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SOUTENANCE A CRETEIL UNIVERSITE PARIS EST-CRETEIL FACULTE DE MEDECINE DE CRETEIL ****************** ANNEE 2013 1060 THESE POUR LE DIPLOME D’ETAT DE DOCTEUR EN MEDECINE Discipline : Médecine générale ------------------------- Présentée et soutenue publiquement le : à : CRETEIL (PARIS EST CRETEIL) -------------------------- Par Mme BEN SALAH Loubna Née le 14 octobre 1981 à LILLE (59) ------------------------------- TITRE: Description du niveau Compétent pour la compétence «Communication, relation, approche centrée patient » à partir du discours des internes de médecine générale de la faculté de médecine de l’UPEC. DIRECTEUR DE THESE : LE CONSERVATEUR DE LA Monsieur le professeur Attali Claude BIBLIOTHEQUE UNIVERSITAIRE Signature du directeur de thèse Cachet de la bibliothèque universitaire

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SOUTENANCE A CRETEIL

UNIVERSITE PARIS EST-CRETEIL

FACULTE DE MEDECINE DE CRETEIL

******************

ANNEE 2013 N° 1060

THESE

POUR LE DIPLOME D’ETAT

DE

DOCTEUR EN MEDECINE

Discipline : Médecine générale

-------------------------

Présentée et soutenue publiquement le :

à : CRETEIL (PARIS EST CRETEIL)

--------------------------

Par Mme BEN SALAH Loubna

Née le 14 octobre 1981 à LILLE (59)

-------------------------------

TITRE: Description du niveau Compétent pour la compétence «Communication, relation,

approche centrée patient » à partir du discours des internes de médecine générale de la

faculté de médecine de l’UPEC.

DIRECTEUR DE THESE : LE CONSERVATEUR DE LA

Monsieur le professeur Attali Claude BIBLIOTHEQUE UNIVERSITAIRE

Signature du directeur de thèse Cachet de la bibliothèque universitaire

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SOUTENANCE A CRETEIL

ANNEE : 2013

NOM ET PRENOM DE L’AUTEUR : Madame BEN SALAH Loubna

DIRECTEUR DE THESE : Le Professeur ATTALI Claude

TITRE DE LA THESE :

Description du niveau Compétent pour la compétence « Communication, relation, approche centrée

patient » à partir du discours des internes de médecine générale de la faculté de médecine de l’UPEC.

Introduction : L’exigence croissante de la société d'une meilleure qualité de soins entraine une reconsidération des

compétences médicales en particulier celle de communiquer et d'entretenir une relation médecin-patient de bonne

qualité. Dans cette logique, l’enseignement du DES de médecine générale a évolué et s'articule autour d'une

approche par compétences. Les méthodes d'évaluation qui s'en rattachent sont au cœur des préoccupations actuelles.

La communication professionnelle médicale représente une compétence fondamentale en médecine en général et en

médecine générale en particulier. L’élaboration des outils d'évaluation de cette compétence passe par la

caractérisation de niveaux progressifs d'acquisition.

Un groupe national expert du CNGE a déjà proposé des hypothèses d'indicateurs servant à définir trois niveaux

d'acquisition: Novice, Intermédiaire, Compétent pour la compétence "Communication, relation, approche centrée

patient".

Cette recherche vise à caractériser en particulier le niveau Compétent et à comparer les résultats obtenus aux

hypothèses du groupe expert.

Matériel et méthodes : La méthode de recherche qualitative est celle des focus-group. Trois focus-group ont été

constitués. Le recueil de données a été réalisé à partir de la retranscription des trois focus-group à partir d’un

enregistrement audio et vidéo des entretiens. La méthode d’analyse des données est celle d’analyse de contenu

thématique des discours.

Résultats :Les résultats décrivent un niveau compétent observé partiellement conforme au niveau Compétent prévu

par le CNGE.Meme si l’on peut noter une évolution favorable depuis le niveau Novice , beaucoup d’éléments

attendus semblent ne pas être maitrisés par les étudiants relevant du niveau Compétent.

Conclusion : Malgré certains points non résolus, cette étude originale peut servir de travail préliminaire à d’autres

recherches pour déterminer précisément quels outils d’évaluation peuvent être mis en place pour évaluer les

capacités communicationnelles et relationnelles des étudiants de médecine générale.

En attendant, des axes de réflexion d’ordre pédagogique sont proposés pour améliorer l’acquisition de cette

compétence chez les étudiants du 3eme cycle du DES de médecine générale.

MOTS-CLES :

Compétence professionnelle, communication sur la santé, médecine générale, relation médecin-

malade, entretien.

ADRESSE DE L’U.F.R : 8, rue du Général SARRAIL

94010 CRETEIL CEDEX

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REMERCIEMENTS

Je remercie infiniment mon directeur de thèse, le Professeur Attali Claude, pour sa disponibilité,

ses conseils ainsi que pour sa rigueur.

Un grand merci à Marie-Thérèse Lussier et Richard Claude pour leur ouvrage sur « La

communication professionnelle en santé ».Cet ouvrage, a au fur et à mesure de ma lecture

bouleversé mes croyances de médecin et m’a fait porter un autre regard sur ma pratique.

Mes parents pour leur amour et soutien, papa, maman je vous aime.

Papa, depuis toute petite tu m’as toujours encouragée dans la voie de la médecine. Tu as été et

restera mon principal allié. Grâce à toi, je suis devenue ce que j’ai toujours rêvé d’être, ma

réussite est la tienne.

Maman merci pour toutes ces années de patience, de courage et d’amour.

Merci Hassan, mon époux pour ta patience et ton soutien infaillible. Tu as été là pour moi et m’a

toujours encouragée et remotivée. Merci pour l’élaboration de ma table des matières.

Mes deux sœurs, Shéhérazade et Ferdaws qui m’ont aussi soutenue et encouragée.

Mes grands-parents.

Mes consœurs, Balaazi Olpha, El Mornan Salima, Savaxath Linda et Zaied Melissa avec

lesquelles j’ai partagé toutes mes années universitaires dans les joies et les difficultés de celles-ci.

Merci aux deux Co-thésardes, Mercier Pauline et Haissaine Mokhtaria pour cette collaboration

sur ce travail de thèse.

A l’ensemble des étudiants ayant participé à cette étude.

Aux membres du jury.

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TABLE DES MATIERES

INTRODUCTION ............................................................................................................................................................................... 6

A L’enseignement du DES de médecine générale s’inscrit dans une approche par compétences ................... 7 B La notion de compétence ................................................................................................................................. 7 C L’évaluation certificative des compétences en médecine générale................................................................ 8 D La compétence « Communication, relation, approche centrée patient » .................................................... 10 E Objectif de ce travail ...................................................................................................................................... 12

METHODES ET MATERIEL ......................................................................................................................................................... 13

A Méthode de la recherche bibliographique ..................................................................................................... 13 A-1 Recherche documentaire informatique : ..................................................................................................................... 13 A-2 La lecture d’ouvrages : ............................................................................................................................................... 13

B Elaboration du guide d’entretien ................................................................................................................. 14 C Particularités de la recherche ........................................................................................................................ 14

C-1 Caractéristiques du choix des sujets participants : ..................................................................................................... 14 C-2 Méthode de recrutement : ........................................................................................................................................... 14 C-3 Méthode de recherche qualitative par focus-group .................................................................................................... 15

D Méthode de recueil des données .................................................................................................................... 15 D-1 Le déroulement des séances de focus-group : ............................................................................................................. 15 D-2 Matériel utilisé lors des séances : ............................................................................................................................... 16 D-3 La retranscription des données: ................................................................................................................................. 16

E Méthode d’analyse des données .................................................................................................................... 16

RESULTATS ..................................................................................................................................................................................... 17

RESULTATS ISSUS DE L’ANALYSE DE CONTENU SELON LE CODAGE GENERIQUE ........ 17 A Représentations de la compétence « Communication,relation,approche centrée patient » ........................ 17

B Gestion de la compétence « Communication, relation, approche centrée patient » face au patient en

pratique quotidienne ................................................................................................................................................... 22 C Structuration de l’entretien ........................................................................................................................... 26 D Progression dans la compétence : « Communication, relation, approche centrée patient » ..................... 31 E Le secret médical ............................................................................................................................................ 34 F Gestion de la Communication avec les autres intervenants ......................................................................... 36

RESULTATS EN COMPARAISON AVEC LA GRILLE DE LECTURE DU GROUPE NATIONAL

EXPERT ..................................................................................................................................................... 42 A En dehors de situations très complexes, mène en autonomie un entretien centré patient et structure ce

dernier ................................................................................................................................................................. 42 B Dans les conditions habituelles de complexité modérée, est capable de gérer les émotions, de rester

empathique et respectueux ................................................................................................................................. 43 C Dans les conditions habituelles de complexité modérée, est capable de mettre en place une relation de

soutien à effets psychothérapeutiques bénéfiques pour le patient .................................................................... 44 D Lors de situations et/ou de relations qui posent problème (agressivité, séduction, sympathie, rejet etc.),

construit et tente de maintenir la relation tout en se questionnant sur la nature de celle-ci ........................... 45 E Communique sur ses erreurs en tenant compte de l’avis du patient et en acceptant d’être remis en cause

............................................................................................................................................................................. 46 F Dans les conditions habituelles, réfléchit à sa capacité communicationnelle avec le patient et son

entourage ............................................................................................................................................................ 46

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G Met en œuvre avec les intervenants médicaux, médicosociaux et l’entourage du patient une relation

opérationnelle dans l’intérêt du patient ............................................................................................................. 47

DISCUSSION .................................................................................................................................................................................. 48

A Rappel des principaux résultats ..................................................................................................................... 48 A-1 Points positifs :............................................................................................................................................................ 48 A-2 Points négatifs : .......................................................................................................................................................... 49

B Discussion des résultats .................................................................................................................................. 50 B-1 Critiques des résultats issus de l’analyse qualitative selon le codage générique : ..................................................... 50 B-1-1 Importance de la compétence « Communication, relation, approche centrée patient »............................................ 50 B-1-2 Prise en compte de la communication non verbale .................................................................................................. 50 B-1-3 Une maitrise insuffisante de notions théoriques sur cette compétence .................................................................... 50 B-1-4 Posture empathique .................................................................................................................................................. 53 B-1-5 Un manque évident de réflexivité ............................................................................................................................ 53 B-1-6 Une formation continue absente : ............................................................................................................................ 54 B-1-7 Une progression dans cette compétence tardive dans le cursus: .............................................................................. 55 B-2 Critiques des résultats comparés aux conclusions du groupe national expert : .......................................................... 55 B-2-1 Une structuration uni axiale d’un entretien semi-dirigé : ......................................................................................... 55 B-2-2 Une gestion des émotions encore difficile : ............................................................................................................. 56 B-2-3 Une autonomie du patient limitée : .......................................................................................................................... 56 B-2-4 Une ignorance de leur potentiel psychothérapeutique : ........................................................................................... 57 B-2-5 Un maintien de la communication lors de situations jugées difficiles : ................................................................... 57 B-2-6 Utilise les compétences des intervenants médicaux et paramédicaux pour coordonner les soins : .......................... 57

C Comparaison du niveau compétent observé et du niveau compétent prévu .................................................. 57 D Les points positifs de ce travail ....................................................................................................................... 58

D-1 Un travail de recherche novateur : ............................................................................................................................. 58 D-2 Trois focus-group homogènes : .................................................................................................................................. 58 D-3 L’intérêt des focus-group du niveau « compétent »: ................................................................................................... 59 D-4 Une méthode d’enquête qualitative efficace pour renseigner sur les représentations et cognitions des étudiants : ... 59

E Les points faibles de ce travail ........................................................................................................................ 59 E-1 Une littérature peu abondante : .................................................................................................................................. 59 E-2 Des limites dans le recrutement : ................................................................................................................................ 59 E-3 Une recherche insuffisante pour l’évaluation des performances réelles :................................................................... 60

F Points non résolus ........................................................................................................................................... 60 G Propositions pédagogiques concernant la compétence « Communication, relation, approche centrée

patient » pour le troisième cycle : ...................................................................................................................... 61

CONCLUSION ................................................................................................................................................................................. 62

BIBLIOGRAPHIE ............................................................................................................................................................................ 63

ANNEXE 1 : MARGUERITE DES COMPÉTENCES ............................................................................................................................. 68

ANNEXE 2 : DÉFINITION DE LA COMPÉTENCE « COMMUNICATION, RELATION, APPROCHE CENTREE PATIENT » ........................ 69

ANNEXE 3 : LA GRILLE CALGARY-CAMBRIDGE .............................................................................................................. 70

ANNEXE 4 : GUIDE D’ANIMATION NIVEAU COMPÉTENT POUR LA COMPÉTENCE « RELATION, COMMUNICATION DANS UNE

APPROCHE CENTRÉE SUR LE PATIENT ». .......................................................................................................................................... 73

ANNEXE 5 : GRILLE DE LECTURE NIVEAU COMPÉTENT SELON LES CONCLUSIONS DU GROUPE NATIONAL EXPERT ...................... 78

ANNEXE 6 : NIVEAUX GÉNÉRIQUES DÉFINIS PAR LE GROUPE NATIONAL EXPERT ......................................................................... 81

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LEXIQUE

ACT : Analyse de contenu thématique

BIUM : Bibliothèque interuniversitaire médicale

BU : Bibliothèque universitaire

CNGE : Collège national des généralistes enseignants

CNE : Comité national d’évaluation des établissements publics à caractère scientifique, culturel

et professionnel

DES : Diplôme d’études spécialisées

DUERMG : Département universitaire d’étude et de recherche en médecine générale.

GEAP : Groupe d’échanges et d’analyse des pratiques

HPST (Loi dite) : Loi « Hôpital, patients, santé, territoire »

MDS : Maitre de stage

SASPAS : Stage ambulatoire de soins primaires en autonomie supervisée

SODEV : Supervision par observation directe avec enregistrement vidéo

TCEM : Troisième cycle d’études médicales

UFR : Unité de formation et de recherche

UPEC: Université Paris-Est Creteil

WONCA: World organization of National Colleges and Academies of families’ doctors

INTRODUCTION

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A L’enseignement du DES de médecine générale s’inscrit dans une

approche par compétences

L’évolution de la société et l’accès facilité à l’information par des outils technologiques de plus

en plus performants s’accompagnant du souhait d’une meilleure qualité de soins, entrainent une

exigence croissante sur les compétences des médecins ainsi que la qualité de leur formation. [27]

En 1998, lors d’une réforme des études médicales, le comité national d’évaluation des

établissements publics à caractère scientifique, culturel et professionnel (CNE) a fait le point sur

la formation des internes de médecine générale. Il a conclu, en accord avec les besoins de la

société, de la nécessité de définir les missions du médecin généraliste et d’établir « un profil de

compétences professionnelles pouvant servir de référence aux formations universitaires». [2 ,27]

Le CNE a également insisté sur la nécessité de mettre en œuvre des modalités de validation

permettant de s’assurer que les étudiants ont acquis les compétences nécessaires à l’exercice de la

médecine générale. [2]

Depuis la reconnaissance de la médecine générale comme spécialité médicale, l’enseignement du

DES au sein des UFR de médecine a évolué et s’articule désormais autour d’une logique

d’apprentissage dans une approche par compétence.

En effet, lors de l’évaluation, la simple restitution de connaissances et d’habiletés techniques est

insuffisante pour inférer la capacité des futurs médecins à la résolution de situations de soins

complexes. Dans un objectif d’école professionnalisante, l’apprentissage par compétences semble

plus adapté à la formation des étudiants pour la prise en charge de ces situations-problèmes.

Ainsi la formation médicale s’inscrivant dans cette logique d’approche par compétences rend

mieux compte de l’acquisition du professionnalisme des médecins exigée par la société [27].

En médecine générale, les compétences professionnelles génériques ont été définies à partir d’une

approche biopsychosociale [24, 47] et listées par plusieurs organismes dont la WONCA.

Le ministère en charge de la Santé et des affaires sociales a répertorié les diverses compétences

du médecin généraliste [1 ,17] en concordance avec celles de la WONCA [50] à travers un

référentiel national [33].Ces compétences génériques ont également été intégrées dans la loi dite

HPST [13]

B La notion de compétence

B-1 Définition évolutive de la terminologie :

Tardif [46] en 1993 définit la compétence comme :

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« Un savoir-agir complexe fondé sur la mobilisation et la combinaison efficaces d’une variété de

ressources internes ou externes à l’intérieur d’un ensemble de situations données »

Selon Scallon en 2004, la compétence est décrite comme : « un savoir-faire ou la capacité de

mobiliser des savoirs, savoir-être et savoir-faire ou d’autres ressources » [42].

Cette définition se base sur celle de Rogiers formulée en 2000 : « la compétence est la capacité

pour un individu de mobiliser de manière intérieure un ensemble intégré de ressources en vue de

résoudre une famille de situations-problèmes » [41]

Plus récemment au cours d’un travail national dirigé par le Pr Attali en 2005, la compétence est

perçue comme : « un savoir agir complexe, en lien avec le contexte d’apprentissage ou

d’exercice.

Ce savoir-agir intègre et mobilise plusieurs ressources. Il permet à travers une famille de

situations, non seulement l’identification de problèmes, mais également leur résolution par une

action efficace et adaptée à un moment donné.

Il ne s’agit en aucun cas d’un processus standardisé et stéréotypé mais au contraire d’un

processus adaptable, flexible et efficace.» [3]

Etre compétent c’est donc être capable de mobiliser des ressources internes et externes en vue

d’agir de manière adaptée et efficace à une situation-problème authentique.

C L’évaluation certificative des compétences en médecine générale

C-1 Cadre de la certification universitaire des compétences :

La certification ou validation de l’acquisition des compétences est une procédure finale qui se

base sur les évaluations authentiques réalisées tout au long du cursus de formation. [2,3]. Attester

de la compétence d’un interne de médecine doit se faire à partir d’éléments observables issus des

actions réalisées en situation authentique de soins ainsi que des apprentissages qui se rattachent à

ses actions. [2]

Il peut donc s’agir :

- Soit des actions elles-mêmes grâce à la supervision directe, il s’agit alors de performances

observées.

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- Soit la verbalisation ou indicateurs non verbaux qui s’y rapportent durant les entretiens de

supervision indirecte, il s’agit alors de performances rapportées.

- Soit des traces ou produits de ces actions à condition qu’elles renseignent valablement sur la

qualité de ces apprentissages.

Dans ce modèle, l’étudiant est acteur de sa propre formation à la compétence. Il est aidé par les

évaluations et rétroactions des enseignants (maitres de stage, enseignants des enseignements

théoriques, tuteurs) et l’autoévaluation a une place importante. [24]

Plus concrètement, au sein de l’UFR de médecine de l’UPEC, l’évaluation des compétences est

basée sur une évaluation à la fois formative et sanctionnante qui s’inscrit tout le long des trois

années du DES de médecine générale. Le tutorat supervise, atteste de la construction progressive

des compétences des internes et guide l’auto-évaluation.

