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www.lemonde.fr 58 e ANNÉE – N” 17994 – 1,20 ¤ – FRANCE MÉTROPOLITAINE --- FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANI DIMANCHE 1 er - LUNDI 2 DÉCEMBRE 2002 Algérie 40 DA, Allemagne 1,50 ¤, Antilles-Guyane 1,50 ¤, Autriche 1,50 ¤, Belgique 1,20 ¤, Cameroun 1000 F CFA, Canada 2,50 $, Côte d'Ivoire 1000 F CFA, Danemark 15 KRD, Espagne 1,50 ¤, Finlande 2,00 ¤, Gabon 1100 F CFA, Grande-Bretagne 1 £, Grèce 1,50 ¤, Irlande 1,50 ¤, Italie 1,50 ¤, Luxembourg 1,20 ¤, Maroc 10 DH, Norvège 18 KRN, Pays-Bas 1,50 ¤, Portugal cont. 1,50 ¤, Réunion 1,50 ¤, Sénégal 1000 F CFA, Suède 18 KRS, Suisse 2,40 FS, Tunisie 1,5 DT, USA (NY) 2 $, USA (others) 2,50 $. C’EST sans doute l’un des plus grands artistes vivants, l’un des plus critiqués aussi. Le Monde l’a rencontré à New York. Lire page 25 MICHEL était restaurateur, Kim est maître nageur. Ils étaient des morts-vivants. La maladie demeure mais elle est endormie. Malgré les lour- deurs de la trithérapie, les mala- des ont retrouvé un avenir. « J’ai développé davantage mes sens et je redécouvre tout avec bonheur. Je vous le dis : c’est une autre vie », confie Michel dans notre enquête. Il ne boude pas sa chance d’avoir pu bénéficier juste à temps des traitements les plus nouveaux. Par ailleurs, le Commissariat du Plan a publié, vendredi, un bilan de la politique menée en France depuis 1994. Le dépistage reste le point faible de la lutte contre le sida. Lire l’enquête page 14 et nos informations page 11 CORÉE DU NORD Nucléaire : le Pakistan aiderait Pyongyang p. 2 COLOMBIE La France veut faciliter un accord pour la libération d’otages p. 3 COUPE DAVIS Un double décisif pour la victoire finale p. 18 ACCIDENT Un chauffard fauche cinq pompiers sur l’autoroute A7 p. 12 ÉCUREUIL Les ambitions de la banque face à la Caisse des dépôts p. 17 AUTOMOBILE Les grosses berlines françaises ont du mal à s’imposer p. 19 SCIENCES Un trimaran dépollueur à l’étude en France p. 20 Au bonheur de Jeff Koons Comment les trithérapies ont changé la vie des malades .. La peur de l’arme atomique en Asie International.............. 2 France ......................... 6 Société ...................... 10 Carnet........................ 12 Horizons.................... 14 Entreprises ................ 17 Aujourd’hui .............. 18 Météorologie............ 21 Jeux............................ 21 Culture...................... 22 Portrait...................... 25 Radio-Télévision ..... 26 f Deux siècles après sa naissance, la France célèbre le créateur des Mousquetaires et de Monte-Cristo f Petit-fils d’esclave et fils d’un mulâtre, général républicain limogé par Napoléon f L’hommage de Jacques Chirac : un bâtisseur de « notre identité nationale » Lire pages 22-23 et notre éditorial page 16 QUATRE ANS après sa création, Attac, mouvement pour une autre mondialisation, s’apprête à changer de président. L’économiste Jacques Nikonoff doit succéder au fondateur, Bernard Cassen, lors de l’assemblée générale de l’Association pour la taxa- tion des transactions financières et l’aide aux citoyens (Attac), samedi 30 novembre et dimanche 1 er décem- bre, à La Rochelle (Charente-Mariti- me). M. Nikonoff aura pour mission d’élargir la base du mouvement et de renforcer ses liens avec les salariés. Forte de 30 000 membres, de 230 comités locaux et de 40 structures à l’étranger, l’association est devenue une des références de toute la gau- che, du PS à l’extrême gauche. Depuis le choc du 21 avril, lors du pre- mier tour de la présidentielle, elle est l’objet de nombreuses sollicitations de la part du PS. Toutefois, l’associa- tion souhaite, comme par le passé, ne pas se laisser entraîner sur le terrain de la recomposition politique. Lire pages 6 et 7 SAMEDI 30 novembre, la Fran- ce rend hommage à Alexandre Dumas, sixième écrivain après Vol- taire, Rousseau, Hugo, Zola et Malraux à faire son entrée au Pan- théon. En fin d’après-midi, Jac- ques Chirac devait prendre la paro- le pour souligner que, « plus que tout autre romantique, Alexandre Dumas sait, avec Hugo et Schœl- cher, que la République porte les valeurs qui émancipent. Qu’elle seu- le peut ouvrir l’avenir à tous ceux qui, comme lui, n’ont que leur tra- vail, leur talent et leur mérite pour obtenir leur juste place dans la socié- té française ». Le président de la République devait ajouter que, « pendant des générations, l’œuvre de Dumas va faire de l’histoire de France le levain de nos imaginaires. Elle va façonner notre mémoire col- lective et participer à l’édification de notre identité nationale ». L’hommage à l’auteur des Trois Mousquetaires devait s’achever par la lecture de la lettre de Victor Hugo au fils d’Alexandre Dumas. DANS un entretien au Monde qu’il a lui-même souhaité consacrer à l’éducation et à la jeunesse, Jean- Pierre Raffarin s’attache à rassurer les enseignants, à une semaine de la manifestation nationale appelée par l’ensemble des syndicats, dimanche 8 décembre. « Ayez con- fiance, la France a besoin de vous », leur déclare le premier ministre. Affirmant qu’« il n’y a aucune ambi- guïté sur le cap » et « la place de l’éducation », il présente les restric- tions budgétaires comme « une situation de transition ». Il assure que les surveillants et les aides-édu- cateurs dont les postes sont suppri- més seront remplacés. Constatant qu’« il y a une foule d’inégalités dans l’école », le premier ministre reprend l’idée d’une orientation en quatrième pour « valoriser tous les talents ». Soulignant qu’« être ministre de l’éducation figure parmi les métiers les plus difficiles au monde » M. Raf- farin affirme que Luc Ferry, critiqué ces dernières semaines notamment par Jacques Chirac, est un « excel- lent ministre » qui « trace la route ». . . Inspecteur de l’ONU et membre d’une coalition sado-maso - / / LA CHINE est dirigée par des sexagénaires depuis le 16 e congrès du PCC qui s’est achevé à la mi-novembre. Dans le vocable politique chinois, ces sexagénai- res, qui remplacent une équipe de septuagénaires, sont désignés sous le label de « quatrième géné- ration » de la République populai- re : après la première (Mao), la deuxième (Deng Xiaoping), la troi- sième (Jiang Zemin), voilà l’arrivée de la classe d’âge de Hu Jintao, le nouveau secrétaire général du PC appelé à devenir chef de l’Etat au printemps prochain. Cette transition, comme il l’a été dit et répété à juste titre, est en trompe-l’œil, car le « sortant » Jiang Zemin (76 ans) demeurera de facto l’homme fort du régime tandis que l’« entrant » Hu Jintao (59 ans), serré de près par les fidè- les de son prédécesseur, aura les plus grandes difficultés à s’affir- mer – dans un premier temps en tout cas. Mais si cette « quatrième génération » reste sous très haute surveillance à la direction suprême du parti, elle a déjà pris le pouvoir dans les ministères et dans les pro- vinces, où le rajeunissement des cadres politiques est plus franc. Qu’annonce donc pour la Chine ce passage de témoin d’une tran- che d’âge à une autre ? Le portrait collectif de cette « quatrième géné- ration » a été brossé par Li Cheng, universitaire chinois, enseignant aux Etats-Unis (Hamilton Col- lege), dans un ouvrage qui s’est imposé comme une référence sur le sujet (China’s Leaders, the New Generation, Rowman et Littlefield, 2001). Li Cheng montre que cette nouvelle strate de dirigeants est un fidèle miroir des lignes de force de la société chinoise après deux décennies de réformes écono- miques. Frédéric Bobin Lire la suite page 16 Avec Alexandre Dumas, le métissage au Panthéon NEW YORK (Nations unies) de notre correspondante Une porte-parole de l’ONU a indiqué, vendredi 29 novembre, que l’inspecteur en désarmement améri- cain mis en cause la veille par le Washington Post pour sa participation à un groupe sado-masochiste restait membre de la commission d’inspection. Le chef de la commission d’inspection (Unmovic), Hans Blix, « n’a pas l’intention de licencier » cet inspecteur, qui est « un expert technique hautement qualifié et compétent, a indiqué la porte-parole Hua Jiang. Aucun écart de conduite n’a été signalé ». L’inspecteur Harvey Jack McGeorge, 53 ans, spécialis- te des munitions, a fait l’objet d’un article à la « une » du Washington Post illustrant les « failles » dans le recrutement des inspecteurs en désarmement. L’arti- cle se fondait sur des critiques d’anciens inspecteurs ayant participé à la commission précédente (Unscom) mais n’ayant pas été recrutés pour participer à la mis- sion actuelle, ce qu’ils attribuent à un choix de M. Blix de privilégier une approche « non agressive » avec Sad- dam Hussein. En 1998, l’Unscom avait été discréditée par les activités d’espionnage de certains de ses mem- bres. Président d’un cabinet de consultants spécialisé dans les questions de guerre chimique et bactériologi- que depuis 1981, Jack McGeorge est un ancien marine formé à la destruction d’explosifs. Il a été six ans dans les services secrets, comme spécialiste des munitions. Ces dernières années, il a été régulièrement consul- té par Newsweek ou CNN à propos d’attentats ou de bioterrorisme. Sa vie sexuelle n’avait encore jamais soulevé de problèmes. Il ne cache pas qu’il a présidé la Coalition nationale pour la liberté sexuelle (NCSF) de Washington. Sur Internet, il fait très publiquement campagne en faveur d’un mouvement « pansexuel » sado-masochiste appelé Black Rose. « Je suis ce que je suis. Et je n’en ai pas honte. Mais je ne peux pas permet- tre que mes actes, ou la manière dont ils peuvent être perçus par d’autres, causent du tort à une organisation qui n’a rien fait pour le mériter », a dit McGeorge. A l’ONU, certains ont été ulcérés par cette attaque « venue non d’un pays musulman mais des Etats-Unis ». Corine Lesnes Lire aussi notre reportage au Koweït page 3 Education : un entretien avec Raffarin b Alexandre Dumas croqué par Victor Hugo (vers 1850). 0123 ARGENT L’avenir incertain de l’épargne réglementée a Chine : la « quatrième génération » au pouvoir f Le premier ministre s’exprime sur l’école avant la manifestation du 8 décembre f « Je ne réformerai pas sans l’adhésion des enseignants » Lire l’entretien page 10 Attac : un nouveau président, des avances de la gauche

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58e ANNÉE – Nº 17994 – 1,20 ¤ – FRANCE MÉTROPOLITAINE --- FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANIDIMANCHE 1er - LUNDI 2 DÉCEMBRE 2002

Algérie 40 DA, Allemagne 1,50 ¤, Antilles-Guyane 1,50 ¤, Autriche 1,50 ¤, Belgique 1,20 ¤, Cameroun 1000 F CFA, Canada 2,50 $, Côte d'Ivoire 1000 F CFA, Danemark 15 KRD, Espagne 1,50 ¤, Finlande 2,00 ¤, Gabon 1100 F CFA, Grande-Bretagne 1 £, Grèce 1,50 ¤,Irlande 1,50 ¤, Italie 1,50 ¤, Luxembourg 1,20 ¤, Maroc 10 DH, Norvège 18 KRN, Pays-Bas 1,50 ¤, Portugal cont. 1,50 ¤, Réunion 1,50 ¤, Sénégal 1000 F CFA, Suède 18 KRS, Suisse 2,40 FS, Tunisie 1,5 DT, USA (NY) 2 $, USA (others) 2,50 $.

C’EST sans doute l’un desplus grands artistes vivants,l’un des plus critiqués aussi.Le Monde l’a rencontré àNew York. Lire page 25

MICHEL était restaurateur,Kim est maître nageur. Ilsétaient des morts-vivants. Lamaladie demeure mais elle estendormie. Malgré les lour-deurs de la trithérapie, les mala-des ont retrouvé un avenir.« J’ai développé davantage messens et je redécouvre tout avecbonheur. Je vous le dis : c’est uneautre vie », confie Michel dansnotre enquête. Il ne boude passa chance d’avoir pu bénéficierjuste à temps des traitementsles plus nouveaux. Par ailleurs,le Commissariat du Plan apublié, vendredi, un bilan de lapolitique menée en Francedepuis 1994. Le dépistage restele point faible de la lutte contrele sida. Lire l’enquête page 14 et nos informations page 11

CORÉE DU NORDNucléaire : le Pakistanaiderait Pyongyang p. 2

COLOMBIELa France veut faciliterun accord pour lalibération d’otages p. 3

COUPE DAVISUn double décisif pourla victoire finale p. 18

ACCIDENTUn chauffard fauchecinq pompierssur l’autoroute A7 p. 12

ÉCUREUILLes ambitionsde la banque face à laCaisse des dépôts p. 17

AUTOMOBILELes grosses berlinesfrançaises ont du malà s’imposer p. 19

SCIENCESUn trimaran dépollueurà l’étude en France p. 20

Au bonheurde JeffKoons

Comment les trithérapiesont changé la vie des malades

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La peur de l’arme

atomique en Asie

International.............. 2France......................... 6Société ...................... 10Carnet........................ 12Horizons.................... 14Entreprises................ 17

Aujourd’hui .............. 18Météorologie............ 21Jeux............................ 21Culture...................... 22Portrait...................... 25Radio-Télévision ..... 26

f Deux siècles aprèssa naissance,la France célèbrele créateurdes Mousquetaireset de Monte-Cristo

f Petit-fils d’esclaveet fils d’un mulâtre,général républicainlimogé par Napoléon

f L’hommage deJacques Chirac : unbâtisseur de « notreidentité nationale »

Lire pages 22-23et notre éditorial page 16

QUATRE ANS après sa création,Attac, mouvement pour une autremondialisation, s’apprête à changerde président. L’économiste JacquesNikonoff doit succéder au fondateur,Bernard Cassen, lors de l’assembléegénérale de l’Association pour la taxa-tion des transactions financières etl’aide aux citoyens (Attac), samedi30 novembre et dimanche 1er décem-bre, à La Rochelle (Charente-Mariti-me). M. Nikonoff aura pour missiond’élargir la base du mouvement et derenforcer ses liens avec les salariés.Forte de 30 000 membres, de 230comités locaux et de 40 structures àl’étranger, l’association est devenueune des références de toute la gau-che, du PS à l’extrême gauche.Depuis le choc du 21 avril, lors du pre-mier tour de la présidentielle, elle estl’objet de nombreuses sollicitationsde la part du PS. Toutefois, l’associa-tion souhaite, comme par le passé, nepas se laisser entraîner sur le terrainde la recomposition politique.

Lire pages 6 et 7

SAMEDI 30 novembre, la Fran-ce rend hommage à AlexandreDumas, sixième écrivain après Vol-taire, Rousseau, Hugo, Zola etMalraux à faire son entrée au Pan-théon. En fin d’après-midi, Jac-ques Chirac devait prendre la paro-le pour souligner que, « plus quetout autre romantique, AlexandreDumas sait, avec Hugo et Schœl-cher, que la République porte lesvaleurs qui émancipent. Qu’elle seu-le peut ouvrir l’avenir à tous ceuxqui, comme lui, n’ont que leur tra-vail, leur talent et leur mérite pourobtenir leur juste place dans la socié-té française ». Le président de laRépublique devait ajouter que,« pendant des générations, l’œuvrede Dumas va faire de l’histoire deFrance le levain de nos imaginaires.Elle va façonner notre mémoire col-lective et participer à l’édificationde notre identité nationale ».L’hommage à l’auteur des TroisMousquetaires devait s’achever parla lecture de la lettre de VictorHugo au fils d’Alexandre Dumas.

DANS un entretien au Mondequ’il a lui-même souhaité consacrerà l’éducation et à la jeunesse, Jean-Pierre Raffarin s’attache à rassurerles enseignants, à une semaine dela manifestation nationale appeléepar l’ensemble des syndicats,dimanche 8 décembre. « Ayez con-fiance, la France a besoin de vous »,leur déclare le premier ministre.Affirmant qu’« il n’y a aucune ambi-guïté sur le cap » et « la place del’éducation », il présente les restric-tions budgétaires comme « unesituation de transition ». Il assure

que les surveillants et les aides-édu-cateurs dont les postes sont suppri-més seront remplacés. Constatantqu’« il y a une foule d’inégalités dansl’école », le premier ministrereprend l’idée d’une orientation enquatrième pour « valoriser tous lestalents ».

Soulignant qu’« être ministre del’éducation figure parmi les métiersles plus difficiles au monde » M. Raf-farin affirme que Luc Ferry, critiquéces dernières semaines notammentpar Jacques Chirac, est un « excel-lent ministre » qui « trace la route ».

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Inspecteur de l’ONU et membre d’une coalition sado-maso

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LA CHINE est dirigée par dessexagénaires depuis le 16e congrèsdu PCC qui s’est achevé à lami-novembre. Dans le vocablepolitique chinois, ces sexagénai-res, qui remplacent une équipe deseptuagénaires, sont désignéssous le label de « quatrième géné-ration » de la République populai-re : après la première (Mao), ladeuxième (Deng Xiaoping), la troi-sième (Jiang Zemin), voilà l’arrivéede la classe d’âge de Hu Jintao, lenouveau secrétaire général du PCappelé à devenir chef de l’Etat auprintemps prochain.

Cette transition, comme il l’a étédit et répété à juste titre, est en

trompe-l’œil, car le « sortant »Jiang Zemin (76 ans) demeurerade facto l’homme fort du régimetandis que l’« entrant » Hu Jintao(59 ans), serré de près par les fidè-les de son prédécesseur, aura lesplus grandes difficultés à s’affir-mer – dans un premier temps entout cas. Mais si cette « quatrièmegénération » reste sous très hautesurveillance à la direction suprêmedu parti, elle a déjà pris le pouvoirdans les ministères et dans les pro-vinces, où le rajeunissement descadres politiques est plus franc.

Qu’annonce donc pour la Chinece passage de témoin d’une tran-che d’âge à une autre ? Le portrait

collectif de cette « quatrième géné-ration » a été brossé par Li Cheng,universitaire chinois, enseignantaux Etats-Unis (Hamilton Col-lege), dans un ouvrage qui s’estimposé comme une référence surle sujet (China’s Leaders, the NewGeneration, Rowman et Littlefield,2001). Li Cheng montre que cettenouvelle strate de dirigeants estun fidèle miroir des lignes de forcede la société chinoise après deuxdécennies de réformes écono-miques.

Frédéric Bobin

Lire la suite page 16

Avec Alexandre Dumas,le métissage au Panthéon

NEW YORK (Nations unies)de notre correspondante

Une porte-parole de l’ONU a indiqué, vendredi29 novembre, que l’inspecteur en désarmement améri-cain mis en cause la veille par le Washington Post poursa participation à un groupe sado-masochiste restaitmembre de la commission d’inspection. Le chef de lacommission d’inspection (Unmovic), Hans Blix, « n’apas l’intention de licencier » cet inspecteur, qui est « unexpert technique hautement qualifié et compétent, aindiqué la porte-parole Hua Jiang. Aucun écart deconduite n’a été signalé ».

L’inspecteur Harvey Jack McGeorge, 53 ans, spécialis-te des munitions, a fait l’objet d’un article à la « une »du Washington Post illustrant les « failles » dans lerecrutement des inspecteurs en désarmement. L’arti-cle se fondait sur des critiques d’anciens inspecteursayant participé à la commission précédente (Unscom)mais n’ayant pas été recrutés pour participer à la mis-sion actuelle, ce qu’ils attribuent à un choix de M. Blixde privilégier une approche « non agressive » avec Sad-dam Hussein. En 1998, l’Unscom avait été discréditéepar les activités d’espionnage de certains de ses mem-

bres. Président d’un cabinet de consultants spécialisédans les questions de guerre chimique et bactériologi-que depuis 1981, Jack McGeorge est un ancien marineformé à la destruction d’explosifs. Il a été six ans dansles services secrets, comme spécialiste des munitions.

Ces dernières années, il a été régulièrement consul-té par Newsweek ou CNN à propos d’attentats ou debioterrorisme. Sa vie sexuelle n’avait encore jamaissoulevé de problèmes. Il ne cache pas qu’il a présidé laCoalition nationale pour la liberté sexuelle (NCSF) deWashington. Sur Internet, il fait très publiquementcampagne en faveur d’un mouvement « pansexuel »sado-masochiste appelé Black Rose. « Je suis ce que jesuis. Et je n’en ai pas honte. Mais je ne peux pas permet-tre que mes actes, ou la manière dont ils peuvent êtreperçus par d’autres, causent du tort à une organisationqui n’a rien fait pour le mériter », a dit McGeorge. Al’ONU, certains ont été ulcérés par cette attaque« venue non d’un pays musulman mais des Etats-Unis ».

Corine Lesnes

Lire aussi notre reportage au Koweït page 3

Education : un entretien avec Raffarin

b Alexandre Dumas croqué par Victor Hugo (vers 1850).

0123

ARGENTL’avenir incertain de

l’épargne réglementée

a

Chine : la « quatrième génération »au pouvoir

f Le premier ministres’exprime sur l’écoleavant la manifestationdu 8 décembre

f « Je ne réformeraipas sans l’adhésiondes enseignants »

Lire l’entretien page 10

Attac :un nouveauprésident,des avancesde la gauche

Page 2: supplØment en v.o. Avec Alexandre Dumas, Attac : le métissage … · 2018. 3. 26. · de notre correspondante Une porte-parole de l’ONU a indiqué, vendredi 29 novembre, que l’inspecteur

ISLAMABADde notre correspondante

en Asie du SudLe passé appartient au passé et

les Etats-Unis semblent – au moinstant que Washington aura besoin del’assistance d’Islamabad dans la lut-te antiterroriste – se satisfaire desdémentis du Pakistan sur sa coopé-ration avec la Corée du Nord enmatière nucléaire. Mais la questionreste d’autant plus sensible queWashington a affirmé, en octobre,que les autorités nord-coréennesavaient avoué développer un pro-gramme d’armement nucléaire, enviolation de leurs engagementsinternationaux.

« Le président pakistanais, PervezMoucharraf, m’a assuré plus d’unefois qu’il n’y avait plus de contact »relatif au nucléaire entre Pyongyanget Islamabad, a encore affirmérécemment le secrétaire d’Etat amé-ricain Colin Powell, interrogé sur unarticle du New York Times. Citantdes sources de renseignements amé-ricaines, le quotidien notait que, sixmois plus tôt, le Pakistan recevaitencore des « pièces de missiles balisti-ques » en échange d’une aide au pro-gramme nucléaire militaire coréensous forme de « plans pour des cen-trifugeuses et de matériels pour enri-chir l’uranium ». Autant d’informa-tions démenties avec force par lesresponsables pakistanais.

Mais les relations entre Islamabadet Pyongyang ne sont pas nouvelles.Il est avéré que le développementdes missiles pakistanais a suivi deuxmodèles : d’une part, un missile chi-nois, le M11, pour le Shaheen pakis-

tanais, qui dispose d’une portée de350 km ; d’autre part, le Nodongcoréen, pour le missile pakistanaisGhauri, d’une portée d’environ1 500 km et capable d’emmener unecharge de 900 kg. Selon des expertslocaux, les missiles pakistanais peu-vent aujourd’hui être équipés detêtes nucléaires.

Importé au début des années1990 – « après que le Pakistan eutobtenu l’assurance que l’Inde dévelop-pait un programme de missiles »,explique Shahid Ur Rahman, auteurde plusieurs livres sur le programmenucléaire pakistanais –, le M11 a ététesté dans sa version pakistanaise àla mi-1999. Le Nodong est arrivéaprès et, semble-t-il, sous le règnede Benazir Bhutto, premier ministredu Pakistan entre 1993 et 1997.

Selon un témoin qui accompa-

gnait Mme Bhutto dans son premiervoyage officiel en Chine et en Coréedu Nord, le 27 décembre 1993, cer-tains passagers avaient été débar-qués à Pékin, et Mme Bhutto s’étaitrendue à Pyongyang avec un entou-rage restreint. « L’étape aurait dûdurer une journée, mais elle a été pro-longée de 24 heures, officiellement enraison du mauvais temps », racontece témoin. « Mais, au retour, l’aviondu premier ministre était chargé decaisses et plus tard des rumeurs ontlaissé entendre qu’il pouvait s’agir depièces de missiles », confie-t-il sansplus de précisions.

Qu’a éventuellement donné lePakistan en échange de ses missi-les ? Les avis des experts diffèrent

et, compte tenu de l’aspect trèssecret du programme nucléairepakistanais, qui demeure totale-ment sous la coupe des militaires, ilest difficile, sinon impossible, derépondre à ce stade. « A l’exceptionde A. Q. Khan [le père de la bombepakistanaise], personne ne serait

capable de vous dire exactement lanature et l’ampleur de l’échange »,affirme un ancien ministre. « En ter-mes de savoir-faire, le Pakistan a puêtre une source parmi d’autres, maisje ne pense pas que le Pakistan aitmême pu donner des plans », ajoutele physicien A. H. Nayyar. « Si la

Corée du Nord a exactement la mêmecentrifugeuse [utilisée pour enrichirl’uranium] que le Pakistan, alors ceserait la preuve absolue d’une livrai-son », dit-il avant d’estimer que lerisque d’être pris a sans doute dis-suadé les responsables de se livrer àcet échange.

Un autre expert, qui veut garderl’anonymat, estime qu’il y a bien euéchange et qu’Islamabad aurait pulivrer un prototype de centrifugeuseà Pyongyang. « A. Q. Khan a rappor-té un prototype des Pays-Bas en 1976,et nous avons mis cinq à six ans à lereproduire », relève-t-il, en notantque « les Nord-Coréens peuvent avoirfait pareil ». De son côté, M. Nayyarestime toutefois que « la mise surpied d’une usine d’enrichissement del’uranium est un très long processus,qui demande non seulement desmoyens de production avec des maté-riaux très spéciaux mais aussi des testssophistiqués », avant de considérerque « la Corée du Nord n’est pas con-nue pour avoir tout cela ».

Il y a deux mois, cependant, l’or-dre a été donné de détruire tous lesdocuments relatifs aux relationsavec la Corée du Nord, ce qui laisseà penser que le Pakistan avait quel-que chose à se reprocher. En outre,A. Q. Khan a été relevé, en 2000, deses fonctions de directeur du labora-toire de recherche de Kahuta, quiproduit l’uranium enrichi et possède

un centre de recherche sur les missi-les balistiques, dont le Ghauri. Il estaussi avéré que cet homme s’est ren-du à plusieurs reprises en Corée duNord, où vont aussi nombre de tech-niciens pakistanais. Selon certainessources, les Etats-Unis auraient faitpression pour écarter le docteurKhan de Kahuta.

« »Selon le journaliste Zahid Hus-

sain, les Américains auraient à plu-sieurs reprises fait part de leursinquiétudes concernant les lienséventuels entre le docteur Khan etla Corée du Nord. Lors d’une visiteau Pakistan en octobre, ColinPowell aurait conseillé au présidentMoucharraf de « faire attention auxscientifiques qui travaillent dans lesinstallations nucléaires », dit-il.Héros national au Pakistan, le doc-teur Khan est désormais conseillerdu président Moucharraf et se refu-se à toute déclaration.

« En 1999, avec quelques cher-cheurs, nous avons mis en garde lePakistan contre le danger de livrerde la technologie nucléaire, affir-me M. Nayyar. La crainte est tou-jours là que, pour des raisons d’ar-gent ou d’idéologie, un Etat ou unindividu puisse jouer avec la sécuri-té nucléaire. »

Françoise Chipaux

L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA)a adopté, vendredi 29 novembre, une résolutiondemandant qu’une ’ soitacceptée « sans délai » en Corée du Nord. Au moment

où l’Irak est menacé de guerre pour ses programmesd’armes de destruction massive, la dePyongyang est accusée par Washington d’avoir violéle traité de non-prolifération et de continuer à déve-

lopper un programme d’armement nucléaire. L’AIEAdemande « une coopération complète et rapide » etfait part de sa « ». Leprogramme nucléaire aurait été engagé grâce à l’aide

apportée depuis une dizaine d’années par le Pakis-tan. En en matière demissiles, les régimes pakistanais successifs auraientfourni matériel et expertise à la Corée du Nord.

WASHINGTONde notre correspondant

Lorsque le responsable de l’Asieorientale au département d’Etat,James Kelly, est allé à Pyongyang,début octobre, avec la mission demettre les dirigeants nord-coréensdevant les preuves d’un program-me nucléaire interdit par les traitéset accords qu’ils ont signés, Wash-ington s’attendait à entrer dans unepériode de contentieux. Au lieu decela, les Américains se sont vuopposer, au lieu des dénégationsattendues, un aveu quasi spontané,puis un chantage. « Oui, ce program-me existe, nous en avons mêmed’autres. Maintenant, voyons ce quevous pouvez nous offrir pour écarterle danger », leur ont dit, en substan-ce, les Nord-Coréens.

Un mois et demi plus tard, le gou-vernement américain s’est retrouvéavec un problème pakistanais.Venant après d’autres indicationssur l’aide qu’Islamabad a pu appor-ter à Pyongyang dans ses tentativespour fabriquer une bombe atomi-que avec de l’uranium enrichi, unarticle du New York Times, appor-tait, le 24 novembre, des précisionssur la coopération entre les deux

pays. Selon le quotidien de NewYork, la Corée du Nord, spécialiséedans la construction de missiles, enfournit au Pakistan, dont il y a toutlieu de croire qu’il paie en technolo-gie nucléaire.

Le lendemain, 25 novembre, lesecrétaire d’Etat, Colin Powell arévélé qu’au cours de ses conversa-tions avec le général Pervez Mou-charraf, « ces derniers mois », ilavait prévenu le chef de l’Etat pakis-tanais que le gouvernement améri-cain considérerait « toute espèce decontact » avec la Corée du Nordcomme « déplacé, inopportun et denature à avoir des conséquences ».Ce n’étaient, certes pas, les « sérieu-ses conséquences » dont la résolu-tion de l’ONU numéro 1441 mena-ce l’Irak, mais le ton était ferme.M. Powell a ajouté que le généralMoucharraf l’a « assuré, en plusd’une occasion, qu’il n’y a plus decontacts ».

L’un des alliés indispensables desEtats-Unis dans la lutte contreAl-Qaida apparaît ainsi commecompromis avec un pays rangé parGeorge Bush dans « l’axe du Mal ».Dans un entretien avec le journa-liste Bob Woodward, le président

américain confiait récemment qu’il« abhorre » Kim Jong-il, le dictateurnord-coréen, répugnant exemple,selon lui, d’un appétit de pouvoiraveugle et échappant à tout contrô-le. Le 26 novembre, devant les cor-respondants de la presse étrangèreà Washington, Donald Rumsfeld,secrétaire à la défense, a qualifié laCorée du Nord de « plus gros prolifé-rateur de missiles balistiques et detechniques s’y rapportant ».

« »Sans préciser s’il pensait aux pro-

grammes nucléaires de la Corée duNord ou aux relations que le Pakis-tan a avec ce pays, M. Rumsfeldajoutait : « Il existe tant de manièresde nier et de créer la confusion que,quand on découvre quelque chose, ily a de quoi être inquiet, car on sait,de science certaine, que la réalité estpire que ce qu’on en voit. »

Que voient, exactement, les Amé-ricains ? Et qu’ont dit les Nord-Coréens à M. Kelly lors de safameuse visite des 3 et 4 octobre ?L’adjoint au secrétaire d’Etat, char-gé de l’Asie orientale et du Pacifi-que, s’en est expliqué récemment,devant les correspondants étran-

gers lui aussi. Le 4 octobre, lors desa rencontre avec le premier vice-ministre des affaires étrangères,Kang Sok-ju, ce dernier n’a pas per-mis au diplomate américain derefaire l’exposé qu’il avait déjà pré-senté à deux autres interlocuteurs.« Il [M. Kang] a parlé dès le début, araconté M. Kelly, le 19 novembre.L’entrevue n’a pas été longue, et (…)il y a eu huit mentions différentes duprojet d’enrichissement de l’ura-nium et du fait que c’était une chosesur laquelle la Corée du Nord avan-çait, considérant que l’accord [de1994] était invalidé. (…) Je ne leur aipas présenté les preuves de l’exis-tence de ce programme. J’ai seule-ment dit que nous connaissions sonexistence. »

Toutefois, M. Kelly a précisé quele consortium formé par les Etats-Unis avec la Corée du Sud, le Japonet l’Union européenne pour appor-ter à la Corée du Nord une aide éco-nomique, est « soumis à révision »,mais pas annulé. Si détestables quesoient Kim Jong-il et son régime,personne ne songe à leur faire laguerre.

Patrick Jarreau

Le Pakistan aiderait la Corée du Nord à développer l’arme nucléaireLes soupçons se font de plus en plus forts. En échange de technologie en matière de missiles, le régime d’Islamabad aurait coopéré

avec la dictature de Pyongyang sur son programme nucléaire. Un haut responsable pakistanais a été limogé et des archives détruites

Le 14 novembre, l’arrêt des livrai-sons de pétrole à la Corée du Nord aété décidé par les Etats-Unis,l’Union européenne, le Japon et laCorée du Sud, au motif que Pyong-yang avait violé l’accord de 1994qui lie ces livraisons à la cessationdu programme nord-coréen d’arme-ment militaire. Cette décision a étéprise après que Washington eutannoncé que Pyongyang avait recon-nu, en octobre, avoir poursuivi sonprogramme d’enrichissement d’ura-nium à des fins militaires.

Le 17 novembre, Radio-Pyongyanga indiqué que le pays avait été « con-traint de se doter d’équipements mili-taires de forte puissance, y comprisde bombe atomique (...) face auxmenaces des impérialistes améri-cains », selon l’agence de presse sud-coréenne Yonhap. Le lendemain,une autre radio de Pyongyang, Cen-tral, a rectifié le propos en arguantd’une interprétation fautive et enreprenant les positions officiellesselon lesquelles le pays est simple-ment « en droit » de se doter de telséquipements. Séoul a fait sienne cet-te interprétation. – (AP, Reuters.)

I N T E R N A T I O N A Lp r o l i f é r a t i o n

VIENNEde notre correspondante

Dans une résolution, adoptée à l’unanimité, ven-dredi 29 novembre, par son conseil des gouver-neurs, l’Agence internationale de l’énergie atomi-que (AIEA) « somme » la République populairedémocratique de Corée (RPDC) d’abandonner« immédiatement et de façon vérifiable tout pro-gramme d’armement nucléaire », et de lui donneraccès « sans délai » à toutes les informations sur unéventuel programme d’enrichissement d’uranium.

L’agence onusienne rappelle qu’un tel program-me, ainsi que « toute autre activité clandestine »dans le domaine nucléaire, « constituerait une viola-tion des engagements internationaux de la RPDC »,notamment dans le cadre du traité de non-prolifé-ration (TNP) dont elle est signataire.

’« »Le Conseil des gouverneurs, où figurent les repré-

sentants de 35 pays, est l’organe exécutif de l’Agen-ce. Dans le cas de la Corée du Nord, il a paru indis-pensable de faire une mise au point solennelle. Ilfallait aussi ne pas donner l’impression d’adopter« deux poids, deux mesures », en traitant à la légè-re le risque nord-coréen au moment où une pres-sion maximale est exercée sur l’Irak, les deux régi-mes ayant été rangés par le président américainGeorge W. Bush dans le même « axe du Mal ».

La résolution souligne donc la « très grande

inquiétude » suscitée par différents rapports desservices de renseignement américains sur un pro-gramme d’enrichissement d’uranium qui seraitmené par la RPDC, ainsi que par la déclaration dePyongyang du 25 octobre : celle-ci revendiquait « ledroit de posséder non seulement des armes nucléai-res, mais tout autre type d’arme encore plus puis-sant », précise la résolution.

Les 17 et 18 octobre, l’Agence avait déjà envoyéaux autorités de la RPDC deux lettres lui deman-dant de fournir des éclaircissements. Elle insistemaintenant pour que Pyongyang « accepte sansdélai » la proposition du directeur général del’AIEA, Mohammed Al-Baradeï, d’envoyer sur placeune équipe de haut niveau ou de recevoir, à son siè-ge à Vienne, une délégation équivalente de laCorée du Nord.

Cela fait bientôt dix ans que le régime de Pyong-yang fait la sourde oreille. Dès 1993, en analysant surplace des déchets, l’Agence avait acquis la certitudeque la Corée du Nord avait produit plus de 100 gram-mes de plutonium – contrairement à ses déclara-tions officielles. Mais ses demandes d’inspectionsplus poussées se sont heurtées à un refus. En 1994,après un rapport de l’AIEA qui concluait à une viola-tion des accords du TNP, Pyongyang s’est retiré del’Agence, n’autorisant les experts de Vienne qu’à con-trôler une partie très limitée de ses installations.

Joëlle Stolz

Selon Pyongyang, uneerreur d’interprétation

Les Américains placent Islamabad sous haute surveillanceWashington a indiqué à son allié qu’il considère « inopportun » tout contact avec la Corée du Nord

L’AIEA exige « sans délai » une mission d’inspection

2 / LE MONDE / DIMANCHE 1er - LUNDI 2 DÉCEMBRE 2002

Page 3: supplØment en v.o. Avec Alexandre Dumas, Attac : le métissage … · 2018. 3. 26. · de notre correspondante Une porte-parole de l’ONU a indiqué, vendredi 29 novembre, que l’inspecteur

LE MONDE / DIMANCHE 1er - LUNDI 2 DÉCEMBRE 2002 / 3

EN VISITE à Paris, Jalal Talabani,chef de l’Union patriotique du Kur-distan (UPK), a été reçu, ainsi queMassoud Barzani, chef du Partidémocratique du Kurdistan (PDK),par le président du Sénat, ChristianPoncelet, le secrétaire d’Etat auxaffaires étrangères, Renaud Muse-lier, et le ministre de l’intérieur,Nicolas Sarkozy. Ils ont égalementeu un entretien avec François Hol-lande, secrétaire national du Partisocialiste.

Aviez-vous une demande préci-se à faire à la France et êtes-voussatisfait de vos entretiens ?

La France a toujours été solidairede la cause kurde et nous souhai-tons qu’elle participe à la réactiva-tion de la résolution 688 du Conseilde sécurité de l’ONU [intimant aurégime irakien de respecter les droitsde l’homme] et qu’elle soutienne lepeuple irakien et le mouvementdémocratique. Nos entretiens ontété amicaux, francs et fructueux.Nous avons dit aux responsablesfrançais que nous aspirions à unchangement en Irak au profit d’unedémocratie parlementaire, pluralis-te, fédérale, et nous avons trouvéauprès d’eux un écho favorable. Ilspréfèrent que nous y parvenionspar des voies pacifiques. De notrecôté, notre préférence va aussi àune solution politique plutôt qu’à laguerre.

Est-ce envisageable avec le régi-me de Saddam Hussein ?

De nos jours, rien n’est impos-

sible. Une solution politique paraîtassurément très difficile avec le régi-me actuel, mais c’est un slogan justequi pourrait satisfaire une partie del’armée et du peuple irakiens.

Les Etats-Unis paraissent déter-minés à faire la guerre…

Les Etats-Unis semblent détermi-nés à changer le régime en Irak,mais je crois qu’ils tiennent comptedes positions de leurs alliés euro-péens et de l’opposition irakienne.

L’opposition est divisée. Cer-tains d’entre vous veulent laguerre tandis que d’autres…

Les formations de l’oppositionqui ont un poids réel à l’intérieur del’Irak, qu’il s’agisse de l’UPK, duPDK, du Conseil suprême de la révo-lution islamique en Irak, des nassé-riens, du Parti communiste… Tou-tes ces formations ne sont pas divi-sées. Nos positions et nos visions del’avenir de l’Irak sont très proches.Mais l’opposition irakienne est mul-tiple ; il y a de nombreuses forma-tions en exil et il est vrai que desdivergences les opposent. Nousnous sommes néanmoins mis d’ac-cord sur les objectifs principaux etsur une vision commune de l’avenir.Le reste tient de la diversité de pen-sée et d’opinion.

Les Etats-Unis vous ont-ils pro-posé de participer à une éventuel-le guerre contre le régime ?

Pas encore.Ils pourraient le faire. Quelle

serait votre réaction ?Nous leur demanderions de nous

révéler le scénario qu’ils ont arrêté,la solution de rechange qu’ils envisa-gent et des garanties suffisantes.C’est seulement lorsque nousaurons pris connaissance de toutcela que nous pourrons prendreune décision.

Le régime vous a-t-il fait desouvertures ?

Il a tenté de prendre contact avecnous de manière informelle en nousenvoyant des émissaires non offi-ciels chargés de sonder nos vues.C’était il y a environ un mois. Nousavons répondu que, pour épargnerau pays les malheurs d’une nouvelleguerre, il doit d’abord remettre auxNations unies toutes ses armes dedestruction massive et s’abstenir dese livrer à des manœuvres de dissi-mulation qui, tôt ou tard, seraientd’ailleurs éventées. Nous lui avonségalement demandé d’accepter le

changement démocratique pacifi-que, en confiant à un gouverne-ment impartial la charge d’abrogerles lois d’exception, de restaurer leslibertés, d’organiser des électionspour une Assemblée constituantequi élaborerait une nouvelle Consti-tution et remanierait les structuresde l’Etat. C’est à ces conditionsqu’une guerre peut être évitée.

Mais ce sont là des conditionsrédhibitoires !

Pourquoi « rédhibitoires », si lerégime a la possibilité de choisirentre l’élimination – et peut-êtremême la mort – et la comparutiondevant un tribunal international, oul’organisation d’élections auxquelles[ses partisans] pourront participer,eux qui prétendent que leur parti [leBaas] a deux millions d’adhérents ?Dans les pays d’Europe de l’Est, il y abien eu des changements pacifi-ques. Il n’est pas nécessaire que leschoses se passent à la manière Ceau-sescu. Cela pourrait se passer com-me en Pologne ou en Bulgarie !

Le régime doit-il être traduit enjustice ?

Concentrons-nous d’abord sur lasolution pacifique. Ensuite, si solu-tion il y a et si des crimes de guerreont été commis, [les membres du]régime pourront être traduitsdevant un tribunal irakien.

Irakien, pas international ?Nous préférons un tribunal irakien.

Propos recueillis parMouna Naïm

BOGOTAde notre correspondante

Au cours d’une visite éclair àBogota, vendredi 29 novembre, leministre des affaires étrangères,Dominique de Villepin, s’est pro-noncé en faveur d’un échange deprisonniers afin de permettre la libé-ration des otages aux mains de laguérilla colombienne. « La Franceest prête à aider, à faciliter unaccord humanitaire », a déclaré lechef de la diplomatie française, enenjoignant la guérilla d’accepter cet-te offre de négociations. S’expri-mant dans un espagnol parfait, ilvenait de prononcer un discourssur le rôle de la France en Améri-que latine, devant un auditoire de500 personnes.

« Il nous faut un signe des FARC[le plus important groupe deguérilla] pour avancer », a dit M. deVillepin, en assurant que le chef del’Etat, Alvaro Uribe – qu’il venait derencontrer –, lui avait manifesté« vouloir cet échange le plus rapide-ment possible ». Le ministre a évo-qué, avec émotion, la situation del’ex-candidate à la présidence de laRépublique, Ingrid Betancourt, ota-ge des Forces armées révolutionnai-res de Colombie (FARC), depuis le23 février. Au début desannées 1980, la jeune femme, qui aégalement la nationalité française,a suivi à Sciences-Po les cours deDominique de Villepin, dont elleest restée très amie.

Selon les chiffres de la FondationPais Libre, quelque 800 personnesseraient aujourd’hui détenues parles FARC, qui tirent une partie deleurs revenus de leurs enlèvements.Soixante-dix otages politiques,dont Ingrid Betancourt, sont égale-ment entre leurs mains. Pour lesrelâcher, les guérilleros exigent quesoient libérés ceux des leurs actuel-lement sous les verrous. Selon lesautorités, incapables d’en fournir lechiffre exact, ils seraient « environtrois cents ».

Depuis plusieurs semaines, lapresse colombienne s’était faitl’écho de rumeurs concernant lerôle de la France dans d’éventuellesnégociations humanitaires. En octo-bre, les médias affirmaient queParis avait accepté d’accueillir desguérilleros en France, à leur sortiede prison. Lundi dernier, selon lequotidien El Tiempo, le gouverne-ment colombien avait fait parveniraux FARC une proposition de négo-ciations en territoire vénézuélien,où la France « garantirait la sécuritédes guérilleros ».

Si Dominique de Villepin a confir-mé que la France était prête à s’en-gager sur le dossier d’un échangehumanitaire, sa visite n’a guèreapporté de précisions sur les moda-lités d’une participation française.« Il est trop tôt pour en parler, puis-que les négociations ne sont mêmepas engagées », a expliqué un desmembres de la délégation françai-se. Le ministre n’a pas répondu à laquestion de savoir si la France étaitdisposée à accepter d’anciens gué-rilleros.

« Je croyais que ce genre de déci-

sion devait être prise à l’échelle del’Union européenne », s’étonne undiplomate de la région, selon lequelaucune négociation sérieuse n’estencore engagée. Depuis la rupturedu processus de paix, en février, lesmembres du secrétariat général desFARC sont injoignables. « Même lesjournalistes n’ont pas réussi à lesinterviewer, c’est tout dire », ironiseun fonctionnaire de la défense.

Au pouvoir depuis le 7 août,Alvaro Uribe avait dit se refuser ànégocier avec la guérilla sans un ces-sez-le-feu. Mais, sous la pressiondes familles de séquestrés et d’unnombre croissant de Colombiensindignés du sort de leurs compatrio-tes, le chef de l’Etat a officiellementdemandé à l’ONU de négocier avecles FARC un accord humanitaire.Ce feu vert est loin d’avoir résolutous les problèmes.

L’armée n’a jamais caché sonopposition à un échange de prison-niers qui conduirait à reconnaîtreles FARC comme un interlocuteurlégitime. « Comment peut-on mettresur pied d’égalité des prisonniers con-damnés par un Etat de droit et desotages aux mains d’une organisationterroriste ? », considérait le généralMora, aujourd’hui chef de l’état-

major. Par ailleurs, les FARC ontclairement indiqué qu’un accordhumanitaire ne pourrait concernerque leurs otages politiques. Ellesn’ont jamais mentionné la possibili-té de mettre un terme aux enlève-ments.

Est-il justifiable que le gouverne-ment colombien ou l’ONU, par délé-gation, accepte de négocier la liber-té de certains citoyens « politi-ques », en abandonnant les autresà leur sort ? « Non », répondent lesresponsables de la Fondation PaisLibre, constituée de personnes quiont été séquestrées. Ils estimentqu’une « négociation partielle revien-drait à légitimer » la pratique desprises d’otages.

« Imaginez la réaction de l’opinionpublique si, deux jours après la libéra-tion des guérilleros, les FARC enlè-vent de nouveau des civils. En impli-quant l’ONU dans un échange de pri-sonniers, le gouvernement colombienne cherche-t-il pas à lui en faire assu-mer le coût politique, au risque de ladiscréditer aux yeux de la sociétécolombienne ? », explique la polito-logue Laura Gil. Cela étant, elle par-tage l’avis de Ricardo Mendez,dont le père a été séquestré pen-dant six mois. Il considère que « lapire des solutions serait de ne rien fai-re. Le gouvernement se doit de toutmettre en œuvre pour que sescitoyens recouvrent leur liberté ».

Marie Delcas

KOWEÏTde notre envoyé spécial

Du rock and roll en plein rama-dan, des hommes et des femmesen short noir et maillot gris qui cou-

rent dans la poussière, des cris dejoie, des embrassades… Aucun dou-te : à Camp New York, planté enplein désert du Koweït, les lois isla-miques n’ont pas cours.

Ce 28 novembre, jour sacré duThanksgiving, la plus grande basemilitaire américaine de l’émirat faitla fête. Au menu, une course derelais pour quelques centaines devolontaires en sueur, des prix pourles vainqueurs, un imbuvable« vin » sans alcool et l’inévitabledinde que la troupe partagera toutà l’heure dans l’une des vastes ten-tes réfectoire à air conditionné. Lasono de l’estrade dressée au milieude la base est si puissante qu’en ten-dant l’oreille les soldats irakiens,

postés sur la frontière à moins de15 kilomètres à l’ouest, pourraientdanser sur les rythmes qui s’enéchappent.

Aujourd’hui, Camp New Yorkoublie un peu la guerre qui se pré-pare ici, à 60 kilomètres au nord-ouest de Koweït, en plein désert.« Demain, comme d’habitude, onreprend les entraînements », dit lemajor-colonel David G. Perkins,commandant de la 2e brigade de la3e division d’infanterie de FortStewart (Géorgie), qui forme l’es-sentiel des troupes.

Une douzaine d’heures demanœuvres par jour, un congé ledimanche, une rotation de troupestous les six mois : les 12 000 soldatsaméricains positionnés au Koweïtdans une demi-douzaine de campsde toile – sans compter les person-nels de l’US Air Force, leur nombrea doublé depuis un an – ne se fontguère d’illusion sur la suite des évé-nements.

Des dizaines de milliers de ton-nes d’équipements et de munitionscontinuent d’arriver par bateauxdans la région. Près d’un tiers des17 800 kilomètres carrés du petitterritoire national koweïtien (équi-valant à deux départements fran-çais) est désormais off limits, inter-dit de passage aux 2,4 millions derésidents du pays. L’US Army est

en manœuvres et elle a besoin d’es-pace pour ses chars d’assaut de70 tonnes, ses canons Howitzer,ses hélicoptères Apache, ses pontsmétalliques et tous ses énormesmonstres blindés de combat.

« Nous sommes la seule nation aumonde capable aujourd’hui de proje-ter autant d’hommes et de matérielsà des milliers de kilomètres de cheznous », résume fièrement le colo-nel Perkins, qui ajoute : « Nous som-mes prêts à passer à l’action dès quele président le décidera, s’il le déci-de. » George W. Bush, « nous, onl’adore dans l’armée », confie le ser-gent Slago, une grande masse demuscles ruisselants. Plus que sonpère ? « Mille fois plus ! »

« »Perkins, le « patron », n’a sans

doute pas tort quand il dit que ses« p’tits gars » sont « très motivés ».Ancien de la « Tempête dudésert » en 1991, comme 10 % à15 % des troupes du cru, à 42 ans,le colonel n’éprouve pas de doute.Ses hommes, « y compris les nouvel-les recrues, ne sont ici ni pour l’aven-ture ni pour la gloire, mais pourdéfendre des idées : la liberté et lapaix, une vraie paix, c’est-à-direune paix civile dont la peur estabsente ».

La peur, pourtant, un certain

nombre de civils américains station-nés au Koweït commencent àsavoir ce que c’est. En six semai-nes, et à cinq reprises, des Koweï-tiens ont tiré sur des Américains.Un soldat a été tué et un autre bles-sé en octobre. Deux autres marinesont dû être évacués en Allemagnela semaine dernière après avoirreçu chacun une balle d’un policierkoweïtien officiellement « déran-gé », qui leur a tiré dessus avant des’enfuir dans l’Arabie saoudite voi-sine. Rapidement extradé, l’hom-me a expliqué qu’il haïssait « lesjuifs et les Américains qui tuent nosfrères palestiniens tous les jours ».

Incidents « isolés », explique lelieutenant-colonel Eric Wesley àCamp New York. « Moi, je continued’aller parfois en ville et je trouve lesgens très amicaux. Ils savent ce quenous avons fait pour libérer leur paysil y a onze ans, vous savez. »

Au Koweït, même les islamistes,qui contrôlent près de la moitié dessièges au Parlement, sont favora-bles à la chute de Saddam Hussein.Mais les mêmes sont opposés à laprésence américaine dans le pays.Aussi, quand l’officier Wesley serend à Koweït, il est en civil. Et sessoldats y sont interdits de séjourpar leurs supérieurs.

Patrice Claude

Malgré les attentats

antiaméricains,

les soldats de la base

sont « très motivés »

Jalal Talabani, chef de l’Union patriotique du Kurdistan (UPK) d’Irak

« Une solution politique plutôt que la guerre »

/

Les guérilleros exigent

que soient libérés ceux

des leurs actuellement

sous les verrous

La France tente de négocieravec les FARC la libération

d’otages en ColombieHuit cents personnes sont détenues par la guérilla

A Camp New York, dans le désert koweïtien,les marines préparent l’offensive sur Bagdad

La plus grande base américaine de l’émirat n’est qu’à 15 kilomètres de la frontière irakienne.Des dizaines de milliers de tonnes de matériel et de munitions y arrivent en continu

I N T E R N A T I O N A L

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4 / LE MONDE / DIMANCHE 1er - LUNDI 2 DÉCEMBRE 2002

MOMBASAde notre envoyé spécial

C’est un dédale de maisons ver-moulues et magnifiques, dont lestouristes du monde entier viennent

admirer les portes sculptées et lesbalcons qui s’effondrent. Kibokoni,le vieux quartier de Mombasa, estle musée à ciel ouvert d’une civilisa-tion évanouie, celle des commer-çants swahilis de la côte de l’océanIndien. Une communauté compo-sée essentiellement d’« Arabes »,comme on nomme ici indistincte-ment la population originaire aussibien de la péninsule arabique quedu sous-continent indien ou d’Asiecentrale, ayant, en partage, la reli-gion musulmane.

Au lendemain du double atten-tat de Mombasa, vendredi29 novembre, le quartier est pres-que désert. C’est aujourd’hui jourde prière, en plein mois de rama-dan, et les touristes, dans leurshôtels de bord de plage, ont préfé-ré éviter le déplacement vers lecœur de la ville. Dans la moiteurlourde, des groupes d’hommesbavardent. Partout, un seul thèmede discussion : le double attentatde la veille contre un hôtel et unavion israéliens.

Les touristes israéliens de l’HôtelParadise s’aventuraient-ils dans cebastion « arabe » ? Un hommeassis devant un magasin vide, cha-pelet à la main, s’exclame :

« Jamais aucun de ces gens n’auraitpu venir ici, chez nous. » Son voisinle détrompe doucement : « Tu nesais pas ! Un bus amenait les juifs duParadise visiter le quartier tous lesjeudis. Cela n’a jamais posé de pro-blème. »

Israël, attentat, les mots sontlâchés. D’autres suivent, établis-sant un pont entre la dialectiquesanglante du Proche-Orient et l’at-tentat de la veille. Pour expliquerMombasa, chacun fait référence àla Palestine, l’Irak, l’Intifada…« Des Kényans et des Israéliens inno-cents ont été tués. Mais est-ce quedes enfants innocents de Palestinene sont pas tués tous les jours ? Est-ce que les Irakiens ne meurent pas àcause d’un embargo injuste ? »

La discussion s’échauffe, les posi-

tions s’y montrent à cœur plusouvert. Un employé d’une agencede voyage s’emporte brusque-ment : « Parce que trois des leursont été tués, les Israéliens ont l’aird’être en guerre. Si leur avion avaitété abattu, ils auraient bombardéMombasa ? » Mais l’appel du muez-zin pour la prière retentit. L’assem-blée se lève pour se rendre à la mos-quée. Au moment de partir, unhomme glisse, en détachant sesmots : « Des gens avaient besoin defaire connaître leur point de vue surla cause palestinienne. Ils ont réussi.Ils ont attiré l’attention du monde. Il

y a eu des victimes, mais parfois, ilfaut consentir à de petits sacrifices. »

Ce ne sont que des mots, à nou-veau, où se mêlent colère et vantar-dise, et auxquels la vaste majoritédes musulmans kényans refuse-raient sans doute d’être associés.Mais ils pèsent lourd, et expliquentpeut-être en partie pourquoi leshabitants de Kibokoni alimententles peurs et les fantasmes d’autresquartiers de la ville. Parce qu’elleest « arabe », musulmane etrepliée sur ses traditions, la vieilleville suscite souvent la défiance desKényans généralement chrétiens. Ydétruit-on une maison vétustepour construire du neuf ? Aussitôt,la rumeur se répand dans toutMombasa qu’une attaque terroris-te, orchestrée par Al-Qaida, est res-ponsable des destructions…

En périphérie du vieux Momba-sa, dans un quartier plus « mélan-gé », James, d’origine kikuyue, uneethnie du centre du pays, attend leclient dans l’atmosphère étouffan-te de l’après-midi : « A Kibokoni, il ya des Palestiniens, des Yéménites,des Omanais, des Arabes de tous lespays. Et nous savons que des terroris-tes s’y cachent ! » Autour de lui, deshommes originaires de la mêmerégion du Kenya opinent à cetteillusion d’évidence. « Et surtout, ilest impossible à un “Africain” com-me nous d’y habiter ou d’y ouvrir unmagasin. »

A force de mots malheureux et

de rancœurs, l’idée a fait son che-min dans les esprits que Kibokoni,et, par extension, la côte kényane,pourrait bien, après tout, consti-tuer un foyer de sympathisants degroupuscules terroristes. Impres-sions transformées en apparencede certitudes depuis que le procèsd’un des responsables de l’attentatcontre l’ambassade de Nairobi du7 août 1998 a conclu l’an dernier,aux Etats-Unis, qu’une cellule d’Al-Qaida, établie dans la région, avaitassuré la logistique de l’opération.

Or, s’il y a une ou des cellulesd’Al-Qaida à Mombasa ou dans larégion de la côte, elles ont bien gar-dé leur secret. Plusieurs équipesd’enquêteurs, associés à des homo-logues américains, ont échoué à lesdémanteler ou à simplement lesidentifier. La dernière de ces équi-pes, originaire d’Europe, terminaitdans la région une enquête de septmois lorsqu’a eu lieu l’attentat dejeudi. Leurs bureaux, à l’aéroportde Mombasa, se trouvent à moinsde 200 mètres de l’endroit où lesdeux missiles ont été dirigés sur leBoeing-757 de la compagnie israé-lienne Arkia. Quant à l’hôtel où ilsrésident, il se trouve à moins de10 km du Paradise, attaqué jeudipar la voiture piégée des terroris-tes, qui a d’ailleurs dû passerdevant chez eux pour se rendre surle lieu du crime.

Jean-Philippe Rémy

A Kikoboni :

« Nous savons

que des terroristes

se cachent ! »

Les Américains privilégient la piste somalienne

UN KENYAN et 11 étrangers(dont 6 Pakistanais et 3 Somaliens)ont été arrêtés après le doubleattentat anti-israélien, perpétré jeu-di 28 novembre à Mombasa, qui afait 13 morts – outre les 3 kamika-

zes. Le porte-parole de la policekenyane a précisé qu’en l’état del’enquête, ils n’étaient pas considé-rés comme suspects. Une Américai-ne et son ami espagnol, qui avaientd’ailleurs été interpellés peu après,

devaient être relâchés « sous peu ».Il s’agissait, selon une source améri-caine, de « campeurs innocents quise trouvaient au mauvais endroit aumauvais moment ».

Revendiqué par L’Armée de laPalestine – une organisation incon-nue à ce jour – le tir raté de deuxmissiles (probablement desSAM-7, missile sol-air) contre unBoeing-757 de compagnie israélien-ne charter Arkia, et l’explosion,quelques minutes plus tard, d’unevoiture piégée dans l’entrée d’unhôtel touristique, ne sont pas l’œu-vre d’une organisation palestinien-ne, a affirmé vendredi à Berlin, leministre pour la Coopération inter-nationale de l’Autorité palestinien-ne, Nabil Shaath.

Les Etats-Unis, qui - comme

Israël - ont dépêché sur place deséquipes d’enquêteurs, soupçon-nent un groupe islamiste somalien,proche du réseau Al-Qaida d’Oussa-ma Ben Laden, d’être le responsa-ble des attentats. Sans écarter uneimplication directe d’Al-Qaida, lesAméricains privilégient la piste dugroupe somalien Al-Ittihad Al-Isla-mia, tenu pour responsable desattentats à la bombe qui visaientdes hôtels à Addis Abeba (Ethiopie)et qui firent quatre morts en 1996et 1997. Partisan de l’instaurationd’un régime islamique en Somalie,ce groupe réputé fort de2 000 membres, est soupçonnéd’être l’auteur d’une série d’enlève-ments de travailleurs humanitaires.Les Américains et les Israéliens n’ex-cluent cependant pas qu’Al-Qaidasoit l’organisateur des deux actionsterroristes de jeudi. Al-IttihadAl-Islamia a été accusé de l’attentatcontre les ambassades américainesde Nairobi et de Dar es-salaam(Tanzanie) qui en 1998 avait fait231 morts.

Les événements de Mombasa« illustrent la menace que constituele terrorisme en Afrique de l’est et lacapacité des groupes terroristes àmener des attentats », indique uncommuniqué du Départementd’Etat publié vendredi. Les Etats-Unis ont invité leurs ressortissantsdans cette région à redoubler deprudence. De son côté, le gouverne-ment australien a indiqué avoirreçu, il y a plus de deux semaines,des informations qui laissaient pré-voir à brève échéance une attaqueterroriste à Mombasa. Les citoyensaustraliens avaient été invités dès lami-novembre à éviter la ville côtiè-re. Depuis le carnage du 12 octobreà Bali (plus de 190 morts, dont lamoitié environ d’Australiens), lamise en garde australienne a étéélargie à plusieurs autres paysd’Asie du Sud-Est. (AFP, AP.)

CE SAMEDI 30 NOVEMBRE, laferme de Lady Salina Graham, àune centaine de kilomètres aunord de Harare, passe aux mainsd'un général de brigade zimba-bwéen. Sipolilo Estates est la der-nière propriété britannique à êtreconfisquée au cours de la réformeagraire « accélérée » qui a été enga-gée, il y a trente mois, par le prési-dent Robert Mugabe.

Dès la mi-novembre, Lady Gra-ham a été chassée de ses terres,exploitées par sa famille depuis undemi-siècle. Les entrepôts de sa fer-me ont été vidés par l'Office zimba-bwéen pour la commercialisationdes céréales. La main-d'œuvre noi-re, plus de 500 travailleurs et leursfamilles, a également dû partir,après s'être partagé quelque100 000 euros, le solde de touscomptes extorqué à leur patronnepar le gouvernement.

Avec 200 euros par foyer, ilsn'iront pas loin dans un pays qui afaim. Alors que la saison dessemences vient de s'achever dansle grenier du Zimbabwe, le Masho-naland occidental, cette annéeencore béni de pluies abondantes,les vastes champs qui devraientverdoyer de jeunes pousses nesont qu'une friche envahie d'herbefolle.

Après tant de clameurs, au Zim-babwe et à l'étranger, la réformeagraire de Robert Mugabe s'achè-ve dans un silence gêné. Le com-bat cesse, faute de terres à se dis-puter : sur 15 millions d'hectaresappartenant à des fermiers blancs,14,6 millions ont été saisis, sanscompensation financière. Sur4 600 grands exploitants agricoles,dans leur écrasante majorité desZimbabwéens blancs ou des Euro-péens, seulement 600 restent surleurs terres, pour la plupartd'entre eux sans plus les cultiver ;300 fermiers blancs devront répon-dre devant la justice de leur refusd'obtempérer à l'arrêté d'éviction.

Défaite en rase campagne, ladirection du Syndicat des fermierscommerciaux (CFU) rendra sontablier à la fin du mois. Ayant prô-né une « concertation constructi-ve » avec le gouvernement, le prési-dent et le directeur du CFU, ColinCloete et David Hasluck, démis-sionnent de leurs postes, tenus

depuis dix-huit ans. Pour finir, ilsse sont tournés vers le Royaume-Uni, l'ex-puissance coloniale, pourlui demander de « reconnaître sesresponsabilités historiques » en lesdédommageant. Ce qui a permisau président Robert Mugabe unerécupération inespérée : « Qu'ils sebattent, qu'ils nous rejoignent dansnotre lutte contre la Grande-Breta-gne, a-t-il déclaré. Ils peuvent nousrejoindre pour amener [le premierministre britannique] Blair à seréveiller »...

Jusqu'au bout, le mythe d'uneréforme agraire visant à réparerune injustice foncière a eu la viedure. Non pas que l'injustice n'exis-tât pas dans un pays où, vingt-deux ans après l'indépendance

gagnée par les armes, 70 % des ter-res fertiles appartenaient toujoursà l'infime minorité blanche– moins de 100 000 personnes.Mais l'expropriation coercitive,depuis février 2000, n'a guère profi-té à la masse des 16 millions deZimbabwéens noirs. Ce sont lespontes du régime Mugabe, dont saseconde épouse, Grace, de quaran-te ans la cadette du président, quise sont partagé les meilleures ter-res confisquées.

Or, pas plus que les

74 000 familles noires installéessur des fermes, ces nouveaux« absentee landlords » autochto-nes ne savent mettre en valeur lepactole agricole ravi aux Blancs.En lâchant sur ces derniers ses ser-viteurs paupérisés, à commencerpar les vrais ou faux « vétérans »de la guerre de libération, le pou-voir de Robert Mugabe a atteintdeux objectifs. Il a racheté la gro-gne dans ses propres rangs, touten brisant la nuque à l'opposition.Sans la puissance financière desfermiers blancs, et le vote des300 000 familles noires – 15 % del'électorat – qui travaillaient surleurs grandes exploitations, leMouvement pour le changementdémocratique (MDC), le principalparti d’opposition, n'est plusqu'un réseau syndicalo-associatif.

Démagogique et répressive, lafuite en avant du pouvoir coûtecher au pays, et à sa populationnoire bien plus qu'à sa minoritéblanche. A la campagne, le rêvedes « sans-terre » a fait long feu,même si l'équivalent de 1,8 mil-liard de dollars vient d'être inscritdans le budget 2003, pour leurvenir en aide. Au regard d’uneinflation à 140 % et d'un taux dechange parallèle trente fois moinsélevé que le cours officiel du dollarzimbabwéen, cette somme nereprésente rien.

En revanche, le triplement duprix de la farine de maïs affame lesplus pauvres. La production vivriè-re s'est effondrée, les cultures derente ne rapporteront, en 2002,qu'un quart des recettes en devi-ses qu'elles permettaient d'engran-ger il y a deux ans.

Dans les années 1980, RobertMugabe, aujourd'hui âgé de78 ans, s'était vanté d'être « diplô-mé en violence ». Depuis qu'il adéchaîné ses nervis contre les fer-miers blancs, les trois quarts desZimbabwéens sont tombés sous leseuil de pauvreté, fixé à 1 dollarpar jour.

Pour survivre dans les mois àvenir, la moitié de la populationaura besoin d'une assistance nutri-tionnelle, selon le Programme ali-mentaire mondial (PAM). Bienqu'il boycotte le pouvoir en place,le Royaume-Uni a déjà débloquéprès de 6 millions d'euros de fondsd'aide – presque autant que Lon-dres avait investi dans la réformeagraire au Zimbabwe, dans les qua-torze années qui ont suivi l'indé-pendance.

Or la nourriture envoyée est dis-tribuée selon des critères politi-ques par un régime prêt à sacrifierla moitié de la population. Dès le11 août, Didymys Mutasa, le secré-taire à l’organisation du parti deRobert Mugabe, a déclaré : « On seporterait mieux s'il n'y avait que6 millions d'habitants, juste nosgens qui soutiennent la lutte de libé-ration. Nous ne voulons pas desautres, de cette population qui estde trop. »

Stephen Smith

Depuis que David Stevens, mem-bre du Mouvement pour le change-ment démocratique (MDC, le prin-cipal parti d’opposition), a été exé-cuté par des « vétérans » de laguerre de libération, le 14 avril2000, dix autres fermiers blancsont été tués sur leurs terres au Zim-babwe. Le nombre des travailleursagricoles noirs victimes des bagar-res qui se sont produites lors del’invasion des propriétés « confis-quées » est bien plus important. Etdes dizaines de milliers d’entreeux ont été chassés de leur lieu devie et de travail.

