Spartacus, l'esclave qui fait trembler Rome

10
ALL 7.40 € / BEL 6.80 € / ESP 6.90 € / ITA 6.90 € / GR 6.90 € / PORT CONT 6.90 € / LUX 6.80 € / CH 11.80 FS / MAR 65 DH / TUN 6.9 TND / CAN 10.5 $ CAN / DOM 6.90 € / MAY 8.20 € / TOM/A 1650 CFP / TOM/S 900 CFP DéCOUVERTE : CaRThagènE, lE TRésOR DEs CaRaïbEs NUMÉRO 5 - MAI-JUIN 2012 spaRTaCUs L’esclave qui fait trembler Rome spécial 3:HIKSLI=XUZ^U[:?a@a@k@p@a; M 08183 - 5 - F: 5,90 E - RD lEs  aRènEs DE  pOmpéi  En 3D

description

Spartacus, l'homme qui a fait trembler Rome au 1er siècle avant notre ère, est entré dans la légende. Les meilleurs historiens font revivre l'épopée de ce champion de l'arène devenu chef de guerre, à la tête d'une armée de milliers d'esclaves.

Transcript of Spartacus, l'esclave qui fait trembler Rome

spécia

l

ALL 7.40 € / BEL 6.80 € / ESP 6.90 € / ITA 6.90 € / GR 6.90 € / PORT CONT 6.90 € / LUX 6.80 € / CH 11.80 FS / MAR 65 DH / TUN 6.9 TND / CAN 10.5 $ CAN / DOM 6.90 € / MAY 8.20 € / TOM/A 1650 CFP / TOM/S 900 CFP

DéCOUVERTE : CaRThagènE, lE TRésOR DEs CaRaïbEs

spar

tacu

s -

déc

ouv

erte

: ca

rth

agèn

e, l

e tr

éso

r d

es c

araï

bes

ma

i-ju

in 2

012

– n

° 5

– 5,

90€

numéro 5 - mai-juin 2012

spaRTaCUsL’esclave qui fait trembler Rome

s p é c i a l

3:HIKSLI=XUZ^U[:?a@a@k@p@a;M 08183 - 5 - F: 5,90 E - RD

lEs aRènEs DE pOmpéi En 3D

6 historia spécial mai-juin 2012

numéro 005 – mai-juin 2012sommaire04 le saviez-vous ?08 spartacus fait son cinéma10 les dates clés12 repérage

esclave dans l’arène16 un esclave en route vers la gloire

Itinéraire d’un prisonnier de guerre devenu le meneur déchaîné de la plus grande révolte servile qui ait secoué Rome…� par Éric Teyssier

24 À l’école des gladiateurs Le ludus est le passage obligé pour tout captif destiné à combattre dans l’arène. Un chemin suivi par Spartacus,� par Jean-Paul Thuillier

30 arrêt sur image Plongée en 3D dans l’amphithéâtre de Pompéi,� l’un des temples de la gladiature au Ier siècle avant notre ère.

32 la république en crise État des lieux de Rome,� entre abus de pouvoir et disparités de richesse,� par Anne Bernet

chef de guerre36 les fugitifs s’organisent

Après l’évasion du ludus de Capoue,� l’escalade de la révolte au mont Vésuve,� par Catherine Salles

44 les éclairs de génie d’un foudre de guerre Comment le rusé Spartacus réussit à mystifier les fières légions romaines,� par Yann Le Bohec

50 le premier guérillero L’icône révolutionnaire du gladiateur rebelle passée au crible,� par Anne Logeay

52 rome décrète l’état d’urgence La horde des insurgés menace la République,� dont l’essentiel des troupes se trouve engagé loin de ses bases,� par Jean-Louis Voisin

jusqu’au-boutiste58 crassus à la manœuvre

Place à la contre-attaque,� avec des bataillons expérimentés et un général avide de victoires,� par Catherine Salles

