Sondage d'Opinion

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Sondage d'opinion Un sondage d'opinion ou une enquête d'opinion est une application de la technique des sondages à une po- pulation humaine visant à déterminer les opinions (ou les préférences) probables des individus la composant, à par- tir de l'étude d'un échantillon de cette population. Par métonymie, le mot sondage désigne également le docu- ment présentant les résultats de l'étude par sondage. Les sondages d'opinion les plus connus du grand public sont réalisés par les entreprises de sondages. Le développement des sondages d'opinion est intimement lié à l'extension de l'usage de cette méthode en sciences humaines. 1 Histoire des sondages d'opinion 1.1 L'essor des sondages Les sondages d'opinion concernant les sujets politiques naissent postérieurement au développement de cette tech- nique en marketing. Comme le souligne Loic Blon- diaux [1] , les entreprises des États-Unis ont été les pre- mières à utiliser ces derniers afin de connaître les at- tentes supposées des consommateurs et augmenter leurs marchés. Puis en 1936, le journaliste G.H. Gallup fonde « l'American Institute of Public Opinion » à l'occasion de l’élection présidentielle américaine. En France, le sondage d'opinion appliqué à la politique apparait en octobre 1938 par l'entreprise de Jean Stoetzel, qui a fondé l'IFOP (Institut Français d'Opinion Publique) qui conduit la première enquête d'opinion publique en France : « Faut-il mourir pour Dantzig ? » ; ces premiers sondages sont publiés en juin, juillet et août 1939 par la revue Sondages appartenant à l'Ifop, avant que la publi- cation de sondages ne soit interdite par la censure [2] . Aujourd'hui encore, les entreprises de sondages tirent l'essentiel de leur notoriété des sondages politiques, alors que ceux-ci représentent moins de 1 % de leur chiffre d'affaires [3] , l'essentiel de leur activité concernant les études marketing commandées par les entreprises. À partir de la fin des années 1960, alors que la place des sondages s’accroit considérablement avec l'essor de la communication politique, une loi est promulguée pour réglementer la fabrication et la diffusion des sondages d'opinion en période électorale (loi n o 77-808 du 19 juillet 1977, modifiée le 20 février 2002 [4] ). Le souci du législateur est de protéger la libre détermination du corps électoral d'une influence démesurée des sondages en les interdisant la semaine précédant le scrutin (période ra- menée à 1 jour depuis 2002) et en créant une autorité de régulation, la Commission des Sondages. Malgré cette restriction de la liberté d'information, le nombre des sondages électoraux n'a de cesse d'augmenter passant de 111 en 1981 à 293 pour la présidentielle 2007 (selon les rapports de la Commission des Son- dages) sans qu'il soit possible de relier -autrement que pragmatiquement- cette augmentation numérique à la constatation de leur « poids » croissant dans le débat po- litique. 1.2 La critique des sondages Il est vrai que les résultats de certains sondages ont forte- ment écorné leur crédibilité ( voir l'échec des entreprises de sondages à anticiper le succès de Jean-Marie Le Pen le 21 avril 2002). Pour autant les critiques des sondages d'opinion sont an- ciennes : Dès 1943 Jean Stoetzel dans sa thèse consacrée à la « Théorie des opinions » [5] met en garde contre le caractère parfois dangereux et abusif de l'enquête d'opinion : Celle-ci porte en effet sur des éléments souvent éphémères, insincères, vagues ou incompré- hensifs et de surcroit traités par des enquêteurs dont la neutralité n'est pas toujours assurée. De plus, sur le fond, l'enquête va à l'encontre de la règle-postulat en sociologie, “ à savoir que la motivation consciente de nos actes n'a rien à voir avec leur véritable causalité. En 1948, un autre psycho-sociologue, Herbert Blu- mer s’interroge également à leur propos [6] tandis que Bourdieu affirme en 1973 dans un article des Temps Modernes « L'Opinion publique n'existe pas ». D'autres n'hésitent pas à parler d'un coup de force opéré par les sondages. Le sociologue Patrick Champagne dans « Faire l'opinion, le nouveau jeu politique » [7] , estime que des professions para- politiques (sondeurs, journalistes, chercheurs) se sont emparées des sondages pour imposer leur vi- sion du monde, en interprétant ce que veut le peuple. L'usage fréquent des sondages peut perturber l'opinion et créer chez les électeurs les plus indécis des mouvements d'adhésion ou de rejet fondés sur l'idée que l'élection est jouée. L'Effet bandwagon - mot à mot « le wagon où se trouve l'orchestre »- 1

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sondage d'opinion sur les bananes

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Sondage d'opinion

Un sondage d'opinion ou une enquête d'opinion estune application de la technique des sondages à une po-pulation humaine visant à déterminer les opinions (ou lespréférences) probables des individus la composant, à par-tir de l'étude d'un échantillon de cette population. Parmétonymie, le mot sondage désigne également le docu-ment présentant les résultats de l'étude par sondage.Les sondages d'opinion les plus connus du grand publicsont réalisés par les entreprises de sondages.Le développement des sondages d'opinion est intimementlié à l'extension de l'usage de cette méthode en scienceshumaines.

1 Histoire des sondages d'opinion

1.1 L'essor des sondages

Les sondages d'opinion concernant les sujets politiquesnaissent postérieurement au développement de cette tech-nique en marketing. Comme le souligne Loic Blon-diaux[1], les entreprises des États-Unis ont été les pre-mières à utiliser ces derniers afin de connaître les at-tentes supposées des consommateurs et augmenter leursmarchés. Puis en 1936, le journaliste G.H. Gallup fonde« l'American Institute of Public Opinion » à l'occasion del’élection présidentielle américaine.En France, le sondage d'opinion appliqué à la politiqueapparait en octobre 1938 par l'entreprise de Jean Stoetzel,qui a fondé l'IFOP (Institut Français d'Opinion Publique)qui conduit la première enquête d'opinion publique enFrance : « Faut-il mourir pour Dantzig ? » ; ces premierssondages sont publiés en juin, juillet et août 1939 par larevue Sondages appartenant à l'Ifop, avant que la publi-cation de sondages ne soit interdite par la censure[2].Aujourd'hui encore, les entreprises de sondages tirentl'essentiel de leur notoriété des sondages politiques, alorsque ceux-ci représentent moins de 1 % de leur chiffred'affaires[3], l'essentiel de leur activité concernant lesétudes marketing commandées par les entreprises.À partir de la fin des années 1960, alors que la placedes sondages s’accroit considérablement avec l'essor dela communication politique, une loi est promulguée pourréglementer la fabrication et la diffusion des sondagesd'opinion en période électorale (loi no 77-808 du 19juillet 1977, modifiée le 20 février 2002[4]). Le souci dulégislateur est de protéger la libre détermination du corps

électoral d'une influence démesurée des sondages en lesinterdisant la semaine précédant le scrutin (période ra-menée à 1 jour depuis 2002) et en créant une autorité derégulation, la Commission des Sondages.Malgré cette restriction de la liberté d'information, lenombre des sondages électoraux n'a de cesse d'augmenterpassant de 111 en 1981 à 293 pour la présidentielle2007 (selon les rapports de la Commission des Son-dages) sans qu'il soit possible de relier -autrement quepragmatiquement- cette augmentation numérique à laconstatation de leur « poids » croissant dans le débat po-litique.

