SPIRITUALITÉ « Etre Libre » N° 18 (Mai 1946)

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    9* A nne 15 mai 1946 N 18

    SPIRITUALIT(revue mensuelle de culture humaine,

    fonde en 1936, sous le litre " Etre Libre ")

    Science, Religion, PhilosophieDirecteur-Fondateur : RAM LINSSEN

    Rd actrice en chef : Adm inistration pour la FranceMa rgu erite BANGERTER. et ses Colonies :

    Correspondance et manuscrits Editions ADYAR71, rue de la Victoire, Bruxelles

    _ . _ _ 4, Squa re Rapp, PARIS 7m'Paiements au C. C. P. 6204

    de l'Institut Suprieur Ch ques po staux Paris : 4207.47de Sciences et Philosophies

    a. s. b. 1. Tel - : Segu r 7iM

    SOMMAIRE

    De l'acte complet.....................................................

    Le N irvana et le Prsent .................................

    De l'nergie atomique la spiritualit de

    l'Univers .............................. .............

    Narada, A vatar de V ishnou.................................

    Histoire pour petits et grands .......................

    Lumires sur la thorie du prof. V iscardini ...

    R. Four.

    Ram Linssen.

    M ario V iscardini.

    J ean Herbert.

    Suzanne de Ruyter.

    Ram L inssen.

    PRIX : 15 francs belges le numro - 120 francs l'abonnement annuel.Prix en France: 30 francs franais - A bonnement: 300 francs franais.

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    De l'acte complet

    envisag dialectiquement

    Parlant de lacte complet, nous disions : Si lacte restait en quelque sorte en suspens, la force vive contenueen lui deviendrait dsir, comme devient pression la force vive d'unmobile dont le mouvement est entrav. Il y aurait la fois consciencedobstacle et conscience de dsir, contradiction intime : perception duntemps qui, mesurant lpaisseur de lobstacle, viendrait remplir lintervalleentre le dsir et sa ralisation. Enfin leffort du dsir contre lobstaclervlerait un moi se connaissant comme lauteur de cet effort .

    Ces lignes, si lon sarrte les mditer, peuvent suggrer unenouvelle manire denvisager l'acte complet. Si, en effet, lexistencedun intervalle entre le dsir et son accomplissement est gnratricedincompltude, lannulation de cet intervalle doit nous conduire l actecomplet.

    Celui-ci pourrait donc tre dfini, tout au long de sa dure, commela ralisation dun dsir qui se formulerait tout moment de tellesorte quil nexisterait pas dintervalle psychologiquement perceptibleentre ce dsir et sa ralisation.

    Un tel nonc, qui parat introduire la notion dun dsir au seinde lacte complet, nest-il pas en contradiction avec nos analyses antrieures qui nous feraient exclure de ce mme acte toute conscienceeffective de dsir ?

    Non, car la nouvelle dfinition propose, si le dsir subsiste encorecomme cause ou source logique du mouvement impliqu dans lacte, ilnexiste plus comme fait de conscience. La notion mme du dsir nepeut se former que l o un intervalle observable spare lapplicationde la volont, raliser un acte dj conu, de la ralisation effectivede cet acte. Dsir et ralisation ne se peuvent dfinir que pour autantquils sont disjoints. A partir du moment o ils deviennent constammentconcidants, se transforment incessamment lun et lautre, il n'y a plus, proprement parler, ni dsir ni ralisation, mais un flux d'action per

    sistant une transformation continue et consciente qui constitue undpassement dialectiaue de lantit'hse dsir-raction.

    La reprsentation de lacte complet que nous venons de formulerest dnc parfaitement compatible avec notre affirmation antrieure selonlaouelle aucun dsir conscient ne peut trouver place au sein de lactecomolet. Mais alors que cette affirmation tait purement statique, lanouvelle reprsentation obtenue est essentiellement dynamique. Elle introduit demble un mouvement au cur de lacte complet, et cet actenous annarat ds lors comme un processus complet et nuanc, commeun jeu de substitutions fluides, une permanente rduction de contrastesperptuellement renaissants. Tout ce qui. en lui, semblait immuable se

    mobilise dans le creuset du devenir et rvle de nouveaux aspects.C est ainsi que la continuit de lacte complet devient une continuit

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    dans le jaillissement de dsirs succesifs qui, saccomplissant ds quilsse formulent et s teignant dans leur acsomplissement mme, ne peuventparvenir une existence durable et distincte. On peut dire que,dans cette hypothse, lintervalle entre le dsir et son objet, restanttoujours plus petit que tout cart perceptible, constitue un infinimentpetit psychologique. Envisag sous ce biais lacte complet apparaitcomme laddition, lintgrale de dmarches lmentaires, de mme qu'engomtrie on rduit une courbe continue une juxtaposition innombrabled'lments rectilignes et infinitsimaux.

    Si, .pendant l'effectuation dun acte, lintervalle entre certains dsirsinstantans o, si lon veut, entre certaines expressions instantanesdu dsir et les ralisations lmentaires correspondantes se dilatait et,dinfiniment petit, devenait fini, des suspensions se manifesteraient dans

    lactivit, des trous se creuseraient dans lacte qui, ds lors, ne pourraittre complet. Il y aurait des moments o le dsir serait prsent et neserait pas satisfait. De tels moments qui seraient des moments de passivit, dinsatisfaction, dincertitude, ne peuvent trouver place dans lactecomplet. Ce dernier ,en consquence, ne saurait tre le passage discontinudun dsir un accomplissement mais une transition continue et graduelle. Sa nature ne s'apparente pas celle dun mouvement intermittentet saccad mais celle dun mouvement interrompu et fluide, voquantlimage dune courbe aux inflexions nombreuses.

    Puisque tout dsir tend se raliser sans dlai, l'existence dunintervalle observable, d'un intervalle fini, entre le dsir et sa ralisation

    atteste la prsence dun obstacle. Lacte naissant est empch ou gn.Le sujet prouve le sentiment dune contrainte.Inversement, le passage continu, psychologiquement instantan, du

    dsir 1 ralisation signifie labsence ou la continuelle rduction, leperptuel effacement des obstacles. En d'autres termes, il est synonymede libert de l'acte.

    Nous avons dj montr que lacte complet tait un actelibre, mais la libert que nous avions envisage tait une libertstatique se: rduisant une absence de contradiction intrieure etnous avions indiqu que si cette libert se trouvait tablie en permanence, il ne serait pas possible den prouver le sentiment. Il nen va pasde mme de celle que nous venons de considrer en dernier lieu et quirside non dans l'absence de toute contradiction intrieure mais dans lefait que les contradictions qui peuvent surgir restent ltat naissantet sont en voie de constante rsolution. Une telle libert, mme permanente, peut sprouver toujours. Elle saccompagne du sentiment duneperptuelle rupture de limites qui ne semblent surgir que pour tredpasses, de barrires qui semblent avoir juste assez de consistancepour rvler la puissance qui les dissipe : fragiles entraves qui ne naissentque pour mourir et ne meurent que pour renatre, slargissant chaque

    renaissance, devenant des cercles toujours plus vastes et lumineux, sansqu'on puisse envisager de terme cette dilatation, ainsi se dessine unternel mouvement de laction, qui suscite ses propres obstacles (point

    mconnu par W ells dans son Times Explorer ) mais chaque obstacledevient, le point de dpart d'un lan nouveau, constitue le tremplin d'unrebondissement, comme ces pierres que le flot rencontre et par lesquellesil est soulev une hauteur qu'il net point de lui-mme atteinte. A

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    ce degr, il n'y a plus ni contentement strilisant, ni la douloureusetension dun effort qui enchane, mais le progrs illimitable dun mouvantquilibre entre une pression et une rsistance, une sorte de pulsation

    dont les ondes se propagent spontanment et jusqu' linfini, leffusioninpuisable dune srnit frmissante, reportant toujours au-del le flotjaillissant d'une invisible source. De cela rsulte une sensation positivede libert qui ne fait quun avec la sensation de couler, de se rpandre,de sextravaser sans arrt, sous leffort d'une sorte de pression intrieurequi carte avec aisance tous les obstacles et introduit dans lexpriencede la vie comme une lgance dynamique, et un parfum de dlicieuseralit. Ainsi cette conscience de libert, de la seule libert qui puissetre directement et constamment saisie, est la conscience mme de ce queKrishnamurti appelle le mouvement de la vie.

