savoir mais un être du faire. Cependant, comme il avait conservé une bonne perception de la réalité physique qui l’entoure, il a su développer des technologies pour maîtriser la matière, construire des ponts et envoyer l’homme dans l’espace, tout en négligeant les fondamentaux de la sauvegarde de sa planète, et en s’éloignant un peu plus de sa réalité mentale qui ne fonctionne pas avec les mêmes principes ni avec les mêmes règles. Comprendre et résoudre ses problèmes mentaux revient donc pour lui à trouver par chance une aiguille dans une botte de foin, par la faute de son péché originel d’avoir choisi de penser selon le mode conceptuel plutôt que le perceptuel mental. La nécessité d’un nouveau modèle de l’esprit humain Ni la philosophie, ni la psychologie, et encore moins les neurosciences ne nous fournissent un modèle convenable de l’esprit humain. Curieusement ces sciences n’ont pas remis en cause le vieux modèle théomorphique, Dieu ayant créé l’homme à son image, celui-ci ne peut être qu’ontologiquement immuable et non évolutif, afin de ne pas démentir la création divine. Pourtant la biologie et Darwin nous enseignent que l’homme est le produit d’une longue évolution commencé quatre milliards d’années plus tôt. D’où la nécessité d’un nouveau paradigme qui présente l’esprit humain comme une entité non physique, non matérielle car sémantique, en évolution indéfinie, sans mission cosmique donc responsable de son propre destin, condition préalable pour qu’il puisse envisager de se transformer et de s’engager à entreprendre le chemin de toutes les étapes successives menant à sa surhumanité. Second élément de ce nouveau paradigme : cesser de définir l’homme comme une espèce et de rattacher l’individu à des racines collectives identitaires génétiques, religieuses, sociales, nationales, culturelles et linguistiques. Tout au contraire, le présenter comme un être singulier, libre de tout passé et de toute appartenance, son propre géniteur engendrant sa propre culture, comme le suggère A.

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E. Van Vogt dans le monde des Non-A. Chaque homme pouvant ainsi devenir l’expression d’un des multiples possibles de l’humain et du surhumain, libre de toute aliénation extérieure à son être, disposant de son propre sens à travers lequel il reconnaît ses propres structures, sans se soucier de celles des autres, formellement différentes des siennes. L’altérité étant reconnue comme une propriété non transgressive et un droit fondamental absolu dont chaque homme pourra à chaque instant se prévaloir face aux tentatives perverses de le soumettre à quoi et pour quoi que ce soit. Cesser de considérer la nature sexuelle de son corps, car notre mental n’a pas de sexe, il n’y a donc aucune raison de lui attribuer un genre masculin ou féminin, qui est une forme d’aliénation physique dont il doit se libérer pour parvenir à évoluer. Notre être singulier n’est responsable que de lui-même et de sa propre survie, n’acceptant que les obligations qu’il a lui-même consenties en choisissant son lieu de vie, son métier, sa participation ou non à des associations, des projets et des œuvres collectives, d’avoir ou non une descendance biologique, et assumant les contraintes des lois naturelles physiques, biologiques et mentales de son incarnation. Il est psycho logiquement respectueux de la liberté des autres comme de sa propre liberté, car il est soucieux de ne pas faire à autrui ce qu’il ne voudrait pas qu’on lui fasse, évitant toute compétition afin d’éviter tout conflit, se détournant des excès afin de ne pas en devenir dépendant, aspirant et militant pour que l’État des princes devenu État-nation devienne un État-moyen au service des hommes, gouverné par les valeurs et les principes de la déclaration universelle de leurs droits fondamentaux.

Des bases sémantiques saines Le mot, cette création de Monsieur Ferdinand de Saussure n’existe pas. Pour exister il eut fallu que signifiant et signifié soient de même nature, ce qui n’est pas le cas, le signifiant est le concept d’une microforme dont les équivalences et les diverses représentations physiques sont évidentes et ne peuvent guère prêter à confusion, alors que le signifié est censé être du sens. Cependant il n’existe pas

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de sens hors des esprits humains (si nous négligeons les autres animaux), et ce sens est personnel, propre à chacun d’entre nous, et formellement incommunicable. Donc les signifiés collectifs sont des fantasmes, et même s’ils avaient une réalité, nous serions incapables de vérifier qu’ils sont identiques pour tous les hommes, la diversité et la multivalence des langues nous prouve exactement le contraire. Une théorie voudrait que les signifiés soient des concepts qui se rapportent à des référents, des objets. Or même dans notre environnement physique, nous ne possédons pas les mêmes référents, la neige d’un Inuit n’est pas la nôtre, pas plus que la mer d’un pêcheur de crabes royaux au large des côtes de L’Alaska n’est la mer du vacancier sur la Costa del Sol, et que dire du Mongol qui n’a jamais vu l’océan de ses yeux ? Dans notre champ sémantique, nos concepts sont intimement liés à tous nos souvenirs et à nos percepts, dans une complexité inextricable de relations, et c’est à ces ensembles paradoxaux que nous associons nos signes. Enfin quand nous pénétrons dans le champ de nos expériences mentales pures, parler de référents identiques n’a plus aucun sens, car ici nous ne pouvons rien monter du doigt pour nous accorder. Aussi il vaut mieux abandonner définitivement ces concepts inappropriés toxiques de signifié et de mot, qui demeurent actuellement aux fondements de la linguistique, et nous éloigner du carcan étroit de tout langage conventionnel, afin de développer la richesse de notre pensée. Le langage reste, avec toutes ses composantes sémiotiques, notre seul et incontournable moyen pour communiquer, c’est la raison pour laquelle il a été créé par nos ancêtres, mais il est structurellement impropre pour penser comme il faut. Si une langue vernaculaire peut être améliorée, dans le souci d’une meilleure et plus facile communication entre les hommes, grâce à une orthographe simplifiée, une grammaire logique, une polysémie réduite et une syntaxe développée plus souple, elle restera toujours formellement incapable d’exprimer toutes les nuances et toutes les possibilité de notre esprit pensant multipolaire, du fait entre autres choses de sa linéarité et de son codage alphanumérique. Afin de dépasser cette difficulté, il nous faut parvenir à penser en

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infralinguistique, c'est-à-dire à travers les percepts de sens sensible constituant la base du champ sémantique sur laquelle s’appuie notre langue. Cette base est universelle dans le sens qu’elle n’est pas soumise aux particularismes arbitraires qui caractérisent nos langues et les différencient. Puis de là, développer la pensée holistique, qui elle n’est plus linéaire mais globale, constituée d’un réseau de sens articulé constellaire, dans lequel il n’existe pas de successions temporelles ou causales formatantes, de positions d’origine et de fin implicites pour les processus de pensée.

Une autre vision de l’homme et du vivant Les multiples théories philosophiques se proposent d’étudier l’esprit humain comme s’il avait des propriétés immuables, les mêmes pour tous, et des structures invariables, lui permettant juste de devenir un peu plus sage et un peu plus conscient de lui-même. Elles n’envisagent pratiquement jamais que ses propriétés générales puissent radicalement changer. Si nous voulons sortir de la confusion de l’esprit de l’homo conceptuel tout en évitant les illusions de la pensée magique, il nous faut sortir des représentations fausses que nous offrent les écoles de mysticisme, de philosophie et de psychologie, et repartir sur les bases rationnelles de quelques évidences. Tout d’abord, l’homme nous est présenté et se conçoit généralement comme une entité monopolaire, qui distingue son être du milieu extérieur, avec un moi disposant de facultés diverses grâce auxquelles il dirige comme il peut, plutôt mal que bien car il souffre souvent, sa vie mentale, qui se résume dans la plupart des cas à des comportements physiques accompagnés de réflexions lui permettant de choisir et de prendre des décisions. Ce qui explique, alors qu’en réalité nous sommes neuf fonctions mentales supérieures, et que nous vivons des choses très différentes telles que des émotions, des désirs, des jugements, des comportements physiques, des souvenirs, des croyances, des analyses et des spéculations intellectuelles, des rêves, etc., que nous nous identifions qu’à une seule d’entre elle, et

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même plutôt qu’à un de ses produits inertes, le sentiment du soi qui affirme qu’il est lui. Evidemment l’utilisation d’un modèle inapproprié, implique des actions défaillantes, c’est un peu comme si nous essayons de diriger un avion avec le tableau de bord d’une automobile. C’est la raison pour laquelle je propose un nouveau cadre conceptuel pour la découverte et la maîtrise de l’esprit humain qui tienne compte de la réalité de nos fonctions mentales. Afin d’éviter de diverger vers des conceptions et théories imaginaires, je me suis fixé pour règle dès le commencement de mes recherches d’allier théorie et pratique, d’abandonner la philosophie spéculative pour une démarche expérimentale fondée sur la distinction des ressentis des activités de nos fonctions mentales et l’étude de leurs qualia. Pour dépasser les limites de l’introspection naturelle il m’a fallu mettre au point des techniques innovantes en installant des ancrages dans ma mémoire et en utilisant une carte heuristique : la grille ennéanaire. Tout au long de la progression de mes recherches j’ai consigné mes découvertes successives en élaborant de nouvelles cartes mentales. Même si ces cartes souffrent des conditions et propriétés de leur support papier, éloignées de celles de notre expérience qualitative mentale, elles résultent d’une pratique et non de présupposés théoriques. Le second avantage de ce cadre conceptuel et de l’ensemble des nouveaux concepts dont il se sert, c’est de pourvoir dire et décrire plus précisément et plus distinctivement nos états mentaux, les processus et les interactions, les propriétés et les phénomènes qui les caractérisent, ce que ne permettent pas les théories qui prévalent actuellement en psychologie avec des termes tels que le moi, le ça et le surmoi, le conscient et l’inconscient. Dans ce domaine de notre vie mentale, un chercheur évolue et se transforme au gré de la progression de ses recherches. Il est son propre laboratoire, et il faut comprendre que quand ses recherches aboutissent par l’acquisition de savoir-faire plus que de connaissances à valider, ce laboratoire se transforme, et c’est cette transformation du chercheur qui en définitive est la meilleure

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validation de ses découvertes. C’est ce que j’ai vécu et ce qui me permet d’affirmer avec assurance les résultats et conclusions auxquelles j’ai abouti, en devenant successivement multipolaire décentré, infralinguistique, holistique, et enfin ataraxique. On m’accuse souvent d’être péremptoire, on me conseille qu’il serait peut-être le temps de changer de croyances, mais je ne fais que bêtement décrire ce que je suis, et peu m’importe si ce que je suis devenu est déclaré impossible par des sciences juchées sur leurs positions de principe matérialistes.

L’homo perceptuel mental Ce stade humain qu’ignore notre civilisation occidentale suit le stade homo conceptuel que nous connaissons bien. Compte tenu du fossé qui sépare leur fonctionnement mental, nous pouvons légitimement parler pour lui de surhumanité. Il se caractérise par une conscience sémantique, la direction et la maîtrise de ses fonctions mentales et l’ataraxie. La conscience sémantique est d’une part la conscience du paradoxe sémantique que j’ai défini comme l’impossibilité d’échanger la réalité de notre propre sens avec autrui et la nécessité d’interpréter son langage, c'est-à-dire les signes de son dire, grâce à notre empathie et des constructions analytiques imaginées de son dire en fonction de la richesse de notre propre sens, et d’autre part la conscience de notre champ sémantique infralinguistique, un immense ensemble d’ensembles de sens sensibles peuplé de souvenirs, de rêves, de percepts et de concepts, imbriqués dans de multiples architectures, qui soutient tout langage, déclaré non perceptible par les linguistes, qui prétendent que la perception du sens doit obligatoirement passer par des formes signifiantes, mais qui dans cet état est totalement accessible. Il lui est possible de diriger et d’opérer ses fonctions et sa vie mentale par des ancrages de leurs percepts mentaux sensibles dans sa mémoire sémantique. Après la mise en place consciente de ces liens opératifs, il dirige sa vie mentale par des gestes mentaux sur des raccourcis déclenchant les processus comportementaux désirés.

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L’ataraxie est la conséquence d’un état mental harmonique qui ne rend plus nécessaire le contrôle de la liberté sans limite de la fonction volontaire par le système de contrainte émotionnel. S’il se caractérise par une absence de trouble, d’émotion et de stress somatique, ce n’est que la partie la plus visible d’une nouvelle organisation mentale efficiente complexe qui permet une direction de la vie mentale et une résolution de problème plus fluide, plus rapide et plus aisée, débarrassée des perturbations émotionnelles affectant la concentration et la prise de décision. Par contre il ne possède pas de pouvoirs extraordinaires magiques tels que la transmission de pensée, la clairvoyance, la perception extrasensorielle, la télékinésie, la téléportation, le déplacement mental dans l’espace comme certains ouvrages de science fiction le suggèrent. Ces romans fantastiques témoignent avant tout de l’imagination débridée de leurs auteurs, ainsi que de leur méconnaissance et leur incompréhension des lois, principes et contraintes universelles, qui régissent et gouvernent les natures physique et mentale, qui constituent la réalité de nos mondes.

Perspectives et réalisations en cours Des techniques mentalistes innovantes peuvent être proposées afin de permettre d’atteindre un état que nous pouvons qualifier se surhomme. En tant que chercheur théoricien mentaliste je me suis consacré pendant cinquante ans à l'étude des fonctions mentales supérieures de l'esprit humain, distinctes des fonctions cérébrales cognitives, qui elles, visent la connaissance et l'exploitation du monde physique (perception, mémoire, langage, attention, raisonnement, résolution de problèmes, etc.). J'ai élaboré un modèle de l'esprit humain, qui manque actuellement tant à la psychologie, qu'aux techniques thérapeutiques, aux neurosciences, qu'aux recherches sur l'intelligence artificielle, qui comprend neuf fonctions, huit simples et une double, permettant d'étudier leurs interactions et comprendre les fonctionnements mentaux. J'ai mis au point des techniques mentalistes permettant d'agir directement sur ces fonctions, de

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développer une modalité de pensée holistique non verbale, de résoudre les problèmes sémantiques et psychiques qui pèsent sur l'être humain, et qui mènent entre autres choses à l'ataraxie, un état mental sans trouble, ni émotion, ni stress psychosomatique, un état que j'ai acquis fin 2015, l'année où mes recherches ont pleinement abouti. Ce n'est pas une démarche intellectuelle, même si j'utilise des cartes heuristiques, mais une méthode pratique d'acquisition de savoir-faire pour une meilleure exploitation des ressources de notre mental humain. Au cours des deux dernières années j'ai écrit plusieurs livres, dont deux ont été publiés, ainsi que début 2018 un cours annuel par correspondance de 52 monographies comprenant des exercices, destiné à des cercles limités à six étudiants, un s'est déjà formé à l'étranger que je suis de près, d'autres sont en cours de construction en 2018, j'attends de pouvoir analyser les résultats dans 6 mois environ. Ce sont de futurs professeurs qui ont le projet de mettre au point des programmes de formation pour de jeunes élèves à partir du primaire, puis dans les cycles d’études secondaires et supérieures. Tous ces documents sont librement accessibles et téléchargeables gratuitement dans un site internet, le principe de gratuité et d’enseignement libre, ouvert à tous, permettant de rester informel et étant le moins critiquable. Je souhaiterais que le modèle de l'esprit humain, la méthode et les techniques que je propose puissent être validés scientifiquement. C'est pratiquement une nouvelle science mentaliste que je propose de créer. De petites applications pratiques concernant la résolution rapide d'états obsessionnels émotionnels chroniques ont déjà été confirmées. Dans une entreprise civilisationnelle, face au mur des blocages, des petites chappelles et des connaissances toxiques, l'objectif n'est pas tant de dialoguer avec les consciences, que d'agacer et de confondre les inconsciences, de frapper d'un dard empoisonné le talon d'argile des mythes afin qu'ils tombent à genoux cent pas plus loin dans l'ignorance des causes. Les sables mouvants et les pièges des paradoxes, les labyrinthes où l'esprit se perd, les cases vides qui se dérobent sous les pieds et les confusions de niveaux et

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de plans, sont des armes plus efficaces que les tranchants de la logique propositionnelle des laboratoires.

Conclusions Les problématiques individuelles et sociales qui accablent aujourd’hui les hommes ne sont pas définitives et peuvent être surpassées. Cependant ce dépassement n’est possible que par l’élévation du niveau mental de conscience et de raison de l’humanité. Les propriétés et les structures de l’état mental des hommes ainsi que sa connaissance de son être, n’ont pas changés depuis qu’il est devenu homo conceptuel il y a quelques dizaines de milliers d’années. Sa progression a essentiellement été technologique. Du fait de l’absence de la maîtrise consciente de son esprit, il s’est engouffré dans une trajectoire causale qui a été accélérée par la puissance de ses moyens matériels, et qui le mène inexorablement vers une extinction de masse de son espèce. Certains ont prédit que pour échapper à l’auto destruction des conditions nécessaires à sa vie sur sa planète terre et l’épuisement de toutes les ressources exploitables, il parviendrait à s’en enfuir in extremis avant l’échéance finale, pour reproduire sa civilisation dans les étoiles. Ce qui reviendrait à utiliser la technologie pour exporter un homme malade de sa technologie sur une autre planète, ce qui ne résoudrait évidemment pas ses problèmes. Ce qui resterait de l’humanité étant alors condamné à errer de planète en planète détruisant ses refuges successifs à son passage, un devenir sordide, malfaisant et douloureux, sans fin. Le transhumanisme, c'est-à-dire le projet de vaincre la mort et de créer un homme augmenté est un délire technologique de savants fous. Et c’est encore une entreprise résolument matérialiste, niant la réalité de l’homme en dépit d’un discours humaniste destiné à séduire, qui projette, au-delà de quelques greffes de parties mécaniques et électroniques, de marier le cerveau humain à l’intelligence artificielle d’un ordinateur, donc de créer un cyborg post-humain, une race qui réduirait à l’esclavage les non-augmentés, clairement désignés sous-hommes par le terme de diminués, grâce à des capacités physiques et cognitives supérieures. Ce projet qui

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reçoit des financements importants de l’industrie des nouvelles technologies et de leurs médias alliés, n’est qu’en partie réalisable du fait de contraintes universelles formelles contradictoires, Il ne pourra donc en résulter qu’un cyborg un peu boiteux et mentalement déficient, souffrant de nombreuses failles. Cependant et malheureusement pour l’humanité, suffisamment viable. Une guerre entre ces cyborgs post-humains et les surhumains supramentaux deviendra alors inévitable sur les plans physique et mental. Ces derniers n’hésiteront pas à utiliser des armes mentales confusionnelles, paradoxalisantes et dépressives, de destruction massive, qu’eux seuls pourront exploiter, ce qui leur donnera un avantage déterminant. Le plus probable c’est qu’une autre espèce humaine surgisse des cendres de la précédente, soucieuse de sa santé et de son évolution mentale, s’éloignant des excès et des dérives technologiques, préservant la nature et la biodiversité de la planète terre pour y vivre à jamais.

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2. LES DÉRIVES DU DÉVELOPPEMENT PERSONNEL

Tant que l’homme n’a pas accès à la réalité de ses fonctions mentales il est condamné à rester dans la confusion.

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2. Les dérives du développement personnel

Une Fonction mentale un peu spéciale Il existe en l’homme une fonction mentale qui le pousse à se dépasser. Ce n’est pas une simple intention mais quelque chose qui la submerge et qui sollicite son libre arbitre. Ce n’est pas non plus un simple désir, car le désir s’applique à des objets dont nous avons une représentation claire. C’est une aspiration sourde qu’il ne peut taire sans se détruire lui-même. Le mysticisme conduit les personnes qui s’y engagent à découvrir cette fonction, essentielle à leurs pratiques, grâce à la qualité et la profondeur de leurs méditations. Comme c’est une fonction transcendantale, ils l’éprouvent, l’interprètent et la désignent comme leur âme, parce qu’elle est de nature à donner une consistance à ce concept qui n’est que religieux. Cette fonction est une sorte de joker auquel nous pouvons faire appel dans les pires épreuves pour restaurer notre équilibre psychique, lutter contre la dépression, et nous donner la force d’entreprendre nos projets quels qu’ils soient. Cette fonction irrationnelle est péremptoire, source d’une confiance en soi sans aucune limite, elle valide et consolide nos structures comportementales, et elle crée du transcendant à partir des constructions que notre fonction analytique lui propose à sa demande. Ce transcendant ne peut être soutenu par le jugement arbitraire, il ne peut être soutenu que par la puissance de la foi du joker, c'est-à-dire que par nécessité ce dernier doit totalement ignorer le doute et tout critère de validité. Un transcendant peut être athée ou laïque aussi bien que religieux ou mystique. Dans tous les cas, il nous pousse vers une excellence qui peut se manifester sur le plan moral, l’altruisme, ou encore vers la recherche du bien être, du bonheur, dans une démarche de développement personnel. C’est la raison pour laquelle il vaut mieux qu’il soit personnel plutôt qu’emprunté à une croyance collective, engoncée dans des contraintes, des obligations cultuelles, des

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interdits, et des théologies exotiques d’un autre temps, afin d’être au mieux adapté aux réels besoins de chacun. D’ailleurs une grande partie des croyants n’acceptent que l’essentiel de ce que leur religion leur propose et les oblige de faire, et inventent eux-mêmes le détail de leurs pratiques, leurs convictions les plus profondes et ne tiennent guère compte du reste. Si le principe de fonctionnement du joker demeure toujours immuablement identique, son transcendant ne l’est pas nécessairement. Il doit pourvoir s'adapter aux changements des besoins de notre vie mentale ou sociale. L’aspiration au dépassement de soi du joker nous invite elle-même à ces changements.

Un peu d’histoire Dès son origine le vivant est placé dans un univers dont il ne sait absolument rien, un univers qui le menace et dans lequel pourtant il doit survivre. Pour survivre, alors qu'il ne dispose que de quelques impressions immédiates et aucune des bases qui lui seraient nécessaires, il doit tout construire, tout inventer, surmonter tous ses échecs, il a besoin d'une confiance absolue en lui-même, de la certitude absolue de sa capacité à survivre, se construire et se dépasser. Cette confiance est déraisonnable et irrationnelle, car c'est un être précaire et faillible, mais c'est de cette confiance qu'il tire sa force. C'est cette puissance qu'il projette qui s'exprime dans la foi. Il a d'autant plus besoin de cette puissance que ses moyens sont faibles, que ses tentatives sont hasardeuses et désespérées. La foi lui assure une certaine sérénité face à l'inconnu qui l'entoure, l'espoir de s'en sortir, mais elle ne fonctionne, ne lui vient en aide, que dans cette puissance. Quand nos ancêtres étaient encore des chasseurs-cueilleurs leur transcendant prenait principalement la forme d'une sorte de monothéisme primitif bienveillant, qui par amour du vivant veillait à assurer leur survie, ils sentaient sa présence prégnante dans leur environnement naturel. C'est quelque chose que l'on observe encore chez les Indiens des plaines en Amérique du Nord et les Aborigènes australiens. Ils accordent une grande attention à leurs rêves par

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lesquels ils prennent contact avec leur transcendant et reçoivent de lui des messages, dans le même esprit ils consomment des plantes et des champignons hallucinogènes, avec des pratiques qui les mènent à des états de transe. Ils ne font pas de sacrifices ni d'offrandes car ce serait douter de son amour pour eux. Simplement quand ils abattent un animal pour survivre, ils lui rendent grâce car ils sentent aussi sa présence dans cet animal, et c'est donc un don de lui. Ils savent qu'il veille à leurs besoins, mais aussi qu'ils doivent s'adapter à ce qu'il leur offre. Ils conçoivent tout changement comme une opportunité qu'il leur envoie afin d'assurer leurs besoins, ainsi en cas de difficultés, ils se déplacent avec confiance. Ce transcendant est particulièrement adapté à leur mode de survie et développe leur sens de l'adaptation. Aussi quand les chevaux échappés des enclos espagnols sont remontés vers le nord, ils n'ont pas été perçus par les Indiens des plaines comme une menace ou des démons comme ce fut le cas par les agriculteurs du sud, mais comme une opportunité à saisir envoyée par leur transcendant, et ils ont créé une civilisation du cheval. Les agriculteurs par contre sont des sédentaires, ils savent qu'ils exploitent la terre, que cette exploitation a des besoins spécifiques, de la pluie, du soleil, du retour des saisons, etc., ils sont beaucoup moins adaptables que les chasseurs-cueilleurs, ils perçoivent tout changement comme une menace, leur transcendant se peuple de nouveaux dieux destinés à les protéger là où ils vivent, à protéger leur foyer, leur bétail, leurs cultures. Ils craignent les catastrophes naturelles qui détruisent leurs biens, ils les interprètent comme autant de signes de colère de ces dieux, pour les apaiser ils leur font des offrandes et comme cela ne semble pas suffire, ils offrent des sacrifices prélevés sur leur bétail, leurs premiers-nés, le sang c'est ce qu'ils ont de plus précieux, ce fut le début du paganisme. En Irlande les petites communautés paysannes élisent des rois pour servir une déesse agricole exigeante, quand les récoltes sont trop mauvaises c'est que ces rois ont déçu la déesse, donc pour lui plaire, ils les tuent et en choisissent d'autres. Ces transcendants sont relativement fragiles car quand les épreuves sont trop fortes, les sécheresses, les épidémies et les famines trop répétées, trop meurtrières, quand les

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hommes voient que tout ce qu'ils font ne sert à rien, leur transcendant s'effondre et avec lui leur civilisation, ils détruisent leurs villages, recouvrent leurs temples de terre et quittent ces lieux maudits. C'est ce qui est arrivé aux Nazcas en Amérique du Sud. Plus tard avec des polythéismes, il est vrai beaucoup plus élaborés, c’est arrivé de même aux Mayas en Amérique du Nord, puis dans des flots de sang aux Aztèques à l'arrivée de quelques Espagnols. Plus tard encore d'un point de vue culturel, dans le contexte du polythéisme impérial urbain, quand les Carthaginois ont vu Scipion l'Africain s'approcher des remparts leur ville, les prêtres ont reproché aux familles les plus riches d'avoir négligé leurs devoirs, trahi leurs anciennes traditions, d'avoir remplacé leurs premiers-nés destinés aux sacrifices par des prisonniers et des esclaves. Cette nuit-là plus de deux cents enfants furent sacrifiés. Après la défaite, quand Scipion eut pris la ville, je ne sais pas ce qu'ils ont fait des prêtres, mais en moins d'une journée tout ce transcendant s'est effondré. Un transcendant doit servir les besoins des hommes, quand il échoue, il s'effondre, quand les besoins des hommes évoluent, il se transforme, mais partout où il continue à servir les besoins des paysans et surtout s'il est relativement débonnaire, le paganisme perdure, s'enrichit de fêtes, de sources miraculeuses, etc., et jusqu'à aujourd'hui. Avec la naissance des grandes cités, des empires, comme aux Indes, en Egypte, en Grèce, apparaissent les grands polythéismes. Il n'y a plus uniquement des paysans, mais aussi des artisans, des bâtisseurs, des marchands, toute une collection de métiers et surtout des princes. Les besoins des hommes ont changé, se sont diversifiés, chaque catégorie de population a ses propres besoins et les princes ont des besoins spécifiques. Pour eux, il faut veiller à la protection des villes et de leur empire, il faut aussi justifier et consolider leur pouvoir, le partager avec les prêtres et gérer avec eux une population turbulente, ils deviennent souvent les intermédiaires privilégiés des dieux, mais des intermédiaires sacrés, inaccessibles, parfois des dieux eux-mêmes qui poursuivent leur protection au-delà de la mort. Mais ils ne vont pas jusqu'à totalement renverser l'ordre ancien, à priver le peuple de ses réconforts, donc à côté du transcendant nouveau dédié

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aux princes subsiste une multitude complexe de divinités protectrices. Les sacrifices barbares disparaissent, les offrandes vont aux princes et aux prêtres, ce sont eux les véritables protecteurs et les princes n'ont pas besoin de sang, ils ont besoin des paysans pour produire, des guerriers pour leurs guerres, de bras pour construire leurs palais, leurs temples, et leurs tombeaux. Le seul souverain à avoir eu l'audace de renverser l'ordre ancien, c'est Akhenaton le roi-prêtre mais son monothéisme est davantage un polythéisme simplifié qui prive le peuple de ses anciens protecteurs sans rien lui apporter en échange sinon sa propre personne. Il échoue d'une part parce qu'il se prive de l'alliance des prêtres et d'autre part parce qu'il apparaît au peuple comme un hérétique blasphémateur qui confisque tout le pouvoir pour lui seul, sans être lui-même le roi qu'il attend. Avec l'écriture, l'argent, le développement du commerce, les déplacements des populations, la complexité croissante des rapports entre les personnes, des besoins sociaux apparaissent. Les rois qui tentent de les régler par leurs lois font figure de despotes. La bande des dieux paillards et immoraux des panthéons n'est pas appropriée pour répondre à ces besoins. Le prince a besoin de sacraliser son modèle de pouvoir, son alliance avec les prêtres, leur assurer des revenus, de rassembler un peuple disparate, le contrôler, lui donner une identité sur laquelle il puisse compter. Le peuple a besoin d'une morale, d'un code civil, d'une justice, qui soient acceptés par tous et que personne ne puisse contester. Avec son livre sacré Josias résout d'un coup tous ces problèmes. Son monothéisme n'est pas seulement une religion, ni seulement un projet politique, c'est un vaste ensemble, une réforme globale de la société portée par un transcendant. Josias échoue, il perd la vie quelques années plus tard au cours de combats et son fils revient au paganisme, mais son projet est si séduisant, si moderne pour l'époque, que je judaïsme renaît presque de lui-même alors que ce peuple est en captivité, et il engendrera tous les autres grands monothéismes. Ensuite ces monothéismes ont souffert parce que dès leurs origines, ils sont totalitaires, ils veulent éradiquer les paganismes et les réfractaires, ils prétendent s'imposer à tous, jusque dans les moindres détails de la

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vie quotidienne, dans tous les domaines de la pensée et surtout par leur difficulté et presque leur incapacité à se transformer du fait de la sacralité de leurs textes. En fait il n'est pas interdit à un monothéisme de porter une évolution scientifique, sociale et politique, s'il sait s'adapter rapidement à l'évolution des besoins d'une population et corriger peu à peu ses premières erreurs. En Asie de l'Est nous pouvons voir d'autres types de transcendants collectifs. Si pour devenir populaires, le bouddhisme et le taoïsme ont intégré les pratiques paganistes auxquelles aspiraient les populations et ressemblent aux autres religions, dans leur version radicale ce sont des écoles de dépassement de soi disposant de leurs propres techniques mentales. Bouddha voulait s'affranchir et enseigner aux autres comment s'affranchir de toute souffrance. Lao-Tseu aspirait à « aller sous le ciel », une harmonie spontanée dans la fluidité d'une vie physique et mentale. De tous les philosophes chinois, c'est le plus individualiste, il ne s'intéresse ni au social, ni au politique, il fait peu de cas de la compassion, et selon la légende il s'enfuit dans la solitude. Les transcendants de ces écoles ne sont pas des transcendants de survie, mais de dépassement de soi. Ils s'adressent surtout à des personnes déjà libérées de toute contingence matérielle. La grande peste a fissuré le monolithisme du monothéisme chrétien en Europe et ses abus répétés ont fait le reste, la renaissance a pu émerger, puis la science et la progression des techniques ont transformé les besoins des populations, les églises ont dû renoncer à leurs ambitions et libérer leurs carcans après des siècles de conflits sanglants. La majorité de la population n'est cependant pas devenue athée, car l'athéisme suppose une réflexion approfondie, elle est devenue areligieuse et elle a adopté d'une façon pas toujours très consciente le mythe du progrès, un transcendant porté par la philosophie, la politique, les sciences, la médecine, l'économie, et la conviction que quoi qu'il fasse, quels que soient ses errements et ses erreurs, l'homme arrivera toujours à s'en sortir. En quelque sorte il s'est rapproché de la fonction essentielle de la foi. Ce mythe pourrait souffrir, si l'humanité rencontrait à l'avenir de fortes épreuves, mais

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un autre mythe plus ancien, la cyclicité, chère à Confucius, pourrait le concurrencer dans la recherche d'une harmonie sociale et politique hors du progrès.

Les religions Une religion est une secte qui a réussi à devenir populaire. Le meilleur exemple que nous pouvons examiner c’est la secte juive qui a donné naissance à la religion chrétienne. A son commencement c’est une secte christique qui vit en communauté à Jérusalem en attendant l’avènement du Royaume de Dieu, c'est-à-dire la fin du monde, et qui évolue pour se stabiliser trois siècles plus tard parce que cette fin du monde ne vient pas. La règle initiale était que tous vendent leurs biens, et les mettent en commun. Un couple, Ananie et Saphire, ayant détourné à son profit une partie de la vente de ses biens, après avoir été démasqué, est accusé de mentir à l’Esprit du seigneur Dieu et à avoir succombé à Satan, tous deux meurent aussitôt subitement, et toute la communauté est saisie d’une grande frayeur (Actes des apôtres, Chapitre V, versets 1 à 11). Voici quels sont les miracles qui entretiennent la cohésion du groupe. Obligation du don de ses biens personnels, menaces, sanctions, miracles, manipulations, croyance en la fin imminente du monde permettant toutes les exactions, il y a là tous les ingrédients d’une secte. Moins d’un siècle plus tard le martyre sera vécu comme le témoignage ultime de la foi chrétienne, la douleur devient le plus court chemin pour se rapprocher de Dieu et la souffrance devient jouissance. Le martyre atteste de la grande attitude morale du saint, imitant le supplice du seigneur Jésus-Christ, et lui vaudra sa canonisation par l’Eglise romaine. Tous les êtres vivants ont besoin d’un transcendant qui leur offre sa confiance péremptoire quand face à la formidable étendue de leur ignorance formelle, leur fonction volontaire se déclare incapable de décider et leur jugement incapable de juger, leur foi comble alors leur impuissance et leur insécurité ontologique. Pour être efficace et au plus prêt de la réalité de leurs besoins, ce transcendant se doit d’être évolutif et personnel. Le drame des hommes, c’est que vu la complexité de leur situation mentale, la plupart sont incapables de le

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construire, et que par la parole d’autres veulent les dominer et les convertir au leur. Les religions sont dès leurs origines des entreprises de manipulation des esprits au service des princes et des puissants, un jeu d’aliénations et de pouvoirs dont l’avidité pour les richesses, l’argent et les jouissances n’est pas absente. Les religions sont des théories philosophiques abusives. Comme toutes les théories philosophiques ce sont des assemblages de concepts, en grande partie des fantasmes, des mythes, avec la dénomination de choses non avérées comme Dieu, son paradis et ses anges. Elles sont abusives parce qu'elles obligent leurs adeptes à des cultes et des actes, à convertir leurs enfants, à des sacrements irréversibles qui les rendent formellement soumis à jamais. Enfin, leurs textes sacrés appellent à la haine, au meurtre et aux massacres de mécréants, d'hérétiques et d'apostats, ainsi que nous pouvons lire dans le deutéronome, texte commun aux trois monothéismes : Chapitre XIII, versets 15 et 16. « Vous ferez passer aussitôt au fil de l'épée les habitants de cette ville, et vous la détruirez avec tout ce qui s'y rencontrera, jusqu'aux bestiaux. Vous amasserez au milieu des rues tous les meubles, et vous les brûlerez avec la ville, consumant tout en l'honneur du seigneur votre Dieu, en sorte que cette ville devienne comme un tombeau éternel. Elle ne sera jamais rebâtie. » Cette phrase du niveau de Mein Kampf ne fait pas exception, il y en a des dizaines. Quels crimes ont commis ces pauvres gens pour mériter un tel châtiment ? Ils se sont laissés séduire par des dieux étrangers, et encore pas tous, les autres sont coupables de ne pas avoir dénoncé leurs amis et leurs frères. Aux yeux de ces religions c'est impardonnable, et ce texte a servi de référence aux tribunaux de l'inquisition en Espagne. Les mêmes affirment que la conscience et la raison humaine ne peuvent constituer un guide infaillible pour organiser la société, une révélation étant nécessaire.

Les sectes Ce n’est pas tant la médiocrité de ses croyances qui font une secte, même si beaucoup nagent dans la pensée magique, hors de toute cohérence et de toute rationalité. Nombreuses sont les croyances d’une certaine façon légitimées par leur acceptation sociale

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(astrologie, tarots, géométrie sacrée, symbolisme), leur ancienneté (ésotérisme, alchimie, chamanisme), leur importance dans d’autres cultures (cabale hébraïque, métaphysiques chinoise, indoue et tibétaine), leurs liens avec les grandes traditions spirituelles des religions et écoles orientales (bouddhisme, taoïsme, hindouisme), leur positionnement sur les grandes questions qui interpellent l’esprit humain (vie après la mort, origine de l’univers, du vivant et de l’homme), les techniques de développement personnel ou spirituel qu’elles proposent (méditation, introspection, visualisation, prière, verbalisation, vocalisation, respiration, diététique, yoga, ascèse, etc.). Ce qui caractérise une secte c’est la personnalité de son créateur et ses pratiques abusives et manipulatrices avec l’objectif plus ou moins conscient d’exploiter autrui. Nous pouvons citer un éventail de critères manifestes de sectarisme, plus ou moins présents dans chacune d’elles. Cette liste n’étant pas exhaustive. 1) La personnalité à tendance pervers narcissique voire menteur pathologique de son créateur, presque toujours un homme, comme l’était manifestement Ron Hubbard, le créateur de la scientologie. La présence à ses cotés d’un ou de plusieurs adjoints totalement dévoués à sa personne quoiqu’il arrive, prêts à accomplir toutes les basses besognes à sa demande et à assumer les responsabilités administratives et juridiques, en général des femmes, le plus souvent sa propre femme, la femelle alpha du groupe. 2) L’avidité pour l’argent, le pouvoir et la domination d’autrui du créateur, du gourou, ou du responsable de la secte. Les demandes financières exorbitantes auprès des membres : cotisations, dons, legs, appropriations des biens personnels. 3) La vie en communauté selon ses propres règles d’au moins une partie des membres, considérée comme le premier cercle au sein duquel seront formés les disciples, les missionnaires chargés de faire du prosélytisme à l’extérieur de la secte, et les futurs officiers chargés de la discipline et des sanctions internes à la secte. Le second cercle extérieur étant constitué de sympathisants. 4) Le culte de la personnalité envers le gourou de la secte, la mise en scène de son charisme particulier.

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5) les titres pompeux de Grand Maître, Maître, officier et adeptes. 6) Le système pyramidal hiérarchique organisé pour la collecte de l’argent. 7) Un système de croyances et de pratiques particulièrement étranges, irrationnelles et exotiques, impliquant des extraterrestres, de hauts personnages de civilisations disparues, ou de démons pour les sectes satanistes, afin de tester et sélectionner les membres les plus faibles en fonction de leur crédulité. 8) Les techniques de manipulation des membres, impliquant séduction, menaces, mise en scène de miracles, exploitation des situations de faiblesse, le désarroi et la crédulité, promesse de guérison et de mieux être grâce aux interventions, à la sainteté et à l’attention personnelle du gourou envers les membres. 9) Les menaces et violences contre toutes critiques des membres envers la secte, son organisation, ses méthodes et son gourou. 10) Les abus sexuels des membres, l’esclavage sexuel à but lucratif hors de la secte. 11) L’esclavage et le travail forcé exigé des adeptes, parfois menés au bout de leur épuisement physique et maintenus en état de sous alimentation. 12) L’utilisation abusive des enfants des membres, désignés comme enfants pourpres, cristal ou arc-en-ciel, chargés de missions cosmiques, afin de mieux manipuler les parents. 13) Les tentatives de s’accorder les faveurs des autorités publiques par des investissements locaux, la corruption, des offres de collaboration et des avantages divers. Toutes ces pratiques constituent des menaces sociales, une mise en danger physique et mentale des personnes, des violations manifestes à la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948. Le caractère sectaire d’une organisation ne se manifeste pas seulement dans le domaine ésotérique mystique ou religieux, il peut apparaître dans d’autres secteurs : philosophique au sens large, santé, coaching, développement personnel, pseudo-scientifique, sport, politique, syndical et économique.

Des pratiques mystiques douteuses41

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Un mystique est censé rechercher la grâce dans une expérience spirituelle extatique avec son transcendant. Ces expériences sont vécues dans ce qui est en général appelé des états modifiés de conscience (EMC), terme que je n’emploie pas, lui préférant celui de synergies mentales particulières, car la conscience qui n’est qu’une fonction mentale révélatrice n’y intervient pas, c’est le contenu de ce qu’elle révèle qui est spécifique à ces états mentaux. Et ce contenu est le résultat d’interactions particulières, principalement de notre fonction analytique et de la fonction transcendantale qui gouverne notre foi péremptoire. Dans ces états spéciaux, ces deux fonctions sont en dominance partagée et notre fonction volontaire en servitude, ce qui explique que notre sentiment du soi peut y subir de profondes distorsions, s’étendre vers l’infini voir subir une inversion, d’où leur qualification de mystiques. Les ethnologues mettent dans ces EMC, qui constituent des faits mentaux objectifs bien réels, des choses très disparates qui vont de simples rêves ordinaires à des états pathologiques, des transes, des effets de la prise de drogues, des états d’hypnose ou de méditation profonde, des expériences mystiques, et des expériences de mort imminente. Bref, tout ce qui n’est pas notre état de veille ordinaire. Il y aurait lieu de faire une classification plus rigoureuse de toutes ces synergies qui ne présentent pas les mêmes aspects. Il n’y a pas vraiment de normalité dans ce domaine, chaque état mental correspondant à une géométrie ou synergie particulière de nos fonctions mentales.

La voie du cœur. Le cœur est une pompe à sang, rien de plus. Le cœur à longtemps été considéré comme le siège des émotions, des passions, de la volonté, du courage, de la pensée, de l'intelligence, de l’âme et de la mémoire, d'où les expressions : « Avoir du cœur », « Apprendre par cœur », « Le cri du cœur », etc. Ce n’est qu’à partir de la Renaissance que ce siège a commencé à migrer vers le cerveau dans l’esprit des hommes, mais cette migration n’est pas terminée, le cerveau n’est aussi qu’un organe biologique qui capte et code les informations qu’il reçoit de nos organes sensoriels pour les envoyer à notre conscience, et à l’inverse qui exécute les instructions qu’il reçoit de notre fonction volontaire, sans oublier la motrice.

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Cependant, les idées fausses ont la peau dure, pour beaucoup de mystiques, le cœur est toujours le siège de l’âme. Tout ceci s’explique du fait que les stress somatiques positifs des émotions telles que la joie, l’amour et l’espoir, se manifestent dans la poitrine, donc proche de cet organe. La voie du cœur cultive l’amour de soi, mais comme on sait l’amour rend aveugle, est-ce donc raisonnable de s’aimer ? Et d’aimer les autres inconditionnellement par principe ? De refuser d’analyser et de juger de toutes choses ? Certes, se détester est malsain et peut nous conduire à la dépression, et même au suicide, mais devons-nous recouvrir d’un voile d’amour nos faiblesses, nos erreurs et nos échecs, si nous désirons les dépasser, alors que nous sommes responsables de nous-mêmes et de tout ce qui nous arrive ? Si nous devons accepter ce que nous-sommes car c’est notre réalité, il faut d’abord commencer par se connaître le plus objectivement possible, sinon ce serait connaître une image illusoire de nous-mêmes. Or l’amour est un sentiment positif, péremptoire, indubitable, irréfutable, que nous projetons en général hors de nous-mêmes. Donc si nous projetons ce sentiment sur nous-mêmes, cet amour narcissique de soi, ne nous permettra pas de nous analyser impartialement, ces deux attitudes étant trop contradictoires. C’est pourquoi je préfère à l’amour, une autre attitude positive envers soi : la confiance en soi, qui ne concerne que nos savoir-faire, notre capacité d’agir et de répondre efficacement à toutes les situations qui se présentent, et qui elle, n’interdit pas l’exploration et le jugement analytique de soi. La voie du cœur nous montre ici l’une de ses plus grandes faiblesses : celle de nous conforter dans une inconscience des choses qui va nous inciter à ne rien faire, à tout accepter même la souffrance, à rechercher un apaisement illusoire, car ne traitant que passagèrement des symptômes et non les causes, dans des contacts émerveillés avec la nature, et en définitive à nous maintenir dans un état stagnant de faiblesse, chargé de vains espoirs d’amélioration et d’évolution. Car si nous pouvons rencontrer parfois un peu de chance, il n’y à pas de miracle, si nous n’entreprenons rien de

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vraiment efficace pour nous améliorer et résoudre nos problèmes, nous n’avancerons pas. La voie du cœur privilégie la compassion, et c’est sa deuxième grande faiblesse, c’est moral et bien gentil mais ça n’apporte absolument rien à l’autre. Tout d’abord, nous ne sommes pas des saints, et donc incapables d’accepter de ressentir en nous toute l’étendue de la misère et de la souffrance d’autrui, fut-il un proche en train de mourir d’une maladie douloureuse incurable. La compassion est une attitude un peu hypocrite, mêlée de pitié, plus destinée à nous protéger d’autres émotions et à satisfaire à bon compte notre amour propre et notre éthique, qu’à secourir l’autre. Or la pitié est un sentiment complexe à composante sociale, proche du mépris et de condescendance pour les malheurs de l’autre, augmenté de notre propre fierté à ne pas en souffrir nous-mêmes, il n’y a donc rien ici qui soit noble. Il est difficile d’aider l’autre, et nous ne pouvons guère le faire que matériellement. Il est des circonstances où même les plus grands thérapeutes et les plus grands vrais guides ne peuvent faire que peu de choses pour aider l’autre psychiquement et spirituellement. C’est un domaine ou pullulent les petits métiers de charlatans, cartomanciennes, astrologues, faux médiums, chamanes, aides en tout genre au bien être de la personne plus ou moins teinté de spiritualité orientale et de noms pompeux tels que quantique ou holistique. J’ai dit petits métiers car se sont des gagne-petit comparé aux gourous qui exercent à grande échelle leur imposture sur les plus faibles.

L’effet placébo de l’attitude positive. La pensée positive, la loi de l’attraction, sont des variantes de la méthode Coué. Cela peut avoir l’effet inverse, car si nous n’y croyons pas vraiment et qu’au fond de nous, nous en doutons et imaginons que cela va immanquablement échouer, nous construisons un nocebo. C’est croire en l’existence de la pensée miraculeuse, prometteuse de monts, argent et merveilles, qui accompagne des techniques thérapeutiques aussi hasardeuses que lucratives pour leurs promoteurs, parfois à tendances sectaires. Ces techniques verbeuses issues d’une stratégie commerciale attrape tout, à cheval entre mysticisme et thérapie de groupe, qui se parent

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de noms à la mode, mélangeant allégrement spiritualité orientale, cosmologie, physique quantique, neurosciences, et théories psychanalytiques, vous parlent d’éveil, de pleine conscience, de subconscience, de votre esprit, de votre ego, de votre mental et de votre âme, dans la confusion sémantique la plus totale, vous promettent d’agir sur votre cerveau et même sur vos gènes, tant qu’à faire il ne faut pas se gêner. Mais la pensée positive ce n’est pas seulement la petite prière du soir répétée tous les jours en comptant les billets, en visualisant la ou le partenaire idéal que l’on rencontrera demain, la guérison d’une maladie handicapante ou la perte de poids, c’est aussi l’obligation permanente de penser positif, le refus de la pensée analytique, donc le refus de voir les aspects négatifs qui peuvent encombrer votre vie, un déni de réalité.

Les voyages astraux. Des techniques et rituels particuliers permettent de construire des songes d’une grande intensité avec des détails à profusion d’une grande précision, ce que j’appelle : l’hyper définition. Les voyages chamaniques accompagnés d’animaux de pouvoir sont des rêves éveillés qui présentent les mêmes caractéristiques que les rêves lucides. Ce sont des choses qui peuvent être très exaltantes et très enrichissantes à vivre, à condition qu’on évite de prendre des drogues hallucinogènes pour les provoquer et qu’on les prenne pour ce qu’elles sont : des phénomènes oniriques dirigés produits par notre imaginaire. En dépit des croyances ésotériques concernant l’existence hypothétique de plusieurs corps subtils et plans astraux, il est maintenant démontré que les sorties du corps (O.B.E., Out of Body Expérience, en anglais) des voyages astraux, sont des rêves dans un environnement construit à partir de la mémoire de l’expérienceur, qui peuvent survenir lors de la paralysie du sommeil, les expériences de mort imminente, les méditations dirigées, et même au cours de rêves ordinaires. Marcel Aymé en a romancé une description dans son livre : Le passe muraille, qui finit tragiquement, son personnage restant prisonnier d’un mur. Ces expériences mentales vraies, n’ont évidemment aucune réalité physique.

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Par contre, les voyages chamaniques sont des rêves de vols du chamane, chevauchant des animaux magiques, voire se transformant lui-même en un animal de pouvoir, très imprégnés de sa culture spirituelle, qui ne se caractérisent pas par la sensation de sortie du corps mais par la qualité des images de son aventure onirique. Ces transes s’inscrivent dans des traditions religieuses animistes anciennes des peuples d’Asie de l’Est, de Sibérie, et des deux Amériques. Cependant, ce même type de rêve peut être vécu par un Occidental, dans d’autres contextes mais avec la même qualité d’image, dans lequel il ne percevra pas nécessairement son corps, encore une fois dans l’expérience de mort imminente, dans une expérience mystique, et même dans un rêve ordinaire. Nous pouvons donc les classer dans un groupe distinct de celui des sorties du corps.

Les croyances extravagantes en des maîtres protecteurs et des missions cosmiques. On entre là dans le domaine du grand-guignol de la pensée magique dangereuse car toxique. Ces croyances sont propres au channeling, avec peut-être une influence de la culture religieuse hindoue, qui s’est constitué aux Etats-Unis comme un courant particulier de la mouvance New Age. Elles conduisent un être humain à communiquer avec une entité surnaturelle astrale, un être de lumière bienfaisant ou malfaisant, un ange, un maître ascensionné, un extraterrestre ou un démon, lui envoyant des messages cosmiques, des révélations, lui confiant des missions terrestres à remplir, lors de transes dans des états de conscience dit altérés, proche de l’hypnose, qui finissent par devenir son habitude de vie quotidienne, qui se manifestent à l’improviste et s’imposent à lui sans qu’il ne soit plus nécessaire pour lui de les provoquer. La croyance en la validité de telles manifestations qui ne sont que des projections dans le cadre conceptuel de l’imaginaire d’une personne, peuvent gravement affecter la vie et la santé mentale de leurs disciples.

La réincarnation. La plupart des gens croient en la réincarnation. Pour mieux illustrer et comprendre le rôle de la foi, je ne peux pas quitter ce chapitre sans parler de ce que certains appellent : « les

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expériences de vies antérieures ». Ce sont des rêves, soit des rêves ordinaires, mais aussi des rêves éveillés dans un état de songe proche de l'assoupissement. La particularité de ces rêves c'est qu'ils se présentent dans un cadre historique ancien et parfois très ancien et qu'ils mettent en scène des expériences structurantes, le plus souvent dramatiques : fuites, condamnations, exécutions, suicides, échecs, errances, succès aussi parfois, mais pas comme des cauchemars, plutôt comme des expériences assumées, vides de toute souffrance et pleines au contraire des leçons qui en ont été tirées ou doivent en être tirées. Ce sont des rêves à message. L'imaginaire de l'analytique est tout à fait capable de produire tout seul dans son coin, comme un grand, ce type de rêves, mais si la foi s'en empare, elle leur donne toute sa puissance, elle donne à l'être des centaines de siècles de racines, des racines qui par le passé expliquent son présent et éclairent son avenir, des racines qui construisent une histoire personnelle qui transcende les races, les cultures, les civilisations, après avoir été tout cela il ne peut plus être aucune d'elles, il ne peut plus être que lui-même. La foi lui donne ainsi non seulement une sécurité ontologique à toute épreuve mais beaucoup plus encore. Cette croyance non avérée est donc plus profitable que dangereuse pour les personnes.

Les présupposés des écoles de développement personnel

Nombreuses sont les écoles de développement personnel nées dans les années 1950 dans la foulée de la vague New Age aux Etats-Unis. Ces écoles véhiculent ces présupposés toxiques. Il ne s’agit pas ici de juger de la vérité ou la fausseté d’un présupposé, mais de juger de son efficacité et sa nocivité pour le développement, l’évolution mentale des personnes et leur capacité à résoudre des problèmes.

Les types de personnalité. Certains thérapeutes américains se sont emparés de l'ennéagramme de Georges Gurdjieff comme support d'une théorie comportementaliste (sans rapport avec Gurdjieff lui-même et alors que d'autres figures auraient pu aussi bien convenir à leur affaire), qui connaît encore un certain succès.