67 « alea jacta est » La chasse à l’homme s’engage,� les deux corps d’armée se défient avant la lutte finale – qui sera sans merci,� par Yann Le Bohec

72 le calvaire de la liberté Durcissement ou assouplissement,� gain ou vain sacrifice ? Le véritable impact de l’insurrection sur les populations serviles,� par Anne Logeay

héros pour l’éternité76 l’invitée du spécial

Bilan de deux mille ans d’assujettissement,� de luttes,� d’émancipation,� à la lumière de l’épopée…� Entretien avec Myriam Cottias,� par Éric Pincas

78 quand les artistes revisitent le mythe Théâtre,� ballet,� BD,� peinture,� jeu de plateau ou série télé saignante…� Spartacus n’a jamais eu autant la cote. Pour le meilleur et pour le pire.

82 un spartacus, des spartakistes Allemagne,� 1915 : l’exploitation de l’homme par l’homme est le nouveau combat de l’arène politique…� par Rémi Kauffer

86 allez voir Florilège de livres,� expositions,� excursions,� DVD consacrés à l’esclavage et au lutteur le plus célèbre de l’Antiquité,� par Véronique Dumas

110 mots fléchés

découverte92 carthagène, la belle colombienne

par Victor Battaggion, Joëlle Chevé, Robert Kassous et Véronique Dumas

MAI-JUIN 2012 HISTORIA SPÉCIAL 7

76 historia spécial mai-juin 2012

spartacus Héros pour l’éternité

mai-juin 2012 historia spécial 77

Propos recueillis par Éric Pincas

historia – Quelle place occupe spartacus dans la mémoire de l’esclavage ?

myriam cottias – Spartacus a toujours été l’emblème de la liberté. Les philosophes du XVIIIe siècle ont transposé sa révolte dans le monde atlantique. Sous la IIIe Répu-blique, les historiens qui réfléchissent aux questions d’égalité se réfèrent aussi à la période gréco-romaine. En revanche, le rebelle thrace a disparu de nos mémoires par des jeux de force politiques, car la liberté et l’égalité sont aujourd’hui pensées par le seul prisme de l’esclavage transatlantique.

h. – Quid des esclaves après rome ?m. c. – L’esclavage perdure – et même

se développe – en raison des guerres avec les Barbares. Ce sont surtout des Slaves qui sont mis en servitude, d’où le terme esclave, formé au Moyen Âge, qui remplace les mots latins mancipium et servus. Tant que la question du travail salarié ne se pose pas, la force pro-ductrice demeure servile. Pendant le haut Moyen Âge, ce mode de production essaime. Sa disparition est progressive en Europe. La rupture intervient au XVe siècle, avec Chris-tophe Colomb. La colonisation du Nouveau Monde se fonde alors sur la déportation des Africains et l’esclavage, de fait, devient rési-duel sur le Vieux Continent.

h. – D’autres captifs essayèrent-ils de briser leurs chaînes, menaçant l’ordre établi ?

m. c. – La révolte est indissociable de l’esclavage. Elle émaille son histoire. En France, la plus importante rébellion, celle

des esclaves de Saint-Domingue, a été long-temps occultée. En 1788, ils représentent 89 % de la population de l’île. Lors des États généraux de 1789, les affranchis de la « perle des Antilles » revendiquent l’égalité civile. Devenus quasiment aussi riches que les Blancs, ils subissent toujours des lois dis-criminantes justifiées par la « macule ser-vile » : certains métiers leur sont défendus, on ne peut les appeler « sieurs » ou « dames »… Les esclaves profitent de l’affrontement des « libres » pour se soulever en 1792. À leur tête, Toussaint Louverture, qui réclame l’auto-nomie. Les commissaires de la République choisissent d’abolir l’esclavage en 1793 pour garantir la production de sucre, cruciale pour l’économie. Puis la Convention étend cette décision à toutes les colonies en 1794. Mais Bonaparte la révoque en 1802, provo-quant la révolution de Saint-Domingue et son indépendance sous le nom d’Haïti.