1.2 La critique des sondages

Il est vrai que les résultats de certains sondages ont forte-ment écorné leur crédibilité ( voir l'échec des entreprisesde sondages à anticiper le succès de Jean-Marie Le Penle 21 avril 2002).Pour autant les critiques des sondages d'opinion sont an-ciennes :

• Dès 1943 Jean Stoetzel dans sa thèse consacrée àla « Théorie des opinions » [5] met en garde contrele caractère parfois dangereux et abusif de l'enquêted'opinion : Celle-ci porte en effet sur des élémentssouvent éphémères, insincères, vagues ou incompré-hensifs et de surcroit traités par des enquêteurs dontla neutralité n'est pas toujours assurée. De plus, sur lefond, l'enquête va à l'encontre de la règle-postulat ensociologie, “à savoir que la motivation consciente denos actes n'a rien à voir avec leur véritable causalité”.En 1948, un autre psycho-sociologue, Herbert Blu-mer s’interroge également à leur propos [6]tandis queBourdieu affirme en 1973 dans un article des TempsModernes « L'Opinion publique n'existe pas » .

• D'autres n'hésitent pas à parler d'un coup de forceopéré par les sondages. Le sociologue PatrickChampagne dans « Faire l'opinion, le nouveau jeupolitique »[7], estime que des professions para-politiques (sondeurs, journalistes, chercheurs) sesont emparées des sondages pour imposer leur vi-sion du monde, en interprétant ce que veut le peuple.

• L'usage fréquent des sondages peut perturberl'opinion et créer chez les électeurs les plus indécisdes mouvements d'adhésion ou de rejet fondés surl'idée que l'élection est jouée. L'Effet bandwagon -mot à mot « le wagon où se trouve l'orchestre » -

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2 2 ASPECTS MÉTHODOLOGIQUES

laisse entendre qu'une fraction non négligeable desindécis est particulièrement sensible aux choix dé-jà effectués par d'autres et se décide en définitiveen « volant au secours de la victoire ». Pour cetteraison, certains codes électoraux réglementent plusou moins strictement l'usage de sondages en périodeélectorale, voire les interdisent dans la période pré-cédant immédiatement le scrutin.

• L'impartialité des entreprises de sondages et marke-ting, détenues ou financées par les budgets de grandsgroupes financiers proches des hommes politiquesou désireux de promouvoir ou défendre leurs inté-rêts particuliers, est de plus en plus questionnée dansla société[8].

2 Aspects méthodologiques

2.1 L'échantillonnage

2.1.1 L'utilisation d'un échantillon

• Soit un sondage aléatoire de grandeur n et p̂ la pro-portion de personnes qui répondent « oui » à la ques-tion posée. Le théorème central limite dit que si nest grand alors p̂ suit approximativement une distri-bution normale avec moyenne p (la proportion dansla population) et écart-type

√p(1−p)

n . L’intervalle

de confiance à 95 % est p̂ ± 1.96√

p(1−p)n . Par

prudence, prenons la valeur p = 0.5 qui donnel’écart-type le plus grand. L’intervalle de confiancedevient p̂± 0.98√

n. Si n = 1024 on obtient p̂±0.03

. La

marge d'erreur est plus ou moins 3 points depourcentage[9].Soit e l’erreur d’estimation, c’est-à-dire la différence entrep et p̂ . Pour une erreur donnée la grandeur nécessaire del’échantillon est n = 0.9604

e2 .

• Le sondage stratifié -qui consiste à diviser la popu-lation en plusieurs groupes et à prendre un échan-tillon dans chaque groupe- est préférable à un son-dage aléatoire simple car l’écart-type est plus petit.

• Un sondage selon la méthode des quota n’est pas ba-sé sur la théorie statistique et ne permet pas de cal-culer la probabilité d’une certaine marge d’erreur.Cette méthode postule une corrélation entre certainscaractères de la population. Les caractères retenuspour former l’échantillon sont souvent le sexe, l’âge,la profession et la région. La proportion de ces va-riables dans la population donne des quota qu’on ap-plique à l’échantillon. On suppose que l’opinion dela population est corrélée avec ces variables dites decontrôle.

Un sondage selon la méthode des quota peut donnerde meilleurs résultats que ceux d’un sondage aléatoire.Entre 1970 et 1979 la moyenne des erreurs lors des élec-tions anglaises a été de 3 points de pourcentage pour laméthode des quota contre 6.3 points pour les sondagesaléatoires[10].Un échantillon biaisé donnera un résultat mauvais mêmes’il contient plusieurs millions de personnes. L’exemplele plus fameux est celui du sondage du Literary Digest en1936.

2.1.2 L'erreur d'échantillonnage

En statistiques, le calcul d'erreur suppose un échantillon-nage au hasard. Or, les sondages se font en général enconsidérant un panel dit représentatif. Ceci rend pluscomplexe le calcul d'erreur.Dans le cas des sondages politiques, Jérôme Sainte-Marie, directeur de BVA Opinion, estime qu'ils accusentune erreur de 2 ou 3 %[11] voire peuvent dépasser 6 %,comme, par exemple, les sondages relatifs à des électionsprimaires en France[12] en raison de la méthodologie et dufaible nombre ou d'échantillons d'individus sondés. Lessondages politiques sont révélateurs de ces limites ; ainsi,des résultats de plusieurs entreprises de sondages portantsur un même domaine et sur la même période sont pu-bliés, ce qui permet de les comparer et éventuellement demettre en évidence certaines divergences ou contradic-tions sur une même question.À titre d'exemple, les résultats comparés des sondages desdifférents organismes à la même période pour l'électionprésidentielle française de 2007 sont significatifs :Si l'on considère un intervalle de confiance de 95 %,il faut multiplier les écarts types par 2,8 (3,2 pour lesindécis)[13], soit une erreur entre 3,5 et 4,5 points. Simaintenant on fait figurer les intervalles d'erreur, on ob-tient :

