Sourire De Reda - Guide de prévention · 2019. 7. 22. · Un enfant peut passer à l’acte sans...

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1 Comment intervenir face à un adolescent en détresse ? Guide de prévention

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Comment intervenir face à un adolescent

en détresse ?

Guide de prévention

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SOMMAIRE

• Sourire de Reda 4

• Indicateurs sur le suicide 5

• Questions et réponses sur le suicide chez les jeunes 6-7

• Les signes précurseurs du suicide chez les jeunes 8-9

• Facteurs de protection et facteurs de risques 10-11

• Comment aider un jeune en détresse ? 12-13

• Ce qu’il ne faut pas faire 14

• C’est quoi écouter et Conclusion 15

Ce guide s’adresse à toute personne en contact avec les jeunes,

enfants ou adolescents, dans son environnement familial, éducatif,

médical, paramédical ou de loisirs.

www.sourire2reda.org

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Sourire de Reda remercie Xénia Halmov, formatrice en prévention

du suicide au Québec et Brian Mishara, Professeur au département

de psychologie de l’Université du Québec à Montréal et directeur du

centre de recherche CRISE, pour la relecture de ce guide et les pré-

cieuses améliorations qu’ils y ont apportées.

MOT DE LA PRÉSIDENTESynonyme d’insouciance et de gaieté pour certains, de tristesse et de mal-être pour

d’autres, l’adolescence est une étape essentielle dans la construction de tout individu.

Il arrive parfois que cette période devienne trop difficile à traverser et que le ma-

laise conduise à l’isolement.

Enfermé dans sa solitude et ses angoisses, un jeune peut avoir des pensées suici-

daires et même passer à l’acte.

Au Maroc, l’Association Sourire de Reda constitue le premier maillon d’une chaine qui

doit mobiliser le plus d’acteurs possibles.

Nous avons décidé de nous engager

- pour que notre pays compte parmi ceux qui agissent,

- parce que les jeunes d’aujourd’hui sont l’avenir du Maroc,

- parce que toute société a le devoir de prendre soin de ses jeunes.

Vous aussi vous pouvez contribuer à aider les jeunes en souffrance et à prévenir le

suicide.

Nous avons tous le pouvoir d’agir.

Meryeme Bouzidi Laraki

Présidente de l’Association Sourire de Reda

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L'Association SOURIRE DE REDA

ORIGINEIl avait depuis toujours le sourire aux lèvres, jusqu’au 5 février 2009. Reda, 13 ans et demi se suicide. Son acte tragique a pour conséquences :

• De révéler l’existence chez les jeunes de souffrances silencieuses et insoupçonnées pouvant s’exprimer de façon tragique par la violence envers eux-mêmes ou envers les autres.

• De lever le voile sur le suicide au Maroc.

C’est dans ce contexte que Sourire de Reda voit le jour, avec pour vocation de venir en aide aux jeunes en souffrance.

MISSION Les études prouvent que le fait de parler, d’être écouté, d’être informé et sensibilisé au danger de l’isolement, contribue à prévenir le pire. Encourager une personne à partager son désespoir, sa solitude, ses idées suicidaires n’éveille pas de tentations comme certains peuvent le croire à tort.

Bien au contraire, seul le silence peut tuer.

Nous avons décidé de nous engager pour que le Maroc compte parmi les pays qui agissent pour les jeunes en souffrance et dans la prévention du suicide.

Sourire de Reda a quatre objectifs :

1. Sensibiliser un large public à la souffrance des jeunes, exprimée ou silencieuse, qui peut mener aux passages à l’acte : conférences, ateliers-débats, campagnes de communication.

2. Prévenir par l’interaction avec les jeunes : concours, travail avec le comité des jeunes de Sourire de Reda, ateliers dans collèges-lycées, associations, événements spéciaux.

3. Intervenir par l’aide en «one-to-one» au jeune en souffrance (Stop Silence, orientation vers des structures spécialisées, intervention dans les établissements scolaires à la suite du suicide d’un jeune, etc.).