h. – Depuis le XViie siècle, on se réfère exclusivement au commerce triangulaire. Qu’en est-il à l’époque de la traite intra-africaine et entre l’afrique et l’orient ?

m. c. – Le trafic triangulaire (Afrique-Europe-Caraïbes) concerne l’Atlantique nord et celui « en droiture » est limité à l’At-lantique sud (Afrique-Brésil). Les traites

intra-africaines alimentent la traite atlan-tique, mais aussi le commerce de captifs dans l’océan Indien. Des sociétés africai-nes reposent sur une main-d’œuvre servile de guerriers faits prisonniers. Dans l’es-pace oriental, pourtant, l’esclavage n’est pas « racialisé ». Les harems, par exemple, exploitent aussi bien des Caucasiennes au teint laiteux que des Éthiopiennes. C’est donc l’esclavage atlan tique qui crée la notion de race, en superposant le statut d’esclave au fait d’être noir.

h – Quels pays furent les premiers à décréter l’abolition ?

m. c. – La France, dès 1794, puis en 1848, grâce à Victor Schœlcher ; les quakers de Philadelphie en 1774 et 1776 ; le Danemark, l’Angleterre (sous l’impulsion William Wil-berforce) et les États-Unis, où la traite est abolie en 1792, 1807 et 1808. Il est important de différencier traite et esclavage. La traite, c’est le système de déportation vers les colo-nies des Amériques ; l’esclavage, c’est la mise au travail des captifs, ainsi que la perte de leurs droits individuels et leur soumission à un pouvoir total. De fait, après l’abolition de la traite, l’esclavage a continué.

h – Y a-t-il des esclaves aujourd’hui ?m. c. – Ils seraient encore 27 millions

dans le monde – asservis pour dette, femmes et enfants soumis au travail forcé, esclaves soldats, etc. La grande majorité d’entre eux vivent dans le sous-continent indien. Tou-tefois, dans un monde aux flux migratoires mondialisés, ce problème n’est pas circons-crit à quelques pays. Des réseaux de traite (notamment de prostitution de femmes pauvres) ciblent les pays industrialisés. Le noyau dur des nations esclavagistes est dif-fus – il ne faut pas stigmatiser l’Afrique. Dans toutes les sociétés, l’esclavage est ce qu’il y a de plus difficile à extirper des esprits.

h. – la communauté internationale se mobilise-t-elle pour lutter contre ce fléau ?

m. c. – En 1946, l’esclavage a été déclaré crime contre l’humanité par l’ONU. Depuis, des lois sont réitérées, des bureaux sont créés pour la répression de la traite. Les outils de répression ont au moins le mérite d’offrir des recours juridiques pour les victimes. L

La directrice du Ciresc (Centre international de recherches esclavages) mesure l’impact de Spartacus dans l’Histoire. Évolution d’une figure séculaire.

« Il y aurait encore

aujourd’hui 27 millions d’esclaves

dans le monde. Dans toutes les sociétés,

l’esclavage est ce qu’il y a de plus dif ficile à extirper des

esprits. »

L’invitée du Spécialmyriam cottias

1. Anneaux entre les gradins intermédiaires et supérieurs (praecinctiones). 2. Loge où prennent place l’editor (celui qui offre les jeux), les prêtres et prêtresses, les invités de marque. Dessous est percée la Porta libitinensis, par laquelle sont évacués les gladiateurs et les animaux morts. Elle débouche sur le spolarium, une salle secrète où l’on dépouille les cadavres. 3. Mur de protection dressé entre l’arène et le podium. Il est orné de peintures représentant des scènes de gladiature.4. Escaliers extérieurs utilisés par les spectateurs des gradins intermédiaires et supérieurs de la cavea.5. Porte d’entrée des lutteurs dans l’arène. Le couloir en pente reliant à l’extérieur est pavé pour le passage des chars.

