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54 Éditorial François Baudier, Bertrand Chevallier . . . . . . . 16 Modèle d’intervention en santé publique et cadre épidémiologique Prévention des traumatismes : une approche pour améliorer la sécurité des populations Pierre Maurice, Michel Lavoie, Monique Rainville 18 Epidémiologie des accidents de sport et de loisirs chez les enfants et les adolescents Bertrand Thélot, Jean-Pierre Darlot, Marc Nectoux, Hubert Isnard . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21 L’activité physique des jeunes de 12 à 25 ans Philippe Guilbert, Marie Choquet . . . . . . . . . . 24 formation, communication et réglementation Freins et stratégies à développer pour une prévention passive efficace : l’exemple du roller Hélène Bourdessol . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26 Les campagnes de prévention des accidents de sports Michel Dépinoy . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30 Le réseau d’épidémiologie de Médecins de montage et la prévention des accidents de sports d’hiver Marc-Hervé Binet, Jean-Dominique Laporte . . . . 32 Dos, ados et sport : des relations ambiguës Isabelle Lagrut, Alain Douiller . . . . . . . . . . . 36 La CSC et la prévention des risques liés aux activités de sports et de loisirs Pierre Le Guérinel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38 Action communautaire Intérêts et difficultés de l’approche communautaire dans la prévention des accidents Bertrand Chevallier, Marc Sznajder . . . . . . . . . 41 Organiser le partage de l’espace public Entretien avec Adeline Lemen . . . . . . . . . . . . 46 Le vélo en toute sécurité. Mais comment ? Céline Farley . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48 Pour en savoir plus Centre de documentation du CFES . . . . . . . . . 50 Dossier coordonné par François Baudier, médecin, responsable du département Santé publique, Caisse nationale de l’assurance maladie des travailleurs salariés (Cnamts), Bertrand Chevallier, professeur des universités, chef du service des urgences pédiatriques de l’Hôpital Ambroise-Paré, secrétaire général du Cirpae. ILLUSTRATIONS DU DOSSIER : CRISTOF AMRI Sport et loisirs : prévenir les accidents

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ÉditorialFrançois Baudier, Bertrand Chevallier . . . . . . . 16

Modèle d’intervention en santépublique et cadre épidémiologique

Prévention des traumatismes :une approche pour améliorerla sécurité des populations Pierre Maurice, Michel Lavoie, Monique Rainville 18

Epidémiologie des accidentsde sport et de loisirs chezles enfants et les adolescentsBertrand Thélot, Jean-Pierre Darlot, Marc Nectoux,Hubert Isnard . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21

L’activité physique des jeunesde 12 à 25 ansPhilippe Guilbert, Marie Choquet . . . . . . . . . . 24

formation, communicationet réglementation

Freins et stratégies à développerpour une prévention passive efficace :l’exemple du rollerHélène Bourdessol . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26

Les campagnes de préventiondes accidents de sports Michel Dépinoy . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30

Le réseau d’épidémiologie de Médecinsde montage et la préventiondes accidents de sports d’hiverMarc-Hervé Binet, Jean-Dominique Laporte . . . . 32

Dos, ados et sport :des relations ambiguësIsabelle Lagrut, Alain Douiller . . . . . . . . . . . 36

La CSC et la prévention des risquesliés aux activités de sports et de loisirsPierre Le Guérinel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38

Action communautaire

Intérêts et difficultésde l’approche communautairedans la prévention des accidentsBertrand Chevallier, Marc Sznajder . . . . . . . . . 41

Organiser le partage de l’espace publicEntretien avec Adeline Lemen . . . . . . . . . . . . 46

Le vélo en toute sécurité.Mais comment ?Céline Farley . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48

Pour en savoir plusCentre de documentation du CFES . . . . . . . . . 50

Dossier coordonné par François Baudier, médecin,responsable du département Santé publique,

Caisse nationale de l’assurance maladie des travailleurs salariés (Cnamts),Bertrand Chevallier, professeur des universités,

chef du service des urgences pédiatriques de l’Hôpital Ambroise-Paré,secrétaire général du Cirpae.

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édito

Le sport et les activités de loisirs sont un«magnifique » sujet de santé publique. Alors quenous sommes sans arrêt obligés, dans ledomaine de la prévention, de limiter, d’interdire,de restreindre… et parfois d’encadrer certaineslibertés, voilà un thème où nous demandons auxFrançais d’en faire plus, de se dépenser sanscompter pour leur plaisir et leur santé…

L’évolution de nos sociétés industrielles nousconduit à avoir une activité physique de plus enplus réduite, en particulier dans le cadre de nosactivités professionnelles. Cette diminution nes’est pas accompagnée d’une progression équi-valente des dépenses caloriques durant nos loi-

sirs. Le résultat a été rapide.La balance énergétique s’estvite déséquilibrée entre ap-port (alimentation) et dé-pense (activité physique),conduisant à une progres-sion rapide, en France, de lasurcharge pondérale et deses conséquences. À la diffé-rence de beaucoup d’autrespays ayant un même niveau

de développement, cette situation est plus ré-cente. Nous étions, jusqu'à présent, relativementépargnés par ces problèmes.

Le sport reste une activité importante desFrançais. La moitié d’entre eux (Baromètre santé2000), âgés de 12 à 75 ans, déclare avoir fait uneactivité sportive au cours des sept derniers joursavec une prédominance parmi les hommes etune diminution significative avec l’âge (voir l’ar-ticle traitant de l’activité physique des jeunesFrançais). Les principales motivations pour fairedu sport sont par ordre décroissant : le plaisir,la santé et la rencontre avec des amis. Ces moti-vations varient en fonction de l’âge et du sexe.Les jeunes pensent que le sport est avant toutun plaisir qui leur permet de se retrouver avecdes amis, les sujets plus âgés associent sport etsanté. Si certains hommes pratiquent un sportpour se muscler et gagner des défis, les femmesle font plus souvent pour maigrir. Dans la mêmeenquête, il a été demandé aux Français s’ilsavaient pris, au cours du mois précédent, desrisques par défi ou par plaisir. 6,9 % d’entre eux

répondent par la positive et pour la moitié de cesderniers, ces risques sont liés à une pratiquesportive ou de loisir. Les accidents sont la prin-cipale conséquence de ces comportements. Sur1 000 personnes interrogées, 130 ont déclaréavoir subi un accident au cours de la dernièreannée. Les accidents de sport et de loisirs repré-sentent plus d’un tiers de ces traumatismes (voirl’article sur l’épidémiologie des accidents de sportet de loisirs).

Face à cette situation paradoxale, diminutionde l’activité physique des Français et importancedes accidents de sport et de loisirs, la réponseen terme de santé publique doit concilier la pro-motion du sport et celle de la sécurité, c’est-à-direplaisir et moindre risque, liberté et règles « debonne conduite ». C’est ce qu’exprime très bienAdeline Lemen dans son interview sur la pratiquedu roller qu’elle qualifie de citoyenne : « choisirsa liberté en toute connaissance de cause, c’estune façon de s’affirmer par rapport aux autres ».Mais, toujours à propos de ce même sport, l’étuderéalisée par le CFES et la Cnamts (et présentéedans ce dossier) montre bien tous les freins etles difficultés pour faire accepter, en particulierparmi les adolescents, ce qui est vécu comme descontraintes, c’est-à-dire le port de protections :protège-poignets, genouillères…

Pour la prévention des accidents de sport etde loisirs, des approches de santé publique com-plémentaires, concertées et concomitantes sontnécessaires (voir l’article sur la prévention destraumatismes : une approche pour améliorer lasécurité des populations). L’intervention en pro-motion de la santé (suivant la Charte d’Ottawa)signifie que l’on doit agir dans cinq directions,comme cela a déjà été fait avec efficacité pourles accidents domestiques du jeune enfant :

1. Élaborer une politique publique saine : « Unepolitique de promotion de la santé combine desméthodes différentes mais complémentaires etnotamment la législation et les changementsorganisationnels ». Cette dimension est, enFrance, largement promue par la Commissionde la sécurité des consommateurs (CSC) quis’est mobilisée depuis plusieurs années sur laquestion de la prévention des accidents de

Accidents de sport et de loisirs :plaisir, prise de risqueet promotion de la santé

Concilier la promotion du sportet celle de la sécurité,

c’est-à-dire plaisir et moindrerisque, liberté et règles« de bonne conduite ».

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sport (ski, équitation, noyades, roller ou skate-board), donnant des avis aux pouvoirs publicsou aux professionnels sur le plan national etcommunautaire (voir l’article sur ce sujet dansce numéro).

2. Créer des milieux favorables : « Pour favori-ser une meilleure santé, il est indispensable depromouvoir un milieu de vie sain. Les conditionsde vie, de loisirs sont essentielles ». Dans ledomaine du sport, le développement, au coursde ces dernières années, de pratiques peu enca-drées nécessite une réflexion stratégique renou-velée pour prévenir les accidents liés parexemple à certains sports comme le VTT, le BMXou autres deux-roues, se pratiquant dans desespaces ouverts. C’est la raison pour laquelle laCnamts et le CFES ont décidé pour leur premièrecampagne sur ce sujet de traiter de la préventionliée à la pratique de ce type d’activité physique(voir l’article présentant les programmesCFES/Cnamts).

3. Renforcer l’action communautaire : « La pro-motion de la santé favorise la participation effec-tive et concrète de la communauté à la fixationdes priorités, à la prise de décision et à l’élabo-ration des stratégies de planification, pouratteindre un meilleur niveau de santé ». Il estnécessaire d’envisager la prévention des acci-dents avec les pratiquants eux-mêmes (dans leurdiversité sociale, culturelle, etc.) et tous lesacteurs de la cité : associations, élus, respon-sables administratifs (santé, urbanisme, etc.).L’exemple du programme de Boulogne, qui s’in-tègre dans le mouvement promu par l’OMS des« communautés sûres », illustre parfaitement l’in-térêt et l’efficacité de ce type de démarche (voirl’article décrivant cette expérience française).

4. Acquérir des aptitudes individuelles : « La pro-motion de la santé soutient le développementindividuel et social en offrant des informations,en assurant l’éducation pour la santé et en per-fectionnant les aptitudes indispensables à la vie ».C’est le rôle que peuvent jouer les campagnesd’éducation pour la santé qui doivent informer,mais aussi lever certains freins (par exemplepour l’utilisation des protections) et favoriser lesdémarches de formation. L’expérience de la pro-

motion du port du casque à vélo dans une régiondu Québec (voir l’article sur le vélo en toute sécu-rité) et de la prévention du mal de dos chez lesjeunes pratiquant du sport de façon parfois très(trop) intensive (voir l’article sur ce sujet), mon-trent l’importance mais aussi les limites de cesapproches.

5. Réorienter les services de santé : « Le rôle du sec-teur sanitaire ne doit plus se limiter à la prestationde soins médicaux, il doit s’ouvrir à des pratiquesmultisectorielles et favoriser l’adoption par lapopulation de modes de vie sains ». C’est cequ’illustre parfaitement l’engagement des spécia-listes de l’urgence et du soin ainsi que les acteursde santé publique qui,comme les médecins demontagne, ont mis en œuvredes actions pilotes dans ledomaine des accidents deski (voir la présentation de ceprogramme).

Au total, la réussite decertaines actions de pro-motion de la santé pour laprévention des accidents de sport et de loisirss’explique par la complémentarité et la simul-tanéité des approches. Dans cette perspective,l’éducation pour la santé a une place essentiellemais non suffisante, surtout lorsqu’elle se pra-tique de façon isolée. Par ailleurs, le critère éco-nomique permettrait, dans une perspective glo-bale de la santé, de pondérer l’importance descinq grandes orientations mises en avant par lapromotion de la santé, dans un souci d’effi-cience des actions entreprises. En France, ce tra-vail reste en grande partie à faire dans ledomaine des accidents.

François Baudier

médecin, responsable

du département Santé publique,

Caisse nationale de l’assurance maladie

des travailleurs salariés (Cnamts),

Bertrand Chevallier

professeur des universités,

chef du service des urgences pédiatriques

de l’Hôpital Ambroise-Paré, Boulogne,

Secrétaire général du Cirpae.

La réussite des actions de promotion de la santé pour la prévention des accidents de sport et de loisirs s’expliquepar la complémentarité et la simultanéité des approches.

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Prévention des traumatismes :une approche pour améliorer la sécurité des populations

La Charte d’Ottawa incite à considérer chaque problème de santédans sa multifactorialité. Ainsi, le modèle d’analyse des causes d’accidentset des facteurs sur lesquels agir, présenté par Pierre Maurice et promupar l’Organisation mondiale de la santé et le Réseau francophone deprévention des accidents et des traumatismes, permet une approcheglobale d’analyse et d’action.

Longtemps les traumatismes ont étéconsidérés comme des événementsmalheureux survenant suite à une mal-encontreuse suite d’incidents, la plupartconsidérés comme le fruit du hasard etsur lesquels on ne voyait que peu d’in-terventions possibles. L’approche deprévention et contrôle des trauma-tismes qui s’est développée au coursdes dernières décennies a permis dechanger cette vision des choses. Cetteapproche place les traumatismes dansune perspective de santé publique etnous amène à les considérer commedes phénomènes qui ont des causesbien précises sur lesquelles il est pos-sible d’agir pour les prévenir. Cetteapproche est aujourd’hui à la base desstratégies de prévention de nombreuxorganismes œuvrant dans le champ del’amélioration de la sécurité des popu-lations.

Les traumatismesne sont pas dus au hasard

La première contribution de l’ap-proche est de nous apporter une défi-nition opérationnelle des traumatismes.Les traumatismes sont considéréscomme des « lésions corporelles résul-tant d’un transfert subit d’énergie (1, 2).Cette énergie est le plus souvent denature mécanique (ex. fracture), maispeut également être de nature ther-mique (ex. brûlure), électrique (ex. élec-trocution), chimique (ex. intoxication)ou radiante (ex. coup de soleil). Notonségalement que les traumatismes peu-

vent être le résultat d’une privationsubite d’énergie (ex. engelure) ou d’unautre élément vital (ex. noyade, stran-gulation) ». Cette définition nous per-met d’inclure des dommages autres quephysiques, de manière à couvrir cer-taines préoccupations très importantestelles que le stress, les troubles d’adap-tation résultant d’un traumatisme et lechoc post-traumatique.

L’intérêt de cette définition est deprésenter les traumatismes comme unphénomène obéissant aux mêmesprincipes que les autres problèmes desanté publique plus traditionnels. Ellecontribue à défaire un mythe qui pré-vaut trop souvent dans la populationet qui attribue la cause des trauma-tismes à des « accidents » : les accidentsétant par définition du dictionnaire des

« événements fortuits, imprévisibles »,cette représentation mentale est consé-quemment appliquée aux trauma-tismes. Au contraire, le traumatisme,comme tout problème classique demaladie infectieuse, résulte de l’inter-action entre un hôte, un vecteur et unagent pathogène dans un environne-ment donné (3). Pour un problème depaludisme, par exemple (figure 1), cetriangle épidémiologique est constituéd’un individu (l’hôte) vivant dans unezone à risque, qui peut adopter ou noncertains comportements préventifs (ex. :utiliser une moustiquaire), du mous-tique (le vecteur) qui transporte le para-site et le propage d’un individu à l’autreet du parasite (l’agent) qui, lorsquelibéré dans l’organisme, produit un cer-tain nombre de dommages, le tout sedéroulant dans un environnement plus

Figure 1. Illustration du triangleépidémiologique (ex. : paludisme)

Figure 2. Illustration du triangleépidémiologique (ex. : hockey sur glace)

HÔTEvoyageur

AGENTparasite

VECTEURmoustique

environnement

HÔTEjoueur

de hockey

AGENTénergie

VECTEURrondelle

environnement

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ou moins favorable à l’expression decette interaction. Dans le cas d’un trau-matisme au hockey sur glace parexemple, ce triangle sera constitué dujoueur (l’hôte) qui adopte un compor-tement peu sécuritaire (ex. : ne pas por-ter un équipement de protection) etd’un objet (ex. : la rondelle de hockeyou palet) chargé d’une dose donnéed’énergie lorsqu’il est lancé par un autrejoueur. La rondelle de hockey constitueici le vecteur et l’énergie mécaniquetransportée par cette rondelle se dépla-çant à haute vélocité constitue l’agentpathogène (figure 2). Selon l’organeatteint et la quantité d’énergie libérée au moment de l’impact, les dommagesseront plus ou moins sévères. La pro-babilité de survenue d’une telle situa-tion s’avère aussi fonction d’un certainnombre de paramètres environnemen-taux (ex. : les règlements auhockey sur glace, la superficiede la patinoire, le nombre dejoueurs, etc.).

En examinant attentivementchaque composante du triangleépidémiologique et de l’envi-ronnement où il s’exprime, il estplus facile de systématiser l’ana-lyse des problèmes pour enidentifier les causes et les solu-tions. Celles-ci peuvent se rap-porter à l’hôte (ex. : le compor-tement d’un skieur), au vecteur(ex. : la conception des équipe-ments de ski), à l’agent (ex. : lavitesse sur les pentes) ou à l’en-vironnement (ex. : l’aménage-ment des pistes, les règlementsen vigueur). Dans cette optique,l’approche nous propose unematrice, la matrice de Haddon,qui nous permet de passer en revuel’ensemble des causes et solutions pos-sibles pour un problème donné (1).Dans cette matrice, les catégories ver-ticales nous permettent de considérertous les éléments du triangle épidé-miologique. Elles sont constituées del’hôte, de la technologie, de l’environ-nement physique, ainsi que de l’envi-ronnement socio-législatif. Les catégo-ries horizontales sont, quant à elles,constituées des différentes périodes del’événement responsable du trauma-tisme. On identifie ainsi les catégoriespré-impact, per-impact et post-impact.Les douze cellules résultantes permet-tent de passer en revue l’ensemble desdimensions possibles d’un problème

donné. Le tableau page suivante pré-sente une application de la grille deHaddon qui identifie les interventionspossibles en matière de prévention desmorsures de chiens.

La matrice de Hadddon :un modèle d’analyse logique

Tel que mentionné dans la définitiond’un traumatisme, l’énergie (ou la pri-vation subite d’un élément vital) est aucentre du phénomène. Pour cette rai-son, l’approche s’attarde également àun certain nombre de stratégies d’actionayant l’énergie pour cible principale (3).L’examen de ces stratégies permet decompléter la recherche des solutionspossibles à un problème donné. Cesstratégies poursuivent l’un des dixobjectifs suivants :1. éviter la production d’une forme par-

ticulière d’énergie parce que jugée tropdangereuse. (ex. : bannissement des tri-motos (motos à trois roues) parce quetrop instables, interdiction de vente defeux d’artifice) ;2. réduire la quantité maximale d’éner-gie accumulée (ex. : réduction de lahauteur d’un plongeoir autour d’unepiscine, des formats des récipients pou-vant contenir des substances toxiquesou de la température des chauffe-eaupour réduire les brûlures) ;3. empêcher le dégagement d’énergie(ex. : utilisation d’un verrou sur unearme à feu, mise en place de pro-grammes de réduction de la conduiteavec facultés affaiblies pour prévenir lescollisions de véhicules);

4. réduire l’énergie libérée (ex. : utili-sation de valves de sécurité pour évi-ter l’explosion d’un contenant souspression) ;5. mettre une barrière entre la sourced’énergie et l’hôte potentiel (ex. : utili-sation d’un casque protecteur ou d’ungilet pare-balles) ;6. augmenter le temps d’absorptiond’une quantité d’énergie donnée (ex. :utilisation d’un filet de sécurité ou d’unmatelas pour ralentir une chute) ;7. augmenter la surface d’absorptiond’une quantité d’énergie donnée (ex. :arrondissement des coins d’une tablepour éviter une coupure lors d’une col-lision) ;8. renforcer la résistance du corps àl’énergie transférée (ex. : exerciced’échauffement avant la pratique d’unsport) ;

9. réduire le temps d’expositionà l’énergie libérée (ex. : lavageimmédiat suite au contact avecune substance corrosive, trem-page immédiat dans l’eau froided’une surface de peau brûlée) ;10. initier précocement lagamme complète de servicespour le traitement et la réadap-tation fonctionnelle des vic-times (ex. : mise sur pied d’unservice pré-hospitalier d’ur-gence efficace).

La matrice et les stratégiesdécrites ci-dessus permettentdonc de passer en revue unesérie de possibilités pour tenterde remédier à un problèmedonné. Mais par où commen-cer ? Quoi et comment choisir ?À ce stade, les principes suivantsdoivent être considérés (2) :

• Agir là où ça fait le plus mal. Il s’agitde bien connaître l’importance des pro-blèmes en termes de mortalité et demorbidité, et d’agir sur les problèmesles plus importants en nombre et lesplus lourds de conséquences sur lasanté.• Agir sur les maillons les plusfaibles de la chaîne causale. Lemaillon le plus faible est celui qu’onpeut défaire le plus facilement par nosactions préventives. Il s’agit souventd’actions sur l’environnement physiqueou technologique pour le rendre intrin-sèquement plus sécuritaire (ex. : mettredes coussins protecteurs sur les objetsfixes le long d’une piste de ski). Cesinterventions sont dites passives. Outre

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Pré-impact

Per-impact

Post-impact

Hôte(humain)

Éducation (propriétaires de chiens,parents, enfants, policiers, certainsgroupes de travailleurs).

Mesures de protection individuelles(principalement pour les travailleurs).

Prophylaxie antirabique.Éducation de la victime (ou leparent) lors de la consultation.Réhabilitation de la victime.

Technologie(agent agresseur/vecteur : le chien)

Éducation adéquate par des éleveurs/éducateurs reconnus.Stérilisation.Contrôle génétique (sélection dechiens peu agressifs).Vaccination antirabique (diminuerles conséquences d’une morsure).Contrôle en laisse.Muselière.

Évaluation des chiens ayant mordu.Mesures postévaluation (éducation,identification du chien, pharmaco-thérapie, confinement, euthanasie,etc.).

Environnement physique

Compatibilité entre l’environnementet le type de chien.Contrôle en laisse sur la voiepublique.Enclos, cage.

Déclaration et enquête pour évaluation du risque rabique.Services d’urgence.Modification de l’environnement du chien.

Environnement socio-législatif

Réglementations municipale et provinciale.Sensibilisation des médias.Normalisation du secteur d’activitécanin (élevage, vente, éducation).Encadrement et dissuasion de lapossession de chiens dressés pourl’attaque.Assurance-responsabilité particu-lière pour certains cas.