2.1.3 La taille des échantillons

La représentativité des échantillons sur lesquels s’ap-puient bon nombre de sondages publiés dans les médiassont l'objet de vives discussions. Cette question est par-ticulièrement importante dans les cas où les chiffres sonttrès serrés.Ces dernières années, il est apparu qu'environ 50 % de lapopulation ne peut pas être sondée car soit elle a seule-ment un téléphone portable (surtout pour les jeunes), soitparce qu'elle n'est pas présente chez elle aux heures où lessondeurs appellent[14].Aujourd'hui un certain retour à la base du sondage decertaines entreprises de sondages qui privilégient la qua-lité de l'échantillonnage sur les calculs statistiques quimultiplient les marges d'erreur. Ainsi, des études média

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2.2 Le traitement du sondage 3

peuvent comprendre 75 000 interviews (pour la radio).D'autres, peuvent travailler sur des échantillons compo-sés de 50 000 interviews téléphoniques avec des question-naires qui croisent des données média avec des donnéesde consommation et de fréquentation.En effet l'insuffisance d'individus d'un échantillon ne peutgarantir la véracité des résultats proposés par le son-dage. L'idéal, comme le mentionne E. Jeanne ([15], jan-vier 2008), est de sonder le maximum de personnes pourapporter la meilleure qualité et donc de réduire les margesd'erreur. Nous pouvons aussi remarquer que le désintéres-sement de la population face aux sondages ne facilite pasle travail des entreprises de sondages réalisant les études(IPSOS, TNS Sofres, IFOP, MY-GLOBE, BVA…).

2.1.4 Questions propres à la méthode des quotas

Aujourd'hui, chaque vote national donne naissance à ungrand nombre de sondages et de commentaires sur ceux-ci. Ces commentaires portent fréquemment sur des fluc-tuations d'un ou deux pour cent. Comme aucun sondage,quelle que soit la technique utilisée, ne peut donner desrésultats exacts, le citoyen est en droit de se demanderquelle confiance il peut accorder à de telles fluctuationset aux commentaires qu'elles suscitent.Si la technique aléatoire était utilisée, le calcul des inter-valles de confiance montrerait que des fluctuations aussifaibles doivent inciter à une grande prudence dans leurinterprétation. D'autre part il est indiscutable que la mé-thode des quotas ne satisfait pas la condition rigoureused'indépendance à la base des sondages aléatoires, ce quiexigerait en principe d'autres approches de sa précision.Face à ce problème, la position exprimée systématique-ment à l'occasion des campagnes électorales tient en deuxpoints : le calcul des intervalles de confiance est inappli-cable et – cela demanderait un minimum de justifications– la méthode des quotas est plus précise que la méthodealéatoire.Une autre position, plus rarement exprimée, se trouve parexemple sur le site internet d'Ipsos : si on veut fournir uneindication sur la validité d'un sondage, on est bien obligéd'utiliser ce qui existe, tout en sachant que ce n'est qu'uneapproximation.Il semble qu'il soit possible de renforcer un peu cette po-sition. En effet c'est l'indépendance des réponses, diffi-cile à assurer dans un sondage à l'échelle de la France,qui permettrait le calcul des intervalles de confiance. Àl'opposé, on peut imaginer un sondage à prétentions na-tionales effectué dans un seul quartier, ou une seule entre-prise ; celui-ci donnerait évidemment des résultats sans si-gnification pour le pays parce qu'il y aurait probablementde forts liens entre les différentes réponses. La méthodedes quotas, en contraignant les enquêteurs à interroger despersonnes appartenant à divers milieux, brise un grandnombre de ces liens et ne peut que rapprocher ce type de

sondage du sondage aléatoire, sans qu'on puisse mesurerla distance qui existe entre les deux.

2.2 Le traitement du sondage

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2.2.1 Les corrections des résultats bruts des en-quêtes

Les statisticiens, notamment en matière de sondages po-litiques opèrent un grand nombre de corrections des don-nées obtenues. Par exemple, les données CVS, corrigéesdes variations saisonnières, tentent de corriger les ef-fets dus à la saisonnalité du phénomène mesuré. Si cer-tains sont particulièrement évidents - une forte baisse del'activité économique en août n'est pas le signe d'un ef-fondrement économique - d'autres en revanche sont plussujets à caution. En matière de sondages électoraux parexemple, on corrigera certains décalages entre déclara-tion et réalité des votes passés effectifs. On observe parexemple un décalage entre les déclarations d'intention devote Front National et les votes réels, plus nombreux. Lesstatisticiens mesurent cet écart et le reportent pour les me-sures suivantes afin de donner un chiffre plus représentatifde la réalité, c'est ce que l'on nomme le « redressementdes résultats bruts ». Les détracteurs des sondages consi-dèrent que l'on sort ici de la stricte mesure des déclara-tions d'intention de vote pour donner un chiffre ayant laprétention d'indiquer ce que les électeurs comptent faireen réalité, d'autant plus qu'aucune entreprise de sondagesne publie les pourcentages réellement exprimés ou leurmultiplicateur[16].

2.2.2 La formulation des questions

La formulation de la question peut influencer les réponses.Une étude menée sur trois sondages effectués au momentdu bombardement de la Libye par l'armée américaine en1986 a par exemple révélé des décalages considérables deréponse en fonction de l'intitulé de la question, certainesétaient particulièrement abstraites citant « l'action améri-caine contre Kadhafi » alors que de l'autre côté un maga-zine parlait de l'armée américaine, de bombardements etnommait les villes touchées. Avec la plus abstraite des for-mulations, l'événement recueillait 60 % d'assentiments,la formulation intermédiaire 50 %, la formulation la plusprécise 40 %.Ce décalage ne pose pas de problème si l'on conserve àl'esprit que les sondages mesurent une réponse à une ques-tion et non pas la réalité d'une opinion dans la population.

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4 2 ASPECTS MÉTHODOLOGIQUES

Aux yeux de leurs détracteurs, la confusion apparaît pour-tant particulièrement fréquente et très volontiers entrete-nue par ceux qui commandent les sondages et qui peuventmême choisir de ne pas les publier si les résultats ne cor-respondent pas à ce qu'ils veulent démontrer.Il s’avère, dans la réalité du terrain, que plus une ques-tion est longue, plus elle comprend de mots et de phrases,moins elle est comprise, et donc plus le résultat est su-jet à caution. Alors que quasiment tous les interviewéscomprennent facilement des questions courtes. De même,les questions interronégatives sont moins aisées à com-prendre. Ces deux situations font augmenter le taux deNSP (ne se prononcent pas) sur une question.

