Sourate asaff verset 6 / s.61,6 - lemessieetsonprophete.com6_ahmad.pdf · Faire annoncer Ahmad par...

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  • Jsus annonce-t-il Muhammad dans le Coran ?Sourate as-saff (le rang) verset 6 / s.61,6

    Selon la logique islamique des rvlations successives o la religion chrtienne est vue comme supplantant la religion hbraque et lIslam comme venant les remplacer toutes deux, il convient que Jsus ait annonc le Messager de la troisime et ultime religion, appel Muhammad. Problme : dans les vangiles, part des faux prophtes qui viendront aprs lui, Jsus nannonce rien qui ressemble Muhammad.

    Faire correspondre le Paraclet Muhammad

    Or, il faut quil lait fait. Prcisment, au chapitre 14 de lvangile selon saint Jean, Jsus annonce un Paraclet qui doit venir. Donc, il faut que ce Paraclet se relie Muhammad dune manire ou dune autre. Et il faut que le texte coranique dise que Jsus a annonc quelque chose qui fasse penser la fois ce Paraclet et au Prophte de lIslam. Cest ce que ralise le centre du verset 6 de sourate 61, qui dit :

    Quand Jsus, fils de Marie, dit : Enfants dIsral ! Je suis le messager de Dieu envoy vers vous, confirmant ce qui est devant moi de la Torah et annonant un messager qui viendra aprs moi dont le nom sera Ahmad . Mais quand il vint vers eux avec des signes vidents, ils dirent : Ceci est de la sorcellerie vidente ! (s.61:6).

    Ahmad tient videmment lieu de Mu-hammad, dans une phrase qui parat ainsi moins invraisemblable que s'il tait dit froidement que Jsus a annonc Muhammad. Il suffit maintenant de dire que le Paraclet concide avec ahmad.

    Dans la version grecque de lvangile selon saint Jean, le mot Parakltos signifiant celui qui parle pour quelquun dautre dsigne un avocat intervenant au nom de son client lors dun procs. Ce terme juridique est pass dans laramen sous la forme de Paraqlita mais avec un sens un peu diffrent, car le monde parthe et smitique est rgi par des normes diffrentes de celles des grco-romains : ici, sous forme de tmoignage, chacun expose son propre cas au tribunal, mais peut se faire aider discrtement par quelquun qui souffle loreille ce quil convient de dire. Ce rle de Paraqlitasouffleur est perceptible dans lvangile johannique [1]. Il noffre cependant aucun rapprochement possible avec Muhammad.

    Cest sans compter avec limagination des apologistes arabophones au service des Califes. Transcrit la mode arabe (sans tenir compte des voyelles), le mot grec parakltos scrit brklts (lire : biriklutos), et vaut fortuitement pour la transcription arabe dun autre terme grec : priklutos. Priklutos signifie renomm, donc lou. Il suffira donc que mu-hammad signifie celui qui- est lou (ou : -en qui se fait la louange ) pour que, lintrieur dune apologtique purement arabe (base sur une fausse lecture), on puisse dire que Jsus a annonc ahmad, le lou, donc le Prophte de lislam . Il faut seulement attribuer la racine hmd le sens de louer.

    Dans la Bible et en aramen (et aussi dans le Coran lu dans son co-texte), hmd signifie dsirer (et au passif, cette racine a le sens de plaire). Pour dire louer, il existe dautres

    1 Les passages johanniques mentionnant ce rle du Paraclet sont les suivant :

    Et je prierai le Pre de vous envoyer un autre Paraclet qui sera pour toujours avec vous, LEsprit de Vrit (Jean 14:16-17a) Lorsque viendra le Paraclet que je vous enverrai dauprs du Pre, lEsprit de vrit qui vient du Pre il tmoignera mon propos, et vous aussi, vous tmoignerez de ce qui fut depuis que vous ftes avec moi (Jn 15:26-27). Mais quand il viendra, lui, lEsprit de vrit, il vous guidera dans la vrit tout entire ; car il ne parlera pas de lui-mme, mais ce quil entendra, il le dira et il vous fera savoir les choses venir (Jean 16:13).

  • racines en arabe (atna, madaha et surtout sabbaha [2]). Nanmoins, un glissement a t impos par le pouvoir, faisant glisser le sens de tre dsir vers celui de tre lou. De la sorte, Muhammad-ahmad semble correspondre priklutos-parakltos-paraclet. Voil [3].

    Faire annoncer Ahmad par Jsus dans le Coran

    Bien sr, un tel rapprochement entre paraclet et mu-hammad ne fait illusion quen arabe : cest ce quon appelle une apologtique interne , destine aux Arabes musulmans. Et cest pour eux aussi quest apporte la touche finale. En effet, si lvangile selon saint Jean annonce Muhammad et si le Coran est dorigine divine, il faut que ce dernier confirme ce que lvangile est suppos dire : quelque part dans le Coran, Jsus doit annoncer Muhammad (ou son quivalent ahmad). O ?

    Une preuve des hsitations des bricoleurs du Coran nous est fournie par la version de Ubayy Ibn Kaab. Ses copies nont pas chapp aux destructions systmatiques des documents des VIIe et VIIIe sicles, menes par le pouvoir islamique ; mais, grce aux citations qui en ont t faites, on connat sa version du verset 61 de la sourate 6 qui nous intresse. Comparons donc le texte du verset selon le Coran habituel (en vert) avec celui selon Ubayy (en rouge), le texte commun aux deux versions tant donn en bleu :

    Quand Jsus, fils de Marie, dit : Enfants dIsral ! Je suis le messager de Dieu envoy vers vous,

    confirmant ce qui est devant moi de la Torah et annonant un messager qui viendra aprs moi dont le nom sera Ahmad. Mais quand il vint vers eux avec des signes vidents,

    et je vous annonce un prophte (nabiy) dont la communaut (umma) sera la dernire communaut et par laquelle Dieu mettra un sceau aux prophtes (nabiyn) et aux messagers (rusul),

    ils /les fils dIsral dirent : Ceci est de la sorcellerie vidente !