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Cette théorie est fondée sur l'hypothèse de neuf types de structuration comportementale (et non de la personnalité, car la personne ne peut être réduite à son seul comportement social), définis jusqu'à la caricature par des orientations (instinctives, émotionnelles, réfléchies, extraverties, introverties, mixtes), des vertus, des passions et des évitements majeurs, parfois présentées (avec une certaine prudence intellectuelle) comme de simples tendances à la fois concurrentes et complémentaires, mais le plus souvent comme des modèles inéluctables auxquels chacun serait soumis (par son "inconscient") jusqu'à l'aliénation. Cette théorie est malsaine, d'une part parce qu'elle est démotivante, tout comme la théorie freudienne (ce n'est pas ma faute, mais celle du ça) et ce qu'elle propose comme une soi-disant connaissance de soi-même et des autres n'est en fait qu'un enfermement dans une "essence" caractérielle, une identification aliénante à un concept qui le prive de tous ses possibles, un formatage. Je ne vois pas ce qui empêcherait ce qui s’appelait autrefois, d'une façon sommaire et suffisamment floue pour ne pas être dangereuse : un non actif, non émotif, secondaire, que cette théorie classerait sans doute en "observateur", d'aimer mettre de l'ordre dans sa maison et dans ses idées, de vouloir séduire les autres, de prendre du plaisir à vivre, et tolérant convaincu, de faire un excellent diplomate et un parfait négociateur, comme l'était Monsieur Charles-Maurice prince de Talleyrand-Périgord, fin gastronome de surcroît, et un des meilleurs hommes de son temps, bien éloigné de tout ce formatage. Concernant les vertus, cette théorie propose neuf qualités morales, mais nous pourrions comme Confucius en trouver d'autres, et il nous montre l'exemple de pouvoir toutes les cultiver dans son idéal de sagesse. Quant aux orientations, pourquoi vouloir se définir par des qualités comme le travail, l'efficacité, le savoir, la loyauté, la sérénité, etc., qui peuvent d'ailleurs se retourner contre nous quand elles deviennent des vices et qui ne sont en aucun cas exclusives. Les passions, c'est un pot-pourri d'émotions, de vices et de péchés chrétiens, et les compulsions, c'est à dire la hiérarchie des

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évitements, c'est peut-être ce qu'il y a de pire dans cette théorie, d'un point de vue conceptuel et pratique : à part la méconnaissance et le mépris de ses besoins qui est stupide, et la banalité qui reste très subjective et détachée du réel, le reste est que ces passions sont de véritables dangers pour l'être, qu'il s'agit d'éviter quand leur menace se présente, et il n'y a pas de choix à faire entre deux maux même quand ces épreuves se présentent ensemble. Nos comportements sociaux sont décidés par notre fonction volontaire, libre, douteuse non d'elle-même mais des solutions à trouver, opportuniste. Pour être efficace et sauver sa peau, quelles que soit les circonstances tout en préservant sa liberté (se souvenir de ce qui c'est passé pendant la seconde guerre mondiale), elle sait qu'elle ne doit pas se figer dans des moules mais jouer de tous ses possibles, de les inventer s'il le faut, à moins de s'être piégée dans des mécanismes de défense maladifs, psychotiques. C'est une bien mauvaise idée de vouloir apporter à des personnes qui souffrent plus ou moins de névroses, un modèle conceptuel dont la liberté est absente, et le fait de l'associer non à un symbole ésotérique mais à une architecture universelle (ce qui est tout à fait autre chose) qui ne cautionne rien par elle-même, n'y change rien. Enfin, vouloir ranger les hommes dans des catégories est malsain, car nous possédons tous fondamentalement les mêmes structures mentales, celles du vivant, même si nous les exploitons à divers degrés de raffinement.

La théorie de l’inconscient. Le docteur Sigmund Freud a inventé une théorie discutable divisant l’esprit humain en trois parties : le ça, le moi et le surmoi, et plus discutable encore l’existence d’un inconscient, une entité séparée et indépendante du moi conscient, sorte de démiurge cabotin qui fait la pluie et le beau temps dans notre être. Si cette théorie était vraie, ce serait dramatique pour notre être, puisque cela conduirait inévitablement à un combat à mort entre deux entités, l’une consciente et l’autre inconsciente, pour la souveraineté de notre être. Des investigations poussées grâce à des techniques d’introspection appropriées en pleine conscience montrent qu’il n’en est rien, les activités, les processus et les

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structures mentales ordinairement non conscientes, que nous pouvons découvrir, sont de même nature que les conscientes, dépendent des mêmes fonctions mentales, cette entité inconsciente indépendante n’existe nulle part dans notre être. Aucune de nos activités mentales n’est formellement inaccessible. Le rôle de l’inconscience est purement technique, et est assurée par des filtres. En effet, nous ne pourrions pas vivre ni penser efficacement si notre conscience était envahie en permanence par les milliards d’éléments de sens présents dans notre être sémantique, logés dans les divers compartiments de notre mémoire, et en particulier ceux qui constituent nos structures comportementales qui se construisent par agglutination d’expériences d’apprentissage. Dans la pratique, nous dirigeons notre vie mentale en opérant des raccourcis, un peu comme nous faisons avec un ordinateur, en appuyant sur des boutons par des gestes qui ne sont plus ici physiques mais mentaux, sans avoir besoin de connaître le détail du fonctionnement du hardware qui se trouve derrière… tant que ça marche ! Le problème survient comme en informatique quand ça marche mal, et là il vaut mieux savoir comment bien faire. Sans vouloir polémiquer sur les procédures interminables et aléatoires de la psychanalyse, ni sur le confort des techniques brèves plus efficaces, il existe des techniques d’ingénierie mentaliste que nous pouvons apprendre à pratiquer sur nous-mêmes qui fournissent des résultats immédiats. Enfin, cette théorie si elle peut être déculpabilisante, est aussi démotivante. En effet, le praticien sera tenté de dire au patient qui souffre et lui demande de l’aide : « ce n’est pas de votre faute, vous n’y êtes pour rien, c’est la faute de votre inconscient ». Et bien si, c’est de sa faute, il est tout seul à avoir pu commettre des erreurs, et il faut le lui dire pour le motiver. Et lui dire aussi qu’il est le seul à pouvoir s’en sortir, le seul responsable de lui-même, qu’il lui faudra beaucoup de courage et de ténacité pour le faire avec l’aide du praticien pour le guider le long de ce chemin difficile.

Les consciences multiples. Nous voyons fleurir les théories les plus bizarres à la limite du charlatanisme et des pseudosciences pour expliquer des phénomènes que le dualisme rendrait simple. Ainsi la

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conception de l’existence de plusieurs consciences comme la conscience analytique cérébrale et la conscience intuitive extra neuronale, ou encore une conscience des perceptions et une conscience des phénomènes subjectifs plus intimes. Nous ne possédons évidemment qu’une conscience pour des raisons de cohérence et de non contradiction des contenus, et éviter le risque de compétition et de conflit entre elles pour la suprématie sur notre être. Ces conceptions aberrantes s’expliquent en partie du fait de la confusion culturelle ambiante sur le rôle exact que joue le cerveau, et sur la polysémie qui règne autour du terme conscience, identifié parfois comme fonction révélatrice, une seconde fois comme éthique, et d’autres fois encore aux éléments qu’elle révèle en l’amalgamant à d’autres fonctions mentales, au soi, à la faculté de discernement et à la raison.

Le rôle du cerveau. Les neurosciences cognitives et plus particulièrement la psychologie cognitive expérimentale, qui ne fait qu’interpréter à sa manière des images IRMf (Imagerie par Résonance Magnétique fonctionnelle) et de l’EEG (Electro Encéphalo Graphie) du cerveau, qui ne mesurent qu’une activité cérébrale sans dire à quoi elle correspond, étudient une sorte de zombi qui n’est conscient que de ses comportements physiques et ne pense que dans le cadre de l’univers spatiotemporel qui entoure son corps. Le plus grave, ce n’est pas que cette pseudoscience nous inonde de théories fausses fondées sur ses positions de principe non avérées, ce qui est le cas de pratiquement toutes les sciences sociales et humaines, mais que forte de la notoriété justifiée des sciences par les succès de la physique, des mathématiques et des technologies anciennes et nouvelles, elle a tendance à convaincre les hommes de n’être rien d’autre que ce zombi, c'est-à-dire à ne s’identifier qu’à un cerveau et un corps. Et qu’elle prétend de plus, avec une grande arrogance, que la philosophie, cette démarche préscientifique archaïque, soit immanquablement appelée à être remplacée par les pseudos savoirs de leur science. Triste sort de l’espèce humaine qu’elle conduit avec assurance vers une société scientifique post humaine autoritaire et despotique, alors que l’homme est naturellement dualiste, ainsi que

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l’attestent les anciennes philosophies grecques et orientales, tant hindoues que chinoises. Les écoles modernes de développement personnel, soucieuses d’un habillage et de reconnaissance scientifique, adhèrent le plus souvent à ces thèses monistes, et nous voyons fleurir des publicités mensongères extravagantes du type : « Vous n’utilisez que 10 % de votre cerveau, téléchargez notre cours en dix leçons pour améliorer ses performances », etc. Le plus surprenant, c’est que même les mystiques se mettent à employer ce langage. Le plus regrettable dans cette affaire, c’est que quand vous vivez dans un cadre conceptuel matérialiste, identifié à votre cerveau qui fait tout, vous vous enfermez dans ce cadre sous-humain, limitant les possibles de vos pensées et de vos facultés mentales, ce qui crée un blocage vous interdisant l’accès à ces mêmes fonctions, et donc à leur maîtrise. Vous ne dirigez que vos comportements physiques, et encore ! Car vous subissez l’esclavage de vos émotions et des interactions inconscientes de mécanismes mentaux que vous avez pu mettre en branle par inadvertance, comme un aveugle dans un jeu de quilles. Ce n’est pas ainsi que vous pourrez diriger, ni même comprendre votre être mental, car ne fonctionnant ni avec les mêmes règles, ni avec la même spatialité que le monde extérieur, il vous faut un autre cadre conceptuel, adapté à sa réalité, pour le contrôler efficacement.

L’intelligence émotionnelle. L’intelligence émotionnelle a été définie par les psychologues américains Peter Salovey et John Mayer comme la capacité et l’habileté à percevoir, comprendre, exprimer, gérer, raisonner avec ses émotions, et de même avec celles des autres jusqu'à les manipuler, en relation avec l’intelligence cognitive, qui elle, est définie comme la compréhension, la connaissance et la maîtrise de l’environnement physique et social. Ces deux formes d’intelligence sont donc très liées et leur haut niveau expliquerait la réussite d’une personne dans toutes ses activités professionnelles et entrepreneuriales, en particulier grâce à sa créativité, ses aptitudes verbale et au raisonnement, dans la négociation et la résolution de problèmes, d’où l’engouement pour ce concept et pour les thérapies

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visant à améliorer ce qu’il désigne, aux USA. Certains parlent même de facteurs génétiques déterminant pour l’empathie. Cependant cette théorie comportementaliste suppose que la source émotionnelle soit cérébrale, universelle dans son fonctionnement et ses réactions immuables. Elle ne prend pas en compte le fait qu’une personne puisse se débarrasser définitivement de ce système émotionnel qui conditionne la vie mentale, dont l’origine n’est pas cérébrale (sinon ce ne serait pas possible), en devenant ataraxique, ni que cette même personne puisse s’intéresser prioritairement à d’autres plans que le matériel et apprenne à maîtriser l’ensemble de ses fonctions mentales, et à développer son empathie cognitive. De nombreuses techniques thérapeutiques tentent d’exploiter nos émotions en élaborant des apprentissages déclenchés par ou impliquant nos émotions, ce qui reviendrai à construire des structures comportementales aliénant notre fonction volontaire au système de contrôle émotionnel, et donc en réduisant d’autant sa liberté et ses champs de possibles, ce qui est nuisible au développement spirituel et mental de notre être, et qui, si elles étaient poussées à l’extrême, conduiraient à le transformer en un automate comportemental. Utiliser les émotions serait par ailleurs contradictoire à l’aboutissement mental du surhomme : l’ataraxie, une absence de trouble émotionnel, sans perdre pour autant leur compréhension et la capacité à manipuler ceux des autres.

Les métaprogrammes linguistiques. Nos fonctions mentales, les structures les plus fondamentales de notre être, appartiennent au règne du vivant, existent depuis plusieurs milliards d’années et ne sont pas propre à l’homme seulement. Alors que les langages humains sont ethniques, culturels et superficiels, et n’ont commencé à apparaître que depuis quelques dizaines de milliers d’années sous des formes primitives, et depuis quelques dizaines de siècles seulement sous leurs formes actuelles. Nos mécanismes, processus et interactions mentales ne fonctionnent pas avec du langage alphanumérique comme le font les ordinateurs, mais avec du sens complexe d’une toute autre nature. Donc le langage et ses associations avec des images et des émotions ne peuvent avoir qu’un

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impact très limité et très superficiel sur nos fonctionnement mentaux les plus déterminants, les plus inconscients, les plus intimes et les plus profonds. Le mode de pensée verbal conceptuel et spéculatif utilisé pour communiquer avec les autres, n’a que peu d’effet sur le mode de pensée perceptuel mental et non verbal qui domine et qui construit notre réalité mentale. Et que dire de l’association des termes programmation, neuro et linguistique, comme si on pouvait à l’aide du langage ordinaire reprogrammer à volonté le cerveau comme on le fait en informatique à l’aide des divers langages utilisés en software, alors que ces techniques n’ont pas reçu de validation scientifique, c’est donc un abus de langage. Si nous dirigeons notre cerveau grâce à des instructions sémantiques à exécuter, nous n’avons pas accès au codage biologique de son traitement de l’information et nous ne pouvons pas le reprogrammer car nous ne sommes pas lui.

Gestion saine de la foi La foi est une fonction merveilleuse mais dangereuse, qui peut être la source de nombreux désordres, d’où la nécessité de la gérer sainement en respectant certains principes.S’écarter des tentations des transcendants collectifs et surtout de

leurs pratiques rituelles, obligations et contraintes, qui ne sont qu’un détournement à d’autres fins d’une fonction qui pour rester au service des besoins de chacun ne peut admettre qu’un transcendant personnel.Si l’on ne doit pas douter de la nature même de la foi : aspiration

au dépassement et confiance péremptoire en soi, sous peine de l’affaiblir, il faut toujours continuer de douter de ses affirmations, et c’est la nature même du jugement arbitraire, afin d’assurer un équilibre entre la foi et la fonction volontaire. On pourra constater que ce doute, bien qu’étayé, ne met pas en péril le transcendant lui-même, car les deux fonctions sont distinctes, il en faut plus pour l’ébranler.La fonction volontaire déclenche la foi comme un joker pour

diverses raisons : consolidation d’une structure comportementale, soulagement d’un stress, sécurité ontologique, incompétence,

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traitement d’un paradoxe, élimination d’une obsession, etc., avec une motivation précise pour la vie mentale. Il faut donc toujours savoir et garder en mémoire en quoi les affirmations et valorisations de la foi lui servent exactement, afin de pouvoir les remettre en question quand elles ont perdu leur raison d’être.Par son aspiration au dépassement de soi, la foi aspire à la

transformation de son transcendant, à l’évolution de ses affectations, et peut elle-même y participer par une restructuration consciente. Il ne faut donc pas hésiter à y recourir chaque fois que de meilleures solutions ont été trouvées par l’analytique, que les besoins, les situations, ont changé, que des structures comportementales sont apparues comme inappropriées, que l’arbitraire est redevenu capable de juger, etc. Si la foi est péremptoire, elle n’est pas conservatrice, et pour cela il est nécessaire de faire des examens de conscience fréquents.

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3. MONISME ET DUALISME

Le dualisme cartésien est fondé sur deux évidences : . Les états mentaux sont distincts des états physiques. . Les états mentaux peuvent être la cause des mouvements physiques.

3. Monisme et dualisme

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Des positions métaphysiques Le monisme c'est affirmer l’existence d’une seule nature. Il y a un monisme physicaliste (tout est matière) et un monisme spiritualiste (tout est esprit) : l’idéalisme. Métaphysiquement le monisme ne fonctionne pas. S'il n'y avait qu'une seule nature, la seule nature possible serait le chaotique. Au rang deux, il y a deux natures (physique et mental). Je me présente souvent comme dualiste car ce courant philosophique existe et c'est donc pour moi plus facile à expliquer, en fait je suis trialiste car je n'oublie pas la réalité du système métaphysique lui-même qui gouverne les mondes par ses principes, ses lois, ses modèles et ses contraintes : Le permanent. Notre univers semble trialiste. Mais en fait, il peut contenir des natures que nous ne pouvons percevoir. Donc les rangs 4, 5, 6, etc., peuvent exister dans notre univers comme dans des univers parallèles. Pourquoi penser métaphysique ? Parce que pour penser métaphysique, il faut accepter que le pire des étranges soit possible. Or dans notre monde mental ne se trouve sans doute pas le pire du pire des étranges mais beaucoup d'étrange quand même. Donc pour le découvrir dans sa plénitude, il faut garder à l'esprit que quelque soit notre cadre conceptuel, il existe un au delà, un étrange, qui est possible dans notre monde mental. Ce concept de l'étrange peut devenir un percept, le percept de l'au delà de notre cadre conceptuel, qui n'est pas un possible ni un impossible de ce cadre, mais un au delà, d'une indéfinie étrangeté. Il n'y a pas meilleur moyen pour cultiver ce percept d'étrange, indispensable pour progresser dans la découverte et la maîtrise de notre vie mentale, que penser métaphysique. Penser métaphysique c’est aussi savoir distinguer vérité et réalité. La vérité est propre au dire de l’homme, et ce que nous avons appris sur le langage nous permet d’affirmer qu’il est formellement impossible de dire l’absolu vrai. Par contre, la réalité est ce que nous éprouvons en notre conscience, quelque soit sa nature et selon les propriétés de cette nature, chaque chose étant distincte et devant être interprétée et classée en fonction de la catégorie de son

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domaine de réalité. Ainsi, nos perceptions sensorielles sont aussi réelles que le sont nos perceptions intimes non sensorielles, nos intentions, nos pensées et nos rêves, nos illusions et nos mensonges. Toutes nos expériences sont des phénomènes mentaux, révélés par et contenus en notre conscience. Nous n’avons accès à rien d’autre, ce qui signifie que toute autre chose, dont nous n’avons pas conscience, ne peut-être qu’hypothétique, qu’elle que soit la cohérence de l’existence de cette chose avec le contenu de notre conscience, et que tout phénomène, toute expérience mentale, est la preuve que nous vivons, au-delà de notre simple existence.

Dualisme cerveau/mental Certains monistes (unicité de la nature de tout ce qui est) croient que tout est physique, d'autres que tout est esprit (mental). Alors que les dualistes, comme René Descartes, jugent plus rationnel

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d'admettre que ces deux natures étrangères l'une à l'autre coexistent. La première nature ou substance serait physique, la seconde uniquement constituée de sens, dans l’acceptation non polysémique de ce terme de sémantique. Le raisonnement métaphysique pur rejette le monisme car l'unicité de nature correspond à l'état chaotique, hors du champ d'action des principes du permanent. La solution la plus simple suivante, c'est le dualisme des natures, Ces deux doivent être totalement étrangères et maintenues disjointes par les principes du permanent, sous peine de retomber dans le chaotique. Dans notre cas : Un inerte, spatial, temporel, causal, unique = le physique, et : un opératif, non spatial, présent, acausal, multiple = nos chers petits mentaux non physiques. Comme chacun sait, la cohérence du raisonnement métaphysique ne constitue pas une preuve de ce qui est, mais une forte présomption pour ce qui ne peut être (le monisme). Quant à l'interface (physique/mental) = (cerveau/mental), elle ne constituerait pas une troisième nature, mais résulterait de la propension au retour à l'état chaotique, retour interdit par le permanent. Donc une attraction forte, inaccessible à la science physique, comme aux investigations de celle des mentalistes fussent-il très expérimentés et au sommet de leur art. La propriété interactive de l'interface des deux natures (cerveau physique/mental) et leur attraction mutuelle, est un mystère formel absolu qui doit logiquement dépendre des propriétés du chaotique : indistinction et indifférenciation de l'être et du non être et de tous les possibles possibles, leurs inverses et leurs contraires des champs ultimes de toutes les logiques possibles. Formellement hors de notre intelligible. Cependant, nous la vivons à chaque instant (ou presque) donc elle existe telle qu'elle est. Les expériences et les observations introspectives ordinaires montrent clairement les propriétés générales de cette interface cerveau/mental :1) L'interaction cerveau/mental n'est pas symétrique : Le cerveau envoie des informations au mental (même quand elles lui proposent

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ou impliquent son intervention immédiate), alors que notre mental envoie des instructions impératives de faire au cerveau.2) Ces informations et instructions sont très partielles relativement à l'ensemble des opérations que le cerveau et le mental gèrent. Cette interface est donc aussi un filtre étanche entre les deux natures physique et non physique en dehors de leurs modalités particulières d'interaction.3) Le cerveau ignore le détail du fonctionnement mental autant que notre mental ignore le fonctionnement physico-chimique du cerveau et du corps. On peut même parler d'une cécité fonctionnelle de l’un sur l'autre. Chacun d’eux étant désigné pour accomplir des tâches spécifiques et complémentaires ne nécessitant pas d’avoir la connaissance de ce que fait l’autre, et qui ne pourrait que perturber son propre fonctionnement et la bonne exécution de ses propres tâches.4) En ce qui concerne notre mental, les interactions passent nécessairement par la fonction mentale 4 que j'ai appelé la motrice, qui fait donc office de lien direct et privilégié avec le cerveau et qui sert de relais aux autres fonctions, cependant la double compatibilité de l’interface est assurée par la structure ennéanaire de notre fonction analytique 2.5) Cette interface permet cependant une collaboration étroite entre les deux natures, qui vivent en quelque sorte en symbiose et partagent certains objectifs communs tels que la survie et l'efficacité, mais qui vaquent à des tâches essentiellement différentes : organique et physico-chimique du corps pour l'un et cohérence mentale du sens pour l'autre.

Plusieurs arguments plaident pour le dualisme, comme la subjectivité de nos comportements moraux, l’intentionnalité et l’évidence de notre libre arbitre, l’hypothèse du zombi inconscient indétectable, la nécessité de trouver un rôle à notre conscience car la nature n’est pas incline à créer des choses ne servant à rien, les réalités de nos expériences ontologiques et psychologiques qui amènent le moniste Daniel Dennett et les sciences cognitives comportementalistes à nier l’existence de nos qualia, et même à dire

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que nous n’avons pas de perceptions intimes ou quelles ne sont que des hallucinations comparables à des illusions d’optiques, pourtant de nature très différentes, l’une concernant une perception physique dans un espace et l’autre une perception qualitative hors de celle d’un espace. La nature du sens et de notre conscience qui ne sont pas des grandeurs physiques. La nécessité d’un facteur externe pour expliquer des transformations que le cerveau ne peut pas opérer de lui-même sur lui-même. Les arguments des physicalistes se contredisent, alors qu’ils sont incapables d’expliquer de nombreux phénomènes psychiques, que le dualisme n’a aucun mal à comprendre et à leur donner des explications cohérentes.

La principale critique du dualisme cartésien concerne la localisation par René Descartes de l’interface dans la glande pinéale. Il a choisi à tort une glande à laquelle on prêtait, et certains prêtent toujours, des propriétés mystiques, faute de mieux. A son époque les connaissances de la biologie n’étaient pas suffisantes pour lui permette de la localiser, à présent si. L’interface doit être présente dans toutes les cellules car toutes les cellules font remonter de l’information chez les premiers métazoaires sans cerveau, donc c’est dans les organites de la cellule biologique qu’il faut chercher. Et là, c’est gros comme le nez au milieu de la figure, Descartes aurait adoré le centriole que je propose comme interface, une structure d’une géométrie parfaite de vingt-sept tubules, de même nature que le physique et de même structure que le mental, donc cette critique tombe, de même que celle qui consiste à dire que deux natures distinctes ne peuvent pas agir l’une sur l’autre, bien c’est justement à cela que sert une interface, être un intermédiaire de compatibilité entre deux choses qui ne le sont pas. De même que l’argumentation d’Antonio Damasio qui pour prouver que Descartes a tort, sans l’avoir lu mais seulement entendu par ouÏe dire, invoque les émotions alors qu’une émotion est volontairement mentalement transformable. Quant à l’argument de la simplicité, c’est non seulement une position de principe non avérée, mais vu la complexité des explications matérialistes pour démontrer comment la conscience peut émerger de la biologie, il se retourne évidement contre eux.

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D’autres critiques sont hors sujet car elles concernent les réflexions générales de Descartes, sur la relation de l’homme à la nature, sur ses justifications épistémologiques, et oublient que toute interaction entre notre mental et notre corps passe et laisse nécessairement des traces dans notre cerveau. La symbiose qui existe entre notre mental et notre corps implique que tout ce qui se passe dans l’un affecte l’autre, certains de ces affects ont pour origine notre corps et d’autre notre mental. Notre cerveau est le passage obligé de ces interactions, il transmet des informations à notre mental et il reçoit de lui des instructions pour exécuter nos mouvements physiques, il est donc normal que les neurosciences les détectent, il est par contre abusif d’interpréter qu’il en soit la seule origine. Ceci est corroboré par le fait que quand notre cerveau est dans un état végétatif en période de rêve, ou franchement incapable de remplir ses missions lors d’une anesthésie, d’un coma profond ou d’une expérience de mort imminente, notre mental peut engendrer des phénomènes complexes d’une grande intensité, sans être affecté par son état et indépendamment de lui.

Le physicalisme : Une théorie non avérée abusive

Arguments contre la localisation dans le cerveau de notre conscience des neurosciences

physicalistes, et leur théologie non avérée du ‘’Cerveau qui fait tout’’

1) Argument métaphysique : Une seule nature implique sa nature chaotique, il y a donc au minimum deux natures, à l'évidence de notre expérience immédiate : une nature physique et notre nature mentale non physique. 2) Argument quantitatif : Le cerveau possède environ 100 milliards de neurones, sa capacité de mémoire, comme de traitement de l'information est donc limitée par sa taille, alors que nous constatons la qualité non spatiale de notre mental, et que cela implique une propriété formelle : il n'est pas contraint par une limite de capacité

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de sens dès qu'il est capable d'en contenir. Il y a donc une incohérence dans la conviction moniste : La capacité limité du cerveau ne peut pas créer une capacité non limité en lui, ni hors de lui. 3) Argument ontologique : Que vous qualifiez ou non votre expérience mentale de subjective et donc, non pertinente pour la description du réel (ce qui reste à démontrer), vous ne pouvez pas nier son existence sans vous nier vous-mêmes, et si vous niez votre existence, vous êtes formellement incapables d'affirmer quoi que ce soit (en particulier que votre cerveau fait tout). Si vous affirmez l'existence de votre expérience mentale comme réelle, vous affirmez du même coup sa nature non physique, donc qu'il existe bien du non physique à coté du physique, ce qui est conforme au dualisme et contredit votre monisme physicaliste. 4) Argument de la rupture de la chaîne d'implications logiques, le gap ou intervalle du Hard Problem : Vous ne pouvez pas affirmer comme s'il allait de soi que du biochimique et de l'électromagnétisme puisse créer par miracle de la conscience, du sens, et votre expérience mentale. Les neurones ne peuvent coder des informations que dans leur propre nature... biochimique ! Votre rapide conclusion n'est que l'affirmation et la conséquence de votre conviction métaphysique non avérée : Une pétition de principe, petitio principii, sophisme bien connu ! S'il y a de la conscience de sens, il faut bien que le cerveau le crée puisqu'il n'y a rien d'autre que lui ! Ce n'est évidemment pas très logique ! 5) Argument de la non conscience du cerveau de lui-même : Mon être non physique est conscient de lui-même et de ses fonctions mentales non physiques. Par contre, il n'est pas conscient de l'activité biologique d'un cerveau qu'il n'est pas. Tout cela me parait assez logique. Je n'ai pas conscience que le cerveau ait conscience de lui-même, mais comme je ne suis pas lui, il pourrait l'être sans que je n’en sache rien. Vous physicalistes, affirmez que je ne suis que ce cerveau et rien d'autre ! Je devrais alors avoir conscience de ce que je suis et de mon activité neuronale, or il n'en est rien, et pas conscience de l'illusion, ou non, de quelque chose qu'il n'est pas.

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D'ailleurs vous affirmez que cet être non physique n'est pas ! Comment ce cerveau pourrait-il alors avoir conscience de quelque chose qui n'est pas ? Pour ma raison non physique, ce serait totalement irrationnel de le croire ! 6) Argument de la suprématie de l'expérience mentale sur l'expérimentation physique en matière de preuve : Chacun valide sa méthode d'expérimentation qu'il considère supérieure à celle de l'autre. Or, je me suffis à moi-même, je n'ai pas besoin de vos machines pour faire mes expérimentations. Vous par contre, vous avez besoin d'une conscience pour faire vos mesures, car sans conscience il n'y a rien. Votre conscience, quoi que vous affirmiez sur elle, est la condition préalable à votre expérimentation, elle est donc supérieure aux machines en matière de preuve. 7) Argument de la fatigue du cerveau : J'ai en permanence dans mon esprit dix articles à écrire, mais ma main sur le clavier ne suit pas, et ce cerveau m'annonce souvent : fatigue, m'obligeant à lui obéir et à le laisser se reposer, alors que moi-même je ne ressens aucune fatigue. Il m'est arrivé de repousser sa demande de repos pendant 72 heures mais je reconnais que ce n'est pas sain pour lui. Ceci me démontre le dualisme de nos deux êtres, car comment un seul être pourrait-il à la fois faire une demande et la refuser ? Il est physique et moi non, c'est l'explication la plus simple. 8) Argument du genre : Le cerveau est sexué, cela a été démontré par IRM, et d'ailleurs on s'en doutait puisque génétiquement (sauf erreurs) nos neurones sont XX ou XY. Or le genre de notre mental est culturel, c'est un choix d'identité, féminin, masculin, moi neutre, etc., il y a jusqu'à six genres acceptés possibles dans certaines cultures et potentiellement cette identité personnelle n'a pas de limite, ce qui montre en outre l'étendue de notre libre arbitre. Il est incohérent que notre cerveau se dote d'un genre en contradiction avec son sexe, fasse n'importe quoi, et menace ainsi la survie de l’espèce, c'est donc une autre identité qui décide, supérieure et indépendante du cerveau, celle-là non biologique. 9) Argument structurel : Les fonctions cérébrales sont liées et servent nos comportements physiques, elles se sont construites au

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cours d'une longue évolution biologique qui a commencé bien avant l'homme. Par contre nos neuf fonctions mentales sont des fonctions universelles du vivant. Elles correspondent à un modèle fondamental immuable propre au vivant comme la structure de l'atome est propre à la matière inerte. Compte tenu que notre entité mentale est ni physique, ni spatiale, elles sont inaccessibles aux neurosciences, qui les nient par principe, et ne peuvent être découvertes que par des techniques d'introspection qui les distinguent des structures psychiques superficielles subjectives et variées. 10) Argument de l'EMI (Expérience de Mort Imminente) : Les EMI sont des rêves particuliers très riches qui se produisent quand la personne est dans un état de coma après un accident grave ou une opération chirurgicale. Ces rêves sont très structurés et on y distingue quatre phases : a) Revue très rapide de toute sa vie, avec des détails oubliés. b) Sortie du corps avec expérience du type "passe muraille", la personne voit les médecins opérer et blaguer avec les infirmières, elle traverse les murs. c) Rêve bucolique en hyper définition avec des images magnifiques et zoom en microscopie. d) Tunnel et claire lumière dans laquelle elle retrouve des proches décédés, la personne se croit au paradis, mais son temps n'est pas venu et elle revient à la vie (il existe aussi des EMI négatives dans lesquelles elle se croit en enfer). On peut supposer que les EMI se produisent aussi au moment du gaspe mortel. Comme cela a lieu dans un état de coma avec parfois des périodes d'encéphalogramme plat, les neuroscientifiques concluent que la personne est inconsciente, que tout ça est une illusion et qu'à son réveil la personne raconte des salades. On comprend que les monistes soient gênés, ben oui ! Les EMI mettent toute leur théorie du cerveau qui fait tout par terre. Seulement, il y a des millions de récits d'EMI, des groupes de survivants se réunissent pour en parler, des conférences, à tel point que dans certains hôpitaux les médecins avertissent les patients avant leur opération qu'ils peuvent en vivre, et qu'ils ne doivent pas en avoir peur. Ce qui fait des millions de menteurs ! 11) Argument de l’impossibilité technique : La conscience d'être n'est pas une information spatiotemporelle mais la qualité d'un

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quale. Elle ne peut pas plus être codée par le cerveau que par un ordinateur, qui ne peut coder que des assemblages de caractères alphanumériques vides de sens. C'est la raison pour laquelle l'existence des qualia est farouchement niée par les physicalistes. Un déni de réalité. 12) Argument de la dénomination : Les neurosciences et en particulier la psychologie cognitive affirment, avec juste raison, que notre cerveau est une sorte d'ordinateur biologique traitant de l'information, c'est-à-dire tout ce qui est détectable dans l'univers physique, selon des lois biologiques. L’espèce humaine a créé des milliers de langages, et chacun de nous peut librement créer des signes et leur donner du sens (ce dont je ne me prive pas). Or les lois biologiques d'une espèce sont les mêmes pour tous, le cerveau ne devrait que créer le langage qu'impliquent ses lois biologiques, car il ne fait que les appliquer. Donc il ne peut être à l'origine de nos langues, notre liberté de dénomination sans limite est une des capacités de notre entité mentale, indépendante du cerveau. C'est une preuve de son existence et du dualisme. 13) Argument du souvenir de nos qualia : La façon dont parle Stanislas Dehaene, professeur titulaire de la chaire de psychologie cognitive expérimentale au Collège de France, de la conscience phénoménale, des qualia est sans appel : « Dans quelques décennies, la notion même de qualia, ces quanta d'expérience pure, dépourvus de tout rôle dans le traitement de l'information sera considérée comme une idée étrange de l'ère préscientifique. » L'imagerie IRM prouve qu'il y a une activité dans le cerveau, ce dont personne ne doute, mais laquelle ? Car ici, tout est question d'interprétation. Pour les dualistes le cerveau est un organe biologique qui ne pense pas, qui gère le bon fonctionnement organique, traite et transmet les informations en provenance de nos sens à notre entité mentale sémantique, et exécute en retour les instructions qu'il reçoit d'elle via l'interface mental/physique. Pour les "mon cerveau fait tout" monistes, ces images localisent nos activités non physiques dans le cerveau, après exclusion bien sûr de tout ce

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qu'il ne peut pas coder, d'où le rejet sans appel de nos qualia et de notre expérience intime. Ils n'étudient en fait que nos comportements physiques, mais c'est rejeter des activités qui bien que mentales n'en sont pas moins réelles. Or, nous avons le souvenir de nos qualia et plus encore de nos expériences structurantes, et pour certains de nos grandes expériences mystiques, qui comptent parmi les plus puissants de nos souvenirs. Comme le cerveau est incapable de les coder, c'est que leur mémoire se trouve ailleurs, dans notre entité mentale indépendante de lui. Ce qui prouve que nous disposons d'une mémoire sémantique, hors du cerveau, gérée par notre fonction analytique, où nous retrouvons tous nos autres souvenirs, dont la nature ne diffère pas des premiers. Alors que le cerveau ne dispose que d'une mémoire biologique à laquelle nous n'avons pas accès. 14) Argument des gestes mentaux opérables sur le cerveau : par exemple pour déclencher un ASMR (Autonomous Sensory Meridian Response ou orgasme mental) ou sortir de la paralysie du sommeil. Ces gestes mentaux démontrent une fois de plus que notre mental non physique, notre conscience et la direction souveraine de notre être sont indépendantes du cerveau, que nous le dirigeons et pas l'inverse. Que le cerveau est incapable de réaliser cela, car ce serait agir sur lui même par une contrainte extérieure à lui même, or s'il peut évoluer selon sa logique propre, il ne peut pas se transformer lui-même en échappant à ses conditions biologiques. Ce qui invalide la position de principe moniste physicaliste et même le dualisme de phénomènes. 15) Argument des illusions optiques : Comme le disait Bergson, notre perception est en grande partie un acte de remémoration. Les illusions d'optiques démontrent que nous ne percevons pas une image brute construite par notre cerveau, mais une interprétation de celle-ci par notre fonction analytique non cérébrale en vue du partage d'une information enrichie de sa connaissance des choses, qu’il puise dans sa mémoire sémantique, avec toutes nos fonctions mentales.

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16) Argument des couleurs : et d’une façon générale de nos qualia d’expérience pure. Dans l’environnement physique de notre corps les couleurs n’existent pas. Il n’existe que des longueurs d’ondes électromagnétiques. Notre cerveau code les informations qu’il reçoit des cônes et des bâtonnets des cellules sensorielles qui tapissent la rétine de l’œil par des nombres qui les distinguent. A son niveau il n’y a pas, et il ne peut pas y avoir de couleurs, car les couleurs sont des qualités de qualia qui n’apparaissent qu’au niveau mental sémantique qu’il est incapable de coder et qui n’interviennent pas dans son traitement de l’information. Ces couleurs, comme tous nos qualia de produits conscients, sont des créations qualitatives distinctives de la fonction analytique de notre entité mentale non cérébrale. Les cybernéticiens affirment avec une grande logique que le cerveau est comparable à un ordinateur, et qu’il fonctionne comme lui avec des codes alphanumériques. Si nous étions ce cerveau nous serions conscients de ces codes et non de qualia qualitatifs, si nous ne sommes pas conscients de ces codes cérébraux c’est que nous ne sommes pas ce cerveau mais autre chose qui le domine et agit sur lui. 17) Argument de notre absence de conscience biologique : Comme tout être vivant, chacune des cellules biologiques, dont les neurones, qui constituent ce corps auquel nous sommes associés est consciente d’elle-même, afin de pouvoir assurer toute la complexité des tâches qui lui permettent de vivre ce que le déterminisme strict qui gouverne l’univers physique ne permet pas, la réalité biologique étant le lieu où s’affrontent les logiques des principes de deux mondes contradictoires, l’un causal et l’autre non causal où se manifeste une intentionnalité et un libre arbitre. Or nous ne possédons pas cette conscience, donc nous ne sommes pas elles. Nous ne sommes donc pas biologiques, donc nous sommes d’une autre nature, sémantique.

Dualisme : Doctrine des deux natures universelles

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Interface Physique/Mental : Le centriole Ce qui distingue les organismes vivants de la matière inerte c'est d'être capables de se mouvoir par eux-mêmes dans leur environnement. Or pour se mouvoir il leur faut disposer d'une fonction motrice, d'une fonction qui la dirige et d'une fonction qui décide. Pour décider cette dernière a besoin d'une fonction analytique et d'une autre qui juge ce qu'elle fait et la guide. Ce qui nécessite aussi une fonction qui lui révèle et qui partage ce que toutes ces fonctions font, cette fonction c'est la conscience. Donc tous les êtres vivants, y compris les unicellulaires et leur ancêtre le DACU-LUCA, sont conscients et pensent. Dans le principal empire du vivant, les eukaryota, dont nous faisons partie, on trouve un organite : le centriole, présent dans toutes les cellules animales et certaines végétales comme celles des fougères et des algues, mais que d’autres végétaux plus récents en descendant et certaines familles de bactéries d’un fonctionnement plus mécanique semblent avoir perdu. Cet organite géométrique composé de neuf groupes de trois tubules est invariable depuis plusieurs milliards d'années, c'est donc une constante biologique. Il est responsable de la division cellulaire, de la perception et de la locomotion par des flagelles et des cils qui comportent la même structure ennéanaire et un point basal auquel il est relié par des tubules. Le diplosome (constitué de deux centrioles) ne pense pas, mais il est capable de coder des informations ainsi que les instructions qu'il reçoit des fonctions pensantes pour les exécuter. Par sa nature il est compatible avec la nature physique, et par sa structure avec la nature mentale consciente du vivant. Il est l'interface que cherchait Descartes pour prouver l'interaction entre nos natures physique et mentale, donc son dualisme. Toutes nos cellules pensent, mais pendant la gastrula au stade embryonnaire des métazoaires, une entité mentale collective se forme pour assurer la gestion de leur ensemble. Nous sommes cette entité consciente et disposons des fonctions mentales évoquées au début de cet article pour donner des instructions à notre cerveau

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biologique inconscient afin de diriger notre corps, ses muscles et nos actes dans le monde physique qui l'entoure.

On me demande souvent : « Mais d'où vient cette fameuse entité mentale non physique, cette seconde nature chère aux dualistes ? » Eh bien, je réponds que ce n'est ni plus, ni moins mystérieux que l'origine de la matière. Et dans les deux cas la réponse ne peut-être que théorique, voire métaphysique. Selon la théorie du Big-bang, la matière n'est pas apparue immédiatement car la température était trop élevée, et il a fallu attendre une grande dizaine de secondes (une durée énorme à cette échelle puisqu'on vient du temps de Planck 1,35. 10-43 seconde) pour que la température du mélange descende sous les dix milliards de degrés et que les premiers atomes de l'hydrogène au lithium puissent se former. Au bout d'un quart d'heure la température a trop baissé pour que cette réaction de nucléosynthèse primordiale se poursuive, l'univers spatiotemporel est alors constitué de 75% d'hydrogène et 25% d'hélium. Un événement aussi précis et singulier n'aurait pu avoir lieu sans la préexistence d'un modèle des atomes au sein des lois permanentes universelles les impliquant, car le plus probable était chaotique. Voilà pour le physique, sans entrer dans les détails : sans le principe d'exclusion de Pauli, et si cet univers était formé de bosons plutôt que de fermions, c'était foutu, il serait chaotique ! Ce qui ne veut pas dire que ce système de lois intemporelles possède une intention mais que leur cohérence globale implique ces lois, ces constantes et ces modèles universels, et qu'il ne peut pas en être autrement. Et bien, il en est de même pour la nature non physique complémentaire (donc nécessaire) de la première, celle que nous aimons bien parce que c'est la nôtre, sa structure est universelle et conforme à un modèle permanent. Il y a donc deux modèles universels, un pour le physique et un pour le non physique. Ce ne sont évidement pas les mêmes, ils sont mêmes inverses l'un de l'autre, mais tous deux sont relativement simples. Le second modèle est propre au vivant, il est aussi intemporel que le premier, mais il n'a pu se manifester que plus tard, quand les conditions requises furent présentes et que la température baisse

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encore sous les 80 degrés. Cela c'est passé sur terre il y a environ 4 milliards d'années. Il faut de l'eau liquide et des acides aminés, et qu'ils se concentrent en petits flocs, des vésicules, avant que des protocellules apparaissent. On a essayé de reproduire la vie en laboratoire sans jamais y parvenir, c'est le mystère du vivant, car il manque un élément : les conditions d'activation du modèle, sans quoi rien ne se fait.

Ce qui a été observé par contre c'est l'existence d'un DACU (Dernier Ancêtre Commun Universel), en anglais LUCA (Last Universal Commun Ancestor), le père (ou la mère) de tous les êtres vivants. Il n'y en a pas deux, il y en a qu'un. Tous les unicellulaires, toutes les bactéries et toutes les cellules de notre corps de pluricellulaire possèdent les mêmes structures fondamentales, les mêmes organites de ce DACU – LUCA, et ne se différencient que par des spécialisations superficielles issues de la même souche, stockées par L'ADN de l'espèce. Mais pour passer du vésicule inorganisé au DACU, il y a un saut qualitatif immense au delà même du problème de sa reproduction, car sa structure et ses organites sont relativement complexes, en particulier son centrosome avec ses deux cylindres de 27 tubules en triplets spiralés comme le montre ce dessin tiré d’un ouvrage de biologie, son appareil de Golgi et ses mitochondries, et aucun état intermédiaire n'est viable (sinon on en trouverait encore aujourd'hui). Donc, il y a bien un modèle universel unique du vivant,

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dont nous avons déjà parlé, ce modèle est celui de la nature d'une entité non physique, que nous pouvons appeler mentale ou sémantique, organisatrice de la structure biologique du vivant, une entité mentale indispensable à sa survie, car il a besoin pour cela d'une conscience, de distinguer, de juger des situations, de décider, d'analyser, etc., ce que la nature de la matière seule ne peut lui offrir. D'après ce qui précède, le ou les premiers DACU - LUCA apparaissent quand les conditions physicochimiques des vésicules impliquent qu'ils reçoivent une entité mentale et son interface, propre à les structurer et à les transformer en matière vivante. Ils peuvent alors se reproduire en se dupliquant puis se divisant. Leur entité mentale le fait d'autant plus facilement qu'elle est non physique, donc libre de contraites. Nous savons que le centrosome joue un rôle principal dans la division cellulaire en dirigeant la mitose. Sa structure géométrique pure ennéanaire évoque d'une façon troublante la structure ennéanaire de nos fonctions mentales telle que je la conçois, et il pourrait logiquement être la face physique de l'interface physique - mental, ce qui cependant pourra difficilement être physiquement démontré, mais qui montre une grande cohérence. Les deux natures vivent en symbiose, totalement distinctes mais inséparables, elles naissent, vivent, se reproduisent et s'éteignent ensemble depuis quatre milliards d'années. Le passage de l'uni au multicellulaire ne change pas grand chose, une nouvelle entité mentale émane au niveau supérieur d'organisation des précédentes, tout passe par la fécondation, la réunion de deux entités doubles mâle et femelle, puis leur division associative en suivant les stades successifs de l'embryon jusqu'à la naissance du bébé. Les centaines de milliards de centrioles ennéanaires présents dans l'ensemble de nos neurones jouent peut-être un rôle spécifique dans l'interface qui relie notre mental conscient, directif et analytique, à notre cerveau exécutant ses instructions et lui transmettant des informations du monde physique extérieur. Cette doctrine dualiste néo cartésienne, ne fait appel à aucune notion d'âme, de divin, de miracle, de réincarnation, ni de vie après la mort. Elle constate que nous héritons de deux entités liés, l'une

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physique : notre corps et son cerveau, l'autre non physique : notre mental, qui se reproduisent ensemble depuis quatre milliards d'années de la façon la plus naturelle, la plus banale et la plus élémentaire qui soit. La proximité immédiate des deux natures physiques et mentale, qui existe au niveau de la bactérie monocellulaire permettant leur intrication transsubstantielle a cessé d'être chez nous, car notre entité mentale est devenue une structure directrice au sommet de l'édifice biologique, sans lien direct avec les cellules qui composent ce corps. Ce qui fait de nous des êtres avant tout mentaux, avec des propriétés radicalement différentes, ne se souciant pas des problèmes biologiques, car c'est le rôle du cerveau, et nous pouvons alors rejeter ce corps dans l'univers matériel spatiotemporel auquel il appartient. Bien que chacun ici, peut faire conceptuellement comme bon lui semble et adhérer aux croyances qui lui conviennent. La découverte de vies extraterrestres présentant la même structure biologique que sur terre (celle du DACU - LUCA) viendrait confirmer l'existence de ce modèle universel du vivant. Cependant depuis plus de cinquante ans que les astrophysiciens cherchent, le problème c'est d'en trouver, et on peut de plus en plus craindre qu'ils n'en trouvent jamais malgré leur certitudes. Ce qui relancerait le problème métaphysique et aussi malheureusement les spéculations religieuses, si nous étions réellement les seuls êtres vivants sur cette petite terre fragile, phénomène unique dans tout l'univers et pas seulement dans notre galaxie locale. Il faudrait en conclure l'existence d'une loi d'exclusion du type de celle de Pauli, interdisant à la vie de se manifester une seconde fois dès qu'elle est présente sur une planète quelque part. Cela serait un peu dur à avaler et surtout encore plus dur à faire avaler aux autres, alors continuons d'espérer en trouver un jour. Le plus probable reste que les sociétés technologiques comme la nôtre sont extrêmement rares, conflictuelles et donc fragiles, et sont confrontées à un seuil de cohérence vitale qui s’il n’est pas franchi avant un certain terme, les conduit à une auto destruction de masse. La seconde raison c’est que ne sommes pas seulement séparés spatialement de ces espèces mais

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aussi temporellement, compte tenu du temps que la lumière met à nous parvenir de l’espace lointain, ce qui réduit considérablement le champ de notre horizon observable et donc, la probabilité du nombre des espèces qui pourraient s’y trouver à peu de chose.

Nous sommes des êtres de sens Définir ce que nous sommes, des entités non physiques, négativement par rapport à l'une des natures, physique, matérielle, spatiotemporelle, de l'univers engendré par des lois permanentes et immuables, est insuffisant. Cet univers comprend deux natures dont la dualité irréductible, d'inverses complémentaires qui s'attirent l'un, l'autre, assure son équilibre fondamental, et lui évite de sombrer dans le chaotique. La seconde nature de cet univers c'est le sens, qui n'obéit évidemment pas aux mêmes lois qui gouvernent la première, et nous sommes des êtres de sens, des êtres purement sémantiques. Nous agissons le corps auquel nous sommes associés, grâce à du sens, des instructions infra linguistiques, transmises à son cerveau biologique, et nous dirigeons nos fonctions mentales grâce à du sens également, des sèmes infralinguistiques de gestes mentaux. Il faut mieux les diriger et réformer certaines structures archaïques bloquantes plutôt que de laisser faire des programmes automatiques inefficaces que nous avons hérités d'un lointain passé.

Le matérialisme et le dualisme cartésien, ne sont pas des petites différences qui séparent les hommes mais des positions irréductibles inconciliables qui jouent sur tous les plans des activités humaines, chacune d'elles portant le potentiel d'une civilisation et d'un avenir différent pour l'espèce humaine. Le post humain cher aux monistes transhumanistes est une négation de l'homme, je lui préfère le surhumain ayant développé ses capacités mentales non cérébrales. Nous avons là des conflits culturels majeurs qui ne peuvent se résoudre que par la destruction de l'autre, en dépit des vœux et utopies pieuses de ceux qui voudraient réconcilier les hommes. Ce ne sont pas seulement des représentations différentes de l'homme, ni des divergences dans la quête d'une connaissance ultime illusoire,

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mais des objectifs, des moyens, des savoir faire, des éthiques, et des réalisations différentes, chacun niant et vomissant farouchement toutes les entreprises de l'autre.

Dualisme ou idéalisme ? La perception et les capacités mentales qu’exerce un ataraxique lui prouvent la réalité de la nature mentale de son être. Par contre, l’hypothèse de la réalité la nature physique, à laquelle il peut ou non souscrire, n’est pas démontrable. Il n’y a pas de véritable conflit entre ces deux écoles, étant donné qu’elles se rejoignent sur le point principal, à savoir la réalité indubitable de la nature mentale, non physique de notre être, affirmée par la saveur de nos qualia.

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4. L’HOMO CONCEPTUEL

L’homo conceptuel est l’état mental de l’homme depuis qu’il s’exprime et pense verbalement à travers un langage arbitraire qui structure sa pensée.

4. L’homo conceptuel

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De la confusion En réponse à la thèse de Clément Rosset qui affirme que : « Le réel est un ensemble non clos d'objets non identifiables, et les gens préfèrent au réel l’image illusoire adoucie d’un double imaginaire de substitution plus supportable. » Les gens ne préfèrent pas, ils sont simplement inconscients de leur être et de l'univers dans lequel ils vivent. Cette thèse rajoute de la confusion à celle qui existe déjà, celle d'un aveugle qui veut enseigner la lumière à d'autres aveugles... Une carte n'est pas le territoire mais le représente car il y a un rapport géométrique d’échelle entre les deux. Un texte est un ensemble se signes destinés à suggérer du sens, or le sens est de même nature que nos qualia, qui sont ni transmissibles, ni codables, ni comparables. Nos qualia sont notre seule réalité, leurs propriétés sont par leur nature et leur structure, autres que celle des concepts imaginaires d'objets que nous propose la philosophie spéculative. Tout est réel dans un quale, y compris les constructions imaginaires qu'il peut contenir. Ce qui caractérise ces constructions qui sont des produits bien réels de nos fonctions mentales, c'est que notre fonction volontaire désire qu'ils représentent fidèlement quelque chose de la même manière qu'une carte représente un territoire, ce qui est formellement impossible, vu le différentiel qualitatif et structurel qui les sépare. Il y a en effet plusieurs discontinuités (ou gap en anglais) de plans de réalité entre signe et sens, concept et percept, contenu et contenant, conscience et matière, imaginaire et chose à représenter. La pensée holistique peut concevoir la multiplicité de ces relations, dont certaines sont paradoxales, mais ne peut pas résoudre ce problème, elle ne peut que le constater, de même qu'elle constate des limites infranchissables telles que la vitesse de la lumière, le mur de Planck, les principes d'indétermination et l’irréversibilité du temps, car ce sont des contraintes formelles universelles.

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Incohérences et indigence Conceptuel et perceptuel. Nous avons deux modes pour penser à notre disposition : le fonctionnement conceptuel et le perceptuel. Le mode conceptuel est fondé sur un imaginaire qui élabore des idées en assemblant des concepts grâce à des opérateurs logiques. Tant que ces concepts sont des abstractions de nos percepts sensoriels, nous n'avons guère l'occasion de trop nous perdre, mais dès que nous en sortons nous divergeons de toute réalité pour la remplacer par des idées, d'autant plus que nous pensons alors linguistiquement en attribuant des signifiés conceptuels à des signes. Le mode perceptuel est fondé sur la réalité de nos ressentis. C'est celui que notre pensée consciente utilise pour diriger notre corps. Nous pouvons l'enrichir en développant nos percepts mentaux. Nous pouvons accompagner cette pensée infra linguistique d'abstractions des propriétés de nos ressentis, sans les identifier à des concepts d'une part parce qu'ils sont intimement associés à nos percepts mentaux, d'autre part parce qu'aucun énoncé verbal ne peut les décrire d'une façon claire et précise.

Historique de l’évolution de la pensée humaine Il y à quelques dizaines de milliers d'années, l'homme pensait encore comme le font tous les animaux, perceptuellement, à l'aide des percepts de ses gestes physiques, de qualia, de sèmes de ses émotions, de ses impressions et de ses intentions. Puis il s'est mis progressivement à penser conceptuellement à l'aide de signes, des phonèmes d'un langage, en associant ces signes à des significations, des représentations imaginaires, des constructions abstraites, des idées, presque toujours fausses. La différence entre ces deux modalités de penser, c'est que la pensée perceptuelle par sa construction ne peut échapper aux rails de sa réalité vécue, de ses qualia, alors que la pensée conceptuelle en sort, en jonglant librement avec des structures imaginées qui s'éloignent de plus en plus de sa réalité, avec le risque qu'elles soient de plus en plus fausses.