2.2.3 L'interprétation et la construction de l'objet

Les sondages reposent sur une déformation et une ré-duction de l'information, les réponses devant trouver leurplace dans une grille préétablie, les sondeurs sont amenésà interpréter une parole en fonction de la grille. Établir desquestions fermées est considéré par certains comme équi-valent à demander aux sondés de choisir des réponses pré-pensées à des questions que d'autres se posent. La simpli-cité des énoncés ne peut pas faire l'économie de la com-plexité des questions abordées bien au contraire.Le sondeur et son client, s’il participe activement àl'élaboration du questionnaire, prennent l'initiative de dé-finir eux-mêmes la problématique du sujet pour ensuitedemander au sondé de choisir dans ce cadre strictementdélimité l'option qui lui convient le mieux. Cette maî-trise de la problématique, que l'on désigne par la notionde construction de l'objet, apparait aux critiques des son-dages comme une excellente méthode pour obtenir desrésultats correspondant à ses propres attentes.On constate également qu'il y a un biais vers le “oui”. Lessondés n'ayant pas trop d'opinion sur une question maistrouvant qu'il est dans leur rôle de se prononcer aurontplus tendance à répondre oui que non.

2.2.4 Le statut social du sondage

Cette critique, émanant le plus souvent des sociologues,concerne plus particulièrement le rôle des sondages dansle fonctionnement de la société. Abondamment utiliséspar les médias, les sondages constituent un miroir, peut-être déformant, pour la société qui au travers de questionssimples et de chiffres ronds se donne une représentationd'elle-même.Les sondés ont le sentiment de participer à la mesure de laréalité sociale. Ils perçoivent le sondage comme légitimepour lui-même plus que pour la question qu'il soulève.Répondre à un sondage constitue une participation à uneinstitution de fait dans laquelle le sondé trouve la gratifica-tion d'être celui qui pour une fois va déterminer la réalitésociale. Il n'est dès lors plus très important de posséder

effectivement un avis formé sur la question, l'acte de ré-pondre l'emporte sur le sens de la réponse. Notre exempleprécédent illustre bien comment trois échantillons a prio-ri représentatifs parviennent à exprimer des réponses dif-férentes et même opposées sur un même sujet. On peuten déduire qu'une partie des réponses est une réaction àune stimulation instantanée, plutôt que le reflet d'une opi-nion préexistante fruit des convictions et de la réflexiondes individus sur un sujet particulier. Le sondage mesuredonc pour une partie non négligeable de l'échantillon sonpropre effet sur les sondés.Dès lors, considérant que la définition de la problé-matique, tant par le choix des sujets abordés que parla formulation des questions, appartient au sondeur, laconstruction du débat échappe à la société civile (asso-ciations, syndicats, intellectuels) qui possède une opinionformée sur un sujet et aux représentants élus pour échoirà des groupes de presse (dont les propriétaires viennentaujourd'hui souvent d'autres métiers) et des chaînes detélévision (exemple : Bouygues propriétaire de Tf1).

2.3 L'interprétation du sondage

2.3.1 La personnification de l'opinion publique

Le sondage, en suivant le modèle du référendum a per-mis de construire une notion d'opinion publique qui de-meure une construction idéologique attribuant une et uneseule opinion à une société perçue comme un phénomènesimple et unifié. Elle n'est pourtant pas une personne, elleest constituée de structures, de groupes aux compétenceset aux connaissances variées. La capacité de construireune opinion, de connaître un sujet n'est pas uniformémentrépartie dans la population. Le sondage donne pourtantune forme prédéfinie à la question et place toutes les opi-nions sur un pied d'égalité.Le sondage et la notion d'opinion publique qu'il permetd'établir constituent finalement un outil de pouvoir quipermet de couper court au débat. Le principe de la démo-cratie représentative n'est pas de faire trancher une ques-tion par les votants mais de leur faire trancher dans undébat mené par des représentants, des experts, des mi-litants représentant les positions majoritaires mais aussiminoritaires. En lui donnant forme par le mécanisme dela construction de l'objet préalablement décrit, le son-dage permet de faire l'économie du débat grâce à cettenotion artificielle d'opinion publique qui apparaît néces-sairement légitime parce qu'elle imite le modèle du réfé-rendum.En bref, les sciences humaines sont divisées sur la notiond'opinion publique, depuis leurs origines. Pas moins d'unecinquantaine de définitions en ont déjà été données, dontcertaines ne pourront jamais être conciliées avec d'autres.Donc, il est illusoire de croire qu'il existe une opinion pu-blique simple et établie, ce que pourtant prétendent faireles entreprises de sondages.

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2.3 L'interprétation du sondage 5

Pierre Bourdieu a pointé ce danger dans un article de1973 intitulé L'opinion publique n'existe pas. À sa suite,Patrick Champagne aborde la question, notamment dansson ouvrage de 1990 : Faire l'opinion. Selon ces au-teurs, l'"opinion publique” telle qu'issue d'un sondaged'opinion n'est, le plus souvent, qu'un “artefact résultantde l'addition mécanique de réponses qui se présententcomme formellement identiques”. Ils mettent en exerguel'absence de réflexion, dans le chef des “instituts” de son-dages (appellation parfois galvaudée) sur la définitionde l'opinion publique, malgré le conditionnement idéolo-gique qui peut en découler. Loïc Blondiaux exprime celaen parlant “d'OPA sur la notion d'opinion publique”[17].

2.3.2 L'honnêteté des réponses

La critique des sondages montre que les réponses ap-portées par les sondés ne présentent aucune garantiede véracité[18]. Plusieurs phénomènes peuvent concourirpour donner des réponses erronées :

• Les sondés n'ont pas d'idées formées sur les ques-tions qu'on leur pose et ils répondent au hasard, sim-plement pour le privilège d'être sondé.

• Les sondés trouvent le questionnaire trop long, s’en-nuient, pensent à autre chose et répondent au plusvite pour abréger l'exercice.

• Les sondés répondent en fonction des idées qui cir-culent dans leur entourage proche, suivant l'avis d'unleader d'opinion plutôt que leur propre expérience.Le phénomène déborde de la stricte question del'opinion puisqu'il n'est pas rare qu'un sondé rap-porte le comportement de quelqu'un de sa famillealors que c'est lui qui est interrogé. C'est pour pré-venir ce phénomène que les questions commencenttrès souvent par vous, personnellement.