Réglementation obligeantl’évaluation des chiens.Collaboration des médias.

Tableau. Matrice de Haddon : application à la prévention des morsures de chiens

Source : Conférence des régies régionales de la santé et des services sociaux du Québec (1997). Morsures de chien : problématique et mesures de préventions. Avis duConseil des directeurs de santé publique du Québec.

le fait qu’elles sont plus efficaces que lesactions sur le comportement, ces inter-ventions ont également l’avantage d’en-traîner des changements durables quiagissent sur toute la population. Eneffet, même si le comportement humainpeut souvent expliquer un type de trau-matisme, il demeure généralement trèsdifficile à modifier d’une façon durable,surtout auprès des individus très àrisque. De plus, les interventions com-

portementales ne bénéficient qu’auxpersonnes qu’on réussit à convaincre.• Adopter une stratégie de préven-tion agissant sur plusieurs cibles àla fois. Même si les interventions pas-sives sont privilégiées, il faut générale-ment agir sur plusieurs fronts (compor-tement, technologie, environnementphysique, lois et règlements). En effet,l’analyse d’un problème selon la grillede Haddon (tableau) nous révèle géné-ralement une multitude de facteurs surlesquels il est possible d’agir. C’est sou-vent la combinaison de ces interven-tions agissant en synergie qui permetd’améliorer véritablement une situation. • Agir là où c’est le plus rentable. Ils’agit de privilégier les actions ayant lemeilleur rapport coût/bénéfice.

ConclusionTel que décrit dans la Charte d’Ot-

tawa (4), le processus de promotion dela santé est basé entre autres sur les stra-tégies suivantes : promouvoir des ini-tiatives personnelles favorables à lasanté, créer des environnements sains etpromouvoir des politiques publiquesfavorables à la santé. L’approche de pré-vention des traumatismes décrite danscet article s’inscrit tout à fait dans ce pro-cessus et interpelle en diversité d’autressecteurs que celui de la santé. En effet,la plupart des interventions efficaces

dans le domaine de la prévention destraumatismes font appel à divers sec-teurs : mentionnons les loisirs, le trans-port, la sécurité publique, la justice, l’ha-bitation, le travail et les municipalités. Enraison des objectifs de santé et de sécu-rité qu’il poursuit, le secteur de la santén’a d’autre choix que celui de s’intégrerà ce réseau. Ses actions consistent alorssurtout à informer ses partenaires del’impact sanitaire des problèmes et àsusciter des actions correctrices. Cettecontribution se fera notamment parl’analyse rigoureuse des causes et desconséquences des problèmes ainsi quedes interventions reconnues efficaces.Elle se fera également par la participa-tion à des comités de travail intersecto-riels, par la formulation de recomman-dations lors d’enquêtes publiques ouautres types de consultation sur desquestions de sécurité, par la conception,la mise en œuvre et l’évaluation de cer-taines initiatives de prévention (poli-tiques publiques, projets pilotes, etc.)et par la formation des intervenants.

Pierre Maurice

Coordonnateur scientifique,

« Sécurité et prévention des traumatismes »,

Michel Lavoie

Monique Rainville

Institut national de la santé publique

du Québec, Canada.

◗ Référencesbibliographiques

(1) Haddon W. (1980) Conference on the pre-vention of motor vehicle crash injury, pro-ceedings. Israel J. Med. Sci. 1980 ; 16 (1) :45-68.(2) Haddon W., Baker S.P. Injury control. In :Clark D., MacMahon B. (rédacteurs). Pre-ventive and community medicine. Little,Brown and Company, 1981 : 109-40.(3) Haddon W. Energy damage and the 10countermeasure strategies. Journal ofTrauma 1973 ; 13 : 321-31.(4) OMS. Charte d’Ottawa pour la promotionde la santé. Organisation mondiale de lasanté, Santé et Bien-être social Canada etl’Association canadienne pour la santépublique. Conférence internationale pour lapromotion de la santé. Ottawa (Ontario),1986.

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Epidémiologie des accidents de sport et de loisirschez les enfants et les adolescents

La difficulté de recueillir les données exhaustives des accidents de la viecourante en France, traduit le manque de considération sociale pour un phénomène qui provoque pourtant, chaque année, plus de 18 000 morts,soit le double des accidents de la circulation. Les accidents de sport et deloisirs représentent à eux seuls la moitié de ces accidents chez les 0 à 24 ans.

Les traumatismes au sens large com-prennent deux grands groupes, les trau-matismes intentionnels qui regroupentles violences et agressions, les suicideset tentatives de suicide, les faits deguerre (et qui en réalité ne sont pas desaccidents) ; les traumatismes non inten-tionnels, qui constituent les accidents,usuellement répartis en accidents dutravail, accidents de la route et accidentsde la vie courante ou AcVC. Parmi lesAcVC, on peut distinguer les accidentsdomestiques, les accidents de sport, lesaccidents scolaires et les accidents deloisirs.

L’origine des informationsLes sources épidémiologiques por-

tant sur les AcVC sont relativement peunombreuses en France (1, 2). Certainstravaux ponctuels, thématiques oud’extension régionale, fournissent desinformations intéressantes (enquêtesdes médecins de montagne, en centresde traitement de brûlés, travaux d’ob-servatoires régionaux de santé, de l’In-serm, Baromètre santé du Comité fran-çais d’éducation pour la santé, enquêtedécennale sur la santé et les soins médi-caux menée par l’Insee, enquêtes trans-versales de morbidité hospitalière, etc.).Des bases de données mises en placepour d’autres objectifs sont susceptiblesd’être exploitées du point de vue desAcVC, c’est le cas par exemple de labase des interventions des sapeurspompiers de Paris, ou des résumés de

sortie standardisés hospitaliers du pro-gramme de médicalisation du systèmed’information (PMSI). D’autres bases ouenquêtes sont actuellement en cours deconstitution ou en projet (surveillancedes accidents scolaires, enquête sur lesnoyades, enregistrement des accidentsde sport, etc.). Toutefois, les principalessources d’information sur les AcVC,dont les résultats ont été utilisés pourcet article, sont la statistique des causesde décès, les enquêtes de la Caissenationale de l’assurance maladie destravailleurs salariés (Cnamts) et l’en-quête nationale sur les accidentsdomestiques et de loisirs.

La statistique des causes de décès(3), établie par le service commun n° 8de l’Inserm à partir des bulletins remplislors de tout décès, fournit des résultatsexhaustifs irremplaçables. Les limites decette source sont liées au fait qu’elle neconcerne que les décès. Par ailleurs,l’utilisation de la classification interna-tionale des maladies pour le codagen’est pas toujours adaptée à une bonnedescription des AcVC (difficulté à dif-férencier les accidents du travail,domestiques et de transport), voire à lamanière de coder qui peut produire desimprécisions (conventions de codageinconnues ou non appliquées).

Les accidents de la vie courantereprésentent une des principales causesde décès prématurés. En 1998, 18 812

personnes sont décédées des suitesd’un AcVC (et 18 188 en 1997), dont 318enfants âgés de 0 à 14 ans (371 en 1997)et 441 adolescents et jeunes adultes de15 à 24 ans (485 en 1997) (3, 4). Bienque ces nombres soient en décrois-sance depuis les années quatre-vingt(figure 1), les AcVC continuent dereprésenter 10 % des décès la premièreannée de vie et entre 15 et 24 ans, etplus de 15 % entre 1 et 14 ans (un décèssur cinq entre 1 et 4 ans). Au-delà dela première année, les décès sont plusnombreux chez les garçons : le sex ratioest environ égal à 2,1 entre 1 et 14 ans,à 3,4 entre 15 et 24 ans. Par grandsgroupes de causes (tableau I), on notel’importance des noyades (114 décès en1998), des chutes (113 décès) et des suf-focations (98 décès).

800700

500

300

100

600

400

200

0

Nbrede décès

1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998

< 1an 1-14 ans 15-24 ans

Figure 1 : Évolution de la mortalitépar accidentde la vie courantedepuis 1987 (source Inserm-Sc8)

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Les enquêtes de la Cnamts (5, 6) ontété menées, entre 1987 et 1994, par voiepostale sur un échantillon représentatifd’assurés sociaux, dans certaines caissesprimaires d’assurance maladie volon-taires. Les assurés étaient interrogés surles accidents de la vie courante qu’ilsavaient eus l’année écoulée. Les infor-mations provenant des assurés eux-mêmes (avec un taux de répondants del’ordre de 75 %), on peut considérerqu’elles étaient transmises dans debonnes conditions ; en revanche, desbiais de compréhension et de mémo-risation ont probablement affecté lesrésultats. Ces enquêtes d’un grand inté-rêt ont malheureusement cessé en 1995.

Chutes et chocsEntre 1987 et 1995, elles ont permis

d’enregistrer plus de 47 000 AcVC, chez614 000 personnes enquêtées dans 28départements (1, 5). Les chutes (46 %),les chocs (19 %), les brûlures (16 %) etles coupures (15 %) sont les méca-nismes accidentels les plus fréquents àtout âge. Entre 0 et 16 ans, les 15 500AcVC se répartissent en 9 000 chez lesgarçons et 6 500 chez les filles (sex ratio1,4) ; à côté des accidents domestiques(plus de la moitié des AcVC), la pro-portion d’accidents de sport est estiméeà près de 10 %, et celle des accidents deloisirs à près de 9 %. En extrapolant cesrésultats à l’échelle nationale, on estimepour cette tranche d’âge 0-16 ans à

1 160 000 le nombre annuel d’AcVCentraînant des soins médicaux. Entre 10et 24 ans, les accidents de sport repré-sentent 44 % du total des AcVC (6) ; l’es-timation annuelle est de 382 000 acci-dents de sport, parmi lesquels 343 000ont nécessité des soins, dont 50 000 unehospitalisation d’une durée moyennede sept jours : chaque année, quatrejeunes sur cent sont ainsi victimes d’unaccident de sport. Parmi les sports pra-tiqués au moment de la survenue del’accident, on relève l’importance dufootball (29 %) et des sports de balle àmain (basket-ball, handball, volley-ball), 19 %. Viennent ensuite le rugby,la gymnastique sportive, le ski, lecyclisme (6 % chacun), puis l’athlé-tisme, les sports de contact (4 % cha-cun), l’équitation, le tennis, le jogging(2 % chacun).

Dans cette tranche d’âge des 10-24 ans, sur dix accidents de sport, prèsde six sont liés à une chute et quatre àun choc, le plus souvent contre unepersonne. La part des chutes dans lesaccidents de sport décroît avec l’âge.Les mécanismes dépendent du sportpratiqué : dans le cas du ski, il s’agit dechutes dans plus de 90 % des cas, alorsque celles-ci n’interviennent que dansla moitié des cas environ pour les sportsde ballon (45 %) ou les sports decontact (54 %). À l’inverse, les chocssont à l’origine des trois quarts des acci-

dents de rugby (74 %). Les autresmécanismes sont essentiellement desfaux mouvements liés à des efforts mus-culaires intenses (athlétisme, tennis,course à pied, natation). Les accidentsd’équitation sont surtout dus à deschutes (80 %) et/ou à des coups desabots (54 %). Huit accidents sur dixoccasionnent des lésions nécessitantdes soins médicaux. On retrouve sur-tout des entorses (environ la moitié deslésions pour le tennis, le jogging, lessports de ballon, le ski) et des fractures(19 % en moyenne). Les parties ducorps les plus touchées sont lesmembres inférieurs (cheville, genou),certains sports (ski, vélo) provoquentdes lésions graves de la tête et du cou.Les taux et les durées d’hospitalisationaugmentent avec l’âge, passant de 10hospitalisations pour 100 accidents et4 jours d’hospitalisation en moyenneentre 10 et 14 ans, à 17 % et 10 joursentre 20 et 24 ans. La rééducation (kiné-sithérapie) intervient dans 20 % des acci-dents (31 % pour les accidents de ski).

L’enquête nationale sur les accidentsdomestiques et de loisirs a été mise enplace à partir de 1986 dans tous les paysde l’Union européenne, selon desmodalités techniques diverses. Cerecueil dénommé Ehlass (Europeanhome and leisure surveillance system)porte en réalité sur l’ensemble desAcVC. En France, il s’agit d’un recueilcontinu assuré par des hôpitaux, quiconsiste à recueillir de façon exhaustivesur l’année, pour tout recours auxurgences motivé par un AcVC, des don-nées élémentaires concernant : la per-sonne accidentée (âge, sexe, etc.), saprise en charge (date et heure d’arrivéeaux urgences, traitement, hospitalisa-tion éventuelle), les caractéristiques del’accident (mécanisme, lieu, activité,type de lésion, partie du corps lésée,élément ou agent en cause). Enfin, unecourte description de l’accident est

Tableau II : Répartition par âge et par sexedes accidents de sports et de loisirs en 1999-2000 (source : Ehlass, cinq hôpitaux)

0-1an 1-4 ans 5-9 ans 10-14 ans 15-24 ans TotalSex ratio

(garçons/filles) 1,24 1,38 1,41 1,39 1,43 1,39

Total (nb) 977 6 972 4 776 5 552 3 406 21 653

8070

50

30

10

60

40

20

00-1 an 1-4 ans 5-9 ans 10-14 ans 15-24 ans

chutes chocs autres mécanismes

Figure 2 : Répartition selon lemécanisme et l'âge des accidents desport et de loisirs (Ehlass 1999-2000)

Tableau I : Répartition des décès par accidentsen 1998 selon la cause (source Inserm Sc8)

0-1an 1-14 ans 15-24 ans TotalChutes 8 35 70 113Suffocations 50 28 20 98Noyades 8 64 42 114Feu 2 40 19 61Intoxications 1 5 27 33Autres 11 66 263 340Total 80 238 441 759

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enregistrée en texte libre (7, 8). Les don-nées sont centralisées tous les trois moisenviron et consolidées annuellement auniveau national. La gestion de cettebase a été assurée pendant plus dequinze ans par la direction générale dela Santé. La réorganisation du ministèrechargé de la Santé et la création de l’Ins-titut de veille sanitaire (InVS) par la loide sécurité sanitaire du 1er juillet 1998ont amené à transférer la responsabi-lité de ce recueil à l’InVS, dans le cadredu programme de surveillance desaccidents de la vie courante. De mul-tiples exploitations sont faites pourrépondre aux demandes d’associations,de collectivités, de journalistes, de par-ticuliers ou d’institutions (adminis-trations, Commission de la sécurité desconsommateurs, CFES, Délégation gé-nérale à la consommation, à la concur-rence et à la répression des fraudes,etc.). Seule source de données enregis-trées en continu sur les AcVC en France,ce recueil sans équivalent constitue,malgré les critiques méthodologiquesdont il a fait l’objet, un système des-criptif (et non d’alerte) de référence.

Une exploitation de la base Ehlasssur les données de cinq hôpitaux en1999-2000 (centres hospitaliers deBéthune, Besançon, Bordeaux, Reims,Vannes) a été effectuée en retenant lesseuls enregistrements correspondant àdes accidents de sport ou de loisirs(ASL) chez des personnes de 0 à 24 ans.On a ainsi obtenu 21 653 ASL, ce quireprésente 50 % des AcVC collectés.

Sexe, mécanisme, lieu, activité. Les garçons sont toujours plus nom-

breux que les filles (tableau II), avec unsex ratio de l’ordre de 1,4 (1,24 entre 0et 1 an). Les chutes ont représenté 52 %des mécanismes en 1999-2000, suiviesdes chocs, coups, collisions (16 %), desautres contacts (6 %), des pincements etcompressions (6,6 %), et des « effortsphysiques » (5,3 %). La proportion dechutes décroît avec l’âge (figure 2) : de 73 % entre 0 et 1 an à 38 % de 15 à 24 ans ; cette diminution va de pairavec l’augmentation des chocs : de 4 %de 0 à 1 an à 21 % de 15 à 24 ans. Le lieude survenue de l’accident a principale-ment été l’intérieur de la maison : 44 %en moyenne (82 % pour les 0-1 an et72 % pour les 1-4 ans), suivi de l’exté-rieur de la maison, 18 %, et des terrainsde sport, 13 % (30 % de 10 à 14 ans et18 % de 15 à 24 ans). L’activité enregis-

trée au moment de l’accident était le loi-sir dans 84 % des ASL ; le sport était spé-cifié dans 15,6 % des cas (dont 9,6 %en milieu scolaire).

Lésion, partie lésée,prise en charge

Les principales lésions ont été lescontusions (41 %), les plaies ouvertes(25 %), les fractures (11 %), les entorses(9 %). Les contusions étaient plus fré-quentes avant 1 an (73 % des acciden-tés), les plaies ouvertes entre 1 et 9 ans(32 %), les fractures entre 10 et 14 ans(16 %), les entorses après 10 ans (17 %).La tête a été lésée dans 76 % des casavant 1 an, 58 % entre 1 et 4 ans. Lemembre supérieur a été atteint dansplus de 40 % des accidents de sport etde loisirs à partir de 10 ans. Une hos-pitalisation a été nécessaire enmoyenne pour 8,5 % des accidentés,davantage de 0 à 10 ans (10 %) qu’au-delà (6 %). Les trois quarts des hospi-talisations ont duré entre 0 et 2 jours,13 % de 3 à 5 jours, 11 % 6 jours et plus.On a, par ailleurs, enregistré 17 décèsdans l’hôpital où la personne acciden-tée avait été conduite en urgence.

Ce panorama chiffré, forcémentincomplet, établi avec les résultats dis-ponibles, montre toutefois bien l’am-

pleur des accidents de sport et de loi-sirs chez les enfants, les adolescents etles adultes jeunes. Les quelques travauxdisponibles concernant les séquellesd’accidents (9-11) confirment la gravitéde certains accidents. Des séquelles sontenregistrées dans environ 7 % des acci-dents, cette proportion augmentant avecl’âge : atteintes sensorielles (visuellesprincipalement), raideurs articulaires,angulation ou raccourcissement desmembres. On note, en particulier, laplus grande fréquence de séquellesdans le sport, après des accidents consi-dérés initialement comme bénins. Leproblème représenté par ce nombreélevé d’accidents de sport et de loisirs etla gravité de certains d’entre eux n’estpas spécifique à la France (12). Desmesures de protection et de préventionadaptées devraient permettre d’en évi-ter un plus grand nombre.

Bertrand Thélot1

Jean-Pierre Darlot2

Marc Nectoux2

Hubert Isnard1

1. Département Maladies chroniques

et Traumatismes, Institut de veille sanitaire,

Saint-Maurice.

2. Direction des Systèmes d’information,

Université Paris 5.

(1) Guilbert P., Janvrin M.P., Yacoubovitch J.,Duval C., Baudier F. Épidémiologie des acci-dents de la vie courante en France : systèmesd’informations et perspectives. Ann. Pédiatr.(Paris) 1999 ; 46 (3) : 337-44(2) Tursz A., Gerbouin-Rérolle P. Les accidentsde l’enfant en France. Paris : Inserm, 2001.(3) Statistiques des causes de décès. Inserm-Sc8, Paris.(4) CFES/Cnamts/DGS/Coac. Accidents de lavie courante. Vanves : CFES, coll. La Santé enchiffres, 2000 : 32 p.(5) Bazile S., Berton E., Garry F., Pierre-Louis J.Enquête sur les accidents de la vie courante.Résultats 1987 à 1994. Paris : Cnamts, 1997,Dossier études statistiques n° 38.(6) Garry F. Les accidents de sport chez lesjeunes de 10 à 24 ans. Paris : Cnamts, 1999,Point Stat. n° 14.(7) Duval C., Salomon L. Les accidents de la

vie courante. Paris : La Documentation fran-çaise, 1997 : 185 p..(8) Lebrun E., Pocquet K., Duval C. Le systèmeEhlass. Bilan de dix ans de fonctionnement,juillet 1986-juillet 1996. Ann. Pédiatr. (Paris)1999 ; 46 (5) : 368-76.(9) Yacoubovitch J., Lelong N., Cosquer M.,Tursz A. Étude épidémiologique des séquellesd’accidents à l’adolescence. Arch. Pédiatr.1995 ; 2 : 532-8. (10) Tursz A., Crost M. Sequelae after unin-tentional injuries to children: an exploratorystudy. Injury Prevention 2000 ; 6 : 209-13.(11) Vernhes C., Poret H. Les séquelles d’ac-cidents de la vie courante. Paris : Cnamts,Bloc-notes Statistiques 1992 , n° 57.(12) Rogmans W. Les accidents domestiqueset de loisirs des jeunes de moins de 25 ansdans l’Union européenne : défis pour demain.Santé publique 2000 ; 12 (3) : 283-98.

◗ Références bibliographiques

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L’activité physiquedes jeunes de 12 à 25 ans

Depuis vingt ans, l’activité sportive des jeunes et particulièrementdes jeunes filles n’a cessé de croître. Le plaisir, la santé et la rencontreavec des amis sont les trois motivations le plus souvent invoquées. Quantaux risques, ils augmentent en parallèle avec la fréquence de l’activité…

L’activité sportive a connu un réelessor les vingt dernières années, en par-ticulier parmi les jeunes et les femmes.En ce qui concerne la pratique sportivede ces dernières, leur proportion estpassée de 9 % en 1968 à 32,5 % en19971 et les sports « unisexes » ou plustypiquement masculins ont vu leurnombre de licenciés féminins s’ac-croître sensiblement. À titre d’exemples,on constate que pour le volley-ball, ondénombrait 25 680 licenciées en 1979-1980 versus 45 684 en 1999-20002 ; dansle football, il y a actuellement 34 997pratiquantes licenciées et le premierchampionnat de football féminin a eulieu en 19743.

Quant aux jeunes, quels que soientle lieu d’habitation et leur milieu sociald’origine, plus de 80 % pratiquent unsport en dehors du temps scolaire (1),proportion qui a augmenté d’environ30 % depuis 1974. Cette « démocrati-sation » du sport s’est accompagnéed’une valorisation sans retenue desathlètes et du mode de vie sportif engénéral (habillement, langage, valeursmorales).