4. Former les acteurs intervenant auprès des jeunes.

STOP SILENCE,

UN ESPACE D’ECOUTE PAR CH@T GRATUIT ET

ANONYME DEDIE AUX JEUNES www.stop silence.

org

• Stop Silence est un service gratuit, en français et darija, accessible à tous les jeunes via le site

www.stopsilence.org. C’est le premier espace d’écoute anonyme dédié exclusivement aux jeunes au

Maroc et en Afrique, il est également l’un des premiers dans le monde par sa spécificité « ch@t ».

L’écoutant Stop Silence a pour mission d’accueillir la parole du jeune, de reconnaître sa souffrance

pour lui permettre de retrouver sa propre initiative. Il accompagne également un jeune suicidaire

à traverser la crise.

L’espace de ch@técoute anonyme a 4 objectifs :

• Rompre l’isolement en libérant l’expression de la souffrance

• Soulager, apaiser la tension

• Accompagner la réflexion du jeune pour lui permettre de clarifier sa situation

• Prévenir le passage à l’acte suicidaire

Parler, Sourire, Vivre,

Parler pour ne pas rester seul lorsque

la vie devient trop difficile

Retrouver confiance en soi et l’envie

de vivre.

Pour sourire à la vie.

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INDICATEURS SUR LE SUICIDE

L’expression du mal-être du jeune, verbale ou non verbale, est trop souvent banalisée et non décodée. Lorsque ce mal-être passager n’est pas partagé, il peut se transformer en souffrance silencieuse et conduire aux passages à l’acte : troubles du comportement, délinquance, abandon scolaire, addictions voire suicide.

Boris Cyrulnik : « L’enfant n’a pas la même notion du suicide que l’adulte. Jusqu’à 8 ans, il n’a pas conscience du caractère définitif de la mort. Il pense que ce n’est qu’une absence provisoire, réversible. Et même lorsqu’il grandit, le suicide reste plus le fait d’une impulsion que d’une réflexion. C’est pourquoi la moindre “petite chose” peut pousser l’enfant à l’acte mortel, mais aussi, à l’inverse, l’en préserver.

Un enfant peut passer à l’acte sans pour autant songer à se tuer. »

Association Québecoise de Prévention du Suicide : « Bien que le suicide soit un geste individuel, il s’inscrit dans un contexte plus large d’interactions entre la personne, sa communauté immédiate et la société en général. Ce qui fait qu’une personne ne voit plus de solution à ses problèmes, ce n’est habituellement pas le problème en soi, mais bien la perception qu’elle a du problème. »

François Ladame, Psychiatre : « L’acte suicidaire d’un jeune n’est jamais seulement un appel à l’aide ou seulement un désir de mort. Il y a surtout le désir de changer les choses. »

Chiffres sur le suicide :

Organisation Mondiale de la Santé - OMS

Les chiffres de l’OMS révèlent l’ampleur du mal-être des jeunes dans le monde

et ont conduit de nombreux pays à mobiliser les pouvoirs publics et les acteurs

sociaux autour de cette problématique.

• Le suicide constitue la deuxième cause de mortalité chez les jeunes de 15 à 29

ans dans le monde après les accidents de la route.

• Un décès par suicide a pour conséquence de toucher profondément 10 per-

sonnes dans l’entourage direct ou éloigné et engendre chez les proches affec-

tés, un risque de développer des problèmes importants suite à ce suicide.

• Dans les pays à haut revenu, les adultes et personnes âgées ont le plus haut

taux de suicide. Mais dans les pays à faible et moyen revenus, ce sont les

jeunes de 15 à 29 ans qui se suicident le plus.

Le suicide au Maroc

« Les tentatives de suicide ont lieu particulièrement pendant la période d’ado-

lescence. » Pr Taoufik, directeur de l’hôpital Ar-Razi Salé.

Des chiffres sur le suicide publiés pour la première fois en 2014 :

• 1628 cas de suicide recensés en 2012 au Maroc selon l’OMS.