L’objectif étant in fine, à travers ces pratiques évaluatives, de renseigner valablement sur

l’acquisition des compétences et de certifier l’aptitude à exercer la médecine générale selon les

attentes de la société. [3]

C-2 Nécessité de définir des niveaux de compétences pour une

évaluation certificative :

Dans ce processus, la notion de niveaux de compétence est importante à prendre en compte. En

effet, l’acquisition des compétences est dynamique et évolue selon de nombreux paramètres :

contexte, exposition aux situations-problèmes, richesse du questionnement personnel, qualité de

la recherche d’informations et de synthèse, motivation de l’étudiant, pertinence des formateurs.

Cette démarche requiert de l’expérience donc du temps. [24]

Ainsi les compétences d’un interne de médecine générale de première année ne seront à priori pas

les mêmes que celles d’un interne de troisième année d’un point de vue qualitatif (leur niveau).

[24]

Pour se repérer et mettre en place une évaluation crédible et suffisamment reproductible, il est

nécessaire de définir différents niveaux d’acquisition progressive d’une compétence.

Une définition valide d’indicateurs de ces niveaux de compétence est nécessaire afin de les

caractériser. [17]

Ces indicateurs de niveaux de compétence pourraient permettre d’évaluer les internes de

médecine générale en renseignant sur leur stade d’acquisition de la compétence.

Actuellement, à l’échelle internationale, il n’existe aucune évaluation réelle des niveaux de

compétence des internes pouvant servir de référence afin de mettre en évidence leur progression.

[17]

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A l’initiative du CNGE, un groupe de recherche national expert de la profession incluant six

membres d’UFR de médecine régionales dont celle de l’UPEC coordonné par le professeur

Claude Attali s’intéresse à élaborer de nouveaux outils d’évaluation des niveaux de six

compétences professionnelles connues et publiées [13, annexe 1]

Pour chacune des compétences, trois niveaux génériques ont été proposés et définis par le groupe

expert concernant le troisième cycle de médecine générale [cf. annexe 6]:

- Le niveau novice : niveau attendu à l’entrée du DES donc en fin de deuxième cycle des études

médicales.

- Le niveau intermédiaire : niveau attendu en fin de stage ambulatoire de niveau 1 de la maquette

du DES.

- Le niveau compétent : niveau attendu en fin de DES.

Pour chacune des compétences, le résultat du travail du groupe national expert coordonné à celui

des groupes régionaux a permis d’élaborer de manière théorique une description précise de ces

trois niveaux génériques à l’aide d’indicateurs. [13]

D La compétence « Communication, relation, approche centrée

patient »

D-1 Une compétence professionnelle fondamentale :

La compétence à communiquer et à adopter une relation centrée patient fait partie du cadre de

compétences élaboré par le CNGE. Cette compétence a à la fois une place fondamentale et

transversale dans l’exercice de la médecine en général et de la médecine générale en particulier.

[32]

Plusieurs organismes, associations de patients critiquent la capacité des médecins à communiquer

et réclament la mise en place de programmes de formation afin de permettre l’acquisition de cette

compétence. [32]

Les erreurs médicales par défaut de raisonnement clinique sont entre autres dues à un défaut de la

communication médecin-patient. Il en est de même en ce qui concerne la compréhension et

l’adhésion aux traitements, et bien sur l’observance thérapeutique dont la cause principale est un

défaut de communication entre les professionnels de santé.

Améliorer la communication professionnelle médicale au cours de la démarche clinique permet

d’augmenter les chances de succès des stratégies diagnostiques et thérapeutiques contribuant

ainsi à une meilleure qualité de soins. [32, 39].

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D-2 Etat des lieux de l’enseignement et de l’évaluation de la

compétence « Communication, relation, approche centrée patient » chez

les internes de médecine générale :

Dans notre pays, au sein des UFR de médecine, cette compétence professionnelle essentielle à

l’exercice de la médecine générale, souffre pourtant d’un déficit de formation. L’enseignement de

cette compétence comme celui de la relation médecin-patient ne semble pas être considéré

comme une priorité au regard des contenus scientifiques, biomédicaux et techniques. [32, 38]

Divers travaux ont pourtant démontré l’importance d’enseigner cette compétence au cours de

formations universitaires structurées et raisonnées tout en proposant un cadre théorique. [32, 38]

En 2004, les travaux de Bernard Millette ont résumé parmi les données existantes de la recherche,

le cadre théorique de formation à l’apprentissage de la communication par les médecins. [32].

Il répertorie six éléments principaux :

- Un référentiel basé sur des données scientifiques probantes

- Une pratique des habiletés avec une rétroaction spécifique

- Un cursus cohérent et longitudinal (cursus à la communication se poursuivant tout au long de la

formation de l’étudiant)

- Un processus d’évaluation des apprentissages.

- Des activités de découverte de « soi ».

- Des cliniciens, modèles de rôle.

Le guide Calgary-Cambridge, issu des travaux de Kurtz et de ses collaborateurs en 1998, sert

jusqu’à présent de modèle de référence pour guider l’enseignement et la pratique de l’entrevue

médicale. [22, 32, Annexe 3]

En 2007, au Québec un « conseil de compétence en communication »formée des représentants

de la médecine familiale/généraliste, de la médecine spécialisée, d’experts en pédagogie et en

communication et d’un étudiant, s’est réuni pour proposer un modèle pédagogique

d’organisation des connaissances et d’ habiletés en communication dont l’acquisition repose sur

la maitrise progressive et graduelle de différentes constituantes selon un cursus

longitudinal.[38,41]

Ce modèle a été présenté comme un cadre théorique potentiel d’enseignement

universitaire [38 ,41].

Des méthodes d’évaluation de la communication médecin-patient existent au Québec et dans les

pays Anglo-Saxons notamment une supervision par observation directe de consultations avec

enregistrement vidéo (SODEV).Ce procédé est utilisé avec succès depuis de nombreuses années

dans la formation des résidents en médecine générale [17, 37].

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Ces méthodes qui ne font pas partie de notre culture pédagogique permettent notamment

d’évaluer les compétences communicationnelles et relationnelles des étudiants. Les retours sont

très positifs en termes de progression. [17]

Actuellement, au sein de l’UFR de médecine de l’UPEC, la formation et l’évaluation des

compétences communicationnelles et relationnelles des internes se réalisent à travers deux

modules

- Un module « Communication en santé» portant sur quatre séances permettant selon les

mêmes principes une évaluation par supervision directe avec enregistrement vidéo

(performances observées)

- Un module accompagnement de l’interne en stage selon des procédés balintiens. [6]

Les étudiants doivent aussi incorporer dans leurs journaux de bord le récit de situations cliniques

authentiques ayant posé des problèmes communicationnels et/ou relationnels et en fournir une

analyse et synthèse en s’appuyant de la grille Calgary Cambridge (performances rapportées)

[Annexe 3]

Ces compétences sont également évaluées en situation de supervision directe au cours des stages

ambulatoires par l’enseignant clinicien qui utilise cette même grille d’évaluation (performances

observées). L’étudiant dans son portfolio, doit faire figurer les évaluations de son superviseur

ainsi que les apprentissages qui en résultent.

Bien que cette grille soit connue et utilisée pour l’observation et l’évaluation des capacités

relationnelles de l’étudiant, il n’existe actuellement aucun autre outil validé permettant de

certifier le niveau d’acquisition des compétences communicationnelles et relationnelles chez

l’interne de médecine générale [17]

E Objectif de ce travail

Au sein du DUERMG de l’UPEC, le travail est une recherche qualitative qui vise à identifier via

le discours des internes à trois moments de leurs cursus des éléments descripteurs (indicateurs)

des trois niveaux concernant la compétence « Communication, relation, approche centrée

patient » chez les étudiants de troisième cycle du DES de médecine générale à partir de l’analyse

de leur discours. Ces indices descripteurs sont ensuite comparés à ceux du groupe expert afin de

valider ou non les propositions issues de leur travail et d’évaluer la pertinence de la formation des

internes de l’UPEC à cette compétence.

Plus précisément, le but de mon travail consiste à décrire les indicateurs du niveau Compétent et

les confronter aux hypothèses élaborées par le groupe national expert pour ce niveau. [cf. Annexe

5]

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METHODES ET MATERIEL

A Méthode de la recherche bibliographique

A-1 Recherche documentaire informatique :

La recherche bibliographique s’est effectuée avec l’aide des deux co-thésardes travaillant sur la

même compétence pour les deux autres niveaux.

Dans un premier temps, une recherche informatique avec Madame Vaquer sur les sites internet de

recherche documentaire médicale de la CISMEF et MEDLINE en croisant les mots-clés :

« Communication en santé », « Compétence générique », « Relation médecin-patient » à la

bibliothèque de l’UFR de médecine de l’UPEC.

Hormis l’ouvrage de Richard Claude et Lussier Marie-Thérèse [38], je n’ai pas obtenu plus de

résultats pertinents.

Dans un deuxième temps, une recherche personnelle sur Internet Explorer en utilisant divers

moteurs de recherche (Google, Yahoo), avec les mots-clés : « Pédagogie de la communication

médicale », « Niveaux de compétence en communication », « Certification du DES médecine

générale » « Compétences génériques et médecine générale »

J’ai ainsi pu recueillir quelques références d’articles issus de revues médicales spécialisées.

J’ai également effectué une autre recherche sur le site internet de la BIUM concernant des thèses

existantes traitant de sujets similaires.

Les thèses de mesdames Bamberger Valérie [7] Mercier Pauline [30] et Pailhe Elodie [37] ont été

les principaux résultats de cette recherche.

A-2 La lecture d’ouvrages :

J’ai poursuivi par la lecture d’ouvrages traitant notamment de l’évaluation des compétences et de

la communication professionnelle médicale, entre autres :

- « La communication professionnelle en santé » de Claude Richard et Marie-Thérèse Lussier.

[38]

- « L’évaluation des apprentissages dans une approche par compétences » de Gérard Scallon. [42]

- « L’évaluation des compétences : documenter le parcours de développement » de Jacques

Tardif. [46]

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Puis la lecture au sein de la BU de diverses revues de médecine générale dont « EXERCER » et

« PEDAGOGIE MEDICALE » contenant l’intégralité des articles résultant de la recherche

informatique.

B Elaboration du guide d’entretien

Il a été élaboré en présence des trois thésardes et des deux directeurs de thèse.

Un premier guide d’entretien issu du travail préalable du groupe national expert nous a été remis.

Il comportait six questions conçues à partir d’hypothèses issues de la réflexion des focus-group

de généralistes enseignants pour la compétence « Communication, relation, approche centrée

patient »

Il nous a été demandé de reformuler de manière plus simple et compréhensible ces six questions

pour la fluidité de l’entretien. Ce guide a ensuite été définitivement validé en interne.

Ce guide est disponible en annexe 4.

C Particularités de la recherche

C-1 Caractéristiques du choix des sujets participants :

Les critères d’inclusion des focus-group pour le niveau « compétent » sont des internes de

troisième cycle de médecine générale ayant passé leur stage ambulatoire de niveau 2 (SASPAS)

arrivant en fin de parcours du DES de médecine générale.

C-2 Méthode de recrutement :

Nous avons contacté par courrier électronique ou par téléphone une vingtaine d’étudiants. Afin

de ne pas sélectionner sur la thématique, nous n’avons pas dévoilé l’objet de l’étude. Les noms et

adresses électroniques des étudiants ayant effectué le stage de SASPAS nous ont été

communiqués par la scolarité du DUERMG de l’UFR de médecine de l’UPEC.

Nous leur avons demandé dans le cadre de notre thèse de participer à des entretiens en compagnie

d’autres étudiants pour une durée de deux heures.

Nous avons également précisé les lieux, dates et horaires de chaque séance en tenant compte de

leurs disponibilités.

Parmi les 20 personnes contactées, 13 ont répondu favorablement.

6 étudiants ont refusé faute de temps à nous consacrer.

1 étudiant n’a pas répondu.

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Les participants sont ensuite regroupés par 4 ou 5 lors de chaque séance de focus-group.

C-3 Méthode de recherche qualitative par focus-group

C-3-1 Définition du focus-group :

Issue du marketing d’après-guerre aux Etats-Unis, c’est une méthode permettant de recueillir les

attentes et opinions des personnes interrogées. Chaque participant défend ses points de vue, ses

valeurs, ses croyances, ses préférences, son vécu librement sans leader d’opinion. [34]

Le focus-group est habituellement considéré comme une technique d’entretien de groupe semi-

structuré.

Il s’agit surtout de faire émerger des idées nouvelles, des hypothèses inattendues dans le cadre

d’une recherche préliminaire, de travaux exploratoires. [34]

Les participants ont des caractéristiques communes et homogènes en lien avec le thème abordé.

Le nombre de participants est de 6 à 8 en moyenne, tous volontaires. [34]

Un modérateur est chargé d’animer le groupe, son objectif étant de faire émerger les différents

points de vue. Il est aidé par un observateur du groupe qui connait bien la thématique et qui

s’occupe des enregistrements audio des séances. Celui-ci est aussi chargé de noter les aspects non

verbaux qui apparaissent lors des séances. [34]

C-3-2 Arguments du choix de l’enquête qualitative par focus-group :

L’objectif de ce travail est de confronter les hypothèses des enseignants aux discours des

étudiants. Le choix de cette méthode d’enquête qualitative semble être un des plus appropriés

pour sonder et recueillir des données témoignant des expériences, pensées et vécus des personnes

interrogées.

C’est un moyen efficace pour collecter un volume important d’information et obtenir des

hypothèses valables sur l’opinion de la population étudiée. Ceci se réalisant à moindre cout et

dans un temps raisonnable.

D Méthode de recueil des données

D-1 Le déroulement des séances de focus-group :

Le recueil des données s’est déroulé au DUERMG de l’UPEC, les trois séances des focus-group

ont eu lieu respectivement le 13 octobre 2010(5 étudiants), le 11 février 2011(4 étudiants) et en

juin 2011(4 étudiants).

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L’animation de ces focus-group a été menée par le directeur de thèse (modérateur) pour le

premier et le troisième focus-group. Le deuxième focus a été animé par la co-directrice de thèse.

En début de séance, le modérateur a distribué une marguerite des compétences à chacun des

participants. [cf. Annexe 1]

Ensuite le modérateur s’est présenté, le principe du focus-group et le thème ont été expliqués aux

participants. Il a été précisé que l’intérêt résidait aux échanges interactifs pour favoriser la

discussion. Il leur ait été demandé leur accord pour la retranscription, avec préservation de

l’anonymat.

De manière concomitante, une prise de notes des verbatim et comportements non verbaux avec

commentaires, s’est établie par deux thésardes observatrices derrière une glace sans tain. Les

trois séances ont duré chacune environ deux heures.

D-2 Matériel utilisé lors des séances :

Le matériel utilisé lors des séances de focus-group est composé du guide d’entretien, d’une

caméra permettant un enregistrement audio et vidéo des trois entretiens, d’une glace sans tain

derrière laquelle l’observation et prise de commentaires se sont effectuées.

D-3 La retranscription des données:

D-3-1 Le matériel :

Le matériel ayant servi de support à la retranscription comprend trois DVD contenant l’intégralité

des trois séances de focus-group et d’un lecteur DVD.

D-3-2 La méthode de retranscription :

La retranscription a respecté les conditions et exigences de l’enquête par focus-group, elle s’est

faite manuellement pour les deux premières séances, écrivant mot à mot les verbatim exprimés

par les participants ainsi que le discours du modérateur et notant entre parenthèses les expressions

non verbales, sur un document WORD.

La troisième séance a été retranscrite par une société de retranscription Ubiqus, mais à la lecture,

des verbatim exprimés manquaient. J’ai donc réalisé une deuxième retranscription manuelle de la

troisième séance de manière identique aux deux premières.

E Méthode d’analyse des données

La méthode d’analyse qualitative de cette recherche s’est basée sur la méthode d’analyse de

contenu thématique (ACT) définie par Pierre Lannoy en mars 2012. [23]

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Elle s’est effectuée à partir des retranscriptions des trois séances.

Une première lecture des verbatim a permis une première analyse de contenu selon un codage

générique (s’appuyant à la fois sur les six questions du guide d’animation et sur un état réceptif à

des thèmes non préalablement définis).La relecture a permis de consolider cette ACT.

Une grille d’analyse a été réalisée à partir des thèmes définis selon le codage générique et des

verbatim correspondants.

La deuxième analyse de contenu a été réalisée à partir de thèmes préalablement définis

représentés par les hypothèses du groupe national expert. (Codage conceptualisé)

RESULTATS

RESULTATS ISSUS DE L’ANALYSE DE CONTENU SELON LE

CODAGE GENERIQUE

A Représentations de la compétence « Communication, relation,

approche centrée patient »

A-1 Une communication médecin-patient basée sur l’écoute :

Le « compétent » définit la communication médecin-patient en citant la notion d’écoute : « Pour moi dans la communication y a aussi l’écoute »

« Bien écouter le patient et comprendre ce qu’il demande »

A-2 Communiquer pour se comprendre mutuellement :

Au travers de sa communication, le « compétent » se soucie d’utiliser un langage et un

vocabulaire adaptés au niveau culturel du patient afin de parvenir à une compréhension

réciproque :

« Adapter notre langage pour une meilleure compréhension du message qu’on veut passer »

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« Faut un langage commun »

« La base de la communication c’est se faire comprendre donc se mettre au niveau de celui qui

est en face de nous »

« Le vocabulaire c’est important »

« Choisir notre vocabulaire pour être compréhensif »

« La communication c’est se comprendre l’un et l’autre »

De ce point de vue, on peut penser que l’interne en fin de cursus est bien sensibilisé au fait qu’il

est nécessaire de faire une transposition de nature didactique de son discours en fonction de

l’interlocuteur.

A-3 La place de la communication non verbale :

Pour le « compétent », la communication ne peut se résumer uniquement au verbe , elle relève

aussi du non-verbal :

« Des échanges verbaux et non verbaux »

« La communication peut être aussi bien verbale que non verbale »

« Je dirais c’est une communication qui n’est pas forcément que verbale »

A-4 Construction dans le temps de la relation médecin-patient :

La relation médecin-patient se construit progressivement :

Le « compétent » estime que la relation s’élabore progressivement dans le temps

« Pour moi la relation est progressive, ce n’est pas en une consultation »

« Relation pour moi c’est sur du long terme »

« La relation se construit sur plusieurs consultations et non sur une »

«La relation se construit en passant par les mêmes procédés pour faire connaissance avec un

quelqu’un, c’est-à-dire explorer les différentes facettes de sa vie »

Mais elle débute dès le premier contact :

Cette relation peut se créer au cours de la première entrevue entre le médecin et le patient

« Tu peux créer une relation dès le début au cours de la première consultation »

« De toute façon dans chaque consultation tu la crée la relation même si tu ne l’as vu qu’une fois

même si tu ne le revois pas »

« Je trouve que la relation peut déjà se créer dès la première consultation »

A-5 Créer une relation de confiance, générer de la confiance ; condition

nécessaire pour établir une relation de bonne qualité :

Certains « compétents » au travers de la relation médecin-patient espèrent instaurer

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progressivement un climat de confiance avec le patient :

« Notre but c’est d’établir une relation de confiance…. »

« Ben c’est ce qui crée la confiance que le patient a en nous ».