On propose de décrire les contoursde cette activité sportive et ce, à partirde deux enquêtes épidémiologiquesmultithématiques récemment réaliséesen France : le Baromètre santé 2000 (2),réalisé à la fin de l’année 1999 (concer-nant 13 685 individus âgés de 12 à 75 ans interrogés par téléphone, partirage aléatoire, dont 3 180 de 12 à 25ans) et l’enquête Espad (3), enquêtescolaire issue d’un protocole européen,réalisée en 1999, qui concerne 12 500élèves de 14 à 20 ans interrogés parquestionnaire auto-administré.

La fréquence de la pratique sportive

La pratique sportive (CFES : au coursdes sept derniers jours ; Espad : au coursdes douze derniers mois) est majoritairechez les jeunes (Tableau I), la préva-lence de la pratique annuelle étant plusélevée que la pratique durant la semainepassée. Toutefois :• les garçons sont plus nombreux queles filles à avoir une pratique sportivelongue. Cette différence des sexes existedepuis toujours (temps de pratique, pré-sence dans les médias, etc.) et demeureune réalité et ce, malgré l’augmentationde la pratique féminine, la suppressionde la distinction entre hommes etfemmes pour la reconnaissance des dis-ciplines de haut niveau et l’intégrationdans la loi de l’égalité d’accès desfemmes et des hommes aux instancesdirigeantes des mouvements sportifs ;• les moins de 15 ans ont une pratiquesportive plus importante que les 15 anset plus. Plusieurs raisons peuvent expli-

quer cette diminution de la pratiquesportive avec l’âge, surtout parmi lesfilles : le manque de temps (les devoirsprennent une place de plus en plusimportante dès le lycée), l’apparitiond’autres centres d’intérêts (cinéma,concerts, sorties, voyages, travail) quidiminuent d’autant le temps disponibleet, pour les plus âgés, l’importance de lavie de couple.

Le sport, c’est le plaisirLe plaisir d’abord, puis la santé et les

rencontres avec des amis sont les troispremières motivations pour pratiquerun sport, sans différence entre garçonset filles. Toutefois, deux motivations lesdistinguent : les garçons disent plusvolontiers faire un sport pour gagner(18,7 % vs 8,1 % ; p < 0,001), alors queles filles répondent plus souvent faire dusport pour maigrir (21,8 % vs 6,5 % ;p<0,001). Des évolutions sont percep-tibles en fonction des tranches d’âge.Le sport pour la santé est ainsi deux fois

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plus cité par les 20-25 ans (60,5 %) quepar les 12-14 ans (31,6 % ; p < 0,001).Le sport pour se muscler est un peu plussouvent cité par les plus âgés. Au total,c’est le plaisir et non la contrainte (mai-grir, se muscler, gagner) qui motive lapratique sportive des jeunes, même si,avec l’âge, des raisons de santé devien-nent plus importantes (Tableau II).

Sports collectifs,sports individuels ?

Une proportion plus importante degarçons que de filles déclare pratiquerun sport collectif (61,8 % vs 35,5 % ;p<0,001). À l’inverse, les filles ont unepratique sportive plus individuelle(87,8% vs 69,1 % ; p < 0,001). Le footballest le sport le plus pratiqué par les gar-çons (39,7 % déclarent y avoir joué enclub ou avec des copains au cours dessept derniers jours), donnée confirméepar le nombre de licenciés (durant la sai-son 2000-2001, il y en a eu 2150443).Les filles déclarent avoir pratiqué prin-cipalement de la « gym » (au sens large),du jogging et de la natation. On n’ob-serve pas de différence entre les garçonset les filles pour le jogging, le basket(sport collectif qui regroupe le plus delicenciés féminins avec 1696384) et levolley-ball (Tableau III).

L’analyse par âge montre une cer-taine variabilité des pratiques. Ainsi, lanatation et surtout la marche à pied aug-mentent avec l’âge (cette dernière estcitée par près d’un jeune sur dix à 20-25 ans, alors qu’elle ne l’est quasimentpas par les moins de 20 ans). Enrevanche, la pratique d’un sport collec-tif diminue sensiblement avec l’âge, sur-tout le basket-ball, le volley-ball et lehand-ball (Tableau III).

Entre 12 et 14 ans, un adolescent surdeux déclare également avoir fait duroller au cours des douze derniers mois,ils sont un quart entre 15 et 19 ans, sansdifférence entre les garçons et les filles.En revanche, parmi les 20-25 ans, lesgarçons sont deux fois plus nombreuxà pratiquer le roller que les filles.

Les accidents de sportsUn jeune sur sept déclare avoir eu un

accident de sport ayant entraîné unehospitalisation ou une consultation aucours des douze derniers mois (14,0 %à 12-14 ans ; 14,9 % à 15-19 ans et 13,3 %à 20-25 ans). Le sport est la premièrecause d’accident parmi les 12-25 ans.

Selon le rapport Inserm (1), 43 % desgarçons et 32 % des filles qui ont unepratique sportive ont eu un accident desport dans l’année, proportion quipasse, en fonction du temps de pratiquehebdomadaire, pour les garçons, de36% (moins de 4 heures par semaine)à 48% (4 heures et plus par semaine) et,pour les filles, de 24 % (moins de 4heures) à 36% (de 4 à 8 heures) et 49%(plus de 8 heures par semaine). Cettehausse de l’accidentalité liée à l’expo-sition pose le problème de la prise encharge et du handicap (somatique etsocial) post-traumatique.

L’incidence des traumatismes estproportionnelle à la fréquence de la pra-tique des sports. Les sports de ballon etnotamment le football sont respon-sables de la majorité des traumatismes(souvent bénins), le vélo (VTT inclus)génère en revanche des accidents plusgrave (traumatismes craniofaciales) (4).D’autres sports sont fréquemment res-ponsables de traumatismes comme lebasket-ball (entorses de doigts et dechevilles), la gymnastique, les sports decombat ainsi que le roller et le skate.

Un récent colloque a tenté de faire lepoint sur les pratiques et la préventiondes accidents de rollers chez les enfants

et les adolescents (5). Dans la majoritédes accidents de rollers (estimés à plu-sieurs dizaines de milliers chaqueannée - Ehlass), ce sont les membressupérieurs qui sont le plus touchés (poi-gnets, avant-bras, épaules). Lesquelques études déjà disponibles etprésentées lors de cette rencontre indi-quaient que 81 % des accidentésn’avaient suivi aucun apprentissage etque 65 % des pratiquants n’avaientaucune protection lors de l’accident. Lesdonnées de l’enquête Baromètre santé2000 montrent qu’une proportion plusimportante des 12-14 ans a utilisé uncasque lors de la dernière sortie en rol-lers, les garçons plus que les filles (res-pectivement 23,2% et 12,9 % vs 7,3 % et3,4 % parmi les 15-19 ans) (6).

En guise de conclusionLa pratique sportive s’est largement

démocratisée parmi les jeunes, même siles filles restent plus en retrait que lesgarçons. Si les sports individuels pré-dominent et ce, quel que soit l’âge, lessports collectifs concernent surtout lesgarçons et les moins de 20 ans. Le plai-sir motive principalement la pratiquesportive. Toutefois, avec l’âge, la santéoccupe une place importante. À ce pro-pos, l’accident est un risque assez fré-quent lors d’une pratique régulière.

Tableau I : La durée hebdomadaire moyenne de l’activité sportive (en pourcentage) 12-25 ans (BS 2000) - n = 3 180 14-20 ans (Espad 1999) - n = 11 389

0 <4 h 4-8 h > 8 h 0 <4 h 4-8 h > 8 hGarçons 12-14 ans 10,8 19,9 34,6 34,7 - - - -

15-19 ans 23,8 15,9 34,4 25,9 8,1 27,2 46,2 18,620-25 ans 42,4 17,5 24,6 15,5 - - - -

Filles 12-14 ans 18,5 31,8 33,7 16,0 - - - -15-19 ans 33,6 26,1 30,6 9,7 11,2 53,1 28,2 7,520-25 ans 65,3 15,3 13,0 6,4 - - - -

Tableau II : Les motivations des pratiquants (12-25 ans BS 2000) (En pourcentage et parmi les sportifs)Pour Pour Pour rencontrer Pour Pour Pour

le plaisir la santé des amis se muscler maigrir gagnerSexe ns ns ns ns *** ***

Garçons 76,1 47,0 44,5 30,5 6,5 18,7Filles 73,5 45,1 45,7 26,4 21,8 8,1

Tranche d’âge ns *** ns * nss12-14 ans 74,8 31,6 44,6 23,4 12,6 16,315-19 ans 76,9 45,8 44,8 30,9 12,1 12,920-25 ans 72,5 60,5 45,6 31,0 14,8 14,0

Tableau III : Le type de sport pratiqué (12-25 ans BS 2000) (En pourcentage et parmi les sportifs)Sports individuels Sports collectifs

Ensemble Marche Jogging Gym Natation Ensemble Football Basket-ball Volley-ball Hand-ballSexe *** *** ns *** *** *** *** ns ** ns

Garçons 69,1 3,0 14,7 3,4 7,8 61,8 39,7 13,5 8,6 7,5Filles 87,8 7,0 14,7 14,8 13,5 35,5 5,0 12,3 13,8 8,0

Tranche d’âge ns *** ns *** * *** ns *** *** ***12-14 ans 78,2 1,8 16,7 13,4 8,5 64,4 27,1 20,2 13,1 15,115-19 ans 76,8 3,2 13,1 6,3 8,9 52,0 25,0 13,2 13,9 6,220-25 ans 76,4 9,5 14,9 5,9 13,7 35,5 22,8 5,7 4,6 2,6

*** : p<0,001 ; ** : p<0,01 ; * : p<0,05

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Freins et stratégies à développer pourune prévention passive efficace :l’exemple du roller

Utiliser des protections réduit considérablement les risques de lésions traumatiques. Mais il faut aujourd’hui convaincre les pratiquants qu’ellesn’entravent pas trop leur liberté et qu’elles sont efficaces – même s’ils ne sontplus des débutants et pas encore de ces pros qui défient les lois de l’équilibre.

Outre les résultats de ces deux enquêtessuccinctement présentés ici, de nom-breux documents existent sur la pra-tique de l’activité physique et sportivedont deux récemment publiés : un pre-mier qui concerne l’activité sportive àl’adolescence, les troubles et conduitesassociés (1) et un second qui se proposede faire le point sur l’activité physiquesur le territoire européen (7).

Philippe Guilbert

Chargé d’études-coordonnateur du

Baromètre santé, Comité français

d’éducation pour la santé, Vanves,

Marie Choquet

Directeur de recherches, Inserm unité 472,

Équipe Santé des adolescents, Villejuif.

1. Données du ministère de la Jeunesse et des Sports.2. Données de la Fédération française de volley-ball.3. Données de la Fédération française de football.4. Données de la Fédération française de basket-ball

◗ Références bibliographiques

(1) Choquet M., Bourdessol H., Arvers Ph,. etal. L’activité sportive à l’adolescence. Lestroubles et conduites associés. Rapport auministère de la Jeunesse et des Sports. Marly-le-Roi, Injep, 2001 : 94 p.(2) Sous la responsabilité du Comité françaisd’éducation pour la santé et en partenariatavec la Caisse nationale de l’assurance mala-die des travailleurs salariés, le ministère del’Emploi et de la Solidarité, l’Observatoire fran-çais des drogues et des toxicomanies, la Mis-sion interministérielle de lutte contre la drogueet la toxicomanie, le Haut Comité en santépublique et la Fédération nationale de lamutualité française. Baromètre santé 2000.Vanves : CFES, 2001 (à paraître).(3) Sous la direction de l’équipe Santé de l’ado-lescent de l’Inserm U. 472 (M. Choquet, S.Ledoux) et en partenariat avec l’Observatoirefrançais des drogues et des toxicomanies, leministère de l’Éducation nationale, de la

Recherche et de la Technologie. Hibell B.,Andersson B., Bjarnason T., et al. The 1999ESPAD Report. The European School SurveyProject on Alcohol and Other Drugs - Alcoholand Other Drug Use. CAN/Council of Europe(Pompidou Group) 2001.(4) De Billy B., Garnier E., Parot R., Valioulis I.,Aubert D. Les accidents de sport chez l’enfant(âgé de moins de 15 ans) : épidémiologie etmesures de prévention. Annales de Pédiatrie1999 ; 46 : 5.(5) Prévenir les accidents de rollers chez lesenfants et les adolescents. Synthèse des inter-ventions du colloque. Avril 2001 : 57 p.(6) Bourdessol H., Gautier A., Guilbert Ph., etal. Pratique du roller et port du casque. BEH2001 ; 13 : 55-7.(7) European Physical Activity SurveillanceSystem (Eupass). Final report to the Europeancommission (DG SANCO F/3, Health Monito-ring Programme). March 2001 : 33 p.

La pratique du roller compte aujour-d’hui quelque cinq millions d’adeptes etle phénomène de glisse urbaine ne cessede croître depuis quelques années.Parallèlement, la pratique du roller estresponsable de plusieurs dizaines demilliers d’accidents (1). Parmi les vic-times, la grande majorité (65 %) ne portepas de protections et huit personnes surdix (81 %) n’ont reçu aucun apprentis-sage du roller. Pourtant, les protectionsréduisent significativement les risques delésions traumatiques, d’autant que lemécanisme le plus fréquent de l’accidentest la chute (2).

Dans le cadre du programme de pré-vention des accidents de sport et de loi-sirs, le CFES et la Caisse nationale del’assurance maladie des travailleurssalariés (Cnamts) ont décidé de menerdes actions de prévention auprès despratiquants de roller afin qu’ils adoptentune pratique sécurisée par l’utilisationde protections (protèges-poignets, cou-dières, casque, etc.).

Pour construire sa communication etdisposer d’éléments pertinents pourconvaincre les pratiquants de roller deporter des protections, le CFES a piloté,

en 2000, une étude prospective réaliséedans le cadre du programme nationalCnamts/CFES sur la prévention desaccidents de sports et de loisirs, afind’identifier les obstacles à leur utilisa-tion. Cette étude qualitative1 a étéconduite à Paris et à Lyon auprèsd’adeptes (hommes et femmes) du rol-ler, âgés de 15 à 35 ans. Pour répondreà l’objectif de l’étude, une exploration aété menée sur les représentations asso-ciées à la pratique du roller, puis cellesassociées aux protections. Le croise-ment de ces représentations révèledeux univers opposés.

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Le roller : plus qu’un sport,une relation nouvelle à la cité

Les registres exprimés sur l’universroller sont extrêmement riches et ilspeuvent s’ordonner autour de deuxpôles : le pôle individuel et le pôlesocial.

Pour le premier, pratiquer le rollerc’est découvrir un nouveau rapport aucorps, à l’espace et au temps. Le rollerest un objet intégré en prolongementdu corps, contrairement au vélo, à lamoto ou encore au skate : « on oubliequ’on a des rollers… une fois qu’on estdessus, ça fait partie de nous-même » ;« c’est comme si on avait des pieds rou-lants ».Son apprentissage renvoie à celuide la marche (« un girafon qui vient denaître, il ne sait plus à quoi se tenir » ; «Bambi quand il commence à mar-cher ») et au terme du processus d’ac-quisition, l’adepte découvre une nou-velle liberté, une nouvelle mobilité sanscontraintes organiques réelles (pas d’es-soufflement) : « la glisse, c’est la vitessesans l’effort ».Situé entre deux –ni voiture, ni piéton–,le pratiquant de roller devient un sujetcoupé du monde extérieur, il est danssa bulle, « on oublie tout, on s’échappe ».Pratiquer le roller, c’est disposer de latotalité du territoire, on s’approprie laville facilement car « on peut changerrapidement d’endroit, en cinq minutes »,la ville devient un spectacle où les fron-tières entre réel et virtuel sont abolies,« c’est un peu comme zapper », « un peucomme un jeu vidéo, mais là on est dansl’action ». Alors, on rêve de rapidité,d’ubiquité, « après j’ai continué sauf quemaintenant je ne suis pas que dans marue, je suis partout ». Les adultes évo-quent le plaisir de se laisser aller à ladécouverte, « j’adore me balader dansParis le dimanche, découvrir des petitesrues, rêver devant les beaux apparte-ments… ».Pour tous les adeptes, le roller c’estpouvoir aller plus vite ou prendre sontemps : « on fait tout plus vite » et, aucontraire, il y a la possibilité de profi-ter. Un adulte déclare « on n’est paspressé par le temps ». Finalement, le désirest réalisé immédiatement, « le roller,c’est comme une envie de manger… làtout de suite », « quand on veut, tout letemps, pas comme pour le ski ». Pour lesadultes, la gestion du temps en rolleroffre des sensations d’enfance oud’adolescence, le roller, « c’est resterjeune dans sa tête ».

Ainsi, la liberté du corps, l’absencedes contraintes spatiales et temporellesqu’offre le roller se traduisent pour lesadeptes par un sentiment d’invulnérabi-lité, de puissance. Au-delà de la pratiquecorporelle, le roller a aussi une fonctionsociale, distincte par groupes d’âges.

Pour les adultes, pratiquer du rollercrée du lien social tout en préservant lapratique individuelle. C’est un phéno-mène inter-générationnel et socialementfédérateur : « tout le monde a la mêmepassion… toutes les classes sociales fontdu roller… y’a toutes les générations …un côté famille retrouvée » ; « c’est com-mun sans l’être, on peut en faire à plu-sieurs et chacun à sa façon ». En outre, pratiquer le roller donne lesentiment d’appartenir à une commu-nauté informelle, semblable à la com-munauté des motards, et qui permet enplus de s’approprier l’espace urbain :« c’est comme en moto, si on tombe surun autre rollerblade, on discute, on semet à côté, c’est super ! ».

Parmi les adolescents, le groupe joueun rôle majeur puisqu’il permet à la foisl’intégration à une collectivité de pairset une différenciation du monde desadultes. L’appartenance ou la démar-cation s’opère via des codes vestimen-taires et des musiques de prédilection(rap/hip hop). Ainsi, pratiquer le rolleravec des copains apporte aux jeunes unfort sentiment d’appartenance : « j’ap-partiens à un groupe. On appelle ça uncrew. C’est l’esprit de communauté.C’est l’entraide, l’amitié… ». En mêmetemps, pour appartenir ou préserver saplace au sein du groupe, il faut faire sespreuves : « le problème, c’est qu’il fautévoluer comme tout le monde, sinonc’est difficile de rester dans le groupe. Lescopains étaient expérimentés, je devaisapprendre par moi-même, j’ai eu dumal à les suivre, c’est assez déplaisant ».

Enfin, chez les jeunes adultes, legroupe traduit une relation d’entraide,de solidarité : « s’il y en a un qui a desproblèmes, les autres sont là ». Chacuns’exprime comme il le souhaite, il n’ya pas de pression de la part du groupe :« y’a pas de règles, c’est des petits chal-lenges… on se met des petits défis, tiensj’aimerais bien faire ça et les autres sui-vent… c’est chacun son tour, celui quise sent bien ». Le groupe a aussi unemeilleure visibilité par les piétons ou lesvoitures ; en cas de chute, les autres

sont là pour aider : « si on a un bongroupe, il ne peut pas se passer grandchose… il y a cette notion de groupe quifait qu’il y a comme une chape de sécu-rité pour tous les membres ».

Les protections :un bilan très critique

Les critiques exprimées par les usa-gers à propos des protections sont liéesà leur usage et à leur efficacité.

À l’usage, porter des protectionsconstitue une gêne physique quientrave les mouvements : « on ne peutpas aller à l’extension complète, on nepeut pas faire une flexion, on sent qu’ily a quelque chose par dessus le vête-ment » ; « ça gêne quand on veut fairedes figures ». Mettre les protections estune source de perte de temps, puis ellessont encombrantes et lourdes : « c’estvraiment galère, il faut une demi-heurepour tout mettre », « et en plus, ça prendde la place… ça charge plus ». Enfin, lesprotections font transpirer et certainspratiquants de roller critiquent leurmauvaise tenue.

Leur efficacité est sérieusement miseen doute quelle que soit la partie ducorps protégée : « c’est qu’anti-égrati-gnures : je ne pense pas que cela puisseempêcher de se casser quelque chose,c’est trop localisé ». Certains adeptes évo-quent la dangerosité potentielle descoudières et genouillères, « si le chocest dur, le plastique peut rentrer dansla chair ». Ou encore, on craint le dépla-cement voire l’aggravation des lésions,des fractures : « on ne va pas se péter lepoignet mais l’avant-bras ». Aussi, ondoute de l’utilité, d’autant que celan’évite pas l’accident : « certaines per-sonnes qui en ont, ça leur arrive d’avoirdes accidents : est-ce que c’est vraimentutile d’en mettre ? ». La fonctionnalitéproblématique des protections contrastetrès fortement avec l’image du roller. Deplus, les pratiquants de roller ont besoind’avoir des preuves de leur efficacité« c’est comme pour l’airbag, faut que cesoit démontré par des faits, des tests, destémoignages… faudrait des normes ».

Ainsi, le croisement des représenta-tions associées au roller avec cellesassociées aux protections font appa-raître des oppositions systématiques :• le roller, lorsqu’il est chaussé, est enprolongement du corps, alors que lesprotections restent des objets exté-

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rieurs, elles ne sont que rapportées :« c’est comme si on avait des prothèses » ;•le roller offre une nouvelle mobilité etliberté, alors que les protections sontgênantes et entravent les mouvements :« dans la tête non plus, on n’est paslibre… c’est pas le style roller » ;•la pratique du roller, une fois acquise,représente l’autonomie, alors que lesprotections signent la dépendance, l’ap-prentissage : «quand on fait la démarched’apprendre, on se dit : je me lance, jen’ai plus de protections, j’y vais. C’est uneautre démarche, c’est plus bénéfique, onapprend plus de choses, sinon on est unpeu trop passif » ;•la convivialité, l’entraide entre les pra-tiquants se trouvent limitées lorsqu’il ya les protections : « quand on est deux outrois, on peut s’attraper par la main, avecles protège-poignets, c’est pas possible ».

Au-delà des critiques sur la fonc-tionnalité des protections, leur imagenégative – liée à l’inesthétisme – porteatteinte à l’image de soi. Les adolescentsy sont particulièrement sensibles et fina-lement, ce risque d’atteinte à l’image desoi reste à l’œuvre chez l’adulte : « uncopain qui va nous regarder avec lesprotections, il va dire : ah ben il ne sedonne pas à fond, il n’assume pas son

roller, il a peur de se faire mal… ils vontl’insulter en rigolant mais quandmême… », « une femme, en plus avec lesprotections, c’est la totale, elle perdraittoute sa féminité d’un seul coup, ça n’arien d’esthétique ».