• Les sondés anticipent le résultat du sondage et ré-pondent en fonction des résultats qu'ils aimeraientvoir publiés.

• Les sondés n'assument pas face au sondeur la réa-lité de leur opinion ou de leur pratique et préfèrentdéclarer quelque chose de plus consensuel.

On peut en outre citer des cas de manipulation pure etsimple, comme par exemple la chaîne de télévision deSilvio Berlusconi qui à ses débuts, avait envoyé des em-ployés sillonner les campagnes pour retrouver les mé-nages équipés des boîtiers d'audimat afin de les soudoyerpour qu'ils laissent leur télévision allumée toute la journéesur la nouvelle chaîne alors qu'ils étaient au travail. Celalui a permis d'accroître ses mesures d'audience et doncses recettes publicitaires. Ces importants moyens contri-buant au succès réel de la chaîne.[réf. nécessaire]

Le recueil de l'information par les sociétés de sondage(qui se parent abusivement du titre d'institut) est sujet à

caution. Ainsi, lorsque l'interviewé répond « je ne saispas » il est alors souvent sollicité avec insistance carl'enquêteur a pour consigne de « relancer » l'interviewé.Tout pourcentage obtenu résulte donc d'une addition oùtoutes les réponses ont la même valeur, qu'elles soient di-rectes et données initialement ou qu'elles soient obtenuesen forçant l'interviewé, réponses forcées qui accroissentla marge d'erreur[19],[20].

• Les sondages par internet sont également victimesd'un nombre agrandi de biais[21].

2.3.3 La volatilité des réponses

En France, il existe un délai précédant une élection pen-dant lequel les sondages ne peuvent pas être publiés afind'éviter que la publication du sondage ne vienne pertur-ber le choix, en conscience, du candidat à élire. Ce délaifixé à une semaine par la loi de 1977 a été réduit à un jour(le samedi précédant le scrutin) en 2002.L'exemple des sondages électoraux, qui ont l'avantage depouvoir faire l'objet d'une vérification, montre que les dé-clarations sont susceptibles de connaître de fortes évolu-tions. Il met en lumière la fragilité de chiffres qui sont sou-vent présentés comme des indicateurs fiables d'une réalitésociale solide.Qui plus est ces sondages électoraux, contrairement auxautres sondages aux méthodes plus éprouvées, se passentquasiment exclusivement au téléphone fixe. Or certainssondés se sont désabonnés pour ne garder que le téléphoneportable[22], d'autres ne sont guère joignables ou sur listerouge ce qui induit un biais supplémentaire, dit « biais desélection ».

2.3.4 Fiabilité du résultat

En France, la polémique la plus importante concernantles sondages a eu lieu à la suite de leur incapacité à pré-voir le résultat du premier tour de l'élection présidentiellefrançaise de 2002. Toutes les enquêtes d'opinion, y com-pris celles menées la semaine précédant le scrutin, pré-voyaient sans ambiguïté un second tour opposant Lio-nel Jospin à Jacques Chirac[23]. Finalement, c'est Jean-Marie Le Pen, et non pas Lionel Jospin qui a accédé ausecond tour. L'argument généralement avancé par les son-deurs est que les sondages sont une « photographie » del'opinion, et non pas un outil de prédiction.[réf. nécessaire]

On peut noter ici que les cabinets politiques des par-tis principaux, l'Élysée, l'Intérieur et Matignon ont descontrats leur fournissant des données par l'étude des va-riations et la discussion plus approfondie et élargie avecle panel contacté par tous les moyens. Ainsi, Lionel Jos-pin aurait été prévenu de la montée de Jean-Marie Le Penmais aurait refusé de changer sa campagne et montrer sonaffaiblissement[24].

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6 3 ASPECTS LÉGAUX ET RÉGLEMENTAIRES

Les législatives de 2007 ont montré la difficulté pour lesentreprises de sondages de donner des estimations fiableslorsque le terrain d'études n'est pas national[25]. Les en-quêteurs réalisent leurs sondages par rapport au débat po-litique national et aux leaders des partis politiques alorsque ces élections obéissent à d'autres logiques plus lo-cales. Enfin, la multiplication du nombre des terrains (ily a 577 circonscriptions pour une élection législative,contre un seul territoire pour la présidentielle) augmenteles marges d'erreur.

2.3.5 Influence des Groupes de pression sur les en-treprises de sondages

Deux exemples parmi d'autres méritent d'être cités :

• François Bayrou a raillé les entreprises desondages[réf. nécessaire] qui le plaçaient en des-sous de Jean-Marie Le Pen le 20 avril 2007, alorsqu'il a fait 8 points de plus (18,5 % contre 10,5 %)le soir du 1er tour, le 22 avril 2007.

• La semaine précédant le deuxième tour de l'électionprésidentielle de 2007, les principales entreprisesde sondages donnent toutes Nicolas Sarkozy ga-gnant avec entre 5 et 9 points d'écart avec SégolèneRoyal[réf. nécessaire], alors qu'une petite entreprise desondages, 3C Études, pratiquant la même méthodedes quotas, aussi sérieusement, donne Nicolas Sar-kozy à égalité avec Ségolène Royal[26].

Faut-il y voir le résultat de l'influence des groupes de pres-sion, voire des patrons des entreprises de sondages quientendent peser sur le score de leurs amis, et/ou de leursplus gros clients ?L'entrepreneur Vincent Bolloré, ami proche du Pré-sident Sarkozy, détient désormais l'intégralité du capi-tal de CSA-TMO[27] tandis que l'actuelle présidente duMEDEF, Laurence Parisot, était présidente de l'IFOP.Plus généralement, ces dernières années ont été marquéespar un mouvement de concentration des entreprises desondages, désormais détenues par de grands groupes fi-nanciers ou publicitaires[28].Dans ce contexte, et devant l'impressionnante croissancedu nombre de sondages publiés, des sites se proclamantindépendants, comme « Délits d'opinion » [29] se sontcréés afin de faire la pédagogie des enquêtes d'opinionen faisant appel aux professionnels des entreprises de son-dages, aux politologues ainsi qu'aux acteurs économiqueset politiques.