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Cette pensée conceptuelle a favorisé l'éclosion des grands empires de l'antiquité, le développement des structures économiques, la hiérarchisation sociale, mais aussi le sectarisme et l'aliénation tribale. Cependant elle a plongé l'esprit de l'homme dans la confusion, dans des extravagances et des croyances, des traditions arbitraires emmêlées dont il ne peut plus s'affranchir. Pour s'en libérer et revenir à une sémantique saine que prône Alfred Korzybski dans Science and Sanity, il faut renouer avec la réalité de la pensée perceptuelle, et la développer par l'accès et la perception de nos fonctions mentales, de leurs structures sensibles, des nuances de leurs émergences et de la multitude de leurs produits. Ce n'est pas une pensée pauvre, comme on aurait tort de le croire. Au contraire son potentiel est immense, car c'est celui sans limite de notre être sémantique. Certaines personnes sont certes conscientes, c'est à dire qu'elles possèdent des images, la perception consciente de leur corps et de l'environnement du monde physique qui entoure ce corps, mais ne font pas l'expérience ontologique fondamentale de la conscience d'être conscient. C'est ce qui ressort de l'œuvre littéraire de Martin Heidegger et de La Nausée, ainsi que L'Etre et le Néant, de Jean-Paul Sartre. D'éminents philosophes et psychologues (dont je tairai les noms) se prétendant experts dans leur domaine m'ont clairement répondu qu'il était impossible d'être conscient d'être conscient. Ceci pourrait expliquer le développement du matérialisme éliminativiste et du physicalisme au 20éme siècle qui font de l'esprit une propriété de la matière, sans réalité propre, constituant une conception erronée de l'être humain et du vivant, une thèse culturellement dominante actuellement qui fonde les interprétations des neurosciences, et amène à concevoir l'homme comme un robot biologique. L'inconscience d'être conscient ne semble donc pas être une exception mais plutôt la règle de la majorité des hommes. D'autant plus qu'on trouve dans la littérature des témoignages de vécu tardif de cette conscience, présenté comme une expérience structurante ayant changé leur vie.

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L’Orient et l’Occident Une des grosses différences entre les cultures occidentale et orientale, c’est que l’Occident conceptualise le chaotique et l’Orient l’harmonique. Sigmund Freud en imaginant un inconscient chaotique et en le personnalisant : le ça, n’a fait que se vautrer dans la culture occidentale. Le chaotique est apparu il y a très longtemps dans la culture juive et sa cabale avec le aïn-sof, et de là il a migré vers la culture chrétienne. Il a hanté le moyen âge avec le combat des anges et des démons, la représentation de la terre plate d’où débordaient les océans. En Occident on adore le chaotique, l’infini, le paradoxal, on ne peut pas s’en passer. Quand on ne comprend pas quelque chose, c’est que cette chose est chaotique, ce n’est pas la faute de comprendre. Aussi l’inclination naturelle des sciences quand une formule ne marche pas, c’est de la faute du chaotique, on invente des noirceurs, on adore les mondes parallèles, les principes d’indétermination, la mécanique quantique, les cordes, etc. En Orient on rêve de l’harmonique, du tao, aucun chaotique dans la métaphysique chinoise. Comme Freud l’oriental conceptualise un inconscient mais celui-ci est harmonique, et on rêve de s’y plonger pour atteindre l’efficacité comportementale qu’on lui prête, et qu’on prête à l’animal pour s’y trouver plongé. C’est toute la mystique des arts martiaux, du taoïsme, du zen, de la voie du sabre, de l’arc, on rêve d’atteindre des cibles les yeux bandés grâce à cet inconscient harmonique, on lui prête toutes les vertus qui manquent à la conscience. En plongeant dans mes fonctions mentales, je constate que ces deux cultures ont tort, il n’y a pas d’inconscient, ni chaotique, ni harmonique, il n’y a que des activités inconscientes qui sont aussi cohérentes que les activités conscientes. Nos fonctions mentales forment un ensemble dont la cohérence est renforcée par l’analytique, mais son analyse est fondée sur des grilles, très performantes mais non consistantes. Il n’existe aucun moyen, aucun tao qui permettrait à nos fonctions mentales, et l’analytique en particulier, de se mettre en harmonie avec le logos. Le problème c’est que si la fonction volontaire du mystique oriental demande à la foi si c’est possible, la foi répondra, car c’est dans sa nature de répondre

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ainsi : « oui c’est possible » et peut-être même : « je peux le faire ». C’est tout simplement interdit, impossible, comme de dépasser la vitesse de la lumière, voyager dans le temps ou annuler la gravitation. L’analytique ne connaît ni l’harmonique, ni le chaotique, pour lui c’est du sens flou, paradoxal, inexploitable. L’analytique ne connaît que ses grilles, les architectures qu’il a crées, le sens qu’il a structuré grâce à elles. C’est le chemin de sa cohérence. Il ne peut pas le quitter, mais cela reste malgré tout un chemin dans lequel il progresse par des représentations de plus en plus efficaces du monde extérieur et de son monde mental. Il est sage de s’en contenter. Reste que toutes les grandes écoles du passé nous ont légué des enseignements majeurs. L’enseignement majeur d’Aristote est de faire des catégories, celui du bouddhisme est la vacuité du soi, celui du taoïsme la non appartenance et la simplicité des besoins, les sophistes que la philosophie, et donc les valeurs politiques, ne peut être qu’humaniste, que l’homme, c’est-à-dire nos fonctions mentales, est la mesure de toutes choses. Les appartenances et aliénations religieuses, sociales, culturelles, constituent des contraintes pour nos fonctions mentales, des handicaps. Un véritable développement mental ne peut se faire sans se libérer de toutes ces appartenances et ces aliénations. Il est facilité par un soi limpide, et le contrôle de la cohérence et la pureté de son propre transcendant. L’être ne se vit plus alors comme monopolaire mais comme un ensemble multipolaire constitué de neuf fonctions : huit simples et une double et de toutes leurs interactions.

La situation des sciences humaines

Si les sciences de la matière, la physique, la chimie et la biologie ont connus de grands progrès, les sciences sociales et humaines sont encore très en retard, du fait de leur ignorance de la réalité de la nature mentale de l’homme. Par comparaison, nous pouvons les qualifier de pré galiléennes et au niveau de la croyance en la terre plate du Moyen-âge chrétien.

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Philosophie Philosophie spéculative et philosophie opérative. La philosophie spéculative se définit comme la recherche de la vérité au moyen du verbe, du langage. C'est un exercice purement intellectuel, c'est à dire de l'imagination guidée par des principes logiques et un souci de cohérence. De Platon à Heidegger, en passant par Aristote, Spinoza et Kant, c'est le monde des idées, des concepts, plus ou moins validés par la réalité de nos qualia. L'amour du savoir y a remplacé l'amour de la sagesse, même si certains essaient de mettre en pratique leurs connaissances dans leurs vies et accompagnent leurs cogitations théoriques d'un art de vivre. La phénoménologie même, que Husserl définit comme la science du vécu de la conscience, ne dépasse pas cet objectif du savoir. Pour tous ces courants contradictoires, sans exception et souvent d'une façon implicite, sans même se poser la question, l'esprit humain est quelque chose d'immuable, plus ou moins dégrossi, la tâche de la philosophie consistant à le raffiner conceptuellement, et rien de plus. La philosophie opérative se définit comme l'inverse de la précédente. Le savoir n'y a que peu ou pas de place, ainsi Lao-Tseu se compare à un ignorant, mais... qui sait presque tout faire spontanément dans un état harmonique. Cette démarche ne perçoit pas l'esprit humain comme une chose immuable mais comme une structure évolutive en une multitude de degrés. Donc qu'importe le savoir, ce qui compte c'est de gravir ces marches en une sorte d'alchimie mentale intime. Le seul savoir qui conserve de la valeur se réduit au fondement conceptuel sur lequel s'appuie le savoir faire, le reste est non seulement inutile mais risque d'être nuisible s'il est embourbé d'idées fausses. Cette recherche philosophique qui vise le dépassement de soi s'oriente donc vers la découverte et la pratique de techniques mentales propres à accomplir cette évolution. Elle est présente dans les écoles orientales indiennes et chinoises et aussi dans l'école d’Épicure qui vise l'ataraxie.

Sémantique et linguistique

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Ce sont deux sciences fondamentales qui concernent la pensée et la communication entre les hommes. Elles sont fondées sur des présupposés et des théories fausses comme l’incapacité des hommes à pouvoir penser hors du langage, et le mariage étrange de la carpe et du lapin du concept de signe linguistique proposé par Ferdinand de Saussure, que nous traiterons davantage au chapitre 6.

Psychologie La théorie freudienne. Nous avons déjà parlé, dans le second chapitre dans l’article concernant l’inconscient, de la théorie freudienne, qui ne révèle que les trois sacs d’ignorance du docteur Sigmund Freud de la réalité mentale de son être : a) le ça : le fourre-tout de ce qu’il ignore ignorer, présumé chaotique et problématique, dont la fonction pathologique. b) le moi : une synergie dominée par notre fonction volontaire qui se débrouille comme elle peut. c) le surmoi : l’ensemble des aliénations familiales, sociales, culturelles, religieuses qui constituent un handicap supplémentaire pour elle. Si une partie des activités de nos fonctions mentales demeurent

inaccessibles, elles ne constituent pas un inconscient et encore moins un chaotique, d’ailleurs cette frontière de l’inaccessible n’est pas intangible, elle peut reculer, et quand elle recule elle montre que les deux parties ne sont pas sensiblement différentes dans leur nature, et même que quand on se rapproche du centre elles deviennent plus simples et de ce fait plus cohérentes. Quant au surmoi, il dépend du milieu social et varie avec les

cultures, c’est un élément passif qui ne semble pas jouer un si grand rôle. Mais un élément important manque dans le triangle de Freud qui

apparaît très tôt dans le développement précoce de l’enfant, un élément peut-être plus important que ses parents : la foi, la fonction mentale source de nos aspirations les plus élevées et de la confiance péremptoire en nous-mêmes (car ce que l’on appelle foi dans notre langage est un résidu tellement stupide et aliéné que je me sentirais coupable de l’employer si je ne lui avais pas donné un autre sens).

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C’est elle vers laquelle il se tourne quand il est désemparé et qui lui donne sans compter toute la puissance de sa confiance en lui-même. C’est elle qui lui permet de différencier radicalement son monde intérieur de son monde extérieur. C’est elle qui lui donne toujours raison, qui l’encourage à progresser, en dépit des parents et des difficultés extérieures, c’est grâce à sa force qu’il se forge sa personnalité. A cet âge, de sa naissance et peut-être jusqu’à sept ans, la foi est vierge, elle n’a pas de transcendant, elle n’a que lui, et elle brille comme un soleil. C’est grâce à elle que l’enfant peut avoir très tôt des préoccupations ontologiques, existentielles, qui sont pour lui au moins aussi importantes que sa nourriture. Car en dépit de son apparence extérieure un peu débile, le sens non verbal apparaît très tôt chez l’enfant et ce sens n’est pas pollué par le langage, il conçoit très bien des questions comme « que suis-je », et il sait très bien y répondre : « je suis cela, je suis ce soleil ». Si cette relation est forte c’est son plus grand plaisir, il n’a pas besoin d’autres satisfactions affectives, et cette relation laisse peu de chance à sa fonction décisionnelle de s’égarer malgré son inexpérience dans l’abandon d’une partie de son champ de liberté, c’est-à-dire de sa propre nature. Dans sa communion avec la foi, il ne peut pas se perdre, l’exigence de la foi, l’aspiration de la foi devient son idéal. C’est une expérience structurante pour son intégrité. Plus tard il sera attiré davantage par le monde extérieur, sa relation avec cette confiance absolue se distendra, mais il en conservera à vie le souvenir et il y reviendra. Il peut y avoir des ratés, et ces ratés expliquent peut-être cet éventail de mécanismes de défense dangereux. Sa fonction volontaire subira aussi l’intrusion progressive des aliénations sociales et saura peut-être alors moins bien s’en défendre, d’où d’autres faiblesses. Les causes principales des situations mentales pénibles qui

affectent certaines personnes, se situent dans les microstructures comportementales inadaptées de la fonction volontaire, que la psychanalyse a déterminées avec une grande précision. Or la fonction volontaire dispose du pouvoir de transformer ses propres structures, c’est d’ailleurs l’usage de ce pouvoir qui l’a conduite à commettre des

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erreurs dangereuses. Comme ou connaît bien ces structures, il me semble que la pratique d’un thérapeute puisse y remédier par l’explication, la persuasion et par des techniques plus directes que celles utilisées aujourd’hui, s’il dispose de la confiance et de la volonté de son patient de faire tous les efforts nécessaires.

La pyramide des besoins d’Abraham Maslow. Cette pyramide est un bon exemple d'une théorie fondée sur des idées et non sur des réalités, et encore moins sur notre réalité mentale. D’abord ce concept de besoin est un concept inutile qui invite à produire de la ‘’choucroute’’ et à l’aliénation. Je ne suis même pas sûr que son emploi en économie soit vraiment judicieux et qu’il ne mène pas à des stratégies d’échec pour la société (travail et produits inutiles, insatisfaction artificielle, stress, déchets et pollution, destruction de l’environnement et de la biodiversité). Je laisse les économistes qui liront cet article en juger. La fonction volontaire, responsable de la survie de notre être, qui dirige nos synergies de veille, n’a pas de besoins, elle est confrontée à des nécessités et des opportunités, qui sont des indicateurs extérieurs à son être. Pour y répondre, elle gère des objectifs dans un tableau de bord qui lui est propre. Comme elle est gouvernée par un principe de liberté-choix-doute, toutes les hiérarchies qu’elle a le pouvoir d’installer ne sont que provisoires, formellement elle est totalement libre de faire ce qu’elle veut, du meilleur et du pire, y compris de se suicider, de se laisser mourir de soif et de faim, de renier son éthique, de renoncer à sa liberté, de se lancer dans des aventures incohérentes, irrationnelles, inefficaces et dangereuses (il suffit d’examiner les destins individuels des hommes pendant la seconde guerre mondiale pour s’en convaincre). De fait ses choix relèvent d’une stratégie complexe et évolutive, qui laisse une place à l’aléatoire et aux essais et erreurs, dépendant de ses motivations, et de ses opportunités, qui tient compte de ses valeurs, de ses objectifs et de ses contraintes. Si nous prenons par exemple quelques hommes bien choisis : Epicure (dont la classification des désirs est plus pertinente que celle de Maslow), Alexandre le Grand, Socrate, Bouddha, Confucius et Lao-

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Tseu, la pyramide en cinq degrés de Maslow s’effondre complètement, montre des empilements d’aliénations propres à notre société de consommation, à la culture, au rêve et au modèle de la société américaine. Une grande partie de deux premiers niveaux (respiration, alimentation, repos, sécurité, santé, etc...), ne sont pas des besoins mais des nécessités de survie. Au delà nous ne trouvons que des opportunités, mais en mettant à part le cinquième niveau où tous nos génies vont se rejoindre, nous y voyons des choses qu’ils valident mais qui relèvent davantage de leur éthique (respect des autres, amitié, encore qu’Alexandre a toujours sacrifié ses amis) et d’autres complètement méprisées ou hors sujet (propriété, emploi, appartenance, jugement des autres, affectif). Quant à l’estime de soi, elle n’a rien à faire là car elle relève de la fonction confiance (la foi). Nos six grands hommes n’en manquent pas, ce n’est pas pour eux une opportunité, mais l’évidence d’une chose qui les nourrit en permanence. Le cinquième niveau correspond à des opportunités bien réelles, mais qui s’inscrivent dans le rapport très spécifique de la fonction volontaire et des aspirations de la foi. Selon son ouverture aux aspirations de cette seconde fonction, la volontaire va élaborer ou non (et c’est son libre arbitre) une grande variété d’objectifs que j’ai qualifié de nobles. Nos héros sont tous prêts à mourir pour accomplir leur idéal, mais pas toujours pour des raisons raisonnables : Socrate se sacrifie pour des idées, Alexandre pour la construction d’un empire à sa gloire, Bouddha pour échapper à la réincarnation et se fondre dans une utopie, les trois derniers : Epicure, Confucius et Lao-Tseu sont plus prudents peut-être parce qu’ils sont plus sages, et pour cela je les estime davantage. Nous sommes entrés ici dans une autre dimension qui fait honneur à la fonction volontaire quand elle s’y engage, celle de l’évolution du vivant, d’une grande complexité à satisfaire, qui vise à accroître son champ de liberté, ses propres pouvoirs donc aussi ceux des autres fonctions mentales, et qui répond aussi à ses propres valeurs fondamentales : survie, liberté, efficacité.

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A noter qu’il ne faut pas confondre désir et émotion. La confusion est facile à faire car la volontaire désire immédiatement se sortir du problème que l’émotion signale, et inversement l’émotion pollue le vouloir. La pathologique ne possède pas la capacité de vouloir, elle n’exerce qu’un jugement qui fait pression sur la liberté de la volontaire. Il serait incohérent que ces deux pouvoirs antagonistes soient réunis dans la même fonction mentale, c’est pourtant ce que suggère la représentation monopolaire.

Emotions : La Roue de Robert Plutchik. La roue des émotions de Robert Plutchik est particulièrement intéressante. Je ne veux pas ici argumenter pour montrer que cette représentation est plus ou moins pertinente que ma propre rosace. Je dois admettre que les émotions se situent dans un domaine mental qui ne m'intéresse guère et que j'ai peut-être expédié un peu vite ce chapitre. Je me contente donc ici à faire quelques remarques. Nous trouvons dans la fleur de Plutchik beaucoup de choses en particulier les émotions primaires (joie, colère, peur, espoir, sérénité, mépris, soumission, anticipation paisible) avec des couleurs qui posent problème car c'est une structure huit, alors que les couleurs n'admettent par analogie que des structures trois, six, neuf, douze, mais pas huit. Plutchik tente de les combiner en dyades et triades. Les pétales sont sensées exprimer des nuances qui vont de la plus puissante au centre, à la plus modérée à la périphérie, ainsi : terreur, peur, appréhension - rage, colère, contrariété - extase, joie, sérénité. Mais certaines ne semblent pas avoir leur place ici. La surprise ne me semble pas être une émotion, mais le signal de l’apparition de quelque chose nouvelle et inattendue, déclenché par le couple analytique et jugement arbitraire, qui peut, selon que la personne est progressiste ou conservatrice, s'accompagner d'une émotion de satisfaction (à divers degrés) ou de crainte. Le diagramme mêle des réactions à des événements (les émotions primaires qui sont les plus importantes, car ceux-ci peuvent menacer la survie) et des jugements de plaisir-déplaisir face à des objets qui ne représentent pas de menace, mais des opportunités de nourriture ou sexuelles.

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Il ne prend pas en compte la temporalité des événements par rapport au présent de la personne, ce qui est pourtant indispensable car la joie et la colère n'ont de sens que pour des événements passés, l'anticipation et la peur pour ce qui est encore dans le futur. C'est ainsi que quand l'arbitre siffle que le match est terminé, l'émotion des supporters passe brutalement de l'inquiétude et de l'espoir, à la joie pour les uns et la colère pour les autres. Certaines propositions de Plutchik semblent être là uniquement comme bouche-trous dans sa grille et des variétés de ce qui existe déjà ailleurs. C'est le cas de la crainte (une variété de peur). L'optimisme (une attitude d'esprit complexe) alors que curieusement son contraire le pessimisme ne s'y trouve pas. Avec la tristesse, Plutchik tombe dans un piège sémantique car ce n'est pas une émotion primaire opposée à la joie, mais un état d'être qui constate un manque, qui peut avoir une ou plusieurs causes (ou non : le spleen), qui s'il devient chronique peut être dépressif et son contraire jubilatoire. Mais je peux aussi me percevoir et être perçu par les autres comme un imbécile heureux ou malheureux, je peux aussi me sentir triste d'une situation générale (l'état du monde) que je corrige en adoptant une stratégie philosophique : l'optimisme ou le pessimisme, qui dans les deux cas m'apportera la satisfaction d'avoir raison d'être raisonnable comme je le suis. La joie, émotion primaire (positive, active, relative à un événement passé) s'oppose à la colère (négative, active, relative à un événement passé). Aussi quand l'équipe de France gagne un match de foot, ce peut être une explosion de joie si je suis Français ou de colère si je suis Portugais, mais si le sport ne m'intéresse pas, me laisser indifférent ou au contraire m'agacer, car je sais que je vais devoir supporter les commentaires débiles et obscurs tournant en boucle sur les chaînes info., aussi je finis par préférer que les autres gagnent car je sais que cette pollution sportive durera dans ce cas moins longtemps. Si la variation au sein d'un même pétale est souvent bonne (terreur, peur, appréhension) elle montre aussi, au delà de la difficulté de la traduction de l'anglo-américain, des ruptures

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inattendues (extase ou plutôt jouissance, joie, satisfaction et non sérénité). Nous voyons apparaître en dehors du mépris et de la soumission, des sentiments complexes (agressivité, culpabilité, désappointement) qui ne sont pas des combinaisons de primaires, mais montrent la présence de la volontaire dans un contexte social et les valeurs de son éthique (bien ou mal), d'un mode de réponse (agressivité ou évitement) face à un danger que signale la peur, et des jugement de l'arbitraire. Une grosse absente dans les basiques : la haine, plutôt surprenant puisque l'amour est bien là. Donc il aurait fallu soit exclure l'amour de cette grille, soit le mettre dans une sous-partie de la grille avec la haine. Cet ensemble montre qu'une théorie des émotions est d'autant plus complexe à établir que la fonction pathologique n'agit pas seule et qu'elle joue dans le cadre d'une synergie où les autres fonctions interviennent, se mêle à des évaluations subjectives, et que toutes les interactions et les sens qui en résultent se confondent dans l'expérience immédiate du contenu de notre conscience. Et de plus toutes ces fleurs vont pâlir à mesure de l'évolution mentale de la personne et les interactions changer. C'est la raison pour laquelle, comme cela me fait bailler d'ennui, je n'ai pas du tout envie d'aller jusqu'au bout comme je l’ai fait avec l'analytique ou la volontaire, je préfère l'éviter en bâclant le sujet et en le bottant en touche.

La rosace des émotions (voir A la découverte de notre vie mentale)

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Les émotions basiques, actives et passives Les émotions basiques nous préviennent des dangers qui nous menacent, des opportunités favorables qui peuvent s’offrir à nous, des succès et des échecs que nous avons vécus. Elles sont donc positives ou négatives et s’inscrivent dans notre conscience présente de l’environnement temporel de notre relation au monde, aux choses et situations qui nous entourent. Elles sont en outre actives ou passives, selon qu’elles nous mobilisent pour agir ou non. Les plus intenses sont les quatre actives : la peur et la colère, la joie et l’espoir enthousiaste. A ces quatre correspondent quatre passives : la soumission, le mépris, la sérénité et l’attente paisible. La peur, qui peut être une angoisse, nous signale une menace à court ou long terme. La soumission est l’acceptation de cette menace, par exemple celle qui résulte de notre présence au monde, voire l’acceptation de la domination de l’autre en échange de sa protection. Elle permet des stratégies d’évitement afin d’éviter toute compétition et tout conflit. La colère insiste sur les échecs ou les injustices dont nous avons pu être les victimes et auxquels nous accordons encore le pouvoir de nous nuire. Le mépris nous permet de nous libérer de son emprise. Il ne change pas le passé mais le relativise. A l’inverse la joie nous récompense de nos succès, ses excès peuvent être illusoires, nous faire oublier nos responsabilités et nous éloigner de nos tâches utiles. Sa version passive, plus lucide, est la sérénité. L’espoir enthousiaste de voir la réalisation prochaine d’une chose peut être grisant mais inutile. L’attente paisible est plus appropriée. A ces émotions basiques s’ajoutent les fondamentales : l’amour et la haine, les stress positifs et négatifs, et les sentiments sociaux : de supériorité et d’infériorité, de mérite et de culpabilité, de fierté et de honte. Il existe encore des émotions secondaires, mais pas moins difficiles à maîtriser, comme la tristesse face à un manque, la jalousie envers celui qui nous prive d’un plaisir et en jouit à notre place, etc. La fonction mentale source de ces produits est un système de

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contrôle et de pression sur le libre arbitre de notre fonction volontaire. La pathologique s'exprime par du stress, des émotions, des sentiments, du plaisir et du déplaisir. Elle s'impose dans la vie mentale par sa puissance. Sans cette puissance, elle ne serait qu'un jugement comparable à celui du jugement arbitraire, c'est ce qui arrive chez un ataraxique. Avec cette puissance, elle devient un fardeau pour notre fonction volontaire avec laquelle elle rentre en conflit, et un obstacle pour notre concentration qu'elle perturbe. Elle utilise une énergie considérable qui, associée à du sens, conservera sa puissance et sa saveur dans notre mémoire, renforcera sa pérennité et lui permettra d'exercer une influence à long terme sur notre vie mentale. C'est un avantage indéniable pour la conservation de nos souvenirs, mais il peut aussi en résulter des nuisances, des désordres qui peuvent avoir des conséquences graves sur nos comportements et nos rêves en cas de traumatismes, et réclameront d'avoir recours aux stratégies de résilience. Elle produit des émotions. Celles-ci ont besoin pour faire sens d'être structurées par des valeurs logiques, une combinaison de concepts opposés tels que : positif et négatif, actif et passif, futur et passé. Comme ces émotions peuvent concerner tous les aspects de la vie intime et sociale, il en résulte une grande variété. Pour y voir un peu plus clair, il faut étudier les fondamentales comme la peur, la colère, la joie et le mépris, et pour les sentiments sociaux, la supériorité et l'infériorité, la culpabilité et le mérite, la fierté et la honte, sans oublier l'amour et la haine.

Sociologie Comme toutes les autres sciences sociales, la sociologie ignore la nature mentale de l’homme, et ne considère que ses comportements physiques. De ce fait ses enquêtes et ses tests sont déficients et ne font guère plus qu’étudier les aliénations sociales. Si je prends le test de l'amour propre "Twenty statement test" de Kuhn et Mac Partland (T. S. T.) par exemple, et la question : "Qui suis-je?", je dirais que cette question est une invite à l'aliénation et que ce "qui" n'existe pas, la seule question raisonnable serait "Que suis-

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je?". Si l'assemblage des mots (qui ?) et (suis-je) est possible, c'est pour moi un contresens, et c'est plus que de la simple "choucroute", c'est une "choucroute" agressive car elle agresse mon sentiment ontologique et me met en situation de dissonance par son incohérence normative, donc je ne pourrais répondre au T.S.T. que par la négative : Je suis ni Français, ni Chinois, ni pingouin, ni ingénieur, ni cabaliste, ni taoïste, ni tout ce qu'on voudra, la seule identité que j'accepte c'est celle d'un être vivant, je me considère égal en dignité d'une bactérie, d'une huppe ou d'un bonobo. Évidemment je ne suis ni une bactérie, ni une huppe, ni un bonobo, ni quoi que soit de ce genre. Par contre à la question "Que suis-je?", je réponds sans problème parce que je me connais bien et je sais comment je fonctionne : Je suis neuf fonctions mentales et leurs interactions, et je sais qu'elles sont puissantes. Donc que mon degré d'amour propre sur l'échelle de Rosenberg se situe plutôt dans le haut de l'échelle. Si les études et les recherches de la sociologie se concentrent sur la société, elle ne peut se passer d'étudier les individus, ses atomes élémentaires. Or les individus présentent à la fois des choses qui les rassemblent et d'autres qui les séparent. Ce qu'ils partagent et les réunit ce sont des constantes, les fonctions mentales, leurs contraintes et leurs valeurs, la nature même du sens et ses propriétés formelles, tout ceci est universel même si la variable du raffinement des hommes se manifeste par des nuances. Ainsi un moine bouddhiste accompli maîtrise ses émotions à tel point qu'il n'en ressentira plus que des vagues atténuées, presque insignifiantes, mais ce sont les mêmes émotions, la même joie, la même colère, la même peur, la même anticipation, etc., que les autres hommes. Ce qui fait rire Lao-Tseu, fait sourire Bouddha, mais c'est la même chose. Ce qui sépare les hommes c'est tout ce qui est arbitraire, voire accidentel, parce que cela pourrait être autrement, les nations, les religions, les langages, les cultures, les traditions etc., et ces facteurs d'identité sont superficiels parce qu'ils pourraient être autres et même ne pas être du tout. Ce sont comme dit Marcuse des aliénations à des concepts, voire à des fantasmes, mais ces divisions

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sont sources de conflits et provoquent des désordres et des fureurs. En outre, une société est d'autant plus stérile et d'autant moins créative que ces aliénations sont nombreuses et étouffantes. A cela il faut ajouter la compétition pour satisfaire des besoins naturels ou pour assouvir des ambitions et des avidités maladives, le pouvoir, les richesses. Ainsi les objets de la sociologie sont souvent à ranger au musée des horreurs, mais c'est aussi la promesse de la compréhension des mécanismes sociaux, en coopération avec d'autres sciences, dans une quête de vérité qui vise à l'harmonie des sociétés et au progrès humain dans un ordre mondial.

Economie Actuellement la théorie économique dominante est néolibérale. Elle définit l’homme comme un travailleur entrepreneur consommateur, uniquement mu par ses besoins et ses désirs. Ce qui encore une fois, nie la réalité de notre être, et constitue une aliénation majeure abêtissant les masses laborieuses au seul profit d’une élite de dirigeants riches, dans l’illusion du leurre d’une démocratie équitable. De plus, toute cette théorie économique malfaisante, qui s’accompagne du mythe du progrès, est à bout de souffle, car notre planète la terre est finie et ne pourra plus supporter bien longtemps cette course folle. Au vingt-et-unième siècle, l'humanité est confrontée à de nombreux défis à relever face aux risques majeurs dont certains menacent son existence : hausse des températures, dérèglement climatique, dégradation de l'environnement, de la biodiversité, pollution des mers, épuisement des ressources naturelles, santé et éducation des masses, surpopulation, pauvreté et faim dans le monde, terrorisme, guerres civiles et émigration, régulation économique et financière, racisme, sexisme et opposition des convictions métaphysiques qui divisent les peuples et les personnes, inconscience sémantique, source d'incompréhension, de difficultés de communication des hommes. Tous ces problèmes sont plus ou moins liés et les structures politiques, économiques et sociales actuelles, nationales et internationales, ne semblent pas permettre de les résoudre ni efficacement, ni rapidement.

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Science politique J'espère recueillir l'assentiment de tous les politiques en déclarant que leur travail est un art plus que la mise en application d'une science ou de techniques même si la connaissance de celles-ci leur est nécessaire, comme la connaissance des couleurs est nécessaire au peintre, tant leur domaine d'activité est immense et complexe car il concerne tous les aspects de l'humain, tant sa finalité : le bien-être des hommes, est difficile à atteindre et même à définir, tant les opinions sont partagées quant aux moyens à mettre en œuvre, tant la pression sociale est forte, les intérêts divergents, tant le consensus est nécessaire et difficile à obtenir. La politique est l'art de mettre l'état (un ensemble de moyens, dont les pouvoirs régaliens) au service de quelque chose (dans l'espace d'un territoire peuplé par des hommes). Deux questions immédiates concernent ce quelque chose et l'étendue des moyens à mettre en œuvre. Dans l'histoire ce quelque chose a pu être un prince, une famille dominante, une ou des aristocraties, des castes, des classes, une idéologie, une religion, avec souvent du partage car pour régner en maître ce quelque chose a besoin d'appuis. Aujourd'hui, à l'exception de quelques réfractaires attardés, il existe un consensus mondial au moins formel autour de la Déclaration universelle et des pactes internationaux relatifs aux droits économiques, sociaux, culturels, civils et politiques, que ce quelque chose se sont les hommes, que faute de pouvoir définir un bien-être il est judicieux de définir des droits, et que pour éviter à la fois l'injustice et les désordres ces droits doivent être égaux pour tous. La question ensuite est de savoir choisir parmi les hommes ces sages chers à Platon, les plus aptes à servir et à faire appliquer ces principes. Une oligarchie autoproclamée de sages aurait vite montré ses carences et ses limites, aussi la démocratie représentative, malgré tous ses aléas, les difficultés de sa mise en œuvre, les nuisances secondaires qu'elle entraîne, toutes ses faiblesses, reste comme disait Churchill la moins pire des solutions. La population est donc reconnue comme apte à choisir, à sanctionner ces sages et

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même à décider par des votations, non sur le constat de ses compétences individuelles, mais parce que c'est un droit inhérent à la dignité de la personne humaine. Mais parce que c'est un droit et non un pouvoir contitutif essentiel de sa personne, elle doit savoir qu'elle n'est pas totalement souveraine, ni qu'elle puisse choisir hors du cadre des principes universaux qui lui garantissent ce même droit. Elle ne peut choisir en contradiction des principes qui lui permettent de choisir sans se mettre hors du droit avec tous les risques que cela comporte pour elle. Et ce droit implique le respect du droit des autres et la connaissance du droit de tous, donc des droits fondamentaux. Dans le système démocratique qui est le nôtre, il est donc du premier devoir des élus, des partis, des gouvernements, de la science politique, non seulement de respecter ces droits, mais d’enseigner et de convaincre tous les citoyens de l’importance et du respect de ces droits, car c’est la contrepartie de leur droit de voter. Nous entendons trop dire qu’il n’est pas possible de faire ceci ou cela à cause des accords internationaux, de l’Europe, etc., et certains sont tentés de se faire élire en dénigrant et en menant une campagne de rejet de ces institutions. Mais c’est couper la branche de l’arbre de l’harmonie politique, sociale, universelle, sur laquelle nous sommes assis. Même si cet arbre souffre des imperfections de sa jeunesse, qu’il demande à s’améliorer en grandissant, c’est notre seul avenir possible, le garant de notre liberté et de notre sûreté. Les hommes ont les politiques qu’ils méritent. Aussi, avant de se plaindre des sages qu’ils ont élus, ils doivent commencer par affiner leur culture politique. Si personne ne peut raisonnablement s’accabler de la responsabilité du monde, chacun est infiniment responsable de sa propre culture. Après un siècle d’épreuves et de barbarie, l’idéologie socio-libérale a fini par s’imposer dans la réalité indépendante des discours au milieu des utopies les plus funestes, comme la plus souhaitable, d’abord en Occident puis à quelques exceptions près, au reste du monde. L’art du politique s’inscrit dans une causalité historique dont en général il est conscient, il n’est pas vain de croire avec optimisme

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qu’elle nous entraîne vers un point culminant d’équilibre, de justice et de paix. La première préoccupation de cette idéologie est socio-économique et son avenir se construit dans l’affrontement de ceux qui veulent plus de social et ceux qui veulent plus de libéral, en sachant que l’égalitarisme absolu comme l’ultralibéralisme sont exclus, et que l’économie doit être régulée par des normes qui protègent à la fois les créateurs, les producteurs, les entreprises, les salariés, les consommateurs et l’environnement. La seconde question concerne l’étendue optimale à donner aux moyens de l’état, car si la disparition de l’état est une utopie romantique dangereuse, à l’inverse son hypertrophie, le trop d’état, devient insupportable aux hommes en étouffant leur liberté créatrice, en accaparant trop de moyens, avec le risque que l’état (les hommes qui le servent) oublie ce qui justifie son existence : le service des hommes, pour ne plus être qu’au service de lui-même. La science politique est avant tout la science de l’état. C’est à elle d’élaborer les modèles les plus performants, de nous dire compte tenu des expériences qui ont été faites ici et là dans le monde, qu’elle a eu le loisir d’étudier, ce qui marche, ce qui ne marche pas et ce qui marche mieux, et indépendamment des querelles partisanes, sur la base d’analyses scientifiques factuelles, d’en convaincre les hommes, citoyens, élus, fonctionnaires, grands responsables de l’état comme de la société civile, car l’intuition politique n’est pas toujours une bonne conseillère. A Noter qu’un élu doit savoir, quelles que soient les motivations qui l’ont poussé à choisir cette responsabilité, les moyens qu’il a utilisés pour y parvenir et les positions qu’il a pu prendre dans le passé, que son métier c’est maintenant de servir les hommes qui vivent dans un territoire grâce aux moyens que l’état lui offre, servir les hommes et non des fantasmes, servir les hommes et non la France, ni une idéologie, ni un parti, une classe ou un clan, ni des intérêts particuliers et encore moins le sien. Aussi, quelles que soient ses capacités et son habileté à les mettre en œuvre, s’il a d’autres intentions, il n’est pas fait pour ce métier et ferait mieux de le quitter et d’en choisir un autre. Les électeurs ne sont pas dupes, malgré leur

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apparence innocente, ils possèdent une sensibilité aiguë pour reconnaître ceux qui les servent le mieux et n’hésitent pas à sanctionner les autres. C’est la raison pour laquelle face à la mauvaise gouvernance, les électeurs sont volages et parfois tentés de choisir des partis extrêmes, virginaux, qui affichent leur intention de les servir exclusivement en menant des politiques radicales et en définitive dangereuses.

Les neurosciences Si les neurosciences ont accompli d’importants progrès dans la connaissance biologique du cerveau et fait progresser la médecine, la psychologie cognitive expérimentale constitue une extension abusive de cette science physicaliste dans un domaine qui n’est pas le sien. Les neurosciences ne peuvent pas prétendre étudier notre vie mentale alors qu'elles nient l'existence de nos qualia et de nos percepts d'expérience pure des activités créatrices des fonctions de notre nature intime. La psychologie cognitive en particulier, n'étudie que la vie cérébrale à l'aide de l'imagerie médicale IRM et de l'EEG. Toutes ses interprétations sont douteuses car elles sont fondées sur une position de principe exclusivement moniste physicaliste et ne concernent que des comportements en relation directe ou indirecte avec le monde matériel extérieur. Cette dénomination de vie mentale pour une activité cérébrale est non seulement abusive mais elle est perverse et nuisible pour la santé de l'espèce humaine. En effet, il ne peut pas y avoir de confusion entre les deux termes : cérébral désigne ce qui appartient au cerveau et mental à notre esprit. L'amalgame des deux termes par ces pseudosciences est donc volontaire. Il s'apparente à un procédé de novlangue dénoncé par George Orwell qui consiste à modifier le sens des mots et à en supprimer certains, ainsi l'ignorance devient une force et la liberté un esclavage. Les neurosciences s'approprient un domaine qui n'est pas le leur et parlent des facultés de notre esprit, tel la conscience, comme émergentes du cerveau alors que refusant l'introspection, elles n'y ont pas accès. Seule une science dualiste, reconnaissant l'indépendance de notre psychisme, la réalité de nos qualia et la spécificité mentale de nos

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expériences pures, pourrait véritablement étudier notre vie mentale, grâce à l'introspection dont les techniques peuvent être développées bien au delà de ce que l'on connaissait à la fin du XIXème siècle, par des ancrages permettant d’accéder à tous ses aspects conscients et inconscients.

L’intelligence artificielle et la robotique Encouragée par les neurosciences cognitives qui identifient l’origine de la pensée et de la conscience humaine à notre seul cerveau, et notre pensée à son soi-disant traitement symbolique de l’information, la théorie computationnelle de l’esprit assimile le cerveau à un ordinateur, donc le calcul d’un ordinateur à notre pensée, qui devrait alors logiquement pouvoir faire tout ce que nous éprouvons : notre conscience de soi, nos émotions, notre intention, notre pouvoir de décider et de juger arbitrairement, notre confiance péremptoire, etc. Nous voyons ici une théorie fausse en entraîner par ricochet une autre, encore pire, prête à accorder au robot une personnalité juridique à l’égal de celle des humains, dans une imbrication complexe de concepts inappropriés. La science et la technologie, fortes de l’auréole de leurs succès passés, ont su créer là un monde magique, digne des contes des mille et une nuits avec leurs tapis volants, à grands renforts de propagande médiatique propre à convaincre les plus grands esprits du temps, séduisant les uns, angoissant les autres, engouffrant des dizaines et peut-être des centaines de milliards de dollars de dépenses de recherches pour une des plus grande sottise de tous les temps. Les entreprises éblouies s’empressent d’investir, les subventions sont votées, les chercheurs se frottent les mains car l’argent afflue massivement, les investisseurs aussi car les cotes des actions des sociétés montent en bourse. Les économistes et les politiques se réjouissent, car tout cela fait tourner l’économie et fait progresser la croissance, qui en a bien besoin après des années de disette suite à la dernière crise financière. Le théâtre est monté, il s’écroulera dans trente ou cinquante ans, car nous savons avec l’expérience de la matière noire que les idées fausses ont la peau dure dans cette société humaine, mais que tout fini par se déconstruire devant le mur obtus et implacable des

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réalités, entraînant les théories absurdes que les neurosciences portent sur l’esprit humain dans sa déconfiture. Car c’est oublier que nous ne pensons pas en alpha numérique même si le langage peut nous le laisser croire, mais avec du sens. En informatique tout est précis au pixel près, les images sont codées et les signes impliquent des actions, c'est un monde logique, sémantiquement vide, qui n'est pas le nôtre. Ce que certains appellent l'intelligence artificielle (IA) d'une machine qui, aura beau permuter à toute vitesse des signes et gagner des parties de Go, ne pourra donc jamais penser comme nous, ni même penser tel que l'évoque le terme (le signe) que nous associons à ce sème personnel. Les signes n’impliquent aucune conscience, aucune conscience ne peut émerger de leur complexité, car ce sont deux natures radicalement distinctes qui n’appartiennent pas au même monde. L’univers physique est distinct de notre monde mental sémantique. C’est au delà d’une question de complexité. Donc l’intelligence artificielle ne pourra jamais devenir consciente, une faculté mentale réservée aux êtres vivants, en dépit des rêves et des espoirs insensés de tous les chercheurs en informatique.

Le mentalisme « Je ne suis pas un philosophe mais un mécanicien mentaliste. Je ne vous propose donc pas de penser à partir de votre expérience du monde, je vous propose de vous initier à la réalité d’un autre monde. Ce second monde que vous ignorez ou que vous appréhendez à peine, en tous cas que vous ne prenez pas en compte pour construire vos discours philosophiques, est mental et ailleurs du premier. Ce second monde vous permet de penser, de vouloir et d’agir et beaucoup d’autres choses encore. Mais vous pensez comme vous respirez, comme si c’était une chose naturelle qu’il est inutile d’aller voir, et au lieu de cela vous produisez des concepts qui ne sont que de l’imaginaire régulé par un système d’analyse critique, lui-même discutable parce que fondé sur des convictions métaphysiques. Or il existe des techniques, je dirais des gestes mentaux, qui permettent

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d’aller voir et de constater que ce n’est pas naturel du tout, mais la résultante de mécanismes complexes qu’il est possible d’explorer et de maîtriser. En disant cela, je sais que c’est comme si je tentais d’expliquer des techniques de voyants à des aveugles, mais je sais aussi que si ces aveugles apprenaient à voir, ils tiendraient d’autres discours philosophiques et changeraient de convictions métaphysiques. De mon point de vue décentré, j’observe et je compare ces philosophes à des poissons rouges tournant en rond dans leur bocal. Souvent ils me demandent des références pour justifier mes dires, des références de poissons rouges. Je leur réponds que je n’ai pas de celles-là, mes seules références ce sont mes expériences et ce que je sais faire. Ils me demandent souvent aussi de descendre dans leur bocal pour écouter ce qu’ils disent et répondre à leurs questions, je leur réponds que je crains l’eau et préfère rester où je suis. Ils me traitent alors de méprisant, de vaniteux, de mauvais sire, de bouffon sans argument et sans preuve qui essaie de s’en tirer par des pirouettes indignes d’un penseur. Mais quand je leur présente des faits, ils se détournent, deviennent sourds et ne regardent pas. Ainsi quand je leur dis que la conscience et le sens ne sont pas des grandeurs physiques mesurables et qu’ils ne peuvent donc pas affirmer qu’elle et il sont produits par le cerveau, ou que si les victimes de la paralysie du sommeil sont temporairement incapables d’activer leur corps, bien que conscient de lui, c’est qu’il existe une fonction mentale et non cérébrale nécessaire à son activation et donc que le cerveau ne fait pas tout, que quand par l’hypnose, un mental prend possession du corps et de la volition d’un autre, c’est par la suggestion du mental de l’autre qui dirige bien le corps et non par le contrôle à distance de son cerveau, ils trouvent mes arguments a priori irrecevables et même, ne les écoutent pas par crainte de mettre en danger leurs propres convictions. Plus simplement encore, quand je leur fait constater qu’un signe leur évoque immédiatement du sens, alors qu’au contraire à partir du sens bien présent dans leur conscience, ils peinent et échouent parfois à trouver le terme qui lui correspond, cela démontre que la

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relation du signe au sens n’est pas réciproque, que ce qu’ils appellent un mot n’existe pas et n’est qu’une idée fausse, et qu’ils affectent des signes à leur champ sémantique personnel et non l’inverse. Les mêmes me demandent des savoir-faire mentaux, des métaprogrammes, comme s’il s’agissait d’appliquer des formules de mathématiques, de monter une grue avec des pièces de Meccano ou d’un jeu de Lego. J’essaie de leur expliquer qu’aucune méthode bardée de leurs concepts ne leur permettra d’y parvenir, parce que ces savoir-faire exigent une maîtrise des interactions de leurs fonctions mentales par des gestes mentaux, mais ils ne me comprennent pas, faute de disposer dans leur champ sémantique de la mémoire de ces gestes et de ces interactions. Globalement on peut distinguer dans ce champ sémantique trois sections, en précisant que pour moi ce terme sémantique ne se réduit pas à un ensemble de signifiés et de concepts rattachés à du langage, mais s’étend à des zones qualitatives peuplées de percepts sensoriels et mentaux. La première section très développée chez les animaux et les hommes, est constituée de percepts sensoriels visuels, auditifs, du goût, de l’odorat et des sensations de leur corps. Tout cela constituant un ensemble d’outils tournés vers la maîtrise du monde physique qui nous entoure, le premier monde, et nous n’avons pas besoin pour ce faire de concepts ni de langage pour diriger notre corps. Nous agissons physiquement en pensant à peine consciemment ces percepts. C’est ainsi que par exemple nous respirons, que nous buvons, que nous nous promenons en forêt, que nous conduisons mécaniquement notre automobile, que nous sortons un steak du frigo pour le faire cuire dans une poêle et ensuite pour nous en nourrir, que nous manipulons toute sorte d’outils mécaniques pour élaborer les choses les plus diverses. Ce sont bien des percepts mais ils ne nous permettent évidemment en aucune manière d’accéder et encore moins de maîtriser nos fonctions mentales. L’homme aurait pu à partir de là, dans sa longue évolution au sortir de l’animal, développer d’autres percepts, non sensoriels cette

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fois mais purement mentaux qui lui auraient permis de maîtriser non son corps mais ses fonctions mentales. Au lieu de cela, il s’est tourné vers la deuxième section et s’est mis à construire des concepts et de les affecter à du langage. Comme je l’ai déjà dit ces concepts sont des abstractions des percepts de la première section et les combinaisons de plus en plus sophistiquées, jusqu’au délire et aux théories les plus folles, de ces abstractions par l’exercice de notre imaginaire. Ces concepts ont effectivement permis à l’homme de progresser dans sa maîtrise du monde extérieur en élaborant des outils et des techniques matérielles de plus en plus complexes tant qu’ils restaient cohérents avec cette réalité. Mais comme ils sont issus d’un imaginaire, ils ont aussi produit des fantasmes, des divinités, des mythes, des croyances, des idées, des convictions et des représentations les plus fausses. Cette seconde section c’est aussi celle du bocal dans lequel tournent nos philosophes, nos penseurs et nos experts en sciences humaines, poissons rouges. Le mieux qu’ils puissent y faire, et certains le font, c’est de s’arrêter de tourner et de constater l’inintelligibilité de la situation dans laquelle ils se trouvent. La troisième section c’est celle des percepts mentaux de notre second monde, que certains par ignorance et faute d’expériences ont déclarés être le siège d’un inconscient, une théorie absurde car si deux entités se partageaient notre être, elles lutteraient à mort pour sa domination. Parmi ces percepts cependant, certains sont trop puissants pour passer inaperçus, ce sont nos émotions. Les plus importantes sont la joie, la peur et la colère, l’amour et la haine. Pour l’homme ordinaire ce monde est opaque et confus, dominé par un ego qui cherche à s’imposer coûte que coûte, alors que lui-même n’est pas un facteur majeur mais n’est qu’un résidu inerte, encombré par les théories et les représentations fausses de la deuxième section. C’est dans ce monde que ce monde lui-même doit en s’arc-boutant plonger pour y découvrir, y distinguer et y enrichir les percepts de nos fonctions mentales, première étape obligée d’un cheminement de maîtrise qui conduit dans la croissance d’une cohérence mentale à l’ataraxie.

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De même que les percepts de la première section nous permettent de diriger notre corps, ceux de la troisième section nous permettent de diriger notre mental. Les structures que l’on y trouve n’ont aucun point commun avec celles de la première section. Elles décrivent un monde qualitatif intemporel aspatial que nous ne pouvons qualifier autrement qu’ailleurs du premier monde. Ces deux réalités ne s’opposent pas, elles coexistent paisiblement, et sont articulées par une fonction mentale que je désigne sous le nom de motrice qui permet de basculer plutôt que de passer de l’une à l’autre, car il n’existe aucune solution de continuité entre elles. Ces deux réalités distinctes sont aussi tangibles l’une que l’autre. Ici je ne vous demande pas de me croire mais d’en faire simplement l’expérience et de le constater. Evidemment cette expérience fait s’effondrer une grande partie des anciennes représentations conceptuelles fausses de la deuxième section qui va maintenant progressivement se remplir d’abstractions et de concepts complexes conformes à la réalité de notre monde mental. Une réalité chasse toujours un imaginaire incohérent. Cette réalité ne trouve pratiquement aucun mot dans notre langage pour se dire, mais peu importe car nous disposons de suffisamment de sens, des percepts mentaux, pour la comprendre, et aussi parce que le concept de mot nous apparaît clairement erroné. Cette réalité implique le développement d’une forme de pensée perceptuelle infralinguistique que je qualifierais de réelle relativement à la précédente, linguistique et illusoire. Comme nous disposons toujours de la faculté du langage et que nous pouvons créer et réaffecter autant de signes que nous voulons à du sens, nous pouvons évoquer plus que décrire ou traduire cette réalité dans un discours. Evidemment encore, les structures de nos langues vernaculaires ordinaires étant inefficientes, ce sera comme le dollar américain, mon langage et votre problème. »

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5. LA NÉCESSITÉ D’UN NOUVEAU MODÈLE DE L’ESPRIT HUMAIN

Le modèle monopolaire de l’esprit humain gouverné par un soi que proposent les philosophes ne nous permet pas d’accéder à la réalité de nos fonctions mentales, et encore moins de les diriger efficacement.

5. La nécessité d’un nouveau modèle de l’esprit humain

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L’article premier de la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 affirme que : « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience… ». Cette Déclaration rédigée par René Cassin, juriste français, Prix Nobel de la Paix 1968, exprime l’idéal humaniste de l’Organisation des Nations Unies. Bien qu’elle n’ait pas de valeur légale par elle-même, elle a été écrite sur un plan juridique, à distinguer du plan physique et du plan mental. L’homme dont parle cette Déclaration est donc la personne civile, distincte de son corps physique sexué et de son entité mentale sémantique. Il est nécessaire bien distinguer ces trois plans, car chaque plan possède un cadre conceptuel différent, et pour développer nos facultés mentales il faut rentrer dans le cadre conceptuel approprié en excluant les deux autres, sinon ce n’est pas possible. Quoi que nous en pensions, il y aura un blocage. Pour le comprendre, imaginons trois établissements : Un restaurant, un marchand de chaussures et une bibliothèque. Si nous allons nous nourrir chez le marchand de chaussures, nous allons bêtement mourir de faim, même si nous imaginons ou croyons que c’est possible. Notre monde mental est une autre réalité que le monde physique extérieur, c’est une réalité qui possède d’autres règles, et si nous ne respectons pas ses règles nous ne pourrons rien y accomplir, nous ne pourrons même pas y renter, nous resterons dans des spéculations intellectuelles et de l’imaginaire stérile. Pour y rentrer il nous faut une clé, et cette clé c’est le cadre conceptuel de nos fonctions mentales. La Déclaration dit ensuite que les hommes sont doués de raison et de conscience, elle ne dit pas qu’ils sont également doués ni égaux en raison et en conscience. Nous aurions tendance à le croire à cause de la première phrase, mais elle ne dit pas cela. La Déclaration est très précise, chaque mot ou absence de mot compte. Les hommes ne sont pas plus égaux en conscience et en raison qu’ils ne le sont physiquement. Il nous faut comprendre qu'entre l'homo economicus ordinaire moyen et Lao-Tseu, cet ignorant qui sait tout faire spontanément, il y a une grande distance d'évolution mentale, et

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qu'il n'existe pas de formule qu'il suffirait d'appliquer pour combler cette distance, il faut au contraire beaucoup travailler sur soi dans des chemins à découvrir. Ce n'est pas avec les représentations de nous-mêmes de travailleur entrepreneur consommateur que nous proposent les néolibéraux, ni avec celle d'un ensemble de comportements physiques dirigée par un cerveau sous conscient que nous offrent les neurosciences cognitives, que nous parviendrons à grand chose pour améliorer notre raffinement mental. Qu’est-ce que la raison et la conscience ? La raison est un terme que je n’emploie jamais, sinon pour dire que c’est une idée floue qui montre que ceux qui l’utilisent ignorent la réalité mentale de ce qui se cache derrière, Emmanuel Kant le premier, et nombreux sont les philosophes qui déclarent a priori que la raison ne peut pas se saisir elle-même pour s’étudier et se connaître, mais c’est simplement qu’ils ignorent comment faire. La conscience est un terme très polysémique, le contexte de cette phase suggère que la Déclaration désigne ici l’éthique. Pour sortir de la confusion il faut s’exprimer avec une grande rigueur et beaucoup de précision pour sortir de sa polysémie, par exemple réserver le terme (conscience) à une fonction mentale dont le pouvoir opératif ne consiste qu’à révéler quelque chose et non à le produire. Les deux exemples précédents montrent que le langage pose un problème. S’il est un moyen de communication obligé pour exprimer notre pensée aux autres, il n’est absolument pas un outil pour penser comme il faut. Le concept de mot est non seulement inapproprié mais il est faux, ce que désigne le mot n’existant pas. De ce fait la linguistique, la science du langage, est noyée dans d’inextricables problèmes. Comme le souligne Alfred Korzybski dans son introduction de Science and Sanity : « Les théories actuelles des significations sont extrêmement confuses, définitivement sans espoir, et probablement nuisibles à la santé de l’espèce humaine ». C’est la raison pour laquelle la méthode de Développement Mental Sémantique DMS que je propose, n’utilise pas le langage comme le fait la Programmation Neuro-Linguistique PNL, mais des gestes mentaux, des sèmes infralinguistiques et des qualia, qui sont des

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percepts mentaux, ce qui fait d’elle une technique mentaliste. C’est aussi pourquoi elle réserve une part importante à la sémantique, la science du sens, hors de tout langage. La Déclaration concerne essentiellement les droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels, aussi ce n’est guère que dans son premier article qu’elle parle des facultés mentales humaines avec ces termes de conscience et de raison. Cependant l’Organisation des Nations Unies n’est pas sans ignorer que la résolution des problématiques sociales et politiques passe par ce qu’elle appelle une évolution de la conscience des hommes, et qu’elle en fait un de ses objectifs prioritaires dans son programme de développement durable 2030 – Transformons notre monde – . C’est aussi ni plus, ni moins, ce que propose la méthode DMS, un peu plus quand même car ce programme n’envisage pas de développer la pensée holistique, la maîtrise de nos fonctions mentales, l’accès aux structures fondamentales du vivant, et encore moins l’ataraxie. Il nous faut savoir que si nous accomplissons avec succès la maitrise de nos fonctions mentales, nous devenons des experts dans tous les domaines des sciences humaines, de la sémantique à la science politique, en passant par la linguistique, la psychologie et la sociologie, non par l’apprentissage et la remémoration de connaissances académiques souvent fausses, mais parce que nous disposons de la conscience immédiate de la réalité du fonctionnement de l’esprit humain, ce qui nous permet de distinguer ce qui est vrai des théories conceptuelles imaginaires. Pour parvenir à accéder et à maîtriser nos fonctions mentales, il nous faut disposer du cadre conceptuel approprié, le vivre, et abandonner les représentations fausses de nous-mêmes. C’est pourquoi il faut procéder en deux étapes. La première étape consiste à construire et intégrer ce cadre conceptuel approprié indispensable. La seconde, proprement mentaliste, à apprendre les savoir-faire, c'est-à-dire les gestes mentaux, qui permettent de diriger nos fonctions mentales. C’est moins compliqué qu’il n’y paraît après avoir bien intégré les principes de base, ce qui constitue l’étape la plus difficile à franchir, compte tenu qu’ils sont totalement inconnus et

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ignorés de la culture ordinaire dans laquelle nous baignons. Il nous faut donc démarrer comme sur un page blanche en ignorant tous nos a priori et tout ce que nous croyons savoir, ensuite cela devient plus facile car nous avons en fait peu de chose à installer consciemment. En effet, les activités inconscientes de nos fonctions mentales élaborent automatiquement les comportements pertinents qui permettent d’accomplir ce que nous désirons. C’est en quelque sorte comme des logiciels qui se construisent sans que nous ayons à nous préoccuper des détails, qui nous sont offerts, et que nous pouvons utiliser comme bon nous semble.