6. Autre porte d’évacuation. Une crypte permet aux spectateurs du podium de rejoindre leur place en évitant la foule.7. Scalaria : escaliers empruntés pour gagner les différentes rangées des gradins. Elles communiquent avec les vomitorium, bouches d’entrée et de sortie du public.8. Velum : structure de toile protégeant du soleil. D’une importance telle que la mention Et vela erunt (« Et on tendra le vélum ») est précisée sur les communiqués annonçant les jeux pour attirer davantage de monde.9. Déambulatoire pourvu d’escaliers desservant les gradins intermédiaires.10. Murs de la ville. L’amphithéâtre a été adossé aux fortifi cations pour des soucis d’économie.

La cavea (anneau supportant les gradins) est formée de trois parties, les maeniana :11. L’ima cavea, ou podium, accueille les notables de la cité. Elle est séparée des autres maeniana par un muret, appelé balteus.12. La media cavea, où prennent place les citoyens libres.13. La summa cavea, pour la plèbe (esclaves ou étrangers).

Illustration 3D réalisée par Loïc Derrien.

ARRÊT SUR IMAGEL’amphithéâtre de Pompéi

Érigée en – 80, un siècle avant le Colisée de Rome, cette enceinte ellip tique est l’épicentre de la gladiature au temps de Spartacus. Une foule compacte de milliers d’afi cionados venus de toute la province de Campanie gar-nit les gradins pour supporter à grands cris leurs lutteurs favoris. Et pas un notable ne saurait manquer à l’appel… Entrez dans l’arène !

12 HISTORIA SPÉCIAL MAI-JUIN 2012 MAI-JUIN 2012 HISTORIA SPÉCIAL 13

REPÉRAGEL’itinéraire d’une révolte

10 HISTORIA SPÉCIAL MAI-JUIN 2012 MAI-JUIN 2012 HISTORIA SPÉCIAL 11

LES DATES CLÉS VIIe Les guerres de

conquête menées par les premiers

califes approvisionnent les marchés d’esclaves d’Orient. Les femmes blanches sont les plus recherchées, notamment pour les harems.

XVIe Expansion du commerce triangulaire : les

dynastes africains, en accord avec les négriers arabes, fournissent aux Européens des esclaves à destination des colonies de l’Amérique.

1915 Spartacus renaît dans l’Allemagne de la Première

Guerre mondiale – son nom est germanisé en Spartakus, avec un k. Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht se posent en héritiers du gladiateur et créent un mouvement révolutionnaire à vocation antimilitariste, ce qui leur vaut d’être emprisonnés. Après l’armistice et la chute du Kaiser, les spartakistes fomentent une insurrection, écrasée par le gouvernement.

1981 La Mauritanie est le dernier État à abolir

l’esclavage. Mais cette pratique ancestrale, dont les premières victimes sont les enfants, l’oblige à renforcer son arsenal judiciaire en 2007.

– 264 À Rome, trois paires de

gladiateurs se combattent à l’occasion des funérailles de Brutus Pera. Cette cérémonie, appelée munus, marque le début de la gladiature.

– 121 Les Gracques échouent dans leur politique

de redistribution des terres aux paysans les plus pau vres, qui sont concurrencés par la main-d’œuvre servile des grands propriétaires.

– 71 Fin de la révolte de Spartacus, appelée troisième

guerre servile. Les deux précédentes ont mis aux prises des esclaves, alliés à de petits propriétaires, et leurs maîtres, défendus par Rome.

404 À la mort de Théodose, en 395, l’Empire

est partagé entre ses deux fils : Arcadius, l’aîné, hérite de l’Orient et Honorius, de l’Occident. Neuf ans plus tard, ce dernier interdit les jeux de l’arène. Cette mesure s’explique par la progression de l’influence catholique, qui condamne les rites païens et les divertissements tels que les combats de gladiateurs. La mesure est confirmée en 438 par Valentinien III.