    Visiblement, selon le Coran de Ubbay, au lieu de Ahmad, Jsus annonce un prophte et une communaut venir ; il affirme aussi quun sceau sera donn aux prophtes et aux messagers , ce que lon retrouve au verset 40 de la sourate 33 (version habituelle) [4]. En fait, aucune des deux versions du verset 61:6 nest plus authentique que lautre : originellement, le verset se rduisait probablement cette seule phrase (qui est parfaitement sa place dans le co-texte) :

    Quand s fils de Marie dit : fils dIsral, je suis le messager de Dieu vers vous, ils dirent : Ceci est de la sorcellerie vidente (s.61:6).

    Lobjection de Frank van der Velden [5]

    Frank van der Velden a object que, ainsi rduit, le verset 6 serait trop court par

    2 Plusieurs versets (s.13:13; 17:44; 25:58) utilisent mme les deux racines hmd et sbh , ce qui suggre fortement que hmd na originellement pas le sens de lou.

    3 Cf. KHALIL Samir et collaborateurs, Actes du 3e Congrs international d'tudes arabes chrtiennes, collection Paroles de lOrient vol. XVI, Kaslik, Liban, 1990-1991, p.311-326 ; GALLEZ Edouard-M., Le messie et son prophte, Versailles, ditions de Paris, tome II, 3.1.6.2 3.1.6.4 (= p.141-153 d. 2005).

    4 Ce verset est lui-mme suspect, il forme une sorte dintermde entre les deux parties formant la sourate 33 Al-azb, la premire allant jusquau verset 39 (qui est manifestement un verset final), et la seconde comprenant les 33 derniers versets. Le verset 40 commence tout coup par le nom du Prophte : Muhammad na jamais t le pre de lun de vos hommes, mais le messager de Dieu et le sceau des prophtes. Dieu est Omniscient (s.33:40). Pour comprendre le jeu idologique sous-jacent, voir Le messie et son prophte, tome II, 3.1.6.3.3 (= p.149-150 d. 2005).

    5 van der VELDEN Frank, Kotexte im Konvergenzstrang die Bedeutung textkritischer Varianten und christlicher Bezugtexte fr die Redaktion von Sure 61 und Sure 5:110-119, in Oriens Christianus, Wiesbaden, Harrassowitz Verlag, n 92, anne 2008, p.137-138.

  • rapport au verset 5 qui prsente un certain paralllisme :

    Quand Mose dit son peuple : mon peuple ! Pourquoi me faites-vous de la peine alors que vous savez que je suis vraiment le Messager de Dieu [envoy] vous ? Puis quand ils dvirent, Dieu fit dvier leurs curs, car Dieu ne guide pas les gens pervers (s.61:5).

    Constatons que ce verset est lui-mme assez court, et que le prcdent lest plus encore :

    Dieu aime ceux qui vont jusqu tuer (qtala) sur son chemin (cest--dire pour Lui) en rang serr, pareils un difice renforc (Coran 61:4).

    Ceci tant, il nest pas interdit de supposer que les deux versions de la partie centrale du verset 6 exposes plus haut remplaaient un dveloppement relatif un thme dont il ne fallait plus que le Coran parle : le retour (matriel) du Messie-Jsus. titre hypothtique, une telle partie centrale originelle peut se reconstituer aisment en sinspirant dlments du co-texte :

    Quand Jsus, fils de Marie, dit : Enfants dIsral ! Je suis le messager de Dieu envoy vers vous,

    et je suis justifi en vertu de la Torah [qui est] entre vos mains [6] [et] qui ma annonc comme Messie par qui Dieu soumettra la terre. Mais une partie dentre eux mcrut (kafara [7]),

    et ils dirent : Ceci est de la sorcellerie vidente !

    Lobjection tombe delle-mme.

    En conclusion

    Reconstitu selon sa version courte ou avec une partie centrale, le verset s.61:6 redevient cohrent avec le co-texte, et on voit trs bien quelles furent les utilisations lgendologiques qui en ont t faites par la suite.

    On peut affirmer que la prsence dune annonce de Ahmad-Muhammad par Jsus dans le texte coranique prsente toutes les caractristiques dune interpolation.

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    6 Lexpression musaddqan lima bayna yada est lue avec le verbe lactif (musadd i qan) puisque, selon la thologie islamique, le prophte qui vient est prsum confirmer ce qui a t rvl avant lui. Cependant, le bon sens commanderait plutt le contraire : celui qui vient a besoin dtre justifi en

    vertu de ce qui est entre les mains de (musadd a qan), cest--dire de ce qui est rvl dj : la diffrence tient une voyelle un a au lieu dun i , et on sait que la voyellisation du Coran advint trs tardivement. Cf. SFAR Mondher, Le Coran est-il authentique ?, Paris, 2000, p.19 ; Le messie et, tome II, annexe D.3.1 et 3.2 (= p. 463-472 d. 2005).

    7 La traduction de kafara par mcroire ou par renier cf. s.61,14 ; 2,39-41 ; etc. ne permet pas de percevoir le sens premier et dterminant de recouvrir (ou de couvrir [une faute] si le verbe est lintensif). ce sujet, voir ltude sur les occurrences de la racine kfr dans le Coran et dans la Bible .

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