Nettement moins médiatisée, laviolence ordinaire en Afrique duSud est beaucoup plus meurtrièreque les exactions commises contredes fermiers blancs au Zimbabwe :au cours des douze derniers mois,177 fermiers blancs y ont été assas-sinés. Les autorités sud-africainess’attachent à mettre ces meurtressur le compte d’une « forte crimina-lité rurale ». Cependant, plusieursjournaux ont soulevé l’hypothèsed’une « guerre civile larvée ».

A Mombasa, une équipe européenne terminaitune enquête sur la présence d’Al-Qaida au Kenya

Dans le quartier « arabe » de la ville, pour expliquer le double attentat anti-israélien de jeudi,certains musulmans font référence à la Palestine et à l’« embargo injuste » imposé à l’Irak

I N T E R N A T I O N A L

Au Zimbabwe, les derniersfermiers blancs sont chassés

de leurs exploitationsLa réforme agraire se solde par la disette

Violence ordinaireen Afrique du Sud

200 km

ZAMBIE

R.D.C

BOTSWANA

MOZAMB.

MALA.

AFR.DU SUD

Mashonalandoccidental

LE GRENIER DU ZIMBABWE

HARARE

Page 5: supplØment en v.o. Avec Alexandre Dumas, Attac : le métissage … · 2018. 3. 26. · de notre correspondante Une porte-parole de l’ONU a indiqué, vendredi 29 novembre, que l’inspecteur

LE MONDE / DIMANCHE 1er - LUNDI 2 DÉCEMBRE 2002 / 5

Le « Prestige » menace la Galice d’une nouvelle marée noire

30 novembre, journée mondialecontre la peine de mortROME. Ce samedi 30 novembre est la première journée mondiale contre lapeine de mort. Soixante villes se sont mobilisées : des monuments symboles,comme le Colisée romain, l’Atomium de Bruxelles, l’intérieur du New YorkCity Convention seront illuminés à cette occasion. Annoncée vendredi 22 parla communauté catholique laïque de Sant’Egidio, cette journée a été décidéepar la Coalition mondiale contre la peine de mort, constituée en mai au siègeromain de Sant’Egidio avec Amnesty International, Ensemble contre la peinede mort (France), National Coalition to Aboslish Death Penalty (Etats-Unis)et la Ligue et la Fédération internationale pour les Droits de l’homme. En Fran-ce une vingtaine de villes ont répondu à l’appel de la communauté de Sant’Egi-dio. Cent onze pays ont déjà aboli la peine capitale, mais quatre-vingt six lamaintiennent. Depuis octobre 1998, Sant’Egidio et diverses ONG ont réuni4 487 895 signatures abolitionnistes. – (Corresp.)

Référendum sur l’eurole 14 septembre 2003 en SuèdeSTOCKHOLM. Les principaux partis politiques suédois sont convenus, ven-dredi 29 novembre, d’organiser un référendum sur l’adhésion à l’euro le14 septembre 2003 a déclaré le premier ministre suédois, Göran Persson.« Nous sommes un peu divisés dans cette affaire. C’est pourquoi nous organi-sons un référendum », a-t-il plaisanté. Les sociaux-démocrates au pouvoir ettrois partis d’opposition de centre-droit sont en faveur de l’euro opposésaux Verts, au Parti de gauche, ainsi qu’à une autre formation de centre-droit.Evoquant l’expérience malheureuse du Danemark, qui avait vu le « non » àl’euro l’emporter à 53 % en septembre 2000, le chef de gouvernement a appe-lé tous les partis, notamment l’opposition de droite, à le soutenir dans cettebataille. Les sondages indiquent que les Suédois voteront pour l’adoption del’euro, mais l’écart s’est resserré ces derniers temps. – (AFP., Reuters)

a BELGIQUE : le chef d’un groupe islamique, accusé d’avoir encouragédes émeutes à Anvers, a été inculpé et écroué, vendredi 29 novembre.Abou Jahjah, chef de la Ligue arabe européenne, est accusé de « rébellion enbande avec préméditation ». Les émeutes ont conduit à l’arrestation de160 personnes mardi et mercredi. Le même jour ont eu lieu les funéraillesde Mohammed Achrak, un Marocain dont le meurtre avait déclenché les vio-lences. Des milliers de personnes sont venues assister aux obsèques. –(AFP.)a CÔTE D’IVOIRE : le président ivoirien, Laurent Gbagbo, dont le pays est encrise depuis la mi-septembre, se rendra mardi 3 décembre au Mali pour une pos-sible rencontre avec le président burkinabé, Blaise Compaoré, a-t-on appris ven-dredi 29 novembre au soir. La presse et les autorités ivoiriennes accusent réguliè-rement le Burkina Faso d’être le complice actif des rebelles qui contrôlent prèsde la moitié de la Côte d’Ivoire. – (AFP.)a MAROC : les pluies diluviennes qui se sont abattues sur le pays ont pro-voqué la mort de 63 personnes, selon un bilan officiel provisoire publié ven-dredi 29 novembre et qui porte sur la période du 15 au 26 novembre. Ilcomptabilise les 37 victimes déjà recensées dans les principales localités tou-chées et 26 autres morts « disparus » dont les corps ont été retrouvésdepuis. Le bilan définitif pourrait être plus lourd. – (AFP.)

BRUXELLESde notre bureau européen

Les ministres de la justice desQuinze ont adopté, vendredi29 novembre, une décision quidevrait aider à apaiser la situation,souvent douloureuse, d’enfants decouples binationaux séparés. Laproposition approuvée, aprèsd’âpres discussions, vise, en toutcas, à éviter les conflits de compé-tence, les décisions contradictoireset les lenteurs des tribunaux de dif-férents Etats-membres, ce qui ajou-tait fréquemment au désarroid’une séparation. A partir du1er juillet 2004, date d’applicationdu nouveau dispositif, si un enfantest retenu ou enlevé par l’un desparents, la procédure sera unifiée :c’est le tribunal du pays d’origine,celui où l’enfant a vécu avant sonenlèvement, qui sera compétent.La décision d’un magistrat d’exi-ger, par exemple, le retour seradéfinitive.

Dans plusieurs cas d’oppositionentre un parent français et un alle-mand, on avait vu les deux partiesse faire attribuer la garde par lestribunaux de leur pays respectif.La Cour de Karlsruhe, à savoir laplus haute instance judiciaire de laRépublique fédérale d’Allemagne,refusait l’application des conven-tions internationales au nom du« droit au bien-être des enfants »,estimant qu’au-delà de six mois ily avait un danger psychologiquepour l’enfant à revenir dans sonpays d’origine. Un premier règle-ment commun aux Quinze pourles cas de divorce, puis l’instaura-tion, en 1999, d’une commissionparlementaire franco-allemandede médiation, avaient permis derésoudre certains conflits. Le com-promis adopté à Bruxelles, vendre-di, ouvre la voie à une solution clai-re et globale pour les milliers decouples concernés.

La France était, avec le Benelux

et les pays du sud de l’Union, favo-rable à un retour quasi automati-que de l’enfant dans son pays d’ori-gine. Les pays du Nord étaient coa-lisés pour souligner l’importancede sa protection : dans certainscas, un éloignement peut se justi-fier, objectaient-ils, par exemple sil’enfant est victime de violences.

« »La solution intermédiaire propo-

sée par le Royaume-Uni évoque laprimauté de la justice du pays oùl’enfant est né et a été élevé, maisle tribunal du pays « d’arrivée »pourra se prononcer lui aussi s’ilest saisi par l’un des parents etdécide de s’opposer au retour.

Il n’aura toutefois pas plus de sixsemaines pour statuer avec l’obli-gation d’entendre l’enfant s’il esti-me qu’il possède la maturité suffi-sante (aucun âge minimal n’estfixé). La justice devra égalementmotiver davantage un éventuel

refus. La France et ses alliésavaient plaidé qu’en aucun cas leparent responsable d’un enlève-ment ne pouvait être favorisé par-ce qu’il saisissait la justice de sonpays ou tablait sur les lenteurs decelle-ci, alors que l’autre parentétait contraint de lancer une procé-dure dans son pays de résidencepour faire valoir ses droits de gar-de.

« Une percée majeure a étéaccomplie », a souligné la ministredanoise Lene Espersen, qui exerceactuellement la présidence del’UE, certains de ses collègues évo-quant plus modestement « une for-mule efficace ». Les Quinze ont, entout cas, fait le premier pas en vued’une unification plus large dudroit familial, considéré, jusqu’ici,comme l’un des domaines oùs’exerçait, par excellence, la souve-raineté nationale.

Jean-Pierre Stroobants

LA PRINCIPALE NAPPE de fioul échappéedes cuves du pétrolier Prestige menace de provo-quer une nouvelle marée noire. Quelque9 000 tonnes d’hydrocarbure devraient se déver-ser dès dimanche 1er décembre sur les côtes deGalice. « La nappe est proche. Tout joue contrenous : les vents, les courants, sa trajectoire », adéclaré le conseiller à la pêche du gouverne-ment local, Enrique Lopez Veiga.

A Madrid, le gouvernement de José MariaAznar n’en finit pas d’être contesté dans sa ges-tion de la catastrophe. Le parti écologiste espa-gnol a demandé au procureur général d’ouvrirune information judiciaire contre les ministresde l’environnement et du développement. Il lesaccuse d’être responsables d’une série d’er-reurs, notamment d’avoir entraîné le pétrolierdans des eaux agitées au lieu de contenir la fuiteet de ramener le navire dans un de ses ports

pour éviter qu’il ne se brise. Le gouvernementaffirme avoir pris cette décision pour éviter uneplus grande catastrophe, plus près de ses côtes.Les premières nappes ont déjà souillé plusd’une centaine de plages, tué de nombreuxoiseaux de mer et obligé les autorités à interdirela pêche sur 400 km de côtes, entraînant l’arrêtdes activités de plus d’un millier de pêcheurs.

« » Le pétrolier Byzantio, affrété par la même

société, Crown Resources, que le Prestige etchargé de plus de 50 000 tonnes de fioul lourd, aquitté, vendredi, le port de Tallinn (Estonie) endirection de la haute mer, malgré une tentativede blocage du navire par des militants écologis-tes de Greenpeace. La France avait exigé desautorités qu’elles procèdent à une inspection dupétrolier, arrivé mercredi dans le port estonien,

indiquant qu’il passerait à proximité des côtesfrançaises le 4 décembre.

En visite à Paris, Mans Jacobson, administra-teur du Fonds international d’indemnisationpour les dommages dus à la pollution par leshydrocarbures (Fipol), a affirmé, vendredi, queson organisme prendrait en charge les domma-ges causés par le naufrage du Prestige au largede la Galice, à hauteur de 184 millions d’euros. Ila annoncé son intention de se rendre lundi àMadrid et mardi en Galice. Concernant l’indem-nisation des victimes de l’Erika, qui s’était casséen deux, le 12 décembre 1999, au large de la Bre-tagne, M. Jacobson a précisé que son organismeavait examiné 92 % des 6 431 demandes indivi-duelles déposées à ce jour par des sinistrés etqu’il avait d’ores et déjà payé 74 % d’entre elles,pour un total de 52 millions d’euros. – (AFP.,Reuters)

I N T E R N A T I O N A L

Les Quinze adoptent une unification du droitfamilial pour les enfants « binationaux »

En cas d’enlèvement, la compétence est attribuée à la justice du pays d’origine

Page 6: supplØment en v.o. Avec Alexandre Dumas, Attac : le métissage … · 2018. 3. 26. · de notre correspondante Une porte-parole de l’ONU a indiqué, vendredi 29 novembre, que l’inspecteur

6 / LE MONDE / DIMANCHE 1er - LUNDI 2 DÉCEMBRE 2002

L’Association pour la taxation des transactions finan-cières et l’aide aux citoyens (Attac) réunit, samedi30 novembre et dimanche 1er décembre, son - à La Rochelle (Charente-Mariti-

me). A cette occasion, un de ses fondateurs, BernardCassen, sera remplacé par . Cedernier, économiste et membre du PCF jusqu’en2001, devra conduire une association qui, quatre ans

après sa création, est forte de 30 000 adhérents etde 230 comités locaux. Sa première priorité serad’ d’Attac et de renforcer ses liensavec les salariés. Devenue une des références obli-

gées de toute la gauche, Attac entend cependantrésister aux appels du pied du PS comme de l’extrê-me gauche et se refuse à prendre part à l’actuelle de l’opposition.

QUATRE ANS après sa création,Attac, qui réunit, samedi 30 novem-bre et dimanche 1er décembre, sonassemblée générale à La Rochelle(Charente-Maritime), change detête. L’économiste Jacques Niko-noff doit succéder officiellement àBernard Cassen et prendre ainsi laprésidence d’une association fortede quelque 30 000 adhérents, quifait figure de petite institution.

Deux priorités lui sont déjà assi-gnées. Première mission : revoir lerecrutement très « classe moyen-ne » de l’association. « Il faut élar-gir notre base vers les ouvriers, lesemployés, les chômeurs », souligneM. Cassen. Ce qui, selon PierreKhalfa, membre du bureau de l’as-sociation, « passe par un renforce-ment des liens avec les luttes dessalariés ». Pour M. Khalfa, « onassiste à un début de remobilisationsociale non négligeable depuis larentrée. Et, sur ce terrain, Attac doitpasser la vitesse supérieure ».

La seconde mission n’est pasplus simple. « Pour que la décanta-tion des esprits aille plus loin, pourprouver qu’il n’y a pas que Raffarin,Strauss-Kahn ou Fabius, il fautdésormais obtenir des victoiresconcrètes », explique M. Cassen.Des petites victoires immédiates àarracher car, si Attac relève « unepénétration accrue de ses idées »depuis quatre ans, elle constatequ’elle n’a pas encore réussi àpeser sur un gouvernement.

Muni de ce plan de vol, JacquesNikonoff, le nouveau président del’association, va devoir piloter auplus serré. Car s’il est une chosequi unit aujourd’hui l’ex-gaucheplurielle – dans toutes ses compo-santes – à l’extrême gauche, incar-née notamment par la Ligue com-muniste révolutionnaire (LCR),c’est l’intérêt porté à Attac.

Dans le paysage sinistré del’après-21 avril, Attac fait plus quejamais figure, pour la gauche tradi-

tionnelle, de repère et de bouée desauvetage. « Il y a trois ans, il étaitdifficile à gauche d’aborder la ques-tion de la mondialisation et de seseffets. Aujourd’hui, je vois se multi-plier les déclarations d’hommes poli-tiques éminents », s’amuse ClaudeSaulnier, sénateur et maire PS deSaint-Brieuc, adhérent de la pre-mière heure. Il est vrai qu’il n’estplus un responsable de gauche quine mentionne l’association pourlouer ce nouveau militantisme ouévoquer ce « mouvement social »dont il faudrait se rapprocher.

« »Du coup, dans les rangs de l’asso-

ciation, beaucoup ont désormaisle sentiment d’être regardés com-me un « gros gâteau appétissant surune table ». Fortement sollicitéedans les débats qui agitent la gau-che, Attac n’entend pas être entraî-née sur le terrain de la recomposi-tion politique. « Il est hors de ques-

tion pour Attac d’être partie prenan-te de quelque construction que cesoit », avertit Bernard Cassen.« Jamais ! », insiste-t-il. « S’il yavait un choc du type grosse scissionau PS, Attac serait interpellée », esti-me pour sa part Pierre Khalfa.Mais il ajoute : « Ce qui est sûr,c’est que, vu le paysage actuel, Attacne participera pas à une combinai-son. » M. Nikonoff est d’autantplus attendu sur ce terrain qu’ilétait, jusqu’à sa démission, en octo-bre 2001, membre des instancesnationales de direction du PCF.« Ce qui n’est pas forcément unegarantie d’indépendance totale »,soupire Serge Le Quéau, membredu conseil d’administration de l’as-sociation.

Mais il n’y a pas que la gaucheplurielle. L’attention bienveillantede la LCR est également pointéedu doigt. Les conditions d’inves-titure de certains candidats au con-seil d’administration ont provoqué

ici ou là des crispations. Au seind’Attac, certains prêtent à la LCRl’intention de vouloir utiliser l’asso-ciation pour jeter les bases d’uneVe Internationale. « Des membresdu conseil d’administration se sontrécemment inquiétés des risquesd’entrisme et de récupération quimenacent l’association et plus large-ment le mouvement antimondialisa-tion », déclare M. Le Quéau, qui serange parmi eux. Il se dit, tout com-me M. Cassen, « agacé » par lecomportement, jugé trop activiste,de la LCR, lors du Forum socialeuropéen de Florence en novem-bre. « L’antimondialisation libéralen’appartient pas plus à Attac qu’ellen’appartient à Olivier Besancenotou à un autre responsable politi-que », indique M. Cassen, quientend plus que jamais à l’avenirrevêtir les habits de gardien dutemple.

Alors que l’on s’agite beaucoupautour d’elle, l’association a

d’autres problèmes à régler.Absent des priorités affichées, l’ap-profondissement de la démocratieinterne demeure pourtant un sujetimportant de préoccupation pourses adhérents. Les fondateurs ducomité local d’Aix-en-Provenceont décidé de frapper les esprits endiffusant, à quelques jours de l’as-semblée générale, un texte intitulé« Pourquoi nous quittons Attac ».« Le fonctionnement d’Attac mani-feste la croyance que la démocratieest pesante et qu’il faut s’en remet-tre au pouvoir et à la clairvoyanced’un seul ou d’un groupe dirigeantauto-institué », écrivent-ils. Et deconclure : « Un large mouvementde contestation du système néolibé-ral est en marche, c’est bien. Maisnous ne reconnaissons pas, dans lespratiques d’Attac, un modèle pourl’avenir. » Pour Attac, ce modèlereste à inventer.

Caroline Monnot

TOUTES sensibilités confon-dues, les socialistes n’ont d’yeuxque pour Attac. On la courtise. Onl’écoute. On envie ses réseaux. Onveut « en être ». Jean-Luc Mélen-chon, cofondateur avec HenriEmmanuelli du courant NouveauMonde, en parle comme d’une« figure emblématique » compara-ble, « sur le plan moral, politique etéthique à la naissance de SOS-Racis-me ». Pour le député parisien Jean-Christophe Cambadélis, proche deDominique Strauss-Kahn, c’est« un marqueur ». Un de ceux quivous posent à gauche.

La composition de la coordina-tion Attac de l’Assemblée nationa-le, qui s’est reconstituée le 23 octo-bre, témoigne de cet engouement.Aux fondateurs, issus de la gaucheplurielle, qui ont survécu à la défer-lante de l’UMP (Jean-ClaudeLefort, du PCF, Yves Cochet desVerts...) s’ajoute désormais Gene-viève Perrin-Gaillard, élue socialis-te des Deux-Sèvres et adhérentede la Convention pour la VIe Répu-blique créée par Arnaud Monte-bourg. Viennent aussi d’adhérer-des socialistes de Nouveau Mon-de, Henri Emmanuelli et AlainVidalies ; des « hollandais » com-me Martine Lignières-Cassou etHélène Mignon ; ou bien encore lefabiusien Jean-Louis Bianco. Elisa-beth Guigou, proche du premiersecrétaire, et Didier Migaud, autrefabiusien, se sont déclarés « inté-ressés ». « J’en suis ! », proclame

M. Cambadélis, qui avait déjà payésa cotisation en 2001.

C’est aux côtés de Bernard Cas-sen, président d’Attac, et de JoséBové, porte-parole de la Confédé-ration paysanne, que François Hol-lande a également choisi de s’affi-cher lors de son bref aller-retourau Forum social européen, en Ita-lie. Le premier secrétaire du PS ena tiré, dans L’Hebdomadaire dessocialistes du 16 novembre, justeen-dessous d’une photo le mon-trant avec MM. Cassen et Bové,« les leçons de Florence ». « Ladomination démocratique de lamondialisation suppose une nouvel-le alliance entre les mouvementscitoyens, les acteurs sociaux, les par-tis progressistes » , écrit-il.

« Tous ceux qui y étaient ontraconté qu’ils avaient été frappé parla force du mouvement et celle de laCGIL [la première centrale syndica-le italienne] », rapportait, à l’issuedu bureau national du 12 novem-bre, la secrétaire nationale à la soli-darité, Marisol Touraine. Lors dela journée du 17 novembre organi-sée par Anne Hidalgo et des cadresfédéraux, pour conforter la posi-tion de M. Hollande, figurait enco-re, parmi les invités, M. Cas-sen. « Attac est une petite associa-tion devenue grande en réseaux »,justifiait alors la première adjointedu maire de Paris.

Nouveau Monde s’est particuliè-rement investi. Ce courant a don-né naissance à un club du même

Attac se refuse toujours aux avances de la gaucheJacques Nikonoff doit succéder, ce week-end, à Bernard Cassen à la tête de l’association de lutte contre la mondialisation libérale. Quatre ans après

sa création, elle est devenue une des références de l’opposition mais ne souhaite pas prendre part à l’actuelle recomposition politique

Quel président Jacques Niko-noff sera-t-il pour Attac ? La ques-tion reste une énigme au sein del’association habituée à la direc-tion rigide et souvent doctoralede Bernard Cassen. Agé de 50 ans,M. Nikonoff, père de trois enfants,est, depuis octobre 2000, profes-seur d’économie à l’université deParis-VIII. Toutefois, à la différen-ce de son prédécesseur, son irrup-tion dans les milieux universitai-res est récente. A 16 ans, il quittel’enseignement secondaire et tra-vaille comme ouvrier, d’aborddans l’imprimerie puis dans l’in-dustrie, chez Norton à La Cour-neuve (Seine-Saint-Denis). Délé-gué CGT, habitant la cité des4 000, il a 26 ans quand l’usineferme.

Au chômage, il décide de repren-dre ses études et passe l’examenspécial réservé aux non-bache-liers de l’université de Paris-VIIIpour obtenir un diplôme de scien-ces de l’éducation. Il enchaîne surune formation de formateur auConservatoire national des arts etmétiers, s’occupe d’insertion dejeunes en difficultés, puis passeles concours de Sciences-Po et del’ENA. A l’issue de ce parcours aty-pique, M. Nikonoff est nommé

administrateur civil à la Caissedes dépôts et consignations, dontil sera le représentant aux Etats-Unis plusieurs années durant.

Auteur de plusieurs ouvragessur le chômage et les fonds depension, M. Nikonoff présente,sur le papier, un profil en parfaiteadéquation avec le mouvementd’éducation populaire que souhai-te incarner Attac. Il est d’ailleursmembre du conseil scientifiquede l’association depuis sa créa-tion.

En 2001, M. Nikonoff claque laporte du collège exécutif du PCF àla veille du dernier congrès, un anet demi après y avoir été intégré.Un départ motivé par l’insatisfac-tion politique et les nombreuxdésaccords avec Yves Dimicoli, lepatron des économistes du PCF.

Bernard Cassen en fait son suc-cesseur en mai 2002, prenant decourt tous les membres de l’asso-ciation. Les conditions de cetteprédésignation provoquent unemini-tempête au sein d’Attac– aujourd’hui retombée, mais paseffacée – que le nouveau prési-dent devra s’efforcer de faireoublier.

C. M.

F R A N C Ep o l i t i q u e

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Comment le PS cherche àLes différents courants du Parti

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LE MONDE / DIMANCHE 1er - LUNDI 2 DÉCEMBRE 2002 / 7

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b Création. Créée en juin 1998,l’Association pour la taxation destransactions financières et l’aideau citoyen – plus connue sous lesigle Attac – compte aujourd’huiprès de 30 000 adhérentset s’appuie sur un réseaude quelque 230 comités locaux.b Actions. Attac a d’abord centréson action sur la promotion de lataxe Tobin, du nom du Prix Nobeld’économie américain JamesTobin, qui proposait, dès 1972,l’instauration d’une taxe de 0,1 %,sur l’ensemble des transactionssur les marchés des changes.Progressivement, l’associationa élargi son champ d’interventionà la lutte contre lamondialisation néolibérale.b Objectifs. Ses objectifs, inscritsdans ses statuts, sont de« produire et communiquer del’information, ainsi que de menerdes actions de tous ordres en vuede la reconquête par les citoyensdu pouvoir que la sphèrefinancière exerce sur tous lesaspects de la vie politique,économique, sociale etculturelle ».b A l’étranger. Plus de40 structures Attac se sont crééesun peu partout dans le monde,notamment en Afrique,en Amérique latine,au Québec, au Japonet dans la plupart des payseuropéens.

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Défilé d’Attaclors du Forumsocial européen,le 9 novembreà Florence(en haut).Ci-contre,égalementà Florence,JacquesNikonoff(à gauche)et BernardCassen, sonprédécesseurà la tête del’association.M. Nikonoffdevait êtredésignésamedi.

nom – censé préfigurer ce quepourrait être le rassemblement dela gauche – dans lequel des écono-mistes membres du conseil scienti-fique d’Attac ont pris une part acti-ve. C’est évidemment le cas deLiêm Hoang-Ngoc, secrétaire géné-

ral du club Nouveau Monde,auquel Jacques Nikonoff a l’inten-tion de proposer le pilotage dugroupe macroéconomie d’Attac,mais aussi de Christophe Ramauxet de Jacques Généreux. « On parlede nous comme d’un pôle de radica-

lité, mais c’est tout l’inverse ! Nousessayons, justement, d’éviter qu’ils’en constitue ainsi contre le PS »,argumente M. Emmanuelli.

A l’autre bout de l’échiquiersocialiste, ça bouge aussi. Domini-que Strauss-Kahn, qui devait prési-der, samedi 29 novembre, une réu-nion sur la régulation économi-que, compte proposer, sous peu,la création d’une taxe sur les tran-sactions financières internationa-les. Pas exactement la « Tobin »,qu’il avait vigoureusement combat-tue lorsqu’il était ministre de l’éco-nomie, mais presque… Tout celaravit M. Cassen : « Emmanuellireprend beaucoup de nos formula-tions. Peillon, Dray et Mélenchondénoncent la construction européen-ne actuelle comme cheval de Troiedu libéralisme, ce qui est très nou-veau dans ce parti. Fabius utilise leterme de mondialisation libérale. Etil paraît que Strauss-Kahn s’intéres-se à nouveau à la taxe Tobin… »

Au PS, nul n’ignore que le pro-chain Forum social européen et leG8 se tiendront tous deux en Fran-ce en 2003. Le parti de M. Hollan-de, qui n’a plus que l’expression« altermondialisation » à la bou-che, cherche à reprendre pied dansle mouvement social à traversAttac, dont la composition sociolo-gique (classe moyenne, ensei-gnants…) lui est familière.

Isabelle Mandraudet Caroline Monnot

BERNARD CASSEN avoue quitter « sans aucunregret » la présidence de l’association antimondialisa-tion qui, aujourd’hui, rassemble plusieurs milliers demilitants à travers le monde. « J’ai le sentiment dudevoir accompli », dit-il, avant de préciser qu’il nes’éloigne pas complètement de l’organisation : « Jereste membre du bureau et continue d’être le coordina-teur de la commission internationale. »

A 65 ans, Bernard Cassen ne prend donc pas saretraite. Réformiste rigide et sourcilleux dans sesconvictions, cet agrégé d’anglais et docteur ès let-tres, qui, en 1969, a cofondé l’université de Vincen-nes – rendez-vous des militants révolutionnairesd’après Mai –, a toujours eu quelque chose à dire.Fils d’un père communiste travaillant à EDF et d’unemère employée comme « bonne à tout faire », Ber-nard Cassen est naturellement « né à gauche ». Unitinéraire tout tracé qui l’a mené de l’Université aujournalisme.

. Dès 1967, il collabore au Monde puis participe en

1973 à la naissance du Monde diplomatique dont ilest le directeur général depuis 1996. Entre ces deuxdates, il est partie prenante de Mai 68 mais n’appré-cie guère la « dérive gauchiste » du mouvement. « Jen’ai jamais été gauchiste. J’ai toujours senti les bour-geois derrière. Ils ne sont pas fiables, pas fidèles, pasresponsables », confiait-il, début 2002, à Libération.

En 1981, au moment de l’arrivée de la gauche aupouvoir, il devient conseiller ministériel auprès deJean-Pierre Chevènement, alors ministre de la

recherche et de la technologie. En 1983, il est nom-mé secrétaire général de la Maison de l’Amériquelatine, puis dirige jusqu’en 1985 la Mission intermi-nistérielle de l’information scientifique et technique(Midist).

Son amitié politique avec Jean-Pierre Chevène-ment ne se démentira jamais. Même s’il s’est abste-nu, en 1992, lors du référendum sur Maastricht, iln’hésite pas à soutenir financièrement l’ex-maire deBelfort lorsque celui-ci lance, en 1994, une souscrip-tion auprès des militants pour financer sa campagneaux élections européennes. En janvier 2001, Jean-Pierre Chevènement sera invité par Bernard Cassenau Forum social mondial à Porto Alegre, au Brésil.Un « faux pas », selon ses amis, au moment où Attacprenait ses distances avec les formations politiques.

C’est à Attac qu’il retrouve les militants d’extrêmegauche avec lesquels il doit désormais composer. Aleurs côtés se sont greffés des militants du milieusyndical qu’il appréhende mal et différents représen-tants de collectifs souvent incontrôlables. Un problè-me pour cet universitaire qui a du mal à supporterl’approximation et l’imprévisible.

Sous sa présidence, Attac s’est développée dansplus de cinquante pays et tous les appels signés parl’association à travers le monde sont désormais frap-pés du même logo. A Florence, début novembre,lors du Forum social européen, tout le monde a défi-lé sous le même drapeau. « C’est l’une de mes gran-des satisfactions », reconnaît Bernard Cassen.

Daniel Psenny

30 000 adhérents,230 comités locaux

reprendre pied dans le mouvement socialsocialiste affichent leur intérêt pour les idées défendues par Attac

Universitaire, méfiant vis-à-vis des « gauchistes »,Bernard Cassen quitte la tête de l’association « sans regret »

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8 / LE MONDE / DIMANCHE 1er - LUNDI 2 DÉCEMBRE 2002

LORIENT (Morbihan)de notre envoyé spécial

Dans les villes et sur les routes deBretagne, entre pluie et lumièreocéanique, le drapeau blanc et noir

(gwen-ha-du) flotte, bien en vue, àcôté des étendards européen etfrançais. La bannière nationaliste,inventée en 1923 par Morvan Mar-chal, le fondateur d’un des plusanciens mouvements politiques bre-tons, Breiz Atao, l’emporte nette-ment sur l’anonyme emblème offi-ciel de la région (une carte de Breta-gne stylisée) : symbole du décalageentre la décentralisation et les aspi-rations et les aspirations de l’Emsav(« soulèvement », le mouvementbreton).

Pour l’historien du mouvementbreton, Michel Denis, la nouvelleétape de la décentralisation restebien éloignée des deux objectifs quifont consensus dans une galaxiepar ailleurs assez divisée. La « réuni-fication » de la « Bretagne histori-que » par le rattachement du dépar-tement de la Loire-Atlantique et,d’autre part, la modification de l’ar-ticle 2 de la Constitution stipulantque « la langue de la République estle français ». Les brittophones deBasse-Bretagne sont spectaculaire-ment passés de 98 % au milieu duXIXe siècle à 16 % peu avant l’an2000, soit tout juste 240 000 person-nes (0,2 % a moins de 20 ans). Orbien des nationalistes accusent

l’« Etat jacobin » d’être à l’originede cette mort d’une langue. Demême, « Paris » est-il régulière-ment soupçonné d’avoir laissé pol-luer le littoral breton.

Le rejet par l’Assemblée nationa-le, vendredi 22 novembre, d’unamendement proposé par Marc LeFur, député (UMP) des Côtes-d’Ar-mor – auquel s’étaient associés17 élus bretons —, visant à inscrirela défense des langues régionalesdans la Constitution, a été d’autantplus vivement ressenti. « On nepeut pas mener les gens au déses-poir », s’exclame Jean-Yves Cozan,le vice-président (DVD) du conseilrégional ; « Ce n’est pas une bonnefaçon de gérer la paix sociale »,ajoute-t-il, quelque peu menaçant.Haut en couleur, le verbe fort, cedissident de l’UDF se dit proche deJacques Chirac. M. Cozan reflètedans le jeu politique classique cer-taines des aspirations de la galaxiede l’Emsav. Un paradoxe, puisquecet homme de droite estime que lemouvement breton « est à 80 % degauche ».

A un autre bout de l’échiquierpolitique breton, les regrets sont lesmêmes. « Il s’est passé avec les dépu-tés UMP bretons ce qui est arrivé

avec les socialistes de Bretagne : ilsont été démentis », déplore Chris-tian Guyonvac’h, porte-parole del’Union démocratique bretonne(UDB), un parti autonomiste fondéen 1964, qui se revendique de la« gauche alternative ». Avec700 membres et quelques élus, c’estassurément la formation régionalela plus importante. Ces deux « blo-cages » face à des revendicationsdont la popularité excède les fron-tières des sympathisants de l’Emsav– ce qui est loin d’être le cas de l’in-dépendance, voire de l’autonomie –sont-ils susceptibles de provoquerune radicalisation, alors que lesattentats à l’explosif sur des ciblesmédiatiques, réguliers de 1996 à2000, sont en sommeil ?

’Pour un sociologue comme

Ronan Le Coadic, la plupart desenquêtes font apparaître dans l’opi-nion un fort rejet de l’extrémismeou d’un nationalisme « à la Cor-se ». Depuis l’attentat attribué àl’Armée révolutionnaire bretonne(ARB) contre le McDonald’s deQuévert au cours duquel une jeuneemployée, Laurence Turbec, avaitété tuée le 19 avril 2000, « les radi-

caux se sont sentis rejetés par lapopulation ». Si le modèle corseintéresse, c’est plutôt du fait du pro-cessus de Matignon que par la fasci-nation d’une clandestinité organi-sée sur le modèle du FLNC ou del’ETA basque. Une clandestinitéqui n’existe pas sous cette formeen Bretagne. De plus, le succès dumouvement culturel identitaire etle relais que des élus assurent à cer-taines des revendications de l’Em-sav canalisent les éventuelles déri-ves individuelles.

Pour l’heure, les actions d’unFront de libération des prisonnierspolitiques bretons ont consisté sur-tout en une opération de « décen-tralisation routière » dont les pan-neaux indicateurs de Chasseneuil-du-Poitou, la ville de Jean-PierreRaffarin, ont fait les frais. Emgann,soupçonnée d’être la vitrine légalede l’ARB, semble, suite au « trau-matisme » de Quévert, engagéedans une quête de respectabili-té. C’est ainsi qu’un représentantde cette organisation a participé, le9 novembre, au congrès de l’UDB àLannion (Côtes-d’Armor).

En revanche, l’inquiétude portesur le regain d’activité d’une extrê-me droite séparatiste. Les discoursd’Adsav (« relèvement ») – une for-mation apparue en janvier 2000après une rupture avec le parti bre-ton de droite POBL (« peuple ») –ou du Mouvement régionaliste deBretagne, produit de la décomposi-tion du MNR, troublent. Un indicequi ne trompe guère : Adsav estl’un des premiers mouvements del’après-guerre qui assume officielle-ment l’engagement collaboration-niste du Parti national breton pen-dant l’Occupation. Un signe quiinquiète, y compris à l’intérieur dumouvement breton.

Nicolas Weill

Le Gwen-ha-du flotte,

bien en vue, à côté

des étendards

européens et français

BRESTde notre correspondant

Suspendues en octobre 2001 etjuillet 2002, les dispositions per-mettant à l’école bretonne Diwande passer sous statut public ontété annulées, vendredi 29 novem-bre, sur le fond, par le Conseild’Etat. Ce dernier, statuant sur lesrecours engagés par plusieurs syn-dicats enseignants, a annulé lesarrêtés et circulaires ministérielsreconnaissant la méthode bilingue« par immersion », au motif qu’elleréduisait l’enseignement du fran-çais dans une proportion allant« au-delà des nécessités de l’appren-tissage d’une langue régionale ». Ila aussi annulé les textes instituantl’enseignement à « parité horai-re », pour les mêmes raisons.

La décision rendue n’a pas sur-pris Diwan, qui scolarise 2 768 élè-ves (2 127 en primaire et maternel-le, 504 en collège et 137 en lycée).Elle intervient alors que l’associa-tion connaît des difficultés finan-cières. Il lui manque, pour l’ins-tant, près de 300 000 euros pourcouvrir les charges 2002, estiméesà 2,6 millions. Mais Diwan est sur-tout en crise ouverte depuis sonassemblée générale du 24 novem-bre. Le conseil d’administration aété mis en minorité (85 voix contre71) par le groupe Réunir Diwan,conduit par Michel Le Tallec. Il ras-semble à la fois des déçus du pro-cessus suivi jusqu’ici et des oppo-sants au statut public. Le présidentAndrew Lincoln, qui avait conduitles négociations avec le ministèrede l’éducation, a quitté la réunionavec ceux qui le soutiennent. Lenouveau conseil d’administration,mis en place dans des conditionsque conteste M. Lincoln, devait éli-re, samedi, son bureau, M. Le Tal-lec étant candidat à la présidence.

« La décision du Conseil d’Etat

nous remet en face de notre statutassociatif, il n’y a plus d’illusion à sefaire », expliquait hier M. Le Tal-lec, qui veut travailler à un statutrégional pour Diwan, en espérantune ouverture dans le cadre de laloi sur la décentralisation. Il enappelle au soutien des « acteursbretons », notamment économi-ques, qui, pour l’heure, ne se sontpas vraiment manifestés.

M. Lincoln, qui réunit ses sou-tiens aujourd’hui, estime que lastratégie de M. Le Tallec mène aurepli et demande une assembléegénérale extraordinaire. Dans uncommuniqué, il en appelle à Jac-ques Chirac afin qu’il « demandeau Congrès d’introduire, à l’arti-

cle 53 de la Constitution, la phrasequi permettrait à la France de rati-fier la Charte européenne des lan-gues régionales qu’elle a déjàsignée ». L’ancien ministre de l’édu-cation nationale, Jack Lang, a trou-vé « navrante » l’annulation par leConseil d’Etat de l’intégration desécoles Diwan. Selon lui, cette déci-sion sera « ressentie comme blessan-te par les intellectuels, les artistes etles créateurs de Bretagne ». Le dépu-té (PS) du Pas-de-Calais suggèreque le premier ministre, Jean-Pier-re Raffarin, « introduise un amende-ment sur l’enseignement des lan-gues » dans le projet de loi constitu-tionnelle sur la décentralisation.

Vincent Durupt

Le terme Emsav (« soulèvement ») désigne l’ensemble du mouvementculturel et politique breton, toutes tendances confondues (régionaliste,autonomiste ou séparatiste). Il se forme à la suite de la redécouverte de laculture celtique par les folkloristes du XIXe siècle, comme Théodore Hersartde la Villemarqué (1815-1895). Baignant d’abord dans le terreau du catholicis-me conservateur, il restera durablement marqué par l’engagement fasci-sant puis collaborationniste du Parti national breton (PNB), dont les effec-tifs culminent sous l’Occupation avec plusieurs milliers de membres.

Après la Libération, le troisième Emsav se reconstitue difficilement. Dansles années 1970, les formations politiques se réclament plutôt de l’esprit demai (le drapeau breton flotte alors dans la cour de la Sorbonne occupée). Lepotentiel électoral est estimé entre 4 % et 5 % des suffrages. Une enquêtesur cette mouvance de deux journalistes, Erwan Chartier et Ronan Larvor, LaQuestion bretonne, vient de paraître aux éditions An Here.

Bretagne : comment les élus s’efforcentde canaliser les revendications régionalistes

Le mouvement breton n’attend pas grand-chose de la décentralisation. Le rejet par l’Assemblée,le 22 novembre, d’un amendement visant à la reconnaissance des langues régionales a été mal vécu

Emsav, de la droite vers la gauche

Le Conseil d’Etat annulel’intégration des écoles Diwan

dans le service publicLa direction de l’association a été mise en minorité

Diwan, qui scolarise

2 768 élèves,

connaît des difficultés

financières

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LE MONDE / DIMANCHE 1er - LUNDI 2 DÉCEMBRE 2002 / 9

M. Sarkozy convoque à Parisles responsables de la sécurité en Corse

Alors que les attentats se multiplient et que les enquêtes s’enlisent,le ministre de l’intérieur veut « changer les méthodes » de travail sur l’île

Retraites : M. Raffarin voudraitaligner le public sur le privéLE PREMIER ministre serait favorable à un alignement, à terme, durégime de retraites du secteur public sur celui du secteur privé, en par-ticulier en ce qui concerne la durée de cotisation. C’est du moins laconviction que s’est forgé François Roubaud, président de la Confédé-ration générale des petites et moyennes entreprises (CGPME), à la sui-te de l’entretien que Jean-Pierre Raffarin lui a accordé, vendredi29 novembre, à Matignon.M. Roubaud juge, pour sa part, nécessaire de mettre sur un pied d’éga-lité le secteur public, où la durée de cotisation est de 37,5 ans pour uneretraite à taux plein, et le secteur privé, où elle est de 40 ans. Il a cepen-dant estimé que cet alignement devrait être effectué « dans le temps ».Lors d’un déplacement, le même jour, à Domont (Val-d’Oise), M. Raf-farin a déclaré qu’il avait « une grande confiance dans la sagesse » desFrançais pour accepter les réformes qu’il entend mener, en particuliercelle des retraites.

Des estampes japonaises offertesà Jacques Chirac pour ses 70 ansLES COLLABORATEURS du président de la République, qui fêtait,vendredi 29 novembre, ses 70 ans (Le Monde du 30 novembre), ontoffert à Jacques Chirac des estampes japonaises au cours d’un « pot »amical dans le bureau du secrétaire général de l’Elysée, Philippe Bas.Ces estampes illustrent Genji monogarati, le roman fondateur de la lit-térature japonaise, écrit par Murasaki Shikibu, poétesse japonaise dela fin du Xe siècle et du début du XIe.Pour sa part, Jean-Pierre Raffarin a indiqué, le même jour, qu’il allaitlui adresser « un message affectif ». « Un anniversaire est un événementpersonnel de la vie, donc mon message au président de la Républiquesera personnel et pas public », a-t-il déclaré. Le premier ministre a ajou-té que le gouvernement n’avait pas prévu de cadeau pour le chef del’Etat. « Je souhaite qu’on puisse chacun exprimer un message d’ordrepersonnel et non pas d’ordre officiel », a-t-il dit.

a VERTS : Noël Mamère, anciencandidat écologiste à la présiden-tielle, a menacé, vendredi29 novembre à Bordeaux, de « semettre en retrait » des Verts, se plai-gnant que certains « petitsbarons » continueraient à lui cher-cher « des poux dans la tête », à pro-pos notamment du problème ducumul des mandats. « Je n’ai pasenvie de quitter les Verts, loin de là,à moins que les Verts veuillent que jeles quitte », a déclaré le député mai-re de Bègles (Gironde).a UMP : la direction nationaledu parti chiraquien a démenti,vendredi 29 novembre, avoir auto-risé l’adhésion de l’ancien respon-sable du Front national Yvan Blot,qui avait été l’un des animateursdu Club de l’Horloge. M. Blot, quia quitté le FN en janvier 2000, « aeffectivement sollicité son adhésionà l’UMP », mais « la commission decontrôle des opérations électorales »de la nouvelle formation « a déci-dé de ne pas accepter » cette candi-dature, précise-t-on à l’UMP.a BUDGET : le Sénat a adoptévendredi soir le budget 2003 dela politique de la ville, aprèsl’avoir réduit d’un million d’euros,en application de la « politique demaîtrise des dépenses publiques »décidée par la majorité sénatorialede droite. Les crédits, présentéspar le ministre délégué à la villeJean-Louis Borloo, s’élèvent à370 millions d’euros, en légère aug-mentation par rapport à 2002(368,85 millions).

LIMOGESde notre correspondant

En pointe sur les projets de redé-coupage du territoire en « macro-régions » (Le Monde du 27 novem-bre), Valéry Giscard d’Estaing, pré-sident (UMP) de la région Auver-gne, qui estime excessif le nombredes régions françaises, suggère auconseil régional d’Auvergne unefusion avec le Limousin. Il propose-ra, lors de la séance du lundi16 décembre, le vote d’un crédit de120 000 euros pour une étude de fai-sabilité et la création d’un comitéde pilotage.

En Limousin, où personnen’avait été informé, c’est la stu-peur. « Giscard d’Estaing veutannexer le Limousin », titrait le quo-tidien limougeaud L’Echo, jeudi28 novembre. Le président (PS) duconseil régional, Robert Savy, a réa-gi avec humour : « J’ai cru à uncanular, du style : j’exclus la Turquiede l’Europe mais j’accepte la présen-ce du Limousin dans l’Auvergne. »

Même ironie chez Alain-Pierre

Rodet, maire et député (PS) deLimoges : « Je suggère que la capita-le soit Bourganeuf, en Creuse, quicompte une forte communauté tur-que. M. Giscard d’Estaing aurait ain-si l’occasion de nous préciser sonpoint de vue sur l’entrée de la Tur-quie dans l’Union européenne. »

« »Dans la majorité limousine de

gauche, René Debesson (PCF) criti-que une « méthode cavalière », etune « fausse question qui cache lesvrais problèmes », Jacques Jouve(ADS-CAP) se dit « effaré » parcette « déclaration d’annexion » ety voit une volonté de dissoudre unerégion « fortement ancrée à gau-che » ; Jean Daniel (Verts), qui esti-me la méthode « insultante », esti-me, sur le fond, que c’est « une vuede l’esprit ». A droite, Evelyne Guil-hem, présidente du groupe RPR-UDF, juge l’initiative « prématu-rée » et estime qu’il « faudrait tra-vailler vers d’autres horizons ».

Du côté du comité économique

et social régional, son président,Michel Delagrandanne, qui se dit« surpris », estime qu’une fusion« n’est pas d’actualité ».

Le Limousin refuse l’argumentselon lequel il serait trop petit àl’échelle européenne. Nombre derégions espagnoles, allemandes, ita-liennes, autrichiennes, britanni-ques ne sont guère plus grandes etsont parfois moins peuplées. Enoutre, il serait plutôt attiré par larégion Poitou-Charentes, aveclaquelle il a une chambre régionalede commerce et d’industrie et unetélévision communes.

En réalité, le Limousin pratiqueun partenariat nord-sud avec leCentre et Midi-Pyrénées, pour leprojet ferroviaire pendulaire POLT(Paris-Orléans-Limoges-Toulouse),et est-ouest avec l’Aquitaine etPoitou-Charentes, pour les trainsexpress régionaux (TER). C’est surcette interrégionalité à la carte qu’ilaffirme vouloir bâtir son avenir.

Georges Chatain

UNE mise au point et une maniè-re, aussi, de montrer qu’à Paris onprend la mesure de la vague d’at-tentats qui secoue la Corse depuisquelques semaines, malgré les con-signes de « dédramatisation » quiprévalaient depuis l’entrée en fonc-tions du gouvernement (Le Mondedu 28 novembre). Le ministre del’intérieur, Nicolas Sarkozy, a déci-dé de convoquer Place Beauvau,samedi 30 novembre, les responsa-bles de la sécurité de l’île : le nou-veau préfet de police, Jean-MichelFromion, le directeur de la sécuritépublique, Jean-Pierre Larue, lecolonel de gendarmerie, RolandGilles, le patron du SRPJ d’Ajaccio,Francis Choukroun, qui retrouve-ront le « patron » des renseigne-ments généraux, Yves Bertrand, dela police judiciaire, Gérard Girel,ou de la division nationale antiter-roriste (DNAT).

« Il faut changer de méthodes »de travail, tranche-t-on Place Beau-vau. Même si le ministre considèreque le record d’attentats enregis-tré ce dernier mois n’est « pasun message politique » qui lui estdestiné, mais représente « des aver-tissements que les nationalistess’adressent entre eux », des mar-ques de fermeté s’imposent d’ur-gence, en attendant les « résul-tats ». C’est l’objet de la « réunionde travail ». « Sauf qu’il est plusfacile d’“attraper” des colonels etdes commissaires que… des clandes-

tins », bougonne un de ceux quiont fait le voyage.

L’agacement du ministre date deson dernier voyage en Corse, les24 et 25 octobre. Une bombe avaitdévasté une agence bancaire, aubas du cours Napoléon, dans lanuit du vendredi au samedi, à500 mètres de la préfecture où ilrésidait. Agaçant, en effet. Surtoutlorsqu’on est venu avec, dans sabesace, la promesse de régionali-ser le recrutement des fonctionnai-res de catégories B et C.

« »Pour mieux afficher son indiffé-

rence aux intimidations nationalis-tes et narguer les « imbéciles », leministre de l’intérieur avait alorsdécidé d’aller se promener sur lemarché d’Ajaccio. Dans l’après-midi, il employait le ton le plus fer-me pour s’adresser aux deux élusde Corsica Nazione, Jean-Guy Tala-moni et Paul Quastana, devant lesprésidents des groupes de l’Assem-blée de Corse, témoins de conversa-tions qui ne doivent jamais ressem-bler à un tête-à-tête. « Vous repré-sentez qui ? », lança d’abord leministre. Il ajoutait : « Chaque foisqu’il y a un attentat ici, ma marge demanœuvre rétrécit. Arrêtez de meparler de vos frères et ne me dites pasque vous n’êtes pas responsables. »

Au petit déjeuner, devant la gen-darmerie et la police de l’île,M. Sarkozy était encore plus vif.

Un vrai savon. Sa politique d’ouver-ture – il accompagnera, le 7 janvierà Bruxelles, les élus corses pour ren-contrer le président de la Commis-sion européenne, Romano Prodi –ne vaut rien sans le retour à l’ordre.Or Yvan Colonna, soupçonné dumeurtre du préfet Erignac, est tou-jours en fuite. Alain Robin, que lesenquêteurs tiennent pour l’un desassassins présumés de FrançoisSantoni, a échappé au SRPJ d’Ajac-cio, en juillet. M. Sarkozy n’avaitpas non plus mâché ses mots lors-que M. Larue lui avait suggéréd’aller rencontrer les femmes de pri-sonniers du comité antirépression.Il lui avait fait comprendre qu’iljugeait cette proposition « politi-quement stupide ».

« Il ne faut pas que les gens restenttrop longtemps sur cette île », répèteM. Sarkozy. Mais, dans le mêmetemps, certains s’interrogent à voixbasse sur les manières du nouveaupréfet de police, Jean-Michel Fro-mion, ancien sous-préfet à Istres etrecommandé par le directeur ducabinet du ministre, ClaudeGuéant. Il y a quelques semaines, ilavait « refusé d’autoriser » une mani-festation à Bastia du syndicat natio-naliste étudiant Ghjuventu indipen-dentista, au motif qu’il n’y avait pasde demande en bonne et due for-me. Du coup, la manifestation s’estétendue à Ajaccio et Porto-Vecchio.

Ariane Chemin

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Le Limousin s’oppose au projet de fusionavec l’Auvergne lancé par Valéry Giscard d’Estaing

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10 / LE MONDE / DIMANCHE 1er - LUNDI 2 DÉCEMBRE 2002

CET ENTRETIEN a été relu etamendé par Jean-Pierre Raffarin.

La quasi-totalité des syndicatset des organisations de parentsd’élèves appellent à une manifes-tation le 8 décembre. Commentcomprenez-vous cette mobilisa-tion ?

Je suis très à l’écoute de ce mouve-ment. Je suis allé plusieurs heuresau Salon de l’éducation, j’ai vu lesorganisations syndicales, les acteursde l’éducation. J’ai entendu leurinquiétude, c’est pourquoi je lanceun appel aux enseignants pour leurdire : ayez confiance, la France abesoin de vous pour cette grandemission de l’éducation qui est delibérer le talent de chaque jeune.Face à la mondialisation, face à laconcentration de la puissance dansle monde, la réponse de la France,c’est l’intelligence, les talents, lacréation, la valeur ajoutée, l’innova-tion… L’éducation est donc au cœurde la France de ce début du XXIe siè-cle. Il n’y a pas d’ambigüité sur lecap. Il n’y a aucune inquiétude àavoir sur la place de l’éducation. Lesenseignants et le monde éducatifdoivent se sentir pleinement respon-sables de cet avenir. C’est pour çaque la France a besoin d’eux. C’estpour ça que je ne peux pas me sen-tir en conflit avec eux.

Les enseignants ont le senti-ment, à travers le budget 2003,que l’éducation n’est pas une prio-rité de votre gouvernement. Queleur répondez-vous ?

La France pour laquelle je tra-vaille ne se transforme pas en quel-ques semaines. Qu’il y ait des diffi-cultés, je le reconnais bien volon-tiers. Quand on a construit le bud-get 2003, on a découvert un déficitplus important que prévu de 15 mil-liards d’euros. Nous n’avons doncpas fait le budget 2003 dont onrêvait. Je veux vraiment rassurer lacommunauté éducative sur cesujet : les premiers chiffres ont étéélaborés dans une situation de tran-sition. Mais il est clair que le problè-me d’avenir de l’éducation dépasse-ra la question des moyens. Notreperspective c’est une éducation qui,parce qu’elle pourra être plus pro-che, parce qu’on aura trouvé uneorganisation plus adaptée, permet-tra de mieux identifier les talentsdes jeunes et de mieux les fortifier.Je ne suis pas dans une vision maté-rialiste de l’éducation mais me placedans une vision humaniste. Nousmettrons les moyens nécessaires.Mais notre enjeu, c’est de mobiliserl’ensemble de la nation autour del’objectif d’amélioration globale dela formation des Français. C’estpour ça que je souhaite qu’il y ait enFrance un grand débat national aucours du premier trimestre 2003,devant le Parlement mais aussi dansle pays. Je souhaite qu’on puissedébattre de notre ambition nationa-le pour l’éducation.

Comment allez-vous remplacerles surveillants et les aide-éduca-teurs dont les postes ont été sup-primés ?

En ce qui concerne les effectifs,c’est trop tôt pour vous répondreavec précision. Notre objectif, c’estqu’il n’y ait pas de déficits par rap-port aux besoins, notamment desécurité et pour l’insertion des han-dicapés – pour lesquels nous pré-voyons d’augmenter les effectifs.Nous répondrons par la création duCivis et des assistants d’éducation.Le Civis c’est un contrat dont l’objec-tif est de valoriser un projet et d’ob-tenir une validation des acquis.Nous ne voulons pas des statuts-parkings ou des sous-statuts. Cesera, sur des durées plus courtesque les emplois jeunes, deux outrois ans, mais en lien avec un pro-jet et avec une intégration à un par-

cours d’insertion professionnelle.Grâce au Civis, la dynamique de pro-jet sera renforcée dans l’éducation.En ce qui concerne les autresbesoins tels que la sécurité, nousdévelopperons l’emploi d’assistantd’éducation dont le statut est encours de discussion avec les parte-naires.

Quel est votre regard sur l’étatde l’école aujourd’hui ? Qu’est-cequi fonctionne bien ? Qu’est-cequi fonctionne mal ?

Je ne suis pas pessimiste. L’état del’école est globalement bon. Jeconnais la qualité de l’école primai-re, les réussites dans le seconddegré. Franchement, je ne croyaispas, par exemple, il y a dix ans, quel’éducation nationale serait capablede faire la révolution de l’enseigne-ment professionnel comme elle l’afait. J’ai vu des établissements quiétaient en retard sur leur bassind’emploi et qui, aujourd’hui, sonten avance sur les pratiques profes-sionnelles. C’est vrai que beaucoupde jeunes connaissent des difficul-tés, et qu’il faut trouver des répon-ses. L’idée de Luc Ferry d’une éduca-tion aux métiers de 14 à 22 ans, ducollège aux STS [Sections techniquessupérieures], est une des solutions.

Claude Allègre avait souhaité« dégraisser le mammouth ». Pen-sez-vous qu’il faille adapter lesmoyens de l’éducation nationaleen fonction de la baisse des effec-tifs dans le second degré ?

Je ne parle pas comme ça, je nepense pas cela non plus. Je voudraisqu’on définisse aujourd’hui les rela-tions humaines et l’organisationéducative dans la classe de2005-2010. C’est à partir de là quenous verrons les besoins humainsqui sont nécessaires. Je ne fais pasde la statistique des enseignants unindicateur de la politique du pays.Ce qui compte, c’est comment faireen sorte qu’on aille chercher aufond de la personnalité du jeuneson talent. Je veux travailler avec lesenseignants sur les formes éducati-ves qui permettent cet épanouisse-ment. Compte tenu de l’évolutiondémographique, des progrès péda-gogiques et des nouvelles technolo-gies, je ne suis pas inquiet pour lamaîtrise quantitative. Notre visionhumaine des objectifs nous permet-tra de surmonter les difficultés.

La décentralisation sera-t-ellel’occasion de repenser les rap-ports entre l’Etat et l’éducation ?

Je pense qu’il ne faut pas toucherà la relation entre l’éducation et laRépublique. Face à l’esprit de mai età la trace indélébile du 21 avril, il estclair que l’éducation a à former deshommes mais elle a aussi à formerdes citoyens. Il ne faut surtout pascréer une distance entre l’Etat,garant de la République, et l’éduca-

tion. Sur la question de la décentrali-sation, je le dis avec franchise etdétermination, nous n’engageronspas de réforme contre les acteurs del’éducation. Nous n’avanceronsqu’avec leur accord sur l’ensemblede ces sujets. Les expérimentations,les formes d’innovation qui pour-ront être engagées le seront enaccord avec les personnels concer-nés. Il ne s’agit pas de fragiliser unsystème et je sais bien que pourl’ambition éducative du pays lamobilisation des éducateurs, desprofesseurs, des enseignants detous les personnels, est essentielle.

Je crois qu’on peut trouver des for-mes de responsabilisation dans laclasse, dans l’établissement, dansl’académie. Mais je ne suis pas dutout dans un dispositif qui viserait àagir avec brutalité. Il faut consulter,concerter. C’est un sujet qui concer-ne en premier lieu la « pâte humai-ne », il faut travailler avec elle et évi-ter toute situation de démotivation.Le problème, c’est qu’on demandede plus en plus à l’école. On veutqu’elle apprenne la citoyenneté, l’en-vironnement, la sécurité, la santé…Il faut remettre les idées à leur pla-ce : l’école est souvent le reflet desdéfauts de la société et n’en nourritpas les causes. De ce point de vue-là, je mesure le stress et la pressiond’un certain nombre d’enseignants.Dans ce contexte, je considère com-me un devoir de gouvernance d’êtreattentif à leur motivation et à leurqualité de travail. Je ne vais pas melancer et lancer la politique gouver-nementale dans des réformes quin’auraient pas l’adhésion des ensei-gnants. Je crois vraiment que la res-ponsabilisation est une bonne voieet je veux faire les réformes aveceux et dans le temps qui sera néces-saire.

Et que prévoyez-vous pour lespersonnels non enseignants qui

s’inquiètent aussi de leur sortdans le cadre de la décentralisa-tion ?

Là encore, sur ce sujet, nousconsulterons les uns et les autres. Jesais que des collectivités territoria-les se proposent de gérer les person-nels ATOS [administratifs, techni-ques, ouvriers et de services ].

La discussion peut être ouverte.Ce n’est pas une priorité du gouver-nement. Nous sommes attentifs àce que les statuts soient maintenus.En ce qui concerne les infirmières, jepense qu’il s’agit d’une mission d’in-térêt national très importante. J’aivu les difficultés, quand j’étais prési-dent de région, au sein des lycéesquand on a réduit les horaires. Cettemission-là relève du service public.

40 % des enseignants vont par-tir à la retraite d’ici à 2010. Comp-tez-vous tous les remplacer ?

Nous déciderons avec pragmatis-me. Je me refuse – et le président dela République l’a toujours dit – departir d’un objectif quantitatif pourdes raisons budgétaires. Le granddéfi que nous avons d’ici à 2010 estde faire en sorte que l’école et lasociété ne soient pas dans une situa-tion de méfiance réciproque. Nousdevons améliorer l’attractivité dumétier mais il est aussi évident quecertaines fonctions verront leurseffectifs baisser quand d’autres lesverront augmenter.

On constate que l’école ne par-vient pas à réduire les inégalités,certains enseignants pensentmême qu’elle les aggrave. Com-ment rétablir ce rôle d’ascenseursocial de l’école républicaine ?

Je suis malheureux de constaterqu’il y a une foule d’inégalités dansl’école, notamment des inégalitésterritoriales. Tout cela n’est pasdans l’idéal républicain auquel onpourrait aspirer. Je crois qu’il fautredonner à l’école sa mission répu-

blicaine. Le premier combat, c’estcelui de l’intégration. Nous avonsaujourd’hui en France, entre des jeu-nes qui partagent la même nationali-té, des écarts qui sont très impor-tants et que l’école ne peut pasaccepter.

Le deuxième combat, c’est celuide la réussite professionnelle. C’esttoute la logique des rattrapages àl’école. Les filières d’éducation desmétiers devraient permettre les réus-sites plurielles. Le collège unique estremis en cause par une majoritéd’enseignants.

Quelles est votre opinion sur leprincipe d’une scolarisation com-mune pour tous les jeunes jus-qu’à la troisième ?

ll faut faire en sorte qu’on gardebien le collège comme espace répu-blicain où l’on prépare sa forma-tion. C’est le lieu où l’égalité deschances est le plus équilibrée. Maisau nom de cette égalité, il ne fautpas mettre les jeunes en difficulté etil faut pouvoir identifier leurstalents. Le collège doit être uniquedans sa mission mais diversifié dansses expériences. L’idée d’une orien-tation en quatrième permet de valo-riser tous les talents.

Un autre objectif est d’amener80 % d’une classe d’âge au bacca-lauréat. Qu’en pensez-vous ?

Je n’ai pas de difficultés avec lesobjectifs qui ont été définis par Jean-Pierre Chevènement en 1985. Lesdéfis de l’avenir sont les défis de laformation. L’élévation de notrepotentiel de formation aux uns etaux autres et la formation tout aulong de la vie font partie de la straté-gie d’intérêt national. Par-delà les cli-vages partisans, c’est un sujet surlequel, lors de la campagne présiden-tielle, les candidats étaient très voi-sins. L’objectif, c’est 100 % de réussi-te. Je ne veux pas donner le senti-ment, en touchant à l’objectif de

80 % d’une classe d’âge au bac,qu’on puisse faire de la baisse duniveau éducatif une tolérance. Maisil faut qu’on puisse davantage accé-der à des baccalauréats et à desdiplômes universitaires, notam-ment par la voie de l’alternance. Aterme, comme l’a proposé JacquesChirac, je souhaite qu’une vie pro-fessionnelle ne connaisse qu’unealternance : emploi et formation.

Face aux violences, Xavier Dar-cos a annoncé des moyens de sur-veillance renforcés dans les éta-blissements sensibles. Les syndi-cats ont critiqué cette politique desanctuarisation alors mêmequ’on supprimait des postes desurveillants…

La politique du gouvernement,c’est de faire se déployer fermeté ethumanité. Il est hors de question defaire des établissements des bun-kers. Ce sont des lieux républicainset l’espace éducatif doit rester unespace ouvert. Mais le gouverne-ment ne sera pas laxiste vis-à-vis deces violences : l’état de droit est larègle et est valable pour tout le mon-de. Il faut donner aux équipes éduca-tives les moyens de se protéger encas d’attaques extérieures et faire ensorte, avec les nouveaux assistants

d’éducation, de mieux les soutenir.C’est cela le message de Xavier Dar-cos.

Il est très rare qu’un premierministre consacre une interviewaux questions d’éducation. Or lapresse a fait état de critiques émi-ses par Jacques Chirac sur l’actionde Luc Ferry. Faut-il y voir un pro-blème de confiance vis-à-vis devotre ministre de l’éducation ?

Ce qui est rapporté dans la presseest souvent sévère et pas toujoursexact. Luc Ferry est une personnali-té que je respecte, que j’ai choisie,que je connais en profondeur sur leplan intellectuel. C’est un excellentministre. Dans le calendrier de l’ac-tion gouvernementale, il y a eunécessité de traiter les urgences dela sécurité et des questions économi-ques et sociales. Nous entrons main-tenant dans une période où se dessi-ne la France de 2010. La dimensionéducation y est centrale. Plus letemps va passer, plus ce dossier seraau cœur de la stratégie de la France.Je ne souhaite pas que les difficultésde court terme puissent masquer lesperspectives de moyen terme.

Les écueils rencontrés par LucFerry et Francis Mer traduisent-ils les difficultés des ministresissus de la société civile ?

Etre ministre de l’éducation natio-nale figure parmi les métiers les plusdifficiles au monde. Comme lemétier d’enseignant est difficile, lepremier des enseignants n’a pas lavie facile. Sauf à ne rien toucher, onconnaît très vite la difficulté à gérerla plus grande organisation adminis-trative de France. On est un peu exi-geant de vouloir qu’en quelquesmois on soit capable de rénover desgrandes structures qui se bougentun peu comme des paquebots, avecune grande inertie. J’ajoute que lesdifficultés budgétaires de la Francene facilitent pas le travail de LucFerry.

Ce n’est donc pas, pour vous,une question de personne ?

Luc Ferry, Xavier Darcos etClaudie Haigneré sont en train detracer la route et c’est une œuvrecollective. Je ne suis pas inquiet surleurs capacités. Ce sont des person-nalités qui ont le goût de la vérité etqui ne parlent ni n’agissent en politi-ciens.

Propos recueillis parLuc Bronner, Pascal Ceaux

et Martine Laronche

Dans un entretien au Monde qu’il a lui-même choiside consacrer exclusivement à l’éducation, Jean-Pier-re Raffarin s’attache à - à une semaine de la manifestation nationa-

le du 8 décembre. Reprenant une méthode utiliséepar Michel Rocard en 1989 pour tenter de désamor-cer la grogne syndicale, le premier ministre présenteles comme « une

situation de transition ». M. Raffarin précise parailleurs comment les surveillants et les aides-éduca-teurs dont les postes sont supprimés seront rempla-cés. Constatant « une ’ dans

l’école », il reprend l’idée d’une orientation en 4e pour« valoriser tous les talents ». Expliquant les difficultésde par les contraintes budgétaires,M. Raffarin affirme qu’il est un « excellent ministre ».

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IL EST EXCEPTIONNEL qu’unpremier ministre décide de consacrerà l’éducation une interview complè-te. La dernière prestation de ce genreremonte à janvier 1989. MichelRocard avait alors tenté, en vain, dedésamorcer la grogne des ensei-gnants dans les colonnes du Mondede l’éducation. A son tour, Jean-Pier-re Raffarin aborde ces questionsdans un contexte social tendu.

Après la grève réussie du 17 octo-bre, les fédérations syndicales del’éducation, rejointes par lesparents, les étudiants et les lycéens,appellent à une manifestation natio-nale, dimanche 8 décembre, à Paris.Se profilent par ailleurs des élec-tions professionnelles, le 3 décem-bre, qui contribuent à tendre le cli-mat. Jeudi 28 novembre, les organi-sations qui appellent à la manifesta-tion ont dénoncé le « danger » quimenace l’école, réclamant des« moyens et des personnels qualifiéspour la réussite de tous ».

L’ensemble des organisations pro-testent contre le projet de budgetde l’éducation. Ils s’opposent à lasuppression des 5 600 postes de sur-

veillants au budget 2003, au non-renouvellement de 20 000 aides-éducateurs, qui, du fait de l’extinc-tion progressive du dispositifemploi-jeunes, ne seront pas rem-placés à la rentrée prochaine, et,enfin, à l’abandon du plan plurian-nuel de recrutement des ensei-gnants pour le second degré.

« »Le SNUipp-FSU, principal syndi-

cat du primaire, prévoit un mois dejanvier particulièrement « chaud »avec la présentation de la carte sco-laire (ouverture et fermeture de clas-ses, affectation des personnels). Lebaby-boom de l’an 2000 va se tra-duire par l’arrivée de 40 000 enfantssupplémentaires en maternelle avecseulement 1 000 postes d’ensei-gnant en plus prévus au budget.

Les syndicats insistent égalementsur l’absence de dialogue socialalors même que les discussions avecle ministère sur le futur statut des« assistants d’éducation » destinésà remplacer les surveillants et lesaides-éducateurs ont tourné court.Mercredi 27 novembre, les organisa-

tions syndicales, de parents et d’étu-diants ont jugé « inacceptables » lespropositions ministérielles. Le futurstatut proposé pour les assistantsd’éducation constitue, selon eux, unrecul important par rapport à celuides surveillants.