Cadres de représentations La plus grande partie des gens n'ont qu'un seul cadre de représentations. Je ne m'avancerais pas à dire la presque totalité de peur d'être taxé d'exagération. Ce cadre c'est celui de leur corps et du monde extérieur qui les entoure, que les sciences ont prolongé dans diverses directions de l'atome aux étoiles. Il est indéniable que ce cadre est bien pratique, il permet de se nourrir, de travailler, d'acheter et de vendre, d'aller voter et même de se faire la guerre. Cependant, il ne permet pas tout. Les philosophes ont essayé d'y loger notre être (pas tous), sans aller bien loin d'ailleurs, ce qui a déclenché du paradoxal. Le cas le plus manifeste étant celui de l'existentialisme avec les litanies de sa bible cul de sac : L'être et le néant. Hé oui, Sartre ne pouvait pas se trouver car il n’était pas là, il aurait simplement dû conclure que ce n'était pas la bonne direction de recherche et que ses concepts hors sol ne valaient rien sinon produire de la confusion. Notre être n'est pas paradoxal, ce sont les systèmes conceptuels avec lesquels on tente vainement de l'analyser qui sont mauvais, ils ne sont pas adaptés à cela, car ce sont des extensions hors sol de concepts qui nous sont utiles pour maîtriser notre environnement extérieur, mais à rien d'autre. Evidemment, ce premier cadre de représentations permet encore moins de découvrir la réalité de nos fonctions mentales, de les maîtriser, de les diriger et d'améliorer leurs performances. Pour cela, il en faut un second, un cadre de représentations qui leur soit adapté : le leur. Celui-ci est totalement étranger au premier, sans

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aucune solution de continuité. Donc, pour pénétrer ce domaine, il faut basculer d'un cadre à l'autre sans conserver la moindre parcelle du premier. Avec mes articles et mes cartes heuristiques, j'essaie de suggérer ce que doit être ce second cadre pour être performant. Mais je constate que mes lecteurs pour la plupart, inscrivent ou essaient d'inscrire les éléments que je propose dans leur premier cadre de représentations. Evidemment cela ne marche pas, cela ne peut pas marcher ainsi.

Nécessité de changer de cadre conceptuel La plus grande partie de l'humanité et tous les monistes physicalistes se perçoivent comme un corps et un cerveau qui décide de tout. Peu m'importe, c'est leur problème, mais le cerveau est un organe biologique comme le foie et la rate. Si votre fonction motrice peut agir vos muscles, elle ne peut pas agir votre cerveau pour vous aider à résoudre des problèmes, ce n'est pas son rôle. Avec des gestes mentaux, vous pouvez déclencher quelques trucs physiques, comme un ASMR, par des moyens détournés, mais c'est bien peu de choses en définitive. Ne pas confondre informations et qualités de sens, comme le font les neurosciences, or la conscience est une qualité de sens, inutile pour le traitement de l'information physique par le cerveau. Notre cerveau est incapable de coder du sens car le sens ne se définit pas spatiotemporellement, il ne peut coder que des informations biologiques et physiques, des comportements spatiotemporels et rien d'autre. La conséquence, c'est que si vous adressez une demande à l'image de vous-mêmes (votre cerveau et votre corps) dans ce cadre conceptuel faux de vous-mêmes, eh bien... il ne se passera rien, car ni votre cerveau, ni votre mental, ne pourra la traiter, votre demande manque sa cible et s'adresse au néant, qui bien sûr ne vous répondra pas. D'où la nécessité de changer de cadre conceptuel pour une représentation conforme à votre réalité si vous voulez accéder, explorer, diriger, exploiter vos fonctions mentales et obtenir les réponses dont vous avez besoin pour résoudre vos problèmes grâce aux nombreux outils dont elles disposent. Ce nouveau cadre conceptuel approprié, c'est celui que je propose avec mon modèle de

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l'esprit humain. Je l'ai testé, et il est validé par le fait, entre autres choses, que grâce à lui je suis devenu ataraxique épicurien vrai, absent et libre de trouble et d’émotion, bien que les sciences actuelles déclarent cela impossible. Les propriétés et capacités de l'humain ne sont pas fixées une fois pour toute, elles sont évolutives car l'humain appartient au vivant.

Nos qualia (au singulier un quale)

Dans le monde extérieur, les objets ont des grandeurs physiques mesurables. Dans notre monde mental, nos qualia (prononcer kwalia) ont des qualités dont les nuances nous sont perceptibles, distinguables et appréciables. Nous vivons une succession de qualia complexes composés d'une multitude de qualia élémentaires, tels que par exemple : les couleurs, et les saveurs de nos fonctions mentales. Un quale étant une expérience sensible immédiate, c'est la seule réalité tangible dont nous disposons pour analyser ce que nous sommes et toutes ces choses que nous ne sommes pas. A partir de la réalité de nos qualia nous pouvons faire l'hypothèse de deux autres réalités : la réalité d'un monde physique extérieur, étranger à nous-mêmes, et la réalité d'activités non conscientes de nos fonctions mentales. Ces deux hypothèses constituent le credo dualiste. Les monistes spiritualistes refusent la première hypothèse, pour eux notre être contient tout ce qui existe. Les monistes physicalistes n'admettent que la première hypothèse et nient l'existence de nos qualia, pour eux il n'existe rien hors de la réalité physique hypothétique, c'est une position incohérente du fait qu'ils ont besoin de leur conscience pour faire leurs mesures et... que leur conscience est un quale. Ces derniers ne font pas seulement preuve d'une incohérence analytique grave, ils témoignent ainsi de la sous conscience de leur être. Nos qualia portent la marque de nos fonctions mentales qui les produisent. Ainsi, notre fonction analytique produit des qualia analytiques qui les distinguent, dont des représentations imaginaires

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des réalités hypothétiques, auxquelles nous souscrivons, qui se veulent cohérentes. Pour être cohérentes, ces représentations de nous-mêmes et du monde, ne peuvent exclure aucun de nos qualia, et les intégrer chacun selon son type. Nous devons tenir compte de toutes nos expériences sensibles, de toutes nos perceptions, dont nos percepts mentaux, nos intuitions et nos rêves, si nous désirons développer nos savoir-faire dans tous les domaines, acquérir des techniques mentalistes, et accomplir notre évolution mentale dans les voies des indénombrables possibles que permettent les lois universelles qui gouvernent tout ce qui peut vivre et exister. Un quale est le contenu intégral de sens d'une expérience mentale consciente, c'est-à-dire que nous ne vivons qu'une succession de qualia dans une sorte de fondu enchaîné. Il peut y avoir des qualia purement mentaux, hors de la présence d'une relation au monde extérieur dans le quale, c'est le cas dans le rêve, la méditation profonde, mais aussi quand dans la période de veille, la concentration dans une activité mentale est telle que monde s'efface complètement, un phénomène que les chercheurs connaissent bien. Dans la période de veille, les qualia sont le plus souvent mixte avec une composante sensorielle et une composante mentale souvent la plus importante. Il ne peut pas y avoir de quale purement sensoriel car il s'accompagne nécessairement de conscience, sinon il n'y à rien, et la conscience est mentale. Presque toujours, ce type de quale s'accompagne d'affects, de pensées et de jugements, de tout ce que nos fonctions mentales peuvent produire, avec la présence dominante de la fonction motrice quand nous sommes dans l'action physique. C'est notre conscience qui réunit toutes les composantes d'un quale, et réalise son unité, même quand elles n'ont aucune relation entre elles, comme la présence diffuse d'une sensation corporelle lors d'un songe superficiel. Un quale exprime le contenu de l'actualité immédiate de notre vie mentale, même quand il révèle des souvenirs ou des structures permanentes, mais il ne faut pas oublier que notre vie mentale est un fluide dynamique qui s'écoule dans l'intemporel présent de notre

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conscience, dont le contenu évolue et se transforme selon son propre rythme. Il ne faut pas oublier non plus que notre conscience possède des filtres destinés à ne pas encombrer ses qualia, ce qui implique que nombreuses sont nos activités mentales non conscientes dans l'instant mais pas inaccessibles. Dans ces dernières distinguons deux classes : A) Nos activités validées performantes, devenues depuis longtemps automatiques, et qui ne nécessitent plus notre pleine conscience pour être activées car nous utilisons des raccourcis pour le faire. B) Les soubassements de nos activités conscientes, en particulier les opérations automatiques de notre fonction analytique, qui ne sont pas formellement inaccessibles, au sein desquelles il n'existe aucun inconscient freudien. Un quale présente de nombreux éléments dans lesquels nous pouvons distinguer des percepts physiques et mentaux et des concepts (Comme tout en nous est mental, le terme percept physique désigne un percept mental concernant notre corps et le monde extérieur, tel que nos sens biologiques avec toutes leurs imperfections le construisent. Il est à distinguer de nos représentations du monde, de notre corps et de nous-mêmes, qui elles, sont conceptuelles). En cas de doute pour distinguer entre percept et concept, nous pouvons pratiquer de la façon suivante : Un percept est ce qu'il est, authentique. Aussi, tenter de porter un jugement de vérité sur un percept n'a pas de sens : Je perçois des qualités, c'est une évidence incontestable. De même, l'expérience que nous faisons de notre conscience, nos émotions ou de notre pouvoir de distinction, etc., est un constat de ce qui est en nous. Un concept est une abstraction et un assemblage au gré de notre imaginaire. Il n'est pas la réalité de ce qu'il représente et donc peut toujours faire l'objet d'un jugement de vérité. De fait, toute connaissance hors tautologies est plus ou moins fausse et approchée. Ainsi la terre n'est ni plate, ni une sphère, c'est un géoïde proche de

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l'ellipsoïde de Clarke, et dire que c'est un géoïde est une dénomination arbitraire. En résume, un quale est une unité d'expérience pure et un percept une unité de sens, un concept est une abstraction, de l’imaginaire, vrai ou faux, à valider par l’expérimentation. Les qualia font l’objet de vives controverses car leur nature démontre la fausseté des théories matérialistes, qui de l’aveu même des neurosciences cognitives n’est pas codable par notre cerveau et n’intervient pas dans son traitement de l’information. Certains auteurs limitent ce terme à nos perceptions sensorielles, nos sensations corporelles internes, nos émotions et nos sentiments intimes, d’autres comme moi l’étendent à toute notre expérience mentale. Si je l’utilise actuellement prioritairement à d’autres, c’est que ce terme de quale n’est pas polysémique, que les qualités et propriétés qu’il recouvre sont clairement identifiées : Les qualia sont ineffables (on ne peut les appréhender que par l’expérience consciente directe), immédiats et privés (toute comparaison interpersonnelle est impossible), irrévocables et indubitables. Nous savons qu’avec lui nous sommes au cœur de la philosophie de l’esprit et de son problème difficile, de démontrer l’origine de notre conscience. Mais voilà, nous sommes ici face à une réalité incontournable. Les mentalistes pour mener à bien leurs entreprises, pour élaborer leurs savoir-faire, leurs techniques et leurs processus résolutoires, pour étendre leurs capacités et leurs facultés mentales, pour réaliser ce que certains estiment être des prodiges incompréhensibles et hors des possibles de l’humain, n’utilisent que des qualia, que leur intelligence de leurs qualia, c'est-à-dire leur faculté à savoir les exploiter de façon efficace. C’est pourquoi il est si nécessaire de les distinguer et les approfondir, c’est en effet de l’obscurité apparente de notre esprit que vient la lumière. Après on pourra conceptualiser et théoriser ces phénomènes, mais pour l’ingénieur mentaliste c’est secondaire, ce qui compte pour lui c’est ce qu’il sait faire. Ce qui est important, c’est que tous nos qualia sont réels, aussi bien ceux de nos rêves que ceux de nos perceptions sensorielles,

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ceux de nos émotions que ceux de nos analyses, mais qu’il faut distinguer leur domaine ou leur plans de réalité, car chacun de ces plans possède une signification différente et une utilité différente. Ainsi un jugement nous sera utile même s’il est arbitraire, un concept nous sera utile même s’il n’est qu’une abstraction, une image du monde nous sera utile même si elle est très éloignée des particules microscopiques qu’elle ne révèle pas. Toute théorie scientifique est par sa nature un quale conceptuel de notre imaginaire plus ou moins validé par une expérimentation. Comprenons que nous ne vivons et n’éprouvons que des qualia. Donc, si nous estimons avec conviction que nous percevons la réalité du monde physique et non un quale, nous installons en nous une confusion et une contradiction qui constituera un blocage, qui ne nous permettra pas de diriger nos fonctions mentales. Idem, la physique classique, relativiste ou quantique, la matière et l’énergie, sont des qualia analytiques d’une certaine classe, celle des représentations imaginaires virtuelles, à ne pas confondre avec les produits de perception structurés de l’analytique qui appartiennent à une autre classe de qualia. Tout cela est complexe, c’est une différence de niveau et de classe entre quale de perception et quale de représentation analytique.

Objectif du sujet et subjectif du sujet Si, en tant que dualistes, nous admettons comme Albert Einstein, l’existence d’un univers physique extra-personnel, nous n’avons de cet univers qu’une représentation scientifique imaginaire validé par des protocoles, et des images sensorielles intra-personnelles de notre sujet, qui sont des qualia de percepts sensoriels physiques. Dans un quale il y a toujours un contenant et un contenu, le contenant c’est l’émergence des fonctions mentales qui, par leurs pouvoirs opératifs, créent le quale, le contenu c’est l’objet, le produit inerte du quale. Le contenant d’un quale ne peut pas être mis en doute, son contenu, si ! Car il peut être à la fois tangible et illusoire. Dans le cas d’un quale sensoriel, son contenant est notre conscience (sans entrer dans les détails des autres fonctions mentales qui y participent, en particulier la motrice et l’analytique), son contenu est une image qui peut être

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une hallucination, donc illusoire. C’est notre analytique qui distingue les deux et peut nous prévenir : « Désolé, il y a eu un bug système, cette image est hallucinatoire ». Le contenu d’un quale sensoriel, hors défauts et altérations biologiques de nos sens, est une création structurée relativement fiable de notre fonction analytique, automatique donc objective, qui nous offre une image d’un certain niveau de perception de la réalité du monde physique spatial extérieur. Sans être cette réalité même, cette image est cohérente avec l’univers physique extra-personnel dont elle est une conséquence, c’est ce que nous prouve le fait que grâce à elle, nous pouvons agir habilement dans cet univers et en exploiter les ressources.

De la conscience Ce qui importe dans la conscience ce n'est pas son contenu, ce qu'elle révèle, mais son contenant, ce qui révèle, c'est à dire le pouvoir opérateur du contenant qui révèle. C'est là où les neurosciences se trompent lourdement, car la complexité des informations appartient au contenu d'un phénomène conscient et non au contenant qui les révèle. Certes ces chercheurs ont vite fait de faire l'amalgame des deux, comme de cérébral et mental, mais rien n'y change, le contenant ne peut pas naître par miracle du contenu. Le vin ne crée pas ni son tonneau, ni sa cruche, quelle que soit sa complexité, mais sans cruche il s'écoulerait de la table au sol et serait absorbé par tapis et rainures de parquet, d'où l'utilité de la cruche comme de votre conscience pour vous révéler l'intelligible du vin et celui d'un contenu complexe qui passe. Notre mémoire est également un contenant de sens structuré par des architectures analytiques de modèles élémentaires puisés dans une grille de formes. Mais à la différence de notre conscience, le contenant de notre mémoire est inerte, sans pouvoir de révélation (heureusement, sinon notre conscience serait noyée par la masse de ce qu'elle contient). Nous disposons d'une autre fonction mentale, la remémoration, qui possède le pouvoir opératif d'extraire du contenu de notre mémoire et de le restituer dans le contenant de notre conscience. En outre, nos souvenirs et notre champ sémantique sont

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tellement chargés d'énergie mentale... qu'ils diffusent faiblement dans notre conscience. Cette propriété est mise à profit par la modalité de pensée holistique pour se balader dans les milliards de milliards de données complexes contenues dans la capacité sans limite de notre mémoire sémantique ni spatiale, ni physique. Les structures fondamentales de notre entité multipolaire sont vraiment très performantes ! Car elles sont une duplication d’une section de la structure universelle permanente, source et contrainte formelle de tout ce qui existe. Alors sachons bien nous en servir !... et en exploiter tous les possibles.

Le rôle des rêves Le rêve est un ensemble de phénomènes conscients psychiques ou mentaux qui se produisent alors que nous sommes hors de la présence du monde pendant le sommeil ou dans le coma d'une anesthésie. Il n'est pas certain qu'il n'ait lieu que pendant la période du sommeil dit paradoxal. Son étude est donc particulièrement intéressante pour se familiariser avec le cadre conceptuel approprié à notre monde mental. Une grande masse de littérature sur les rêves nous vient des psychanalystes et des psychothérapeutes qui ont étudié et essayé d'interpréter les rêves de leurs patients. Ces rêves sont cependant très particuliers car ils témoignent de désordres et de troubles mentaux de malades ou de souffrants. Aussi il faut se garder de faire de ce type de rêve un cas général. En fait la science connaît peu de choses sur les mécanismes qui président aux rêves. Il existe une grande variété de rêves : psychologiques, ludiques, libidineux, symboliques, initiatiques, mystiques, de passe muraille (avec sortie du corps), géographiques, historiques (de vies antérieures), en haute définition (parfois en vitesse accélérée avec zoom), topologiques, conceptuels et perceptuels mentaux, et je passe les cauchemars, le rêve lucide, le songe éveillé et les phénomènes qui accompagnent la paralysie du sommeil.

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Ce qui caractérise l'état de rêve, c'est que dans ce métacontexte, le monde extérieur n'existe pas, pas du tout, même si des images peuvent s'y rapporter, et que notre fonction analytique qui produit ces rêves est au sommet de sa puissance, parfois exaltée, quelle domine une synergie mentale consciente dans laquelle notre fonction volontaire est effacée, passive (sauf dans le rêve lucide), alors que dans l'état de veille l'analytique est en servitude, soumise au contraintes de survie exercées par la direction volontaire de notre vie mentale. Ce qui veut dire que notre être subit le rêve plutôt qu'il ne le dirige (sauf cas particuliers) bien que nous soyons très conscient de le vivre, même si au réveil il nous est souvent difficile de nous en souvenir (sauf techniques appropriées), tout simplement parce qu'il ne doit pas y avoir confusion entre les images du rêve et celles de la réalité extérieure, c'est le rôle d'un filtre qui rentre en fonction très vite au réveil (sauf maîtrise consciente du filtre et cas particuliers). La durée en temps réel d'un rêve peut être mesurée grâce à la méthode de William Dement fondée sur le décompte des mots du récit du rêve par le rêveur. Ce n'est pas très précis mais cela donne une bonne estimation de la durée d'un rêve, en particulier quand il s'agit d’apprécier la durée d'une EMI (Expérience de Mort Imminente) et démontrer que nous survivons au moins de quelques heures à la mort de notre cerveau. En effet, en cas de mort par crise cardiaque, après l'hypoxie qui déclenche l'EMI (déclenchement qui semble signalé par un sursaut électrique de quelques secondes), la durée de vie de notre cerveau ne dure que quelques minutes, la capilotade de notre cerveau à ce moment est incapable de produire une EMI et même un rêve. Donc l'EMI ne peut résulter que de notre nature sémantique qui survit donc de quelques heures à notre mort biologique. Ce qui démontre également que c’est notre nature sémantique, et non notre cerveau, qui élabore tous nos rêves. L'EMI peut être classée dans les grands rêves mystiques, ontologiques et initiatiques, compte tenu de l’intensité que nous remarquons, caractéristique de ces types de rêve. Notre fonction analytique élabore toute une gradation de rêves, depuis ceux un peu

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gris, un peu flous, un peu ternes, un peu tristes, puis les rêves ordinaires, plus colorés, plus vifs, plus longs, plus énigmatiques, et puis il y a tout en haut le grand rêve, en cinémascope, technicolor, avec sa multitude de détails, extrêmement précis, où tout est à sa place en hyper définition, avec sa fluidité extrême, où tout va plus vite, où tout est plus fort, où tout est possible, où notre sensibilité, notre capacité à percevoir toutes ces images, toutes en même temps, semble avoir décuplé. Là, chapeau, respect, le grand seigneur a montré ce qu'il savait faire, nous savons que nous pouvons compter sur notre fonction analytique. Nous évoluons avec nos rêves et inversement, nos rêves évoluent avec notre évolution mentale et spirituelle, témoignant de l'intégration progressive des structures mentales profondes que nous portons en nous. Si notre phase de veille est tournée vers l'action, pour assurer notre survie, notre liberté et notre efficacité, pour accomplir ce que nous désirons sur un plan physique comme sur le plan intellectuel, le rêve a pour mission d'assurer nos équilibres psychiques et mentaux, de nous aider à résoudre des problèmes philosophiques et ontologiques, de nous guider pour donner un sens à notre vie, de nous faire découvrir nos aspirations les plus profondes, de surprendre nos a priori et nos convictions, de nous gâter d'intuitions sublimes, en construisant et en nous envoyant des messages qui ne sont pas toujours destinés à être conscients. Les rêves nous accompagnent. En fait, c'est notre fonction analytique, au sommet de la puissance de son imaginaire, qui joue ici son rôle de serviteur fidèle de notre être auquel elle appartient. Donc il ne faut pas s'étonner de voir nos rêves changer de forme comme de thème, ni de les voir disparaître par moment de notre vie, et à d'autres moments d'insister fortement en débordant sur notre phase de veille, quand ils ont vraiment quelque chose d'important à nous dire consciemment. Les rêves accomplissent de grands cycles qui peuvent s'écouler de quelques semaines à plusieurs années en changeant de mode d'expression et de modalité, ils nous aident à franchir des seuils et jalonnent notre vie. Parfois aussi, ils y a des ratés, ils n'ont rien à nous dire ou ils ne sont là que pour notre plaisir.

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J'ai passé une partie de ma vie à explorer l'état de rêve qui constitue un métacontexte mental où notre être communie avec lui, totalement hors du monde et de ses contraintes. Il s'agit moins là d'interpréter le contenu de nos rêves, que de comprendre les règles qui les régissent, et les mécanismes qui les mettent en œuvre. Il faut d'abord commencer à vivre intensément la conscience de nos rêves pendant qu'ils se produisent, et pour cela en avoir la forte intention pendant l'endormissement, leur souvenir au réveil sera d'autant plus facile. Ne pas se décourager faute de résultat et recommencer plusieurs fois ce qui s'apparente à un rituel pour enfin aboutir, car ces procédures se mettent peu à peu en place avant de devenir automatiques. Cette intensité renforce le souvenir à long terme de nos rêves et permet de mieux les étudier. Ce qui distingue les rêves ordinaires des rêves lucides ce n'est pas tant notre manque de désir, mais que le rêve ne coopère guère, par exemple : « Je me trouve dans une librairie en forme de couloir en U à Washington et désire acheter un livre dont la lecture puisse m’intéresser, mais je ne trouve là que des manuels de droit, des textes scientifiques, des romans, à la fin je me rabats sur un livre d'art faute de mieux ». Au réveil, je me dis : « mais pourquoi n'ai-je pas eu l'idée de chercher un livre sur l'histoire américaine ? » Ben non, l'analytique ne m'y a pas aidé. Si nous ne sommes pas conscients de rêver, nous sommes conscients de chercher à découvrir dans notre vie de rêve, et là, il nous faut un peu ruser : Réfléchir à ce que l'analytique pourrait être enclin à nous délivrer, c'est-à-dire à se révéler à lui-même consciemment ses petits secrets, ça il aime. C'est ainsi que j'ai découvert qu'il préparait simultanément quatre ou cinq rêves, que par moment l'un passait devant l'autre, ce qui expliquait les ruptures d'enchaînement rapide des séquences du film du rêve. Les rêves en haute définition sont les plus magnifiques et les plus intenses, leur contenu initiatique ou ontologique est souvent déconcertant, mais nous pouvons les ralentir ou les accélérer et même rejouer certaines scènes afin d'essayer de mieux les comprendre. Tout ceci s'acquiert à la longue, pas à pas, chaque progrès préparant d'autres progrès dans la compréhension des

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formidables pouvoirs de notre fonction analytique. Le rêve lucide nous en apprendra davantage car nous pouvons le transformer en un véritable laboratoire de recherche.

Le rêve lucide Personnellement, depuis mon enfance je m'endors en méditant, comme Monsieur Jourdain faisait de la prose, parfois plusieurs heures. C'est quelque chose à laquelle je tiens, avec laquelle j'ai commencé mes recherches, donc il est exclu que pour pratiquer le rêve lucide j'utilise la technique qui consiste à s'endormir consciemment. Accidentellement cela m'est arrivé une ou deux fois avec l'impression de glisser dans une sorte de puits, non en rêve lucide mais en sommeil lucide, ma fonction motrice se détachant de mon corps, ce qui est autre chose. Par contre au réveil je vis toujours une période intermédiaire dans laquelle la dominance est plus ou moins partagée entre l'analytique et la volontaire, et où je prends peu à peu conscience que je rêve encore et vais bientôt quitter le rêve pour m'éveiller. Cette période peut être exploitée par la volontaire pour stopper l'éveil et replonger d'abord dans le souvenir du rêve, puis à partir de ce souvenir de recoller au rêve et glisser dans un rêve dirigé. C'est cette méthode que j'ai utilisée pour étudier le métacontexte du rêve. L'intérêt de cette technique c'est de commencer par revivre un rêve qui en lui-même peut être très riche, surtout si c'est un rêve en hyper définition ou un rêve conceptuel, puis en revivre des variantes et demander à l'analytique d'analyser ce qui se passe, de voir ce qu'il peut faire. C'est un peu comme de visiter pour la seconde fois une île magique des mers du sud et d'y découvrir d'autres choses. Dans un rêve lucide la fonction volontaire est avant tout observatrice, elle ne dirige le rêve c'est à dire l'analytique qui le produit que par petites touches, elle sait naturellement trouver l'équilibre qui maintient cet état, puis il arrive un moment où son désir de remonter à la surface son trésor pour noter ce qu'elle a découvert, devient le plus fort, et alors elle ne peut s'empêcher de

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déclencher le réveil. Ce qu'il faut savoir c'est que la présence de la volontaire en dominance partagée au sein d'un rêve fait que cette expérience sera rattachée au métacontexte de veille et donc aux souvenirs accessibles en état de veille. Il est important, une fois réveillé d'analyser le rêve dans le métacontexte de veille, c'est à dire ce qui c'est passé dans le métacontexte du rêve lucide surtout si c'est un rêve conceptuel. Je m'aperçois souvent que ce qui était alors évident et limpide est ici complètement irrationnel, c'est que les principes qui gouvernent les deux contextes ne sont pas les mêmes. Pour bien réussir ces rêves lucides il faut s'y préparer à l'avance, savoir exactement ce que nous voulons faire et trouver, l'inscrire consciemment dans les objectifs prioritaires du tableau de bord de la fonction volontaire, se programmer en se donnant une période d'étude de dix jours par exemple en sachant que cela ne marchera pas à tous les coups, même si nous en avons l'envie, il faut que la décision de la volontaire de stopper le réveil devienne automatique en quelque sorte, puis il y aura inévitablement une expérience extraordinaire qui installera le programme et qui fera que par la suite ce sera plus facile. Ces expériences permettent aussi de mieux comprendre les rôles et les pouvoirs des deux fonctions analytique et volontaire.

Opératif de rêve lucide dirigé Quand, à l'approche du réveil complet de la fonction volontaire (c'est à dire avant l'installation du métacontexte de veille), nous redescendons avec le désir du rêve, la volontaire est naturellement animée d'une forte exigence de remémoration. Plus nous redescendons tôt dans le processus du réveil, meilleur sera le résultat, cependant la volontaire installe alors non un rêve lucide, mais une synergie de remémoration du rêve précédent. Cette expérience peut être intéressante pour remonter du contenu surtout si elle concerne un rêve en hyper définition ou un rêve conceptuel innovant, mais le rêve peut être basique et médiocre ou son contenu conceptuel surconnu. Pour aboutir à la synergie du rêve lucide, la volontaire doit rester évasive dans sa descente, ce que Lao-Tseu appelle le faire sans désir

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faire, quitte à perdre du contenu. L'analytique alors libéré pourra plus naturellement déclencher en dominance partagée un rêve lucide à proximité ou à partir du rêve précédent. Tel que, ce rêve lucide n'est pas dirigé, il peut être excellent si nous avons de la chance, mais aussi médiocre et surconnu. Pour obtenir ce que nous souhaitons, c'est à dire un rêve lucide dirigé que nous maîtrisons en orientant son contenu vers une richesse innovante quel que soit son origine, la volontaire doit pratiquer dès l'entrée en rêve lucide ce que Lao-Tseu n'a pas appelé le faire avec un faible désir faire. C'est une question de doigté, de souplesse de toucher de la volontaire. Sans désir faire, nous ne maîtrisons rien. Trop de désir faire, c'est prendre le risque de rompre le métacontexte du rêve lucide et basculer dans le réveil ou la remémoration pure d'un rêve. Comme déjà dit, il faut opérer par petites touches, quand quelque chose d’intéressant survient ne plus rien faire et observer, si nous voulons partir ailleurs une petite touche de ce désir d’ailleurs pour entraîner le rêve dans une autre dynamique. Il faut savoir que l’analytique qui construit le rêve est très performant, au-delà même de ce qu’il sait savoir faire, qu’il met ses capacités au service du vivant, que sa mission est de proposer et de communiquer des informations et des solutions, mais qu’il est un peu borné et ne fait strictement que ce que la volontaire (et les autres fonctions) lui demande. Donc il faut que celle-ci respecte certaines procédures formelles et affine sa demande afin qu’elle soit appropriée à obtenir ce qu’elle veut. Enfin, j’ai constaté qu’au cours de cette série d’expériences, une autre technique s’était installée à mon insu, que j’appelle : la plongée express. Cela se produit quand parfois je m’endors avec la pensée d’un problème non résolu, sans aucune piste évidente. A un moment précis du processus de réveil, la volontaire plonge instinctivement vers l’analytique, comme si tous deux étaient mus de la même aspiration de se rencontrer, l’un pour donner et l’autre pour saisir. Il y a un bref instant de transmission très précise de sens, qui peut être accompagné d’images et même de signes, suivi d’une remontée tout

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aussi rapide avec la remémoration du message. Il ne faut pas y voir l’intervention d’un inconscient, mais simplement la validation d’une technique performante par la volontaire, qui dès lors devient aussi instinctive que de tendre la main pour saisir un objet, ici purement mental.

Messages de l’analytique en métacontexte intermédiaire

Suite à mes expériences concernant le rêve lucide, j'ai constaté la mise en place d'une nouvelle technique par le couple volontaire et analytique qui montre que l'analytique élabore au sein de ses activités automatiques inaccessibles des procédés innovants répondant au vouloir approprié de la volontaire, qui deviennent opérationnels sans qu'il soit nécessaire que celle-ci les mette en place pas à pas. Il ne s'agit que d'une version avancée de la modalité de proposition de solutions de l'analytique, rendue possible par la justesse du sens non verbal et de l’extension de ses capacités en domination partagée dans le métacontexte intermédiaire entre rêve et éveil. Pouvons-nous encore parler de rêve lucide quand ce sont de véritables messages conceptuels intelligibles (du sens non verbal) que l'analytique transmet à la volontaire dans un dialogue intime entre les deux fonctions, concernant leurs propres techniques opératives, sans passer par la case toujours un peu délicate à opérer du rêve lucide dirigé proprement dit. En effet dans ce cas, le processus commence par un rêve conceptuel ordinaire, la volontaire restant effacée, dont le contenu se révèle être visiblement un message destiné à la volontaire. L'expérience se poursuit par le déclenchement de la lucidité en dominance partagée entre les fonctions analytique et volontaire alors que le réveil est à peine entamé et ne nécessite pas de plongée de la volontaire vers le rêve, ne se limite pas à une plongée express mais peut se poursuivre. Par ce comportement, l'analytique informe la volontaire de la mise en place de nouvelles techniques et de ses modalités, qui ne réclame plus que son adhésion consciente pour sa validation définitive. De ce

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fait, sa remémoration détaillée est secondaire puisque sa réalité opérationnelle est accomplie. C'est un vecteur de révélation de structures intimes, de développement de sens, d'accessibilité.

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6. DES BASES SÉMANTIQUES SAINES

« The present day theories of meaning are extremely confused and difficult, ultimately hopeless, and probably harmful to the sanity of the human race. »

Alfred Korzybski – Science and Sanity (Introduction B. 2.)

Nous ne partageons pas les mêmes sens, l’inverse supposerait que nous ayons tous le même niveau de culture et d’évolution mentale, la même expérience du monde, de nous-mêmes et du sens, un déni de réalité. La sémantique ne devrait donc pas s’attacher à l’étude du sens des termes, mais à celle des propriétés du sens, et puisque le sens précède le langage, la linguistique devrait rattacher le langage au sens et non le sens au langage.

6. Des bases sémantiques saines

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Une langue Une langue est un système théorique de signes qu’une communauté, par exemple francophone, utilise pour communiquer. Théorique, parce que chacun l’utilise à sa manière, avec son style et son habileté propre. Il n’y a pas de bonne manière mais celle qui convient à chacun. Il existe plusieurs théories de la signification dont Alfred Korzybsky disait qu’elles sont extrêmement confuses, définitivement sans espoir, et probablement nuisibles à la santé de la race humaine. Je vais essayer de vous monter que Korzybsky avait tort, et qu’il est possible de proposer une théorie de la signification qui ne soit pas toxique pour l’espèce humaine. Pour Ferdinand de Saussure, le mot est une entité psychique à deux faces : le signifiant qui est l’empreinte psychique d’une image acoustique et le signifié qui est le concept qu’il désigne. Dans ce chapitre la notation qui consiste en un signe, une microforme alphabétique, entre parenthèses, par exemple : (signifiant), désigne spécifiquement l’entité psychique que le signe, que cette notation inclut, signale. En linguistique, comme en sémantique, il faut être extrêmement précis, sous peine de tomber dans les confusions fréquentes qui menacent ces deux sciences.

Les concepts des théories linguistiques Les théories linguistiques distinguent en général trois concepts fondamentaux concernant le mot ou signe linguistique : . Le signe proprement dit ou signifiant. . Le référent, la réalité qu’il désigne ou à laquelle il se rapporte. . Le concept ou signifié qui lui donne un sens. Une certaine confusion règne entre les termes signe, mot et signe linguistique qui sont parfois employés l’un pour l’autre. Notez aussi que le dernier de ces trois concepts est discutable, notre réalité sémantique étant constituée de concepts, de percepts et de

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souvenirs, à laquelle notre esprit associe des signifiants. Nous le démontrerons dans ce chapitre.

Le signe. Notons d’abord que le (signifiant) possède un signifiant, un référent et un concept, et que dans ce cas particulier en chacun d’entre nous, référent et concept sont indistincts, le sens que nous donnons à ce signe étant la réalité mentale de ce qu’il désigne. Par contre il nous serait impossible de démontrer que les référents de (signifiant) de deux personnes quelconques sont identiques car la comparaison interpersonnelle de la réalité mentale, les qualia de leurs sèmes, de deux personnes est impossible. Par contre, l’inverse, c'est-à-dire que ces référents ne soient pas identiques, me paraît une évidence démontrable, ce que je vais tenter de faire dans ce qui suit : Comme je suis essentiellement visuel, peu auditif et probablement amusique, mes signifiants ne sont pas comme ceux de Saussure des chaînes linéaires de phonèmes dont la succession se déroule dans le temps, mais des images mentales de microformes constituées de lettres de notre système alphabétique. Je pourrais évidemment vous mentir ou me tromper, et vous, le prétendre, mon dire ne pouvant pas alors constituer une preuve recevable de l’existence de ce fait. Cependant, je peux affirmer avec une grande assurance que mon référent de (signifiant) est, si vous êtes saussurien, distinct du vôtre, car aucun saussurien ne pourrait écrire ni valider ce chapitre, mes positions de principe concernant la linguistique étant contradictoires aux leurs. Le signifiant ne pose pas trop de problèmes, car malgré les différences et les nuances personnelles dont témoigne notre altérité, son image mentale est claire et précise en chacun de nous, pouvant être définie à la fois par un système phonétique international, et par un système de notation alphabétique mondialement connu. Il en est de même pour les langues non romanes qui utilisent d’autres systèmes de notation, comme par exemple le chinois, le russe et l’arabe, leur système de notation étant précis et bien défini pour les locuteurs de ces langues. Par ailleurs, en cas de doute éventuel, il est toujours possible de désigner du doigt la représentation matérielle écrite ou vocalisée de ces signifiants, ce qui anéantit le risque de les

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confondre, mais ce qui n’anéantit pas en cas de polysémie le risque de confondre les entités sémantiques que le même signifiant signale.

Le référent. Il ne suffit pas de dire que des référents existent quelque part par principe, il faut savoir s’ils existent vraiment et comment ils existent, quelle est leur nature et s’ils sont universels ou personnels. Or deux grandes classes de référents se présentent à nous qui ne possèdent pas les mêmes propriétés : ceux dont la réalité est physique et ceux dont la réalité est purement psychique ou mentale. C’est là que nous entrevoyons la nécessité pour une langue formelle qui permettrait de mieux nous exprimer dans un langage, d’affecter des indices aux signifiants selon la classe de référents à laquelle ils correspondent et de conserver sans indice tous les termes syntaxiques, et opérateurs logiques ou à fonction relationnelle, qui conservent une utilité dans les deux classes, afin d’échapper à notre tendance naturelle de comprendre et de raisonner de la même manière pour toutes ces classes. En ce qui concerne la classe des référents mentaux, deux cas se présentent : ceux que nous vivons et éprouvons, ainsi notre conscience, nos émotions, notre capacité de juger et de décider, notre pouvoir de distinction, notre confiance en nous même, par exemple. Ce sont des ressentis. Ils existent bien en nous, mais ils sont personnels et incommunicable, car nous ne pouvons pas les montrer du doigt comme un arbre ou un chien. Ils sont fonction de notre aventure de vie, de nos apprentissages, de nos croyances, de notre expérience plus ou moins aigüe de nous-mêmes et de notre niveau d’évolution mentale, car si nous sommes ataraxiques nous vivons dans un tout autre monde que celui qui ne l’est pas. Donc si nous pouvons supposer, par cohérence logique, que nous partageons certains aspects communs de ces référents, il nous faudra admettre que nous les partageons avec des nuances de qualité, qu’il y aura peu de référents universels dans ce domaine, et que même dans ce cas nous resterons formellement incapables de le vérifier. Ce sont donc des référents personnels qui témoignent de la réalité de notre vie mentale. Pour toute cette classe de référents, donc pour les signes que nous leur avons associés, comme nous l’avons déjà remarqué

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pour le (signifiant), le sens que nous donnons à ces signes est la réalité mentale qu’ils signalent. Il y a donc là pour nous indistinction entre signifié et référent. Les référents mentaux que nos n’éprouvons pas comme des ressentis mais dont nous distinguons les propriétés conceptuelles, sont des abstractions, des concepts, des idées et des théories concernant principalement les activités et les structures inconscientes, subconscientes, et inaccessibles de notre monde mental, comme la théorie freudienne en psychologie, les théologies, les théories philosophiques, linguistiques, etc., et tous les concepts qui les accompagnent, que nous sommes obligé d’imaginer, faute de mieux, dans une quête de connaissances. La plupart de ces théories sont fausses et inappropriées, il ne nous appartient pas ici de juger de leur validité, mais d’examiner la nature et les propriétés de leurs référents. Ce sont des concepts imaginés et construits selon les opérateurs logiques applicables ou non à leur domaine. Certains hommes vont leur accorder foi et d’autres pas. Ces derniers vont les nier, mais même en les niant ils vont affirmer la réalité de leur existence dans le domaine conceptuel, même s’ils les qualifient de fantasmes comme Dieu et ses anges. Il en est ainsi de toutes nos croyances. Ce domaine imaginaire particulier n’existe que dans la pensée des hommes, il n’existe pas sur un plan métaphysique ou astral, quelles qu’en soient nos croyances, et il n’a aucune réalité tangible dans nos mondes physique et mental, c’est de l’imaginaire plus ou moins cohérent avec l’ensemble de nos expériences et de nos percepts de tous nos mondes. Pour conclure, le référent ici, c’est quoi ? Et bien c’est l’ensemble des pensées des hommes, et ce monde des pensées et des croyances des hommes est aussi, ou plus complexe, et nous est personnellement plus inconnu, que la réalité des deux autres mondes : le monde physique et notre monde mental personnel. Notre signifié est alors ce que nous pensons de la pensée des hommes dans chaque domaine et chaque section particulière de cette pensée, par exemple : ce que nous pensons du divin, de la morale, d’une théorie comme celle de Freud ou de Sartre, et de chaque élément ou concept particulier de ces sections, etc., il y a ici

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disjonction entre notre pensée et celle de l’ensemble des hommes, entre signifié et référent. Par cette disjonction nous prenons conscience de notre identité et de notre altérité face aux autres. Evidemment nous ne pouvons percevoir ce référent, donc nous l’imaginons, ce qui implique qu’ici ce référent ne peut être que personnel tout comme notre regard sur lui, notre signifié. Dans cette sous classe il nous reste encore deux cas extrêmes à examiner : les concepts des sciences abstraites comme la logique et les mathématiques, et notre conceptualisation de nos propre ressentis. Les mathématiques et les théories logiques sont des sciences des possibles d’un domaine d’application défini, ce sont des moyens, des systèmes hypothético-déductifs, qui permettent de valider des conclusions relativement aux données et aux hypothèses initiales. Les succès et la grande fiabilité de ces méthodes de penser pour résoudre des problèmes physiques, font que les pensées des hommes convergent ici vers le même référent. Cependant nous ne sommes pas tous des médaillés Fields, donc nous n’allons pas tous percevoir ces moyens avec la même acuité ni la même justesse, signifié et référent restent personnels et ne peuvent être partagés à un haut niveau de convergence que par peu d’hommes. En ce qui concerne les abstractions et la conceptualisation de nos ressentis mentaux, en général au delà de la conscience ordinaire, c’est l’inverse qui se passe, le référent collectif est très pauvre, incohérent et confus, alors que notre signifié est très riche et très pertinent, quand nous avons une perception claire de nos états mentaux, ce qui nous permet de les conceptualiser. Nous ne pouvons pas alors nous faire comprendre des autres, sauf de ceux qui ont accédé à ce même haut niveau de perception mentale. C’est ce qui se passe quand deux holistiques ataraxiques se rencontrent, et ils peuvent alors élaborer une extension du langage en commun pour exprimer ce qu’ils perçoivent et ce qu’ils conceptualisent. Pour les référents appartenant au domaine physique les choses apparaissent a priori plus simples. Tout d’abord, puisque nous sommes des entités mentales sémantiques, nous projetons ces référents hors de notre être, vers l’environnement extérieur même

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quand il s’agit de notre corps et nous pouvons les montrer du doigt pour faire disparaître toute ambigüité. Cependant, le monde physique n’est qu’une hypothèse cohérente, ici trois écoles se déchirent : les monistes physicalistes, les dualistes, et les idéalistes, et leurs représentations du monde divergent, donc leurs signifiés et leurs référents aussi. Pour le premier la réalité du chien n’est que biologique, pour l’autre le chien possède aussi une conscience indépendante de la biologie de son corps, pour le troisième le chien n’est que conscience et la physicalité des choses est un leurre. Nous pouvons essayer de commencer à dépasser cette difficulté en convenant que le référent ne peut pas être pensé mais seulement perçu par notre système sensoriel, seulement l’image que celui-ci nous fournit est un quale, notre réalité mentale la plus tangible, et donc que ce quale, qui ne fait pas plus partie de la nature que les couleurs que nous percevons, fait partie intégrante de notre pensée, donc du signifié. Cette nature extra sensorielle est alors celle, hypothétique, qu’étudie la physique, que nous ne pouvons que distinguer sans la penser ni la percevoir. Nouvelle difficulté : la distinction est un pouvoir de notre fonction mentale analytique qui s’exerce sur le monde, qui est donc au cœur de notre réalité mentale, et qui procède en concevant des qualités distinctes, dont nous ne pouvons pas nous passer. Nous voyons ici qu’à mesure où nous avançons dans notre analyse, cet hypothétique référent devient de plus en plus fantomatique, pour disparaître complètement afin d’échapper à ce que nous pensons de la chose, en se réduisant au point de fuite de notre ignorance qui n’est encore qu’un élément de nous-mêmes. La position de Ferdinand de Saussure, qui ne considère que deux choses pensées, le sens et le signe que nous lui associons, nous paraît donc la plus prudente et la plus raisonnable pour toutes les classes que nous avons précédemment examinées.

Le concept, le signifié, le sens. Le signifié c’est le sens auquel le signe est en nous associé, le sens que ce signe nous évoque. Par exemple, c’est le sens que nous évoque (chien), (arbre), (éthique), (égal), (=), (liberté), (conscience). Ce sens se suffit à lui-même et n’a nul besoin de référent, il s’inscrit pour chacun d’entre nous dans un

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cadre conceptuel général qui définit ce que sont nos référents, ce dont quoi nous parlons, ce à quoi nous prêtons une existence, et ceci en fonction des principes métaphysiques auxquels nous souscrivons, qui ne sont pas les mêmes pour chacun d’entre nous, qui font référence à des écoles philosophiques qui les définissent, mais qui se subdivisent encore en multiples nuances. Ainsi mon dualisme n’est pas le vôtre, et si nous en discutons assez longtemps, je me fais fort de trouver entre nous quelques petites différences, certes secondaires et de peu d’importance, qui ne valent pas la peine d’une querelle ou d’une chamaillerie alors que le principal, que nous partageons, nous rassemble et nous unis, tous frères, face à l’école ennemie. Si fait que chacun d’entre nous a son (chien), son (arbre), sa (liberté) et sa (conscience), comme le narrateur dans La Recherche de Marcel Proust avait son (église) : celle de Combray. Je préfère le terme (sens) à celui de (signifié), de (concept) ou à tout autre que je n’emploie guère, et (signe) à (signifiant). Parce que (signifié) et (signifiant) appartiennent à la théorie saussurienne que je condamne, et que (concept) désigne une abstraction, une architecture d’idées qui n’est qu’un cas particulier du sens, qui recouvre tout notre champ sémantique qui comprend en outre des percepts physiques et mentaux et des ressentis. Je désigne par (terme) l’association spécifique du signe et du sens. Je n’emploie pas le terme (signe linguistique) vu la confusion possible avec (signe), et n’utilise le terme (mot), proscrit de mon langage, que pour dénoncer la fausseté de ce concept et son incohérence. Première propriété : Les créateurs, les littéraires et les philosophes, qui comme moi, créent des signes pour leur usage personnel puis pour s’exprimer aux autres, savent bien que le sens précède le signe. Nous pouvons créer ou non autant de signes que nous voulons et les associer à notre champ sémantique, par une décision volontaire pour satisfaire divers objectifs, principalement pour réduire la polysémie, pour nous exprimer plus précisément et plus distinctivement, pour exprimer une découverte dans notre monde mental, pour distinguer ce que nous voulons dire de ce qui existe déjà, et éviter les confusions avec d’autres théories qui

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emploient les mêmes termes. La création de nouveaux signes est délicate afin de ne pas risquer d’introduire de nouvelles confusions tout en conservant une certaine logique avec l’esprit de la langue. En général nous avons recours aux racines de langues anciennes comme le latin et le grec, aux langues étrangères, à la combinaison, la réduction des syntagmes, l’addition de préfixes ou de suffixes afin de former des dérivés. Ainsi fontales pour fonctions mentales, infralingue pour pensée infra linguistique, anespace pour espace non spatial. Pour distinguer nos fonctions mentales, j’ai finalement préféré choisir neuf chiffres présentés dans une carte heuristique, les termes existant dans la langue prêtant trop à confusion. Deuxième propriété : Le signe est arbitraire et culturel, la syntaxe conventionnelle, d’où le foisonnement des langues, étrangères les unes aux autres. Alors que le sens est universel, s’impose à nous comme des couleurs et des saveurs, des nuances de qualités, parce qu’il est le produit de nos fonctions mentales qui sont universelles, et que nous les partageons avec les autres êtres vivants, et qu’il obéit à leurs propriétés formelles, non à notre volonté. De ce fait, notre champ sémantique se développe principalement à notre insu, d’une façon automatique, conséquence des aventures continues de nos expériences. Nous pouvons certes favoriser une démarche créatrice enrichissante, sans pour autant maîtriser ni pouvoir modifier les mécanismes mentaux créateurs de notre sens. Troisième propriété : Notre champ sémantique est un multi continuum qualitatif plus ou moins flou. Il n’est donc pas possible de le recouvrir intégralement de signes. En plus des signes de notre langue vernaculaire, acquis lors de notre enfance, nous avons volontairement disposé ça et là de nouveaux signes dans les zones et les pics que nous distinguons bien, et qui nous servent à penser ; Mais comme ce sont des désignatifs ponctuels, la plus grande partie de notre champ sémantique est vide de signes, comme une grande plage plantée de quelques piquets. Quatrième propriété : nous associons des signes à notre champ sémantique, et non du sens à des signes. La relation qui lie le signe au sens n’est pas réciproque. C’est ce que montre l’expérience du « mot

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sur la langue » quand nous ressentons le sens et peinons à trouver le signe qui puisse l’exprimer, alors qu’à l’inverse dès que nous rencontrons un signe appartenant à notre lexique personnel, nous éprouvons immédiatement le sens auquel nous l’avons associé. Cinquième propriété : Le sens et le signe ne sont pas seulement distincts par leur nature et leur structure, ils sont indépendants. C’est ce que prouve encore l’expérience très commune, et pour certains de nous, fréquente, du « mot sur la langue », qui à elle seule invalide la théorie de Ferdinand de Saussure. Sixième propriété : le signe est collectif, partagé ou partageable par tous les membres d’une même communauté linguistique, alors que le sens est personnel et propre à chacun d’entre nous. Ceci est facilement scientifiquement démontrable en faisant des tests sur un ensemble de personnes sélectionnées par avance et réparties en deux groupes, le premier composé de monistes matérialistes et le second de dualistes ou d’idéalistes, avec des termes ou signes tels que (conscience) et (quale). Le premier groupe répondra que la conscience émerge de notre cerveau et qu’un quale est une illusion appartenant à l’ère préscientifique, alors que le second répondra que notre conscience appartient à notre entité mentale non physique indépendante de notre cerveau et qu’un quale est la seule réalité phénoménologique tangible que nous éprouvons. Septième propriété : Le sens ne peut être réduit à un seul concept, parce que d’une part il procède d’une accumulation d’expériences toujours présentes dans notre mémoire auxquelles il reste relié, et d’autre part parce qu’il noue avec une multitude d’autres sens des relations complexes. Il ne pourrait donc être saisi dans sa totalité que dans une perception globale holistique absolue qui nous échappe, car même dans la pensée infralingue holistique non verbale, le contenu de notre conscience est protégé par des filtres qui le préserve de sombrer dans une complexité inintelligible. Cette septième propriété implique entre autres la sixième. Huitième propriété : Le sens du terme (sens) est partagé par tout notre champ sémantique, qualifiant tous les sens de nos (termes) y compris lui-même, et inversement relié et nourri par tout notre

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champ sémantique. C’est un sens premier, métalinguistique, une qualité générale du sens, qui de ce fait ne peut être défini par le langage, et qui demande à être éprouvé mentalement comme un quale. D’où les difficultés des physicalistes, qui nient l’existence des qualia, ces quanta d’expérience pure, dépourvus de tout rôle dans le traitement de l’information, comme ils disent, à appréhender le langage et le sens.