Le risque : une notiondéterminante pour l’utilisationdes protections

Au-delà des représentations, lanotion de risque est rapportée. En effet,les adeptes distinguent parfaitement lescauses et les conséquences de l’accidentde roller : les collisions (avec les piétons,les chiens, les voitures), l’état du sol(pluie, bandes blanches, plaques, etc.)qui relèvent de l’imprévu ou les prisesde risque (les chaussées en pente, lespratiques à risque : street2, sauts,figures) entraînent des égratignures,déchirures, claquages, fractures du poi-gnet et à un degré moindre, le coude,le coccyx, la rotule. Ainsi, on évoquedes accidents survenus à des proches oudont on a entendu parler : « J’ai uneamie qui s’est cassé les coudes en tom-bant » ; « c’est vrai que c’est dangereux,y’a un organisateur qui s’est tué ».

Ainsi, dans l’état actuel des repré-sentations associées au roller et aux

protections, leur utilisation est directe-ment liée à la gestion du risque et can-tonnée à deux extrémités : d’un côté, lesdébutants qui se reconnaissent en tantque tels et pour lesquels les protectionsconstituent la « béquille » permettantd’apprendre un nouveau mode demotricité. À l’opposé, les professionnelsqui défient les lois de l’équilibre et quiutilisent les protections pour réaliser lesfigures (par exemple, porter lesgenouillères pour tourner sur lesgenoux). La chute et les protectionssignent la maîtrise, le savoir-faire.Entre ces deux extrémités, on ne portepas les protections, mais on gère lerisque. Cette gestion est différente selonles groupes d’âges et les stratégies adop-tées vont être fonction du niveau de pra-tique. Pour les débutants « confirmés »(l’équilibre est trouvé), la stratégieconsiste à éviter le risque – par exempleéviter les pentes – voire à l’occulterselon le principe que l’accident n’arrivequ’aux autres. Pour les plus âgés, onnégocie et on établit un compromisentre maîtrise et risque ; en revanche,pour les plus jeunes, on met en avant lesrisques pour mieux signifier la difficultéet les enjeux de la pratique sportive. Onveut repousser les limites, « le jeu estd’aller voir jusqu’où on peut aller », « on

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se sent plus fort que les autres, on arriveà mieux en faire que les autres ».

Aussi, l’utilisation des protections serévèle évolutive, car le pratiquant deroller se libère des protections au fur età mesure de la maîtrise de l’équilibre.Mais leur utilisation est aussi partielle :lorsque les protections sont obliga-toires (compétitions, roller park), lors-qu’il faut donner l’exemple à ses en-fants, lorsque le pratiquant a pu vérifierl’utilité de la protection – « j’étais biencontente de les avoir ce jour-là » –, oubien encore parmi les adolescents pra-tiquant le roller acrobatique.

Les stratégiespour la prévention

Le premier point sur lequel il sembleimportant d’agir est la qualité des pro-tections, de façon à faire évoluer leurimage. En effet, la force de l’imaginaireroller, tant au niveau individuel que col-lectif, ne permet pas d’envisager unemodification des représentations qui luisont associées. En revanche, une modi-fication des comportements pourconvaincre les pratiquants d’utiliser desprotections ne peut s’envisager quedans le cas d’une évolution des repré-sentations afférentes aux protections.Les prochaines normes CE qui vontbientôt être données iront dans ce sens.Par ailleurs, dans l’histoire du roller, lesprotections sont toujours restées desobjets périphériques, accessoires, ausein de l’offre. Dans les rayons desgrandes surfaces, les protections sontrarement proposées à proximité des rollers. De même, les générations « an-ciennes » ont appris le patin à roulettessans protections et, aujourd’hui, elles nemontrent pas l’exemple aux plus jeunes.

Ainsi, au-delà des preuves d’effica-cité attendues, les futures protectionsdevront préserver la liberté du corps,« qu’on ne les sente pratiquement pas »,« quelque chose qui colle au corps, quiaccompagne le mouvement ». Ellesdevront être pratiques, « que ce soitrapide à mettre et super-facile àdéfaire », légères et de tailles différentes.Les femmes attendent des protectionsinvisibles ou intégrées aux vêtements,les hommes sont plutôt en attente deprotections ostensibles. Les adepteseux-mêmes imaginent des protections« fun », invisibles, anti-sudations. Enfin,de la même manière que l’offre estextrêmement variée pour les rollers, il

est tout à fait envisageable d’imaginerdiverses gammes permettant à chacunde trouver son style.

L’intervention des pouvoirs publicspour l’établissement des normes sur lesprotections (3) et pour l’aménagementd’espaces dédiés au roller est vivementsouhaitable. Aujourd’hui, l’absence destatut légal du pratiquant de roller (juri-diquement associé au statut de piéton)continue d’inscrire l’univers roller entant que « sport extrême ». Les adoles-cents et les jeunes adultes profitent enquelque sorte de cette non-reconnais-sance institutionnelle pour conforterleur pratique, notamment le street, etalimenter le plaisir de la transgression.

Enfin, il semble nécessaire d’infor-mer sur les risques auxquels s’exposentles pratiquants de roller et plus parti-culièrement sur les risques liés à la cir-culation en ville et sur le type d’accidentlorsqu’il s’agit d’un débutant. En outre,des messages peuvent être relayés parles associations présentes sur le terrainou par les distributeurs pour sensibili-ser à la prévention.

Hélène Bourdessol

Chargée d’études au Comité français

d’éducation pour la santé (Vanves).

1. Dix-huit entretiens individuels, trois réunions degroupe de 7-8 personnes dont un groupe constituéd’adeptes du roller portant des protections. InstitutAdage. Étude « Protections rollers », novembre-décembre 2000, rapport dactylogr.

2. Street : pratique du roller qui nécessite d’utiliser lemobilier urbain pour réaliser des figures : un muret,une rampe d’escalier ou encore un banc sont utiliséspour réaliser des dérapages (appelés « slide » ou« grind ») ou des sauts. In : Moullec Y.L. L’impact du rol-ler sur la ville. Mémoire de DESS, Institut français d’ur-banisme, juillet 2000.

◗ Référencesbibliographiques

(1) Thélot B., Nectoux M., Isnard H. et leRéseau français de surveillance des acci-dents de la vie courante. Épidémiologie desaccidents de roller en France (1997 à 1999).BEH 2001, n° 13 : 57-9.(2) Épidémiologie des accidents de roller.Dr André Lespine, service médical d’accueil,Hôpital Edouard-Herriot, Lyon.(3) Commission de la sécurité des consom-mateurs. Avis relatif à la pratique du patin àroulettes (roller squad), du patin en ligne (rol-ler in line) et de la planche à roulettes (skate-board). Paris, novembre 2000.

sommairen° 157 - mars 2001

Communication

Les fictions médicales, une ressourcepour la promotion de la santé ?par Solange Davin

Initiatives

Prévention et médecine généralepar Dr Patrick Trefois, Dr Pascale Jonckheer,

Dr Jean Laperche

Pour en finir avec les inégalitéssociales de santépar Bernadette Taeymans

Les ambassadeurs de l’ombreDes femmes et des hommes.Programme d’éducation affective,relationnelle et sexuelle destiné auxpersonnes déficientes mentalespar Jacqueline Delville, Michel Mercier, Carine Merlin

La santé mentale en 2001. L’OMS àla recherche de solutions

Locale

La Plate-forme des associations liégeoises de prévention du sidapar Chantal Leva, Elise Malevé

Alimenta-jeuxpar Anaïs Carton

Réflexion

Investir en santépar Danielle Piette

Éducation Santé est un mensuel gratuit,réalisé avec l’aide de laCommunauté française de Belgique –Département de la santé.

Pour recevoir un exemplaire de cenuméro ou pour s’abonner : [email protected]

• COMMUNIQUÉ •

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Les campagnes de préventiondes accidents de sports

Les initiatives prises par le CFES et la Cnamts pour développer au niveaunational des programmes abordant le problème des accidents de sports sont récentes. Le nombre annuel de traumatismes et l’émergence de nouvelles pratiques sportives justifiaient la tentative d’une largemobilisation sur cette question.

C’est en 1999 qu’un premier dispo-sitif de communication sur la préven-tion des risques liés aux sports a été misen œuvre par la Caisse nationale del’Assurance maladie des travailleurssalariés (Cnamts) et le Comité françaisd’éducation pour la santé (CFES), enabordant les pratiques du roller, duskate et du VTT.

Roller, skate, VTT et protectionsLe choix de ces sports peut sur-

prendre. Ils ont été retenus parce qu’ilsoccasionnent une traumatologie parti-culière et que des moyens de protectionexistaient mais restaient peu employés.Il paraissait donc utile d’informer lepublic sur les risques spécifiques de cessports qui sont à l’origine d’environ55000 accidents chaque année (source :Baromètre santé 2000). Mais rapide-ment d’autres enjeux sont apparus, ceprogramme s’appliquant à des activi-tés sportives qui intéressent un nombrecroissant d’adolescents et de jeunesadultes.

Ainsi, le nombre de pratiquants duroller, réguliers ou occasionnels, estestimé à cinq millions de personnes enFrance, dont deux millions en régionparisienne. Ces sports sont accessiblesau plus grand nombre, sans équipe-ment coûteux ni entraînement contrai-gnant ; leur pratique se situe le plus sou-vent à mi-chemin entre l’activité deloisir et le sport de détente, et pourquelques-uns seulement, de compéti-tion. Pour le roller, c’est aussi un modede déplacement important.

Ainsi, ces activités sportives quali-fiées de fun ou encore de glisse mar-quent une rupture par rapport auxsports classiques tels que la bicyclette,le football, l’athlétisme, etc. ; elles met-tent l’accent sur une démarche ludiqueet esthétique, sur l’équilibre et la maî-trise de soi, sur le mouvement en lienavec les éléments naturels, sur le par-tage des sensations, la proximité avec lanature, sur les sorties en groupe, sur uninvestissement d’espaces non prévus

initialement pour la pratique de cessports (voir article de H. Bourdessol).Elles permettent d’aborder les notions deplaisir du sport, de respect de l’environ-nement, de mode de transport «doux» etd’éducation au risque, et de proposerdes mesures de prévention impliquantchaque citoyen à plusieurs titres :comme pratiquant, comme parent édu-quant son enfant, comme piéton ouautomobiliste partageant le mêmeespace de rue, comme membre d’uneassociation proposant des sorties collec-tives, comme responsable de la sécuritéroutière et de l’aménagement urbain…Un tel contexte se révèle propice pouraborder le thème de la prévention desaccidents, en proposant des démarcheséducatives qui seront transposables àd’autres sports, voire à d’autres situa-tions de vie.

La communication mise en place en1999 s’est adressée préférentiellementaux jeunes, par la diffusion d’informa-tions sur les radios nationales et régio-

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nales tels que NRJ, Skyrock... Troisspots radio avaient pour objectif d’aler-ter sur les risques liés à la pratique duVTT, du roller et du skate-board, endélivrant quelques conseils simples deprévention et en renvoyant sur desflyers pour des informations plus com-plètes. Ces flyers ont fait l’objet d’un tra-vail de collaboration avec des per-sonnes pratiquant ces sports. Unepremière maquette s’est révélée êtreinadaptée aux goûts des adolescents etdes professionnels, tant au niveau dutexte que du graphisme ; en définitive,quatre dépliants ont été diffusés : troisflyers portaient sur le roller, le skate-board et le VTT, le quatrième sur lessports de glisse en général. Ils mettenten scène, de façon ludique, des conseilsde prévention facilement repérables àl’aide de pictogrammes. Les dépliants ont été diffusés par encar-tage dans la presse jeune, dans lesréseaux de terrain et via des partena-riats avec des magasins et fédérationssportives.

Du bon usage duréglagedes fixations de ski

Le ski est pratiqué par7 millions de personnes enFrance ; il est à l’origine de135000 accidents par saison.L’entorse du genou est lalésion la plus fréquente dontl’une des formes les plusgraves est la rupture du liga-ment croisé antérieur (LCA),qui concerne chaque année16 000 personnes. Par unepréparation physique et unréglage correct des fixations,ce risque d’entorse peut êtreréduit.

Un dispositif d’informa-tion a été mis en place en2000, en partenariat avec laCnamts, l’association Méde-cins de montagne et les pro-fessionnels du ski (voirarticle de M.H. Binet). Il com-portait un volet grand publicavec un spot télévisé diffuséen décembre 2000 montrant,de façon humoristique, ceque risque un skieur dont lesfixations sont trop ou pasassez serrées. Parallèlement,une brochure d’informationexpliquant l’importance du

bon réglage des fixations et la manièrede déterminer sa position de réglage aété diffusée à un million d’exemplairespar les loueurs/vendeurs de matériel deski, les offices du tourisme, le ClubMéditerranée et l’UCPA. Ces profes-sionnels du ski ont été impliqués parl’intermédiaire de leurs instances pro-fessionnelles ; ils ont été destinatairesd’une affichette reproduisant lestableaux de réglage de fixations confor-mément à la norme Afnor, facilitant ainsiun meilleur réglage lors de la prépara-tion des matériels en atelier.

Une lettre intitulée Prévention-édu-cation-santé, rappelant l’importance dela préparation physique avant le départ,a été envoyée aux médecins généra-listes et aux kinésithérapeutes, en lesincitant à informer leurs patients sur cesmesures de prévention.

Perspectives d’avenir L’éducation pour la santé, accompa-

gnée de mesures passives (mise enplace de normes pour les protections

de roller ou de nouvelles normes pourles fixations de ski par exemple), peutdonc intervenir sur la prévention desaccidents de sports à plusieurs niveauxet en collaboration avec différentsacteurs : pratiquants de sports, parentset éducateurs, professionnels du sportet de la santé, éducateurs sportifs, ani-mateurs de club, policiers urbains,maires et élus, fabricants de matériel…Elle peut contribuer à rendre plus sûr lecomportement individuel, qui pourramieux apprécier son niveau de risque,habituellement sous-estimé, et perce-voir l’intérêt des mesures de préventionnon pas comme des entraves ou desrègles contraignantes mais comme unmoyen pour oser davantage tout en évi-tant d’inutiles blessures.

Les actions engagées depuis quel-ques années seront poursuivies et com-plétées par la prévention des accidentsde vélo. Elles s’adresseront préféren-tiellement aux jeunes, dans une tripleperspective de respect de soi, de l’autreet de son environnement.

Les pratiques sportivessont très segmentées et trèsdiversifiées ; si les notions deprise de conscience d’unrisque, d’entraînement phy-sique préalable et de bonneutilisation de dispositifs desécurité sont des élémentsapplicables dans une ma-jorité d’activités de sports et de loisirs, il reste nécessairede développer des appro-ches spécifiques par public etpar sport. Les actions pourrendre plus sûr l’environ-nement seront égalementamplifiées, portant à la foissur l’accessibilité et l’amélio-ration des matériels de pro-tection.

Ce programme est engagépour plusieurs années. Sesrésultats dépendront en partiede la capacité des différentsacteurs locaux à prendre desinitiatives diversifiées et àconjuguer ainsi leurs effortspour diminuer le nombre deces accidents évitables.

Michel Dépinoy

Délégué général adjoint

du CFES, Vanves.

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Le réseau d’épidémiologiede Médecins de montagneet la prévention des accidents de sports d’hiver

Depuis près de dix ans, le réseau d’épidémiologie de Médecins de montagnea analysé 250 000 blessés sur les pistes. Victime numéro un : le genou ;principal coupable : des fixations mal réglées. Un des remèdes : une amplification de la campagne d’information de l’an passé.

Trois cents médecins exercent enstations de sports d’hiver en France.Créée en 1953, l’association Médecinsde montagne rassemble plus de deuxcents de ces praticiens dans le but :- d’améliorer la qualité des soins en sta-tion ;- de défendre les aspects spécifiques dela pratique médicale en montagne ;- de conduire des études épidémiolo-giques afin d’améliorer la préventiondes accidents.

Elle a créé un réseau d’épidémiolo-gie d’envergure nationale. Soixante-douze médecins sont membres duRéseau médical d’observation du risqueà ski de Médecins de montagne. Lesmédecins sont répartis dans cinquante-deux stations de sports d’hiver du ter-ritoire français (Alpes, Pyrénées, Jura).Depuis son informatisation en 1992, leréseau d’épidémiologie de Médecins demontagne a analysé plus de 250 000blessés sur les pistes.Le réseau bénéficie d’un engagementtrès important des services des pistes,en particulier au sein de treize stationsqui constituent la population témoin. Leréseau a également le soutien logistiquede partenaires du milieu de la santé etde l’industrie du ski.

La mesure et l’analysedes risques

Chaque blessé traité fait l’objet d’uneobservation sur une fiche de recueilstandardisée et informatisée. Cette fiche

adoptée par l’ensemble des praticienspermet de recueillir des items concer-nant les circonstances de l’accident, letype de sport pratiqué, la prise encharge ou non par un service desecours. Le verso permet au médecind’indiquer son diagnostic et le type detraitement prévu. Les données sont trai-tées en respectant l’anonymat. Les dia-gnostics sont posés sur des critères cli-niques avec, pour seul examencomplémentaire en station, la radio-graphie. Les examens sont réalisés dansl’immense majorité des cas après unlaps de temps très court suivant le trau-matisme initial, ce qui explique la vali-dité de l’examen clinique.

Pour analyser la population de bles-sés et mesurer le risque de chaquecatégorie de pratiquants, il faut unepopulation témoin représentative.C’est ainsi que l’on peut analyser com-parativement les risques statistiques dechaque catégorie de pratique ou detranche d’âges. La population témoinest étudiée chaque saison par comp-tage au pied des pistes et par recueilde questionnaires-interviews : l’ana-lyse des résultats permet de connaître,chaque année, la structure et les habi-tudes (nombre de jours de pratique,type d’équipement, etc.) de la popu-lation exposée au risque.

La victime : le genouSept millions et demi de personnes

pratiquent chaque saison, en France, un

sport d’hiver. Le risque d’accident auxsports d’hiver est stable depuis unedizaine d’années : il est de 2,5 accidentspour 1 000 journées de ski.

Plus de 30 % des skieurs blessés pré-sentent une entorse du genou et plusd’une femme blessée sur quatre est vic-time d’une entorse grave du genou.Tous les niveaux de pratique sont tou-chés, du débutant au compétiteur, enpassant par les skieurs de loisirs et lesprofessionnels (pisteurs, moniteurs).Les 16 000 ruptures annuelles représen-tent 820 000 journées d’arrêt de travail.Les coûts estimés des soins médicaux etarrêts de travail sont annuellement de1,3 milliard de francs.

Il y a vingt ans, les accidents de skiétaient surtout des fractures. Les fixa-tions de ski ont été développées et amé-liorées pour protéger contre le risquede fracture de jambe. Aujourd’hui,l’évolution du matériel, plus particuliè-rement des chaussures, fait que la trans-mission des forces de torsion a lieumaintenant au niveau du genou.

Les entorses du genou touchent plusles femmes : c’est un phénomène bienconnu en traumatologie du sport. Desraisons anatomiques sont en cause : lamorphologie du genou en X (genu val-gum) et l’hyperlaxité ligamentaire, plusfréquente chez la femme. Chez lafemme, la protection musculaire dugenou est plus faible que chez l’homme.

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La sécurité du matérielDans le cas particulier du ski, le

réglage des fixations est en cause. Eneffet, les normes jusqu’en 2000 ne pré-voyaient pas de réglage différencié enfonction du sexe.

La fabrication et le réglage des fixa-tions répondent à des normes claire-ment définies. Elles sont cependant peuappliquées, car peu connues, mêmechez les professionnels : loueurs et ven-deurs de matériel. La France est en effetl’un des rares pays où l’on skie beau-coup, mais où le public n’a jamais étéinformé de l’existence de telles normesni de la nécessité de les appliquer.

L’évolution récente du matériel : •en matière de fixation : des fixationsmultidirectionnelles ont récemment étémises sur le marché. Ces fixations n’ontpas encore fait la preuve d’une quel-conque réduction des taux d’entorsesdu genou ;•en matière de ski : la nouveauté est leski dit parabolique qui permet unemeilleure conduite des courbes ; ilsemble responsable de bon nombre de

lésions ligamentaires du genou. En matière d’interface ski-fixations, c’estl’apparition chez les compétiteurs desplaques situées entre chaussure et fixa-tion qui ont pour effet d’augmenter lebras de levier. Ces accessoires se sont ré-vélés dangereux chez le skieur de com-pétition et la Fédération internationale adéjà réagi pour limiter leur hauteur.

Les chiffres des dernières saisonsn’ont pas montré d’évolution notableavec les dernières générations de fixa-tions, les skis dits paraboliques auraientplutôt tendance à accroître encore lerisque de survenue d’une entorse degenou. Chez les compétiteurs, les tauxde ruptures et leur survenue de plus enplus précocement sont inquiétants. Ces constatations ont motivé ungroupe de travail de l’Afnor à propo-ser une modification de la norme Iso deréglage des fixations : un fascicule dedocumentation a été publié sous len°FD S 52-748. Il permet une diminu-tion de 15 % de la valeur des réglageschez la femme et chez les hommes demoins de 49 kg, une diminution de 5 %chez les hommes de 49 à 57 kg.

Une meilleure définition du type deskieur a été établie. Ce paramètre cor-rectif était trop souvent confondu avecle niveau de ski, débutant, débrouillé,expert.Cinq types de skieurs sont définis, parexemple : le skieur de très bon niveau,avec un ski souple et coulé, privilégiantla pratique sur des pistes damées etavec une exigence de sécurité impor-tante, est de type 1 qui doit être réglésur la norme de base. À l’inverse, unskieur agressif avec des rattrapages fré-quents, un style heurté, est de type 2et doit être réglé 15% au-dessus de lanorme. Le débutant vrai de moins desept jours de pratique est de type – 1 ;il doit être réglé 15 % en-dessous de lanorme, soit pour la femme débutante30% de baisse par rapport à l’actuellenorme Iso.

L’éducation du skieurJusqu’à présent, les mesures de

sécurité étaient essentiellement pas-sives. Elles concernaient la sécurité despistes, le matériel, etc., mais elles n’im-pliquaient pas beaucoup les usagers. Il est apparu important de sensibiliser

le skieur, de le responsa-biliser, afin qu’il se prennemieux en charge au niveaude sa sécurité. C’est pour-quoi l’association Mé-decins de montagne alancé une campagne d’in-formation à l’attention dugrand public en partenariatavec la Caisse nationale del’assurance maladie des tra-vailleurs salariés (Cnamts)et le Comité français d’é-ducation pour la santé(CFES) (voir article de M.Dépinoy).