Les propos du ministre de l’éduca-tion, Luc Ferry, jeudi 28 novembre,au Sénat, annonçant qu’il s’enga-geait à ce qu’il y ait davantage desurveillants à la rentrée 2003 qu’à larentrée 2002 ne sont pas de natureà calmer les syndicats qui veulent,aussi, des assurances sur les20 000 postes d’aides-éducateurs.Le SNUipp-FSU est particulière-ment offensif sur cette question, carles écoles primaires accueillent unegrande part des aides-éducateurs.

Jusqu’à maintenant, les annoncesfaites par Luc Ferry n’ont pas per-mis de compenser l’effet provoquépar les restrictions budgétaires. Surles nouveaux programmes du pri-maire comme sur l’enseignementsupérieur, il a repris largement le tra-vail initié par son prédécesseur.Concernant la lutte contre l’illettris-me, les annonces sont jugées

modestes par les syndicats. Plusapprofondies sur l’enseignementprofessionnel, elles n’ont pas suffi àdésamorcer la grogne.

En s’exprimant sur ces questions,M. Raffarin veut affirmer que l’édu-cation est une priorité nationalemême si des difficultés conjoncturel-les imposent des restrictions budgé-taires. Il veut aussi rassurer les per-sonnels sur la décentralisation.

Enfin, il est confronté au cas LucFerry. Le ministre de l’éducation afait l’objet de critiques indirectes dela part du président de la Républi-que qui ont pu porter atteinte à sacrédibilité. « Les questions scolairesse traitent sur le terrain et pas dansles salons », avait déclaré JacquesChirac, le 23 octobre, en conseil desministres. Très vite, l’Elysée avaitrectifié le tir, conscient des dégâtsque pouvait provoquer la remarquesur un ministre soumis à une fortecontestation syndicale. Mais, en par-lant à la place de son ministre,M. Raffarin prend le risque de se pla-cer en première ligne.

M. L.

Raffarin : « Je ne réformerai pas sans l’adhésion des enseignants »Choisissant de s’exprimer dans « Le Monde » sur la seule question de l’éducation, le premier ministre réaffirme qu’elle est une priorité et souhaite

lancer un « grand débat national » au premier trimestre 2003. Selon lui, « les difficultés budgétaires ne facilitent pas le travail » du ministre, Luc Ferry

En abordant lesproblèmes del’éducation nationaledans un contextesocial tendu,Jean-Pierre Raffarins’expose en premièreligne. Après la grèveréussiedu 17 octobre,les fédérationssyndicales, rejointespar les parents,les étudiantset les lycéens,appellent à unemanifestationnationale le8 décembre à Paris.

S O C I É T Éé d u c a t i o n

« L’école est le reflet

des défauts de la

société et n’en nourrit

pas les causes »

« Etre ministre de

l’éducation nationale

figure parmi les

métiers les plus

difficiles au monde »

Les syndicats toujours mobilisés contre la rigueur budgétaireLe premier ministre cherche à rassurer avant la manifestation nationale du 8 décembre

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LE MONDE / DIMANCHE 1er - LUNDI 2 DÉCEMBRE 2002 / 11

MÊME s’il comporte quelques flè-ches acérées, le rapport du Commis-sariat général du Plan sur « la politi-que de lutte contre le sida1994-2000 », rendu public vendredi29 novembre, porte une apprécia-tion positive sur l’attitude des auto-rités françaises. Motif de satisfac-tion : la France – de la même maniè-re que ses voisins, cela dit – « n’apas connu l’épidémie généraliséeque l’on redoutait », malgré « la dif-ficulté persistante, aujourd’hui enco-re, à estimer le nombre de contami-nations ». Les pouvoirs publics ontsu adapter leurs objectifs et leursmoyens « avec souplesse ». Demême ont-ils « intégré les dimen-sions de surveillance et de préventionnécessaires à toute action de santépublique, sans négliger pour autantle respect de la dignité des person-ne », estime l’instance d’évaluationprésidée par Christian Rollet, ins-pecteur général des affaires socia-les et directeur de la Caisse autono-me nationale de la Sécurité socialedans les mines.

En revanche, le programme delutte contre le sida a manqué « declarté et de précision dans le choixdes objectifs » et a été « peu exi-geant sur l’énonciation des moyensmis en œuvre ». Tout en soulignantla forte mobilisation des moyensfinanciers – plus que pour aucuneautre maladie – et administratifs, leCommissariat général du Plan stig-matise « l’insuffisance des instru-ments de suivi et des outils épidémio-logiques ».

Réclamée par la majorité des asso-ciations comme par les médecins, lamise en place d’une déclaration obli-gatoire de séropositivité pour leVIH avait été envisagée en 1998 parle gouvernement. Mais devant lescritiques de certaines associationsqui dénonçaient une atteinte auxdroits de l’homme, le décret ren-dant obligatoire la déclaration descas de séropositivité par les méde-cins et les laboratoires d’analyses aété retardé jusqu’en 2000. Commele dispositif ne sera opérationnelqu’en 2003, la connaissance des nou-velles contaminations en France nerepose aujourd’hui que sur des esti-mations.

Ainsi, selon les dernières don-nées disponibles de l’Institut deveille sanitaire (INVS), le nombrede personnes vivantes ayant déve-loppé le sida est compris entre24 300 et 26 700. Derrière la stabili-sation globale du nombre de nou-veaux cas, l’INVS note des situa-

tions différentes : les contamina-tions sont restées stables chez leshomosexuels mais augmententchez les hétérosexuels.

L’INVS s’inquiète par ailleurs deconstater que chaque année, plusde 800 personnes ne découvrentleur séropositivité qu’au momentdu sida. Une préoccupation parta-gé par le Commissariat du Plan lors-qu’il critique un dispositif de dépis-tage insuffisamment ciblé. Certainsgroupes, parmi les plus exposés,n’y ont pas accès. C’est le casnotamment des migrants, long-temps occultés dans la politique deprévention jusqu’à une campagnespécifique lancée en 2002, et les per-sonnes en situation de précarité.

Pour remédier aux insuffisancesainsi mises au jour et mener contrele sida une « une politique de santé

publique efficace », le Commissa-riat général du Plan émet une sériede recommandations. Il invitenotamment à renforcer « l’appro-che “santé publique” de la préven-tion ». Cela suppose de développeren priorité les campagnes de com-munications ciblées sur les groupesles plus exposés et de « privilégierune politique plus large d’éducationà la santé pour certains groupes queles pouvoirs publics avaient identiféstardivement comme publics cibles »(femmes, personnes en situationde précarité et populations migran-tes). Pour améliorer l’efficacité dudispositif de dépistage, le rapportpropose notamment d’enquêtersur les motifs de ceux qui n’y ontpas recours.

Parallèlement, le Commissariatdu Plan suggère la création d’une« allocation pour longue maladie,dont le montant serait modulé (…)en fonction des phases de l’état de

santé ». Il souhaite enfin unemeilleure répartition des rôlesentre médecine de ville et hôpital,et prône une plus grande visibilitéde l’action interministérielle quidevrait s’ouvrir à des domaines jus-que-là absents (ville, droits des fem-mes…).

Au-delà de l’action contre le sida,

le Commissariat du Plan juge impé-ratif de lutter contre les inégalitésen matière de santé. En particulier,l’accès au dépistage doit devenirune priorité des pouvoirs publics,qui devraient « assumer la dimen-sion politique des choix de santépublique » par une définition expli-cite des objectifs sans que les asso-ciations fassent « entrer l’adminis-tration dans une logique de recon-

duction automatique de subven-tions ». Enfin, le Commissariatrecommande de mieux limiter « lesplans d’action publics thématiques àquelques objectifs opérationnels ».

Ces critiques ne sont ni inatten-dues ni nouvelles. Les pouvoirspublics ont d’ailleurs commencé àen tenir compte et la nouvelle cam-pagne de prévention du sida, lan-cée vendredi 29 novembre par ledirecteur général de la santé,Lucien Abenhaïm, met l’accent surle dépistage. Autour du mot d’or-dre « sida, le test, c’est important desavoir », trois spots seront diffusésà la télévision à partir du diman-che 1er décembre – date de la 15e

journée mondiale contre le sida.Deux d’entre eux sont destinésaux hétérosexuels et aux homo-sexuels, le troisième s’adresse auxpopulations immigrées.

Paul Benkimoun

APRÈS l’« humanité » affichée,le temps semble être passé à la fer-meté. Le ministère de l’intérieur afait procéder en toute discrétion,mercredi 27 novembre, au rapatrie-ment forcé de onze Afghans inter-pellés en situation irrégulière àMetz. Une vingtaine d’autres atten-daient, dans les centres de rétentiondu Mesnil-Amelot (Seine-et-Mar-ne) et de Vincennes (Val-de-Mar-ne), le jugement du recours qu’ilsont intenté et qui devait être rendusamedi 30 novembre.

Intervenant quelques jours avantla rencontre, dimanche 1er décem-bre, entre le ministre de l’intérieurfrançais et son homologue britanni-que sur la fermeture du centre d’ac-cueil de Sangatte, l’initiative deNicolas Sarkozy a surpris. Le19 novembre, la police aux frontiè-res avait interpellé à Metz quinzeAfghans cherchant à se rendre àSangatte. Ces migrants ont tous étéplacés en rétention dans un localprévu à cet effet. Selon la placeBeauvau, les autorités préfectoralesleur auraient « proposé le bénéficedu programme de retour volontai-re », inclus dans l’accord tripartitesigné le 28 septembre par les gouver-nements français et afghan et leHaut-Commissariat aux réfugiés(HCR). Cet accord prévoit un « rapa-triement volontaire et assisté » desAfghans séjournant avec un titre deséjour ou résidant clandestinementsur le territoire. En échange, ces der-niers reçoivent un pécule de2 000 euros. En cas de refus, l’ac-cord prévoyait le rapatriement non

volontaire à l’appréciation des auto-rités. Selon le ministère, c’est la pro-cédure qui a été suivie.

Les Afghans interpellés à Metzauraient « refusé le bénéfice du pro-gramme ». Le préfet de Moselle apris un arrêté de reconduite à lafrontière en vue d’un éloignementimmédiat, et les migrants auraientalors sollicité l’asile. Une délégationde l’Office français de protectiondes réfugiés et apatrides (Ofpra) lesa entendus dans le cadre de la procé-dure dite prioritaire (qui ne prévoitaucun recours) : trois demandesseulement ont été retenues. Aprèsun laissez-passer accordé par l’am-bassade d’Afghanistan, les douzeautres ont été présentés à l’embar-quement d’un avion à destinationde Kaboul. Un Afghan qui a refuséd’embarquer a été présenté devantle juge et condamné à une peined’emprisonnement.

« »« C’est légitimement que les autori-

tés françaises ont procédé à leurreconduite à la frontière », assure leministère de l’intérieur. Ce n’est pasl’avis du Haut-Commissariat auxréfugiés. Le bureau du HCR à Genè-ve a protesté, vendredi 29 novem-bre, contre ce « renvoi de force »qu’il considère comme « une viola-tion de l’esprit de l’accord tripartitedu 28 septembre ». L’agence del’ONU s’élève en particulier contrela procédure prioritaire employée :cette dernière « n’est pas adéquatepour les demandeurs d’asile en géné-ral et particulièrement quand ils vien-

nent d’un pays aussi complexe, fragi-le et troublé que l’Afghanistan », ainsisté le porte-parole, Ron Red-mond. Quelques heures aupara-vant, la délégation française duHCR s’était émue de ces rapatrie-ments auprès du ministère de l’inté-rieur.

Les associations se sont égale-ment fait entendre. Amnesty Inter-national assure que les réfugiés« ont toujours besoin de protection »en raison de « l’insécurité qui règneen Afghanistan ». De son côté, laCimade « désapprouve » ces ren-vois et émet « un doute sérieux » surla légalité de ces mesures. Surtoutle contexte de fermeture du centrede Sangatte et la volonté affichéedu gouvernement d’en finir au plusvite avec les arrivées successives demigrants désirant rejoindre l’Angle-terre font craindre le pire à l’associa-tion. « Le signal envoyé est clair : lademande de protection déposéeauprès des autorités françaises estvouée à l’échec et au renvoi forcé »,analyse la Cimade qui ajoute :« Comment, dans ces conditions, lesintéressés pourraient-ils être dissua-dés de tout faire pour atteindre desterres plus clémentes ? » Ces rapatrie-ments pourraient cependant se mul-tiplier à l’échelle européenne puis-que les ministres de l’intérieur del’Union ont adopté, jeudi 28 novem-bre (Le Monde du 30 novembre), unplan de rapatriement qui prévoit derenvoyer 1 500 Afghans par mois àpartir d’avril 2003.

Sylvia Zappi

L’un des conflits scientifiques les plus médiatisés de la fin du XXe siècle– celui portant sur la paternité de la découverte du virus responsable de lapandémie de sida – a officiellement pris fin. Dans le dernier numéro del'hebdomadaire américain Science, les professeurs Robert Gallo et Luc Mon-tagnier s’expliquent sur leur différend du début des années 1980 et s’accor-dent sur leurs mérites respectifs. La paternité de la découverte serait françai-se – l’équipe Montagnier ayant la première identifié le virus – mais la preu-ve de son rôle aurait été apportée par les Américains. Au-delà des divergen-ces scientifiques, l’affaire avait pris une dimension diplomatique inatten-due tant les enjeux économiques apparaissaient considérables, via les tech-niques de dépistage notamment.

Un peu moins de vingt ans après la première publication de leurs travauxtrès novateurs, les professeurs Gallo et Montagnier sont parvenus à dépas-ser leurs oppositions. Officiellement à la retraite, tous deux continuent àmener des recherches pour lutter contre le sida.

Le Haut-Commissariat aux réfugiés contestele rapatriement forcé de onze Afghans

L’agence de l’ONU dénonce une « violation » de l’accord signé par Paris

Le dépistage reste le point faiblede la lutte contre le sida

Le Commissariat du Plan dresse un bilan de la politique menée depuis 1994

Les professeurs Gallo et Montagnier réconciliés

S O C I É T É

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12 / LE MONDE / DIMANCHE 1er - LUNDI 2 DÉCEMBRE 2002

C A R N E TAU CARNET DU « MONDE »

Naissances

– Bienvenue à mon petit-fils

Quentin,

né le 28 novembre 2002, à Créteil.

Bonie.

Anniversaires de naissance– Nîmes, le 2 décembre 1982.

Claire,

notre princesse...

Aujourd'hui tes vingt ans.Ton rire en cascades.Ta force, tranquille et généreuse.Nous t'aimons.

Tes parents.

Mariages

Murielle ANDRÉ-DIVERCHYet

Rémy HOCHARTsont heureux de faire part de leurmariage, célébré le 30 novembre 2002, àLyon-6e.

3, avenue de Grande-Bretagne,69006 Lyon.

Décès

Suzanne BOST

s'est éteinte dans la paix du Christ, le26 novembre 2002, dans sa quatre-vingt-dix-septième année.

Elle a rejoint son époux,

Pierre BOST,

auprès duquel elle a été inhumée à LaFère (Aisne), le 29 novembre, à14 heures,

et leurs fils,

Michel etPhilippe.

Un office religieux a été célébré dansl'intimité le 29 novembre, à 9 h 30, enl'église Saint-Denys de Viry-Châtillon.

Ses enfants, ses petits-enfants et leursconjoints,

Ses arrière-petits-enfants,demandent une pensée affectueuse à tousceux qui l'ont connue et aimée.

Marie-Madeleine Schillinger,8, rue des Dardanelles,75017 Paris.Le docteur Marc Bost,16, rue du Rocher,75008 Paris.

– Annie Challande,Claude Piquand,Jean-Pierre et Annie Bronner,Edith et Enzo NestiEt leurs familles,

font part du décès de

Ellen BRONNER,néeMULLER,

le 27 novembre 2002, dans sa quatre-vingt-dix-septième année.

– Ses amis américains et françaisont la douleur de faire part du décèsaccidentel de

William B. COHEN,professeur d'histoire française

à l'université d'Indiana,

survenu le 25 novembre 2002.

– Le présidentEt les membres du conseil

d'administration de la SACD (Sociétédes auteurs et compositeurs dramatiques)ont la tristesse de faire part du décès de

Jean-Pierre DECOURT,réalisateur.

Ils adressent à sa famille et à sesproches leurs sincères condoléances.

Un service religieux sera célébré lemardi 10 décembre 2002, à 18 h 15, enl'église Saint-Honoré d'Eylau, 66bis,avenue Raymond-Poincaré, Paris-16e.

– MmeRobert Delalande,son épouse,

M. et MmeRoger Meiling,Alan, Anne-Louise, Annabel,M. Jean-Maurice Delalande et

Catherine,Marie, Matthieu, Emilie,M. et MmePhilippe Delalande,Cyril, Jonas, Baptiste,M. et MmeAlain Delalande,Charles, Appoline,

ses enfants et ses petits-enfants,M. André Delalande,

son frère,Les familles Lequin, Vannoote,

Broucke, Daix, Legrand, Evely, Foucaut,Orsetti, Gogue, Dufourc, Legros,ont la douleur de faire part du décès de

M. Robert DELALANDE,officier de la Légion d'honneur,

survenu le 28 novembre 2002, dans sasoixante-quinzième année.

La cérémonie religieuse sera célébréele lundi 2 décembre, à 14 h 30, en lacathédrale Saint-Louis de Versailles, oùl'on se réunira.

Un registre à signatures tiendra lieu decondoléances.

L'inhumation aura lieu dans l'intimitéfamiliale au cimetière Saint-Germain deMagny-les-Hameaux.

MmeDelalande,1, route de Port-Royal, Romainville,78114 Magny-les-Hameaux.

– François Imbault,président du conseil d'administration,

Edouard Esparbès,directeur général,

Le conseil d'administrationEt la direction générale de la Caisse

régionale de Crédit agricole mutuel deParis et d'Ile-de-France,ont la tristesse de faire part du décès de

Robert DELALANDE,président d'honneur,

membre de l'Académie d'agriculturede France,

officier de la Légion d'honneur,chevalier dans l'ordre national

du Mérite,commandeur du Mérite agricole,

survenu le 28 novembre 2002, dans sasoixante-quinzième année.

La cérémonie religieuse aura lieu lelundi 2 décembre, à 14 h 30, en lacathédrale Saint-Louis à Versailles.

Crédit agricole d'Ile-de-France,26, quai de la Rapée,75596 Paris Cedex 12.

– Le conseil municipal de Toul,Le conseil d'administration de

l'OPHLM de la ville de Toul,Les services administratifs et

techniques de la vil le de Toul et del'Office,ont la tristesse de faire part du décès de

Jean FEIDT,conseiller municipal de Toul,

président de l'OPHLMde la ville de Toul,

directeur général honoraireau Parlement européen,

chevalier dans l'ordre nationalde la Légion d'honneur,chevalier dans l'ordre

des Palmes académiques,commandeur dans l'ordre

du Mérite luxembourgeois,

survenu le 28 novembre 2002, à Toul.

Un hommage lui sera rendu en l'hôtelde Ville de Toul, le dimanche1er décembre, à 14 h 30.

– La directrice de l 'UFR lettressciences humaines et des sociétés del'université Paris-XIII,

Ses amis universitaires,ont la tristesse de faire part du décès de

Irène LEVANTE,

qui fut responsable administrative de lacellule de formation continue.

Ses amis n'oublient pas sescompétences, son charisme, sonrayonnement exceptionnel.

– M. Jean-Louis Mennesson,MmeBenoist Mennesson,MM. David, Edouard et Charles

Mennesson,M. Walid Akkad,

ont la peine de faire part du rappel à Dieude

Mme Henri MENNESSON,née Juliette CHAVALLE,

au Château d'Outrelaise, le29 novembre 2002, dans sa quatre-vingt-quatrième année.

Elle a rejoint son époux,

Henri MENNESSON,

et ses fils,

Benoist et Vincent.

La cérémonie religieuse sera célébréepar le Père Jean Mennesson, le mardi3 décembre, à 10 h 30, en l'église Saint-Sulpice, Paris-6e, suivie de l'inhumationau cimetière du Montparnasse, Paris-14e.

Cet avis tient lieu de faire-part.

Outrelaise,14680 Gouvix.

– M. Robert Roche,son époux,

M. et MmeRobert Rocheet leurs filles,

M. et MmeMarcel Roche,leurs enfants et leur petit-fils,

M. et MmeGérard Krawczyket leurs enfants,

M. et MmeDidier Peltier,leurs enfants et leur petit-fils,

M. et MmeClaude Rocheet leurs enfants,ses enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants,

Et toute la famille,ont l'immense douleur de faire part dudécès de

Mme Marcelle ROCHE,née MONGIN,

survenu le 28 novembre 2002, àPloermel.

Priez pour elle !

La cérémonie religieuse sera célébréeen l'église de Boismont (Somme), lelundi 2 décembre, à 15 heures, suivie del'inhumation dans la sépulture de familleau cimetière de Boismont.

On se réunira à l'église de Boismont.

M. Robert Roche,38, rue du Canal,80230 Pinchefalise.

– M. et MmeJean-Louis Rusterholtz,MmeNicole Rusterholtz,M. et MmeJoël Rusterholtz,Le colonel (h.) et Mme Gérard

Rusterholtz,M. François Rusterholtz,

ses enfants,MmeJacqueline Roux,

sa sœur,MmeGeorges Roux,

sa belle-sœur,Ses vingt-cinq petits-enfants,Ses trente-quatre arrière-petits-

enfants,ont la douleur de faire part du décès de

Mme Louis RUSTERHOLTZ,née Suzanne ROUX,

survenu le 28 novembre 2002, dans saquatre-vingt-dix-huitième année.

La famille rappelle à votre souvenir lamémoire de son époux, décédé en 1972.

La cérémonie religieuse sera célébréele lundi 2 décembre, à 9 h 30, en l'égliseSaint-Charles de Monceau, Paris-17e,suivie de l'inhumation au cimetière deFaye-la-Vineuse (Indre-et-Loire).

Ni fleurs ni couronnes.

Cet avis tient lieu de faire-part.

17, rue Jouffroy,75017 Paris.

Anniversaires de décès– Le 2 décembre 1996,

Flavie CHAILLET

s'en est allée dans la Lumière de Dieu.

Disparue et si merveilleusementprésente.

– Il est entré dans ma vie le 10 février1951 pour ne jamais en sortir.

Pierre KNEIP,14 décembre 1944 - 2 décembre 1995.

Marie.

« Mon corps ne fut jamaisque le creux de tes mains. »

Pierre KNEIP,14 décembre 1994 - 2 décembre 1995.

Richard.

Avis de messe

– Une cérémonie religieuse seracélébrée le lundi 16 décembre 2002, à11 heures, en l'église Saint-Germain desPrès, Paris-6e, à la mémoire de

François DAUTRESME,

décédé le 19 août 2002, à Sao Paulo,Brésil.

Communications diversesLES AILES BRISÉES,

Association reconnue d'utilité publiquedepuis 1928,vous invitent

à leur 54e vente d'entraide,placée sous le haut patronage

de MmeJacques Chiracet des plus hautes autorités

de l'aéronautique civile et militaire,

aux salons Hoche,9, avenue Hoche, Paris-8e,

mardi 3 décembre 2002,de 14 heures à 19 heures,

mercredi 4 décembre,de 11 heures à 21 heures (nocturne),

jeudi 5 décembre,de 11 heures à 19 heures.

Entrée libre.

Soutenances de thèse– Le mercredi 13 novembre 2002,

Alexandre Bernard a soutenu sa thèsede doctorat, « De l'activité individuelleà la coopération auto-organisée chezles Arthopodes : exemple de laconstruction de la toile chez lesAraignées », à l 'université Henri-Poincaré - Nancy-I.

Le jury, composé de MM. lesprofesseurs B. Krafft, directeur de thèse,D. Desor, président du jury, de Mme M.-H. Pham-Delegue, directrice derecherche INRA, et Mme C. Bourjot,maître de conférences, M. le professeurJ.-L. Deneubourg, de l'Université librede Bruxelles, lui a décerné le grade dedocteur en neurosciences avec mentionTrès Honorable et félicitations du jury àl'unanimité.

[email protected]

Nominations

– La famille et les amis de

François BEL

sont heureux d'annoncer sa nominationau grade d'officier des Arts et des Lettres,le 12 juillet 2002, par le ministre de laculture.

La décoration lui a été remise parPierre Moinot, de l'Académie française,le 26 novembre.

135, rue de l'Université, 75007 Paris.

TROIS POMPIERS volontairesont été tués, vendredi 29 novem-bre dans la soirée, mortellementpercutés par un automobilistealors qu’ils étaient en interventionsur un accident bénin sur le bas-côté de l’autoroute A 7 à Loriol, ausud de Valence (Drôme). Deuxautres pompiers sont portés dispa-ru, probablement projetés en con-trebas sous la violence du chocdans la Drôme en crue. Un sixièmepompier et un employé des Auto-routes du sud de la France (ASF)sont grièvement blessés, troisautres bénévoles sont en état dechoc. Légèrement blessé, l’auteurde l’accident, 81 ans, a reconnuqu’il roulait probablement à150 km/h, soit une vitesse biensupérieure aux 90 km/h autoriséssur cette portion d’autoroute entravaux qui forme un « S ».

Le drame s’est noué au momentoù les pompiers et les employésdes ASF intervenaient pour déga-ger un automobiliste qui avait per-du le contrôle de son véhicule vers20 h 15 et s’était retrouvé bloquésur la voie de gauche. Alors que lespompiers et les employés des ASFvenaient à peine de débuter lesopérations d’usage de signalisationde cet accident sans gravité, unevoiture de marque Mercedes,immatriculée dans le Rhône, estarrivée à très vive allure en prove-nance du sud. Son conducteur a

percuté la camionnette des ASF,fauché les hommes et terminé sacourse dans le véhicule des pom-piers. « Le choc a été frontal et vio-lent », a indiqué la préfecture de laDrôme.

Les trois pompiers qui ont trou-vé la mort étaient âgés de 28, 40 et53 ans, et les deux hommes dispa-

rus de 26 et 31 ans. Les recherches,compliquées par la crue de la riviè-re, ont repris, samedi 30 novembreau petit matin, avec un hélicoptèreet des hommes grenouilles. Toutesles victimes étaient des pompiersvolontaires du centre d’incendie etde secours de Loriol. Deux d’entreeux étaient des employés munici-

paux de cette ville. Une chapelleardente devait être dressée à la mai-rie au cours de la matinée de same-di. Transféré à l’hôpital de Valen-ce, le chauffard, blessé au pieddans l’accident, devait être enten-du rapidement par la gendarmerie.

Le président de la République afait part, dans les premières heures

de samedi, de sa « vive émotion ».« Ce nouveau drame endeuille cruel-lement, une fois de plus, les sapeurspompiers et, parmi eux, les volontai-res qui exposent courageusementchaque jour leur vie au service denos compatriotes », a déclaré Jac-ques Chirac dans un communiqué.– (AFP-Corresp.)

Trois blessés graves dansdeux explosions à ToulouseDEUX EXPLOSIONS, probablement dues à une fuite souterraine degaz, ont fait 21 blessés dont trois graves, vendredi 29 novembre à Tou-louse. Survenues à une heure d’intervalle dans le quartier populaired’Empalot, ces explosions ont détruit deux pavillons et nécessité l’éva-cuation, par mesure de précaution, d’environ 250 personnes.Les victimes ont été dirigées vers les hôpitaux toulousains. Pour lestrois blessés les plus gravement brûlés, « le pronostic vital n’est pasengagé », ont précisé les médecins.

a TERRORISME : Slimane Khalfaoui, soupçonné d’être l’un despivots des réseaux islamistes en Europe, et son beau-frère, NicolasBelloni, ont été mis en examen et placés en détention provisoire, ven-dredi 29 novembre, par les juges antiterroristes Jean-Louis Bruguièreet Jean-François Ricard. Interpellés dans le cadre de l’enquête sur l’at-tentat déjoué contre la cathédrale de Strasbourg en décembre 2000,ils sont poursuivis pour « association de malfaiteurs en relation avecune entreprise terroriste, recel de vol et détention de faux documents ».a ÉVASION : le dernier des trois membres du commando qui a ten-té de faire évader cinq prisonniers de la centrale d’Arles (Bouches-du-Rhône) s’est spontanément livré à la justice vendredi 29 novem-bre. La veille, un détenu et un complice avaient été tués dans unefusillade (Le Monde du 30 novembre).a JUSTICE : la cour d’appel de Bastia rendra le 15 janvier 2003 sonarrêt dans l’affaire des paillotes. Le procureur général, Patrick Lalan-de, avait requis, mardi 26 novembre, la confirmation des trois ans deprison dont un ferme infligés, en janvier, au préfet Bonnet.a Stefano Savorani a été mis en examen et incarcéré, vendredi29 novembre, à Lyon, pour « détournement d’aéronef et menaces demort sous conditions ». Le juge d’instruction a chargé un expert psy-chiatre de déterminer si cet Italien de 29 ans était pénalement respon-sable. Le pirate de l’air avait détourné mercredi le vol Bologne-Parisde la compagnie Alitalia (Le Monde du 29 novembre).a Anne-Sophie Royol, une Stéphanoise de 30 ans, a été incarcéréedans l’affaire du meurtre du boulanger de Saint-Just-Saint-Ram-bert (Loire). Le 25 octobre, cette mère d’une fillette de 19 mois avaitété mise en examen pour « omission d’empêcher un crime », mais lais-sée en liberté sous contrôle judiciaire (Le Monde du 8 novembre). Leprocureur de Montbrison avait fait appel. La cour d’appel de Lyon luia donné raison, considérant qu’Anne-Sophie a été complice de MagaliRossi, la meurtrière présumée du boulanger Sylvain Bétrix, le 3 août.

Trois pompiers tués et deux portésdisparus dans un accident sur l’A7

Les cinq hommes, qui effectuaient une intervention près de Loriol (Drôme),ont été percutés par un automobiliste de 81 ans roulant à 150 km/h

UN HOMME de 28 ans a été misen examen pour « assassinat »,samedi 30 novembre, par un jugede Valenciennes et écroué après lemeurtre de Marianne Listoir, uneétudiante de 18 ans tuée à coupsde couteau, fin octobre. Interpelléjeudi soir, Tahar Bourahla était,depuis, interrogé par le servicerégional de la police judiciaire(SRPJ) de Lille à propos d’un autremeurtre, celui de Sophie Berk-mans, médecin rhumatologue de41 ans assassinée dans des condi-tions similaires le 7 octobre, dansson cabinet de Valenciennes.

Les deux femmes avaient étéégorgées mais n’avaient pas subide violences sexuelles. Le corps dela jeune étudiante, disparue le19 octobre, avait été retrouvé dixjours plus tard dans un fossé de labanlieue de Valenciennes, au bordde l’autoroute A2, en partie grâceaux indications de la compagne dumeurtrier présumé. Les policiersestiment que les deux meurtresprésentent plusieurs pointscmmuns. Toutefois, ils jugent pré-maturé de conclure à l’existenced’un seul meurtrier. Tahar Boura-hla, qui était parti en Algérie peuaprès le second meurtre, a étéinterpellé à Orly, alors qu’il reve-nait volontairement d’Alger, pour,disait-il, « clamer son innocence ».

Jean-Paul Dufour

Le ministre de l’intérieur, Nicolas Sarkozy, devrait prochainement rendrepublic un plan de sécurisation des autoroutes afin de limiter la délinquanceroutière, selon Le Figaro du 30 novembre-1er décembre. Sept mesures desti-nées à parvenir à une surveillance accrue du réseau autoroutier par les poli-ciers et les gendarmes devraient être annoncées : le plan prévoit d’instaurerun système de contrôle automatique de la vitesse, grâce à des dispositifsvidéo placés à des points fixes enregistrant les infractions et transmettantdirectement la procédure au propriétaire du véhicule. Un contrôle automati-que des places d’immatriculation aux péages devrait être mis en place afinde détecter les voitures volées.

Le ministère de l’intérieur projette également d’effectuer des contrôlesaléatoires, de jour comme de nuit, par des CRS et des gendarmes, afin d’évi-ter de « flasher » dans des endroits trop connus des conducteurs. Des voitu-res banalisées et des hélicoptères équipés de dispositif de vision nocturnedevraient pouvoir améliorer la surveillance du trafic.

S O C I É T É

Un hommeécroué pour l’undes meurtresde Valenciennes

Surveillance accrue sur les autoroutes

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14 / LE MONDE / DIMANCHE 1er - LUNDI 2 DÉCEMBRE 2002

LS vivent avec le sida.Avec, oui. Plus quemalgré. Avec, parcequ’il est désormaiscompagnon de leursjours. Avec, parcequ’ils savent qu’ils nele vaincront pas, ne le

terrasseront pas. Qu’il restera en eux, enne-mi interne, ennemi intime, ennemi vorace,rapace, à charge pour eux de le mainteniren cage. Sinon… Ils vivent avec le sida. Ilsfont mieux que survivre. Ils ont l’impres-sion de revivre. La bête, un jour, a failli lesabattre. Elle les a mis K.O. Et la mort les adéfiés de près.

Il fut même un moment où elle paruttriompher. Mais la médecine fut leuralliée. La recherche reste leur espoir. Etl’expérience, aujourd’hui, leur confère undevoir : se tenir droit. Ne pas baisser lesbras. Combattre. Et vivre. Avec.

C’est fou ce que cela demande d’éner-gie. C’est dingue la discipline à laquelle ilsont dû se soumettre. Beaucoup ne s’enseraient jamais crus capables. D’ailleurs cen’est jamais gagné.

Ils ont des passages à vide, desmoments, dit Kim, « où l’on se sent inconsis-tant et plein de vent ». Des jours où l’on est« misérable ». Mais la vie est là, que tantd’autres ont perdue.

Eux sont passés « entre les mailles ». Ilsse sentent « rescapés ». Michel assure queses médecins eux-mêmes l’ont surnommé« le Miraculé ». Ça le fait rire, maintenant.Il est si reconnaissant envers la médecine.

Ce fut, raconte-t-il, une question de« timing ». La trithérapie, ce traitementnouveau, apparu en 1996 pour soigner lesida, l’a fait sortir d’entre les morts-vivants. Il est quelques milliers de Lazar-re… Le plus simple, pour rencontrer Kim,est de se rendre à la piscine. Il y est pres-que tous les jours. Les classes d’enfants s’ysuccèdent bruyamment, des petits de lamaternelle aux aspirants bacheliers. Lesvoix résonnent, les cris, les rires, et le sondes plongeons ratés. Kim s’y sent dans sonélément.

Il est maître nageur. C’est, dit-il, « la seu-le chose pour laquelle [il est] fait ». Le sidan’y a rien changé. Enfin… comment dire ?Le sida n’a rien changé à sa passion pourla natation, rien changé à son plaisir d’ap-prendre aux enfants à nager. Après la for-te tempête qui faillit le couler, il a donc pureprendre son métier. La vie avait gagné.Et pourtant, tout, dans le quotidien deKim, avait été chamboulé.

C’est de 1991 que date le premier choc.Kim a alors 23 ans.

Athlétique, plein de vigueur, il pratiquede nombreux sports et aime son métier demaître nageur, le même que pratiquait cepère qui, à l’annonce de l’homosexualitéde son fils, a rompu avec lui toute rela-tion. Pour arrondir ses fins de mois, il par-ticipe à des protocoles d’étude pour testerde nouveaux médicaments. Une prise desang préalable éveille un jour la suspiciondes médecins. Kim consulte un professeurde l’hôpital Saint-Antoine qui prescrit unebatterie de tests. Le résultat ne fait aucundoute : le jeune homme est séropositif.

Il se sent bien, pourtant. Et même indes-tructible. Déclaré « porteur sain », il nevoit pas l’épée de Damoclès, minimise lagravité de la maladie et reprend à soncompte le slogan « Le sida ne passera paspar moi », mais sans en appliquer le corol-laire et utiliser des préservatifs. « C’était lapolitique de l’autruche. Ma forme était excel-lente, je faisais du sport, menais une vie dis-solue. Je ne sentais aucun danger. La mala-die n’était pas dans mon champ de vision.J’ai espacé les prises de sang puis les ai aban-données complètement. L’inconscience tota-le. » Jusqu’à ce que la bête se réveille. Jus-qu’à ce qu’elle se manifeste en sabotantméthodiquement la vie du jeune homme,en multipliant les offensives sur tous lesfronts, en ouvrant toutes grandes les van-nes de sa destruction. En quelques mois,l’année 1996, Kim perd 14 kg. Il est lessivé,sujet à des toux fracassantes, à des vomis-sements irrépressibles, des malaises, descoups de pompe, des évanouissements,des pertes totales d’appétit. Il refuse deconsulter, il repousse.

C’est son meilleur ami, aujourd’hui décé-dé, qui, le 26 juin 1996, le conduit manumilitari aux urgences de Saint-Antoine.L’état des lieux est accablant : 14 infec-tions, dont le sarcome de Karposi et sestaches brunes qui envahissent la peau, etla pneumocystose qui attaque les pou-mons et qu’il sera d’autant plus difficile decombattre que Kim fait de nombreusesallergies aux antibiotiques. Le voilà donchospitalisé, dans un état jugé gravissime.Il n’a plus aucune défense immunitaire,sombre même quelques jours dans unesorte de coma. Il faut d’urgence traiterune par une les infections avant de songerà la trithérapie. L’entourage de Kim, qui

forme autour de lui un cordon d’affectionet de chaleur, s’attend chaque jour aupire.

L’été 1996 est celui de tous les dangers.Et puis vient l’automne. Et puis vient l’hi-

ver. Kim a survécu.Il a quitté Saint-Antoine pour ce qu’on

appelle une hospitalisation à domicile.Une infirmière passe matin et soir chezl’ami qui l’héberge. Il demeure extrême-ment fragile, et sous perfusion. Mais ledocteur Guiard-Schmid avec lequel ilentretient une grande relation de confian-

ce est passé à la trithérapie et Kim pensebientôt à l’avenir. Comment s’organiser,se loger ? Sera-t-il éternellement un assis-té ? Il refuse l’idée d’appartement théra-peutique – « J’avais ma fierté ! » – et préfè-re partir à Bordeaux, où réside sa mère etoù les logements sont moins coûteux. Cha-que mois, il retourne à Paris consulter sonmédecin. Il prend le train, sans ticket, sefait contrôler, ment, fuit l’amende, accu-mule les poursuites. Et puis s’angoisse. Semorfond. Doute de ses capacités à rebon-dir. Et commence « à prendre la tangen-te ». A faire, selon son expression, « despetites fugues thérapeutiques ». Il craque.

« Ras le bol des médicaments, de leurs dis-cipline, calendrier, horaires, doses, et éter-nelles questions : les prendre un à un, ouquatre par quatre ? Lequel ai-je oublié ? Mamontre est-elle exacte ? Comment faire ceweek-end ? En ai-je prévu assez ? Où en estmon petit stock ? » Les cachets et gélules àavaler chaque jour dépassent la trentaine.Il en est à prendre à jeun, d’autres à avalerpendant ou juste après un repas d’aumoins 350 calories, d’autres à ingurgiterune demi-heure avant de manger ou deuxheures après, l’intervalle entre les prisesdevant être de douze ou de vingt-qua-tre heures. « La ronde infernale. Sans comp-ter les effets secondaires : diarrhées, nau-sées, plaques rouges, coups de fatigue, dessè-chements de la peau. Et puis perte de libido.Le copain est demandeur. Mais on est inca-pable d’assurer. Alors, on cogite. A quoibon, tout ça ? Pour quelle vie ? »

UN jour, on dérape. « Il estminuit, il faudrait quitter lesamis pour rentrer prendre lagélule que l’on n’a pas sur soi.Et soudain on dit merde. » On

loupe la prise. Et puis les autres. Et c’estfatal. La sanction est immédiate : perte depoids, fatigue générale, aggravation del’état… Dès que la quantité de médica-ments dans le sang diminue, le virus semultiplie, et devient résistant au traite-ment. « C’est affreux ! Les T4 qui nous protè-gent se barrent, et les médicaments ne fonc-tionnent plus. Tout est foutu. Il faut trouverun autre traitement. » Kim est revenu àParis et a opté, cette fois, pour un apparte-ment thérapeutique à l’hôpital des Diaco-nesses. Une solution temporaire, avec unloyer symbolique et le secours de l’associa-tion Les Studios des Tourelles, à laquelleKim doit son sursaut. Il n’est plus seul. Onl’écoute, le rassure, le stimule, l’assistedans différentes démarches (pour réglernotamment son dossier SNCF). Enavril 2000, il retourne même à la piscine.Et envisage de reprendre son métier. Il pas-se allégrement la révision du programmedes sauveteurs imposé aux maîtresnageurs. Son moral est « remonté à bloc ».Il va vraiment beaucoup mieux, l’idée d’en-seigner à nouveau le dope littéralement.Et le voilà embauché dans une piscine

municipale. Il n’a pas jugé bon de signalerspontanément sa maladie. Mais à la ques-tion directe de son directeur, il répond parla vérité. Et, miracle, son patron semblevouloir l’épauler. La blessure viendra d’unmédecin du travail mal informé et indéli-cat : « Laissez-moi une semaine pour réflé-chir et consulter avant de vous donner maréponse », assène-t-il au jeune homme,exprimant un doute sur la sécurité desenfants et son inquiétude à l’idée d’unscandale. Kim en est déglingué.

Mais la réponse est finalement positive.Kim sera maître nageur, même s’il lui estdemandé de ne pas aller dans l’eau avecles enfants des maternelles et le bébé-club. Une restriction injustifiée médicale-ment. Mais qu’importe, dit-il.

Il vit. Et il gagne sa vie dans l’environ-nement qu’il aime. Il en est à dix com-primés par jour et forme, avec son méde-cin, un tandem soudé. Ses doutes, désor-mais, sont rares, même si les coups de bar-re ou les diarrhées lui gâchent quelquesjournées.

Il vit avec.Comme Michel. Michel qui croit en son

ange gardien. Michel qui fut considérécomme perdu, foutu, mort, ou presque. Etqui, pourtant, n’a jamais cru que sa derniè-re heure était venue. Non, non. Pas prêt.Trop d’autres choses à faire. D’envies àsatisfaire. De plaisirs à découvrir. Michel-la-Chance, diagnostiqué séropositif il y aseize ans, bénéficiaire de la trithérapiedepuis six ans, et dont la vie ne tient qu’àla combativité et aux sept comprimés quise nichent dans le creux de sa main.

Il a 32 ans quand, à la suite d’un bilan desanté, on découvre son virus. Il vit alorsavec un jeune homme de 20 ans qui, parchance, n’est pas contaminé. Combien detemps à vivre ? demande-t-il aux méde-cins. Les réponses s’étalent entre six moiset quatre ans. Mais Michel a la pêche.Qu’en savent-ils ?, se dit-il.

Alors, comme il avait l’envie d’ouvrir unrestaurant avec son ami, il se lance, hypo-thèque son appartement, emprunte 1 mil-lion de francs, et achète une auberge dansles environs de Paris. Une auberge dont ilfait une merveille. Le bouche à oreille faitle reste. L’endroit ne désemplit pas. Et lecouple est heureux. En 1991, Michel a unepremière alarme, ses T4 diminuent, affai-blissant ses défenses immunitaires. L’AZTqu’on lui prescrit retarde une plus grosse

offensive. Elle survient en 1994. Michel,cette fois, est foudroyé. Crise d’épilepsie,toxoplasmose cérébrale. Les infectionssont multiples. Il faut agir sur tous lesfronts. Quarante cachets sont appelés à larescousse. On craint qu’il ne soit trop tard.Michel développe une rétinite qui lui faitperdre un œil. Des champignons dansl’œsophage l’empêchent de s’alimenter.C’est par intraveineuse qu’on lui distillefinalement nourriture et médicaments.

« J’étais un mort-vivant. Je l’ai vu dans leregard des gens. » Quand l’hôpital le relâ-che, au bout de cinq mois, c’est qu’il n’y aplus grand-chose à faire ni même à espé-rer. Pourtant, bénéficiant du service del’hospitalisation à domicile, toujours sousperfusion, il se retape un peu, reprend

10 kg en un mois, et observe, médusé, lalente reconstitution de ses défenses immu-nitaires. On diminue d’autant le nombrede médicaments. Tout repose sur la trithé-rapie, encore à ses débuts. « Elle m’a sauvéla vie, dit Michel. Pendant des années, ellem’a épargné le moindre virus. J’en bénéficiedepuis six ans. Elle a donc prolongé ma viede six ans. Et je lui en sais gré. J’ai fait tantde choses dans ce laps de temps ! » Fini lerestaurant, Michel est trop fatigué. Fini letravail, mais aussi une forme de légèreté.Le sida est encore là.

« Indompté, mais endormi. » D’un œilpeut-être, comment savoir ? Michel, entout cas, suit scrupuleusement son traite-ment, et ne se laisse pas décourager par leseffets secondaires, dont ceux du Sustiva, àl’origine d’affreux cauchemars. C’est ainsi.

Michel-le-Miraculé ne boude pas sachance d’avoir pu bénéficier, « juste àtemps », des traitements les plus nou-veaux. « J’ai été volontiers cobaye, bien sûr.Et le serais pour le vaccin s’il ne fallait arrê-ter impérativement tout traitement, ce quemes longs séjours à l’étranger m’interdisent.Car je voyage, oui. C’est une nouvelle vie. »Et c’est une renaissance. « J’ai tout perduun jour, le goût et la couleur des choses.Mais j’ai développé davantage mes sens et jeredécouvre tout avec bonheur : les odeurs,les aliments, les marchés, les fleurs ; le sport,et bientôt le yoga ; le théâtre et la photo ;Cuba, le Brésil, la Turquie. L’amour biensûr, avec préservatif. Tant pis si cela fait unpeu préméditation. Je vous l’ai dit : c’est uneautre vie. » Une vie avec.

Annick Cojean

« J’ai tout perdu un jour, le goût et la couleurdes choses. Mais j’ai développé davantagemes sens et je redécouvre tout avec bonheur.Je vous l’ai dit : c’est une autre vie »

Kim est maître

nageur. Michel

était restaurateur.

Ils étaient

des morts-vivants.

La maladie

demeure, mais

elle est endormie.

Malgré

les lourdeurs

de la trithérapie

qui les a fait

renaître,

ils ont retrouvé

un avenir

-

/

I

29 novembre 2002. Michel dans son appartement parisien.

H O R I Z O N S

VIVRE AVEC LE SIDA

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16 / LE MONDE / DIMANCHE 1er - LUNDI 2 DÉCEMBRE 2002

AVEC Alexandre Dumas,c’est une tempête qui, samedi30 novembre, entre au Pan-théon. Un torrent de vie, impé-tueux et irrésistible, où l’écritu-re est une parole infinie et lavie un roman généreux. Evi-demment, c’est une œuvreimmense que célèbre, à traversle grand homme, la patriereconnaissante. Malheur auxgrincheux : la littérature à suc-cès tient sa revanche, qui plusest portée par un auteur quel’humour n’aura jamais déser-té. Mais il ne faudrait pasoublier, en ce moment d’unani-misme, combien cette populari-té fut une conquête et unerevanche. Surtout quand elleest aimable, la postérité est sou-vent oublieuse : à trop célébrerles héros de cape et d’épée queson œuvre nous a légués, onprend le risque de ne riensavoir de l’homme qui forgeal’écrivain.

Car ce ne sont pas seule-ment les mythes éternels desmousquetaires et de Monte-Cristo qui sont ainsi consacréscomme des chapitres essentielsde notre roman national. C’estaussi l’écrivain républicain,farouchement engagé du côtéde la réforme sociale, des barri-cades des Trois Glorieuses auxchemises rouges de Garibaldi,que Jacques Chirac convie auPanthéon. C’est égalementl’Européen, infatigable voya-geur jusqu’au Caucase desTchétchènes, curieux du mon-de et de sa bigarrure. C’est,enfin et surtout, le mulâtre vic-time du racisme, le descendantd’esclave, le témoin de la traitenégrière, bref le symbolemême du métissage de la Fran-ce qui, avec Alexandre Dumas,est reconnu à la place qui

devait être la sienne : au cœurde notre identité nationale.

Quand, il y a deux siècles, le24 juillet 1802, naît le futur écri-vain, Napoléon Bonapartevient à peine de rétablir, le20 mai 1802, l’esclavage et latraite abolis en 1794 sous lapression de la révolte des escla-ves de Saint-Domingue (Haïtiaujourd’hui). C’est dans cettehistoire, celle du colonialismeet du racisme, entre mélange etexclusion, oppression et résis-tance, que s’origine le romanvrai du panthéonisé. Petit-filsd’une Africaine esclave, Alexan-dre Dumas – deuxième du nom– est le fils du général Alexan-dre Dumas qui naquit dans laservitude, arriva tel un « sans-papiers » au Havre en 1776 et,simple dragon de Louis XVI,devint général de la Révolu-tion, l’un de ses plus grands etde ses plus vaillants soldats.

Or, comme le rappelle avecéloquence Claude Ribbe dansle livre qu’il a consacré au pèrede l’écrivain (Le Dragon de la rei-ne, Ed. du Rocher), le sort de cegénéral mulâtre, républicain ethumaniste, nous rappelle laface noire de notre histoirenationale. Le 29 mai 1802, lesofficiers dits « de couleur »furent exclus de l’armée fran-çaise ; le 2 juillet 1802, le terri-toire de l’Hexagone fut interditaux « noirs et gens de cou-leur » ; le 8 janvier 1803, lesmariages « mixtes » furentinterdits, etc. Mort de chagrinen 1806, le général Dumas futl’une des victimes de cette épu-ration raciste. Tel est le dramefamilial où commence la revan-che de Dumas l’écrivain. DeDumas le métis. De Dumas lesymbole des identités pluriel-les et mêlées.

Suite de la première page

Au sommet, surreprésentationdes régions côtières (Shandong etJiangsu en particulier) – alors queles hommes de 1949 étaient issusde la Chine centrale – et, sur le ter-rain, tendance à l’enracinementdes dirigeants locaux dans leursprovinces natales.

Nulle surprise dans ce constat :deux des sous-produits de la « ré-forme » – la richesse de la façadecôtière et la décentralisation éco-nomique – se reflètent mécanique-ment dans la sphère de l’élitepolitique. De ce point de vue, la« quatrième génération » n’in-nove guère : elle accuse une ten-dance déjà bien engagée sous la« troisième ». Tout comme elleconfirme le profil technocratiquede ses aînés – où dominent lesingénieurs – à la nuance près queses compétences financières etjuridiques sont plus étoffées.

Mais le véritable « marqueur »de cette génération n’est pas laréforme économique lancée audébut des années 1980. C’est larévolution culturelle. La nouvellecouche de dirigeants chinois s’estéveillée à la conscience politiquesur les campus en plein typhonmaoïste, en particulier durantles trois terribles années de 1966,1967 et 1968.

C’est cet épisode qui l’identi-fie, qui a pétri sa sensibilité etmodelé sa vision du monde. Làest l’événement du 16e congrèsdu PCC : la Chine va être gou-vernée par une génération pourqui la révolution culturelle aconstitué le baptême du feu politi-que. Les précédentes avaient faitleurs classes militantes – et mili-taires – avant 1949 dans la résis-tance antijaponaise et la guerre

civile contre le Kouomintang. Cetépisode fondateur de la révolu-tion culturelle confère à cettegénération une triple caractéristi-que. La première est qu’elle estplus sino-centrée que les pré-cédentes, ce qui tord le cou aucliché selon lequel les jeunes sontforcément plus exposés au ventdu grand large que les vieux.Quand la « première génération »(Zhou Enlai) et la « deuxième »(Deng Xiaoping) ont fait leurs pre-mières armes militantes en Fran-ce, quand la « troisième » (JiangZemin, Li Peng) a mûri dans lacélébration de l’amitié sino-russeau point d’aller se perfectionnerdans les instituts ou les usines deMoscou, la « quatrième » a étébloquée en Chine par la révolu-tion culturelle. Elle a été sevréed’horizon international au seuilde la vie adulte.

Le deuxième stigmate laissé par

la folie des années 1966-1969 estle désenchantement politique. Ladésillusion est particulièrementcruelle pour la masse des fantas-sins gardes rouges qui, après lesacrifice de leur jeunesse étudian-te, sont aujourd’hui les premierstouchés par les licenciements dusecteur d’Etat sous prétexte deleur carence de formation.

Après l’utopie révolutionnaire,c’est le capitalisme sauvage quiles fauche, alors que la « cinquiè-me génération » qui suit, épar-gnée par la révolution culturelle,encaisse l’essentiel des dividendesde la réforme économique. Cer-tains analystes proposent d’in-clure l’« inégalité génération-nelle » dans la liste des fractures(riches-pauvres, ville-campagne,provinces est-ouest…) qui segmen-tent la société chinoise.Hu Jintaoet son futur premier ministre,Wen Jiabao, sont une minorité deprivilégiés parmi une générationbroyée dont les esprits les pluséclairés – Wei Jingsheng – ont étébannis en raison de leur conver-sion à l’idéal démocratique, ce quiaccroît le cynisme ambiant.

Le troisième trait de caractèrequi singularise cette couche de diri-geants est sa pleine maîtrise del’art politique. Hu Jintao et WenJiabao se sont frottés très jeunesaux techniques de propagande etde mobilisation, aux joutes d’appa-reils, au factionnalisme, aux con-torsions idéologiques, en sommeà un certain machiavélisme politi-que. « Ce sont des politiques avantd’être des technocrates », résumeun chercheur chinois qui a étudiécette génération. Là encore, il fautfaire un sort au stéréotype selonlequel ces nouveaux maîtres de laChine sont des gestionnaires férusd’économie : ceux-là, plus jeunes,se contentent pour l’heure de peu-pler leur cabinet.

Fondamentalement, la grandefaiblesse de la nouvelle équipe estd’être liée au Parti par un rapportquasi filial, en tout cas pour ceuxqui ont survécu aux convulsions.Née dans les années 1940, cette« quatrième génération » est lapremière à être née « avec » le PCau pouvoir. Elle a grandi sous ledrapeau rouge, elle a appris à liredans ses manuels. Le PC a été unematrice qui lui a borné très tôtl’horizon intellectuel et affectifquand ses devanciers s’étaient for-més en dehors du Parti et avant1949.

Cette intimité à l’égard de l’ap-pareil risque de poser problème àun moment critique où la ques-tion-clé, le sujet crucial, est l’af-franchissement de l’Etat et de lasociété par rapport à la gangue duParti. La sophistication des enjeuxde la modernité, la gravité des cri-ses qui couvent – sanitaire, éduca-tive, écologique, migratoire, psy-chologique – imposent de penserun « au-delà » du Parti sous peined’approfondir un déficit de gouver-nance sur lequel buteront fatale-ment les réformes engagées. Dece point de vue, l’arrivée au pou-voir de cette génération pétrie deculture partisane, rompue auxjeux d’appareil, concomitanteavec la retraite du premier minis-tre Zhu Rongji, grand commisrépublicain bravant les féodaux

du Parti pour imposer l’Etat etqui fut naguère persécuté pour« droitisme », doit susciter laperplexité.

Quand on sait que Hu Jintao aété couvé, mis sur orbite, fabri-qué par le Parti, quand on réaliseque sa principale expertise estl’art de la survie politique grâce àune loyauté indéfectible assortied’une infinie prudence tactique,quand on constate que l’étroitessede son assise personnelle le bri-dera encore longtemps, on est endroit de s’interroger sur la consis-tance des nouveaux patrons de laChine, à tout le moins leur aptitu-de à faire face à des défis gagnanten acuité.

Bien sûr, rien n’est joué. « Hu

Jintao a des idées très précises de cequ’il veut faire, dit un familier ducomité central. Mais il attendd’avoir imposé son équipe pour sedévoiler complètement. » Il faudradonc attendre. Là est bien le pro-blème car, dans la subtile ingénie-rie du mouvement qui s’est mis enmarche en Chine, la paralysied’une roue – en particulier celleactionnant la modernisation dupolitique – peut coûter cher à l’en-semble de la machine.

D’où cette conviction assezrépandue chez beaucoup de Chi-nois que cette « quatrième généra-tion » n’est pas un bon millésimeet qu’elle pourrait céder la placeassez rapidement à la suivante, la« cinquième génération », celle del’après-révolution culturelle, cellequi s’est éveillée au monde àl’aube des réformes économiques,a étudié en Occident et n’a pas lemême lien organique avec le Parti.Cette « cinquième génération »(les 45-55 ans), à la fois plus mon-dialisée et plus patriote – cardécomplexée à l’égard de l’Occi-dent – est du reste déjà aux com-mandes aux échelons intermé-diaires, voire supérieurs, du sys-tème. Elle pourrait être appelée àla rescousse plus vite que prévu.

Frédéric Bobin

RIEN n’échappe à l’œil vigilant deslecteurs. Pas même une erreurcommise… en 1952 ! Un rectificatifa dû être publié au mois de septem-bre parce que le journal avait

reproduit, dans sa rubrique « Il y a 50 ans, dansLe Monde », un article affirmant que JeanRenoir tournait avec Danièle Delorme, « enforêt de Fontainebleau exactement », l’adapta-tion d’une nouvelle de Tchekhov, Premieramour. En forêt de Fontainebleau peut-être,mais certainement pas à partir de Tchekhov,l’auteur de cette nouvelle étant Tourgueniev,comme l’a fait remarquer un lecteur de 2002.

« Permettez-moi, m’écrit de son côté Fran-çois George (Paris-7e), de vous confier que j’aiété quelque peu surpris de l’indulgence témoi-gnée par M. André Fontaine à Charles Maurras.Celui-ci a multiplié les appels au meurtre. Il por-te la responsabilité de l’assassinat des parents demon ami Roger Stéphane (né Worms), qu’ildénonça avec férocité… »

La nécrologie du maître de l’Action fran-çaise, rédigée par André Fontaine, alors toutjeune chef du service Etranger, avait étépubliée le 18 novembre 1952. Dans l’extraitcité, l’auteur regrettait que Maurras n’ait pasété libéré plus tôt de prison et demandait quel’on rende justice à « un homme qui, cinquanteans de sa vie, a honoré les lettres et le génie fran-çais ». En réalité, ces quelques lignes étaienttirées d’un très long article, occupant une demi-page du journal, dans les caractères tout petitset très serrés de l’époque. D’une plume bril-lante, André Fontaine y analysait en détail le« nationalisme intégral » de celui qui avaitinfluencé toute une partie de l’intelligentsiafrançaise. Il soulignait, entre autres, « l’énormeresponsabilité de Maurras dans la naissance dutotalitarisme moderne et singulièrement danscelle du fascisme ». Il qualifiait aussi le vieuxpolémiste d’« agent inconscient » des Alle-mands sous l’Occupation et, de fait, d’« auxi-liaire de la Gestapo ».

La rubrique « Il y a 50 ans, dans Le Monde »est contrainte à des choix draconiens. NadineAvelange et Edouard Masurel, qui en sont char-gés, parallèlement au Carnet, ne pouvaientguère, en date du 18 novembre, passer soussilence la mort de Maurras. Or la maquette neleur accorde que 39 lignes, pas une de plus…

Je posterai aujourd’hui même à notre lec-teur, M. George, une photocopie du numérodu 18 novembre 1952 pour qu’il puisse se faireune idée exacte de la manière dont Le Mondeavait « enterré » le chef de l’Action française.Outre la nécrologie proprement dite, figuraitun article presque aussi long de Jean-Marc

Théolleyre rappelant les deux procès, de na-ture très différente, qui avaient marqué la viede Maurras : la mise à l’index de ses écrits parle Saint-Siège, en 1926, et sa condamnation àla réclusion perpétuelle et à la dégradationnationale par la cour de justice de Lyon, en1945. Par ailleurs, en première page, un pla-card annonçait : « Notre éminent collaborateurEmile Henriot, de l’Académie française, consa-crera demain son feuilleton hebdomadaire àCharles Maurras écrivain. » Tout compte fait,j’enverrai à M. George la photocopie des deuxnuméros.

S A lettre m’a donné l’occasion de plon-ger dans Le Monde de 1952. Le journalavait alors, selon les jours, de douze à

seize pages, très tassées, avec peu de publi-cité. Pas une seule photo. De temps en temps,une carte géographique s’ajoutait à celle – illi-sible – des prévisions météorologiques. Quantaux dessins, ils étaient réservés, une fois parsemaine, à une rubrique délicieusement rétro,intitulée « La mode et la vie ».

L’actualité internationale occupait chaque

jour l’essentiel, et parfois la totalité, de la pre-mière page. Outre le fameux bulletin, sur lacolonne de gauche, plusieurs titres informa-tifs se partageaient la manchette. Leur gros-seur respective dépendait de l’importanceattribuée à l’événement. Nul souci esthétique,mais une fantaisie : les caractères typographi-ques s’y mêlaient dans un parfait désordre.Toutes les personnes citées avaient droit à un« M. » de politesse (l’actualité paraissait pri-vée de femmes), tandis que les évêquesétaient désignés par un solennel « NN. SS. »(Nos Seigneurs).

Ce Monde de 1952, qui ne comptait pasplus d’une cinquantaine de rédacteurs (sixfois et demie moins qu’aujourd’hui), venaitde connaître deux tempêtes. D’une part,Hubert Beuve-Méry avait définitivement assisson pouvoir à la fin de l’année précédente,après un bras de fer avec certains membresdu comité de direction qui lui reprochaientd’être hostile aux Etats-Unis. D’autre part, lejournal avait essuyé critiques et sarcasmespour avoir publié, le 10 mai, un faux docu-ment, le « rapport Fechteler », attribué à unhaut responsable de la marine américaine. Ladiffusion allait baisser de 6 % cette année-làpour tomber à 112 000 exemplaires. Elle necommencerait son ascension qu’en 1956, avecla publication du (vrai) rapport Khrouch-tchev, les crises de Suez et de Budapest.

L A rubrique « Il y a 50 ans, dans Le Mon-de » nous fait revivre 1952 sous tous lesangles : l’arrivée au pouvoir d’Antoine

Pinay en France, du général Eisenhower auxEtats-Unis et des Officiers libres en Egypte ;l’attribution du prix Nobel de littérature àFrançois Mauriac ; la discussion à l’Assembléenationale d’un projet de tunnel sous le Mont-Blanc, l’apparition du disque 33 tours et d’unevignette sur les boîtes de médicaments. Sansoublier les Jeux olympiques d’Helsinki : la vic-toire du Tchèque Emil Zatopek au 5 000 mè-tres, et celle, au fleuret individuel, du FrançaisChristian d’Oriola, « beau comme Gérard Phi-lipe, vif comme d’Artagnan »…

C’est en janvier 1995, avec la nouvelle for-mule du journal, qu’a été créée la rubrique« Il y a 50 ans, dans Le Monde ». Un peu pluslongue qu’aujourd’hui, elle paraissait alorsdans la section « Horizons », sous l’éditorial.Lors du toilettage de la maquette, en janvier2002, elle a été déplacée en dernière page.Celle-ci a longtemps été la « DH » (dernièreheure), et on l’appelle toujours ainsi, même sielle n’accueille plus les informations les plusfraîches de la matinée. Il faut dire que le sys-tème informatique permet désormais d’actua-liser n’importe quelle page à n’importe quelmoment.

Le Monde, quotidien d’information, seconclut donc tous les jours par un bout d’arti-cle vieux de cinquante ans. Cet emplacementaussi étrange que privilégié contribue sansdoute à en faire l’une des rubriques les pluslues du journal.

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Anciens directeurs : Hubert Beuve-Méry (1944-1969), Jacques Fauvet (1969-1982),André Laurens (1982-1985), André Fontaine (1985-1991), Jacques Lesourne (1991-1994)

Le Monde est édité par la Société Editrice du Monde (SAS)Durée de la société : quatre-vingt-dix-neuf ans à compter du 15 décembre 2000. Capital social :145 473 550 ¤. Actionnaires directs et indirects : Le Monde SA, Le Monde et Partenaires Asso-ciés, Société des Rédacteurs du Monde, Société des Cadres du Monde, Société des Employés duMonde, Fonds commun de placement des personnels du Monde, Association Hubert-Beuve-Méry,Société des Lecteurs du Monde, Le Monde Entreprises, Le Monde Europe, Le Monde Investisseurs,Le Monde Presse, Le Monde Prévoyance, Claude-Bernard Participations, Société des Personnels du Monde.

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ROBERT SOLÉ

Il était une fois...La France métisse

RECTIFICATIFS

a PARIS. Le secteur concerné parle nouveau « quartier vert », dansle 10e arrondissement, est celui dela rue du Faubourg-Saint-Denis,dont un tronçon a été changé desens de circulation, et non de larue Saint-Denis, comme indiquépar erreur dans Le Monde du23 novembre.

a BRUNO LE ROUX. Nous avonsécrit par erreur, dans l’article« M. Bayrou tente de fédérer lesopposants à la réforme du scru-tin des européennes » (Le Mondedu 29 novembre), que le député(PS) de Seine-Saint-Denis BrunoLe Roux était « le président degroupe à l’Assemblée nationale ».

Depuis 1997, c’est Jean-Marc Ay-rault qui est président du groupePS de l’Assemblée nationale.

a JACK LANG. La photographiede Jack Lang se promenant sur lemarché de Wimereux (Pas-de-Calais) n’a pas été prise le 10 dé-cembre, comme nous l’avons écritdans Le Monde du 29 novembre,mais le 12 octobre.

a INTERNET. Dans l’article « Lesvilles s’essaient à Internet et auxtélévisions locales » (Le Monde du26 novembre), nous avons attri-bué à l’Association des maires deFrance (AMF) la cosignature d’untexte qui a, en fait, été cosigné parl’Association des maires des gran-des villes de France (AMGVF).

Chine :la « quatrièmegénération »au pouvoir

0123est édité par la Société Editrice du Monde (SAS). La reproduction de tout article est interdite sansl’accord de l’administration. Commission paritaire des publications et agences de presse n° 0707 C 81975

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La « une » du « Monde » daté dimanche30 novembre - lundi 1er décembre 1952.

H O R I Z O N S A N A L Y S E S

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LE MONDE / DIMANCHE 1er - LUNDI 2 DÉCEMBRE 2002 / 17

CET ENTRETIEN a été relu etamendé par M. Milhaud.

Les Caisses d’épargne, qui pos-sèdent avec La Poste le monopo-le de distribution du Livret A,n’ont cessé de se transformerpour devenir des banques à partentière en 1999. Quelle analysefaites-vous de ces mutations ?

Il a fallu attendre la loi de 1999 –et l’adoption du statut coopératif– pour que les Caisses d’épargnedeviennent des banques commeles autres. Cette réforme leur a per-mis de se placer sur un piedd’égalité avec les autres groupesbancaires, qui leur avaientauparavant reproché de ne pasrémunérer les fonds propres etdonc de bénéficier d’une distor-sion de concurrence. Elle étaitd’autant plus nécessaire qu’il fautêtre en mesure de s’adapter,notamment en faisant allianceavec d’autres établissements enEurope.

D’autres évolutions vous sem-blent-elles souhaitables ?

Dès lors que l’on sort du systè-me administré – comme ce fut lecas pour les banques françaises,passées entre la fin des années1970 et le début des années 1980de l’encadrement de crédit à unsystème totalement dérégulé –, onentre dans le système concurren-

tiel. Nous sommes engagés danscette logique et n’avons d’autrechoix que d’être des établisse-ments de crédit comme les autres.Nous entendons mener jusqu’aubout la démarche de transfor-mation, et même de banalisation,mais en restant fidèles aux valeurshistoriques des Caisses d’épargne.Ainsi, nous sommes ouverts àtoutes les clientèles sans discri-mination.

Vous êtes donc plus attachéaux valeurs du groupe Caissesd’épargne qu’à son statut coopé-ratif ? Pourriez-vous envisagerd’abandonner celui-ci ?

Effectivement, les valeurs comp-tent davantage pour moi. Ce quim’importe, c’est de bien faire monmétier de banquier en fournissantaux clients tous les types de pro-duits et de services, dans des condi-tions de rentabilité satisfaisantes.Pour autant, il n’est pas questiond’abandonner le statut coopératifqui, s’il entraîne des lenteurs dansle processus de décision, apportela garantie d’un fonctionnementdémocratique. Les Caisses d’épar-gne ne se préoccupent pas, à cestade, d’introduction en Bourse,même si elles sont déjà engagéesdans la logique de marché, notam-ment en étant soucieuses des impé-ratifs de rentabilité.