2.4 La réception et de l'interprétation desrésultats

Un sondage, réalisé par BVA, publié le 6 février 2014dans Challenges et diffusé sur BFM TV, avait pour voca-

tion de « mesurer » ce que pensaient les français en ma-tière d’économie. Concernant les récentes mesures éco-nomiques du président de la République François Hol-lande, les principaux chiffres du sondage sont les sui-vants : pour 57 % des répondants, le pacte de respon-sabilité ne sera pas efficace pour l’emploi, et pour 74 %d’entre eux les entreprises bénéficiaires ne créeront pasd’emploi. Or ces résultats, qui semblent exprimer un cer-tain désaveu du pacte de responsabilité sont clairementrelativisés dans la présentation de Gaël Sliman, Directeurde BVA Opinion (allant même jusqu'à conclure que « lepacte de responsabilité est une mesure globalement sou-tenue par une majorité de nos concitoyens »).[réf. nécessaire]

Dans les jours qui suivent, différentes médias reprennentles résultats de ce sondage. Pour le site de BFM-TV,« le pacte de responsabilité ne convainc pas les Fran-çais »[30], alors que pour le site de Challenges, « le “pacte”de Hollande ne convainc qu’à moitié les Français »[31]. Àl'inverse, avec les mêmes chiffres, le site du Figaro conclude son côté que « les Français approuvent le pacte deresponsabilité »[32], montrant les difficultés rencontréespar les journalistes à analyser objectivement les donnéeschiffrées issues d'un sondage d'opinion.Pour Frédéric Lemaire, dans un article publié en fé-vrier 2014 sur le site de l'association de critique des mé-dias Acrimed, cette situation illustre plusieurs biais del'interprétation des sondages, telles que les attentes ini-tiales des entreprises des sondages ou encore la propen-sion des commentateurs médiatiques à « voir le verreà moitié vide, ou à moitié plein » en fonction de leursintérêts[33].

3 Aspects légaux et réglementaires

Il existe un droit des sondages électoraux, qui est au-jourd'hui mieux connu[34]. En effet, la loi no 77-808 du19 juillet 1977 a institué un régime juridique encadrantles sondages électoraux - c'est-à-dire en rapport avec uneélection prévue par le Code électoral, un référendum oul'élection des parlementaires européens, ce qui n'inclutdonc pas l'ensemble des sondages d'opinion politique -ayant fait l'objet d'une publication ou d'une diffusion[35].Cette loi a notamment institué une Commission des son-dages, autorité administrative indépendante composée demagistrats du Conseil d'État, de la Cour de cassation et dela Chambre des comptes, qui a pour mission de contrô-ler la qualité et l'objectivité de ces sondages et, dans lecas où une défaillance est constatée, de faire publier desmises au point - c'est-à-dire des correctifs dans les jour-naux visant à alerter l'opinion publique sur les défauts deces sondages - voire de saisir le juge pénal[36]. La Com-mission des sondages a ainsi développé un véritable droitmatériel, au contenu substantiel, visant à garantir le ca-ractère scientifique de la méthodologie suivie par les en-treprises de sondages : il existe désormais de nombreuses

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règles de fond applicables à l'élaboration et aux conditionsde publication des sondages électoraux[37].Le contrôle est en outre renforcé en période électorale,puisqu'il est interdit de publier des sondages la veilleet le jour du scrutin, cette interdiction étant sanction-née par une amende de 75 000 euros[38]. Le respect decette interdiction pose toutefois aujourd'hui certains pro-blèmes au regard des potentialités des nouvelles techno-logies, qui trouveront probablement leur résolution dansl'harmonisation des horaires de fermeture des bureauxde vote sur le territoire. La question se pose aussi de saconciliation avec l'article L. 52-2 du Code électoral, quiprévoit une interdiction de diffuser les résultats avant 20heures et qui n'est sanctionnée que d'une amende de 7 500euros, ce qui n'est guère dissuasif, ainsi qu'avec l'articleL 97 du même code[39], qui prévoit que :" Ceux qui, àl’aide de fausses nouvelles, bruits calomnieux ou autresmanœuvres frauduleuses, auront surpris ou détourné dessuffrages, déterminé un ou plusieurs électeurs à s’abstenirde voter, seront punis d’un emprisonnement de deux anset d’une amende de 15 000 euros. " [40].Si ce régime juridique semble avoir fait la preuve d'unecertaine efficacité, il est aujourd'hui critiqué pour sonmanque de transparence. En effet, alors que les citoyensont théoriquement le droit de consulter les notices dessondages auprès de la Commission des sondages[41], lesinformations effectivement fournies sont peu nombreusesen pratique[42]. Cette pratique discutable a néanmoins étévalidée par le Conseil d'État [43]au terme d'un raisonne-ment juridiquement et factuellement très contestable [44].Pour répondre à ces critiques, le Sénat adoptait le 14 fé-vrier 2011, à l'unanimité, une proposition de loi sur lessondages visant à mieux garantir la sincérité du débatpolitique et électoral [45].Certaines propositions visaientà augmenter le niveau d'expertise de la commission dessondages et à étendre son champ d'intervention à ceux quiportent sur des opinions et pas seulement sur des inten-tions de vote. Toutefois, l’Assemblée Nationale est reve-nue en arrière sur ses propositions et le projet finalementn'a pas abouti[37]. Toutefois, les travaux de la Commis-sion de rénovation et de déontologie de la vie politique,dite Commission Jospin, qui doit rendre son rapport pourla mi-novembre 2012, pourraient relancer ce projet[46].En toute hypothèse, dans l'attente de ces évolutions, c'estbien la société civile qui cherche à exercer, à côté de laCommission des sondages, le rôle de vigie afin que lessondages, dont la publication est protégée par la liber-té d'expression et qui peuvent participer à l'améliorationde la démocratie lorsqu'ils sont bien utilisés, soient biencontrôlés. Plusieurs sites internet sont consacrés à cettesurveillance, même si leurs positionnements idéologiquespar rapport aux sondages différent[47].Ils permettent entout cas mieux qu'hier, de suivre au jour le jour les pro-blématiques liées aux aspects légaux et réglementaires dessondages d'opinion.

4 Effets de la publication des son-dages d'intention de vote sur lerésultat du vote

La sociologie électorale distingue traditionnellementdeux effets à la publication d'un sondage électoral : l’effetbandwagon et l’effet underdog.L'effet bandwagon, ou effet de mode, décrit le phénomèneselon lequel la probabilité qu'une croyance, une idée, uncomportement, soit adopté augmente en fonction de laproportion d'individus l'ayant adopté auparavant[48].L'effet underdog est l'effet inverse. Littéralement effetchallenger, il consiste en une sympathie pour le candidatdonné perdant, ou une incitation à se remobiliser pour lecamp annoncé tel[49].Jérôme Sainte-Marie décrit un troisième effet, qui se ma-nifeste une fois les résultats du vote connus : l'effet de dé-calage, « qui naît du hiatus se produisant parfois entre [lesderniers résultats de sondage] et les chiffres réellementconstatés le soir du vote. Il en résulte une atténuation desvictoires et une relativisation de la défaite »[50].