La campagne répondaità deux objectifs :- informer les profession-nels en charge du réglagedes fixations de skis desnouvelles normes émisespar l’Afnor ;- informer les skieurs afinqu’ils puissent obtenir, entoute connaissance decause, un réglage adapté etsécurisant de leurs fixa-tions.

L’évaluation de la cam-pagne a été effectuée :

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•auprès des professionnels etdes organisateurs de voyagestels que UCPA et Club Med.L’objectif a été de mesurer lafaçon dont la campagne a étéperçue auprès des profession-nels de location de matériel desports d’hiver. La méthode choi-sie a été celle d’une enquêtetéléphonique effectuée à partird’un questionnaire. L’enquête aété attribuée à un échantillonreprésentatif de 240 profession-nels du ski ;•sur le terrain, par une enquêteauprès d’une population témoin: le but a été de mesurer l’impacten matière de réglage des fixa-tions et de vérifier s’il existe desdifférences dans le taux deréglage des fixations par rapportaux années précédentes (troisans de recul). Cette enquêtepermet aussi de savoir si les uti-lisateurs des pistes ont vu lespot et/ou ont déjà eu en mainle dépliant sur le réglage desfixations (ou vu l’affichette) et si oui, parquel canal (magasin de sport, office dutourisme, médecin de montagne ouautre) ? ;•par analyse de l’évolution épidémio-logique : le réseau Médecins de Mon-tagne poursuit l’enrichissement de sabase de données avec le suivi compa-ratif, saison après saison, des marqueurstraumatiques en ski alpin.

Dans le cadre de l’évaluation de l’im-pact de la campagne, ont été particu-lièrement étudiés :- le taux d’incidence des lésions du liga-ment croisé antérieur (LCA) chezl’adulte, en particulier chez la femme;- l’ensemble des lésions du membreinférieur pouvant être influencées parle réglage des fixations comme lesautres entorses du genou (ligament laté-ral interne – LLI) ou les fractures dejambe et de cheville (en particulier chezl’enfant).

Les premiers résultats de l’évalua-tion1 font apparaître plusieurs élé-ments :•qu’au niveau du grand public, la cam-

pagne a été très bien perçue. La péné-tration du spot télévisé est étonnante,ce sont plus de 40 % de la populationciblée qui ont été touchés. Pourtant, lespot n’a été diffusé qu’en décembre. Ladistribution des dépliants a été moinsefficace ; en effet, seuls 4 % de skieursl’ont obtenu. On peut s’interroger sur lemode de diffusion via les magasins desports, il est probable que ce ne soit pasle meilleur moyen de toucher le grandpublic ;• en ce qui concerne l’impact sur lesprofessionnels, plusieurs aspects sont àenvisager : la connaissance de la cam-pagne, le fait qu’il s’agisse de nouvellesnormes à appliquer et leur réel usagesur le terrain. L’impact a été excellent,puisque plus de 90 % des profession-nels ont eu connaissance de la cam-pagne. En revanche, la connaissancedes normes antérieures et leur applica-tion étaient si mauvaises que l’accep-tation de ces nouvelles mesures a étépeu consistante cette première année.Des réunions sur le terrain au cours dela saison d’hiver, en présence des res-ponsables de la profession et des fabri-cants, ont apporté une améliorationimportante. Il faut remarquer que plusde 50% des professionnels signalentune demande accrue du public pour leréglage personnalisé. Plus d’un tiers desprofessionnels reconnaissent avoirmodifié leurs habitudes de réglage.

La synthèse de fin de saison a permisde dégager des axes pour la saison àvenir qui s’appuieront surtout sur unemeilleure formation des responsablesde magasins et personnels techniques.Les réglages réels ont étés modifiéspour une meilleure homogénéité dansle sens ou les réglages aberrants quis’éloignaient le plus des recommanda-tions ont tendance à diminuer demanière très significative. L’impact surl’épidémiologie est assez surprenantpuisque, malgré un faible pourcentagede nouveaux réglages dans la norme,on perçoit une diminution assez nettedes lésions sensibles au déclenchementdes fixations. Cette constatation mériteune analyse approfondie, mais endehors des variations météorologiqueset de conditions de neige, il est pro-bable que cette diminution soit due aufait que la campagne a alerté profes-sionnels et public, et qu’une meilleurevigilance a été observée dans desréglages qui, jusque-là, étaient souventpifométriques.

PerspectivesLa campagne a donc eu des effets

bénéfiques très significatifs dès cettesaison. Les professionnels et le grandpublic l’ont approuvée et sont volon-taires pour qu’elle se développe lorsdes prochaines saisons. À l’avenir, cette campagne devra pro-

1. Laporte J.D., Binet M.H., Pidou V., Baudru C. Éva-luation de la campagne de réglage des fixations 2000-2001 par Médecins de montagne. CFES/Cnamts,document disponible au CFES : 38 p. + annexes.

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◗ Bibliographie

• Bailly A.. Laboratoire de mécanique appli-quée, P.F.L. Suisse. Enquête 1995 sur leréglage des fixations de ski en Suisse. Abs-tract XXIIe Congrès International, SITEMSH,24-28 avril 1996, La Plagne.• Binet M.-H., Laporte J.-D., Constans D. Évo-lution et perspectives de la traumatologiedes sports de glisse. Rev. Franç. dommagecorp. 1995 ; 1 : 67-73.• Crawford R.P., Mote C.D. Jr. Ski BindingMinimum Retention Requirements. In : SkiingTrauma and Safety: Eleventh Volume, ASTMSTP 1289, Johnson R.J., Mote C.D. Jr., Eke-land A. (eds.). American Society for Testingand Materials, 1997 : 93-108.• Ettlinger C.F., Shealy, J.E., Johnson R.J.Latest developments in the investigation ofknee injury mechanisms in alpine skiing.Skiing Trauma and Safety: Twelfth Interna-tional Symposium on Skiing Trauma andSafety, Whistler/Blackcomb, B.C., May1997. Abstract book : 68 p.• Genin J., Binet M.-H., Laporte J.D.,Constans D. Les accidents de sports d’hiverpris en charge par les médecins de station,à propos de 26 272 blessés (saison 1996-1997). Journal de traumatologie du sport,Paris : Masson, 1998 ; 15 : 85-90.• Greenwald R.M., France E.P., RosenbergT.D., Toelcke T. Significant Gender Diffe-rences in Alpine Skiing Injuries: a Five-YearStudy. In : Mote C.D. Jr, Johnson R.J., Wolf-hartHauser, Schaff P.S. (eds). Skiing Traumaand Safety: Tenth Volume, ASTM STP 1266.American Society for Testing and Materials,1996 : 36-44.• Greenwald R.M., Toelcke T. Gender Diffe-rences in Alpine Skiing Injuries: A profile ofthe Knee-Injured Skier. In : Johnson R.J.,Mote C.D. Jr, Ekeland A. (eds). Skiing Traumaand Safety: Eleventh volume, ASTM STP1289. American Society for Testing andMaterials, Philadelphia, 1997 : 111-21.• Johnson R.J., Ettlinger C.F., Shealy J.E.Skier Injury Trends: 1972-1994. In : JohnsonR.J., Mote C.D. Jr, Ekeland A. (eds). SkiingTrauma and Safety: Eleventh volume, ASTMSTP 1289. American Society for Testing andMaterials, Philadelphia, 1997 : 37-48.• Shealy J. E., Ettlinger C. F. Gender-Rela-ted Injury Patterns in Skiing. In: SkiingTraumaand Safety : Tenth Volume, ASTM STP 1266,Mote C.D. Jr, Johnson R.J., WolfhartHauser,Schaff P.S. (eds). American Society for Tes-ting and Materials, 1996 : 45-57.

Répartition par sport(Saison 1999-2000)

Le ski alpin représente encore la majeurepartie des blessés aux sports d’hiver et lesnowbord, à lui seul, près d’un quart. Onnote, depuis l’année 2000, un pourcentagenon négligeable de blessés en mini-skis (ouskiboard).

Mini skis 2,8%Ski carving 1,5%

Autressports 0,2%

(monoski,skwal,

télémark)

Snowboard 22%

Ski alpin 73,5%

n = 27 336

Lésions en ski alpin(Saison 1999-2000)

En ski alpin, les lésions ligamentaires sontloin devant les fractures.

TC 2,1%Plaie 6,4%Luxation 3,3%

Fracture 16,7%

Entorse 47,1%

Lésion musculo-tendineuse 6,4%Lésion cartila-gineuse 1,9%

Autres 1,4%Contusion 14,7%

n = 20 033

Marqueurs traumatiquesen ski alpin (Saison 1999-2000)

Les marqueurs traumatiques sont le ras-semblement de lésions types qui permettentde caractériser un sport. Les « lésions dan-gers » représentent des localisations trau-matiques à risque : colonne – bassin – tho-rax. En ski alpin, les lésions ligamentaires dugenou sont très majoritaires.

Fracture jambe et cheville 3,1%Fracture avant-braset poignet 2,2%

Autres entorsesdu genou 20,5%

Entorse du pouce6,9%

Pivot central 12,7%

Lésion danger 16,6%Lésions

autres 38%

n = 19 750

Évolution du risque derupture du LCA et durisque global en ski alpindepuis 1992

L’évolution depuis 1992 en MDBI (Mean daybetween injury : nombre de jours moyen entredeux blessures) montre une remarquable sta-bilité du risque en ski alpin ; en revanche, lenombre de jours moyens entre deux rupturesde LCA ne cesse de baisser, ce qui signifieune augmentation régulière de ce risque.

40003500

2500

1500

500

3000

2000

1000

01990 1992 1994 1996 1998 2000

MDBI

Saison

Linéaire (LCA) Linéaire (Total Lésions)LCA Total Lésions

p<0,005

R2 = 0,7806

R2 = 0,3068non significatif

bablement prévoir un volet destiné augrand public en l’informant de ses res-ponsabilités : choix du type de skieurpour le réglage, préparation physiqueadaptée et connaissance des signes defatigue musculaire.Pour les professionnels, la participationactive à la formation continue, la pré-sence à des salons spécialisés, la pré-sence dans les médias spécialisés serontle gage d’une application rigoureusedes nouvelles normes. La France fait

ainsi figure de pionnier au niveau inter-national, puisque ces normes Afnorsont en passe d’être étendues à d’autrespays grâce aux résultats bénéfiquesqu’elles ont déjà apportés.

Dr Marc-Hervé Binet

Président de l’association

Médecins de montagne,

Dr Jean-Dominique Laporte

Vice-président de Médecins de montagne,

Chambéry.

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Dos, ados et sport : des relations ambiguës

Réaliser une plaquette sur la prévention du mal de dos lors des activitéssportives des adolescents relève d’une démarche si ce n’est paradoxale, du moins périlleuse : les activités sportives trop intenses ou mal réaliséespeuvent avoir des conséquences néfastes pour le dos au même titreque le manque d’activité physique est de plus en plus souvent pointé commeune lacune majeure de nos sociétés, favorisant l’obésité, les maladies cardio-vasculaires et même le mal de dos.

Jusqu’ici les pratiques de préventiondu mal de dos en France se sont peuintéressées à l’activité sportive des ado-lescents… et pourtant :- les adolescents sont des consomma-teurs importants d’activités physiques etsportives : plus de quatre ados sur cinqont une activité sportive, plus d’un surdeux étant licencié dans un club (1) ;- ils sont également très touchés par le mal de dos, puisqu’un tiers des 12-19 ans déclare avoir souffert du dosdans les trente derniers jours (2). Lapériode de l’adolescence expose les

jeunes à des risques spécifiques liés àune fragilité naturelle : à la puberté, lacroissance vertébrale s’accélère, creu-sant un écart avec la croissance mus-culaire et avec la maturité osseuse quine s’achève que plus tard.

Comment alors faire en sorte que lesport ne soit pas un facteur néfaste, maisreste au contraire un facteur positif pourla santé du dos ? En effet, si la pratiquesportive est parfois source de trauma-tismes pour le dos, elle peut être aussitout à fait bénéfique lorsqu’elle respecteles fragilités naturelles des jeunes etqu’elle s’adapte à leur croissance. Danscette optique, elle peut même être syno-nyme de véritable éducation corporelleet se révéler préventive (3).

Un document à l’intentiondes encadrants sportifs

Sur la base des deux premiersconstats (importance conjointe des acti-vités physiques et de maux de dos àl’adolescence) et en interrogeant le rôlespécifique de l’encadrant sportif dans laprévention du mal de dos, l’Associationd’éducation pour la santé du Rhône, leCFES, la Cnamts et le ministère de laJeunesse et des Sports ont réalisé la pla-quette Sport, ados et dos. Le choix a étéfait, par ce document de prévention, de s’adresser aux encadrants des clubssportifs plutôt qu’aux professeurs d’éducation physique et sportive de l’É-ducation nationale pourtant plus fami-liers aux démarches d’éducation pourla santé ? Cette action de prévention

était, en effet, précisément l’occasion detoucher une sphère peu investiguée parl’éducation à la santé : le mouvementsportif au travers des fédérations, ligueset clubs sportifs.

La réalisation de cette brochure s’estappuyée sur une enquête qualitativepréalable auprès d’une dizaine d’enca-drants sportifs de qualifications et despécialisations sportives diverses (bre-vets d’état, brevets fédéraux, Bapaat(brevet d’aptitude professionnelle d’as-sistant animateur technicien) et Bafa(brevet d’aptitude aux fonctions d’ani-mateur), aviron, badminton, métiers dela forme, etc.) (4).

Cette investigation a consisté àrecueillir des éléments :- de connaissances : quelles connais-sances les encadrants ont-ils du pro-blème du mal de dos ?- de pratiques : sur le terrain, les enca-drants font-ils de la prévention et com-ment ?- d’interrogations : quelles questions lesencadrants se posent-ils concernant lemal de dos (en lien ou non avec la pra-tique sportive) ?- d’attentes et de besoins : qu’attendent-ils d’un document de prévention du malde dos ?

L’objectif était de pouvoir ensuiteélaborer un document qui soit le plusen adéquation et le plus cohérent pos-sible avec les pratiques du public ciblé,en l’occurrence les encadrants sportifs.

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De l’enquête au documentde prévention

Les principaux éléments à retenir del’étyde sont les suivants :• la question de la santé en général pré-occupe les encadrants à deux niveaux :- très concrètement par rapport à destechniques à utiliser (étirements,échauffements, etc.), aux plaintes expri-mées par les sportifs, à la nécessitéd’adapter le contenu et le dosage desséances au type de public ;- dans leur philosophie même du sport,qu’ils considèrent comme un facteur desanté, de bien-être, d’hygiène de vie etde développement pour les jeunes ;• le problème du mal de dos concernela majorité des encadrants qui sont par-fois personnellement touchés ou quisont confrontés aux plaintes du publicau cours des séances ;• la pratique sportive est spontanémentconsidérée comme un facteur positifpour le dos voire préventif du mal dedos. Chacun souligne tout de même lecaractère potentiellement «dangereux »du sport pour le dos lorsque certainsprincipes ne sont pas respectés (pra-tique sans conseils, mauvaise tech-nique, mouvements violents, pratiquetrop intensive). Plusieurs facteurs sontliés, pour les encadrants, aux notionsde « sport-santé du dos » ou de « sport-mal de dos ». Parmi ces facteurs : le rôlede la musculation, de la position, du

geste, de l’échauffement, des étirementsetc. Ces questions ont ainsi été large-ment abordées dans le document ;• les encadrants interrogés ont aussiexprimé leurs attentes et leurs besoinspar rapport à un document de préven-tion. Besoin :- d’éléments concrets, pratiques (exer-cices, postures),- d’éléments de physiologie, d’anato-mie,- d’éléments de connaissance et decompréhension du phénomène du malde dos chez les adolescents,- de trouver, dans le document, unerésonance par rapport à sa pratique.

Tisser des liensavec le milieu sportif

Les paradoxes, les ambiguïtés et lesdifficultés pointées lors de la réalisationde cette brochure n’ont rien d’excep-tionnels. Ils touchent à la complexité detoute démarche d’éducation pour lasanté dès lors qu’elle s’aventure à quit-ter la seule rationalité biomédicale etson lot de recommandations pour com-prendre sur quoi se fondent les com-portements et les pratiques. Ainsi,avons-nous essayé de travailler avec etpour des encadrants sportifs en lesquestionnant sur la façon dont ils orga-nisaient leurs pratiques. Mais nousn’avons pas travaillé avec les destina-taires de ces pratiques (les adolescentseux-mêmes) autrement qu’avec la lit-térature dont nous disposions sur lesujet. Il s’agit là sans aucun doute d’une

lacune et les excuses de moyens et dedélais disponibles ne contenteront pasles défenseurs (légitimes !) d’une ortho-doxie de la démarche participative.

Un travail avec des adolescents pra-tiquant des activités sportives nousaurait certainement conduit à nousdépartir davantage de certaines formesprescriptives encore présentes dans labrochure. Nous faisons ici confiancedans les capacités d’écoute et d’atten-tion des encadrants pour adapter leurspratiques aux besoins et aux capacitésde leurs publics. Une part importantede notre attention réside même dansce lien nouveau que cette brochurepourra tisser avec ces éducateurs spor-tifs, peu ciblés et peu formés jusqu’alorsaux questions de santé. Leur rôle en lamatière s’étend pourtant très au-delà dela seule lutte contre le dopage, ou dela pratique sportive comme préventiondérivative (d’ailleurs très discutable...)des conduites toxicomaniaques. Seuleune évaluation de l’utilisation de la bro-chure pourra préciser si cet objectifsecondaire sera atteint, tout commel’objectif principal d’amener à des pra-tiques sportives qui prennent encompte l’économie du dos.

Isabelle Lagrut

Chargée de projet,

Alain Douiller

Directeur,

Association d’éducation

pour la santé du Rhône, Lyon.

◗ Référencesbibliographiques

(1) La pratique sportive licenciée en France.Mission Banque de données, direction desSports, ministère de la Jeunesse et desSports.(2) Arwidson P., Gautier A., Guilbert Ph. Dou-leurs, consommation de soins et médica-ments. In : Arènes J., Janvrin M.-P., Baudier F.(sous la dir.). Baromètre santé jeunes 97/98.Vanves CFES, coll. Baromètres, 1999 : 270.(3) Sport et mal de dos chez les adoles-cents : lombalgies d’origine sportive, risqueset accidents sportifs, prévention. Revue dela littérature scientifique. Document dacty-lographié, Lyon : Ades du Rhône, 1997.(4) Sport et mal de dos chez les adoles-cents : enquête auprès d’encadrants d’acti-vités physiques et sportives. Document dac-tylographié. Lyon : Ades du Rhône, 1997.

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La CSC et la préventiondes risques liés aux activités de sports et de loisirs

Groupe soumis à des risques spécifiques, enfants et adolescents constituentune population dont la Commission de la sécurité des consommateurs (CSC)a régulièrement à connaître à travers les saisines dont elle fait l’objet. Si nombre d’autres organismes investis d’une mission d’étude et/ou deprévention interviennent dans ce champ, la particularité de la Commissiontient à la fois aux missions qui lui ont été confiées par le législateur, à son organisation et à ses modes d’intervention.

À l’instar de la Commission nationalede l’informatique et des libertés (Cnil)dans le domaine du contrôle des traite-ments automatisés d’informations nomi-natives ou du Conseil supérieur de l’au-diovisuel (CSA) dans le domaine de larégulation des médias, la CSC est uneautorité administrative indépendantechargée de vérifier la conformité auxexigences essentielles de sécurité desproduits ou services. Cette qualificationreconnue par le Conseil d’État lui per-met d’assurer ses missions dans la plustotale indépendance dès lors qu’aucunetutelle ne pèse sur elle (voir encadré 1).

Depuis sa création, la Commission aémis plus de 250 avis dont beaucoupconcernent l’enfance et l’adolescencepour les questions de sport et de loisir.Ces avis résultent soit de saisines de par-ticuliers, de personnes morales ou desautorités judiciaires soit, en cas de dan-ger reconnu ou pressenti, d’auto-sai-sines (voir encadré 2). Ceux-ci sont ras-semblés dans un rapport public annuelremis au Président de la République etaux membres du parlement.

La prévention des accidentset des risques

Dans le cadre de ses activités pré-ventives et consultatives, la CSC a pro-posé à de multiples reprises desmesures concernant la sécurité desenfants et des adolescents. Lesquelques exemples qui suivent, pris

parmi les avis des toutes dernièresannées, illustrent la diversité de sonchamp d’investigation.

Les accidents d’enfants ou d’adoles-cents dont la Commission a à connaîtreconcernent des catégories de produitsou services :- qui leur sont totalement ou non exclu-sivement destinés (jouets, objets de pué-riculture, articles de sport, piscines, équi-pements de protection individuels, etc.) ;- qui présentent des risques non cou-verts par la réglementation ou la nor-malisation, mais néanmoins raisonna-blement prévisibles ou, au contraire,qui sont conformes aux normes ou àla réglementation, les insuffisancestenant à l’incomplétude ou à l’obsoles-cence de ces textes ;- qui peuvent, par leur présentation,

entraîner des risques de confusion dansl’esprit du consommateur sur leur qua-lité intrinsèque.

Quelques produitsou services à risque

La prévention des noyadesLa noyade constitue une des princi-

pales causes d’accident domestiquechez l’enfant de moins de 5 ans. LaCommission s’est penchée à deuxreprises, en 1999 et en 2000, sur les dan-gers des piscines privées enterrées ouhors sol. En raison du nombre élevé etconstant d’années en années des acci-dents de jeunes enfants (32 enfants demoins de 5 ans décédés en 2000), ellea notamment recommandé l’installationobligatoire de dispositifs de sécuriténormalisés (barrières de sécurité)

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autour des bassins. Elle a également étéà l’origine de la campagne de préven-tion des noyades dans les piscines etautres points d’eau, qu’elle a conduit en2000, durant la saison estivale, avec dif-férents partenaires dont les représen-tants des administrations concernées.