Une étudiante pense que la confiance du patient envers le médecin doit être présente d’emblée

avant l’instauration d’une relation :

«Je ne me dis pas faut absolument que j’acquière sa confiance, je pars du principe que si le

patient vient me voir c’est qu’il a d’emblée confiance en moi»

Une autre « compétente » pense également que la confiance précède la relation :

« Dès qu’il va se sentir en confiance ben la consultation d’après un peu plus et petit à petit il va

se dévoiler et donc ça crée une relation »

A-6 Adopter une posture empathique améliore la relation :

La notion d’empathie est présente dans l’esprit du « compétent » et la traduit par se mettre le plus

souvent à la place du patient :

«C’est important pour un médecin de pouvoir se mettre à la place du patient, de ce qu’il

ressent »

« Essayer de se mettre à la place du patient »

« Avoir de l’empathie parce qu’il est peut-être dans une situation difficile »

« Essayer de comprendre ce que le patient vit »

L’empathie peut induire si l’on n’y fait pas attention un phénomène de projection que les

« compétents » n’évoquent pas spontanément.

A-7 L’approche centrée patient plutôt perçue comme une prise en charge

globale du patient plus que la prise en compte de la décision centrée

patient :

L’approche centrée patient est perçue chez certains « compétents » comme prendre en charge de

manière plus globale le patient. Elle est également une prise en compte du contexte psychosocial

du patient : « Savoir le prendre dans sa globalité est vraiment une approche centrée patient »,

« Saisir le contexte dans lequel il vit, les traits de sa personnalité »

« On prend en compte sa personne, sa personnalité donc du coup on est forcément centré »

Cependant deux « compétents » perçoivent l’approche centrée patient comme être attentif aux

demandes, attentes :

« Prendre en compte ses attentes »

Une représentation plus précise est fournie par les deux autres « compétents » qui affirment que

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l’approche centrée patient c’est soigner un individu et que la prise en charge doit être orientée sur

cet individu :

« L’approche centrée patient c’est vraiment la base de notre activité. Parce qu’un patient c’est

une histoire qu’on n’a pas forcément mais qu’on essaie d’avoir et donc en fonction du

problème…Si on considère qu’un patient vient que pour des symptômes on n’arrivera jamais à le

soigner…parce qu’en plus des symptômes il y a l’individu et faut prendre en compte l’individu et

la prise en charge est adaptée à l’individu .Pareil y a des problèmes somatiques qui en fait sont

des problèmes psychologiques qu’on essaie d’avoir après avoir interrogé le patient»,

« Le patient peut formuler des attentes et c’est peut-être à nous de revoir notre prise en charge

pour que le patient s’y retrouve aussi, accepter certains compromis avec le patient»

A-8 Place centrale de cette compétence en médecine générale :

Dans la marguerite distribuée aux étudiants, les « compétents » légitiment la position centrale de

la compétence « Communication, relation, approche centrée patient » dans leur exercice

quotidien. Cette compétence détient une place prioritaire par rapport aux connaissances

biomédicales :

« C’est pour moi la première chose qu’on devrait nous enseigner avant le biomédical »

« Ma consultation je devrais la baser sur ça »

« On s’en sert tous les jours »

« C’est notre travail quotidien en tant que médecin généraliste »

« C’est clair que c’est hyper important le relationnel »,

« C’est bien que ce soit au cœur de la marguerite »

« L’approche centrée patient… c’est la base de notre activité »

« C’est vraiment le noyau de la prise en charge »

« Je pense que ce pavé-là est à la base de la médecine »

Cette compétence est importante à acquérir surtout dans le cadre de la médecine générale :

« Moi je savais quand j’étais à l’hôpital que c’était important surtout en médecine générale »

« D’autant plus en médecine générale je trouve »

« Les maitres de stage en ambulatoire ont été formé à ça »

« A l’hôpital, on ne peut pas avoir de relation »

Une interne « compétente » considère que cette compétence doit également détenir une position

importante quel que soit le champ d’activité médicale :

« Cela devrait s’appliquer dans tous les champs de la médecine aussi bien en milieu hospitalier

qu’en milieu libéral »

A-9 Liens unissant les trois composantes de cette compétence :

Entre les trois aspects de cette compétence :

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Pour l’ensemble des « compétents », les trois composantes de cette compétence sont intriquées et

reliées entre elles :

« Les trois vont bien ensemble … »

« Les trois notions sont bien intriquées »

« C’est très cohérent, on sent qu’il y a un fil qui les réunit »

« Ils sont tellement intriqués l’un à l’autre »

La communication est un outil au service de la relation, la relation agit sur la

communication :

Le « compétent » pense qu’il ne peut y avoir de relation sans communication, la relation se

construisant à partir de la communication :

« La communication permet de créer la relation »

« On ne peut pas avoir de relation sans communiquer »

« Ben la relation elle se construit sur la communication »

« La communication est l’outil pour la relation »

« Pour créer une bonne relation, faut savoir trouver les mots (communication),les mots

adéquats »

« La relation devient meilleure si la communication est présente et bonne »

La relation agit progressivement sur la qualité et les modes de communication qui se diversifient

par la suite :

« Plus la relation est bonne meilleure sera la communication »

« La communication est progressive aussi comme la relation…on peut dire trois mots à une

première consultation puis la fois d’après parler plus… »

« Quand on le connait un peu mieux, on communique un peu mieux c’est des jeux de miroirs

quoi »

« Avec la relation y a d’autres modes de communication qui s’installent »

L’approche centrée patient pour établir une relation :

Concernant la place de l’approche centrée patient dans cette compétence, les avis sont partagés.

L’approche centrée patient est perçue dans les deux premiers focus-group « compétents » comme

l’objectif à atteindre, la relation permettant d’être centré patient :

« C’est le but à atteindre… C’est l’objectif… »

« Ben c’est tout ça…. … dans une relation, on est forcément centré patient »

Pour trois autres « compétents », c’est l’approche centrée patient qui permet d’établir la relation:

« Ou alors on pourrait se dire qu’il faut avoir une approche centrée patient pour pouvoir

communiquer établir une relation »

« C’est en fonction du patient qu’on a en face de nous qu’on va pouvoir mettre tel ou tel outil de

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communication qui va permettre la relation »

« Approche centrée patient communication puis enfin relation oui c’est possible dans ce sens-là »

B Gestion de la compétence « Communication, relation, approche

centrée patient » face au patient en pratique quotidienne

B-1 Plus à l’aise dans cette compétence grâce aux stages ambulatoires

en médecine générale :

Le « compétent » se sent globalement plus à l’aise maintenant pour gérer cette compétence dans

sa pratique quotidienne :

« Je me sens plus à l’aise à la fin de mon DES »

« Je me sens plus à l’aise mais tout dépend des patients »

Principalement c’est grâce aux stages ambulatoires effectués :

« Plus à l’aise après avoir passé mes stages ambulatoires »

« C’est clair que ce pavé-là y a pas photo entre mon stage de niveau 1 et maintenant »

« Si je n’avais pas fait un SASPAS je n’aurais pas été si à l’aise »

« C’est beaucoup mieux après le SASPAS qu’après le stage de niveau 1 mais c’est quelque chose

qu’il faut toujours améliorer »

« Après le SASPAS je me sens plus rassurée sur mes capacités à communiquer »

B-2 Plus à l’aise « qu’avant » dans certaines situations cliniques

En fonction de l’âge ou des situations :

Les enfants :

Le « compétent »se sent plus à l’aise pour gérer des situations cliniques avec les enfants au

cabinet :

« Je me sens plus à l’aise avec les enfants surtout après mon stage de pédiatrie. »

« C’est plus facile de communiquer avec les bébés, ça passe par des chatouilles, des regards »

« Je suis plus à l’aise pour rassurer les parents qui viennent avec les enfants »

« Je gère mieux les enfants même les plus récalcitrants »

Les personnes âgées :

Il y a également un sentiment d’être plus à l’aise pour communiquer avec les personnes âgées :

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« Moi je me sens plus à l’aise pour communiquer et prendre en charge les personnes âgées »

« La gériatrie j’ai travaillé en maison de retraite donc ça m’a relativement aidé »

Les situations psychiatriques :

Le « compétent » gère mieux sa communication dans les situations cliniques d’ordre

psychiatrique notamment avec les patients dépressifs:

« Les patients dépressifs, au début je ne pouvais pas du tout, je ne savais pas comment leur

parler…Maintenant je ne fais plus grand-chose mais j’écoute… »

« Les patients dépressifs ça ne me pose pas trop de problèmes »

B-3 Situations cliniques qui restent encore difficiles sur le plan de la

communication :

Agressivité du patient :

L’agressivité d’un patient déstabilise la communication du « compétent » qui peut à son tour

s’emporter, au risque de rompre le lien avec le patient :

« C’est plus fort que moi…le ton monte et moi aussi je m’énerve… »

« Les patients agressifs on est tout de suite braqués »

« Les patients agressifs, nerveux »

« J’ai plus de mal avec çà l’agressivité »

Certains internes se sentent plus aptes à désamorcer cette situation en restant calme :

« Au lieu de m’énerver moi aussi, j’arrive à prendre plus de recul… »

« De rester calme... »

« De ne pas montrer au patient qu’on a peur »

Pour une deux « compétentes », il faut essayer de comprendre les raisons de la colère du patient

en faisant preuve d’empathie :

« Il faut comprendre pourquoi il est agressif »

« Pourquoi vous êtes en conflit avec moi ? »

Pathologies non maitrisées sur le plan biomédical :

Le « compétent » gère difficilement sa communication lorsqu’il se retrouve face à un patient dont

la pathologie n’est peu voire pas maitrisée sur le plan biomédical :

« C’est dur d’hésiter devant le patient…. »

« Quand la pathologie on ne la connait pas bien »

« Quand on ne sait pas c’est vrai qu’on est forcément moins à l’aise pour communiquer »

« Quand on ne sait pas trop je ne suis pas trop à l’aise non plus »

« Je le vis comme un échec »

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Cependant le « compétent » tente de maintenir la communication avec le patient en mettant en

place des stratégies alternatives :

En se rassurant sur ses capacités :

«On sait sans savoir »

En rassurant le patient :

« Il ne faut pas dire au patient je ne sais pas »

« Savoir rassurer le patient »

« Le patient il s’en fout tout ce qu’il veut savoir c’est si c’est grave ou non… ».

L’effet de la formation:

« Un patient ayant une éjaculation précoce, j’ai fait une trace d’apprentissage dessus et j’étais

contente parce que j’étais confronté à la même situation avec un autre patient et du coup je

savais ce qu’il fallait faire »

En utilisant le facteur temps :

« Tu temporises…Tu fais faire un bilan au patient et tu lui demande de revenir te voir ».

« J’utilise beaucoup le temps je prescris un examen »

En utilisant d’autres moyens :

« Vive internet ! »

« Tu dis au patient que ce n’est pas quelque chose de grave, on va vous envoyer vers un

spécialiste ou on va procéder par tâtonnement »

« On peut demander un avis »

« Je regarde parfois dans le Vidal »

« J’ai deux, trois pense-bêtes »

Les demandes perçues comme injustifiées

De médicaments :

Devant l’incompréhension du patient malgré les explications médicales et/ou une demande

insistante d’antibiotiques, deux « compétentes » expriment leurs difficultés à communiquer :

« Les antibiotiques, ça reste pour moi une situation difficile, t’as beau leur expliquer pendant une

demi-heure, à la fin ils veulent quand même leur antibiotique… »

Une autre étudiante a mis en œuvre une stratégie pour éviter les demandes injustifiées

d’antibiotiques en commentant l’examen clinique et en décrivant l’évolution naturelle d’une

pathologie d’origine virale:

« Moi je commente mon examen clinique à chaque fois pour leur démontrer qu’il n y a rien de

grave et que leur pathologie ne nécessite pas d’antibiotiques et parfois je décris l’évolution

naturelle d’une rhinopharyngite pour qu’ils ne me réclament pas dans deux jours des

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antibiotiques…et ça marche.. »

Une troisième « compétente » se retrouve en difficulté communicationnelle face à des parents

insistants pour avoir un traitement antitussif pour leur enfant :

« Moi c’est l’exemple typique de la toux chez l’enfant. Les parents arrivent en demandant un

sirop pour casser la toux de leur enfant »

De documents :

« Quand les personnes viennent avec des demandes injustifiées, très revendicatifs, qui veulent

absolument qu’on leur fasse un papier »

Les patients inobservants :

Le « compétent » se sent démuni et ne sait plus quel mode de communication employer avec

les patients demeurant inobservants malgré le sentiment d’informations et d’explications

fournies :

« Oui c’est difficile lorsque tu sais que le patient ça fait cinq ans qu’il ne prend pas son

traitement contre le diabète et que t’as beau leur expliquer lorsqu’il franchira la porte il

continuera à pas le prendre »

« Ce qui me poserait plus problème, les patients chez qui on explique ce qui serait effectivement

selon les recommandations bon pour leur santé et qui sont complètement inobservants »

B-4 Une relation médecin-patient plus « détendue » :

La majorité des compétents ayant eu pour habitude de travailler dans les services hospitaliers et

aux urgences dans une ambiance souvent stressante, qualifient à contrario leur relation médecin-

patient de détendue, calme en situation ambulatoire :

« Détendue, plus calme »

« Oui je pense que j’ai une relation détendue »

« Avant je pensais qu’il fallait absolument mettre une barrière entre le patient et moi mais je me

suis rendue compte qu’il valait mieux rester moi-même.»

Ils décrivent une relation parfois basée sur l’humour avec les patients ce qui représente

certainement un moyen de défense inconscient :

« J’essaie de faire de l’humour ! »

« Moi y a beaucoup de rires »

« Moi je suis d’accord des fois je fais des blagues »

Deux « compétents » affirment avoir spontanément une relation médecin-patient de type

paternaliste :

« Spontanément je suis paternaliste »

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« J’ai plutôt tendance à diriger… »

C Structuration de l’entretien

C-1 Importance du premier contact:

Pour le « compétent », le premier contact avec le patient est primordial et conditionne la suite de

l’entrevue :

« Le premier contact est primordial… Se présenter et être polie c’est un bon début. »

« Être souriant si tu ouvres la porte de la salle d’attente en tirant la gueule...ça le fais pas... »

« L’accueil c’est primordial » Un bon accueil du patient passe par le respect de certains les règles de convenance sociale

comme saluer en serrant la main du patient, se présenter en communiquant son nom et sa

fonction :

« Serrer la main »

« Moi je serre toujours la main en disant bonjour.. »

« Saluer un enfant même un bébé »

« Je me présente »

« Qu’il se présente, qu’il dise qui il est »

C-2 Un entretien verbal structuré :

L’entretien verbal des « compétents » est plutôt structuré du début à la fin de l’entrevue

Ouverture de l’entretien :

La majorité des « compétents » débutent leur entretien par une phrase d’ouverture :

« Moi je dis souvent je vous écoute »

« Qu’est-ce qui vous amène ? »

« Je vais faire la consultation, voilà je vous écoute »

« Je lui dis qu’est-ce que je peux faire pour vous »

« Lui demander ce qui l’amène aujourd’hui »

Un recueil d’informations semi-dirigé :

La majorité des « compétents » respecte un temps d’écoute des motifs de consultation du patient

« Ecouter le patient sur sa formulation »

« Faut laisser le patient s’exprimer…lui laisser le temps de s’exprimer »

« Faut laisser le patient exposer tous ses problèmes »

Cependant l’écoute du « compétent » laisse souvent place au besoin d’encadrer l’entretien :

« Ecouter le patient mais aussi savoir le recadrer »

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« Faut savoir les guider aussi »

« Les patients qui ont quinze motifs de consultation je recentre la communication »

« Si on laisse le patient parler, ça peut être vite…On peut remonter à loin.. »,

Ils ont tendance à reconnaitre la difficulté d’écouter le patient sans l’interrompre :

« En théorie de le laisser parler sans l’interrompre c’est difficile en pratique »

« C’est un peu difficile d’écouter longuement sans recadrer les choses… »

Le « compétent » redirige l’entretien en posant des questions ouvertes ou fermées :

« J’encadre mon interrogatoire en posant des questions fermées »

« Ça peut être des questions ouvertes ou fermées, ça dépend de la situation »

« On lui dit mais actuellement qu’est-ce qui vous arrive ? »

Une « compétente » confirme la liste des motifs de consultation pour éviter les surprises de

dernière minute :

« Demander si ce sont les seules raisons pour ne pas avoir de surprise »

Un « compétent » reformule ce que dit le patient pour être sûr d’avoir bien compris

Informations, explications:

La majorité des « compétents » transmettent des informations sur leurs prescriptions en

commentant par exemple leurs ordonnances :

« Si on doit lui prescrire un médicament, lui expliquer la prescription »

« Moi je tourne l’ordonnance et j’explique point par point »

Une « compétente » justifie ses prescriptions :

« Dire je vous ai prescris ça pour ça »

Vérification de la compréhension et de l’adhésion du patient

La plupart des « compétents » souhaitent s’assurer de la bonne compréhension du patient aux

explications fournies :

« S’assurer que le patient ait compris ce qu’on lui a expliqué ça ce n’est pas toujours forcément

le cas »

« Vérifier et poser la question au patient de savoir s’il a compris »

Pour vérifier la compréhension du patient les « compétents » procèdent de différentes manières :

En posant la question au patient :

« Est-ce que vous avez des questions ? »

« Je lui dis en gros qu’est-ce que vous avez compris de tout ce que je viens de vous dire ? »

En faisant reformuler le patient sur les informations qu’il a retenues :

« Je leur demande de redire ce que je leur ai expliqué »

« Faire reformuler le patient dans la décision »

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« Refaire reformuler le patient pour être sûr qu’il ait bien compris »

« Si par exemple avec une jeune fille pour une contraception on la met en situation, on la teste en

lui demandant si tu oublies ta pilule, tu fais quoi ? »

Le « compétent » souhaite également obtenir l’adhésion du patient à la prise en charge quitte à y

consacrer un temps supplémentaire en consultation :

« Prendre en compte l’avis du patient »

« Discuter avec le patient du traitement qu’on lui donne »

« Vérifier que le patient adhère à ce qu’on lui propose »

« Le patient dans l’entretien à la fin faut qu’il adhère à ce qu’on lui dit »

« Vaut mieux passer son temps à vérifier que le patient soit d’accord que lui prescrire

simplement »

« Pour convaincre le patient utiliser le « on » et pas le « je »

En véhiculant de la confiance dans ses propos :

« Être convaincu et ne pas être hésitant »

C-3 La place de l’examen clinique dans la communication :

La majorité des « compétents » observent un temps dédié à l’examen clinique considéré comme

un élément important et incontournable de l’entretien :

« Les patients disent ah le médecin est bien il m’a ausculté »

« Même s’il vient pour n’importe quoi faut toujours l’examiner»

« L’examiner »

L’examen clinique peut également être un moment de communication verbale :

« Décrire son examen »

Mais pour une « compétente » la consultation peut se dérouler sans examen clinique dans

certaines situations:

«Si c’est juste pour des papiers, je ne vais pas forcément l’examiner.. »

C-4 Une attention particulière à la communication non verbale :

Le non-verbal du patient :

La plupart des compétents prêtent attention à la communication non-verbale du patient :

« Lorsqu’ on voit le patient qui bascule en arrière sur son siège les bras croisés un signe

d’opposition… »

« Qu’il observe la personne qu’il a en face de lui »

« Qu’il la regarde »

« J’essaie de voir comment le patient réagi physiquement »

« Je regarde le patient au maximum »

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Le non-verbal du médecin :

Le « compétent » est également attentif à son comportement non-verbal qui peut comporter

plusieurs éléments :

La tenue vestimentaire :

« Faut avoir une tenue neutre, pas de mini-jupes ou de choses suggestives »

« Tu ne viens pas en jean ni en baskets »

L’utilisation de l’ordinateur :

« J’essaie au maximum de regarder le patient, de ne pas fixer mon écran d’ordinateur »

« Un médecin que je remplaçais qui refuse les ordi m’a dit tu travailleras avec des fiches tu seras

plus proche des patients, au début ça m’avait refroidi mais en fait c’est vrai »

« Qu’il lui parle en la regardant, qu’il ne tape pas sur l’ordinateur en même temps »

Des gestes de soutien au patient :

« Toucher les personnes, mettre une main sur l’épaule »

« Moi les personnes âgées j’ai beaucoup tendance à les caresser »

« Parfois j’aide les personnes âgées à se rhabiller, à descendre de la table qui est toujours trop

haute… »

L’environnement du cabinet :

« Un cabinet ordonné et propre on est sur de meilleures bases »

Les silences :

Une « compétente » respecte les moments de silence et ne cherche plus à les combler :

« Avant je voulais absolument combler les silences...puis je me suis rendue compte que ça ne

servait pas à grand-chose de parler et de combler les vides bien au contraire.. ».