• Plus d’hommes que de femmes : 7 hommes se suicident pour 1 femme.

• 14% des 13-15 ans ont déjà fait une tentative de suicide selon le Ministère de

la Santé marocain.

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QUESTIONS ET RÉPONSES

SUR LE SUICIDE CHEZ LES JEUNES

« Je me suis aperçu après coup que je ne sais pas du tout comment me comporter face à ce genre de

situations. Je n’ai pas été formé à cela et humainement, aucun réflexe ne me vient. Je ne saurais pas

trouver les mots justes. »

Le suicide demeure une énigme pour la famille, l’entourage et la société, et pour tenter expliquer

l’inexplicable, les gens ont parfois recours à des mythes, fausses croyances ou préjugés causés par la

peur ou le manque de connaissances. Malheureusement, ces idées fausses portent souvent à l’inaction.

Je connais un jeune qui parle de se suicider, mais comme il en parle, je ne pense pas qu’il le fera ! Qu’en penses-tu ?Réponse : La plupart des gens qui se sont suicidés en ont parlé avant, ou ont donné des signes qui n’ont peut-être pas été reconnus. Il ne faut surtout pas penser que les jeunes qui menacent de se suicider veulent attirer l’attention ou manipuler les autres. Le suicide n’est pas banal ! Si on se sent manipulé, il faut en parler à un professionnel, ne pas rester seul avec cela.

Il serait important pour moi de garder le secret si un ami qui me confie qu’il pense au suicide et me demande de ne pas en parler ! Je ne voudrais pas perdre sa confiance !Réponse : Est-ce que tu préfèrerais perdre sa confiance momentanément ou le voir mort ? Comment te sentirais-tu ? À court terme, il serait peut-être fâché si tu en parlais à quelqu’un et s’il y avait une intervention, mais plus tard, il te remercierait. La vie prime sur la confidentialité. L’important, c’est de rester discret. Le mieux est de l’amener à en parler à un adulte compétent, en s’assurant qu’il le fasse vraiment.

Un jeune qui pense au suicide, qui aime ses parents et qui est aimé, va se confier à eux, non ?Réponse : Le jeune suicidaire peut vivre de la culpabilité et craindre de faire subir sa détresse à ses parents, ou craindre leur réaction. Il est important qu’ils soient au courant qu’il vit tant de souffrance et l’accompagnement d’un professionnel peut être nécessaire pour favoriser une saine communication entre eux.

J’ai trop peur que si j’aborde la question du suicide avec un jeune qui a l’air d’y penser, je vais lui donner l’idée de le faire !Réponse : Je comprends bien ta peur, beaucoup de gens pensent ça. Mais ce n’est pas la réalité. Demander avec bienveillance s’il pense au suicide à quelqu’un qui va mal n’a jamais contribué à un passage à l’acte suicidaire, au contraire ! La souffrance enferme la personne dans sa solitude. Il est important de reconnaître cette souffrance et d’écouter sans juger. Elle se dira - Enfin, quelqu’un qui me comprend, qui a vu ma détresse. En matière de suicide, c’est plutôt le silence qui tue !

Je pense que lorsqu’une personne veut réellement mourir, on ne peut pas l’empêcher de se suicider !Réponse : En réalité, la personne suicidaire veut cesser de souffrir et non mourir. Elle est partagée entre son désir d’arrêter de souffrir et la partie d’elle qui veut vivre. Pour aider une personne qui pense au suicide, il faut accueillir sa souffrance et aussi l’amener à se connecter avec ses raisons de vivre.

Selon moi, il y a des gens qui se suicident par lâcheté, mais je me demande aussi si ça demande du courage pour réellement passer à l’acte.Réponse : Le suicide est un geste de désespoir, comme une porte de sortie de dernier recours, pour échapper à la souffrance. La lâcheté et le courage sont des jugements qui ne peuvent qu’augmenter le désespoir. Si un jeune dit qu’il est trop lâche parce qu’il n’a pas le courage de se suicider, il faut lui répondre que le courage, c’est de demander de l’aide et d’en parler !