Le problème de la linguistique. Le problème général insoluble de la linguistique que Korzybsky a souligné dans son ouvrage : Science and Sanity, vient du fait que le sens est ni physique, ni mesurable. Donc les monistes pourront beau faire, ils ne peuvent pas le définir d’une façon satisfaisante à l’intérieur de leur cadre conceptuel. C’est le mur sémantique auquel se sont heurtés Frege, Russel, Wittgenstein et l’Ecole de Vienne : Quand on veut supprimer le sens intuitif des signes d’un système logique, tant qu’il en reste quelques-uns ça marche encore, le peu qui reste soutient tout le système, mais au dernier qu’on supprime, tout s’écroule, le système vide de sens se néantise, comme le dernier arbre abattu de l’Ile de Pâque à néantisé la civilisation pascuane et signé sa perte. De même, l’existentialisme de Martin Heidegger et Jean-Paul Sartre, a abouti au cul de sac du néant nauséeux de l’être. C’était prévisible, car dans un cadre conceptuel limitant, notre pensée, au sens le plus large, ne peut découvrir ce que ce cadre exclut par principe. Pour les dualistes qui par contre ont intégré la nature sémantique de leur être, distincte et indépendante de la nature physique du corps et du cerveau qu’ils dirigent, les choses sont plus simples, car le sens est de la même nature que leur être, le produit de leurs fonctions mentales, qu’ils connaissent au moins un peu, du moins dont ils n’ignorent pas l’existence. Ils savent donc qu’associer des signes à leur champ sémantique signale une complexité de sens mais que ces signes restent distincts de ce sens, ne peuvent former une entité avec lui, et encore moins le définir ni même le désigner. Cependant, comme le souligne la loi de Brandolini, l’énergie nécessaire pour réfuter une théorie fausse est grandement supérieure à celle qui fut nécessaire pour la produire, et les théories de la signification sont tellement

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complexes et imbriquées des grands problèmes et grandes questions qui affectent l’humanité, que la linguistique aura beaucoup de difficulté à résoudre ses paradoxes fondamentaux.

Le mot n’existe pas Le mot est l'exemple par excellence d'un concept erroné et malsain, source de confusion et de stress sémantique, plongeant la linguistique et la sémantique dans une impasse dont ces sciences ne peuvent sortir sans s'en défaire définitivement pour faire progresser la connaissance de l'esprit humain, du langage et du sens, et améliorer la communication. Pourquoi ce concept est-il erroné ? Parce que, à partir de deux réalités : le signe, une réalité matérielle que nous pouvons voir, entendre et toucher, et le sens, une réalité mentale que nous pouvons éprouver dans notre conscience, constitutive de notre mémoire et chair de notre être, ce concept a voulu créer une unité indivisible qui ne peut pas exister, en contradiction avec le principe et la contrainte formelle de séparation de l'univers matériel spatiotemporel et de notre monde mental aspatial et présent. Une faute donc des plus graves, et d'autant plus grave qu'elle impacte directement notre communication et notre pensée. Comment et pourquoi cette aberration incohérente a-t-elle pu se produire dans l'esprit d'éminents linguistes ? Par facilité d'abord. Par la volonté ensuite de donner à des signes collectifs du sens collectif. Un vœu louable, effectivement ce serait merveilleux, mais malheureusement ce n'est pas possible, on ne peut pas définir le sens d'un signe à partir d'autres signes, aucun signe n'ayant de sens en soi, et les signifiés collectifs n'existent pas quoique on puisse en croire. Ils appartiennent à la race des fantasmes, des licornes roses et des dieux de l'Olympe. Ce qui existe ce sont des signes collectifs et des sens personnels, et chacun d'entre nous attribue et associe des signes, y compris ceux qu'il a lui-même créés à sa convenance et en fonction de ses besoins, à son sens personnel tel qu'il existe dans son propre champ

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sémantique. Ces champs que construisent nos expériences individuelles sont évidemment propres à chaque personne.

Pour l'étude du sens des signes nous pouvons nous engager dans deux directions: ° La présence du sens tel qu'il s'est accumulé et structuré en mémoire. ° L'émergence du sens dans notre conscience, dont la réaction psycholinguistique au dire d’autrui n'est qu'une création mentale parmi un vaste éventail d’autres. La réaction psycholinguistique n'est pas, comme nous aurions pu le croire, une interaction du sens et du signe. Les deux sont des produits inertes, le signe n'est qu'un cas particulier du sens, celui d’une microforme dont nous pouvons projeter l'image géométrique dans la spatialité du monde extérieur et l'inscrire dans la matière en lui conservant ses propriétés formelles, et inversement le reconnaître visuellement ou auditivement, donc le réintégrer dans notre mémoire. Notre fonction volontaire possède le pouvoir de choisir ces signes et notre fonction analytique celui de les associer à du sens, quel que soit ce sens, d'une façon pérenne au sein de notre mémoire. Dès lors, quand nous rencontrons à nouveau un de ces signes, notre fonction analytique le reconnaîtra, et reconnaîtra aussi le sens auquel il l'aura associé, et livrera sens et signe mêlés au sein de notre conscience. C'est la base de la réaction psycholinguistique. Au début de l'aventure humaine cela a sans doute commencé par peu de chose, constatant que nous ne pouvons pas nous transmettre du sens alors que nous pouvons aisément échanger des signes, l'homme a vite compris l'intérêt de ces signes quand ils deviennent collectifs pour communiquer avec ses semblables. Il a développé le langage, puis l'écriture pour s'affranchir des contraintes temporelles et spatiales, phonèmes et signes écrits restant équivalents et pouvant se substituer les uns aux autres. Seulement, reste depuis toujours un problème insurmontable : c'est que le signe et le sens ne sont pas solubles l'un dans l'autre, le sens est le produit complexe et personnel de l'ensemble de nos fonctions mentales, qu'il ne cesse de

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se transformer et de s'enrichir, qu'il ne reste attaché au signe qu'au sein de notre mémoire et que nous avons toujours besoin de notre fonction analytique pour en prendre conscience, et que celle-ci ne reconnaît que son propre sens, celui qu'elle a créé et auquel elle a attaché le signe, pas celui de l'autre. Le signe que nous projetons vers l'extérieur en direction de l'autre n'est pas attaché au sens, d'ailleurs il ne l'a jamais été. Le signe que j'écris là, que je lis là sur ce papier, c'est de la matière qui ressemble par ses propriétés formelles, dans son espace réel, à mon signe, mais ce n'est pas lui. Mon signe c'est un pur concept, aspatial, il ne peut pas me quitter, je ne peux pas plus le donner à l'autre que mon sens. Heureusement pour l'autre nos visions et nos analytiques fonctionnent pareillement. Aussi nous pouvons supposer qu'au niveau de la conceptualisation des images géométriques, ils produisent les mêmes concepts de formes. Cela n'a d'ailleurs aucune importance, car même s'ils étaient différents ce qui importe c'est qu'ils se rapportent à la même image géométrique du signe matériel, qu'ils sont donc équivalents, ce qui nous permet de dire que ces signes sont collectifs. Dans notre intimité mentale l'association entre signe et sens est arbitraire, sans relateur conceptuel logique, il n'y a donc aucune chance que nous fassions naturellement les mêmes. Si nous étions des êtres très simples et que nous ne disposions que d'une centaine de sens élémentaires, et la capacité de nous réguler grâce à notre fonction volontaire, nous arriverions assez rapidement à partager les mêmes sèmes. C'est ce que font les mathématiciens avec leur langage formel et, comme leurs sèmes sont des universels logiques, cela marche parfaitement bien. Seulement, nous sommes des êtres très compliqués, nous disposons de dizaines de milliers de signes et nos sèmes ne sont pas des universels, bien que leur nature le soit, mais le produit d'une agglutination d'une multitude d'expériences personnelles complexes d'une grande diversité (l'effet boule de neige) doublé d'une structure interactive globale (l'effet miroir). De plus, ces sens ont un caractère impératif car notre survie en dépend, il ne peut donc être question de les modifier à la légère, si bien que leur évolution est un jeu de processus que nous ne maîtrisons qu'en

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partie, dans lesquels notre esprit se perd et sur laquelle nous surfons du mieux que nous pouvons. En résumé, malgré tous nos efforts de régulation et bien que dans notre pratique quotidienne du langage un niveau de communication appréciable soit possible, nous ne pouvons pas partager les mêmes sens. Dans notre champ sémantique au sein de notre mémoire, les natures de nos signes et nos sens sont radicalement différentes. Nos signes sont des microformes relativement simples, ils constituent des unités linguistiques. Alors que notre sens se présente comme un ensemble de plages multiqualitatives floues où se mêlent continu et discontinu, d'où émergent des reliefs plus précis, avec des ramifications, des entrecroisements et des frontières multiples, le tout structuré par l'analytique dans une architecture en partie empirique de contenants dominés par des concepts de catégories. Ces concepts de catégories auxquels s'accrochent en partie nos signes sont autant d'axes de régulation collective qui permettent notre communication. Mais cette structuration globale complexe est propre à l'aventure de sens de chacun d'entre nous et présente autant de divergences que de convergences. Cependant plus nous nous rapprochons de l'universel, des structures profondes de nos fonctions mentales, de leurs grilles, leurs principes, leurs valeurs fondamentales, plus la convergence l'emporte sur les divergences, c'est ce que font les sciences de l'homme comme celles de la nature. La réaction psycholinguistique est une création de sens de notre synergie mentale à l'assemblage de signes qui lui est proposé. Si l'analytique y tient la place la plus importante, toutes nos fonctions mentales y jouent un rôle : la volontaire qui arbitre et décide, qui dirige la concentration, les bouffées d'émotions, de souvenirs, les vibrations péremptoires de la foi, la conscience, l'énergie et la motrice remplissent leur service ordinaire. L'interaction de tout cela crée du sens. Notons que la réaction à l'écrit est plus riche que la réaction à la parole, soumise à la contrainte temporelle de la rapidité du discours. C'est donc celle qui doit être choisie en priorité pour cette analyse, bien que l'objet linguistique soit le même.

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Toute lecture procède d'une intention volontaire, soit affective, soit cognitive, soit un peu des deux, et s'accompagne d'un objectif. C'est cette intention, servie par l'analytique qui va déterminer le choix de l'ouvrage et le type de jugement demandé à l'arbitraire, très vite ce dernier, éventuellement secondé par le jugement de plaisir, jugera la qualité de l'ouvrage, l'efficacité de l'analytique et la satisfaction de l'objectif initial. Ces critères constituent un contexte mental permanent dans lequel l'analytique devra remplir sa mission d'interprétation. Si l'objectif est la détente, le divertissement et la satisfaction d'un plaisir esthétique, peu importera véritablement le sens de l'auteur (de l'autre) de la poésie ou du roman que nous nous apprêtons de lire, seules compteront les qualités artistiques de l'ouvrage et dans ce cas, en définitive, notre analytique sera principalement jugé sur la qualité de son propre imaginaire. Avec ces ouvrages je me promène dans mon propre sens en y retirant plus ou moins d'agrément, j'apprécie que l'auteur m'entraîne dans son propre monde, je jugerai peut-être aussi de sa finesse d'esprit, de sa cohérence, sa lucidité et de sa morale. Si l'objectif est cognitif par contre, le problème qui se pose à l'analytique face à un texte, à supposer que chaque signe pris isolément appartiennent à ses signes, est de trouver un contenu conceptuel relatif à cet assemblage qui n'est pas le sien, et il se heurte aux difficultés évoquées dans les paragraphes traitant plus bas de la linguistique, ceci indépendamment du raffinement de l'auteur et du mien, car la structure de sa pensée n'est pas celle de son texte ni la mienne. Par conséquent, j'essaie de recréer sa pensée dans la mienne grâce aux indices que m'offre son texte. Ces indices sont des signes qui signalent du sens et d'autres, l'articulation de ce sens. Une grande partie de ces indices vise à raccourcir les possibles du sens. Mon analytique trie ces indices, sépare les qualifiants des structuraux, élimine le superflu, le vide de sens et ajoute les articulations implicites. Ce schéma de signes peut alors donner naissance à un schéma mental non linéaire de sens, qui structure du sens, avec lequel l'analytique délivre son interprétation (avec mon propre sens) de la pensée de l'auteur. Et tous ces sens (qualités et

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articulations), explicites et implicites, que mon jugement arbitraire juge (de stupide à excellent), permettent à l'analytique de développer mon propre sens en comblant les lacunes, en rectifiant les contresens (développement des qualités et des structures de sens), que l'arbitraire juge encore (mieux à excellent) ou simplement (je ne peux rien en tirer) puis (excellent). Tout cela va très vite. Il est certain que la connaissance que je tire de l'expérience de mes propres fonctions mentales me conduit vers des représentations différentes de celles qui ne sont fondées que sur des idées. Donc je me trouve toujours plutôt plus que moins en désaccord avec l'interprétation que je peux faire du sens de l'autre, concernant à la fois la qualité du sens et ses articulations. Le fait que du sens accompagne notre pratique du langage ne peut nous autoriser d'en faire un objet linguistique, pas plus que le corps qui nous accompagne puisse être un objet mental et inversement. Nous ne pouvons rien dire de l'homme qui ne soit pas fondé sur l'intimité de notre structure mentale, sinon de rester comparativement aux sciences de la nature dans un discours pré-galiléen. L'opération inverse de la réaction psycholinguistique c'est la production linguistique, une création de signes dans un langage donné à partir du sens. Ce que nous avons à dire est d'abord la structuration d'un ensemble de sens, et le dit : sa traduction, en signes. Son analyse est facilitée si nous pensons hors du langage. Comme dans les paragraphes précédents, je perçois des qualités et des relations que je peux associer à des signes. Évidemment si j'emprunte les signes de la langue française plutôt que mon système sémiotique personnel, le résultat pourra surprendre ici ou là. Pour les relations c'est plus difficile car le français est pauvre en relateurs, mais comme pour les qualités, j'invente autant de syntagmes inusités dont j'ai besoin tout en restant dans le cadre de ce que la langue peut admettre. Il en résulte un schéma bidimensionnel que j'écrase en linéaire et dont je raccorde les morceaux comme je peux, plutôt mal que bien. Si je me reconnais dans l'objet final de la production linguistique, c'est qu'ayant intégré ces signes comme mes signes, les sens qu'ils

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signalent restent mes sens, et quand l'autre utilise les mêmes signes, par empathie je sens que ce sont ses signes qu'il attribue à son sens dans lequel je ne peux pas en général reconnaître mon propre sens. Ce qui montre une fois de plus que le signe ne possède pas de sens mais celui que chacun lui prête, et qu'une langue doit être considérée comme un éventail de signes associables en syntagmes et en combinaisons : les phrases, une corne d'abondance que chacun peut s'approprier pour dire son propre sens. Enfin, comme nous procédons par interprétation et empathie, le sens d’un terme que nous imaginons quand nous le rencontrons chez l’autre ou quand nous l’émettons à son attention, va varier par réduction de sens de ses possibles selon le contexte, selon notre intention et/ou la sienne, selon ce que nous savons ou pas de lui, selon la relation affective ou professionnelle que nous entretenons avec lui, et selon la qualité de notre authenticité mutuelle. Le sens tel que nous le vivons, n’est donc pas une entité fixe et définie une fois pour toutes, mais un élément modulable à géométrie qualitative variable, riche d’un potentiel multiple, adaptable aux situations diverses auxquelles nous sommes confrontées. Dans ces conditions, la linguistique pourrait non pas rechercher un sens à des signes et groupe de signes, mais l'ensemble des possibles singuliers qu'ils offrent, tout en sachant qu'il y aura des contradictions. C'est d'ailleurs ce que font les dictionnaires avec leur polysémie ordinaire et leurs lots de citations, de variations de sens chez les auteurs. Si la sémantique peut être une science ce serait avant tout celle des structures mentales dont découle le sens.

La sémantique La science du sens se confond avec celle de notre vie mentale car nous sommes des êtres de sens. Le sens, la seconde nature de l’univers à coté et complémentaire de la nature physique est apparu bien avant le langage, car les lois et principes universels qui régissent tous les univers sont constitués de sens. Depuis plus de quatre milliards d’années tous les êtres vivants, même les plus primitifs,

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vivent et pensent dans cette nature universelle de sens, alors que les langages de signes arbitraires créés par les animaux supérieurs pour communiquer sont éphémères et n’existent en comparaison depuis très peu de temps. Le terme (sens) signale la nature des parcelles de qualité qui composent nos qualia, et ces parcelles elles-mêmes. Ainsi les couleurs, les saveurs des produits de nos fonctions mentales et nos sèmes sont des exemples de sens. Notre champ sémantique est uniquement constitué de sens. Nos qualia sont constitués de sens, d'un nombre considérable d'élément qualitatifs, qui avec des nuances se retrouvent dans de nombreux qualia, nos données d'expérience mentale pure immédiate. Il y a toujours une combinaison de plusieurs sens dans un quale, ne serait-ce que notre conscience et un contenu monosémique, mais ce type de contenu est très rare, et ne se trouve que dans des états de modifiés de conscience (EMC), car plusieurs de nos fonctions mentales sont à l'œuvre pour produire un quale, et chacune d'elle produit des catégories de qualités, donc de sens, différentes. C'est la raison pour laquelle le fameux quale rouge, est hypothétique et ne peut exister. Personne ne peut éprouver un quale rouge pur, en l'absence de conscience, de jugement, d'analyse, d'imaginaire et de multiples impressions fugitives et d'affects, ce qui implique l'extrême diversité de nos qualia et leur singularité, non communicable. Les arguments qui s'appuient sur le quale rouge, un non possible, ne sont donc pas recevables.

La sémantique est la science du sens et non celle du langage. Une division de la linguistique : la sémantique des significations dans les langues étudie le sens des signes linguistiques et des énoncés. Cette branche de la linguistique affirme abusivement des présupposés non avérés, qui se révèlent inexacts vu notre capacité mentale de pouvoir penser infra linguistiquement, hors de la verbalisation dans un langage, et même holistiquement, non linéairement, au travers des multiples structures et relations de sens de notre champ sémantique. Elle affirme en particulier que :

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a) Les signifiés (avec toutes les incohérences que ce concept entraîne), c'est-à-dire le sens, ne peuvent être directement perceptibles, puisqu’ils passent obligatoirement par des formes verbales signifiantes d’un langage. Pourtant tous les animaux pensent sans disposer de véritables langages sauf les cétacés, en particulier les dauphins. Pourtant encore, nous pensons hors du langage, pour choisir, prendre des décisions, diriger les gestes de notre corps, conduire des machines, etc., et nous avons parfois des trous de mémoire quand nous recherchons le signe qui convient pour exprimer le sens que nous concevons pourtant clairement, un phénomène que les écrivains connaissent bien. b) Les signifiés, le sens des mots, sont collectifs et non personnels, alors que nous ne pouvons pas définir de référent pour ce collectif, à moins de postuler son existence sur un plan extra individuel que nous ne pourrions qualifier que d’astral, un pur fantasme de linguiste donc. A moins encore qu’un sens conventionnel puisse être imposé à tout homme d’une façon autoritaire, ce qui poserait toute une cascade de problèmes et de paradoxes insurmontables. Tout d’abord ce serait contraire à l’article 18 de la Déclaration des droits de l’homme de 1948 : « Toute personne a droit à la liberté de penser,… ». Ensuite, que le sens est formellement indéfinissable par des signes linguistiques, incommunicable, qu’aucun comité de sages ne peut partager le sens que leur pensée affecte à un signifié à moins d’être de parfaits médiums télépathes. La seule solution serait alors de déposer pour chaque mot une liste d’énoncés dans lesquels la présence de ce mot serait valide à l’exclusion de tout autre, du style de la novlangue dans le roman 1984 de George Orwell. Cette loi exorbitante ne serait cependant applicable et sanctionnable que pour les écrits, devrait inviter à la délation pour l’expression orale, et n’empêcherait personne à penser comme il veut c'est-à-dire comme il faut, pour reprendre une expression que nous trouvons dans Les Pensées de Blaise Pascal. J’entends de ma fenêtre ouverte les rires de tous les littéraires à la lecture de cette proposition délirante, et pourtant elle répond à un postulat communément admis par les

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linguistes qui déplorent qu’il ne soit pas appliqué par tous les esprits libres que nous sommes. c) Les physicalistes, positivistes logiques du Cercle de Vienne et leurs zélotes, n’ont pas hésité à dire (Rudolf Carnap) que ce qui n’a pas de base expérimentale physique, n’a pas de signification, est privé, vide de sens et absurde, niant l’existence de nos phénomènes mentaux, et donc niant la réalité de nos êtres. On peut y voir la tentative affirmée de créer une novlangue limitante, dont le projet a heureusement échoué, pour mieux imposer à tous les convictions de leur soi-disant science universelle. Une véritable science du sens ne peut se fonder que sur la réalité incontournable de notre champ sémantique. Grâce à notre faculté naturelle d’introspection que nous pouvons développer par des techniques mentalistes appropriées. Par une exploration et une analyse de ses propriétés holistiques. Et leur formulation dans un langage adapté à cet objectif, si possible formel, comme j’ai tenté de le faire dans les pages de ce chapitre.

Le langage est impropre pour penser

La dictature du langage sur le sens n'a pas de raison d'être, d'abord parce que le langage est impropre pour penser, il est linéaire, arbitraire, culturel, lacunaire et souffre d'une syntaxe réductrice minimaliste. Ne nous laissons pas abuser par ceux qui nous invitent à penser verbalement, ce serait enfermer notre pensée dans un espace exigu, stérile et incohérent, explorons au contraire la liberté d'une pensée créatrice hors du langage. Donnons notre sens aux signes que nous employons et créons pour communiquer avec les autres, et laissons s'indigner ceux qui refusent de laisser chacun penser comme il l'entend et veulent nous obliger à penser grâce à des significations conventionnelles collectives aliénantes. Nous nous débrouillerons toujours pour nous faire comprendre de ceux qui pensent librement.

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Signes et symboles. Nous devons distinguer les symboles des signes. Un symbole peut être pensé, visualisé, dessiné, mais non se dire, par contre nous pouvons dire le signe qui le désigne, et l’écrire. L’écriture de ce signe est toujours différente du symbole qu’il représente, par exemple : 1, +, @, sont des symboles, un, plus, arobase, sont leurs signes. Une certaine confusion règne entre ce type de symboles qui ne sont qu’une forme non alphabétique d’écriture, sans être pictographique, et des signes linguistiques, du fait de leur usage courant au sein de textes, de l’emploi de lettres alphabétiques comme symboles en logique et en mathématiques, comme x, y, f(x), et enfin des marqueurs de ponctuation, parenthèses, et symboles divers, propres à l’écriture du langage. En général un symbole est une représentation par une image, qui reste arbitraire, de quelque chose qui peut être très complexe, voire hermétique, mais qui présente, ou du moins veut présenter visuellement, un certain rapport de forme avec ce qu’il est censé vouloir exprimer, donc qui n’est pas tout à fait arbitraire. Les premiers systèmes d’écritures, avant d’être remplacés par le syllabique, puis l’alphabétique, furent idéogrammatiques, représentant des choses concrètes, donc utilisaient des symboles souvent sacralisés car dons des dieux, mais ces pictogrammes représentaient aussi des phonèmes, c’est le cas des hiéroglyphes de l’ancienne Egypte et des écritures maya et aztèque. Le chinois est plus complexe, associant un élément phonétique à un élément symbolique, mais son écriture a tellement évoluée au fil des millénaires que c’est devenu illisible, sauf pour des experts. Tout ceci pour souligner que notre pratique actuelle de l’écriture, y compris par sms, à conservé ou renoué avec des usages anciens.

La linguistique est la science du langage, l'étude du signe et des combinaisons de signes, des messages verbaux et de son relais paralinguistique : l'écriture. La linguistique peut être générale quand elle examine toute la diversité des possibles qu'offre une langue maternelle et son évolution. Elle peut aussi être particulière quand elle s'attache à l'usage que chacun fait de cette diversité. Car en raison de la personnalité du sens, son éducation, son raffinement,

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chacun de nous pratique le langage avec plus ou moins ses propres règles et manières, ses expressions, tournures de phrases et son propre vocabulaire. Personnellement, j'ai une technique d'écriture, un style, je préfère n'utiliser que des termes simples, connus de tous, plutôt que des termes techniques à usage scientifique, j'ai souvent recours à des images, des analogies, des expressions familières. Je possède mon propre système sémiotique et j'utilise un vocabulaire resserré en proscrivant de nombreux mots pour des raisons sémantiques sinon pour critiquer leur usage. Quand je dis : je, cela peut faire référence à n'importe laquelle de mes fonctions mentales ou à leur synergie générale. Je suis tenté par la forme infinitive des verbes, par l'absence de déclinaisons en nombre, en temps et en genre, ce qui correspond mieux à mon ressenti. Pour donner plus de force à l'écriture, je préfère la concision et l'élimination de tout ce qui me paraît inutile, car je ne cherche pas à communiquer du sens, sachant que c'est impossible, mais seulement à évoquer du sens à l'aide de signes. Comme je sais, et c’est réciproque, que tout autre est incapable d’imaginer mon propre sens, je ne tente pas de l’exprimer, mais je me contente de suggérer quelques choses justes, et faciles à dire, contradictoires avec la culture ordinaire qui pollue notre pensée. La conscience sémantique installe alors une dichotomie entre mon propre sens que j’éprouve et ce que j’éprouve de mon imagination du sens de l’autre. C’est sans doute un peu plus complexe à vivre, mais cela devient vite une habitude naturelle qui échappant avec l’illusion d’un sens commun, renoue avec la réalité des faits. Notre langue est bien adaptée à la description et au signalement des choses et des événements de notre environnement extérieur, du monde spatial et temporel qui nous entoure, y compris notre corps. Ici je ne rencontre pas de problèmes sémantiques majeurs. Si je sais que mes représentations intuitives sont fausses, elles me suffisent pour vivre, et si je veux aller plus loin, vers l'intimité de la matière, je peux me tourner vers la physique qui se débrouille très bien grâce au langage formel des mathématiques, et nous a permis de nous

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affranchir de l'archaïsme des représentations idéologiques fumeuses qu'elle a dépassé. Par contre, quand je tente de décrire notre réalité mentale avec le même cadre conceptuel, cela ne marche pas. Si nous n'étions que des actes dans ce monde, c'est à dire si nous n'existions pas (ou si nous existions sans vivre ni éprouver, à la manière d'une machine), cela irait encore, mais nous éprouvons, et ma réalité intime n'est ni spatiale, ni temporelle, mais l'éternelle présence d'un être singulier. Le problème se pose peu en économie et en politique car nous demandons à ces sciences de nous considérer comme des acteurs sociaux : producteurs, consommateurs, entrepreneurs, décideurs, et ceci indépendamment de toute autre chose, bien que même là nous avons besoin de nous comprendre en évitant les confusions inhérentes au langage, que la réalité de nos êtres déborde dans ces domaines et y provoque des désordres, et donc que nous avons besoin de la comprendre. Or quand je lis que nous sommes « doués de raison et de conscience (morale) », je ne comprends rien, je ne trouve rien de tout cela en moi, qu'un vide de sens, je ne sais pas ce que c'est, j'aurais préféré que l'article premier de la Déclaration universelle, que j'admire pourtant, dise : « capables de juger, de décider, d'analyser et de comprendre », utilise des verbes plutôt que des concepts obscurs car nous sommes avant tout des pouvoirs opératifs. Heureusement la suite est meilleure : « et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité » car elle fait référence à ma fonction volontaire. Quand je tombe sur l'expression « le sens de la vie » nœud de problèmes sémantiques : (sens) est un signe très multivalent, aussi je ne l'utilise que pour signaler du sens, alors forcément dans mon sens j'ai beau chercher je ne trouve rien, ma vie n'aurait donc pas de (sens), ce n'est pas très grave car je n'ai pas non plus de (vie), je ne vis pas dans la durée, dans la temporalité des horloges. Je continue à fouiner et enfin j'en appelle à ma foi qui me réponds de suite : « ne te préoccupes pas, tu n'a pas besoin de sens à ta vie, car tu as : l'objectif fondamental de l'éternelle présence de ton être singulier, et

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cet objectif n'est pas un sens mais un nuage de sens ». Je suis rassuré. « N'oublie pas que la connaissance la plus précieuse est de savoir pouvoir mourir à tout instant dans la joie et la sérénité de la maîtrise de soi-même ». Le signe (je) est un désignatif accessoire de l'ensemble de mon contexte mental dont il ne peut être dissocié sous peine de perdre tout sens. Ainsi ce signe est nécessairement suivi du verbe qu'il désigne sans être le sujet de ce verbe, qui n'en a pas besoin car ce verbe signale l'expression d'un opératif mental qui est son propre sujet. Aussi si « que suis-je? » peut encore signaler l'existence d'un ensemble de pouvoirs opératifs, « qui suis-je? » ne signale plus rien, sinon un acteur social ou une aliénation, une appartenance à un groupe. Les trois exemples précédents montrent que si nous voulons nous exprimer dans cette langue telle qu'elle est, sans anticiper sur son évolution souhaitable, donc sans la dénaturer, nous devons respecter certaines règles : ° Pour éviter le psittacisme, c'est à dire d'énoncer des phrases ou des expressions dont nous ne pouvons penser raisonnablement le sens, il faut bannir de notre pratique personnelle du langage tous les signes que nos fonctions mentales ne valident pas. ° Pour éviter la confusion et les contresens, réduire autant que possible la polysémie des signes que nous validons. ° De remiser au passé, les fantasmes, les mythes et les constructions conceptuelles douteuses, ce qu'ont fait la physique, les sciences naturelles et la médecine, mais qui perdurent dans les sciences humaines et sociales. ° De s'armer de la plus grande rigueur concernant le sens, car s'il y a du bon sens, il y en a aussi du mauvais. Le sens est comme un rosier ou un arbre fruitier, si nous voulons qu'il reparte et produise de bons fruits, il ne faut pas hésiter à le tailler et nous savons où est le mauvais, où sont les abus de langage (mot, raison, peuple, nation, etc.) qui entretiennent l'équivoque et l'obscur. Les problèmes sémantiques ne viennent pas tant des signes, car les signes n'ont pas de sens, mais du sens lui-même. Nous pouvons

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créer autant de signes que nous voulons et les affecter à autant de sens, groupes ou plages de sens que nous voulons, encore faut-il que ce sens existe vraiment, qu'il soit sain, que nous puissions le reconnaître comme une production naturelle de nos fonctions mentales. Ce qu'elles ne peuvent pas produire ne peut faire sens, ce que notre fonction analytique ne distingue pas ne peut faire sens. Une attention particulière doit être réservée aux assemblages de signes car tout ce qui est grammaticalement correct n'est pas nécessairement sémantiquement correct. Les éléments de sens qui ne s'assemblent pas ne nous permettent pas d'assembler les signes qui les signalent (comme dans « sens de ma vie » ou « qui suis-je? »). C'est à dire que les éléments de sens peuvent être séparément pleins de sens et leur assemblage vide de sens. Le sémantiquement malsain se manifeste par la présence de fantasmes dominant la personne, de désordres dans ses objectifs, des contradictions avec les valeurs fondamentales de nos fonctions (survie, liberté, efficacité), la négation de son éthique (à l'extrême, comme de vouloir se suicider dans un attentat terroriste pour son salut, l'honneur ou la gloire), qui peuvent la mener à être dangereuse pour elle-même comme pour les autres, sans qu'elle puisse être déclarée irresponsable de ses actes, et à un moindre degré à subir des souffrances et un sentiment d'échec. Si nous pouvons parler de sémantiquement malsain, il ne serait pas raisonnable de parler de linguistiquement malsain, car si la langue nous permet de dire le faux comme le vrai, elle nous permet aussi de dénoncer le faux, le non sens, le contresens, le vide de sens, les fantasmes, les mythes et les constructions conceptuelles douteuses, et aussi de dire où sont les aspects linguistiquement défavorables ou nuisibles à l'épanouissement du sens de la personne, principalement dans le système syntaxique avec lequel nous construisons les unités de communication, qui nous permettent de dépasser les difficultés liées à la linéarité, la polysémie, la synonymie, en précisant le sens attribuable à chaque signe et en suggérant un sens global. Nous pouvons aisément constater et dire que :

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° Les marqueurs relationnels entre signe et sens qui vont de (c'est ça), (signifie), (désigne) à (signale), qui s'ils ne permettent jamais de dire qu'un signe est la chose qu'il représente, impliquent cependant, pour nombre d'entre eux, l'idée qu'il partage en partie sa nature ((le sens) ou (le concept d'objet)) en ne précisant pas assez que la réalité de l'objet est définitivement hors de notre portée (sauf s'il est mental). ° La possibilité d'utiliser, par facilité, la copule (est) qui ne spécifie aucune relation précise (égalité, identité, appartenance, etc...) alors qu'il est toujours nécessaire de la moduler par des relateurs plus complexes, des syntagmes (groupe de signes) qui forment un ensemble ouvert aménageable. ° La dénomination qui présuppose l'existence bien que non avérée d'une chose (dieux, tao, nation, mythe, etc...) et plus généralement d'un sens ou d'une relation, qui peut faire l'objet d'une évidence collective difficile à contester par l'analyse et le raisonnement. Or la liste des dénominations est ouverte à toutes les absurdités et construit des systèmes de représentation (et de compréhension) fausse de la réalité. ° Le statut grammatical des signes (nom, verbes, adjectif, etc.) qui présuppose d'une partie de leur (...?) sens, qui ne dépend que de l'organisation interne de la phrase et non du sens qu'il signale. (Ainsi un verbe peut signaler ou non une action, de même qu'un nom, etc., et fait apparaître une confusion entre substantif et opératif). Ce statut crée une valeur intralinguistique entre des signes qui formellement n'ont pas de sens. ° La limitation à trois types (en gros) de relations structurales : la synonymie (le même), l'hyperonymie (le classement hiérarchique ou catégoriel), l'antonymie (le contraire ou l'autre), qui bien qu'elles comportent une large variété de nuances et de gradations tendent à enfermer le sens en excluant ou en laissant pour compte d'autres possibles (complémentarité, synergie, tiers exclu, etc.) et donnent l'illusion de pouvoir définir des signes avec d'autres signes. ° La détermination préconstruite de signes lexicaux systémiques (affixes, suffixes, déclinaison des radicaux), ce qui implique une

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tendance à imposer un vêtement au sens, un découpage codé, indépendamment de la réalité de sa structure. ° L'invariance des signes grammaticaux (pronoms, articles, etc.) qui fait qu'une langue exprime d'abord une culture, alors qu'elle doit exprimer toutes choses. ° Les règles de bonne formation des expressions linguistiques indépendamment de la réalité de l'organisation et du flou du sens, alors qu'une phrase n'est que la tentative (parfois désespérée) de l'expression d'une structure sémantique complexe, à priori libre de tout système de paradigmes particulier. ° Les marques d'enchaînement et d'achèvement des phrases limitées à quelques valeurs logiques (mais, car, donc, enfin, etc.), alors que la phrase, pas plus qu'un texte ou un discours aussi volumineux soit-il, n'épuise jamais le système relationnel du sens. Tous ces inconvénients peuvent cependant être dépassés par le rappel fréquent des principes de base concernant le signe, la dénomination, etc., par la création de nouveaux signes qui imposent un réajustement des valeurs au sein du sens, par l'abus de phrases longues et complexes qui obligent l'esprit à sortir des modèles simplistes que la langue lui propose, enfin par le recours à des schémas, des tableaux qui présentent d'autres paradigmes structuraux.

Afin de mieux exprimer notre pensée dans un langage

J’ai en mémoire une gravure tirée d'un ouvrage de Robert Fludd : L’homme et le macrocosme, édité en 1615. Elle représente l’image de profil de la tête d’un homme entourée de plusieurs schémas et symboles. La pensée de ce médecin, grand humaniste de la Renaissance, est claire. C'est une pensée conceptuelle complexe et pour l'exprimer il utilise un dessin, une carte heuristique, destinée à faire découvrir sa pensée au lecteur, et d'abord à l'exprimer pour lui même. Comme toute figure géométrique fausse, ce dessin permet de représenter analogiquement des relations entre des concepts et des masses de sens, l'architecture d'une pensée, qu'il est plus difficile d'exprimer verbalement. Cependant, il est toujours possible de

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l'exprimer par une suite de paragraphes comme le fait Fludd dans son livre. Dans cette gravure apparaissent aussi des termes latins. Sans nous attarder sur leur sens, remarquons que ces signes sont les siens, ceux qu'il a choisis et qu'il a associés au sens de sa pensée, comme nous pouvons le faire nous-mêmes. Il faut bien comprendre qu'il ne s'agit pas ici de transmettre fidèlement sa pensée aux autres (un autre sujet de préoccupation générale) mais seulement de traduire sa pensée dans un langage qui ne peut être que son propre langage et pas celui des autres. En effet, le langage ordinaire n'est pas suffisamment riche pour ce faire, et les signifiés conventionnels collectifs prêtés au signes (sous réserve qu'ils existent vraiment, ce que je nie) ne correspondent pas à nos sens personnels. Notre pensée doit tout d'abord être claire. C'est une condition préalable, et pour cela il existe des techniques de résolution de problèmes et d'élucidation du flou. Cet article suppose que cette condition soit remplie. Ensuite deux difficultés se présentent : Que ce soit bien votre langage et pas un langage conventionnel social structuré par des concepts qui ne sont pas les vôtres, et enfin que vous disposiez de suffisamment de signes pour exprimer votre pensée. La première étape vise à construire votre langage. Et pour cela : rattachez votre sens personnel à tous les signes que vous employez et distinguez le du sens que les autres peuvent donner à ces signes. Vous verrez alors apparaître dans votre champ sémantique deux langages : Le vôtre, et celui des autres. Vous constaterez rapidement que ce dernier est multivalent car, à coté des significations conventionnelles, chacun donne des nuances de sens différentes, quand ce n'est pas l'opposé ou l'inverse, à ces signes. N'oubliez pas que vous devez associer vos signes à vos sèmes personnels et pas l'inverse, car le lien n'est pas réciproque (c'est ainsi et vous ne pourrez rien y changer, se sont des contraintes formelles de notre fonction analytique). Dès que vous aurez commencé à installer cette nouvelle structure de distinction en vous, cette construction de votre

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langage deviendra automatique et vous n'aurez plus guère besoin de vous en soucier, votre fonction analytique s'en chargera. Vous constaterez aussi que des signes (des termes) ne vous conviennent pas et que vous les rejetez comme appartenant strictement aux autres (par exemple : Dieu, anges, âme, paradis, etc. si vous êtes athée et sont donc totalement vides de sens pour vous, ceci est vrai dans tous les domaines) et que vous avez besoin de plus de signes. Pour construire votre langage vous devez d'abord faire une sélection de vos signes, les affecter à vos sens, donc beaucoup en détourner de leurs sens conventionnels, ce qui vous permettra de réduire la polysémie qui règne dans le langage. Préférer les termes simples aux termes académiques purement conceptuels. Les percepts sensoriels du monde ne posent guère de problèmes, ce sont les percepts mentaux, moraux ou psychiques qui en posent, car dans ces domaines la langue française est pauvre et ne nous vient pas en aide. Il vous sera parfois utile d'ajouter des indices à des signes, par exemple pour (geste) et (toucher) (quels beaux signes) pour distinguer le geste° et le toucher° mental du geste* et du toucher* physique. Vous serez peut-être aussi tenté de n'utiliser les verbes qu'à l'infinitif, et de signifier le temps, le mode et la manière avec des adverbes. Récupérer des symboles de toute nature est également possible. N'hésitez pas non plus à créer des signes composés pour de nouveaux concepts. Il n'y a pas de règles pour ce faire car c'est votre langage. En fait cette démarche est avant tout une procédure d'affinement des nuances de votre propre sens et une démarche de cohérence sémantique que vous pourrez pratiquer en méditation. Donc c'est en soi un exercice mental bénéfique. Ne vous inquiétez pas de perdre votre capacité de communication avec les autres. Au contraire, car meilleure sera votre cohérence sémantique, mieux vous saurez naturellement vous exprimer dans les langages de vos interlocuteurs immédiats et, plus généralement quand vous vous adressez à un plus large public, dans le langage des

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autres. Vous vous apercevrez alors que cette conscience et cette distinction du sens personnel loin de créer une cacophonie générale améliore la communication entre les hommes.

Pensez en infralingue En dépit de ce que racontent à tort et à travers tous les linguistes, il est possible de penser en infralingue, non verbalement, hors de tout langage, sans même avoir atteint l’état ataraxique, facilité par la découverte, l’accès permanent et la maîtrise de nos fonctions mentales. En effet, celle-ci nous apporte une conscience sémantique propre à distinguer clairement le signe du sens, à analyser leur relation, à connaître les sources véritables du sens, à apprécier les nuances et la complexité du sens, à distinguer notre propre sens de celui des autres et du sens conventionnel qu’une culture dominante voudrait nous imposer pour enfermer notre esprit dans le cadre étroit et limité de son ignorance, à nous débarrasser des règles de la syntaxe et de toute la pesanteur des archaïsmes aliénants de notre langue vernaculaire, pour revenir ensuite à nous construire une pratique du langage qui sans être parfaite, car c’est impossible vu les contraintes que cet outil nous impose, nous permet de mieux communiquer avec les autres, et nous évite le stress sémantique de l’incompréhension grâce à la conscience de ses causes. Ce n’est pas une démarche facile, vu les apprentissages et les aliénations linguistiques qui nous ont été imposées dès la première enfance par les parents, puis l’école, l’université, le monde du travail, dans le contexte de l’autorité souveraine, politique et sociale. D’une certaine façon, c’est une rupture radicale du lien que constitue le langage comme fédérateur social. Une rupture qui demande un certain courage car elle peut nous amener à affronter nos peurs de l’isolement des autres et de notre solitude ontologique. Mais c’est le prix à payer si nous voulons penser comme il faut, libérés des contraintes, des incohérences, et plus encore des lacunes d’un langage verbal, qui n’est guère efficace que pour donner des ordres dans une chaîne de commandement hiérarchique, et pour assurer

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des échanges économiques et monétaires, moyennant une réduction empirique du sens des termes. Ce n’est pas facile non plus car nous devons progresser pas à pas et seuls, confrontés à l’inexpérience et à l’incertitude de la fiabilité de nos savoir-faire dans un domaine inconnu, où nous avons tout à apprendre et plus encore à désapprendre. Et en définitive, c’est fondamentalement une démarche de connaissance et d’intégration de notre être, car nous ne sommes autre chose que des êtres sémantiques.

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7. UNE AUTRE VISION DE L’HOMME ET DU VIVANT

Nous sommes neuf fonctions mentales sémantiques et non physiques, que nous partageons avec tous les êtres vivants, neuf et non huit, neuf et non dix, dont huit simples et une double.

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7. Une autre vision de l’homme et du vivant

Un état mental évolutif Les philosophes, les psychologues et l’ensemble des sciences sociales et humaines, ne conçoivent l’homme que comme une entité dirigée par un moi pour une partie d’entre eux, et comme un corps biologique dirigé par son cerveau pour les autres, matérialistes. Les dualistes de substance distinguent clairement son être mental de son corps physique, mais aucun n’a mis en évidence ses fonctions mentales, ni envisagé sérieusement que son état mental puisse évoluer, à part, il est vrai, les auteurs de science fiction. Les matérialistes n’envisagent que son évolution biologique, et les transhumanistes rêvent d’un post humain augmenté ayant triomphé de la mort grâce à des additions technologiques, informatiques, et des manipulations génétiques, une sorte de cyborg qui nous laisse craindre le pire, quoique leurs projets soient formellement et heureusement irréalisables. Les sciences cognitives confondent allégrement les termes mental et cérébral, qu’elles attribuent tous deux au cerveau car elles sont physicalistes. Elles ont défini des fonctions cognitives qu’elles attribuent plus ou moins à des secteurs du cortex, et qui correspondent à des comportements spécifiques, tels que l’attention, le langage, la prise de décision, etc., qui ne forment donc pas à proprement parler un système général de fonctions complémentaires, tel que nous le proposons dans ce chapitre, qui par sa nature est évolutif.

Neuf Fonctions Mentales

Notre être singulier Notre être singulier dans son intemporelle présence aspatiale dispose de neuf fonctions mentales. C'est grâce à elles que nous dirigeons notre esprit, notre cerveau et notre corps. Ce ne sont pas

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les fonctions cérébrales ou cognitives étudiées par les neurosciences. Nous les exerçons en général d'une façon plus ou moins inconsciente, sans les distinguer ni les connaître, ni savoir vraiment ce qui se passe au sein de leurs synergies. Leurs structures fondamentales sont universelles, ce sont celles du vivant, et nous les partageons avec tous les animaux. Elles sont complémentaires et interagissent en permanence. Nous pouvons cependant grâce à des ancrages de sens perceptuel et des gestes mentaux accéder à leur maîtrise consciente, en particulier pour corriger les nombreuses structures superficielles inadaptées qui les entravent, accumulées par des cultures arbitraires, des langages archaïques et des convictions fausses, afin de les remplacer par des structures saines. Nous pouvons ainsi parvenir à penser hors de tout langage, en infralingue fractale ou holistique, acquérir de multiples capacités opératives dans un champ non limité de possibles et devenir ataraxiques, absents de trouble et d'émotion, après il est vrai en ce qui concerne l'ataraxie de nombreuses étapes successives de restructuration pour la mise en cohérence de l'ensemble de nos percepts mentaux. Vous comprendrez qu'aucun langage ne peut décrire notre vie mentale intime, et qu'il est seulement possible ici de la suggérer, compte tenu du paradoxe sémantique.

Notre monde mental non physique Du fait des propriétés de sa non spatialité, le contenu de notre monde mental ne possède pas de limite. Nous pourrions dire qu'il contient des milliards de milliards d'éléments de sens, en réalité et pour être plus rigoureux ce nombre se situe quelque part entre le non dénombrable et l'infini. Les lois, les principes, les contraintes formelles qui régissent notre monde mental, sont totalement étrangers de ceux de l'univers matériel spatiotemporel ailleurs (le terme extérieur serait impropre) de lui même. Aussi l'emploi de concepts valables pour la représentation et la maîtrise de l'environnement physique n'a ici aucune pertinence.

Nos fonctions mentales sont les sources de nos sèmes et de nos qualia

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Nous pouvons définir nos fonctions mentales comme les sources qui produisent nos sèmes et nos qualia. Il ne nous reste plus alors qu'à distinguer dans un quale, la présence de leurs émergences, leurs produits et leurs interactions, en sachant qu'elles ne sont pas nécessairement toutes présentes car elles peuvent s'effacer ou s'exalter, être dominantes ou en servitude, selon les aventures de notre vie mentale.

La grille ennéanaire des neuf fonctions mentales

CONSCIENCE 5 La conscience est un contenant révélateur de sens présent dans les trois métacontextes mentaux, de veille, de rêve et l'intermédiaire propre au rêve lucide dirigé. Le flux de sens qu'elle révèle glisse rapidement dans notre mémoire. C'est une fonction relativement monotone. Elle se réfléchit, c'est-à-dire devient consciente d'elle-même, par un bref geste mental de la concentration 6. Une concentration plus appuyée la charge d'énergie mentale p8. Elle n'est clairement pas le siège du moi comme certains le prétendent. REMEMORATION 1 La remémoration a le pouvoir d'extraire des éléments de notre mémoire et de les restituer à notre conscience. La mémoire elle-même n'étant pas une fonction mentale. Cette fonction peut être déclenchée par notre direction volontaire 7d, dirigée par notre concentration 6 et opérée par notre analytique

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2. Elle peut aussi manifester une activité involontaire et se déclencher seule quand la logique cognitive l'exige. Les charges d'énergie de nos souvenirs sont très variable, des ordinaires aux structurants. Les affects qui les ont accompagnés jouent aussi un grand rôle, car ils sont très puissants. CONCENTRATION 6 La concentration duplique du sens dans la durée, avec pour effet immédiat de fixer du sens dans le flux qui traverse notre conscience. Elle est comparable à un zoom en mouvement qui peut se fixer sur du sens, dirigé par notre direction volontaire 7d. Elle nous permet de voyager dans notre mémoire et dans notre champ sémantique, mais aussi de nous concentrer sur une analyse, un jugement, un produit ou une émergence opérative, voire une interaction dans une expérience mentale globale. VOLONTAIRE 7 La volontaire comprend deux sous-fonctions : La direction volontaire 7d et le jugement arbitraire 7j. La direction volontaire dirige mais ne juge pas, c'est l'organe de commande de notre être multipolaire. Le jugement arbitraire juge mais ne dirige pas. Ces deux sous-fonctions sont très interactives. Dans notre phase de veille, cette fonction est le plus souvent dominante et responsable de notre survie. Ses valeurs fondamentales sont la survie, la liberté et l'efficacité. Elle gère ses objectifs dans son tableau de bord. Comme elle ne dispose pas de moyens résolutoires elle fait appel à l'analytique 2. MOTRICE 4 La motrice assure le lien entre notre vie mentale et notre corps physique. C'est grâce à elle que nous dirigeons notre corps par son interface d'information et d'instruction avec le cerveau. Cette fonction utilise peu d'énergie mentale ainsi que montre la trace de nos souvenirs en mémoire. Elle est déclenchée par un mouvement de bascule de la volontaire 7d qui lui cède sa dominance sans que la cohérence entre l'intention initiale et l'action ne cesse. Elle opère grâce à des structures comportementales qui mettent

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d'autres fonctions en service. Elle s'efface et même s'éloigne dans le sommeil et le rêve. ANALYTIQUE 2 L'analytique possède trois modalités opératives. La première STRU structure le sens, la deuxième PROP propose des solutions aux fonctions qui lui en font la demande, la troisième GEST range et gère le sens en mémoire. Cette fonction est essentielle puisqu'elle opère des résolutions de problèmes, de l'analyse logique, de l'imaginaire et du rêve. En phase de veille elle est soumise à la fonction volontaire dominante et c'est en phase de rêve qu'elle devient à son tour dominante au sommet de sa puissance et de son efficacité. L'analytique est une fonction automatique qui produit au mieux, sur la base de l'ensemble immense de ses données, mais ses résultats ne sont pas toujours exploitables. JOKER (FOI) 9 Le Joker est une fonction transcendantale qui affirme péremptoirement sa foi en nous-mêmes, qu'il accompagne d'une aspiration au dépassement de soi. Il valide nos structures comportementales et intervient quand nos autres fonctions se déclarent incompétentes face à un problème. Cette fonction joue un grand rôle pour valider toutes nos structures comportementales qui ne doivent pas souffrir d'un doute, et donc aussi dans leurs restructurations qui peuvent être opérées consciemment, sa validation de notre transcendant et de nos convictions métaphysiques n'étant somme toute qu'une de ses activités secondaires. PATHOLOGIQUE 3 La fonction pathologique produit des émotions, des sentiments et du stress positif ou négatif. C'est un organe de contrôle de la liberté sans limite de la volontaire. Ataraxique, ses émissions ne sont plus que cognitives. Les émotions fondamentales sont peu nombreuses et s'inscrivent dans un schéma logique (voir la rosace des émotions au chapitre 4). Elles peuvent cependant se combiner et produire un grand nombre de variantes secondaires selon les produits mentaux auxquelles elles

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s'associent. Elles peuvent être maîtrisées et transformées consciemment afin d'en réduire l'intensité négative. ENERGIE 8 Toute activité mentale nécessite une énergie non matérielle. Cette charge d'énergie mentale assure la pérennité du sens en mémoire. Nous pouvons percevoir mentalement cette énergie dans les émergences opératives de nos fonctions mentales et remarquer qu'elles n'emploient pas la même quantité d'énergie, dans leurs produits émergents et dans les souvenirs que nous avons d'eux dans notre mémoire. Nous ressentons cette énergie comme du sens quantitatif objectif. Par contre, notre estimation de sa quantité par notre jugement 7j, est imprécise et subjective.

La conscience 5 La conscience est un contenant révélateur de l'activité de nos fonctions mentales, qui s'efface dans le sommeil et réapparaît dans le rêve. L'actualité intemporelle de sa présence est aussi celle de notre être singulier. Son rôle principal consiste à partager les activités de nos fonctions mentales, émergences, produits et interactions. Ainsi il ne peut y avoir des réalités contradictoires, ce qui serait le cas si chacune d’elles réfléchissait l’ensemble des autres selon ses propres modalités. A chaque instant elle déborde des produits et des émergences de nos fonctions mentales et de leurs synergies. A chaque instant d'autres émergences succèdent aux émergences précédentes. Comme ces produits ont des saveurs différentes, il en résulte le sentiment d'une fluidité un peu confuse, alors qu'elle reste égale à elle-même. Si à l'amont nous devinons une activité inconsciente qui la précède, à l'aval nous ressentons qu'une partie de son contenu disparaît et qu'une autre s'écoule et perdure dans notre mémoire, qui quoique inconsciente en partage le même présent, condition indispensable pour qu'elle soit disponible à la remémoration. Le champ de son contenant est étroit, limité, il nous évite d'être submergés par le contenu immense de notre mémoire. Cependant

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notre mémoire s'y diffuse légèrement sans perturber notre conscience, mais suffisamment pour que par la concentration nous puissions y accéder et voyager dans notre mémoire. La conscience est notre fonction mentale essentielle, car sans elle nous n'aurions pas de vie mentale. Nous vivrions sans doute difficilement sans l'une ou l'autre des autres fonctions, mais sans cette conscience il n'y aurait rien, c'est d'ailleurs ce qui se passe dans le sommeil profond. La conscience n'est ni une grandeur physique, ni un concept mathématique, mais sans elle il n'y aurait ni physique ni mathématiques. La conscience n'appartient pas au monde concret qui nous entoure. Sa nature est autre, de ce fait à elle seule elle crée un monde, des mondes, des univers mentaux personnels. La conscience n'est pas mesurable, d'ailleurs personne n'a jamais essayé de construire un détecteur de conscience. La conscience ne nous apparaît que dans l'expérience mentale elle-même, et quand nous sommes conscients nous pouvons la qualifier d'une certaine saveur, une saveur qui n'appartient qu'à elle-même, c'est la saveur de son monde. Par la méditation et la concentration cette saveur nous paraît plus intense, mais cela ne nous apprend pas grand chose de plus. La conscience nous apparaît comme la borne d'un éternel présent. En son absence, il y a une continuité temporelle mais il n'y a pas de présent. La conscience réalise une incarnation temporelle, dans une singularité qui reste soumise à la temporalité puisqu'elle subit son écoulement. C'est une fonction indépendante, elle n'est ni dominante, ni dominée, elle ne sollicite pas les autres fonctions, ni ne répond à leurs sollicitations. C'est une fonction relativement monotone hors des états modifiés de conscience, elle disparaît dans le sommeil, émerge dans le rêve, souvent elle nous montre la transition du rêve au réveil sans être affectée par ce changement de programme et de synergie. Elle joue le rôle d'un contenant révélateur, elle révèle l'émergence des fonctions et leur production dans sa propre émergence mais à chaque instant elle déborde, elle ne révèle ni l'intimité opérative de ces fonctions, ni ce que devient le flux de ces produits. Notre mental ne possède pas de fonction mémorisation, le

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contenu de la conscience s’écoulant dans notre mémoire en conservant la charge énergétique de sa création. Cette charge étant souvent inférieure au seuil de remémoration possible, il nous faut user de répétitions pour l’augmenter et nous en souvenir.