La prévention des accidents de skiAvec plus de 100 000 interventions

des services de secours et une cin-quantaine de décès enregistrés chaqueannée, le ski constitue une pratiquepotentiellement à risque pour l’enfantet l’adolescent. Dans un avis relatif à lasécurité des pistes de ski du 2 décembre1999, la CSC a recommandé une batte-rie de mesures dont la plus concrète aété la mise en place d’une norme surla signalétique des pistes qui sera effec-tive en 2002 : on sait, en effet, que laprincipale source d’accident à ski est lacollision et que la circulation dans ledomaine skiable, avec plus de 7 mil-lions d’usagers des pistes chaqueannée, s’apparente beaucoup à celledu trafic routier. L’avis de la CSC adonné naissance là encore à une cam-pagne de prévention des accidents deski que la CSC coordonne chaqueannée avec différents partenaires. Cettecampagne complète les efforts entreprissur ce terrain, en particulier par le CFESet la Cnamts.

Les imitationsde produits à risque

Les armes facticesConsciente du danger que présen-

tent les imitations d’armes, en particu-lier pour les jeunes, du fait d’accidentset des problèmes que posent leurdétention dans des lieux publics, laCommission a rendu le 2 octobre 1996un avis recommandant notamment queles armes factices n’entrent pas dans lechamp d’application des décrets relatifsaux armes et aux jouets, et que la venteaux mineurs en soit interdite, celle-cin’étant autorisée que dans des magasinspréalablement agrées.À la suite de l’avis de la Commission, lespouvoirs publics ont pris un arrêté d’ur-gence suspendant, pour une durée d’unan reconductible, la mise sur le marchéde certains de ces produits.

Les coffres à jouetsÀ la suite d’accidents mortels consé-

cutifs à l’utilisation de produits conçuset vendus comme coffres de rangement

Instituée par la loi n ° 83-660 du 23 juillet1983 relative à la sécurité des consomma-teurs (codifiée aux articles L 224-1 et suivantsdu code de la consommation), la CSC est unorganisme composé de quinze membresnommés pour trois ans renouvelables une foiset répartis en quatre collèges :• trois magistrats désignés par leur premierprésident respectif (Conseil d’État, Cour descomptes, Cour de cassation) ;• trois représentants des organismes profes-sionnels choisis par le ministre de la Consom-mation sur proposition du Conseil national dela consommation ;• trois représentants d’associations natio-nales de consommateurs, désignés selon lamême procédure ;• six personnalités choisies à titre d’experts(représentant le Conseil national de l’ordre desmédecins, le Centre scientifique et techniquedu bâtiment, l’Institut national de la santé et dela recherche médicale, la Caisse nationale del’assurance maladie des travailleurs salariés,le Conseil supérieur d’hygiène publique deFrance, etc.).

La Commission est présidée par une person-nalité nommée pour cinq ans, renouvelablesune fois, par décret en conseil des ministres.Un commissaire du gouvernement, désignépar le ministre chargé de la Consommation,participe aux délibérations de la Commission.

La Commission a été investie d’une triple mis-sion par le législateur :

1. Participer au recensement et à l’étudede toute cause d’accident ou de risque.Le recensement consiste à identifier les acci-dents et les causes de situations à risques.Cette mission a pour source principale lesenquêtes épidémiologiques, les études et lesrecueils de données statistiques réalisés parles institutions nationales ou les réseauxœuvrant en matière de prévention de santéet de secours (Cnamts, InVS, Inserm, centresantipoisons, structures hospitalières, Samu,etc.) ainsi que les résultats de recensementsou de tests de produit effectués par des orga-nismes tels que l’Institut national de laconsommation ou des laboratoires indépen-dants comme le Laboratoire national d’essais.La Commission dispose ainsi d’un systèmed’informations lui permettant de mesurer l’am-pleur réelle de tel accident ou tel risque par-ticulier dont elle est saisie avec les statis-

tiques d’accidents détenus par les orga-nismes précités.

2. Proposer toute mesure curative oupréventive aux pouvoirs publics ou auxprofessionnels au plan national et/oucommunautaire.La Commission, qui ne dispose pas d’un pou-voir réglementaire, émet des avis consultatifsdestinés aux pouvoirs publics et aux profes-sionnels sur les produits et les services sus-ceptibles d’occasionner des risques phy-siques pour les consommateurs. Dans cesavis, elle peut recommander librement toutemesure qui lui paraît appropriée pour prévenirles risques futurs.Elle doit être également saisie par les pouvoirspublics de tout projet de décret fixant les exi-gences de sécurité d’un produit ou d’un ser-vice dès lors que ce texte est pris sur la basedu code de la consommation.

3. Informer les consommateurs et lesacteurs du monde de la sécurité.Enfin, mais cette mission prend de plus enplus d’importance, la Commission a pour mis-sion d’informer ou d’alerter le public chaquefois qu’elle l’estime nécessaire.Pour assurer cette mission d’information, laCommission a mis en place cinq outilsmajeurs :• des campagnes de sensibilisation sur la pré-vention de risques majeurs qu’elle conduitavec des partenaires publics, parapublics etparfois privés, de façon à fédérer les moyensd’intervention ;• des communiqués de presse qui, relayéspar les médias nationaux ou régionaux, per-mettent d’alerter et d’informer le grand publicen cas de danger grave ou immédiat présentépar tel ou tel produit ou service. Ils annoncentou complètent les avis rendus ;• des fiches pratiques qui traitent des situa-tions des produits à risques et délivrent desconseils à suivre avant l’achat ou lors de leurutilisation ;• un site internet : www.securiteconso.orgpermettant la consultation des fiches, publi-cations et avis produits par la Commission, etqui fontionne en réseau avec d’autres sitesnationaux ou européens de consommateurs ;• une lettre d’information bimestrielle sousforme de dossiers thématiques, principale-ment destinés aux professionnels et acteursdes milieux sociaux, médicaux ou éducatifs,mobilisés par l’information et la prévention.

Encadré 1 : Les missions de la Commission

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Les saisines de la CommissionLes saisines « simples » proviennent pour laplupart des consommateurs, souvent relayéespar des associations nationales ou locales deconsommateurs (ce qui est souvent le cas parexemple pour la sécurité de certains articlesde puériculture tels que poussettes ou siègesauto ainsi que pour des jouets ou articles desport défectueux), ainsi que d’administrationsou de représentants du corps médical.

Peu connue des autorités judiciaires, la CSCest rarement sollicitée par celles-ci. Citonsnéanmoins en 1999 une saisine judiciaire rela-tive à un accident mortel lié à l’utilisation d’unquad (quadricycle à moteur) et qui a donné lieu,compte tenu du nombre d’accidents recen-sés et de l’absence de norme sur ce type d’en-gin motorisé, à un avis de la Commission.

Un exemple d’auto-saisine sera fourni par laprise en compte par la CSC, en 1999, d’unnombre élevé d’accidents liés à la pratique duroller et du skate-board.

Une procédure d’analyse contradictoireDestinés à alerter les professionnels sur toutrisque et danger, et à proposer toute mesureafférente, les avis de la Commission sont prisau terme d’une étude juridique et technique quis’accompagne d’une procédure contradictoire

permettant d’entendre les acteurs écono-miques concernés (fabricants, distributeurs),les administrations compétentes et lesexperts.

Le travail du rapporteur d’un dossier n’est passans évoquer celui « d’un juge d’instruction »des produits ou des services. Lors de sesséances plénières, la Commission :- vérifie le bien-fondé des requêtes de toute ori-gine parvenues au secrétariat général ;- nomme un ou plusieurs rapporteurs selon lacomplexité du dossier.Le ou les rapporteurs aidés d’un ou plusieursconseillers techniques « entendent » toute per-sonne, autorité ou organismes utiles à la com-préhension du danger éventuel lié à l’utilisationdu produit ou du service incriminé. Les propostenus lors de l’audition sont consignés dans unprocès-verbal d’audition qui doit être signé parles intéressés. Pour faciliter ou compléter son enquête, le rap-porteur a, en outre, la possibilité de se fairecommuniquer ou de consulter sur place tousles documents utiles à sa mission sans quepuisse lui être opposé le secret commercial oule secret de fabrique.

Les projets d’avis sont discutés et adoptésen séance plénière après avoir entendu les per-sonnes concernées sur le sujet. Après adop-

tion, l’avis est publié au Bulletin officiel de laDirection générale de la concurrence, de laconsommation et de répression des fraudes(DGCCRF). L’avis peut préconiser des modifi-cations de l’ordre juridique existant qui ne pren-drait pas suffisamment en compte tel ou telaspect de la sécurité des consommateurs :création ou modification d’une loi, d’un règle-ment, création ou amélioration de toute normefrançaise ou communautaire.

Le suivi des avis, garant de la bonne mise enœuvre des recommandations émises, estassuré par les pouvoirs publics et tout parti-culièrement par la DGCCRF qui vérifie les suitesdonnées aux avis par les professionnels et lesautres administrations concernées. Titulaired’un pouvoir d’investigation et de contrôle, elleseule peut en effet imposer aux professionnelsconcernés de mettre les produits ou servicesavérés dangereux en conformité avec lesrègles de sécurité. À titre d’exemple, à la suitede la constatation en 2000 par la CSC de lamise en vente de sièges de vélo pour enfantdéfectueux, la DGCCRF a engagé une cam-pagne nationale de contrôle auprès des distri-buteurs afin d’éliminer ces produits du marché.En application des préconisations formuléespar la Commission dans ses avis, elle peutaussi, par arrêtés ou décrets, interdire la com-mercialisation de tout produit.

polyvalents et dont il était raisonnable-ment prévisible de penser qu’ils allaientêtre utilisés comme des coffres à jouets,la Commission a, dans un avis en datedu 6 janvier 2000, demandé la créationd’une norme spécifique sur les coffresà jouets. À la demande de la Commis-sion, la DGCCRF a adressé une mise engarde aux fabricants et distributeurs decoffres à jouets et de coffres polyvalentspour leur demander de mettre ces pro-duits en conformité avec les exigencesessentielles de sécurité définies à l’articleL 221-1 du code de la consommation.

Les équipements de protectionpour la pratique du rolleret du skate-board

Constatant que des produits géné-ralement vendus en pack avec des rol-lers destinés aux enfants (casques, cou-dières, genouillères, protège-poignets)étaient en fait des imitations d’équipe-ments de protection testés par les labo-ratoires en tant que jouets, la Commis-

sion a recommandé, dans un avis du8 novembre 2000, qu’une mesure d’in-terdiction soit prise par les pouvoirspublics concernant les marquages pou-vant introduire une confusion dans l’es-prit des consommateurs. Il a ainsi étédemandé d’interdire la vente de telspacks et que chaque imitation d’équi-pement de protection porte un mar-quage indiquant qu’il ne peut être uti-lisé pour le patinage.

Les casques de skiet les casques d’équitation

Notant là encore que des produitspouvaient être faussement protecteursalors même qu’ils sont en principe des-tinés à protéger une partie vitale ducorps, la Commission a recommandé,dans un avis du 3 mars 1999, l’interdic-tion de « faux » casques de ski pourenfants, les «protections de tête ». Celles-ci avaient toutes les apparences d’uncasque de ski mais ne pouvaient pro-téger que d’agressions superficielles du

cuir chevelu. Depuis l’avis de la Com-mission, ces produits ont progressive-ment disparu du marché.

Dans un avis du 11 avril 2001, laCommission a demandé que lescasques d’équitation mis à disposition àtitre gratuit ou onéreux aux usagers descentres équestres lors de promenadesou d’exercices aient le statut juridiqued’articles sportifs et de loisirs à partentière et non d’équipements de pro-tection destinés aux professionnels.Ceci implique une vérification de laconformité des produits aux exigencesde sécurité avant toute diffusion.

Ces quelques exemples illustrent lapalette par définition très large destypes de produits pour lesquels la CSCpeut être appelée à intervenir.

Pierre Le Guérinel

Secrétaire général de la Commission

de la sécurité des consommateurs, Paris.

Encadré 2 : Les modes d’intervention de la CSC

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Intérêts et difficultésde l’approche communautairedans la prévention des accidents

Le concept de « communauté sûre », proposé par l’Organisation mondiale dela santé et développé par une trentaine de programmes au travers le monde,est un modèle d’analyse et d’action d’une véritable dimensioncommunautaire. Mais son application se révèle plus difficile dans certainsenvironnements ou certaines cultures, interrogeant alors autantl’organisation de la santé publique que les structures sociales.

En France, comme dans l’ensembledes pays, les accidents sont la premièrecause de décès chez les enfants entre1 et 14 ans. Ils représentent, dans cettetranche d’âge, 10 % des journées d’hos-pitalisation et près de 20 % des handi-caps à long terme. Le coût direct desaccidents est estimé, selon les donnéesde la Caisse nationale de l’assurancemaladie, à plus de cinquante milliardsde francs, dont près de dix milliardspour les accidents de la vie courante.Si l’on ajoute les coûts liés aux pertes deproductivité et au pretium doloris, lessommes en jeu sont extrêmementimportantes.

Une diminution des accidents à consolider

Ainsi, la plupart des pays se sontdonnés comme objectif principal laréduction du nombre et de la gravitédes accidents touchant certaines popu-lations les plus à risques (enfants, per-sonnes âgées ou handicapées).

Depuis vingt ans, en France, d’im-portantes mesures réglementaires oulégislatives ont pu être mises en place(dispositifs de retenue pour les enfantsdans les voitures, limitation de la vitessedes véhicules, port du casque pour lesconducteurs de motocyclette, normesde sécurité pour les jouets, la literie,amélioration du conditionnement desmédicaments). L’ensemble de ces

mesures a permis de diminuer lenombre de décès de près de 50 % dansla population de 0 à 15 ans en une quin-zaine d’années. Parallèlement, de nom-breuses campagnes de prévention ontété organisées, au niveau national(ministère de la Santé, Caisse nationalede l’assurance maladie des travailleurssalariés, Comité français d’éducationpour la santé) et au niveau départe-mental ou local, à l’initiative des col-lectivités elles-mêmes et de leur repré-sentation politique. Ces différentes

campagnes ont permis de sensibiliser lapopulation aux risques d’accidents etde tenter de modifier des comporte-ments susceptibles de favoriser la sur-venue du mécanisme accidentel. À côtédes programmes nationaux générauxd’information sur les différents risquesde la vie quotidienne, il apparaît lanécessité d’actions locales parallèles.Ces actions fondées sur une analysed’une situation locale donnée et unedétermination des situations et despopulations à risques, impliquent une

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participation active des différentsacteurs de la vie politique et de lasociété civile dans tous les secteurs inté-ressés à la prévention des accidents.

Cette réflexion est à l’origine dudéveloppement de programmes d’ac-tions communautaires mis en œuvredepuis quinze ans dans plusieurs villeseuropéennes et nord-américaines. Lesrésultats probants en terme de réduc-tion du nombre et de la gravité des acci-dents, ainsi que la volonté de faireconnaître ce type d’action communau-taire a incité, en 1989, l’Organisationmondiale de la santé (OMS) à la créa-tion d’un manifeste officialisant ce typed’organisation et lui accordant un« label » OMS. Ultérieurement, lors de la1ère conférence mondiale consacrée à laprévention des accidents (Stockholm,1989), l’intérêt de développer des pro-grammes d’action au niveau commu-nautaire s’est progressivement dégagé,douze critères sont proposés ainsiqu’un cadre général d’organisation.

Actuellement, une trentaine de pro-grammes, répartis en Europe, Océanie,Asie et Amérique du Nord sont actuel-lement reconnus comme « communau-tés sûres » (traduction de l’anglais safecommunities) selon les critères définisdans ce manifeste. L’ensemble des res-ponsables de ces programmes d’actionscommunautaires appliqués aux acci-dents sont regroupés au sein d’unréseau européen des safe communities(ESCON).

Définition du concept de communauté sûre

Ce concept proposé lors de la confé-rence mondiale de l’OMS est défini pardouze critères développés par l’équipedu département de santé publique duKarolinska Institutet de Stockholm.Pour être reconnu comme un véritableprogramme de sécurité communau-taire, plusieurs critères doivent pouvoirêtre remplis.

1. Existence d’un groupe multidiscipli-naire responsable du programme deprévention.

Dans une démarche communau-taire, le partenariat est l’élément pre-mier. Il s’établit au niveau des institu-tions et de l’individu. Il suppose leconsensus autour d’un objectif com-mun, le positionnement de chaque par-tenaire en fonction de ses compétences

et la répartition des tâches. Le partena-riat a comme avantage la mise en com-mun des ressources, la complémenta-rité des actions, l’augmentation descompétences par les échanges. Lecaractère intersectoriel renforce encorel’efficacité du partenariat. Le caractèretransversal de la thématique des acci-dents et la nécessité d’une approcheglobale de la santé indiquent particu-lièrement cette démarche. Dans des sys-tèmes où les compétences sont morce-lées, c’est dans la proximité que se jouel’intersectoralité. Le secteur de la pro-motion de la santé apparaît comme unlieu de rencontre des différents champsprofessionnels. Dans le domaine desaccidents, la plupart des solutions effi-caces pour prévenir les accidents fontappel à des compétences extérieures audomaine de la santé, c’est-à-dire desorganismes qui ont tous des prioritéset des mandats différents. Le système desanté joue un rôle d’informateur sur lesproblèmes de santé prioritaires et repré-sente souvent le point de jonction entredifférents organismes qui s’ignorent.

2. Sensibilisation de la communautétoute entière.

Elle a deux objectifs : renforcer lescapacités de chaque individu à identi-fier des situations à risques et lesmoyens nécessaires à la maîtrise desrisques, et intégrer les préoccupationsde sécurité dans les décisions quiconcernent les milieux de vie et d’en-vironnement.

3. Programme recouvrant tous les âgeset les environnements.

4. Action privilégiée sur les groupes etles environnements à risques, en parti-culier sur les populations les plus fra-giles, dans un souci d’équité sociale.L’action globale est difficile et risqued’entraîner une dilution des résultats. Lapriorité peut être donnée aux accidentsles plus graves ou ceux touchant lespopulations les plus à risques et biensouvent les moins accessibles ou lesmoins réceptives aux messages habi-tuels de prévention.

5. Existence d’une base de donnéespermettant de connaître la situationexacte des accidents (fréquence, causeset circonstances de survenue) rencon-trés au sein de la communauté.

La connaissance préalable de lasituation locale est une condition néces-

saire au choix de la meilleure stratégied’intervention et la définition des popu-lations ou des accidents cibles à privi-légier. Elle constitue, par la mise enplace d’un recueil permanent tout aulong du programme, un système de sur-veillance, base d’une évaluation ulté-rieure de l’action entreprise.

6. Engagement de la communauté pourun projet à long terme plutôt qu’un pro-jet de courte durée.

Il est illusoire de planifier une actionsur une ou deux années. La préventionest une organisation lourde, lente et lesrésultats ne sont visibles qu’à long terme.La succession des différentes étapes :recueil des données, analyse des résul-tats, définition de cibles de prévention,mise en place des outils de préventionen fonction des messages prioritaires,choix et formation des relais de com-munication, système de surveillance desaccidents et évaluation des résultats etdes processus, nécessite de disposerd’une période d’observation prolongée.Une période de cinq à dix ans est jugéeoptimale.

La communauté doit égalemententreprendre certaines démarches :7. utiliser des indicateurs appropriéspour évaluer la qualité du programmeet ses résultats ;8. collaborer avec les principales asso-ciations et organisations de la commu-nauté, et susciter leur participation auprogramme ;9. persuader les structures d’accès ausoins de l’intérêt de recueillir des don-nées complètes et de participer au pro-gramme de prévention ;10. sensibiliser toutes les couches de lapopulation au problème de la préven-tion des accidents ;11. faire partager l’expérience locale àd’autres villes ou régions ;12. faire partie du réseau internationaldes villes ayant mis en place un pro-gramme de santé communautaire.

Le programme de la ville deBoulogne-Billancourt

La ville de Boulogne-Billancourt estla deuxième ville de la région Ile-de-France après la ville de Paris. Ellecompte 107 600 habitants dont près de16 000 ont moins de 15 ans. Le recen-sement de la population montre qu’ellese répartit de la même manière que surl’ensemble du territoire national en cequi concerne le nombre d’enfants par

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famille, le nombre relatif de famillesétrangères. Le profil socioéconomiquelaisse apparaître un nombre plus faibled’ouvriers mais une population plusimportante parmi les employés et lesclasses moyennes. Enfin, le nombre depersonnes âgées est nettement supé-rieur à la population générale.

Historique du projetDans une étude rétrospective effec-

tuée en 1994 auprès des structurespubliques et privées d’offre de soins etdes chirurgiens dentistes de la ville deBoulogne-Billancourt, près de 2 100accidents touchant des enfants boulon-nais ont pu être répertoriés. Un décèspar asphyxie brutale chez un enfant de18 mois dans un centre commercialpendant cette année 1994 a achevé desensibiliser l’opinion et les différentsprofessionnels de santé de la ville. Unecollaboration étroite avec le départe-ment du Karolinska Institutet de Stock-holm, Centre collaborateur de l’OMSdans le domaine de la prévention desaccidents et avec plusieurs municipali-tés suédoises (Motala, Skövde), déve-loppant depuis plusieurs années unprogramme de santé communautaire, apermis la mise en place progressived’un projet de prévention – selon lesrecommandations de l’OMS – adapté àla population boulonnaise.

Objectifs du projetLa réduction du nombre d’accidents

d’au moins 25 % en cinq ans (1998-2002) est l’objectif principal du pro-gramme de santé communautaire misen place à Boulogne-Billancourt le 5janvier 1998. La stratégie utilisée tientcompte des différentes expériences

étrangères et des spécificités locales.Des expériences réussies, quatre lignesde force sont essentielles et à la base duprojet : meilleure connaissance possibledu phénomène accident dans la com-munauté, mobilisation de la popula-tion, recensement des personnes et desorganisations (institutions, associations)actives dans le domaine de la préven-tion, recherche d’un partenariat enintersectoralité et mise en place desconditions d’une évaluation efficace.

Déroulement du projet• 1ère phase : préparation du projet

Entre janvier et octobre 1997, la pré-paration du projet comprend trois axes :sensibilisation des décideurs politiqueset économiques de la communauté,sensibilisation des habitants de la villede Boulogne-Billancourt, recherched’appuis scientifiques de haut niveau.