    On voit comment ce qui tait libert inconstatable et passive, dans

    notre vision statique de lacte complet, devient ici libration permanenteet active, perception dun mouvement qui se dlivre tout instant desentraves qui pourraient le retenir. Ce que nous appelions absence decontradiction intrieure, unit pure, se rvle contradiction toujours renaissante et toujours surmonte, contradiction se dtruisant mesurequelle se formule et qui ne parvient pas tre vraiment contradictionmais se fond dans lunit d'un mouvement qui renferme la fois enlui-mme deux polarits contraires et dpasses.

    Linfinit, ou si lon veut, la non-finit statique de l'acte completnous apparat maintenant comme un perptuel dpassement de bornes,comme un progrs sans terme. Dailleurs les bornes ne sont plus des

    limites fixes mais des lisires apparentes dune tension voue se poursuivre sans fin. La simplicit se laisse voir comme une complexit rsolue.

    Nous avons dfini lacte complet comme le dpassement de l'antithse dsir-ralisation. Or, cette antithse tait le produit dune fragmentation de lacte dans et par le temps. La continuit de lacte setrouvait ainsi brise et, aux points de rupture, il y avait insertion duntemps dsirable constituant une sorte de corps tranger, une enclavedinertie relative, une prsence morte dans la chair vivante de lacte,un obstacle son cours naturel. Llimination de ce temps-obstaclerestitue lacte sa puret essentielle, son homognit dans la dure.Nous retrouvons donc ainsi dune nouvelle manire lide que l'acte

    complet est un acte pur, perceptible comme un mouvement simple etindcomposable.

    Ds lors que dsir et ralisation ne sont pas spars, la notiondu temps comme distance entre le dsir et la ralisation disparat. Nouscomprenons comment surgit l'intemporalit de lacte complet, commentelle peut se concilier avec un devenir rel, et nous comprenons aussique Krishnamurti ait pu parler dun devenir pur qui ne comporte pas detemps (timeless becoming). Loin dtre dtruit, le changement empirique devient changement pur. Ce qui est dtruit c'est le temps dfinicomme dure en vue dun progs (Krishnamurti). Cette dfinitionrejoint celle qui envisage le temps comme une distance entre le dsir

    et la ralisaton. En effet, l o intervient la notion de progrs, lesnotion de .croissance et d'achvement, donc de ralisation, sintroduisent

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    implicitement, Si lon progresse, c'est vers une fin qui est l'accomplissement dun dsir consciemment ou inconsciemment formul.

    Ce que nous avons dit de la continuit de lacte complet ne doit

    pas nous faire considrer le mouvement inhrent cet acte comme unmouvement toujours uniforme. Si, en effet, ce mouvement est un mouvement sans rupture, sans arrts imposs, il peut toutefois comporterdes ralentissements (aux approches dun obstacle ) et ces acclrations conscutives (aprs le dpassement de cet obstacle). C est donc,en gnral, un mouvement rythm , la manire dun mouvement musical.Et ce rythme peut engendrer une exaltation grandissante. Il peut scander une sorte de galop bloui, de chevauche triomphale, franchissanttous les obstacles avec une vitesse qui ne cesse de s'acclrer. Nousne savons plus alors si nous allons l'univers ou si lunivers vient nous, si nous dsirons ce qui nous advient ou sil nous advient prci

    sment ce que nous dsirons, si notre pense devient la ralit ou si laralit se soumet notre pense.Nous sommes amens nous demander: Quest-ce qui nous rvle

    lacte complet dans son fond, le concept statique ou le concept dynamique ?

    Ni lun ni lautre mais les deux la fois. L'acte complet est lasynthse de ces deux points de vue qui en rvlent chacun des aspectsvridiques. L'aspect statique est peut-tre plus profond mais sil existaitseul, toute perception sarrterait. Libert, infinit cesseraient dtre desobjets de conscience. Nous lavons dj fait observer propos de lalibert envisage statiquement et dfinie comme absence de contradictionintrieure, qui se manifesterait indfiniment ne pourrait plus tre constate, ne formerait plus un lment dexprience distinct.

    Il y aurait appauvrissement du contenu de la vie. Dans lactecomplet il y a transfiguration mais non destruction pure et simpledes notions qui se dgagent des activtis communes, des activits noncompltes. Ce qu'il y avait de douloureux, dimparfait est limin maisune perception demeure dont on peut dire quelle est parfaite, conditiondentendre cette perfection dans un sens dynamique.

    On pourrait dire que les dfinitions statiques conviennent lactetout fait, lacte dj accompli, tandis que les analyses convienent l'acte se faisant. Les unes caractrisent lacte dans sa totalit, les autresle caractrisent dans linstant, chaque moment de son effectuation.

    Pour ainsi dire, si l'on compare lacte complet une mesure musicale,les unes dfinissent la mesure tout entire, les autres dcrivent le mouvement qui fait passer dune note lautre au sein de la mesure.

    Ren FOUERE.

    Le Nirvana et le PrsentLexprience nirvanique consiste dans le fait dtre prsent au Pr

    sent. La pleine prsence au Prsent implique la cessation de l'ego,l'affranchissement de la conscience de soi. Le Prsent est impersonnel.

    Il est la marque distinctive de la conscience transcendantale du Tout,dune telle attitude est importante au point de vue pratique.Ce qui nous en spare rside dans lactivit mentale. La consquence

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    Une efficience dcuple rsulte de toute attitude objective lgarddes problmes que posent la vie. Limpersonnalit nous affranchit instantanment des ractions personnelles, et des prfrences gostes qui

    ternissent normalement la clart du jugement. C est pourquoi Krishnamurti nous dit que l'homme libr est le plus pratique qui soit, car ildiscerne la vraie valeur des choses. L'exprience du nirvana est doncloin du nihilisme intgral. Labsence de conscience de soi quelle impliquersulte dun envahissement de la conscience limite par le charme indicible de lillimit. Loin dtre le nant, elle en constitue lantithse. Maisson prestige exerce une magie tellement fascinante, que l'homme ayantle bonheur d'y accder se trouve arrach aux rythmes de son ego, poursinsrer davantage dans le lumineux sillage d'un clair ternellementprsent.

    C est ce moment qu'il vit l'merveillement des plus hautes formes

    de l'Amour et de l'Intelligence.La sublimit de la batitude inhrente de tels niveaux de con

    science est telle qu'un vritable interdit se trouve jet sur lactivitmentale. Et loin d'entraner la disparition de lintelligence, cet interditmental confre cette dernire les caractres les plus transcendantaux.

    Lhomme tant psychologiquement complet en lui-mme, demeureriv au Prsent.

    Nous nous vadons dans le pass et le futur en vertu de notreincapacit de saisir les richesses inpuisables qui rsident au plus intimede notre tre, chaque seconde qui passe.

    La prsence au Prsent, la cessation des rves striles de l'intellectimplique pour les orientaux la disparition du karma .

    En effet, celui qui vit pleinement dans le Prsent n'est plus esclavedu dsir. Chaque seconde pour lui, se suffit elle-mme. Il nbauche plusde projets, ne formule plus de vux. Etant combl par la richesse dechaque instant, il ne dsire plus rien. Il est libre du fruit de ses actes.Sa vie est un chant dadoration continu, fervent et silencieux. Il ne senchane plus. Ainsi que lexprime Shri Aurobindo son vouloir individuel sest laiss absorber par le vu cosmique . Lessentiel ne peut entre saisi que dans chaque instant prsent. Il est dans le Prsent, carla divine pense est au del de nos distinctions entre pass, prsent etfutur.

    Certains lecteurs ragiront en objectant que labsence de mobile,de but dans laction entranera labandon, la fuite du monde. Rien nestplus contraire la vrit. La preuve la plus premptoire nous en estfournie par les textes vridiques eux-mmes.

    Les sages indous que l'on taxe de rveurs nont-ils pas crit dans1 Isha Upanishad que l'homme est dans un corps pour se raliserpar laction.

    Nous sommes tellement corrompus par une civilisation base surle calcul, le profit, lintrt, quils nous est impossible de concevoirun rythme de vie gratuit. C'est cependant dans la gratuit et le don

    que se trouve la source de toutes les richesses. Il est heureusement dansce monde des trsors qui ne sachtent pas, qui ne sacquirent pas par

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    la lutte fratricide, par la coercition. Ils rsident enfouis dans le cur detout homme. Et chaque tre suffisamment pur et simple, affranchi des

    limites de son gosme, peut se compter parmi ceux que lon nomme tort les privilgis de la Joie Eternelle.