C-5 Limites de l’entretien:

Liées au fonctionnement personnel du médecin :

Limites de l’entretien en « incriminant » le patient :

Le « compétent » en exprimant ce qui représente des limites à son entretien jugent que certaines

dépendent des patients, de leur comportement ou caractère. C’est en réalité une limite liée au

fonctionnement personnel du « compétent » qui laisse croire à un manque d’adaptabilité de sa

part :

« Les limites que j’ai c’est plus lié à l’individu que j’ai en face »,

« Oui Ca dépend de chaque personne, de son attitude »

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« Ça dépend des situation »

Préjugés sur le patient :

Le « compétent » exprime des limites à son entretien verbal lorsqu’il a en tête des idées ou

représentations préconçues de l’image du patient, les limites sont exprimées par de

l’incompréhension de la toxicomanie ou les tentatives de suicide par exemple, mais également de

la peur de l’image du patient pouvant engendrer une appréhension de la part du compétent pour

mener à bien l’entretien :

« Lorsqu’ on a des préjugés sur tel type de patient dès le départ, ça peut fausser la relation… »,

« Moi les toxicomanes c’est quelque chose que je ne supporte pas et dès le début je bloque... »,

« Les tentatives de suicide c’est quelque chose que je ne comprends pas »

« Quand il me fait peur.. »

Le manque de confiance en soi :

« Moi le fait de ne pas savoir de quoi va me parler le patient, dès le départ je suis tendue et je

crois que ça interfère dans la communication avec le patient… »

« Je ne me sens pas en confiance quand je suis face à un patient trop savant »

« Y en a qui nous renvoie cet aspect de jeunesse je pense que c’est un manque de confiance »

Une écoute insuffisante dans certaines situations :

Le « compétent » est moins ouvert à la communication et donc à l’entretien en cas de fatigue,

distraction :

« En fin de journée, quand t’es fatigué ou quand t’as des soucis personnels, t’es moins ouverte à

la communication »

« Quand on n’a pas mis d’écoute suffisante, on pense à autre chose »

C-6 L’autonomie du patient légitimée mais négociée :

Le « compétent » reconnait, légitime et respecte globalement l’autonomie de son patient de

manière théorique sans pour autant citer le code déontologique ou des notions éthiques, il

l’accepte plutôt en tant que droit du patient :

« Je trouve qu’il faut laisser un degré d’autonomie »

« J’accepte tout à fait l’opposition »

Pour le même « compétent » l’autonomie du patient est également perçue comme un bénéfice

secondaire :

« Je remplaçais un médecin paternaliste qui avait l’habitude de tout gérer pour ses patients, ils

se sont habitués à ce mode de fonctionnement et lorsque je suis arrivé je me suis retrouvé à

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devoir tout gérer, à un moment donné je me suis dit protège-toi parce que c’est très

chronophage, je perdais du temps et de l’énergie. »

La plupart des « compétents » interrogés, l’autonomie du patient est reconnue mais négociée

lorsqu’elle ne correspond pas à la décision attendue par le médecin, le « compétent » recherche

alors une vérité commune, un terrain d’entente entre lui et le patient :

« L’amener à une vérité commune avec des compromis »

« C’est une négociation »

« D’essayer de négocier en fonction du patient »

« L’approche centrée respectant l’autonomie du patient, ça serait apporter des informations

utiles au patient pour qu’il puisse décider… »

La négociation avec le patient est possible une fois que celui-ci a exposé ses motivations à

vouloir bénéficier de tel examen ou tel traitement :

« Je lui demanderais de m’expliquer pourquoi il veut faire tel ou tel examen puis je négocie avec

lui pour arriver à une vérité commune »

« Avant je leur donnais des explications mais ça ne marchait pas dans ce sens-là maintenant je

leur demande à eux de m’expliquer pourquoi eux ils pensent ça »

Pour un étudiant, l’autonomie serait de laisser le patient se débrouiller :

« Moi je ne fais rien sauf en situation d’urgence ; je dis au patient ; débrouillez-vous.. »

La difficulté pour une « compétente » serait d’être face un patient trop autonome qui sait ce qu’il

veut :

« L’autonomie du patient c’est parfois pénible ! C’est même plus de l’autonomie ça devient…On

a l’impression de servir à rien »

D Progression dans la compétence : « Communication, relation,

approche centrée patient »

D-1 Un besoin ressenti de formation :

Le « compétent » a l’impression d’avoir progressé dans l’acquisition de cette compétence du fait

de son expérience mais se sent frustré d’avoir appris beaucoup de notions sur le terrain :

« Je ne sais même pas si on peut donner des cours théoriques sur ce genre de chose »

Pour une autre :

« C’est dommage d’avoir tout à apprendre sur le tas… »

« Plus on progresse plus on ressent le besoin d’encore progresser » Quelques « compétents » expriment le besoin de se former théoriquement mais ont un facteur

limitant représenté par le temps :

« On aimerait assister aux groupe d’échanges mais c’est le manque de temps »

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« Les groupes de réflexion à plusieurs je pense c’est intéressant après il faut prendre le temps de

le faire »

D-2 Une place relativement faible pour la réflexivité:

La progression pour deux « compétentes » en communication leur permet une meilleure

connaissance de soi :

« C’est important de mieux se connaitre pour interagir avec le patient »

« Je me pose des questions sur moi-même, ma façon d’être »

Mais également par un auto questionnement pour seulement trois « compétentes » lorsqu’elles se

retrouvent confrontées à des situations cliniques difficiles :

« Lorsque je me suis sentie mal à l’aise à l’issue d’une consultation , le soir je me pose la

question de ce que je n’ai pas bien fait ou qu’est-ce que je devrai faire pour que cela se passe

mieux la prochaine fois »

« Se poser des questions tout le temps »

« Ça nous permet de nous auto questionner »

D-3 Connaissance des milieux de formation :

Le « compétent » a connaissance des principaux milieux de formation dédiés à cette compétence

et les cite :

Les groupes d’échange entre pairs : intérêts et limites

« J’ai en tête les groupes Balint ou les groupes entre pairs… »

« J’ai entendu parler des groupes Balint mais je sais pas où c’est »

« Il y a aussi les groupes d’échanges et d’analyse des pratiques »

« Il y a les groupes de parole »

« Les GEAP »

Pour un « compétent », il y a une limite à participer aux groupes d’échange entre pairs

représentée par les jugements d’autres confrères :

« Dans les groupes de parole, il y avait aussi les jugements des individus qui m’énervaient au

plus haut point ».

Les échanges duels entre médecins :

« Quand c’est trop difficile à gérer pour moi j’en parle aux médecins du cabinet qui sont plus

expérimentés et qui ont plus de recul »

« Echanger avec le médecin qu’on remplace »

« Des échanges avec le maitre de stage »

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D-4 Progression dans cette compétence grâce à l’expérience

professionnelle :

Beaucoup de « compétents » pensent avoir amélioré leur communication par leur expérience

professionnelle et sont convaincus que leur progression se poursuivra de cette manière :

« C’est en constante amélioration avec l’expérience »

« C’est avec l’expérience que je me connaitrais mieux et que je progresserai » « Au fur et à mesure en pratiquant »

« Faire des remplacements »

Le « compétent » pense que l’accumulation du temps permettra une amélioration à communiquer

avec le patient :

« C’est avec l’expérience de mes années que je saurais mieux communiquer, mais plus je

communiquerai et plus j’aurai de l’expérience, c’est un peu les deux.. »,

« Ce seront mes années d’expérience qui me permettront de progresser à mieux communiquer »,

D-5 Ouverture à d’autres sciences humaines:

Le « compétent » ne se limite pas au domaine médical et est capable de s’ouvrir à d’autres

sciences :

« J’ai assisté à de l’hypnose pour une petite fille très angoissée »,

« La sociologie, la psychologie, l’anthropologie »

Pour d’autres la lecture de revues médicales :

« Dans certaines revues spécialisées qui parlent de la relation médecin-patient »,

« Y a des livres mais je ne connais pas »

D-6 L’observation : le modèle de rôle des maitres de stages

ambulatoires en particulier:

Lors de leurs divers stages, les « compétents » se sont beaucoup inspirés de médecins ayant servi

de modèles à la communication notamment les maitres de stage ambulatoire du niveau 1 ou ceux

du SASPAS :

« Je m’en suis pas mal inspiré des maitre de stage ambulatoire »

«Nos maitres de stage je me suis beaucoup inspiré de comment ils faisaient »

« C’est vraiment le compagnonnage »

Les lieux de stages hospitaliers formateurs à la communication sont peu cités, c’est

essentiellement le stage en gériatrie :

« Une gériatre qui m’a impressionnée sur sa façon de communiquer avec les patients

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Alzheimer »

« En gériatrie aussi sur le plan relationnel »

D-7 Les discussions avec les maitres de stage(MDS) du SASPAS :

La quasi-totalité des « compétents » interrogés pensent que le stage en SASPAS représente le

principal moment de progression pour cette compétence, notamment lors de la supervision

indirecte au moment des discussions de fin de journée avec le MDS sur les situations ayant posé

problème :

« Les debriefs en SASPAS des consultations …De comment j’ai abordé ma communication et

comment j’aurais pu mieux faire ça c’était intéressant» « Ça m’a beaucoup servi en SASPAS la supervision directe ou indirecte »

D-8 L’expérience en dehors du cursus universitaire :

Deux « compétents » citent d’autres moyens de progresser en communication en dehors de la

formation professionnelle, à travers de certaines expériences personnelles comme divers petits

emplois effectués ou du bénévolat ce qui a contribué à susciter en eux une attitude empathique

pour certains patients : « J’ai eu des jobs d’étudiant comme aide-soignant, gardien de parking, ce qui m’a permis de

garder l’humilité et de comprendre la pénibilité du travail chez certains patients.»

« Je suis bénévole dans une association d’handicapés moteurs et ça relativise beaucoup sur les

différents moyens de communication de parler avec un regard, un toucher, de prendre le temps

avec quelqu’un qui a du mal à s’exprimer»

E Le secret médical

E-1 Définition du secret médical :

Le « compétent » définit assez mal le secret médical malgré l’enseignement universitaire

prodigué :

« Tout ce qui est en rapport avec le patient qui ne doit pas être divulgué »

« C’est un droit du patient… un droit au secret »

Le « compétent » ne cite pas spontanément sa formation théorique, le code de déontologie ni les

articles de loi.

E-2 Gestion du secret médical en pratique

Partage du secret médical :

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La majorité des « compétents » décrivent le partage du secret médical principalement autour du

courrier qu’ils établissent pour leur confrère spécialiste , ils ne cachètent jamais l’enveloppe(pour

que le patient puisse relire le courrier) et relisent à voix haute face au patient leur courrier

signifiant un accord implicite de ce dernier à dévoiler des informations le concernant:

« Je relis toujours la lettre que je rédige devant le patient et je lui dis êtes-vous d’accord avec ce

que j’ai écrit »

« De toute façon je lis toujours la lettre devant le patient »

« Je vais arrêter de cacheter les lettres »

« Je trouve ça normal que le patient puisse lire la lettre »

« La lettre reste toujours ouverte, je ne cache rien ni au patient ni aux collègues »

Pour une « compétente » dans le souci de préserver sa relation avec le patient évite d’écrire

certains termes contrariants :

« Je ne marque jamais obésité mais je mets BMI à tant... De même que je ne mets pas alcoolisme

chronique mais plutôt OH »

E-3 Les limites du secret médical encore floues :

Avec les acteurs paramédicaux :

Si le « compétent » estime que le secret médical se partage aux personnels intervenants :

« Moi je considère que je partage le secret médical »

« Moi aussi »

« S’ils sont intervenants sur le patient »

« Pour moi toute personne médicale ou paramédicale qui s’occupe du patient est soumise au

secret médical »

Il en entrevoit vaguement les limites concernant son partage avec le personnel paramédical

« Pour moi, je ne sais pas à qui je ne dois pas divulguer le secret médical, à l’aide-soignante ? À

la secrétaire ? »

« C’est compliqué parce que je ne sais pas à qui je dois dire »

Avec un confrère intervenant en cas de refus du patient

De même qu’en cas de refus du patient de divulguer une pathologie à risque de transmission telle

que le VIH par exemple, le « compétent » se trouve dans une situation délicate, la majorité pense

devoir convaincre le patient :

« Faut convaincre le patient s’il y a un danger pour le soignant »

« Si un patient VIH ne souhaite pas divulguer sa pathologie à un autre confrère ça peut poser

souci, dans ce cas-là j’essaie de convaincre le patient »

Les « compétents » n’expriment cependant pas la recherche des raisons poussant le patient à

refuser la transmission d’informations.

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Avec l’entourage familial du patient

Lorsque le patient refuse la divulgation des informations le concernant à son entourage familial,

le « compétent » est en difficulté:

« Le patient refuse qu’on en parle donc on a du mal à parler de quelque chose de concret pour la

famille »

« Cette difficulté d’inviter la famille à venir est-ce qu’on a le droit »

« Y a un risque de perte de confiance du patient si le patient veut cacher certaines choses à son

entourage»

F Gestion de la Communication avec les autres intervenants

Le « compétent » cite plusieurs intervenants autour du patient : la famille, les infirmières, le

pharmacien, le kinésithérapeute, les aides-soignants, l’assistante sociale.

F-1 L’entourage familial : Un interlocuteur important

L’entourage familial du patient représente un interlocuteur privilégié et important notamment si

le patient présente une communication limitée , incompatible avec l’entretien :

« Forcément si le patient est dément, on a besoin de l’entourage »

« C’est fondamental mais quand il y a des enfants forcément on est obligés de prendre en compte

la famille »

« Un patient qui a des problèmes psychiatriques, on est amené à voir le conjoint ou l’enfant »

Communiquer avec la famille pour rassurer le patient :

« L’entourage c’est important pour le patient pour qu’il soit rassuré »

Pour une « compétente » qui perçoit de manière positive l’instauration possible d’une relation

triangulaire lorsque des patients consultent souvent accompagnés de leur conjoint :

« Moi j’ai un patient qui vient toujours en consultation avec sa femme au final c’est une

communication à trois»

La pratique en ambulatoire leur permet de consacrer plus de temps pour discuter avec l’entourage

familial :

« maintenant on a plus de temps »

Limites de la communication avec l’entourage familial :

famille peu impliquée :

Le « compétent » ne peut communiquer avec un entourage familial peu impliqué à la prise en

charge du patient :

« Une famille qui s’en fout, qui n’est pas impliquée, je ne leur explique rien »

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« Ça me choque de voir à Paris, des patients seuls dont la famille ne s’en occupe pas…c est

culturel »

« Un monsieur qui ne comprenait rien au traitement, deuxième et troisième consultation…le

patient toujours seul j’ai été obligé d’appeler la famille pour qu’il viennent »

famille très nombreuse :

La communication du « compétent » est limitée lorsqu’il se retrouve face à une famille très

nombreuse, très demandeuse d’informations notamment lors de situations graves, il cite

l’alternative de s’adresser à un tiers désigné par le patient comme personne référent :

« Je ne peux pas répéter à 35 personnes la même chose.. »

« Quand il y a trop de monde autour du patient, je demande à la famille de choisir une ou deux

personnes référentes à qui je m’adresserai »

un entourage familial « manipulateur » :

Pour deux « compétentes » :

« Si l’entourage a un but de nous faire faire quelque chose contre le patient ça peut poser

problème »

« des fois j’ai l’impression qu’on va plus dans le sens de l’entourage que le patient »

F-2 Richesse de la communication interprofessionnelle avec les

intervenants paramédicaux :

plus souvent du paramédical vers le médecin

Le « compétent » a conscience que la communication avec les intervenants paramédicaux est

importante présentant une mine d’informations supplémentaires concernant le patient :

« Y a beaucoup d’avantages et d’informations à tirer d’eux »

« Eux ils peuvent avoir une information que nous on n’a pas »

mais également pour ses propres connaissances:

« Moi je leur demande ils ont plus l’habitude de faire des pansements que moi…donc pourquoi

pas… »

La communication réciproque est facilitée par le fait que ce sont les paramédicaux qui initient le

plus souvent la communication vers le médecin :

« Les paramédicaux, ce sont plutôt eux qui viennent vers nous pour nous donner des

informations »

« Les pharmaciens ils appellent c’est bien »

« Avec l’infirmière et le kiné ça se passe plutôt bien ,ils nous appellent ou nous envoient des

courriers »

Possibilité de différents modes de communication avec les infirmières :

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« On peut communiquer avec les infirmières par courrier »

« A travers les patients »

Une « compétente » préfère la présence des infirmières au moment de la visite au domicile du

patient :

« J’aime bien en visite à domicile leur présence ou les aides-soignantes aussi »

Difficultés communicationnelles avec certains paramédicaux :

Le compétent éprouve du mal à travailler et à communiquer avec des paramédicaux qui ne

respecteraient pas leur rôle :

«J’ai du mal à communiquer avec une infirmière qui ne resterai pas à sa place », qui ne

communiqueraient pas les informations ou qui imposeraient au médecin des examens

complémentaires sans discussion préalable :

« Plusieurs cas d’ostéo qui m’envoient des patients faites lui une écho machin sans m’en avoir

parlé avant…ce n’est pas un échange et le patient vient il veut quelque chose »

« J’estime qu’elle doit m’avertir elle décide de changer un traitement »

« Ça ne se passe pas bien lorsqu’ une infirmière décide d’un changement de traitement sans nous

tenir informés »

F-3 Communication avec les intervenants médicaux spécialistes :

Critères de choix du correspondant spécialiste :

Les « compétents » choisissent de collaborer avec leurs confrères spécialistes selon plusieurs

critères :

Le critère financier :

« S’il prend 80 euros sa consultation, ce n’est pas possible.. »

Le critère de compétence jugé par le généraliste par des courriers –retours ou la satisfaction des

patients mais aussi la qualité de la prise en charge :

« Quand y a pas mal de compte rendus qui viennent »

« Qui nous donne un retour d’information »

« La qualité du courrier comment ils répondent »

« La qualité de la prise en charge qui me parait logique »,

« C’est en fonction de ce que me disent les patients, untel a été sympa, un autre m a bien reçu.. »

« On peut aussi être orienté par le patient qui peut nous dire j’ai été en confiance »

L’accessibilité :

« Il ne faudrait pas qu’il exerce trop loin du patient »

« Quelqu’un qui serait disponible avec qui on communique facilement »

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« La disponibilité »

Connaissance personnelle :

« Si je le connais , c’est encore mieux »

« Qui peut être un ami aussi »

« La relation qu’on a avec le spécialiste »

« Quand je serais installée j’aimerais bien connaitre les gens »

Le courrier et le téléphone : principaux médias utilisés

Le « compétent » utilise principalement le téléphone comme moyen de communication avec le

spécialiste en cas de demande de compléments d’informations concernant la prise en charge du

patient .Le téléphone est aussi utilisé en cas d’avis ou de rendez-vous urgents.