Sensibilisation des décideurs poli-tiques : le déroulement du projet et sesobjectifs ont été approuvés par leconseil municipal de la ville de Bou-logne-Billancourt et deux décisions ontété prises : un budget spécifique a étévoté et des moyens techniques attri-bués, et une commission extra-muni-cipale comprenant des professionnelsde la santé, de la politique de la villeet des institutionnels a été mise en placeavec l’objectif de suivre le développe-ment du projet et de lui apporter le sou-tien de l’ensemble de la population.

Une semaine d’éducation pour lasanté, une campagne d’affichage, desconcours de dessins d’enfants, la diffu-sion de messages dans les médias(radios, télévisions locales) ont permis

d’informer le public de ce programmeet des objectifs fixés. Une étude d’im-pact a montré une pénétration de plusde 50 % dans l’opinion.

Un appui scientifique de haut niveaupermettant d’optimiser le recueil dedonnées, leur analyse ultérieure etl’évaluation du programme de préven-tion a été recherché et trouvé en la par-ticipation active de l’unité 88 de Santépublique de l’Inserm. Par ailleurs, unecollaboration scientifique a été mise enplace avec les responsables du registredes accidents de la ville de Stockholmet le coordonnateur de ce projet estmembre du bureau européen des pro-grammes de santé communautaire.

• 2e phase : mise en place durecueil des données et descommissions de prévention

1. Recueil des données82 % des enfants habitant la ville de

Boulogne-Billancourt et présentant desblessures accidentelles requérant dessoins médicaux sont pris en chargedans le service des Urgences pédia-triques de l’Hôpital Ambroise-Paré ou àla Clinique chirurgicale de Boulogne-Billancourt. Le recueil s’effectue sur cesdeux sites ; sont également recensés lestraumatismes dentaires ainsi que lestransports effectués par les Samu, lesPompiers et la Croix-Rouge. Un ques-tionnaire comprenant 28 items, répar-tis en chapitres : identité de l’enfant etcaractéristiques socioéconomiques etde logement de la famille, circonstancesde survenue de l’accident, lésions ana-tomiques, mode de prise en charge thé-rapeutique, évaluation des coûts. L’en-

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semble des données de l’enquête sontrecueillies lors d’un entretien télépho-nique après accord préalable desparents. Le questionnaire, ainsi que lesconditions de recueil, ont été jugésconformes aux recommandations de laCommission nationale de l’informa-tique et des libertés (Cnil) et de la Com-mission de la recherche pour la pro-tection de l’identité des personnes duministère de la Recherche. Les diffé-rentes données concernant les lésions,le mécanisme accidentel et les circons-tances de survenue sont codées selonla Classification internationale des mala-dies (CIM 10) et la codification mise enplace dans le système Ehlass. Chaqueconsultation de nature traumatique faitl’objet d’une saisie informatisée et lesdonnées en sont analysées.

Une analyse cartographique dans laville permet de mieux comprendre lesmécanismes environnementaux dans lasurvenue d’un accident.

2. Contrôle de qualitéUn contrôle de l’exhaustivité des don-

nées et de la qualité des informationsrecueillies et du codage est mis en place.Il est établi par un médecin de santépublique selon des modalités validées.

3. Mise en place de commissions de prévention

L’ensemble du projet est coordonnépar une commission de surveillancecomprenant le maire adjoint chargé dela Famille, les responsables des urgencesmédico-chirurgicales, un médecin desanté publique, un chirurgien dentiste,le responsable des pompiers de la ville,une infirmière scolaire, un dirigeantd’une grande association multisports, un sociologue, un psychologue et la res-ponsable du Comité départementald’éducation à la santé (Codes). Cette commission a un triple rôle : sen-sibiliser les médias et les populations,choisir des axes de prévention, formerdes relais sur le terrain permettant l’op-timisation du message de prévention.Elle est aidée par quatre sous-commis-sions ayant en charge l’un des quatretypes d’accidents rencontrés : domes-tiques, de sport de et loisirs, scolaireset de circulation.

4. Formation des relais sur le terrainOutre la clarté nécessaire du mes-

sage, le choix du vecteur optimal est untemps nécessaire et primordial. Les pro-

fessionnels de terrain auprès de lapopulation sont impliqués dans cettetransmission du message : infirmièresscolaires ou des centres de loisirs, ensei-gnants, éducateurs sportifs, parents.Cette formation est assurée par le Codeset la Croix-Rouge départementale. Lesobjectifs sont : situer la place et le rôlede chacun au sein de la communauté,identifier les éléments qui constituentles situations à risques dans les familles,à l’école ou durant les loisirs, identifierles attitudes et comportements de lapopulation en matière de préventiondes accidents de l’enfant, sélectionnerles outils de communication adaptés àla situation et au public.

• 3e phase : analyse des donnéeset choix des actions de prévention

L’ensemble des données est analyséavec l’antenne de l’unité 88 de l’Inserm,présente au sein de l’Hôpital Ambroise-Paré. Trois objectifs sont définis : des-siner un profil précis des accidents dansla communauté, dégager des situationsou des populations à risques, et déter-miner les priorités d’action en fonctionde la gravité des accidents. Cette ana-lyse est à la base des décisions quiseront prises par la commission de sur-veillance du programme et dont l’ap-plication est confiée aux sous-commis-sions spécifiques.

• 4e phase : évaluation

1. EfficacitéLa poursuite du recueil des données

(système de surveillance) sur unepériode continue de cinq années doitpermettre une approche satisfaisante del’efficacité des mesures de prévention.Une évaluation économique fait partiedu projet initial : le coût est calculé enterme de dépenses directes (coûtsmédicaux et non médicaux) et indi-rectes (absentéisme familial, de lacrèche ou du milieu scolaire). La parti-cipation de la Caisse d’assurance mala-die du département associée au projetdoit permettre une comptabilité desdépenses amenées au recouvrement,exerçant ainsi un contrôle a posteriorides dépenses engagées. Les ratios coût-efficacité et coût-bénéfice sont calcu-lés dans cette phase évaluative.

2. ProcessusLes différentes étapes du projet sont

en permanence évaluées. La mobilisa-tion des différents partenaires est ana-

lysée en terme de participation auxréunions, de capacités de propositionset d’actions, de l’engagement de longuedurée. L’impact du programme sur lapopulation, et en particulier sur lessujets « cibles », est étudié.

Difficultés liées à l’application de ce concept en France

Ce concept a été d’emblée appliquédans des villes moyennes de Scandina-vie. Les communautés de 50 000 à70 000 habitants, taille moyenne descommunautés dans le nord de l’Europe,cumulent les critères d’efficacité : popu-lations homogènes, organisation cen-tralisée ou associative forte, culture déjàancienne de santé publique et de pré-vention, unicité administrative de l’offreet des structures de soin.

L’application de ce concept dans lasociété française rencontre diverses dif-ficultés à plusieurs niveaux :1. le recueil des données : l’organisationde l’offre de soins, la mixité d’établis-sements privés ou publics, la liberté duchoix individuel rendent délicate l’ex-haustivité des données recueillies en unseul lieu (hôpital public). Une étude deshabitudes de la population en terme deprise en charge médicale au niveaulocal est un préalable nécessaire. Plusspécifiquement, l’absence de codagesystématique des actes effectués sur lesite des urgences implique la mise enplace d’une démarche spécifiquelourde, parfois mal vécue par le per-sonnel hospitalier ;2. de l’analyse des données : peu d’uni-tés de recherche (Inserm, CNRS) s’im-pliquent réellement dans la probléma-tique des accidents de la vie courante.Le développement, au sein de l’Institutnational de la veille sanitaire, d’une cel-lule d’observation des accidents de lavie courante doit permettre de mieuxcentraliser les données mais ne peutconstituer une aide efficace sur le planlocal et communautaire ;3. du partenariat, de la multidisciplina-rité et de l’implication des politiques. Ladémarche communautaire reste àconstruire dans nos sociétés latines eteuropéennes du sud. Il n’y a que rare-ment dans nos communautés urbainesde sentiment d’identité commune. L’ab-sence d’homogénéité de nos popula-tions est un obstacle au développementde la démarche collective. Faire tra-vailler ensemble des personnalités, desinstitutions, des associations aux objec-

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tifs très différents est souvent unegageure. L’implication des politiqueslocaux est une condition nécessaire.Cette implication se heurte à deux typesde difficultés : une démarche collectived’éducation à la santé a longtemps étéjugée non prioritaire dans la majoritédes programmes d’action municipale.Le développement du tissu associatif,l’exemplarité de certains projets et leursuccès, sont autant d’éléments pouvantsusciter l’adhésion des élus. La mise encause récente de la responsabilité desélus dans des accidents liés à des ins-tallations sportives défectueuses aconduit à une sensibilisation plus fortepour de tels projets communautaires.Enfin, la perception d’une vision trèsfavorable de la population et l’influencede ce type de démarche sur la cohésiondans une communauté ont conduit lesélus à investir ce champ de l’éducationcommunautaire à la santé.

Quelques actions locales issues del’application de ce programme decommunauté sûre

1. Prévention des brûlures par eauchaude sanitaire

La mise en évidence, au niveau durecueil, de douze enfants victimes debrûlures par eau chaude sanitaire aconduit à mener une enquête auprèsdes familles sur l’existence de facteursde risques associés. Un contrôle deschauffe-eau voire leur remplacementsubventionnés, un travail collaboratifavec les plombiers de la ville (disposi-tifs de contrôle de la température aurobinet) ont constitué une réponse auproblème (évaluation en cours).

2. Campagne d’installation desdétecteurs de fumée dans lesimmeubles à risque accru

Une enquête associant les sapeurspompiers de la ville de Boulogne, lamunicipalité et les associations a permisd’identifier au sein de la ville desimmeubles à risque accru. Une cam-pagne d’information aboutissant à uneinstallation subventionnée de ces dis-positifs d’alerte est en cours.

3. Prévention des accidentsscolaires

Près de 35 % des accidents nécessi-tant un recours aux soins hospitaliersdans la ville sont liés au milieu scolaire.Une enquête effectuée pendant deux

ans par les infirmières scolaires à partirde données recueillies aux urgenceshospitalières a permis de dégager despistes d’action et ont conduit à des pro-positions de modifications de l’organi-sation des récréations, des couloirs etdes gymnases.

4. Prévention des accidentsde sport et de loisirs

Ces accidents représentent 30 % desaccidents entre 4 et 15 ans dans la villede Boulogne-Billancourt si l’on y inclueles accidents survenant lors des activi-tés sportives organisées dans le cadrescolaire. Les sports à risque étant le foot-ball, le hockey sur glace et le judo. Lerugby, le roller et les accidents de véloviennent juste derrière. Les lésions sonten grande majorité bénignes, faitesd’entorses, de contusions, dans la moi-tié des cas. Certains sports tels le VTT,le hockey et le roller entraînent deslésions plus graves avec fractures. Troisfacteurs prédisposant la survenue d’ac-cidents sont identifiés, guidant ainsi lechoix de stratégies optimales de pré-vention : 1. les accidents sont plus fréquents dansles sports non encadrés que dans lecadre d’événements entrant dans lecadre d’associations officielles. Cetteconstatation rend plus délicate toutetentative de prévention appuyée sur leséducateurs au sein des clubs ;2. l’inadaptation psychomotrice : imma-turité des mécanismes d’équilibre chezle jeune enfant, difficulté d’une bonnemaîtrise physique chez les adolescentsen raison d’un décalage entre les per-formances souhaitées et des capacitésphysiques et psychologiques en pleindéveloppement ;3. la responsabilité d’un équipement(terrains, poteaux, nature des revête-ments de sol) inadapté et de moyens deprotection non utilisés (protège-tibias,casque de vélo ou de hockey, protège-poignets et coudes en rollers).

La prévention au niveau commu-nautaire comprend trois axes : le déve-loppement du port des moyens de pro-tection par une incitation dès l’achat dumatériel sportif grâce à l’implication desprofessionnels de la vente en magasinspécialisé de la ville, la formation despersonnels d’encadrement (associa-tions sportives, professeurs d’éducationphysique), l’amélioration de l’environ-nement et de l’équipement des terrainsde sport. Une sensibilisation des méde-

cins d’enfants et d’adolescents est miseen place pour une évaluation correctedes aptitudes de l’enfant, appuyée surla connaissance du morphotype et desacquisitions psychomotrices.

ConclusionLes programmes d’action commu-

nautaire appliqués à la problématiquedes accidents sont en cours d’évalua-tion dans beaucoup de pays les ayantinitiés dès le début des années 19901.Les premiers résultats montrent quetrois objectifs sont atteints : • efficacité : réduction du nombre etde la gravité des accidents ; • équité : les populations les plus àrisques sont ciblées par les actionspréventives ; • cohésion sociale : conséquence dupartenariat et de la multidisciplinaritéautour d’une problématique commune.

Bertrand Chevallier

Professeur des universités,

chef du service des Urgences

pédiatriques de l’Hôpital Ambroise-Paré,

secrétaire général du Cirpae,

Marc Sznajder

Pédiatre, médecin de santé publique,

service de Santé publique

et d’Information médicale,

Hôpital Ambroise-Paré, Boulogne.

1. Évalués en Suède et en Norvège, en cours d’évalua-tion en Grande-Bretagne, au Canada et en Thaï-lande.

◗ Bibliographie

• Sznajder M., Chevallier B., Leroux G., et al.Analyse des accidents de l’enfant. Premiersrésultats de l’Observatoire de Boulogne-Billancourt. Rev. Epidem. et santé publ.2001 ; 49 : 125-34.• Chevallier B., Bruneau C., Leroux G., Sznajder M., Auvert B. Approche commu-nautaire de la prévention des accidents del’enfant. Concept et application pratique : leprogramme de la ville de Boulogne-Billan-court 1998-2002. Annales de pédiatrie1999 ; 46 (5) : 330-6.

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Organiser le partage de l’espace publicUne interview d’Adeline Lemen, présidente du Roller Squad Institut

La santé de l’homme : Adeline Lemen, vousêtes présidente d’une association qui s’ap-pelle Roller Squad Institut (RSI), quel estson but ?

Adeline Lemen : C’est une association qui meten avant le roller citoyen. Nous nous sommesinvestis dans la vie associative depuis plus dedix ans, en créant de petites associations quiétaient axées sur la pratique et sur la promotiondu roller en général. On s’est rendu compte quele roller était un moyen de déplacement à partentière et qu’il y avait besoin d’aller au-delà decette seule promotion. Notre fédération ne s’in-téressait pas du tout à la pratique urbaine et ilfallait absolument travailler de façon pointue surdes formations et sur la sécurité, cela devenantun enjeu de santé publique. Le point culminanta été les grèves des transports de 1995 qui ontvraiment touché les habitants d’Ile-de-France.Des gens mettaient une heure et demi de rol-ler pour venir travailler et, cela, pendant deuxmois. Dans Paris, il y avait des rollers dans toutl’espace public et cela a révélé des problèmescruciaux. Pour petite anecdote, les magasinsde sport vendaient plus de rollers et de vélosque de skis à cette époque de l’hiver. C’est ainsidevenu un problème social. Les Franciliens sesont rendus compte que les rollers étaient unmoyen de déplacement autonome.

SH : La pratique du roller est-elle vraimentun problème de santé publique ?

Adeline Lemen : Oui, c’est un problème desanté, mais aussi de sécurité publique, parcequ’elle concerne tous les âges, sages et moins

sages, sans condition de moyens, au-delà descatégories socioprofessionnelles. Parce qu’ellerépond à une aspiration profonde, à un désir deliberté véritable et d’autonomie. Parce qu’elleest le mode d’expression privilégié d’adoles-cents et de jeunes adultes. Or, un accident surcinq se produit lors de la première sortie et unsur trois lors du premier mois de pratique : 81 %des accidentés n’ont suivi aucun apprentis-sage ; 65 % des accidentés ne portaientaucune protection, alors que 8 accidents sur 10sont dus à une chute (source Prévention rou-tière). Nous n’allons pas créer des générationsd’handicapés sous prétexte qu’elles sont enmanque de liberté d’expression. Toutefoisréduire le roller à un exutoire d’une jeunesseen mal d’existence relève de l’irresponsabilitédes adultes.

La mobilité roller représente une manière dif-férente d’appréhender et de vivre l’espacepublic, permettant une plus grande autonomiede circulation tout en contribuant aux renfor-cements des échanges sociaux. Elle pose leproblème et/ou le besoin d’un nouveau partagede l’espace public. C’est un moyen de dépla-cement au quotidien qui va servir pour tout etn’importe quoi. Il y a une accessibilité et uneliberté, mais pas au sens commun. L’accessi-bilité à l’autonomie de déplacement est unleurre à partir du moment où l’on ne maîtrise pasl’engin. Normalement, le roller doit être unesolution pour soi et sa santé. Si on ne prend pasen compte que la pratique du roller est trèstechnique, on va aller contre soi. Il y a des pra-tiques qui sont très adolescentes, « soixante-huitardes », où l’on utilise le roller comme un

outil rebelle. Nous, on préfère dire qu’avec leroller, il y a de telles possibilités d’être en har-monie avec sa propre dynamique (et c’est unecondition sine qua non de sécurité), qu’il est tropbête de ne pas en prendre les moyens.

SH : Quels sont les problèmes qui se posentà la fois pour les pratiquants, pour l’en-tourage, pour l’environnement ?

Adeline Lemen : Pour les pratiquants, se posele problème de statut qui relève de la respon-sabilité des institutionnels, mais les droits for-ment avec les devoirs une paire inséparable.Aussi, la mobilité roller requiert : une maîtrisede l’engin en toute circonstance reposant surl’acquis des positions de sécurité, des mouve-ments fondamentaux, des réflexes de posi-tionnement et de gestion de trajectoire. Le portdes protections et l’apprentissage pour s’en ser-vir efficacement sont également important, carce sont des équipements incontournables etstratégiques pour dominer la peur de la chuteet rester entier dans la logique du mouvement.On n’est ni à l’abri d’une fausse manœuvre, nià l’abri des autres usagers, que ce soit en rol-ler, à pied, en vélo ou à moteur. Cela veut direque l’on doit être en harmonie avec sa dyna-mique… même en réception au sol, et le seulmoyen pour y parvenir, ce sont les protectionsparce qu’elles permettent la glisse au sol. Il fautun minimum de moyens, cela veut dire mangercorrectement, être assuré, être visible, êtreavec les autres : en effet, la règle suprême,c’est de ne jamais faire peser un danger surautrui. On doit respecter l’autre à tel point quejamais on ne lui fera encourir de danger à sa

Le roller, problème de santé publique ? C’est la question que nous avonsposée à Adeline Lemen, présidente d’une association de passionnés de cemoyen de déplacement moderne. Son analyse globale de ce phénomèneparaît proche d’une vision de promotion de la santé de certains acteurs deprévention. Entre deux métros, deux formations et deux rendez-vous, maistoujours rollers aux pieds, elle a accepté de répondre à nos questions…terre à terre !

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place. C’est ce que défend RSI, car c’est unecondition sine qua non de l’existence du roller.Souvent, les rollers roulent tranquillement etne souhaitent pas qu’on les embête ; c’est vraipour tous les âges. Cela peut se passer à par-tir du moment où l’on respecte l’autre et où l’onconnaît ses limites par rapport au technique, au physique, aux garanties d’assurance. La sen-sibilisation à la sécurité se fait automatiquementpour les enfants : ils ont un comportement d’autoprotection qu’il faudra conforter et nonpas détruire avec nos mauvaises habitudesd’adultes. Pour les adolescents, il est néces-saire qu’ils prennent conscience où est leurvraie liberté et quels sont leurs désirs. Choisirsa liberté en toute connaissance de cause, c’estune façon de s’affirmer par rapportauxautres. En particulier d’aller contre lamode « no pads » des anciens pati-neurs qui, faute de se remettre enquestion, utilisent la frime pourdéfier le sort.

Pour l’entourage, s’intéres-ser à la culture roller, comprendre la probléma-tique roller, prendreconscience des risqueset des dangers sans par-tir dans le catastro-phisme. Concrètement,c’est définir ce qui estnégociable et ce qui nel’est pas : je crois que lesparents peuvent passer uncontrat (moral bien sûr) avecleurs enfants où l’on définit leslimites : faire le point avec lesjuniors leur prouve qu’ils sont pris ausérieux, qu’ils bénéficient de notreconfiance et de responsabilité sans pourautant être livrés à eux-mêmes.

Pour l’environnement, il y a (à l’image des parentsqui définissent le mode d’usage des engins)besoin de définir le mode d’usage de l’espacepublic. Organiser le partage de l’espace public,qui permette une place au roller de façon cohé-rente, sans oublier qu’il est grand temps de tra-vailler dans le sens du partage – et donc de la res-ponsabilisation des pratiquants – afin qu’ilsdeviennent des « ambassadeurs de leur pratique »et donc des citoyens au bout de leurs semelles,leurs roulettes, leur volant, leur guidon...

SH : La pratique du roller et ses recherchesde sensations et de prouesses n’est-elle pasincompatible avec une démarche de pré-vention ?

Adeline Lemen : Absolument pas. Ce n’estpas rébarbatif de se protéger, c’est vivre. Pour

les plus grands, on travaille en feed-back sur« ce que veut dire le roller pour soi, ce qu’ilinduit, à quoi j’aspire et, si j’aspire à des pra-tiques extrêmes, où et comment le faire ? ». Ilfaut savoir que la prise de risque n’est pas lamême dans le cadre urbain ou dans une mani-festation. C’est là que l’éveil se fait. Si on décidede prendre ces risques-là, tant mieux, mais onne les fait pas prendre aux autres de quelquemanière que ce soit. S’accrocher à des voi-tures, pourquoi pas, mais à ce moment-là, on lefait dans le cadre d’une manifestation et pasdans le domaine public.

mais est-ce que le milieu du roller prendlui-même en compte ces questions desanté et de prévention ?