8 HISTORIA SPÉCIAL HISTORIA SPÉCIAL 9

6 SAGA SPAGHETTI Dans Spartacus et les Dix Gladiateurs, dix éphèbes gagne-ront l’affranchis-sement s’ils capturent le chef des esclaves. Ce nanar signé Nick Nostro (1965), dont le scénario est une resu-cée des Sept Merce-naires, s’inscrit dans la veine des péplums des années 60. Un sommet dans le genre…

4 FAUX-SEMBLANT Un centurion romain prenant la tête d’une révolte d’esclaves… La ressemblance avec Spartacus s’arrête là. Il Figlio de Spartacus, réalisé en 1962 par Sergio Corbucci, se veut la suite du Kubrick, lequel s’achevait par la crucifixion du héros devant sa veuve et son fils. Une filiation imaginaire…

5 LEADER MAXIMUS Le Gladiator de Ridley Scott (2000) reprend la trame de La Chute de l’Empire romain. Russel Crowe incarne un général déchu par Commode et proche, dans sa soif de liberté, du mythe de Spartacus. Les combats dans le Co-lysée (reconstitué au tiers de sa taille, avec 2 000 figurants réels et 35 000 « virtuels ») placent le spectateur au cœur de l’arène.

3 GRANDEUR NATURE Évincé du tournage de Spartacus, le réa-lisateur Anthony Mann signe, avec La Chute de l’Empire romain (1963), l’une des premières fresques hollywoodiennes sur l’époque romaine. L’œuvre – souvent imitée, jamais égalée – vaut surtout pour la qualité de ses décors (splendide Forum !), d’un réalisme épous-touflant.

2 CULTE Le film de référence sur l’épopée des rebelles de Capoue, et pourtant… Stanley Kubrick, appelé der-rière la caméra par Kirk Douglas, héros et coproducteur, ne peut imposer sa rigueur en matière de reconstitu-tion. Universal sabre le montage, coupe les scènes de bataille, modifie les dialo-gues… Le réalisateur anglais désavouera son œuvre.

1 ÉPIQUE Le péplum connaît sa première heure de gloire dans les années 20. Spartaco (1953) renouvelle le genre, avec Massimo Girotti dans le rôle-titre. Le réalisateur Riccar do Freda récrit l’Histoire en offrant la liberté aux insurgés s’ils renoncent à Rome. Mais la horde poursuit la lutte.

1

3

2

4

5

6

SPARTACUS… FAIT SON CINÉMA

4 HISTORIA SPÉCIAL MAI-JUIN 2012

LE SAVIEZ-VOUS ?

9. Combien de temps met Rome pour mater la rébellion ?

a. Six moisb. Dix-huit moisc. Vingt-deux mois

8. Les derniers insurgés capturés finissent :

a. Jetés aux fauvesb. Écartelésc. Crucifiés

7. La meilleure source sur la révolte est l’œuvre de :

a. Plutarqueb. Homèrec. César

10. L’un de ces trois monuments célèbres n’existe pas au Ier siècle avant notre ère. Lequel ?

a. Le Circus Maximusb. L’amphithéâtre de Pompéic. Le Colisée

3. De quelle région Spartacus est-il originaire ?

a. La Grèceb. La Gaulec. La Thrace

5. En – 73, quelle cité abrite la plus grande école de gladiateurs ?

a. Romeb. Capouec. Pompéi

2. Pline l’Ancien qualifie les gladiateurs de :

a. Mangeurs d’hommesb. Mangeurs d’orgec. Buveurs de sang

6. Sur quel volcan les esclaves fugitifs trouvent-ils refuge ?

a. Le Vésuveb. L’Etnac. Le Stromboli

1. La compagne de Spartacus durant l’épopée est une :

a. Péripatéticienneb. Guérisseusec. Prêtresse

4. Qui sort grand vainqueur de la répression ?

a. Crésiusb. Pompéec. Crassus

Réponses du quiz Les Années folles de mars-avril : 1b ; 2b ; 3a ; 4a ; 5c ; 6c ; 7c ; 8a ; 9a ; 10b.Les réponses sont à découvrir sur notre site internet www.historia.fr à partir du 5 juillet.