    Nous sommes tellement loin dapprcier la richesse de la spontanitque beaucoup dintellectuels la mprisent en la taxant dinintelligence.

    Ne perdons pas de vue que ce nest pas, parce que cesse la conscience de lego, que cesse la Vie. Celle-ci spanouit prcisment dans lamesure o disparat celle-l.

    Et quest-ce que la Vie, sinon action pure, mouvement perptuel ?

    La plupart d'entre nous sont limits par la conscience de soi ordinaire. Lorsque nous aurons compris et senti que cette dernire nest

    qu'un reflet dune Ralit immense, embrassant luniversalit des treset des choses, un grand pas se trouvera ralis dans la voie de notreralisation et du Bonheur. Nous comprendrons que le prsent peru parla conscience limite n'est quune caricature dun Prsent transcendantalet la dcouverte de ce dernier illuminera dsormais notre vie relative etprissable dune lumire absolue, ternelle.

    L'exprience du Nirvana nest rien dautre que cette dcouverte.

    Elle nest pas un acheminement vers l'inaction. Dans la mesure olhomme y tend rellement, une Force nouvelle, irrsistible sinstalle enlui, lui commande dagir, de reconstruire, de rformer tel point, quil ale sentiment de devoir se multiplier par mille afin de poursuivre les tchesurgentes que la contemplation dun monde dsax lui ordonne imprieusement de mener bien.

    Disons pour conclure : que laction pour l'homme libr ne cesse pas.Une chose cesse pour lui : lacte tar de lillusion de l'ego, lacte incomplet. Et cette abdication de lacte goste a pour ranon un panouissement infiniment joyeux de la Vie Universelle pouvant enfin agir librement, dans et par lacte individuel. Le limit est devenu un fidleinstrument de lillimit.

    Un tel homme peut vivre l'extase insondable du Prsent, tout enne quittant pas le monde. Car au-del des aspects phmres de celui-ci,il sentira, contemplera et sera lui-mme lternelle plnitude des profondeurs.

    Ram. LINSSEN.

    De l'nergie atomique

    la spiritualit de l'Univers

    Labandon des concepts habituels engendre toujours un sentiment

    de risque, de perplexit, de vide, qui nest point diffrent de lhorreurphysique suscite par la proximit de labme. On se sent comme un arbredont on a dcouvert les racines et la crainte dune culbute ne cesse pas,

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    avant que de nouvelles opinions aient remplac les anciennes et dmontrquelles peuvent nous offrir un quilibre plus lev et plus durable.

    Lesprit humain a travers trois pnibles crises dadaptation son V

    milieu cosmique. La premire eut lieu lpoque de la formation de notreplante; les anciens jusquau V ' sicle avant J. C., s en tinrent gnralement lopinion que la terre tait plane. Cette opinion navait en elle-mme rien dinvraisemblable ;au contraire, elle rpondait aux donnesimmdiates de lexprience et semblait avoir lapprobation du sens commun.Il suffisait tout simplement, de concevoir lunivers comme partag endeux moitis quivalentes lune constitue par le ciel et lautre par laterre stendant sans limites tout autour et, sans limites aussi, enprofondeur. Il fallut surmonter de nombreuses objections et rpugnancesinstinctives relatives aux antipodes, au manque de soutien, etc. pour en arriver concevoir la terre, bien avant den avoir fait le tour,comme une sphre isole dans lespace.

    La deuxime crise qui se prolongea pendant environ 2.000 ans dePythagore Gallile, eut comme sujet les mouvements apparents du cielet amena lesprit humain la certitude toute mentale que laterre tourne sur elle-mme et autour du soleil, et que rien ne permet delui assigner une position de privilge par rapport au firmament.

    La troisime crise est toute rcente. Elle eut son point de dpartdans les recherches abstraites des gomtres au sujet du V " postulatumdEuclide et de la structure relle de lespace physique et elle aboutit la conception relativiste dun espace courbe qui impose ses lignesgodsiques comme chemin naturel tout mouvement. Si lon nglige les

    dformations locales, cette dernire conception peut prendre laspect, Irelativement simple et presque intuitif, que lui a donn notamment Arthur jEddington : toute la matire de lunivers est loge dans la surface trois dimensions dune hypersphre quatre dimensions, dont lintrieuret lextrieur nont aucune contrepartie objective.

    Cest partir de cette conception dun espace hypersphrique enexpansion que se situe notre pre mire Synth se cosmique, dont nousallons rappeler les traits essentiels. Lide centrale tait celle-ci : commentexpliquer lexpansion d'un espace courbe et fini? Nous avons trouv en1936 la rponse suivante : lexpansion est le rsultat dune multiplicationcellulaire de ltendue elle-mme. Il suffit en effet, de concevoir l'hyper-sphre 4 dimensions comme un amas de cellules 5 dimensionsqui se divisent rgulirement en deux sans perdre de volume et distribuantles cellules engendres dans une tendue 4 dimensions; le rayon delhypersphre augmente avec une loi exponentielle qui permet de calculerla vitesse de rcession des nbuleuses spirales distribues la surface.La premire confirmation de notre hypothse vint de laccord constatentre la vitese prvue par la thorie et la vitese donne par lobservation.

    Ainsi rassurs sur le point de dpart, nous avons dvelopp touteune cosmogonie qui plaait lorigine du monde l'H Y PER , cellule 5 dimensions dans laquelle lespace, le temps, et la masse formaient untout homogne, une sorte de quintessence, ayant pour caractre fondamental la facult de se diviser en deux chaque re cosmique {54 mil

    lions dannes) et dengendrer un systme 4 dimensions (l O M N IE N T)dont la surface ( trois dimensions) constitue lunivers physique.

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    Cette cosmogonie, divulgue au dbut de 1938 dans les articles depresse, prsente dans un livre (LUniverso, cellula vivente) en 1940 et

    remanie profondement par la suite, reut une forme mathmatique cohrente dans une publication tirage limit (LHyper-Thorie mathmatique de lunivers comme cellule vivante) en 1943. On y dmontrait :

    1 ) Que le nombre N des protons est dterminable priori parun raisonnement bas sur la multiplication cellulaire; en effet, ce nombregale le nombre final des cellules cosmiques engendres par lHyper enaccomplissant toutes les subdivisions qui peuvent tre intrinsquementdistingues les unes des autres, cest--dire 264; par consquent

    2) Que la multiplication des cellules cosmiques se faisait de tellefaon quune cellule environ sur 128 tait anantie chaque subdivision.Toute cellule anantie engendrait une gala xie o la masse originaire

    se trouvait ralise, pour un neuvime (environ) sous forme de rayonscosmiques et pour le reste sous forme de matire, protons et lectrons.

    3) Que cette conception de la gnse des galaxies applique la Voie Lacte permettait la dtermination de son rayon en fonction desa masse et que le rsultat thorique concordait parfaitement avec lesdonnes astronomiques.

    4) Que la thorie de lHyper aboutissait la dtermination durayon actuel de lunivers, de sa masse et de son ge (environ 9 milliardsdannes) rien quen se basant sur des constantes physiques mesurablesdans des laboratoires (masse du proton, masse de llectron, valeur dela charge lectrique lmentaire, constante newtonienne. vitesse de la

    lumire, constante de Planck) cest--dire sans faire le moindre appel auxdonnes astronomiques; celles-ci pouvaient donc lui servir de contrle.

    5) Quil fallait prvoir, comme consquence de la thorie, la variation dans le temps de certaines constantes physiques jusquici considrescomme invariables; telles : la vitesse de la lumire qui est toujoursgale la vitesse de l'expansion et qui augmente en proportion directedu rayon de l'univers la constante de gravitation universelle, quigrandit environ comme le cube du mme rayon, la constante de Planck,celle de Coulomb, etc. Les seules donnes invariables sont : la massedu proton, la masse de llectron, la charge lmentaire et lre cosmique.

    Comme rsultat de notre pre m ire S ynthse cosm ique nous avions

    acquis la certitude quil est possible d'exposer en termes rigoureusementscientifiques l'volution de lunivers en partant d'une substance hyper-physique 5 dimensions. Nous allons montrer les raisons qui nous ontamens introduire une sixime dimension et les consquences principales! qui en dcoulent.