Le « compétent » y voit un outil idéal pour une communication plus rapide:

« Si je ne comprends pas sa prise en charge je prends le téléphone »

« Le téléphone juste pour avoir un avis sur la prise en charge »

« En cas d’urgence ou si je demande un avis immédiat, j’utilise le téléphone »

« Si on veut un examen en urgence ben on est obligé d’appeler »

« Appeler avant d’adresser aux urgences »

Le courrier est réservé en cas d’avis non urgent ou de demande d’examens complémentaires :

« Avec les confrères c’est souvent par courrier »

« Si ça peut attendre, j’utilise le courrier »

Structuration du courrier :

Le « compétent » structure ses courriers et sa demande au confrère spécialiste en fonction des

particularités des situations cliniques et de l’incertitude :

« Tout dépend de la demande »

« Tout dépend du patient de la symptomatologie »

« Apres ça dépend si on est à l’aise dans la discipline…si je ne suis pas à l’aise je le laisse juge

de ce qu’il fera »

En fonction de la situation clinique, la demande peut être formulée de différentes manières :

« Je vous demande votre avis sur ça »

« Pour une patiente qui avait une TSH élevée ou un nodule thyroïdien j’ai formulé des

hypothèses »

Traitement de l’avis du confrère spécialiste par le « compétent » :

Le « compétent » peut exprimer un désaccord avec la prise en charge des médecins spécialistes

et réagi principalement de deux manières :

-Soit en contactant par téléphone le confrère pour avoir des explications :

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« En cas de désaccord, ça peut m’arriver d’appeler ce spécialiste pour avoir des explications »

« Je le rappelle qu’il m’explique pourquoi il fait ça »

-Soit en demandant l’avis d’un deuxième confrère spécialiste :

« Si je ne suis pas d’accord avec l’avis de mon confrère, je demande un deuxième avis si ça me

parait aberrant »

« Si on est pas d’accord avec ce qu’il nous propose on peut toujours demander un second avis »

Le « compétent » aura tendance à faire confiance à son confrère s’il juge n’avoir pas assez de

compétences en la matière pour exprimer un éventuel désaccord :

« Lorsque je ne maitrise pas trop le sujet, j’ai tendance à faire confiance à l’avis de mon

confrère »

« Si je ne connais rien à la pathologie on essaie de faire confiance »

Difficultés communicationnelles avec les confrères spécialistes :

L’attitude hautaine de certains spécialistes est mal perçue :

Le « compétent » communique avec les confrères spécialistes dans sa pratique quotidienne mais

rencontre des difficultés face à des spécialistes ayant une attitude hautaine face à l’interne ou le

médecin généraliste :

« Y en a toujours qui nous prennent de haut »

« Un orthopédiste qui m’a dit que j’étais incompétente »

Une communication le plus souvent à sens unique :

Les difficultés proviennent également d’une communication se faisant souvent à sens unique, le

généraliste établissant un courrier sans réponse du confrère spécialiste :

« Quand on a aucun retour c’est pénible »

« J’ai l’impression que parfois ça ne va que dans un sens »

Synthèse des résultats issus de l’analyse selon le codage générique :

Les étudiants du niveau « compétent » ont conscience de l’importance et de la place centrale

qu’occupe la compétence « Communication, relation, approche centrée patient » dans l’exercice

quotidien du médecin généraliste mais également de la pauvreté en termes de formation au cours

du deuxième cycle des études médicales.

Une communication correcte médecin-patient est perçue comme un échange verbal ou non verbal

respectant les conventions reconnues de politesse.

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La communication du « compétent » est basée sur l’écoute et sur le désir d’une compréhension

réciproque notamment lorsqu’ils affirment utiliser un langage adapté au bagage culturel de leurs

patients.

Cette communication interpersonnelle représente pour les « compétents » l’outil indispensable à

la construction progressive de la relation médecin-patient. Celle-ci étant plutôt décrite comme

une histoire entre le médecin et le patient ayant un sens.

Un comportement empathique présage une relation de bonne qualité. Une bonne relation quant à

elle améliore la qualité de la communication et instaure progressivement un climat de confiance.

Le type de relation entretenue est globalement décrit selon les « compétents » par une attitude

d’écoute ou parfois par l’usage de l’humour.

Les « compétents » se sentent globalement plus à l’aise pour mener une entrevue et dans les

relations entretenues avec leurs patients principalement grâce aux stages ambulatoires.

La structuration de leur entretien est en concordance avec les travaux de Kurtz et est marqué par

des étapes telles que l’accueil du patient, un recueil d’information encadré, l’examen clinique.

Les « compétents » respectent les phases d’information et d’explication. Ils vérifient la

compréhension du patient ainsi que son adhésion au projet thérapeutique et prennent en

considération les aspects non-verbaux.

Par contre, l’approche centrée patient n’est pas correctement intégrée dans la description de leurs

entretiens. Les « compétents » perçoivent l’attitude centrée patient plutôt comme une prise en

charge plus globale du patient.

L’autonomie du patient au cours de l’entretien est reconnue d’un point de vue théorique mais en

pratique remise en cause lorsque l’avis exprimé par le patient ne correspond pas à la décision

thérapeutique des « compétents ».

Les difficultés communicationnelles rencontrées sont liées au comportement de certains patients

(agressifs, inobservants, revendicateurs) ou du fonctionnement personnel du médecin (incertitude

diagnostique, fatigue, préjugés).

Certains « compétents » ont cependant mis en place, lors de ces situations des stratégies au cours

de l’entrevue pour maintenir la communication avec le patient.

Les « compétents » citent les principaux milieux de progression à l’apprentissage de la

compétence « Communication, relation, approche centrée patient » mais peu y participent

arguant un manque de temps.

La réflexivité n’est que peu citée comme moyen de progression pour cette compétence. La

plupart des « compétents » étant convaincus que leur expérience professionnelle suffit à

l’amélioration de leur communication et pensent poursuivre leur progression de cette manière.

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Une meilleure connaissance de soi afin de progresser n’est pas majoritairement exprimée dans les

discours des « compétents ».

La communication avec l’entourage familial du patient est intégrée à la pratique quotidienne du

« compétent » et représente une valeur ajoutée dans la démarche de qualité des soins prodigués

au patient.

La communication interprofessionnelle avec les intervenants paramédicaux et médicaux

spécialistes est reconnue comme essentielle dans l’exercice quotidien des « compétents ».Ceux-ci

exploitent les compétences de chaque intervenant pour assurer un travail d’équipe optimal. Cette

communication se déroule de manière efficace en utilisant principalement comme médias le

courrier ou le téléphone en fonction des situations.

Cette communication comporte cependant des limites que les « compétents » arrivent à

identifier .Parmi celles-ci ; le non-respect d’un intervenant paramédical, des confrères spécialistes

ayant un comportement hautain ou n’adressant pas de courriers-réponses au médecin traitant. En

cas de désaccord avec l’avis d’un intervenant, le « compétent » est capable d’émettre des

critiques et réagir de manière adaptée.

Pour les « compétents » il y a clairement une méconnaissance de la définition et de la gestion

précise du secret professionnel au quotidien. Le partage du secret médical comporte des limites

notamment avec les intervenants paramédicaux ou lorsque le patient refuse que le médecin

divulgue des informations le concernant à un confrère spécialiste ou à son entourage familial.

RESULTATS EN COMPARAISON AVEC LA GRILLE DE

LECTURE DU GROUPE NATIONAL EXPERT

A En dehors de situations très complexes, mène en autonomie un entretien

centré patient et structure ce dernier

L’entretien mené par le « compétent » est plutôt structuré et en adéquation avec les grandes

étapes (accueil, recueil information, examen clinique, informations) décrites par l’échelle

Calgary-Cambridge. L’entretien a cependant tendance à être très « dirigé » par les « compétents »

avec le risque de passer à côté d’informations importantes concernant la décision thérapeutique

pour le patient.

Le « compétent » décrit vouloir :

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« Comprendre ce que vit le patient »

« Essayer de prendre en compte ses attentes »

« S’adapter constamment au patient » sans employer au cours de son entretien des habiletés

communicationnelles d’une approche centrée patient. Dans le discours du compétent, le fait de

sonder explicitement les perspectives et besoins du patient n’est pas décrit.

Il recherche l’adhésion du patient dans la démarche clinique ainsi que dans la décision finale :

« Vérifier que le patient adhère à ce qu’on lui propose »

« A la fin le patient faut qu’il adhère »

« Pour convaincre le patient on utilise le « on » et pas le « je »

« Prendre en compte l’avis du patient »

« Discuter du traitement avec le patient »

On ne relève cependant aucune information dans les verbatim exprimés par le

« compétent » concernant la préparation de la fin de l’entrevue et la planification des

prochaines étapes.

B Dans les conditions habituelles de complexité modérée, est capable de gérer

les émotions, de rester empathique et respectueux

Dans le discours des « compétents », on retrouve le respect de conventions sociales telles que se

saluer, se présenter , mais aussi le souhait d’ une compréhension mutuelle des messages

échangés :

« Se présenter, dire qui il est »,

« Dire bonjour »

« Serrer la main »

« Laisser le patient s’assoir »

« La communication c’est se comprendre l’un et l’autre »

« Choisir notre vocabulaire pour être compréhensif »

L’éthique de la communication « médecin-malade » n’est pas totalement respectée par le

« compétent » car on perçoit que celui-ci a plutôt tendance à monopoliser le temps de parole au

cours de l’entrevue :

« Ecouter le patient mais aussi savoir le recadrer »

«Les patients qui ont quinze motifs de consultation je recentre la communication »

« Si on laisse le patient parler, ça peut être vite…On peut remonter à loin.. »,

Le « compétent » reconnait et légitime les émotions du patient (colère, angoisse, pleurs) mais se

sent encore en difficulté et peu « armé » en matière de communication face à certaines émotions

exprimées par le patient en particulier l’agressivité :

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« J’ai du mal avec ça l’agressivité »

« Les patients agressifs, nerveux »

Une « compétente » reconnait ses difficultés à gérer l’angoisse de certains patients :

«J’ai aussi du mal avec les patientes angoissées revendicatrices »

La plupart des « compétents » reconnaissent leurs émotions notamment face à un patient

agressif :

«Les patients agressifs, on est tout de suite braqués »,

«C’est plus fort que moi le ton monte et je m’énerve ».

Seule deux « compétentes » font preuve d’empathie :

« Essayer de comprendre pourquoi il est agressif, peut-être qu’il est dans une situation difficile »

« Lui demander pourquoi vous êtes en conflit avec moi ? »

D’autres types d’émotions du patient tels que la tristesse ou la joie par exemple n’ont pas

été abordés par les étudiants.

L’autonomie du patient est légitimée :

« J’accepte tout à fait l’opposition »

et respectée par le « compétent » :

« Faut laisser un degré d’autonomie »

« Ça fait du bien aussi de laisser les gens décider de moins s’impliquer » cependant si l’avis

exprimé par le patient ne correspond pas ou parait incohérente avec la décision du « compétent »

celui-ci préfère « négocier » avec le patient pour aboutir à une prise de décision partagée et

consentie des deux côtés :

« Essayer d’arriver à une vérité commune »,

« C’est des compromis »

« Ce sont des négociations »

Cependant on ne relève pas de référence à des notions de psychologie médicale dans le

discours des « compétents » pour expliquer la nature des réactions du patient ou les siennes.

C Dans les conditions habituelles de complexité modérée, est capable de

mettre en place une relation de soutien à effets psychothérapeutiques

bénéfiques pour le patient

Le compétent n’a pas réellement conscience que son écoute sa présence ainsi sa communication

verbale comme non-verbale concourent à un effet psychothérapeutique notamment chez les

patients en souffrance psychologique. Aucun compétent n’évoque le soutien psychologique.

La majorité des « compétents » ont tendance à diriger l’entretien et dans cette optique

n’accordent donc pas une écoute suffisante à leurs patients :

« Il faut aiguiller le patient »

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« Ecouter le patient mais savoir aussi le recadrer »

« Faut savoir les guider »

Il ne repère pas suffisamment les points d’appel évocateurs de souffrance psychologique dans le

discours du patient. Le « compétent » n’utilise pas assez ses compétences communicationnelles

pour aider le patient à exprimer ses difficultés.

Seulement deux « compétents » donnent l’occasion au patient d’exprimer ses problèmes

personnels:

« Je leur pose la question y-a-t-il des problèmes familiaux ou professionnels ? »

« Y aurait-il des soucis dont vous voudriez me parler ? »

Le « compétent » ne s’est pas exprimé sur le fait de prendre du recul sur son propre à priori

de soignants face aux positions subjectives du patient.

D Lors de situations et/ou de relations qui posent problème (agressivité,

séduction, sympathie, rejet etc.), construit et tente de maintenir la relation tout

en se questionnant sur la nature de celle-ci

Certains comportements de patients sont difficiles à gérer sur le plan communicationnel pour le

« compétent » principalement les patients agressifs :

« Les patients agressifs j’ai du mal avec ça »

« Les patients agressifs, nerveux ».

Le « compétent » est capable de nommer ce qui a posé problème entre lui et le patient mais il ne

se questionne pas suffisamment sur les causes à l’origine de la situation-problème.

Certains tentent de mettre en place des stratégies pour maintenir la relation en adaptant leur

comportement face à ces situations :

« Je reste calme au lieu de m’énerver moi aussi »

« Ne pas montrer qu’on a peur »

ou en adoptant un comportement empathique :

« Il faut comprendre pourquoi il est agressif, il peut être dans une situation difficile »

La plupart des « compétents » ont des difficultés à définir la nature des relations entretenues avec

les patients, les réponses fournies sont plus liées au comportement adopté par le médecin qu’aux

raisons profondes de ces comportements :

« D’écoute »

« Je fais de l’humour »

« Y a beaucoup de rires ».

Seulement deux « compétents » affirment entretenir la plupart du temps une relation médecin-

patient de type paternaliste :

« J’ai plutôt tendance à diriger »

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« Spontanément je suis plutôt paternaliste »

Aucun « compétent » n’évalue les sentiments ou émotions que le patient ressent pendant le

traitement comme une information possible sur le fonctionnement psychologique ou

relationnel de celui-ci.

E Communique sur ses erreurs en tenant compte de l’avis du patient et en

acceptant d’être remis en cause

Les erreurs médicales n’ont jamais été abordées au cours des focus-groupes.

F Dans les conditions habituelles, réfléchit à sa capacité communicationnelle

avec le patient et son entourage

Le « compétent » ne s’auto questionne pas régulièrement sur la communication qu’il entretient

avec l’entourage et les acteurs intervenants sur le patient. L’auto-questionnement est réalisé par

seulement trois « compétentes » au décours de situations cliniques qu’elles jugent difficiles

« Lorsque je ne me sens pas très bien, je réfléchis à cette consultation et comment j’aurais pu

l’améliorer »

« On analyse nos réactions vis-à-vis des patients »

« Je me pose des questions sur ma façon d’être »

La communication avec l’entourage familial du patient et les intervenants est intégrée dans

l’exercice quotidien du « compétent » mais comporte des limites que le compétent arrive à

identifier sans pour autant se donner les moyens de les analyser.

Le « compétent » connait les principales structures de formation existantes pour améliorer cette

compétence :

« BALINT »

« GEAP »

« Les groupes d’échanges entre pairs »

mais aucun des « compétents » n’y ont participé faute de temps à y consacrer et n’expriment que

peu le projet de participer à ce genre de formation.

De même que peu de « compétents » expriment le besoin d’une connaissance de soi pour

développer la relation médecin-patient et ne se sont pas renseigné sur d’éventuelles formations

dédiées à cela.

Seulement deux « compétentes » affirment :

«Je me pose des questions sur moi sur ma façon d’être …Je trouve que je me découvre en fait »

« C’est important de mieux se connaitre pour interagir avec le patient »

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G Met en œuvre avec les intervenants médicaux, médicosociaux et l’entourage

du patient une relation opérationnelle dans l’intérêt du patient

Le « compétent » est capable de coordonner les soins autour du patient en utilisant une

communication efficace non hiérarchique avec les intervenants médicaux et paramédicaux.

Avec les confrères spécialistes, il communique de manière efficace principalement par téléphone

ou courrier partant des problèmes de santé du patient :

« Courrier ou téléphone ça dépend »

Travaille en équipe en utilisant les compétences des intervenants paramédicaux et médico-

sociaux à condition d’un respect mutuel :

« C’est bien de voir les infirmières au domicile du patient »

« Les infirmières je leur demande elles ont plus l’habitude de faire les pansements que moi »

« Je communique avec les infirmières par ordonnance »

Il est capable de garder une vision critique de l’avis de leur confrère spécialiste et de réagir de

manière adaptée en cas de désaccord :

« Si je ne suis pas d’accord je demande un deuxième avis »

« Si je ne comprends pas j’appelle »

Synthèse des résultats en comparaison avec la grille de lecture du

groupe national expert :

Certains résultats issus de cette analyse en comparaison avec la grille du groupe expert

rejoignent ceux issus de la première analyse (cf. discussion).

Mais cette analyse met aussi en exergue les points non retrouvés lors de la première

analyse :

Dans la description de leurs entretiens, les « compétents » n’expriment aucune habileté

communicationnelle d’approche centrée patient et n’explorent pas les perspectives et besoins du

patient. Ils ne s’expriment pas concernant la préparation de la fin de l’entrevue et ne planifient

pas les prochaines étapes.

Le temps de parole accordé au patient est inégal et du à une insuffisance d’écoute de la part du

« compétent ».Ce manque d’écoute conduit à un défaut de repérage des difficultés

psychologiques verbalisées dans le discours du patient. Les « compétents » n’exploitent pas assez

leurs capacités communicationnelles et relationnelles pour aider le patient à s’exprimer sur ses

souffrances psychologiques. Le « compétent » ne dit pas s’il est capable d’une prise de recul vis-

à-vis de son propre à priori de soignant face aux positions subjectives du patient.