Quelle place occupe le Livret Adans votre stratégie ?

La place du Livret A dans l’épar-gne des Français s’est fortementréduite et cela continuera. Pour fai-re face et ne plus être prisonnierd’un produit sur lequel nousn’avons aucun pouvoir de déci-sion, nous avons diversifié notreoffre : le Livret A ne représenteplus que 12 % de notre chiffre d’af-faires, au lieu de 40 % il y a vingtans. Cela ne signifie pas qu’il estcondamné. Il occupe au contraireune place importante dans l’écono-mie, servant à financer le loge-ment social et constituant, pourdes clientèles modestes, un livretd’épargne pratique et bien rémuné-

ré. C’est pour servir l’ensemble desFrançais, en contrepartie du mono-pole de distribution qui nous a étéconfié, que nous sommes, avec LaPoste, les seuls établissements pré-sents dans les quartiers et citésdifficiles.

La mission Noyer sur l’épar-gne administrée doit bientôt ren-dre ses conclusions. Qu’en atten-dez-vous ? Une banalisation duLivret A est-elle envisageable ?

Le rapport de Christian Noyerdira notamment quel est le coût dela distribution du Livret A et déter-minera en conséquence le niveaude la rémunération versée parl’Etat au réseau collecteur quenous sommes. Si notre rémunéra-tion devait diminuer, cela auraitun impact sur notre compte d’ex-ploitation et pourrait nous condui-re à revoir notre présence dans leszones sensibles. Le système actuelfonctionne, il serait idiot de lechanger. Quant à une éventuellebanalisation du Livret A, je n’ycrois pas, car elle aurait pour effetde déséquilibrer les fonds d’épar-gne, avec des effets de bascule surd’autres produits d’épargne demoyen terme et, également, demettre à mal le financement dulogement social.

L’avenir des Caisses d’épargneest ailleurs que dans leLivret A. Est-ce dans cette logi-que que vous demandez à l’Etatde vous accorder le contrôled’Eulia, la holding publiquecréée avec la Caisse des dépôts(CDC) ?

Il est vrai que nous ne serionspas un groupe de 42 000 collabora-teurs si nous n’avions que leLivret A. Concernant Eulia, dès laconstitution de cette holding avecla CDC se posait la question deson avenir, en particulier de sonstatut, public ou privé. Nous avonsnaturellement échangé avec lespouvoirs publics à propos de l’ave-nir d’Eulia et de son évolution.Toute décision est aujourd’huientre les mains du ministre desfinances. Ce qui m’importe, à tra-vers notre projet industriel, c’estl’avenir des Caisses d’épargne,dans un univers de plus en plusconcurrentiel. Nous devons êtreprésents sur tous les marchés de labanque de détail : particuliers, pro-fessionnels et entreprises. Et nousdevons compter dans la restructu-

ration du paysage bancaire. C’estdans cet esprit que nous avonscréé Eulia avec la CDC. Notre posi-tion sur le marché des particuliersnous rend légitimes pour jouer unrôle moteur dans cette structure.Nous sommes à même d’assurer ledéveloppement de cette entité, dela faire entrer dans une dynami-que d’entreprise assise sur un sché-ma industriel cohérent.

En quoi le statut public com-promet-il son développement ?

Du point de vue de la croissanceexterne, le caractère public d’Euliapose problème. Il nous empêcherade conclure de grands partenariatsfondés sur des liens en capitalforts. Il nous pénalise dans nosacquisitions, comme récemmentlorsque Eulia s’est porté candidat

à la privatisation d’une banqueroumaine. Or l’histoire conduit àla mise en place d’alliances et derapprochements. Regardez ce quevient d’entreprendre BNP Paribassur le Crédit lyonnais.

L’accord avec la CDC, présentécomme un mariage entre égaux,a été signé il y a moins d’un an,pour cinq ans. Ne profitez-vouspas de l’échéance prochaine dumandat du directeur général dela CDC pour obtenir gain de cau-se de la part du gouvernement ?

Il est normal que le président dutroisième grand groupe bancairefrançais rencontre les responsa-bles politiques et qu’il exprime savision de l’avenir et ses souhaits.Aux décideurs politiques de jugerde la pertinence de ma vision.

Comment doit évoluer la CDC,dont les missions sont en coursde redéfinition au sein dugouvernement ?

Notre groupe est historique-ment associé à la CDC. Mais il con-vient de réexaminer l’équilibre denos relations. Il revient à l’Etat dedéfinir ce que seront les missionsde la CDC demain. Je n’ai pas lamaîtrise du calendrier.

Propos recueillis parLaurent Mauduit

et Anne Michel

Gestion : SOGEPOSTE S.A. – Filiale de La Poste et de la Caisse des dépôts et consignations

Valeur de l’action "D" au 22.11.2002 : 192,39 euros

P O S T E P R E M I E R E 8 - 1 0 A N SFCP OBLIGATIONS ET AUTRES TITRES DE CRÉANCES LIBELLÉES EN EUROS

DIVIDENDE EXERCICE 2001-2002Le directoire de Sogéposte a arrêté les comptes de l’exercice 2001-2002 du FCP Poste Première 8-10 ans et aconstaté que le dividende net par action "D", dite de distribution s’élève à 1,95 euro. Le directoire a égalementdécidé de procéder au versement d’un acompte au titre de l’exercice 2002-2003 pour un montant de 1,35 euro.Le coupon versé par action "D" s’élèvera donc à 3,30 euros.

DÉCOMPOSITION DU DIVIDENDE, en euros :• Obligations françaises non indexées 3,30 euros TOTAL 3,30 euros

Le dividende sera détaché le 10 décembre 2002 et mis en paiement le 12 décembre 2002 (possibilité deréinvestissement sans frais jusqu’au 12 mars 2003).

Vodafone dément augmenterson offre sur CegetelL’OPÉRATEUR britannique de téléphonie mobile Vodafone adémenti être prêt à augmenter son offre à Vivendi Universal pour luiacheter sa part de 44 % dans Cegetel. « Dans les circonstances actuellesdu marché, notre offre à Vivendi Universal est à la fois juste, généreuse etéquitable. Nous avons aujourd’hui le contrôle de Cegetel en l’état. Il n’y aaucune raison d’augmenter notre offre d’une prime supplémentaire decontrôle », a déclaré Christ Gent, directeur général de Vodafone, ven-dredi 29 novembre.Vodafone a proposé 6,77 milliards d’euros pour le rachat de la part deVivendi Universal estimée par le groupe français entre 9 et 11 mil-liards d’euros. « Nous sommes patients », a indiqué M. Gent. Le patronde Vodafone a également démenti les rumeurs faisant état d’une pos-sible offre publique d’achat sur l’ensemble du groupe VivendiUniversal. – (Corresp.)

Fin des négociations à France 3LES SALARIÉS de la chaîne devaient voter samedi dans la matinéepour la poursuite du conflit alors que le travail commençait à repren-dre dans certaines régions. Vendredi, les négociations ont pris fin,Marc Tessier, président de France Télévisions, indiquant son opposi-tion aux dernières demandes de la CGT. Il a précisé que le texte de ladirection mis au point « au mot près avec l’ensemble des organisationssyndicales » constituait « l’ultime étape » des négociations mais pas dudialogue.Aucun syndicat n’a signé le protocole portant sur la production et lafabrication de certaines émissions par la chaîne, sur le renouvelle-ment du matériel et sur l’emploi. La CFDT a envisagé d’accepter ce tex-te si les autres syndicats le paraphent aussi.

a DASSAULT/PRESSE : Serge Dassault, PDG du groupe Dassault,qui détient 30 % de la Socpresse (Le Figaro, La Voix du Nord, L’Express…),a affirmé samedi sur France 5 que « pour le moment », il n’intervenaitpas dans le contenu rédactionnel de ses journaux. A la question desavoir s’il se réserverait le droit d’intervenir lorsqu’il augmentera sa par-ticipation, il a rétorqué : « Je regarde un petit peu comment ça se présen-te… » Interrogé au sujet du Figaro, il a indiqué : « Je ne dis pas qu’il esttrop à gauche, je dis seulement qu’on n’explique pas suffisamment à l’opi-nion la réalité économique telle qu’elle est vraiment dans les entreprises. »

Eulia est la holding financière créée en 2001 qui ras-semble des activités concurrentielles de la Caisse desdépôts et des Caisses d’épargne. L’établissementpublic y est majoritaire. Bien

que l’accord entre les deux parties soit conclu pourcinq ans, les Caisses d’épargne souhaitent y devenir. Selon Charles Milhaud, leur prési-dent, le caractère public d’Eulia freine leur développe-

ment international. Jouer « un rôle moteur » dansEulia permettrait aussi aux Caisses d’épargne d’êtremoins dépendantes du Livret A. Cette offensive inter-vient alors que la Caisse des dépôts est .

Le mandat de son directeur général, Daniel Lebègue,vient à expiration le 17 décembre et le changementde majorité relance les sur l’ave-nir du secteur financier public.

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DÉJÀ riche en rebondissements,le projet de fusion entre Schneideret Legrand vient de connaître unnouvel épisode, sans doute décisif.La cour d’appel de Versailles (Yveli-nes) a infligé, vendredi 29 novem-bre, un sérieux revers au groupeSchneider dans l’affaire qui l’oppo-se à la société Legrand sur les con-ditions de leur éventuelle fusion.

D’après Henri Lachmann, PDGde Schneider, le pacte de fusion dejanvier 2001 était périmé, carLegrand n’avait pas respecté sesobligations de partenaire. En vued’un nouvel examen du projet defusion, le 14 novembre, le grouped’équipement électrique basse ten-sion avait donc transmis, sans l’ac-cord de Legrand, à la Commissioneuropéenne une proposition decession d’actifs – des activitésreprésentant un chiffre d’affairesde 355 millions d’euros, dont297 millions réalisés par Legrand.

Le fabricant de matériel électri-que avait alors assigné Schneideren référé pour violation du pactede fusion, qui prévoyait notam-ment que le PDG de Legrand, Fran-çois Grappotte, disposait d’undroit d’agrément sur toute proposi-tion de cessions d’activités de songroupe. Le 22 novembre, le tribu-nal de commerce de Nanterre(Hauts-de-Seine) avait donné rai-son à Legrand en obligeantSchneider à retirer sa proposition.Vendredi, la cour d’appel deVersailles (Yvelines), saisie par

Schneider, a confirmé cette ordon-nance.

Le différend entre les deux entre-prises est apparu après le veto de laCommission, le 10 octobre 2001, àleur projet de fusion. Dès lors, lesrelations n’ont cessé de se dégra-der. Schneider, qui détenait, depuisle 1er août 2001, 98,1 % du capital deLegrand, ne cachait pas son inten-tion de vendre, par appartement,les actifs de cette société, contrel’avis de ses dirigeants. La Commis-sion a alors pris une seconde déci-sion, le 30 janvier : elle laissait à Sch-neider le droit de choisir son modede sortie de Legrand, mais l’obli-geait à céder sa part en un seul bloc.

La tension s’est accentuée lors-

que la Cour européenne de justice,le 22 octobre, a annulé à son tourle veto de la Commission. Cerebondissement a remis en causel’option qui s’était peu à peu impo-sée, Legrand ayant obtenu d’êtrevendu au consortium Wendel-KKR. Or cette cession pouvait êtreremise en cause si la Cour de jus-tice annulait le veto.

Mais cette annulation est inter-venue trop tard. Les deux entrepri-ses n’envisageaient plus de destincommun. Legrand s’opposait à tou-te fusion et avait affiché sa préfé-rence pour une vente à Wendel.Schneider, alors contraint de déci-der avant le 5 décembre s’il ven-dait ou non Legrand à Wendel, a

repris les discussions avec la Com-mission sur la fusion en choisis-sant le passage en force.

Le 14 novembre, lors d’une réu-nion censée définir les engage-ments que Legrand et Schneiderdevaient remettre à la Commission,la mésentente était totale. M. Grap-potte a décliné l’invitation en la qua-lifiant « d’informelle » pour une sim-ple séance « d’enregistrement ».Selon Schneider, la Commissioneuropéenne avait notifié ses griefs,le 13 novembre, uniquement sur lapartie française de l’opération, don-nant au groupe 24 heures pourretourner sa copie modifiée.D’après l’équipementier électrique,M. Grappotte l’aurait mis délibéré-ment en situation de non-respectdu pacte conclu l’an dernier.

L’arrêt de la cour d’appel renddésormais illégaux une partie desengagements de Schneider auprèsde Bruxelles, ce qui rend très impro-bable, faute de clarté, un feu vertimmédiat de la Commission au pro-jet de fusion. La cour d’appel deVersailles n’a d’ailleurs fixé aucuneastreinte à sa décision et ajoutéqu’il appartenait à la Commissiond’en tirer les conséquences, àsavoir ouvrir, dès le 4 décembre,une deuxième phase d’enquêteplus approfondie, qui dure quatremois, pour prendre sa décision.

Dans ce cas, Schneider – qui doitdonner sa réponse à Wendel dès le5 décembre, pour une éventuellecession de Legrand le 10 décem-

bre –, pourrait, selon une sourceproche de cette entreprise, jeterl’éponge, préférant récupérer les3,7 milliards d’euros promis par lesrepreneurs. L’alternative à cettesolution pourrait être la définition,jugée peu probable, au cours de cet-te deuxième phase, d’un nouveaucode de conduite entre les deuxsociétés, garantissant à Legrand laprise en compte de ses intérêts.

Jacques Follorouet Pascal Galinier

Charles Milhaud : « Le caractère public d’Eulia pose problème »Dans un entretien au « Monde », le président du directoire de la Caisse nationale des caisses d’épargne explique pourquoi il souhaite

prendre la majorité du capital dans la holding financière dont il détient 49,9 % et la Caisse des dépôts 50,1 %.

LES RELATIONS entre les Cais-ses d’épargne et leur anciennetutelle, la Caisse des dépôts et con-signations (CDC), qu’on croyaitpacifiées depuis l’annonce de leuralliance dans le secteur concurren-tiel, en juin 2001, traversent unepasse difficile. Moins d’un an aprèssa création, Eulia, la holding ban-caire née de ce partenariat, attiseen effet les convoitises des Caissesd’épargne, qui souhaitent en pren-dre le contrôle. Mais Eulia étantpublique, avec 50,1 % de son capi-tal entre les mains de la CDC con-tre 49,9 % pour l’Ecureuil, ce projetdoit recueillir l’assentiment del’Etat actionnaire. Ce que n’a, à cejour, pas obtenu Charles Milhaud,président du directoire de la Caissenationale des Caisses d’épargne.

Bien qu’il soit favorable au prin-cipe d’une privatisation partielled’Eulia, le gouvernement veut sedonner du temps pour travailler àla refonte globale des missions dela CDC, dans le cadre de l’arrivée àéchéance du mandat de son direc-teur général, Daniel Lebègue, le17 décembre. De nombreux candi-dats sont en lice, M. Lebègue étantcandidat à sa propre succession(Le Monde du 26 novembre).

La CDC est la dernière grande

institution financière publiquefrançaise. Le bras de fer l’opposantà l’Ecureuil est à la mesure desenjeux commerciaux : Eulia affiche10 milliards d’euros de chiffre d’af-faires, pour 17 milliards d’euros de

fonds propres. Au-delà sont en jeula capacité de l’Ecureuil, encoredépendant du Livret A et de sonmarché national, à affronter laconcurrence européenne et la légi-timité de la présence de l’établisse-ment public CDC, investi par l’Etatde missions d’intérêt général, dansle secteur financier concurrentiel.

Le passage au privé d’Euliaremettrait en cause le schéma demodernisation du secteur finan-cier public tel qu’il avait été imagi-né par le précédent gouverne-ment. Les services financiers deLa Poste devaient rejoindre àmoyen terme l’alliance Eulia, cequi devait renforcer le caractèrepublic de l’alliance.

A. Mi

E N T R E P R I S E Sf i n a n c e

« Notre position

sur le marché des

particuliers nous rend

légitimes pour jouer

un rôle moteur dans

cette structure »

Le schéma de modernisation du secteur financier publicdéfini par la gauche est remis en question

La fusion entre Schneider et Legrand devient improbableLa justice estime que l’équipementier électrique n’a pas respecté le pacte signé avec son partenaire

Page 16: supplØment en v.o. Avec Alexandre Dumas, Attac : le métissage … · 2018. 3. 26. · de notre correspondante Une porte-parole de l’ONU a indiqué, vendredi 29 novembre, que l’inspecteur

18 / LE MONDE / DIMANCHE 1er - LUNDI 2 DÉCEMBRE 2002

ANCIEN CONSEILLER et entraî-neur de tennis de Boris Eltsine,ex-ministre des sports, Chamil Tar-pichev manie aussi la langue debois et le second degré en expert.C’est heureux, car sa tâche de capi-taine, qui consiste à fédérer encette finale de Coupe Davis uneéquipe russe en mal de cohésion,nécessite diplomatie et patience.

Vendredi 29 novembre, à l’issuedes deux matches de simple de lafinale de la Coupe Davis, qui a misla France et la Russie à égalitéaprès la victoire de Marat Safindevant Paul-Henri Mathieu (6-4

3-6, 6-1, 6-4) puis celle de Sébas-tien Grosjean face à Evgueni Kafel-nikov (7-6 [7/3], 6-3, 6-0), il n’estpas sûr que l’équipe russe se soitretrouvée pour le dîner selon lerituel de la Coupe Davis.

« D’abord, on va se soucier de ladétente, a susurré Chamil Tarpi-chev. Vraiment, c’est très impor-tant. Puis nous verrons ce qui sepasse et ce que nous faisons. » Pourmasquer la confusion ambiante ausein de sa petite troupe, il passe del’euphémisme à la métaphore :« Je dirais que Kafelnikov n’a pasmal joué. Il manquait simplementde vitesse. Je pense qu’il jouera

mieux demain et après-demain (…).Compte tenu du fait qu’il doit jouerle double, c’est mieux de perdre entrois sets en simple. »

Cette économie d’énergie n’apas consolé Evgueni Kafelnikov.Humilié et furieux de sa sèchedéfaite, il a quitté le court sanscérémonie, Chamil Tarpichev trot-tinant derrière lui sans pouvoir lerattraper. « Il n’y avait rien de men-tal dans ce match, a-t-il déclaré.C’était simplement un match à sensunique. Je n’ai pas été capable de

rester [au] niveau [de Grosjean]dans le deuxième et le troisième set.Malheureusement, j’ai commis tropde fautes. J’étais pourtant heureuxque Marat ait gagné le premiermatch pour me donner la liberté dejouer sans trop de pression. Mais ducoup, je ne me suis peut-être pasassez concentré sur la manièred’aborder chaque point. »

A marteler que cette CoupeDavis est son ultime quête avantune retraite sportive méritée(Le Monde du 29 novembre),

Evgueni Kafelnikov s’est inutile-ment compliqué la tâche. Après sadéfaite au tournoi de Lyon face àNicolas Escudé, mi-octobre, leRusse estimait que, si le doublefait souvent la différence enCoupe Davis, « le premier jourserait très révélateur à Paris ».

Les deux simples de vendredin’ont fait que souligner qu’à28 ans, avec sa carcasse alourdie etson mordant émoussé, EvgueniKafelnikov n’a plus l’étoffe d’unvainqueur de tournois du Grand

Chelem. « Quand on arrive en finde carrière, l’a excusé son vain-queur, Sébastien Grosjean, on esttoujours un peu plus faible physique-ment. Il arrive toujours un peu enretard sur la balle. Ça se ressent sur-tout sur terre battue avec les fauxrebonds. Il a un moins bon timing.Son tennis est toujours là mais sonphysique n’est plus comme par lepassé. »

Maillon d’autant plus faible quel’équipe russe est réduite à quatrejoueurs – dont Andreï Stoliarov,

qui n’a disputé en Coupe Davisque deux matches sans enjeu, etMikhaïl Youzhny, qui n’a gagnéqu’un simple sans enjeu sur cinqdisputés depuis 2000 —, EvgueniKafelnikov était confronté, dèsvendredi soir, à un cruel dilemme.

Devait-il songer à céder saplace, dimanche, pour le simpledécisif en cas d’égalité (2-2) entrela France et la Russie ? Toujoursau tournoi de Lyon après unedéfaite contre Nicolas Escudé, ils’y était dit résolu, à quelquesréserves près : « Ça dépendra del’adversaire, des circonstances, demon état de fatigue. Il ne s’agit pasde mon ego mais de l’effort d’uneéquipe que je veux voir gagner laCoupe Davis. »

« Il a trop d’expérience pour lais-ser sa place le dimanche, estimaitNicolas Escudé. Même s’il joue cinqsets en simple le vendredi et cinqautres en double le samedi, et s’il ades crampes généralisées, je le voismal le faire. »

Chamil Tarpichev, lui, a indiquéà demi-mot ne pas maîtriser lasituation. « Nous, les coaches, nousagissons en fonction de la météo,a-t-il dit à propos d’une éventuelleentrée en lice du numéro trois del’équipe, Mikhaïl Youzhny, diman-che à la place de Kafelnikov. S’ilfait soleil, on fait comme pour unejournée ensoleillée. S’il pleut des cor-des, eh bien, on change. »

Avant de prendre cette décision,Evgueni Kafelnikov devait s’asso-cier à Marat Safin pour en décou-dre, samedi 30 novembre, avecNicolas Escudé et Fabrice Santoro.Alors que Guy Forget indiquaitavoir dégagé de l’étude de vidéos« des options tactiques » pour lapaire française, le plan de batailleadverse semblait plutôt flou. « Jene veux pas rentrer dans les détails,disait mystérieusement ChamilTarpichev, vendredi soir. On anotre idée… Ce que je peux dire,c’est que la qualité des services etdes retours sera déterminante. »

Le clan russe persiste dans uneapproche du double particulière-ment décalée. Evgueni Kafelnikovet Marat Safin n’ont plus rejouéensemble depuis leur défaitecontre la modeste paire argentineLucas Arnold-David Nalbandian(6-4, 6-4, 5-7, 3-6, 19-17) en demi-finale de la Coupe Davis, samedi21 septembre.

Ce revers après une duréerecord de six heures et vingt minu-tes de jeu fut d’autant plus cuisantque les Russes ont disposé de deuxballes de match à 17-16 sur le servi-ce de Marat Safin. « Jouer ensem-ble avant un match de Coupe Davis,on l’a déjà fait, sans succès », cou-pe sèchement Evgueni Kafelnikovlorsqu’on s’étonne que la leçonn’ait pas servi.

Patricia Jolly

Face à Marat Safin, Paul-Henri Mathieu a découvert la solitude du champion

IL A FAIT TOUT ce qu’il a pu.Mais que peut-on faire face à uncolosse qui court comme un lièvre,qui vous assène 19 aces dans unepartie et dispose d’une vitessemoyenne de service de 190 km/h ?Un adversaire qui, de surcroît, saitexploiter cette ressource dans lesmoments décisifs, et notammentsur une balle de match.

Avec des si – même degré d’effi-cacité au service que son adversai-re –, le Français Paul-HenriMathieu aurait pu mettre le palaisomnisports de Paris-Bercy dans sapoche et emporter son match con-tre le Russe Marat Safin en ouver-ture de la finale de Coupe Davis.

Défait sur le score de 4-6, 6-3,1-6, 4-6, le jeune Alsacien de 20ans qui faisait ses premiers pasdans cette compétition à haute ten-sion, s’est incliné avec dignité. Il aévité la déroute psychologique

d’une défaite en trois sets, préjudi-ciable pour son moral et celui desmembres du groupe français mas-sé sur le bord du court.

« Je suis très satisfait, mais trèsdéçu d’avoir perdu. C’est logique. jevais apprendre avec cette défaite, adéclaré Paul-Henri Mathieu peuaprès le match. Je voulais donner lemaximum de moi-même. Bien sûr,j’avais la pression. Je ne savais pascomment cela allait se passer. »

Le Russe, de son côté, n’avaitpas grand-chose à se reprocheraprès cette rencontre. A l’excep-tion du deuxième set, qu’il abordapar une double faute et au coursduquel il subit un de ces accès denervosité qui affaiblissent son jeu,Marat Safin n’a jamais flanchédevant son adversaire.

« J’ai eu des problèmes de concen-tration, a expliqué le Moscovite de23 ans. J’ai un peu ralenti mon ryth-

me. Il y a eu un premier break et jen’ai pas réussi à retrouver mon jeu àce moment-là. Au troisième et auquatrième set, j’ai très bien joué.C’est là que s’est joué le match,d’ailleurs. »

Si Chamil Tarpichev, l’entraî-

neur russe n’a pas eu à trop s’occu-per de son joueur durant la partie,prenant la plupart du temps despositions alanguies sur sa banquet-te, la situation de Guy Forget asemblé beaucoup plus délicate. Al’évidence, le contact avait du malà s’établir entre lui et son poulainau moment des changements decôté, et la difficulté de communica-tion entre les deux hommes a sem-blé souvent de rigueur.

« Il ne parle pas beaucoup, maisil écoute et enregistre, expliquait lecapitaine des Bleus. Au début, j’ai

essayé de ne pas trop lui parler,pour ne pas le saouler. Je lui disaisdes petites choses simples, et ça mar-chait. Le problème, c’est que, sur lafin, vu que Safin lui était supérieurdans tous les secteurs du jeu. Il n’yavait pas grand-chose à dire.

Pour se rassurer, Paul-HenriMathieu avait demandé à ThierryChampion, son entraîneur, de nepas se tenir trop loin du court.L’homme était en retrait du bancfrançais, au côté de Loïc Courteau,le coach d’Amélie Mauresmo.« Parfois, je le regardais. J’essayaisde le regarder le moins possible. Par-fois nos regards se croisaient, con-fiait le joueur, pour aussitôt sereprendre. Guy m’a beaucoupapporté. Je retrouvais le regard deGuy. »

Dimanche 1er décembre, pour ledernier simple, Paul-HenriMathieu devrait être opposé à

Evgueni Kafelnikov, sèchementbattu, vendredi, par SébastienGrosjean (7-6 [7/3], 6-3, 6-0). Pourses débuts en Coupe Davis, l’Alsa-cien n’a pas bénéficié du mêmesoutien que le public parisien amanifesté au numéro 1 françaispar la suite. La presse russe n’a pasmanqué de le souligner.

Si la greffe a du mal à prendre,Guy Forget peut toujours, commele règlement l’y autorise, faireappel à un autre des quatrejoueurs sélectionnés pour le der-nier simple, dimanche 1er décem-bre. « Je n’ai pas encore arrêté monchoix, a-t-il assuré. Il faut détermi-ner qui de Fabrice [Santoro] ou dePaul-Henri a, compte tenu de leursjeux tellement différents, le plus dechance de battre Kafelnikov. Il fautque j’en parle avec mon staff. »

Jean-Jacques Larrochelle

Les équipes de France et de Russie de tennis étaientà égalité (1-1) à l’issue de la , vendredi 29 novembre, au Palais omnisportsde Paris-Bercy (POPB). Si - ,

préféré à Arnaud Clément (victime d’une tendiniteau poignet droit), s’est incliné face au numéro 3 mon-dial, (6-4, 3-6, 6-1, 6-4), n’a éprouvé aucune difficulté à battre

(7-6 [7/3], 6-3, 6-0). Cesdeux premiers simples se sont joués sous les yeux duprésident de la République, , et deBoris Eltsine, ancien chef d’Etat russe. Une fois de

plus, le double, qui devait opposer, samedi 30 novem-bre, la paire - à l’équipe russe - -, s’annonçait déterminant.

Vendredi29 novembre,dans le deuxièmesimple de la finalede la Coupe Davis,le numéro 1 français,Sébastien Grosjean,a fait preuved’une maîtriseimpressionnante faceà Evgueni Kafelnikov.Le Russe, pourtanttrès motivéà la perspectived’un premier succèsde son pays dansl’épreuve, a dû céderen trois manches.Le Marseillaisne s’est jamais laissédéborder parla puissancede son adversaireet a permisà la France d’égaliserà l’issuede la 1re journée.

Les statistiques ne laissent aucu-ne place au doute. Depuis 1981,année de création du Groupe mon-dial, toutes les équipes qui se sontadjugé la victoire du samedi en dou-ble ont enlevé le saladier d’argent lelendemain. Il faut remonter à 1977,et à la victoire à domicile de l’Austra-lie contre l’Italie pour trouver la der-nière exception à cette règle. La pai-re transalpine s’était alors inclinéeen trois sets, mais l’Australie, quimenait 2-0 après les rencontres dis-putées en simple, s’était adjugé letitre (3-1).

Samedi 28 novembre, la rencon-tre de double devait opposer la pai-re tricolore composée de FabriceSantoro et Nicolas Escudé, associéspour la première fois en CoupeDavis après sept victoires en autantde matches en tournois, au duo rus-se composé de Marat Safin-EvgueniKafelnikov. « Le double risque d’êtrecrucial, estimait Guy Forget, le capi-taine de l’équipe de France. Je don-ne toutefois un léger avantage à mesgars, mais ce sera terriblementéquilibré. »

PAS DE CRÂNE CHAUVE à embrasser, pas d’échar-pe bleu, blanc, rouge. De la finale de la Coupe dumonde de football de 1998 à celle de la CoupeDavis, les effusions ne sont plus les mêmes. En cevendredi 29 novembre, au Palais omnisports deParis-Bercy, Jacques Chirac est un supporteur sageà l’image du public qui tarde à rentrer : la foule estretenue à l’extérieur par un service d’ordre méticu-leux. La tentative d’attentat dont Jacques Chirac aété la cible, le 14 juillet, et la prise d’otages meur-trière du Palais de la culture du quartier moscovitede Proletarskaïa, le 23 octobre, par un commandotchétchène, sont encore dans les mémoires.

Le président de la République, qui fête ce jour-làses 70 ans, profite des commentaires d’Henri Lecon-te, un des vainqueurs de la finale de la Coupe Davis1991. Il applaudit, rit beaucoup et s’extasie sur lejeu du « gamin », Paul-Henri Mathieu. Mais c’estson voisin de droite, Boris Eltsine, qui brandit lepoing rageur du vainqueur à l’issue du match et lavictoire de Marat Safin. Jacques Chirac n’aura passa revanche. Quand Sébastien Grosjean bat Evgue-ni Kafelnikov, le président s’est déjà éclipsé.

Grand amateur de tennis, l’ancien président deRussie n’a pas, lui, quitté sa place. Le capitaine del’équipe russe Chamil Tarpichev est un de ses pro-ches. Il fut son professeur de tennis avant de deve-nir son ministre des sports. Eltsine a déjà assisté àla victoire de son équipe en demi-finale de la Cou-

pe Davis contre l’Argentine, en septembre. On l’avu aussi lors des tournois de Moscou, en octobre.

A la surprise des observateurs, il n’a pas décro-ché de son siège pour suivre des matches qui ontduré trois heures dix minutes et deux heures et dixminutes. On l’avait laissé malade, quasi momifié,aux derniers jours de son mandat. Il apparaît enpleine forme, ignorant son ulcère à l’estomac etson quintuple pontage coronarien. Il a même ditquelques mots devant les caméras de France 3. Onapprend qu’il a reçu les joueurs russes chez luiavant leur départ pour la France : « Je leur ai dit deramener la Coupe en Russie, car elle ne l’a jamaisgagnée. » Puis, commentant la partie : « Le combata été acharné mais la vraie lutte reste encore à veni-r… »

On signalait aussi la présence éphémère de Ber-trand Delanoë, maire de Paris, de Jean-FrançoisLamour, ministre des sports, ainsi que la cohortedes amateurs habituels, comme CharlElie Coutureou Jean-Luc Lagardère. La venue de Lionel Jospinétait attendue avec une grande curiosité, same-di. Joueur de tennis acharné, l’ancien premier minis-tre devait faire, à Bercy, sa première apparitionpublique depuis son retrait de la vie politique. Sonsuccesseur à Matignon, Jean-Pierre Raffarin, était,lui, annoncé pour dimanche.

Bénédicte Mathieu

A U J O U R D ’ H U Ic o u p e d a v i s

OM : Jean-Michel Roussiermis en examenJEAN-MICHEL ROUSSIER, l’ancien président délégué de l’Olympiquede Marseille, a été mis en examen, vendredi 29 novembre, pour abus debiens sociaux et placé sous contrôle judiciaire dans le dossier instruit parle juge Franck Landou sur le versement d’éventuelles commissions occul-tes lors de transferts de joueurs (Le Monde du 28 novembre). Jean-MichelRoussier est la cinquième personne mise en examen dans cette affaire,après l’ancien entraîneur Rolland Courbis, les agents Gilbert Sau etHervé Goursat, et l’intermédiaire Bernard Almeiras.

a FOOTBALL : Guillaume Warmuz, 32 ans, gardien du RC Lens, responsa-ble de plusieurs erreurs lors de ses derniers matches, a annoncé, vendredi28 novembre, qu’il suspendait sa carrière jusqu’à la fin décembre. « J’ai tou-jours un état d’esprit de gagnant mais mes mains le sont peut-être un peumoins en ce moment », a-t-il expliqué.a Le président de l’AS Monaco (L1), Jean-Louis Campora, a confirmé,vendredi 28 novembre, que le repreneur financier du club « sera connuavant la fin de l’année ». « Il reste deux sociétés capables d’investir dans leclub », a-t-il expliqué, précisant qu’il quitterait alors la présidence.a VOILE : les syndicats américain OneWorld et italien Prada se sontqualifiés pour les demi-finales de la Coupe Louis-Vuitton, qualificative à laCoupe de l’America, en gagnant leur quatrième régate d’affilée respective-ment contre Stars-and-Stripes et Victory-Challenge, vendredi 28 novembre, àAuckland (Nzl). Les demi-finales opposeront, le 9 décembre, Alinghi Chal-lenge (Sui), Oracle Racing (Usa), Prada Challenge (Ita) et OneWorld (Usa).

Le talent des Russes mis à l’épreuve par la fraîcheur des FrançaisTennis b A l’issue des deux premiers simples, vendredi 29 novembre, les hommes de Guy Forget et ceux de Chamil Tarpichev étaient à égalité (1-1).

Si Marat Safin semblait très en forme, Evgueni Kafelnikov a donné des signes de faiblesse dont les Bleus espérent pouvoir tirer profit

Carcasse alourdie,

mordant émoussé :

Evgueni Kafelnikov

n’a plus l’étoffe d’un

vainqueur de tournoi

du Grand Chelem

Le doubleporte chance Jacques et Boris, en attendant Lionel et Jean-Pierre

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LE MONDE / DIMANCHE 1er - LUNDI 2 DÉCEMBRE 2002 / 19

LA VERSION cabriolet de laNew Beetle arrive à point nommépour relancer un modèle en pertede vitesse sur le marché euro-péen. Trop chère, trop atypiqueou trop éloignée du mythe de laCoccinelle d’antan, la Volkswa-gen n’avait pas tout à fait convain-cu depuis cinq ans.Bien que tardive,l’arrivée à partir duprintemps prochainde ce modèle quirevisite lui aussi ungrand classique –celui de la délicieu-se Coccinelle déca-potable – donne unnouvel attrait à l’ins-piratrice de la modenéo-rétro.

Le cabriolet NewBeetle ne détestepas la coquetterie(jonc chromé cein-turant l’habitacle,aileron dessiné parla capote repliée,volontairementlivrée sans couvre-capote) et adoptede jolis coloris decarrosserie, bleu,vert ou jaune pâles,sans oublier un grismétal et un beigefort chics.

Au plaisir de l’œil, s’ajoutent deréelles capacités routières, mêmesi ce modèle au physique de star-lette se destine d’abord à des par-cours où l’on sera sûr d’être vu àson bord… A condition d’installerle filet antiremous (en option), lestrajets tête à l’air sont plaisantsgrâce à la forme particulièrement

enveloppante de l’habitacle. Labanquette arrière accueille sansproblème deux adultes, qui con-serveront le même confort unefois la capote repliée. Pas ques-tion, en revanche, d’emporterbeaucoup de bagages. Le coffreest toujours aussi petit (201 litres,

soit deux gros sacs de voyage) et,même si quelques compartimentsont été rajoutés dans l’habitacle,tout cela reste limité pour undépart en vacances. Pour le reste,la New Beetle cabriolet est loind’être mal à son aise sur route,même si, en version 2 litres, sonmoteur à essence manque un peu

de souffle malgré ses 115 che-vaux. A noter : la boîte de vitessesmanuelle se montre nettementplus agréable que celle dotée dela nouvelle boîte Triptronic sixvitesses, aux passages de rap-ports quelque peu secs etaléatoires.

La souplesse de sonmoteur à bas régime et sajolie sonorité tout com-me la bonne rigidité deson châssis rendent lecabriolet New Beetle faci-le et sain à conduire,même sur un long trajet.Un mécanisme comman-dé électriquement per-met de manœuvrer enmoins de quinze secon-des la capote (triple épais-seur et parfaitement étan-che), ce qui ravira lesesthètes convaincus queles toits rigides des cou-pés-cabriolets très envogue, comme la Peugeot206 CC, manquentd’authenticité. En outre,cette capote filtre trèsbien les bruits et, surtout,n’enlaidit pas les lignesextérieures, une foisdépliée.

Commercialisée enFrance au printemps2003 à un tarif qui devrait

débuter autour de 20 000 ¤, laNew Beetle cabriolet sera disponi-ble en trois motorisations essen-ce (1,4 l pour 75 ch, 1,6 l pour105 ch, 2 l pour 115 ch) et un die-sel (1,9 l, 100 ch) un peu antinomi-que sur ce type d’engin branché.

Dominique Hoffmann

Un cabriolet pour la New Beetle

OÙ ÊTES-VOUS, légataires desDelage, Delahaye et Facel Vega ?Depuis quarante ans, le luxe auto-mobile français est à réinventer,mais n’y parvient pas. Paradoxe :le pays mondialement réputépour ses produits de luxe sait pro-poser des petites voitures sympa,des berlines moyennes innovan-tes (la Peugeot 307 et la RenaultMégane, respectivement élues« voiture européenne de l’an-née » en 2002 et en 2003) et desmonospaces, mais le haut de gam-me reste terra incognita.

Les chiffres sont cruels. Tropbanale, la Peugeot 607, lancée en2000, a réalisé 40 000 immatricu-lations l’an passé et ne devraitpas dépasser 33 000 en 2002, alorsque ses concepteurs tablaientraisonnablement sur 45 000 ven-tes annuelles. Autant dire qu’ellepasse inaperçue en Europe.

Renault, qui pensait que l’origi-nalité à tous crins lui ouvriraitl’accès au gotha des MercedesClasse E, Audi A6 et autres BMWSérie 5, ne fait pas mieux. Un anaprès leur apparition, ni la VelSatis (15 000 ventes en Europe de-puis mars, contre, par exemple,

20 000 Rover 75 et plus de100 000 Mercedes Classe E) nil’Avantime (3 900 immatricula-tions, contre 15 000 unités espé-rées par an) ne semblent prendrele chemin de cet Olympe automo-bile qui baigne de son aura toutela gamme de l’heureux élu et gon-fle joliment ses profits.

« »…Vel Satis, remplaçante de la

Safrane, est une berline anticon-formiste, privilégiant l’habitabili-té et le confort. Pour la premièrefois, un haut de gamme françaisest doté de moteurs brillants grâ-ce, en particulier, à un V6 essenceNissan et un V6 diesel Isuzu. Leproblème est qu’aux yeux debeaucoup, Vel Satis reste aussiénigmatique que son patronyme.On saisit mal le message que véhi-cule le dessin presque abstrait, àla fois massif et anguleux, de cet-te voiture remarquable à vivre ettrès agréable à conduire, mais dif-ficile à s’approprier visuellement.

La firme admet que son style adéconcerté et que son allure déli-bérément « statutaire » a effarou-ché certains acheteurs, mais consi-

dère que la partie n’est pas per-due. Elle compte sur les inéditsMégane et Espace pour habituerle public au nouveau styleRenault et rendre la Vel Satismoins dérangeante.

En revanche, la situation sem-ble bien compromise pour l’Avan-time, conçue avec Matra et fabri-quée à Romorantin. Pourtant,son allure de vaisseau spatial, sapoupe brusquée et circulaire,mais aussi le sentiment de séréni-té qu’inspire sa conduite, en fontune voiture parfois enthousias-mante, n’en déplaise aux méchan-tes langues qui la surnomment le« fer à repasser »…Hélas, moyen-nement motorisée et victime demaladies infantiles à répétition(mécanisme d’ouverture de la por-te fragile, problèmes de vibra-tions, qualité de fabrication insuf-fisante), elle est d’abord victimede sa conception trop complexe !

Renault, un peu grisé par sessuccès et se posant comme « créa-teur d’automobiles », a surestiméla capacité des acheteurs de voitu-res de riches à accepter l’innova-tion autre que technologique.Destinées aux bourgeois-bohè-mes, Vel Satis et Avantimeseraient victimes des nouveauxréactionnaires qui, dans les publi-cités de la marque, affirmaientnaguère que « ça ne marcherapas ».

Interpellé pour ses choix jugéstrop aventureux, Patrick Le Qué-ment, directeur du design, n’a pasété ménagé par la critique, y com-pris à l’intérieur de l’entreprise.Les premiers succès du nouvelEspace, qui tutoie l’univers duhaut de gamme malgré son archi-tecture originale, mais aussi de ladernière Mégane lui offrent unebelle revanche.

Chasse gardée allemande queconvoitent d’autres ambitieux, etnon des moindres, comme Jaguarou Lexus-Toyota, le marché –déclinant, d’ailleurs – des berlinesclassiques de luxe mérite-t-ilautant d’entêtement ? Les cons-tructeurs français en sont telle-ment convaincus qu’ils ont négli-gé d’autres pistes où la créativitépourrait sembler plus payante.

’Peugeot, qui se mord les doigts

de n’avoir pas prévu un break607, n’a pas poussé l’avantageacquis grâce à son coupé 406. Deson côté, Renault n’a pas sérieuse-ment attaqué le segment du 4 × 4et aurait pu valoriser sa renom-mée en formule 1 avec, qui sait ?,une Alpine du XXIe siècle. Cepen-dant, Renault comme PSA neregrettent rien, ou si peu. « Unemarque vraiment forte doit forcé-ment figurer avec une berline dehaut de gamme, sinon elle renonce

à ses ambitions. C’est un marchéqui reste important, potentielle-ment rémunérateur, et sur lequelnous avons des choses à dire », plai-de Jean-François Bacos, res-ponsable des gammes 406 et 607chez Peugeot. A l’horizon 2007,la remplaçante de la 607 « ne serapas révolutionnaire, mais elle sur-prendra peut-être », promet leconstructeur.

Chez Renault, l’heure est à lamobilisation du réseau commer-cial pour faire enfin décoller VelSatis, en espérant que le déclic seproduira. En 1984, les premiersmois de commercialisation de l’Es-pace ne furent-ils pas désastreuxavant que le monospace n’enta-me son irrésistible ascension ?

Troisième marque française,Citroën observe la situation avecintérêt. Et pour cause : dans unpeu plus de deux ans, apparaîtrala grande C6 qui, elle aussi, tente-ra sa chance. Ses concepteurscroient dur comme fer à cette voi-

ture longue et basse, évoquant unpeu la CX des années 1970. « Surle territoire du luxe, les référencessont allemandes, mais nous allonsjouer notre propre carte : une sil-houette fluide et un design qui crée-ra du rêve », insiste Vincent Bes-son, directeur du marketing de lamarque. Bref, un haut de gammefrançais sans mécaniqueexceptionnelle, mais chaleureux,stylé et renouant avec l’aura desgrandes Citroën d’antan.

Malgré les déconvenues de laPeugeot 607 et des Renault Avan-time ou Vel Satis, la marque audouble chevron maintient les am-bitions initialement avancéespour la C6 : une productionannuelle de 20 000 à 30 000 uni-tés. En ces temps difficiles pourles grandes voitures françaises, cestatu quo est une belle preuved’optimisme, presque un acte defoi.

Jean-Michel Normand

..

De haut en bas, l’Aventime de Renault, la 607 Peugeot et la Vel Satis de Renault.

Naguère réputée pour ses productions de luxe, l’industrie automobilefrançaise a abandonné ce terrain après la seconde guerre mondiale. A laLibération, le plan Pons organise l’industrie en fonction des impératifs de lareconstruction, qui privilégie les modèles populaires. Les grandes marquespériclitent, et la fiscalité pénalise fortement les grosses cylindrées, privantles constructeurs nationaux d’un véritable marché intérieur. En France, lagrosse voiture reste socialement suspecte, et les hommes politiques préfè-rent mener leurs campagnes électorales en monospace.

« En Allemagne, au Royaume-Uni ou aux Etats-Unis, on s’achète une voi-ture de luxe pour se récompenser d’avoir atteint les buts que l’on s’est fixésdans la vie. En France, on a besoin d’un alibi culturel », estime Michel Ladet,directeur associé du cabinet de consultants RISC. Selon lui, il faut « mériter »une Vel Satis, alors que, « pour les acheteurs de cette catégorie, la questionest simplement plutôt de savoir si l’on a envie ou pas ».

Au plaisir de l’œil s’ajoutent les réelles capacités routièresdu cabriolet New Beetle, même si ce modèle se destined’abord à des parcours où l’on sera sûr d’être vu à son bord…

StylosRECIFE

9, place de la Madeleine, Pariswww.recife.fr

Le haut de gamme françaisest toujours en panneLes Renault Vel Satis et Avantime ne font pas mieux que la Peugeot 607

a VOLKSWAGEN. Le futur monospace compact de Volkswagen s’ap-pellera Touran et sera lancé au cours du premier semestre 2003. Cettevoiture pourra accueillir jusqu’à sept personnes sur des sièges séparés.a MOTO. La cinquième édition de Moto-Salon, consacrée auxmotos d’époque et à l’organisation de bourses d’échange, a lieu samedi30 novembre et dimanche 1er décembre au Parc floral de Paris. Moto-Salon célébrera le centenaire de Harley-Davidson. Entrée : 8 ¤.a FIAT. Fiat lance la nouvelle génération du monospace Ulysse,fabriqué à Valenciennes parallèlement aux Peugeot 807 et Citroën C8.Plus long de 27 centimètres, doté de portes arrière coulissantes électri-ques et de sièges arrière repliables montés sur rails, il peut recevoir lesmoteurs diesel JTD 2 litres (109 ch) et 2,2 litres (128 ch) ou un 2 litresessence (136 ch). Prix : à partir de 25 460 ¤.

Une brouille d’un demi-siècle

A U J O U R D ’ H U I a u t o m o b i l e s

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20 / LE MONDE / DIMANCHE 1er - LUNDI 2 DÉCEMBRE 2002

KOUROUde notre envoyé spécial

Cuisant échec ou fâcheux contre-temps ? « Contretemps », marmon-nent les équipes du centre spatialguyanais de Kourou, douze heuresaprès l’incident qui a conduit, jeudi28 novembre, à l’interruption de lamise à feu du premier étage de lanouvelle fusée Ariane - l’Ariane 5E-CA, dite Ariane 5 « 10 tonnes » quiest intacte et prête à partir dans lesjours qui viennent. « Contretempsfâcheux », concèdent-ils, reconnais-sant que l’incident vient vraisembla-blement d’« une bourde » qui « pour-rait être rapidement corrigée ».

Le directeur général d’Arianespa-ce, Jean-Yves Le Gall, a confirmé cespropos en déclarant, vendredi29 novembre à Kourou (Guyane),« que le remède » serait administréau système de lancement « d’ici quel-ques jours » et que « la nouvelle datede lancement d’Ariane 5 E-CA », quipourrait quand même s’envoler endécembre, « sera décidée la semaineprochaine. »

Gall, l’incident s’est déroulé de lafaçon suivante. Lors de la séquenceautomatique de sept minutes qui pré-cède la mise à feu du lanceur, unealerte a conduit à une première inter-ruption du compte à rebours. La rai-son : une incompatibilité entre deuxlogiciels chargés de contrôler certai-nes opérations. L’un d’eux a eu dumal à suivre l’autre, ce qui a stoppéles opérations. « On l’a rechargé, aprécisé M. Le Gall, et tout est rentrédans l’ordre. Pour éviter que cela ne sereproduise, on est en train de modifierces logiciels. »

Ensuite, le compte à rebours ayant

repris, il s’est arrêté 6,8 secondesavant la mise à feu. A ce moment-là,le lanceur reste sous le contrôle d’unordinateur au sol qui envoie deuxordres. Le premier, qui a été exécuté,pour ouvrir les bras d’alimentationen oxygène et hydrogène liquides dudeuxième étage. Le second est lié à laconfirmation de l’allumage de deuxpetites torchères, les allumeurs demise en froid, qui brûlent, pour évi-ter que ne se forment de dangereu-ses poches de gaz, l’hydrogène aveclequel on « balaie » le moteur cryogé-nique du premier étage, le Vulcain 2,avant sa mise à feu.

L’ordinateur au sol n’ayant pasreçu confirmation – via quatre cap-teurs - du bon fonctionnement deces torchères dont on voyait à l’écranqu’elles brûlaient parfaitement, il adécidé, trois secondes avant la mise àfeu, de ne pas passer la main à l’ordi-nateur de bord du lanceur (Le Mondedu 30 novembre). Reste à vérifier cesdoutes dès que le lanceur et surtoutsa plate-forme seront mis en sécuritéet ramenés dans le bâtiment d’inté-gration. Il sera alors possible dedéterminer s’il s’agit d’un problèmede logiciel, de composants ou de cap-teurs défectueux, ou, plus bête enco-re, de mauvaise alimentation d’unboîtier. Toutes pannes qui peuvent,en principe, recevoir rapidement unesolution.

Jean-François Augereau

NANTESde notre correspondant

S’il avait existé, le Oil-Sea-Har-vester (OSH) se serait rendu en unou deux jours de la Bretagne jus-qu’au lieu de naufrage du Presti-ge, au large de la Galice. « Malgréle mauvais temps, il aurait récoltéen une semaine l’équivalent de ceque l’Erika a déversé sur noscôtes », estime Yvon Tallec, direc-teur des projets aux Chantiers del’Atlantique, qui a présenté le pro-jet le 28 novembre à Saint-Nazai-re (Loire-Atlantique).

L’actualité a incité les Chan-tiers de l’Atlantique à dévoiler ceprojet de navire dont unemaquette a été testée en bassinde carènes, à Paris et Toulon. Lesrésultats d’un an de travail réali-sé à la demande du Comité d’étu-des pétrolières et maritimes(CEPM), organisme français liéaux compagnies pétrolières, ontété transmis au gouvernementfrançais et à Loyola de Palacio,commissaire européenne espa-gnole chargée des transports etde l’énergie.

L’étude a été menée à partir

d’un cahier des charges défini parle Centre de documentation, derecherche et d’expérimentationsur les pollutions accidentellesdes eaux (Cedre) au vu des insuffi-sances constatées après le naufra-ge de l’Erika : faible capacité depompage et de stockage des navi-res dépollueurs, impossibilitéd’intervenir sur une mer formée.Le CEPM a aussi fait plancher lebureau d’études Doris, spécialisédans l’ingénierie offshore, sur unprojet de navire ouvert sur l’arriè-

re et reculant sur la nappe depétrole à absorber. Les deuxoptions seront comparées dansun mois. Christian Gaudin, archi-tecte naval aux Chantiers de l’At-lantique, a travaillé sur l’idéed’un trimaran long de 136 mètreset large de 32, dont la coque cen-trale offrirait une capacité destockage supérieure à celle desnavires affectés à ce genre de mis-sion aujourd’hui. Les coques laté-rales créent de chaque côté de lacoque centrale un espace de 50mètres de long sur 4 mètres delarge où la mer est calmée parson confinement et la viscositédu produit. D’où la possibilité d’y

récupérer le pétrole dans desconditions de météo difficiles,jusqu’ici rédhibitoires, alors quece sont précisément celles de laplupart des naufrages.

« L’OSH pourrait travailler surdes mers avec un vent de force 6 à7 sans soutien extérieur. Nos testsmontrent que des vagues de 5mètres sont réduites de moitiéentre les deux coques. Les équipe-ments collecteraient jusqu’à 6 000tonnes par jour. En conditions réel-les, compte tenu de la dispersiondes nappes et de la nécessité dedécharger le navire, nous estimonssa capacité à 20 000 tonnes parsemaine », explique Yvon Tallec.

Contrairement aux trimaransultralégers et surtoilés qui ontquasiment tous chaviré lors de larécente Route du rhum, l’OSHbénéficierait d’une grande stabili-té grâce ses coques latérales agis-sant comme des balanciers quiaugmentent l’inertie de rotationdu navire et produisent un mou-vement de rappel progressif.Leur forme de type Swath lesrend encore plus efficaces contrele roulis car elles restent immer-gées lorsque le navire penche surle côté.

Selon la nature du produit,l’OSH utiliserait des pompes clas-siques, des roues à godet, des éco-

pes, des bandes transporteuses,des roues à aube ou des systèmescentrifuges de type cyclonets.Aucun moyen spécifique de récu-pération n’a été étudié, l’innova-tion venant du navire lui-même,mais le chantier naval ne s’inter-dit pas d’y revenir si le dossieravance. Naviguant sur la nappe àvitesse réduite, un à trois nœuds,l’OSH effectuerait un premier trai-tement, en séparant le pétrole del’eau qui, dépolluée, serait reje-tée à la mer.

Conscients de l’inconvénientd’une trop grande spécialisation,les Chantiers de l’Atlantique ontconçu un navire capable de trans-porter du matériel rapidementsur site, par exemple les dizainesde kilomètres de barrages flot-tant qu’il a fallu acheminer enEspagne par camion. L’OSH pour-rait également effectuer différen-tes missions : dispersion de pro-duits sur pollutions chimiques,récupération de déchets flottants(conteneurs), surveillance dezones à risque comme le raild’Ouessant, etc. Sa vitesse de 20nœuds et son autonomie d’unmois permettraient d’agir sur l’en-semble des zones maritimes euro-péennes dans des délais rapidespendant 350 jours par an.

« A l’Europe et aux Etats euro-péens de décider s’ils veulent sedoter d’un tel navire. Les sociétésspécialisées peuvent aussi s’y inté-resser mais il faudra une volontépolitique », estime Yvon Tallec.Les études restantes et une éven-tuelle construction demande-raient deux ans, pour un coûtd’environ 100 millions d’euros.

Dominique Luneau

Gaz de France installe une pile à combustible pour alimenter une mairiePrès de Dunkerque, le générateur de 4 kW fournit électricité et chaleur. Quatre autres unités sont prévues début 2003

ALORS que la région de Dunker-que s’alimente prioritairementpour ses besoins en énergie auxmamelles nucléaires de la centralede Gravelines, Gaz de France(GDF) s’apprête à mettre en servi-ce, à Petite-Synthe (Nord), une pileà combustible capable de produireà la fois de l’électricité et du chauf-fage. Pas question cependant deconcurrencer les installationsd’EDF. Là où le producteur d’électri-cité raisonne en mégawatts (MW),GDF se contente d’une puissanceélectrique de 4 kilowatts (kW). Pasde quoi mettre en péril le marchéfrançais de l’électricité.

Cette opération est toutefois unepremière étape vers l’installationfuture de petites piles pour assurerles besoins (de quelques kW à1 MW) de maisons individuelles etde sites résidentiels et tertiaires.Mais elle est aussi le signe qu’unjour peut-être, il sera possible avecdes piles plus puissantes (de l’ordrede 1 MW) et d’un autre modèle deproduire suffisamment d’énergiepour les réseaux de chaleur et lesrégies d’électricité.

Pour l’heure, GDF et ses partenai-res (Agence de l’environnement etde la maîtrise de l’énergie (Ademe),Ecole des mines de Paris, Ecole desmines de Douai, Centre scientifiqueet technique du bâtiment (CSTB)ainsi que plusieurs laboratoires derecherche université-CNRS) ne s’in-téressent qu’aux piles de faible puis-sance. Quatre autres sites doiventêtre équipés d’ici à février 2003.

Après Nancy, une pile alimenteraen énergie les laboratoires d’agro-nomie de l’Institut national poly-technique de Lorraine, en décem-bre. Puis viendront, en janvier, leposte de commandement du traficroutier de l’agglomération de Dun-kerque et les locaux informatiquesdu CSTB à Sophia-Antipolis, dansles Alpes-Maritimes. En février, lamairie de Feytiat (Haute-Vienne),située dans l’agglomération deLimoges, achèvera l’opération, quicoûtera 2,4 millions d’euros, finan-cés pour environ la moitié parGDF, un tiers par l’Ademe et le res-te par les autres partenaires.

Ce n’est pas la première fois queGDF investit dans cette techno-

logie émergente censée produire demanière propre et relativementsilencieuse courant électrique etchaleur. Deux atouts pour uneimplantation en milieu urbain.GDF, associé au fabricant de pilesaméricain HPower, a déjà testé dejanvier à juillet 2001 une pile de pre-mière génération – dite à membra-nes échangeuses de protons(PEMFC) – dans un pavillon expéri-mental construit à Saint-Denis (Sei-ne-Saint-Denis).

GDF s’est aussi engagé aux côtés

d’EDF pour exploiter, depuis deuxans, une pile de 200 kW fonction-nant selon une technologie différen-te – acide phosphorique plutôt quegaz naturel – et qui alimente unensemble de logements à Chelles(Seine-et-Marne). Mais le marchéque GDF convoite est bien celui del’alimentation en gaz naturel despiles de 4 kW en cours d’essai. L’ob-jectif : optimiser ces unités de lataille d’un gros congélateur qui,demain, équiperont peut-être desmaisons individuelles.

Les piles à combustible fabri-quées par HPower ne sont pasdirectement adaptées au marchéfrançais et européen. Assez puissan-tes pour le marché américain, maisun peu trop pour la France, ellessont construites pour du 110volts/60 hertz, alors que le secteurdélivre ici du 220 volts/50 hertz.GDF investit pour rendre ces pilescompatibles avec le réseau électri-que français et avec la réglementa-tion en vigueur. Il n’envisage pas decommercialiser lui-même ces piles,mais il a pris un certain nombre debrevets sur la technologie et misesur la cogénération pour produireélectricité et chauffage.

Les piles à combustible génèrenten effet de grandes quantités dechaleur. Celle de Petite-Synthe fonc-tionne entre 60 º C et 80 º C. Lesmodèles issus d’autres filières peu-vent atteindre 200 º C (acide phos-phorique), 650 º C (carbonates fon-dus), voire 800 º C à 1 000 º C (oxy-des solides). Ces calories résultentdes réactions électrochimiques quifont fusionner sans combustionl’hydrogène et l’oxygène qu’elles

consomment et permettent de pro-duire du courant continu transfor-mé ensuite en courant alternatif.

Une alchimie acceptable pour lesdéfenseurs de l’environnement. Acela près que, si toutes les piles àcombustible ne rejettent pour toutdéchet que de l’eau, toutes ne sontpas écologiquement propres. L’hy-drogène qui les alimente est, engénéral, issu du reformage,c’est-à-dire du craquage des molé-cules hydrogénées contenues dansle méthanol, le biogaz ou le gaznaturel. Or cette opération produitun minimum de dioxyde de carbo-ne, un gaz à effet de serre.

Alors pourquoi se lancer quandmême dans les piles à combusti-ble ? GDF souligne que, si le fonc-tionnement de ces générateurs pro-duit autant de dioxyde de carbonequ’une chaudière, leur rendement,à puissance égale, est de 45 %, voiredemain de 55 % ou plus, quand lesfilières classiques n’affichent que35 %, et consomment donc plus degaz.

J.-F. A.

La nouvelleAriane 5devrait vite êtreremise en état

Un trimaran dépollueur conçu aux Chantiers de l’AtlantiqueLe « Oil-Sea-Harvester », avec ses 136 mètres de long sur 32 mètres de large, pourrait apporter un gain d’efficacité notable

pour le pompage des nappes de pétrole en surface. La fin des études et la construction coûteraient 100 millions d’euros

Infographie Le Monde/source : Alstom

UNE SOLUTION POUR AUGMENTER LES CAPACITÉS DE POMPAGE ET DE STOCKAGE

C a r a c t é r i s t i q u e s

Limite d'opération

La nappe pénètre dans les 2 canaux latéraux

La surface de la nappe est calmée par :- Le confinement- La viscosité du produit

Il est alors possible de mettre en œuvredes outils de ramassage performants etadapté à la nature du produit polluant(des cyclonets, des pompes, des roues àgodets, des écopes etc.)

mer 6/7

LongueurLongueur

LargeurLargeur

Tirant d'eau max.TTirant d eau max.T

Vitesse de transitVVitesse de transitV

Vitesse de ramassageVVitesse de ramassageV

CapacitCapac té de ramassagede a assage

Autonomie

OpOpéérationalitrationalitéé

136,60 m136,60 mèètrestres

32,35 m32,35 mèètrestres

7,20 m7,20 mèètrestres

20 n20 nœœudsuds

1 à 3 nœuds

6 000 tonnes

30 joursj

350 jours/an350 jours/an

P r i n c i p e d e r a m a s s a g e

La conception du navire lui permet de

travailler sur des mers avec un vent

de force 6 ou 7. Les équipements à

bord sont capables de collecter envi-

ron 6 000 tonnes par jour. Compte re-

nu du délai nécessaire pour déchar-

ger le navire, sa capacité devrait at-

pteindre 20 000 tonnes par semaine.

AAAA

B

Un tel navire pourrait traiter une nappe comme celle de l 'Erika en une semaine

A B

Coupe transversale

Soute

A U J O U R D ’ H U I t e c h n o l o g i e s

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LE MONDE / DIMANCHE 1er - LUNDI 2 DÉCEMBRE 2002 / 21

ÉCHECS No 2029

De la pluiearrivepar l’ouest

MOTS CROISÉS PROBLÈME No 02 - 286

Tous les samedisdatés dimanche-lundi,curiosités animales

OLYMPIADE DE BLED (2002)Blancs : A. Aleksandrov.Noirs : M. Adams.Défense Nimzo-indienne.

NOTESa) 9. Dé2 est usuel avec les sui-

tes possibles 9…, b6 ; 10. d5 ou10. Td1.

b) 9…, ç×d4! est recommandé :10. é×d4 (ou 10. a×b4, d×ç3 ; 11.b×ç3, Dç7 ; 12. Dé2), F×ç3 ; 11.b×ç3, Dç7.

c) Refusant avec sagesse le sacri-fice du pion ç3 qui donnerait auxBlancs une avance de dévelop-pement et quelques perspectives

d'attaque sur le roque après 13…,D×ç3 ; 14. Fd2, Dç7 ; 15. Ta-ç1.

d) La phase initiale de mise enplace dans les deux camps de leursforces étant terminée, les Noirspassent les premiers à l'action etmenacent 19…, D×a3 comme 19…,F×f3 et 20…, D×d4.

e) Après 19…, F×f3 ; 20. F×d6,F×é2 ; 21. T×é2, les Blancs ont uneposition supérieure.

f) Les Blancs avaient prévu cettedéfense, mais, à partir de main-tenant, les Noirs auront un coupd'avance dans leurs calculs.

g) Si 21. D×f4, C×f4 ; 22. Ff1,Ch3+! ou 22. Fé4, Fa6!

h) Tout en menaçant le pion d4,les Noirs ont regroupé plusieurspièces en direction du R ennemi.

i) Ce superbe sacrifice de F est lepremier maillon d'une combinai-son à long terme, finement ciselée.

j) Peut-être valait-il mieux es-sayer de jouer une finale après24. D×f4, C×f4+ ; 25. Rf3, C×d3 ;26. R×g4, C×f2+ ; 27. Rf3, Cd3 ; 28.Tg1, C×ç1 ; 29. T×ç1, avec T, F et Ccontre deux T et deux pions.

k) Tout est simple, ou presque…l) Le C noir semble prisonnier.m) Juste un petit abri.n) Si 33. T×b5, Tb8. Et si 33.

ç×b5, Cç1.o) Avec une qualité en moins, la

fin de partie est sans espoir.

SOLUTION DE L'ÉTUDE No 2028A. S. KAKOVINE (1941)

(Blancs : Rb2, Tb8, Ca4, Pa3.Noirs : Ra7, Fd2, Pa6, b5 etb7.)

1. Td8, Fa5 ; 2. Td5, b×a4! ; 3.T×a5, b5! ; 4. Rç3, Rb7! ; 5. Rd4!(et non 5. Rb4?, Rb6! nulle), Rb6 ;6. Rd5, R×a5 ; 7. Rç5!, b4 ; 8.a×b4 mat.

ÉTUDE No 2029I. M. DIMITRIEV (1930)

Blancs (3) : Rç5, Tç7, Cb7.Noirs (4) : Ra4, Pf4, f5 et g2.

Les Blancs jouent et gagnent.

Claude Lemoine

AH ! L’ÉTRANGE BÊTE ! Dansla mythologie grecque, déjà, ellepassait pour une créature hybride,et les pêcheurs la croyaient enfantdes chevaux tirant le char de Poséi-don, le dieu de la mer. La zoologieayant mis en ordre notre imagi-naire, on sait aujourd’hui que l’hip-pocampe appartient à la familledes syngnathes (ou « mâchoiressoudées »), et qu’il en existe unecinquantaine d’espèces différentesréparties dans presque toutes lesmers du globe. Mais de fait : orni-thorynque mis à part, il reste diffi-cile de trouver dans la nature unêtre aussi hétéroclite.

Il y a d’abord cette tête, extrava-gante. En angle prononcé avec lecorps, elle évoque si fort celle d’uncheval cambré qu’on peine àadmettre qu’elle appartient à unpoisson. Il y a aussi la bouche,

tubulaire, avec laquelle il aspire lespetits crustacés dont il se nourrit.Et encore les yeux, capables de rou-ler indépendamment l’un del’autre comme ceux du caméléon.Du caméléon toujours, le petit ani-mal a adopté la palette de cou-leurs : brun, jaune d’or, vert vif ouorangé, sa teinte dépend du mi-lieu environnant, avec lequel il seconfond souvent. S’il maîtrise àmerveille l’art du camouflage,c’est qu’il lui a fallu, pour se proté-ger de ses nombreux prédateurs,développer une autre techniqueque la fuite : préférant entre tou-tes la position verticale, il ne sepropulse en avant qu’à toute pe-tite vitesse, comme avec indolen-ce. Poisson, certes, mais de bienétrange manière.

Ses modalités de reproduction,à elles seules, constituent un casd’espèce. On s’étonnera déjà quele mâle, la saison venue, émette depetits grognements pour séduiresa belle. On s’attendrira devantl’élégance de leur danse nuptiale,durant laquelle les deux partenai-

res, ventre contre ventre, s’enla-cent par la queue… Mais le plusextraordinaire reste que la femellepond ses ovules dans une poche,portée à cet effet… par le mâle.Formée par des replis de peau,celle-ci accueille à chaque ponteune bonne centaine d’œufs, quiresteront dans leur abri d’unedizaine de jours à quelques mois.Après quoi les bébés hippocam-pes, répliques minuscules de leursparents, seront expulsés en petitsgroupes par les contractions deleur père. Imitation du kangourou,ersatz d’accouchement… Drôlesde mœurs, décidément, pour unpoisson.

Deux espèces, Hippocampus hip-pocampus et Hippocampus ramulo-sus, fréquentent les eaux européen-nes. Présentes dans tout le bassinméditerranéen et sur une partiedes côtes de l’Atlantique, elles me-surent 15 à 16 cm de long et ontune durée de vie d’environ quatreans. Exploités en aquariums, ouséchés et vendus comme souve-nirs aux touristes, leurs représen-

tants ne risquent guère, en revan-che, de finir en poudre à Pékin,Tokyo ou Hongkong. Ce qui n’estpas le cas des espèces asiatiques,utilisées depuis toujours par lamédecine traditionnelle.

Selon les estimations des ex-

perts, au moins 20 millions despécimens étaient capturés annuel-lement, en Asie, au début desannées 1990, entraînant une chutenotable des effectifs. Dans les prin-cipaux pays qui le commercia-lisent (Inde, Indonésie, Thaïlandeet Philippines), le sort de l’hippo-campe pourrait toutefois s’amé-liorer. Parmi les 100 nouvellesespèces animales et végétales quiviennent d’être retenues par laConvention sur le commerce inter-national des espèces de faune etde flore sauvages menacées d’ex-tinction (Cites), dont la douzièmeconférence s’est achevée à lami-novembre à Santiago du Chili,figurent en effet 32 espèces d’hip-pocampes, désormais classées en

annexe 2 (commerce non interdit,mais contrôlé).