Un adolescent se pose des questions sur le suicide. Que pouvez-vous lui répondre ?

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Pourquoi est-ce qu’un jeune choisit de se suicider au lieu de regarder le bon côté des choses ?Réponse : Il faut savoir qu’une personne ne se suicide pas par choix, mais par absence de choix. Sa vie lui est insupportable, elle souffre énormément et elle ne voit plus d’autres façons d’arrêter de souffrir. Parfois, il y a la dépression, ou la perte d’espoir que les choses s’améliorent, qui rend la personne incapable de trouver seule des solutions à ses problèmes.

J’ai entendu parler d’un jeune qui allait très mal, il est soudainement devenu serein et de bonne humeur, et il s’est suicidé le lendemain ! Comment ça se fait ?Réponse : Une personne ayant pris la décision de se suicider peut sembler momentanément soulagée, de bonne humeur,

voire euphorique. Il faut être attentif à ce changement soudain, ça peut être un signe, surtout si on ne voit pas d’explication claire pour le justifier. En cas de doute, il faut poser des questions sur le pourquoi de cette apparente amélioration. En effet, c’est un signe qui peut être trompeur.

Il paraît que les gens suicidaires sont des malades mentaux ou des fous. Moi j’y ai déjà pensé dans le passé, suis-je malade ?Réponse : Les personnes qui pensent à s’enlever la vie ne souffrent pas toutes de trouble mental et les personnes souffrant de trouble mental ne sont pas toutes suicidaires. La personne suicidaire peut être sous le coup d’un trouble émotif temporaire. Cependant, les pensées de mort ou de suicide peuvent être un des signes de la dépression.

Le suicide est imprévisible, on n’y peut rien.Réponse : En fait, la réalité, c’est que plupart des personnes qui pensent au suicide (8/10) donnent des signes, soit en le disant de façon vague, par message clair ou par toute allusion indiquant une pensée de mourir, ou par des changements de comportement. Ces signes ne sont pas toujours évidents à détecter, mais ce sont des signes de détresse, des appels à l’aide, et il ne faut pas hésiter à vérifier auprès d’elles ce qui se passe si on a des doutes.

L'adulte se pose les mêmes questions sur le suicide.

Le suicide est difficile à aborder pour

la plupart des gens, mais éviter le sujet

n’empêche pas les décès ni la détresse

des jeunes et des moins jeunes. Avec

compassion, vigilance et le courage de

dépasser nos barrières, nous pouvons

le prévenir !

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LES SIGNES PRÉCURSEURS

DU SUICIDE CHEZ LES

JEUNESBien que les personnes suicidaires soient la plupart du temps d’humeur dépressive, sans

être en dépression clinique, toutes ne présentent pas nécessairement les signes habituels

de dépression. Au contraire, certaines personnes paraissent dures et insensibles alors que

d’autres paraissent de bonne humeur et très actives, selon le tempérament et aussi selon

le genre. De façon générale, les garçons cachent plus leur détresse que les filles. Il faut être

vigilants car ces comportements peuvent servir à cacher une grande tristesse et des pensées

suicidaires.

MESSAGES VERBAUXDIRECTS

Menaces de suicide directes, messages verbaux clairs :

« Je veux mourir »« Je veux en finir avec cette vie »« Je pense souvent à me tuer » « Je ne veux plus vivre »« Je vais me tuer, me pendre, me tirer un

balle » etc.

MESSAGES VERBAUXINDIRECTS

Messages verbaux indirects tels que :

« La vie n’en vaut plus la peine » « Bientôt vous n’aurez plus à me supporter » « Je ne m’en sortirai jamais » « Je suis nul » « Vous seriez bien mieux sans moi » « Je vais partir pour un long voyage » « Je ne dérangerai plus personne » « Vous allez avoir la paix » « Je n’aurai plus de problèmes » « Plus rien n’a d’importance » « Y’a plus rien qui me retient » « C’est trop dur, je n’en peux plus »

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LES SIGNES PRÉCURSEURS

DU SUICIDE CHEZ LES

JEUNES

Si un jeune vous semble présenter plusieurs

de ces signes, n’hésitez pas à lui poser la

question pour savoir s’il pense au suicide.

ne remettez pas la chose à plus tard !