La mémoire n’est pas une fonction mentale Le flux de produits qui s'échappe de notre conscience s’écoule dans notre mémoire. Comme la conscience, la mémoire est un contenant, mais à la différence de la conscience, ce contenant est immense, indéfini, il ne présente pas de limite apparente de volume relativement à la taille, la nature et le nombre des produits qu'il est capable de contenir. La mémoire partage le même présent que la conscience, mais différence essentielle : est inconsciente. La mémoire ressemble donc beaucoup à la conscience, ce sont deux contenants qui partagent le même présent, ils sont complémentaires, l'un est conscient et l'autre pas, l'un est limité et l'autre pas, ils sont proches, l'un déborde dans l'autre et nous avons vu que l'autre diffuse faiblement dans le premier, ils ont donc une frontière commune, cette frontière c'est la limite de la première, en fait ils s'encastrent exactement l'un dans l'autre. Nous pouvons donc considérer notre mémoire comme une extension du contenant de notre conscience hors des limites de sa conscience, ou encore comme la conséquence d'une rétractation de la conscience d'un contenant plus vaste à un contenant central limité, libérant par là-même un vaste réservoir non conscient. Nous ne pouvons donc pas considérer la mémoire comme une fonction à part mais comme un sous-produit ou une sous-fonction de la conscience résultant de la nature même de sa fonction. Nous ne pouvons pas non plus considérer la mémoire comme une fonction, car elle n'a pas d'activité créatrice propre, la non conscience n'étant pas une activité mais seulement l'absence de conscience.

La remémoration 1 Evidemment, la mémoire étant non consciente ce n'est pas par elle-même que nous pouvons la connaître, il existe bien une fonction mentale associée à la mémoire qui nous permet de l'explorer, c'est la remémoration. Cette fonction a le pouvoir d'extraire des éléments de

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notre mémoire et les restituer à notre conscience, elle est toujours en servitude obéissant aux sollicitations de la fonction volontaire, c'est cette dernière qui choisit entre une réponse structurée de l'analytique et une simple parcelle de mémoire brute, mais compte tenu de l'étendue de la mémoire, encore faut-il trouver cette parcelle, ce choix doit donc être ciblé, d'où le recours à la concentration, puis désigné à la remémoration par l'analytique, le véritable souverain de la mémoire, qui lui sait retrouver ses choses. La remémoration n'a pas l'intelligence de la mémoire, elle ne possède pas les grilles de l'analytique qui lui permettraient de trouver ce qu'elle doit restituer, elle ne possède que le pouvoir d'extraire et de restituer, encore que cette restitution ne soit que le propre de l'émergence d'une fonction mentale, elle a donc besoin de son aide pour mener sa tâche à bien. La remémoration peut apparaître comme une sous-fonction de l'analytique, qui aurait perdu ses grilles et son pouvoir de structurer pour devenir autonome, dotée d'une capacité très limitée et dont la limitation lui permettrait justement de ne restituer que de la mémoire brute, ce que l'analytique ne fait pas. Ces deux fonctions sont nécessairement séparées car si l'analytique livrait en même temps à notre conscience toute la mémoire qu'il a brassée pour construire ses analyses, notre conscience serait submergée par cette abondance et l'opération manquerait son but. Nous le voyons en particulier quand l'analytique nous informe, et il peut nous informer à chaque instant, que telle expérience est nouvelle ou qu'elle contient un élément nouveau clairement identifié, mais il ne nous livre que cette information qui exige de lui une grande maîtrise de notre mémoire tout en nous protégeant d'elle. Dans cette chaîne de fonctions qui aboutit à la remémoration, le point faible, c'est la concentration, car elle est très sensible et vulnérable au stress. Quand elle perd ses moyens du fait de la maladie, de la souffrance, de la fatigue, ou d'une simple émotion, la remémoration fonctionne mal, et les efforts de notre volonté pour améliorer la situation ne servent pas à grand chose même si nous disposons de moyens mnémotechniques. Dans le cas contraire, la concentration nous est d'une grande utilité pour voyager dans notre

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mémoire en se déplaçant de l'image d'un souvenir ou d'une structure cognitive à un détail de cette image, en ciblant ainsi d'autres images pour les faire apparaître.

La motrice 4 La motrice 4 est la seule de nos fonctions mentales liée à notre interface Physique/Mental. Quand elle est active et associée à la synergie globale de nos huit autres fonctions, ses produits, en particulier notre image kinesthésique, sont révélés par notre conscience et partagés par l'ensemble de nos fonctions, dont l'analytique 2 qui structure, classe et range ces produits dans notre mémoire sémantique distincte de la mémoire biologique de notre cerveau. Cependant, comme toutes nos fonctions mentales, son état est variable : elle peut être active ou inactive, associée ou dissociée, dominante ou effacée, ce qui explique la variété des états mentaux que nous vivons. Quand l'objectif de notre direction volontaire 7d est d'agir dans le monde physique, elle partage sa dominance avec notre motrice 4, et quand nous sommes absorbés par une tâche, nous perdons la conscience d'être conscients pour la seule conscience de l'action. Mais cette action peut être automatique, pilotée par un programme comportemental, dans ce cas la motrice s'efface et nous redevenons conscients de l'intégralité de nous-mêmes. Par l'hypnose nous pouvons, grâce à la suggestion, nous substituer à la direction volontaire 7d d'autrui et diriger sa motrice 4. Ce phénomène ne peut être expliqué par le physicalisme, car il faudrait que notre cerveau puisse diriger le sien par télékinésie biologique, ce qui est rigoureusement impossible. Par des gestes mentaux nous pouvons agir sur notre corps mais aussi sur notre cerveau, en pratiquant un ASMR (Autonomous Sensory Meridian Response), ou pour sortir de la paralysie du sommeil, etc. Notre cerveau ne peut évidemment pas agir sur lui même de cette façon, il faut qu'une entité extérieure le fasse : notre mental sémantique. Dans la méditation notre motrice devient inactive et s'efface, mais nous conservons une présence diffuse de notre image kinesthésique,

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à moins que l'intensité et la fascination de notre pensée nous en détourne, et qu'elle disparaisse complètement. Il arrive également qu'en phase de créativité, bien que les yeux ouverts, nous perdons totalement conscience de notre environnement extérieur. Ce qui montre que l'ensemble de nos autres fonctions mentales peuvent s'abstraire de la motrice, soit l'inverse de ce que nous vivons quand nous sommes absorbés par une activité physique. Ce qui fait de la motrice une fonction à part, et qui confirme, que c'est la seule qui nous relie au monde physique et à notre cerveau.

La pathologique 3 Le système émotionnel est un organe de contrôle automatique de notre fonction analytique 2 sur la liberté sans limite de notre fonction volontaire 7. Selon les circonstances, l’analytique envoie des signaux déclencheurs non conscients différents vers la pathologique 3, la fonction source des émotions, qui réagit en produisant ses produits p 3, qui inhibent la fonction volontaire et déstabilisent la concentration 6. Dans cet état notre direction volontaire perd une grande partie de la subtilité de ses moyens et a tendance à agir par des comportements instinctifs ou de la prostration. Le cube émotionnel montre que ces produits sont très structurés. De toutes nos fonctions mentales, la pathologique est celle qui mobilise le plus d’énergie p8. La puissance d’une émotion réside dans la quantité d’énergie mentale qui lui est associée. La pathologique peut les projeter en conscience et les associer aux émergences de nos fonctions mentales, son pouvoir opératif est donc à la fois intégratif des événements et associatif. Ces émotions traversent l’interface Physique/Mental comme des instructions prioritaires données au cerveau, qui réagit en produisant des hormones et en générant du stress dans notre corps, que nous ressentons en retour dans notre image kinesthésique. L’absence d’émotion de l’état ataraxique n’est pas la conséquence d’une discipline, mais la résultante d’une réforme des structures de ce système émotionnel par la fonction analytique, qui va de pair avec une nouvelle cohérence globale harmonique de nos synergies mentales, qui remplace et ne rend donc plus nécessaire ce contrôle

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de notre fonction volontaire. C’est un nouvel équilibre qui s’installe entre notre mental et notre cerveau, qui ne va plus réagir biologiquement de la même manière, et de ce fait la perception kinesthésique de notre corps en l’absence de stress change, nous avons l’impression d’être plus légers en toutes circonstances.

L’énergie 8 Un être purement conceptuel ne vivrait pas, encore moins s'il était parfait, il serait alors immuable comme une statue de sel. Le vivant est à l'inverse, un être en perpétuel devenir dont le but ultime est à jamais inaccessible. Notre mental a besoin d'énergie pour créer et subsister, faute de quoi il s'effondrerait sur lui-même. Cette énergie est soumise aux lois de la nature, mais ces lois ne peuvent pas être les mêmes que celles qui régissent la matière car nous ne sommes pas ici dans le même contexte que celui du monde spatiotemporel extérieur. Cette énergie mentale est quantitative mais aspatiale comme notre être et aussi immatérielle qu'une valeur monétaire. Cette énergie p8, nous pouvons la constater. Elle est partout, dans l'émergence de nos fonctions mentales et en particulier dans notre conscience, et dans tous leurs produits. Chaque fonction l'utilise pour charger le sens qu'elle crée et lui permettre de perdurer et se cumuler dans notre mémoire où elle semble se dégrader lentement, sans nous laisser savoir ce que devient le produit de cette érosion. Sa source se situe dans la partie la plus inaccessible de notre être et les quelques expériences bizarres non reproductibles, que nous pouvons avoir vécues, ne me permettent pas d'affirmer avec assurance quoi que ce soit à son sujet, comment elle est générée et si elle se recycle ou non. Nous pouvons appeler cette énergie, mentale ou vitale par analogie avec ce qui se passe dans le monde physique, mais dans l'univers aspatial de la vie mentale c'est nécessairement tout à fait autre chose. Nous observons la présence de cette énergie dans différentes expériences, dans la méditation, dans les variations de puissance que manifestent les fonctions mentales, en particulier celles de la pathologique, dans les variations d'intensité du sens dans notre mémoire. Ces impressions sont surtout celles d'une puissance,

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mais cette puissance n'a pas véritablement de saveur ou plutôt elle a la saveur de la fonction mentale dans laquelle nous la trouvons, la puissance de la conscience a la saveur de la conscience, la puissance de la pathologique a la saveur forte de cette fonction, à tel point que nous serions tentés de lui accorder une énergie propre. Tout se passe comme si cette énergie se comportait comme une ressource monétaire, comme de l'argent. L'argent n'a pas de spatialité, sa valeur se conserve très bien dans un fichier électronique, c'est une sorte de concept numérique et comme cette énergie, il n'a pas d'odeur. Quand on en a tout va bien, et quand on n'en a plus, rien ne va plus. Comme la source de cette énergie – valeur est éloignée de notre conscience, mais qu'elle nous semble bien indispensable à notre vie mentale, nous ne pouvons que faire des hypothèses quant à l'existence d'une fonction qui la produirait et la gérerait. Par analogie se serait une fonction bancaire qui alimenterait les fonctions mentales ou dans laquelle elles puiseraient ce dont elles auraient besoin pour l'affecter aux produits de leurs émergences, c'est-à-dire au sens. Nous pouvons alors imaginer un système relativement cohérent dans lequel le sens ainsi chargé de cette ressource nécessairement aspatiale pourrait perdurer en mémoire, être rechargé, mais aussi se décharger lentement jusqu'à ne plus devenir sensible. Cette ressource serait alors aussi importante que la conscience, puisque sans elle il n'y aurait rien, ni sens, ni conscience, toute la vie mentale en dépendrait.

La concentration 6 La concentration duplique du sens dans la durée, avec pour effet immédiat de fixer du sens dans le flux qui traverse notre conscience, le rendant ainsi plus facile à examiner et à juger pour la fonction volontaire. Une de ses conséquences est de renforcer l'énergie mentale p8 de ce sens. Conduite par la volontaire elle rassemble ou rejette arbitrairement du sens. Nous devons la distinguer de ce qu'on appelle communément l'attention, qui n'est pas une fonction mentale mais un comportement extérieur qui requiert à la fois concentration 6, volontaire 7 et motrice 4, et fait trop penser à une activité passive. Par son extrême mobilité, elle entraîne la vie

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mentale, devient un auxiliaire privilégié de la volontaire pour accomplir ses programmes de recherche, pour voyager dans la mémoire et les tableaux de sens. Par la rétention et le rassemblement du sens dans le flux qui traverse notre conscience, la concentration rend possible une exploitation attentive de ce sens dans la durée. Elle offre à la volontaire le moyen de maîtriser, diriger et juger le flux ordinaire du sens, pas tout le flux, seulement un petit morceau de flux, mais dans ce morceau se crée un mouvement de sens maîtrisé comme dans une durée parallèle, élastique, dissociée de la temporalité. Son pouvoir opératif 6/ crée du mouvement de sens intelligible. Il y a un plus, car de nouvelles relations apparaissent : ce sens se révèle pleinement, ce qui était caché, diffus, confus l'est moins, suffisamment moins pour que les autres fonctions, l'analytique et la volontaire s'en emparent. Des indices apparaissent même dans le très flou, dans lesquels le mouvement de 6 peut plonger et révéler derrière eux une masse de sens beaucoup plus claire, l'inaccessible devient peu à peu accessible. Cette caractéristique dynamique de la modalité 6 MOUV/ de plongée dans les indices de sens offre au couple formé par l'analytique et la volontaire une technique d'élucidation du flou des activités mentales inconscientes. En fait, ce n'est pas la concentration qui crée ce sens naissant, mais la conjonction des pouvoirs opératifs des trois fonctions 6, 7 et 2, et c'est finalement l'analytique qui va exploiter, structurer ce sens. Mais sans la concentration, ce ne serait probablement pas possible.

La volontaire 7 La fonction volontaire est une fonction complexe. Elle comprend deux sous-fonctions spécialisées : la direction volontaire 7d qui dirige mais ne juge pas ce qu'elle fait, et le jugement arbitraire 7j qui juge mais ne dirige pas. Toutes deux se caractérisent par leur principe fondamental commun de liberté-choix-doute. Elles sont complémentaires.

La direction volontaire ou simplement la volontaire dirige notre vie mentale, en particulier dans l'état de veille où elle est le plus

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souvent dominante, sollicitant les autres fonctions par son toucher mental. Son pouvoir opératif est un vouloir choisir au champ large. Elle crée, gère, affecte des priorités dans son tableau d'objectifs, mais dispose de peu de moyens pour les accomplir. Elle fait principalement appel à la fonction analytique mais aussi à la motrice, la concentration, la remémoration et la foi. Elle possède pour valeurs fondamentales la survie, la liberté et l'efficacité, et dispose d'une éthique modulable. Elle fait souvent des erreurs et parfois des fautes quand elle réduit son champ de liberté en installant des mécanismes de défense du moi qui peuvent mener à la dépression, à la maladie mentale et au suicide. Enfin, elle est la source du sentiment du soi. La direction volontaire range et gère ses objectifs dans un tableau de bord. Elle n'a pas de besoins mais des responsabilités (en premier lieu, la survie) et des aspirations. Dans celui-ci nous pouvons distinguer trois groupes : les nécessaires, les triviaux et les nobles. Ce nombre de groupes est assez secondaire, ce qui importe c'est d'être conscient de nos objectifs et de les gérer sainement. Les objectifs nécessaires sont ceux qui nous permettent de vivre : se nourrir, se vêtir, s'abriter, se reposer, se détendre et rester en bonne santé. Les objectifs triviaux sont liés à ce que nous appelons la réussite sociale : fonder une famille, se faire aimer des autres, réussir professionnellement, amasser de l'argent, des médailles et des pouvoirs. Les objectifs nobles visent à nous permettre de progresser, voire nous dépasser dans l'absolu de notre être singulier sans référence aux autres : se cultiver, rechercher et se connaître, affiner notre propre excellence, entreprendre et partir à la conquête de tout ce que notre foi en nous-mêmes peut nous inspirer. Ici, il n'y a pas de limite. Ce tableau de bord, facilement consciemment accessible, est propre à chacun. C'est un aide-mémoire qui permet à la volontaire d'initier ses opérations. Elle en est totalement souveraine, mais aussi libre de commettre des erreurs qui lui nuisent, d'y installer des contradictions, des paradoxes et des structures qui réduisent sa

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liberté. C'est pourquoi il est sain de le connaître et le soigner de ce qui a pu être dégradé suite à des échecs, des traumatismes et des épreuves, car la volontaire y trouve ses raisons de vivre et aussi parfois de mourir. Pour prendre ses décisions, la direction volontaire se soucie également de trois ensembles de valeurs difficilement contournables, fondamentales, techniques et morales. Les valeurs fondamentales : la survie, la liberté et l'efficacité sont les plus importantes pour la volontaire, même s'il lui arrive parfois de les renier. Les valeurs techniques telles que la nécessité, la facilité et la prise en compte du temps à investir, sont propres à la guider pour engager et mener à bien ses opérations. Son éthique intime qui joue un grand rôle pour l'estime de soi est la plus malléable de ses valeurs. La plupart des personnes présentent une éthique monobloc, d'autres une éthique cloisonnée, variable selon les circonstances. Par exemple une première éthique valable dans les rapports familiaux et sociaux immédiats, et une seconde dans le cadre du travail ou des activités politiques. Ce qui fait que le meilleur des hommes peut participer à ce qu'Hannah Arendt appelle la banalité du mal tout en conservant une estime de soi intacte. Ceci est important, car se juger indigne de son éthique peut conduire à la dépression et au suicide. Si, dans les circonstances ordinaires, la volontaire respecte en général ses valeurs, elle peut aussi passer outre, compte tenu de la puissance de sa liberté, se suicider, s'engager dans des entreprises insensées, nuire à sa liberté et déroger à son éthique. La motrice nous permet d'agir notre corps. Notre fonction volontaire entretient avec elle une relation très particulière faite de souples mouvements de bascule. Tant que la décision d'agir n'est pas prise, la volontaire reste dominante et c'est toujours le cas tant qu'elle n'a pas lancé l'action. Elle lance l'action en cédant sa dominance à la motrice, mais la motrice a besoin d'elle et des autres fonctions pour accomplir ses programmes comportementaux. La volontaire est la seule à pouvoir déclencher cette bascule par son

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pouvoir de direction sur elle-même. Cette opération est tellement rapide et ordinaire que nous n'en avons qu'à peine conscience. La volontaire ne l'opère que pour réaliser ses objectifs et, en servant la motrice, elle ne fait que rester cohérente avec elle-même. La motrice passe à l'acte en opérant ses nombreuses structures comportementales qu'elle-même se contente de servir. Ces programmes automatiques peuvent exiger le recours de nombreuses autres fonctions. Si bien que la vie mentale s'installe dans une synergie toute entière destinée à l'action dans le monde extérieur. A tout instant la volontaire peut décider de reprendre la main, changer d'objectif et donc d'action, ou se diriger vers des synergies introspectives dans lesquelles la présence de la motrice et du monde extérieur s'efface progressivement pour disparaître complètement. Des anomalies de fonctionnement de la motrice peuvent provoquer des troubles tels que la paralysie du sommeil et des expériences de sortie du corps en phase de veille. Le sentiment du soi tire son origine dans la nature même de la fonction volontaire, comme si dans l'exercice de ce pouvoir de choisir, et même de ne pas choisir, se manifestait quelque chose qui exerçait ce pouvoir et qui affirmait en outre qu'il est lui. Mais ce sentiment n'est qu'un produit, du sens inerte, qui ne fait rien, ce sont les pouvoirs opératifs de nos fonctions mentales qui font, ce ne sont pas des choses mais des verbes sans sujet. Donc ce sentiment du soi est illusoire et peut plonger notre être singulier dans la confusion. Du fait de la synergie, ce sentiment se répand à toutes les fonctions mentales et s'enrichit du pouvoir de chacune d'elles, il se conceptualise, s'objective, se projette et même, dans la maladie mentale, crée des fantômes, les fonctions deviennent ses fonctions, leurs produits ses produits, ce corps mon corps. Mais dans la pratique de certaines formes de méditation, ce sentiment peut disparaître et laisser la place à la montée d'une énergie. Ce qui permettrait de conclure que la puissance du soi, ou de l'égo, réside dans sa vacuité, et sa santé dans sa transparence.

Notre jugement arbitraire est une source principale de subjectif. Mais c'est une de nos capacités réelles indispensable pour vivre. Son

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existence, ses facultés et ses grilles sont authentiques donc objectives et présentes dans ses qualia. Par contre ses produits sont arbitraires, approximatifs et souvent partiaux. Il opère cinq principaux types de jugement : le jugement de vérité, le jugement d'efficacité, le jugement éthique, le jugement du beau et le jugement de sa propre efficience qui varie de l'indécision à la sureté. Il est toujours accompagné d'un doute, aussi minime soit-il, constitutif de sa qualité, donc authentique. Le jugement d'efficacité est le plus important car il peut et doit induire une remise en question de tous nos comportements, physiques et mentaux, nos savoir faire et nos convictions, et... de lui-même ! Le jugement de vérité (en dehors des tautologies qui ne nous apprennent pas grand chose) est relatif et aléatoire. Et qu'importe, ce qui compte c'est que nos connaissances et nos concepts nous servent et soient efficaces, sachons nous affranchir de l'obsession sécuritaire du vrai car c'est un objectif formellement impossible à atteindre, dangereuse car nos convictions peuvent nous entraîner à la faute sans véritable garde-fou. Le jugement éthique du bien et du mal est social, doublement subjectif car notre éthique elle-même est subjective et volontaire, sachons mettre notre éthique en harmonie avec des principes humanistes, nos interactions avec les autres seront plus gratifiantes et la société s'en portera mieux. Enfin le jugement du beau peut paraître futile, mais c'est sans doute le plus authentique et quelque part, il nous met en relation avec l'universel. Dans ce qui précède, nous voyons que nous pouvons affiner cette fonction opérative et, sans prétendre la rendre objective, en réduire ses effets secondaires indésirables et nuisibles. Le jugement arbitraire est une sous-fonction gouvernée par le même principe de liberté-choix-doute que la direction volontaire. Ces deux sous-fonctions sont indépendantes mais très interactives, car si l'une juge mais ne dirige pas, l'autre dirige mais ne juge pas. Il reçoit de partout et juge de tout, fonctions, actions, produits, personnes et choses. Initialement, c'est un jugement de survie qui s'est développé en jugement d'efficacité. Ses qualifications sont des appréciations plus ou moins floues qui vont du nul à l'excellent.

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Dans la majorité des cas, une qualification négative n'a pas de sens. Ainsi la sécurité, l'efficacité, la clarté d'un sens, même très faible, ne peuvent être négatives. Elle se juge aussi elle-même, de l'indécision à une grande sureté, mais cette fonction n'est pas la foi et ne peut exclure le doute, aussi faible soit-il. Comme la survie implique des nécessités : alimentation, santé, abri, etc., ses jugements concernent leur satisfaction, les choses et les êtres qui y concourent, et la direction volontaire qui en est responsable. Mais comme cette dernière ne possède pas les moyens de satisfaire ses objectifs et fait appel pour cela aux autres fonctions, l'arbitraire est amené à juger les activités de toutes les fonctions, en particulier la motrice et l'analytique qui propose beaucoup mais ne juge pas ce qu'il propose. De ce fait, très peu de choses échappent à ses jugements, qui sont souvent des réaffirmations de jugements antérieurs. Ces jugements interviennent dans des synergies, ils constituent des informations arbitraires qui déclenchent des réactions et améliorent l'efficacité de ces fonctions. Ils portent aussi bien sur le contenu que sur la forme des architectures de sens qu'ils enrichissent de tout ce qui participe à l'efficacité de l'objet, tel que la clarté, la précision, la durée, la puissance, la quantité, le devenir, la justesse des moyens, la facilité et la nécessité des tâches, la pertinence de l'action, etc. Ce n'est pas l'arbitraire lui-même qui a décidé des qualités qu'il juge, c'est la direction volontaire, dans le souci d'améliorer son rendement et l'efficacité des informations nécessaires à ses activités. Le jugement de vérité est secondaire, complexe, mais très tentant pour le vivant, dangereux car il ne peut s'appliquer raisonnablement qu'à un petit nombre de choses et entraîner la volontaire à se donner des objectifs impossibles à réaliser, conduire les synergies mentales à la faute sans disposer de véritable garde-fou, quoique l'échec viendra tôt ou tard sanctionner celle-ci. La pathologique 3 les utilise aussi. Elle présente un cas particulier parce qu'elle associe en conscience 5 des émotions à ces jugements, qui arriveront dans la cellule de décision de la volontaire qui devra

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faire avec, avec des conséquences sur ses décisions et ses objectifs. C'est l'origine du conflit entre la volontaire et la pathologique.

L’analytique 2 La fonction analytique est très complexe, son pouvoir opératif est la distinction logique. D'un ensemble chaotique et désordonné, 2/ distingue des sens et des formes. Il confond tout ce qu'il ne distingue pas. L'analytique possède des formes logiques élémentaires, des grilles fondamentales, des opérateurs logiques, trois modalités opératives. Avec la première, il structure du sens, produit des p2, avec la deuxième il gère ce sens en mémoire, avec la troisième il propose des constructions de sens aux autres fonctions mentales. Mais son activité ne s'arrête pas là, il produit de l'imaginaire et quand il est dominant il crée des rêves, visuels et conceptuels, qui sont des messages et qui peuvent devenir lucides en dominance partagée avec la direction volontaire. C'est une fonction résolutoire de problèmes qu'il ne faut cependant pas confondre avec la logique. L'analytique est une fonction automatique, il ne décide pas, il ne juge pas. Une grande partie de son activité se déroule hors de toute conscience. C'est donc par la déduction à partir de ce qu'il livre de lui-même en conscience, qu'il analyse ses propres activités et se révèle à lui-même. Le premier pouvoir opératif de notre fonction analytique 2, sur lequel s'appuient toutes ses modalités et qui caractérise sa saveur évidente, est son pouvoir de distinction des qualités de sens. Or, comme pour toutes les autres fonctions mentales, ce pouvoir s'aiguise par la pratique et l'entraînement. Son raffinement est probablement sans limite, ce qui signifie que ce que nous ne pouvons pas distinguer aujourd'hui pourra l'être demain, à condition de répéter les mêmes exercices et de faire de multiples tentatives sans se décourager, avant que cela s'éclaire et nous permettre de progresser d'un grand pas. C'est ce que j'ai vécu et je ne témoigne ici que de mon expérience. Ensuite, tout devient de plus en plus facile car ce développement mental possède des effets multiplicatifs. Si depuis notre enfance nous avons vécu dans l'attraction des lumières du monde extérieur et le plaisir de la conceptualisation,

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nous avons certes développé des acuités et des facilités particulières, mais aucune vraie sensibilité au monde intérieur de notre être mental, que nous utilisons pourtant pour vivre, mais presque inconsciemment. Donc, notre pouvoir de distinction analytique des percepts mentaux de ce monde est presque aveugle et nous avons tout à construire. Ce premier pas est d'autant plus difficile qu'il y a un fossé à franchir, qu'il nous faut changer de cadre conceptuel et que ce n'est ni naturel, ni évident. Aussi il faut repartir sans cesse de la grille ennéanaire qui n'est guère plus qu'un moyen mnémotechnique d'accession à ce deuxième cadre conceptuel en mémoire, passer d'un icone (chiffre) d'une fonction à l'autre et explorer les chaque jour un peu plus en profondeur, insister sur celles qui nous échappent, c'est la meilleure façon de développer notre pouvoir de distinction analytique. Un jour nous n'aurons plus besoin de cette grille car les saveurs diffuses de ces fonctions accompagneront en permanence notre conscience. Analyser notre analytique 2, oui c'est possible, il peut s'analyser lui-même si la volontaire lui demande, car il peut dupliquer ses tableaux généraux de moyens, et il ne s'agit ici d’abord que d'analyser ses produits et pas le détail très complexe de son fonctionnement, qui viendra dans une seconde étape. L'analytique propose des solutions, et parmi elles des représentations qu'il offre principalement à la volontaire qui les juge, et au joker qui les accepte telles qu'elles sont. C'est une fonction automatique qui fait de son mieux en fonction des demandes et de l'immense masse de données qu'elle possède. Il propose aussi des savoir-faire qu'il exprime en percepts mentaux. Apprenons à distinguer ses solutions de savoir faire de ses propositions de représentation. Dans les premières le sens n'est pas distinct de l'action qu'il propose, même si celle-ci est plus ou moins efficace, son quale est objectif et il ne reste plus qu'à faire. En ce qui concerne les secondes, c'est toujours le cas, car une représentation sera toujours distincte de la chose qu'elle représente, plus ou moins fausse, imprécise et lacunaire, donc subjective, même si elle est relativement efficace comme la grille ennéanaire.

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Dans le détail, grâce à ses grilles l'analytique construit des catégories qui deviennent des ensembles de sens en y rassemblant et en conservant comme distincts tous les éléments qu'il distingue et en y confondant ceux qu'il ne distingue pas, et à l'inverse il crée du sens en recomposant les éléments qu'il puise dans ces catégories. La puissance de son talent réside dans la richesse de cette distinction, dans l'analyse qu'il en fait, afin qu'elle ne soit pas simplement une différence mais une architecture élémentaire complexe et subtile de qualités et d'opérateurs logiques. Cette distinction fulgurante n'est pas figée mais évolutive, elle est en mesure de progresser au même pas que ses grilles et ainsi, de faire émerger du sens des recoins les plus obscurs du flou et de l'expérience. Notre mémoire joue un rôle essentiel dans nos perceptions sensorielles. Nous imaginons beaucoup les choses que nous sommes persuadés de simplement voir et entendre, mais la mémoire est passive elle ne peut produire par elle-même ces phénomènes. C'est l'analytique qui intervient pour relier, assembler, décomposer, recomposer, combiner, structurer tous les produits qui émergent dans notre conscience et pas seulement nos impressions sensorielles. Il ne répond pas seulement aux sollicitations, il réagit automatiquement à tous les éléments qui font notre vie mentale, il structure le sens, tout le sens, en associant tout nouvel élément à ses propres structures. Il est l'architecte de notre champ sémantique. Il enrichit le sens en y associant la richesse de ses propres structures, c'est la raison pour laquelle nous imaginons des choses que nous ne voyons pas mais qui devraient être. Ce n'est pas un imaginaire libre mais le résultat de programmes automatiques précis. Nous ne pouvons pas considérer les fonctions sensorielles comme des fonctions mentales, elles sont biochimiques, appartiennent à l'autre monde, celui de la physique, de la terre et des étoiles, et les images qu'elles envoient à notre conscience sont les seules qui nous informent sur ce monde, et ce monde est aussi celui de notre corps, le lieu où se joue notre survie, la préoccupation essentielle de la vie mentale. Heureusement nous disposons de sa représentation virtuelle, au sein de notre mémoire. Cette représentation nous

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l'avons héritée des animaux qui nous ont précédés, ce sont eux qui en ont créé les bases, eux qui ont créé ces couleurs magnifiques qui n'existent pas dans la nature et beaucoup d'autres choses. La fonction analytique a développé, étendu cette représentation en créant des catégories, des échelles de qualités, des concepts et des architectures de concepts. Cette représentation de notre environnement physique comme celle de notre corps sont fausses, mais elles sont cohérentes entre elles, et c'est parce qu'elles sont cohérentes qu'elles sont efficaces, et qu'elles ont permis à l'humain d'atteindre ce niveau de maîtrise de son environnement. L'analytique transforme le sens brut en sens structuré, consolide la mémoire par les liens qu'il crée, noue avec notre mémoire, hors de notre conscience, une relation permanente, assiste la remémoration et répond aux sollicitations croisées de toutes les autres fonctions mentales. L'analytique crée du vrai, il crée du vrai parce que tout ce qu'il crée est conforme avec ses propres structures et ses propres grilles, il crée aussi du paradoxal quand ses chaînes de vrai se contredisent. Il crée mais ne juge pas ce qu'il crée et ce qu'il propose, c'est le jugement arbitraire qui juge la valeur de ce qu'il crée, et la direction volontaire qui choisit parmi ses propositions. Dans les synergies de veille l'analytique est en servitude, son activité est entravée, soumise à multiples contraintes imposées par les nécessités de la vie éveillée dont il ne doit pas perturber les comportements. Le raisonnement attentif est un processus conscient très lourd dans lequel à chaque étape ses propositions doivent être dirigées par la fonction volontaire, contrôlées en mémoire, validées par l'arbitraire, avant de passer à l'étape suivante. Quand il s'agit seulement de suivre un plan préétabli, répétitif, parfaitement validé à l'avance, selon un plan logique confirmé, c'est beaucoup plus rapide, mais cela rapporte moins. Nous pouvons penser que chez certains autistes qui présentent des fonctions mentales altérées, qui n'exercent pas les mêmes contraintes, l'analytique dévoile des capacités cachées extraordinaires qui ne se révèlent d'ordinaire pleinement qu'en état de rêve. Quand nous rêvons notre fonction analytique est dominante. Dans

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cette synergie les autres fonctions sont en servitude, effacées, elle ne subit aucune des précédentes entraves, et nous montre l'étendue de ses pouvoirs, la puissance de son imaginaire. Cette puissance créatrice peut être utilisée en rêve lucide dirigé, une synergie de dominance partagée entre les fonctions analytique et volontaire.

Les trois modalités de l’analytique : STRU, GEST, PROP Ce sont les trois canaux par lesquels il opère. Par 2STRU/ il structure le sens de toutes les émergences et de tous les produits de toutes les fonctions mentales et des fonctions sensorielles en pré-conscience avant de livrer son sens structuré en conscience. Il dispose pour cela de toutes ses catégories de sens et de son espace virtuel de travail. Puis il range tous ces p2 dans leurs catégories respectives. Par cette modalité il ne fait principalement qu'identifier et classer du sens en mémoire. Par 2GEST/ il gère ses produits p2 en mémoire dont il est le souverain, avec l'aide de tous ses moyens. Cette gestion est déclenchée quand apparaît en pré-conscience quelque chose de nouveau qui se range mal dans ses cases, qui nécessite la création de nouvelles cases, une restructuration de celles-ci ou de ses tableaux, avec pour conséquence la création de nouvelles catégories et du sens complexe. Par 2PROP/ il construit des solutions p2 qu'il propose en conscience principalement à la demande de la volontaire et de la foi, mais aussi parfois suite à des coïncidences associatives. Il utilise pour cela son tableau de travail, crée des assemblages de concepts, des concepts complexes, des chaînes de concepts qui peuvent être pilotées dans la durée par la volontaire. Ses structures comportementales peuvent aussi réagir sur des signaux indépendamment de toute demande quand la situation mentale l'exige. En période de sommeil il propose aussi des rêves qu'il crée dans son espace de travail, il est alors dominant et les autres fonctions sont en servitude ou effacées.

Le joker 9

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Cette fonction nous pourrions aussi bien l’appeler la confiance, l’inspirante, l’orgueil, la restructurante ou l’ontologique. On pourrait argumenter que là je mélange des notions et des concepts qui n’ont rien à voir les uns avec les autres. Mais je ne suis pas un conceptuel, j’essaie de parler d’une fonction mentale qui m’accompagne depuis ma plus tendre enfance, à laquelle je ne donne pas de nom, que je saisis par des percepts aux nuances multiples comme je saisis ma conscience, mais qui est distincte de ma conscience comme elle est distincte de mon vouloir et de mon jugement arbitraire (que certains appellent : le croire). Le joker 9 n’est rien de tout cela. Il n’est pas facile de parler des percepts d’une fonction mentale et au-delà, de ses propriétés, et celle-ci moins que tout autre. Quand je regarde le monde je constate qu’au sujet du domaine de cette fonction règne la plus complète des confusions. Certains s’en servent sans le savoir, ça ce n’est pas grave. D’autres la piétinent, la confondent avec autre chose, la fuient ou la détournent de sa mission envers notre être jusqu’à l’amener à se nier elle-même. Je ne sais pas tout le mal ni tout le bien qu’ils se font avec cette fonction, car je ne suis pas dans leur tête pour le savoir. Je reconnais qu’il y a une certaine provocation de ma part de l’appeler la foi, car je suis un mécréant et certains diront « un homme de peu de foi ». Eh oui, de votre foi et quelle qu’elle soit je n’en ai aucune, mais de la mienne qui se trouve être toute autre chose, j’en ai à revendre. Le joker obéit à une logique particulière qui est celle de la confiance. Ses attributions de confiance et d'aspiration au dépassement sont efficaces car elles donnent à notre être l'énergie dont nous avons besoin pour franchir les épreuves de la vie. Quelles que soient ses causes cette activité se manifeste par des qualia ressentis comme authentiques. Deuxièmement, le joker valide toutes les structures comportementales que, plus ou moins consciemment, nous installons en nous avec la complicité de la volontaire 7, y compris notre éthique. Saines ou malsaines, il répond en les renforçant de sa conviction péremptoire sans faire la moindre différence, sans juger de leur pertinence, de leur efficience, ni de leur véracité.

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Enfin, il a besoin d'une structure transcendantale qui renforce sa puissance et assure la sécurité ontologique de notre être. Il ne la crée pas lui-même, il prend et valide ce que l'imaginaire de la fonction analytique 2 lui propose, indépendamment de toute rationalité. Ce transcendant pourra évoluer en fonction de négociations complexes entre volontaire et analytique et faire l'objet de restructurations successives. Cependant, il pèse lourd compte tenu de son rôle, et sera donc doté d'une certaine inertie. Il en résulte que nos convictions métaphysiques comme les comportementales, sont totalement subjectives au sens d'arbitraire, et en recherche d'une amélioration de leur efficacité et de leur cohérence. S'il y a une fonction mentale qui nous distingue des machines que sont les robots, c'est bien le joker 9. Dans certaines configurations mentales, le jugement arbitraire est incapable de juger, la direction volontaire incapable de décider. Pourtant, si ces situations sont stressantes, il y aurait bien lieu de trouver une solution, de faire quelque chose. A ce moment-là, ces deux fonctions incompétentes déclarent forfait, et font appel au joker. Dans des cas extrêmes tels que des traumatismes cérébraux, des opérations chirurgicales très invasives sous anesthésie, ou des accidents physiques graves présentant un risque mortel et impliquant la désactivation de la fonction motrice provoquant des expériences de mort imminente, cette fonction transcendantale devient dominante en partage avec la fonction analytique. Le principe qui gouverne le joker n'est pas la recherche de la vérité, mais la finalité de la confiance, une confiance sans limite, sans condition, sans restriction, sans partage. Le joker accompagne cette confiance d'une aspiration au dépassement de soi, d'une exigence d'aller plus loin, de créer, de s'enrichir, de découvrir d'autres choses, il valide les objectifs les plus nobles de la volontaire. Quoi que nous lui demandions, il répondra : « Oui tu peux le faire et je te donnerai toute la puissance dont je dispose pour le faire ». Ce n'est pas un jugement, son acte de confiance est un acte de foi qui n'admet aucun doute, par nécessité car le doute dissiperait la confiance qu'il a pour

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mission de donner au vivant pour lui créer une sécurité ontologique, faire reculer l'angoisse et la souffrance, et consolider ses structures comportementales. C'est une fonction merveilleuse, mais qui a besoin d'être maîtrisée plus encore que toutes les autres. Il faut l'utiliser à bon escient sinon nous pouvons déraper.

Le transcendant. Pour nous assurer une certaine sérénité face à l'abîme d'ignorance qui nous entoure, le joker crée du transcendant à partir de l'imaginaire que lui propose l'analytique. Par sa construction et son rôle, ce transcendant est personnel, c'est ainsi qu'il est le mieux adapté aux besoins de chaque personne. Mais il peut être partagé et devenir collectif, ou à peu près collectif. Sans ces collectifs, l'histoire n'aurait pas été la même. Ils ont construit des civilisations mais ils ont aussi connu des dérives, de ces dérives sont nés des désordres et de ces désordres les pires des barbaries. Car le joker présente un paradoxe : comme fonction mentale, il sert le vivant donc sa mission de survie, mais son transcendant lui est si important que pour lui il peut mourir. Un transcendant n'est pas nécessairement religieux, ni collectif. Il peut être mystique, philosophique, scientifique, politique, économique, etc. Les libres penseurs ont toujours défendu avec acharnement leurs transcendants personnels à leurs risques et périls même dans les périodes les plus sombres. Si le principe qui gouverne le joker est toujours semblable à lui-même, le transcendant qu'il soutient n'est pas nécessairement immuable. Si les besoins de la vie mentale ou sociale changent, il doit s'adapter. Le joker lui-même, par son aspiration au dépassement de soi, appelle ce changement.

Documentation :Pour plus d’information et des descriptifs détaillés de nos fonctions mentales, se référer aux livres :

A la découverte de nos Fonctions Mentales Sémantique et Fonctions Mentales

Nos structures mentalesSTRUCTURES SUPERFICIELLES

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Au stade conceptuel de l’espèce humaine ces structures sont très nombreuses. Elles se construisent par agglutination des apprentissages des êtres singuliers. Elles sont en grande partie conscientes, transformables, et elles recouvrent tous les domaines des activités et des comportements humains : linguistiques, psychiques, sociaux, économiques et politiques. Elles divisent les hommes par leurs différences et leur nature conflictuelle.STRUCTURES D’EXPLOITATIONCes structures sont nécessaires à l’exploitation des modèles fondamentaux des fonctions mentales. Elles se construisent par agglutination des pratiques des êtres vivants. A l’origine, chez la bactérie, elles sont très primitives et elles évoluent avec l’évolution des espèces. Il n’y a pas de limite formelle à cette évolution. Au stade conceptuel de l’espèce humaine leur exercice et leurs transformations restent inconscients, au-delà elles deviennent conscientes.STRUCTURES FONDAMENTALESCes structures sont les structures universelles des fonctions mentales de tous les êtres vivants. Leur nature est formelle et elles sont immuables. Leur modèle est une section des lois et principes du permanent, source et contrainte de tout ce qui existe. Pour exercer leurs fonctions mentales les êtres vivants ont besoin de structures d’exploitation.

Nos structures universelles et superficielles Je suis convaincu que les structures fondamentales de notre être, c'est à dire celles de nos fonctions mentales, sont universelles, partagées par tous les êtres vivants, tout simplement parce qu'elles sont conformes à un modèle immuable d'existence du vivant, tout comme le modèle de l'atome et des particules est le modèle d'existence de la matière, dans le cadre métaphysique des principes qui régissent tout ce qui existe. Pour exploiter ce fondement du vivant nous disposons de structures d'exploitation, car celles-ci sont infiniment variables, modulables, transformables, et réformables. Elles constituent un ensemble de degrés hiérarchiques comme dans une pyramide inversée. De ce fait, il est inapproprié et faux de considérer l'homme et son esprit comme un objet immuable à étudier, ainsi que le font de nombreux philosophes. Ces structures sont évolutives, et même régressives (ce que nous apprend la maladie mentale). Ces transformations résultent d'interactions en partie inconscientes de

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nos fonctions mentales. La volontaire 7, l'analytique 2 et le joker 9, y jouent le plus grand rôle, et elles peuvent être parfaitement volontaires. Ces transformations visent une amélioration de l'efficacité de nos fonctions mentales. Le potentiel de ces dernières, dans le cadre des lois universelles qui les régissent, fait que dans ce domaine il y a une infinité de possibles, c'est ce que montre l'altérité des hommes. Au delà d'un plan relativement horizontal des multiples variations de nos structures les plus superficielles, les transformations de nos structures les plus profondes, celles qui sont en prise directe avec les fondamentales, dessinent un axe d'évolution mentale bien au delà de ce que je suis moi-même capable d'imaginer. Ce qui signifie que ce qui peut nous paraître le plus stable et définitif comme le soi, la relation à notre corps, nos diverses facultés naturelles et la frontière entre ce qui peut être conscient et ce qui demeure inconscient et inaccessible, peuvent changer.

Beaucoup d'hommes vivent dans la succession des implications de leurs apprentissages, de leurs structures comportementales superficielles et des croyances de leurs structures cognitives sans avoir une grande conscience de leurs origines, et en ne faisant preuve que rarement de leur libre arbitre. Il leur arrive d'en souffrir, mais quand ils se posent pour faire de la méditation ou suivre un stage de développement personnel, ils n'en retirent guère de profit car il leur manque les techniques de bases pour agir sur leurs structures d'exploitation. Ce n'est pas cela maîtriser son être, ça c'est laisser faire les choses au fil de l'eau. Maîtriser ses fonctions mentales c'est d'abord connaître leurs structures fondamentales puis disposer des moyens de transformer leurs structures d'exploitation. C'est avoir à chaque instant la pleine conscience des processus mentaux en cours, les avoir enclenchés volontairement et non subis en permanence. Cela demande que notre fonction volontaire assure pleinement son rôle de coordination et d'organe de commande de notre vie mentale en utilisant son libre arbitre. Et ceci n'est pas un don de naissance mais lui exige d'en acquérir les capacités par un profond travail sur elle-même. C'est ce

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travail que proposent les cours de l'Académie Sémantique et Fonctions Mentales.

Le surhomme le plus probable La maîtrise consciente de nos neuf fonctions mentales étant possible grâce à des techniques mentalistes d’introspection appropriées, le surhomme le plus probable est un être supramental, dans le sens qu’il disposera de capacités mentales élargies par rapport à l’homo conceptuel ordinaire. Mon expérience personnelle, et je ne suis pas seul, montre que cette maîtrise s’accompagne du recul de la frontière entre les activités conscientes et inconscientes de ces fonctions. Il dispose de métaprogrammes comportementaux. Aussi quand il commet une erreur dans ses actions, il le sait immédiatement sans aucun stress, cette information devient majeure et implique une correction immédiate automatique dans ses structures comportementales, il observe ce changement sans avoir besoin d’intervenir car c’est un métaprogramme validé qui ne peut être amélioré que par une modification d’ordre hiérarchique supérieur dans ses structures mentales. Il a accédé à la plénitude de la pensée perceptuelle non verbale fluide qui lui donne accès à l’intégralité de son champ sémantique et aux structures mentales les plus profondes. Sa multipolarité relativise son sentiment du soi, donc il a échappé à tout risque d’égotisme et à la toxicité des mécanismes de défense du moi que décrit la psychanalyse. Ses rêves, et en particulier ses rêves lucides, ont évolués de constructions imagées sensorielles, principalement visuelles et auditives, vers des constructions perceptuelles mentales. Il a développé une modalité de pensée holistique, augmenté son empathie cognitive, et finalement atteint l’état ataraxique vrai qui le libère des troubles et des émotions qui constituaient une entrave au plein exercice de ses capacités mentales. Cette évolution de l’homme conceptuel vers l’homme perceptuel mental est naturelle car elle ne procède que du développement

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d’une perception mentale intime, comparable à notre perception sensorielle biologique, que l’homo sapiens possède déjà, qu’il utilise ou qui apparaît pour certaines choses, non pas dans la proprioception, une sensation interne de notre corps qui passe encore par un récepteur sensoriel physique, mais dans la sensibilité émotionnelle, ou a lieu au cours de la méditation profonde, de la transe hypnotique, et du rêve lucide. Ces percepts sont des saveurs de nos fonctions mentales, de leurs émergences, de leurs produits et de leurs interactions, que la langue française, ni aucune autre, ne permet d’exprimer car les termes lui manquent, qui ne sont qu’inconscientes chez un homme ordinaire. Et encore, il est sans doute inapproprié d’employer ce terme ici, car si les phénomènes que cette perception révèle sont bien inconscients mais réels, leur perception elle-même ne l’est pas puisqu’elle est tout bonnement absente. Cette faculté perceptive mentale est potentielle chez l’homme, toutes les structures qui permettent de la développer sont présentes en lui, sinon nous ne pourrions le faire, et il peut la découvrir grâce à des techniques mentalistes, c’est par contre impossible tant qu’il reste enfermé dans l’imaginaire spéculatif de sa pensée conceptuelle. L’exercice de cette faculté perceptive mentale est indispensable et mène naturellement aux capacités nouvelles que nous avons citées, qui toutes en dépendent. Il n’y a rien ici qui soit véritablement extraordinaire ou magique, mais une suite d’implications successives logiques et de conséquences dans le cadre des lois et des principes qui gouvernent l’évolution générale des espèces vivantes, qui après avoir mené avec l’homme l’évolution biologique à son terme, se poursuit par son évolution mentale.

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8. L’HOMO PERCEPTUEL MENTAL

L’homo perceptuel mental est l’état mental naturel et obligé qui succède à celui de l’homo conceptuel. Il est holistique et ataraxique, et compte tenu de ses capacités mentales ignorées des hommes, nous pouvons le qualifier de surhomme.

8. L’homo perceptuel mental

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L’état intermédiaire : L’ermite J’ai choisi ce nom d’ermite pour désigner cet état intermédiaire, qui a déjà quitté l’homme sans être encore devenu ataraxique, en me souvenant de l’image du neuvième arcane majeur du Tarot de Marseille. Ces lames ont fait l’objet de diverses interprétations et de multiples représentations, dont la plus belle est sans doute celle de Salvador Dali. Ces lames représentent des états d’être sur un chemin initiatique. Du fait de leur nombre, elles sont souvent associées à l’alphabet hébraïque dont le Sepher Yetsira donne les codes. Je les ai longuement étudiées en relation avec la cabale sémantique, en associant les sept arcanes correspondant aux sept lettres doubles de cet alphabet à nos fonctions mentales. Malheureusement, il en manque deux, le Tarot devrait comprendre pour ce faire vingt-quatre arcanes majeurs et non vingt-deux. En fait, il ne comprend aucune de nos fonctions mentales, comme je l’ai longtemps cru. Ces lames ne vont pas au fond ne nos structures les plus profondes, elles ne représentent que sept de leurs synergies particulières. Je m’y suis égaré longtemps, séduit par le mystère de cette tradition hermétique européenne, avant de comprendre qu’il ne fonctionnait pas et que je faisais fausse route. Tout système ésotérique possède une porte de sortie, cette porte c’est la renonciation et l’oubli, j’ai donc du renoncer au tarot puis à la cabale avant de pouvoir aller plus loin. Cette carte représente un vieil homme à moitié aveugle, les yeux ouverts, s’éclairant d’une lanterne, et tâtonnant dans l’obscurité d’un espace incertain avec l’aide d’une canne. Cette figure de sage vénérable solitaire qui chemine lentement mais sûrement dans le brouillard fait rêver beaucoup de jeunes mystiques qui l’identifient à leur propre démarche en quête de lumière. Nous pouvons y voir la figure du renonçant ou sannyasin, qui dans la culture religieuse indienne désigne le dernier stade de la vie d’un brahmane, se désintéressant du monde et abandonnant sa famille pour vivre seul, dans un état de méditation constante dans l’espoir de sa délivrance du cycle des réincarnations. Plus simplement c’est un homme en rupture sociale qui se consacre uniquement à sa vie spirituelle dans

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le but de s’accomplir. Personnellement, je me suis toujours vécu depuis mes plus lointains souvenirs d’enfance comme un renonçant, quoique j’ai appris l’existence de ce terme et ce qu’il signifiait que beaucoup plus tard. Cet état d’être et cette vie tendue vers la spiritualité me paraissait comme la plus ordinaire, la plus confortable et la plus naturelle à l’homme, et je m’étonnais qu’elle ne soit pas universellement partagée par tous les autres humains, d’où la raison de mon introversion et de mon absence d’ouverture à ceux qui me semblaient être des étrangers appartenant à un autre monde que le mien. Le comportement de rupture était mon mode d’action privilégié, avec mes parents d’abord, puis l’école, les autres enfants, les camarades, la société, les comportements des autres, la culture, les connaissances scientifiques, le monde du travail, la consommation. Je précise que je n’ai jamais été tenté par le mysticisme, et que je me donnais comme règle d’explorer le plus rationnellement possible cet être qui m’était donné, en géomètre avec son théodolite universel virtuel intégré, mesurant les espaces et les non espaces virtuels de mon monde mental. Je me considère comme un moine défroqué de toute religion, sans genre précis, en transit dans ce monde, comme en correspondance dans un grand aéroport très animé de vies qui ne me concernent pas, où je me soucie de survivre physiquement, mais sans plus.