numéro 005 – mai-juin 2012

7. La meilleure source sur la révolte

c. Pompéi

6. Sur quel volcan les esclaves fugitifs trouvent-ils refuge ?

a. Le Vésuveb. L’Etnac. Le Stromboli4

10

3 GRANDEUR NATURE Évincé du tournage de Spartacus, le réa-lisateur Anthony Mann signe, avec La Chute de l’Empire romain (1963), l’une des premières fresques hollywoodiennes sur l’époque romaine. L’œuvre – souvent imitée, jamais égalée

coproducteur, ne peut imposer sa rigueur en matière de reconstitu-tion. Universal sabre le montage, coupe les scènes de bataille, modifie les dialo-gues… Le réalisateur anglais désavouera son œuvre.

été l’emblème de la liberté. Les philosophes du XVIIIe siècle ont transposé sa révolte dans le monde atlantique. Sous la IIIblique, les historiens qui réfléchissent aux questions d’égalité se réfèrent aussi à la période gréco-romaine. En revanche, le rebelle thrace a disparu de nos mémoires par des jeux de force politiques, car la liberté et l’égalité sont aujourd’hui pensées par le seul prisme de l’esclavage transatlantique.

h. – Quid des esclaves après m. c. – L’esclavage perdure – et même

se développe – en raison des guerres avec les Barbares. Ce sont surtout des Slaves qui sont mis en servitude, d’où le terme au Moyen Âge, qui remplace les mots latins mancipium et servusdu travail salarié ne se pose pas, la force productrice demeure servile. Pendant le haut Moyen Âge, ce mode de production essaime.

8

12

7630

La cavea (anneau supportant les gradins) est formée de trois parties, les maeniana :11. L’ima cavea, ou podium, accueille les notables de la cité. Elle est séparée des autres maeniana par un muret, appelé balteus.12. La media cavea, où prennent place les citoyens libres.13. La summa cavea, pour la plèbe (esclaves ou étrangers).

Illustration 3D réalisée par Loïc Derrien.

ARRÊT SUR IMAGEL’amphithéâtre de Pompéi

Érigée en – 80, un siècle avant le Colisée de Rome, cette enceinte ellip tique est l’épicentre de la gladiature au temps de Spartacus. Une foule compacte de milliers d’afi cionados venus de toute la province de Campanie gar-nit les gradins pour supporter à grands cris leurs lutteurs favoris. Et pas un notable ne saurait manquer à l’appel… Entrez dans l’arène !

1. Anneaux entre les gradins intermédiaires et supérieurs (praecinctiones). 2. Loge où prennent place l’editor (celui qui offre les jeux), les prêtres et prêtresses, les invités de marque. Dessous est percée la Porta libitinensis, par laquelle sont évacués les gladiateurs et les animaux morts. Elle débouche sur le spolarium, une salle secrète où l’on dépouille les cadavres. 3. Mur de protection dressé entre l’arène et le podium. Il est orné de peintures représentant des scènes de gladiature.4. Escaliers extérieurs utilisés par les spectateurs des gradins intermédiaires et supérieurs de la cavea.5. Porte d’entrée des lutteurs dans l’arène. Le couloir en pente reliant à l’extérieur est pavé pour le passage des chars.

6. Autre porte d’évacuation. Une crypte permet aux spectateurs du podium de rejoindre leur place en évitant la foule.7. Scalaria : escaliers empruntés pour gagner les différentes rangées des gradins. Elles communiquent avec les vomitorium, bouches d’entrée et de sortie du public.8. Velum : structure de toile protégeant du soleil. D’une importance telle que la mention Et vela erunt (« Et on tendra le vélum ») est précisée sur les communiqués annonçant les jeux pour attirer davantage de monde.9. Déambulatoire pourvu d’escaliers desservant les gradins intermédiaires.10. Murs de la ville. L’amphithéâtre a été adossé aux fortifi cations pour des soucis d’économie.