Autre source d’espérance, le Via-gra ? Il ne s’agit pas d’une blague –pas plus que de réveiller l’appétitsexuel du petit cheval marin. SelonFranck von Hipple, chercheur àl’université de l’Alaska d’Ancho-rage, on commence à constater,depuis le lancement de la petitepilule bleue en 1998, un recul dansla demande de certains produitsanimaux réputés aphrodisiaques,tels la substance qui recouvre lescornes des rennes d’Alaska ou lesorganes génitaux de certains pho-ques du Canada. Le Viagra pour-rait donc également bénéficier àl’hippocampe, en le remplaçantdans la pharmacopée chinoisedestinée à traiter les problèmesd’érection.

Reste que la capture de l’espèce,relativement aisée, est devenuepour nombre de petits pêcheursasiatiques le principal moyen desubsistance. Amanda Vincent, bio-logiste à l’université McGill deMontréal (Canada), connaît bien

la nécessité économique de cespêches « extraordinaires », quiexploitent la faune marine dans unbut non alimentaire. Titulaire de lachaire de recherche du Canadaen conservation marine, elle estcofondatrice et directrice, depuis1996, du Projet international Hip-pocampe. En collaboration avecles communautés locales, celui-cia déjà permis la création, auxPhilippines, de sept zones de pro-tection.

Des « parcs de paternité » y ontnotamment été installés pour lesmâles, sortes de cages marinesdans lesquelles ils séjournent jus-qu’à l’éclosion des œufs. Ils sontensuite vendus aux négociants,tandis que les jeunes vont reconsti-tuer les récifs épuisés. Plus globale-ment, l’objectif du projet Hippo-campe est aussi d’utiliser l’espècecomme symbole pour en préserverd’autres. Moins charismatiques,moins insolites, mais tout aussiprécieuses pour la biodiversité.

Catherine Vincent

1 Lever du soleil à Paris : 8 h 24Coucher du soleil à Paris : 16 h 55

Une dépression se creuse au nord de l’Ir-lande et la perturbation associée abordel’ouest du pays dès le matin, progressantvers le Centre l’après-midi. L’extrême estdu pays et le sud-est resteront épargnés,avec encore de belles éclaircies.

Bretagne, pays de Loire, Basse-Nor-mandie. Il pleuvra jusqu’en débutd’après-midi puis de belles éclairciesreviendront par la Bretagne et gagnerontdans l’intérieur en cours d’après-midi. Levent de sud-ouest à ouest soufflera jus-qu’à 80 km/h en rafales près des côtes. Ilfera 12 à 14 degrés l’après-midi.

Nord-Picardie, Ile-de-France, Cen-tre, Haute-Normandie, Ardennes. Leciel sera très nuageux le matin, puis cou-vert l’après-midi avec de la pluie. Les tem-pératures maximales avoisineront 10 à13 degrés.

Champagne, Lorraine, Alsace, Bourgogne,Franche-Comté. Le ciel sera couvert lematin avec des brouillards locaux. L’après-midi, de belles éclaircies reviendront. Lestempératures maximales avoisineront 7à 8 degrés.

Poitou-Charentes, Aquitaine, Midi-Pyrénées. La pluie gagnera par l’ouestdès le matin puis l’ensemble des régionsl’après-midi. Le vent de sud-ouest à ouestsoufflera jusqu’à 70 km/h en rafales. Ilfera 12 à 15 degrés l’après-midi.

Limousin, Auvergne, Rhône-Alpes.Sur Rhône-Alpes, les nuages bas et lesbrouillards locaux du matin laisseront pla-ce à des éclaircies l’après-midi. Ailleurs, leciel sera très nuageux puis couvert avecde la pluie par l’ouest en fin de matinée.Il fera 9 à 13 degrés l’après-midi.

Languedoc-Roussillon, Provence-Alpes-Côte d’Azur, Corse. Sur la Corse,le ciel sera nuageux avec quelques aver-ses. Sur le Languedoc-Roussillon, le cieldeviendra très nuageux l’après-midi.Ailleurs, le soleil sera prédominant. Lestempératures maximales avoisineront 13à 15 degrés.

1. d4 Cf6 19. Fb4 Df4! (e)2. ç4 é6 20. Dé3 (f) Ch5!3. Cç3 Fb4 21. Cd2 (g) Cd-f6 (h)4. é3 0-0 22. Fç3 F×g2!! (i)5. Fd3 d5 23. R×g2 Cg4!6. Cf3 ç5 24. Dh3 (j) D×f2+7. 0-0 d×ç4 25. Rh1 D×é1+ (k)8. F×ç4 Cb-d7 26. T×é1 Cf2+9. a3 (a) Fa5 (b) 27. Rg2 C×h3

10. Dé2 ç×d4 28. R×h3 Cf4+11. é×d4 F×ç3 29. Rg3 C×d312. b×ç3 Dç7 30. Té3 (l) Cç113. Fd3 b6 (c) 31. Fb2 Ca2 (m)14. ç4 Fb7 32. Tb3 b5!15. Té1 Ta-ç8 33. ç5 (n) Tb816. Fg5 h6 34. Cé4 b417. Fd2 Tf-d8 35. a4 Cç318. Ta-ç1 Dd6! (d) 36. abandon (o)

8

7

6

5

4

3

2

1

a b c d e f g h

FRANCE Ê

Ajaccio . . . . . . . . . . . . . . . .

Biarritz . . . . . . . . . . . . . . .

Bordeaux . . . . . . . . .

Bourges . . . . . . . . . . . . .

Brest . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Caen . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Cherbourg . . . . . .

Clermont-F. . . . .Dijon . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Grenoble . . . . . . . . . .

Lille . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Limoges. . . . . . . . . . . . .

Lyon ... . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Marseille . . . . . . . . . .

Nancy . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Nantes . . . . . . . . . . . . . . . .

Nice. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Paris. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Pau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Perpignan. . . . . . . .

Rennes. . . . . . . . . . . . . . . .

St-Etienne . . . . . . .

Strasbourg... . . .

Toulouse. . . . . . . . . . .

Tours . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

FRANCE -

Cayenne . . . . . . . . . . . .

. . . . . . .Fort-de-Fr.Noumêa. . . . . . . . . . . .

Papeete . . . . . . . . . . . . .

Pointe-à-P.St Denis Rêu..

EUROPEAmsterdam . . . .

Ath8nes. . . . . . . . . . . . .Barcelone ... . . . . .

Belfast . . . . . . . . . . . . . . . .Belgrade . . . . . . . . . . .

Berlin . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Berne . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Bruxelles . . . . . . . . . .

Bucarest . . . . . . . . . . .

Budapest. . . . . . . . . .Copenhague. .

Dublin . . . . . . . . . . . . . . . . .

Francfort . . . . . . . . . .

Gen8ve ... . . . . . . . . . . .

Helsinki . . . . . . . . . . . . .Istanbul . . . . . . . . . . . . .Kiev . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Lisbonne . . . . . . . . . . .

Liverpool ... . . . . . . .Londres. . . . . . . . . . . . . .

Luxembourg .

Madrid. . . . . . . . . . . . . . . . .Milan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Moscou. . . . . . . . . . . . . . . .

Munich . . . . . . . . . . . . . . . .

Naples . . . . . . . . . . . . . . . . .

Oslo . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Palma de M. . . . .Prague... . . . . . . . . . . . . . . .

Rome . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Sêville . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Sofia . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

St-Pêtersb.Stockholm .... . . .

Tênêrife . . . . . . . . . . . . .

Varsovie . . . . . . . . . . . . . .

Venise... . . . . . . . . . . . . . . . .

Vienne. . . . . . . . . . . . . . . . . .

AMÉRIQUESBrasilia . . . . . . . . . . . . . . .

Buenos AiresCaracas . . . . . . . . . . . . . . .

Chicago . . . . . . . . . . . . . .

Lima. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Los Angeles . . . .

Mexico . . . . . . . . . . . . . . . .

Montrêal .. . . . . . . . . .New York . . . . . . . . . .

San Francisco

Santiago Ch. .

Toronto . . . . . . . . . . . . . . .

Washingt. DC

AFRIQUEAlger. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Dakar. . . . . . . . . . . . . . . . . . .Kinshasa. . . . . . . . . .

Le Caire. . . . . . . . . . . . . . .

Nairobi . . . . . . . . . . . . . . .Pretoria . . . . . . . . . . . . . .

Rabat . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Tunis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

ASIE-OCÉANIEBangkok . . . . . . . . . . . .

Beyrouth. . . . . . . . . . .

Bombay . . . . . . . . . . . . .

Djakarta . . . . . . . . . . . .

Dubaï . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Hanoï . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Hongkong . . . . . . .

Jêrusalem . . . . . . . .

New Delhi . . . . . . .Pêkin . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Sêoul . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Singapour . . . . . . . .Sydney . . . . . . . . . . . . . . . .

Tokyo . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

PRÉVISIONSVille par ville, les minima/maxima de température et l’état du ciel. S : ensoleillé; N : nuageux; C : couvert; P : pluie; * : neige.

. . . . .

. . . . . . .

1 DEC. 2002

8/14 P 10/14 P 6/12 N 4/9 N 6/12 C 7/10 N 3/11 N 4/8 C 3/8 C 6/8 C 5/9 N 4/8 N 4/8 N 6/13 S 3/8 C 3/11 C 7/15 S 5/8 N 5/10 P 7/12 S 4/10 C 4/7 C 4/8 C 6/11 C 3/8 N

6/13 N 4/9 P -16/-15 C 4/5 P 10/15 P -6/-5 * 10/16 S 3/6 C 9/15 P 11/19 S 1/9 C -13/-12 S -3/-2 N 19/22 S 1/5 *

9/12 N 6/8 C

20/28 S 18/28 P 26/31 P -8/2 S 18/21 S 14/16 P 7/23 S -1/3 P 5/10 C 9/15 S

10/24 S -4/3 P 4/11 S

10/16 P 24/28 C 23/28 P 13/23 S

14/26 S 19/29 S 10/18 S 12/16 P

25/34 S 15/18 S 23/33 S 25/28 P 17/28 S 21/23 S 18/21 P 13/16 S 11/26 S -3/8 S -4/7 S

23/30 P 24/30 S 19/25 S 24/30 P 23/32 S 23/29 S

6/10 C 13/18 S 9/17 S 5/10 P 6/10 P 3/6 P 3/5 C 6/10 C 2/10 C 5/7 P 2/4 P 4/12 P 7/8 C 4/6 C -9/-8 C 6/12 S -5/2 * 13/17 S 5/12 C 6/10 N

5/7 C

25/31 P 18/22 P

8/17 S

prêvisions vers 12hprêvisions vers 12h

Alger

Sêville

Rabat

Lisbonne

Madrid Barcelone

Toulouse

Nantes

Paris Strasbourg

Berne

Lyon Milan

Bruxelles

Londres

LiverpoolDublin

Belfast

Amsterdam

Prague

Berlin

VienneBudapest

Varsovie Kiev

Bucarest

BelgradeSofia

Istanbul

Ath8nes

Naples

Tunis

Rome

Oslo Stockholm

Moscou

Odessa

Riga

MinskCopenhague

Munich

Paris

Le Havre

Reims

Troyes

Lille

Strasbourg

Mulhouse

DijonBourges

Orlêans

Tours

Rennes

Brest

Poitiers

Limoges

Aurillac

Biarritz

TarbesPerpignan

Montêlimar

Chamonix

Clermont- Ferrand

Toulouse

Nantes

Lyon

Grenoble

Bordeaux

MarseilleMontpellier Nice

Ajaccio

01 décembre 01 décembre

Lundi 2 décembreSur le pourtourméditerranéen,les nuageset les éclairciesalterneront.Sur le restedu pays, le ciel seratrès nuageux avecde fréquentesaverses, et de laneige sur le reliefau-dessusde 1 000 mètres.Les températuresseront en baisse.

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2

L’hippocampe, un commerce en voie de réglementation

Soleil Peu nuageux

Brèves éclaircies

Couvert

Averses Pluie

Vent fortBrouillardNeigeOrage

HORIZONTALEMENT

I. Donnent plus qu’ils ne reçoi-vent. - II. Ouverte en été pour lespolitiques. - III. Dans la gamme.Sans aucun attrait. Pour s’yretrouver dans les fuseaux. - IV.Sont au travail et au chaud. De lacire pour le sire. - V. Repart àchaque tour. Lasser à la longue.Travailla sur le sauvageon. - VI.Cale sur le marbre. Coupait lar-gement dans le texte. - VII. Au

côté des académiciens. Bien éta-bli. - VIII. Font le poids à la tailledu Nippon. - IX. Personnel. Ellerentre après un petit tour.Lumière en ville. - X. Fît sonapparition. Doivent être solidespour tenir.

VERTICALEMENT

1. Sera toujours au-dessus. - 2.Instrument de force. A côté dumatador dans l’arène. - 3. Bout

de rideau. Couvrit. - 4. Considé-rées à leur juste prix. - 5. Beaublanc de Cadix. Capitale pour lesFidjiens. - 6. Font passer le cou-rant. Prêt pour le montage. - 7.Pour voyager dangereusement.Ouverts à quai, ouvertes en mer.- 8. Passent les fêtes à table. Petitprotecteur chez Ramsès. - 9. Petità un bout. Rait en forêt. Réponsed’enfant. - 10. Travaillent dansleur coin. - 11. S’arrête à midipile. Deux points. - 12. Lesmeilleures rapportent gros.

Philippe Dupuis

SOLUTION DU N° 02 - 285

HorizontalementI. Sous-entendus. - II. Obsédé.

Tua. - III. Le. Air France. - IV.Identité. Tac. - V. Pinte. Piment. -VI. Sensés. Ni. Aa. - VII. Ine. Saut.Lit. - VIII. Scat. Tréfilé. - IX.Médecins. Elu. - X. Esérine. Oder.

Verticalement1. Solipsisme. - 2. Obédiences. -

3. Us. Ennéade. - 4. Séants. Ter. -5. Editées. Ci. - 6. Néri. Satin. - 7.FTP. Urne. - 8. Etreintes. - 9. Nua.Mi. - 10. Dante. Lied. - 11.Canaille. - 12. Spectateur.

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12

I

II

III

IV

V

VI

VII

VIII

IX

X

2 0 30 0

A U J O U R D ’ H U I

Page 20: supplØment en v.o. Avec Alexandre Dumas, Attac : le métissage … · 2018. 3. 26. · de notre correspondante Une porte-parole de l’ONU a indiqué, vendredi 29 novembre, que l’inspecteur

22 / LE MONDE / DIMANCHE 1er - LUNDI 2 DÉCEMBRE 2002

DUMAS au Panthéon ! AuXIXe siècle, l’idée aurait semblé uneblague. Victor Hugo, son ami, avecqui il vient de partager son année debicentenaire, avant de faire caveaucommun pour l’éternité, semblaittaillé de son vivant pour rentrerdans le cimetière des hommes illus-tres. L’auteur des Trois Mousque-taires était aimé, bien sûr. Et surtoutde générations de lecteurs, qui dèsle milieu du XIXe siècle ne rataientpas les aventures de D’Artagnan etd’Edmond Dantès et apprenaientune version vivante de l’histoire deFrance. Mais Dumas avait beau êtreun infatigable travailleur, il étaittrop flamboyant pour être pris ausérieux. Il est même le contrairede l’esprit de sérieux.

Hugo et Dumas sont les deuxincarnations aux yeux du monde

entier de l’écrivain français. Hugo,est le poète visionnaire, l’écrivainengagé ; Dumas, le conteur inspiré,le romancier et le vivant infatigable.Ils ont un autre point commun : leurcélébrité écrasante a presque camou-flé leur œuvre. Les Travailleurs de lamer et L’Homme qui rit n’étaient pasfacilement trouvables il y a quelquesannées, de même que Le Chevalierde Maison-Rouge ou La Comtesse deCharny.

Ils ont livré bien des combatsensemble : la bataille d’Hernani etcelle du drame romantique, 1848, laRépublique, la peine de mort. Maisleur engagement n’est pas du mêmeordre. Plus physique, Dumas aime

prendre le fusil, partant à l’assautd’une poudrière en 1830 ou s’enga-geant aux côtés de Garibaldi en1860. Il est résolument républicainen se revendiquant d’un républica-nisme social et non révolutionnaire.Mais il aime aussi la fréquentationdes princes. Et peut se montrerarrangeant avec ses convictions.

Il était plus que jamais du côté dela vie, du mouvement, dans son exis-tence comme dans son œuvre et sonstyle. C’est ce flux vital qui primeavant tout et qui fonde sa qualitéd’écrivain. Si Hugo incarne l’Auteur,le cas Dumas est complexe. Il n’apas écrit tout seul ses livres les plusconnus, mais en collaboration avecAuguste Maquet. « On n’est pas dansla sacralisation de l’écriture. Sa carac-téristique, son chef-d’œuvre, c’est safaçon de s’adresser au lecteur. Le style

de Dumas est éclatant, et Maquetimitait son style », explique ClaudeSchopp, biographe de l’auteur, à quil’on doit la réédition des principalesœuvres de Dumas, en « Bouquins »ou chez Gallimard. Dans son dis-cours, d’entrée au Panthéon, AlainDecaux tient aussi à rendre hom-mage à Auguste Maquet.

Le premier procès fait à Dumaspar ses contemporains et sa posté-rité porte sur son recours aux nè-gres. Il écrit des livres qui portent sapatte, qui sont parfois autobiogra-phiques, mais plusieurs passages nesont pas écrits par lui. « Il savaitqu’en se lançant dans la littératurefeuilletonesque, il était fichu car il

entrait dans l’impureté littéraire, com-me si la littérature était pure ! », ex-plique Claude Schopp (« Le Mondedes livres » du 21 juin).

Assommé de dettes, AlexandreDumas s’assomme de travail, pu-bliant 600 volumes et créant plus de37 000 personnages. Il accepte plu-sieurs commandes de journaux,mène de front plusieurs livres. Il tra-vaille à la chaîne, tirant parfois àla ligne (car c’est l’unité de mesurede son paiement), mais ne perdantjamais son style. C’est dans cesconditions et avec des collabora-teurs qu’il a créé deux grandsmythes littéraires : l’amitié des mous-quetaires et la revanche de Monte-Cristo. Dumas a subi de nombreusesattaques, la plus violente étant celled’Eugène de Mirecourt, qui s’enprend à la littérature industrielle,dans Fabrique de romans : MaisonAlexandre Dumas et Cie. Dumaspoursuit Mirecourt en justice et lefait condamner à quinze jours deprison. Mais l’idée de l’écrivaincommercial qui n’écrit pas ses livresrestera et contribuera à la mauvaiseimage de Dumas, écrivain ignoréde l’Université et méprisé par beau-coup d’autres.

« »Le pamphlet de Mirecourt met en

avant un autre aspect de la critiquede Dumas : le racisme. L’image duquarteron, mulâtre et petit-fils d’es-clave est régulièrement employéepar les détracteurs de l’écrivain.Qu’on en juge, chez Mirecourt : « Lephysique de M. Dumas est assezconnu : stature de tambour-major,membres d’Hercule dans toute l’exten-sion possible, lèvres saillantes, nez afri-cain, tête crépue, visage bronzé. Sonorigine est écrite d’un bout à l’autre desa personne ; mais elle se relève beau-coup plus encore dans son caractère.Grattez l’écorce de M. Dumas et voustrouverez le sauvage. Il tient du nègreet du marquis tout ensemble. Cepen-dant le marquis ne va guère au-delàde l’épiderme. Effacez un peu le fard(…) le nègre vous montrera les dents.Le marquis joue son rôle en public, lenègre se trahit dans l’intimité. »

La part d’ombre de Dumas s’ap-pelle Berlick. C’est le surnom que luidonna sa mère à sa naissance.Enceinte de sept mois, elle assiste àun spectacle de Polichinelle, oùapparaît Berlick, qui « était noir com-

me le diable », « avait une langue etune queue écarlates », « ne parlaitque par une espèce de grognement ».Mme Dumas prend peur : « Je suis per-due ; j’accoucherai d’un Berlick ! »Dumas décrit ensuite l’accouche-ment difficile où il apparaît « violetet à moitié étranglé » par le cordonombilical. « Oh, mon Dieu ! mur-mura ma mère ; noir, n’est-ce pas ? »

L’enfant pousse un grognement :« Berlick ! s’écria-t-elle désespérée,Berlick !… »

Dumas est discret sur son originedans Mes Mémoires. Il évoque sonpère, le général Alexandre Dumas,qui avait « ce teint bruni, ces yeux mar-ron et veloutés, ce nez droit qui n’ap-partiennent qu’au mélange des racesindiennes et caucasiques ». ClaudeRibbe a montré dans sa biographiedu père de l’écrivain (AlexandreDumas, le dragon de la reine, Ed. duRocher) qu’il avait été vendu commeesclave en même temps que sa mère.Lorsque quelqu’un le prend pour unnègre, il explique la confusion par« [ses] cheveux crépus, à [son] teintbruni par trois jours de soleil, à [son]accent légèrement créole ».

L’un des premiers romans impor-tants de Dumas, Georges, décrit lasouffrance et la revanche d’un mulâ-

tre. Claude Schopp indique dans sapréface à Dumas en bras de chemise(Maisonneuve & Larose) qu’il vou-lait faire graver sur son tombeau cet-te citation de Michelet : « Voyez-vousla race africaine, si gaie, si bonne, siaimante ? Du jour de sa résurrectionà ce premier contact d’amour qu’elleeut avec la race blanche, elle fournit àcelle-ci un accord extraordinaire desfacultés qui font la force, un hommed’intarissable sève, un homme ? non,un élément, comme un volcan inextin-guible ou un fleuve de l’Amérique. Jus-qu’où n’eût-il pas été sans l’orgie d’im-provisation qu’il fait depuis cinquanteans ? N’importe, il n’en reste pasmoins et le plus puissant machiniste etle plus vivant dramaturge qui ait étédepuis Shakespeare. » Aujourd’hui,Berlick est au Panthéon.

Alain Salles

Dans La Comtesse de Charny (Laffont, « Bouquins »), Alexandre Dumas araconté l’entrée au Panthéon de Mirabeau en 1791.

« Le cortège se mit en marche. La Fayette marchait en tête, comme comman-dant général des gardes nationales du royaume. (...) Puis la population de Paristout entière, renfermée dans deux lignes de gardes nationales montant à plusde trente mille hommes. Une musique funèbre, dans laquelle on entendait,pour la première fois, deux instruments inconnus jusqu'alors, le trombone et letam-tam, marquait le pas à cette foule immense. Ce fut à huit heures seu-lement que l'on arriva à Saint-Eustache. L'éloge funèbre fut prononcé parCérutti ; au dernier mot, dix mille gardes nationaux qui étaient dans l'églisedéchargèrent leurs fusils d'un seul coup. L'assemblée, qui ne s'attendait pas àcette décharge, jeta un grand cri. La commotion avait été si violente que pasun carreau n'était resté intact. On put croire un instant que la voûte du templeallait s'écrouler, et que l'église servirait de tombe au cercueil. On se remit enmarche aux flambeaux ; l'ombre était descendue, et non seulement avait en-vahi les rues par lesquelles on devait passer, mais encore la plupart des cœursde ceux qui passaient. La mort de Mirabeau, c'était, en effet, une obscurité poli-tique. (...) On n'atteignit le Panthéon qu'au milieu de la nuit. »

Dumas prend sa revanche

au Panthéon

Deux cents ans après sa naissance, les cendres de l’auteur des « Trois Mousquetaires » et du « Comte de Monte-Cristo » sont transportées

au cimetière des hommes illustres. Une consécration posthume pour ce descendant d’esclave vilipendé de son temps pour ses origines africaines

Mes Mémoires sont parusen Bouquins/Robert Laffont.Les deux principales biographiesont été rééditées en versionaugmentée : Alexandre Dumas,de Claude Schopp (Fayard, 30 ¤),et Alexandre Dumas le Grand,de Daniel Zimmermann (Phébus,24,70 ¤).Omnibus vient de publier

Le Meneur de loups et autresrécits fantastiques (22,20 ¤)et Drames romantiques (24 ¤),et Phébus l'intégralité des Crimescélèbres (trois tomes, 22 ¤, 27 ¤et 23 ¤).La Société des amis d'AlexandreDumas présente un volumede Correspondances (distributionLes Belles Lettres, 20 ¤).

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SI on lui avait dit qu’un jour l’un de ses petit-fils serait honoré par la France, elle ne l’auraitpas cru. En fait, elle n’aurait pas compris, l’escla-ve noire de Saint-Domingue qui n’avait jamaislu un livre. Elle que son maître blanc, le colon etmarquis Antoine Davy de La Pailleterie, quiaprès en avoir fait sa compagne et la mère deses quatre enfants n’avait rien trouvé de mieuxque de la revendre, elle et les gosses, à un autrecolon du bourg, afin de pouvoir se payer unbillet de bateau pour la France ! Elle qui avaitété traitée comme un meuble, comme unechose, privée de tout – même d’une tombe.C’est sûr, Césette, esclave haïtienne et grand-mère d’Alexandre Dumas, vous aurait ri au nez.

L’ascendance noire et servile de l’auteur desTrois Mousquetaires a longtemps été ignorée.Non par lui-même ni par son père – le fameuxgénéral Dumas, à qui Claude Ribbe vient deconsacrer un ouvrage, Alexandre Dumas, le dra-gon de la reine (Editions du Rocher). Ni par son

fils, le troisième Alexandre, auteur de La Dameaux camélias, qui délégua aux Antilles l’un deses comédiens-fétiches, Frédérick Febvre, pourretrouver la trace de Césette. « Hélas ! De ce quifut autrefois une grande habitation, il ne resteplus que les débris d’un vieux moulin ! », rap-porte le comédien, cité par Gilles Henry dansLes Dumas (France-Empire). « Là où la petiteesclave devait donner la vie à cette lignée degéants (…), je n’ai trouvé que quelques pierresnoircies, quelques fleurettes et une modestecabane », note le comédien-explorateur.

Un signe demeure, pourtant : c’est le nomde Dumas. Selon l’écrivaine Calixthe Beyala, cenom de famille porté par Césette lui viendraitdu Gabon, où la jeune Africaine aurait été faiteprisonnière par les marchands d’esclaves.Dumas, initialement Dûma, serait un nom« d’origine fang », qui signifierait « dignité ». Lefutur général Dumas en fera son nom deguerre.

Quant à l’écrivain aujourd’hui adulé – maisqui fut, en son temps, traité de « nègre quipue » – il suffit de lire son roman magnifique,Georges, pour comprendre à quel point il sesavait mulâtre. « Hormis le lycée français dePort-au-Prince, tardivement baptisé Alexandre-Dumas, aucun endroit d’Haïti, ni rue, ni place,ni statue, ne porte la trace des Dumas », notel’avocat Jacques Salès. Lui-même est un métiset sait de quoi il parle : il est descendantd’Adolphe, l’un des fils de Césette, vendu etabandonné à Saint-Domingue avec sa mèreet ses deux sœurs ! Me Salès sera présent,samedi 30 novembre, avec sa femme et sesenfants, à la cérémonie de transfert des cen-dres d’Alexandre Dumas au Panthéon. En hom-mage aux Dumas, ces « géants » si français,fils, petit-fils, et arrière-petit-fils d’une esclaveinconnue.

Catherine Simon

C U L T U R Eb i c e n t e n a i r e

Derniers ouvrages parus

Dumas et la consécration de Mirabeau

Portrait d’Alexandre Dumas, par Félix Nadar, en 1855.

Le petit-fils d’une esclave haïtienne vendue comme un meuble

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LE MONDE / DIMANCHE 1er - LUNDI 2 DÉCEMBRE 2002 / 23

LONDRESde notre envoyé spécial

Autant mettre fin au suspense,Bob Dylan n’est pas apparu auconcert en hommage à GeorgeHarrison, vendredi 29 novembreau Royal Albert Hall de Londres.En tournée américaine, le baladinavait prévenu de son absence lasemaine dernière, avant d’interpré-ter Something. Pas de Dylan, donc,pour la célébration de « la vie etde l’œuvre » du guitariste desBeatles, mort le 29 novembre2001, mais quelques noms sur l’af-fiche qui justifiaient amplement ledéplacement : Eric (Clapton), Rin-go (Starr), Paul (McCartney) et lesautres.

Une heure a suffi pour que lesplaces mises en vente trouvent pre-neurs. A l’extérieur, quatre fidèlesd’Hare Krishna manifestentbruyamment, avec tambourin etclochettes, leur admiration pour leBeatle hindianisant. A l’intérieur,un chanceux nous assure qu’il a

pu pénétrer dans l’enceinte sansbillet, en économisant la modiquesomme de 150 livres. Des tarifsprohibitifs, mais la recette étaitversée à The Material World Chari-table Foundation, organisme créépar le disparu en 1973.

Un portrait de Harrison mousta-chu, en sage oriental, surplombela scène. Des musiciens en sariprennent place. Sa veuve, Olivia,allume quelques bougies avantque n’apparaisse celui à qui elle aconfié la direction des opérationsmusicales, Eric Clapton. On n’estpas sûr que cela soit la meilleureidée, au regard de la productionrécente du guitar hero, mais cetteréserve sera vite balayée.

« God » explique que les amisde George ont répété pendanttrois semaines et que la soirée vadébuter par une « expérience spiri-tuelle ». L’hommage du maître audisciple. L’octogénaire Ravi Shan-kar salue celui qu’il considéraitcomme « son fils », s’assoit, et lais-se à sa fille, Anoushka, le soin des’emparer du sitar, dont elle joueprodigieusement. Avec un ensem-ble de 40 instrumentistes et choris-tes, le musicien indien a conçuune suite pour celui qu’il nommaitJairaj, mêlant une adoration deGanesh, la chanson méconnue deHarrison, The Inner Light (chantéepar le leader d’Electric LightOrchestra, Jeff Lynne) et un chantd’offrande, Arpan. Il y a plus detrente ans, lors du concert pour leBangladesh organisé par Harri-son, des spectateurs manifestè-rent leur impatience. Ce soir, RaviShankar et les siens sont acclamésaprès quarante minutes de raga.Les temps ont heureusement chan-gé.

Un intermède et l’effigie a étéremplacée par une photo de Harri-son jeune, au temps des Beatles.La spiritualité cède provisoire-ment la place à l’humour british.La joyeuse bande des MontyPython, reconstituée pour l’occa-

sion, interprète Sit on My Face entenue de serveurs de restaurants…avant de dévoiler des culs nus der-rière le tablier.

Place, enfin, aux collègues durock. La scène du Royal AlbertHall s’emplit jusqu’à l’engorge-ment. En première ligne, les chan-teurs, Clapton et Lynne, et le fis-ton de Harrison, Dhani (produc-teurs avec Lynne de l’albumposthume Brainwashed). Derrièreeux, une dizaine de musiciens che-vronnés, le facétieux percussion-niste Ray Cooper, le claviériste deProcol Harum Gary Brooker ou lebatteur vétéran Jim Keltner. Sixguitaristes, deux batteurs, etautant de claviers, saxophones etchoristes.

Clapton a réuni un « supergrou-pe » et opté pour le « mur duson », le mille-feuille instrumentalinventé par l’Américain Phil Spec-tor, qui produisit All Things MustPass, le grand œuvre de Harrison.Une ampleur de cathédrale pour

rendre gloire à ces chansons – IWant To Tell You, If I NeededSomeone, Old Brown Shoe – queLennon et McCartney n’accueilli-rent qu’avec parcimonie. Ce partipris génère le plus souvent de lamélasse sonore, ici tout est idéale-ment en place, puissant et dense.

Interviennent Joe Brown (per-

sonne ne semble savoir qui il est)pour Here Comes the Sun et lachanteuse de soul Sam Brown, quiembrase Horse To the Water. Lanotoriété n’offre pourtant aucunegarantie de réussite si l’on en jugepar la version pataude que TomPetty donne de Taxman. La baissede régime est heureusementenrayée par l’association du roc-ker blond et de Jeff Lynne. Ils ten-tent l’impossible : ressusciter àeux deux les Traveling Wilburys(confrérie qu’ils formèrent avecHarrison, Dylan et Roy Orbison),et y parviennent miraculeusementpour un épatant Handle WithCare.

Evidemment, les camarades del’autre groupe auquel Harrison aappartenu ont été réservés pour lafin. On passera rapidement surRingo Starr, communiquant justesa bonne humeur avec Photographet Honey Don’t, pour en arriver àson bassiste. Paul McCartney expé-die For You Blue dans les étoiles. Ilentonne Something au ukulélé, surun rythme jazzy, quand advient lemoment le plus stupéfiant de lasoirée. A mi-chemin, la chansonretrouve ses arrangements popd’origine, Clapton fait pleurer saguitare, chante à son tour l’hymnede Harrison pour cette femme quetous deux ont aimée. La suite étaitattendue : While My Guitar GentlyWeeps, My Sweet Lord. Quandrésonnent les derniers accords deWah-Wah, George peut compterses amis : ils sont 35 sur scène.

Bruno Lesprit

CE SYMBOLE-LÀ, l’Elysée l’asoigné plus que tout. L’entrée auPanthéon d’Alexandre Dumas,samedi 30 novembre, fait partiede ces événements qui marquentun quinquennat. Longtempsavant, le conseiller culturel duprésident, Roch-Olivier Maistre, adiscuté avec Didier Decoin, le pré-sident de la société des amis del’écrivain. Longtemps avant, dutemps de la cohabitation, les colla-borateurs, la cellule communica-tion et le président se sont interro-gés sur la date de la célébration,après avoir décidé de son prin-cipe : sûrement pas avant lesélections.

« Dumas, c’est l’homme du liennational, il n’était pas question defaire cela dans une période trou-blée », explique la conseillère pourla presse, Agathe Sanson. C’estdonc à une semaine de la dateanniversaire de la mort de l’écri-vain, le 5 décembre, que le jour dela cérémonie a été fixé. L’appeld’offres, la scénographie, ont été« entièrement pilotés » par le minis-tère de la culture. Mais l’esprit dela journée a bien été insufflé parl’Elysée.

Parler d’Emile Zola, « c’est par-ler de la France », avait assuré lechef de l’Etat en rendant homma-ge à l’auteur de « J’accuse », centans après sa mort, le 6 octobre. Jac-ques Chirac avait placé tout sondiscours, cinq mois après son élec-tion contre Jean-Marie Le Pen,sous le signe du « rejet de tous lesextrémismes » et fait de l’écrivain

le héros de combats républicains« toujours d’actualité ». Parler deDumas, l’emmener reposer auprèsde son ami Victor Hugo dans lecaveau national, au sein de l’ima-ginaire collectif, c’est bien sûr, aus-si, parler de la France. « On a vou-lu célébrer l’écrivain qui appartientà tout le monde, celui qui a appris àtous l’histoire de ce pays, aussi bienque dans les manuels », soulignentles conseillers de l’Elysée.

Par ses origines, métisses, parson parcours, contesté, chaotique,Dumas incarne aussi une réussiteque la République se devait d’ho-norer, explique M. Maistre. En par-ticulier, peut-être vis-à-vis deHugo, si célèbre et si célébré. « Ilfallait que la République elle-mêmerépare une injustice et donne àDumas la place qui lui revient », dit-

il. Le travail, le talent, le mérite,c’est aussi tout cela que le prési-dent de la République veut saluer,samedi.

C’est donc à un bâtisseur del’identité nationale que JacquesChirac rend hommage : « Pendantdes générations, devait déclarer leprésident de la République, l’œu-vre de Dumas va faire de l’Histoirede France le levain de nos imaginai-res. Elle va façonner notre mémoirecollective et participer à l’édifica-tion de notre identité nationale ». Acelui qui, encore considéré par debeaux esprits comme un sous-écri-vain, a construit des personnagesuniversels. « Injustice, vengeance,rédemption, courage », tout ce queDantès ou d’Artagnan ont figuré,dans des personnages inoublia-bles et qui sont devenus desmythes. « Dumas c’est aussi lepanache d’une France qui nes’avoue jamais vaincue », ajouteM. Maistre.

Le président de la Républiquedevait également souligner que« plus que tout autre romantique,Alexandre Dumas sait, avec Huhoet Schoelcher, que la républiqueporte les valeurs qui émanci-pent. Qu’elle seule peut ouvrir l’ave-nir à tous ceux qui, comme lui,n’ont que leur travail, leur talent etleur mérite pour obtenir leur justeplace dans la société française ». Ildevrait également glorifier l’enga-gement « européen » d’AlexandreDumas auprès de Garibaldi.

Ce personnage ne pouvait souf-frir, aux yeux de l’Elysée, trop de

solennité. « On voulait quelque cho-se de festif, de populaire, d’infor-mel, dans la mesure du possible »,indique le service de presse deJacques Chirac. L’anti-Malraux, enquelque sorte. La Marianne quiremontera à cheval la rue Souf-flot, et qui appartient à la troupede Bartabas, est métissée, commele père des Trois Mousquetaires.

Le discours est prêt depuis ven-dredi. Ses principaux artisans,Roch-Olivier Maistre et ValérieTerranova, chargée de mission àl’Elysée, par ailleurs « grandeamoureuse de Dumas », ont sou-mis, depuis longtemps une « ver-sion martyre » aux collaborateursdu président, à Alain Decaux, quis’exprimera juste avant M. Chiracet à quelques historiens ou ex-perts. Le chef de l’Etat se l’est misen bouche jeudi matin, apportantses dernières corrections, à l’en-cre rouge, pieusement consignéesdans les archives. Claude Chirac etses collaborateurs ont joué leurrôle ingrat : celui d’impitoyablescenseurs du temps. « On est par-venu à les faire revenir à une ver-sion de quinze minutes. En télé,c’est déjà très long » juge AgatheSanson. Les « plumes » ont doncbeaucoup souffert et sagementcoupé. Jacques Chirac, qui parle à18 h 45, s’est réservé quant à luiun plaisir personnel, qui ne figurepas à l’agenda officiel : il reçoit,samedi matin, un dumasolâtrecélèbre : Umberto Eco.

Béatrice Gurrey

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De Dieppe à Paris,le dernier voyage de Dumas

A George Harrison,ses amis attentionnés

et reconnaissants

Eric Clapton, Ringo Starr et Dhani Harrison (de gauche à droite) sur la scènedu Royal Albert Hall de Londres.

Jacques Chirac célèbre un bâtisseurde « notre identité nationale »

La Marianne qui

remontera à cheval

la rue Soufflot, et qui

appartient à la troupe

de Bartabas,

est métissée, comme

le père des « Trois

Mousquetaires »

b Le concert en hommage au guitariste

des Beatles au Royal Albert Hall de Londres

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A gauche, l’affiche du film« Les Trois Mousquetaires »,

(1921), d’après le romand’Alexandre Dumas.

A droite, une caricatured’Amédée de Noé, dit Cham,

« Nouvelle bouillabaissedramatique par M. Dumas »

(1858), publiéedans le magazine

« Le Charivari » à proposdu drame « Les Gardes

forestiers ».

DUMAS a le cercueil baladeur.Cela a commencé dès sa mort, le5 décembre 1870. Il meurt chez sonfils près de Dieppe, en Normandie.La guerre empêche le corps del’écrivain de rejoindre le caveaufamilial de Villers-Cotterêts. Il n’yarrive qu’en 1872, où il reçoit unhommage solennel.

Dumas ne pouvait pas vivre unevie posthume paisible. Il n’a jamaistenu en place. Il a sans cesse démé-nagé et voyagé à la recherche d’exo-tisme, d’anecdotes, de femmes,pour fuir des huissiers, faire desaffaires et même créer un journal àNaples, au titre qui lui va si bien,L’Indipendente, avec le fondateurdu Corriere della sera.

Son dernier voyage est specta-culaire. Il commence mardi 25 no-vembre, dans l’intimité de Villers-Cotterêts, dans le brouillard, àl’aube (Le Monde du 28 novembre).Le grand écrivain a l’air à l’étroitdans son cercueil. Il fait un premiervoyage à Paris, par les soins de lacélèbre maison Henri de Borniol,« fondée en 1820 ». Après deuxnuits passées aux pompes funè-bres, le cercueil est arrivé vendredi29 novembre, au château de Monte-Cristo, à Port-Marly, cette foliequ’il a mis trois ans à construire, etqu’il a vendu, ruiné, deux ans aprèss’y être installé.

Les Amis d’Alexandre Dumas,autour d’Alain Decaux et de DidierDecoin, ont tenu à lui offrir une der-nière nuit dans son château. L’am-biance est solennelle, plus proched’un enterrement que d’une résur-rection. Une brune Milady, de cuirvêtue, assiste à la scène. Le dernier

voyage de Dumas est filmé par Jérô-me Diamant-Berger. C’est une his-toire de famille. Son grand-père aréalisé la première adaptation desTrois Mousquetaires. Le cercueil estdrappé de velours bleu. L’inscrip-tion de la célèbre devise « Touspour un, un pour tous » est brodéede fils d’argent par Jean-Charles deCastelbajac.

Monte-Cristo aime la nuit. Le

cercle des amis s’est restreint ven-dredi soir. Une cinquantaine depersonnes entourent le cercueil.Musique, lectures, théâtre, avecGérard de Cortanze, Calixthe Beya-la, croiseront les voix de Jean-Pier-re Bouvier, Eva Darlan, AlexandreBrasseur. Jean-Pierre Kalfon appor-tera son mystère à la soirée. Per-sonne n’a pensé (ou osé) lire lanouvelle : « L’histoire d’un mortracontée par lui-même », danslaquelle un homme sort de sa tom-be pour faire alliance avec le dia-ble.

Dumas s’est fait réveiller, same-di matin, par un cortège républi-cain qui l’escorte à Paris. Premierarrêt au Sénat : discours, hom-mages, honneurs républicains.Dumas devait ensuite une dernièrefois affronter la foule en sortantdu Luxembourg, accompagné decomédiens qui représentent sespersonnages. Il est accueilli au Pan-théon par une Marianne à cheval.Aux créateurs illustres, la patriereconnaissante.

Pauline Cazaubonet Alain Salles

C U L T U R E

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24 / LE MONDE / DIMANCHE 1er - LUNDI 2 DÉCEMBRE 2002

Théâtre Roger Planchon rend visite à Bergman

Sélection disques classiques

Portraits intérieursPhilip-Lorca diCorcia est un de ces photographes qui multiplient les pas dedeux entre l’art et de la mode. Ainsi, il y a un an, l’artiste montrait à la galerieAlmine Rech des images scénarisées (stories) pour le magazine W. Il est deretour avec 6 des 17 images de la série Heads qui n’ont d’autre vocation quele monde de l’art. Révélé, il y a vingt ans, pour ses mises en scène qui réin-ventent le quotidien, diCorcia a ensuite mis en place un système sophistiquéqui lui permet de capter des gens dans la rue, à leur insu, mais éclairés auflash, ce qui donne une facture soignée à l’image volée. Pour cette nouvellesérie, réalisée en 2001 (avant la rétrospective au Centre national de la photo-graphie en 2003), diCorcia isole une seule personne dans le cadre. Il s’agit deNew-Yorkais, pris au moment où ils sortent d’un tunnel piétonnier. Le dispo-sitif est si complexe que peu d’images sont retenues. Mais le contraste entrela luminosité étudiée du personnage et le fond noir donne l’impression qu’ils’agit de portraits en studio. DiCorcia veut saisir des gens dans leur intériori-té, leurs mouvements. Il entre par effraction dans leur bulle, tout en offrantdes images parfaitement lisses, une connivence avec le modèle. Cette faussepiste jette le trouble. Et c’est bien ce pas de deux entre la réalité et la mise enscène, l’acceptation et le hold-up, qui font merveille. Michel GuerrinGalerie Almine Rech, 127, rue du Chevaleret, Paris-13e. Tél. : 01-45-83-71-90. Mo Chevale-ret. Du mardi au samedi, de 11 heures à 19 heures. Jusqu’au 21 décembre.

Changements de statutInez Van Lamsweerde et VinoodhMatadin, deux artistes réputéspour leurs photos dans les revuesde mode, ont rassemblé chez Airde Paris des œuvres d’artistesdont ils sont proches ou qu’ilsadmirent. Déjà, pour le plaisir detomber sur un portrait grand for-mat que Richard Avedon a pris,en 1981, dans le Grand Ouest amé-ricain, pour un portrait d’enfants réalisé par Rineke Dijkstra en 1992, pourl’hommage-dérision de Richard Prince à Kurt Cobain ou pour quelques des-sins rugueux de Robert Crumb, l’exposition est méritoire. L’accrochage s’ap-pelle « Transformer 2 », titre qui fait référence à une œuvre de 1973, présen-te dans l’exposition, de Katharina Sieverding – deux grands portraits defemmes solarisées. Ce métissage de l’image, qui donne de la distance au visa-ge et le transforme en objet consumériste, ainsi que d’autres créations quioscillent entre culture chic et culture populaire, sont au centre des préoccu-pations du couple Inez-Vinoodh. Ce désir de voir les œuvres « glisser » destatut, d’univers, est à son comble avec le portrait en gros plan de Christy,qui a été dupliqué par Richard Phillips, sous forme de tableau peint. De laphoto au tableau, le mannequin se transforme, perd sa fraîcheur pour deve-nir une image poudrée, momifiée… M. G.Galerie Air de Paris, 32, rue Louise-Weiss, Paris-13e. Mo Chevaleret. Tél. : 01-44-23-02-77.Du mardi au samedi, de 11 heures à 19 heures. Jusqu’au 21 décembre.

Barbarigo, désapprendre la peinturePeu de gens en France connaissent le travail d’IdaBarbarigo. L’histoire de cette artiste, fortementsoutenue par le galeriste Jean Krugier et le criti-que Jean Clair, a commencé à Venise, après 1945,et s’est poursuivie à Paris à partir des années1950. Barbarigo y a été volontiers assimilée àl’Ecole de Paris et exposée en groupe, par exem-ple avec Hartung, Maryan, Kallos, Appel, etc., etparfois avec Zoran Music qu’elle avait épousé en1949. Dès cette époque, l’artiste a voulu « désap-prendre » la peinture étudiée à l’Académie, pourretrouver son « être intact ». Elle continue àbatailler dans ce sens, mais pour échapper au ris-

que de transformer en figures de style les ombres d’humains qu’elle peintdepuis toujours, en procédant par thèmes et par séries alternant l’actualité etla mythologique. Ainsi des Dionysos sauvages, des Inquisiteurs cravatés et desTerrestres, figures sommaires, par-dessus lesquelles dégoulinent les jus brunset verts de leur environnement lourd. Geneviève BreerettePeintures 1978-2002. Galerie Albert Benamou, 16, avenue Matignon, Paris-8e. Tél. :01-45-63-12-21. Jusqu’au 21 décembre.

Désormais, c’est ici quel’on trouve Roger Planchon : dans un quartierouvrier de Villeurbanne où émerge, entreimmeubles et maisons basses, le Studio 24,vaste hangar élégamment habillé de noir, quisert de studio de cinéma et de salle de specta-cles (Le Monde du 8 novembre). Ici donc sepoursuit l’histoire du metteur en scène qui,pour sa première création hors du Théâtrenational populaire, dont il fut trente ans lemaître, a choisi une pièce d’Ingmar Bergman,jamais jouée en France, qui fut à l’origine lescénario du dernier film tourné par l’hommede Faro : S’agite et se pavane.Tout homme de théâtre, en sa vieillesse, s’inté-resse à Macbeth. Tout homme, à ses souvenirsqui, avec le temps, remontent du plus loin del’enfance. S’agite et se pavane réunit les deux,en citant dans son titre la scène 5 de l’acte V :« La vie n’est qu’un fantôme errant, un pauvrecomédien qui s’agite et se pavane une heuresur scène et qu’ensuite on n’entend plus : une

histoire ditepar un idiot,pleine de fra-cas, de fureur,et qui ne si-gnifie rien. »Cette citation,qui est ce quireste de Mac-beth quand ona tout oublié,donne le tonde la pièce deBergman, ha-bitée, comme

une pièce dans une maison peut l’être, parceux dont le souvenir renaît, quand la vies’oublie dans la pénombre du grand âge.Ainsi revient sur scène l’oncle Carl, que l’onavait déjà rencontré dans Laterna magica,l’autobiographie de Bergman. Carl, l’inventeurun peu fou, qui fut le magicien de l’enfance ducinéaste, est à l’asile psychiatrique, après avoirfailli tuer sa fiancée. La mort de Schubert l’ob-sède, autant que son projet majeur : l’inven-tion du cinéma parlant. Avec son compagnonde chambre, qui ne serait pas étonné d’êtreDieu, Carl met au point une tournée dans lesvilles de Suède, où ils iront présenter la machi-ne à merveille. Autour d’eux se greffe une pe-tite compagnie, qui part sur les routes, dans lasolitude blanche de l’hiver isolant plus encoreles villes et villages. Et tout s’effondre, dans undésastre technique, mais pas seulement, quimène Carl et ses compagnons à incarner,devant leurs spectateurs d’un soir, ce que lecinéma devait montrer : la fin de Schubert.

S’agite et se pavane est une histoire d’ombreet de lumière. Une pièce habitée par des per-sonnages, certes, mais surtout par un senti-ment ineffable du temps, tissé par les obses-sions de Bergman, l’amour et la mort, lethéâtre et le cinéma. Et ces obsessions émer-gent comme des ombres douces, à l’heuretestamentaire où l’âge pose son voile d’en-fance sur l’homme qui se souvient.Le plus beau, dans la mise en scène de RogerPlanchon, est de retrouver ce sentiment-là.A 71 ans, alors qu’il commence une nouvellehistoire, l’homme de Villeurbanne oublie saposture et son savoir-faire. Et il s’abandonne.Il laisse tomber cinquante ans de théâtrepour redécouvrir le théâtre. Comme Berg-man enfant construisait sa première scènede poupées, dans sa chambre, Roger Plan-chon, dans son hangar, bâtit une nouvellepremière scène où il convie seize acteurs à lerejoindre dans le jeu, sans autre désir quecelui d’être là, fût-ce d’une manière bancale,mais avec l’assurance partagée que le théâ-tre reste le meilleur viatique des grisés de lamémoire.

Brigitte Salino

S’agite et se pavane, d’Ingmar Bergman. Mise en scène :Roger Planchon. Avec Denis Benoliel, Jackie Berroyer,Françoise Brion, Judith Henry, Bulle Ogier, Roger Plan-chon... Studio 24, 24, rue Emile-Decorps, Villeurbanne(Rhône). Tél. : 04-78-03-30-00. Mardi et mercredi à19 h 30 ; jeudi, vendredi et samedi à 20 h 30 ; dimancheà 16 heures. De 7,50 ¤ à 27 ¤. Durée : 2 h 30. Jusqu’au8 décembre. Photo : Bulle Ogier et Judith Henry.© Enguérand.

Concerto no 2 pour violon de Mendels-sohn (a), Concerto no 1 de Chostako-vitch (b)Orchestre Philharmonique d’Oslo, HughWolff et Marek Janowski (direction)

Les mots manquent pour caracté-riser cette version superlative duconcerto de Mendelssohn par HilaryHahn. Tour à tour sensible, enjoué,poétique, ardent, élégant et passion-né, le jeu de la jeune violoniste estun enchantement que rien ne vientheurter ou seulement fraîchir. De lapremière à la dernière note, HilaryHahn confirme qu’en plus d’êtreune violoniste prodige elle est unemusicienne prodigieuse. Accompa-gnée avec bonheur par Hugh Wolffdans Mendelssohn puis par MarekJanowski remarquable de précisionet d’engagement dans Chostako-vitch, Hilary Hahn offre une visiontrès personnelle de ce concerto habi-tuellement marqué au coin sombrede l’histoire stalinienne – ardente,virtuose et solaire, presque apaisée,comme passée au fil du temps, cegrand sculpteur. – M.-A. R.1 CD Sony Classical.

Les Quatuors à cordes

Quatuor Arditti

Le corpus enregistré par le QuatuorArditti n'a rien d'accessoire, à l'instardu Notturno lyrique qui ouvre cetteintégrale. Désireux, comme souventaujourd'hui, de ne pas tenir comptede l'ordre chronologique, l'éditeuralterne pièces récentes et contribu-tions anciennes. Il n'a pas tort carles quatuors à cordes ne correspon-dent pas chez Berio à une réflexion

continue mais témoignent plutôtd'un état d'esprit à un moment don-né. Expérimental pour Sincronie,ludique pour Glosse et conquérantpour le Quatuor no 1 de 1956. – P. Gi1 CD Montaigne/Naïve.

In die Tiefe der Zeit. Winter Bird.Jean-Sébastien Bach : Suites nos 5 et 6pour violoncelle. Isang Yun : Gasa.Espace I. ImagesThomas Demenga (violoncelle), AsakoUrushihara et Hansheinz Schneeberger(violons), Teodoro Anzellotti(accordéon), Aurèle Nicolet (flûte), HeinzHolliger (hautbois), Thomas Larcher(piano)Thomas Demenga boucle ici uneintégrale des Suites pour violoncellede Bach commencée il y a une quin-zaine d'années. Emblématique dulabel ECM, son parti consiste à pro-grammer les œuvres phares du Can-tor de Leipzig dans un contexte depages du XXe siècle choisies pourleur qualité intemporelle. Cette fois,les Asiatiques sont à l'honneur. LeJaponais Hosokawa s’illustre dans leduo In die Tiefe der Zeit qui reposesur le colorisme irradiant de l'anchemétallique. Les sons filés par l'accor-déon et gonflés par le violoncelleengendrent une texture qui n'estpas loin du flux spectral propre àune certaine avant-garde européen-ne. Pionnier des échanges entreOrient et Occident, le Coréen IsangYun donne à sa musique l'allured'une calligraphie racée, que Tho-mas Demenga fait précéder d'uneversion de la 6e Suite de Bach entiè-rement au trait de pinceau. – P. Gi2 CD ECM New Series.

CinémaEnsemblecontre le sidaau Centre PompidouLe cinéaste iranien AbbasKiarostami vient présenter,dimanche 1er décembre, Journéemondiale annuelle de la luttecontre le sida, son documentaire,sorti en salles en octobre 2001,sur les enfants ougandais victimesdu virus du sida, à travers la perted’un parent, parfois des deux. Cesorphelins, parfois eux aussi atteintspar la maladie, sont les « héros »d’ABC Africa. Un débat, en présencedu réalisateur, suivra la projection.Cette journée organisée àl’initiative de l’associationEnsemble contre le sida, enpartenariat avec le CentrePompidou et Radio-Franceinternationale, mêlera de 11 heuresà 22 h 30 projections de films (Noussommes éternels, de ChristopheMartet et Vincent Martorana, 1993 ;Zap Act Up Paris, été 95, de Vincent

Martorana, 1995 ; Bleu, blanc, rose,30 années de la vie homosexuelleen France, d’Yves Jeuland, 2002)et tables rondes.

Centre Pompidou, placeGeorges-Pompidou, Paris-4e.Mo Rambuteau. Salle cinéma niveau 1.Tél. : 01-53-26-45-55. Le 1er décembre,à partir de 11 heures. Entrée libre.

Danse-DanCitéLe festival DanCité piloté parL’Apostrophe, scène nationale deCergy-Pontoise, fait fi de tous lessectarismes, rassemblant au coudeà coude tous les styles de danse.On pourra admirer la virtuositécorporelle des Australiens deChunky Move, s’amuser du folkloresuisse revu à l’extravagance par lestrois allumés du groupe MZDP,se glisser dans la déambulation(on est transporté sur des palettesà roulettes) du Tabloïd des angesd’Hervé Diasnas, s’enthousiasmerde la danse baroque avec Béatrice

Massin, jazzer avec les Ballets jazzde Montréal. Enfin, la recherchecontemporaine la plus fine sera aurendez-vous avec Daniel Dobbels.Difficile d’ouvrir plus large lepanorama de l’art chorégraphiqueaujourd’hui.

Apostrophe, place des Arts,Cergy-Pontoise (Val-d’Oise). Jusqu’au7 décembre. Tél. : 01-34-20-14-14.De 8 ¤ à 24 ¤.

CompagnieHallet-EghayanVingt-cinq ans de danse ! Et ça nefait que commencer, serait tentéd’ajouter le chorégraphe MichelHallet-Eghayan, qui lançasa compagnie en même tempsqu’une école de danse en 1976.Que ce soit à Lyon ou dans les paysméditerranéens (Liban, Maroc,Algérie), le chorégraphe, passépar l’école de Merce Cunninghamdans les années 1970, poursuitune recherche exigeante. Il a parailleurs mis en place depuis 1994un festival des enfants dans lequartier de la Duchère à Lyon.

Pour fêter cet anniversaire,Michel Hallet-Eghayan présentesa nouvelle pièce, En attendantl’autre, inspirée par le mythede Gilgamesh. L’édition d’un livre,Les 4 Corps de la danse, et uneexposition accompagnentle spectacle.Théâtre Aux Echappées belles, 65-73, ruedu Bourbonnais, Lyon (Rhône).Du 3 décembre au 7 décembre.Tél. : 04-78-64-84-98. De 5 ¤ à 8 ¤.

MusiquesHadouk TrioDu swing sans malentendus,un éloge de la légèreté,des géographies musicalesréinventées : Didier Malherbe(doudouk, sax soprano, flûtes),Loy Ehrlich (hajouj, kora, sanza,claviers) et Steve Shehan(percussions) prolongent sur scènele périple musical de leur nouvelalbum, Now (Mélodie).La Maroquinerie, 23, rue Boyer, Paris-20e.Mo Gambetta. Les 30 novembre, à20 h 30, et 1er décembre, à 17 heures.Tél. : 01-40-33-30-60. 12 ¤ et 15 ¤.

C U L T U R E A G E N D A

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LE MONDE / DIMANCHE 1er - LUNDI 2 DÉCEMBRE 2002 / 25

a Selon l’AFP, le dernier spectaclede Jan Fabre, Perroquets et co-bayes, a reçu au Théâtre de la Villeun accueil houleux de la part dupublic. A l’inverse, certains specta-teurs ont été étonnés qu’« à peineune petite dizaine de personnes quit-tent la salle » et affirment que « lesapplaudissements ont largement sur-monté les cris des mécontents ».Rappelons qu’il s’agit pour JanFabre, dans cette nouvelle créa-tion, de montrer l’animal qui viten l’homme, et tout le dressagequi nous éloigne de nos instincts.a La cour d’appel de Téhéranvient d’annuler la peine de prisonde dix ans prononcée contre le dan-seur Iranien Mohammad Khorda-dian, exilé depuis la révolution de1979 à Londres, puis aux Etats-Unis. Il était accusé de propager« la dépravation parmi les jeunes endiffusant depuis Los Angeles, où ilhabite, des enregistrements de sesspectacles ». Le chorégraphe, âgéd’une quarantaine d’années, jouitd’une grande popularité en Iran,où les cassettes de son travail circu-lent clandestinement. MohammadKhordadian dirigeait, avant 1979,le Ballet de Niavaran, à Téhéran.a Bernard Fleury a été nommédirecteur du Théâtre du Maillon, àStrasbourg, où il a pris ses fonc-tions le 18 novembre. Il succède àNadia Derrar, qui a démissionnéen avril. Après avoir fondé la Scè-ne nationale de Poitiers (1978-1990), Bernard Fleury a été secré-taire général de l’Office nationalde diffusion artistique de 1990 à1996, puis il a dirigé l’institut fran-çais de Leipzig. Depuis 1998, ilétait directeur adjoint de CharlesTordjman au Centre dramatiquenational de Nancy-Lorraine, à Nan-cy, où il a activement contribué audéveloppement du festival Passa-ges, dédié aux théâtres de l’Est.a Fabrice Luchini a reçu le Prixdu brigadier 2002, pour sa composi-tion dans Knock, de Jules Romains,dont la dernière représentation auThéâtre de l’Athénée-Louis-Jouveta eu lieu samedi 23 novembre. Ceprix, qui sera remis au comédienle 17 décembre par le ministrede la culture, Jean-Jacques Ailla-gon, est décerné depuis 1960 parun jury de professionnels de lascène, qui comptait notammentcette année Francis Huster, Jean-Claude Brialy, Jean-Laurent Co-chet et Eric-Emmanuel Schmitt.Le jury a également décerné deuxBrigadiers d’honneur, l’un à lacomédienne Suzanne Flon, l’au-tre au metteur en scène GeorgesVitaly.a Roger Planchon joue le rôle dugénéral d’Argenlieu dans Neiged’Indochine, un film consacré augénéral Leclerc, qui est interprétépar Bernard Giraudeau. Réalisépour France 2 par Marco Pico, cefilm repose sur un scénario coécritpar Jean-Michel Gaillard etNicolas Sarkozy. Il sera diffuséen 2003.

UN NUANCIER dans la main gauche, unpinceau fin dans la droite, la jeune femme s’ap-plique à poser des tons verts sur le bas d’unmaillot de bain. A ses côtés, un homme peintla partie gauche du même tableau. Ils ont laminutie des restaurateurs de fresques de laRenaissance. Le travail avance lentement : despans entiers sont simplement esquissés aucrayon sur la toile blanche. On distingue le des-sin d’une fille en bikini. L’œuvre s’intituleraPam Left Over. Aux murs, d’autres toiles àdivers stades d’achèvement, chacune accom-pagnée de ses indications de couleur et destubes de peinture adéquats. Nous sommesdans l’atelier de Jeff Koons, près de l’Hudson,dans la partie la plus glauque du quartier deChelsea, à New York.

Trois anciens garages, dont la dispositionpermet une stricte et rationnelle division dutravail. Le premier sert de bureau. Koons y estassis, en conversation au téléphone. Autourde lui, des assistants retouchent sur des ordina-teurs des collages qu’il a réalisés, modèlespour les toiles. Le second atelier est dévoluaux tableaux. Hormis les peintres, il abrited’autres coloristes qui travaillent pour l’heureexclusivement sur les nuanciers. L’ambianceest studieuse, mais détendue. La troisième sal-le est plus animée. On y sculpte. Une noriad’assistants râpe, ponce, cisèle. Une femmearmée d’un fin burin est penchée sur un dau-phin et lui grattouille délicatement l’embout.C’est que l’animal qui sert de modèle est unjouet de plage gonflable et qu’il s’agit de repro-duire à l’identique le « Made in China » mouléen relief autour du bouchon.

Koons a terminé son coup de fil et accueilleson visiteur en s’excusant. Il est sans doute l’ar-tiste le plus célèbre aux Etats-Unis, ses œuvresse vendent des millions de dollars aux enchè-res, il vient de se voir consacrer deux exposi-tions dans les deux plus prestigieuses galeriesde New York. Un homme de confiance, un filmqui lui est consacré, sera diffusé sur Arte le10 janvier. Mais il porte jean et baskets, restemodeste, sympathique et totalement profes-sionnel.

Les sculptures de Koons, dont on a pu voirun exemple monumental et fleuri lors de l’ex-position « La Beauté » à Avignon (Le Mondedes 24 et 27 mai 2000), s’inspirent donc en cemoment de jouets gonflables. Une des vedet-tes de son bestiaire actuel est un homard enplastique. Il le met à toutes les sauces. La têteen bas, simplement suspendu au plafond parune chaîne : « Un geste très minimal. » Péné-trant dans un billot de bois avec ses cernes decroissance. Traversant une corbeille à papiergéante, en treillage métallique.

L’étrangeté vient de la juxtaposition d’élé-

ments incongrus, comme la célébrissime etimprobable rencontre surréaliste d’une machi-ne à coudre et d’un parapluie… Elle vient aussidu mariage inconciliable du métal acéré et ducaoutchouc mou. Les baudruches sont doncrefaites à l’identique, en aluminium, puisrepeintes : « On les façonne pour qu’elles soientle plus proche possible du modèle d’origine. Biensûr, il y a des trucs que l’on doit adapter, parceque l’on part d’un objet mou et qu’on le transfor-me en une œuvre rigide et durable. Mais il mefaut un rendu très propre. C’est une manière trèspop, parce qu’il n’y a pas de transformation dumodèle. Très masculin… » Sans doute parcequ’il rend le mou solide.

’Koons a un réel souci de la perfection. Il

exhibe des chaînes gainées de plastique colo-ré, qui feront de certaines de ses sculpturesdes mobiles. Les échantillons ne le satisfontpas : le plastique moulé est mal ébarbé, Koonssouligne les défauts de la fabrication industriel-le et on l’imagine pensant à la manière d’yremédier. Tout doit être impeccable, quitte àrefaire manuellement ce que l’usine n’a pas suobtenir.

Il montre différents projets et désigne unebatterie d’ordinateurs : « C’est là que nous tra-vaillons les sculptures, les assemblages et les

mises à l’échelle des différents objets. C’est là quenous résolvons tous les problèmes techniques. »Ses tableaux aussi passent par l’informatique.Les images choisies et assemblées en collagesont reproduites et transformées sur l’écran :« Les couleurs sont numérisées, puis on retrouvel’équivalent sur les nuanciers pour obtenir lesimages les plus réalistes, les moins subjectivespossible. Ici, par exemple, dit-il en montrant lemaillot de bain que l’assistante, stoïque, conti-nue de caresser du pinceau, il y a 170 couleursdifférentes. »

On ose une question aigre-douce, formuléeavec difficulté tant l’homme est gentil : Pour-quoi tant de haine ? Pourquoi cette volée debois vert de la part de la critique, américainenotamment ? « C’est sans doute un malenten-du, venu de gens qui n’ont pas eu l’opportunitéde voir mon travail ou qui ne connaissent pasvraiment l’art contemporain. Une certainepresse des années 1980-1990 a systématique-ment entretenu le public dans l’idée que les artis-tes étaient uniquement intéressés par l’argent. Jene pense pas que le monde de l’art soit commeça, que mon travail se résume à ça. Les gensn’ont pas compris ce que je voulais, ils ont étéextrêmement critiques, alors que je rechercheune empathie, des choses joyeuses, une inclu-sion, pas une exclusion. Je veux trouver du plaisirdans les choses, une certaine grâce. Aujourd’hui,

je sens au contraire un soutien qui me donneenvie de travailler. Et puis il y a de grands artis-tes qui m’encouragent, Duchamp, Man Ray,Dali, Picasso, Picabia, Warhol, Lichtenstein… »

Il faut bien lui faire remarquer que tous seshéros sont morts. La réponse fuse : « Leurœuvre ne l’est pas, leurs idées se poursuivent,elles interprètent encore les besoins de la société,ses transformations. Tout ça, leurs œuvres le per-pétuent. »

Lors d’une interview, Koons est un vrai dan-seur. Il ressemble à son œuvre : le geste est pré-cis, élégant mais drôle, travaillé et spirituel,sophistiqué comme un entrechat de FredAstaire. Comme lui, il représente une certaineidée du bonheur qui n’est imaginable qu’enAmérique. Un tel optimisme est-il possible, ences temps où montent les rumeurs de guerre ?« Il y a différents pôles. J’ai une face plus som-bre. Mon œuvre aspire à trouver une combinai-son entre une conception artistique et uneconscience collective. Une conscience sociale,qui parfois rejoint des aspects de mon iconogra-phie personnelle. Les chaînes, le mille- pattesgonflable, ont pour moi des aspects très som-bres. »

Un regard vers le mille-pattes : il est vertpomme. Décidément, il faudra se revoir.

Harry Bellet

1

f Arrêt sur images12 h 30, France 5Après l’émission mouvementéede dimanche dernier sur le thème« Contre la violence, maislaquelle ? », DanielSchneidermann apporte une suiteau débat. Quelles images doiventêtre autorisées aux moins de 12,16, 18 ans ? La France est-elleplus laxiste que les autres payseuropéens ? Pour en débattre,

Philippe Rouyer, critique decinéma, ex-membre de lacommission de la classificationdes films, et Jean-Pierre Quignaux,chargé de mission à l’Unionnationale des associationsfamiliales (UNAF), membrede ladite commission.f Droit d’auteurs11 h 00, France 5Frédéric Ferney reçoit BernardFillaire (Alexandre Dumaset associés), Catherine Toesca(Les 7 Monte-Cristo d’Alexandre

Dumas) et, en tant que lecteurs,Anne Matheron, administrateurdu château d’If, et ChristopheMercier, critique littéraire.f Ripostes17 h 05, France 5Une fois par mois, le magazinede Serge Moati poursuit sonfeuilleton du réel. Sous le titrePremier pas, la série documentairesuit les premières expériencesd’hommes et de femmes investisdans leurs nouvelles fonctions :professeur, secrétaire d’Etat,militant communiste, médecin…« Ripostes » ouvre ensuite ledébat sur l’école, avec XavierDarcos (ministre délégué àl’enseignement scolaire), SégolèneRoyal (députée PS), VincentCespedes (professeur dephilosophie), Marie-ClaudeSouffland (directrice d’une sectiond’enseignement général etprofessionnel adapté), MoniqueVuaillat (ancienne secrétaire de laFSU), Olivier Cousin (sociologue).