Chaque réseau social présente des qualités et des opportunités différentes, l’un pour y trouver des images, l’autre pour se référencer, le troisième pour sauvegarder ses ouvrages et ses données, et le plus fréquenté offre un véritable poste d’observation pour étudier les comportements des gens. Les hommes sont très différents les uns des autres, beaucoup plus qu’ils ne le croient eux-mêmes. Le contexte social, économique et technologique de la société de consommation actuelle se faisant de plus en plus oppressant sur les populations, de plus en plus de personnes se mettent à distance et en rupture d’une société qu’ils considèrent aliénante, malsaine, et menant l’humanité à sa perte, pour se protéger. Certains se rebellent, ce qui n’est qu’une autre forme d’aliénation, mais nombre d’entre eux rentrent plutôt dans une vie

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plus ou moins marquée par le renoncement en se tournant vers la frugalité, le mysticisme, ou une véritable démarche de connaissance et de réalisation de soi. Le renoncement n’est ni absolument indispensable et encore moins la cause directe de cet état intermédiaire, il n’en est qu’une condition favorable, la véritable condition opérative étant l’aspiration au dépassement de soi. L’ataraxie se situe au sommet d’une suite d’étapes dans la progression du mode de pensée non verbal holistique et dans la perception des structures universelles du vivant, qui forcent l’analytique à mettre en place une cohérence globale des synergies de nos neuf fonctions mentales, chacune de ces étapes ouvrant de nouvelles perspectives créatrices. Aussi, dans cet état intermédiaire de l’ermite, l’être ressent sa progression pas à pas et en retire des bénéfices avant d’atteindre le dernier palier. Ceci ne nécessite aucune expérience mystique, qui si elles représentent de grandes voluptés ontologiques, s’avèrent stériles, ni aucune discipline inutile, car l’ataraxie n’est pas comme on pourrait le croire le résultat d’une maîtrise émotionnelle, mais la conséquence d’une nouvelle organisation mentale.

Un surhomme supramental ataraxique

Dans l'introduction de cet essai je critique la volonté de puissance de Nietzsche. Le surhomme est celui qui vient après l'homme, après sa confusion, ses errements et ses angoisses, un être supra conscient qui contrôle et qui maîtrise son mental jusqu'à l'ataraxie, l'absence de trouble, l'idéal épicurien. Nous pourrions ainsi considérer qu’Épicure, Lao-Tseu et Bouddha étaient des surhommes. Dans cet état le problème de l'ego est dépassé, la relation au soi et à ce corps change. Comme je suis un dualiste cartésien athée non mystique, j'emploie le terme mental pour désigner notre réalité spirituelle de préférence à âme (trop religieux), esprit (trop spirite, voire occulte). Donc ce terme recouvre pour moi la totalité de notre être, et non pas

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la source de nos activités spéculatives raisonnantes, où beaucoup de mystiques le réduisent.

Principe philosophique : l’homme est un être du faire et non du savoir

« Si l’homme est la mesure de toutes choses » comme le disait Protagoras, c’est qu’il ne peut atteindre la connaissance des réalités ultimes, mais seulement s’en faire des représentations en fonctions des outils et des capacités dont il dispose. L'homme est libre de ses convictions mais toutes ses convictions sont fausses, même les convictions scientifiques seront remises en cause demain. La vérité est un mythe, un fantasme de la race des licornes roses, des dieux et du karma. Pour vivre et bâtir ensemble dans un esprit de fraternité le monde de demain, l'homme doit taire ses convictions. Tous les savoirs sont illusoires, car l'homme n'est pas un être de savoir, mais un être du faire. Etre intelligent, cela n’existe pas. Ce qui existe c’est notre intelligence des choses, c'est-à-dire notre capacité à exploiter ces choses, que ce soit dans le monde physique ou dans notre monde mental. Pour exploiter ces choses, il nous faut des savoir-faire donc des apprentissages, peu importe que ceux-ci soient conscients ou inconscients si nous savons faire. Ces apprentissages reposent sur des connaissances, qui ne sont que des croyances validés par les savoir-faire qu’elles soutiennent, peu importe qu’elles soient justes ou fausses. Nous ne sommes pas des êtres du savoir mais des êtres du faire, toutes nos connaissances, et plus encore leur formulation, sont formellement et inévitablement fausses sauf quelques tautologies qui ne nous apprennent rien, comme nous le dit Ludwig Wittgenstein dans son Tractatus Logico-philosophicus. Mais ce qui compte dans ces représentations c’est le savoir-faire qu’elles nous permettent, un savoir-faire en grande partie inconscient, un savoir-faire que nous pouvons valider par ce qu’il nous apporte tangiblement sur le plan physique, moral, psychique ou mental. Peu importe que les cartes de Christophe Colomb étaient fausses, il a découvert l’Amérique grâce à

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ses qualités intrinsèques. Des connaissances qui ne serviraient à rien seraient non seulement fausse mais inutiles.

La validité d'une connaissance c'est sa conformité à une théorie que celle-ci soit philosophique, scientifique ou religieuse. Les nuances exprimées par ces trois termes sont plus voisines que ne le distingue la pensée ordinaire car dans les trois cas, il ne s'agit que de systèmes d'idées des hommes disposant chacun de ses propres critères de vérité. Ces systèmes sont innombrables, nous pourrions même argumenter que chaque homme possède ses propres critères donc de sa propre théorie, et comme la pensée d'un homme est dans son détail inaccessible aux autres, rien ne permet de contredire ni d'affirmer cette proposition comme juste ou fausse. Or chaque système implique que tous les autres sont incohérents relativement à lui, encore que la cohérence d'un système soit, comme l'a montré Gödel, impossible à établir. Le seul système conceptuel indubitable, mais lui aussi inaccessible aux hommes, est le système de lois, principes, contraintes, modèles et constantes qui gouverne notre ou nos univers. Lui est parfait, car rien semble-t-il ne permet de le détruire, donc de l'invalider, et qu'il confère une réalité à toute chose et à tout être. Relativement à ce seul, toutes les théories sont incohérentes, leurs connaissances formellement fausses, à part les tautologies qui, comme nous l'a brillamment montré L. Wittgenstein, ne nous apprennent rien. Des connaissances fausses ne m'intéressent pas en soi, pas plus que de débattre de la cohérence et de l'incohérence de mon propre système théorique, ni de ceux des autres, même si je m'y amuse par plaisir et selon mon bon vouloir parfois. La pertinence d'une connaissance, c'est autre chose, c'est ce qu'elle apporte de tangible à moi et aux autres. Une technologie ou une science sont donc pertinentes si elles permettent de construire des ponts, d'envoyer des hommes dans l'espace, d'épargner ou de traiter des souffrances, de mieux vivre ensemble, d'augmenter ou d'améliorer nos capacités et notre pouvoir de faire. Toute théorie qui ne nous apporte rien de tangible, quelle que soit sa validité auto

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proclamée est donc non pertinente et par conséquence non signifiante. La recherche de la vérité est donc une obsession maladive dont il faut se défaire, pour se contenter de la réalité de notre champ sémantique infralinguistique, c'est à dire de la multitude des nuances des ensembles de sens que nous possédons, y compris le flou, le multiple, le complexe et le paradoxal. Dans ce champ, nous constatons que le vrai (et le faux) n'est que le concept de la catégorie des tautologies (et des contradictions) formelles propres à notre fonction analytique. Et qu'en dehors de cela, le vrai n'est qu'un simple concept, une valeur logique, qu'utilise notre jugement arbitraire pour qualifier les énoncés des propositions imprécises dont la qualification sera toujours relative à son jugement, de l'indécision à l'assurance suffisante, sans jamais pouvoir en exclure le doute aussi minime soit il.

Nos mondes Notre expérience mentale est notre seule source d'accès à nos mondes. Sans conscience et ses multiples contenus de sens nous serions des zombis. Je ne pense pas qu'un être vivant puisse survivre en l'état de zombi. Un robot, c'est-à-dire un ordinateur dirigeant un automate, lui, le peut, et il peut gagner des parties d'échecs et de go. Cependant, on ne peut pas parler de vivre, ni de survivre pour un robot, mais seulement d'existence. Car sans conscience il ne peut éprouver aucune expérience même s'il s'anime de comportements dans le monde physique spatiotemporel qui est celui des machines. Vivre suppose une conscience, des moyens de diriger des actes et des accès à des mondes dans lesquels ces actions servent à quelque chose, et de ce fait ont du sens. C'est le privilège des êtres vivants. Notre premier monde, celui que nous livre d'abord notre expérience mentale, est mental, avec notre conscience, des émotions, notre capacité d’analyse, notre volition, des fonctions mentales, et parmi elles une fonction que je désigne sous le nom de motrice qui est un moyen d'accès à un second monde. Les structures de notre monde mental sont d'une grande complexité ainsi que j’ai tenté de le montrer dans le chapitre précédent.

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Nous sortons de la première enfance avec des structures comportementales qui semblent nous venir d'un lointain passé, ou que nous avons héritées par imitation de celles de nos parents. Ces structures nous entraînent à exercer presque inconsciemment notre fonction motrice qui nous donne l'accès à un second monde, matériel ou physique celui-là. Dans ce nouveau monde nous découvrons de l'espace, des couleurs, des objets, et les autres. Nous découvrons aussi que nous sommes liés à un corps que nous distinguons rapidement de ce qui l'entoure, et que ce corps a des besoins à satisfaire. Ces dernières choses et cette condition, nous invite à maîtriser et à comprendre ce monde étranger et, à nous détourner de notre monde mental et de notre être, plus difficile à analyser, et presque à l'oublier et à le négliger, jusqu'à ce que d'autres problèmes surgissent.

Ce que je suis Je suis une entité mentale non physique capable de diriger, pendant la période improprement nommée d'éveil ou de veille, un corps et un cerveau biologique. Je ne suis pas ce corps physique, je le dirige comme on conduit une automobile, sans en connaître les organes. En fait, je ne manipule qu'un squelette et quelques muscles à travers une image grossière qui à l'évidence le représente très mal et en ignore le moindre détail, si je me réfère aux ouvrages des spécialistes qui l'ont découpé en fines tranches. Comment puis-je prétendre être quelque chose d'étranger à ma nature, que je connais si mal et qui se refuse obstinément à toute introspection cognitive ? Je serais bien sot ou bien prétentieux de le croire ! Je n'en ai aucune impression intuitive immédiate et pour en savoir plus je suis obligé de consulter de gros livres qui m'apprennent que cette chose est beaucoup plus compliquée que je ne l'aurais imaginé de prime abord, qu'il y a un foie, un cœur, un cerveau, une rate et un tas de petits bidules bizarres. Non, vraiment, je ne suis pas ça. Par contre, je sais bien ce que je suis. Car si je m'explore, je retrouve immédiatement mes fonctions mentales familières, leurs structures, leurs pouvoirs opératifs, leurs produits, tels qu'ils sont

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réellement. Et là, ce ne sont pas des images, mais ma propre nature, du sens, car je suis un être de sens avec une conscience, une volition, un libre arbitre et un tas de pouvoirs merveilleux. Je suis une entité non physique, non spatiale, mais plus vaste qu'une galaxie. C'est vrai, je suis un peu compliqué moi aussi, et j'ai dû bricoler à l'intérieur de moi pour arranger ce qui fonctionnait mal, et maintenant tout va bien, je peux me balader où je veux, examiner ce que je veux, faire ce que je veux, et je n'y trouve aucun concurrent inconscient. Non tout cela, le moindre détail de cet être magnifique est potentiellement conscient. Je vis des synergies, des métacontextes, j'élabore des métaprogrammes sans effort pour presque tout faire, à l'intérieur de moi c'est très paisible. Je suis une entité vivante, non physique, un être mental.

Eternelle présence de notre être singulier Pourquoi être singulier et pas individu ? Parce que ce dernier terme appartient au cadre conceptuel de la sociologie qui le définit par rapport au groupe. C'est un concept pauvre qui ignore ce que nous sommes, une idée qui nous prête une existence que nous n'avons pas. Par contre mon expérience intime est riche de sens. J'y trouve une présence et une singularité propre à ma conscience, la saveur de mon être, et je n'ai pas besoin de mot pour la penser car cette saveur me suffit. Pourquoi présence et pas existence ? Parce que l'existence est réservée aux pierres et aux machines, et qu'un être vivant n'a rien de commun et ne peut pas s'identifier à ces choses. Aussi si ces choses existent, nous avons une présence qu'elles ne peuvent pas connaître. Enfin, éternelle parce que dans cette présence nous ne trouvons aucun signe de temporalité. Si les expériences, le sens, se succèdent en elle, elle-même reste immuablement identique, c'est une constante universelle que partagent tous les êtres vivants, ce qui par contre ne signifie pas que nous soyons immortels.

Se trouver Suite à une discussion que j'ai eue avec un marxiste, que je remercie d'ailleurs, je me suis aperçu que certaines choses qui me

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semblaient évidentes pour tous, ne l'étaient pas. Si vous êtes matérialistes ou existentialistes et que vous croyez que vous n'êtes que poussière dans un univers infini, c'est comme si en bas dans votre intimité mentale votre fonction 9 avait fiché un gros écriteau impératif et le sens de cet écriteau c'est : « Je n'existe pas ». Il faut savoir que notre analytique fonctionne un peu comme un ordinateur, il structure du sens sans se poser de question, si on lui dit qu'il n'existe pas, il applique bêtement. Pour un ordinateur cela ne pose pas vraiment de problème parce que lui ne fait que gérer des signes, le sens il ignore ce que c'est, donc qu'on lui dise qu'il existe ou pas ne change rien. Notre analytique lui gère du sens, les signes il s'en moque. Je ne sais pas vraiment comment il gère le « Je n'existe pas » ni quel gros sac de nœuds il construit pour s'en sortir, mais c'est comme si vous aviez un gros virus dans Windows, des logiciels sont à plat et cela ne peut pas marcher très bien. Si vous avez du talent comme Heidegger ou Sartre vous pouvez écrire : Sein und zeit, et : L'être et le néant, mais vous ne pouvez pas vous trouver, en bas c'est à dire au delà de l'obscurité de la conscience ordinaire c'est interdit (ce qui est curieux avec l'existentialisme c'est que le mot exister soit vide de sens ou libre de tout sens). La première chose à faire c'est de croire que vous existez, au delà de l'affirmer verbalement ce qui ne change pas grand chose car modifier ses structures mentales n'est pas aussi simple que cela. Pour cela faire appel au joker 9, cela n'a pas besoin d'être cohérent ni de chercher à savoir pourquoi et comment, car cela risquerait de provoquer plus de problèmes que de n'en résoudre. La force du joker c'est qu'il n'a pas besoin d'être cohérent comme l'analytique, son domaine c'est la foi ou la confiance péremptoire en vous et en vos capacités opératives de dépassement, son domaine c'est l'orgueil c'est à dire le jugement absolu de soi, songez à : If, de Kipling. La seconde étape c'est de savoir où vous trouver, car si vous vous cherchez dans le monde extérieur des règles et des horloges vous ne pouvez pas vous trouver, car ce n'est pas là que vous existez, vous existez ailleurs. Dans ce monde là, vous ne trouverez que le corps que vous dirigez mais vous le dirigez d'ailleurs, et si vous vous identifiez à

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ce corps vous êtes bloqué, car votre analytique va recommencer a construire un gros sac de nœud pour se sortir du paradoxe que vous lui imposez, l'analytique appliquant mais ne jugeant pas. Ce corps vous appartient parce que vous le dirigez, mais ce n'est pas vous, vous ne pouvez pas le parcourir comme vous parcourez votre mémoire, vous n'accédez qu'à des moyens de direction et à une image extérieure mais pas à l'intimité de ses structures. Pour découvrir et comprendre ses structures et son fonctionnement, il vous faut l'ouvrir au bistouri et recourir à l'imagerie IRM, ça ne peut pas être vous. Donc la deuxième chose à faire, c'est de croire que vous n'existez pas dans ce monde là, mais ailleurs. La troisième chose à faire est de concevoir cet ailleurs, non pas relativement au monde, mais indépendamment du monde extérieur. Cet ailleurs ou ce lieu que remplit notre être singulier n'a pas d'espace ni de temps, il existe dans une éternelle présence, c'est un aspatial présent qui constitue à lui seul un monde, notre monde mental, et dans celui-ci nous sommes seuls, totalement seul, aussi il nous faut assumer cette solitude ontologique. Même si nous pouvons aisément les conceptualiser, le passé comme le futur n'ont aucune réalité dans ce monde. Il faut comprendre que si notre mémoire comprend des classements historiques, elle ne se situe pas dans un passé mais partage le même présent que notre conscience. Dans cette présence nous ne trouvons aucun indice de temporalité mais nous trouvons la plénitude de notre être, si les expériences se succèdent en elle, elle-même reste immuablement identique, c'est une constante universelle de tous les êtres vivants. Pour conclure ce qui précède, si notre expérience ne nous fournit pas de preuve qui nous permettrait de croire que notre être singulier soit éternel, elle ne nous fournit pas non plus de preuve qui affirmerait qu'il ne le soit pas. Par contre si nous laissons notre joker 9, la foi, s'emparer de cette éternité qui s'offre à elle, nous renforçons sa puissance. Suite à la publication d’un membre de Facebook : J’ai répondu que mon mental n'avait pas de sexe, j'ai eu beau chercher je n'en ai pas trouvé, pourtant je le connais bien. Il est temps de dépasser ce

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problème des genres. Nous sommes tous des êtres singuliers, et au delà de l'humain des êtres vivants. Tout ce qui nous sépare, les langages, les cultures, les traditions, les religions, les nations, est relativement superficiel, arbitraire et sans grand fondement, alors que ce qui constitue notre nature intime et profonde : nos fonctions mentales, leurs structures, leurs interactions, la nature même du sens, est universel et nous réunit. La prochaine civilisation sera fondée sur nos structures universelles ou ne sera pas, car sans cela nous ne pourrons pas affronter les difficultés qui nous attendent et nous nous détruirons. Le passage d'une espèce à l'étape conceptuelle présente des dangers. C'est pourquoi nous ne trouvons pas de culture technologique avancée en dehors de nous-mêmes dans l'univers, la plupart d'entre elles ont échoué et se sont détruites. Si notre corps vit dans l'espace temps, notre être singulier et son monde mental vivent dans une éternelle présence, au sein de laquelle le passé et le futur n'ont aucune réalité, même si nous y pouvons les imaginer et les conceptualiser. Aussi, mentalement nous n'avons pas d'âge, ce qui veut dire et implique que nous avons tous le même âge. L'éternelle présence est un mode de temporalité distinct de l'espace temps. Nos êtres singuliers partagent tous la même éternelle présence comme nos corps partagent tous le même espace temps. Cependant les mondes mentaux de nos êtres singuliers sont isolés, disjoints les uns des autres, ici nous sommes seuls, totalement seul, sans aucun moyen de communiquer avec les autres. Donc nous ne pouvons pas vérifier la simultanéité des événements, la notion de simultané qui joue un grand rôle en physique n'a ici aucun sens. Tout se passe donc comme si nous disposions chacun de notre propre éternelle présence, celle de notre conscience, de notre mémoire, du monde mental de notre être. Être monopolaire, c'est croire en l'unicité de l'être, rester centré sur son je, son moi, ou son ego, avec pour conséquence de rejeter ses fonctions mentales et leurs structures dans l'inconscience, et de provoquer un amalgame dans lequel leurs liens interactifs s'emmêlent et ne peuvent s'exprimer pleinement ni efficacement.

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Être multipolaire, c'est avoir rejeté cette idée fausse de nous-mêmes, avoir créé les ancrages des percepts de nos neuf fonctions mentales au sein de notre mémoire, qui permettent de les découvrir, les distinguer, y accéder pour les diriger et les maîtriser, afin d'améliorer leurs performances. Les liens interactifs sont alors libérés et peuvent exprimer leur pleine puissance, le sentiment du soi n'est plus qu'un sentiment parmi d'autres mais pas un acteur. Qui dirige ? en général, mais pas toujours, la direction volontaire, mais elle ne juge pas ce qu'elle fait, c'est une autre qui juge, une autre qui éprouve, une autre qui structure et qui propose, qui imagine et qui rêve, une autre encore qui à l'instant anime ma main pour écrire, etc. Elles agissent de concert dans des synergies. L'être devient alors neuf fonctions et leurs interactions, il acquiert la capacité de les comprendre, du fait de sa décentration, et de les diriger consciemment. Notre identité, c’est-à dire la représentation que nous faisons de nous-mêmes, est la fondation du cadre conceptuel approprié pour maîtriser nos fonctions mentales. Ce n’est pas tout ce cadre, ce n’en est que la partie centrale, mais si elle manque ou si elle ne convient pas, vous ne pourrez pas construire ce cadre dessus, donc elle est essentielle. Analogiquement ce cadre conceptuel indispensable est votre maison, votre identité en est la fondation, et vous-même c'est-à-dire l’être vivant que vous-êtes, exercez vos pouvoirs mentaux grâce aux outils que vous avez découverts ou construits dans cette maison. Une fois construite, cette maison vous accompagnera toute votre vie, et vous en aurez plus ou moins la conscience en permanence, elle vous protégera et constituera votre bureau de direction. Pour le reste cela ne changera rien à votre vie, vous continuerez à diriger votre corps, à vaquer à toutes les occupations que vous désirez et à réaliser tous vos projets, avec bien sûr plus d’efficience que jamais. Comprenez que votre identité est très importante, qu’elle doit être libre de toute aliénation et qu’il ne suffit pas de penser : « Je suis moi-même ». Si vous vous identifiez à une nationalité, une communauté, un métier, votre famille ou même votre corps, cela ne marchera pas. Vous pouvez être un champion de football ou un

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chanteur célèbre, ce n’est pas la réalité de votre être, pas intimement vous, donc vous ne pourrez pas vous trouver avec ça.

Multipolarité Ce qui caractérise l’homo perceptuel mental c’est d’abord sa multipolarité. Les homo conceptuels sont tous multipolaires mais la représentation qu’ils se font d’eux-mêmes est monopolaire, induite par un consensus culturel qui puise ses racines dans des archaïsmes religieux, sauf dans la théorie freudienne qui distingue le ça, le moi, le surmoi. Mais là, c'est pire car cela entraîne ces êtres dans une division conflictuelle, fausse, qui ne fait qu'aggraver la confusion. La représentation multipolaire est non seulement conforme à la réalité de l’être mais elle le rend plus fort car elle le montre dans un ensemble cohérent dont il peut exploiter consciemment toutes les parties. Ces parties n'empiètent pas, il n'y a pas de doublons, elles réalisent un ensemble de complémentaires qui mettent en commun tout ce qu'elles produisent. Cela peut paraître bizarre mais c'est ainsi et cela ne pose aucun problème, au contraire car cela le débarrasse de tout un tas de confusions. En fait c'est très agréable à vivre : se sentir à la fois plus pur et plus fort, ne s'identifier à rien de particulier et constater que cela fonctionne bien, et si un petit désordre apparaît posséder les plans donc pouvoir en trouver la cause, devenir ingénieur de soi-même. Tout ne s'apprend pas en un seul jour, il faut y consacrer du temps, mais c'est plus profitable que de perdre son temps derrière la télévision ou un jeu vidéo. Pour devenir maître de ces fonctions, il lui a fallu commencer par devenir pleinement conscient de leur nature, conscient d'être conscient, cela va de soi, conscient d'abstraire, de conceptualiser, sémantiquement conscient c'est à dire conscient de la nature du sens, conscient de juger, de choisir et de diriger, conscient de rêver, c'est à dire conscient du contexte mental spécifique du rêve et de sa différence avec le contexte ordinaire de la vie éveillée, et enfin conscient du joker, de la foi, de cette capacité de confiance et de dépassement. Ici les mots, le langage, ne servent plus à rien, il n’a pu se réaliser que dans la progression de l'expérience de l'expérience de lui-même.

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La perception de la réalité mentale

Si nous pouvons qualifier cet état de supramental, c’est que l’être jouit ici d’une perception de sa réalité mentale comparable à notre perception sensorielle du monde physique qui nous entoure. C’est véritablement un second monde, le sien propre, qui s’ouvre à lui avec toute la tangibilité indicible du premier monde.

La pensée holistiqueNotre image kinesthésique

Le terme image est à prendre au sens le plus large, car la kinesthésique est un ensemble global de percepts interactifs grâce auquel : 1) Nous prenons conscience de notre corps physique par les sensations de nos organes biologiques et principalement de nos muscles et de nos membres, auxquelles nous pouvons rajouter nos périphériques qui sont nos sens biologiques, la vue, l’ouïe, le goût, etc. 2) Nous agissons mentalement et consciemment notre corps physique par l'intermédiaire de notre fonction motrice 4. Quelques précisions : a) Notre cerveau inconscient recueille, filtre et assemble des informations qu'il transmet à notre interface physique/mental. Ces informations sont codées en numérique-géométrique selon le système de représentation qui lui est propre. b) L'interface physique/mental n'est pas comme le croyait René Descartes la glande pinéale, mais nos centrioles, constituant le diplosome, un organite géométrique présent dans toutes nos cellules et plus particulièrement dans les neurones, qui aurait sans doute séduit Descartes. Sa nature est numérique-géométrique, il est donc compatible à la fois pour les informations codées non conscientes de notre cerveau et pour les grilles de notre fonction analytique 2, ce qui en fait une interface idéale. c) L'image kinesthésique n'existe et ne devient consciente que dans notre mental, avec des qualités de sens, des qualia, qui lui sont

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propres et n'existent nulle part dans la nature, comme les couleurs, les saveurs, et multiples nuances de sensations diverses. Ce qui explique la persistance de la sensation d'un membre, manquant chez un amputé : il n'est plus là, mais il est toujours présent dans la kinesthésique. d) Notre direction volontaire 7d, partage sa dominance avec notre fonction motrice 4, qu'elle dirige avec des objectifs conscients d'action, tels que parler, écrire, planter des clous, etc., secondée par toutes nos fonctions mentales. Notre motrice 4 manipule la kinesthésique interactive grâce à de multiples structures comportementales qui précisent les moindres détails. C'est ce que nous ressentons quand nous manions nos membres et plus particulièrement nos mains. Cette manipulation agit sur l'interface. e) Notre cerveau reçoit de l'interface des instructions codées non conscientes qu'il exécute en dirigeant des impulsions nerveuses vers les récepteurs de nos muscles, ce qui implique notre comportement gestuel.

La pensée holistique La pensée verbale, linéaire, consiste à assembler des signifiés puisés dans notre lexique personnel en respectant plus ou moins la syntaxe de notre langue, une technique de communication très mauvaise pour penser. La pensée holistique ne fonctionne pas ainsi, elle se transforme dans la conscience globale d'un champ sémantique. Ce champ, ainsi que le suggère les œuvres de l'artiste Alexandre Beridze, est d'une grande complexité. C'est un champ infra-linguistique structuré, constitué de millions de facettes se sens, de sèmes et de qualia, qui entretiennent entre elles une multitude de relations, et qui sont par ailleurs reliées dans les tableaux de sens des soubassements de notre mémoire, que range et gère notre fonction analytique 2. Ce champ est mouvant, il s'enrichit de toutes nos nouvelles expériences, nos analyses et nos pensées, au sens le plus large de tous les produits de nos fonctions mentales. Les signes (car le mot est un concept faux) sont comme des miroirs qui surplombent ça et là ce champ sans le recouvrir. Notre cerveau est bien sûr incapable de contenir tout ça,

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en sus de ses tâches de gestion biologique de notre corps, de codage des informations en provenance de nos fonctions sensorielles et de l’exécution des instructions qu'il reçoit de l'interface physique-mental. Il ne possède que 90 milliards de neurones, chiffre inchangé depuis le début de l’espèce humaine, pour le faire, il aurait dû augmenter sa taille par un multiple. Par contre notre mental n'étant pas spatial, n'est pas contraint par une limite de capacité. La pensée holistique consciente n'assemble pas du sens, elle voyage rapidement de place en place dans ce champ où tout est interconnecté, en suivant les relations de sens, et participe à la résolution du flou, du complexe et du paradoxal qui peuvent s'y trouver, de concert avec des activités mentales inconscientes. Elle est le résultat des interactions de plusieurs fonctions mentales : l'analytique 2, la direction volontaire 7d, le jugement arbitraire 7j, la concentration 6 et la remémoration 1, révélées par la conscience 5. La pensée holistique est infralinguistique, vide de signes linguistiques, elle est chargée de sens, percepts et concepts, qui donnent du sens aux signes que nous employons pour nous exprimer, et d'autres sens aux signes que d'autres emploient hors de notre champ sémantique personnel. C'est le paradoxe sémantique : nous imaginons le sens des autres parce que nous ne pouvons pas le vivre, même si l'empathie cognitive nous aide à nous comprendre. Comment passer de la pensée verbale à la pensée holistique ? Ben, ce n'est pas si simple, car il faut non seulement nous passer des signes pour penser, mais aussi des concepts creux qui chargent de leurs signifiés les idées fausses qui nous servent pour penser. Mais il y a une voie naturelle pour y parvenir, car comme Monsieur Jourdain, qui parle en prose sans le savoir, il reste un domaine où nous continuons à penser en holistique comme les animaux. Ce domaine, c'est celui où nous dirigeons notre corps et ses actes par notre image kinesthésique. En effet nous n'utilisons pas de langage pour éprouver, diriger notre corps et ressentir à chaque instant notre agissement pour diriger nos mouvements. Nous pouvons faire ceci en pleine conscience si nous lui accordons suffisamment d'attention, et

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constater que cette pensée est holistique, c'est à dire globale et non verbale. Il est faux de dire que nous ne pouvons pas penser à deux choses à la fois, ce qui est vrai en verbalisation conceptuelle mais pas ici, où nous pouvons exercer avec précision nos deux mains et tout notre corps à la fois, ainsi que le montrent les danseurs, les gymnastes et les acrobates professionnels. En prendre conscience et en renouveler l'expérience attentive au ralenti est un excellent exercice préparatoire au développement de la pensée holistique sémantique purement mentale. Nous allons poursuivre l'exercice en fermant les yeux. Vous ne disposez plus d'images visuelles, et ainsi vous pouvez pleinement ressentir l'image kinesthésique de tout votre corps. Exercez les muscles de vos bras et de vos mains, et en les animant, ressentez cette image et votre pouvoir d'agir sur cette image jusqu'aux bouts de vos doigts. Vous pouvez aussi en méditation explorer tous les organes de votre corps. Mais ce n'est pas tout, le plus important reste à venir. Toujours en méditation, passez de votre image kinesthésique à la perception des pouvoirs opératifs mentaux que vous utilisez pour saisir et manipuler cette image, votre conscience 5, votre concentration 6, et à tout instant votre choix volontaire de faire, ce que je nomme la direction volontaire 7d, et votre niveau d'énergie 8. Laissez votre esprit vaguer, vous allez peut-être voir émerger des souvenirs par votre remémoration 1, de l'imaginaire et des intuitions créatrices produites par l'analytique 2, que vous ne vous ne pourrez pas vous empêcher de juger par 7j, des émotions positives de source 3, et l'augmentation de votre confiance en vous 9. Tous ces ressentis sont distincts, ils ne cessent de varier, ils émanent de fonctions mentales distinctes qui interagissent, ils ne sont pas verbaux, ce sont des percepts, des qualia, et ils construisent notre champ sémantique. Il nous faudra renouveler de nombreuses fois des exercices similaires, en en distinguant bien toutes les qualités pour enrichir ce champ, jusqu'à ce que notre fonction analytique 2 initie un méta programme qui le fasse automatiquement, structure et

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comble les lacunes, ce qu'elle sait bien faire, sans que nous n'ayons plus à nous en soucier. Ce qui caractérise la pensée holistique, c'est que les concepts qui vont émerger, non seulement ne sont pas des signifiés attachés à des signes, mais sont des abstractions de nos percepts ressentis qui respectent leur cohérence globale, et non plus des constructions imaginaires. Nous ne pouvons donc plus vous perdre dans des pensées détachées de notre réalité.

Sèmes de notre être Que nous pensions en langage verbal, en infralingue ou en holistique, nous vivons un monde sémantique flou. Nos signes même sont flous, car chacun a son écriture, et ce A qui nous vient du Byblos né il y a 1300 ans, est-il latin ou carolin, gothique ou Time New Roman, minuscule ou majuscule ? Bien tout ça et plus encore ! Mais le meilleur dans cette affaire, ce n'est pas le signe qui prête peu à confusion, mais le sens : le sème. La pensée verbale est dans la confusion totale, l'imaginaire et les théories planantes hors sol, engluée dans la polysémie, le psittacisme et les contradictions d'une syntaxe archaïque inappropriée pour penser comme il faut. Nous somme ici dans un monde de flou paradoxal, mais qui possède néanmoins une réalité tangible que beaucoup d'hommes vivent. La pensée infralingue et la pensée holistique communient toutes deux avec la réalité de notre champ sémantique, la chair de notre être. Elles échappent toutes deux à la confusion précédente, elles se distinguent par leur taille et leur potentiel. La première reste étroite, limitée à la perception d'un nombre de relations de sens qui reste relativement petit en comparaison de la seconde. La pensée holistique est globale, en contact avec une masse indénombrable de relations de sens, en fait avec tout notre champ sémantique. De fait, la première est incluse dans la seconde. Et alors, qu'est-ce que le sème ? Et bien il comprend tout ça ! Ce qui différencie nos sèmes c'est leur polarité centrale qu'implique à chaque instant notre concentration diffuse multipolaire vagabonde. Donc nous restons ici dans le monde très riche, mais flou du sens, flou de l'abondance des

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choses, de leur complexité, dans lequel persiste des kystes de flou paradoxal.

Représentations et décentration Un être conscient de sa multipolarité peut se demander où se trouve le soi, encore que cette question est secondaire et pas nécessairement pertinente. L'analytique élabore des représentations qui sont distinctes de ce qu'elles représentent, et l'analytique est comme une classe de jeunes enfants auxquels on donne des couleurs, il ne construit pas une mais des représentations en fonction des circonstances et des besoins. Par exemple, en rêve conceptuel mixte il peut représenter les fonctions mentales comme des entités distinctes, et se représenter lui-même comme une entité à la fois auteur, narrateur du rêve et doué d'une intention, celle de communiquer quelque chose. S'il est indubitablement auteur et narrateur, il n'a probablement pas de volonté ni d'intention, mais sa représentation traduit le fait que la proposition qu'il construit répond comme il se doit à la demande de la volontaire. Le sentiment du soi émane de la volontaire, et celle-ci le projette plus ou moins dans la sphère mentale sur toutes les entités créatrices avec lesquelles elle se reconnaît une affinité, cette qualité opérative commune bien que différente qui le caractérise, donc sur toutes les fonctions mentales et aussi sur l’analytique, qui va l’inclure dans ses représentations de lui-même. Cependant comme ce sont des représentations analytiques, notre réalité s’affirme comme distinctes d’elles, comme décentrée. Nous ne sommes nulle part dans aucune de ces choses avec l’avantage que nous pouvons nous étudier, et l’inconvénient que nous n’étudions que des reflets toujours un peu illusoires de nous-mêmes. C’est notre condition ontologique, mais il ne faut pas lui accorder trop d’importance car tout fonctionne sans nous, même et surtout sans notre conscience. Le sentiment du soi n’est pas seulement un produit inerte, mais il est vide de tout sens opératif. Donc la volontaire ne peut pas raisonnablement s’en servir pour qualifier un

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pouvoir opératif, ni son propre pouvoir opératif qui pourtant lui donne naissance, c’est le paradoxe ontologique. Il faut donc se rendre à l’évidence que nos pouvoirs opératifs sont des verbes et pas des objets, qu’ils existent dans leurs émergences sans se préoccuper d’un soi, que ce concept ne nous sert que pour distinguer notre monde mental du monde extérieur, qu’il est paradoxal et donc nécessairement flou, qu’il accompagne nos représentations, mais que la question de savoir s’il correspond à une réalité de nous-mêmes et où elle se trouve, n’est pas vraiment pertinente. La pensée holistique est mêlée d’émergences et de produits de nos fonctions mentales. C’est un faire et non un dire qui fait intimement partie de notre vie mentale, qui circule dans notre champ sémantique et le construit. Après, nous pouvons l’exprimer par un dire dans un langage linéaire lacunaire, mais exprimer n’est pas traduire, et c’est secondaire. La pensée conceptuelle se borne à imaginer et à construire arbitrairement des architectures de concepts en fonction de ses données théoriques en mémoire et des articulations conceptuelles dont elle dispose. C’est une activité purement spéculative, fondée sur des idées, généralement hors sol car ces idées n’ont que rarement de prise avec la réalité. Nous pouvons citer Platon et ses mythes comme exemple, et tous ses suiveurs, de Spinoza à Heidegger, en passant par Kant et Freud. Ils sont très nombreux car ce mode de penser est familier à la culture occidentale. La pensée holistique ne pratique pas ainsi. Elle voyage librement dans les multiples facettes des percepts mentaux de notre champ sémantique, y accumule des qualia et s’attache à dénouer les nœuds complexes ou paradoxaux qu’elle y trouve. Elle s’enrichit et s’étend ainsi de proche en proche. Si elle peut abstraire des concepts de ses percepts et de ses qualia, elle n’est pas libre de tout faire. Ses articulations sont les relateurs et opérateurs de la fonction analytique elle-même et non ceux d’une théorie logique externe fondée sur d’autres axiomes. Elle ne peut rien construire arbitrairement qui ne soit pas en cohérence avec la réalité mentale avec laquelle elle ne

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cesse d’être en prise, elle se contente souvent de parcourir les trajectoires des relations existantes, ne s’aventure pas à spéculer, et donc ne risque guère de se perdre dans des jeux intellectuels stériles.

L’empathie L'empathie est un imaginaire dirigé par une intention : celle de comprendre et de partager le sens de l'autre. L'empathie n'est possible que parce que nous possédons quelque chose de commun avec l'autre, et cette chose, c'est nos fonctions mentales et la nature même du sens. C'est notre fonction analytique 2, grâce à son immense puissance d'analyse et ses non moins immenses réserves de données dans la mémoire qu'il gère, et actualise à chaque instant, qui fait le travail. Mais encore faut-il qu'il dispose d'un minimum d'éléments pour le faire. Pour comprendre d'où il récupère ces infimes données sur l'autre, il faut d'abord comprendre ce qu'est notre altérité. Nous sommes des êtres de sens, des êtres sémantiques. L'altérité, c'est ce qui nous différencie les uns des autres. Nous partageons le même présent et l'espace ne peut pas nous différencier car nous ne sommes pas des êtres spatiaux, si cela avait un sens nous pourrions dire que nous partageons le même lieu, mais cela n'a pas de sens. Sans altérité nous ne serions donc qu'un seul être. Cependant, un des principes universels qui régissent le vivant fait qu'il en soit autrement. Ce ne sont pas les structures fondamentales de nos fonctions mentales qui nous différencient car nous partageons tous les mêmes, ce sont nos structures secondaires qui nous permettent de les exploiter et nos structures superficielles. Ces structures sont évolutives et témoignent de notre niveau d'évolution mentale, en sachant qu'à chaque niveau nous disposons d'un champ indénombrable de possibles, selon un autre principe universel : le principe de liberté de création du sens. Une vidéo montre après 7 ans les retrouvailles d'une Suissesse avec deux lionnes qu'elle avait élevées au biberon dés leur plus jeune

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âge. C'est là que l'on remarque que le corps a peu d'importance, que ces deux lionnes sont empathes et qu'elles reconnaissent l'esprit de leur mère, certains diront son âme. Cette interprétation est discutable mais l'image fait plaisir à voir. Les animaux sont-ils naturellement empathes ? Je pose la question. Qu'en pensez-vous ?On voit peut-être ici l'attachement primaire des lionnes à leur mère, mais pour que cette manifestation de joie et d'amour surgisse, il faut d'abord qu'elles la reconnaissent. Que reconnaissent ces lionnes ? le visage, la présence de l'esprit ou l'odeur de leur mère ? en sachant que l'adolescente est devenue une jeune femme ? Autre question : Comment cette femme reconnaît-elle les lionnes ? car pour nous humains, toutes les lionnes de cet âge se ressemblent.Les empathes vous diront que l'empathie consiste à intégrer l'autre en soi, ses émotions, ses sentiments, ses désirs, ses énergies, ses pensées, ses problèmes. Ils n'ont pas besoin de se mettre à la place de l'autre comme le fait un psychologue, chez eux c'est automatique et naturel, ils vivent en permanence ainsi. Pour la plupart, dans cette expérience, ils différencient l'autre d'eux-mêmes, mais chez certains il y a confusion entre ce qu'éprouve l'autre et ce qu'ils éprouvent, et ils en souffrent. Le plus souvent ils souffrent des sentiments et des énergies négatives qu'ils ressentent dans leur environnement. Leur niveau de perception varie selon chacun, de simples intuitions, flashs, voix intérieures persistantes, informations pertinentes, à un profond ressenti des différentes composantes de la personnalité de l'autre. Ces phénomènes sensibles ne peuvent pas s'expliquer seulement, par l'analyse spontanée et intuitive de la physionomie, des mimiques, gestuelles, des intonations de la voix et de la fréquentation passée avec l'autre personne, même si tout cela y contribue, car chez l'empathe, ils se manifestent avec des inconnus bien au delà de ce qui est rationnellement déductible. Il semblerait bien que notre fonction énergie 8 déploie dans un espace mental partagé avec les autres, un champ énergétique cyclique qui porterait en permanence l'empreinte de notre altérité mouvante.

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Ces champs sont interactifs, mais nous disposons d'un filtre qui nous protège des influences externes. Ce qui signifie que si nous ne pouvons pas le désactiver et nous rendre invisibles, nous pouvons plus ou moins nous ouvrir ou nous fermer. Par ailleurs, les énergies dans cet espace de contact seraient assez faibles ce qui expliquerait que certains d’entre nous sont plus ouverts sont plus sensibles et plus empathes que d'autres, et que la dimension émotionnelle qui fonctionne à des niveaux d'énergie plus élevées y soit dominante, donc la première à être perçue par les empathes, ce qui n'exclue pas le reste ni des transferts d'informations. Tout ceci, qui expliquerait la médiumnité, est très hypothétique, même si nombreux d'entre nous ont fait des expériences surprenantes qui s'avèrent être justes. En effet, on parle de don de naissance pouvant être développés, mais ceux qui les vivent et les exploitent, ignorent le détail des mécanismes mentaux en jeu dans ces phénomènes. Ils n'en éprouvent que les résultats et les conséquences sans savoir trop bien comment ils font. Comme déjà dit certains HPE en souffrent et d'autres pas, certains maîtrisent et d'autres pas, des ateliers Ressentis Médiumniques collectifs s'organisent pour rendre ces phénomènes, non reconnus scientifiquement, accessibles à tous. Il semblerait que l'ouverture et la fermeture du filtre soit inconsciente et se décide dans la petite enfance en réaction à des expériences fortes. Le niveau de performance de notre fonction analytique y joue aussi son rôle, selon les métaprogrammes qu'elle a mis en place, indépendamment de notre volonté d’y parvenir, pour développer cette capacité, qui à tendance à grandir à mesure que progresse notre sensibilité sémantique sans que nous ayons à nous en soucier. Si l’empathie cognitive est possible, et sans doute pratiquement sans limite, la télépathie ne l’est pas. Sinon les hommes seraient tous les esclaves des êtres mentalement les plus puissants. L’impossibilité de la télépathie est donc une contrainte mentale formelle du vivant qui protège les êtres singuliers, comme le mur de Planck et la limite de la vitesse de la lumière protègent l’univers physique du chaotique. De puissants télépathes pourraient bricoler les croyances et les

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faiblesses des autres, manipuler leurs structures inconscientes pour les soumettre mentalement, comme le fait une reine des abeilles (avec ses phéromones et non mentalement) avec ses ouvrières.

L’ataraxie L’ataraxie, qui se caractérise par l’absence de trouble psychologique, de passion et d’émotion, est la manifestation la plus visible d’un nouvel état mental général harmonique que certains qualifient de supra conscience ou supramental, peu importe les termes, la syntaxe et la linguistique, c’est l’état qui compte. Ce sont toujours les mêmes fonctions mentales et en particulier la même fonction conscience, qui restent immuables car se sont des structures universelles, mais avec des structures d’exploitation nouvelles ayant trouvé un état d’équilibre à un niveau supérieur de leur évolution, qui permettent l’accession à un ensemble de facultés mentales ignorées de la culture et des sciences occidentales. Toutes ces facultés deviennent potentiellement exerçables par un ataraxique car il dispose de processus comportementaux, certains diront de métaprogrammes mentaux, pour les mettre en œuvre. Les ataraxiques se ressemblent et se comprennent immédiatement grâce à un pouvoir empathique plus développé, et du fait qu’ils raisonnent et pensent en holistique, globalement de la même manière, même si chacun pratique sa propre culture linguistique pour s’exprimer. Dans ce phénomène une symétrie apparaît entre l’harmonie intérieure et l’harmonie extérieure. L'existence devient plus simple, l’ataraxique reçoit sans désir, obtient des réponses sans question. L'harmonie et la paix intérieure deviennent les moyens de transcender tous les anciens processus ordinaires, de nouveaux mécanismes mentaux se mettent en place, la raison cesse de raisonner, la fonction volontaire de spéculer, le libre arbitre de désirer, et le résultat est surprenant. Il y aurait tant à dire et à faire sur cette voie inexplorée du mental, mais nous manquons de termes pour en parler et nous aurions besoin pour cela d’un nouveau langage.

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La relation au corps change du fait de l'absence de stress somatique, et bien au-delà. La relation au monde réel également. Comme si de nouvelles connexions émergeaient. Tout devient plus facile et plus fluide, cela ne va pas jusqu’au point où lorsque l’ataraxique tend la main, il obtient tout ce qu’il ne désire pas consciemment, mais pas loin. A ce niveau, l'esprit, le mental arrive à se débarrasser du principe de causalité. C'est une voie exceptionnelle ou l'existence devient lumineuse, dans cet état ataraxique, on ne parle plus de plaisir et de joie mais de lumière, un nouvel étalon qualitatif sensible non émotionnel de la sérénité. Et peu importe le nom qu'on lui donne, cette perception que le mental s’est approprié ne peut être qualifiée de somesthésique. Des tests et audits psychiatriques et psychologiques ont été effectués afin de vérifier que cela ne constituait pas un état psychopathologique. La vie d’un ataraxique est remplie de synchronicités, de hasards significatifs, de messages, et autres signes sur son chemin de vie hors du commun, voire hors du réel. Hors du réel parce que ce que ses fonctions mentales sont capables d’exécuter se situent bien au-delà de ce que la science est capable d'interpréter. En ce qui concerne la pensée holistique, L'interface cerveau langage est à reprogrammer, au niveau des aires de Wernicke et De Broca, spécialisées dans la reconnaissance des signes et la production du langage. A ce sujet des statistiques ont été faites, la plasticité du mental est prouvée. Un des problèmes majeurs du stade humain précédent est le stockage de charges émotionnelles dans sa base de données du passé. Avec ces charges, le futur ne peut pas être projeté et construit convenablement. Pour l'ataraxique, le passé ne souffre plus de ces charges émotionnelles qui compliquaient les interactions mentales de l’état précédent au niveau de la gestion de l'information. Cette absence d'émotions permet de décomplexifier le système, de l'épurer, et de laisser de la place à nouvelles interactions. Les ataraxiques ressentent le devoir de transmettre cette nouvelle connaissance. A ce sujet nous faisons des statistiques, elles sont sans appels, la plasticité du mental est prouvée à l'intérieur de nos cercles. L’ataraxie permet de rester à un excellent niveau d’efficience en

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permanence. Notre langage ordinaire ne peut encore quantifier et exprimer ces phénomènes. Nous utilisons la syntaxe et la sémantique la plus proche du résultat obtenu par l''expérience. Mais nous nous heurtons toujours au problème du langage, de sa syntaxe et de sa sémantique linguistique. Certains affirment que l'ataraxie provoquait une transformation génétique nous protégeant de nombreuses maladies. Ils invoquent une modification de l’ADN et un contrôle somatique, la régulation du système hormonal jusqu'aux neuromédiateurs, jusqu’à provoquer ensuite une absence de trouble physique (aponie), ainsi qu'un ralentissement de la dégénérescence cellulaire. Ceci reste à démontrer scientifiquement et je n'y crois pas trop personnellement. Par contre, l’absence de stress est connue pour avoir un impact positif sur la santé en évitant un terrain favorable à la maladie. Personnellement, je n'ai pas eu recours à la médecine depuis plus de trente cinq ans. Quand j'ai demandé ma retraite, j'étais inconnu des fichiers de la sécurité sociale, ce qui à mes yeux ne prouve rien. Je suis assez enclin à croire que l'ataraxie nous protège de la sénilité mentale jusqu'à un âge très avancé, mais je n'ai que 70 ans, donc il me faudra attendre l'âge de 120 ans pour me le confirmer. Je suis un scientifique, ni un croyant, ni un mystique, je méprise le courant transhumaniste, et il me faut des preuves.

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9. PERSPECTIVES ET RÉALISATION EN COURS

Des techniques mentalistes transmissibles permettent à l’homme d’accéder à l’état de surhomme supramental ataraxique.

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9. Perspectives et réalisations en cours

A ma connaissance deux méthodes existent actuellement pour accéder à l’état de surhomme supramental ataraxique, celle que je propose dans mes cours : la méthode de Développement Mental Sémantique DMS que nous pourrions qualifier de mentaliste athée, très technique, qui à part le dualisme n’exige aucune croyance philosophique ou religieuses particulière, aucune discipline de vie, rationaliste, éloignée de tout esprit mystique, elle propose un cadre conceptuel approprié, des techniques pour apprendre à faire, et c’est tout, je ne la présente ici que sommairement car ce n’est pas le but de cet ouvrage, vous trouverez gratuitement dans mes sites tous les éléments nécessaires pour l’entreprendre (ouvrages d’initiation, de vulgarisation et cours). Et une méthode post bouddhiste développée aux États-Unis, que nous pourrions qualifier de spirituelle, peut-être plus facile à entreprendre, encore très rationnelle, qui exploite après les avoir amélioré des techniques connus de certains moines bouddhistes, qui exige au contraire une grande discipline de vie, et qui passe par une suite d’expériences de type mystique. Je ne pourrai guère en dire davantage car nous n’avons encore que peu de contacts, et que ce groupe de personnes opère dans le secret de cercles underground. Je suis ingénieur topographe INSA Strasbourg. La topographie est la science de la mesure et des représentations, plus particulièrement de la terre. Cette science se fonde sur les mathématiques, la géométrie, la trigonométrie, les calculs de probabilité, d'erreurs et de compensation. Elle utilise des instruments d'une très grande précision et de méthodes très rigoureuses. C'est une formation de l'esprit à l'acuité de l'observation et à la rigueur rationnelle, raison pour laquelle les Grecs avaient fait de la géométrie l'étude préalable à la philosophie. J'en ai retiré une perception topologique intuitive

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des choses et un goût pour la précision que vous avez pu remarquer dans mes écrits. Si les mathématiques sont bien utiles pour analyser l'univers physique, elles sont inopérantes pour l'analyse de notre monde mental, c'est là où intervient le mentalisme. Le mentalisme est un ensemble d'outils, de techniques et de méthodes précises pour l'exploration, l'analyse et l'exploitation de notre monde mental non physique. C'est pour moi l'équivalent de la topographie dans ce monde sémantique intime. Les cours que je dispense ne sont donc pas des cours de mathématiques spéciales, mais des cours d’ingénierie mentaliste. Le mentalisme n'est pas encore reconnu comme une science, et ceci tient à plusieurs raisons. Tout d'abord les sciences dominantes sont monistes physicalistes, et même si après les échecs du béhaviorisme et du matérialisme réductionniste, le terme de conscience commence à être admis dans les milieux scientifiques, les techniques d'introspection mentale sont toujours considérées comme des voies non pertinentes et sans issues. Ensuite parce qu'avec le développement de nombreuses thérapies et méthodes de développement personnel douteuses, mêlées de mysticisme, apparues lors de l'explosion du New Age, dans la confusion totale qui règne dans ce domaine où fleurissent les sectes et sévissent les gourous, les imposteurs, les illusionnistes et les menteurs pathologiques comme Ron Hubbard et son église de scientologie, il est tout à fait légitime de considérer l'ensemble de ce secteur comme de la pseudoscience teinté de charlatanisme. Enfin parce que la preuve scientifique est difficile à faire et que nous manquons d'un langage approprié pour en parler. Le Cours de l'Académie Sémantique et Fonctions Mentales est un cours de mentalisme destiné aux personnes qui veulent découvrir puis exploiter toutes les possibilités et les outils que leur offrent leurs fonctions mentales, ce n'est donc pas un cours de mysticisme. Le mysticisme est une quête qui vise à entrer en contact direct avec une entité transcendantale, en général religieuse, au travers d'une expérience mentale, c'est une recherche de la grâce dans une

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communion avec son dieu, son transcendant cosmique, son âme, ou des entités subalternes. Le mysticisme à toujours existé comme une démarche initiatique parallèle à la pratique religieuse. Lors de la vague New Age, le mysticisme a été détourné par des sectes prétendument spirituelles et leurs gourous pour exploiter la crédulité des personnes. Il en reste encore des traces dans les mouvances channeling, chamanistes, satanistes, et des écoles de développement personnel douteuses. Regarder un ciel étoilé en y considérant la présence d'une entité cosmique, est une attitude mystique. Ces expériences mystiques sont des rêves éveillés provoqués par le couple analytique 2 et joker 9 dans des synergies mentales particulières, improprement appelées états modifiés de conscience, qui montrent une fonction volontaire 7 effacée, voire inversée, provoquant ce que Mircea Eliade appelle une enstase. Ces rêves sont structurés par les rituels qui les induisent, de ce fait on constate la grande variété de leur imaginaire qui ne témoigne d'aucune réalité. Le mentalisme étant areligieux, n'accorde pas de valeur particulière à ces expériences, et je me range du coté des paroles de Confucius rapportées par son disciple Tseu Seu dans le Tchoung Loung, L'invariable Milieu, paragraphe 11 : « Scruter les secrets les plus impénétrables, faire des choses extraordinaires, c'est ce que je ne veux pas (car cela détourne les hommes de l'étude de la sagesse) ». Aussi on ne trouvera pas non plus dans mes cours, d'études des perceptions extrasensorielles ni de parapsychologie, que je considère de la pseudo-science.