5 Bibliographie• Jacques Desabie : 'Théorie et pratique des sondages’,

Dunod, 1966

• Pierre Bourdieu, « L'opinion publique n'existe pas »,in Temps modernes, 29 (318), janv. 73 : 1292-1309

• Alain Girard, Jean Stoetzel : Les sondages d’opinionpublique, PUF, 1979

• Pierre Bourdieu, « Les sondages, une science sanssavant », p. 217-224 in : Choses dites, Paris : Ed. deMinuit, 1987, 229 p. ; 22 cm, (Le sens commun),(ISBN 2-7073-1122-7)

• Clairin, R. et Ph. Brion (1997), Manuel de sondages,CEPED, 2e édition

• Patrick Champagne, Faire l'opinion. Le nouveau jeupolitique, Paris, Éditions de Minuit, 1990

• Hélène Meynaud, Denis Duclos, Les sondages d’opi-nion, La découverte, 2007 (4e édition)

• Jean de Legge, Sondages et démocratie, Flammarion,coll. « Dominos », 1998

• Loïc Blondiaux, La fabrique d’opinion, Seuil, 1998

• Joëlle Zask, L'opinion publique et son double ; livre 1,L'opinion sondée, L'Harmattan, coll. La philosophieen commun, 1999

• Roland Cayrol,Sondage mode d’emploi, PresseScience-Po, 2000

Page 8: Sondage d'Opinion

8 6 NOTES ET RÉFÉRENCES

• Jean-Marc Lech, Sondages privés, Stock, 2001

• Jean-Louis Loubet del Bayle, Méthodes des SciencesSociales, L'Harmattan, 2001

• Emmanuel Kessler, La folie des sondeurs : de la tra-hison des opinions, Éditions Denoël, 2002, 192 p.(ISBN 2207252876 et 9782207252871)

• Gilles Dower, Peut-on croire les sondages ?, Éditionsdu Pommier, 2002

• Jacques Antoine, Histoire des sondages, Odile Jacob,2005

• Ardilly, P. (2006), Les techniques de sondage, Tech-nip (2e édition)

• Alain Garrigou, L’ivresse des sondages, La décou-verte, 2006

• Nicolas Jallot, Manipulation de l’opinion – ce sont lessondages qui le disent…, Stock, 2007

• Nicolas Hubé et Emmanuel Rivière, Faut-il croireles sondages, Bordeaux, Éd. Prométhée, coll. « Pourou contre ? », 2008 (ISBN 9782916623047)

• Hugues Cazenave, La guerre des sondages : et siles sondages n'existaient pas, Paris, Michalon, 2011(ISBN 9782841865772)

• Romain Rambaud, Le droit des sondages élec-toraux, Paris, l'Harmattan, coll. « Logiques juri-diques », 2012, 306 p. (ISBN 9782296961135)

6 Notes et références[1] Loïc Blondiaux, La Fabrique de l’opinion, Une histoire

sociale des sondages, coll. Science politique, Seuil, 1998

[2] Henri Amouroux, Le peuple du désastre, 1939-1940. Édi-tions Robert Laffont, S.A., Paris, 1976. Page 123. (ISBN2-7242-8021-0).

[3] Édouard Lecerf (TNS Sofres) et Jérôme Sainte-Marie(CSA) dans l'émission Ligne j@une du 9 mars 2011 surwww.arretsurimages.net

[4] Loi - Commission des sondages (électoraux, opinion)

[5] Théorie des Opinions, PUF Paris 1943

[6] http://www.uvm.edu/~{}dguber/POLS234/articles/blumer.pdf

[7] « Faire l'opinion, le nouveau jeu politique » P. Cham-pagne, Edit de Minuit, 1990

[8] critique des sondages sur www.sondonslessondages.org

[9] En général, soit

P (|z| ≥ zα) = α la probabilité selon ladistribution normale, on a n =

0.25z2αe2

et lamarge d’erreur 0.5zα√

n.

[10] Voir Robert Worcester, « Political Polling : 95% Expertiseand 5% Luck », J.R. Statist. Soc. A, 1996, 159, p. 8

[11] L'élection dans le miroir des sondages, Jean-DominiqueMerchet, Paul Quinot, Libération, 27 février 2007

[12] (fr) « « Primaire : zéro électeur écolo dans lesondage Libération–Viavoice ? Possible… » »(Archive • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), consulté le2015-03-27, Marianne, 12 juillet 2011

[13] si l'on estime que la mesure de l'opinion est une variablealéatoire réelle suivant une loi normale, on peut déterminerl'intervalle de confiance grâce à la loi de Student

[14] Le français des sondages : l'abonné au téléphone fixe deplus de 34 ans appartenant aux catégories supérieures vi-vant en métropole

[15] « www.my-globe.org - Site d'opinions / Opinions allover the World » (Archive • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?),consulté le 2015-03-27

[16] « L'entreprise tunisienne 3C Études publie ses don-nées brutes et ses redressements peu scientifiques »(Archive • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), consulté le 2015-03-27

[17] BLONDIAUX, Loïc, “Ce que les sondages font àl'opinion publique”, Politix, 1997, vol. 10, no 37, p. 117-136

[18] Hélène Meynaud, Denis Duclos, Les sondages d’opinion,La découverte, 2007 (4e édition.)

[19] Alain Garrigou, Richard Brousse, Manuel anti-sondages.La démocratie n'est pas à vendre !, Montreuil, La villebrûle, 2011, p. 46-48.

[20] Patrick Lehingue, Subunda. Coups de sonde dans l'océandes sondages, Brignais, Éditions du Croquant, 2007, chap.8-10.