    Une substance 5 dimensions peut tre considre comme le produitde deux nergies et d une distance. En mcanique produit et synthsesont synonymes; deux grandeurs, multiplies l'une par lautre, engendrentune troisime grandeur physique qui a des caractres spcifiques. Ainsile produit d'une force (une dimension) et dune distance (une dimension)donne un travail, ou une nergie (deux dimensions). D une faon analogue le produit d'une nergie et dun temps donne une action ayantdeux dimensions et demie. Nous considrons, en effet, le temps et lavitesse comme deux demi dimensions puisque leur produit donne unegrandeur une dimension, qui est la distance.

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    La substance de lHyper, avec ses 5 dimensions, constitue donc denotre point de vue dimensionnel, le produit de deux quanta daction.Donnons l'nergie son expression caractristique daprs lquivalence

    einsteinienne : E = m.c2 (c tant la vitesse de la lumire et m la masse);donnons la distance son expression d'aprs notre premire synthse,cest--dire c.t.30 (t tant la valeur de l're cosmique et 30 le nombrequi caractrise la variation du rayon chaque subdivision, car le rayonaugmente dun trentime environ chaque re cosmique); nous pourronscrire la valeur de la panr gie (substance synthtique originaire) de lafaon suivante :

    P ~ R* R x R* x R2 e x t x 30 x m x x m x - 30 (m. c.) (m. 2. t.)

    qui exprime justement le produit de deux actions, dont lune a trait la structure du champ mtrique et lautre la structure du champgravitationnel.

    C est ici que se pose la question de savoir si lHyper doit avoirla forme dune hypersphre pleine 5 dimensions comme nous lavonssuppos dans notre premire sy nths e ou la forme dune hypersphrevide 6 dimensions, comme nous le supposons dans notre seconde synthse. Dans ce dernier cas la panr gie constitue la surface de lhyper-sphre et son expression devient :

    P 2 x 3,1 R 5 = 2 x 3,145 x 30 (m. c2 c) (m. c2 t)

    Lon saperoit tout de suite que le facteur numrique qui intervientdans cette formule vaut environ 1840, cest--dire que lune des massesdevient la masse des protons, si lautre est la masse des lectrons. Cet

    tonnant rsultat serait perdu avec la formule ancienne, qui nous donnerait, pour le volume dune hypersphre 5 dimensions, un facteurnumrique 7,85 fois plus petit (la masse des msotons).

    Lintroduction dune sixime dimension jette donc une lumire inattendue sur lorigine du fameux rapport entre les masses du proton et dellectron; lumire qui stend trs loin et qui amne la solution denombreuses questions que notre premire synthse laissait en suspensou avait peine bauches. Sans nous tendre dans les dtails, voici laconsquence la plus importante de ce remaniement : la masse de l'Onactif varie non plus en proportion inverse du rayon (comme dans la

    premire thorie) c est--dire comme ; m p

    mais comme (A ) tant le coefficient danantissement des2 t x A *

    cellules cosmiques et n tant le nombre des subdivisions accompliespar l'Hyper.

    Rappelons que a Voie Lacte sest forme aprs 36 divisions etque les anantissements dbutent avec la neuvime division; nous auronscomme masse de lOn actif, au moment de la matrialisation de laVoie Lacte, la valeur :

    mp 1m g 2^ x ( )7 = *84 6 ~ 00206 unit** e masse

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    Cette valeur de la masse de lOn actif est lorigine de toutes lestransformations chimiques qui samorcent dans notre galaxie, car lemgatron galactique peut engendrer, par anantissement, deux couples

    de charges de signes opposs (position et lectron).

    Ainsi le mgatron galactique, ou sa moiti (qui vaut exactementdeux charges) deviennent les lments explosifs de la matire: nousen avons la preuve numrique dans la transformation de lhydrogneen hlium.

    Partons des dernires donnes (1945 H.D. Smyth) relatives cettetransformation. On constate que la particule alfa (noyau dhlium) consiste de deux protons et de deux neutrons, qui donnent ensemble :

    2x 1,00758 + 2x1 ,00893 4,033 unit de masse

    Or, la masse de lhlium n'est que 4,003; il y a donc une perte de

    0,03 units de masse qui correspond exactement lanantissement de15 mgatrons galactiques. Il s'agit, remarquons-le, de particules activesqui, fixes pendant la matrialisation de la aalaxie. constituent, depuislors, des grappes 4 dimensions composes de dix milliards de cellulesinfinitsimales prtes se prcipiter dans l'espace phvsique et selancer dans toutes les directions, ainsi que le font des billes amoncelesau centre dun billard si un choc leur fait perdre lquilibre. Un processusanalogue donne lieu la radioactivit (selon les vues gnrales exposesdans notre premire synthse) et l'mission dnergie atomique pendantla fission de luranium et du plutoniom.

    Il ne nous reste donc plus aucun doute au sujet de la ncessit

    de donner lHyper une structure 6 dimensions: la seconde synthse,dont nous avons dvelopps les caractristiques dans notre cours privd H ypersoph ia. fera l'objet dune prochaine publication explicative deschangements intervenus.

    ** *

    Lintroduction dune sixime dimension dans l'Hyper ouivaut lattribution dune structure immatrielle lensemble de la ralit, carla sixime dimension n'apparat aucunement sous forme dnergie mcanique; elle a le caractre dune force vitale ou spirituelle, la prsence

    de laquelle nous devions nous attendre, puisque le processus de multiplication de lHyper est typiquement un processus biologique.

    Lesprit contemporain tait la recherche d'une solution intgraledu problme de l'univers, qui ft comparable aux systmes du mondepar lesquels la pense grecque a brill et dont il nous reste, dadmirablesdocument, les trois vastes conceptions dAristote, dEpicure et desStoiciens. Ces conceptions matresses avaient jet les bases de deuxinterprtations opposes de la ralit : les atomes dun ct, et lUn del'autre; interprtations qui se perptuent de nos jours sous les noms dematrialisme et de spiritualisme et dont l'une semble dominer la scienceet l'autre la vie morale, creusant un abme insurmontable entre la con

    naissance rationnelle et la connaissance religieuse.Mais le matrialisme est en crise du fait de la faillite, dans le

    domaine scientifique, du concept de matire; de mme, le spiritualisme

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    se heurte de graves difficults dans la dfinition de l'esprit et desrapports de ce dernier avec la matire. Le problme devait tre reprisab imis en partant d'un nouveau point de vue qui permette de considrer

    ces rapports sous langle du raisonnement gomtrique. C est ce quenous avons ralis par la rduction pralable de toute ralit l'tendue;une tendue qui n'a pas trois dimensions comme lespace ordinaire, maissix; quelque chose, en somme, comme un espace lev la deuxime

    pu issance.

    Ainsi, i'On hyprien (la particule primordiale) surgit de luniformitdu champ sans possder une nature essentiellement diffrente du champ:

    la matire devient un nud sur le fil de lespace; lespace physique, son tour, reprsente la surface dune hypersphre 4 dimensions dont

    le temps-lumire (nous lappelons ainsi pour le distinguer du temps pur,qui est une sub-dimension) est le rayon; la masse, enfin, nest plus

    envisage comme une substance particulire, mais comme un hyper-volume. A tout cela sajoute lesprit, ou force vitale, qui met en branlela multiplication de lHyper et donne essor finalement la vie.

    Le monde de ces phnomnes physiques se prsente alors commeune manifestation superficielle de l'Hyper six dimensions; la panrgie nest que le diffrentiel du volume de la sextisphre et nous pouvonslier les deux entits par la formule :

    2 3,14* R5 = DIEU + 3,143 R t3

    o Dieu est une constante, qui disparait chaque fois que nous drivonsle rel absolu pour atteindre le rel physique, matire et nergie. Nous

    pouvons donner laction divine la valeur d'une septime dimension eten faire le rayon d'une septisphre dont la surface est constitue partout le possible; nous appellerons cette forme, qui implique la divinit,Hyposphre. On ,peut alors considrer lHyper comme une projectionde la pense divine sur lcran du possible, et lvolution cosmique prendle caractre dune onde londe du rel qui parcourt la sphre dupossible.