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Cependant les émotions du patient ainsi que les propres émotions du « compétent » sont

reconnues et légitimées elles ne sont pas assez analysées et le « compétent » ne fait pas référence

à des notions de psychologie médicale pour comprendre la nature des réactions du patient et les

siennes.

Aucun « compétent » n’évalue les sentiments ou émotions que le patient ressent pendant le

traitement comme une information possible sur le fonctionnement psychologique ou relationnel

de celui-ci

DISCUSSION

A Rappel des principaux résultats

A-1 Points positifs :

- Les « compétents » ont une structuration logique du début à la fin selon l’échelle de

Calgary-Cambridge de leur entretien avec respect des étapes telles que l’accueil,

l’ouverture de l’entrevue, recueil d’informations, phases d’information et d’explications

au patient.

- Le « compétent » inclue le patient dans le raisonnement clinique et recueille son adhésion

à la décision finale.

- La communication du « compétent » est basée sur le respect de la politesse, du patient en

tant qu’individu et sur le désir d’une compréhension mutuelle au cours de l’entretien. Il

met en pratique seulement certains aspects de l’éthique de la communication médecin-

patient.

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- Malgré des situations cliniques jugées difficiles que le « compétent » arrive à identifier, il

est cependant en mesure de mettre en place des stratégies alternatives pour maintenir la

communication.

- Face aux émotions du patient qu’il reconnait et légitime, le « compétent » adopte un

comportement respectueux et tente de faire preuve d’empathie.

- Le « compétent » connait et cite les principaux milieux de formation théorique à la

communication

- Il intègre dans sa pratique quotidienne la communication avec l’entourage familial du

patient tout en ayant conscience de ses limites.

- Conscient de sa nécessité, le « compétent » emploie une communication

interprofessionnelle opérationnelle et efficace avec les intervenants paramédicaux et

médicaux spécialistes autour du patient. Il exploite les compétences de chaque intervenant

pour assurer une prise en charge optimale. Si toutefois le « compétent » exprime un

désaccord avec l’avis d’un intervenant, il est capable d’émettre des critiques et réagir de

façon cohérente.

A-2 Points négatifs :

- Au cours de leurs entretiens les « compétents » n‘entreprennent pas d’exploration de

l’agenda caché du patient et n’utilisent pas d’habiletés communicationnelles utiles à une

approche centrée patient. Ils ne préparent pas la fin de l’entrevue ni la planification des

prochaines étapes.

- Le recueil d’informations a tendance à être encadré par les « compétents » et laisse peu

de place à l’expression libre du patient conduisant à une insuffisance d’écoute du

médecin.

- L’autonomie du patient au cours de l’entrevue se retrouve limitée car discutée lorsque la

décision prise par le patient ne correspond pas à celle du « compétent ».

- Certaines émotions telles que l’agressivité représentent encore des situations difficiles à

gérer sur le plan communicationnel pour le « compétent ».

- La nature des relations entretenues avec les patients est mal décrite par les « compétents »

qui affirment avoir une relation d’écoute et basée parfois sur l’humour.

- La réflexivité est peu citée comme méthode de progression à la communication médecin-

patient et donc très peu pratiquée.

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- Le besoin d’une connaissance de soi n’est que très peu évoqué par les « compétents »

pour améliorer la relation médecin-patient.

B Discussion des résultats

Si l’on considère que le discours des « compétents » renseigne sur leurs cognitions,

représentations et savoir-faire, le non-discours ou la non-évocation de certains éléments font

penser que ceux-ci ne sont peut-être pas ou insuffisamment maitrisés malgré un stade où ils sont

censés être pleinement autonomes et jugés en capacité d’exercice de la médecine générale.

B-1 Critiques des résultats issus de l’analyse qualitative selon le codage

générique :

B-1-1 Importance de la compétence « Communication, relation, approche centrée

patient »

La majorité des « compétents » reconnaissent la place centrale et fondamentale qu’occupe la

compétence « Communication, relation, approche centrée patient » dans la pratique quotidienne

d’un médecin généraliste.

Comme les novices étudiés par Mercier Pauline [30], les « compétents » décrivent cette

compétence comme transversale devant s’appliquer à toutes les taches du médecin généraliste et

plus généralement dans tous les domaines de la médecine.

B-1-2 Prise en compte de la communication non verbale

La majorité des « compétents » sont conscients d’une communication non verbale au cours de

l’entretien. La plupart gère désormais mieux la communication non-verbale dépendante des deux

parties (patient et médecin).Ils observent les réactions du patient pendant la durée de l’entretien

et s’arrêtent d’écrire ou d’utiliser leur ordinateur lorsque le patient parle « je le regarde » « ne

pas utiliser d’ordinateur ».La gestion de leur communication non-verbale va plus loin lorsqu’ils

disent faire attention à leur tenue et environnement du cabinet « tenue neutre » « un cabinet

propre et rangé ».

Le niveau novice étudié par Mercier Pauline expriment globalement des difficultés à gérer le

non-verbal du patient et leur propre non-verbal car plus concentrés sur les procédures

biomédicales : « En effet une partie des novices plus à l’aise avec le non-verbal conseille de

commencer par analyser son propre non-verbal et donc de prendre du recul sur ses propres

réactions avant d’appréhender le non-verbal du patient » [30]

B-1-3 Une maitrise insuffisante de notions théoriques sur cette compétence :

De manière globale, les connaissances théoriques enseignées concernant la compétence

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« Communication, relation, approche centrée patient » sont très peu citées par les « compétents ».

Seulement une « compétente » rapporte une manière de communiquer enseignée lors d’annonces

de maladies graves au cours du deuxième cycle. Cependant une majorité des « compétents »

partagent la conviction d’un manque de formation facultaire dédiée à cette compétence.

Des règles de communication interpersonnelle partiellement respectées :

Dans leur communication, on retrouve des notions de communication verbale et non verbale à

bases d’échanges interactifs entre le médecin et le patient en tenant compte du contexte de celui-

ci.

On retrouve à minima le respect d’une éthique de la discussion à travers l’identification par le

« compétent » du patient comme individu à part entière, l’utilisation des règles de politesse

(saluer, se présenter) et de par la volonté exprimée du « compétent » d’aboutir à une

compréhension réciproque et à des décisions partagées malgré un temps de parole inégalitaire.

Or ce qui ressort de la littérature concernant l’éthique de la communication notamment dans

l’ouvrage de Marie-Thérèse Lussier et Claude Richard ; « la communication professionnelle en

santé » [39], le respect complet d’une éthique de la discussion passe par un critère important qui

est celui d’un temps équitable de parole.

Une méconnaissance de l’approche centrée patient :

La plupart des « compétents » abordent la définition « médecine centrée patient » comme une

démarche de prise en compte du contexte psycho-social du patient, pour eux cela se résume à une

prise en charge plus globale.

Le niveau Novice étudié dans la thèse de Mercier Pauline partage cette vision de l’approche

centrée patient comme une manière d’interagir avec le patient tenant compte de la globalité de

son contexte. En effet les novices abordent une relation centrée patient comme prendre « le

patient dans sa globalité » [30]

Il s’agit là d’une approche biopsychosociale mais qui à elle seule demeure insuffisante pour

adopter une attitude complétement centrée patient d’après la définition de Millette Bernard [31].

Certains « compétents » pensent que la relation médecin-patient est « forcément » centrée

patient ce qui n’est pas tout à fait exact.

D’autres tiennent des propos tels que « j’essaie de voir ses attentes » « j’essaie de comprendre ce

qu’il veut » mais en pratique ils n’utilisent aucune habileté communicationnelle d’approche

centrée patient. Les craintes, les perspectives ou les attentes des patients ne sont en fait pas

systématiquement recherchées au cours des entretiens décrits par les « compétents ».

Cette méconnaissance vient du fait que les internes n’ont jamais depuis le début de leur cursus

universitaire appris à être « centré patient » mais plutôt « centré maladie » (modèle biomédical)

aussi bien lors des cours facultaires qu’en stage hospitalier. Les stages ambulatoires représentent

les lieux leur ayant permis de s’intéresser un peu plus au patient en tant qu’individu mais

apparemment de manière insuffisante car conditionnés pendant des années à traiter des maladies

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et non des individus. Les deux modèles (biomédical et centré patient) devraient à leur stade de

formation être intégrés de manière complémentaire dans leur pratique médicale.

On peut ainsi déduire qu’il n’y a pas d’évolution notable chez les étudiants du DES de médecine

générale concernant ce que représente une attitude centrée sur le patient .Ils n’adoptent pas cette

démarche dans leurs entrevues dès l’entrée du DES ni en fin du cursus universitaire.

Nature des relations médecin-patient mal définies :

La plupart des « compétents » sont conscients qu’on ne peut avoir de relation sans communiquer.

Cette conviction est également retrouvé chez le niveau novice étudié par Mercier Pauline, les

novices expriment que « tout est basé sur le dialogue » [30]

Cependant la plupart d’entre eux définissent mal la nature des relations entretenues avec leurs

patients. Certains décrivent une relation parfois basée sur l’humour, ce qui peut être interprété

comme un moyen de défense psychique inconscient sans explicitement décrire les degrés

d’intervention respectifs du médecin et du patient dans les décisions prises au cours des

entrevues. Deux « compétents » affirment avoir spontanément une relation médecin-patient de

type paternaliste. Dans le troisième groupe l’autonomie du patient est reconnue mais discutable,

négociable pour aboutir à un compromis comme si les « compétents » ont le désir non exprimé

d’une relation de type partenariat.

Pas de lien établi entre la communication et l’approche centrée patient :

Les « compétents » reconnaissent à juste titre que la relation permet également d’autres types de

communication. Ainsi la communication et la relation ont des influences réciproques l’une sur

l’autre dans l’esprit des « compétents ». Mais ils ne citent pas de liens unissant la communication

avec l’approche centrée patient et réciproquement. Or d’après la littérature, être centré patient

c’est dialoguer, discuter donc communiquer avec le patient dans la perspective de découvrir le

vécu, les attentes et représentations du patient. Ce lien important communication-approche

centrée patient non établi s’explique une fois de plus par une méconnaissance du concept

d’approche centrée patient par les « compétents ».

Les étudiants du niveau Novice ne pensent pas différemment lorsqu’ils citent : « Relation,

communication ça marche ensemble et ça permet de faire une approche centrée patient » [30]

Une gestion vague du secret médical en pratique :

Aucun des « compétents » n’a été capable de fournir une définition correcte du secret médical et

ce malgré les enseignements théoriques en début du cursus visiblement mal intégrés et non

répétés par la suite.

Avec les intervenants médicaux et paramédicaux, le partage du secret médical est mal délimité.

Le « compétent » sait avec quel intervenant il peut divulguer le secret mais ne sait pas où se situe

la limite du partage (aide-soignante, pharmacie, secrétaire ?).Pourtant de par sa formation

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principalement hospitalière l’interne de médecine générale est habitué au partage implicite du

secret médical avec ces intervenants médicaux et paramédicaux. Mais on a le sentiment que le

« compétent » perd ses repères en termes de gestion du secret médical en pratique ambulatoire.

Lorsqu’il est confronté à un patient par exemple VIH refusant la divulgation de son secret, la

majorité des « compétents » réagit spontanément en tentant de convaincre le patient et certains se

sentent démunis et ne savent pas quelle attitude adopter sur le plan communicationnel face à un

patient persistant dans son refus.

De même qu’une autre limite reconnue par les « compétents » dans la communication avec

l’entourage familial du patient est celle se rapportant au secret médical. Cette limite comportant

le risque de perte de confiance du patient n’est pas assez analysée par les « compétents ».

Pauline Mercier à propos du groupe novice concernant le secret médical : « Concernant le secret

médical, le novice en a une mauvaise connaissance. Cela peut-être dû à un manque d’intégration

des bases théoriques » [30].Les « compétents » sont donc au même niveau de difficulté que les

novices concernant la gestion du secret médical.

On peut alors proposer une répétition des bases théoriques du secret médical au cours de la

formation initiale et pourquoi ne pas évaluer la gestion du secret professionnel lors de jeux de

rôle ou lors de situations authentiques en supervision directe.

B-1-4 Posture empathique

Les « compétents » expriment de l’empathie face à un patient révélant ses émotions quel qu’elles

soient. Ils définissent l’empathie comme « se mettre à la place du patient » « Essayer de

comprendre ce que vit le patient » sans citer la notion de projection ni les habiletés

communicationnelles utiles pour exprimer de l’empathie.

Les novices étudiés par Mercier Pauline citent seulement l’empathie sans la définir [30]

B-1-5 Un manque évident de réflexivité

Certaines situations cliniques ou comportements de patients représentent des difficultés

communicationnelles en consultation que les « compétents » réussissent à identifier.

La plupart des « compétents » n’analyse pas suffisamment en autonomie les causes de leurs

mauvaises expériences relationnelles. Le manque de temps, la fatigue de fin de journée ou

l’acceptation des choses concourent à un manque d’autoréflexion sur les situations ayant posé

problème. Seulement deux « compétents » se posent des questions afin d’améliorer leur

communication pour éviter la récidive de la situation-problème.

Aucun « compétent » ne cite l’item de leurs journaux de bord concernant la narration et la

résolution par l’autoréflexion des problèmes relationnels avec la rétroaction positive des

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enseignants tuteurs .En revanche la majorité des « compétents » reconnaissent l’effet positif de la

rétroaction des maitres de stage lors de situations ayant engendré des problèmes relationnels au

cours du SASPAS.Ces maitres de stage encouragent le « compétent » à l’autoréflexion ce qui est

bien reçu , mais on a le sentiment que ce dernier une fois livré complètement à lui-même

n’autoanalyse pas assez sa pratique. Seulement deux « compétentes » s’auto questionnent.

Beaucoup de « compétents » pensent que les situations conflictuelles, leurs limites

communicationnelles et relationnelles découlent directement des attitudes et comportements des

patients. En « incriminant » ainsi le patient, il est possible que les « compétents » veuillent

minimiser leur part de responsabilité engagée dans les situations conflictuelles ou dans leurs

limites communicationnelles. On peut conclure de ce fait, une fois de plus, qu’il existe une prise

de recul insuffisante par les « compétents ».

Il en est de même concernant le niveau novice étudié par Mercier Pauline qui rapporte :

« Il repère les situations conflictuelles avec le patient ou son entourage mais n’a pas la capacité

pour prendre du recul sur ses situations et les analyser afin de trouver une solution. »[30]

Pratiquement aucun « compétent » (sauf deux) n’exprime la nécessite d’une meilleure

connaissance de soi qui pourrait permettre de mieux analyser ses propres réactions face au

patient.

B-1-6 Une formation continue absente :

Malgré l’accord général de penser que la communication et la relation sont au centre du

professionnalisme médical, seulement deux « compétents » ont participé aux groupes d’échanges

entre pairs (GEAP). La plupart connaissent les lieux de formation sans n’y avoir jamais participé.

Ils expriment l’envie de le faire mais sans pour autant y accorder le temps nécessaire. Les

« compétents » ont plutôt assisté aux formations médicales continues portant sur des sujets

biomédicaux et une interne seulement exprime le besoin de continuer à se former

« techniquement » pour améliorer sa communication. Certains pensent que leur expérience au fur

et à mesure des situations cliniques rencontrées, permettra une meilleure maitrise de la

compétence « Communication, relation, approche centrée patient » mais l’inverse pourrait

également se produire.

Pour les étudiants du niveau novice, Mercier Pauline rapporte que la plupart connaissent les

groupes d’échanges entre pairs, un seul cite les groupes Balint, une novice cite l’autoréflexion

comme moyen de progresser. Comme la plupart des « compétents », les novices pensent que leur

expérience professionnelle passant par l’observation des médecins hospitaliers ou maitres de

stage leur permettra d’améliorer leur communication [30].Les novices expriment le désir de se

former à la compétence « Communication, relation, approche centrée patient ».

Cependant aucun des novices n’y a participé pour le moment. [30]

On peut ainsi dire que les « compétents » partagent la même réflexion que les novices à propos

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des moyens possibles de progression à la communication mais la majorité à leur stade de

formation avoue n’avoir participé à aucune formation.

B-1-7 Une progression dans cette compétence tardive dans le cursus:

Le stage ambulatoire de niveau 2 ou SASPAS surtout en supervision indirecte représente

majoritairement chez les « compétents » le moment-clé de progression dans la

compétence « Communication, relation, approche centrée patient ».C’est au cours de leur dernier

stage du DES quasiment en fin de cursus que le « compétent » progresse sur la compétence la

plus fondamentale de sa profession. On est donc en mesure de s’interroger sur les méthodes

pédagogiques à instaurer en amont du SASPAS afin d’assurer une acquisition plus précoce de

cette compétence.

Contrairement aux novices qui, d’après Pauline Mercier : « Ainsi le novice ne serait pas conscient

des moments de passage, d’acquisition de ses compétences, mais il pourrait en être conscient a

posteriori à un niveau plus avancé dans cette compétence » [30]

B-2 Critiques des résultats comparés aux conclusions du groupe

national expert :

B-2-1 Une structuration uni axiale d’un entretien semi-dirigé :

L’entretien du « compétent » respecte les étapes majoritaires décrites par l’échelle Calgary-

Cambridge mais est uniaxial.Selon Richard et Lussier, l’entretien «idéal » en médecine familiale

serait bi axial associant une démarche biomédicale et une démarche centrée patient et enfin

accorder les deux agendas (celui du médecin et celui du patient) pour une prise de décision

commune.[38] Or la structuration de l’entrevue des « compétents » laisse plutôt la priorité à

l’agenda du médecin et on n’y retrouve aucune technique communicationnelle d’approche

centrée patient.

L’enseignement prodigué essentiellement basé sur le modèle biomédical explique le

comportement actuel du « compétent ».L’approche centrée patient fait partie d’un module

d’enseignement mis en place de manière relativement récente et les « compétents » interrogés

n’ont donc pas été assez sensibilisés à cette formation.

L’écoute active des « compétents » du patient est limitée, la plupart impatients et soucieux du

temps consacré aux consultations expriment le besoin de diriger un minimum leurs entrevues. On

imagine bien qu’ils interrompent la parole du patient et posent leurs questions fermées ou

ouvertes relevant principalement de l’agenda du médecin. Ce déficit d’écoute les expose non

seulement à s’éloigner d’une attitude centrée patient et à passer à côté d’informations utiles pour

une prise en charge d’une meilleure qualité. La seule place réservée au patient au cours de

l’entretien est la vérification de son adhésion au projet thérapeutique décidé uniquement par le

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« compétent ». Les étudiants du groupe novice étudié par Mercier Pauline structurent également

leur entretien de manière uni axiale et s’avèrent avoir une pratique encore plus centrée sur le

biomédical : « On a des questions qu’on doit poser, qui doivent ressortir quand on présentera le

patient au médecin du service qui le suit ». [30]

L’attitude centrée patient est un exercice difficile pour les novices comme le rapporte Pauline

Mercier : « Ainsi l’exploration des représentations du patient risque d’être mise de côté pour le

moment, étant un processus trop difficile pour le novice ». [30]

B-2-2 Une gestion des émotions encore difficile :

Le « compétent » reconnait être dépassé par certaines émotions du patient, il se sent encore peu

armé pour y faire face. L’attitude empathique a été définie et exprimée par les « compétents »,

seulement le « compétent » face à un patient agressif n’est que peu empathique. Les techniques

communicationnelles liées à l’empathie ne se révèlent pas à travers les discours.