36 historia spécial mai-juin 2012

spartacus chef de guerre

L’heure de la révolte a sonné. Une horde d’esclaves, emportée par la même soif de liberté, s’échappe de l’école de Capoue et se réfugie au sommet du Vésuve. À sa tête, trois chefs, dont le charismatique Spartacus.

les fugitifs s’ or ganisentPar Catherine Salles

mai-juin 2012 historia spécial 37

Camp de base. Après avoir traversé – et pillé – les villages de Campanie, les fuyards se replient pour éviter les représailles de Rome. Entre-temps, des captifs de toute la province ont rejoint les rangs de la rébellion. • Image tirée du DVD Chefs de guerre (BBC).

les fugitifs s’ or ganisent

Imag

e ti

rée

du D

VD

Ch

efs d

e gu

erre

. © B

BC

/Tou

s d

roit

s ré

serv

és

76 HISTORIA SPÉCIAL MAI-JUIN 2012

SPARTACUS HÉROS POUR L’ÉTERNITÉ

Th

omas

Sal

va/D

oc S

ide

Sto

ries

Historia – Quelle place occupe Spartacus dans la mémoire de l’esclavage ?

Myriam Cottias – Spartacus a toujours été l’emblème de la liberté. Les philosophes du XVIIIe siècle ont transposé sa révolte dans le monde atlantique. Sous la IIIe Répu-blique, les historiens qui réfléchissent aux questions d’égalité se réfèrent aussi à la période gréco-romaine. En revanche, le rebelle thrace a disparu de nos mémoires par des jeux de force politiques, car la liberté et l’égalité sont aujourd’hui pensées par le seul prisme de l’esclavage transatlantique.

H. – Quid des esclaves après Rome ?M. C. – L’esclavage perdure – et même

se développe – en raison des guerres avec les Barbares. Ce sont surtout des Slaves qui sont mis en servitude, d’où le terme esclave, formé au Moyen Âge, qui remplace les mots latins mancipium et servus. Tant que la question du travail salarié ne se pose pas, la force pro-ductrice demeure servile. Pendant le haut Moyen Âge, ce mode de production essaime. Sa disparition est progressive en Europe. La rupture intervient au XVe siècle, avec Chris-tophe Colomb. La colonisation du Nouveau Monde se fonde alors sur la déportation des Africains et l’esclavage, de fait, devient rési-duel sur le Vieux Continent.

H. – D’autres captifs essayèrent-ils de briser leurs chaînes, menaçant l’ordre établi ?

M. C. – La révolte est indissociable de l’esclavage. Elle émaille son histoire. En France, la plus importante rébellion, celle

des esclaves de Saint-Domingue, a été long-temps occultée. En 1788, ils représentent 89 % de la population de l’île. Lors des États généraux de 1789, les affranchis de la « perle des Antilles » revendiquent l’égalité civile. Devenus quasiment aussi riches que les Blancs, ils subissent toujours des lois dis-criminantes justifiées par la « macule ser-vile » : certains métiers leur sont défendus, on ne peut les appeler « sieurs » ou « dames »… Les esclaves profitent de l’affrontement des « libres » pour se soulever en 1792. À leur tête, Toussaint Louverture, qui réclame l’auto-nomie. Les commissaires de la République choisissent d’abolir l’esclavage en 1793 pour garantir la production de sucre, cruciale pour l’économie. Puis la Convention étend cette décision à toutes les colonies en 1794. Mais Bonaparte la révoque en 1802, provo-quant la révolution de Saint-Domingue et son indépendance sous le nom d’Haïti.

H. – Depuis le XVIIe siècle, on se réfère exclusivement au commerce triangulaire. Qu’en est-il à l’époque de la traite intra-africaine et entre l’Afrique et l’Orient ?