2

f Lundi investigation90 minutes22 h 40, Canal+Au sommaire, après un sujet surles futurs scandales alimentairesréalisé par Pascal Catuogno etPatrice Desmazery, le magazinede Paul Moreira et EmilieRaffoul propose une enquête deBernard Nicolas et Jean-Claude

Fontan qui revient sur la mort,le 19 octobre 1995, au pied d’unefalaise, à 80 kilomètres deDjibouti, de Bernard Borrel,magistrat français alors enmission de coopération. La thèsetient dans le titre : Juge Borrel,révélations sur un suicideimpossible. C’est celle,notamment, d’Elisabeth Borrel,l’épouse du disparu, elle-mêmemagistrate et qui suit de prèscette enquête – laquelle a déjà vuse succéder cinq juges, alors quele corps de la victime étaitplusieurs fois exhumé.Dans un style anglo-saxon,en se mettant en scène, les deuxjournalistes reprennent le travail.Ils ont en particulier retrouvédeux anciens officiers de la gardeprésidentielle à Djibouti,Mohamed Alhoumekani et AliIftin. Ce dernier, chef dela sécurité, revient sur sontémoignage officiel et évoque uneconversation en haut lieu, avantla mort de M. Borrel. Il assureque pour les participants, parmilesquels Ismael Omar Guelleh,actuel chef de l’Etat, la futurevictime était un homme qui était« en train de s’occuper d’affairesqui ne le concernaient pas ».« Pour conserver son leadership surcette partie d’Afrique, pour ne pasdéstabiliser Djibouti, la France asacrifié un magistrat en missionofficielle », concluent de manièrepéremptoire les deux journalistes.

LES GENSDU MONDEJeff Koons, la mélodie

du bonheur

RADIO

Le sculpteur est sans doute l’artiste

le plus célèbre aux Etats-Unis. Rencontre

dans son atelier géant, à New York

-

TÉLÉVISION

f 1955

Naissance à York(Pennsylvanie).

f 1976

Installation à NewYork, où il commenceà produire des jouetsgonflables, lapinset fleurs en plastique.

f 1989

Commence la série« Made in Heaven »,où il se met en vedettefilant le parfait amouravec la Cicciolina,qu’il épouse en 1991.

1

f Soirée lyrique : Werther20 heures, Radio ClassiqueIl s’agit du Werther de JulesMassenet. Le compositeurfrançais est réputé pourson adaptation du roman deGoethe. Les Souffrancesdu jeune Werther lui ont demandésept ans. Massenet a su exprimertoute la profondeurdes personnages. Créé à Vienneen 1892, Werther a, depuis lors,fait le tour du monde.

2

f Journée spéciale sur le sidaRFIA l’occasion de la Journéemondiale du 1er décembrepour la lutte contre le sida,RFI consacre de nombreusesémissions au sujet toutau long de la journéef Les matins de France-Culture8 h 30, France-CultureEric Dupin, ex-éditorialisteà Libération, aux Echos, auteurrécemment de Sortir la gauchedu coma – comprendre les racinesd’un désastre (Flammarion),devient chroniqueur économiqueet politique pour « Les Matins deFrance-Culture ». On pourradésormais l’entendre chaque jour,du lundi au vendredi, avantla revue de presse de Jean-LouisEzine.

f Alter ego10 heures, France-Inter« Notre société est-elle encorehomophobe ? » Patricia Martinreçoit Jean-Claude Boulard (mairedu Mans), Gonzague La Tourde Mossart (Des aveux, chroniqued’une enfance homo).f Les cheminsde la connaissance :lire le Coran13 h 40, France-CultureL’écrivain, poète et essayistetunisien Abdewahad Medded,professeur de littératurecomparée à l’université Paris-X,auteur de La Maladie de l’islam(Seuil), confronte, dans une sériede cinq émissions, les regardsde l’historien, du philologue, dupaléographe, du traducteur et del’exégète. Du lundi au vendredi.f Valérie Durier14 heures, Europe 1Sur le thème « Je travaille enfamille », Valérie Durier reçoitGuillaume Roquette (L’Entreprise).f Résonance18 h 15, France-InterPierre Weill reçoit Georges Fleury(Histoire secrète de l’OAS).f Le grand débatRTL - « Le Monde »18 h 30, RTLAlain Duhamel invite ArnaudMontebourg, député socialistede Saône-et-Loire, et PatrickDevedjian, ministre déléguéaux libertés locales, à débattrede la réforme des institutions.

Amicalement vôtre, de SowetoEvidemment, c’est tard, très tard, bien au-delà de minuit. Il ne faudrait

pourtant pas se décourager. Le film qu’on va voir est étonnant, représenta-tif de cette nouvelle génération de cinéastes sud-africains totalementdécomplexés, de ceux qui étaient encore enfants dans les années 1980,dans les grands moments de la lutte contre l’apartheid. Ils ont grandi.Dumisani Phakathi, né à Soweto dans les quartiers les plus pauvres, aquitté le ghetto pour y revenir. Il se bat pour qu’existe un cinéma sud-afri-cain noir, qui ne dépende pas des producteurs blancs. Un cinéma autono-me. Quand le réalisateur et producteur Philip Brooks (Dominant 7) l’a ren-contré en 1996, Dumisani Phakathi était un jeune comédien de théâtre. Ilest devenu le personnage principal du documentaire de Karim Dridi, Impres-sions de l’Afrique du Sud (diffusé sur Arte). Puis le comédien a commencé deréaliser des films, un documentaire, Rough Ride (de vieux chauffeurs detaxi racontent leur histoire d’apartheid), et deux courtes fictions, Christmaswith Granny et Waiting for Valdes. Quand Philip Brooks l’a contacté à nou-veau pour participer au grand projet international « Steps for the Future »,appel à des cinéastes africains afin qu’ils donnent leur regard sur le sida,Dumisani Phakathi a filmé les gens de sa rue. Caméra crue, complice,lucide, bousculante. – C. H.

« Wa’n’wina », dimanche 1er décembre, 0 h 30, Arte.

C U L T U R E P O R T R A I T

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26/LE MONDE/DIMANCHE er - LUNDI 2 DÉCEMBRE 2002

r a d i o - t é l é v i s i o nS A M E D I 3 0 N O V E M B R E

T F 1 F R A N C E 2 F R A N C E 3 C A N A L + F R A N C E 5 / A R T E M 6

13.20 La Croisée des destins Téléfilm.David Greene. Avec Sidney Poitier. [1 et 2/2](EU, 1995, d) & 16.40 Drôle de scène 17.10Un monde meilleur Téléfilm. LaurentDussaux. Avec Natacha Régnier (Fr., 1996, d)& 18.55 Sept Jours Pour Agir Série (saison 2).Les petites sorcières & 19.54 Le Six Minutes,Météo 20.05 E = M6 Magazine 20.40 Sport 6Magazine 20.49 Très sport Magazine.

20.50 C LES PRODUITS STARSDE L’ALIMENTAIRE Magazine présentépar Emmanuel Chain. Au sommaire :Sans sucre : la fortune du light ; La Vachequi rit, reine des sables ; Le conquérant duBeaujolais ; Feta made in France ; Chocolats,une histoire belge ? 98499739

22.54 Météo.

22.55 C P Magazine présentépar Christian Blachas et Thomas Hervé. Ausommaire : La « ludic’tature » ; Le marketingdes Lolitas ; C’est l’actu ; Planète pub. 3676333

23.25 Echange tabou Téléfilm. Marcisde Carrabas. Avec Serena Monti, Angelina.Erotique (France, d) !. 2628642

1.00 Sport 6 Magazine. 2201111 1.08Très sport Magazine. 313342821 1.10 TurboMagazine. 1992550 1.39 Warning Magazine.413363314 1.40 M6 Music / Les Nuits deM6 Emission musicale (320 min). 29358289

f En clair jusqu'à 14.30 13.40 La Semaine desGuignols 14.15 Le Zapping 14.30 La GrandeCourse 15.00 Livraison illicite Téléfilm. SigiRothemund (All., 2000, d) % 16.30 Le Journaldu cinéma & 16.40 Les Simpson Histoires declochard & 17.05 Partir avec National Geogra-phic [3/8]. Le langage des géants d’Etosha &

18.00 Billy Elliot Film. Stephen Daldry & f En

clair jusqu'à 20.30 19.50 Ça Cartoon Magazine &.

20.30 F CHAMPIONNATDE FRANCE LIGUE 1. Auxerre - Bordeaux.17e journée. 20.45 Coup d’envoi. 457536Auxerre qui ne gagne plus, reçoitune équipe bordelaise qui ne gagnetoujours pas.

22.50 L’E Présenté par Hervé Mathoux. 574178L’actualité des championnats euro-péens. De l’Espagne à l’Angleterre, enpassant par l’Italie et l’Allemagne.

23.55 Jour de rugby 8117791 0.40 24 heureschrono Série (S1, v.o.). 22 h 00 - 23 h 00 %

7074753. 23 h 00 - Minuit %. 3273579

2.05 Anatomie a Film. Stefan Ruzowitzky.Avec Franka Potente (All., 2000, v.o., d) ?.7603192 3.40 Je rentre à la maison a a a

Film. Manoel de Oliveira. Avec Michel Piccoli(Fr. - Port., 2001, 85 min, d) &. 2993937

14.40 Tennis Coupe Davis. Finale (les deuxderniers simples) OU Victoria et Albert. Télé-film. John Erman. Avec Victoria Hamilton,Jonathan Firth (GB - EU, 2001, d) 17.55 Keno18.00 Explore Veaux, vaches, cochons,couvées 18.45 Gestes d’intérieur Magazine18.50 Le 19-20 de l’info, Météo 20.15 Conso-mag 20.20 Les Nouvelles Aventures de LuckyLuke La guerre des toubibs d.

20.50 I BLE MYSTÈRE DE LA TOMBE Téléfilm. MoiraArmstrong. Avec John Nettles, Daniel Casey,Jane Wymark, Laura Howard, Barry Jackson(Grande-Bretagne, 2000, d ). 565420Au musée du village, la lacérationmystérieuse d’une toile est imputée àdes phénomènes paranormaux.22.40 Météo, Soir 3.

22.55 F E EMagazine présenté par Christine Ockrentavec Gilles Leclerc, Serge July et Jean-MichelBlier. 88069750.10 Cinéma de minuit : hommage à Alexan-dre Dumas - Le Comte de Monte-Cristo a

Film. Robert Vernay. Avec Pierre Richard-Willm, Michèle Alfa (Fr., 1943, N.). 4761395Le récit d’une célèbre vengeance,légèrement emphatique.

1.45 Soir 3 2.10 Thalassa Magazine. 4209666d 3.40 Faut pas rêver Destination Nouvelle-Calédonie. 2983550 d 4.50 La Case de l’oncleDoc Citoyen américain. Documentaire.Florence Martin-Kessler. 9404918 (55 min).

16.30 Chapeau melon et bottes de cuir Affec-tueusement vôtre & 17.30 Amicalementvôtre Un drôle d’oiseau & 18.30 Caméra caféSérie 19.05 Turbo, Warning 19.54 6 minutes,Météo 20.05 Plus de Popstars 20.40 Cinésix.

20.50 D A Destinée &

9090479. Vivre libre ! & 1790363. Série(saison 2, 20 et 21/21). James Whitmore Jr ;James Cameron. Avec Jessica Alba,Michael Weatherly, Henri Lubatti, Paul Perri.Le dernier épisode de la secondesaison est réalisé par celui qui estégalement le créateur de la série :James Cameron.

22.55 A --Téléfilm. Dick Lowry. Avec Lori Loughlin,Bruce Campbell (EU, 1997, d) %. 822160Rêvant de devenir rapidement riches,ils s’improvisent : pilleurs de banque.

0.30 Sex and the City Série (saison 3, 13et 14/18). La Cité des Anges % 3475517. Contre-façons % 3886284. 1.34 Météo 1.35 Drôlede scène Divertissement. 52101197 2.10M6 Music / Les Nuits de M6 64985178

14.50 Alerte à Malibu Série 15.45 Will &Grace Rien ne va plus 16.15 Invisible ManDeux mères pour un bébé 17.05 Sous le soleilLe saut de l’ange 18.10 Star Academy 18.55Le Maillon faible 19.55 Météo 20.00 Journal.

20.50 S A Divertissementprésenté par Nikos Aliagas. Invités :Phil Collins, Ray Charles, Gérald de Palmas,Laura Pausini. 77351504Après les départs de Fabien et Anne-Laure, l’élimination se jouera ce soirentre Georges-Alain et Aurélie quiont été nominés...

23.10 N Y U STémoignage par procuration % 1874837.Le trio infernal ? 68642. Série (saison 3,17 et 18/23). Avec Chris Meloni.1.00 Hit’s & Co Magazine. 8765178.

1.55 Les Coups d’humour Gilbert Montagné.60098371 2.30 Reportages Le plus beau cime-tière du monde. 9289710 2.55 Très pêcheSpécial carpe 3.50 Histoires naturelles Trui-tes... crapauds... perroquets (25 min). 6174623

12.35 Arrêt sur images Contre la violence,mais laquelle ? 13.35 Les Refrains de lamémoire Elle a les yeux revolver, 1985 14.05Egypte Les rois et le chaos 15.10 Marins enpérils d 16.10 Strasbourg-Périgueux, destinscommuns 17.05 Ripostes spécial Premierspas. L’école 19.00 Flash info 19.01 Maestrospécial - Sibelius Kullervo. Par l’Orchestre dela radio finlandaise. 20.20 Arte info, Météo.

20.46 T - P ,P L LAUTREC Film. RogerPlanchon. Avec Régis Royer, Elsa Zylberstein,Anémone, Claude Rich (Fr., 1998) % 10072235222.50 Thema - Paris 1900 Film. Nicole Védrès(Fr., 1946, 65 min, N., d). 849994 23.55Thema - Palettes, Henri de Toulouse-LautrecDécoration pour la baraque de la Goulue :une légende fin de siècle. A. Jaubert. 1721420

0.30 W ’ AMICALEMENT VÔTREDocumentaire. Dumisani Phakati. 3854685Des jeunes gens de Phiri, quartier deSoweto, en Afrique du Sud, se livrentà l’un de leurs camarades, DumisaniPhakati, réalisateur né dans ce quar-tier. Ils évoquent librement le sexe, leplaisir, les tabous, et le sida qui rôde...1.25 Metropolis Magazine. Berlioz. MatthewBarney. Le général Dumas. 5312043.

2.20 Le Sabotier du Val de Loire a a Film.Jacques Demy. Avec Georges Rouquier(France, 1955, N., 25 min) 6769685 2.40 Artescope Magazine 4130802 (15 min).

18.05 Le Magazine de la santé Le coma 19.01Le Forum des Européens Les gourous dubon goût 19.45 Arte info 20.00 Le Dessousdes cartes L’Europe des transports [1/2] :état des lieux 20.10 Météo 20.15 Contacts.

20.40 L’A ROME, 1785 Documentaire. Jean-Luc Portron(France, 2002). 6340856A la fin du XVIIIe siècle, Rome profite dela redécouverte de l’art et del’architecture antiques pour devenir leplus important foyer du néoclassicisme.21.35 Metropolis Magazine. Berlioz. MatthewBarney. Le général Dumas. 5776382

22.30 P Téléfilm. J. Renard. Avec Aurore Clément,Luce Mouchel (Fr. - Bel., 1998, d). 2848818La mort de leur père est l’occasion pourtrois sœurs de reprendre goût à la vie.

0.10 La Lucarne Alger-Beyrouth pour mémoire.Téléfilm. Merzak Allouache. Avec FabienneBabe (Fr., 1998, d). 3811913 1.40 Juha a a

Film. Aki Kaurismäki. Avec S. Kuosmanen(Fin., 1999, muet, N., v.o., 75 min). 7609772

15.00 Rugby Top 16 : Biarritz - Montferrand17.00 Football Ligue 1 : Monaco - Paris-SGf En clair jusqu'à 20.55 19.20 Journal 19.30 Enaparté Jean-Claude Brialy, Luis Fernandez20.30 7 jours au Groland 20.55 Le Zapping.

21.00 24 22 h 00 -23 h 00 % 33160. 23 h 00 - Minuit % 661585.Paul Shapiro ; Stephen Hopkins. Avec KieferSutherland, Elisha Cuthbert, Denis Hopper.Jack, libéré, tente de rencontrerPalmer. Celui-ci donne rendez-vousà Patty dans une chambre d’hôtel,tandis que Nina et Tony enquêtentsur un agent double.

22.25 J 17e JOURNÉEDE LIGUE 1 ET LIGUE 2 Présenté par GrégoireMargotton et Vincent Radureau. 16817210.00 L’Ile des morts Téléfilm. Tim Southam.Avec Talisa Soto (EU, 2000, d) ? 75265.

1.30 Dis-moi oui Film. Alexandre Arcady.Avec Jean-Hugues Anglade (Fr., 1995, d).3371333 & 3.15 Amour d’enfance a a Film.Yves Caumon. Avec Mathieu Amalric, LaurylBrossier (France, 2001, 100 min d). 2908831

FILMS13.30 Roberta a William A. Seiter (Etats-Unis, 1935,N., v.o., 105 min). TCM15.10 Mensch ohne Namen a a Gustav Ucicky(Allemagne, 1932, N., v.o., 85 min) & CC Classic16.35 Eté violent a a Valerio Zurlini (Italie, 1959, N.,v.o., 100 min) & CC Classic17.50 Dainah la métisse a Jean Grémillon (France,1931, N., 55 min) & Cinétoile18.10 Meurtre dans un jardin anglais a a a PeterGreenaway (GB, 1982, v.m., 105 min) & CC Auteur19.40 Le Chat noir a Edgar G Ulmer (Etats-Unis,1934, N., v.o., 65 min) & CC Classic20.45 Les Désaxés a a John Huston (Etats-Unis,1961, N., v.m., 120 min) % TCM21.00 Une nuit à l’opéra a a Sam Wood (Etats-Unis,1935, N., v.o., 90 min) & Cinétoile22.15 American Beauty a a Sam Mendes (Etats-Unis,1999, 120 min) & TPS Star22.50 Firefox, l’arme absolue a a Clint Eastwood(Etats-Unis, 1982, v.m., 120 min) % TCM23.35 Les Espions a a Henri-Georges Clouzot (France,1957, N., 120 min) & CC Classic23.45 Marion a a Manuel Poirier (France, 1996,105 min) & CC Premier0.05 Jules et Jim a a a François Truffaut (France,1962, N., 105 min) & Cinétoile0.30 Les Arnaqueurs a a a Stephen Frears(Etats-Unis, 1990, v.o., 110 min) ? Cinéstar 2

FILMS16.00 Honkytonk Man a a Clint Eastwood. AvecClint Eastwood, Kyle Eastwood, John McIntire(Etats-Unis, 1982, v.m., 135 min). TCM16.35 Le Tombeur de ces dames a a Jerry Lewis(Etats-Unis, 1961, 95 min) & Cinétoile18.15 Quand les aigles attaquent a Brian G Hutton(Grande-Bretagne, 1969, v.m., 150 min). TCM21.45 Bad Man of Deadwood a Joseph Kane(Etats-Unis, 1941, N., v.o., 55 min) & CC Classic22.15 La Dernière Valse a a Martin Scorsese(Etats-Unis, 1978, v.o., 120 min). TCM23.00 Jubilee a a Derek Jarman (Grande-Bretagne,1977, v.o., 105 min) ? CC Auteur23.00 Le Train a a John Frankenheimer (EU - It. - Fr.,1964, N., v.m., 130 min) & CC Succès23.00 Caltiki, le monstre immortel a Riccardo Fredaet Mario Bava (EU - It., 1959, N., 75 min) & CC Classic0.15 L’Epreuve de force a Clint Eastwood (Etats-Unis,1977, v.m., 115 min) % TCM0.15 Alphaville a a Jean-Luc Godard (France, 1965,N., 95 min) & CC Classic0.45 Meurtre dans un jardin anglais a a a PeterGreenaway (GB, 1982, v.m., 105 min) & CC Auteur1.00 Annie Hall a a a Woody Allen (Etats-Unis, 1977,v.o., 90 min) & Cinétoile

17.40 CD’aujourd’hui 17.45 Tous pour un,un pour tous Alexandre Dumas au Panthéon19.55 C’est pas banal 20.00 Journal d

20.35 Talents de vie 20.40 Tirage du Loto20.45 Un cœur qui bat 20.46 Météo.

20.55 80 RD Magazine présenté par DanielaLumbroso. Invités : Raymond Devos ;Dany Boon, Franck Dubosc, François Morel,Elie Semoun, Pierre Arditi, Laurent Gerra,Michel Boujenah, Shirley & Dino, les frèresTaloche, Didier Gustin, Michel Galabru,Philippe Caubère, Yves Duteil, Maurane,Michel Leeb, Vincent Rocca. 3991943

23.15 T Invités : Michèle Laroque, Steevy Boulay,Leila Shahid, Geneviève de Fontenay, Titoff,Matthieu Aron, Marie-France Etchegoin, LoïkLe Floch-Prigent, Elie Chouraqui... 8509653

1.35 Journal, Météo 2.00 Thé ou café CaroleBrisset 2.35 De Zola à Sulitzer 3.05 L’Eveil deBouddha 7669449. 3.45 Galapagos, les amisde Georges le solitaire 6431517 & 4.00 Com-me au cinéma, l’émission (140 min). 32375913

13.00 Journal 13.15 J’ai rendez-vous avec vous13.41 Météo 13.45 Vivement dimancheInvité : Bernard Kouchner 15.35 WashingtonPolice Série (saison 1). Le Justicier & 16.25 Bos-ton Public Série (saison 1) Chapitre 13 & 17.10JAG Série (saison 6). En quête d’innocence &

18.00 C’est ma tribu 18.05 Stade 2 Magazine19.15 Vivement dimanche prochain 20.00Journal, Météo 20.45 Un cœur qui bat.

20.55 L R M a Film.Patrice Chéreau. Avec Isabelle Adjani,Daniel Auteuil, Virna Lisi. Histoire [1 et 2/2](France, 1994, d) ?. 223062 - 4648197Reconstitution stylisée, et à vrai dired’une emphase à laquelle tout le mon-de ne saurait adhérer, du roman deDumas.0.05 Journal, Météo.

0.25 A ’ LOVE UNITED Documentaire.Pierre Quatrefages &. 4210005Le making of du clip de la chanson« Live for Love United », composéepar Pascal Obispo et interprétéepar quarante-cinq footballeurs.

1.55 Vivement dimanche prochain BernardKouchner. 5512753 2.35 Thé ou café Invité :J.-L. Aubert. 1736579 3.25 24 heures d’info,Météo 3.45 Tokyo côté cœur Doc &. 76316664.25 Stade 2 Magazine (60 min). 4728289

17.45 Côté maison 18.15 Un livre un jourMes Mémoires, d’Alexandre Dumas 18.20Questions pour un champion 18.45 Gestesd’intérieur 18.50 Le 19-20 de l’info, Météo20.10 Tout le sport 20.25 Euro millionnaire.

20.55 L F Téléfilm. Philippe Venault. Avec Eva Mazau-ric, Elisabeth Margoni, Marie Vernalde,Hélène Surgère (France, 2002, d). 9358566Pour soutenir financièrement l’uned’elles, les femmes du comité des fêtesd’une charmante commune décidentd’être les mannequins du prochaincalendrier.

22.30 F DESTINATIONNOUVELLE-CALÉDONIE Magazine présentépar Laurent Bignolas &. 400083723.40 Météo 23.45 Soir 3 0.05 La Case del’oncle Doc Citoyen américain. 6237352

1.00 Ombre et lumière Andrée Putman.8771739 1.35 Sorties de nuit Alain Souchon.2600401 2.30 Euro millionnaire 2.55 Soir 33.20 On ne peut pas plaire à tout le mondeMagazine (135 min). 33966710.

DÉBATS12.10 15.10 Le Monde des idées. Actualité d’AlbertCamus. Invitée : Jacqueline Levi-Valensi. LCI18.30 Le Grand Jury RTL - Le Monde - LCI. Invité : PhilippeDouste-Blazy. LCI19.30 Bibliothèque Médicis. Irak, la prochaineguerre ? Public Sénat

MAGAZINES15.45 Un jour, deux stars. Invités : Youssou N’Dour ;Robin Renucci. Match TV16.35 L’Echo des coulisses. Richard Bohringer. Paris Première17.00 Explorer. Traqueurs de requins. Modèles réduitsen folie. Vol au-dessus de la canopée. Courage à l’étatpur. National Geographic18.45 Field dans ta chambre. Paris Première18.55 Comme à la télé. Invités : Bruno Masure ;Laurence Boccolini. Match TV19.45 Recto Verso. Invité : Laurent Voulzy. Paris Première22.00 Le sens du voyage, le voyage des sens. DanielAuteuil. Voyage22.30 L’Actors Studio. Sarah Jessica Parker. Paris Première23.00 Explorer. Cascadeurs des canyons. La cité perduedes mayas. Otaries déchaînées. National Geographic

DOCUMENTAIRES17.00 La Nomenklatura soviétique. toute l' HISTOIRE17.20 Barbara. Planète17.55 Chacun son destin. Joan Crawford. Monte-Carlo TMC

18.00 Yougoslavie, une guerre évitable. toute l' HISTOIRE18.30 Living Stones. Héliopolis-Baalbek. Odyssée19.05 El Greco. Odyssée19.30 Genèse de l’Europe, la Renaissance. [4/6]. Histoire19.50 Les Mystères de l’Histoire. L’arche de Noé etl’Exode. toute l' HISTOIRE19.55 Staline secret. Odyssée20.50 Les Complices d’Hitler. Eichmann. toute l' HISTOIRE21.00 Voyage pratique. Le Mont-Saint-Michel et sa baie,envoûtante merveille. Voyage21.45 Michel Petrucciani. Non Stop Travel. Mezzo22.05 Le Berceau des géants. Odyssée22.30 Muhammad Ali, au-delà du ring. Planète22.35 Pierre Mendès - France. toute l' HISTOIRE23.00 Pilot Guides. Malaisie et Thaïlande du Sud. Voyage23.45 Le Choc Benetton. Planète

SPORTS EN DIRECT13.15 Football. Angleterre : Liverpool - Manchester. Sport+13.15 Bobsleigh. Coupe du monde. Bob à 4 messieurs.A Altenberg (Allemagne). Eurosport14.00 Equitation. Jumping de la Porte de Versailles. AuParc des expositions, à Paris. Paris Première15.00 Football. Italie : Empoli - Milan AC. Sport+16.15 Football. Ligue des champions africaine :Finale. Eurosport19.00 Football. Espagne : Real Sociedad - Barcelone. Sport+19.00 Ski. Coupe du monde. Super G messieurs. A LakeLouise (Canada). Eurosport

MUSIQUE18.00 Récital Sergueï Tarassov. En 1999. Mezzo0.00 Ton Koopman dirige Jean-Sébastien Bach. [3/6].Utrecht, en 1997. Cantate Wachet auf, ruft uns dieStimme, BWV 140. Par l’Amsterdam Baroque Orchestra etL’Amsterdam Baroque Choir, dir. Ton Koopman. Mezzo0.55 Ton Koopman dirige Jean-Sébastien Bach. [4/6].Utrecht, en 1997. Cantate Herz und Mund und Tat undLeben, BWV 147. Mezzo

TÉLÉFILMS17.25 Clover. Jud Taylor. RTL 918.00 La Divette. Alfredo Giannetti. Histoire19.00 Les Filles de l’océan. Joyce Chopra. Disney Channel19.40 Au nom de tous les miens. R. Enrico. [1/8]. Festival20.50 Une femme en blanc. Aline Isserman. [6/6] & Téva

SÉRIES19.15 High Secret City. La loi ou la justice (s3, 1/22). Série C.20.45 Les Soprano. Tony mène sa barque. Déprime(saison 4, 1 et 2/12, v.m.) % Canal Jimmy20.50 The Practice. New Evidence [1/2] (s4, v.o.). Série Club21.40 Gideon’s Crossing. Dr Cherry Must Be Stopped(saison 1, 12/21, v.o.). & Série Club22.30 Oz. Impuissance (saison 5, 8/8, v.o.) ! Série Club23.35 Star Trek, Deep Space Nine. Les petits hommesverts. Les Karemmas (saison 4, 6 et 7/26, v.o.) & Jimmy1.15 Star Trek, la nouvelle génération. Evolution (saison 3,1/26, v.o.) & Canal Jimmy

DÉBATS13.30 Bibliothèque Médicis. Irak, la prochaineguerre ? Public Sénat17.10 Le Monde des idées. Actualité d’Albert Camus.Invités : Jacqueline Levi-Valensi, Jean Daniel. LCI19.20 En quelques mots. Etre paysan au XXIe siècle. Planète22.30 Paroles d’Europe. La Turquie est-elleeuropéenne ? Public Sénat

MAGAZINES15.00 Alexandre Dumas au Panthéon.Cérémonies. Public Sénat16.30 Plaisir de France. Invitée : Hélène Carrèred’Encausse. Match TV18.55 Un jour, deux stars. Invités : Youssou N’Dour ; RobinRenucci. Match TV23.00 Explorer. Traqueurs de requins. Modèles réduitsen folie. Vol au-dessus de la canopée. Courage à l’étatpur. National Geographic

DOCUMENTAIRES17.20 Oncle Saddam. Planète17.35 Living Stones. Héliopolis-Baalbek, le gigantismeau service des dieux. Odyssée19.00 Les Prédateurs du ciel. National Geographic19.30 Océanide. Madagascar, les îles du mystère. Odyssée

19.50 Les Mystères de l’Histoire. Le Sphinx etses mystères. toute l' HISTOIRE20.00 Routes oubliées. Le Bhoutan, la perle del’Himalaya. Voyage20.00 La Preuve par pieuvre. National Geographic21.00 Une ombre dans les yeux. Histoire21.00 L’Australie en train. La région de Victoria. Voyage21.55 Iran, le foot, un enjeu pour tous. Histoire22.00 Lions dans la nuit africaine. National Geographic22.40 L’Everest à tout prix. Planète23.00 Pilot Guides. Java et Sumatra. Voyage23.40 Hillary et Tenzing, premiers vainqueursde l’Everest. Planète

SPORTS EN DIRECT15.30 Football. Allemagne : Bayern - Hertha Berlin. Sport+17.30 Rugby à XIII. Test-match. France - Nouvelle-Zélande.A Perpignan (Pyrénées-Orientales). Sport+19.15 Ski. Coupe du monde. Descente messieurs. A LakeLouise (Canada). Eurosport20.00 Football. Ligue 1 : Bastia - Marseille. TPS Star20.30 Football. Angleterre : Arsenal - Aston Villa. Sport+20.50 Equitation. Jumping de la Porte de Versailles,à Paris. Paris Première21.00 Ski. Coupe du monde. Slalom dames (2e manche).A Aspen (Colorado). Eurosport

MUSIQUE20.45 La Fille du Far West. Opéra de Giacomo Puccini.Scala de Milan en 1991. Par l’Orchestre et les Chœursde la Scala de Milan, dir. Lorin Maazel. Mezzo0.30 New York Tango. Montréal, en 199. Avec RichardGalliano (accordéon), George Mraz (contrebasse),Al Foster (percussions), Bireli Lagrene (guitare). Mezzo

TÉLÉFILMS17.45 La Couleur du mensonge. H. de Laugardière & Téva18.20 Rome libérée 1870. Alfredo Giannetti. Histoire19.00 Le Trésor des fées. Paul Matthews & Disney Channel22.35 Les Anges de la Crime. Rod Holcomb & Canal Jimmy22.45 La Mort de Marie-Antoinette. Stellio Lorenzi. Histoire

SÉRIES18.10 Les Chemins de l’étrange. La messagère (saison 1,12/22) & TPS Star20.00 Scrubs. Mon héros. Mon dernier jour (saison 1,23 et 24/24, v.o.). Paris Première20.45 Bergerac. La Part du feu. TV Breizh20.55 Boulevard du palais. Une justice en béton. TMC22.25 High Secret City. Intime conviction (saison 3, 2/22,v.o.). Série Club23.10 Oz. Bonnes intentions (S5, 7/8, v.o.) ! Série Club0.05 Ally McBeal. I Will Survive (S3, 17/21, v.o.) & Téva

13.00 Journal, Météo 13.25 Walker, TexasRanger Série (Saison 9). Une question de foied 14.20 La Loi du fugitif Série. Difficilesrévélations 15.10 Preuve à l’appui Série(saison 1). Un vrai faux hold-up 16.00 NewYork, section criminelle Série (saison 2).La chair est faible % 16.55 Vidéo gag 17.55Le Maillon faible 18.50 Sept à huit Magazine19.55 Météo 20.00 Journal, Tiercé, Météo.

20.50 S-P Film. Alain Berbérian.Avec Richard Anconina, Frédéric Diefenthal,Chiara Mastroianni, Jonathan Firth. Suspense(France, 1999, d) ?. 79401975La traque d’un tueur en série par unpolicier. Quand le cinéma françaisveut imitet (mal) Hollywood.

23.00 B R a a Film. Terence Young.Avec Sean Connery, Daniela Bianchi,Pedro Armendáriz, Lotte Lenya, Robert Shaw.Espionnage (GB, 1963, d). 8353159Le deuxième épisode des aventuresdu célèbre agent secret, traqué ici parun tueur impitoyable. D’amusanteset modestes réminiscences hitchkoc-kiennes.

1.05 La Vie des médias Magazine. 89658211.25 Shanghai 2010 Documentaire. 74959562.15 Star Academy Les meilleurs moments.2694840 3.10 Météo 3.15 Roméo et Juliette(125 min). 33919802.

CÂBLE ET SATELLITE

CÂBLE ET SATELLITE

Les codes du CSA & Tous publics % Accord parental souhaitable ? Accord parental indispensable ou interdit aux moins de 12 ans ! Public adulte. Interdit aux moins de 16 ans # Interdit aux moins de 18 ans.Les cotes des films a On peut voir a a A ne pas manquer a a a Chef-d’œuvre ou classique. Les symboles spéciaux de Canal + DD Dernière diffusion d Sous-titrage spécial pour les sourds et malentendants.

FRANCE-CULTURE20.30 Une vie, une œuvre. Clifford D Simak(1904-1988).22.05 Projection privée. Invitée : MarieDubois, pour J’ai pas menti, j’ai pas tout dit.22.40 Atelier de création radiophonique.0.00 Equinoxe. Audace du oud.

FRANCE-MUSIQUES20.00 A l’improviste. Enregistré en public,en l’Eglise Notre-Dame d’Auteuil. Avec leLauréat du quatrième ConcoursInternational d’Improvisation à l’orgue de laville de Paris.21.30 Tapage nocturne.23.00 Le Jazz, probablement. Rencontresinternationales de jazz de Nevers.Enregistrées les 13 et 16 novembre.

RADIO CLASSIQUE20.00 Soirée lyrique. Werther. Opéra deJules Massenet. Par le Chœur d’enfants deBerlin et l’Orchestre symphonique allemandde Berlin, dir. Vladimir Jurowski, RamonVargas (Werther). 22.45 Soirée lyrique.Œuvres de Suk ; L’ Affaire Makropoulos, deJanacek, dir. Charles Mackerras, ElisabethSöderström (Emilia Marty).0.00 Les Nuits de Radio Classique.

RADIO

RADIO

FRANCE-CULTURE20.00 Elektrophonie. Corée et Japon [2/2].20.50 Mauvais genres. Entretien avec PacoIgnacio Taibo II.22.05 Fiction. « Palu », de Jean Regnaud.23.00 Le Monde en soi. Terre Neuvas.0.00 Nocturnes.

FRANCE-MUSIQUES18.08 L’Opéra de qua’t siècles. Les opérasoubliés.19.15 Place de l’Opéra.20.00 Rusalka. Opéra de Dvorak. En 1998.Par le Chœur du Théâtre de Prague etl’Orchestre du Théâtre national de Prague,dir. Jiri Behlolavek, Milan Maly, chef dechœur, Eva Jenisova (Rusalka), Anda-LouiseBogza (la princesse étrangère)...23.00 Le Bel Aujourd’hui. Festival Musica.Mario Caroli, flûte, Armand Angster,clarinette, Marie Violaine Cadoret, violon.

RADIO CLASSIQUE20.00 Les Rendez-Vous du soir. AntonArenski.22.00 Da Capo. Sir Thomas Beecham.

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LE MONDE/DIMANCHE 1 - LUNDI 2 DÉCEMBRE 2002/27

21 bis, rue Claude-Bernard, 75242 Paris Cedex 05 ; Tél. : 01-42-17-20-00 ; télécopieur : 01-42-17-21-21 telex : 202 806F ; tél. : relations avec abonnés : 01-42-17-32-90 ; e-mail : http://WWW.LEMONDE.FR

a Thémati-ques. Dessélections d’ar-ticles par thè-me regroupantle meilleur desarchives duMonde autour

de sujets d’actualité. En édition abonnés.a aden. Le guide hebdomadaire des sortiesculturelles (musique, cinéma, scènes, artset famille). http ://aden.lemonde.fra Décalé. Un sujet d’actualité insolite etoriginal est mis en avant par la rédactiondu Monde.fr. Tous les jours, toute l’annéeen « une » du site.

La revanche de la BCE

CHRONIQUE DE L’ÉCONOMIE

EN LIGNE SUR lemonde.fr

LA CARTE DES CRYPTES deSaint-Germain-des-Prés vient des’enrichir d’une nouvelle station :le « Métro-jazz », rue Saint-Julien-le-Pauvre. Ricochant sous les voû-tes, les éclats de la trompette dePeanuts Holland giclent partout,secouant vigoureusement les tym-pans et les couples de danseursspécialisés qui traduisent devantl’estrade les « chorus » très inspi-rés et si bien… expirés du musiciennoir. Ce cabaret est tout adonné

au jazz. Il essaie de retrouver parles vertus de la seule musiquecette haute tension des premiersâges des caves, des « Lorientais »par exemple, refusant toute con-cession à l’intermède-spectacle. Le« Métro-jazz » peut se permettrede garder la pureté des origines : lamusique qu’on y fait est de pre-mier choix. Souvenir des premierstemps du Hot Five avec Lil Arms-trong, la première femme de LouisArmstrong, qui tient toujours le

piano avec une autorité et une joiede vivre magnifiques, la très hon-nête formation de Michel Atte-noux (mais pourquoi certains musi-ciens ont-il l’air si blasés ?), et sur-tout Peanuts Holland à la sonoritépleine, aux idées larges, et qui saitsi bien faire un sort rythmique àchaque mot lorsqu’il chantedevant le micro.

Pierre Drouin(2 décembre 1952.)

a Tirage du Monde daté samedi 30 novembre 2002 : 570 911 exemplaires. 1 - 3Nos abonnés France métropolitaine trouveront avec ce numéro un encartpublicitaire « Fleurus ».

Taux en pourcentage

UN ÉCART CROISSANT

Sources : Bloomberg

Réserve fédéraleaméricaine

Banque centraleeuropéenne

2001janv. janv.juil. juil. nov.

2002

3

2

1

0

4

5

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7

3,25

1,25

FALLAIT-IL vraiment en pas-ser par la remise en cause publi-que de la direction artistique deBernard Faivre d’Arcier, bientôtci-devant directeur du Festivald’Avignon, pour nommer sesdeux fidèles aides de camp à sasuccession, dès l’issue de l’édition2003 du Festival de théâtre ?

Fallait-il que Catherine Tasca,ministre de la culture de gauche,le stigmatise la première dans lespages d’un grand quotidien dumatin, lui l’un des anciens brasdroits de Jack Lang dans le mêmeministère ?

Fallait-il que Jean-Jacques Ailla-gon, un peu coincé par sa devan-cière, annonce avant même qu’ilse rende en Avignon, cet été, qu’ilmettait fin au règne de Faivre ?Histoire de montrer qu’il y avaitcontinuité de décision Rue deValois ? Au moins a-t-il eu l’élé-gance de le faire avant et non àson retour du Festival. Sansdoute s’est-il réfugié derrière saconsœur pour faire ami-ami avecla mairesse d’Avignon. Marie-Josée Roig et Faivre ne filaientpas le parfait amour…

Non, mais la dépréciation, l’hu-miliation sont fréquentes dansles milieux de la culture quand onveut faire débarrasser le plancherà un responsable artistique, qu’ilsoit un artiste ou un patron d’ins-titution.

Alors imaginons le triomphe deFaivre, lavé de tout soupçonquand il a appris que Vincent Bau-drier et Hortense Archambaultavaient été choisis par Aillagon« dans un souci de garantir la con-tinuité du Festival. Vincent Bau-drier est un homme dont j’ai finipar lire les très grandes qualités etappris à apprécier la sincérité del’engagement artistique ».

Entre nous, s’il y en a un quisavait cela et depuis longtemps,c’est bien lui… qui aurait pu res-

ter en place jusqu’à la fin de soncontrat et passer le relais endouceur à ses deux poulains, qu’ilavait choisis pour de bonnesraisons.

D’un autre côté, le gouverne-ment a nommé – c’est CatherineTasca qui en a fait la propositiondu temps qu’elle était ministre –le Belge Gérard Mortier à la suc-cession d’Hugues Gall à l’OpéraBastille.

Une nomination qui n’a pasplus été remise en question quene l’aura été la mise en cause deFaivre. Pour une fois, applaudis-sons, car les trahisons à base decontrats de chefs d’orchestrelivrés en pâture au public ont lais-sé quelques mauvais souvenirsdans la maison Bastille. DanielBarenboïm et Myung-WhunChung en ont gardé un souvenircuisant. Evidemment, c’était leministère qui avait laissé filtrerdes documents qu’il tient habi-tuellement au secret.

Cette fois-ci, le ministère nepeut invoquer la continuité dela maison Bastille. A moins queMortier ne change, d’un coup, decap. Plus inscrits dans notreépoque, pour le meilleur et pourle pire, les spectacles qu’il aproduits au Théâtre royal de laMonnaie de Bruxelles comme auFestival de Salzbourg sont autre-ment plus captivants, inventifs,risqués que la moyenne de ceuxde l’Opéra de Paris. On se de-mande même ce qu’il va faired’une bonne partie du stock deproductions qui lui sera légué…

Cependant, c’est après avoircouvert de fleurs Hugues Gallque le ministère a choisi Mortier.

C’est donc au nom même del’absence de continuité et aumilieu des éloges fracassants quela décision fut prise, avec l’ab-sence de logique qui prévaut Ruede Valois.

L’EUROPE n’est pas à une incohérence près.Après avoir dénoncé, pendant des années, lesméfaits de l’hyperpuissance économique améri-caine, vilipendé sans relâche l’hégémonie et l’ar-rogance de Washington, voilà aujourd’hui sesdirigeants qui pleurent sur les ratés de la crois-sance aux Etats-Unis. Et prient pour que celle-ciredémarre au plus vite et le plus vigoureuse-ment possible afin d’aider la zone euro à sortirde la mauvaise passe conjoncturelle qu’elle-même traverse. Quant à ceux qui critiquaientl’impérialisme commercial américain, ils sontmaintenant les premiers à s’inquiéter des velléi-tés protectionnistes de l’administration Bush !Pire : personne, hier, dans les capitales européen-nes, n’aurait songé à évoquer l’aide économiquedécisive que nous apportait le dynamisme desEtats-Unis – à travers notamment leur propen-sion à dépenser et à importer des produits fabri-qués sur le Vieux Continent. Les gouvernementsde l’Union se plaisaient plutôt à railler le déséqui-libre de la balance commerciale des Etats-Uniset l’incapacité des Américains à épargner.Aujourd’hui, au contraire, c’est tout juste si l’Eu-rope n’impute pas ses propres difficultés écono-miques au ralentissement de la croissance del’autre côté de l’Atlantique, si elle n’accuse pasles ménages américains, devenus moins dépen-siers, d’être à l’origine de ses dérapages budgé-taires et si, enfin, elle ne désigne pas la chute duNasdaq comme étant la principale explication àla remontée de son taux de chômage !

Il est du moins quelques responsables euro-

péens que la baisse de régime de l’économieaméricaine n’accable probablement pas defaçon excessive. Ce sont les membres du conseildes gouverneurs de la Banque centrale euro-péenne (BCE). D’abord, en tant que gardiens del’euro, ils ne peuvent que se réjouir de l’affaiblis-sement récent du dollar qui a résulté des reverséconomiques et financiers des Etats-Unis. Maisles banquiers centraux européens apprécientpar-dessus tout que ceux-ci aient ébranlé le pré-tendu modèle monétaire américain, modèledont on ne cessait, depuis de longues années, deleur rebattre les oreilles. L’effondrement desmarchés boursiers puis la récession et aujour-d’hui l’anémie de la reprise ont sérieusemententamé la réputation d’excellence de la Réservefédérale américaine (Fed) et celle d’infaillibilité

de son président, Alan Greenspan. Sinon unejubilation, du moins une douce revanche pour laBCE que la perte de prestige de sa grande rivale.

Au cours de la décennie 90, au fur et à mesureque l’économie américaine accumulait les per-formances remarquables, les milieux financiersinternationaux avaient fait de M. Greenspanune sorte de dieu monétaire vivant, tout-puis-sant et infaillible. Il était considéré comme le pre-mier responsable du miracle économique améri-cain, loin devant Bill Gates et les autres chefsd’entreprise américains. Son habileté à fixer lestaux d’intérêt au bon niveau au bon momentétait supposée avoir plus d’importance que lesstructures mêmes de l’économie américaine –avance technologique, excellence des universi-tés, fiscalité incitative, marché du travail dérégle-menté, etc. Vénération en forme d’humiliationpour les banquiers centraux européens, l’exem-plarité de la Fed étant cruellement exhausséepour souligner leurs propres insuffisances etcarences.

Car dans une sorte de raisonnement àrebours, la politique monétaire de l’Union étaitconsidérée comme la principale cause du retardde croissance de l’Europe sur les Etats-Unis.L’obsession inflationniste déplacée et dépasséede la BCE, son indifférence institutionnelle àl’évolution du PIB et du chômage, sa communi-cation maladroite et ses tergiversations étaientcause des malheurs européens tandis que lamodernité de la Fed, son souci constant de sti-

muler l’activité économique, son sens des mar-chés et sa vitesse de réaction étaient à l’originedes prouesses américaines. Cette vision mani-chéenne n’est aujourd’hui plus de mise. La rouemonétaire tourne, et avec elle se font et sedéfont les réputations des banques centrales.

Hier révérée, la Fed se retrouve aujourd’huisur le banc des accusés. On lui reproche d’avoirfavorisé le gonflement de la bulle spéculativepar une distribution de crédit bien trop généreu-se, d’avoir nourri l’inflation des actifs financiers,provoquant du même coup une crise boursièred’une gravité exceptionnelle aux répercussionséconomiques encore impossibles à évaluer.Quant à sa façon de gérer la reprise, elle ne con-vainc pas davantage. Sa dernière baisse destaux, d’un demi-point, a été jugée par beaucoupexcessive, et par là même plutôt inquiétante. Onlouait il y a peu son dynamisme, on lui reprochemaintenant de se montrer agitée.

Par contraste, la politique extrêmement pru-

dente de la BCE apparaît posée : ses doutes etses hésitations sur la stratégie à adopter passe-raient presque pour de la sagesse. Une étudemenée par deux économistes peu suspects d’in-dulgence à l’égard de l’institut d’émission, Char-les Wyplosz et Patrick Artus, pour le compte duConseil d’analyse économique, conclut que laBCE a fait preuve, depuis sa création, d’« unpragmatisme de bon aloi », et non d’un dogmatis-me monétariste auquel semblait pourtant la des-tiner sa filiation avec la Bundesbank.

Ultime élément favorable à la BCE : la dérivedes finances publiques dans la zone euro et lapolémique autour du respect du pacte de stabili-té viennent d’apporter la preuve définitive quele déséquilibre du policy mix européen,c’est-à-dire du dosage entre politique monétaireet politique budgétaire, trouve bien son originedans le deuxième terme et dans l’incapacité dequelques grands Etats à réduire leur train de vie.Les turpitudes budgétaires de l’Allemagne et dela France constituent pour la BCE un excellentfaire-valoir en même temps qu’un efficace rem-part contre d’éventuelles critiques sur sa proprestratégie. Berlin et Paris sont désormais très malplacés pour lui donner des leçons de vertu éco-nomique.

Pierre-Antoine Delhommais

CONTACTS

Méfiez-vous des éloges !

IL Y A 50 ANS, DANS 0123

Sous les arceaux gothiques du « Métro-jazz »f RÉDACTION21 bis, rue Claude-Bernard, 75242 ParisCedex 05. Tél : 01-42-17-20-00 ;télécopieur : 01-42-17-21-21 ; télex : 202 806 F

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TENDANCE

Des cartesempoisonnées ?

aurontprofité de ce week-end pour com-mencer leurs achats de Noël.Dans la plupart des grands maga-sins, ils auront, à cette occasion,succombé aux arguments de ven-deurs zélés et demandé l’attribu-tion d’une carte de crédit aux cou-leurs du distributeur. Une aubai-ne apparemment. Ces petits rec-tangles de plastique permettentde bénéficier de remises impor-tantes (– 15 % en ce moment surles dépenses réglées avec la cartedu Printemps), d’accumuler des

points qui peuvent être échangéscontre des billets d’avion oud’avoir accès à des caisses réser-vées… Les avantages apparais-sent nombreux, mais ils peuventse payer d’une façon ou d’uneautre et, à l’usage, ces rectanglesde plastique peuvent se révélerempoisonnés.

D’abord, quelques cartes nesont pas gratuites : la carte Passde Carrefour est l’objet d’un abon-nement annuel qui peut s’éleverà 10,67 euros. Ensuite, elles sont,la plupart du temps, associées àun crédit fort coûteux. Paradoxa-lement, plus le montant de l’em-prunt est faible, plus les intérêtssont élevés : ils dépassent allègre-ment, dans une majorité de cas,les 20 % l’an !

A ce coût de crédit prohibitif, ilconvient d’ajouter celui de l’assu-rance (0,5 % par mois en moyen-ne), a priori facultative, mais quiest bien souvent chaudementrecommandée au moment de lasouscription.

Tout compte fait, les cartes demagasin constituent une vérita-ble manne pour les établisse-

ments de crédit qui les gèrent.Les banques traditionnelles l’ontbien compris.

Elles distribuent depuis plu-sieurs années des cartes bancai-res, utilisables dans tous lesmagasins et associées à des cré-dit moins coûteux que ceux pro-posés avec les cartes des distribu-teurs (environ 12 % l’an). Mais cesmoyens de paiement souffraientd’un handicap : ils ne donnaientl’accès qu’à un nombre très limitéd’avantages et de réductionschez les commerçants. Cette

lacune vient d’être récemmentcomblée par la banque en ligneEgg. Elle propose une carte ban-caire qui rembourse 5 % de tousles achats effectués avec elle jus-qu’au 19 janvier 2003 (1 % par lasuite). L’opération n’est cepen-dant intéressante que si son titu-laire ne puise pas dans le créditqui lui est associé, facturé près de13 % l’an.

D’autres banques ont, quant àelles, décidé de commercialiserdes cartes qui ne sont pas assor-ties de crédit, mais d’une multitu-de de services. Ainsi, la CaixaBankvient de lancer la « Carte essen-tielle », produit doté de plusieursassurances dont la couverture estplus élevée que celles qui sontassociées aux autres cartes. Maisl’originalité de ce produit est uneassurance qui couvre son titulaireen cas de réparations urgentes àson domicile. Une particularitéqui se paye cher : 145 euros l’an,auxquels s’ajoute un droit d’en-trée de 70 euros la premièreannée !

Joël Morio

Le titre Crédit lyonnais,à 50,25 euros, a bondide 29,04 % en cinq séances :BNP Paribas s’est portéeacquéreur, au prix de 58 eurosl’action, de la participationde l’Etat de 10,9 % du capitalde l’ancienne banque publique p. VII

Cela fait plusieursannées que la mena-ce d’une réforme dumode de fixation dutaux des livrets régle-mentés (Livrets A et

bleu, Livret d’épargne populaire– LEP –, codevi) et de ceux del’épargne-logement plane. Mais,depuis quelques semaines, elle seprécise. Dans la conjoncture actuel-le de crise boursière et de baissegénérale des taux, la rémunérationdes livrets (3 % net pour lesLivrets A, bleu et codevi, 4,25 %pour les LEP) apparaît trop élevée.« Non seulement le Livret A coûtecher en termes de revenu versé auxsouscripteurs, mais les marges préle-vées par les Caisses d’épargne et LaPoste pour la collecte de cette épar-gne (respectivement 1,2 % et 1,5 %)sont trop importantes comparative-ment aux frais de gestion de cescomptes », indique-t-on à la Caissedes dépôts et consignations(CDC), qui centralise les fondsrécoltés sur les livrets administréspour les réorienter vers le finance-ment du logement social, à l’excep-tion du codevi, dédié au développe-ment industriel. Le problème ne selimite pas seulement au Livret A etau Livret bleu du Crédit mutuel,mais concerne aussi les plansd’épargne-logement et plus préci-sément ceux ouverts aux guichetsde La Poste (les fonds collectés,moyennant une marge de l’ordrede 5 %, sont également confiés à laCDC), ainsi que les livrets d’épar-gne populaires, destinés au finan-cement de la politique de la ville.

Le ministre de l’économie, desfinances et de l’industrie, FrancisMer, a donc affirmé au mois de sep-tembre la nécessité d’une réflexionsur « l’équilibre structurel des fondsd’épargne gérés par la Caisse des

dépôts et consignations » qui s’estconcrétisée, en octobre, par le lan-cement d’une mission de réflexionsur l’épargne réglementée dont lesconclusions sont attendues le15 janvier 2003.

Un premier pas en faveur d’unefixation des taux administrésdavantage corrélée aux conditionsde marché avait été franchi par legouvernement de Lionel Jospin,avec la mise en place, en 1998,d’un comité consultatif des tauxréglementés (CCTR), dirigé parAndré Babeau. Le taux du Livret Aétait alors censé évoluer dans uncorridor borné, à la fois, par letaux d’inflation majoré de 1 pointet par le niveau des taux à troismois minoré de 0,5 point.

Faute d’avoir pu imposer sonavis (en juillet 2000, le taux duLivret A fut fixé à 3 %, un seuil quiallait au-delà de la recommanda-tion du CCTR), ce comité fut dis-sous en 2001. La question de labaisse de la rémunération duLivret A et de celle des autres for-mes d’épargne administrée demeu-re délicate.

Concernant une forme d’épar-gne restée fort populaire, elle appa-raît politiquement d’autant plussensible que le contexte boursier a

poussé les épargnants à redécou-vrir les vertus de ces placementsgarantis et défiscalisés. Après cinqannées consécutives de fluxannuels de collecte négatifs, leLivret A (107,6 milliards d’eurosd’encours) est repassé dans le verten affichant en décembre 2001 unecollecte positive de 1,6 milliardd’euros. L’épargne-logement(comptes et plans) pèse quant àelle 230 milliards d’euros, soit 52 %du total des 445,5 milliards d’en-cours gérés au titre de l’épargne àtaux réglementé.

Il n’est pas exclu pour autant queles deux experts nommés par Ber-cy, Philippe Nasse (vice-présidentdu conseil de la concurrence) etChristian Noyer (ancien vice-prési-dent de la Banque centrale euro-péenne), penchent, dans leursconclusions, pour une solution pro-che de celle déjà formulée en 1997par les sénateurs Alain Lambert(devenu depuis ministre déléguéau budget), Paul Loridant et Philip-pe Marini. « A l’époque, nous avionsrédigé une proposition de loi afinque les taux administrés soient revuschaque semestre en fonction de l’évo-lution conjoncturelle, par une instan-ce indépendante, le comité de laréglementation bancaire et financiè-re », rappelle M. Marini, sénateurde l’Oise (UMP) et rapporteur géné-ral de la commission des finances.Parmi les hypothèses avancéesplus récemment, le taux duLivret A pourrait varier régulière-ment en fonction d’un index deréférence qui reste à définir. A lademande de la commission de sur-veillance de la CDC, une décisiondevrait intervenir d’ici à mars 2003.

Laurence Delain

Lire pages II et III

f Fiscalité : pour 2003, le Sénat aopté, le 27 novembre, pour le relè-vement, à partir du 1er janvier2003, du seuil de cession desvaleurs mobilières non soumises àl’impôt sur le revenu, de 7 650 eurosà 15 000 euros, tout en rétablissantl’abattement en deux étapes sur lesrevenus mobiliers pour les foyerssoumis à la tranche supérieure del’impôt sur le revenu. Ces mesures,prises à l’occasion de l’examen duprojet de loi de finances pour 2003,s’ajoutent au vote des sénateurs enfaveur de l’augmentation du pla-fond du PEA (de 120 000 à132 000 euros) et de l’allongement àdix ans (contre cinq aujourd’hui) dela possibilité d’imputer ses moins-values boursières sur ses plus-values, à compter des moins-valuessubies au 1er janvier 2002.

f Plans d’épargne en actions :l’encours des PEA a reculé de18,3 % au cours du 3e trimestre2002, à 67,9 milliards d’euros, sousl’effet de la baisse des marchésfinanciers, selon une étude de laBanque de France, parue dans sonbulletin de novembre. La baisseatteint 34 % par rapport à son plushaut niveau historique, atteint finseptembre 2000. Sur la même pério-de, le nombre de PEA a légèrementprogressé (+ 0,4 %), pour s’élever à7,317 millions. La part des encoursen titres d’OPCVM représente64,6 % à fin septembre, contre 62 %à fin juin, tandis que la part desactions françaises est passée de36,9 % à 34,3 %.

La location des logementsen meublé se révèle plusrentable que la location nuepour le propriétaire. Il peut,à tout moment et sansen justifier, reprendreson appartement. En outre,ses revenus sont beaucoupmoins imposés p. IV

L’école de Paris, quiregroupe les peintresétrangers figuratifs installésà Paris après la premièreguerre mondiale, fait l’objetde ventes régulières.Il est possible de réaliserde bonnes acquisitions àmoins de 4 500 euros p. VIII

IMMOBILIERen euros, à Paris

ACTION CRÉDIT LYONNAIS

Source : Bloomberg 2002J J A S O N

50

45

40

35

30

25

Le 29 novembre 50,25

- 1 6 - 2 , 1 0 €

Une sociétéfrançaiseà deux vitesses

1962,annéedes changements

L’actualité du mois,dans « Les clés de l’info »

Deux grands dossiers... ...et

À LIRE DANS LE MONDE DOSSIERS&DOCUMENTS

L’avenir incertainde l’épargne réglementée. Livret A et autres livrets d’épargne-logement sontforts populaires. La rémunération de ces comptes, fixée par l’Etat,est avantageuse. Elle pourrait être remise en question

4,6

69,6

92,9

67,9

6,17

7

6,92

1

7,25

3

7,29

0

7,31

7

00*1999* 01* 02** 02*** 02*

60

80

100

120

ENCOURS EN BAISSE

Source : Banque de France * sept. **mars ***juin

Nombre de PEA (en millions de PEA)

Encours (en milliards d'euros,échelle de droite)

MARCHÉ DE L’ART BOURSE

CETTE SEMAINE

A un coût de crédit prohibitif s’ajoute celui del’assurance. Les cartes de magasin sont une

manne pour les établissements qui les gèrent

ARGENTDIMANCHE 1er - LUNDI 2 DÉCEMBRE 2002ÉPARGNE PLACEMENTS

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Toucher au Livret A enFrance, c’est un peucomme s’attaquer à labaguette de pain »,s’exclame en souriantun banquier. Le Li-

vret A, longtemps incarné par l’Ecu-reuil des Caisses d’épargne, fait eneffet un peu figure de chromo dansle paysage financier français. Et leschiffres sont là pour attester qu’ilne s’agit pas seulement d’une ima-ge d’Epinal. On dénombre 46 mil-lions de Livrets A en circulation,dont 54 % souscrits à travers leréseau des Caisses d’épargne et46 % auprès de La Poste. « Parmices livrets, nombre d’entre eux sontdes comptes dormants, ouverts à l’oc-casion d’une naissance ou d’un anni-versaire », reconnaît-on à la Caissenationale des caisses d’épargne,qui gère 4,6 millions de livrets déte-nus par des moins de dix-huit ansreprésentant un encours de 60 mil-liards d’euros. Il n’empêche.

Fort de 107,6 milliards d’eurosd’encours, le Livret A couvre à luiseul 37 % des 290,9 milliardsd’euros que représentaient à la finde 2001 l’ensemble des placementsà vue (lesquels, il faut le rappeler,ne couvrent que 14 % de l’épargnefinancière des ménages, qui attei-gnait, à la fin de 2001, plus de1 238 milliards d’euros).

Quatre raisons essentielles plai-dent toujours en faveur duLivret A : sa simplicité de fonction-nement et son accessibilité (onpeut en ouvrir un dès la naissan-ce) ; la sécurité qu’il offre (le capi-tal est entièrement garanti) ; saliquidité (on peut faire des allers et

retours à tout moment sans pénali-tés) ; enfin son absence de fiscalité.A cela, il faut ajouter, du moins jus-qu’à nouvel ordre, un rendementannuel net de 3 % relativementattractif pour un produit de cettenature. Certes, en contrepartie, leplafond de dépôt est fixé à15 300 euros, ce qui limite l’usagepatrimonial que l’on peut faire dece livret, du moins à titre indivi-duel. Au niveau familial, enrevanche, ce sont plusieurs dizai-

nes de milliers d’euros qui peuventainsi être placés en toute tranquilli-té et à l’abri du fisc (jusqu’à76 500 euros par exemple, dans lecas d’un couple et de trois enfants,où chaque membre de la familledétient son propre livret).

’En ces temps de tempête boursiè-

re, utiliser un livret réglementécomme placement d’attente nesemble pas une mauvaise solution.

D’autant que le champ de l’épar-gne administrée défiscalisée ne s’ar-rête pas aux seuls livrets de la Cais-se d’épargne ou de La Poste.

Outre le Livret bleu, cousin ger-main du Livret A, distribué par leCrédit mutuel (et non cumulableavec le Livret A), les particuliersont accès à quatre autres types delivrets. Le codevi tout d’abord. Ins-tauré par la loi du 8 juillet 1983 afinde favoriser le financement d’entre-

prises industrielles, ce comptepour le développement industriel(codevi) fonctionne, à peu de cho-ses près, comme le Livret A, si cen’est que son plafond de dépôtsest limité à 4 600 euros et que seulsles contribuables peuvent en déte-nir un (en revanche, chaque con-joint peut en ouvrir un, même s’il

détient déjà un Livret A ou bleu).Le Livret d’épargne populaire

(LEP), lui, offre une rémunérationextrêmement attractive (4,25 % netpar an) pour un plafond maximalde 7 700 euros. En revanche, com-me son nom l’indique, ce place-ment, dont les fonds sont destinésau soutien de la politique de la vil-le, demeure réservé aux personnesdont le montant d’impôt pour lerevenu 2001 (avant imputation de

l’avoir fiscal, du crédit d’impôt etde prélèvements non libératoires)ne dépasse pas 660 euros en 2002.

Le Livret Jeune, pour sa part,concerne les 12-25 ans. Sa rémuné-ration fixée librement par les ban-ques correspond, en général, auminimum au taux du Livret A(majoré dans nombre de cas d’unpoint) pour un montant maximumde dépôts de 1 600 euros. Ce livretpeut être souscrit en sus d’unLivret A ou bleu.

Les comptes d’épargne loge-ment, enfin, peuvent être utiliséscomme de simples placements detrésorerie dès lors qu’on y laisse unminimum de 300 euros. Rémuné-rés au taux de 2 %, on peut y placerjusqu’à 15 300 euros.

Si l’on prend le cas d’école d’uncouple marié ayant deux enfants,respectivement âgés de treize etquinze ans, où chacun des parentspossède un Livret A (ou bleu), uncodevi et un CEL, et chacun desenfants un Livret A et un LivretJeune, cette famille peut détenir,sous forme d’épargne liquide nonimposable, jusqu’à 104 200 euros…

Laurence Delain

1Pourquoila questionde la réforme

des taux de l’épargneréglementée est-elleà l’ordre du jour ?

C’est un problème ancien,maintes fois abordé, qui adéjà fait l’objet de nom-breuses discussions parlemen-taires. Depuis dix ans, je suismoi-même intervenu à plu-sieurs reprises à ce sujet et j’aiélaboré, en 1997, avec les séna-teurs Paul Loridant et AlainLambert, une proposition deloi instaurant un nouveaumécanisme de fixation dutaux de l’épargne adminis-trée. Seulement, ce sujet restepolitiquement extrêmementsensible, comme l’a montrél’échec du comité consultatifdes taux réglementés, instau-ré par la précédente majoritéen 1998. Aujourd’hui, le gou-vernement prend acte de lanécessité de réformer le sys-tème de gestion des fondsd’épargne destinés au finance-ment du logement social, quiapparaît déconnecté de la réa-lité des marchés.

2Vous restez trèsactif sur ce sujet.Quelles sont

vos propositions ?

L’objectif n’est pas de détruirece système d’épargne popu-laire en faveur du logementsocial, mais au contraire de lerendre viable sur le longterme, en restaurant unniveau de rémunération de laressource compatible avec lesconditions de marché. Pourl’heure, le niveau trop élevédes taux du Livret A nuit à l’oc-troi de prêts préférentielspour le logement social. Il fau-drait que la fixation des tauxréglementée ressorte d’uneautorité indépendante, com-me, par exemple, le Conseil dela politique monétaire, dont laraison d’être, avec la mise enplace de l’euro, a disparu etqui trouverait là une nouvellelégitimité. Quant au taux duLivret A, on peut imaginerqu’il varie en fonction d’unindex déterminé (taux du mar-ché monétaire à trois mois parexemple) dans une proportionfixée une fois pour toutes.

3Pensez-vous quel’on se dirigevers une réforme

de ce type ?

Dans la mesure où le gouver-nement a affiché sa volontéd’agir, on peut imaginer qu’ilpenchera pour une solutionoù le taux du Livret A seraitfixé par une autorité indépen-dante, qui procéderait à samodification par touches suc-cessives, afin de suivre l’évolu-tion des marchés. Dans cetteoptique, il n’est pas exclu quecette question, qui renvoie àcelle de la hiérarchie des tauxet, au-delà, à la question de lasécurité de notre système ban-caire, soit traitée dans le cadrede la loi sur la sécurité finan-cière, dont la discussion estprévue au Parlement pour ledébut de 2003.

Propos recueillis parLaurence Delain

LE CAS DU LIVRET BLEU

Codevi

108,5

15,2

35,2

36,2

4,9

101,7

14,8

35,1

41,4

4,9

101,1

14,2

35,9

44,5

5,0

105,5

14,3

38,4

47,1

5,2

107,6

14,6

40,2

47,7

5,4

1998 1999 2000 2001 2002* Livrets

Source : Banque de France * septembre 2002

DES ENCOURS STABLES

Livret Bleu

Les encours des livrets réglementés, en milliards d’euros

Livret A

Livret d’épargnepopulaire

Livret Jeune

Codevi

Caisses d'épargneet la Poste

Crédit mutuel

Toutes les banques

Toutes les banques

Toutes les banques

Toutes les banques

15 300

15 300

4 600

7 700

1 600

15 300

3 %

3 %

3 %

4,25 %

Min : Livret A

2 % (3% avec primed'Etat en cas de prêt)

Etablissementdistributeur

Montant max.de dépôt (euros) RémunérationLivrets

Source : Banque de France

DES MONTANTS DE DÉPÔT LIMITÉS

Livret Bleu

Les caractéristiques des comptes sur livret

Livret A

Livret d’épargnepopulaire

Livret Jeune

Compte épargnelogement

Les « superlivrets » des banques directes ont reculéLes établissements sans guichet avaient lancé en 2000 des produits surrémunérés, dont les taux ont baissé depuis

Jusqu’au printemps 2000, lesparticuliers qui souhaitaientplacer de l’argent sur un livretétaient confrontés à l’alterna-tive suivante. Soit ils mobili-saient leurs fonds sur leslivrets défiscalisés de La Pos-

te, des Caisses d’épargne ou du Cré-dit mutuel, mais sous réserve de nepouvoir y déposer plus de15 300 euros. Soit ils ouvraient unlivret auprès de n’importe quellebanque ; leur dépôt n’était alorsplus plafonné, mais était moinsrémunéré que le Livret A (actuelle-ment les taux tournent autour de2,75 % brut). Surtout, elle étaitpénalisée par un prélèvement libé-ratoire annuel de 25 % sur les inté-rêts générés (ce qui ramène larémunération nette, pour un tauxde 2,75 %, à 2,06 %).