De plus cette gestion des émotions reste difficile pour le compétent car celui-ci ne s’auto

questionne pas suffisamment et ne participe pas aux formations existantes.

Pauline Mercier, concernant le groupe novice rapporte : « Il repère les situations conflictuelles

avec le patient ou son entourage mais n’a pas la capacité pour prendre du recul sur ses

situations et les analyser afin de trouver une solution. »[30]

On peut alors imaginer mettre en place au cours de l’enseignement du DES, des jeux de rôle

abordant des situations où les émotions du patient prennent le dessus dans l’entrevue et analyser

les possibilités de gestion de ces émotions au cours de l’entrevue. Cela pourrait aider les

« compétents » à une certaine prise de recul.

B-2-3 Une autonomie du patient limitée :

Les « compétents » affirment accepter l’autonomie du patient, ils la reconnaissent en tant que

droit du patient. Cependant la suite de leur discours laisse penser que l’autonomie de leur patient

se discute, se négocie pour aboutir à un compromis lorsque le patient exprime une opinion

différente de celle du « compétent ».

Un « compétent » cède face à un patient déterminé à camper sur ses positions et déclare même

qu’il n’existe malheureusement pas de vaccin contre la bêtise et l’ignorance…

Pour les novices, Mercier Pauline rapporte : « La dissymétrie n’est pas intégrée, et plutôt vue

négativement avec une vision paternaliste. Une asymétrie est souhaitée, le novice souhaitant être

reconnu en tant que « docteur » par le patient »[30]

Concernant l’autonomie du patient, on peut s’apercevoir que les « compétents » ont évolué

positivement mais cela reste encore insuffisant pour affirmer que le « compétent » respecte

entièrement l’autonomie de son patient

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B-2-4 Une ignorance de leur potentiel psychothérapeutique :

Les « compétents » ignorent la portée de leur écoute et présence sur un éventuel effet

psychothérapeutique pour le patient. Les « compétent » n’écoutent pas suffisamment et

entrecoupent la parole en ayant tendance à diriger l’entrevue comme pour en avoir le

« contrôle ».Ils sont inconscient de la notion du médecin-médicament décrite par BALINT en

1956 comme le médecin possédant de par sa présence, sa disponibilité et son écoute, une action

thérapeutique pour son patient. Les « compétents » amènent peu leur patient à exprimer leurs

difficultés ou souffrances psychologiques.

Seulement deux « compétents » posent la question : « Y-a-t-il des soucis dont vous voudriez me

parler ? », « Y aurait-il des problèmes familiaux ou professionnels ? » lorsqu’ils se rendent

compte d’un malaise dans le discours ou le comportement de leurs patients.

B-2-5 Un maintien de la communication lors de situations jugées difficiles :

Les « compétents » ont exprimé un certain nombre de difficultés communicationnelles

rencontrées au cours de certaines situations cliniques. Même si l’autoréflexion ne constitue pas

un réflexe chez la plupart des « compétents », ceux-ci emploient néanmoins des stratégies

communicationnelles pour maintenir la relation avec leurs patients comme par exemple dans

certaines situations liées au patient telles que l’agressivité « rester calme » « prendre du

recul » « ne pas montrer qu’on a peur » ou liées au médecin telles que la non-maitrise

biomédicale de certaines pathologies.

Le niveau novice étudié dans la thèse de Mercier Pauline reconnaît également avoir des

difficultés face à un patient agressif et usent néanmoins de stratégies pour maintenir la

communication et la relation. [30]

B-2-6 Utilise les compétences des intervenants médicaux et paramédicaux pour

coordonner les soins :

Le « compétent » sait utiliser les compétences de chaque intervenant en employant une

communication adaptée afin de coordonner les soins autour du patient. Il conçoit que cette

communication interprofessionnelle comporte des limites qu’il arrive à identifier. Sa façon non

hiérarchique de communiquer lui permet cependant d’assurer une relation opérationnelle et

efficace. Il est également capable d’avoir un œil critique sur les avis émanant de leurs confrères.

En confrontation avec l’hypothèse du groupe expert, le « compétent » est plutôt en conformité

avec ce qui est attendu.

C Comparaison du niveau compétent observé et du niveau

compétent prévu

Globalement le but de cette recherche est de présenter une confrontation du niveau compétent

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pour la compétence « Communication, relation, approche centrée patient » attendu par le groupe

expert avec le niveau résultant de l’analyse des entretiens de focus-group.

Il apparait donc que le niveau observé s’avère être partiellement

conforme aux objectifs prévus du groupe national expert [Annexe 5] :

Il s’avère clairement que le niveau « compétent » observé ne concorde pas complètement avec le

niveau attendu par les experts. Bon nombre d’indicateurs prévus par les experts ne se retrouvent

pas dans nos résultats. Un certain nombre d’objectifs ne sont pas atteints. Même si on peut noter

une évolution positive entre le début du DES et la fin de leur cursus.

Existe-t-il une surestimation de la représentation des compétences communicationnelles et

relationnelles des étudiants en fin du DES par les experts ? Les experts ont-ils complètement

intégrés la faiblesse de la formation à cette compétence prodiguée aux internes ?

Cette étude ne constituant pas une preuve absolue de ce niveau de compétence et en vue des

résultats discordants, l’intérêt résiderait à la coupler avec les études de performances observées

(SODEV) et de performances rapportées.

D Les points positifs de ce travail

D-1 Un travail de recherche novateur :

Cette recherche représente un travail novateur et original. Elle s’intègre dans une recherche

nationale sur l’évaluation des niveaux de compétences du médecin généraliste. En comparaison

avec les études nord-américaines menées sur ce sujet, notre travail s’appuie sur des focus-group

avec expression spontanée des expériences de chacun.

Ce qui rend cette étude originale, c’est le fait qu’elle soit basée sur le discours des internes de

médecine générale pour caractériser un niveau de compétence.

D-2 Trois focus-group homogènes :

Nous avons recruté au total treize étudiants volontaires ayant tous passé leur stage ambulatoire de

niveau 2 (SASPAS) auprès de maitres de stage rattachés au DUERMG de l’UPEC. Ainsi nous

avons pu constituer trois focus-group plutôt homogènes. Ces focus –group étaient composés de

plus de 84% d’étudiants de sexe féminin avec un âge compris entre 29 et 32 ans.

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D-3 L’intérêt des focus-group du niveau « compétent »:

Les focus-group « compétent » sont composés d’étudiants ayant effectué leur SASPAS ou

achevé leur DES de médecine générale. Ces internes ayant effectué leur stage en SASPAS sont

en majorité des étudiants ayant déjà soutenu leur thèse, ce qui les sensibilise d’autant plus au

travail que nécessite la préparation d’une thèse. Les étudiants recrutés ont également été

confrontés quotidiennement aux situations que l’on peut rencontrer au cabinet de médecine

générale que ce soit au cours de leur SASPAS ou de leurs remplacements actuels, ce qui rend

leurs discours encore plus valides.

D-4 Une méthode d’enquête qualitative efficace pour renseigner sur les

représentations et cognitions des étudiants :

La méthode d’enquête qualitative par focus-group a permis un recueil riche en informations et en

données issues du niveau « compétent » pour la compétence « Communication, relation,

approche centrée patient ».La répétition des discours se révélant au travers de l’ACT assure plus

de validité aux renseignements obtenus à propos des représentations et cognitions des étudiants

du niveau « compétent »

E Les points faibles de ce travail

E-1 Une littérature peu abondante :

Hormis la littérature d’origine canadienne, la recherche bibliographique a été limitée par

l’absence d’études ou de travaux concernant l’évaluation des compétences communicationnelles

et relationnelles des futurs médecins.

Notre travail est donc novateur mais ne suffit pas…Des travaux complémentaires sont

nécessaires afin de déterminer les bases solides des modalités d’évaluation de la compétence

« Communication, relation, approche centrée patient » chez les internes de médecine générale

E-2 Des limites dans le recrutement :

Un nombre limité mais suffisant :

Le recrutement des étudiants afin de constituer les focus-group a été limité. Les contactant par

courrier électronique ou par téléphone, un certain nombre d’étudiants n’ont pu participer faute de

temps (charge de travail des internes dont la plupart qui avaient été contacté étaient en situation

de remplacement au cabinet de médecine générale).Ceci ayant limité le nombre de participants.

Le nombre d’étudiants présents a cependant permis de collecter un volume suffisant de verbatim

permettant une saturation des données afin de mener ce travail de thèse.

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Certains participants se connaissaient :

Certains internes participant au même focus-group se connaissaient, ce qui pourrait peut-être les

influencer dans leurs réponses (gêne ou honte devant l’autre de dévoiler des situations posant

encore souci, deux personnes en permanence d’accord l’une avec l’autre du fait de leurs liens

d’amitié ou opposition franche en cas de désaccord pouvant inhiber l’expression libre par crainte

de jugements).

Sexe féminin prédominant

Parmi les focus-group étudiés, il y a eu une proportion importante de femmes. Effectivement

parmi les treize étudiants volontaires, seulement deux hommes étaient présents. Ceci illustre bien

la prépondérance féminine des étudiants en médecine générale.

On peut se poser la question si verbatim exprimés auraient pu être différents si des étudiants de

sexe masculin étaient plus représentés.

E-3 Une recherche insuffisante pour l’évaluation des performances

réelles :

Le discours des internes « compétents » renseigne plutôt sur leurs cognitions et représentations de

la compétence « Communication, relation, approche centrée patient ».Cependant cette recherche

ne permet pas de s’assurer des performances réelles des étudiants. Ainsi ce travail ne permet pas

une réelle évaluation des compétences. Il faudrait pour cela des travaux complémentaires basés

sur l’évaluation des performances rapportées (traces d’apprentissage) couplés éventuellement à

une évaluation des performances observées à l’aide d’un enregistrement vidéo

F Points non résolus

Certaines questions demeurent non abordées par le guide d’entretien :

- Nous n’avons pas interrogé le « compétent »sur les stratégies communicationnelles employées

face au patient en cas d’erreur médicale.

- Les techniques communicationnelles d’une approche centrée patient n’ont pas été explicitement

recherchées au cours des focus-group.

- L’autonomie du patient n’a pas été abordée au cours des premier et deuxième focus-group.

- La gestion du secret médical ne fait pas partie des objectifs prévus par le groupe national expert.

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G Propositions pédagogiques concernant la compétence «

Communication, relation, approche centrée patient » pour le

troisième cycle :

Malgré une quasi-absence de formation universitaire au cours du deuxième cycle, le

« compétent » a globalement progressé dans la compétence « Communication, relation, approche

centrée patient » du fait de l’expérience accumulée et du stage de SASPAS.

Cependant le niveau observé n’est pas tout à fait conforme au niveau attendu par le groupe

national expert du CNGE ; un certain nombre d’objectifs prévus n’ayant pas été atteints.

Les structures hospitalières ne représentant pas les lieux privilégiés de formation pour cette

compétence, l’interne de médecine générale y est cependant présent quatre semestres sur six.

Le module « Communication » ne semble pas avoir d’impact important sur l’évolution de la

communication de l’interne « compétent ».

Les traces d’apprentissages, au sein des journaux de bord renseignent sur les capacités

relationnelles déployées au cours des stages mais les « compétents » ne les évoquent pas.

La plupart des « compétents » expriment avoir progressé principalement grâce au stage de

SASPAS donc en fin de cursus universitaire.

D’après les résultats, les « compétents » se montrent largement en faveur d’une supervision

indirecte avec discussions avec les maitres de stage. Les rétroactions semblent avoir un effet

positif pour une plus profonde modification des comportements.

Partant de ces constats, les axes de formation proposés visent à promouvoir un enseignement plus

précoce de la compétence « Communication, relation, approche centrée patient » d’abord intégré

dans le deuxième cycle et se poursuivant au cours du troisième cycle :

- Apprentissage théorique de la compétence tout au long du cursus en soulignant son rôle

fondamental et transversal en médecine générale. Expliquer les principes de

communication, relation, approche centrée patient ainsi que la nécessité d’une

structuration bi axiale de l’entretien médecin-patient en diffusant dès le début l’échelle

Calgary-Cambridge.

- Aborder les techniques communicationnelles d’une approche centrée patient et l’évaluer

en supervision directe lors de situations cliniques authentiques en stages ambulatoires

avec rétroaction des maitres de stage. Traces d’apprentissage par l’interne.

- Apprentissage concomitant aux internes des risques d’une mauvaise communication avec

les patients.

- Répétition des principes déontologiques, juridiques du secret médical et évaluation de la

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gestion du secret professionnel pendant des jeux de rôle ou lors de situations authentiques

en supervision directe.

- Diffusion de l’ouvrage référence de Marie-Thérèse Lussier et Claude Richard « La

communication professionnelle en santé ».

- Jeux de rôle abordant des situations cliniques reconnues difficiles de gestion sur le plan

communicationnel avec analyse et discussion en groupe. Elaboration d’une synthèse

générale par l’interne des principaux éléments retenus.

- Maintien voire augmentation des modules « Accompagnement de l’interne » et

« Communication de la santé » au cours des trois années de TCEM.

- une séance finale en TCEM 3 au cours d’un entretien tuteur- interne dédié à cette

compétence. Diffuser les lieux de formation continue existants à la fin de la séance.

CONCLUSION

A l’heure où l’évaluation des compétences génériques médicales est une priorité au sein des

instances facultaires, celle de la compétence « Communication, relation, approche centrée

patient » apparait comme fondamentale pour certifier des aptitudes communicationnelles et

relationnelles du médecin généraliste en formation initiale.

Ce travail de recherche original basé sur l’enquête qualitative par focus-group a permis

d’appréhender le niveau atteint par l’interne de médecine générale en fin de cursus sur sa

compétence à communiquer et à entretenir une relation médecin-patient.

Le résultat principal de cette étude démontre qu’a l’UPEC le niveau compétent observé n’est pas

tout à fait concordant au niveau attendu en fin de DES. Un certain nombre d’éléments ne

semblent pas être acquis ou maitrisés. Pour principale cause le manque de formation facultaire

en amont dédiée à la compétence « Communication, relation, approche centrée patient »mais

également l’absence de formation continue après le DES de médecine générale.

Mais ce n’est qu’un début, des travaux complémentaires apparaissent utiles pour une description

plus complète du niveau compétent afin d’en permettre une évaluation plus juste. On pourrait

proposer de poursuivre les travaux en étudiant les stratégies communicationnelles déployées par

l’interne en situation de SODEV ainsi que l’étude des traces d’apprentissages.

Les propositions concernent des méthodes pédagogiques qui pourraient être instaurées en début

de formation initiale parmi lesquelles l’enseignement des bases et concepts théoriques de la

compétence, l’évaluation par supervision se maintenant au cours des trois années du DES ainsi

que la poursuite des modules d’enseignement tels que « Accompagnement de l’interne » et

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« Communication en santé ». Ces axes de formation pourraient contribuer à une acquisition plus

précoce de cette compétence par l’interne en médecine générale.

Le but ultime poursuivi étant la formation de médecins plus professionnels, plus humains dans

leur communication visant à une amélioration de la qualité des soins exigée par la société.

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[42]. Scallon G. L’évaluation des apprentissages dans une approche par compétences.

Bruxelles : De Boeck , 2007. 331 p.

[43]. Silverman J, Kurtz S, Draper J. Outils et stratégies pour communiquer avec le patient.

Chêne-Bourg : Médecine et Hygiène (Editions), 2010.316 p.

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[44]. Tardif J. L’évaluation dans le paradigme constructiviste. Texte tiré de : L’évaluation des

apprentissages. Réflexions, nouvelles tendances et formation. (Coll. sous la direction de René

Hivon, Université de Sherbrooke, 1993, p. 27-56.

[45].Tardif J. L’évaluation des apprentissages. Réflexion, nouvelles tendances et

formation .Université de Sherbrooke 1993.

[46]. Tardif Jacques., Fortier J., Préfontaine G et al. L’évaluation des compétences :

documenter le parcours de développement.Montréal : Cheneliére Education , 2006.

[47]. WONCA Europe (société européenne de médecine générale-médecine de famille).

Définition européenne de la Médecine Générale-Médecine de famille.2002.

Consultable : http:www.medecinegen-creteil.net/La-WONCA.

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ANNEXE 1 : Marguerite des compétences

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ANNEXE 2 : Définition de la compétence

« Communication, relation, approche centrée patient »

Définition : Capacité à construire une relation avec le patient, son entourage, les différents

intervenants de santé, ainsi que les institutionnels, en utilisant dans les différents contextes

les habiletés communicationnelles adéquates, dans l’intérêt des patients.

C'est-à-dire en :

Menant des entretiens avec tout type de patients et leurs entourages, en restant centré sur

leurs besoins implicites et explicites, en intégrant des notions d’éthique de la

communication.

Construisant et maintenant à travers ces contacts, une relation avec le patient et/ou son

entourage, en étant attentif à rester dans le cadre professionnel et en se questionnant sur

ses propres capacités et limites relationnelles.

Respectant les différentes législations et code déontologique concernant les droits du

malade et les devoirs du médecin.

Communiquant avec les autres professionnels de santé et médico sociaux intervenant

auprès du patient, dans l’intérêt de celui-ci, en utilisant le media le plus judicieux en

fonction du problème dans son contexte.

Communiquant avec les institutionnels dans l’intérêt du patient.