M. C. – Le trafic triangulaire (Afrique-Europe-Caraïbes) concerne l’Atlantique nord et celui « en droiture » est limité à l’At-lantique sud (Afrique-Brésil). Les traites

La directrice du Ciresc (Centre international de recherches sur les esclavages) mesure l’impact de Spartacus dans l’Histoire. Évolution d’une figure séculaire.

« Il y aurait encore

aujourd’hui 27 millions d’esclaves

dans le monde. Dans toutes les sociétés,

l’esclavage est ce qu’il y a de plus dif ficile à extirper des

esprits. »

L’invitée du SpécialMyriam Cottias

Mai-juin 2012 historia spécial 77

Propos recueillis par Éric Pincas

intra-africaines alimentent la traite atlan-tique, mais aussi le commerce de captifs dans l’océan Indien. Des sociétés africai-nes reposent sur une main-d’œuvre servile de guerriers faits prisonniers. Dans l’es-pace oriental, pourtant, l’esclavage n’est pas « racialisé ». Les harems, par exemple, exploitent aussi bien des Caucasiennes au teint laiteux que des Éthiopiennes. C’est donc l’esclavage atlan tique qui crée la notion de race, en superposant le statut d’esclave au fait d’être noir.

h – Quels pays furent les premiers à décréter l’abolition ?

M. c. – La France, dès 1794, puis en 1848, grâce à Victor Schœlcher ; les quakers de Philadelphie en 1774 et 1776 ; le Danemark, l’Angleterre (sous l’impulsion William Wil-berforce) et les États-Unis, où la traite est abolie en 1792, 1807 et 1808. Il est important de différencier traite et esclavage. La traite, c’est le système de déportation vers les colo-nies des Amériques ; l’esclavage, c’est la mise au travail des captifs, ainsi que la perte de leurs droits individuels et leur soumission à un pouvoir total. De fait, après l’abolition de la traite, l’esclavage a continué.

h – Y a-t-il des esclaves aujourd’hui ?M. c. – Ils seraient encore 27 millions

dans le monde – asservis pour dette, femmes et enfants soumis au travail forcé, esclaves soldats, etc. La grande majorité d’entre eux vivent dans le sous-continent indien. Tou-tefois, dans un monde aux flux migratoires mondialisés, ce problème n’est pas circons-crit à quelques pays. Des réseaux de traite (notamment de prostitution de femmes pauvres) ciblent les pays industrialisés. Le noyau dur des nations esclavagistes est dif-fus – il ne faut pas stigmatiser l’Afrique. Dans toutes les sociétés, l’esclavage est ce qu’il y a de plus difficile à extirper des esprits.

h. – la communauté internationale se mobilise-t-elle pour lutter contre ce fléau ?

M. c. – En 1946, l’esclavage a été déclaré crime contre l’humanité par l’ONU. Depuis, des lois sont réitérées, des bureaux sont créés pour la répression de la traite. Les outils de répression ont au moins le mérite d’offrir des recours juridiques pour les victimes. L

86 historia spécial mai-juin 2012

Notre sélection des meilleurs rendez-vous afin de prolonger le plaisir de ce Spécial.

allEZ Voir Par Véronique Dumas

les gladiateurs ressuscitésReconstitutions magistralesSociété de spectacles et d’animations historiques, partenaire de nombreux musées et sites archéologiques, ACTA propose des mises en scène de combats de gladiateurs et de duels de toutes les époques, notamment antique et médié-vale. Les lutteurs professionnels sont experts en disciplines gymniques (de la boxe à la lutte antique), gladiature et manœuvres (à la manière des légions romaines ou des phalanges grecques et macédoniennes). Certaines de ces reconstitutions se déroulent au parc historique de Beaucaire, géré par l’association, qui organise aussi des activités, stages et animations pour les individuels ou les scolaires, ainsi que des banquets romains. Vraiment bluffant !$ Renseignements et agenda sur www.acta-archeo.com