Le débarquement en force, enavril 2000, d’ING-Direct et de sondésormais célèbre Livret d’épargneorange a ouvert une troisième voie,

celle d’un livret fiscalisé mais surré-munéré. Décidée à conquérir unepart de marché significative sur unsecteur réputé difficile, la filiale dunéerlandais ING utilisa comme ferde lance un nouveau livret, asso-ciant les atouts du livret bancaireclassique (dépôt maximal fixé à2 millions d’euros actuellement) àune rémunération plus attractiveque celle du Livret A (aujourd’hui4,4 %, soit 3,3 % net).

Pour ce faire, ING-Direct, profi-tant de faibles coûts de fonctionne-ment dus à l’absence de réseau desa banque, a joué sur ses marges.La rémunération des livretsdépend, en effet, des conditions derémunération des marchés où lessommes collectées sont placées,mais aussi de la marge que les éta-blissements s’octroient sur le rende-ment de ces placements.« Nouscherchons à faire profiter au maxi-mum le Livret orange des rende-ments du portefeuille où sont inves-ties les sommes drainées, préciseAndré Coisne, président d’ING-Direct. Ce portefeuille investi en obli-gations (au minimum notées A) et entitrisations de prêts est placé à hau-teur de 30 % en titres d’une duréeinférieure à un an, le reste étant ven-tilé à travers des supports à échéan-ces de un à dix ans. »

4 % 5,25 %Le succès ne se fit pas attendre.

L’initiative d’ING-Direct fut rapide-ment relayée par de nouveaux lan-cements : livrets de la banque AGF,de Zebank (tombée depuis dans legiron du britannique Egg, filiale del’assureur Prudential), de l’italienBipop ou, plus récemment, de Fina-ref-ABN Amro. Ce fut aussi l’occa-sion de la relance de produits exis-tant déjà, comme le livret de la Ban-que directe (filiale de BNP Paribaslancée dès 1994, revendue récem-ment à l’assureur Axa) ou celui deCovefi (filiale commune du Cete-

lem et des Trois Suisses). Au milieude l’année 2001, les taux des livretsproposés par ces banques directesbattaient des records, dépassant5 % (brut) parfois, alors que le tauxdu Livret A plafonnait à 3 % et celuides autres livrets bancaires à2,75 %.

La baisse des taux intervenuedepuis, associée au marasme finan-cier, a calmé le jeu. Les taux dessuperlivrets, révisables à toutmoment, s’échelonnent désormais,avant prélèvements sociaux, de 4 %à 5,25 % pour le meilleur d’entreeux, proposé par Covefi. Plusieursbanques directes ont d’ailleurs jeté

l’éponge ou mis leur activité ensourdine. La stratégie récente déve-loppée par Egg, repreneur deZebank, qui, pour conquérir l’Hexa-gone, a axé sa communication surune carte de crédit (prétendue)novatrice, plutôt que sur son livret,est révélatrice du virage amorcépar les banques directes. Elle neremet cependant pas en cause lechangement insufflé par ING-Direct, qui continue de faire de sonLivret épargne orange (5,8 milliardsd’euros d’encours fin octobre) sonprincipal axe de développement.

L. D.

3 QUESTIONS

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’O,

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..

POUR EN SAVOIR PLUS

Vertus et limites des livrets réglementésSimplicité, garantie, liquidité, non-imposition : autant de raisons qui expliquent le succès du Livret A.Les codevi, Livret bleu, Livret Jeune… présentent les mêmes garanties. Tous ces dépôts sont plafonnés

Créé par un article de la loi de finances rectificative pour 1975, le Livretbleu, commercialisé par le Crédit mutuel, fonctionne comme le Livret A, sice n’est qu’il subit un prélèvement libératoire sur le tiers de ses intérêts.Afin d’éviter que les souscripteurs ne soient pénalisés par cette imposition,le Crédit mutuel la prend à sa charge dans un premier temps, avant d’êtreremboursé par l’Etat. Contestée par la concurrence, cette pratique fiscale afait l’objet en 1991 d’une plainte devant la Commission européenne, dont ladécision, après divers rebondissements, est tombée le 15 janvier.

Sans remettre en cause l’existence du Livret bleu (un peu moins de 15 mil-lions d’euros d’encours pour cinq millions de détenteurs), la Commission acondamné le Crédit mutuel a versé 164 millions d’euros à l’Etat au titre de larécupération de son « aide », jugée incompatible avec les règles du Marchécommun. Le Crédit mutuel a fait appel, soutenu dans sa démarche par legouvernement français. Du moins jusqu’à récemment. Le 22 novembre, LaTribune annonçait que le gouvernement, en quête de solutions pour limiterle déficit budgétaire, aurait finalement décidé de récupérer 130 millionsd’euros au titre de ce dû… Une information formellement démentie par leCrédit mutuel.

DOSSIERL’AVENIR INCERTAIN DE L’ÉPARGNE RÉGLEMENTÉE

> Fédération bancaire française :18, rue Lafayette, 75440 Paris cedex09. Tél. : 01-48-00-52-52. SiteInternet : www.fbf.fr> Banque de France : 48, rueCroix-des-Petits-Champs,75049 Paris cedex 09. Site Internet :www.banque-France.fr> Crédit foncier de France :19, rue des Capucines, 75001 Paris.Tél. : 01-42-44-80-00.

Site internet :www.creditfoncier.fr> Caisse nationale des caissesd’épargne : 77, boulevard Saint-Jacques, 75014 Paris. Site Internet :www.groupe.caisse-epargne.com> La Poste : 4, quai duPoint-du-Jour, 92777 BoulogneBillancourt cedex. Tél. :01-41-41-66-66. Site internet :www.laposte.fr

Covefi

Dépôt maximum*

Livret de la banque AGF

Epargne Banque directe

Livret bancaire

Egg Epargne

Le Livret

Livret épargne orange

4,25 %

4,00 % 3,00 %

5,25 %

4,25 %

4,40 %

4,40 %

15 000 €

150 000 €

20 000 €

5 000 €

1 000 000 €

2 000 000 €

3,19 %

3,93 %

3,19 %

3,30 %

3,30 %

Nom du livret

Rémunération brute

Rémunération netteBanque

Source : Etablissements * Au-delà, la rémunération du livret est diminuée

L'OFFRE DE SIX BANQUES SANS GUICHET

Banquedirecte

Les livrets des banques directes

Banque AGF

Egg

Fibaref-ABN Amro

ING Direct

II/LE MONDE/DIMANCHE 1er - LUNDI 2 DÉCEMBRE 2002

Page 28: supplØment en v.o. Avec Alexandre Dumas, Attac : le métissage … · 2018. 3. 26. · de notre correspondante Une porte-parole de l’ONU a indiqué, vendredi 29 novembre, que l’inspecteur

Inusable, la formule du pland’épargne-logement (lePEL pèse aujourd’hui197 milliards d’encours)tient toujours sa place par-mi les placements préférés

des Français. Il faut dire qu’aucunsupport de même nature ne cumu-le autant d’avantages.

Placement de moyen termegaranti et défiscalisé, le PEL per-met de récupérer au bout de qua-tre ans son épargne majorée de4,5 % d’intérêts annuels (4,05 %une fois déduits les prélèvementssociaux), en toute tranquillité, sim-plicité et souplesse. Il suffit, aprèsun versement initial d’au moins225 euros, d’alimenter régulière-ment son plan moyennant un ver-sement annuel minimal de540 euros, sachant qu’on ne peutdéposer plus de 61 200 euros autotal. Tout contribuable peutouvrir un PEL à n’importe quel gui-chet de banque ou de La Poste.Les versements, modulables, peu-

vent être annuels, trimestriels oumensuels.

Mieux, l’épargne-logement ou-vre droit à un prêt à taux fixe de4,97 % qui, exempt de frais dedossier et bénéficiant de frais d’hy-pothèque réduits d’un tiers parrapport à ceux d’un prêt classique,permet d’emprunter jusqu’à92 000 euros. Ce prêt peut servir àl’acquisition d’une résidence princi-pale (neuve ou ancienne) ou d’unerésidence secondaire neuve, à

l’achat d’un terrain (sous réservequ’il y ait construction), mais aussiau financement d’un parking,d’une place de stationnement oude parts de SCPI (sociétés civiles deplacement immobilier). Il peutencore être utilisé pour des travauxd’agrandissement, d’amélioration,de modernisation d’une résidenceprincipale ou secondaire, suffisam-ment importants (les travaux de« menu entretien » sont exclus).Un même prêt ne peut servir à lafois à l’acquisition d’un logementet à son amélioration.

Les droits à prêts dépendent du

montant des intérêts cumulés pen-dant la période d’épargne, lamasse des intérêts d’emprunt équi-valant à 2,5 fois celle des intérêtsacquis hors prime d’Etat. Le tauxde rémunération du PEL est eneffet partiellement constitué d’uneprime d’Etat, qui, plafonnée à1 525 euros, représente 2/7 des inté-

rêts versés. L’une des façons d’opti-miser son PEL consiste donc àadapter ses versements afind’atteindre le plafond de la primed’Etat.

Ce que font nombre d’épar-gnants pour qui le PEL demeureavant tout un instrument d’épar-gne. Seul un tiers des PEL ouvertsse solde par un emprunt immobi-lier. Les deux autres tiers serventde placement d’attente. Un particu-lier qui a ouvert un PEL fin 1993,rémunéré 6 % net, a tout intérêt àle conserver, plutôt qu’à se lancerdans un emprunt à 6,32 % (tauxcontractuel des plans ouverts jus-qu’en février 1994). On peut proro-ger chaque année son PEL et conti-nuer de l’alimenter jusqu’à sondixième anniversaire, sachantqu’au-delà rien n’oblige à le casser.Même s’il a atteint le montantmaximal de la prime d’Etat, larémunération nette de son plan estde 4,6 % (4,16 % après prélève-ments sociaux).

Une autre solution, pour lesgénérations de PEL plus récentesassorties de taux de crédit moinsélevés, consiste à conserver sonépargne et simplement céder sesdroits à prêt à l’un des membres desa famille, pour peu que celui-cisoit déjà détenteur d’un compted’épargne-logement (CEL) ouvertdepuis au moins un an et demi oud’un PEL vieux d’au moins troisans.

L. D.

PRATIQUELes atouts de l’épargne-logementne se démentent pasAucun produit financier de même nature ne permet de récupérer son épargne majoréede 4,5 % en toute tranquillité, et en outre en ouvrant droit à un prêt à taux fixe

Sept astuces pour profiter au mieux de son PEL

Apremière vue sansintérêt, compte tenude sa faible rémunéra-tion (2 % brut, soit1,8 % net hors primed’Etat), le compte

d’épargne-logement (CEL) peut serévéler à l’occasion un placement« coup de pouce » efficace, appré-cié des particuliers, comme le mon-tre la progression constante de sesencours (32,3 milliards d’euros à lafin de septembre, contre 26 mil-liards quatre ans auparavant).

Ouvert avec un minimum de300 euros (le dépôt maximal s’élè-ve à 15 300 euros) et alimenté parla suite par un versement annuelminimal de 75 euros, le CEL offreune grande souplesse de fonction-nement. Non seulement on peuteffectuer des retraits à toutmoment pour peu qu’on y laisseun minimum de 300 euros, maissurtout, à partir de dix-huit moisde détention, le CEL donne accès àun prêt immobilier à taux fixe pré-férentiel de 3,5 % (pour un mon-tant maximal de 22 867 euros),qui, au moment d’une acquisition,peut se révéler un excellent com-plément pour payer des frais denotaire par exemple, ou encoreengager des travaux.

Dans sa phase crédit, le CELfonctionne comme un PEL, qu’ils’agisse du montant du prêt

octroyé (calculé en fonction desintérêts cumulés pendant la phased’épargne) ou des opérationssusceptibles d’être financées. Demême, plusieurs membres d’unemême famille peuvent êtretitulaires d’un CEL (y compris lesnouveau-nés), permettant, commepour le PEL, de multiplier les possi-bilités d’épargne et les moyensd’accès à un prêt privilégié.

Tout détenteur d’un CEL peut,

à partir de dix-huit mois, bénéfi-cier des droits à prêt générés parle PEL d’un membre de safamille : parent, enfant, frère,sœur, oncle, tante, neveu, nièce…De même, il peut céder ses droitsà prêt à cette parentèle pourvuque la personne visée soit elle-même titulaire d’un CEL ou d’unPEL. Enfin, en empruntant, le titu-laire du CEL bénéficie d’une pri-me d’Etat qui, plafonnéeà 1 144 euros, porte la rémunéra-tion de son épargne à 3 % brut(2,7 % net). A noter : cette rému-nération, contrairement à celle duPEL, n’est pas fixe pendant toutela durée du CEL, mais susceptiblede varier, sachant que le nouveautaux s’applique alors à l’épargnedéjà accumulée.

L. D.

Difficile, ces dernierstemps, d’échapperaux multiples cam-pagnes publicitairesdes établissementsbancaires poussant

à la souscription de produits préten-dument novateurs, à capital et reve-nus garantis sur quatre ans ouplus… Ces slogans masquent en faitdes montages anciens à base deplans d’épargne-logement et decomptes à terme, qui permettentde profiter des garanties de l’épar-gne logement et de son taux attrac-tif, tout en bénéficiant de revenusréguliers faiblement fiscalisés.Qu’elles s’appellent Authentic Reve-nu (La Poste), Carré vert (Créditagricole), Messidor (BRED, groupeBanques populaires), Capital reve-nu (Crédit mutuel) ou encore Planrevenu (Crédit du Nord), toutes cesformules fonctionnent sur un prin-cipe similaire.

Il s’agit d’associer la souscriptiond’un plan d’épargne-logement à cel-le d’une série de comptes à terme,afin qu’à l’issue d’un dosage com-plexe les sommes versées sur la par-tie PEL du produit garantissent lecapital initial à l’échéance (quatreans au minimum dans la plupartdes cas), tandis que les comptes àterme génèrent (chaque mois ouchaque trimestre) des revenus régu-liers de l’ordre de 4 % à 4,5 % brutpar an. Les produits des comptes àterme servent par ailleurs à l’alimen-tation du PEL, afin de répondre àl’obligation légale de versements

réguliers. La plupart de ces monta-ges fonctionnent sur la base d’unemise unique relativement élevée(rarement moins de 4 000 euros),limitée à un certain montant – auxalentours de 30 000 euros enmoyenne –, qui correspond aumaximum de dépôts admis pour nepas dépasser le plafond de la primed’Etat du plan d’épargne-logement(deux septièmes des intérêts duPEL dans la limite de 1 525 euros).

Quant aux revenus distribués, ilssont soumis au prélèvement libéra-toire classique, soit 25 % ; seule-ment, dans la mesure où une partiedes intérêts générés par ces formu-les hybrides provient du PEL, ils

échappent à la taxation, si bien quel’imposition réelle est plutôt de l’or-dre de 10 % (elle est généralementdéjà prise en compte dans le tauxde rendement annoncé, mais cer-tains établissements se contententd’annoncer des revenus bruts).

Les services marketing présen-

tent ces produits dérivés sous leurjour le plus flatteur, sans jamais rap-peler de façon explicite qu’il s’agitd’épargne logement, quitte à trom-per le souscripteur, qui ne peutdétenir plus d’un PEL. Le cas de lagamme Archipel de BNP Paribasest exemplaire : sous le nom d’Ar-

chipel Réussite, la banque proposeaux parents de constituer en faveurde leur(s) enfant(s) un plan d’épar-gne, associé à une rente éducation(assurance-décès) susceptible dedéboucher à l’âge de 18 ans sur uncrédit à taux préférentiel ; tandisque sous l’intitulé Archipel Place-ment, le PEL devient « un contratd’épargne à versement unique assor-ti d’un rendement annuel net d’im-pôt attractif ». Quant à ArchipelLiberté, qui offre « une avance detrésorerie pour faire face à l’imprévusans avoir à puiser dans son capi-tal », il s’agit à quelques nuancesprès d’un simple PEL à revenus.

Les caisses d’épargne, avec Qua-dreto, lancé au début de cetteannée, se sont révélées elles aussiexpertes dans l’art du brouillage.Présenté « comme un nouveaucompte d’épargne sur quatre ans,sans frais, à la rémunération connued’avance », Quadreto associe unPEL à sept comptes à terme, afin dedistribuer au bout de quatre ans unrevenu minimum cumulé de 16 %net (soit 4 % par an). Seul avantagedu montage : ce rendement, en casd’une remontée des taux profitantaux comptes à terme, peut êtrerevu à la hausse. Ce fut le cas aumoment du lancement de Quadre-to qui, durant les premiers mois desouscription, a bénéficié d’un tauxbrut promotionnel de 4,9 %, rame-né depuis, dans la plupart des cais-ses d’épargne, à 4,5 %.

L. D.

DOSSIERL’AVENIR INCERTAIN DE L’ÉPARGNE RÉGLEMENTÉE

Qu’est-ce que la règledes quinzaines ?

Tous les livrets sont soumis àcette règle, selon laquelle lesintérêts ne sont pas calculés quo-tidiennement mais seulementtous les quinze jours. Ainsi, unesomme versée en début de moisne sera rémunérée qu’à partirdu 15 de ce même mois. Al’inverse, un retrait effectué le20 du mois sera majoré d’inté-rêts figés au 15. Ce mécanismepermet aux établissements degagner chaque année un peud’argent sur les livrets. Lesbanques directes ont eu tendan-ce à utiliser ce mécanisme pourtirer vers le haut les rendementsdes livrets qu’elles proposaient,en faisant bénéficier les souscrip-teurs du léger différentiel detaux qui existe entre les tauxannoncés et les taux réellementservis du fait de la règle desquinzaines.

Peut-on détenir plusieurslivrets réglementés ?

Un même souscripteur nepeut détenir à la fois un Livret Aet un Livret bleu, ou encore unLivret A de La Poste et un autredistribué par les Caisses d’épar-gne. En revanche, au sein d’uncouple marié, chaque conjointpeut à la fois posséder unLivret A (ou bleu), un codevi, voi-re, si le seuil d’imposition du cou-ple le permet, un livret d’épar-gne populaire. De même, à par-tir de 12 ans, un jeune peut pos-séder à la fois un Livret A (oubleu) et un Livret jeune (jusqu’à25 ans), auquel s’ajoutera le caséchéant, dès lors qu’il acquitterases impôts, un codevi.

Quel est le régime fiscaldes livrets bancairesordinaires ?

Les intérêts générés par leslivrets bancaires fiscalisés peu-vent, au choix, être intégrés àl’ensemble des revenus impo-sables ou donner lieu à un prélè-vement libératoire de 25 %(15 % + 10 % au titre des prélève-ments sociaux).

Peut-on sortir, avantquatre ans, d’un pland’épargne-logement ?

Oui, mais moyennant defortes pénalités contractuelles.Si la résiliation a lieu dans lestrois ans qui suivent la souscrip-tion, la prime d’Etat est suppri-mée et les intérêts sont recalcu-

lés depuis l’ouverture, au tauxde 2 % si la sortie se fait avantdeux ans révolus, de 3,27 % sielle a lieu au cours de la troi-sième année. En revanche, si lasortie se fait pendant la qua-trième année, le droit à prêt,acquis au bout de trois ans, estmaintenu, mais la prime d’Etatest réduite de moitié et les inté-rêts sont recalculés à 3,27 %entre la fin de la troisième annéeet la date de retrait. Aprèsquatre ans de détention, l’épar-gne et les intérêts du PEL sontrécupérables nets d’impôts,exception faite des prélève-ments sociaux de 10 %.

Peut-on garder un PELplus de dix ans ?

Oui, et tant que le montantd’intérêts correspondant aumaximum de la prime d’Etat(1 525 euros) n’est pas atteint,les conditions de rémunérationdemeurent identiques. Atten-tion toutefois : le moindreretrait entraîne la fermeture duplan. Quant aux droits à prêt, ilsseront calculés en fonction del’état du plan observé au boutde dix ans.

A qui peut-on céderles droits à prêt d’un pland’épargne-logement ?

On peut céder ses droits à sesascendants, descendants, frères,sœurs, oncles, tantes, neveux etnièces, ainsi qu’à leurs conjoints(mais pas à leurs concubins).Cependant, cela suppose que lebénéficiaire de ces droits soit lui-même titulaire d’un compted’épargne-logement ouvertdepuis au moins dix-huit moisou d’un PEL souscrit depuis aumoins trois ans.

Une banque peut-ellerefuser d’octroyer un prêtépargne-logement ?

Les acceptations de demandesde crédit ne sont pas automa-tiques. Une banque peut tou-jours, même si les droits à prêtcumulés sont importants, refu-ser d’accorder un prêt épargne-logement (ou décider d’en rédui-re le montant) si elle considèreque la capacité d’endettementdu demandeur est insuffisante.Cependant, les droits à prêt res-tent acquis. Ils peuvent êtrecédés à un proche ou encoreréactivés pour le détenteur duplan si son niveau d’endette-ment se résorbe suffisamment.

Les encours de PEL, en milliards d’euros

UN PRODUIT POPULAIRE

Source : Banque de France *Septembre 2002

00 01 02*9998979695

100

150

200

114,6

118,7

161,5

197,7

> Demander, dès l’ouverture de son

PEL, une simulation à son

banquier : cela permet d’estimerles versements à effectuer pouratteindre le montant maximum deprimes en quatre ans. A titred’exemple, un épargnant qui place45 euros par mois sur son plann’atteindra le plafond de prime quemoyennant un versement initialde… 26 625 euros. S’il épargne610 euros par mois, la mise dedépart nécessaire n’est plus que de13 178 euros.

> Ouvrir plusieurs plans au sein

d’une même famille : sachant quel’on peut ouvrir un PEL au nomd’un enfant dès sa naissance,détenir un plan par personne(chaque conjoint peut être titulairede son propre plan) au sein d’unemême famille permet de répartirles versements sur des supportsdistincts, donc d’atteindre moinsvite le plafond de la prime d’Etat.

> Prendre date : nul n’est besoind’avoir un projet immobilier pour

ouvrir un PEL, ni même de disposerd’une forte capacité d’épargne.Moyennant un versementminimum annuel de 540 euros,l’ouverture d’un PEL permet deprendre date (les intérêtscontractuels sont valables au moinsdix ans), voire de pouvoirbénéficier, après trois ans,des droits à prêt d’un parent.

> Ne pas signer automatiquement

le contrat de prorogation au bout

de quatre ans : mieux vaut prendrele temps de demanderà son banquier d’effectuer unesimulation, afin d’estimer leschangements éventuels de rythmeset de montants de versements àeffectuer pour optimiser un planarrivé à échéance, dont on n’a pasun usage immédiat.

> Fermer avant terme un plan peu

alimenté : un épargnant qui aouvert un PEL fin 1999 au taux de3,6 % peut, sous réserve de n’y avoirversé que de modestes sommes etne pas avoir de projet immobilier

trop proche, avoir intérêt à le clorepour en ouvrir un autre rémunéré à4,5 %.

> Surveiller la date anniversaire

du plan : on l’oublie parfois, maisla prime d’Etat est versée à la dateanniversaire d’ouverture du plan.En cas de sortie d’un PEL au boutde quatre ans, mieux vaut ne paslouper le coche, même à un jourprès, attendre que cette date soitrévolue pour sortir, afin d’être sûrde toucher l’intégralité de la prime.

> Préférer le paiement annuel

aux versements échelonnés :

systématiquement proposé par lesétablissements financiers, leprélèvement automatique(mensuel ou trimestriel) dessommes alimentant un PEL serévèle, à terme, moins avantageuxque la succession de versementsannuels. Calculés sur un montantinitial plus important et sur unedurée plus longue (un an), lesintérêts générés sontautomatiquement plus élevés.

Le CEL, un appointà ne pas négligerL’encours de ce placement progresse constamment

Les formules dérivées à base de PEL se multiplientPlusieurs offres oublient de mentionner que le souscripteur ne peut détenir qu’un seul plan

Les différentes générations de PEL

UNE RÉMUNÉRATION DIMINUÉE

Source : Banque de France *Juillet 2000 **Rémunération brute de prélèvements sociaux

Du 16/5/1986au 6/2/1994

Du 7/2/94au 22/1/97

Du 23/1/97au 8/6/98

Du 9/6/98au 25/7/99

Du 26/7/99au 30/7/2000 2000*

0

1

2

3

4

5

6

Depuis

Taux du prêt

Rémunération avec prime d’Etat**

Rémunération sans prime d’Etat**

5,54

4,254,00

3,60

4,804,60 4,31

6,32

5,25

3,10 2,90 2,61

3,84

6,00

4,62

4,97

4,50

3,27

LE MONDE/DIMANCHE 1er - LUNDI 2 DÉCEMBRE 2002/III

Page 29: supplØment en v.o. Avec Alexandre Dumas, Attac : le métissage … · 2018. 3. 26. · de notre correspondante Une porte-parole de l’ONU a indiqué, vendredi 29 novembre, que l’inspecteur

Les bailleurs ont biencompris les avantagesqu’ils pouvaient tirer dela location meublée, plu-tôt que nue, de leurslogements. L’offre s’am-

plifie, en particulier à Paris et dansles grandes villes : en 1997, 15 %des annonces de location publiéesdans la revue hebdomadaire Departiculier à particulier concer-naient des meublés ; elles représen-tent, aujourd’hui, 25 % à 30 % del’offre en Ile-de-France et déjà

35 % à Paris, accentuant la pénurielocative. L’émergence de ce nou-veau marché n’a pas échappé auxprofessionnels : « Une nouvelleagence spécialiste du meublé ouvre,chaque semaine ou presque, àParis », témoigne Saydo Cardenas,de l’agence Lodgis, qui dit compterdéjà un portefeuille de 1 000 appar-tements, appartenant à 600bailleurs, après seulement troisans d’existence.

Des propriétaires, lassés des

contraintes du bail Méhaignerie(durée minimale de trois ans, diffi-cultés à donner congé à son locatai-re…), optent pour cette solution.« Nous en avions assez d’accumulerles impayés de loyers, raconteMadame B., qui gère une dizained’appartements parisiens pour lecompte des membres de sa famille.Nous avons testé la solution du meu-blé avec un appartement, avant del’étendre à l’ensemble de notrepatrimoine, au fur et à mesure desdéparts des locataires, parce quecela se révèle plus souple et plusrentable. »

La clientèle est essentiellementcomposée de touristes, à 80 %étrangers, d’étudiants et de stagiai-res, voire de personnes en missiondont le loyer est pris en charge parleur entreprise, ce qui expliquel’épanouissement de cette formuledans les villes touristiques ou uni-versitaires. Le taux d’occupationfrôle 80 % d’avril à août, maischute en automne et en hiver.

Les bailleurs y trouvent troisavantages décisifs : la location meu-blée échappant à la loi Méhaigne-rie-Mermaz, les termes du contratsont laissés à la liberté des parties ;le bailleur peut, à tout moment etsans en justifier, reprendre sonappartement ; enfin, ses revenussont beaucoup moins imposés quedes loyers d’appartements vides.

Dans le bail d’un meublé, lepropriétaire fixe librement le loyer,la durée, le partage des charges ettoutes les clauses annexes, commele délai de préavis, les formalitésd’état des lieux, le montant dudépôt de garantie et les conditionsde sa restitution. L’absence d’uneréglementation précise oblige,d’ailleurs, à une rédaction détailléedu contrat.

Les locations étant souvent decourte durée, le loyer est payéd’avance, ce qui évite les risquesd’impayés, et son montant est de20 % à 30 % plus élevé qu’en loca-tion nue, mais, déduction faite des

frais et des périodes d’inoccupa-tion du logement, le revenu annuelest équivalent. Le dépôt de garan-tie, demandé à l’entrée dans leslieux, est aussi une parade efficacecontre l’impayé.

Si besoin est, ou si le locatairepose problème, le propriétairepeut, après un délai de préavis pré-vu ou non au contrat, récupérerson logement. « Avec cette souples-se, je peux réserver des périodespour mon propre usage ou pourhéberger des parents ou des amis »,raconte cette fonctionnaire mutéeen province qui a mis en locationmeublée son ancienne résidenceparisienne.

La location meublée exige une

grande disponibilité pour accom-plir les formalités d’accueil et dedépart des locataires et organiser,dans les meilleurs délais, les iné-vitables petits dépannages. Ellecomporte quelques inconvénients,comme des frais importants d’équi-pement et d’entretien : « L’apparte-ment doit être en parfait état, avec

des appareils ménagers robustes,meublé avec soin, les peintures etmoquettes renouvelées tous les troisans… », recommande SaydoCardenas, de l’agence Lodgis.

La location meublée étant consi-dérée comme une activité commer-ciale, le règlement de copropriétépeut la prohiber..

Le succès même de la locationen meublé pourrait causer sa per-te, en provoquant une suroffre etune baisse des loyers et en pertur-bant la location traditionnelle, voi-re l’hôtellerie, ce qui obligerait lespouvoirs publics à réagir. En vertud’une loi ancienne, reproduite àl’article L 631-7 du Code de la cons-truction et pas du tout appliquée,la transformation d’un apparte-ment en meublé est, en effet, inter-dite à Paris et dans un rayon de50 kilomètres, sauf autorisationdélivrée par les services d’urbanis-me. Si la suroffre de meublés per-turbe par trop le marché locatif,cette loi pourrait être remise augoût du jour.

Isabelle Rey-Lefebvre

SICAV - FCPCes informations sont données sous la responsabilité de l’émetteur

« Des locataires du monde entier »

Une sélection. Cours relevés au 29 novembre à 22 h

CERTAINS INVESTISSEURS se spé-cialisent dans le meublé et la loca-tion de courte durée. C’est le cas d’Oli-vier Chandes, qui a acquis, en 2002,cinq studettes dans des quartiers tou-ristiques de Paris, au prix unitaire de38 000 euros. « Quand mes enfantsseront plus grands, ces studios leurseront sans doute utiles. » Ce père defamille rénove ses appartements lui-même, à son goût, en y investissant15 000 euros de plus : « J’aménage leslieux comme pour moi, en fabriquantdes meubles sur mesure pour optimi-ser l’espace. » Il a confié la recherchede locataires à une agence choisiepour la commodité de son site Inter-net et son accueil téléphonique multi-lingue, destiné à une clientèle inter-nationale. Les locataires signentd’abord avec l’agence un contrat parlequel ils s’engagent à payer seshonoraires d’environ 35 % du loyerpour les courtes durées, ou un demi-mois de loyer pour les occupationsde plus de trois mois. En revanche,locataire et propriétaire s’entendentdirectement sur le contrat de loca-tion et le paiement du loyer. OlivierChandes et son épouse assurent eux-

mêmes l’accueil et la gestion, qui exi-gent une grande disponibilité :« J’aime ce rôle d’hôte et le contactavec les touristes ou les chercheurs etingénieurs qui viennent, du mondeentier, se former à Paris. Cela débou-che parfois sur des relations d’amitié.Les appartements sont confortables etagréables, donc respectés par les occu-pants. » L’investissement global pourles cinq studios s’élève à environ300 000 euros, financés à 80 % pardes emprunts. Les recettes locativesrapportent en moyenne 2 600 euros,brut, par mois, dont il faut déduire aumoins 30 % de frais, charges, taxes etentretien.

La démarche de madame B. est unpeu différente. Après le départ àl’étranger de son fils, elle loue l’appar-tement qu’il occupait pour despériodes d’un an. Ce deux-pièces joli-ment aménagé de 33 mètres carrés afacilement trouvé preneur et sansinterruption, auprès d’universitairesaméricains qui paient, rubis sur l’on-gle, un loyer de plus de 1 000 eurospar mois.

I. R.-L.

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JURISPRUDENCE

Prouver un vol aveceffraction clandestine

En assurance, il appartient àl’assuré de faire la preuve queson sinistre entre bien dansles conditions prévues à son

contrat pour bénéficier de la garan-tie… Dans une affaire de vol, le con-trat multirisques habitation d’unassuré ne prévoyait l’application desa garantie que dans certaines cir-constances, telles que l’effraction,l’escalade ou la violence.

L’escalade apparaît naturelle-ment comme la plus difficile à prou-ver, en particulier lorsqu’un monte-en-l’air passe par les balcons d’unimmeuble pour pénétrer, l’été, dansun logement situé en étage, à tra-vers une fenêtre ouverte… Avant derepartir discrètement avec quelquesbijoux minutieusement choisis.

En l’occurrence, l’assuré avaitdéclaré aux policiers n’avoir remar-qué aucune trace d’effraction sur laporte de son appartement, et cesderniers avaient donc enregistré– un peu hâtivement – que le cam-briolage constituait un vol avecfausses clés.

Mais par ricochet, et cette circons-tance n’étant pas prévue aucontrat, la cour d’appel en a déduitlogiquement que la garantie vol del’assureur n’était pas due. En effet,selon elle, un vol par effractionimplique un bris ou une fracture dela porte, d’une fenêtre ou d’une por-te-fenêtre. Et le fait que le tiroir dumeuble contenant les bijoux volésait été fracturé ne change rien à l’ab-sence de respect des conditionscontractuelles concernant les diverséléments de protection précités per-mettant la fermeture des locauxvis-à-vis d’une agression extérieure.Ce que le tiroir fracturé ne consti-tuait en aucun cas. Voilà pourquoila Cour de cassation a jugé la cour

d’appel juridiquement fondée àavoir déclaré que la garantie del’assureur n’était pas due (Cour decassation, 1re chambre civile,20 décembre 2001, n˚ 00-11.507,M. et A. c/Azur Assurances IARD).

Dans cette affaire, il apparaîtque des assurés peuvent parfaite-ment être abusés par la terminolo-gie d’un contrat vol. Ainsi,lorsqu’un contrat semble couvrirlargement le vol, y compris parescalade, usage de fausses clés ouentrée clandestine, la plupart desgens se croient protégés dans laquasi-totalité des cas.

Mais il appartient à leurs conseils

de leur rappeler que ces derniersdevront établir la preuve d’une esca-lade, de l’usage de fausses clés, voi-re d’une entrée clandestine lors-qu’un service sinistres refuse de lesindemniser en jouant habilementde ces concepts juridiques. Or cettepreuve est le plus souvent matériel-lement impossible. Seul un faisceaude présomptions concordantes con-vainc parfois les juges. Il en va ainsi,par exemple, lorsque plusieursappartements d’un même immeu-ble ont été cambriolés le mêmejour. Ils reconnaissent qu’il y a euvol par escalade si l’un d’eux conser-ve des traces sur un balcon ou unefenêtre.

D’où la nécessité de choisir unassureur de bonne foi, qui évite àl’assuré d’aller en justice se fairedébouter jusqu’en cassation,notamment lorsque des policiersont cru bien faire en qualifiant – pardéduction – le cambriolage de « volavec fausses clés ».

Alain Farshian

Qui n’a jamais rêvé dedécouvrir un coffre rem-pli de pièces d’or ou debijoux en abattant un

mur ou en soulevant un parquet ?L’histoire est riche de belles décou-vertes, et le sol regorge de mille tré-sors que tout un chacun peutdécouvrir fortuitement. Mais quipeut en revendiquer la propriété ?

La règle est simple : toute per-sonne qui trouve un trésor (la loile qualifie d’« inventeur »), dans lecadre d’une découverte fortuite(travaux de terrassement, construc-tion, etc.), en est pleinement pro-priétaire si les objets trouvés lesont dans son sol, quelle que soitla profondeur. Si la découverte alieu dans le terrain appartenant àquelqu’un d’autre, chacun en estalors propriétaire pour moitié.Lorsque les travaux permettant lamise au jour du trésor sont réaliséspar une entreprise, c’est l’ouvrierdécouvreur qui peut revendiquerla moitié de la découverte, et nonson employeur.

Dans tous les cas, l’inventeuret/ou le propriétaire du terrain doi-vent déclarer leur découverte aumaire, qui en informe le préfet, quilui-même saisit le service régionalde l’archéologie pour estimer lavaleur historique de la découverte.

’Si l’Etat s’estime intéressé et sou-

haite récupérer le trésor trouvé, ilnomme un expert afin de l’évaluer(à ses frais) et propose une valeurde rachat. Ce « droit de revendica-tion » s’impose à l’inventeur. Deson côté, l’inventeur peut faire pro-céder à une expertise (à ses fraiségalement). En cas de désaccord,un troisième expert arbitre peutêtre nommé. Si l’objet trouvénécessite des mesures particuliè-res de sauvegarde et de protection(mise en laboratoire, protection dela zone de fouille), les frais sontpris en charge par l’inventeuret/ou le propriétaire du terrain.L’Etat prend le relais de la prise encharge des frais s’il est intéressépar la découverte. Si l’objet trouvéne peut être divisé (un collier, uneamphore, par exemple) entre lepropriétaire du terrain et l’inven-

teur, c’est sa valeur qui est répartiepar parts égales.

Sous l’eau, les règles sont diffé-rentes. Tout objet trouvé dans leseaux internationales appartient àcelui qui le découvre. Mais peut-on encore parler de découverte for-tuite par 3 000 mètres de fond ?Dans les eaux nationales, la distinc-tion s’impose entre mer et rivière.En mer, toute découverte revient àl’Etat, et le plongeur (ou lepêcheur) n’a droit à rien.

Consciente que cela peut abou-tir à la mise sur le marché de tré-sors d’une inestimable valeur et ausilence de l’inventeur, qui a toutintérêt à se taire et à commerciali-ser son trésor, la commission natio-nale de recherche archéologiquepeut proposer une récompenseattribuée à l’inventeur. Elle est cal-culée en fonction de la valeurarchéologique et négociable de ladécouverte. Grâce à elle, despêcheurs en baie de Seine qui, en2001, avaient remonté dans leurfilet un collier en or gaulois d’unevaleur de plusieurs centaines demilliers de francs n’ont pas regret-té d’avoir déclaré leur trouvaille.

En rivière, la découverte revient,en principe, en totalité à l’Etat, pro-priétaire des cours d’eau, saufdans le cas où sa propriété n’estpas systématique : parcelles don-nant droit à la propriété de la moi-tié du lit de la rivière, par exemple.Le trésor se répartit alors moitié-moitié entre l’inventeur et l’Etat.

Pour forcer la chance dans lachasse au trésor, métallique princi-palement, le recours au détecteurde métaux peut être tentant. Ilfaut alors demander une autorisa-tion au préfet duquel dépend le ter-rain à sonder. Et ne pas oublierque les fouilles qui découlent del’avertissement sonore de l’appa-reil peuvent dégrader tout l’envi-ronnement du site.

Côté fisc, Bercy n’a pas les dentslongues : le trésor n’est pas soumisà l’impôt sur le revenu et n’est paségratigné par l’ISF, car tout objetd’art d’antiquité ayant plus de centans d’âge ou de collection échappeà l’impôt.

Dominique de Noronha

SICAV002393 SELECT DEFENSIF C 29/11/02 190,67 186,93 EUR

002395 SELECT DYNAMIQUE C 28/11/02 194,44 190,63 EUR002396 SELECT EQUILIBRE 2 29/11/02 153,35 150,35 EUR094404 SELECT PEA 1 29/11/02 169,36 166,04 EUR 28,67 01/02/01094406 SELECT PEA DYNAM. 29/11/02 107,71 105,60 EUR 17,65 01/02/01002158 SOGEACT EUROPE D 28/11/02 165,29 162,04 EUR 1,51 25/01/01002137 SOGEACT FRANCE DIV 28/11/02 59,36 58,20 EUR 8,33 25/01/01001099 SOGEACT FRANCE RDT 29/11/02 68,31 66,97 EUR 22,76 14/10/02002367 SOGEACT MONDE 29/11/02 36,54 35,82 EUR002143 SOGEACT OPP FRANCE 29/11/02 339,45 332,79 EUR002179 SOGEACTIONS FRANCE 29/11/02 440,18 431,55 EUR002384 SOGEOBL CONV EUROP 29/11/02 208,29 204,21 EUR002157 SOGEOBL EURO MT D 29/11/02 99,17 97,23 EUR 22,83 25/01/01002164 SOGEOBL REV ANNUEL 29/11/02 45,16 44,27 EUR 12,79 16/10/00002159 SOGEOBL REV TRIM1 29/11/02 160,35 157,21 EUR 11,48 09/04/01002161 SOGEOBL REV TRIM2 29/11/02 158,47 155,37 EUR 11,48 03/05/01002163 SOGEOBL REV TRIM3 29/11/02 158,03 154,93 EUR 8,86 07/03/02002136 SOGEOBLIG MONDE 29/11/02 61,72 61,11 EUR002381 SOGESEC IMM EUROPD 29/11/02 23,14 22,69 EUR 2,49 28/06/00

Fonds communs de placements748493 DECLIC ACT FCE PEA 28/11/02 44,59 43,72 EUR 0,28 21/12/00

747985 DECLIC ACT MONDE 29/11/02 24,15 23,68 EUR 0,10 13/09/96702074 DECLIC ACT.EURO 28/11/02 11,74 11,51 EUR747971 DECLIC ACT.FRANCE 28/11/02 40,47 39,68 EUR 0,26 07/09/00702560 DECLIC ACTEUROPPEA 28/11/02 17,17 16,83 EUR 0,08 14/11/00702304 DECLIC BOURSE EQ. 28/11/02 14,83 14,54 EUR703114 DECLIC BOURSE PEA 28/11/02 42,15 41,32 EUR747973 DECLIC OBLIG.EUROP 28/11/02 17,90 17,55 EUR 0,87 05/01/01042303 SOGEACT INDICE FCE 28/11/02 390,85 379,36 EUR043153 SOGESEC TECH MDE 29/11/02 349,92 343,06 EUR702744 SOGESECTOR FINANCE 28/11/02 407,16 395,19 EUR043136 SOGESECTOR SANTE 29/11/02 445,12 436,39 EUR703304 SOGESTION C 28/11/02 41,42 40,61 EUR

SICAV028818 ATOUT CROISSANCE 28/11/02 285,49 278,53 EUR 22,89 07/01/02

093707 ATOUT FCE ASIE 28/11/02 59,68 58,22 EUR 1,05 24/12/01028581 ATOUT FRANCE C 28/11/02 146,93 143,35 EUR028582 ATOUT FRANCE D 28/11/02 130,67 127,48 EUR 21,25 24/12/01028583 ATOUT FRANCE EUR. 28/11/02 127,93 124,81 EUR 17,91 25/03/02028575 ATOUT FRANCE MONDE 28/11/02 33,67 32,85 EUR 6,03 15/04/02028610 ATOUT MONDE 28/11/02 38,58 37,64 EUR028990 ATOUT SELECTION 28/11/02 77,46 75,57 EUR 15,28 24/12/01028636 CAPITOP EUROBLIG C 28/11/02 108,55 107,48 EUR028637 CAPITOP EUROBLIG D 28/11/02 86,14 85,29 EUR 20,79 24/03/02

Fonds communs de placements044668 ATOUT VALEUR 27/11/02 57,47 57,47 EUR 1,36 13/12/01

097265 CA AM ACT.FONC.EUR 28/11/02 96,11 93,77 EUR 3,48 15/04/02098333 CAPITOP REVENUS 28/11/02 175,41 173,67 EUR 2,00 15/10/02

PRATIQUE

La chasse au trésor

ATTENTION AUX OFFRES

DES PROMOTEURS

Code Émetteurs r Date Valeur de valeur Devise de Montant Date dusouscription de rachat cotation du coupon coupon

La location meublée gagne le cœur des villesAfin d’échapper aux contraintes de la loi sur les baux des logements, de plus en plusde propriétaires optent pour cette solution « plus souple et plus rentable » pour eux

EXPERTISE

Les revenus imposés deslocations meublées sontsoumis à un régime fiscalavantageux, quoiquecompliqué. Ils n’entrentpas dans les revenus fon-

ciers, contrairement à ceux de lalocation nue, mais sont considéréscomme des bénéfices industriels etcommerciaux. Les locations occa-sionnelles d’une partie de la résiden-ce principale du bailleur sont exoné-rées d’impôt, à condition que leloyer reste raisonnable (132,17 ¤ lem2 annuel en Ile-de-France ; 93,90 ¤ailleurs) et que le locataire y éliseson domicile principal – ce peutêtre par exemple le lieu d’étudesd’un étudiant ou d’un apprenti.

A moins de 76 300 ¤ de loyersannuels, le propriétaire peut opter,pour une durée de cinq ans, pour lerégime de la micro-entreprise, avecun abattement forfaitaire de 70 %des recettes, loyers et charges, cou-vrant les frais exposés pour la loca-tion et l’amortissement : il n’estdonc imposé que sur 30 % de sesrecettes. Il doit, comme tout entre-preneur, tenir une comptabilité. Cet-te formule n’est pas avantageuselorsque l’ensemble des frais outre-passe 70 % des recettes, ce qui peutarriver après d’importants travaux,ou lorsque l’exploitation est déficitai-re. Le bailleur peut aussi renoncer àl’abattement forfaitaire et choisir le

régime dit du réel, qui tient comptedes frais et de l’amortissement effec-tifs. Il peut enfin opter pour le statutde loueur en meublé professionnel(LMP), à condition de détenir aumoins deux logements et de réaliserun chiffre d’affaires de plus de23 000 ¤ par an ou représentant plusde la moitié de ses revenus.

Ce statut implique son immatricu-

lation au registre du commerce, cequi peut constituer une premièredifficulté : « Le greffe de Paris refused’enregistrer de telles demandes, indi-que Jean-Michel Guérin, directeurde la revue De particulier à particu-lier ; il faut alors demander une attes-tation de refus par le tribunal et laprésenter au fisc pour bénéficier toutde même de ce statut. » Etre loueurprofessionnel permet de déduireles déficits d’exploitation de sesrevenus pendant cinq ans et d’êtreexonéré d’impôt sur la plus-valuelors de la vente du logement, s’il aété loué au moins cinq ans et si lesrecettes n’ont pas excédé 152 600 ¤par an. Les immeubles, considéréscomme des biens professionnels,échappent à l’impôt sur la fortune.Et le loueur professionnel est un tra-vailleur indépendant qui paie lui-même ses charges sociales.

I. R.-L.

Beaucoup de promoteurs propo-sent à des particuliers d’acheter deslogements sur plans (vente en l’étatfutur d’achèvement, Vefa) dans desrésidences pour étudiants, person-nes âgées ou touristes, et de leslouer dans le cadre du statut deloueur en meublé professionnel. Legroupe Mona Lisa, gestionnaire depatrimoine, attire l’attention sur lefait que le fisc refuse ce statut auxacheteurs en Vefa pendant lesannées de construction de l’immeu-ble, lorsqu’ils ne perçoivent aucunloyer. Ils ne pourront donc pas dédui-re les frais d’acquisition qu’ilsauront réglés au cours de cettepériode ni faire valoir leur déficit, cequi les prive d’un des principauxavantages de ce statut.

Un régime fiscalavantageuxUn micro-entrepreneur est peu imposé

IV/LE MONDE/DIMANCHE 1er - LUNDI 2 DÉCEMBRE 2002

Page 30: supplØment en v.o. Avec Alexandre Dumas, Attac : le métissage … · 2018. 3. 26. · de notre correspondante Une porte-parole de l’ONU a indiqué, vendredi 29 novembre, que l’inspecteur

Des conventions de compte en souffrance. Bercy a gelé la mise en place de contrats entre les banques et leurs clients

RÉPONSES À TOUS

CLASSEMENT DES FONDS EUROPÉENS SELON LA MÉTHODE APT

L’assurance-vie allemande dans la tourmente. Plusieurs compagnies ont réduit la rémunération de leurs contrats

FRANCFORTde notre correspondant

Les Allemands ont la réputation d’êtrede grands amateurs d’assurance, etun produit les attire par-dessus tout :l’assurance-vie. Avec un foyer surdeux détenteur d’une police, plus de80 millions de contrats souscrits, soit

en moyenne un par habitant, 22 % de l’épargneprivée mobilisée sur ce type de placement, l’assu-rance-vie fait partie des habitudes. Il s’agit d’unélément incontournable dans l’existence et lesprojets de tout Allemand un peu installé. Biensouvent, les économies constituées viennentcompléter les retraites. La sûreté, les avantagesfiscaux, et bien sûr le rendement des polices,objets d’une vive concurrence entre les compa-gnies ont contribué à populariser la formule.Mais voilà, ce bel agencement est désormais sou-mis à de très fortes pressions. Turbulences bour-sières, crise économique, les souscripteurs sontconfrontés à de mauvaises surprises. Le numéroun du secteur, Allianz, a annoncé, le 27 novem-

bre, la réduction de la rémunération de ses poli-ces. La prime accordée aux souscripteurs devraitpasser à 5,3 % dès 2003, contre 7,5 % en 2001 et6,8 % en 2002. La décision est d’autant plusremarquée qu’elle risque d’être suivie par toutela profession : le niveau moyen des bonusdevrait se situer autour de 5 % à l’avenir.

« »Les primes avaient eu tendance à s’envoler

ces dernières années. Développement des mar-chés boursiers, concurrence entre les assureurs,les épargnants ont souvent été séduits par desrendements de plus en plus attractifs. Pour tenirleurs promesses, les compagnies allemandes,auparavant très prudentes, ont eu tendance àinvestir massivement dans les actions, aumoment où les Bourses mondiales étaient enplein boom.

En 2000, les actions ont ainsi représenté jus-qu’au quart des portefeuilles de placement déte-nus par les assureurs, contre à peine 14 % quatreans plus tôt. Mais le retournement des cours

– l’indice vedette de la place de Francfort, leDAX, a perdu 35 % en quelques mois – a fragili-sé l’ensemble du système. Car les compagniessont contraintes d’inscrire de gigantesquesdépréciations pour tenir compte de l’évolutionde leurs portefeuilles (4,4 milliards d’euros pourAllianz cette année). « Les sociétés ont fait despromesses trop importantes, qu’elles n’ont pas putenir », dit Wolfgang Scholl, expert en assuran-ces auprès d’une organisation de défense desconsommateurs : « Il était temps qu’elles corri-gent le tir. »

Déjà, le secteur de l’assurance-vie traverseune crise profonde. Plusieurs opérateurs con-naissent des difficultés financières. Un indice netrompe pas : les professionnels du secteur ontmis en place une société commune, baptisée Pro-tektor, afin de récupérer toutes les contratsmenacés par une éventuelle faillite. Certainescompagnies n’avaient d’ailleurs pas attenduAllianz pour réviser leurs promesses à la baisse.

Philippe Ricard

Immobilier

Pour construire ma maison,j’ai signé une promesse de ventepour un terrain à bâtir. Le cons-tructeur de la maison qui m’aindiqué ce terrain devait se char-ger de m’obtenir un prêt auprèsd’une banque spécialisée. Or lessemaines passent et ma de-mande de prêt n’est toujourspas déposée à la banque.

L’agent immobilier, intermé-diaire dans la transaction sur leterrain, menace d’annuler lavente du terrain sans me resti-

tuer mon acompte. Que dois-jefaire ?

Mme T., Eragny (95)Tout compromis de vente

d’un bien immobilier contientune clause suspensive de l’ob-tention des prêts, valable unmois (article L 312-16 du codede la consommation). Si l’ache-teur se voit refuser un de ses cré-dits bancaires, il peut annuler lavente et récupérer son acompte.Il dispose d’un mois pour fairesa demande de crédit et obtenirune réponse. En l’absence dediligence de sa part, il ne peut

bénéficier de la clause suspen-sive, le vendeur étant en droitde conserver l’acompte, sans sepréoccuper si l’acheteur a man-daté quelqu’un d’autre pourfaire les démarches. L’acheteura d’ailleurs intérêt à se préoccu-per lui-même de la recherchedes financements.

Vous pouvez adresser voscourriers à Stéphanie Hock-liffe, « Le Monde Argent »,21 bis, rue Claude-Bernard,75242 Paris Cedex 05. Fax :01-42-17-21-67. Courriel :[email protected]

C’est la colère du côtédes associations deconsommateurs. Legouvernement a déci-dé lundi 25 novembrede suspendre pour

une durée de dix-huit mois la dispo-sition sur les conventions de comp-te prévue par la loi Murcef (Mesu-res urgentes de réformes à caractè-re économique et financier) votéepourtant à l’unanimité par l’Assem-blée nationale fin 2000. Cette sus-pension sera inscrite dans une dis-position de la loi sur la sécuritéfinancière et sera effective à la pro-mulgation de ce texte, qui devraitêtre voté au premier semestre 2003.En clair, les banques n’auront pas àenvoyer à leurs clients les conven-tions de comptes sensées clarifierleur relation avec eux. Ce docu-ment était destiné à mettre à plat

l’ensemble des prestations et leurstarifs.

Bercy a néanmoins demandé auxétablissements de crédit et à La Pos-te de s’engager à respecter les prin-cipes de transparence de la loiMurcef et à signer une charte pré-voyant l’information préalable àtout changement tarifaire, la possi-bilité de fermer son compte sansfrais en cas de désaccord, ainsi quela contractualisation selon les prin-cipes issus de la concertationmenée au Comité consultatif. Leministère de l’économie préciseque, pour les nouveaux comptes,une convention de compte dedépôt sera systématiquement éta-blie et que, pour les comptes déjàouverts, les termes des relationsexistant entre le client et sa banqueseront maintenus. Dans ce derniercas, chaque client pourra deman-

der une convention écrite confor-me aux engagements pris par lesétablissements de crédit et La Pos-te. Un bilan sera établi au terme desdix-huit mois. En attendant, Lesmédiateurs bancaires et le comitéde la médiation bancaire veilleronttout spécialement au respect de cesrègles. La Fédération bancaire fran-çaise doit d’ailleurs désigner d’ici àla fin de l’année son médiateur.

Dans une conférence de presse

jeudi, les dirigeants d’associationsde consommateurs se sont indi-gnés qu’on « mette sous le bois-seau » trois ans de discussions avecles banques, qui avaient débouchésur un compromis ardu sur lesconventions de compte.

Les associations ont donc décidéde boycotter la réunion organisée

vendredi au ministère pour réflé-chir à l’application de la décisiondu ministre. « C’est la première foisqu’on demande aux consommateursd’accepter une charte au lieu d’uneloi », a lancé Reine-Claude Mader,présidente de la Confédération dela consommation, du logement etdu cadre de vie. « Francis Mer aban-donne les consommateurs au bonvouloir des banques », protesteUFC-Que Choisir. « Si les banquesélaborent une charte, nous considé-rerons cela comme une entente et lasoumettrons au conseil de la concur-rence, à la Commission européenneou à la Cour européenne de jus-tice », a déclaré Christian Huard,de l’Adéic (Association de défense,d’éducation et d’information duconsommateur).

J. Mo.

Actions françaises indiciellesPerformance arrêtée le : 31/10/2002 Performance moyenne sur un an : - 26,98 %

DE971072 UBS EQUITY FD-France UBS DE - 25,16 1 e e e e e e e e e - 25,01 3 484,30FR000130 DWS HAUSSMANN INDEX FR DEUTSCHE AM FR - 25,70 2 e e e e e e e e - 26,40 7 30,98DE971816 CICM CB FRANCE BASKET CICM DE - 25,81 3 e e e e e - 23,47 2 93,02DE971432 EUROPART.MUL.INV. FRAN EUROPARTNERS MULT DE - 26,12 4 e e e e e e - 27,79 21 243,59FRCAC40 FRANCE CAC 40 - PRICE SBF FR - 26,29 5 e e e e e e - 27,44 18 3150,04FR009990 EFINDEX-FRANCE CREDIT COOPERATIF FR - 26,33 6 e e e e e e e - 27,14 13 236,22FR043930 ETOILE BOURSE CAIXA FR - 26,39 7 e e e e e e e e - 26,41 8 245,52FR040575 TOP INDICE 40 CPR AM FR - 26,47 8 e e e e e e e - 27,03 12 235,87FR042396 VEGA INDEX PARIS VEGA MULTIMANAGER FR - 26,50 9 e e e e e e e - 26,95 11 257,79FR041107 CENTRALE INDICE ACTION CCR FR - 26,56 10 e e e e e e e - 27,24 15 270,62FR028449 LA MONDIALE ACTIONS FR KBL FR - 26,64 11 e e e e e e - 25,30 4 127,38FR040555 VIRTUOSE 40 CCR FR - 26,71 12 e e e e e e e - 27,40 17 230,39FR043538 DIGIT CAC 40 SINOPIA GESTION FR - 26,71 13 e e e e e e e - 27,23 14 24,54BE3197 HORIZON INVEST CAC 40 PETERCAM AM BL - 26,79 14 e e e e e e e e - 26,84 10 135,58FR028323 ABF FRANCE ACTIONS ABF CAPITAL MGT FR - 26,81 15 e e e e e e e - 26,25 5 74,43FR029982 ABF FRANCE REFERENCE ABF CAPITAL MGT FR - 26,84 16 e e e e e e e - 26,33 6 253,34FR097773 SLF(FRANCE)EQUITY FRAN SWISS LIFE FR - 26,93 17 e e e e e e e e - 26,71 9 227,58FR001732 AGF OPTI-INDEX AGF AM FR - 27,27 18 e e e e e e e - 27,85 22 295,84FR041507 ELAN FRANCE INDICE ROTHSCHILD ET CIE FR - 27,34 19 e e e e e e e - 27,31 16 2383,48FR029352 FIMA-INDICE PREMIERE FORTIS IM FR - 27,41 20 e e e e e e e - 27,45 19 3576,15FR028910 AXA INDICE FRANCE AXA IM FR - 27,50 21 e e e e e e e - 27,62 20 261,34IT588 RMNVST(G) R.FRN.IDX XF ROMINVEST IT - 27,65 22 e e ! - 23,35 1 503,40FR029857 ING (F) ACTIONS FRANCE ING FR - 27,87 23 e e e e e e e - 28,12 24 99,24DE972490 SWISSCA FRANCE (EUR) SWISSCA DE - 28,02 24 e e e e e - 29,07 25 23,55FR044529 INDICE CAC GERER OPCVM FR - 29,05 25 e e e e - 27,93 23 20,16FR042627 INDOSUEZ FRANCE INDEX CREDIT AGRICOLE FR - 30,54 26 b e e e - 31,73 26 121,92

GESTION COLLECTIVE

Quel avenir pourles fonds indiciels ?

La sicav de la semaine

ABF FranceActions

Perf. Rang Perf. Risque Perf. Rang ValeurCode Libellé Promoteur Pays retraitée retr. sur sur brute brut liquid.

en % 1 an 1 an 1 an en % 1 an en euros

Performance : Très bonne eeeee Bonne eeee Moyenne eee Faible ee Très faible e Mauvaise b Risque : Très peu eeeee Peu eeee Moyen eee Important ee Très important e Comportement atypique ! Comportement très atypique !!Toute la catégorie

a ASSURANCES : selon les chif-fres publiés le 28 novembre par laFédération française des sociétésd’assurances, un million de foyerssont déjà couverts par les contratsd’assurance dits GAV (garantie desaccidents de la vie), lancés enjuillet 2000, destinés à couvrir lesaccidents de la vie quotidienne.a IMMOBILIER : les autorisationsde construire et les mises en chan-tier en France, en août, septembreet octobre, sont restées quasistables par rapport à la même pério-de de 2001, selon un communiquépublié le 26 novembre par le minis-tère de l’équipement.

Lorsque les baromètres bour-siers connaissaient une haus-se ininterrompue, à la fin desannées 1990 et au début de la

décennie, les fonds indiciels, censésrépliquer la performance des indi-ces, occupaient les premières pla-ces des classements. Tel n’est plusle cas depuis presque deux ans queles Bourses n’en finissent pas dechuter. Selon les données d’Apti-mum Conseil, les fonds indiciels,qui misent sur les actions françai-ses, ont reculé de 26,98 % sur douzemois à la fin d’octobre – une perfor-mance à comparer à la baisse de27,44 % de l’indice CAC 40 de laBourse de Paris.

Pour autant, il ne faudrait pasignorer ces produits. D’abord, par-ce que très peu de fonds gérés defaçon non indicielle parviennent àbattre les grands indicateurs bour-siers. Ensuite, parce que les fondsindiciels continuent d’avoir lafaveur d’épargnants qui préfèrentêtre certains de réaliser la perfor-mance d’un indice boursier plutôtque de courir le risque de gagnerplus (mais aussi perdre plus) que cemême indicateur. D’ailleurs, à longterme (entre dix et quinze ans), plu-sieurs études montrent que lesfonds indiciels battent les produitsgérés de façon classique.

Même si les fonds indiciels sem-blent faire mieux que les produits« classiques » à long terme, ce n’estpas une raison pour ne pas s’intéres-

ser à la façon dont ils sont gérés. Ilexiste plusieurs manières de répli-quer un indice, ce qui n’est pas neu-tre au niveau de la performance.

La première consiste à acheterl’ensemble des valeurs figurantdans l’indice. Mais cette méthodeprésente des inconvénients : gérerun nombre plus ou moins impor-tant de valeurs – certains indicescomprennent plus de 600 titres –peut s’avérer fastidieux et coûteux.

Pour se faciliter la tâche, certainsgérants procèdent par échantillon-nage. Ils sélectionnent un petitnombre de titres, qu’ils jugentreprésentatifs de l’évolution dubaromètre boursier auquel le fondsest associé. La performance dufonds dépendra alors du bon choixdes titres.

UBS Equity FD-France, le pre-

mier du classement établi par Apti-mum Conseil, qui n’est pas à pro-prement parler un produit indiciel,mais qui cherche à coller sa perfor-mance au plus près de celle de l’indi-ce MSCI France, utilise son propresystème global d’évaluation destitres pour sélectionner les actionsmises en portefeuille.

Enfin, certains produits indicielsn’achètent pas du tout d’actions !Ils misent sur des contrats à termesur les indices boursiers, dont lavaleur varie dans la même propor-tion que l’indice auquel ils sontassociés. Cette technique, utiliséepar DWS Haussmann Index, ledeuxième du classement, permetde coller au plus près de l’indice.

Mais quelle que soit leur métho-de, les gérants de ces produits nes’intéressent pas à l’évolution desBourses. Leur seul souci est de serapprocher au plus près de l’évolu-tion de l’indice, qu’il soit en hausseou en baisse.

Joël Morio

par Cyrille Collet, la sicavABF France Actions et sonclone ABF France Référence seplacent aux 15e et 16e places duclassement établi selon laméthode APT, et aux 5e et 6e

places selon la performancebrute. La sicav a pour ambitionde battre son indice deréférence, l’indice SBF 120 de laBourse de Paris. Un résultatqu’elle est presque parvenue àatteindre au cours de ces douzederniers mois, ne s’éloignantque de 1,2 % de son indice deréférence sur les cinq derniers.

Pour obtenir ces résultats, legérant d’ABF France ne seborne pas à répliquer dans sesinvestissements la compositionde l’indice de référence de lasicav. Il applique une gestionquantitative centrée sur unesélection de valeurs. Pour cefaire, les équipes de gestiond’ABF ont construit un modèlemathématique qui tient compted’une dizaine de variables. Cesystème permet d’évaluer àcourt terme, selon les révisionsde prévisions de résultatseffectuées par les analystesfinanciers et, à long terme,d’après la valorisation del’entreprise en Bourse. Cemodèle conduit à ranger lestitres, qui figurent dans lesindices boursiers, en cinqclasses. Ce classement permetde surpondérer ou desous-pondérer, par rapport àl’indice de référence, une actiondans le portefeuille de la sicav.Seule contrainte du gérant : larépartition entre les différentssecteurs doit être semblable àcelle de l’indice.

Toutes les grandes valeurs del’indice SBF 120 (environ 75 %

de l’échantillon) sont présentesdans le portefeuille de la sicav.La pondération d’une actionpeut être différente de celle del’indice. Le gérant d’ABF Francefait actuellement un parimarqué sur des titres commeCasino, Lagardère, Renault ouEurotunnel. Il est, en revanche,sous-investi en actions Accor,Carrefour, Danone, Schneiderou Vinci. Pour les petitesvaleurs, le gérant peut fairel’impasse sur certains titres. Iln’y a ainsi aucune actionPechiney dans le portefeuille dela sicav. Enfin, pour avoir àmodifier ses investissements encas de mouvement sur la sicav(vente ou achat de parts), legestionnaire peut avoir recoursaux marchés dérivés.

J. Mo.

EXPERTISE

d La méthode APT (Arbitrage Pricing Theory) permet d’analyser les fondsselon leur performance mais aussi le risque pris par le gestionnaire. Elaboréepar Steve Roos en 1976, elle repose sur un postulat simple : pour mesurer lerisque, il faut s’intéresser aux prix. Aptimum, la société qui utilise la méthode

APT, recueille les prix de plus de 30 000 actifs sur chaque marché, chaquerégion du monde. Elle mesure l’évolution de ces prix au cours du temps. Descalculs sophistiqués permettent, en fonction de ces prix, de décortiquer laperformance des fonds et d’en établir une performance retraitée.

EN BREF

.A long terme,les fonds indexés surles grands indicateursboursiers battentles autres produits

ANALYSE DE RISQUEDU PORTEFEUILLE

Source : APT

Indices de style, en %

Grandes valeurs

Stylecroissance

Style valeurPetites valeurs

124,05

39,8944,06

La décomposition du profil de risque selon la méthode APT du fonds suivant les indices de style met en évidence une sensibilitéplus importante à l'évolution des grandes valeurs françaises.

APT

LE MONDE/DIMANCHE 1er - LUNDI 2 DÉCEMBRE 2002/V

Page 31: supplØment en v.o. Avec Alexandre Dumas, Attac : le métissage … · 2018. 3. 26. · de notre correspondante Une porte-parole de l’ONU a indiqué, vendredi 29 novembre, que l’inspecteur

DJ EUROSTOXX600 29/11 23h02

Place principale et Cours % var.devise de cotation heb.