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ANNEXE 3 : LA GRILLE CALGARY-CAMBRIDGE

I - DÉBUTER L’ENTREVUE

A - Préparer l’entrevue

B - Établir le premier contact (l’accueil)

1. Le médecin salue le patient et obtient son nom

2. Se présente et précise son rôle, la nature de l’entrevue; obtient le consentement du patient, si nécessaire

3. Montre du respect et de l’intérêt; voit au confort physique du patient (du début à la fin de l’entrevue)

C - Identifier la (les) raison(s) de consultation

1. Identifie, par une question adéquate d’ouverture, les problèmes ou préoccupations que le patient souhaite voir

aborder durant l’entrevue (« Quels problèmes vous amènent aujourd’hui? » ou« Qu’est-ce que vous souhaiteriez

discuter aujourd’hui ? »)

2. Écoute attentivement les énoncés de départ du patient, sans l’interrompre ou diriger (orienter) sa réponse

3. Confirme la liste initiale des raisons de consultation et vérifie s’il y a d’autres problèmes (« Donc, il y a les

maux de tête et la fatigue. Y a-t-il autre chose dont vous aimeriez parler aujourd’hui ? »)

4. Fixe, avec l’accord du patient, l’agenda de la rencontre en tenant compte, à la fois, des besoins de ce dernier et

des priorités cliniques

II - RECUEILLIR L’INFORMATION

A - Exploration des problèmes du patient

1. Encourage le patient à raconter l’histoire de son (ses)

problème(s), du début jusqu’au moment présent, en ses propres mots (clarifiant pourquoi il consulte, maintenant)

2. Utilise la technique des questions ouvertes et fermées (en passant, de façon appropriée, des questions ouvertes

aux fermées)

3. Écoute attentivement, en permettant au patient de compléter ses phrases sans l’interrompre et en lui laissant du

temps pour réfléchir avant de répondre ou pour continuer, s’il a fait une pause

4. Facilite, verbalement et non verbalement, les réponses du patient (par ex. : utilise des encouragements, le silence,

la répétition, la paraphrase, l’interprétation)

5. Relève les indices verbaux et non verbaux (langage corporel, discours, expression faciale…); offre son

interprétation au patient et vérifie si le patient est d’accord

6. Clarifie les énoncés du patient qui ne sont pas clairs ou qui nécessitent plus de détails (par ex. : « Pouvez-vous

m’expliquer ce que vous voulez dire par tête légère ? »)

7. De façon périodique, fait des résumés de ce que le patient a dit pour valider la compréhension qu’il en a; invite

le patient à corriger son résumé ou à fournir des informations supplémentaires

8. Utilise des questions et commentaires concis et faciles à comprendre; évite le jargon médical ou, du moins,

l’explique lorsque utilisé

9. Établit la séquence temporelle des évènements depuis le début

B - Habiletés additionnelles pour comprendre la perspective du patient 1. Détermine activement et explore adéquatement :

Les idées du patient (ses croyances sur les causes)

Ses préoccupations (ses craintes) concernant chaque problème

Ses attentes (ses buts, quelle aide le patient espère pour chaque problème)

Les impacts : comment chaque problème affecte sa vie

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2. Encourage le patient à exprimer ses émotions

III - STRUCTURER L’ENTREVUE

A - Rendre explicite l’organisation de l’entrevue

1. Fait un résumé, à la fin d’un sujet spécifique d’exploration, pour en confirmer la compréhension et pour être

certain qu’aucune information importante n’a été oubliée avant de procéder à la prochaine étape

2. Progresse d’une section à l’autre de l’entrevue en annonçant verbalement les transitions; mentionne les raisons

justifiant d’aborder la prochaine section

B - Prêter attention au déroulement de l’entrevue

1. Structure l’entrevue selon une séquence logique

2. Est attentif au temps disponible et maintient l’entrevue ciblée sur les tâches à accomplir

IV - CONSTRUIRE LA RELATION

A - Utiliser un comportement non-verbal approprié

1. Affiche un comportement non verbal approprié

Contact visuel, expression faciale

Posture, position et mouvement

Indices vocaux le débit, le volume, la tonalité

2. Si lecture, écriture de notes ou utilisation de l’ordinateur, le fait d’une façon qui n’interfère ni avec le dialogue,

ni avec la relation 3. Affiche une confiance appropriée

B - Développer une relation chaleureuse et harmonieuse

1. Accueille les points de vue et émotions du patient; n’adopte pas une position de juge

2. Utilise l’empathie : reconnaît ouvertement les points de vue et émotions du patient et utilise le reflet pour

communiquer sa compréhension et sa sensibilité aux émotions du patient ou à sa situation difficile

3. Fournit du support : Exprime son intérêt, sa compréhension, sa volonté d’aider; reconnaît les efforts d’adaptation

et les démarches appropriées d’« auto-soin » de son patient; lui offre de travailler en partenariat

4. Agit avec délicatesse lors de la discussion de sujets embarrassants et troublants, en présence de douleurs

physiques et durant l’examen physique

C - Associer le patient à la démarche clinique

1. Partage ses réflexions cliniques avec le patient pour encourager sa participation (par ex. : « ce que je pense

maintenant, c’est… »)

2. Explique les raisons pour les questions ou les parties de l’examen physique qui pourraient paraître, du point de

vue du patient, non conséquentes

3. Durant l’examen physique, explique le déroulement, demande la permission

V - EXPLIQUER ET PLANIFIER

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A - Fournir la quantité et le type adéquats d’information 1. Fournit l’information par portions gérables et vérifie la compréhension du patient ; utilise les réponses du

patient comme guide pour adapter ses explications

2. Évalue les connaissances du patient : Avant de donner de l’information, s’enquiert des connaissances préalables

du patient; s’informe de l’étendue de ce que le patient souhaite savoir

3. Demande au patient quelles autres informations seraient utiles (par ex. : l’étiologie, le pronostic)

4. Donne l’information à des moments appropriés : Évite de donner prématurément des conseils, de l’information

ou de hâtivement rassurer

B - Aider le patient à retenir et comprendre les informations

1. Organise les explications : Divise l’information en parties logiquement organisées

2. Utilise des catégories explicites; annonce les changements de thème (par ex. : « Il y a trois sujets importants

dont j’aimerais discuter avec vous, soit premièrement…». « Maintenant, abordons… »)

3. Utilise la répétition et les résumés pour renforcer l’information

4. Utilise un langage concis, facile à comprendre et adapté au niveau de langage du patient, évite le jargon

médical ou du moins l’explique

5. Utilise des aides visuelles pour transmettre l’information :

Diagrammes, modèles, informations ou instructions écrites (dépliants)

6. Vérifie la compréhension du patient au sujet de l’information donnée (ou des plans élaborés) : par ex., en

demandant au patient de dire dans ses propres termes ce qu’il a retenu; clarifie si nécessaire

C - Arriver à une compréhension partagée : intégrer la perspective du patient

1. Relie ses explications aux opinions du patient sur ses malaises :

Fait le lien avec les idées, préoccupations et attentes préalablement exprimées par le patient

2. Fournit au patient des opportunités pour participer et l’encourage à contribuer : l’incite à poser des

questions, à demander des clarifications, à exprimer ses doutes; y répond adéquatement

3. Relève les indices verbaux et non verbaux: Par ex. : détecte que le patient veut prendre la parole pour fournir de

l’information ou poser des questions; est sensible aux signes de surcharge d’information; est attentif aux indices

d’inconfort

4. Fait exprimer au patient ses croyances et ses émotions en lien avec les informations données et les termes

utilisés; les reconnaît et y répond au besoin

D - Planifier : une prise de décision partagée

1. Partage ses réflexions cliniques lorsque approprié : idées, processus de pensée, dilemmes

2. Implique le patient :

Offre des suggestions et des choix plutôt que des directives

Encourage le patient à partager ses propres idées, suggestions

3. Explore les différentes options d’action

4. S’assure du niveau d’implication souhaité par le patient dans les décisions à prendre

5. Discute d’un plan mutuellement acceptable

signale sa position ou ses préférences au sujet des options disponibles

détermine les préférences du patient

6. Vérifie avec le patient

s’il est d’accord avec le plan

si l’on a répondu à ses préoccupations

VI - TERMINER L’ENTREVUE

A - Planifier les prochaines étapes

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1. Conclut une entente avec le patient au sujet des prochaines étapes pour le patient et pour le médecin

2. Prévoit un « filet de sécurité », en expliquant les résultats inattendus possibles, quoi faire si le plan ne fonctionne

pas, quand et comment demander de l’aide

B - Préparer la fin de l’entrevue

1. Résume la session brièvement et clarifie le plan de soins

2. Vérifie, une dernière fois, que le patient est d’accord et confortable avec le plan proposé et demande s’il n’y a

aucune correction, question ou autres items à discuter

VII - EXPLICATIONS ET PLANIFICATION :

OPTIONS SUR LE PROCESSUS ET LE CONTENU

A - Si discussion à propos d’opinions sur un problème ou sur sa signification

1. Offre une opinion sur ce qui se passe et, si possible, nomme spécifiquement le ou les problèmes

2. Révèle les raisons supportant les opinions exprimées

3. Explique les causes, la gravité, les résultats attendus ainsi que les conséquences à court et long termes

4. Favorise l’expression par le patient de ses croyances, réactions et préoccupations au sujet des opinions émises

B - Si élaboration conjointe d’un plan d’action

1. Discute des alternatives, par ex. : aucune action, investigation, médication ou chirurgie, traitements non

pharmacologiques (physiothérapie, marchettes, solutés, psychothérapie, mesures préventives)

2. Fournit de l’information sur les interventions et traitements offerts :

noms

étapes des traitements; comment ils fonctionnent;

bénéfices et avantages;

possibles effets indésirables

3. Sollicite la perspective du patient sur la nécessité d’agir, les bénéfices perçus, les obstacles, sa motivation

4. Reconnaît le point de vue du patient; plaide des points de vue alternatifs, au besoin

5. Sollicite les réactions et les préoccupations du patient au sujet des plans et des traitements, incluant leur

acceptabilité

6. Tient compte du style de vie, des croyances, du bagage culturel et des capacités du patient

7. Encourage le patient à mettre en pratique les plans d’action, à prendre ses responsabilités et à être autonome

8. Vérifie le soutien social dont bénéficie le patient et discute des autres supports sociaux disponibles

C - Si discussion d’investigations et de procédures 1. Fournit des informations claires sur les procédures, c’est-à-dire sur ce que le patient pourrait vivre et subir,

comment il sera informé des résultats

2. Fait le lien entre les procédures et le plan de traitement : importance, raisons

3. Encourage les questions et la discussion sur les craintes ou les résultats défavorables possibles

ANNEXE 4 : Guide d’animation niveau compétent pour

la compétence « Relation, communication dans une

approche centrée sur le patient ».

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Nous vous remercions d’avoir accepté de participer à ce groupe de discussion….

La séance durera 2 heures avec une pause. La discussion sera filmée et enregistrée mais votre

participation restera anonyme.

Pas de censure, tout ce qui est dit est par principe intéressant, chacun écoute les autres, chacun

parle à son tour.

Présentations...

La compétence « Communication, relation, approche centrée patient » est au cœur de la

transversalité [montrer la marguerite]. On aimerait avoir votre avis sur la manière dont elle a été

formulée, ainsi que sur vos attributs dans cette

compétence

Question 1 :

Si je vous dis « Relation, communication, approche centrée sur le patient », qu’est-ce cela

évoque pour vous ?

Relance:

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Qu'entendez-vous par :

- Communication (voire que savez-vous des techniques de communication ?)

- Relation

- Approche centrée patient par rapport à approche centrée maladie

- Empathie

- l'association de ces trois termes

Est-ce que le fait d’associer « relation », « communication », « approche centrée sur le patient »

Qu'est-ce que cela signifie pour vous?

Y’a-t-il d’autres libellés que vous proposez pour désigner cette compétence ?

Pour exercer votre métier, est ce que cela vous parait nécessaire, important, indispensable ?

Et plus particulièrement pour la médecine générale : cela vous parait nécessaire, important,

indispensable?

Question 2 :

Comment vous sentez vous avec cette compétence, avez-vous l’impression de bien maitrisé

cette compétence ?

Relance :

Est-ce-que vous vous sentez à l'aise avec cette compétence?

Quelles situations vous paraissent plus faciles à gérer ?

Quelles situations cliniques vous paraissent moins faciles ?

Vous sentez-vous armés à votre stade de fin de DES ?

Quel type de relation avez-vous avec vos patients

Question n°3 : Vous êtes responsable d’un externe au cabinet de médecine générale ;

comment allez-vous vous y prendre pour lui dire comment mener un entretien ?

Relances sur ce qu’ils sont capables de faire ?

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Comment vous y prenez-vous lors de l’entretien ?

Qu’allez-vous rechercher ?

Quelles sont les grandes étapes ?

Quelle est la place du patient dans les décisions que vous prenez ?quelle place pour l’autonomie

du patient ? Comment vous assurez vous de son consentement ?

Comment vous y prenez-vous pour informer le patient du diagnostic ; de la conduite à tenir...ou

pour fournir des explications ?

Comment vous y prenez-vous pour essayer de le convaincre ?

Relances sur ce qu’ils savent : quelles sont les grandes étapes :

Quelle place donnez-vous à la communication non verbale du patient ?

Comment interprétez-vous ses attitudes ?

Relances sur les limites :

Avez-vous des difficultés lors de cet exercice ?

Dans quelles situations ou cela ne vous a pas paru suffisant ?

Revenons sur les méthodes d’entretien dont vous avez parlées : quelles sont pour vous les

limites ?

Y a t ils des barrières ou des fonctionnements personnels qui peuvent interférer avec l’entretien ?

Question n ° 4 : Selon vous quelles sont les moyens de progresser dans cette compétence ?

Quels moyens connaissez-vous ou disposez-vous pour développer cette compétence ?

Connaissez-vous des lieux ou des techniques d’apprentissage en la matière ?

Y avez-vous déjà participé ?

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En pratique comment vous allez vous y prendre ?

Quelle place à l’introspection ? Quel type de travail sur lui-même ?

Question n°5 : Si maintenant pour la même compétence ; on s’intéresse aux relations entre

les différents intervenants autour du malade ?

Relances sur ce qu’ils pensent :

Pour exercer votre métier ; cela vous parait-il important ; indispensable ; suffisant ?

Avec qui en général ?

Quelle communication entretenez-vous avec la famille ou l’entourage du patient ?

Relances sur ce qu’ils sont capables de faire avec les autres soignants :

Quelle relation avez-vous avec les intervenants paramédicaux ?

Quelle communication entretenez-vous avec les confrères médecins spécialistes

Sur quels critères les choisissez-vous ?

Par quels moyens communiquez-vous avec ces confrères spécialistes ?

Quelles informations délivrez-vous ?

Dans quelle situation utilisez-vous un moyen de communication plutôt qu’un autre ?

Que faites-vous de l’avis du confrère ? Vous sentez-vous capable d’émettre des critiques sur

l’avis du confrère spécialiste ? Que faites-vous si vous n’êtes pas d’accord ?

Quelle est la place du patient dans cette communication avec les intervenants ?

Par rapport au secret médical ; quelle est votre définition ?

Quelle place accordez-vous au secret médical et en général dans cette compétence ?

Quelles sont pour vous les limites du secret médical ?

Question n°6 : Au cours de votre parcours, vous rappelez-vous de situations, de moments

où vous avez eu l’impression d’avoir changé, d’avoir progressé dans cette compétence ?

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Quelles sont vos expériences personnelles ou professionnelles ayant été des moments-clés ou des

moments bascule ayant pu vous faire prendre conscience d’avoir progressé en

communication/relation ?

Comment vos formateurs ont pu améliorer vos compétences en la matière ?quels étaient leurs

attributs qui vous ont donné envie d’acquérir cette compétence (exemples)? Quels sont ceux qui

ne vous ont pas donné envie (contre-exemple) ?

ANNEXE 5 : Grille de lecture niveau compétent selon les

conclusions du groupe national expert

Description du niveau compétent et commentaires associés :

En dehors des situations très complexes, mène en autonomie un entretien centré

patient et structure ce dernier.

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On attend que, dans un temps acceptable (20 à 30 minutes), il

- utilise des techniques d’habileté communicationnelle utiles à une approche centrée patient

- explore les problèmes du patient pour découvrir la perspective du patient et comprendre ses

besoins

- accorde les deux agendas en hiérarchisant et respectant les perspectives du patient et les

siennes,

- associe le patient à la démarche clinique et à la décision

- prépare la fin de l’entrevue et planifie les prochaines étapes

- structure l’entretien à ces fins

Dans les conditions habituelles, de complexité modérée, est capable de gérer les

émotions, de rester empathique et respectueux.

On attend qu’il

- reconnaisse les émotions du patient en acceptant leur légitimité,

- reconnaisse ses propres émotions,

- respecte et favorise l’autonomie du patient

- fasse référence à des notions d’éthique de la communication entre médecin et patient

- fasse référence à des notions de psychologie médicale pour comprendre la nature des

réactions du patient et les siennes

- tienne compte des priorités du patient même si elles lui paraissent discutables

- soit capable d’envisager un travail sur lui-même en vue d’améliorer sa gestion des émotions.

Dans les conditions habituelles, de complexité modérée, est capable de mettre en

place une relation de soutien, à effet psychothérapeutiques bénéfiques pour le

patient

On attend qu’il

- ait conscience de la dimension psychothérapeutique potentielle de l’écoute et de la présence

du médecin

- utilise dans le soin l’investissement affectif et l’attente relationnelle dont il est l’objet

- entende dans le discours d’un patient les points d’appel évocateurs d’une difficulté

psychologique ou affective

- utilise ses compétences relationnelles et communicationnelles pour aider le patient à

exprimer ses difficultés

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- aide le patient à se mettre en position de répondre à une difficulté psychologique et à trouver

ses propres solutions, évite de répondre à la place du patient à ces difficultés

- prenne du recul par rapport à son propre a priori de soignant, face aux positions subjectives

du patient

Lors de situations et/ou de relations qui posent problème (agressivité, séduction,

sympathie, rejet etc.) construit et tente de maintenir la relation tout en se

questionnant sur la nature de celle-ci

On attend qu’il

- tente de maintenir la relation avec le malade en particulier dans certaines situations

critiques (agressivité, séduction, sympathie, rejet etc.)

- s’interroge sur la nature des relations qu’il entretient avec les patients,

- évalue les sentiments ou les émotions qu’il ressent pendant le traitement du malade comme

une information possible sur le fonctionnement psychologique et relationnel de celui-ci

- nomme ce qui pose problème entre le patient et lui-même dans la consultation et après celle-

ci

Communique sur ses erreurs en tenant compte de l’avis du patient et en acceptant

d’être remis en cause.

On attend qu’il

- puisse expliquer au patient les mécanismes de son erreur

- tente de désamorcer le conflit qui pourrait en découler en laissant le patient exprimer son

mécontentement et en le légitimant

Dans les conditions habituelles, réfléchit à sa capacité communicationnelle avec le

patient et son entourage

On attend qu’il

- se pose des questions sur sa façon de communiquer avec les patients, leur entourage et les

intervenants soignants

- qu’il analyse ses limites en matière de communication

- se renseigne sur les formations possibles en fonction de ses limites perçues,

- exprime le besoin d’une connaissance de soi pour développer la relation

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Met en œuvre avec les intervenants médicaux, médicosociaux et l’entourage du

patient, une relation opérationnelle dans l’intérêt du patient

On attend qu’il

- organise une communication efficace non hiérarchique à partir des problèmes de santé du

patient dans le cadre de la coordination des soins

- utilise les compétences de chaque intervenant, en particulier les intervenants para médicaux et

médico sociaux, dans le cadre d’un travail d’équipe, centré sur le patient

- fasse passer les intérêts du patient avant ceux des intervenants

- garde une vision critique des décisions des autres intervenants même s’il lui est difficile de

l’intégrer dans sa pratique

(Voir compétence : « Suivi ; coordination des soins »)

ANNEXE 6 : Niveaux génériques définis par le groupe

national expert

Pour ce qui concerne le niveau compétent :

C’est le niveau attendu en fin de DES.

L’interne est capable de travailler en autonomie tout en démontrant des capacités à progresser

vers le statut de professionnel.

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Dans les situations courantes, l’interne :

Agit en autonomie et assume ses responsabilités

Intègre la notion d’incertitude dans la décision, tout en essayant de la réduire de manière

acceptable pour le patient et la société

Collabore avec les autres intervenants

Pour ce qui concerne le niveau de novice :

C’est le niveau attendu à partir de l’entrée dans le DES (et jusqu’à la moitié du stage de niveau

1).

L’interne a acquis un certain niveau de compétences et possède des aptitudes pour progresser

dans l’acquisition des compétences nécessaires à l’exercice de la médecine générale.

Pour ce qui concerne le niveau intermédiaire :

C’est le niveau attendu en fin de stage de niveau 1, soit l’acquisition d’une capacité à être mis en

autonomie.