[21] www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2013/11/29/ce-n-est-pas-le-premier-sondage-en-ligne-que-je-fausse_3522512_3236.html Il falsifie un sondage en ligne : « Cen'est pas la première fois » « Ce n'est pas la premièrefois que je fausse les résultats d'un sondage en ligne »Le Monde.fr | 29.11.2013 à 11h34 • Mis à jour le29.11.2013 à 17h12 |

[22] http://www.politique.net/2007031903-sondages-les-echantillons-ne-sont-pas-representatifs.htm

[23] « Voir par exemple le site tns-sofres »(Archive • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), consulté le2015-03-27

[24] Émission La suite dans les idées : les sondages, sur FranceCulture le 20 mars 2007

[25] [PDF]« LEGISLATIVES 2007 : LES PROUESSES DECSA ! », sur sls.hautetfort.com (consulté le 21 novembre2010)

[26] « 3C Études - 2e tour Présidentielles France 2007 »(Archive • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), consulté le 2015-03-27

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[27] Roland Cayrol cède ses parts à Bolloré

[28] Le Figaro, “Mouvements de concentration des instituts desondages”, 15 octobre 2007

[29] « www.delitsdopinion.com »

[30] Baromètre BFM Business : le pacte de responsabilité neconvainc pas les Français BFM-TV, 6 février 2014

[31] Le “pacte” de Hollande ne convainc qu’à moitié les Fran-çais Gaël Sliman, 5 février 2014

[32] Les Français approuvent le pacte de responsabilité Le Fi-garo, 6 février 2014

[33] Frédéric Lemaire Délire sondomaniaque : les Français ap-prouvent le pacte de responsabilité malgré eux Acrimed,17 février 2014

[34] Romain Rambaud, Le droit des sondages électoraux,l'Harmattan, Logiques juridiques, 2012, 306 p.

[35] Loi no 77-808 du 19 juillet 1977 relative à la publicationet à la diffusion de certains sondages d'opinion

[36] Loi no 77-808 du 19 juillet 1977 relative à la publicationet la diffusion de certains sondages d'opinion, article 5 no-tamment.

[37] Romain Rambaud, Le droit des sondages électoraux,L'Harmattan, “Logiques juridiques”, 2012, 306 p.

[38] Loi no 77-808 du 19 juillet 1977 relative à la publicationet à la diffusion de certains sondages d'opinion, article 11

[39] Code électoral, article L. 52-2 et article L.97

[40] Romain Rambaud, Sondages électoraux : faut-il abandon-ner le principe d’interdiction de diffusion des résultatsavant 20 heures ?, RFDA, juillet-aout 2012, no 4, p. 753.

[41] Loi no 77-808 du 19 juillet 1977 relative à la publicationet à la diffusion de certains sondages d'opinion, article 3.

[42] Denis Pingaud, Secrets de sondage, 2011, 144 pages. Voirégalement les rapports de la Commission des sondages surson site internet : http://www.commission-des-sondages.fr/

[43] Arrêt Mélenchon du 8 février 2012, no

353357. Voir http://www.conseil-etat.fr/fr/selection-de-decisions-du-conseil-d-etat/ce-8-f.html

[44] Romain Rambaud, Sondages électoraux et transparence,la solution controversée du Conseil d'État, commentairede l’arrêt du Conseil d’État Mélenchon du 8 février 2012,RFDA, mai-juin 2012, no 3, p. 520.

[45] http://www.senat.fr/leg/tas10-063.html

[46] décret no 2012-875 du 16 juillet 2012 portant créationd'une commission de rénovation et de déontologie de lavie publique,

[47] Voir pour un positionnement nuancé et dont l'approcheest de nature juridique, http://droitdessondages.blog.lemonde.fr. Voir pour une critique des sondages,le site de l'observatoire des sondages http://www.observatoire-des-sondages.org.

[48] (en) Andrew Colman, Oxford Dictionary of Psychology,New York, Oxford University Press, 2003 (ISBN 0-19-280632-7), p. 77

[49] (en) Ian McAllister et Donley T. Studlar, « Bandwagon,Underdog, or Projection ? Opinion Polls and ElectoralChoice in Britain, 1979-1987 », The Journal of Politics,vol. 53, 1991, p. 720–740 (DOI 10.2307/2131577)

[50] Jérôme Sainte-Marie, « Comment faire mentir un sondageest devenu une victoire politique », lefigaro.fr, 23 mars2015.

7 Annexes

7.1 Articles connexes

• Technique des sondages

• L'intelligence sociale

• Les sondages en sciences humaines.

• Bibliographie pour les méthodologies pratiques ensociologie

• Push poll (en)

• Opinion publique

• Entreprise de sondages

7.2 Liens externes

• Cours de Conception et administration de question-naires pour les sondages

• La Commission des Sondages, chargée du contrôledes entreprises de sondages

• Portail de la sociologie

• Portail des probabilités et de la statistique

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10 8 SOURCES, CONTRIBUTEURS ET LICENCES DU TEXTE ET DE L’IMAGE

8 Sources, contributeurs et licences du texte et de l’image

8.1 Texte• Sondage d'opinion Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Sondage%20d'opinion?oldid=113878233 Contributeurs : Med, Kku, Looxix,

Hemmer, Céréales Killer, Cdang, R, Zubro, Luk~frwiki, Sebjarod, Spooky, Aurevilly, MedBot, HB, Phe-bot, Domsau2, Hégésippe Cor-mier, Jef-Infojef, Ofol, PivWan, Hervée, Nbrouard, Bob08, Emirix, Kornfr, Eric.dane, DocteurCosmos, Jct, JKHST65RE23, Gribeco,GôTô, Zetud, Romanc19s, Zassenhaus, Lgd, Nykozoft, Inisheer, Tavernier, EDUCA33E, Michel Louis Lévy, Naevus, SoCreate, Sammy-day, 16@r, Teddyyy, Djack31, Mutatis mutandis, Baruch, Oxo, Pautard, Jean marc n2, Jmax, Mini.fb, Moumousse13, GabrieL, Sonus-faber, Captainm, Pedje, Bruno sanchiz, Jarfe, Cyberic71, Laurent Nguyen, Fm790, Nono64, Sebleouf, Idéalités, Cheap, Libellule Bleue,Salebot, Akeron, Sneaky 013, Cheep, Albertoto, Jean-Louis Swiners, AmaraBot, Docteur Saint James, Orthomaniaque, Rabatakeu, Moi-loicmichel, Hypermusic, Federiko, JLM, Wanderer999, Duncounet, Udufruduhu, BMsciences, Ange Gabriel, Vlaam, Martino75, Dhatier,Mathieuw, Hercule, Mti131, DumZiBoT, DeepBot, Ir4ubot, Nonopoly, JMPV, Pololascience, Jeanstoetzel, HerculeBot, WikiCleanerBot,ZetudBot, ELEDANIEL, Bub’s wikibot, JeanBono, Utopies, Micbot, Sondagesetcie, DSisyphBot, Penjo, MathsPoetry, JackBot, Coyote du57, Lomita, Trente7cinq, Salsero35, Benjamin Huet, StephAll, Phduquesne, Ipipipourax, Schoffer, Statosphere, MerlIwBot, OrlodrimBot,DG-IRAO, Jack Rabbit Slim’s, Nochnix, JayLesPotes, Addbot et Anonyme : 153

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