-3I GROUP GB/GBP 5,95 4,57

AA.B FOODS GB/GBP 5,54 -5,62A.B PORTS GB/GBP 4,00 -2,44ABB LTD N CH/CHF 4,97 12,95ABBEY NATIONAL GB/GBP 6,47 -3,14ABN AMRO HOLDING NL/EUR 17,26 2,80ACCIONA ES/EUR 39,87 -1,07ACCOR FR/EUR 35,23 -0,76ACEA IT/EUR 4,84 5,91ACERINOX ES/EUR 38,99 9,74ACESA INFRAESTRUCT ES/EUR 10,72 0,19ACS ES/EUR 29,93 -0,23ADECCO CH/CHF 69,00 13,11ADIDAS-SALOMON AG DE/EUR 81,88 -0,33AEGIS GROUP GB/GBP 0,85 6,25AEGON NV NL/EUR 16,25 9,95AEM IT/EUR 1,36 11,93AGF FR/EUR 37,40 4,18AGFA-GEVAERT N.V. BE/EUR 20,44 -0,78AGGREGATE INDUSTR. GB/GBP 0,80 0,31AGGREKO GB/GBP 1,47 10,53AIR FRANCE FR/EUR 12,50 -3,10AIR LIQUIDE FR/EUR 135,10 -0,88AKZO NOBEL NV NL/EUR 31,49 7,22ALBA ES/EUR 20,00 -3,75ALCATEL A FR/EUR 5,75 1,77ALLEANZA ASS. IT/EUR 8,45 1,93ALLIANCE & LEICS GB/GBP 8,20 -6,12ALLIANCE UNICHEM GB/GBP 4,41 -3,92ALLIANZ N DE/EUR 112,20 -0,81ALLIED DOMECQ GB/GBP 3,81 1,06ALLIED IRISH BANKS IR/EUR 14,20 2,68ALMANIJ PS BE/EUR 34,73 -2,80ALPHA BANK GR/EUR 12,46 0,00ALSTOM FR/EUR 7,54 7,10ALTADIS ES/EUR 20,20 -2,18ALTANA DE/EUR 45,16 -1,66ALTRAN TECHNOLOGIE FR/EUR 7,91 32,05AMADEUS GLOBAL A ES/EUR 5,17 2,38AMB GENERALI HOLDI DE/EUR 61,70 3,78AMEC PLC GB/GBP 1,88 -3,09AMER GROUP A FI/EUR 32,68 3,75AMERSHAM GB/GBP 5,78 2,21AMVESCAP GB/GBP 4,74 0,64ANGLO AMERICAN GB/GBP 9,05 2,49ANGLO-IRISH BANK IR/EUR 6,90 3,29ARCELOR LU/EUR 13,20 8,91ARM HOLDINGS GB/GBP 0,68 6,25ARNOLDO MONDADORI IT/EUR 7,18 9,79ARRIVA PLC GB/GBP 2,85 -1,47ASF FR/EUR 24,95 3,18ASM INTERNATIONAL NL/EUR 14,91 7,27ASML HOLDING NL/EUR 11,48 2,78ASSA ABLOY B SE/SEK 121,00 10,00ASTRAZENECA GB/GBP 24,46 -1,25ATKINS(WS) GB/GBP 0,89 5,95ATLAS COPCO A SE/SEK 209,00 5,29ATOS ORIGIN FR/EUR 35,40 3,03AUREA CONCESIONES ES/EUR 21,45 -0,37AUTOGRILL IT/EUR 9,18 1,32AUTOLIV SDR SE/SEK 202,00 5,76AUTOSTRADE IT/EUR 9,53 -0,10AVENTIS FR/EUR 55,95 -6,05AVIVA GB/GBP 5,49 -0,90AWG GB/GBP 4,05 14,25AXA FR/EUR 16,15 1,89

BB SKY B GROUP GB/GBP 6,57 2,66B.P.C.INDUSTRIA IT/EUR 7,15 7,84B.P.SONDRIO IT/EUR 10,24 0,89BAA PLC GB/GBP 5,24 -1,23BAE SYSTEMS GB/GBP 1,69 -3,43BALFOUR BEATTY GB/GBP 1,65 -2,94BALOISE-HOLD. NOM. CH/CHF 67,15 -1,25BANCA ANTONVENETA IT/EUR 14,25 -1,72BANCA FIDEURAM IT/EUR 5,71 5,55BANCA LOMBARDA PIE IT/EUR 9,79 -2,10BANCA POP DELL'EMI IT/EUR 29,00 -1,66BANCA POPOLARE DI IT/EUR 3,56 -1,66BANCO COMERC.PORTU PT/EUR 2,69 5,49BANCO ESPIRITO PT/EUR 11,50 3,51BANK OF IRELAND IR/EUR 11,00 3,77BANK OF PIRAEUS GR/EUR 6,32 0,96BANKINTER ES/EUR 27,20 2,68BARCLAYS GB/GBP 4,65 -0,59BARRATT DEV PLC GB/GBP 4,05 -4,71BASF AG DE/EUR 38,70 1,63BAYER DE/EUR 22,98 -1,79BAYR.HYP.U.VERBK DE/EUR 16,49 5,10BB BIOTECH CH/CHF 62,70 4,67BBA GROUP GB/GBP 2,05 4,86BBVA ES/EUR 10,49 1,25BCA P.BERG IT/EUR 18,14 -1,95BCA POP DI LODI IT/EUR 8,71 5,70BCA POP VERONA NOV IT/EUR 11,15 0,45BCO POPULAR ESP ES/EUR 42,95 0,23BCO SABADELL ES/EUR 13,99 0,07BEIERSDORF AG DE/EUR 99,88 5,70BELLWAY GB/GBP 4,55 -4,71BENETTON GROUP SPA IT/EUR 9,50 0,64BERKELEY GROUP PLC GB/GBP 5,65 -4,03BG GROUP GB/GBP 2,42 2,11BHP BILLITON GB/GBP 3,41 3,49BIC FR/EUR 33,16 5,94BMW DE/EUR 34,11 2,59BNL IT/EUR 1,26 17,43BNP PARIBAS FR/EUR 41,00 -10,07BOC GROUP GB/GBP 8,95 1,36BODYCOTE INTL GB/GBP 1,14 13,15BOOTS CO GB/GBP 5,71 -1,38BOUYGUES FR/EUR 29,75 0,51BP GB/GBP 4,18 3,47BPB PLC GB/GBP 2,76 6,15BPI-SGPS SA PT/EUR 2,17 7,43BRADFORD & BINGLEY GB/GBP 3,06 -2,86BRAMBLES INDUSTRIE GB/GBP 1,48 13,19BRISA AUTO-ESTRADA PT/EUR 5,15 5,10BRITANNIC GROUP GB/GBP 3,42 8,23BRITISH AIRWAYS GB/GBP 1,65 -0,90BRITISH AM.TOBACCO GB/GBP 5,80 -5,69BRITISH ENERGY GB/GBP 0,06 -40,00BRITISH LAND CO GB/GBP 4,39 1,74BSCH ES/EUR 7,20 6,67BT GROUP GB/GBP 2,10 -1,29BUDERUS DE/EUR 22,60 4,63BULGARI IT/EUR 5,30 8,38BUNZL PLC GB/GBP 4,27 -4,47BUSINESS OBJECTS FR/EUR 20,92 14,32

CCABLE WIRELESS UK GB/GBP 0,82 -2,96CADBURY SCHWEPPES GB/GBP 4,17 3,47CALEDONIA INVST. GB/GBP 7,22 1,69CANARY WHARF GROUP GB/GBP 2,66 -5,84CAP GEMINI FR/EUR 32,17 7,38CAPITA GRP GB/GBP 2,73 -2,33CAPITAL RADIO GB/GBP 5,22 5,45CAPITALIA IT/EUR 1,68 13,51CARLSBERG B DK/DKK 307,00 -4,66CARLTON COMMUNICAT GB/GBP 1,71 24,36CARREFOUR ES/EUR 13,30 -0,45CARREFOUR FR/EUR 44,16 -1,34

CASINO GUICHARD FR/EUR 68,80 -1,22CATTLES GB/GBP 3,21 -2,43CATTOLICA ASSICUR. IT/EUR 22,82 0,40CELANESE DE/EUR 23,21 10,00CELLTECH GROUP GB/GBP 3,36 -3,17CENTERPULSE CH/CHF 238,00 -1,55CENTRICA GB/GBP 1,69 2,27CEPSA ES/EUR 17,50 4,92CHRISTIAN DIOR FR/EUR 36,69 1,92CHUBB GB/GBP 0,96 -4,00CIBA SC HLDG CH/CHF 107,25 -0,69CIMPOR PT/EUR 15,85 -1,12CLARIANT (NAMEN) CH/CHF 26,45 8,40CLOSE BROS GROUP GB/GBP 5,65 4,24CMG GB/GBP 0,82 3,80CNP ASSURANCES FR/EUR 36,00 2,42COBHAM GB/GBP 10,65 2,90COCA COLA HBC GR/EUR 15,10 -0,66COLOPLAST B DK/DKK 479,50 -3,52COLRUYT BE/EUR 51,00 -3,77COMM BK OF GREECE GR/EUR 15,30 5,37COMMERZBANK DE/EUR 9,35 14,16COMPASS GROUP GB/GBP 3,15 6,42CONTINENTAL AG DE/EUR 16,21 6,30CONVERIUM HOLDING CH/CHF 61,25 -2,00CORIO NL/EUR 26,25 1,86CORUS GROUP GB/GBP 0,34 8,80CRCAM IDF CCI FR/EUR 98,60 -0,90CREDIT AGRICOLE FR/EUR 16,38 -9,25CREDIT LYONNAIS FR/EUR 50,25 29,04CRH PLC IR/EUR 14,65 11,41CS GROUP N CH/CHF 34,90 4,96CSM NV CI NL/EUR 19,93 -1,09

DD/S SVENBORG B DK/DKK 53500,00 -2,73DAIMLERCHRYSLER N DE/EUR 36,64 3,21DAIRY CREST GROUP GB/GBP 3,45 0,36DAMPSKIBS B DK/DKK 41500,00 -2,35DANISCO DK/DKK 247,50 0,81DANONE FR/EUR 131,70 -1,20DANSKE BANK DK/DKK 125,00 5,93DASSAULT SYSTEMES FR/EUR 28,44 -0,35DAVIS SERVICE GRP GB/GBP 3,23 15,51DE LA RUE GB/GBP 2,71 33,56DEBENHAMS GB/GBP 3,07 -5,54DEGUSSA DE/EUR 25,80 2,95DEPFA BANK IR/EUR 41,30 -3,50DEPFA-BANK DE/EUR 46,00 2,20DEUTSCHE BANK AG DE/EUR 50,40 -1,75DEUTSCHE BOERSE DE/EUR 40,10 1,80DEUTSCHE LUFTHANSA DE/EUR 11,10 -3,48DEUTSCHE POST DE/EUR 10,78 -3,41DEUTSCHE TELEKOM DE/EUR 12,23 1,24DEXIA BE/EUR 12,31 2,58DIAGEO PLC GB/GBP 6,70 -3,74DISETRONIC BURGDOR CH/CHF 573,00 6,90DIXONS GROUP GB/GBP 1,73 -9,42DLY MAIL&GEN TST A GB/GBP 6,58 7,43DNB HOLDING NO/NOK 35,90 7,16DR.ING.F.PORSCHE DE/EUR 467,00 -0,85DROTT B SE/SEK 98,00 3,70DSM NV NL/EUR 45,30 2,98

EE.ON DE/EUR 43,00 -1,92EADS NL/EUR 12,79 4,84EASYJET GB/GBP 3,50 -5,91EDP EL DE PORTUGAL PT/EUR 1,69 3,68EFG EUROBANK ERGAS GR/EUR 11,40 2,33ELAN CORP PLC IR/EUR 2,60 14,04ELECTRABEL BE/EUR 236,60 -1,42ELECTROCOMPONENTS GB/GBP 3,50 7,69ELECTROLUX B SE/SEK 162,00 6,23ELISA COMM A FI/EUR 6,70 11,67EMAP PLC GB/GBP 8,35 2,45EMI GROUP GB/GBP 1,65 1,23EMS-CHEMIE HOLDING CH/CHF 5000,00 0,00ENAGAS ES/EUR 5,79 0,70ENDESA ES/EUR 11,91 -0,25ENEL IT/EUR 5,11 2,61ENI SPA IT/EUR 14,62 2,60ENIRO SE/SEK 62,00 1,64ENTERPRISE INNS GB/GBP 5,58 -0,98EPCOS (NAMEN) DE/EUR 17,83 25,48EQUANT NL/EUR 5,86 5,21ERICSSON B SE/SEK 8,85 -11,50ERSTE BK OSTEREICH AT/EUR 54,50 -2,68ESSILOR INTERNAT FR/EUR 40,02 1,57EURAZEO FR/EUR 48,50 1,96EURONEXT N.V. NL/EUR 21,30 -2,29EUROTUNNEL FR/EUR 0,67 -1,47EXEL GB/GBP 7,65 5,96

FFERROVIAL ES/EUR 24,16 -1,63FIAT IT/EUR 9,70 2,43FINAXA FR/EUR 59,90 5,09FINECO IT/EUR 0,54 4,65FINMECCANICA SPA IT/EUR 0,69 2,53FIRSTGROUP GB/GBP 2,29 0,22FKI GB/GBP 0,96 10,34FOERENINGSSPARB.A SE/SEK 112,00 -1,32FOM CON CONTRATAS ES/EUR 22,75 1,34FONDIARIA ASSICUR. IT/EUR 3,09 18,85FORTIS BE/EUR 17,80 -3,00

FORTUM CORPORATION FI/EUR 5,78 -0,34FOX KIDS EUROPE NL/EUR 3,93 1,81FRANCE TELECOM FR/EUR 18,00 16,96FRESENIUS MED.CARE DE/EUR 45,43 33,62FRESENIUS VORZ. DE/EUR 43,89 26,85FRIENDS PROVIDENT GB/GBP 1,48 1,89

GG WIMPEY PLC GB/GBP 2,40 -9,09GALEN HOLDINGS GB/GBP 5,30 10,19GALERIES LAFAYETTE FR/EUR 121,50 -1,46GALLAHER GROUP PLC GB/GBP 5,66 -5,67GAMBRO A SE/SEK 55,50 2,78GAS NATURAL SDG ES/EUR 19,22 1,16GEBERIT AG N CH/CHF 424,50 6,12GECINA FR/EUR 99,70 0,20GEHE AG DE/EUR 36,59 -0,84GENERALI ASS. IT/EUR 20,09 6,13GETRONICS NV NL/EUR 0,93 45,31GIVAUDAN N CH/CHF 617,00 -4,04GJENSIDIGE NOR NO/NOK 230,00 6,98GKN GB/GBP 2,39 5,99GLAXOSMITHKLINE GB/GBP 12,03 -3,61GN GREAT NORDIC DK/DKK 23,10 10,00GRANADA GB/GBP 0,95 14,11GREENE KING GB/GBP 7,12 -7,78GROUP 4 FALCK DK/DKK 175,50 6,36GROUPE DELHAIZE BE/EUR 18,62 2,82GRP BRUX LAMBERT BE/EUR 40,36 -1,08GRUPO DRAGADOS ES/EUR 15,90 0,95GRUPO PRISA ES/EUR 8,16 5,29GUCCI GROUP NL/EUR 90,60 0,50GUS GB/GBP 5,89 -4,69

HH. LUNDBECK DK/DKK 210,00 1,45HAGEMEYER NV NL/EUR 8,18 13,30HALMA PLC GB/GBP 1,25 8,96HAMMERSON GB/GBP 4,90 -4,65HANSON PLC GB/GBP 3,24 8,00HAVAS FR/EUR 5,38 11,16HAYS GB/GBP 0,99 8,79HBOS GB/GBP 6,96 -3,60

HEIDELB.DRUCKMASCH DE/EUR 25,95 7,68HEIDELBERGCEMENT DE/EUR 36,60 2,66HEINEKEN HOLDING A NL/EUR 28,08 5,17HEINEKEN NV NL/EUR 37,97 3,69HENKEL KGAA VZ DE/EUR 61,10 0,54HENNES & MAURITZ B SE/SEK 191,00 -2,05HERMES INTL FR/EUR 146,40 -0,48HILTON GROUP GB/GBP 1,84 10,18HOLCIM CH/CHF 295,50 11,51HOLMEN B SE/SEK 241,00 6,64HPI IT/EUR 2,40 6,67HSBC HOLDINGS GB/GBP 7,62 2,90HUHTAMAEKI FI/EUR 9,25 5,11

IIBERDROLA ES/EUR 13,02 -0,38IBERIA LINEAS AERE ES/EUR 1,68 1,20ICAP GB/GBP 9,94 1,53ICI GB/GBP 2,50 -4,21IHC CALAND NL/EUR 48,50 1,34IMERYS FR/EUR 120,00 -0,08IMI PLC GB/GBP 2,77 1,84IMMOFINANZ IMMO AT/EUR 5,76 1,05IMPERIAL TOBACCO GB/GBP 9,13 -6,07INDITEX ES/EUR 24,49 6,85INDP NEWS AND MED. IR/EUR 1,47 5,00INDRA SISTEMAS ES/EUR 7,79 3,87INDUSTRIVAERD AB A SE/SEK 116,00 0,00INFINEON TECHNO N DE/EUR 10,21 -0,10ING GROEP CVA NL/EUR 19,15 1,32INSTRUMENTARIUM B FI/EUR 28,00 2,19INTERBREW BE/EUR 21,00 -6,67INTERSERVE GB/GBP 2,01 11,23INTESABCI IT/EUR 2,19 10,33INTL POWER GB/GBP 1,06 9,84INTRACOM GR/EUR 5,68 0,35

INVENSYS GB/GBP 0,66 29,41INVESTEC GB/GBP 8,28 -2,01INVESTOR B SE/SEK 61,50 0,82IRISH LIFE & PERMN IR/EUR 11,20 -4,27ISS DK/DKK 290,00 3,57ITALGAS IT/EUR 12,83 19,02

JJ D WETHERSPOON GB/GBP 1,90 -31,41JAR LLOYD THOMP GP GB/GBP 6,81 -2,58JARVIS GB/GBP 2,85 1,79JOHNSON MATTHEY PL GB/GBP 8,60 -0,46JOHNSTON PRESS GB/GBP 3,73 3,04JULIUS BAER CH/CHF 391,00 1,56JYSKE BANK DK/DKK 187,50 4,46

KKARSTADT QUELLE AG DE/EUR 18,07 3,55KBC BANCASSURANCE BE/EUR 33,29 -1,10KELDA GROUP GB/GBP 3,77 3,86KERRY GROUP A IR/EUR 13,00 -1,37KIDDE GB/GBP 0,72 -10,28KINGFISHER GB/GBP 2,22 -6,72KLEPIERRE FR/EUR 129,00 0,55KON VOLKER WESSEL NL/EUR 18,64 2,14KONE OY B FI/EUR 28,70 8,30KONINKLIJKE AHOLD NL/EUR 13,83 7,13KONINKLIJKE KPN NV NL/EUR 6,68 4,37KONINKLIJKE NUMICO NL/EUR 12,30 -0,40KONINKLIJKE VENDEX NL/EUR 10,52 8,90KUDELSKI CH/CHF 28,50 1,24KUONI REISEN HLDG CH/CHF 310,00 16,98

LLAFARGE FR/EUR 81,80 1,30LAGARDERE FR/EUR 46,15 2,90LAND SECURITIES GB/GBP 7,74 2,52LEGAL&GENERAL GRP GB/GBP 1,15 -2,75LIBERTY INTL GB/GBP 5,90 1,03LINDE AG DE/EUR 37,80 4,28LINDT & SPRUENGLI CH/CHF 8350,00 0,97LLOYDS TSB GROUP GB/GBP 5,42 -4,24LOGICA GB/GBP 1,73 2,82

LOGITECH INTL CH/CHF 54,35 0,65LONDON STOCK EXCH. GB/GBP 3,20 -8,90LONMIN GB/GBP 8,86 -1,56LONZA GROUP N CH/CHF 90,45 0,39L'OREAL FR/EUR 71,75 0,70LUMINAR GB/GBP 4,50 -9,55LUXOTTICA GROUP IT/EUR 13,60 7,85LVMH FR/EUR 47,40 2,40

MMAN AG DE/EUR 15,20 14,37MAN GROUP GB/GBP 8,93 -4,80MARKS & SPENC GRP GB/GBP 3,43 -3,18MATALAN GB/GBP 2,59 0,00MEDIASET SPA IT/EUR 8,51 2,90MEDIOBANCA IT/EUR 7,77 0,00MEDIOLANUM SPA IT/EUR 6,06 2,54MEDION AG DE/EUR 44,00 0,18MEGGITT GB/GBP 1,98 2,57MERCK KGAA DE/EUR 25,26 2,98METRO AG DE/EUR 24,48 4,70METROVACESA ES/EUR 21,75 7,78METSO FI/EUR 10,50 12,90MFI FURNITURE GRP GB/GBP 1,21 -11,03MG TECHNOLOGIES DE/EUR 7,55 8,01MICHAEL PAGE INTL GB/GBP 1,21 9,01MICHELIN FR/EUR 34,89 2,89MISYS GB/GBP 2,38 6,85MLP DE/EUR 14,00 4,17MMO2 GB/GBP 0,51 -6,85MONTE PASCHI SIENA IT/EUR 2,44 16,47MORRISON SUPERMARK GB/GBP 2,12 0,00MUENCHENER RUECKV DE/EUR 140,00 -6,35MYTRAVEL GROUP GB/GBP 0,29 11,54

N

NAT BANK OF GREECE GR/EUR 14,02 -4,10NATEXIS BQ POP. FR/EUR 82,75 4,75NATIONAL EXP GRP GB/GBP 4,49 0,67NATIONAL GRID TRAN GB/GBP 4,31 0,47NEOPOST FR/EUR 28,00 -9,82NESTLE NOM. CH/CHF 300,00 -2,91NEXT GB/GBP 8,40 0,00NH HOTELES ES/EUR 9,37 4,69NOBEL BIOCARE HLDG CH/CHF 83,60 1,09NOKIA OYJ FI/EUR 19,40 2,21NORDEA SE/SEK 44,30 0,68NORSK HYDRO NO/NOK 292,00 3,18NORSKE SKOG NO/NOK 116,00 9,43NORTHERN FOODS PLC GB/GBP 1,69 -0,88NORTHERN ROCK GB/GBP 6,72 -3,93NOVAR GB/GBP 1,06 4,95NOVARTIS CH/CHF 55,20 -1,87NOVO-NORDISK B DK/DKK 230,00 0,00NOVOZYMES B DK/DKK 149,50 -0,33NUTRECO HOLDING NV NL/EUR 16,55 14,53

OOCE NV NL/EUR 11,45 9,88OLD MUTUAL GB/GBP 0,93 -1,85OLIVETTI IT/EUR 1,18 0,00OMEGA PHARMA BE/EUR 30,50 -6,44OMV AT/EUR 90,70 -2,98ORANGE FR/EUR 7,65 7,44ORKLA ASA NO/NOK 126,50 4,98OTE - HELLENIC TEL GR/EUR 11,00 2,80

PP & O STEAM DEF.SH GB/GBP 1,83 -2,66P&O PRINCESS CRUIS GB/GBP 4,98 -1,92PARGESA HOLDING CH/CHF 2499,00 3,26PARMALAT IT/EUR 2,41 -0,82PEARSON GB/GBP 7,39 6,18PECHINEY FR/EUR 38,31 13,78PENNON GROUP GB/GBP 6,01 1,86PERNOD-RICARD FR/EUR 90,45 -3,88PERSIMMON GB/GBP 4,14 2,73PEUGEOT FR/EUR 45,35 -2,14PILKINGTON PLC GB/GBP 0,64 0,39PILLAR PROPERTY GB/GBP 3,92 0,00PINAULT PRINTEMPS FR/EUR 89,00 -0,06PIRELLI IT/EUR 1,08 10,43PREMIER FARNELL GB/GBP 2,25 8,77PROVIDENT FINANCIA GB/GBP 6,88 0,29PRUDENTIAL GB/GBP 5,36 4,48PT TELECOM SGPS N PT/EUR 6,81 0,89PUBLICIS GROUPE SA FR/EUR 25,59 6,71

QQIAGEN NV NL/EUR 6,76 3,21

RRAC GB/GBP 4,42 -1,23RANDSTAD HOLDING N NL/EUR 10,95 3,30RANK GROUP PLC GB/GBP 2,82 -1,83RAS IT/EUR 12,60 4,65RECKITT BENCKISER GB/GBP 11,17 1,92REED ELSEVIER GB/GBP 5,65 -3,58REED ELSEVIER NV NL/EUR 12,45 -5,32RENAULT FR/EUR 49,64 -0,46RENTENANSTALT N CH/CHF 134,75 -10,17RENTOKIL INIT GB/GBP 2,10 0,72REPSOL YPF ES/EUR 12,66 2,26REUTERS GROUP GB/GBP 2,35 7,80REXAM GB/GBP 3,85 -6,10REXEL FR/EUR 41,00 12,33RHODIA FR/EUR 8,25 13,95RICHEMONT UNITS A CH/CHF 28,00 2,56RIETER HOLDING AG CH/CHF 287,00 0,35RIO TINTO GB/GBP 13,02 3,33RMC GROUP GB/GBP 4,21 4,99ROCHE HOLDING BJ CH/CHF 105,50 -3,65RODAMCO EUROPE NL/EUR 42,96 4,91ROLLS-ROYCE PLC GB/GBP 1,30 8,33ROY.PHILIPS ELECTR NL/EUR 22,06 3,57ROYAL AND SUN ALLI GB/GBP 1,47 4,26ROYAL BK SCOT.GRP GB/GBP 16,48 4,70ROYAL DUTCH PETROL NL/EUR 44,04 0,59RTL GROUP LU/EUR 30,85 10,18RWE DE/EUR 28,25 -2,92RYANAIR HOLDINGS IR/EUR 7,70 -4,35

SSABMILLER GB/GBP 4,46 2,41SAFEWAY GB/GBP 2,18 -3,54SAGE GROUP GB/GBP 1,57 -3,09SAGEM FR/EUR 72,55 -1,56SAI STA ASSICURATR IT/EUR 15,70 10,56SAINSBURY(J) PLC. GB/GBP 2,96 -0,67SAINT GOBAIN FR/EUR 30,37 5,05SAIPEM IT/EUR 6,11 1,33SAMPO A FI/EUR 7,64 2,83SANDVIK SE/SEK 218,50 0,92SANOFI-SYNTHELABO FR/EUR 59,40 -1,00SANPAOLO IMI IT/EUR 7,83 3,71SAP AG SYSTEME ANW DE/EUR 88,16 -0,50SCANIA B SE/SEK 181,50 3,71SCHERING AG DE/EUR 42,90 -6,82SCHNEIDER ELECTRIC FR/EUR 48,85 -0,61SCHRODERS LTD GB/GBP 5,88 -1,01SCOR FR/EUR 6,20 -25,30SCOT.&SOUTH.ENERGY GB/GBP 6,20 -2,59

SCOTTISH NEWCASTLE GB/GBP 4,51 -3,01SCOTTISH POWER GB/GBP 3,38 -4,65SEAT PAGINE GIALLE IT/EUR 0,82 12,18S-E-BANKEN A SE/SEK 84,00 3,70SECURICOR GB/GBP 0,78 4,70SECURITAS B SE/SEK 137,50 2,23SERCO GROUP GB/GBP 1,80 15,38SERONO B CH/CHF 870,00 0,35SEVERN TRENT GB/GBP 6,21 -0,48SGS SURVEILLANCE CH/CHF 447,50 -1,21SHELL TRSPT & TRAD GB/GBP 4,17 2,46SHIRE PHARMA GRP GB/GBP 4,42 -15,33SIEMENS DE/EUR 49,37 -1,63SIG HLDG N CH/CHF 152,00 2,18SIGNET GROUP GB/GBP 0,87 8,75SINGULUS TECHNOLOG DE/EUR 17,15 4,89SIX CONTINENTS GB/GBP 5,65 -0,88SKANDIA FOERSAEKRI SE/SEK 26,70 4,71SKANSKA AB B SE/SEK 58,50 10,38SKF B SE/SEK 256,50 5,12SLOUGH ESTATES GB/GBP 3,39 2,73SMITH & NEPHEW GB/GBP 3,77 -1,05SMITHS GROUP GB/GBP 7,43 4,65SNAM RETE GAS IT/EUR 3,11 0,00SOCIETE GENERALE A FR/EUR 56,60 2,26SODEXHO ALLIANCE FR/EUR 26,00 0,46SOGECABLE ES/EUR 13,10 22,66SOLVAY BE/EUR 66,00 2,40SONAE SGPS PT/EUR 0,44 2,33SONERA FI/EUR 5,75 0,00SPECTRIS GB/GBP 3,19 9,62SPIRENT GB/GBP 0,16 -11,36SSL INTERNATIONAL GB/GBP 2,70 2,67STAGECOACH GROUP GB/GBP 0,18 12,50STANDARD CHARTERED GB/GBP 7,75 0,65STATOIL NO/NOK 53,50 2,88STMICROELECTRONICS NL/EUR 25,73 4,89STOLT-NIELSEN LU/NOK 54,00 -0,92STORA ENSO R FI/EUR 12,30 12,84STOREBRAND ASA NO/NOK 30,80 6,21SUEDZUCKER AG DE/EUR 14,20 -1,39SUEZ FR/EUR 18,40 -5,25SVENSKA CELLULOS.B SE/SEK 314,00 4,15SVENSKA HDLBK A SE/SEK 127,00 -0,78SWEDISH MATCH SE/SEK 61,50 0,82SWISS RE N CH/CHF 111,00 -1,11SWISSCOM N CH/CHF 431,50 -0,46SYNGENTA NAMEN CH/CHF 84,00 -4,27SYNTHES STRATEC US/CHF 879,00 -1,12

TT ONLINE INT DE/EUR 6,15 -13,50TANDBERG A NO/NOK 101,00 4,12TATE & LYLE PLC GB/GBP 3,20 -3,61TAYLOR NELSON SOFR GB/GBP 1,62 8,36TAYLOR WOODROW GB/GBP 1,79 -0,83TDC DK/DKK 198,00 -1,98TECHNIP COFLEXIP FR/EUR 78,75 5,00TELE2 B SE/SEK 237,50 -2,66TELECOM ITALIA IT/EUR 8,22 -0,84TELEF MOVILES ES/EUR 7,35 1,38TELEFONICA ES/EUR 10,24 0,99TELEKOM AUSTRIA AT/EUR 9,10 2,59TELENOR NO/NOK 29,80 3,47TELIA SE/SEK 35,00 -0,28TERRA NETWORKS ES/EUR 5,18 3,39TESCO GB/GBP 2,03 3,57TF1 FR/EUR 30,25 5,92THALES FR/EUR 28,42 2,34THE SWATCH GROUP CH/CHF 133,50 3,89THOMSON FR/EUR 22,31 10,06THYSSENKRUPP DE/EUR 11,95 12,21TIETOENATOR FI/EUR 15,90 0,25TIM IT/EUR 5,19 -1,14TISCALI IT/EUR 5,85 13,37TITAN CEMENT GR/EUR 36,78 -0,54TOMKINS GB/GBP 2,19 4,29TOMRA SYSTEMS NO/NOK 64,50 13,16TOTAL FINA ELF FR/EUR 135,10 -0,88TPG NL/EUR 18,39 1,71TRAVIS PERKINS GB/GBP 10,55 -3,22TRINITY MIRROR GB/GBP 3,73 -0,40TUI DE/EUR 20,50 5,02

UUBS N CH/CHF 74,75 -0,20UCB BE/EUR 27,41 -2,11UNAXIS HOLDING CH/CHF 117,50 17,50UNIBAIL FR/EUR 62,85 -3,68UNICREDITO ITALIAN IT/EUR 4,01 -2,20UNILEVER GB/GBP 5,72 -5,69UNILEVER CVA NL/EUR 58,60 -6,76UNION FENOSA ES/EUR 13,37 13,79UNITED UTILITIES GB/GBP 6,02 -0,17UPM KYMMENE FI/EUR 36,41 12,55UTD BUSINESS MEDIA GB/GBP 3,13 16,79

VVALEO FR/EUR 32,90 3,79VALLEHERMOSO ES/EUR 9,40 6,82VEDIOR NV NL/EUR 7,95 15,89VESTAS WIND SYSTEM DK/DKK 69,50 -31,53VINCI FR/EUR 57,75 -0,86VIOHALCO GR/EUR 4,56 1,33VIRIDIAN GROUP GB/GBP 4,90 -2,00VIVENDI ENVIRONNEM FR/EUR 25,05 0,20VIVENDI UNIVERSAL FR/EUR 16,39 15,59VNU NV NL/EUR 30,05 3,26VODAFONE GROUP GB/GBP 1,22 -3,94VODAFONE PANAFON GR/EUR 5,74 3,61VODAFONE TELECEL PT/EUR 8,55 2,27VOLKSWAGEN DE/EUR 40,70 2,49VOLVO B SE/SEK 171,00 7,89

WWANADOO FR/EUR 4,68 1,74WCM BETEILIGUNGS- DE/EUR 2,69 5,49WELLA NON VTG PREF DE/EUR 56,93 0,98WERELDHAVE NV NL/EUR 52,10 2,86WH SMITH GB/GBP 3,40 -8,11WHITBREAD GB/GBP 5,67 1,16WILLIAM DEMANT HLD DK/DKK 155,50 5,07WILLIAM HILL GB/GBP 2,14 -8,74WOLSELEY PLC GB/GBP 5,46 3,02WOLTERS KLUWER CVA NL/EUR 17,90 3,17WOOD GROUP (JOHN) GB/GBP 1,64 10,25WOOLWORTHS GROUP GB/GBP 0,42 13,51WPP GROUP GB/GBP 5,45 11,11

XXSTRATA GB/GBP 6,29 1,94

ZZARDOYA ES/EUR 12,20 2,43ZELTIA ES/EUR 6,80 -2,86ZODIAC FR/EUR 20,63 -6,18ZURICH FIN SERVICE CH/CHF 159,75 -1,69

a VRANKEN FINANCEPOMMERY

Le producteur de champa-gne (6 % du marché mon-dial) a annoncé, le26 novembre, une augmen-tation de capital représen-tant 23,89 millions d’euros,par l’émission de 955 570actions au prix unitaire de25 euros, afin de financerdes acquisitions récentes,dont la marque Pommery.Règlement et livraison desactions interviendront le11 décembre. En cinqjours, le titre prend10,33 %, à 26,60 euros.

a PINGUELY-HAULOTESPÉCULÉ

Sur le second marché, len˚ 3 mondial de la nacelleet plate-forme élévatrice agagné, le 28 novembre,plus de 26 %. AlexandreSaubot, directeur généraldu groupe, a déclaré à Reu-ters qu’il ne s’expliquaitpas cette hausse subite,n’ayant rien communiquédepuis la publication, à lafin du mois d’octobre, deses résultats du 1er semes-tre. En cinq jours, l’actions’envole de 33,85 %, à5,22 euros.

a AVENIR TÉLÉCOMDOPÉ

Cetelec, filiale de serviceaprès-vente du distribu-teur français de produits etservices de télécommunica-tions, qui a renoué avec lesbénéfices au 1er trimestre, aannoncé, le 25 novembre,son implantation à Alger.Le marché algérien de latéléphonie va prochaine-ment exploser et aucunesociété indépendantedédiée aux services n’yétait présente. En cinqjours, l’action gagne41,98 %, à 1,15 euro.

a VALLOUREC VALEURDE PLACEMENT

Le fabricant de tubes enacier sans soudure bénéfi-cie de l’annonce, le27 novembre, d’une mon-tée à 12,1 % dans son capi-tal du groupe de l’hommed’affaires Vincent Bolloré,reconnu par les analystespour ses placements aviséspar l’intermédiaire de sesfiliales Nord Sumatra Inves-tissements et Financière duLoch. Il devient le 2e action-naire de la firme. Sur lasemaine, le titre progressede 8,21 %, à 57,35 euros.

LES VALEURS DE LA SEMAINE

a CRÉDIT AGRICOLEÀ LA HAUSSE

La banque verte a publié, le28 novembre, des résultatstrimestriels décevants, avecun recul de 30 % du bénéfi-ce net sur un an. Le groupea subi de plein fouet labaisse des marchés bour-siers et a dû passer des pro-visions sur son portefeuilleen actions. Il a affirméqu’un rapprochement avecle Lyonnais ne pourrait passe faire à n’importe quelprix. Sur la semaine, l’ac-tion recule de 9,25 %, à16,38 euros.

en euros à Paris en euros à Paris en euros à Paris en euros à Paris en euros à Paris

27 28 2926novembre 2002

25

5,2

5,0

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3,827 28 2926

novembre 200225

1,15

1,10

1,05

1,00

0,95

0,90

0,85

0,80

0,7527 28 2926

novembre 200225

24,0

24,5

25,0

25,5

26,0

26,5

27 28 2926novembre 2002

25

62

60

58

56

54

5227 28 2926

novembre 200225

18,0

17,5

17,0

16,5

16,0

Le 29 nov. 16,38 Le 29 nov. 5,22Le 29 nov. 1,15Le 29 nov. 26,60Le 29 nov. 57,35

Source:B

loomberg

CODES PAYS ZONE EUROAT : Autriche - BE : Belgique - DE : AllemagneES : Espagne - FI : Finlande - FR : FranceG R : G r è c e - I R : I r l a n d e - I T : I t a l i eLU : Luxembourg - NL : Pays-Bas - PT : Portugal

CODES PAYS HORS ZONE EUROCH : Suisse - DK : Danemark - GB : Grande-BretagneNO : Norvège - SE : Suède - US : Etats-Unis

VI/LE MONDE/DIMANCHE 1er - LUNDI 2 DÉCEMBRE 2002

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NASDAQ

p+ 0,68 %1 478,78 points

EURO STOXX50

p+ 0,33 %2 656,85 points

Dollar 100 Yens Euro Livre Franc S.

NEW YORK ($) 0,81569 0,99530 1,55750 0,67479 TOKYO (¥) 122,59500 121,87000 190,98500 82,72325 PARIS (¤) 1,00525 0,82075 1,56545 0,67800 LONDRES (£) 0,64205 0,52360 0,63885 0,43310 ZURICH (FR. S.) 1,48195 1,20885 1,47470 2,30895

TAUX D'INTÉRÊTS LE 29/11Taux Taux Taux Tauxj.le j. 3 mois 10 ans 30 ans

3,30 3,05 4,62 4,99 - 4,00 4,03 4,75 4,75 3,30 3,05 4,70 5,17 3,30 3,05 4,52 5,06 0,05 0,07 0,96 1,62 - 1,42 1,43 4,29 5,32 0,62 0,74 2,65 3,41

Echéance Premier Dernier Contratsprix prix ouverts

40 . 11/2 3331,00 3335,50 487243 . 12/2 91,99 0 . 50 9/2 2665,00 2665,00 1927 10 12/2 111,09 111,43 630345 3. 12/2 97,08 97,08 667563 12/2 8940,00 8865,00 . 12/2 941,00 934,00 530918

VENDREDI 29 NOVEMBRE 23h03Cours % var.

OR FIN KILO BARRE ..................10320,00 ........0,49OR FIN LINGOT..........................10320,00 ........0,29ONCE D'OR EN DOLLAR................319,05 ........0,46PIÈCE 20 FR. FRANCAIS...................59,00 ........1,03PIÈCE 20 FR. SUISSE ........................59,00 ........0,34PIÈCE UNION LAT. 20......................59,10 ........0,00PIÈCE 10 US$..................................199,00 ........0,00PIÈCE 20 US$..................................400,00 ........5,19PIÈCE 50 PESOS MEXICAINS ........386,00 ........0,52

NEW YORKDOW JONES

p+ 1,04 %8 896,09 points

MARCHÉ DES CHANGES 29/11, 23h02

OR

MARCHÉS DES CAPITAUX

Un premier bilanpositif pour 2001

TOKYONIKKEI

p+ 5,05 %9 215,56 points

FRANCFORTDAX 30 IBIS

q– 0,02 %3 320,32 points

La Banque centrale euro-péenne (BCE) aurait-elletiré les leçons des criti-ques qui lui ont été régu-lièrement formulées surson manque de commu-

nication et de préparation de sesintentions en matière de décisionmonétaire ? En tout cas, les écono-mistes sont quasiment unanimes :la BCE a préparé le terrain à unebaisse des taux d’intérêt de la zoneeuro, lors du prochain conseil desgouverneurs qui doit se tenir àFrancfort jeudi 5 décembre. Lesmembres de ce conseil ont telle-ment préparé l’opinion par leursdéclarations successives que les pro-fessionnels et les marchés finan-ciers jugeraient très mal venu de nepas joindre le geste à la parole enréduisant d’un quart, voire d’undemi-point, les taux directeurs. Le5 décembre, la Banque centralejoue donc sa crédibilité.

Cette semaine, encore, deux d’en-tre eux ont publié des entretiensqui, minimisant les craintes infla-tionnistes, ont été interprétés parles observateurs comme allantdans le sens d’une détente monétai-re. Souvent très disert, le présidentde la Bundesbank, Ernst Welteke,qui siège au conseil des gouver-neurs de la BCE, a indiqué vendredi29 novembre, dans le quotidien alle-mand Handelsblatt, que la BCEpourrait « probablement » baisserses taux le 5 décembre. « Si nous nedistinguons pas d’aspects négatifssur l’évolution des prix à moyen ter-me, nous pourrions probablementchanger le taux, et par là même créerpeut-être un meilleur climat, décla-re-t-il. Le climat sur les prix s’estdétendu dans l’ensemble depuisnotre dernière réunion. »

Deux jours plus tôt, mercredi,paraissait un entretien que le vice-président de la BCE, Lucas Papade-mos, avait accordé au quotidien éco-nomique finlandais Kauppalehti. Il yestimait que la probabilité d’unebaisse des taux s’accroissait dans lazone euro. « La perspective d’uneinflation en baisse et contenue à

moins de 2 % en 2003 s’améliore.(…). La probabilité d’une croissanceéconomique soutenue par une baissedes taux d’intérêt, et qui ne menacepas la stabilité des prix, augmentedonc », a-t-il indiqué.

La Banque centrale a deux bon-nes raisons de desserrer l’étreintemonétaire : ses deux indicateursfétiches, l’inflation et la massemonétaire, ne lui fournissent pasoutre mesure de signes d’inquiétu-de. Publiée vendredi, l’inflationdans la zone euro a décéléré ennovembre, à 2,2 % sur un an, contre2,3 % le mois précédent, selon l’esti-mation provisoire fournie par l’Offi-ce européen des statistiques, Euro-stat. Le second indicateur, représen-té par la croissance de la massemonétaire M3, qui rassemble piè-ces, billets en circulation et place-ments financiers à court terme,c’est-à-dire l’argent disponible rapi-dement pour l’achat de biens, aralenti à 7 % en octobre sur un an,après 7,3 % le mois précédent.Même si ces deux statistiques res-tent au-dessus des limites fixées parla Banque centrale européenne(2 % pour l’inflation et 4,5 % pour lacroissance de M3), elles évoluentdans la bonne direction.

« Une baisse des taux le 5 décem-

bre est presque une affaire faite…Chacun et son chien, y compris levôtre bien sûr, s’attend à ce que laBCE baisse ses taux », ironise Joa-chim Fels, économiste chez Mor-gan Stanley, en guise d’introduc-tion à une étude intitulée La BCE

va baisser ses taux, mais devrait-ellele faire ? Selon les chefs économis-tes membres de la Fédération ban-caire européenne (FBE), qui ontannoncé jeudi une baisse de leurprévision de croissance de la zoneeuro à 1,7 % en 2003, contre 2,9 %dans leurs estimations de prin-temps, l’inflation devrait rester souscontrôle et passer sous le seuil de2 % fixé par la BCE à 1,7 % enmoyenne annuelle l’an prochain.Selon le consensus des économis-tes, la BCE a une marge de manœu-vre pour abaisser son principal tauxd’intérêt d’un quart de point à 3 %d’ici à la fin de l’année, pour aider la

croissance. « Une telle baisse estnécessaire pour soutenir l’investisse-ment qui fait défaut et la reprise »,indiquent-ils.

Pour les économistes de BNPParibas, à Londres, « les perspectivesd’inflation continuent de s’améliorer(les prochaines prévisions officiellesdevraient afficher une inflation infé-rieure à 2 % pour les deux années àvenir). Nous favorisons un scénariode baisse d’un demi-point mais lemarché reste partagé sur l’ampleurde la baisse, une baisse d’un demi-point est intégrée avec une probabili-té de 50 % ». Les spécialistes d’UBSWarburg penchent quant à eux versune baisse d’un quart de point. Leséconomistes de BNP Paribas ajou-tent que d’un point de vue pure-ment statistique, la BCE a modifiéses taux directeurs à douze reprises,depuis son entrée en activité en1999 : sept fois d’un quart de pointet cinq fois d’un demi-point. LaBCE a procédé à sept hausses etcinq baisses. « Cela pourrait indi-quer que la BCE est plus prompte àdurcir qu’à assouplir », notent lesexperts de la BNP. Cependant, si lamajorité des mouvements de haus-se décidés par la BCE ont été d’unquart de point, la majorité des mou-vements de baisse (trois sur cinq)ont été d’un demi-point. Ils en con-cluent que la banque est « plus gra-duelle à la hausse qu’à la baisse. Entout état de cause, il est quasimentcertain que le marché ne trancherapas définitivement avant la décision,sauf indication très claire de la BCE,ce qui semble peu probable ».

La monnaie unique a cédé du ter-rain au cours de la semaine, face àun dollar revigoré. Il a reculé jus-qu’à 0,9881 dollar mercredi, avantde finir vendredi à 0,9925 dollar. Lebillet vert a bénéficié des espoirs dereprise économique aux Etats-unisqui ont été relancés cette semainepar quelques statistiques, dont laconfiance des consommateurs amé-ricains qui s’est affichée en hausseau mois de novembre.

Cécile Prudhomme

Achat Vente

...............7,4219...........7,4306 . ...............7,2799...........7,2886 ..............8,9974...........9,0069 ............30,7969.........30,8749 ................1,7734...........1,7755 ...................1,5560...........1,5572 ................7,7555...........7,7599 -. .............1,9930...........1,9976 ..............237,5761 ......238,0936 .................33267,0000..33333,0000 ...................................31,6718.........31,6982

TAUX

MARCHÉS A TERME LE 29/11, 23h03

’ pas trop tôt pour tirer unpremier bilan de l’année des mar-chés obligataires, avec une certitu-de : la situation y est bien meilleu-re que sur les marchés d’actions.Les spécialistes qui officient dansles banques sont loin de sombrerdans le pessimisme, à deux semai-nes de la fin de l’année, qui sesitue traditionnellement à lami-décembre sur ce marché.

Si les entreprises ont été moinsnombreuses que lors des exerci-ces 1999, 2000 et même 2001 àsolliciter les investisseurs, la fauteen revient aux sociétés de télé-communications. Même les quel-ques mois de fermeture du mar-ché n’ont pas entamé le moraldes banques. Les entreprises desautres secteurs sont toujours aurendez-vous, quand leur qualitéde signature est élevée. Cettesemaine a ainsi vu le distributeurTesco se présenter aux investis-seurs. L’emprunt devait s’élever à500 millions d’euros. Face à la

demande, l’entreprise a choisid’en offrir finalement 750 mil-lions et l’écart de taux, qui mesu-re la valorisation du risque, s’esttrouvé réduit de quelques pointsde base. La semaine écoulée s’estcependant révélée assez calme,puisque hormis celui de Vodafoneà cinq ans, les autres empruntssont de taille peu significative. Ilest vrai que lorsque le marchéaméricain est fermé, comme cefut le cas en raison de la fête deThanksgiving, les Européensn’osent guère se lancer seuls. Unpetit emprunt de la CRH (Caissede refinancement hypothécaire)s’est passé des investisseurs amé-ricains. Cette structure françaisen’a pas forcément un renom inter-national, malgré son triple A, lameilleure notation possible. Enempruntant seulement 166 mil-lions d’euros sur deux maturités,2009 et 2013, l’émetteur pouvaitfacilement placer ses titres dansl’Hexagone. Pour la semaine quis’annonce, le marché bruit derumeurs, essentiellement sur dessignatures bancaires quidevraient venir emprunter desquasi-fonds propres. La Banquefédérale du Crédit mutuel, BNPParibas ou HSBC font partie descandidats sérieux.

France Télécom fête une annéed’absence. Cette semaine a aussi

été celle d’un anniversaire assezparticulier. Le 26 novembre 2001,France Télécom empruntait pourla dernière fois un montant signifi-catif, 5 milliards d’euros. A l’épo-que, la demande avait été supé-rieure à l’offre. Pour une durée decinq ans, l’émetteur offrait uneprime de risque de 165 points debase (1,65 %). Depuis, l’opérateurhistorique n’a pas pu se présenteraux investisseurs, si ce n’est pourdes opérations de taille anecdoti-que. Et si l’on évoque un retour deFrance Télécom sur le marché en2003, ce sera à un prix élevé. Laprime de risque demandée par lesinvestisseurs pour cette signatured’une entreprise dont la majoritédu capital est encore détenue parl’Etat français est montée au pirede la crise jusqu’à 700 points debase (7 %) au-delà des empruntsd’Etat pour une maturité de cinqans. Depuis quelques semainesque le gouvernement a donné dessignaux forts de soutien à l’entre-

prise, cette prime est revenue endessous de 250 points de base. Ilfaut noter que France Télécomn’a pas pratiqué ce que le Créditfoncier de France (CFF) avait faiten son temps.

Lorsque, en pleine crise, aprèsla suppression, par le gouverne-ment, de son fonds de commercequ’étaient les prêts à l’habitat àtaux zéro, les obligations du CFFavaient connu un mouvementsimilaire à ce que subissent lestitres France Télécom : les finan-ciers de l’institution financièrespécialisée avaient discrètementacquis leurs propres obligations,encaissant ainsi tout le bénéficede l’évolution des cours lorsque lasituation était redevenue norma-le. Ce qui avait représenté unbénéfice non négligeable. Cepen-dant, le Crédit foncier avait ungros problème de fonds propres,pas de trésorerie, là où FranceTélécom ne dispose guère de liqui-dités. Ce n’est pas que les finan-ciers de France Télécom soientmoins au fait des pratiques desaffaires que leurs confrères duCrédit foncier, ou moins confiantsdans l’avenir de leur entreprise,mais, en proportion de leurs pro-blèmes, ce qu’ils auraient gagnécompte peu.

Isabelle Grunenwald

PARISCAC 40

p+ 0,63 %3 326,65 points

LONDRESFT 100

q– 0,14 %4 169,40 points

La couronne suédoise s’est appréciée face à l’euro et au dollar, vendredi29 novembre, sur le marché des changes, après l’annonce par le premierministre suédois, Göran Persson, de l’organisation d’un référendum surl’euro le 14 septembre 2003. Les dirigeants des partis représentés au Parle-ment suédois se rencontreront à nouveau le 17 décembre 2002, afin de seprononcer sur le contenu du texte. La devise suédoise s’échangeait à0,1105 euro et à 0,1097 dollar. La Suède est membre de l’Union européenne,mais, à l’instar du Danemark et du Royaume-Uni, n’appartient pas à la zoneeuro. La dernière enquête d’opinion de l’Institut Sifo donnait l’avantage au« non », à la mi-novembre, pour la première fois depuis juin 2001.

COURS DE L'EURO

MARCHÉS

Les investisseursse rassurent un peu

LES SUÉDOIS SE PRONONCERONT SUR L’EURO EN 2003

Taux Euribor à 3 mois

DÉCRUE

Source : Bloomberg

D J F M A M J J A S O N D

2001 2002

3,5

3,4

3,3

3,2

3,1

3,0

Les taux à trois mois de l'Euribor, interprétés comme un indicateur du niveau des taux directeurs pour le prochain trimestre, intègrentune baisse des taux de la BCE.

Le 29 novembre 3,047

Pour la semaine qui s’annonce, le marchébruit de rumeurs, essentiellement surdes signatures bancaires qui devraient

venir emprunter des quasi-fonds propres

Les indices boursiersmondiaux ont connuune valse-hésitation aucours de la semaine du25 novembre, mais sansenregistrer d’écarts bru-

taux. Ils ont d’abord commencé enbaisse, les opérateurs prenantleurs bénéfices après une semainede forte hausse, avant de rebondirsur des espoirs d’amélioration del’activité économique aux Etats-Unis. Par ailleurs, la semaine bour-sière a été écourtée, à Wall Street,en raison des fêtes de Thanksgi-ving : le marché est resté fermé jeu-di et n’a ouvert que pour une brè-ve séance, mercredi et vendredi.

Mercredi 27 novembre, la publi-cation aux Etats-Unis de statisti-ques économiques meilleures queprévu a rallumé l’optimisme desinvestisseurs. Ces chiffres les ontrassurés sur la vigueur de la con-sommation américaine, qui repré-sente les deux tiers de l’activitééconomique. En effet, les dépen-

ses de consommation des ména-ges ont progressé de 0,4 %, en octo-bre, tandis que leurs revenus ontaugmenté de 0,1 %. Publié mardi,l’indice de confiance des consom-mateurs, mesuré par l’institut pri-vé américain Conference Board,s’est établi à 84,1 points, en haussede 4,5 points, mais en dessous desattentes des économistes. Parailleurs, le nombre de demandeshebdomadaires d’allocations-chô-mage a diminué de 17 000 unitésau cours de la semaine achevée le23 novembre, s’établissant à364 000 demandes, le plus basniveau depuis la mi-février 2001.De son côté, l’indice d’activité dusecteur manufacturier de la régionde Chicago a fortement progresséen novembre pour atteindre54,3 points, contre 45,9 points enoctobre. Or un indice au-dessus de50 points reflète une expansion del’activité. Enfin, les commandes debiens durables ont affiché unehausse de 2,8 % en octobre.

Sur la semaine, l’indice DowJones, principal indicateur du mar-ché, progresse donc de 1,04 %, à8 896,09 points. Et l’indice Nasdaq,riche en valeurs de technologie,gagne 0,68 %, à 1 478,78 points.

Dans la zone euro, l’indice Euro

Stoxx des cinquante premièresvaleurs a grappillé 0,33 %, à2 656,85 points sur la semaine.

A Paris, l’indice CAC 40 s’estapprécié de 0,63 %, à3 326,65 points. La semaine a étémarquée par la flambée de l’actionCrédit lyonnais, qui s’est envoléede 29,04 %, à 50,25 euros. La ban-que fait désormais l’objet de toutesles convoitises, depuis que l’Etat avendu sa participation résiduellede 10,9 % à BNP Paribas, au termed’un processus d’enchères conduitle week-end précédent. Sur lasemaine, le titre BNP Paribas areculé de 10,07 %, à 41 euros. Pouremporter les enchères, cet établis-

sement a offert à l’Etat 58 eurospar action Crédit lyonnais, un prixque les analystes jugent très élevé.De son côté, le titre Crédit agricolea reculé de 9,25 %, à 16,38 euros. LaBanque verte a présenté des résul-tats trimestriels inférieurs aux pré-visions. Son bénéfice net a en effetreculé de 29,6 % au troisième tri-mestre, à 145 millions d’euros,sous l’effet de la baisse des mar-chés financiers qui a provoqué lebesoin de fortes provisions.

D’autre part, les valeurs de tech-nologie, médias et télécommunica-tions (TMT) sont restées bien orien-tées. Le titre France Télécom a pro-gressé de 16,96 %, à 18 euros, dansl’attente du plan de sauvetage del’opérateur de télécommunica-tions, qui doit être annoncé le5 décembre. Des informations ontfait état d’une avance de l’Etat de9 milliards d’euros, ce qui permet-trait de différer l’opération de reca-pitalisation du groupe, ou de mesu-res de restructurations. Des réduc-

tions des investissements dans latéléphonie de troisième génération(UMTS) ont aussi été évoquées.

Sur la semaine, l’action VivendiUniversal a aussi gagné 15,59 %, à16,39 euros. Le groupe a annoncéune perte nette de 1,234 milliardd’euros au troisième trimestre, enligne avec les prévisions des analys-tes. La bataille pour le contrôle deCegetel, que se livrent Vivendi Uni-versal et le britannique Vodafone,nourrit les spéculations autour dugroupe français. D’autres valeursTMT ont bien tiré leur épingle dujeu, comme Thomson (+ 10,06 %, à22,31 euros), Orange (+ 7,44 %, à7,65 euros), Cap Gemini (+ 7,38 %,à 32,17 euros), TF1 (+ 5,92 %, à30,25 euros) ou STMicroelectro-nics (+ 4,89 %, à 25,73 euros).

A Francfort, l’indice DAX perd0,02 %, à 3 320,32 points, en cinqjours.

A Londres, l’indice Footsie acédé 0,14 %, cette semaine, à4 169,40 points.

A Tokyo, l’indice Nikkei a pro-gressé de 5,05 % sur la semaine,s’établissant à 9 215,56 points. Lemarché nippon a été soutenu parla bonne orientation de WallStreet. L’économie japonaiseétant très dépendante du marchéaméricain pour ses exportations,les investisseurs ont été très sensi-bles à l’amélioration de la conjonc-ture outre-Atlantique. En revan-che, ils ne se sont pas attardés surl’annonce d’un recul de 0,3 % de laproduction industrielle en octobreet d’une hausse du chômage auniveau record de 5,5 % de la popu-lation active. Il est vrai que le gou-vernement nippon avait préalable-ment annoncé, la semaine précé-dente, le lancement d’un collectifbudgétaire comprenant 3 000 mil-liards de yens (24,7 milliardsd’euros) de dépenses supplémen-taires pour l’exercice 2002-2003,afin de soutenir l’activité.

Adrien de Tricornot

« »

Conforter l’indépendance du MondeVous êtes attaché à l’indépendance duMonde. Vous pouvez y concourir enrejoignant la Société des lecteurs (SDL).Elle contrôle 10,46 % du capital du jour-nal. Les titres de la SDL sont inscrits surle marché libre, code SICOVAM 3477.Ceux qui possèdent un portefeuille peu-vent passer un ordre d’achat à leur ban-que. Les autres peuvent acheter une ouplusieurs actions en s’adressant ausecrétariat de la SDL. Les actions ainsiacquises seront inscrites en « comptenominatif pur », formule qui n’entraînepas de droit de garde pour l’actionnaire.

Cours de l’action

le 29 novembre 2002 : 22,10 ¤

Société des lecteurs du « Monde », 21 bis, rueClaude-Bernard, 75242 Paris Cedex 05.Tél. : 01-42-17-25-01. Courriel : [email protected]

Une baisse des taux très attendueLa Banque centrale européenne a tellement préparé les marchés financiers à l’idée d’une détentemonétaire le 5 décembre que, si elle ne la décide pas, elle mettra en jeu sa crédibilité

LE MONDE/DIMANCHE 1er - LUNDI 2 DÉCEMBRE 2002/VII

Page 33: supplØment en v.o. Avec Alexandre Dumas, Attac : le métissage … · 2018. 3. 26. · de notre correspondante Une porte-parole de l’ONU a indiqué, vendredi 29 novembre, que l’inspecteur

Les bonnes affaires de l’école de ParisSi la définition de ce mouvement a fluctué, les ventes aux enchères le limitent aujourd’hui aux peintres étrangers établisdans la capitale française au début du XXe siècle. En dents de scie dans les années 1980 et 1990, les cotes ne cessent de monter

/.

MOTS D’ARGENT

Le vert parlerde la finance

n’est pas que lejoyeux célébrateur des « jolies »colonies de vacances – « Merci,maman ! Merci, papa ! » : il estaussi un lexicographe tenace, quidurant des années a collecté lesmots et les expressions du langa-ge parlé d’aujourd’hui propres àtelle ou à telle profession.

Cette pêche, ou bien cette chas-se, aux mots a demandé àl’auteur, dit-il, une douzaine d’an-nées de travail. Le résultat en estun gros volume qui vient de paraî-tre (Le Parler des métiers, RobertLaffont), et qui rejoint et complè-te avec bonheur et alacrité desouvrages également passion-nants parus naguère… D’autresouvrages de référence ont, effecti-vement, été publiés auparavant,où les auteurs recensaient l’an-cien argot – ou, plutôt, LESanciens argots – des métiers, oubien les lexiques techniquesemployés de nos jours encore parles professionnels de diverses pro-fessions. En presse et en imprime-rie, ainsi, même si le savoureuxjargon des typographes a grande-ment disparu avec la mort du« plomb » (où peut-on encoreentendre « marcher en italique »,« lettres qui ne sont pas de laparoisse », « aller en Germanie »,etc. ?), on peut encore noter les« chapô », « cheval », « ventre »,« ours », « deleatur », « bourdon »,« doublon »…

Ici, il est bien précisé qu’il s’agitdes « échanges oraux informels,recensés dans la pratique quoti-dienne des métiers d’aujour-d’hui ».

Au chapitre « Boursiers », PierrePerret ne pouvait manquer designaler l’expression « marché enrut » (il y a même une autreexpression, un peu plus… raide)pour désigner un marché en haus-se, en pleine santé, qui monte…

Quant au fameux Tonton Cristo-bal « tout cousu d’or », ce n’est cer-tes pas un « macrotin », un « com-mis besogneux dont les affairessont médiocres ou pas très net-tes ». Arrêtons-nous un instantsur ce mot, et tentons d’aller plusloin que l’auteur, c’est-à-dire enessayant de fournir une étymolo-gie… S’agit-il du mot homographerelevé dans des textes réunion-nais, et désignant, semble-t-il,quelqu’un qui ne serait pas francdu collier ? On y verrait plutôt unvocable forgé à la manière du« gérontin » lancé sans grand suc-cès dans le milieu médical, il y atrois ou quatre décennies, pourdésigner des personnes âgées enpleine forme. En gros, des septua-génaires, des quasi-octogénaires,encore tout fringants. Mais la con-notation défavorable de géronte– « vieillard ridicule, grotesque,facile à berner » – l’a emporté surle suffixe -tin, censé, d’après lenom allègre du pétulant Tintin,valoriser le néologisme !

Macro pourrait représenter…maquereau, au sens large – au-delà de « proxénète » – de « per-sonne qui vit aux dépens desautres, aux dépens de quelqu’und’autre ». Et, s’agissant d’unescroc à la petite semaine, pastrès doué pour les magouilles enaffaires, on aurait ajouté la termi-naison… risquons « atténuative »,et non pas atténuante, -tin… Maiscela relève de l’hypothèse, nousne le cachons pas !

Un rapport avec la macro (éco-nomie) est exclu, puisque notremacrotin est en fait un… « micro-tin », aux affaires squelettiques,voire déficitaires, qui font se tor-dre d’angoisse les boyaux de sesmandants, peut-être bientôtréduits à l’état de mendiants.

Jean-Pierre Colignon

Moins d’un moisaprès des ventesorganisées àParis par Boisgi-rard et Associéset Chayette et

Cheval, des peintres juifs de l’écolede Paris sont au programme desventes de la société Massol, le12 décembre… Depuis quelquesannées, les ventes concernant l’Eco-le de Paris se succèdent à un ryth-me régulier.

L’école de Paris, ainsi baptiséepar le critique d’art André Warnoden 1925, désigne à la fois de façoncollective les peintres étrangers figu-ratifs installés à Paris après la pre-mière guerre mondiale, tout enrenvoyant aux artistes novateurscontemporains, français ou non,peignant à Paris. A l’origine, dudébut des années 1900 jusqu’à laseconde guerre mondiale, des pein-tres venus de tous les horizons s’éta-blissent dans la capitale française,réputée pour son activité culturelle.

Cependant, les peintres apparte-nant à ce milieu ne se ressemblentguère. Regroupés autour des ate-liers et des académies libres deMontparnasse, à Montmartre, du

côté du carrefour Vavin, dans lescafés comme le Select, le Dôme oula Rotonde, ils échangent leursidées et leurs manières de lesconcevoir. Cet univers accueille despeintres juifs comme Modigliani,Hayden, Chagall, Kisling, Soutine,Pascin, qui, avec d’autres artistesémigrés, comme Kandinsky, JuanGris, Foujita ou Picasso, forment

une communauté solidaire, trèsouverte aux modes d’expression lesplus insolites ou classiques. A partirde 1910, grâce aux arrivées réguliè-res d’artistes juifs ou non, fuyantleur pays à cause de l’antisémitis-me, de la révolution russe, des fas-cismes, selon les cas, le cercle créa-tif s’élargit. D’autres artistes attiréspar cet éclat quittent spontané-ment leurs patries pour participer àce renouveau enthousiasmant del’art. La seconde guerre mondialefait mourir une partie de l’inspira-tion. Dès le retour de la paix, uneautre génération d’artistes reprendle titre de noblesse improvisé ets’intronise « école de Paris ». Dèslors, depuis, la dénominations’étend de façon générale et un peuusurpée aux artistes parisiens.

Néanmoins, les ventes aux enchè-res établissent une distinction netteet prennent surtout en compte latoute première école, devenue dansles années 1980 objet de spécula-tions, comme en témoigne la vented’une modeste œuvre de Kisling,intitulée Les Fleurs, pour 2 millionsde francs par Me Loudmer. Cetteflambée des prix s’est pourtantmodérée dans les années 1990,

période de récession manifeste ;puis, avec l’apparition d’un marchélibre de l’art des pays de l’ancienbloc de l’Est, l’engouement pour lesœuvres dispersées de l’école deParis a repris de plus belle. Grâceaux acheteurs polonais, tchèques ethongrois, la cote des artistes parfoisinjustement oubliés a pu remonter.Makowski, Boznanska, Menkes,Gottlieb, Kars, Czobel, peintres nonnécessairement connus du grandpublic, ont connu à titre posthumecélébrité et records de vente.

, , …Selon Christophe Zagrodski,

expert agréé par le conseil des ven-tes, le marché se serait stabilisé :« Si les peintres tels Foujita, Chagallet Soutine constituent une catégorieà part, avec des prix pouvant attein-dre des centaines de milliers d’euros,d’autres éléments de l’école de Parisrestent dans une gamme de prix pourtoutes les bourses. Les peintures àl’huile – dessins, gouaches et aqua-relles étant proportionnellementmoins chers – se situent entre 300 et30 000 euros. De très bons prix sontsouvent obtenus pour des artistes ori-ginaires de Pologne. Ainsi, en 2001,

un bouquet de fleurs d’Olga Boznan-ska a obtenu 21 243 euros. » L’ex-pert précise que, lors d’une venteBoisgirard, en juin, une toile deJoseph Czapski a été vendue à10 500 euros. La barre des10 000 euros a presque été atteintepar un portrait de femme par HenriEpstein (9 800 euros), mais beau-coup d’autres artistes peuvent sevanter de résultats très intéres-sants. Bela Czobel, « le plus fran-çais des peintres hongrois », qui aeu une belle rétrospective à la mai-rie du 6e, a trouvé acquéreur à10 600 euros. Venu de l’Autrichevoisine, Willy Eisenschitz, qui a faitpresque toute sa carrière en France,est très recherché par des amateursde ce pays. Ses bonnes toiles valententre 6 000 et 8 000 euros, avec unrésultat récent de 19 000 eurospour un très grand format.

Les valeurs trop spéculativesn’ont pas retrouvé le niveau d’il y aquinze ans, mais, dans certains cas,les œuvres de qualité dépassent lesbrillants records d’autrefois. Cepen-dant, les acheteurs peuvent encoretrouver des œuvres à bas prix. Pourquelques centaines d’euros, il estpossible d’acquérir des toiles de

Michel Adlen, Maurice Blond, JeanEkiert, Roman Jarosz, Vassyl Khme-luk, Lan-Bar, entre autres. Christo-phe Zagrodski croit à l’école deParis, dont les cotes ne cessent demonter. Ainsi, la vente Boisgirarddu 6 novembre a enregistré de bonsscores pour Bela Czobel (Jeune fem-me au fichu rouge, estimée 6 000 à7 000 euros, partie à 12 500 euros),tandis que le Portugais FranciscoSmith obtenait un résultat surpre-nant de 22 000 euros pour La Criéeaux poissons, gouache et aquarelleestimée 2 000 à 3 000 euros.

Plus raisonnablement, les toilesproposées en juin à Paris à l’HôtelDrouot par l’étude Artcurial Briestsont restées abordables, à des prixvariant de 1 000 à 4 500 euros : laMaison en bord de rivière, d’Alexan-dre Altmann, estimée entre 1 000 et1 200 euros, s’est vendue à1 500 euros. Avec les mêmes estima-tions de départ, la Femme acrobate,d’Adolphe Feder, a obtenu1 300 euros. Un Vase de fleurs, deMané-Katz, estimé 2 000 à2 300 euros, a été adjugé à3 200 euros.

Stéphanie Hockliffe

« Jeune femme au fichu rouge »(65 × 50 cm), de Bela Czóbel.12 500 euros, le 6 novembre.

a CHRISTOPHE COLOMB : lacloche de la Santa-Maria, la cara-velle de Christophe Colomb, seramise aux enchères le 12 décembreà Madrid, à 1 million de dollars. Lacloche, qui a coulé avec un autrenavire, en 1555, au large du Portu-gal, a été découverte il y a huit ans.a VIN : 500 bouteilles du vigno-ble languedocien (notamment desdomaines de l’Aiguelière, de PeyreRose ou du Château de la Tuilerie)seront mises aux enchères le

10 décembre, à l’Ecole nationalesupérieure d’agronomie à Montpel-lier. Le produit sera reversé àReporters sans frontières.a AUTOGRAPHES : sept lettresinédites de Maria Callas ont étévendues le 27 novembre à Romepar Christie’s, pour 18 538 euros.Une des lettres, de 1968, danslaquelle la soprano évoquait lemariage du grand amour de sa vie,Aristote Onassis, avec JacquelineKennedy, a atteint 5 952 euros.

EXPERTISE

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VIII/LE MONDE/DIMANCHE 1er - LUNDI 2 DÉCEMBRE 2002