Le seul moyen de confirmer ses doutes est

de poser directement la question au jeune

pour savoir s’il pense au suicide.

SYMPTÔMESPSYCHOLOGIQUES

• Incapacité de prendre plaisir à quoi que ce soit et à apprécier des compliments ou tout signe de reconnaissance.

• Cynisme inhabituel.• Indécision.• Ennui, tristesse. • Agressivité, irritabilité, anxiété.• Emotions qui éclatent soudainement ou

absence d’émotions. • Manque de confiance en soi, dévalorisation

(ne s’aime plus), culpabilité excessive. • Détresse, désespoir.• Aucune réaction à la suite de la perte

d’une personne proche.

SYMPTÔMESPHYSIQUES

• Sommeil irrégulier (longues heures de sommeil ou insomnie).

• Désordre de l’appétit (mange beaucoup plus ou très peu).

• Manque d’énergie persistant ou agitation inhabituelle.

• Augmentation du nombre de petits maux physiques : maux de tête, d’estomac fréquents, fatigue.

• Comportements d’automutilation.

CHANGEMENTS SOUDAINS OU GRADUELSAU NIVEAU SCOLAIRE

• Diminution de l’attention en classe.• Absence inhabituelle aux cours.• Chute des performances scolaires.• Passages fréquents à l’infirmerie.• Intérêt soudain pour la mort, les armes à

feu, médicaments et produits toxiques.• Préparatifs de départ sans précisions sur

la destination.

CHANGEMENTS SOUDAINS OU GRADUELSDANS LES ATTITUDES

• Isolement, repli sur soi, mutisme.• Fugues. • Attrait et préoccupation face à la mort, la

vie après la mort.• Laisser aller au niveau de l’hygiène et de

l’apparence.• Consommation accrue ou excessive (alcool,

drogue, jeu, etc.).• Valorisation de ceux qui se suicident

(artistes, films…) : « Je le trouve courageux de s’être suicidé ».

• Prise de risques inconsidérée mettant leur vie en danger (jeux violents, jeux de défi ; courses et escalades, jeu du foulard, etc.).

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FACTEURS DE RISQUE ET

FACTEURS DE PROTECTION

POUR LES JEUNES

Tout passage à l’acte suppose la traversée

d’une crise plus ou moins visible et plus

ou moins longue, de quelques minutes à

plusieurs mois.

Tout au long de la crise, le jeune peut être

habité par des idées de vie et de mort :

cependant, la présence de cette ambivalence

rend l’intervention possible à tout moment.

On peut sortir d’une crise suicidaire à toutes

les étapes du processus et chacun de nous a

le pouvoir d’aider un jeune à entrevoir des

alternatives à la mort pour mettre fin à sa

souffrance.

Il est utile de connaître les facteurs de

risque, ceux qui peuvent rendre un jeune

plus vulnérable et les facteurs qui peuvent

le protéger.

Réalité des jeunes en général

• Le jeune fait face à des changements

majeurs auxquels il n’est pas

nécessairement bien préparé.

• Ses stratégies d’adaptation sont moins

nombreuses que celles des adultes étant

donné sa courte expérience de vie.

• Il doit apprendre à s’affranchir de la

dépendance affective et matérielle de

l’enfance.

• Il doit performer à presque tous les niveaux

car la compétition est souvent difficile.

• Il vit parfois des pertes importantes :

séparation ou divorce des parents, conflits

personnels, suicide d’un ami...

• Il est exposé quotidiennement à des

messages décourageants, comme celui

d’un avenir sans débouchés et sans

perspectives d’emploi.

• Il est dans une culture en transition où de

nouveaux modèles sont à inventer.

Facteurs prédisposant les jeunes à la détresse ou à des comportements suicidaires

• Un suicide dans la famille ou dans

l’entourage.