L’Académie Sémantique et Fonctions Mentales

L’Académie Sémantique et Fonction Mentales ASFM a été crée fin 2016. C’est une structure informelle, vouée à la diffusion de techniques mentalistes visant à la maîtrise de nos fonctions mentales et ses applications, qui propose sur son site internet sefome-academie un modèle de l’esprit humain, des exercices mentaux, des articles, des livres, et depuis mars 2018 un cours complet de la

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méthode de Développement Mental Sémantique DMS. Cet organe de tête a pour vocation de rester libre, ouvert à tous, non lucratif et indépendant. Tous les documents de l’académie sont consultables et téléchargeables gratuitement. Par principe, l’académie ne perçoit aucune ressource financière, ni publicitaire, ni cotisation de membres, ni dons, ni legs. Elle n’a pas de membres mais uniquement des collaborateurs bénévoles. Evidemment, ces collaborateurs peuvent publier des livres édités dans le circuit commercial, donner des cours, faire du coaching, exercer un métier de thérapeute rémunéré, sous leur propre responsabilité. Il est envisagé de créer, si nécessaire et à la demande des personnes, une association classique sans but lucratif dont les statuts seraient déposés, pour accueillir ceux qui souhaitent contribuer et soutenir les objectifs de l’académie. Comme toute association, celle-ci aura à supporter des frais administratifs et d’autres pour organiser des manifestations, des salaires pour assurer ses services, des loyers, etc., donc sera contrainte de percevoir des cotisations modiques de ses membres.

La méthode de développement mental DMS Ce qui caractérise la méthode de Développement Mental Sémantique DMS c’est d’être une méthode mentaliste. Elle n’enseigne donc pas des techniques de résolution conceptuelle de problèmes comme les mathématiques, la logique ou la philosophie, mais des techniques mentalistes éprouvées, opérant à partir de ressentis mentaux, en introspection, en méditation, voire en autohypnose légère, ou en rêve lucide.

LES 5 ÉTAPES DE LA MÉTHODE DMS : La méthode de Développement Mental Sémantique DMS est fondée sur la base théorique d'un cadre conceptuel et d'un modèle de l'esprit humain précis, validé par l'expérimentation. Et non sur de vagues présupposés dont on nie ensuite se servir, sur des représentations lacunaires douteuses non avérées, comme conscient/inconscient, moi/surmoi/ça, parent-enfant-adulte, une typologie de personnalités, etc., dont se servent la psychanalyse, la PNL, l'hypnose Erickson, l'analyse transactionnelle, l'ennéagramme et

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leur dérivés. Elle n'utilise le langage que pour décrire et suggérer ses techniques et des gestes mentaux. Elle n'associe pas d'images émotionnelles aliénantes à ses techniques qui ne sont pas des techniques de manipulation dans le cadre d'une pensée magique ou pseudo-scientifique. Elle travaille uniquement au sein de la réalité mentale de nos qualia et vise à la transformation de l'homme conceptuel en un surhomme conscient, exploitant les structures mentales de son être. Son application comprend 5 étapes : a) L'intégration d'un cadre conceptuel mental non physique, et donc l'abandon des identifications à son corps, son cerveau, et des modèles comportementalistes unipolaires égotiques. b) La réalisation d'ancrages opératifs de nos neuf fonctions mentales au sein de notre mémoire sémantique. c) l'apprentissage de la pensée infralingue ou sublinguistique hors de la pensée verbale, fondée sur des percepts mentaux et non des idées imaginaires illusoires, ce qui suppose une conscience sémantique. d) L'acquisition de la pensée holistique globale non linéaire se nourrissant de la multitude des interactions conscientes de nos fonctions mentales. e) L'ataraxie structurelle vraie dont l'absence de trouble, d'émotion et de stress psychosomatique n'est que la partie la plus visible dune cohérence harmonique de tous nos états et synergies mentales. Ces étapes et les résultats des diverses techniques proposées par la méthode DMS peuvent être validés scientifiquement par des tests, des questionnaires et l'imagerie médicale IRMf. Je cherche donc des laboratoires du CNRS et des équipes de chercheurs sérieuses, donc non scientistes monistes, pour ce faire, et sortir ainsi cette méthode unique au monde de sa phase expérimentale. Ce qui est nouveau, c’est d’avoir trouvé une technique de transmission efficace au-delà d’un verbiage qui essaie de faire comprendre mais qui ne peut pas transmettre cet état. Des cercles d’apprentissage de cette méthode sont en cours de développement, des programmes de formation dès le primaire des enfants des écoles,

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naturellement plus réceptifs que les adultes, seront élaborés dans le cadre de l’éducation nationale, des applications en psychothérapie sont à l’étude. Tout cela prend beaucoup de temps et ne pourra s’imposer que lentement et progressivement. Dès à présent, un cours annuel par correspondance a été créé pour diffuser la méthode DMS par internet. Bien qu’accessible à tous, ce cours est principalement destiné à des cercles limités à six étudiants, afin de constituer de petits groupes d’étude efficaces progressant ensemble, et ne pas laisser l’étudiant seul face au cours mais lui permettre d’en discuter et d’interagir avec d’autres dans la vie réelle. Plusieurs de ces cercles ont été créés, les premiers certificats de formation et les premiers diplômes de formateurs après examen ont été délivrés. Dans une seconde étape, qui vient seulement de commencer, ces formateurs agréés, habilités à enseigner ce cours, constitueront et dirigeront d’une façon plus étroite ces cercles d’étudiants, en apportant leurs conseils, permettant ainsi, dans une relation directe avec les participants, comme dans n’importe quelle classe, un meilleur et plus facile apprentissage de la méthode DMS.

Compte tenu du haut niveau de performance des ataraxiques dans tous les domaines et de leur idéal commun de transmettre leur état d’excellence plus encore que leurs connaissances, l’Académie Sémantique et Fonctions Mentales ne donne pas de directives à ses collaborateurs mais se contente de coordonner leurs libres projets, de les soutenir, de mettre en relation les mêmes démarches et de réfléchir ensemble à des stratégies communes pour parvenir à les concrétiser, en respectant le principe de l’absolue liberté de chacun.

Croyances : Comment distinguer les nuisibles des inoffensives ?

Nous ne sommes pas des êtres du savoir mais des êtres du faire. Force est de constater que nous n'avons de tangible que nos qualia et notre faire. Ce qui signifie que la réalité ultime du monde physique, comme celle des structures métaphysiques présidant à notre monde mental, nous sont à jamais inaccessibles. Que la complexité de

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l'infiniment petit, de l'infiniment grand, et de l'infiniment obscur est telle, que nous ne pouvons nous en faire que des représentations formellement fausses. Que la science moniste aura beau toujours confondre et faire l’amalgame entre réel et imaginaire, faire et implication, geste et mouvement, ceci n'y changera rien. Cependant pour prendre des décisions et pouvoir faire, nous avons besoin d'un socle de représentations, d'un fondement sur lequel nous appuyer pour agir et, compte tenu de notre ignorance formelle, de croyances dans tous les domaines de la connaissance, faute de mieux. Telle est notre condition ontologique. Or il est des croyances nuisibles et d'autres, inoffensives et utiles. En premier lieu sur le plan philosophique et métaphysique. Ce n'est pas par la spéculation intellectuelle, qui reste de l'imaginaire conceptuel, que nous pouvons les distinguer, mais en examinant leurs conséquences en nous et dans la société. Concernant les croyances nuisibles nous avons au premier rang : celles de la science matérialiste qui n'est qu'un dogme métaphysique niant notre être et entravant notre évolution spirituelle, et celles de toutes les religions ou sectes collectives dont les malfaisances et barbaries sanglantes pendant des siècles ne sont plus à démontrer. Au second rang, tous nos apprentissages inappropriés, opinions subjectives, et représentations fausses de l'homme et de nous-mêmes, qui foisonnent dans les sciences dites humaines, de la linguistique aux sciences politiques, au vu des souffrances et des désordres sociaux, économiques, politiques, et personnels dans nos êtres, qu'ils entraînent. Il est certain que plus nos capacités mentales seront élevées, mieux nous percevront nos structures et nos réactions subconscientes, plus nous aurons de données et de moyens d'analyse pour en juger, cependant le problème reste le même. La cohérence des idées, d'une théorie, d'une philosophie, d'une idéologie ne permet pas de penser qu’elles sont profitables. Par exemple : il n'y a pas de théorie plus cohérente que les mathématiques, qui sont bien utiles à l'ingénieur pour construire des ponts et envoyer des hommes dans l'espace, mais qui ont mené la

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philosophie analytique à l'échec et ne permettent pas de préserver la santé mentale. Par ailleurs, il n'est pas prouvé que des idées apparemment incohérentes dans un système de pensée ne nous soient pas très utiles. Le seul véritable moyen de juger de la valeur de nos croyances et de nos apprentissages est d'analyser leur conséquences, et ce qu'elles ou ils nous rapportent au sens le plus large, de notre sécurité ontologique à nos savoir-faire et dans nos interactions sociales. Ce qui ne nous rapporte rien, au mieux nous est inutile, et au pire nuisible, dans l'incertitude parce nous ne percevons pas tout, il est préférable de nous en débarrasser, en sachant qu'en ce qui concerne les structures superficielles qui peuvent nous encombrer l'esprit, il est plus favorable de voyager léger. Pour ce faire, nous disposons d'une technique de restructuration mentale. Nous pouvons aussi observer les autres, leurs croyances, leur état de confusion, et les souffrances quelles peuvent leur entraîner, mais il vaut mieux ne pas trop en abuser car la paille peut aussi cacher la poutre. Nous pouvons toujours distinguer nos croyances de nos qualia, qui elles sont irréfutables par notre jugement arbitraire, et nous servir de ces derniers comme références pour analyser ces premières. Nos croyances ne sont pas irrévocables et notre aspiration à se dépasser nous pousse à les transformer. Enfin, si nous développons nos qualia et notre capacité de distinction et de perception mentale, nos besoins de croire se réduisent d'autant.

Coaching Un cours annuel de 52 monographies est disponible gratuitement dans le site de l’academie. Ce cours est destiné à former des Masters habilités, après un examen, à délivrer eux-mêmes ces cours de Développement Mental Sémantique DMS, et exploiter tous les documents de L'Académie Sémantique et Fonctions Mentales ASFM pour former d'autres cercles de six étudiants, faire des conférences, du coaching de groupe, organiser des stages dans la vie réelle, afin de répandre cette méthode unique au monde. Le coaching de groupe devra se limiter à des groupes de 12 participants au plus, afin de permettre l'interaction de toutes les

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personnes dans de bonnes conditions, sinon ce n'est plus du coaching mais une activité de vulgarisation et d'initiation parascolaire. Des fiches de coaching ont été rédigées dans cette intention en collaboration avec le premier groupe de Masters formés. Ces fiches sont réunies dans un livret ajouté aux ouvrages du même site à l'attention des coaches. Elles seront définitivement mises au point avec les coaches en fonction de leurs remarques et des résultats obtenus. Ces fiches ne constituent bien évidemment qu’un guide de coaching n’excluant pas des pratiques particulières laissées à l’initiative des coaches. Ces fiches serviront également pour l'élaboration d'un programme d'enseignement destiné aux enfants des écoles, de pair avec le cours par correspondance. Ce programme visera trois niveaux d’élèves, le primaire, l’entrée dans le secondaire, et la dernière classe d’études qui clôt ce cycle avant l’entrée à l’université. Il est en cours d’élaboration par les premiers masters, qui sont aussi des professeurs de philosophie dans leur pays, avec la collaboration de l’académie. Des tests seront conçus ultérieurement afin de mesurer ce que ces programmes apportent aux élèves, autant en ce qui concerne leur réussite scolaire que dans l’amélioration de leurs interactions sociales.

Thérapies brèves DMS Concernant la santé mentale et le bien être, nous proposons quelques techniques simples qui ont monté leur efficacité immédiate. Elles ont été décrites dans d’autres ouvrages. Des techniques thérapeutiques fondées sur la méthode DMS ont déjà étés mise au point et expérimentées avec succès par des sujets pour traiter les émotions pathologiques chroniques et la paralysie du sommeil. L’académie ne propose ce cours que depuis mars 2018 et tout cela demande du temps à mettre en place et à valider scientifiquement. La méthode de Développement Mental Sémantique DMS se distingue de la PNL car elle opère directement avec les pouvoirs opératifs de nos fonctions mentales, au plus profond des structures de notre être singulier, en connaissance de leurs mécanismes, et non

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avec des liens linguistiques. Elle ne fait jamais référence au cerveau et à ses neurones. Elle opère uniquement en pleine conscience dans des synergies mentales variées. Je préfère ce terme à celui d’états modifiés ou altérés de conscience, qui fait preuve de l’ignorance de notre fonction conscience 5. Elle n’utilise donc pas l’hypnose Erickson, bien qu’elle reconnaisse les succès de cette pratique, qui semble utiliser avec un langage qui lui est propre, une technique résolutoire de problème qui met en jeu des interactions entre nos fonctions mentales. Elle ne tente pas non plus d’exploiter les émotions ainsi que le font de nombreuses techniques, dites d’intelligence émotionnelle, car elle considère que construire des apprentissages déclenchés ou impliquant nos émotions revient à construire des structures comportementales qui aliènent notre fonction volontaire 7 au système de contrôle émotionnel 3, et donc réduisent d’autant sa liberté et ses champs de possibles, ce qui porte préjudice au développement spirituel et mental de notre être, et qui risque, si elles étaient poussées à l’extrême, de conduire à le transformer en un automate comportemental, manipuler ou travailler avec les émotions serait par ailleurs contradictoire avec l’objectif de la méthode DMS : l’ataraxie, caractérisée par une absence de troubles et la réforme du système émotionnel. La maîtrise DMS permet à l’être qui la possède de résoudre en introspection méditative tous les désordres mentaux qui pourraient éventuellement subsister en lui, de comprendre ceux de l’autre, donc de faire des diagnostics pertinents, et l’empathie naturelle qui se développe progressivement en lui, lui donne toutes les qualités pour être un bon thérapeute. Une pratique de thérapie brève DMS peut donc être envisagée, éventuellement couplée avec d’autres techniques. Elle reste cependant une méthode de thérapie intrusive qui demande des essais, et qui pourrait s’intégrer aux pratiques ordinaires des thérapeutes, mais dont nous ignorons les résultats. Il faut particulièrement insister sur l’éthique que le praticien doit observer dans sa relation avec son patient, car de même que l’hypnose Erickson, cette méthode, qui parce qu’elle est intrusive, avant tout soucieuse des résultats, très centrée sur l’efficacité de la

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résolution de problèmes, dans l’optique de faire, pourrait être critiquée car trop directive et quelque peu manipulatrice, plus précisément, le : « voilà ce que vous devez faire », en accompagnant le sujet et en le guidant dans sa méditation opérative, même si cette manipulation demeure la seule manière de satisfaire à la liberté et au désir de soulagement du patient. Il faut bien se rendre compte que toute thérapie brève ne peut-être qu’intrusive. La suite de cette monographie précise les principes généraux qui me semblent devoir guider cette méthode thérapeutique DMS. Les fonctions mentales de la plupart des personnes traitent les problèmes qu'elles rencontrent au cours de leur vie en ne laissant derrière elles que peu ou pas de séquelles. Chez certaines personnes cependant ces séquelles peuvent être importantes, voire très importantes, et les conduire à des situations de dépression, tocs, obsessions, addictions, dépendance d’une secte, névrose, suicide, psychose, schizophrénie. Ces personnes ont besoin d’aide. Certaines de ces personnes s’adressent à un thérapeute. Cette démarche est importante. Elle signifie que :1. La personne à pris conscience de vivre une situation difficile, même si elle ne comprend pas la réalité, ni l’origine de cette situation.2. La personne est prête à faire des efforts, voire même de gros efforts, pour se sortir de cette situation qu’elle juge pénible.3. La personne a constaté qu’elle ne disposait pas en elle-même des pratiques qui lui permettraient d’améliorer sa situation, et qu’elle à besoin d’une aide extérieure.4. La personne accorde une certaine confiance à la pratique que lui propose le thérapeute pour améliorer sa situation. Ces quatre critères placent le praticien dans les meilleures conditions possibles pour apporter une aide efficace à son client. Il est évident qu’une personne que l’on aura enfermée sur ordre dans un centre hospitalier, ou à laquelle on aura imposé un thérapeute comme condition de réinsertion dans la société, voire même une personne confrontée à un psychologue de terrain à la suite d’un traumatisme collectif, ne répond pas à ces critères, et que dans ces

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conditions, la thérapie qu’on lui propose n’aura que très peu de chance de réussir. Une simple verbalisation ne suffit pas à améliorer l’état du patient, à moins qu’elle ne déclenche fortuitement une réaction chez lui, mais elle permet au praticien de faire un premier diagnostic sur l’origine des troubles. En s’appuyant sur le quatrième critère il pourra convaincre le patient de dire et de faire ce qu’il lui propose. S’il constate des réticences, il pourra lui rappeler que ce dire et ce faire constitue la thérapie qu’il est venu chercher. Le praticien devra poser au patient toutes les questions qui lui permettent de comprendre et lui proposer des exercices thérapeutiques. Le premier exercice est destiné à constater mutuellement, au-delà des symptômes, la situation mentale intime du patient, idéalement ses structures mentales inappropriées, et plus précisément celles qui concernent sa fonction volontaire, la foi et la pathologique, les conséquences sur les structures comportementales de la motrice n’étant que secondaires. Car la liberté de la volontaire est telle, qu’elle est capable de tout, non seulement de se détruire mais de mettre la pire pagaille dans les structures de l’être. Ensuite, il est nécessaire de faire admettre au patient que sa fonction volontaire, à la fois direction et jugement, est le seul outil dont il dispose pour améliorer sa situation, en agissant sur trois de ses principaux organes, à savoir : Le tableau de bord de ses objectifs et ses priorités, son éthique, et la structure de son jugement. Le deuxième critère montre que le patient veut guérir, mais si possible sans rien changer. Or pour guérir, il lui faut nécessairement changer quelque chose dans sa manière de juger, dans ses priorités et leur mise en œuvre. En accompagnant le patient dans l’examen de leurs conséquences les plus néfastes, le praticien l’invitera à transformer ses convictions les plus inappropriées concernant ses responsabilités, ses obligations, ses appartenances, ses manières d’agir et de diriger sa vie mentale. Une conviction centrale peut tenir toutes les autres, il faut la trouver. Il appartiendra alors au patient de juger si cette conviction vaut le prix à payer, et de choisir. En principe la nature même du jugement

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d’efficacité est immuable et intacte, et dans ce cas il ne peut qu’adhérer à la transformation de cette conviction si on la lui présente. Pour ce faire une restructuration consciente est alors possible. Une autre méthode, indirecte, consisterait à amener le patient vers une structuration multipolaire. Je ne sais pas si c’est possible, bien que mes petits exercices ne soient pas de nature à rencontrer d’opposition frontale de la part du patient, sauf si celui-ci a régressé au stade infantile où il ne veut plus rien faire, déclenchant des réactions du genre : « Je le ferai pas, vous me faites chier ». En cas de succès, la capacité opérative de la volontaire serait décuplée, le patient pourrait alors trouver, résoudre et restaurer sa situation mentale, seul où accompagné du praticien. Sans oublier que quand les échecs successifs de la direction volontaire, amplifiés des inévitables réactions négatives de la pathologique, l’ont entraînée à renoncer à certaines de ses structures comportementales, pour retomber dans celles plus anciennes de la petite enfance, plus inadaptées encore, il en résulte une situation inextricable dont il sera très difficile au patient de sortir.

Autres projetsUtilisation de l’hypnose à une fin d’apprentissage Le modèle à neuf fonctions mentales de l’esprit humain qui accompagne la méthode DMS représente déjà une base théorique qui manque aux pratiques thérapeutiques de l’hypnose, qui ne disposent guère plus que des concepts du moi conscient et de l’inconscient pour travailler. Des praticiens en hypnose ericksonienne ont déjà montré un intérêt à utiliser ce modèle pour mieux comprendre comment leur traitement opère. Au-delà de cet éclaircissement conceptuel, la mise au point d’une pratique d’hypnose DMS intrusive fondée sur les mêmes principes que la thérapie DMS est en cours d’étude. Ces recherches incluent la vérification de la possibilité de transmettre en transe hypnotique les ancrages mentaux nécessaires à accomplir la méthode DMS, ce qui simplifierait considérablement son apprentissage.

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Création d’une langue formelle La langue française ordinaire ne nous permet pas d'exprimer et de décrire d'une façon suffisamment précise et concise nos états mentaux faute de termes spécifiques appropriés, de sa polysémie, sa linéarité, la pauvreté et le caractère égotique de sa syntaxe, et l'absence de logique de sa grammaire, raisons pour lesquelles j'ai développé les rudiments d'une langue formelle quand j'ai écrit l'ouvrage Sémantique et fonctions mentales en 2015. Elle exige une écriture en 3D. Je vous en explique brièvement les principes. Nos états mentaux ou synergies se caractérisent par les activités des neuf fonctions mentales qui les induisent. Des signes précisent leur activité : D = dominante, S = en servitude, E = effacée, X = exaltée. Ainsi D7 S2 caractérise l'état de veille ordinaire, D4 S7 S2 si vous êtes absorbé par un travail de bricolage, D2 S7 5 si vous rêvez, D2 D7 5 en rêve lucide. Ces états peuvent changer très rapidement, volontairement ou non, en fonction de la logique des circonstances, ainsi lors d'un accident automobile grave, vous passez de D4 S7 à un bref X7 S4 déclarant son incompétence qui passe la main à un X2 X9 5 S7 4 (dissocié), vous êtes alors en EMI, motrice coupée et vous ne sentirez aucune douleur. La 4 (dissocié) favorise les OBE produites par X2. Le signe / placé derrière celui d'une fonction précise que son pouvoir opératif est en action et crée des produits, des p (de cette fonction). Ainsi D2/ip2(voler en rasant les vagues la nuit dans la mer de chine), décrit un rêve. D3/p3(colère) S7dj E6 un état de colère pathologique qui vous submerge et vous fait perdre la maîtrise de votre concentration 6. Les termes entre parenthèses précisent les nuances des pouvoirs opératifs et les contenus des produits en français simplifié (verbes à l'infinitif qualifiés par des adverbes si nécessaire, pas d'accord en genre et en nombre). D'autre signes désignent des modalités particulières comme 2STRU/, 2GEST/, 2PROP/. L'ensemble de l'activité mentale présente peut être décomposée en une suite de lignes raccordées par des puces ou des index, des signes de relation entre les éléments de la pensée holistique. Ceci

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constituant un plan d'écriture. Plusieurs plans successifs décrivant alors le développement d'une aventure comme le récit d'une EMI, d'une activité quotidienne ou d'un rêve. L’ensemble étant représenté en 3D.

Comment devenir ataraxique ? Pour vous il est temps de faire une pause, car à chaque action vous accumulez du stress. D'autres êtres agissent spontanément d'une façon harmonique, ils n'ont donc pas besoin de faire des pauses, sinon de se reposer pour permettre à leur cerveau de se débarrasser des toxines qu'il a accumulé, mais dans leur rêves lucides ou non, ils continuent à œuvrer. Ces êtres sont en activité 24 heures sur 24, 86 400 secondes par jour, sans jamais s'arrêter. Ils sont ataraxiques. L’ataraxie n’est pas un leurre, elle a déjà été prouvée dans des laboratoires scientifiques, même si elle est trop exceptionnelle pour être retenue comme un fait scientifique pertinent, d’autant plus qu’elle invalide la position scientiste moniste qui règne actuellement dans les neurosciences. Il existe au moins deux méthodes pour devenir ataraxique, celle mentaliste du développement mental sémantique, et une autre qui consiste à se libérer de toutes croyances, de toute intellectualisation, de faire le vide dans un état de réception sans stimuli du champ émotionnel. En inversant des processus dit logiques ou émergeant du sens commun pour atteindre un niveau de transcendance, au delà de la conscience ordinaire, cette zone ou la raison n’est plus raisonnante. Le processus de désintellectualisation fait alors son œuvre, c’est la clé de l’ouverture de la supra conscience. Ces deux méthodes aboutissent au même fonctionnement mental. Dans la première, l’ataraxie résulte d’un début de supra conscience, dans la seconde la supra conscience intervient après l’ataraxie. Ces deux s’impliquent donc réciproquement, ce qui est relativement logique. L’absence d’émotion de l’état ataraxique n’est pas la conséquence d’une discipline qui voudrait soigner les effets mais non les causes, mais la résultante d’une réforme des structures de ce système émotionnel par la fonction analytique par une substitution de programme, qui va de pair avec une nouvelle cohérence globale

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harmonique de nos synergies mentales, qui remplace et ne rend donc plus nécessaire ce contrôle de notre fonction volontaire par les émotions. Elle se produit automatiquement à un haut niveau de maîtrise, exige une exploration et une adaptation fine de tous les mécanismes mentaux, et une auto restructuration de l’analytique lui-même. C’est un nouvel équilibre qui s’installe entre notre mental et notre cerveau, qui ne va plus réagir biologiquement de la même manière, et de ce fait la perception kinesthésique de notre corps en l’absence de stress change, nous avons l’impression d’être plus légers en toutes circonstances. Il ne sert donc à rien de désirer ou de chercher à mettre en place l’ataraxie, car la fonction analytique la déclenche à l’improviste au sein de ses activités non conscientes dans le cadre du processus progressif de son évolution. Si vous voulez néanmoins conserver vos émotions, il vous faut interrompre votre évolution mentale naturelle, c’est dommage ! Sachez aussi que l’ataraxie libère le rire, que vous restez libre de prendre des postures, qu’à ce niveau tout devient plus facile, que des solutions immédiates répondent à vos besoins, car l’ataraxie est la partie visible de l’iceberg d’une nouvelle structure mentale efficiente complexe. La fonction analytique est la clé de l’ataraxie. Pour ce faire nous devons la pousser à résoudre une succession de questions de plus en plus complexes, ce qui l’oblige de mettre en place un nouveau métaprogramme de résolution globale de problème. En conséquence ses capacités mentales augmentent sensiblement et franchissent un nouveau seuil. Nous parvenons à solutionner des questions plus en plus difficiles, avec à chaque fois une petite bouffée de stress positif, puis un jour en solutionnant un problème particulièrement difficile et que nous pouvions nous attendre à une petite récompense émotionnelle, rien ! Plus de joie ! Ni peur, ni colère, ni enthousiasme d’espoir, tout cela a été remplacé par une sérénité permanente très agréable à vivre, avec le second avantage que notre concentration 6 n’est plus jamais perturbée par le stress. L’analytique avait réformé son système automatique de signaux déclencheurs qu’il envoyait à la pathologique, impliquant ses

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réactions émotionnelles en haute énergie. En fait, il supprime ces signaux, ce qui… désactive la pathologique, qui conserve ses structures universelles immuables, mais qui devient en mode froid une fonction cognitive apaisée, en basse énergie. Donc, plus d’émotions ni de stress, remplacés par une simple intelligence des causes. Cependant, cet aspect émotionnel n‘est qu’une propriété secondaire de l’état ataraxique, le principal est ailleurs : L’activité mentale y est plus rapide et plus assurée, la pensée holistique s’étend, se multiplie et devient plus fluide, les interactions fonctionnelles sont plus douces, l’analytique répond positivement au moindre des désirs de la direction volontaire, les appréciations du jugement arbitraire varient peu du niveau de l’excellence, l’empathie cognitive aux autres s’enrichit. Il n’y a plus de questionnement, ni de problème, seulement des réponses et des solutions immédiates. Le sentiment du soi s’atténue et laisse la place à une quasi vacuité nominale diffuse au sein de la multipolarité mentale. L’agir devient progressivement un faire spontané sans désir faire, les obstacles disparaissent devant soi, l’esprit se meut sans concurrence évitant toutes les menaces, la présence forte du joker 9 et sa relation aux principes et aux structures universelles immuables, buvant le lait du sein de sa mère est permanente, l’omniscience des structures fondamentales du vivant est omniprésente. L’état ataraxique est au-delà de toute possibilité de description verbale, l’esprit avance pieds nus sur un lit moussu de pétales de roses sans jamais errer ni faillir, au-delà de tout dire.

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10. CONCLUSIONS

Le futur de l’humanité reste aléatoire malgré les fortes implications causales qui pèsent sur elle.

10. Conclusions

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La nature humaine implique des comportements qui ont été utiles à la survie de l'homme dans son passé nomade, les premières communautés agricoles et la construction des grands empires de l’antiquité, dont quatre au moins sont défavorables aujourd'hui pour la résolution des problèmes planétaires et constituent des circonstances aggravantes : a) La cohérence des inconsciences. Il faut savoir que quand une personne prend une décision comportementale telle que servir sa carrière politique, servir l'état comme fonctionnaire ou servir une entreprise comme salarié, un mécanisme mental s'installera qui lui évitera de prendre conscience de tout ce qui pourrait être contradictoire avec sa décision de servir et aussi de tout le mal que directement ou indirectement il pourrait faire ou participer à faire dans le cadre de son engagement. D'une certaine façon, nous pourrions juger cette personne coupable mais pas responsable. C'est ainsi que les objectifs du programme de développement durable : Transformons notre monde, à l’horizon 2030 et les décisions à prendre pour sortir l’humanité d'une causalité qui l'entraine vers sa propre destruction, se heurtent au mur de l'inconscience des hommes qui freine toutes les évolutions nécessaires pour résoudre les défis mondiaux et les tentatives de sauvegarde en cours. Une gouvernance mondiale devra tenir compte de cette difficulté supplémentaire pour mener à bien sa mission. b) La culture politique de la légitimité. La cause principale du dysfonctionnement politique dans nos sociétés démocratiques, c'est que le système politique bourgeois est né en réaction révolutionnaire à l'illégitimité des princes et des aristocrates au pouvoir. Dés lors sa principale préoccupation a été la légitimité des gouvernants par un système électoral peu représentatif mais assurant l'émergence d'une majorité au pouvoir. Dans ce système, une loi est légitime quand elle dispose d'une majorité suffisante pour la voter, au besoin en ayant recours à des artifices légaux, quelle soit bonne ou mauvaise. Dans un système où

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les mêmes hommes décident de choisir un problème à traiter, de retenir une solution et de la ratifier, il n'est pas surprenant de constater que la gouvernance est mauvaise, que les citoyens s'indignent, qu'ils finissent par mépriser les politiques qu'ils ont élus. Ce ne sont pas les hommes politiques qui sont mauvais, c'est le système dans lequel ils doivent gouverner. Pourquoi ce système perdure-t-il ? Certes parce que certains y trouvent leur avantage, mais surtout parce que le principe de légitimité est tellement ancré dans les esprits qu'il rend aveugle le monde politique et l’ensemble des citoyens qui les élisent, et donc qu'il est inconcevable de le remettre en question. c) Le mythe du progrès. Le mythe du progrès est le concept fédérateur central de notre civilisation occidentale. Il doit faire l'objet d'une attention particulière en sachant que tout concept est évolutif et qu'il vaut mieux l'enrichir en transformant son image que de tenter de le détruire. L'image ordinaire de ce concept veut que la science et la technologie soient comme des divinités antiques les seuls recours possibles dont l'humanité dispose pour construire son avenir, avec en plus la conviction ou le sentiment que ce progrès est éternel ou infini, et que quoi qu'il arrive, quoi qu'il fasse, quoi qu’il se passe, quels que soient ses errements et ses erreurs, l'homme trouvera toujours des solutions qui lui permettront de s'en sortir. Il faut conserver le dernier aspect de ce mythe car il est porteur d'espoir pour l'humanité, mais montrer que l'évolution que suppose le progrès peut prendre d'autres trajectoires que celle linéaire que nous connaissons, qu'il faut pour cela nous éloigner des idées préconçues et cesser de croire que la science et la technologie sont les seuls moyens dont nous disposons pour trouver des solutions. En un mot, élargir l'éventail du progrès, ne pas confondre progrès et croissance. d) Les convictions métaphysiques. Les convictions des hommes sont conflictuelles. Elles comprennent leur vision du monde et de leur être, et souvent ils ont été prêts à mourir pour elles alors qu'ils peuvent s'accorder à

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faire des choses ensemble à condition qu'ils les taisent. Seules les solutions concrètes sont résolutoires. Les hommes ne réconcilieront jamais leurs convictions métaphysiques contradictoires, y consacrer du temps et de l'énergie est un gaspillage car notre foi est péremptoire. Par contre, vivre ensemble, ne plus se combattre ni s'insulter, construire un avenir commun, sont des objectifs concrets réalisables. Cependant, toutes idées préconçues rendent aveugles, elles constituent un obscurcissement de la pensée, un étranglement qui nous interdisent d'entrevoir ou d'imaginer d'autres possibles. Ces quatre facteurs précédents sont étroitement imbriqués, s’épaulent au sein des activités inconscientes de l’esprit humain, et se cumulent au niveau des conditions d’influence qu’elles créent au moment des prises de décision nécessaires en cas de menace. Aussi elles impliquent inévitablement l’émergence de solutions inadaptées et même contre productives dont il est très difficile à la société humaine de se sortir. Il est facile d'élaborer des objectifs, c'est à dire de lister tout ce que les gens rêvent, c'est ce que nous trouvons dans les programmes électoraux et aussi dans le programme de développement durable horizon 2030. Certes, il est nécessaire de le faire, mais il est beaucoup plus difficile de trouver des solutions, c'est à dire des moyens résolutoires des problèmes pour au moins trois raisons : La première c'est que les objectifs des uns sont contradictoires avec ceux des autres. La notion de développement durable elle-même est critiquable puisqu'elle allie croissance ininterrompue de la production et de la consommation et baisse des prélèvements des ressources naturelles et des rejets des déchets. La deuxième c'est de croire que la science et la technologie peuvent tout faire. Nous ne savons pas tout faire, et peut-être nous ne sauront jamais faire où du moins pas à temps pour résoudre les défis mondiaux. La troisième c'est que nous nous sommes confrontés à des contraintes humaines, des blocages dus aux convictions métaphysiques, à la foi et aux religions, même si nous savons qu'il faut les taire pour travailler ensemble. Il en est de même du mythe du progrès, de l'importance des traditions et des

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racines, du poids des communautés qui rendent plus difficiles l'application des moyens les plus rationnels et les évolutions nécessaires. Nos sociétés sont prisonnières de trajectoires essentiellement quantitatives. Ceci du fait de l'importance des statistiques dans l'esprit des analystes et des décideurs, or le qualitatif est par définition difficilement quantifiable. Mais aussi des ambitions politiques de réduction du chômage par la croissance du PIB et de hausse de la masse fiscale, des objectifs et des efforts des entreprises concernant leur chiffre d'affaire et leurs profits. D'où une pression constante de la publicité et des promotions sur les consommateurs. Or le bonheur des hommes n'est pas directement lié à la quantité de ce qu'ils consomment où de se qu'ils possèdent mais à la qualité de ce qu'ils vivent. La domination de la quantité sur la qualité implique des productions et consommations de produits médiocres et souvent inutiles, des horaires et des cadences de travail de travail harassantes pour beaucoup, et du stress supplémentaire pour tous. Alors qu'à l'inverse, si la qualité de vie était dominante dans les esprits, la planète se trouverait soulagée d'une partie de ses problèmes. Blocages. Notre fonctionnement mental s’exécute grâce à un ensemble de mécanismes complexes exercé par nos fonctions mentales. Cet ensemble peut se bloquer, fonctionner en sous régime ou d'une façon inefficace entraînant des désordres, des confusions et des souffrances. Ou, au contraire, d'une façon idéale. Ces blocages résultent principalement d'erreurs et de fautes des décisions de notre libre arbitre, en particulier dans la validation de convictions et de représentations erronées et l'emploi de procédures inappropriée pour la direction de notre vie mentale. Ces blocages résultent principalement des causes suivantes : 1) L'identification de notre entité non physique à ce qu'elle n'est pas : un corps biologique, un cerveau, une personne sociale, une citoyenneté légale. On ne dirige pas son être mental avec des idées politiques ni avec son corps.

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2) Des représentations, des idées et des théories fausses, qui pullulent en philosophie et dans les sciences humaines, en particulier en psychanalyse et en sociologie. Les cadres conceptuels erronés ne servent à rien, sinon à nous entraîner dans des directions vides. 3) La soumission de notre volition à un prophète, un dieu, un gourou, un chef, des anges, un texte sacré, un système politique, social, ou économique. Notre entité mentale est hors, ailleurs de tout cela. Elle doit donc se débarrasser de toutes ces aliénations. 4) La confusion sémantique. Le concept de (mot) étant sans doute le pire de toute la panoplie pour notre santé mentale. Il entraîne une grave incohérence dans tout notre système sémantique. 5) La pensée conceptuelle est sans effet pour diriger nos fonctions mentales, elles ne réagissent qu'à des percepts, les leurs. Les signes et le langage sont vides de sens pour elles. La combinaison de l’ensemble de ces causes bloquantes enferme l’esprit de l’homme dans une cage exigüe qui le condamne à rester dans la confusion pathologique de l’homo perceptuel, sans espoir d’en sortir. Pour s’en libérer il lui faudrait entreprendre le chemin divergeant du renonçant et les déconstruire une à une dans un effort gigantesque dont peu d’hommes sont capables.

L’état actuel de l’humanité L’homme n’a pas achevé son évolution. Si l’espèce humaine est au dernier stade de l’évolution biologique, celle-ci est destinée à se poursuivre sur le plan mental vers des états successifs de structuration de plus en plus efficaces pour la connaissance et la maîtrise de son être et de son environnement, au sens le plus large. Actuellement, et depuis qu’il invente et utilise des outils et des techniques matérielles pour satisfaire ses besoins, qu’il pratique un langage pour communiquer et en partie pour penser, il se situe au stade que nous pouvons qualifier de conceptuel. A ce stade, il se débrouille relativement bien sur le plan physique, par contre sur le plan psychique, il est dans la confusion et l’ignorance. Il souffre de ses émotions et de ses passions, il est victime de ses convictions

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conceptuelles souvent fausses, aliénantes, toxiques et illusoires, et il ne sait pas convenablement résoudre les conflits sociaux qu’il engendre, d’où de la mauvaise gouvernance, des tensions, des désordres et des guerres. Nous pouvons nommer le stade suivant : supramental ataraxique, non que l’ataraxie soit le principal de ce stade, qui se caractérise par de nombreuses capacités nouvelles et des extensions des capacités anciennes, mais parce que l’ataraxie est un état d’être remarquable et aisément perceptible par ceux qui en jouissent. L’ataraxie c’est l’absence de trouble, d’émotion et de passion, une sérénité sereine en toutes circonstances. Sans entrer dans les détails, c’est ne plus être gêné par aucun stress pour faire tout ce que nous avons à faire plus facilement : penser, rechercher, agir dans tous les domaines. En gros, se libérer du conflit pénible des fonctions pathologique et volontaire qui domine et entrave le stade précédent, ce qui présente évidemment d’énormes avantages. L’humanité est actuellement confronté à de grandes difficultés qui menacent son existence, engluée dans une trajectoire causale qui la mène inéluctablement à son extinction comme disent avec raison Stephen Hawking et d’autres scientifiques, à un horizon de cinq à dix siècles, pas plus. Hawking espérait qu’une partie pourrait fuir vers une autre planète en emportant ses problèmes, nous pouvons en douter, compte tenu des immenses difficultés technologiques que représentent les voyages de longue durée dans l’espace, comme de trouver une planète viable pour l’homme dans l’immensité de notre galaxie. Et de toute façon, ça ne fera qu’exporter les problèmes humains plus loin et non les résoudre. L’évolution scientifique, technologique, industrielle, consumériste et la progression démographique, ont fait que par voie de simple causalité les difficultés se sont accélérés menant l’humanité à se trouver actuellement face à des menaces immédiates qui se renforcent mutuellement dans un cercle vicieux : Changement climatique dû à l’augmentation des gaz à effet de serre, pollution des mers et des océans, surpopulation, dégradation de l’environnement terrestre, surconsommation et épuisement des ressources naturelles,

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destruction de la biodiversité et des terres agricoles, risque de mutations génétiques des virus dangereux pour l’homme, crises nucléaires, vagues migratoires incontrôlées aggravant les tensions internationales, inondation des terres émergées les plus habitées et les plus indispensables à la survie de l’espèce humaine consécutivement à la hausse des températures et la fonte des glaces arctiques et antarctiques, aggravation des désordres sociaux, des conflits et des guerres avec l’emploi d’armes de destruction massive dont les armes atomiques. Dans son état conceptuel l’homme est plongé dans des désordres intérieurs, des convictions irrationnelles en des fantasmes religieux ou non, une avidité abusive de pouvoir et de richesses, des théories et des idées fausses inutiles et confuses, des connaissances illusoires et stériles surtout en sciences humaines, des envies sans besoin, des motivations sans cause et des objectifs insensés. Il est incapable de maîtriser ses émotions et ses passions, et tout cela rejaillit bien sûr dans ses relations sociales. Par conséquent la société est malade, divisée en communautés conflictuelles incapables de se comprendre et de s’entendre, les hommes peinent à vivre en paix, et ici où là se font la guerre. Même dans ses relations avec ses plus proches au sein de sa famille et avec ses collègues de travail, l’homme est souvent sur la défensive, agressif et brutal. En résumé, dans cet état, l’humanité est incapable de se sortir de cette causalité funeste qui l’entraîne vers sa perte. Elle ne pourrait y parvenir qu’en devenant dans sa majorité décisionnelle, surhumaine, supramentale et ataraxique. Cependant, ce n’est pas si facile car l’ataraxie ne se transmet pas par la parole, par des mots, ni par la pensée, mais suppose de la part de la personne qui souhaite le devenir d’entreprendre une procédure de développement mental particulière qui consiste essentiellement en la mise en place d’ancrages dans sa mémoire, de liens comparables aux liens informatiques, lui permettant d’accéder, de diriger et de maîtriser ses fonctions mentales consciemment.

Perspectives de l’espèce humaine

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« Pour étouffer par avance toute révolte, il ne faut pas s'y prendre de manière violente. Les méthodes du genre de celles d'Hitler sont dépassées. Il suffit de créer un conditionnement collectif si puissant que l'idée même de révolte ne viendra même plus à l'esprit des hommes. L'idéal serait de formater les individus dès la naissance en limitant leurs aptitudes biologiques innées. Ensuite, on poursuivrait le conditionnement en réduisant de manière drastique l'éducation, pour la ramener à une forme d'insertion professionnelle. Un individu inculte n'a qu'un horizon de pensée limité et plus sa pensée est bornée à des préoccupations médiocres, moins il peut se révolter. Il faut faire en sorte que l'accès au savoir devienne de plus en plus difficile et élitiste. Que le fossé se creuse entre le peuple et la science, que l'information destinée au grand public soit anesthésiée de tout contenu à caractère subversif. Surtout pas de philosophie. Là encore, il faut user de persuasion et non de violence directe : on diffusera massivement, via la télévision, des divertissements flattant toujours l'émotionnel ou l'instinctif. On occupera les esprits avec ce qui est futile et ludique. Il est bon, dans un bavardage et une musique incessante, d'empêcher l'esprit de penser. On mettra la sexualité au premier rang des intérêts humains. Comme tranquillisant social, il n'y a rien de mieux. En général, on fera en sorte de bannir le sérieux de l'existence, de tourner en dérision tout ce qui a une valeur élevée, d'entretenir une constante apologie de la légèreté ; de sorte que l'euphorie de la publicité devienne le standard du bonheur humain et le modèle de la liberté. Le conditionnement produira ainsi de lui-même une telle intégration, que la seule peur - qu'il faudra entretenir - sera celle d'être exclus du système et donc de ne plus pouvoir accéder aux conditions nécessaires au bonheur. L'homme de masse, ainsi produit, doit être traité comme ce qu'il est : un veau, et il doit être surveillé comme doit l'être un troupeau. Tout ce qui permet d'endormir sa lucidité est bon socialement, ce qui menacerait de l'éveiller doit être ridiculisé, étouffé, combattu.

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Toute doctrine mettant en cause le système doit d'abord être désigné comme subversive et terroriste et ceux qui la soutiennent devront ensuite être traités comme tels. On observe cependant, qu'il est très facile de corrompre un individu subversif : il suffit de lui proposer de l'argent et du pouvoir. Aldous HUXLEY – 1939 » Prosopopée (il s’agit d’une figure de style consistant à faire parler un mort) du philosophe Serge Carfantan dans le cadre d’un discours sur le cynisme politique écrit en 2007. Ce qui n’enlève rien à la valeur de ce texte.

Les trois vecteurs de l'abêtissement des masses : Principes des moyens mis en œuvre pour dominer les sociétés humaines avec la complicité de la technologie et du physicalisme : L’école : Vous ne devez pas apprendre à penser mais à répéter. La télévision : Vous ne devez pas vous cultiver mais consommer. Les jeux vidéo : Vous ne devez pas créer mais jouer. Le despotisme d'une idéologie totalitaire est en marche sous le couvert de l'apparence démocratique. Elle préfigure ce que George Orwell décrit dans son roman 1984. Orwell : 1984, nous y sommes rentrés de plein pied, le physicalisme des neurosciences et le consumérisme qui règnent actuellement dans les médias visent à créer un langage dans lequel : esprit = cerveau, ne permettant aucun esprit critique à leur égard, la dictature d'une pensée unique reléguant toute philosophie, sauf la sienne, à un babillage archaïque non pertinent. On prépare les masses à pire encore, à devenir demain les esclaves de l'intelligence artificielle et des robots. Les évocations, fort pertinentes, de l’avenir de l’espèce humaine que George Orwell dans son roman : 1984 (publié en 1949) et Aldous Huxley dans le sien : Le meilleur des mondes (publié en 1932), parmi d’autres œuvres moins connues d’anticipation dystopique sur le même thème, ont proposées dans la première moitié du vingtième siècle, se sont révélées inexactes du fait de trois nouveaux facteurs inconnus à l’époque de ces auteurs, ayant modifié la trajectoire causale primitive déterminant le devenir de la race humaine. Ces trois facteurs sont : premièrement, le risque écologique,

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deuxièmement, l’impossibilité formelle de créer des robots dotés d’une intelligence artificielle comparable à celle de l’homme, troisièmement, l’émergence nouvelle du surhomme doté de moyens de transmettre son état supramental ataraxique.

Le risque écologique. Le caractère fini de l’étendue et des ressources de la planète terre ne permet pas le développement à long terme d’une civilisation totalitaire despotique pérenne énergétivore, compte tenu des moyens technologiques nécessaires à se maintenir en place en luttant contre toutes les émergences subversives dissidentes. Tout au contraire, cette nouvelle menace imprévue, en contradiction avec les principes économique de l’ère industrielle, est la conséquence directe du développement technologique sur lequel elle comptait pour régner.

L’impossibilité formelle de l’intelligence artificielle. Il n’est pas possible de créer des robots dotés d’une intelligence sémantique artificielle comparable à celle de l’homme. Tout simplement parce que ce type d’intelligence est mentale, non physique, réservé aux vivants, et inaccessible aux machines matérielles inconscientes qui ne pensent pas, et restent des bouliers électroniques automatiques rapides au fonctionnement strictement causal, quel que soit le niveau de complexité de leur traitement de l’information.

L’émergence du surhomme supramental ataraxique. De tels surhommes ont existé dans le passé en petit nombre. On peut citer Epicure et Lao-Tseu, quoique ce dernier puisse être plus un mythe qu’une réalité mais qui révèle cependant une haute maîtrise mentale de ceux qui ont participé à l’écriture du Tao tö king. La plupart de ces hommes sont restés des inconnus vivant dans l’ombre de sociétés autoritaires despotiques aliénantes dont ils ont dû se protéger pour survivre. Ils n’ont donc pas pu ou pas voulu transmettre leur état. En tout cas, leur état ataraxique ne fut pas transmis sinon notre société actuelle le connaîtrait et serait fort différente de ce qu’elle est aujourd’hui.

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  Certains utopistes romantiques croient en l’émergence d’une sagesse collective humaniste. Ceux-ci semblent ignorer les contraintes formelles du vivant : a) la voie purement techno IA + Robot qui fait rêver Kurzweil est impossible, elle n'aboutira qu'à des robots sous intelligents, aux mains de la grande industrie, qui permettront d'asservir les masses abêties, la connaissance étant réservée à une élite, et à un despotisme autoritaire. Cette voie est actuellement dominante et s'imposera à l'humanité tant que la seconde voie n'émergera pas. b) L'homme n'a pas le choix, pas plus que les grands singes anthropoïdes avaient d'autres choix que de devenir des hommes. Les possibles de l'évolution du vivant sont inscrits dans ses structures fondamentales sémantiques et non génétiques. Donc, soit l'humain reste à son niveau actuel, ce qui le conduit à (a) et à une extinction de masse, soit il passe au seul état suivant possible (c), il n'y a pas de solution morale, politique ou philosophique (voir d). c) Le stade suivant, surhumain, est supramental, c'est à dire qu'il passe par l'acquisition des facultés mentales de maîtrise de ses structures fondamentales. Il y a 2 voies pour y parvenir : 1) la voie mentaliste qui ne demande aucune éthique ou spiritualité particulière, seulement de l'ingénierie mentaliste, qui n'est peut-être pas la plus facile, 2) la voie mystique, celle des post bouddhistes, qui passe par une stricte discipline et par des expériences mystiques. J'en connais quelques uns, ataraxiques comme moi, donc nous ne pouvons que fraterniser et nous allier contre (a). Compte tenu de notre collaboration, il est probable que ces deux voies fusionnent un jour, mais tout ça prend du temps. Compte tenu de l'avantage de leurs facultés mentales, les supramentaux prendront le pouvoir à partir d'un certain seul qui ne devrait pas dépasser quelques pour mille de la population mondiale, 10 millions de personnes semble suffisant. Il y aura quand même une grosse masse de travail à accomplir pour transformer de fond en comble une société d’une dizaine de milliards d'humains, et pour cela un nombre minimum d'opérateurs est nécessaire. d) C'est la puissance des pouvoirs qui mène le monde, et pas la morale, les vertus humanistes ou la philosophie participative. Autrefois c'était la

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puissance de la force physique, celle des divisions de Staline, aujourd'hui la puissance technologique de (a), demain la puissance mentale de (c). Il ne faut pas que les utopistes romantiques rêvent, car il leur manque la puissance de faire les choses. Nous devrons quitter une civilisation de pouvoir conceptuel aliénante, rendue possible par l'inconscience ontologique et sémantique des masses, pour une civilisation perceptuelle mentale consciente (l’aliénation précédente ne pouvant plus fonctionner, l'ancien système de pouvoir alliant les usages de la manipulation et de la force physique s'effondrera) pour éviter une extinction de masse conséquence d'une utilisation effrénée et sans contrôle de la technologie, et d'une économie lucrative débridée.... Mais rien n'est moins sûr, car la causalité civilisationnelle est forte.

Le plus probable Le plus probable, c’est que la société humaine continue à se développer dans le prolongement de sa trajectoire actuelle, en consolidant l’emprise d’une puissante oligarchie économique, servie par la science et la technologie, qui fixe les règles aux politiques et contraigne les masses à subir de plus en plus durement l’aliénation nécessaire à son pouvoir et ses intérêts. La montée des risques écologiques, l’imminence des catastrophes annoncées et leurs premières conséquences destructives sur une grande échelle, obligera cette entente à prendre des mesures drastiques impactant le mode de vie des populations au sein desquelles émergeront des révoltes, qui exigeront pour être réprimés des moyens de plus en plus puissants. Cette évolution vers une société totalitaire de plus en plus visible, interviendra dans un contexte où les ressources alimentaires, l’énergie et les matières premières viendront à manquer, affaiblissant d’autant les moyens de cette puissance économique. L’énergie deviendra de plus en plus chère, son utilisation devra être rationnée, les formidables projets de la robotique ne pourront donc pas être mis en service faute de l’énergie nécessaire à les mettre en œuvre sérieusement au-delà de quelques épiphénomènes. Des dissensions, quant-aux mesures à prendre apparaîtront au sein du pouvoir économique, provoquant des crises

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et l’éclatement de l’unité de l’entente dominante. Ces crises seront de nature à provoquer des guerres et l’usage de l’arme atomique, affaiblissant encore les pouvoirs en place dans un contexte de survie. Dans le même temps, des cercles d’homo supramentaux se développeront lentement dans le secret de l’underground. Ils n’entreront pas en conflit avec la puissance économique, soucieux de leur sécurité, et n’interviendront guère que dans les milieux culturels et scientifiques, attendant que la faiblesse de l’adversaire, ses divisions et ses incohérences, et les catastrophes qu’il provoquera, lui fasse tomber le pouvoir des mains pour le saisir. Car comme l’écrivait le grand stratège chinois Sun-Tsu : « A vaincre sans combattre, on triomphe certes sans gloire, mais on triomphe cependant sans risque d’affaiblir ses propres forces. »

Nous vivons une époque matérialiste et nous sommes dans une période transitoire, une phase nécessaire qui doit passer par son contraire pour arriver à un point d’inflexion. Or dans la situation actuelle, nous pouvons craindre que ce point se rapproche de très près et même se confonde avec l’extrémité dramatique de l’entonnoir où l’humanité s’est imprudemment engagée. Reste que, quoi qu’il arrive, plusieurs millions d’hommes survivront à l’extinction de masse annoncée, et qu’ils suffiront à reconstruire une nouvelle civilisation surhumaine sur des bases plus saines.

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Achevé à Thuir le 26 Juin 2018

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LE SURHOMME : NIETZSCHE EN AVAIT RÊVÉ, NOUS L’AVONS RÉALISÉ

Commençant par l’évocation du mythe du surhomme depuis l’Ulysse d’Homère jusqu’au héros des Jeux de la machine dans le Monde des Non-A d’A. E. Van Vogt, et analysant les illusions, les échecs, les souffrances et les turpitudes de l’espèce humaine, les confusions et les erreurs conceptuelles des sciences sociales et humaines, cet essai nous fait peu à peu entrevoir l’émergence probable d’un surhomme supramental ataraxique maîtrisant les neuf fonctions mentales de son être sémantique, pratiquant la pensée holistique non verbale et accédant à l’omniscience des structures universelles du vivant, capable de résoudre les problématiques psychologiques personnelles et sociales, au moyen de techniques mentalistes accessibles à tous.

Jean-Louis Tripon, né en 1947, est un chercheur théoricien mentaliste dualiste. Il propose sur son site internet www.sefome-academie.fr un modèle de l’esprit humain et une méthode de développement personnel, grâce auxquels il prétend être devenu en septembre 2015 ataraxique épicurien vrai, absent de trouble et d’émotion, qu’il cherche depuis à transmettre. Il a écrit plusieurs livres dont (Créer pour être, 1990), (Atarax, 2018) et (A la découverte de notre vie mentale, 2018).

Graphisme : Pavel Filonov

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