    L 'Hypersophia est donc une doctrine scientifique intgrale de l'absolu, la seule, notre avis, qui aie fait son apparition depuis les tempsdAristote, irralisable encore il y a vingt ans, alors que l'expansionde l'univers tait insouponne, elle a pu se nourrir de limmense travail

    scientifique de notre poque; mais elle nous met en face dune ralitqui na plus les caractres des choses sensibles. Est-ce l une dfaite ?Au contraire, c'est laboutissement logique des prrmisses sur lesquellestoute connaissance est fonde.

    professeur Mario Viscardini

    Avril 1946

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    Narada, Avatar de Vishnoupar Jean Herbert

    Les Occidentaux, et ceux qui en Orient leur emboitent le pas, sontenclins senorgueillir de ce quils envisagent maintenant le mondeavec les yeux de la science et de ce quils ont mis au rebut, pour cequi concerne la vie pratique, la plupart des conceptions mythologiques,religieuses, philosophiques, qui jadis servaient de guide aux hommes.Ils ne se laissent gure troubler par le fait que la science occidentalenen est encore qu ses premiers bgaiements. La toute rcente dcouverte de lnergie atomique, loin de nous enorgueillir, aurait d nous

    aider comprendre ltonnante exiguit du domaine sur lequel portentactuellement nos connaissances scientifiques. La rapide succession desthories par lesquelles on explique la composition mme de la matirenest pas moins dconcertante que lignorance congnitale dans laquellereste la science en ce qui concerne lorigine et la fin ultime de cettemme matire et la nature mme de tous les phnomnes et de toutesles substances qui ne relvent pas du domaine purement matriel surle plan que nous appelons ici-bas .

    La mythologie, plus tard la religion, et plus tard encore la philosophie ont revendiqu des domaines plus vastes et rien ne permet jusquici de conclure que ces prtentions taient injustifies: bien au contraire

    nombreux sont les points prcis o la science a inopinment rejoint lesenseignements des livres sacrs de la plus haute antiquit et de philo-sophies considres depuis longtemps dsutes. La science est probablement le don le plus rcent que Dieu ait fait lhomme et nous devonssans cesse ltudier et lapprofondir pour en tirer le maximum, mais ilne faut pas cesser pour cela dutiliser avec foi 'et respect les autres voiessur lesquelles lhomme avait t engag antrieurement et en particulierle Mythe, quun grand pote suisse, Cari Spitteler, appelait le premier-n des enfants de Dieu .

    Les critures sacres hindoues sont particulirement riches en ceque nous appelons des mythes. Si, au lieu de vouloir les dissquer comme

    des curiosits archologiques avec des disciplines intellectuelles modernesqui ne sont pas destines cet usage, nous en cherchons linspirationprofonde et ce que leur tude peut nous donner dans le domaine de lavie pratique, nous serons surpris des leons quils reclent.

    Sans doute serait-il vain pour des occidentaux de sappesantir surla valeur proprement historique de ces rcits; et dailleurs, quand nousen sommes encore nous demander si Shakespeare a vraiment crit lespices quon lui attribue ou si Hitler est vritablement mort, il ny arien de surprenant ce que des sages qui se situeraient plusieurs millnaires avant notre re naient laiss des preuves irrfutables pour lacritique occidentale ni en ce qui concerne leur action et leur enseignement,

    ni mme quand leur existence.On peut toutefois trouver dans ces textes sacrs, en dehors dindi

    cations rituelles qui nous sont trangres ou de cosmogonies qui restent

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    pour nous sans attrait, de prcieuses explications d'ordre mtaphysiqueet aussi de profondes tudes de psychologie individuelle ou collectiveportant plus particulirement sur les possibilits de dveloppement spirituel.

    L un des mythes qui ont exerc la plus grande influence sur la viede centaines de millions d'hommes, toutes les poques depuis quelquesmilliers d'annes, est celui des avatars de Vishnou. Lune des trois formesque prend pour les Hindous l'aspect personnel de la divinit est celledu grand Protecteur ou Conservateur, Vishnou, qui soppose aux formescratrices, Brahm, et destructrices Shiva. Sous cet aspect de protecteur,le divin est plus ou moins frquemment amen intervenir directementdans le jeu mme de lunivers en y prenant la forme d'une cratureanimale ou humaine. Ce sont ces incarnations que l'Inde appelle desavatars.

    Contrairement ce souhaiterait notre souci de classification limitative, le nombre des avatars de Vishnou nest fix par aucun doameet certains textes sacrs non seulement en donnent plusieurs listes diffrente et contradictoires, mais encore ne craignent pas de nous dire dansle mme verset quil y en a peut-tre 10, peut-tre 20, peut-tre 100, etpeut-tre une infinit. S il sagit dune action extraordinaire du divin,choisissant de se prsenter sous une forme limite, il n'est pas tonnantque les lois de la logique humaine pragmatique ne trouvent pas s'appliquer. La liste la plus couramment admise comporte 10 avatars successifsdont les trois premiers se prsentent respectivement sous la forme dunpoisson, d'une tortue et dun sanglier. Le poisson (M atsya) sauve dudluge le grand anctre de la race humaine. La tortue (Krma) permetdarracher locan de la non-diffrenciation tout ce qui peut fairelobjet du dsir humain. Le sanglier (Varha) sauve la terre que desdmons avaient fait sombrer dans l'ocan. Il nest pas interdit de voirdans ces trois interventions la descente du divin dans les trois plans queShr Aurobindo appelle respectivement le mental, le vital et le matriel etsans doute beaucoup de chrtiens ne s tonneront-ils pas que, sur le plandu microcosme tout au moins, ltincelle divine qui sera lhomme pr-existe la conception qui la fait entrer dans la vie et la croissance prnatale et post-natale qui la relie la matire . La quatrime incarnationde Vishnou, lhomme lion (Nrisimha) vient permettre cette me humaine enchane dans la vie et la substance matrielle de sarracher une

    hrdit paralysante pour se tourner vers la recherche spirituelle.

    Les trois avatars suivants apportent la base morale sans laquellecette recherche maintenant possible ne saurait tre efficace. Vamana faittriompher la morale dans la vie politique en reprenant les trois mondesau roi des dmons. Parashurma la fait rgner dans la vie sociale endtruisant les champions de la force physique pour tranfrer leur pouvoiraux aptres de lthique. Rma la fait rgner dans la vie de famille enlemployant pour rsoudre tous les problmes qui peuvent sy opposer.

    Vient ensuite le huitime avatar Krishna, le plus parfait de tous,dont les enseignements laissent de ct la morale suppose acquise et

    emploient toutes les forces de la nature humaine et de la nature cosmiquepour pousser lme vers la plus haute ralisation spirituelle.

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    Il est difficile de parler de Bouddha, le neuvime avatar, car laplupart de ses adorateurs se considrent en dehors de lhindouisme et nevoient pas en lui une incarnation de Vishnou. Peut-tre son rle tait-il

    de permettre lhomme de passer au del de la conception du Dieupersonnel.

    Quant au dixime avatar, Kalki, le cheval blanc, il nest pas encorearriv. On peut en parler dautant moins que chaque incarnation divinea pour but de faire raliser, par la cration en gnral et l'humanit enparticulier, un nouveau pas en avant quil tait jusque l impossible deprvoir. Tout au plus la description quon en donne peut-elle laissersupposer qu'il prsentera la puissance absolue, cest--dire, dans la mesure o nous pouvons nous limaginer, celle qui ne peut se heurter aucune opposition.