• Les troubles mentaux (dépression majeure,

trouble bipolaire, schizophrénie, etc ).

• Les addictions : à l’alcool, à la drogue,

aux médicaments, aux jeux et plus

généralement les conduites à riques.

• Les questionnements sur l’identité sexuelle.

• Les abus (sexuels, physiques).

• La violence physique et verbale dans

l’environnement familial et/ou scolaire.

• Les difficultés d’intégration sociale.

• Les placements successifs en famille

d’accueil.

• L’alcoolisme ou la toxicomanie des parents

ou d’une personne importante de leur

entourage.

• La négligence parentale.

• La perte d’un parent en bas âge.

• La faible estime de soi.

• L’accessibilité des moyens létaux

(médicaments, drogues, outils tranchants,

etc.)

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FACTEURS DE RISQUE ET

FACTEURS DE PROTECTION

POUR LES JEUNESFacteurs pouvant déclencher une crise suicidaire chez des jeunes déjà vulnérables

• Une rupture amoureuse.

• Une querelle familiale ou entre amis.

• Un échec scolaire ou un refus dans un

programme d’études convoité.

• Le sentiment de rejet.

• L’intimidation, le racket, le harcèlement.

• Un placement en centre d’accueil.

• La solitude et l’isolement.

• La perte ou le deuil (qu’ils soient réels ou

symboliques, ex. : perte d’un rêve d’avenir)

Il existe aussi des facteurs de protection qui peuvent permettre au jeune de garder son équilibre face à l'adversité

• Un réseau social soutenant et valorisant.

• La stabilité familiale.

• La capacité de demander de l’aide.

• La capacité de s’exprimer, d’exprimer ses

émotions et ses besoins.

• La connaissance et l’utilisation des

ressources de soutien.

• Une bonne estime de soi.

• Le tempérament optimiste.

• Un environnement scolaire soutenant et

valorisant.

• La capacité de s’adapter aux changements.

• La diversité des stratégies d’adaptation.

• L’équilibre dans les différentes sphères

de la vie : études, loisirs, sports, plein air,

famille, amitié, etc.

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COMMENT AIDER UN JEUNE EN DETRESSE

?

« Quand une personne vous dit qu’elle a des idées suicidaires ou en montre les signes, prenez-la

au sérieux. Elle vous tend la main pour obtenir votre aide parce qu’elle a confiance en vous.»

Dr Samy, psychiatre à L’Hôpital de Montréal pour enfants du Centre universitaire de santé McGill.

Voici quelques points à retenir si vous aidez un jeune en détresse, qui a ou non des idées suicidaires. Mais une évaluation plus complète par un professionnel reste indiquée quand un jeune pense au suicide.

L’inquiétude S’apercevoir qu’un jeune de notre entourage semble en détresse peut engendrer beaucoup d’inquiétudes et de souffrances. Il est fréquent et normal de ressentir un stress, un inconfort ou une crainte à l’idée de le questionner sur sa détresse, sa souffrance et ses intentions suicidaires. L’important est de reconnaître et de prendre au sérieux les signes que vous parvenez à décoder. Si vous avez des doutes, validez vos inquiétudes auprès du jeune. C’est par des questions précises que vous obtiendrez des réponses précises et vous pourrez ainsi lui venir en aide.

La question sur les idées suicidairesN’ayez pas peur d’aborder le sujet du suicide. Au mieux, le jeune vous dira qu’il n’y pense pas. Les études confirment que vous ne pouvez pas ancrer des idées suicidaires dans la tête de quelqu’un. Exprimer ce qu’il vit lui permettra de briser le mur du silence et de la solitude.

L’ambivalenceTout au long de la crise qu’il vit, le jeune peut être habité par des pensées qui oscillent entre vivre et mourir, comme une balance : la présence de cette ambivalence entre la vie et la mort rend l’intervention possible. Chacun de nous a le pouvoir d’aider un jeune qui a des idées suicidaires à pencher vers le côté de la vie.