Adeline Lemen : Il y a toujours une grandedemande d’information et de prévention de lapart des pratiquants de rollers. Jusqu’ici, on n’apas réussi à répondre de façon adaptée à cettedemande, ou on n’y a pas répondu du tout. C’estla raison pour laquelle j’apprécie particulièrementla campagne de cette année, parce qu’il estgrand temps que l’on arrive à avoir les moyenspour que les vecteurs de communication répon-dent à ces besoins. Or, jusqu’ici, on a eu desmoyens très classiques qui ne répondaient pasforcément à la culture glisse. Il y a un apprivoi-

sement. Il est difficile, pour des institutions,de comprendre la culture roller ; on en

a eu l’expérience à travers trois ansde travail et la réalisation d’un livre

blanc. Il y a la culture santé, laculture circulation, pénale, juri-

dique, roller, et il faut quetout cela se rencontre.Après, exprimer lesbesoins, c’est beaucoupplus facile. Le CFES et laCnamts ont sorti desflyers où l’on a travaillésur les couleurs, le lan-gage, etc. (voir articlede Michel Dépinoy). Ces

flyers sont un vecteur decommunication difficile,

car ils pénètrent la popula-tion adulte, alors que la cible

est les adolescents et lesjeunes adultes. Cette année, le

CFES et l’Assurance maladie dési-rent aller à la source, c’est-à-dire au

niveau de l’achat du matériel, et mettre enalerte la population adulte : des adultes achè-

tent des protections pour eux mais pas pour leursenfants, d’autres achètent des rollers sans pro-tection. On pourrait aller plus loin : je pense queles campagnes un peu « coup de poing » où l’onest mis devant le fait accompli de la réalité valentle coup*. Les problèmes d’éclatement de ratechez les « strickers », c’est quelque chose quiexiste, même chez les rollers expérimentés. Parrapport à cela, il y aurait un clip ou un spot publi-cité à faire en disant « cela ne vaut pas le coupde faire du roller pour être handicapé. Le rollern’est pas fait pour troquer la frime pour un fau-teuil ».

Propos recueillis par Alain Douiller

* NDLR : la question de l’utilisation de la peur et desimages chocs dans des démarches de prévention estun thème au cœur de bien des débats…, nous yreviendrons dans prochain numéro de La Santé del’Homme.

Le sport permet des sensations exceptionnellesde décharge d’adrénaline, mais il faut s’en don-ner les moyens. Cela signifie un début de res-ponsabilisation qui peut se faire dès 3 ans, caren roller, le principe, c’est d’être solidaire pourne pas mettre en danger l’autre. Être attiré pardes sensations fortes, cela ne veut pas dire for-cément avoir un comportement suicidaire, lalimite est là. C’est facile d’avoir un comporte-ment suicidaire, en revanche, de vivre, de menerà bien son projet, d’aller jusqu’au bout de sonidée et de la réaliser concrètement, c’est unefaçon de construire ce qu’on est. Avec le roller,on commence à comprendre qu’on a le droit etle pouvoir d’aimer la vie qu’on se choisit.

SH : Le milieu de la santé et de la préven-tion se soucie de plus en plus du roller,

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Le vélo en toute sécurité.Mais comment ?

Entre éducation et obligation, l’action de la région de Montérégieau Québec pour l’adoption du port du casque à vélo, illustre de façonintéressante la complexité de la promotion de la santé dans ce domaine.

Il est reconnu que la pratique régu-lière du vélo contribue à améliorer lasanté et le bien-être des utilisateurs, enfavorisant notamment une meilleureforme physique et en réduisant le stresset le risque de maladies cardio-vascu-laires. Cependant, la pratique du véloest également associée à un nombreimportant de blessures parfois mortellesou suffisamment graves pour nécessiterune hospitalisation. Pour profiter plei-nement des bienfaits du cyclisme touten limitant le risque de blessures, il estimportant d’en promouvoir une pra-tique sécurisée.

Cette pratique sécurisée peut êtrefavorisée soit en réduisant le risqued’accident, soit en réduisant l’incidenceet la gravité des blessures en cas d’ac-cident. Ces deux approches doiventêtre privilégiées parce qu’elles sontcomplémentaires.Concernant la réduction de l’incidenceet de la gravité des traumatismes crâ-niens liés aux accidents de vélo, denombreuses initiatives ont été menéesdans les douze dernières années afind’accroître l’utilisation du casque devélo. Différentes stratégies ont été misesen avant (information, éducation, actioncommunautaire et législation). L’éva-luation de ces programmes a démontréune augmentation de l’utilisation ducasque de vélo et, parallèlement, uneréduction des traumatismes crâniensdans les populations visées (1, 2).

La promotion et les éléments de succès

L’expérience montérégienneLa Montérégie est l’une des seize

régions socio-sanitaires du Québec ;

d’une superficie de 10 000km2 , elle estsituée au sud de l’île de Montréal. Ony compte un peu moins de 220 muni-cipalités et une population de 1,3 mil-lion d’habitants, soit 18 % de la popu-lation du Québec. L’équipe enprévention des traumatismes de ladirection de Santé publique de la Mon-térégie, qui existe depuis 1986, procèdetous les cinq ans à une démarche per-mettant d’établir les priorités d’action.

Dès la fin des années quatre-vingt, laprévention des traumatismes crânienschez les cyclistes a été identifiée commeune priorité d’action et l’utilisation ducasque de vélo a été choisie comme lamesure la plus efficace à promouvoir(3). Le programme Mon vélo-casquec’est sauté d’une durée de quatre ans(1990 à 1994) a été réalisé auprès des100 000 jeunes âgés de 5 à 12 ans. Sonobjectif était d’obtenir un taux de portdu casque de vélo de 20 % parmi cesderniers. Les résultats de l’évaluationont permis de démontrer l’efficacité dece programme: après quatre ans, 56 %des jeunes disaient posséder un casquede vélo (4) et 33 % le portaient (5). Tou-tefois, les résultats observés ont révéléque le programme avait été trois foismoins efficace dans les municipalitéscatégorisées pauvres et ce, malgré lamise en œuvre de diverses activitésincitatives à l’acquisition de casques(disponibilité accrue du casque chez lesdétaillants, bons de réduction, achats degroupe permettant un prix réduit,casques offerts gratuitement).

Les éléments de succèsSans reprendre de façon détaillée

toutes les étapes du développement dece programme, on peut néanmoins

identifier les facteurs qui ont sûrementfavorisé l’atteinte de ses objectifs :• une bonne compréhension du pro-blème et de la population visée ;• l’utilisation d’un cadre conceptuelrigoureux pour le développement duprogramme ainsi que le recours auxthéories explicatives du comportement(le PRECEDE (6) Predisposing, Rein-forcing and Enabling Causes in Edu-cational Diagnosis in Evaluation et lathéorie de Fishbein et Ajzen (7)) ; •des objectifs de résultats précis (réa-listes, quantifiables et mesurables) ;•des moyens adaptés aux milieux ;• l’implication des partenaires (acteurset décideurs) dès la conception du pro-gramme ;• l’évaluation du processus et des effetsdu programme.

Les retombées du programmeLe programme a eu des retombées

tant au niveau régional qu’au niveauprovincial.

Au niveau régional, le programmeMon vélo-casque c’est sauté ayant étémoins efficace dans les municipalitéspauvres et dans un souci de luttecontre les inégalités en matière desanté, un nouveau programme d’ac-cessibilité au casque de vélo en milieudéfavorisé a été développé. Ce pro-gramme visait un accroissement dutaux de port du casque chez les jeunesde 5 à 12 ans de familles vivant sousle seuil de faible revenu. L’interventions’appuyait sur le recrutement d’orga-nismes communautaires ayant uncomptoir de vente pour la distributionet la promotion du casque de vélo dansles milieux respectifs. L’évaluation duprogramme a montré qu’il a été pos-

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sible de joindre ces jeunes et d’ac-croître l’utilisation du casque (aug-mentation de 9 %) (8).

Au niveau provincial, le programmea été généralisé à travers la province parl’intermédiaire du réseau de la santépublique. Cette première initiative adonné le départ à des efforts importantsde promotion du casque de vélo sur unebase de volontariat par la Société de l’as-surance automobile du Québec, la Régiede la sécurité dans les sports et les orga-nisateurs du Tour de l’île de Montréal. Deplus, un processus de réflexion nationals’est amorcé et s’est poursuivi dans le butd’identifier les meilleures stratégies à uti-liser pour accroître le port du casquedans la population québécoise.

Les principaux constatsd’une telle expérience

Il ne fait aucun doute que le pro-gramme Mon vélo-casque c’est sauté etses retombées ont permis de sensibili-ser la population québécoise à l’impor-tance de porter un casque de vélo et ontincité les différentes autorités concer-nées à le promouvoir. Toutefois, lesinterventions de promotion du casquede vélo menées au Québec depuis 1990comportent des limites en matière de

modification des comportements. Aprèsdix ans d’efforts et des coûts importants,le taux de port du casque est demeurérelativement bas. En 1999, il se situait à24,9 % comparativement à 26 % en 1998et à 25,3 % en 1995 (9). Comment peut-on expliquer ces résultats ?

Les moyens et les ressources qui ontété investis par le réseau de la santépublique pour la promotion du casquede vélo, ont été d’intensité différented’une région à l’autre, limitant l’effica-cité des interventions dans les régionssous financées. Au Québec, comme ailleurs, la popu-lation se compose d’individus dont lescaractéristiques psychologiques etsocio-économiques sont différentes.Les interventions menées ont principa-lement touché certaines catégories d’in-dividus (les plus novateurs, les pluséduqués, les mieux nantis financière-ment). Peu de programmes sélectifs(trop coûteux) ont été réalisés afin derejoindre les plus résistants (les adoles-cents) ou les plus défavorisés.Enfin, le peu de financement qui a étéoctroyé annuellement aux activités derenforcement et le retrait des budgetsconsacrés à la promotion du casque devélo suite à de nouvelles orientations

des autorités concernées, n’ont pas per-mis de conserver les acquis et de conti-nuer d’accroître le port du casque ausein de nouvelles clientèles.

Dans de telles conditions, une loiobligeant le port du casque chez lescyclistes peut devenir un moyen sup-plémentaire pour favoriser l’atteinte desobjectifs poursuivis en matière de pré-vention des blessures. Plusieurs gou-vernements dans le monde ont adoptéune loi pour rendre obligatoire le portdu casque de vélo et les résultats posi-tifs en termes d’augmentation signifi-cative du taux de port du casque devélo et de réduction des blessures à latête ont été obtenus (10). Il faut reconnaître que cette mesurecomporte plusieurs avantages :- il s’agit d’une mesure efficace pourtous ; - elle crée une norme sociale (accepta-bilité) qui inclue les groupes vulné-rables et les résistants au changement ; - elle oblige l’État à rendre la mesureaccessible aux groupes défavorisés (res-ponsabilisation de l’État plutôt que l’in-dividu et réduction des inégalités) ;- à long terme, les coûts sont moindrespour l’implantation d’une loi que pourles interventions de promotion dont lescoûts sont récurrents.

Toutefois, malgré ces avantages lechoix de cette mesure soulève pour cer-tains des problèmes d’ordre éthique,principalement au niveau du respect dela liberté individuelle et du pouvoir del’État à obliger les individus à adopterdes comportements de sécurité.

Il revient donc à chaque commu-nauté de mener une réflexion éclairéeet démocratique afin de choisir pourles individus qui la composent unestratégie efficace et juste pour tous. Ence qui concerne le Québec, le gou-vernement s’est penché sur la perti-nence de rendre le port du casqueobligatoire chez les cyclistes à deuxreprises (1996 et 2000), mais n’a tou-jours pas adopté de loi.

Céline Farley

Responsable du certificat

en santécommunautaire,

Faculté de l’éducation permanente,

Université de Montréal,

Direction de santé publique,

Régie régionale de la santé publique

de la Montérégie, Canada.

◗ Références bibliographiques

(1) Rivara F.P., Thompson D.C., PattersonM.Q., Thompson R.S. Prevention of bicycle-related injuries. Helmets, education, and legis-lation. Ann. Rev. Public Health 1998 ;19 : 293-318.(2) Attewell R.G., Glase K., McFadden M.Bicycle helmet efficacy: a meta-analysis. Acc.Analysis and Prevention 2001 ; 33 : 345-52.(3) Brown B., Farley C. The pertinence of pro-moting the use of bicycle helmets for 8 to 12year old children. Chron. Dis. Can. 1989 ; 10 :92-6.(4) Farley C., Otis J., Benoît M. Evaluation offour-year bicycle helmet promotion campaignin Québec aimed at children ages 8 to 12:Impact on attitudes, norms and behaviours.Can. J. Public Health 1997 ; 88 : 62-6.(5) Farley C., Haddad S., Brown B. The effectsof a 4-year program promoting bicycle helmetuse among children in Québec. Am. J. PublicHealth 1996 ; 86 : 46-51.(6) Green W.L., Kreuter M.W. Health PromotionPlanning. An Educational and Environmental

Approach. Second edition. Mountain View,Calif : Mayfield Publishing Co ; 1991 : 506 p.(7) Otis J., Lesage D., Godin G., Brown B., Far-ley C., Lambert J. Predicting and reinforcingchildren’s intentions to wear protective hel-mets while bicycling. Public Health Rep.1992 ; 107 : 283-9.(8) Sergerie D., Brown B., Sirois G. Évalua-tion du programme d’accessibilité du casquede vélo en milieu défavorisé, Montérégie1996. DSP, Régie régionale de la santépublique et des services sociaux de la Mon-térégie, 1997. ISBN 2-89342-083-4.(9) Enquête sur le port du casque de vélo :1999. Société de l’assurance automobile duQuébec, service des Études et des Stratégiesen sécurité routière, 1999.(10) Conseil des directeurs de la santépublique de la Conférence des régies régio-nales de la santé et des services sociaux duQuébec. Mémoire présenté au regard du Livrevert : La sécurité routière au Québec, un déficollectif. 2000.

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Pour en savoir plus

Prévention des accidents

Bureau suisse de préventiondes accidents (BPA)Fondation de droit privé. Elle est chargée deprévenir les accidents dans les domaines dela circulation routière, du sport, du ménage, dujardin et des loisirs.http://www.bpa.ch/

Cellule européenne de surveillancedes accidents – EhlassDepuis 1986, à l’initiative de la CEE, le Conseildes communautés européennes a mis enplace un système d’information et de sur-veillance des accidents dans la sphère privée,nommé Système Ehlass pour European Homeand Leisure Accident Surveillance System.http://www.sante.gouv.fr/htm/pointsur/acc_dom/systeme01.htm

Centre européen de préventiondes risques (CEPR)Il est financé par des assureurs, des orga-nismes de certification, de recherche et d’en-seignement, mais aussi des fabricants de pro-duits et services. Ses principales thématiquessont : les risques routiers, alimentaires, enentreprise, domestiques.http://www.cepr.tm.fr/

Commission de la sécuritédes consommateurs (CSC)La CSC est un organisme indépendant créépar la loi du 21 juillet 1983 relative à la sécu-rité des consommateurs. Elle est composéede magistrats de hautes juridictions, de repré-sentants des collèges professionnels etconsommateurs, de personnalités qualifiées.Ses missions sont :- recenser les accidents et les risques de la viecourante ;- émettre des avis destinés aux pouvoirspublics, aux professionnels et aux consom-mateurs intéressés, sur tous types de produitset de services présentant des risques ;- informer par des communiqués de presse,des campagnes de sensibilisation, des fichespratiques, une lettre bimestrielle et un serveurinternet.http://www.securiteconso.org/

Ministère de l’Emploi et de la Solidarité,secrétariat d’État chargé de la Santéhttp://www.sante.gouv.fr/htm/pointsur/acc_dom/index.htm

Réseau francophone de préventiondes traumatismes et des accidents,membre du Réseau francophone interna-tional pour la promotion de la santé(Réfips)Le Réfips se veut un lieu d’échanges et d’en-

traide pour les professionnels de la santé inté-ressés par la promotion de la santé de leurscommunautés respectives. Il regroupe 1 260membres répartis sur une trentaine de pays dela francophonie, qui partagent un intérêt pourl’émergence de conditions favorables à lasanté de leurs populations, la création demilieux favorables, le renforcement de l’actioncommunautaire, l’acquisition de meilleuresaptitudes individuelles et la réorientation desservices de santé. Les membres se regrou-pent en sections identifiées soit à une régiondonnée, soit à un champ d’intérêt.http://www.refips.org

Prévention des accidents de sport

Médecins de montagneL’association regroupe plus de deux centsmédecins installés en station de sports d’hiveret spécialisés dans la traumatologie du ski.Ses objectifs sont :- améliorer la qualité des soins en station ;- prévenir les accidents de sports d’hiver etd’été en montagne ;- faire connaître et défendre la spécificité del’exercice de la médecine des sports d’hiver.http://www.mdem.org/

Ministère de la Jeunesse et des Sportshttp://www.jeunesse-sports.gouv.fr/

Sites Internet

http://www.mdem.org

Organismes de formation

Médecins de montagne132 avenue des Bernardines 73000 ChambéryTél. : 04 79 96 43 50Fax : 04 79 10 00 [email protected] Formations destinées aux médecins généra-listes

RéfipsRéseau de promotion de la sécuritéMartine BantuelleEduca SantéAvenue Général Michel 1B6000 Charleroi – [email protected]él. : ++32 71 30 14 48 Fax. : ++32 71 31 82 11

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Prévention des accidents

• Baudier F., Janvrin M.-P. Prévention des acci-dents de la vie domestique. Le guide des pro-grammes coopératifs. Vanves : CFES, 119 p.• Baudier F., Palicot A.-M., La prévention desaccidents domestiques de l’enfant. Vanves :CFES, coll. La santé en action, 1992 : 312 p.• Comité français d’éducation pour la santé.Programme d’éducation pour la santé. Pré-vention des accidents de la vie courante.2001-2003. Vanves : CFES, coll. Dossierstechniques, 2001 : 97 p.• Comité français d’éducation pour la santé.Éléments d’évaluation du plan de communica-tion. Prévention des accidents de la vie cou-rante. 1997-1998-1999. Vanves : CFES, coll.Dossiers techniques, 2000 : 85 p.• Duval C., Salomon L. Les accidents de la viecourante. Paris : La Documentation française,1997 : 185 p.• Janvrin M.-P., Baudier F. Prévention des trau-matismes et des accidents : approche despays francophones. Séminaire international.Paris, 16-18 octobre 1995. Vanves : CFES,coll. Séminaires, 1996 : 231 p.• Janvrin M.-P. Les accidents et leurs victimes.In : Baromètre santé. Premiers résultats 2000.Enquête auprès des 12-75 ans. Vanves :CFES, 2000 : 4 p.• Ministère de la Santé et des Services sociauxdu Québec. Traumatismes au Québec : com-prendre pour prévenir. Québec : Publicationsdu Québec, 1991 : 367 p.• Observatoire régional de la santé de Rhône-Alpes. Les accidents de la vie courante. Lyon :Orsra, 1995 : 49 p.•Réseau francophone de promotion de la sécu-rité et de prévention des accidents et des trau-matismes. La volonté d’agir. Séminaire Inter-national. Saint-Marc-sur-Richelieu, Canada,16-18 juin 1997, Québec : ministère de laSanté et des Services sociaux, 1998 : 195 p.• Réseau francophone de promotion de lasécurité et de prévention des accidents et destraumatismes. Agir efficacement. SéminaireInternational. Ascona, Suisse, 21-23 juin1999. Texte intégral disponible sur :http://www.ti.ch/DOS/DSP/SezS/UffPVS/temi/refips/x1.html • À paraître les actes :Réseau francophone de promotion de la sécu-rité et de prévention des accidents et des trau-matismes. Les défis de l’évaluation : enjeuxet outils. Séminaire international. Bruxelles,Belgique, 8-11 juillet 2001.

Prise de risque à l’adolescence

• Assailly J.-P. Les jeunes et le risque : uneapproche psychologique de l’accident. Paris :Vigot, coll. Sciences humaines, 1992 : 208 p.• Esterle-Hedibel M. La bande, le risque et l’ac-cident. Paris : L’Harmattan, coll. Logiquessociales, 1997 : 260 p.• Got C. Risquer sa peau. Paris : Bayard,2001 : 374 p.• Janvrin M.-P., Baudier F. Accidents. In : Baro-mètre santé jeunes 97/98. Vanves : CFES,coll. Baromètres, 1998 : 251-8.• Kerven G.Y., Rubise P. L’archipel du danger :introduction aux cindyniques. Paris : Econo-mica, 1991 : 439 p.• Le Breton D. La sociologie du risque. Paris :Puf, coll. Que sais-je ?, 1995 : 127 p.• Le Breton D. Passions du risque. Paris :Métailié, 1991 : 185 p.

Sport et accidents

• Choquet M., Bourdessol H., Arvers P., Guil-bert P., De Perretti C. Jeunes et pratiques spor-tives. L’activité sportive à l’adolescence. Lestroubles associés. Rapport au ministère de laJeunesse et des Sports. Marly-le-Roi : Injep,2001 : 94 p.• Comité régional d’éducation pour la santé duLanguedoc-Roussillon. Prévention des acci-dents de sport et de loisirs chez les jeunesde 10 à 25 ans. Étude exploratoire. Montpel-lier : Cres, 1998 : 146 p.• Garry F. Les accidents de sport chez lesjeunes de 10 à 24 ans. Paris : Cnamts, 1999,Point Stat. n° 14.

Guides et outils

• Bureau suisse de prévention des accidents(BPA). Safety Tool. Moyens didactiques pour lapromotion de la sécurité à l’école : sports deglisse, roller, baignade, randonnées à vélo,jeux de ballons, randonnées. Documents téléchargeables sous forme defiches techniques sur :http://www.bpa.ch/commandes/moyens_didactiques/index.htm• Bureau suisse de prévention des accidents(BPA). Listes de vidéos et films sur : le sport,l’habitat et les loisirs, accompagnées d’unecourte description de chaque outil. Listes dis-ponibles sur : http://www.bpa.ch/commandes/videos/film-slist.htm• Educa-santé. Promotion de la sécurité et pré-vention des traumatismes. Annuaire des res-sources. Charleroi : Educa-Santé, 1998 :410 p. Mise à jour 2001, par disquette. Diffu-sion CFES.

Vidéos

• Berrier S. Jusqu’où je m’arrête ? Bobigny : LaCathode, 1998 : 14 mn• Commission de la sécurité des consomma-teurs (CSC). Mettez un casque à vos enfants,Paris : CSC, 1998 : 9 mn• Mascret S. Danger au sommet. Paris : Oro-leis, 1990 : 13 mn• Mascret S. La mer sans arrêt roulait ses dan-gers. Paris : Oroleis, 1989 : 13 mn• Mascret S. Dangers dans la ville. Paris : Oro-leis, 1990 : 13 mn• Salicetti S. Risquer sa route. Pantin : LaCathode, 1994 : 20 mn

Centre de documentation du CFES, Vanves.

Bibliographie

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