    Une autre liste galement clbre dans lInde donne 22 avatars,dont plusieurs nous sont beaucoup moins familiers. Le premier est lePurusha, le grand tre cosmique dont le dmembrement donne naissance divers lments qui constituent l'univers. Le deuxime, le sanglier(Varha) soulevant de son butoir la terre immerge dans locan, organise la cration en tirant du chaos les lments rests jusqualors sansrapports organiques entre eux. Le troisime est le chantre divin Nradaqui fait son apparition ds que le monde a pris forme. Il est permis devoir en lui l'me individuelle (Jva) dans la perfection essentielle de sanature vritable et de son action propre ou, en dautres termes, lindi-

    viduation consciente de soi dans la perfection de son principe commede son objet. ( ) II est tout particulirement caractris par la rechercheet la manifestation dune harmonie qu'il exprime constamment, non paspar la monotonie et luniformit, mais grce une orchestration pleine,complexe et subtile laquelle chaque instrument doit apporter sa contribution particulire. Les enseignements de Nrada conduisent certes verslUnit de lAbsolu ceux qui la cherchent et qui sont prts ;pour elle,mais comme ceux-ci ne reprsentent quune minorit numriquement infime et ngligeable, l'essentiel de son action reste quil maintient, encourageet dveloppe la multiplicit sur le plan de la manifestation. Par dessustout, il est le type parfait de l'adorateur dans la dualit de lamour

    pour Dieu.Alors que beaucoup des principaux avatars ont pour rle, soit dinter

    venir violemment dans la vie mme du monde, soit dtre des instrumentsparfaits pour la ralisation de la volont divine, le rle de Nrada consiste plutt rvler chaque individu les intentions de Dieu en ce quile concerne. Il est vritablement le messager entre Dieu et les hommes.Les innombrables passages de toutes les Ecritures qui nous parlent delui le montre gnralement, soit provoquant des instructions divines, tanttpar d'autres grands sages, tantt directement de Dieu, soit donnant

    (*) Une excellente tude sur Nrada a paru dans The Voice of India (SanFrancisco, mai 1945). Plusieurs des citations et des ides du prsent article y ontt puisei.

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    lui-mme de telles instructions, tantt en termes abstraits, tantt sousforme de conseils prcis et concrets. Toujours il conduit lme individuelle la ralisation et la plnitude de sa propre ralisation par son propresvadharma.

    On a dit que de nouvelles lgendes se constituent sans cesse autourde lui et cest probablement vrai; mais il serait sans doute plus exact dedire qu'avec le temps on a compris son rle de plus en plus compltementet on peut ainsi le dcrire d'une faon toujours plus varie tout en restantdans les limites de la vrit.

    ~ 152

    Bien quincarnation de Vishnou, Nrada est fils de Brahm, cequi nest pas pour nous surprendre puisqu'il est un des lments fondamentaux de la cration, quil joue un grand rle dans son droulement

    et qu'il doit disparatre avec elle. On dit parfois quil est sorti des cuissesou des hanches du Crateur, quelquefois aussi de sa gorge. Les rapportsentre son pre et lui sont d'ailleurs fort agits. Les Orientalistes d'Occi-dent nont pas eu de peine crier au scandale loccasion de ce mytheparticulier quand ils ne se contentaient pas de le considrer commeridicule. Comme il convenait au crateur de la multiplicit, Brahm dsirait que son fls prit forme et ainsi peuplt le monde; mais Nradatait avant tout pouss vers sa propre nature, celle de Vishnou. Aussisoutint-il avec nergie et obstination que son rle, cest--dire le rlede lme humaine, tait moins de procrer que de se raliser par ladvotion au Seigneur. Devant l'insistance de son pre, Nrada ne put

    faire autrement que de le considrer comme un matre qui induit sesdisciples en erreur. Ce sur quoi Brahm. restant parfaitement logique,condamna son fils vivre dans la sensualit et tre domin par lesfemmes. La nature particulire de cette maldiction rsulte logiquementde la constatation que lindividu qui veut chapper lemprise de sanature physique avant de savoir orienter les forces ainsi rendues disponibles, est menac par lobsession sensuelle. Nous verrons plus loinles consquences de cette maldiction. Sur le moment, Nrada, loyallui aussi envers sa propre nature et sa propre loi, maudit son pre,le condamna ne plus jamais tre lobjet dadoration et dsirer cellequil serait contre nature pour lui de dsirer. Depuis ce jour, le Crateurdu monde ne fut plus lobjet daucun culte: dcouvrant la beaut de sa

    propre fille, il la poursuivit de son dsir. Et cela aussi est parfaitementlogique. La maldiction que Brahm avait lance contre son fils devait,comme toutes les maldictions, retomber sur son auteur. Aussi tomba-t-il amoureux de la propre cration symbolise par sa fille et oublia-t-ille rapport fondamental qui existait entre elle et lui. Certains textes nousdisent mme qu'afin de jouir delle pleinement il dut sabaisser jusqula condition infra-humaine et obliger sa fille en faire autant. Rappel une plus haute ralit par les sages, le Crateur reprit conscience desa vritable nature et son fils put de nouveau se prosterner devant lui.

    Aprs quoi, soumis et obissant, il prit, comme son pre le luiavait ordonn, le corps dun gandharva, cest--dire dun gnie, d'un

    musicien cleste. Sous le nom dUpavarhana, cest--dire le trs adorable,i! vcut ainsi pendant 300.000 ans entour de ses 50 pouses. On ne

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    saurait mieux dcrire cette tape de son volution quen reprenant lestermes mmes de la maldiction paternelle, telle quelle nous est rappor

    te par le Brahm-vaivarta Purna : tu perdras toute connaissancede ta vritable nature; tel un cerf en rut, tu vivras une vie dissolue,aim seulement des femmes. Tu seras ador plus que leur vie par 50pouses dans la fleur de leur jeunesse et de leur beaut. Tu seras sanscesse assoiff de plaisirs sensuels aprs avoir captiv le cur de cesfemmes. Tu deviendras plus que matre dans la science de lamour.Tu dsireras toujours le commerce charnel et sur la science de lamourtu en sauras plus que le matre lui-mme des gens dissolus. Tu serasle matre des Gandharvas, ta voix sera mlodieuse et ta jeunesseternelle. Tu seras grand chanteur et grand joueur de. luth. Tu serassage, intelligent, ta parole sera mielleuse et ton caractre paisible. Lors

    que tu auras joui de la socit de ces femmes luxurieuses pendant 100.000annes clestes, dans la solitude de la fort, tu abandonneras cette vieet tu reprendras naissance comme fils dune esclave. Aprs cela, mon fils, la compagnie des adorateurs de Vishnou et le fait de lesservir, joint la grce du Tout-Puissant, te ramneront ton tat original cest--dire que tu redeviendras mon fils .

    Les Gandharvas sont dans la mythologie hindoue des gnies qui,avec les Apsaras ou nymphes clestes, accompagnent les Dieux danstoutes les ftes et toutesles rjouissances. Ils sopposent parfois aussiavec violence aux mortels qui ont trop grande confiance en eux-mmeset qui veulent triompher de toutes les difficults par la force brutale.

    Ce ne sont pas seulement les courtisans de Kuvera, le dieu de la richesse.Ils sont aussi lese plus grands facteurs et les plus grands champions delharmonie laquelle on parvient par la beaut et qui constitue uneoffrande digne dtre dpose aux pieds de Dieu.

    Pendant cette priode de sa vie, on raconte que Nrada tudia lamusique intensment durant 1.000 ans, mais lorsquil revint sur terre fierde ce quil avait appris il vit soudain des tres difformes, horribles, repoussants qui, lorsquil leur demanda qui ils taient rpondirent : noussommes tes chansons. Terriblement du, il continua ses tudes dabordavec des matres que Dieu lui envoya et ensuite avec Dieu lui-mme,et cest ainsi quil en arriva au point o sa musique remplissait toute

    la cration dune extase et dune joie divines .C est mme Nrada que lon attribue linvention de lavin,le

    plus parfait de tous les instruments de musique, quil porte toujours aveclui, cet instrument si pris dans lInde aujourdhui encore et dans lequellorsquon fait vibrer une corde d'autre cordes vibrent non pas l'unissonmais en harmonie. Et on ne saurait trouver de meilleur symbole de laction du grand protecteur de la multiplicit. Vishnou.

    Lexprience acquise par Nrada dans cette vie de Gandharvala certainement mis en tat de mieux comprendre les mortels pris dansles rets de Myj et qui luttent contre toutes les tentations auxquellesnotre genre est sujet. Il peut dautant mieux s'apitoyer sur leur sort

    et leur apporter son appui.( suivre).

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    Histoires pour Petits et Grands

    II tait une fois... Qui ne se souvient de la fascination exercepar ces mots magiques qui portrent notre jeune imagination vers delointaines et fantastiques contres!

    Les contes de fes qucoute avec ferveur ou que feuillette l'enfanttout merveill par les feriques images, gravent dj dans son subconscient de profondes et ternelles vrits. Car les histoires de nos mres-grands, tout comme les rcits mythologiques, refltent les lois divineset les choses de ce monde. L'intuition de quelques hommes nous les aprsents sous des formes dune navet souvent voulue, afin que seralise la parole vanglique : Si vous ne devenez comme des enfants,,vous n'entrerez point dans le royaume des cieux . (Matthieu Ch. 18v. 3).