Le filet de sécuritéIl est important de mettre autour du jeune un filet de sécurité efficace qui demande la collaboration entre plusieurs acteurs : famille, école, proches, professionnels, etc.

IMPORTANT Si vous êtes inquiet mais que vous vous sentez incapable d’interve-nir auprès du jeune, par exemple, parce que vous êtes trop touché,

émotif, en colère, etc., assurez-vous que quelqu’un le fasse.

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Établissez un climat propice à la discussionChoisissez le moment et le lieu appropriés et prenez le temps d’établir un climat de confiance.• Demandez au jeune comment il se sent.• Faites-lui part de vos inquiétudes : «Je me fais

du souci pour toi. Qu’est ce qui ne va pas en ce moment ? »

• Dites-lui ce que vous remarquez d’inquiétant pour l’encourager à exprimer ses émotions et sa souffrance.

• Rassurez-le en lui disant qu’il n’est plus seul.

Demandez-lui s’il pense au suicide sans faire de détours« Je vois bien que ça ne va pas. Est-ce que ça fait mal au point où tu penses à t’enlever la vie? » « Est-ce que tu penses au suicide ? »

Si le jeune confirme penser au suicide Quatre questions :1. Comment penses-tu le faire ?2. Quand penses-tu le faire ? 3. Où penses-tu le faire? 4. Est-ce que tu as près de toi ce qu’il te faut pour

le faire ?

Plus les détails de la planification sont déterminés et plus le moment prévu pour ce geste est rapproché, plus il y a urgence d’intervenir. Ne laissez pas le jeune seul.Le jeune doit être vu par un aidant spécialisé (médecin, psychologue, psychiatre) le plus rapidement possible.

• Si le jeune accepte, accompagnez-le ou trouvez quelqu’un d’autre pour le faire.

• S’il refuse, communiquez avec un aidant spécialisé le plus tôt possible et retirez le moyen prévu pour le suicide (médicaments, armes ou objets tranchants, corde, etc.).

Dans tous les cas, ouvrez le dialogue • Aidez-le jeune à identifier ses raisons de vivre,

soulignez qu’un mort est irréversible et définitive, • Puis aidez le jeune à trouver d’autres solutions

qui pourraient l’aider à diminuer sa souffrance et surmonter la crise actuelle.

• Veillez à ce qu’il ne soit pas isolé. • Sécurisez la maison : en retirant les médicaments

y compris ceux sans ordonnance, les objets dangereux tels que objets tranchants, cordes, médicaments, produits dangereux, etc.

• Demandez l’aide d’un aidant spécialisé.

Durant les échanges avec le jeune• Prenez le temps de comprendre sa perception. • Renoncez à vouloir analyser, comparer ou tout

comprendre de la situation qu’il évoque.• Évitez de poser trop de questions.• Respectez les silences et le rythme de paroles

du jeune.• Prenez-le au sérieux.• Exprimez-vous calmement.• Evitez de juger ou de faire la morale.• Ne minimisez pas ce qu’il vit, évitez les clichés

suivants : « Voyons, un de perdu, dix de retrouvés ! », « il y a des gens qui ont vécu des choses pires que ça, prends-toi en main ! ».

• Ne blâmez pas le jeune de penser au suicide. La peur de perdre une personne que vous aimez peut susciter chez vous peine ou colère. Il est important que vous vous rappeliez qu’elle n’a pas fait un choix réfléchi; elle souffre terriblement : ce n’est pas un comportement dirigé contre vous mais une manifestation de grande détresse.

Si vous n’êtes pas à l’aise dans cette démarche • Communiquez avec une ressource d’aide qui

prendra le relais et qui vous soutiendra.• Respectez vos limites et prenez soin de vous.

Obtenez du soutien pour vous• N’hésitez pas à trouver vous aussi du soutien

auprès d’une personne de votre entourage qui saura vous accompagner et/ou auprès d’un aidant spécialisé (médecin, psychologue, psychothérapeute).

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CE QU'IL NE FAUT PAS FAIREFace à un jeune qui pense au suicide et qui en parle...

• Eviter les phrases comme : « Je ne veux plus en entendre parler », «Tu dis n’importe quoi », « Ca va passer » « Tu as pourtant tout pour être heureux », «Tu n’as pas de raison de te plaindre ».

• Éviter les recettes aussi simples qu’inefficaces comme « N’y pense plus ! », « Secoue-toi ! », « Va faire du sport ! », « Pense à tous ceux dans le monde qui souffrent vraiment », etc.

• Ne dites pas : « Ne penses plus au suicide » mais plutôt : « Tu as des idées de suicide ? On va en parler ! » « Je tiens à toi ».

• Éviter surtout de banaliser ! Les propos suicidaires sont toujours à prendre au sérieux.

• Éviter de juger le jeune, de se moquer de lui, de le culpabiliser ou de l’humilier.

• Ne cherchez pas à conseiller le jeune suicidaire avant de l’avoir bien écouté.

• Éviter de l’inciter à vivre « par devoir pour ses proches ». L’aider à identifier ses raisons de vivre.

• Éviter de donner des exemples de ce qui est arrivé à d’autres dans le même genre de situation.

• Ne jamais proposer comme solution de consommer de l’alcool ou des toxiques, ni fournir des médicaments qui auraient été bénéfiques pour d’autres.

• Ne jamais mettre une personne suicidaire au défi de passer à l’acte.

• Ne faites pas tout à la place du jeune suicidaire afin de le «sauver», il penserait alors qu’il n’est plus capable d’agir et que vous ne lui faites pas confiance.

• Ne prétendez pas avoir réponse à tout.

• Ne faites pas de promesses que vous ne pouvez pas tenir, soyez authentique.

• N’abandonnez pas la partie, soyez patient.

• Ne tentez pas d’aider le jeune seul. Prenez soin de vous.

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CE QU'IL NE FAUT PAS FAIRE C’EST QUOI ECOUTER ?

Si un jeune est profondément déprimé ou a des idées suicidaires, notre première réaction

est d’essayer de l’aider en donnant des conseils, en partageant notre propre expérience et

en lui trouvant une ou des solutions.

Il vaut mieux se rendre disponible par l’écoute

Le jeune suicidaire ne veut pas de réponses ou de solutions. Il recherche un espace sécu-

risant où exprimer ses peurs et son anxiété, un espace de parole où il peut être lui-même.

EcoutezEcouter réellement n’est pas facile. Nous devons nous contrôler pour éviter de parler, de

faire un commentaire, de donner des conseils. Nous ne devons pas écouter juste les faits

que le jeune partage avec nous mais les émotions qu’il exprime derrière ces faits. Nous

devons tenter de comprendre les choses de son point de vue et non du nôtre. Un jeune qui

se sent écouté est plus en mesure de trouver des solutions qui lui conviennent.

En conclusion...

C’est dans ces contacts parfois informels que résident les premiers éléments d’une prévention

du suicide.

Les éléments présentés dans ce guide permettent à chacun de nous de contribuer activement

à cette prévention.

Un jeune qui pense au suicide a besoin de s’exprimer et d’être écouté afin de pouvoir retrouver

de l’espoir et des raisons de vivre.

Ce que ne veulent pas les jeunes qui ont des idées suicidaires :• Etre seuls.

• Etre conseillés sans avoir été écoutés.

• Etre interrogés.

• Etre jugés.

• Etre surveillés au point de perdre tout sentiment de liberté.

Ce que veulent les jeunes qui ont des idées suicidaires :• Une personne qui prendra le temps de les accueillir et de les écouter calmement,

dans une totale disponibilité.

• Une personne qui les écoutera avec respect, attention et bienveillance, sans jugements.

• Une personne en qui ils ont confiance.

• Une personne qui saura être discrète.

• Une personne qui les rassure, les sécurise et les accepte tels qu’ils sont.

• Une personne qui reconnait leurs qualités et qui les valorise.

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