    S il nous tait permis de compulser tout ce que la littrature trangre et la ntre nous offrent dans le domaine de la lgende, nous ytrouverions de surprenantes similitudes, car la Vrit est Une et tousles hommes sont enfants dun mme Pre.

    De race en race, des messages nous ont t transmis sous desformes multiples mais inspires par la mme source. Ces messages sontpareils des prires ou des ordres que nul ne pourrait transgresser.A nous de les dchiffrer dans le grand livre de la Vie. Le temps ne

    peut en effacer les pages, car, cest lEternel Prsent se rptant linfini.

    Il tait une fois voque aussitt dans notre pense, l Un ouUnique Dieu, crateur de toutes choses, du ciel et de la terre, et quel'on peut retrouver la base des grandes traditions millnaires et lorigine des puissants courants spirituels rpandus sur lhumanit, quilssoient dOrient ou dOccident.

    Cette affirmation de l'Unique, se peroit d'une faon particulirement claire en deux prceptes gnralement jugs inconciliables : lunappartient au Christianisme, lautre la tradition hermtique.

    Le premier sexprime dans la prire chrtienne : Que Ta Volontsoit faite sur la Terre comme aux cieux . Le second est celui quHermsTrismgiste grava dans la clbre table d'Emeraude et qui affirme : ce qui est en bas est comme ce qui est en haut . La mme pensedUnit et dHarmonie s'en dgage.

    Dautre part, lorsque Jsus-Christ prsente le Saint-Graal ou coupedEmeraude ses disciples en leur disant : Buvez, ceci est mon sang il raffirme peut-tre sous une forme plus voile, lalliance du divinavec lhomme.

    Admettre ces vrits cest possder la cl dor nous permettantdouvrir bien des portes. Nest-il pas curieux de constater lanalogie

    qui existe entre la table dHerms et le Saint Graal : tous deux sonttaills dans lmeraude. Or, cette prcieuse matire et la couleur vertesont les symboles de la nature ou de la Vie manifeste sur le plan

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    matriel. Il ne semble pas que ce soit le hasard qui en dcida le choixpar le Sauveur divin et le grand Initi Herms pour exprimer le message

    de Dieu.Toutes les tribulations par o passent les hommes dans leur course

    perdue vers le bonheur, le travail titanesque des lments composantla nature, l'impitoyable loi de cause effet, nous sont dailleurs suggresdune manire voile et ferique dans bien des contes et lgendes detous pays, telle une interminable broderie sur la trame du Temps. Ilsnous dmontrent que lHarmoie parfaite cest--dire : lquilibre entrelesprit lumire et lme matire, ou entre le haut et le bas, la fusiontotale en Dieu, la transmutation du mal en Dieu, sont les buts suprmesde la Vie.

    Avant dessayer de dgager les vrits profondes que rclent ces

    contes, il faut avoir bien prsent lesprit que Dieu, dans sa manifestation positive et ngative, cra lhomme et la femme. Il nous fautaussi considrer l'me comme centre des motions et du sentiment etcomme vhicule d'une plasticit trs subtile, agissant surtout dans leplan dit astral par les occultistes. Ce plan serait rattach suprieurement lesprit et infrieurement la matire. Nous ne pouvons nonplus perdre de vue que cet astral joue un rle prpondrant dans lescontes de fes : sans lui, les enchantements et ensorcellements ne trouveraient aucune explication vraisemblable.

    Les rves parfois fantastiques raliss pendant le sommeil, donnentdj au lecteur peu averti une notion de ce que peut tre ce plan.

    Lme est lexpresion de lternel fminin; le reflet ou My desIndous, ct ngatif du Divin.

    Lesprit c'est l'tincelle divine, manant du grand foyer de Lumirecest la Conscience Suprieure, le veilleur silencieux .

    En tant que Conscience spare, l'esprit peut sobscurcir et commettre bien des erreurs, selon quil se laisse, en sloignant de la sourcede Lumire Divine, embrumer par les plans infrieurs. Comme nousl'avons dj exprim, lesprit apparat comme la manifestation positivede Dieu, tandis que lme exprime les attributs passifs et rceptifs.Lme tant symbolise par la femme, lesprit lest par lhomme. Nouscomprenons mieux ces analogies, si nous considrons le mode de crerla vie, de l'un et de l'autre.

    Te lle ltincelle, le premier cre spontanment. C est la rvlationou illumination soudaine que seul peut provoquer lesprit.

    Telle la nature et telle l'me cristallisant la pense spirituelle reue,la seconde cre un long et douloureux travail denfantement.

    Dans nos contes de fes, la belle princesse perccute ou la bergrepousant le prince Charmant sont les enfantines figures de lme entravail dans la matire, le prince beau comme le jour, reprsente l'esprit.

    La conqute de l'me par lesprit se retrouve dans la potique imagedAppolon, dieu Solaire poursuivant sa soeur jumelle, Phoeb ou la lune,dont il est pris.

    La chute de l'me dans la matire nous est suggre par de nombreux contes tels que L a belle au bois dormant, Cendrillon ,

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    Peau d'ne , dont les noms trs suggestifs expriment la beaut radieusedissimule en une grossire enveloppe. La mythologie grecque nous offrePersphone, Eurydice et Psych, ces douloureuses exiles du Bonheur.

    Essayons danalyser quelques dtails de la Belle au bois dormant :1a princesse eut de son union avec le prince Charmant, deuxenfants nomms Jour et Aurore. Ces noms ne pouvaient tre mieuxchoisis si l'on se souvient que leur pre est le symbole de lesprit solaire!Aussi dans la religion gyptienne, le Soleil tait le centre du culte :celui qui devait venir, celui qui illumine et cre la Vie.

    Une mchante reine manifeste le dsir de dvorer la Belle et sesenfants, pendant une absence du prince. Fort heureusement celui-cirevient temps pour les sauver: et la mgre se donne elle-mme lamort.

    Nous pouvons peut-tre tirer de cette histoire, une trs utile leon :cest que toute absence de la Conscience Suprieure peut livrer lmeaux forces malfiques qui tendent en dtruire les qualits et la forced'lvation. Mais si l'esprit, ce veilleur silencieux, reste prsent et domine, le mal se dtruit de lui-mme.

    Les forces mauvaises, de mme que les preuves karmiques seprsentent dans les lgendes sous la forme de personnages hideux,mchants, se voilant quelquefois d'une beaut et dune douceur factices.Le plus souvent nous les voyons surgir sous les traits de la vieille feCarabosse ou de Croquemitaine. Il leur arrive de manger de la chairfrache, comme nous venons de le voir dans lhistoire de la Belle aubois dormant. La mythologie grecque nous parle de Cronos ou deSaturne dvorant ses propres enfants. On nous le prsente sous lestraits dun vieillard, arm dune faulx et dun sablier. Chose curieuse,lastrologie traditionnelle accorde prcisment la plante Saturne unesignification de mort et dpreuves; du moins dans son influence malfique.

    La cause qui plonge lme dans lobscurit ou dans la mort, estpresque toujours un lment de tentation, ou encore un choc douloureux; c'est la vue dune fleur ou dun fruit qui suscite le plus souventiirrsistible envie de les cueillir, ou bien c'est la piqre dun serpent.

    Rappelons aussi la Belle au bois dormant qui se blesse au fuseaude la vieille fe; de l son sommeil dun sicle au fond de la fort.

    Ce ct malfaisant est mis en relief par le symbolisme de lastrologietraditionnelle qui le figure par le signe zodiacal du Scorpion. Ce signereprsente les passions, les dsirs ,1a mort mais aussi la rsurrection.

    Notons-le, cette rsurrection signifie que le mal peut tre transmuen bien. Le serpent prend alors un sens suprieur ainsi que dans lecaduce de Mercure, symbole de lInitiation.

    Citons encore le douloureux mythe dOrphe, le musicien grec,dont la femme Eurydice meurt de la morsure dun serpent et est prcipite en enfer. Orphe plor, part sa recherche mais ne peut laconqurir qu' condition de ne la regarder quaprs avoir franchi leseuil du funbre sjour.

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    Orphe ne peut contenir son impatience contempler sa femme etse tourne trop tt vers elle. Il perd Eurydice cette fois irrmdiablement.

    Errant et pleurant sa douleur, l'imprudent meurt dchir par les Bacchantes.

    Si nous considrons Orphe comme symbole de lesprit, son histoirenous le prsente dans sa fusion avec lame mais embrum par lillusion de la forme. Il ne peut franchir les limites du monde matriel ouinfernal et perd ainsi la vue du grand foyer de Lumire. N ayant plusaucun pouvoir suprieur sur lme, il la laisse sabandonner au nantet sgare lui-mme hors de la Voie Divine.

    Voici lhistoire de Persphone, fille de Dmter, desse des moissons : Persphone, en jouant dans une prairie, dcouvre une fleur plussduisante que les autres. Elle veut la cueillir et aussitt, le sol souvre

    sous elle. Pluton, seigneur des Enfers surgit du gouffre bant et yentrane la malheureuse jeune fille pour lpouser.

    Dmter obtient de Pluton que son enfant lui soit rendue sixmois chaque anne. Quel clair symbole de lalternance des rveils la Lumire et des engourdissements dans lobscurit de la matire. Persphone symbolise lme passant par une srie de rincarnations avantle but suprme.

    D ailleurs certains auteurs voient aussi en ce mythe, ces tribulationsdu rgne vgtal qui meurt lhiver pour renatre au printemps. Leurpoint de vue est incontestablement exact et peut complter le ntre, car,

    ne sommes-nous pas nous-mmes pareils des grains de bl sems parle Divin Moissonneur et notre mort ne contient-elle pas la promessedune rsurrection la Lumire?

    Il est crit : Le royaume des Cieux est semblable un trsorcach dans un champ . Jsus-Christ offrant le pain et disant : Prenez,ceci est mon corps fit-il autre chose que de nous rvler l essencedivine du grain de bl ou de lhumanit en travail?

    ( suivre)

    Suzanne DE RUYTER.

    Lumires sur la thoriedu professeur Viscardini

    par Ram Linssen

    Les auteurs de thorie nouvelles sont parfois conduits user d'unlangage nouveau dont la porte exacte chappe au public. C est afind'viter de telle confusions, que nous nous proposons de vous donnerquelques lumires sur la thorie de lHyper du professeur Viscardini.Quest ce que Yhyper ?

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    Si nous reprenons la dfinition quen donne le savant italien nouslisons la p. 23 de son ouvrage : Nous donnerons le nom d'Hyper lacellule gnratrice de lUnivers, et nous dfinirons l'Hyper comme unesphre de 6 dimensions qui a la proprit de se subdiviser spontanmentpar termes pairs, en distribuant les cellules engendres dans une sphre 5 dimensions. Au systme de toutes les cellules engendres par l'hyper un moment donn de son volution nous donnerons de nom de OM -NIENT.

    Dans l'Hyper, l'espace, le temps et la masse sont en synthse, desorte que, hors de lHyper, il ny a rien, pas mme ltendue. Cest lHy-per qui cre, en se multipliant, l'espace temps o se distribue lOmnient;mais lespace-temps, son tour, se dissocie en espace et en temps causedu mouvement de lexpansion.

    Il ne faut donc pas confondre l'Hyper avec le cosmos, avec l'universphysique qui nen est, quune manation. Ce qui est sujet lexpansionnest plus lHyper, mais l'Omnient. Lunivers physique est, pour employer lexpression du professeur Viscardini, dans 'corce de l'Omnient,qui a 3 dimensions spatiales et contient toute la matire et lnergie ralises jusquici au cours de lvolution cosmique.

    Quel est le rayon de lHyper ? Lhyper est une immensecellule dontle rayon est de 7,88 X lO^.cm.

    Cet hyper effectue 264 divisions. Ces divisions se rpartissent dansdautres dimensions et sont responsables de lexpansion universelle.

    Chacune de ces divisions porte le nom de cellule cosmique.

    Le temps au cours duquel seffectue chaque division de lhyper encellule cosmique est valu 54.000.000 dannes. Cette priode portele nom dre cosmique. Les cellules cosmiques 5 dimensions se distribuent dans une couche 4 dimensions nomme l'Omnient.

    L'ensemble de lUnivers double son rayon en 20 rescosmiquessoit 20 X5 4.000 .000 danne : = 1.080.000 dannes.

    Quel est le rayon dune cellule cosmique ? Il est donn par la formule

    R

    1 '

    o lexposant n est le nombre de divisions subies par lhyper, o R estle rayon de l'Hyper. Ce rayon diminue donc chaque division.

    Aprs 264 divisions, les cellules ne se divisent plus. Elles ont atteintlextrme limite dans laquelle leur masse nest plus divisible. Le rayondune cellule cosmique lors de la 264 division est de

    R R R 7.88 X 10

    2 ; ' 2 " ' " 2 ' i o 16 7,88 x 1 ( 8 c m '

    Quelle est la masse d'une cellule cosmique aprs 264 divisions ?

    Elle est quivalente celle du proton.

    Ce qui signifie que la masse initiale de lHyper tait de

    223* X la masse du proton soit 226* X 2,96

    Quentend-on par ons hypriens ?

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    Les ons hypriens sont des particules 5 dimensions possdantla masse dun proton et la charge dun lectron.

    Ils ont donc la mme masse quune cellule cosmique, mais ils pos

    sdent un rayon infinitsimal soit 151,5 X 10 cm.

    Les mgatrons sont des ons actifs qui, lors de la formation dela Voie lacte ont perdu leur activit et se sont fixs lvolution qu'ilsavaient atteinte.

    Les ons inactifs sont reprsents par le proton.

    La masse de mgatron est de 0,00206.

    Voici titre indicatif, un tableau comparatif des principaux lmentsde la cosmogense du prof. Viscardini :

    Hyper : rayon : 24 797,88 X 10 cm. M asse: 2,9 X 10 .

    cellule cos- 8mique: rayon: 7,88 X 10 cm. M asse 1 Charge 1 lectron

    on hyprien : 15rayon: 1,5 X 10 cm. Masse 1 Charge 1 lectron

    mgatron : Masse : 0,00206 Charge 4 lectrons

    - 159 - _

    Comment se prsente la constitution de la matire daprs cettethorie ?

    Le neutron = 1 on + 4 mgatrons1 on = ' masse = 14 mgatrons = 0,00824

    masse neutron : 1,00824

    Le proton se compose de :1 on masse = 1,000003 mgatrons : 6181/2 mgatron : 103charge lectron : 048

    1.00769

    Les neutrons renforcs :

    = neutron ordiniare : masse 1.00824+ 1 couple charge

    (positron-lectron) 103

    1,00927

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    Toute matire contient un mlange de neutrons 1,00824 et 1,00927.

    La moyenne de ces deux neutrons donne : 1,00875.

    Le professeur Smyth, auteur du rapport du gouvernement amricainsur la Bombe atomique arrive 1,00893.

    160

    Nouvelles diverses

    Au moment de mettre sous presse, M. Ram Linssen reoit une lettre

    de Krishnamurti, annonant son dpart pour les Indes, par la NouvelleZlande et l'Australie, ainsi que sa visite en Europe pour lt 1947.

    Le Swami Siddeshwarananda, charg de cours aux Universits deToulouse et Montpellier prendra la parole lInstitut Suprieur deScience et Philosophie : 71 rue de la Victoire, le mardi 18 juin 1946 20 h. Prix des places : 30, 50 et 100 frs.

    C OR R E S PON DA N TS E TR A N G E R S :

    France : Elisabeth Dupont : Domaine de lEtoile, route de Pessicart,Nice. A L P E S M A RIT IM E S.

    Congo Belge : Mr. Franois, Conservateur des Titres Fonciers,Costermansville. Kivu. Congo Belge.

    Librairies, o se trouve la revue Spiritualit :

    Librairie Ehlers : r. Jean Volders, St. Gilles

    Librairie du Sicle : r. du Midi, E/V.

    Librairie Lammertyn : r. Coudenberg, E/V.Librairie des Sciences : r. Coudenberg, E/V.

    Librairie dIxelles : 118 ch. dIxelles. XL.

    Librairie Castaigne : r. Montagne aux Herbes. E/V .

    im rr Ea V AN DERSTI CH ELEN, 1 3 , ru e Al l r d Clu y n a < j r , S ru x. , t l . 3 7 .2 0